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Renaud Dengreville
A tous mes amis
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Textes & Photographies : Renaud
Dengreville
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Frimas [f Rima]
Brouillard Êpais qui se congèle avant de tomber.
Préface
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e poète choisit les mots justes pour confesser les sentiments que lui inspirent un écrin de verdure. Le peintre effleure sur sa palette les touches de couleur qui, par le filtre de sa sensibilité, donnent une perception nouvelle au sujet observé. Le musicien ferme les yeux pour mieux décrire les accents, souffles et mouvements d’une nature ivre de liberté. Le photographe trouve l’angle juste pour arrêter le moment fugitif. Tous s’approprient la réalité et la transforment. Leurs regards, leurs écoutes, s’éloignent de l’apparence et s’approchent du sens, de la vérité. Par eux, l’on découvre le monde différemment tant il est vrai que l’on avait pas vu, pas compris, pas entendu, pas retenu ce qui était l’essentiel. Leurs expressions sont une forme de compréhension de ce qui nous entoure. Ils ont la clé qui libère le secret, la clé qui ouvre l’âme des êtres et des paysages. L’émotion est leur langage. J’ai séjourné à Nasbinals, j’ai traversé la Lozère, le Causse Méjean et bien d’autres chemins qu’emprunte inlassablement Renaud Dengreville. Je croyais les connaître… Renaud, lui, parcourt sans relâche et en toutes saisons ces territoires, ces collines, ces hauts plateaux, ces forêts, ces plaines et monts dénudés sur lesquels le vent glacial d’hiver se rue avec force et où vivent les animaux sauvages auprès desquels il s’approche sans jamais les effrayer. Il sait attendre le moment juste où tout s’organise naturellement devant son objectif. Toutes ces visions sont autant d’images que Renaud a su dérober et qu’il offre à notre contemplation. Simple observateur que nous ne savons plus être, il nous rappelle que le plus beau des théâtres de la vie se trouve toujours face à notre regard, pourvu que nous sachions ou voulions le voir. Jacques Perrin
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Au plus loin que mes souvenirs le permettent, lors de ma tendre enfance, les yeux rivés aux vitres de la cuisine familiale, une fascination m’envahissait dés la chute des premiers flocons de neige. Déjà, derrière ces carreaux en partie gelés avant que mon père n’allume le poêle à bois, je rêvais, devant ces extraordinaires dessins en forme de plume, aux espaces infinis transfigurés par cette cape blanche et grise. Ce n’était pas seulement une saison qui effrayait les adultes mais devenait dans mes rêves de gosse, un autre pays, une autre planète. Mes parents racontaient que marchant encore à quatre pattes, le contact réel de ce monde étonnant m’étant encore interdit, je me traînais jusqu’au plus prés des fenêtres afin de tenter de déchiffrer le mystère de ces morceaux de blancheur aérienne surgissant de nulle part . Avant ma première année, ayant maîtrisé la station verticale et pourvu d’une irrépressible attirance pour tout ce qui se déroule à l’extérieur de la maison, j’ai enfin connu cette fabuleuse et étonnante rencontre avec ces duvets glacés qui se laissent tomber mollement du firmament, recouvrent toutes formes avec une délicatesse de velours et paraît-il ma joie était égale à celle de notre chien. Au fil des années, j’attendais la première neige avec fébrilité pour aller lire les traces laissées par toute la vie sauvage de notre environnement. Je ne pouvais en parler à mon entourage familial car l’hiver et son cortège de désagréments ne risquait pas d’ouvrir un semblant de dialogue. Alors, par timidité, peut-être par égocentrisme, par peur d’être incompris, c’est dans la solitude humaine que j’ai découvert la nature en général et l’hiver en particulier. Seule la période de mon enfance que j’ai passé chez mes grands-parents m’a offert une extraordinaire opportunité. Mon grand-père, paysan taciturne et pourvu d’un rare bon sens m’a guidé, souvent sans paroles, vers les lignes les plus importantes de la vie et fait connaître une des nombreuses façons d’ouvrir le grand livre de la nature. Revenu chez mes parents, frères et sœur, dans la vallée de l’Aubette en Normandie, je n’ai eu de cesse d’explorer tous les trésors qui peuplaient forêts, prairies, ruisseaux et collines. Le long de la petite rivière au courant lent, bordée de
