De raspoutine à poutine

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« De Raspoutine à Poutine, les hommes de l’ombre », Vladimir Fedorovski, Editions Perrin, 2001 

Antisémitisme et Okhrana (1890-1903) : c’est le chef de l’Okhrana Sergueï Zoubatov qui eut l’idée de rallier les ouvriers et révolutionnaire à l’autocratie et au tsar en infiltrant les syndicats et en dirigeant leur activité moins contre le tsar que contre les juifs, présentés comme les fer de lance du capitalisme russe. Cette stratégie flattait par la même occasion la noblesse orthodoxe russe et visait à lui rallier le peuple russe. C’est ainsi l’Okhrana qui serait à l’origine des « Protocoles des sages de Sion », le plus célèbre faux de l’histoire. Pierre Ratchkovski dirige alors les services secrets russes à l’étranger ; il a ses entrées partout et a une maîtresse russe et une autre française. Ses descendants français vivent toujours autour de Paris. Il fréquente beaucoup les quartiers de l’émigration russe, autour de Montparnasse notamment. Il est propriétaire d’un luxueux appartement rue de Grenelle où il reçoit beaucoup. Il est réputé dans le Tout-Paris. Il se fait passer pour un riche collectionneur, mais il est surtout à la tête de nombreux agents en france notamment : propriétaires de boutiques à la mode, journalistes, concierges, garçons de café, prostituées. Il fait filer Trotsky et Lénine. En 1891, il fait infiltrer un groupe anarchiste terroriste par un de ses agents et pousse ce groupe à tester des engins explosifs dans le bois de Clamart, sans oublier de prévenir parallèlement la police française, cherchant à faire valoir les bons services que peut rendre la police du tsar à al république…Cependant, les milieux parisiens lui font fréquemment état de la mauvaise réputation de la Russie à cause de sa politique discriminatoire envers les juifs, et les nombreux pogroms dont ceux-ci y sont victimes. Ratchkovski charge alors Matthieu Golovinski (ancien censeur au service de Nicolas 2, qui deviendra bolchevik après 1917…) d’inventer un texte suggérant l’existence d’une conspiration mondiale juive, et par là légitimer l’antisémitisme russe, voire le faire se propager en Europe. Pour écrire les protocoles, Golovinski recopie certains passages d’un pamphlet de l’avocat français Maurice Joly dirigé contre Naboléon 3, paru en 1864 sous le titre « Dialogue aux Enfers entre Machiavel et Montesquieu », en remplaçant simplement Naboléon par des « sages de Sion ». Dans les années 1920, une aristocrate polonaise, Catherine Radziwill, ancienne maîtresse de Golovinski, reconnaît formellement dans les « protocoles des sages de Sion » des passages écrits et lus à elle par son ex-amant vers 1900. vient alors le maquillage : l’original est écrit en français ; la première traduction russe est datée de 1901 ; puis le texte intégral est produit en annexe de l’ouvrage d’un mystique orthodoxe russe, Serge Nilus, et présenté comme le compte-rendu d’une conférence internationale du Congrès sioniste. Parallèlement, l’Okhrana « informe » le gouvernement russe et la Douma de « l’existence d’un centre politique élaborant la ligne de conduite pour les juifs » et authentifie le faux de Golovinski comme provenant du congrès sioniste ; si parmi le gouvernement russe certains ne sont pas dupes, comme le premier ministre Witt, ils choisissent de se conformer à l’état d’esprit général qui règne en Russie… (cf. également Raspoutine au moment de la guerre 14-18 et les accusations de certains aristocrates russes à son encontre)

Raspoutine & la Tsarine (1905-1916) : directeur de conscience de Nicolas 2 et de la tsarine. Il est né dans une grosse bourgade des forêts sibériennes ; il est initié à l’amour charnel à 13 ans par une jeune veuve de ce village dans les bains à vapeur du village. Il est vigoureux, et vol des chevaux à des gros paysans propriétaires ; son père mourant lui demande de se rendre en « pèlerinage » au monastère de Tobolsk. Ce « pèlerinage » a une importante valeur initiatique dans sa vie. De retour chez lui, il se montre très pieu. Par la suite, il effectue plusieurs aller-retours dans plusieurs « lieux saints » de la Russie, importantes implantations de l’Eglise orthodoxe russe. Il se rend au mont Athos (site interdit à toute « femelle » depuis la fondation du monastère) en 1896, alors que plusieurs voix travaillent à établir sa renommée. En 1903, il continue ses pérégrinations orthodoxes en se rendant à Kazan, siège d’une des académies théologiques orthodoxes russes les plus réputées. Il y est pris en charge par l’évêque Andreï, alias prince Ouktomski. Les théologiens de cette académies furent pour beaucoup dans la propagation de la rumeur sur les qualités exceptionnelles de Raspoutine. C’est suite à sa formation finale dans cette académie que Raspoutine gagne Saint Pétersbourg, où il mène d’abord une vie discrète, tout en étant entouré d’ecclésiastiques de haut rang, qui certifient ses « dons de thaumaturge » et lui assurent l’aisance financière. Il rencontre le couple impérial en 1905 dans une datcha à Znamenka, et exerce rapidement une