LA PRATIQUE DU FOOTBALL AMATEUR DANS LA CONSTRUCTION DU VIVRE ENSEMBLE
MABILON TOM-EDOUARD DE2 architecture, processus et partage Corps, ville & patrimoine
Je tiens avant tout à exprimer ma reconnaissance à Mariusz Grygielewicz, Muriel Girard, Alice Sotgia et Nicolas pour leur suivi tout au long du semestre. Merci à Jean-Marc Roubaud, président de l’A.S Sainte-Marguerite ainsi qu’à tous les joueurs qui ont volontiers répondu à mes sollicitations. Merci à Christian Bromberger, d’avoir accepté cet entretien bienveillant et instructif. Je remercie ma famille pour son soutien et Célia qui m’a soutenu bien au-delà de ce travail.
SOMMAIRE 2 INTRODUCTION
3 Marseille, un laboratoire du vivre-ensemble 1 AVANT -PROPOS
LE FO D’UNE
Le footb processu 4 Un Sport emblématique de Marseille ?
Le fo d 5 La question de recherche entre sociologie et ethnologie
LA PRATIQUE DU FOOTBALL AMATEUR DANS LA CONSTRUCTION DU VIVRE-ENSEMBLE 9 ETHNOLOGIE D’UN CLUB DE FOOTBALL AMATEUR
6 OOTBALL : SOCIOLOGIE E PRATIQUE « OMNIVORE »
7 ball, support d’un us de socialisation de mixité
10 Le football entre cohésion d’équipe et mixité
8 ootball comme incubateur d’une culture commune 11 Des apprentissages informels au service d’un parcours collectif
12 CONCLUSION
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AVANT-PROPOS
Bien que mes parents nourrissent une indifférence pour le football, ce sport m’a toujours fasciné aussi loin que je m’en souvienne. Après l’avoir pratiqué dans mon lotissement, ma cour de récré ou mon jardin, j’ai rejoint le club de football amateur de mon village à l’âge de 9 ans. Il n’en fallut pas plus pour exalter cette passion. La pratique de ce sport a rempli mon cortex de moments uniques, mais dont tous les joueurs peuvent témoigner. Une coupe à la main, une médaille autour du cou, un vestiaire en folie, des buts d’anthologie et des trajets en minibus folklorique, mais aussi des matchs catastrophiques, des crampons boueux, des décisions injustes, des penaltys manqués et des coéquipiers inconsolables. Le football a cette force cathartique dont la pratique n’est qu’un extrait. Aujourd’hui le football a une place prépondérante dans ma vie. Et mon déménagement à Marseille y a encore plus contribué. J’en tiens pour preuve ce mémoire. Il ne se passe pas
une journée sans qu’il y prenne sa place. Je lui dois mes meilleurs amis, ma forme physique, un tiers de ma bibliothéque, de longues discussions endiablées, des aprés-midi de jeux vidéos des heures passées devant des émissions télé, débrieffant l’avant match, l’aprés match, la mi-temps, la conférence du lendemain et l’entrainement du milieu de semaine. J’ai même réussi à y convertir ma copine, ce qui n’était pas chose facile ! Ces années m’ont aussi familiarisé avec la glorieuse incertitude qui régit le football. En effet, le football est sûrement l’un des sports d’équipe le plus imprévisible. D’après David Sally (2013) l’équipe favorite ne gagne que dans à peu prés un match sur deux. Être favori au football, ne vous donne pas plus de chance de gagner qu’un pile ou face. Mais alors, qu’est-ce qui fait gagner une équipe durablement ? Comment est-il possible qu’en 2004, l’équipe d’Arsenal ait alors passé une saison entière invaincu dans le championnat le plus relevé du monde ? Certains parlent de cohésion d’équipe. De l’envie constante de se battre pour ses coéquipiers, de l’alchimie qui lie les 11 acteurs sur le terrain et, plus largement, tous les acteurs au sein du club. C’est selon moi encore plus vrai au niveau amateur, et les histoires d’exploits réalisés par une bande de copains fleurissent chaque année. Mais alors qu’estce qu’une équipe ? Comment favoriser cette cohésion, unir un groupe ? Qu’est-ce qui distingue une équipe de football amateur de n’importe quel autre groupe social ? Dans quel lieu se crée ce lien ? Et si le foot est universel et favorise alors ces liens, est-il possible de l’utiliser comme vecteur de mixité sociale ? Ce sont toutes ces enjeux qui m’ont poussé à travailler sur cette question et en voici quelques premiers éléments de réponse.
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INTRODUCTION
Avant mon arrivée à L’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, trois mots me venaient à l’esprit quand on me parlait de Marseille : La Mer, Le Pastis et Le Foot. Si ces trois associations sont plutôt vraies, la troisième fut pour moi la plus marquante. Je fus surpris du nombre de personnes affichant les couleurs de l’OM, de la difficulté de trouver un terrain libre malgré le nombre de stades construits, de la ferveur populaire les soirs de matchs.