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saules têtards où nichait la chevêche. Les poules-d’eau creusaient ces tranchées veloutées en zigzag rejoignant les jardins en dormance où elles grappillaient quelques animalcules et végétaux qui leur permettront d’attendre les jours meilleurs du printemps. Leurs traces de retour disparaissaient inévitablement dans l’eau glaciale de la rivière. Prés du talus des rabouillères, les lapins avaient retourné la neige en de multiples va-et-vient parsemés des petites boules sombres de leur crottes. Toutes les nuits, ces terriers de lapins recevaient la visite de maître renard, mais à cette saison de neige les chasses de lapin étaient frugales car les proies sur leurs gardes guettaient le moindre indice de la funeste présence. Tant d’yeux et de grandes oreilles veillaient sur la colonie. Il n’en serait plus de même au printemps lors des premières sorties des lapereaux. De buissons en talus, je suivais la trace sinueuse du renard, déchiffrant les lieux habituels où trouver sa nourriture, faite en grande partie de petits rongeurs. Je savais lire le bond effectué sur sa proie, si celle-ci avait réussi à lui échapper ou si la vie avait juste changé de camp. Assoiffé d’espaces nouveaux et sauvages, j’ai découvert dés l’adolescence, la montagne à vaches, riche de sa faune, puis la haute montagne. A quatre mille mètres la neige ne fond plus, même au plus fort de l’été. Etait-ce alors cette incroyable envie de prolonger l’hiver, ses risques, ses difficultés, sa beauté ? Plus que le sommet convoité, seul ou en cordée, c’est l’esthétique de l’itinéraire qui guidait le choix de mes courses. A une paroi difficile, j’ai toujours préféré une ligne plus souple où neige, glace et rocher s’équilibrent en une harmonie en accord avec mon ressenti. Une arête neigeuse et aérienne, dans ce désert minéral, ourlée de congères, me comblait bien davantage que toutes les parois renommées. J’ai souvent vécu «hors-sentiers» et continue de l’être peut-être parce qu’il me semble que la beauté dont je me nourri se trouve justement là, loin des axes qui répondent à des besoins plus matériels et fonctionnels. Aujourd’hui à la retraite, je peux choisir les moments propices à la quête de cette beauté paysagère botanique et animale que l’Aubrac m’offre en toutes saisons et plus encore l’hiver.
Renaud Dengreville
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e dernier brame
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a durée du jour décline régulièrement. La terre, chauffée durant tout l’été, restitue quelques calories à la fraîcheur des nuits, dégageant ainsi dans l’atmosphère des brumes qui s’étirent dans la vallée. Les cerfs n’ont pas raté leurs noces bruyantes, oubliant, pour le temps d’un petit mois leur légendaire discrétion. Dans la gaieté des feuillées dorées, le chevreuil se prélasse au soleil pendant que geais et écureuils font bombance au marché des hêtres, coudriers, sorbiers et compagnie. Il leur faut aussi faire des provisions. Toutes leurs caches ne seront pas retrouvées dans l’hiver mais serviront de pépinière à dame nature qui sait si bien se débrouiller toute seule. Champignons et châtaignes, que l’homme aura bien voulu laisser, seront servis au banquet des sangliers. Le petit lutin couleur automne court de branches en branches à la recherche de faines et noisettes. Non seulement la réserve de graisse est cruciale pour passer cette rude saison, mais seules les dames écureuil qui en seront suffisamment pourvues auront assez de lait au printemps pour allaiter la nichée. Si tous les arbres à fruits ont des invités à leur table, les baies luisantes du sureau voient défiler tous les oiseaux, même ceux au régime insectivore, ainsi que les petits mammifères. Délaissé aujourd’hui par l’homme, cet arbuste l’accompagne depuis le néolithique.