influence décisive. Premières paroles prophétiques lors de la première rencontre : « toi, ton mari et tes enfants vivrez tant que je vivrai. Quand je partirai, vous me suivrez de peu. ». La tsarine était déjà sous la coupe de l’église orthodoxe russe, et gagnée par un mysticisme certain, elle passait son temps avant même de rencontrer Raspoutine à se rendre dans les monastères où elle passait de longues heures. Nul doute que Raspoutine connaissait déjà assez bien la tsarine avant même de l’avoir rencontrée… La tsarine est par ailleurs une princesse allemande, alliance déjà ancienne entre les deux couronnes. Cependant, l’archevêque Antoine Volinski fournit à l’Okhrana des preuves que Raspoutine appartenait à la secte khlisti, avec un volumineux rapport sur cette secte, ce qui n‘affecta pas la confiance du couple impérial. Les pratiques des khlistis semblent consister à faire naître un délire érotique afin de mieux parvenir à l’extase religieuse ; les séances s’achèvent sur des bacchanales censées rapprocher de l’esprit divin. Raspoutine est sous le contrôle étroit de l’Okhrana dès lors qu‘il entre dans l’entourage du couple impérial. Maxime Gorki alla jusqu’à suggérer que le tsarévitch était en fait le fils de Raspoutine et que par ce biais, l’Eglise orthodoxe tenait le couple impérial. De fait la tsarine lui faisait des scènes de jalousie et se montrait exclusive dans ses relations avec lui. Dans une lettre rendue publique, elle appelle ainsi Raspoutine « mon bien-aimé », expression mêlée à tout un vocabulaire mystique. Cette lettre fut publiée dans le livre d’un certain Illiodor, ecclésiastique d’abord proche de Raspoutine avant d’en devenir un farouche ennemi. L’original n’a jamais été retrouvé, et il est possible qu’il s’agisse d’une manipulation posthume. Néanmoins… L’Okhrana rapporte ses frasques dans les restaurants les plus mondains, où au vu et au su de tous, il déclare au milieu de chants tziganes qu’il se fait jouer par des musiciens : « je fais tout ce que je veux d’elle, elle est obéissante ! », juste avant d’exhiber son sexe…Là aussi méfiance, car les invités de ce dîner sont des directeurs de presse à scandale. C’est la Douma qui s’attaqua à Raspoutine en 1912, ainsi que le ministre de l'intérieur pré-fasciste, Stolypine. Mais certains de ceux qui se plaignaient de Raspoutine le payèrent de leur position sociale, de leur poste, alors que Raspoutine fait nommer les ministres les plus importants, notamment entre 1910 et 1916. Raspoutine intervint aussi directement dans les opération et choix militaires. Certains aristocrates inventèrent alors un complot international dans lequel Raspoutine était une fois l’instrument des allemands, une autre celui des milieux sionistes. L’épouse de Nicolas II voulait une issue rapide du conflit, alors que celui-ci savait que cette guerre contre l’Allemagne serait calamiteuse pour la Russie. Le parti de la guerre eu une part importante dans la décision, suggérée par l’aristocratie proche du tsar et avalisée par lui, d’assassiner Raspoutine. En 1914, Raspoutine est victime d’une tentative d’assassinat par une mendiante dans la rue ; il semble savoir directement qui en est le commanditaire et écrit au tsar : « si je venais à être tué par un des tiens, ni toi ni tes enfants ne me survivraient plus de deux ans ». En 1916, sur les conseils de la tsarine, et dans un tollé général, Nicolas II décide de prendre le commandement des troupes. Et alors que le tsar part pour le front, la tsarine règne à Pétersbourg avec son mage… En 1916 encore, la tsarine fait valser les ministres encore hostiles à Raspoutine, et exige du tsar la dissolution de la Douma…Le très puissant prince Youssoupov (méprisé par le tsar pour son homosexualité, mais éventuel prétendant au trône), détestait Raspoutine et se mit en tête d’assassiner Raspoutine ; il avait l’approbation de son ami intime le grand-duc Dimitri (neveu de Nicolas II), de Soukhotine et de Pourichkevitch (un des leaders de la droite de la Douma). Le 30 décembre 1916, on repêche le corps de Raspoutine dans la Neva. Les jours suivants, la tsarine ne cessa d’aller se lamenter sur la tombe de « l’ami ». quelques temps avant sa mort, Raspoutine a laissé un message à son secrétaire Simanovitch : « [...] je sens


qu’avant le premier janvier [1917] je ne serai plus de ce monde. [...] si je Suisse tué par des hommes du peuple, et en particulier par mes frères les paysans, toi, tsar de Russie, ne crains rien, demeure sur ton trône et gouverne. Tu n’auras rien à redouter pour tes enfants, car ils régneront pour des siècles sur la Russie. Mais si je Suisse mis à mort par tes boyards et s’ils font couler mon sang, leurs mains demeureront à jamais souillées et durant 25 ans, ils ne parviendront pas à le faire disparaître. Ils quitteront la Russie. Les frères tueront les frères, [...] et durant 25 ans, il n’y aura plus de nobles dans ce pays [...] si ce sont tes parents qui ont préparé ma mort, alors aucun membre de ta famille, c'est-à-dire aucun de tes enfants ou de tes parents ne survivra plus de 2 ans. Ils seront tués par le peuple russe ». 