Marseille, un laboratoire du vivre-ensemble Si la pratique du football et du supporterisme à Marseille est si spéciale, c’est aussi dû à cette ville. Marseille est depuis les Grecs et les Phéniciens une ville-carrefour. C’est une ville d’accueil des migrants de tout le bassin méditerranéen et son identité s’est
construite par ces foisonnements de populations. « Marseille, Marseilles »1 : singulier/pluriel, c’est bien là le paradoxe de son identité que la politologue Jocelyne Césari (1994) a explicité : ville plurielle, Marseille a réussi, malgré les obstacles, les conflits et les violences, à construire du Commun, par « des pôles de civilité qui empêchent les pires dérives ». Cette ville-port, ville de l’errance est un creuset de minorités et d’utopies. Mais c’est la société civile (et notamment l’existence d’un tissu associatif dense et original) qui y crée de la cohésion sociale, bien plus que les institutions. Nous vivons dans un monde global multipolaire d’une complexité inédite, dans lequel les identités individuelles et collectives se croisent, s’hybrident et parfois s’opposent frontalement. Marseille est en l’archétype. Marseille est un lieu de mémoire, un modèle français de l’interculturel, lieu de l’ancrage et de la mobilité, ville des contrastes et de la socialité, c’est-à-dire du partage affectif, de l’entraide, de la coopération. Pour le politologue Bruno Etienne, Marseille est aussi un laboratoire du pluralisme, même s’il ne faut pas nier les discriminations et ségrégation urbaines, les conflits de territoire, les inégalités fortes. Le contexte de recherche dans lequel s’inscrit ce travail est donc particulier.
Un Sport emblématique de Marseille ? En effet, le foot est plus important à Marseille que dans toutes les autres villes de France. L’année dernière, selon la LFP, l’OM a affiché la meilleure affluence avec une moyenne de 50.361 personnes. Cette année, Marseille a même battu son record d’affluence avec 65.421 spectateurs ce 10 novembre 2019 pour la rencontre OM/ OL. C’est également le record de la plus grande affluence pour un club français dans son stade en Ligue 1(Jaquin, 2019) Sacré club préféré des Français (à égalité) selon une enquête Harris 1 « Marseille, Marseilles » est le titre d’un film d’Emile Témime, spécialiste des migrations
Interactive pour BFMTV et RMC, avec environ 13 % des sondés qui estiment que l’OM est leur club de cœur (Koetschet, 2017). L’OM est emblématique de la culture locale à Marseille.Le football au travers de l’OM occupe un espace particulier, car selon Christian Bromberger, la composition même de l’équipe fonctionne comme une sorte de reflet certes idéalisé de la population et de la pluralité des appartenances. Pendant longtemps, « l’équipe symbolisait, rendait visible et incarnait, par sa composition, l’identité réelle et imaginaire de la collectivité qu’elle représentait. » (Bromberger, 2016, 2). Le football, par les principes d’identification locale qu’il mobilise, offre à Marseille, ville du Sud parfois stigmatisée dans un pays encore trés jacobin, un sentiment de cohésion, d’union, et d’émotions collectives, et d’autant plus quela rivalité qui oppose l’équipe de Marseille a celle de Paris. Dès lors, la pratique du football amateur à forte charge émotionnelle remplit dans cette ville des fonctions de socialisation. Fabrice Coulomb (1988) dans sa thèse sur « La pratique du football dans la banlieue de Marseille et de Paris : approche anthropologique de la transition sociale », montre que Marseille et Paris vivent deux situations différentes. Le rapport du banlieusard parisien à l’équipe de Paris, - ville pensée comme culturellement et socialement dominante sur sa périphérie -ne génère pas de sentiment d’intégration alors qu’à Marseille, la socialisation identificatoire que produit le club de l’OM par son image engendre chez les adolescents des cités, un support de construction identitaire qui participe à l’intériorisation de valeurs communes : le pouvoir intégrateur des clubs est réel pour les populations fragilisées. C’est dans ce contexte que s’inscrit ce travail de recherche sur la pratique de football amateur. Mais il faut aussi saisir les enjeux généraux de cette pratique.