26 Septembre A la Ste Justine toute fleur s’incline.
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Un soir vers l’ouest
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Buron du buisson haut
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la mésange charbonniére et la mésange bleue
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près la saison d’estive et quelques coups de semonce hivernale, les vaches ont été descendues dans les vallées. Blaireaux, renards, hermines et quelques oiseaux sédentaires, tels les choucas, vont s’organiser afin d’affronter les jours de frimas que des signes précurseurs annoncent. Les gelées matinales donnent les premiers signes. En scrutant le ciel on aperçoit, à différents étages, d’altières escadrilles qui, de jour comme de nuit, orientent leur vol et nos rêves vers le sud. Les hirondelles, fidèles compagnes de l’homme depuis la préhistoire et de moins en moins nombreuses à cause de nos errements, restent assez prés du sol. Ce vol, fait de virevoltes et crochets, ,leur permet de capturer avec leur large bec les indispensables en-cas servant de carburant à la longue route qui les attend. Quelle maîtrise de l’air, de l’économie d’énergie, de l’orientation chez ces petites créatures de quelques dizaines de grammes, capables de franchir des continents. De nombreuses étapes leur seront nécessaires avant de rejoindre l’Afrique équatoriale. Autant d’oiseaux, autant de stratégies de vol et d’orientation. Certaines espèces, pressées de rejoindre les quartiers d’hiver, feront ce long voyage en très peu d’étapes et pour cela ont prévu l’énergie suffisante en accumulant un tiers de leur poids en graisse comme la caille, la pie-grièche ou le traquet motteux. Tous les survivants du voyage vont retrouver leurs quartiers d’hiver, connus depuis des millénaires, et repéreront sans l’ombre d’un doute les lieux de destination habituels de l’espèce.
4 Octobre A la St François la bécasse est au bois.
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Buron de CamĂŠjane
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Sorbiers chargĂŠs de fruits
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a loi générale et incontournable étant la diversité, aucun hiver ne se ressemble : les premiers flocons ne tombent jamais de façon identique à l’année précédente. Parfois ils arrivent à petit pas, incertains, timides, presque en s’excusant. Puis ils reculent, reviennent en plus grand nombre pour se donner du courage et s’établissent sans bruit, sans heurt, enrobant tout de velours blanc. D’autres années, ils arrivent sans crier gare, en hurlant, en pleine nuit pour mieux nous encercler. Au matin, tout est gris, aveuglant, car ce diable de vent s’est allié à la tourmente. Un jour, ou plusieurs jours, la tempête a fait rage et tout empêtré dans ses filets. Toute la gamme possible de l’arrivée des premiers flocons se tient dans ces extrêmes. Qu’ils viennent à manquer le rendezvous et nous nous sentons un peu orphelins. La neige nous est indispensable, surtout si le froid gèle la terre sans la protection du manteau neigeux. Certaines années, lorsque l’été indien a offert un sursis de pâture, dépassant ainsi la St Géraud du 13 octobre et la descente d’estive de tous les troupeaux, les bovins se trouvent piégés par les premiers flocons. Alors les jours et les nuits des animaux se transforment en enfer. Il est parfois difficile de leur amener le foin salvateur en attendant les jours plus cléments qui permettront de les redescendre enfin dans la vallée.