Okhrana & Bolcheviks (1890-1916) : l’Okhrana a placé ses agents à la tête des principaux partis révolutionnaires, avantageant de facto les bolcheviks parmi les autres tendances socialistes et révolutionnaires. Evno Azov, alias Eugène Philippovitch Azev, fut, à la tête de l’organisation de combat du parti socialiste révolutionnaire, qui prépara plus de 80 attentats entre 1893 et 1908, un des plus célèbres agents doubles de l’histoire mondiale. Il est le fils d’un tailleur de Rostov-sur-le-Don, Il fréquente les milieux étudiants anti-tsaristes russes de Karlsruhe en Allemagne où il poursuit des études d’ingénieurs ; c’est de là qu’il propose ses services à l’Okhrana en 1893. Il devint informateur personnel du directeur de l’Okhrana. Les attentats qu’Azev organisa (tout en restant appointé par l’Okhrana) permirent l’assassinat de gouverneurs, de grand-ducs, de ministres de l’intérieurs ultra-réactionnaires. Plusieurs centaines de membres du parti socialiste révolutionnaire furent envoyés au bagne sur ses dénonciations. Après avoir été démasqué, Azev fréquente Paris, Berlin, Biarritz, Monte-carlo, jamais en manque d’argent. Il vit confortablement dans le quartier bourgeois berlinois de Wilmersdorf, ouvre un office d’agents de change et bénéficie d’une excellente réputation à la bourse de NY…Il meurt dans son lit en 1916… Au final, Azev est responsable de la débandade des socialistes révolutionnaires, provoquant par les arrestations incessantes une crise majeure parmi ses leaders, suivie d’une vague de suicide de ceux-ci, alors que d’autres se réfugient dans les eaux troubles du mysticisme et de la pratique ésotérique à Paris et en Europe. Les informateurs de l’Okhrana étaient nombreux à l’Union ouvrière de Moscou, mais le principal d’entre eux fut placé à la tête de ce syndicat, et il s’agit d’un jeune pope nommé Gapone. L’intelligentsia libérale de Moscou raffolait de Gapone. Il devient collabo de l’Okhrana en 1905. C’est à son instigation et alors qu’il est déjà appointé par l’Okhrana, qu’il guide le petit peuple de Saint-Pétersbourg vers le palais d’hiver ce 9 janvier 1905. L‘armée tira sur le peuple. Il fréquente les grands hôtels de Monte-carlo et Maxim’s à Paris, alors que les ouvriers révolutionnaires de Moscou apprennent son appartenance probable à l’Okhrana. Bourtzev, journaliste surnommé le « Sherlok Holmes de la révolution » et spécialisé dans les enquêtes sur les mouchards de l’Okhrana, il parvint à démasquer Azev en contactant un des principaux dirigeants de l’Okhrana, un russe blanc dégoûté par les méthodes de cet agent de l’Okhrana responsable d’assassinats de plusieurs nobles russes. Il prit secrètement rendez-vous dans un train avec ce russe blanc de l’Okhrana, Alexeï Lopoukhine, lui dévoila ce dont était responsable l’agent de l‘Okhrana dont il n’avait pas le nom, nom que lui donna Lopoukhine. Lopoukhine sera condamné à 5 ans de travaux forcés pour « nuisances graves » aux activités de l’Okhrana (mais il est gracié par le tsar au bout de 6 mois). Roman Vatzlavovitch Malinovski, né en 1876 et d’origine polonaise, membre du comité central du parti bolchevik, bras droit inséparable de Lénine à Paris, jeune député de la 4° Douma (1912-1917 ; de composition ultra-conservatrice et très opposée à la politique du tsar et Raspoutine ; Malinovski y entre à l’instigation des bolcheviks et de l’Okhrana, qui sabota systématiquement la candidatures des concurrents) est en fait un agent de l’Okhrana depuis 1906. Il est au courant de tout. Président du groupe bolchevik à la Douma, il fait des critiques virulentes contre la politique du gouvernement et la terreur policière, ainsi que la provocation policière (tout en sachant très bien que ses diatribes sont ultra minoritaires dans l'assemblée) ; mais cette fois il semble qu’il ne fut plus suivit par l’Okhrana, qui transmit au président de la Douma ses fiches sur l’animal. Et en septembre 1913, éclata le scandale de l’agent de l’Okhrana chef de la faction bolchevik à la Douma… Pourtant, Lénine s’arrangea pour qu’il puisse fuir et échapper au tribunal interne du parti bolchevik, en se réfugiant en Allemagne. En décembre 1918, il se présente au soviet de Petrograd pour tenter de se faire une place dans le gouvernement bolchevik. Il fut tout bonnement fusillé.