La question de recherche entre sociologie et ethnologie La Fédération Française de Football dénombre en 2019 2,2 millions de licenciés dont 400 000 bénévoles et plus de 184 000 féminines. C’est la plus grande fédération sportive française. Pourtant, il existe peu de travaux de recherche sur le football amateur. La distinction entre football amateur et football professionnel naît en France en 1930, lorsque la Fédération crée le statut de professionnel rémunéré. Les Centres de Formation au football professionnel sont créés dans les années 70 dans le but de repérer l’élite des joueurs, la majorité des néo-footballeurs professionnels français en sont issus. Ce sont des portes d’entrée vers le football professionnel, avec des pôles espoirs pour « amorcer une professionnalisation à travers une socialisation sportive permettant d’incorporer les contraintes et obligations du football de haut niveau » (Privet, 2012,53). Jérôme Privet (2010) montre que ce ne sont pas uniquement les performances sportives qui sélectionnent les candidats, mais aussi que l’engagement familial ou le capital économique et social des parents joue un rôle dans l’accès à un espace de pratiques où le jeune joueur pourrait être repéré. Le football amateur, lui est porté par des clubs non-professionnels de la FFF, et représente 99,77 % de l’ensemble des associations sportives affiliées (existe 17 753 clubs amateurs contre 40 clubs professionnels). En dehors des seuls clubs affiliés à la F.F.F., la formation amateure est aussi portée par différents types de Sections Sportives qui n’ont pas pour vocation de fournir en footballeurs professionnels. Le football amateur n’est donc pas seulement l’antichambre du sport d’élite, elle est la trame majeure du football. Depuis la fin des années 1980, face à la « crise » du lien social, le sport est souvent présenté comme un levier d’intégration sociale dans certains quartiers populaires. « Face au constat de désorganisation
sociale proche de l’anomie que l’on trouve dans certaines zones de relégation sociale, les politiques publiques mettent en place des dispositifs sportifs dans des cadres institutionnels pour (re)mettre les jeunes sur la voie de l’insertion ou de l’intégration sociale » (Gasparini , Knobé, 2004, 448). C’est l’intégration organique au sens de Durkheim (1893) qui est ici visée à savoir que les individus s’inscrivent dans une forme de solidarité organique, et adhèrent aux buts et valeurs de la société en se conformant aux règles prescrites. Ce ne sera pas le propos de ce mémoire qui portera sur les pratiques du football amateur dans un club de Marseille pensé comme mode de solidarité tribale (Maffesoli,1988 ) portée par l’appartenance, le plaisir d’être ensemble et non par la contrainte externe des normes. Il s’agira de se demander si la pratique du football amateur construit à Marseille une forme de vivre ensemble entre cohésion sociale, diversité, mixité et émotions partagées. Notre terrain d’analyse est le club de l’AS Sainte-Marguerite. Ce club de prés de 200 licenciés a été fondé en 1964 dans le 9éme arrondissement de Marseille. Il se compose de 9 équipes de catégories d’âge différentes allant des U11 (10-11 ans) à Seniors (plus de 19 ans). Notre analyse portera sur cette dernière qui se compose de prés de 25 licenciés et qui joue en D3 (11éme niveau sur 13). Pour ce faire, une double démarche sera engagée : une approche sociologique et une démarche ethnologique. L’analyse sociologique se fondera sur un questionnaire et des graphiques pour savoir qui sont les pratiquants dans ce club ainsi qu’une interview de Christian Bromberger, sociologue ayant travaillé sur le sujet et aura pour objet de saisir la sociologie d’une pratique « omnivore »
L’analyse ethnologique utilisera la méthodologie de l’observation participante (avec une attention portée aux standards discursifs, aux rôles et aux postes au sein du groupe, aux manières de s’exprimer, au style de blagues et d’humour en vigueur, aux locuteurs autorisés ou pas à s’exprimer, aux rites du groupe ...) et visera à penser la vie quotidienne d’un club de football amateur.
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SOCIOLOGIE D’UNE PRATIQUE OMNIVORE
« Le football fait l’objet d’un étonnant paradoxe sociologique : en dépit d’une place sociale et culturelle centrale, il reste très mal connu, méprisé par les intellectuels et saturé de prénotion » (Martinache, 2010, 1). Dans la logique de Norbert Elias (1939), le sport moderne est né avec le « procès de civilisation », de nos sociétés qui suppose l’autocontrôle des pulsions et donc leur libération contrôlée par la mise en forme moderne et codifiée que permet le jeu sportif. Nous verrons que cette pratique du football amateur n’est pas seulement l’apanage des jeunes de classes populaires, puis que cette pratique est un incubateur d’une culture commune.