23 Janvier S’il géle à la S Raymond, l’hiver est encore long. t
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st-il une création aussi diverse, aussi complexe, aussi avide de couleurs que neige et glace façonnées à partir du même matériau «l’eau» ? Des chefs d’œuvre de transformation se déroulent en été également, surtout chez les insectes, papillons, libellules et autres. Qu’un génial sculpteur se serve de l’inconsistance de l’eau, en fasse des étoiles de dentelle aux formes infinies qui s’entassent, s’imbriquent, se combinent en d’innombrables mariages relève pour les non spécialistes, de la magie. Il est des jours où, à hauteur d’homme, l’uniformité du gris paraît désespérante. Notre première impression muterait vite sous l’œil d’un microscope. A mes yeux, l’hiver est la saison la plus éloignée de la monotonie. Les couleurs du ciel, le matin et le soir, n’ont jamais d’égal lors de la belle saison. La pureté de l’air donne des horizons qui nous bernent sur les distances. Les arbres écrivent en calligraphie sur la blancheur zébrée d’azur. La forêt devient un théâtre d’ombres chinoises. Tous les animaux inscrivent leur vie en braille selon le temps qu’Eole, dieu du vent, voudra bien leur accorder, comme il efface, entre deux vagues, les pas des amoureux sur la plage. Cette âpre beauté, cette solitude, cet espace me font mesurer la fragilité de l’homme face à la nature et me positionne à ma vraie place, minuscule dans cet univers. C’est, à n’en point douter, un des moteurs essentiels qui a obligé l’humain à s’organiser et inventer des stratégies et outils pour se protéger de cette fragilité. A l’abri des affres de la vie sauvage, cela nous a conduit à aimer enfin la nature pour ce qu’elle est ainsi que penser «protection» pour s’ouvrir davantage à la contemplation.
2 Février A la chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur.
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Buron de Rigambal bas
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’ai toujours aimé les deux portes qui commandent l’hiver. Celle de l’automne des brumes, des branches déjà vides qui un matin, sans bruit, se réveillent en costume de noces. Celle de sortie, qui se fait tirer l’oreille jour après jour par le soleil qui grimpe dans le ciel, la neige qui ne se décide pas à quitter la scène. Bien que les territoires de l’Aubrac ne soient pas comparables à ceux des pôles, ils m’inspirent toutefois crainte et fascination à la fois. J’ai évidemment conscience d’être privilégié dans ce milieu hostile car ma survie ne dépend pas comme pour nos frères les bêtes libres, d’une pitance glanée en cours de route. Vu de ma hauteur, ce paysage qui paraît inorganique, désolé, mystérieux, au point de douter que la vie s’y déroule quand même, offre ce sentiment subjectif qu’est la notion de beauté. La neige n’est pas un voile, une couverture jetée sur le monde en attente de jours meilleurs, mais un monde en soi. Toute la nature est organisée avec cette saison comme avec les autres. Pour les plus fragiles, le plus souvent les oiseaux, lorsque la table n’est pas accessible, l’exil temporaire, malgré la somme considérable de risques affrontés, reste la seule solution de survie. A part quelques baies de sorbier, de viorne et houx, servies au maigre banquet des grives, le marché alimentaire d’hiver se trouve sous le manteau neigeux. Les trotte-menu ont accumulé dans leurs galeries quantité de graines et bulbes qui les mettent à l’abri des disettes. Mais leur chair est convoitée par tant de ravisseurs. L’hermine, dans son blanc manteau et sa taille longiligne, est la plus acharnée à la traque jusque dans les souterrains des campagnols. Les renards, à l’ouïe si fine, écoutent depuis la surface tout mouvement sous la neige. Un bond d’une remarquable précision comblera de sa prise l’appétit du moment.
22 Février Ste Isabelle, si février n’a ses bourrasques, tous les mois feront des frasques.
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AprĂŠs la tourmente
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a vie la plus forte
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peine l’étau de frimas se desserre que perce-neige et crocus pointent le bout du pétale. Découvrir ce dernier qui tente, encore fripé, une sortie à l’air libre à travers une neige croutée de mille diamants est un merveilleux spectacle. S’il en était besoin, la scène prouve que la force de la vie est la plus forte. Pourtant, si la température se montre de plus en plus clémente, c’est la période des ventres plats pour ceux qui n’ont pas servi de proie aux bouches affamées. L’alouette lulu charme nos oreilles et emplit tout entier le ciel de son chant. Les nappes d’herbe jaunies, débarrassées de neige, lui suffiront à picorer quelques graines et retrouver son habitat estival. Le rouge-gorge, que l’on croit, à tort, être toujours le même, égrène dans la haie d’épicéa son chant métallique. Les mésanges de toutes espèces papillonnent et nous réchauffent le cœur de leurs rondes sylvicoles. Les jonquilles ont pointé leur œil couleur soleil et les bourgeons de saule ne peuvent plus supporter leur corset. Fini le blanc silence, c’est germinal, si bien nommé, comme au temps du calendrier républicain. Les concerts permanents sont odes à la vie et la terre libère dans l’azur tout ce qu’à mûri son alchimie hivernale.