Phase Lénine - Alexandre Lazarevitch Parvus (1915-1925) : financier occulte de Lénine ; il serait à l’origine de la théorie de la révolution mondiale et permanente de Trotsky, opposée au national socialisme stalinien et à la terreur, mais favorable au contraire à la stratégie syndicale et à la grève. C’est un riche marchand qui a été sur les barricades en Russie en 1905, un ancien membre du groupe anarchiste « volonté du peuple » en Ukraine, un ami de Trotsky et un agent bien rémunéré des services secrets allemands ; son vrai nom est Helphand, il est né en 1867 dans une famille d’artisans de Minsk. Il fait des études brillantes à Odessa puis à berne en Suisse ; il est témoin de pogromes à 14 ans et est habité par la haine indéfectible de la monarchie russe à compter de ce jour. Il fait la connaissance en Europe de Rosa Luxembourg et Bebel. Fin théoricien, homme d'affaires rusé, il dirige aussi un jnl révolutionnaire et devient collaborateur du journal léniniste Iskra. Persécuté en Russie et expulsé en France, interdit de séjour en Angleterre il s’installe à Munich (avant 1905). Il vient en 1905 avec Trotsky en Russie à Pétersbourg, et dirige avec son ami le soviet local. Mais il doivent bientôt s’exiler à nouveau. 1907-1908 est la période la plus trouble de sa vie à Munich. Il devient un des financiers les plus en vue de la capitale bavaroise, mais accusé d’escroquerie ; on lui reprochait notamment d’avoir extorqué des fonds pendant la période du soviet de Pétersbourg. Il finit par être banni par les soc-dem allemands et les futurs spartakistes. Seul Trotsky continue à le côtoyer tout en prenant un peu ses distances. En 1910,j il embarque pour Istanbul avec 130 000 marks - or. Pendant son voyage, il entre en contact avec une célèbre courtisane installée à Istanbul où elle a partout ses entrées, qu’elle ouvre à Parvus. Là Parvus refait sa vie d’homme d'affaires, tout en informant l’Allemagne sur tout ce qui se passe dans l’empire ottoman. Il se spécialise dans la vente d’armes en provenance d’Allemagne ; en 1915, l’ambassadeur allemand Von Vangenhaim rapporte à Berlin le mot de Parvus selon lequel « les intérêts du gouvernement allemand sont identiques à ceux des bolcheviks » : « les démocrates russes n’ont pas les moyens seuls de renverser le régime. D’autre part, le succès de l’Allemagne dans cette guerre passe par le déclenchement de la révolution en Russie. Toutefois, même après la guerre, la Russie représentera toujours un danger pour l’Allemagne, sauf si elle est démembrée en plusieurs Etats séparés ». Il présente des projets plus précis de grève révolutionnaire en Russie, ce qui décide le gouvernement allemand à débloquer 2 millions de marks le 7 mars 1915 et de les affecter à la « propagande révolutionnaire en Russie ». Dès la fin de la même année, Parvus devient conseiller auprès de l’Etatmajor allemand et reçoit à ce titre 1 million de marks – or pour la seule année 1915. avec ces subsides, Parvus sillonne l’Europe et créé en 1915 un « Institut de recherche des causes et conséquences de la guerre mondiale » à Copenhague, prenant pour adjoint un bolchevik de renom, Ganetski, alias Fürstemberg qui lui sert d’intermédiaire avec Lénine, qu’il a rencontré en mai 1915 à Zurich. Il expose à Lénine, qui semble toujours à cette date borner son attention sur la perspective d’une révolution en Allemagne, sur le fait qu’il n’y aura pas de révolution en Allemagne tant que durera la guerre alors qu’il y en aura une en Russie après une victoire allemande (erreur dans la mesure où la victoire militaire allemande n’était pas effective au moment du coup d’Etat bolchevik). Les sources diplomatiques hongroises révèlent que cette alliance entre Lénine et Parvus a bien servi à financer les bolchevik (c'est-àdire le financement des bolchevik in fine par le gouvernement allemand ). Parvus et Ganetski (par ailleurs membre du bureau du comité central du parti bolchevik à l’étranger) faisaient en effet du commerce entre Allemagne et Russie en faisant transiter des marchandises par la Scandinavie (instrument chirurgicaux, produits médicaux, contraceptifs et vêtements) ; les profits réalisés en


Russie ne revenaient pas en Allemagne mais servaient en Russie à financer le parti bolchevik et ses activités. Circuits financiers opaques, nombreux intermédiaires couvrant les liens avec les services secrets allemands, sociétés écrans, etc. une véritable mafia bolchevo-germanique avant l’heure… En public, Lénine prend soin de présenter Parvus comme un renégat. Ganetski sera nommé commissaire aux affaires étrangères du gouvernement bolchevik et il aura la charge des affaires financières les plus délicates. Ganetski prendra le fils de Parvus comme directeur de l’information du ministère bolchevik des affaires étrangères. En avril 1917, alors que Lénine prépare son arrivée en Russie, il câble à Ganetski de mettre de côté « 2 ou 3 mille