Le football, support d’un processus de socialisation et de mixité ? Avec prés de 2,2 millions de licenciés en 2018 selon la FFF (Fédération Française de Football) le football est le sport comptant le plus d’adhérents en France.Avec prés de 2,2 millions de licenciés en 2018 selon la FFF (Fédération Française de Football) le football est le sport comptant le plus d’adhérents en France.(Baromètre, 2019). Bien que globalement similaire aux autres pratiques sportives en termes de pratiquants, on y retrouve quelques spécificités. C’est un sport majoritairement pratiqué par les hommes (plus de 90 %) jeunes (47 % de moins de 25 ans), souvent élèves ou étudiants (dans 34 % des cas contre 12 % dans la population sportive). C’est un sport dans lequel les CSP «ouvriers » et « employés » sont surreprésentées (40 % soit 10 points de plus que dans la population sportive globale). Parmi les 8 activités issues des univers les plus prisés, c’est celle (bien qu’étant la seule collective) qui se pratique le plus avec des amis (d’en prés de 2/3 des cas) Avec qui on pratique, en fonction de la pratique L’exemple des 8 activités issues des univers les plus prisés Seul
En famille
En couple Avec des amis Avec des collegues Autre
Football
Tennis
Randonée Natation
VTT
Vélo sur route
Fitness
Jogging (Crédoc, 2018)
Bien que nous ayons défini qui étaient la majorité des pratiquants de football, le concept de goûts omnivores de Peterson (2004) me semble aussi bien répondre à cette pratique. Peterson a théorisé le passage à des goûts omnivores en s’appuyant sur le modèle de la distinction de Bourdieu (sur le capital culturel) en essayant de mettre en relation les goûts musicaux avec la classe sociale des enquêtés. Peterson valide la thèse de Bourdieu au sens où il admet l’existence d’une hiérarchie culturelle liée au volume et à la structure du capital des individus, le capital culturel étant le type de capital essentiel à la compréhension de la création et du maintien de cette hiérarchie, mais dans le même temps, il met en avant une caractéristique des pratiques culturelles des classes « dominantes » quasi-occultée par Bourdieu (1979), à savoir l’hétérogénéité des choix culturels des « dominants ». Dans la période récente, Peterson oppose les goûts culturels des catégories populaires qui seraient univores (Un seul type d’intérêts culturels dits « populaires ») et les goûts culturels des catégories favorisées qui seront omnivores (de multiples intérêts culturels, de toutes catégories populaires et savants). Ce qui différencie fondamentalement les pratiques culturelles des classes supérieures et des classes populaires, ne serait alors pas tant l’inégal accès aux différentes pratiques sportives que la diversité des pratiques des classes supérieures, là où les classes populaires se limiteraient aux pratiques les plus accessibles. Ce concept est, à mon avis, applicable au sport, car si les classes populaires ont tendance à favoriser la pratique de sports accessibles (financièrement, intellectuellement, sportivement) comme le football, les classes dites « dominantes » ne s’en privent pas non plus. Mais alors si le football met en lien des pratiquants socialement mixtes, est-il un vecteur de mixité sociale ? Camille Martin (2014) a observé plusieurs équipes de football amateur féminines en Ile-de-France et en Bourgogne, et elle montre que ces clubs sont bien des lieux de
mixité sociale. Selon elle, cette pratique est un des rares contacts répétés et égalitaires entre des pratiquantes hétérogènes par leur âge, leur origine, leur classe sociale ou leur sexualité. Enfin, elle montre que les « dominées » ont plus tendance à modifier leur comportement pour mieux s’inscrire dans ce groupe social qu’est le club de football. Elle euphémise donc cette pratique qu’elle décrit commme un « désamorçage relatif des conflits sociaux ». Enfin, elle montre que les « dominées » ont plus tendance à modifier leur comportement pour mieux s’inscrire dans ce groupe social qu’est le club de football. Mon expérience personnelle, bien que non prouvée scientifiquement aurait tendance à croire que, le comportement du groupe minoritaire en nombre, qu’il soit «dominé» ou «dominant» socialement, aurait tendance à être le plus modifié. Il est toutefois intéressant de se demander si ce que montre ce travail de recherche est applicable à une équipe de foot masculin. Lors de son interview, Christian Bromberger, souligne que «les clubs de football amateur marseillais sont un des rares points de rassemblement et de conjonction des groupes sociaux et ethniques hétérogène.» Nous allons maintenant nous intéresser à la mixité sociale et ethnique présente dans le club que j’ai analysé : L’A.S. SainteMarguerite. Pour faciliter la récolte de données, je me suis focalisé sur un groupe de 18 joueurs. En effet sur une population totale de plus d’une vingtaine de licenciés, et des entraînements de débuts de saisons pouvant monter jusqu’aux 35 joueurs, il m’est paru plus logique de porter mon regard sur un échantillon de joueurs qui sont restés au club durant toute la période d’analyse, qui ont souscrit une licence a celui-ci, qui ont participé à au moins 25 % des entraînements (soit au moins un par mois) et à au moins un match.