10 Avril A St Macaire, reviennent les giboulées d’hiver.
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Ruisseau des PlĂŠches
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Vaches Ă Lous Passadous
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epuis tant d’années déjà que je traque, de jour comme de nuit, à toutes saisons, la vie sauvage et les paysages dans de somptueuses lumières. Qu’ai-je appris? Si peu de choses tant il y aurait à savoir… j’ai glané des milliers de photos ! Mais elles ne sont qu’un immense raccourci du réel, une infime pause dans le déroulé du temps, un arbitraire. Il faut une somme d’images pour exprimer une portion des sentiments les plus profonds qui nous habitent à côtoyer cette nature. Je suis heureux s’il reste de cette quête une étincelle qui puisse éveiller un jeune regard, une joie de vivre, une passion. Je n’ai que de piètres outils pour témoigner de mon époque et il y a différentes manières de tenter d’y parvenir. Soit jouer comme tout le monde avec les bulles de savon des monopoles intellectuels, politiques, de l’info versée en continu sans temps ni repaires pour réfléchir. Ou bien se coltiner sans compromis avec le réel brut. C’est ce versant, si peu fréquenté, qui s’est imposé à moi dés mon plus jeune âge et me colle toujours à la peau. J’ai vite su que je n’arriverais jamais à saisir cet espace qui lie les choses entre elles et cela me stimule toujours. Saisir l’image d’un animal n’est déjà pas chose aisée, mais que savons-nous du réel de cet animal : le rang social qu’il tient avec ses congénères, visibles ou non, son âge, ses instincts, sa façon de s’insérer, de se nourrir, de se reproduire dans son environnement ? Dans l’immense complexité du vivant et les rapports que les éléments tissent entre eux, mon image n’est qu’un lambeau de réel, une touffe de poils accrochée aux ronces que le temps fera disparaître. Mais je ressens un bonheur sauvage à la traquer, et elle devient un prétexte qui décuple le plaisir de partager mon expérience et mon regard.
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«Je suis fils d’une femme, d’un homme et de la forêt. Mon grand-père, chez qui j’ai grandi une partie de mon enfance, était paysan et garde forestier, mon père, ouvrier du bois. La maison où je suis né était en lisière des bois et en bois. En bois aussi mon berceau. Lorsque j’ai respiré pour la première fois, l’air qui est venu emplir mes poumons sentait l’écorce, l’humus, la feuille et la fougére. Et je me demande parfois si le lait qui m’a nourri n’était pas mêlé de sève» L’incohérence et le massacre de l’homme vis à vis de la nature m’ont obligé à donner par le papier une image réelle du trésor qui nous entoure. Pour les besoins d’images lors de ma participation au film «LE PEUPLE MIGRATEUR», j’ai parcouru une partie de notre belle planète. J’ai découvert des paradis parce que les humains qui les peuplaient avaient un profond respect pour leur environnement et une grande admiration pour toute forme de vie. Je persiste depuis à chanter en images la beauté de notre territoire. Par nos comportements quotidiens nous participons, sans même nous en rendre compte, à l’appauvrissement de notre planéte. C’est le devant de notre porte que je désire montrer dans toute sa beauté et un peu sa complexité.