couronnes pour le voyage de Suisse en Russie ». C’est Parvus qui se charge du bon déroulement du voyage, n’hésitant pas à appeler les ministère des affaires étrangères allemand voire le kaiser en personne à l’occasion. Lénine n’est pas dupe des véritables intentions de l’Allemagne et mène des négociations par l'intermédiaire des socialistes suisses Robert Grimm et Fritz Paten, ainsi que Zinoviev. Il demanda le statut d’extraterritorialité pour le wagon blindé, de manière à ne pas pouvoir être accusé d’être un agent allemand. Arrivé en Suède, le Wagon est accueilli par Ganetski qui leur fournit les billets pour le reste du voyage. A ce moment là, Parvus se trouve à Stockholm. Après la conclusion de la paix séparée entre Russie bolchevik et Allemagne en 1918 Parvus est si enthousiaste qu’il demande à se rendre à Moscou. Lénine refuse, soucieux d’anéantir toute preuve de la complicité entre l’Etat allemand et les bolcheviks, faisant notamment disparaître les documents du gouvernement provisoire menchevik sur ses liens avec les allemands (21 volumes). Parvus meurt quelques mois plus tard en 1918, en laissant derrière lui ses mémoires, dans un château en Suisse où il avait pour habitude de donner de somptueuses fêtes costumées, en regrettant de n’avoir pu affronter le redoutable réseau antibolchevik principalement anglais… 

Phase Staline - Lavrenti Beria (1925-1953) : Note sur Staline et la mafia : en 1927, Staline conclu un pacte avec les principaux parrains de la « sécurité publique » (les vor v zakone) afin qu’ils dénoncent via leurs réseaux d’indicateurs les malheureux ayant réussi à fuir les goulags ; méthodes qu’avaient déjà utilisé l’Okhrana pour ses bagnes… Beria fut le bras séculaire de Staline, chef du NKVD (police secrète bolchevique) il fut le seul à tenir tête à Staline. Il était l’éminence grise de Staline, mais voulut également après la mort de celui-ci imposer des réformes par des méthodes des plus occultes. Sa vie est nimbée de légendes. Il est selon les cas présenté comme le plus grand criminel de tous les temps, responsable direct en tant que commanditaire de millions de morts, violeurs d’enfants. Beaucoup de ces légende tiennent à la volonté de Khrouchtchev de se débarrasser une fois pour toute de Beria lors de son procès en 1953. il avait de nombreuses maîtresses mais veillait surtout à ce que les femmes soient nombreuses dans les services secrets bolcheviques. Il avait européen haute culture concernant l’Okhrana, des dossiers de laquelle il se délectait, s’empressant d’en renouveler l’esprit… peu après le coup d’Etat bolchevique, il devint le chien de chasse de la tcheka dans la Caucase que les bolcheviks ne parvenaient pas encore à tenir en laisse. Puis, remarqué pour son zèle dans les campagnes de terreur qui marquaient l’avancée des troupes, il devint juge d’instruction tchékiste. Au milieu des années 1920, la Géorgie n’étant toujours pas soumise, on y envoya un « pacificateur », un certain Staline, qui dès son arrivée fut accueilli à bras ouverts par les tchékistes locaux, dont Beria, qui lancèrent leur programme au cours du banquet de bienvenue : « Beaucoup de mauvaise herbe s’est accumulée en Géorgie. Il faut passer la charrue »… De retour à Moscou, Staline le fait nommer chef adjoint de la Tchéka de Géorgie. En 1922, Beria eut l’occasion de donner la mesure de sa connerie, en réprimant l’ultime insurrection antibolchevik géorgienne : 5 000 personnes furent fusillées. Beria fut alors nommé chef de la police politique locale. Il était craint jusque dans les rangs des bolcheviks pour sa froideur calculatrice. Mais espion de Staline, il était devenu intouchable. Et grâce à lui, Staline connaissait tous les agissements des dirigeants géorgiens. Ayant pris le pouvoir, Staline fit passer par les armes ou déporter au goulag quelques 30 000 dirigeants et bureaucrates géorgiens réputés proches de Trotsky. En 1932, Beria devint chef du PC Géorgien. En 1934, Staline le chargea de diriger la rédaction d’une histoire bolchevique de la Géorgie, tâche dont Beria s’acquitta avec un art consommé du révisionnisme. Les témoins gênants encore vivant de certains faits furent éliminés à cette occasions, quelqu’aient été leurs états de sévices. Les archives locales furent également intégralement apurées. Sa nomination au Comité central du PCUS n’étonna personne. En 1936, Staline nomma « commissaire du peuple » (ministre dans le vocabulaire de propagande bolchevique…) à la tête du NKVD Ejov, avec pour adjoint Beria. En 1938, Ejov prépara le procès du « bloc des droitiers et trotskistes » ; une fois le fleuve de sang écoulé, en 1939, Staline changea de cap et fit porter le rôle de bouc émissaire à Ejov, qui fut fusillé en 1940. Beria lui succéda en juillet 1939 à la tête du NKVD, se signalant dès lors par une relative modération. Entre 1936 et 1940, il y eut près d’1 million d’exécution et près du double