Voici donc la liste (prénoms modifiés) de cet échantillon : Thomas, Kévin, Paul, Bilal, Alexandre, Léo, Abel, Yacine, Matteo, Sofiane, Oumar, Adama, Kylian, Samuel, Raphael, Quentin, Romain, Clément. Dans cet échantillon, je me suis intéressé à deux critères :L’origine etnhique des parents de l’échantillon et la catégorie socioprofessionelle de celui-ci. Origine ethnique de premiére génération de l’échantillon
E
E Afrique Sub-saharienne
A
Maghreb
A
Italie
O
France (Antilles)
E
France
E
Si plus de 52 % des parents de l’échantillon sont d’origine française, il est intéressant de noter que prés d’un tiers de cette catégorie vient des Antilles. Il est aussi intéressant de noter que toutes les SCHÉMA DES RELATIONS origines ethniques étrangères présentes sont très largement Au début de l’analyse sur-représentées par rapport à la population française. Avec le questionnaire, j’ai pu également constater que seulement 3 couples parentaux sur 18 avaient des origines ethniques mixtes. Ces données sont certes lacunaires et non-représentatives de l’ensemble du club, ou de la pratique du football amateur à Marseille, mais elles montrent bien une mixité ethnique relative. Il est intéressant de noter en contrepoint qu’à Marseille existe également des équipes fortement mono-éthniques. C’est par exemple le cas de l’Entente UGA ARDZIV, club que les dirigeants définissent eux-mêmes comme le club « Arménien » de la ville de Marseille. Cet exemple n’est pas
Al
harienne
s)
TIONS
isolé dans le paysage du football amateur. (ASC Franquo-Turque d’Avignon, F.C des Comoriens de Lyon...). Nous allons maintenant nous intéresser à la mixité sociale de cet échantillon. J’ai choisi de représenter les différentes catégories socio-professionnelles pour les individus qui travaillent et j’ai divisé les individus encore étudiant en 3 catégories (étudiants en master, en licence et en lycée professionnel). Catégorie socio-professionelle de l’échantillon
Etudiant en master Etudiant en licence Artisans, commerçants, chefs d'entreprise Autres personnes sans activités professionelle Ouvriers Employés Etudiant en lycée professionel
La mixité sociale est plus clivée. La grande majorité de l’échantillon est soit ouvrier, soit employé (environ 61 %) bien plus que la moyenne française de 47,5 % (Insee, 2018). Le plus souvent, ils sont en peu/pas qualifiés. On peutAégalement noter l’absence d’agriculteur la fin de l’analyse exploitant, de cadres et professions intellectuelles supérieures et de profession intermédiaires. Si l’on veut diviser en 2 catégories l’échantillon, les CSP+ et les CSP-. En s’intéressant aux étudiants, on peut estimer que la voie professionnelle appartient à la catégorie CSP- et que les étudiants en licence et master appartiennent au CSP+. Dés lors la catégorie CSP+ comprend les etudiants en licence et master, les chefs d’entreprise (les autres catégories n’étant pas représentées) et la CSP- les catégories restantes. On peut alors observer un rapport de 5/18 soit prés de 28 % de CSP+ et donc 13 CSP-. Les CSP- sont sur-représentées. Cet échantillon confirme le caractère populaire du foot. Mais il est intéressant de noter un part
non-négligeable de CSP+, et donc une mixité sociale présente bien qu’imparfaite. Nous avons donc vu qu’une certaine mixité était générée par le football, au moins par la mise en lien de personnes socialement mixte et d’origine hétérogène. Dés lors, on peut se demander si ces contacts au sein du club et la pratique d’un sport commun agissent comme l’incubateur d’une culture commune.
Le football comme incubateur d’une culture commune Au cours de mon analyse et de ma pratique au sein de ce club, je me suis rendu compte que jouer dans un club de foot amateur, faisait très souvent de vous le supporter de cette même équipe. En effet, la pratique du football en compétition implique de jouer ensemble dans le but de faire gagner celui-ci, et donc d’en devenir le supporter. Par exemple on retrouve de nombreux comportements chez le joueur de football amateur similaires à ceux du supporter de foot. Tout d’abord, les joueurs ont envie de voir gagner le club. Si les scène de liesse des joueurs concernés après un but ou une victoire n’est pas forcément la preuve d’un attachement au club, mais peut être seulement à la victoire dans la compétition qui se déroule, il n’est pas rare de voir cette volonté de victoire de la part de joueurs ne jouant pas le match. Par exemple, certaines fois les joueurs non sélectionnés ou blessés s’empressent de demander les résultats du week-end. Il arrive parfois même que ces mêmes joueurs viennent assister au match alors qu’ils n’ont pas été sélectionnés pour celui-ci. C’est le cas de Kévin par exemple, qui suit trés souvent l’équipe quand il n’est pas sélectionné ou blessé. Il a par exemple accompagné l’équipe pour un match contre Burel FC dans le 13éme. Cela implique d’assister au debrief d’avant match, le déplacement aller, d’assister à l’échauffement, aux deux