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Bibliographie 1991-1995 : assistant réalisateur de Claude Nuridsany et Marie Perennou sur le film MICROCOSMOS - Galatée Films /Jacques Perrin 1995 : auteur du livre GUETTEUR DE VIE - Splendeur d'Aubrac, 265 photos, textes écrits en collaboration avec Colette Gouvion. Faune et flore des forêts d'Aubrac .
Editions du Rouergue nominé au Prix NATURE 1995, Prix des Presses de la Lozére.
1997 : auteur du livre CAUSSES -de pierre et d'étoiles , 350 photos, Textes coécrits avec Colette Gouvion - Editions du Rouergue Regards sur les grands Causses Lozériens , Aveyronnais , leur flore , leur faune , les hommes.
1997 : auteur des 320 photos pour la réalisation du livre CONQUES-moyennageuse , mystique , contemporaine. Textes de Marie Renoue - Editions du
Rouergue Travail sur le village Aveyronnais de Conques,son abbatiale romane, les vitraux contemporains de Pierre Soulage. Un prix d'art et d'architecture .
1998 - 2001: Travail sur le film de Jacques Perrin LE PEUPLE MIGRATEUR comme conseiller technique en ornithologie , responsable du centre d'élevage en Normandie et photographe de plateau en France et à l'etranger.
2003 : Réalisation du livre EAUX SAUVAGES, 170 photos, Textes de Colette Gouvion - Editions Flammarion Travail sur le parcours de l'eau du Groenland à l'equateur en passant par la France , et l'Aubrac.
2009 : Auteur du livre UNE FRANCE SAUVAGE L'AUBRAC, 248 photos, textes coécrits avec Colette Gouvion - Le Rouergue Ouvrage sur la vie animale sauvage, la flore et les paysages si particuliers, au fil des saisons, sur le plateau de l'Aubrac trés peu peuplé dans le département le plus haut de France. 2009 : auteur du Livre UN DERNIER BERGER , 250 photos, textes de Colette Gouvion - Le Rouergue La vie, le travail ,et les relations d’un berger avec ses brebis et son environnement sur le plus haut des grands causses, le Mejean.
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De l’auteur : Un ouvrage comme celui-ci est le fruit et l’aboutissement de bien des rencontres et de très nombreux échanges. Depuis Achille, mon grand-père, jusqu’à Arthur, en passant par Colette, Elliot et Jacques tant de rencontres se sont faites. Le regard de ma femme et celui de mes amis compte beaucoup dans la décision du projet. Bien sûr dame nature est la seule responsable sans laquelle je ne serai qu’un promeneur. Un ami, Antoine, m’a fait rencontrer par hasard Stephane Sichi des éditions «Au Fil du Temps». Son regard critique et son exigence professionnelle ont fait le reste pour mener à bien, avec complicité, FRIMAS.
Merci à tous
Pour leur soutien : La société EDOKIAL Mr Olivier Nicolas – Graphi Imprimeur Mr Jean Michel Estève – Association L’Aveyronnaise Mr Antoine Tournier – Maison de l’Aubrac Le Centre Européen d’Art et de Civilisation Médiévale - Conques L’association Nature Aubrac…
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Editions Au fil du Temps Route de Trinquies 12 330 SOUYRI (France) www.fil-du-temps.com Direction artistique : SICHI Stéphane Relecture & Corrections : GALIBERT Jacques N° ISBN : 978-2-918298-12-0 Dépot Légal : Décembre 2011
Renaud Dengreville L’Aubrac hivernal, abandonné des hommes et des bovins, ouaté de silence ou raboté de souffle hurlant, n’appartient plus qu’au sauvage dans toute sa royale beauté. Les traces animales inscrivent la vie en pleins et déliés. Les écharpes de brume et de vent animent l’azur et les vallons loin des brouhahas superflus de la vie urbaine. Forêts et haies de résineux se métamorphosent, au gré des jours, en palais des glaces ou délicates œuvres d’artistes inspirés. Si la vie animale y est quasiment absente, le sculpteur frimas y joue de toutes ses cordes.
ISBN : 978-2-918298-12-0
Prix de vente : 29.50 €