d’arrestations et de déportations. Beria commença par remplacer l’encadrement de la police politique. A cette époque, installé à Moscou près du Kremlin, Beria est moins influent sur le dictateur suprême que Molotov. Beria était le seul dans la capitale a pouvoir contredire Staline tout en se défendant de sa loyauté. Peu après sa nomination à la tête du NKVD, Staline demande à Beria de changer la nature des services secrets russes à l’étranger et notamment en Europe où la guerre est éminente, l’objectif étant de donner un rôle plus important aux agents qui ont accès aux cercles dirigeants, de manières à ce qu’ils soient en mesure d’influer sur le cours de l’histoire. La chasse au communistes et révolutionnaires de gauche antistaliniens dans le reste du monde serait temporairement placé à l’arrière-plan. Beria procéda sous les instructions de Staline à une refonte des services secrets. Il plaça sous sa direction immédiate tous les agents des services russes à l’étranger, et sous son impulsions, ils allaient devenir parmi les meilleurs du monde. Il ordonna que tous les agents de l’Urss travaillent désormais sous couverture diplomatique, afin que la nature des renseignements émis en Russie soit mieux couverte. Les trois pays prioritaires : Etats-Unis, Grande-Bretagne e france. En France, le recrutement prioritaire fut dans le ministère des affaires étrangères, où les bolcheviques ne parvenaient jusqu’alors pas à s’infiltrer. Ce fut un modeste employé du chiffre du quai d’Orsay qui dirigea en france le NKVD. Staline testa continuellement les capacités de Beria, notamment ne lui confiant l’assassinat de Trotsky. Un des agents de Beria, tantôt en Chine, aux Etats-Unis ou en Espagne en 1936, était Leonid Eitingon ; d’origine juive, il avait des parents fortunés à l’étranger, dont Max Eitingon, dirigeant d’une entreprise de fourrure de zibelines (monopole d’Etat bolchevique) et qui finançait ainsi selon certaines sources des activités clandestines du NKVD. Max Eitingon était en outre un des six « apôtres » de Freud, chargé de diffuser la psychanalyse dans le monde, il dirigeait l’institut psychanalytique de Berlin et l’association psychanalytique mondiale ; ses salons dans les capitales occidentales étaient des lieux de rencontre de russes blancs, d’écrivains et d’agents du NKVD. Eitingon devint un des grands artisans des réseaux féminins de Beria. C’est par son intermédiaire que fut recruté Mercader, l’assassin de Trotsky. Mais Beria était aussi l’instigateur de l’Orchestre Rouge en Allemagne nazie, en Angleterre les 5 de Cambridge (grâce auxquels les secrets britanniques atterrissaient directement sur le bureau de Beria) ; par contre Staline ne voulut pas croire Beria quand celui-ci lui montra des preuves des préparatifs nazis d’invasion de l’Urss. face à l’avancée nazie, Beria parvint cependant à faire démanteler en un rien de temps les centres industriels envahis pour les faire réinstaller plus à l’intérieur. Après guerre, Beria entra dans le Politburo, et Staline commença à en prendre ombrage voire à en avoir franchement peur. C’est sans doute pour cette raison qu’après la guerre Staline fit découper le NKVD devenu MVD en deux services distincts, de manière à disposer d’un contre-pouvoir au cas où Beria nourrirait quelque ambition d’alternance totalitaire… mais c’était peine perdue. Par ailleurs Beria fut chargé de la mission de réaliser la bombe nucléaire bolchevique, mission brillamment accomplie puisque les bolcheviques disposèrent de celleci dès 1949. par ailleurs, Beria gardait d’excellentes relations avec le milieu policier, et par ses relations, il contrôlait même la garde personnelle du chef du Kremlin. Pourtant à partir de 1951, Beria tomba en disgrâce. Staline jeta deux bombes dans les jambes de


son boyard pour le discréditer et l’écarter : l’affaire mingrélienne et celle des blouses blanches…Staline accusa la tribu géorgienne des Mingrels, dont Beria était issu, d‘avoir des relations antibolcheviques avec la Turquie. Beria fut accusé de ne pas avoir réprimé cette « tendance contre révolutionnaire » à l’époque où il était chargé de superviser les massacres en Géorgie, n’hésitant pas à mettre sur écoute la mère de Beria même… Beria entra dans le jeu, et fit supprimer quelques centaines d’innocents en espérant par ces crimes sauver sa peau. Quant au complot des blouses blanches, il s’agissait d’accuser des médecins d’origine juive de vouloir assassiner les hauts cadres bolcheviques les uns après les autres… Staline déclara ainsi : « les capitalistes américains projetaient d’anéantir les élites soviétiques ». ce fut le prélude à une vaste campagne antisémite, accompagnées de rumeurs sur l’origine prétendument juive de Beria. Puis Staline chercha à brouiller Beria avec les militaires. Mais Staline tomba malade et commença à devenir sénile avant d’en avoir finit avec Beria, qui se moquait du vieil autocrate