mi-temps et le déplacement retour, soit plus de 4h de son temps un dimanche. Mais quand je lui demande pourquoi il fait ça, il me répond que c’est normal pour lui, et que ce n’est pas parcequ’il est bléssé qu’il «ne veut pas voir son équipe gagner». L’utilisation d’un déterminant possessif montre bien l’attachement à ce groupe dont il fait partie. Le cas de Kévin n’est pas isolé dans le club et il n’est aussi pas rare de voir d’anciens joueurs venir assister à ces matchs. Dans l’équipe,deux joueurs, Clément et Thomas sont aussi entraîneurs chacun d’une catégorie d’enfants. Si cela montre une plus grande implication dans le fonctionnement du club de la part de ces deux joueurs, il est aussi intéressant de noter que très souvent, lors du rassemblement de l’équipe Seniors, juste après les matchs des catégories enfants, l’une des premières questions qui leur est posée par le reste de l’équipe de seniors est celle du résultat des équipes jeunes. D’autres signes montrent un attachement affectif à un groupe commun. Par exemple, lors de la souscription à une licence au club, un supplément est demandé si les joueurs seniors veulent des produits à l’effigie du club (comme un sac, le survêtement du club, ou encore un tee-shirt d’entraînement). Or bien que cela soit payant, de nombreux joueurs achètent les survêtements du club, sur lequel figure le logo du club. Ces survêtements sont portés à l’entraînement et en match. À chaque déplacement, plus de la moitié des joueurs sélectionnés avaient ce survêtement. Il est aussi possible, mais plus rare, de voir ces survêtements portés dans la ville. Si cette pratique reste minoritaire pour l’équipe senior, les équipes de jeunes (pour qui ils sont compris dans le prix de la licence) portent souvent ces équipements dans la vie courante et on peut souvent voir dans la ville de Marseille, un jeune avec un survêtement rouge (A.S Sainte-Marguerite), Noir (USPEG) Vert fluo (A.S Mazargues) ou encore Bleu turquoise (A.S Busserine). Les joueurs ont également
un groupe snapchat, sur lequel ils choisissent d’ajouter ou nom les nouveaux venus. Une fois qu’un joueur vient assez régulièrement pour tisser des liens avec les joueurs dans ce groupe, ils l’invitent à rejoindre celui-ci. Cette règle n’est pas officielle, mais j’ai vu au cours de mon analyse qu’elle était informelle. Dans ce groupe, les joueurs parlent des résultats de foot, ou de l’agenda du club, des différents déplacements, mais une grande majorité des messages, sont de l’ordre du chambrage. On y charrie celui qui ne supporte pas l’OM, celui qui ne peut pas venir au match, celui qui a mal joué ou celui qui est en retard. Et la grande majorité de l’échantillon participe à cette pratique, sans distinction de classe sociale ou ethnique. Il est ici intéressant de noter que ce groupe contient uniquement des joueurs qui jouent ou ont déjà joué les matchs. Nous avons déjà vu avec Camille Martin que la pratique en compétition favorise la création d’un groupe. Alors ces matchs seraient-ils un facteur important pour faciliter cette culture commune? Christian Bromberger (1998) nous explique que le football en compétition nécessite des qualités telle que « la solidarité, la cohésion et la planification collective ». Dans son interview, il explique que la pratique du football amateur en club dote également les pratiquants d’autres vertus qui se transmettent par apprentissages informels. « Une structure organisée comme un club avec un conseil d’administration, avec des élections, une vie sociale, c’est une matrice de la vie citoyenne. Après évidemment il y a des relations d’opposition pour avoir le capitaine, pour être celui qui est le plus regardé, pour être celui à qui on fait la passe, celui qui marque des buts mais c’est quand même une forme d’apprentissage importante de la vie sociale, d’un certain nombre de règles d’apprentissage de la règle en tant que telle, du respect de la règle. C’est une chose importante qui passe à travers le sport et donc il y a tout cet apprentissage de valeurs... Avant pour se former à Marseille, on avait la paroisse et le Parti communiste aujourd’hui,
on a le club de foot. Ensuite, il y a ceux qui apprennent ceux qui refusent comme dans toute institution ». Pour lui cette pratique crée donc bien une matrice de groupe avec un apprentissage. Or, si ce groupe, et nous l’avons vu avant, est mixte socialement et ethniquement, alors le football amateur est un vecteur de vivreensemble au moins en surface. Il est important de noter que dans la pratique du football amateur, la compétition favorise ces comportements. Les pratiques sportives des différents individus ne diffèrent pas par leur nature. Cependant, si « les différentes classes sociales ne s’opposent pas par la nature des sports qu’elles pratiquent, elles se différencient, beaucoup plus fondamentalement, par la façon dont elles s’y engagent. » (Baudelot in Faure, 1990, 8) de maniére omnivore ou univore.
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ETHNOLOGIE D’UN CLUB DE FOOTBALL AMATEUR
Bien que nous ayons précédemment décrit partiellement certains comportements des individus qui tendent à faire de celui-ci un groupe aux valeurs communes, nous allons maintenant voir quels sont les codes et les rites qui régissent ce groupe social et quels sont les rôles de chacun dans ce groupe.
Le football entre cohésion d’équipe et mixité Max Weber (1917) a théorisé trois formes de domination légitime : la domination légale, la domination traditionnelle et la domination charismatique. La domination traditionnelle est issue de la croyance quotidienne à des traditions valables en tout temps. La domination charismatique, elle, s’exprime par la soumission au caractère exceptionnel, ou à la valeur exemplaire de la personne qui exerce le pouvoir. Enfin, la domination légale est une domination accordée par une croyance en une règle légale.