dans les toilettes du kremlin avec Khrouchtchev. Beria reprenait confiance car il disposait sur chacun de dossiers compromettants, de moyens de pression divers. Staline préparait sa succession ; il fit écarter Molotov, très capable mais « trop doctrinaire » à son goût et coupable d’entretenir des liens avec les « mouvements sionistes mondiaux en tentant de créer une république juive en Crimée » ; Vorochilov était un « idiot », et Khrouchtchev « avait toute ce qu‘il fallait pour être successeur mais était un poivrot ». le jouir de la mort de Staline, Beria fait stationner des armes lourdes et des troupes autour du Kremlin, histoire de poser clairement les termes de la négociation pour la succession face à ses rivaux. Les membres du Præsidium du PCUS se réunirent pour désigner parmi eux le successeur. Malenkov préféra soutenir Beria plutôt que de s’en faire un ennemi, lequel lui renvoya l’ascenseur. Mais histoire de ne pas risquer de déstabiliser l’Urss par des querelles intestines, fut formé un triumvirat Malenkov Beria Molotov. Roublard, Beria attira l’attention sur le « camarade Malenkov », le désignant comme successeur, et déviant ainsi les foudres qui lui étaient prédestinées sur celui-ci. Mais c’est aussi à partir de la sénilité de Staline que Beria prit plusieurs initiatives qui témoignent à la fois de l’emprise totalitaire de Staline et de la complexité du personnage Beria : entre mars en juin 1953, il proposa tour à tour l’amnistie des prisonniers des goulags (plus d’1 million de personnes seront libérées), la condamnation du coup monté contre le directeur juif du théâtre Solomon Mikhoels, la réhabilitation des « blouse blanches », la condamnation de la vaste campagne antisémite, l’interdiction de la torture dans les prisons, la nécessité de supprimer le système concentrationnaire, des mesures en faveur de la décentralisation du pouvoir et contre la russification forcée de l’Ukraine et de la Lituanie, contre l’affichage systématique des portraits des chefs bolcheviques et le culte de la personnalité, de soutenir la réunification allemande quitte à renoncer à l’emprise sur la RDA, allant ainsi bien plus loin que Khrouchtchev. Il est certain qu’il visait avant tout de cette manière à se blanchir. Néanmoins, ces réformes étaient réellement pensées et structurées, détaillées, accompagnée d’une nouvelle tactique diplomatique bolchevique avec la marginalisation du parti et l’introduction de la liberté de parole, sans parler de la réforme agraire prévoyant une « dé collectivisation » (c'est-à-dire une désétatisation et un transfert aux paysans). Aussi un des chefs d’inculpation au cours de son procès fut celui de ne pas être communiste. En mai 1953, il fit limoger 2/3 des 3000 agents de son administration pour faire place à ses créatures. Comme plus tard Poutine, il voulait s’appuyer sur les services secrets pour faire avancer ses réformes… Mais parmi ces réformes, il y avait aussi le limogeage de près de 3 000 maréchaux, généraux, colonels et commandants de l’armée rouge, qui pesaient trop lourd politiquement à ses yeux. Mais il avait sous-estimé cette lourdeur même qu’il voulait réduire. C’est aussi Beria, qui se mêla de politique étrangère, chasse gardée de Molotov, via ses agents à l’étranger, et fut à l’origine de l’abandon de la guerre en Corée par Mao, de l’abandon du Laos par Hô Chi Minh, de la réconciliation avec la Yougoslavie de Tito. Mais bientôt, Khrouchtchev se mit à contrer systématiquement Beria au præsidium. Il fut écouté par Boulganine, puis Molotov, et finalement Malenkov et Vorochilov. Ils se servent des insurrections tchécoslovaques, de celles de 200 000 concentrationnaires du grand nord à Norilsk et des manifestations de Berlin-est et de Dresde pour lui reprocher son manque de vigilance ; sous Staline, de telles révoltes auraient été écrasées dans l’œuf. Aussi Beria fut appelé à s’expliquer devant les autres membres du præsidium. Khrouchtchev ouvrit la séance en déclara,nt devant Beria : « on commence par étudier le cas Beria »… On commença par lui « révéler » que des vieux bolcheviques le tenaient depuis longtemps pour un agent anglais. Puis ion l’accusa de vouloir démanteler l’Urss. Il fut décidé que Beria serait « libéré » de ses fonctions. Les portes s’ouvrirent, des militaires firent irruption, et Beria se vit prononcer sa mise aux arrêts le temps de l’instruction de son procès…On ne sait pas comment est mort Beria, il semble qu’il ait été exécuté sommairement, peut-être même au cours de cette séance du præsidium… en février 1956, Khrouchtchev put s’appuyer sur la nomenklatura jalouse de ses privilèges pour maintenir la dictature de celle-ci sur le prolétariat. La nomenklatura, cette corporation fermée de pur caractère mafieux, réunissant les hauts cadres du parti et du KGB, était sauve, et avec le procès de l’ère stalinienne et de Beria, les apparences « d’ouverture » également. 