Ces trois types de charisme se retrouvent dans le club de foot. La domination traditionnelle est la plus discrète dans la pratique du football amateur. Elle s’exprime par exemple dans le respect de la part des jeunes joueurs des joueurs plus vieux ou présents depuis plus longtemps au club. Cette domination n’est pas très présente, mais il est commun de voir l’argument de l’ancienneté avancé lors d’un conflit. La domination charismatique est plus présente dans ces groupes. Le fait que le football amateur soit un sport collectif n’empêche pas les individus de ce groupe d’émettre des jugements sur les performances individuelles de chacun de ses participants. C’est en cela que se forme la domination charismatique. Un joueur acceptera plus volontiers une critique d’un joueur bien plus fort que lui individuellement. Et un joueur techniquement, physiquement ou encore tactiquement supérieur au groupe, bien que d’apparence timide ou peu motivateur, se voit bénéficier d’une aura de domination. On écoute ses conseils, ses ordres... C’est par exemple le cas de Kylian. Suite à une blessure, il a décidé de reprendre le football dans ce club, même si ces capacités lui permettent de jouer à un niveau bien supérieur. De nature réservée dans le groupe, sur le terrain et à l’approche des matchs, il se mue en véritable leader et conseiller pour le reste du groupe. La domination légale s’exprime sous différentes formes. Tout d’abord, chaque joueur accepte une domination du coach. C’est lui qui choisit qui joue le dimanche, comment se déroule l’entraînement, comment l’équipe va jouer tactiquement ou encore qui participe à tel ou tel événement. Chaque individu accepte cette domination dans le but de progresser individuellement et de faire progresser le groupe. C’est lui qui choisit qui joue le dimanche, comment se déroule l’entraînement, comment l’équipe va jouer tactiquement ou encore qui participe à tel ou tel événement. C’est le cas du capitaine.
Le statut de capitaine est un statut particulier qui confère à celui-ci des tâches et une domination particulière sur l’ensemble du groupe. Enfin, le brassard de capitaine lui transfère l’autorité du coach. C’est par exemple à lui de vérifier la validité des licences de l’équipe adverse avant les matchs. Il a également un rôle de synthèse. Lors d’un match, on demande aux joueurs de ne pas parler avec l’arbitre, car c’est au capitaine de le faire. Il doit faire remonter les injustices vécues par les joueurs à l’arbitre, et à l’inverse calmer les comportements dont l’arbitre lui fait part. Il est le lien entre l’arbitre et l’équipe. Enfin, le brassard de capitaine lui transfère l’autorité du coach. C’est lui qui sur le terrain donne les ordres, qui motive, qui parle et qui fait appliquer les consignes préalablement établies. C’est lui qui a raison lors d’un conflit. Le choix du capitaine est un choix pointilleux. Le coach doit choisir un joueur en qui il a suffisamment confiance pour qu’il traduise bien les consignes qu’il lui donne, mais également un joueur dont la domination est acceptée par les autres joueurs pour qu’il ne perde pas en crédibilité et que les autres joueurs l’écoutent. Souvent, le capitaine choisit jouit d’une domination légitime autre avant qu’elle devienne légale. Dans ce groupe, c’est Thomas le capitaine. Sa domination légitime était déjà actée par le fait qu’il soit dans le club depuis longtemps, et également entraîneur d’une équipe de jeunes. Son implication dans le club justifie une forme de domination. De plus, il est doté d’une aisance dans la communication qui justifie d’autant plus ce rôle. Enfin, c’est par sa manière de jouer qu’il se distingue. En effet, il existe différents profils de joueurs et leur comportement va avec ce qu’on leur demande. Il y a les joueurs créatifs, doués techniquement et avec qui on sera moins regardant sur certaines tâches plus stakhanovistes de la pratique du football (effort défensif, multiplication des courses...). Ils peuvent changer le cours du match individuellement, mais ne peuvent le faire que parce que les autres joueurs compensent leurs efforts non effectués. Ce sont des joueurs
plus individualistes dans leur pratique (c’est le cas, dans le haut niveau de Hatem Ben Arfa). À l’inverse, il y a le joueur altruiste. C’est celui qui préférera faire une passe décisive plutôt que marquer. Doté d’une bonne vision de jeu, il passe beaucoup de temps à lever la tête pour savoir où sont situés ses coéquipiers. Généralement plutôt discret, il préférera qu’on félicite le travail de l’équipe plutôt que le sien (c’est le cas de Veratti ou Modric dans le haut niveau). Enfin, il y a le joueur guerrier qui passe l’ensemble du match à se battre, répéter les efforts pour les autres. Souvent doté de capacité physique supérieure, il n’hésite pas à les utiliser et à aller au contact jusqu’à l’épuisement. Il est vu comme un joueur courageux et dévoué à qui l’on demande de produire beaucoup d’effort (c’est le cas de Matuidi par exemple). Les joueurs cités sont l’archétype, l’icône de ce style de joueur, mais la plupart des joueurs sont plus un mélange de ces trois types. Et l’équilibre et le bon fonctionnement d’une équipe réside dans le savant mélange de ces trois catégories de joueurs. Tous ces profils sont nécessaires à la réussite d’une équipe et il faut que chaque joueur trouve sa place dans ce groupe pour le rendre efficace. Il est encore une fois intéressant de noter que la pratique de compétition est donc encore une fois un vecteur principal de ce vivre ensemble, car tous ces rapports, qu’il soit neutres de domination ou de soumission, ne sont acceptés que dans le but de gagner, but primaire de la compétition.
Des apprentissages informels au service d’un parcours collectif L’observation de ce groupe m’a aussi permis d’en apprendre plus sur la formation sociale de celui-ci. En m’intéressant aux rapports entre ces individus, j’ai vite remarqué que de nombreux sousgroupes existaient. En effet, si le groupe total du club de foot était mixte, ces sous-groupes l’étaient beaucoup moins. En fait, le
regroupement par sous groupe non-mixte était le premier réflexe des nouveaux arrivants. J’ai analysé les rapports entre les individus en les classant le degré. J’ai appelé les rapports de premier degré, les relations se limitant a des expressions fonctionnelles. Les Etudiant en master joueurs se disent bonjour, et se parlent uniquement dans le but de Etudiant en licence pratiquer du football (appels de balle, explications de consignes...). Afrique Sub-saharienne Artisans, commerçants, chefs d'entreprise Les rapports de deuxième degré sont plus poussés. Ils s’expriment Maghreb Autres personnes sans activités professionelle par l’utilisation d’humour, et des questions sur la vie privée hors du Ouvriers Italie foot. Les rapports de troisième degré ont lieu quand les joueurs se Employés France (Antilles) rencontrent en dehors de l’entraînement. Etudiant en lycée professionel
France
Lors de ma première analyse, 2 semaines après mon arrivée, j’ai dressé un premier schéma des relations du groupe. Il est composé d’un noyau principal de joueurs déjà présents l’année dernière SCHÉMA DES RELATIONS Au début de l’analyse
France
France (Antilles)
Au club depuis plus d’un an
A la fin de l’analyse
Afrique Sub-saharienne Degrés de lien:
1er degrés
Italie
Maghreb
2eme degrés
Mixte
3eme degrés
(ces joueurs possédaient des liens de degré 2) et de sous groupes annexes en lien ou non avec des joueurs du noyau principal. Il est marquant de voir que ces sous-groupes sont finalement très peu mixtes. Tous les joueurs entretiennent cependant des liens de degré 1 entre eux.
À la fin de l’analyse, quatre mois plus tard les liens se sont renforcés. Tous les joueurs entretiennent des liens de degré 2 entre eux. En Afrique Sub-saharienne France France (Antilles) Italie fait ce groupe est passé de plusieurs sous-groupes plutôt éloignés Degréscomposée de lien: club depuisfaisant plus d’un an 1 degrés jouant ensemble à uneAuéquipe groupe de sous-2 groupes. Ces sous-groupes ne sont pas tous mixtes, mais certains groupes mixtes apparaissent. J’ai donc remarqué que plus les joueurs jouaient ensemble, plus leurs liens se renforçaient. er
Liens créés
.
Nombre de matchs joués
C’est par mon observation participante de type ethnologique que j’ai pu constaté cette évolution. Ce groupe est aussi l’entretien plus ou moins conscient d’un capital social tissé de « liens faibles » (Granovetter, 1973) qui pourront potentiellement être sollicités si le besoin s’en fait sentir. Les liens faibles sont des liens qui sont moins intenses, mais qui permettent, par leur mixité, d’ouvrir de nouvelles perspectives de partage.
eme
Ma degrés
12
CONCLUSION
Ce travail de recherche m’a permis d’éclairer plusieurs zones d’ombres qui subsistaient autour de ma pratique du football amateur à Marseille. Quel est le rôle du football dans la société ? Quel lien social crée/entretient-il ? Nous avons vu que la pratique du football amateur est plutôt mixte socialement et ethniquement. Le club de football est un lieu de contact prolongé entres personnes mixtes. Il est donc un vecteur de mixité sociale. Mais nous avons vu que dans la pratique du football amateur, c’est par le biais de la compétition que cette mixité s’intensifie. On se bat ensemble pour la réussite du groupe, on accepte plusieurs dominations, parfois d’un « dominéj» sur un « dominant », on participe à des rites et des habitudes communes, on joue un rôle au sein d’un collectif, on créé des liens. Toutes ces pratiques sont intensifiées par la compétition. Il serait alors intéressant de se demander qu’en est-il de ces liens autour
d’autres pratiques ayant comme base le football (Supportering, Pratique sans clubs...)
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«Les performances individuelles, ce n’est pas le plus important. On gagne et on perd en équipe.» Zinedine Zidane
AMATEUR
LA PRATIQUE DU FOOTBALL AMATEUR DANS LA CONSTRUCTION DU VIVRE-ENSEMBLE Ce travail de recherche est effectué dans le cadre du master «Corps, ville et patrimoine» de l’école d’architecture nationales supérieure de Marseille. Il s’interesse au lien social et à la fabrique du vivre-ensemble que crée la pratique du football amateur dans la cité phocéenne. À travers une analyse sociologique et une observation participante de type ethnologique au sein du club de football amateur de L’Association Sportive de Sainte-Marguerite, l’auteur étudie en quoi cette pratique est un vecteur de mixité sociale et éthnique, créant une culture commune et comment les différentes entités hétérogène présente dans ce club forment un groupe. Le football amateur est-il une Ecole de citoyenneté et de convivence ? MABILON TOM-EDOUARD DE2 architecture, processus et partage Corps, ville & patrimoine