Phase Khrouchtchev - Brejnev (1956 – 1982) : sous Khrouchtchev puis Brejnev jusqu’en 1982, la nomenklatura devint une fraternité sélective et inamovible, une caste dominante plus lourde que dans toute autre société, de plus en plus sclérosée. Comme sous Staline déjà, les deux autocrates s’appuyèrent sur un département du comité central portant le titre anodin de « administration des affaires » et qui s’occupait en réalité des fonds secrets pour mettre à disposition des privilégiés du régime d’innombrables maisons de luxe, appartements, maisons de repos spéciales, etc., sans compter les privilèges directement associés aux postes dominants : luxueuses « cantines », logements de fonctions, personnel domestique, limousines, dont la Zil noire était l’équivalent russe de la Lincoln américaine. Dans les années 1980, le système était au summum de la corruption et de la déliquescence, avec une tentaculaire économie de l’ombre.

Alexandre Yakovlev & Gorby (1985 – 1991) : l’artisan de la Perestroïka est Alexandre Yakovlev, également un des principaux « résistants » au coup d’Etat contre Gorbatchev du 21 août 1991. le KGB l’accusa d’être un agent de l’ouest, voire le « chef d’un complot maçonnique mondial ». Il est à l’origine de la montée en grade de Gorbatchev au sein de la Nomenklatura. Il est aussi l’auteur de courageuses prises de positions dans les années 1970 contre l’influence exercée par les nationalistes russes néostaliniens d’extrême-droite sur l’appareil du parti, ce qui lui valut d’être démis de ses fonction aussi sec et envoyé au Canada faire l'ambassadeur de 1972 à 1983. en 1983, Gorby et Yakovlev se rencontrent à Ottawa et grâce à un retard protocolaire, se retrouvent seuls pendant quelques minutes, pendant lesquelles, loin de toutes surveillance il se disent l’essentiel, et notamment les mots de « perestroïka » et de « glasnost ». En fait, Yakovlev ne croit absolument plus dans le socialisme et n’aspire qu’à une chose, s’aligner strictement sur le capitalisme de marché. Or Gorby devient en 1983, à l’instigation de youri Andropov, ex-chef du KGB, et secrétaire général du PCUS, numéro deux du parti. Gorby fait alors rentrer Yakovlev du Canada et le charge de travailler à un redressement économique. Puis vint l’intermède Tchernenko. Mais Gorby avait le soutien d’éminences du KGB et de l’armée, alors que son ombre Yakovlev avait la cote parmi l’intelligentsia moscovite du fait de ses prises de positions antistaliniennes et antinationalistes. Le réseau de Yakovlev fut très utile à la nomination de Gorby au poste de secrétaire général du PCUS en 1985, notamment par de multiples rumeurs lancées sur les adversaires de Gorby. Le PCUS compte alors 19 millions de membres. Gorbatchev commença par purger le Politburo des éléments staliniens et y fit entrer des amis sûrs, et parallèlement donnait des gages au KGB. En fait il semble bien que c’est le KGB, cette académie politique bolchevique au même titre que l’ENA en france, soit en grande partie à l’origine de la possibilité même de la perestroïka. Mais le plan de Yakovlev allait plus loin et prévoyait l’introduction du multipartisme, de la liberté de la presse, des élections libres et du parlementarisme, ainsi que l’indépendance des


juges ; Yakovlev restait par contre muet sur les questions économiques, n’osant pas briser le tabou de l’abolition du capitalisme d’Etat. Les dissidents furent reconnus, et sur le plan idéologique, on en revenait sur de nombreux points à une atmosphère tsariste. Yakovlev proposa ensuite à Gorby de renouer avec le pape, lequel joua un rôle important dans l’évolution de Gorby, notamment concernant la Pologne. Cependant, dans certains moment il semble que Yakovlev ait été au contraire persuadé que loin d’être son jouet, Gorby était celui du KGB, et parvenait de cette manière à bluffer Reagan et Mitterrand. De fait Gorby était le pont entre deux tendances parfaitement inconciliables qui risquaient à tout moment de se jeter dans une impitoyable guerre « civile », non sans aide extérieure si nécessaire…Mais Yakovlev découvrit qu’une partie de l’intelligentsia travaillait en fait étroitement avec le KGB. Dans le même temps, une autre aile de l’intelligentsia se tournait de plus en plus ouvertement vers Eltsine, alors leader de « l’opposition démocratique ». en 1987, Gorby hésite toujours à donner les instructions pour la privatisation des entreprises d’Etat. Au bout de 2 années de perestroïka, pas plus de quelques milliers de jeunes avaient osé se rassembler dans des « clubs » pour exprimer ouvertement leur opposition au régime bolchevique. Les intellectuels moscovites restaient sur leur garde, gardant en mémoire les épisodes de terreur d’Etat suivant de telle périodes de « réchauffement ». Yakovlev imagina alors pour relancer les réformes, l’organisation de législatives à candidatures multiples… les discussions battaient alors leur plein tant à la tête de la douma qu’à celle du parti, les parties s’affrontant non plus par intrigues sanguinaires et autres coup feutrés mais ouvertement dans les colonnes des journaux, prenant à partie une opinion publique surprise de découvrir subitement sa propre existence, et osant à peine y croire… Yakovlev ayant fait attaquer par avance la direction encore largement stalinienne par ses méthodes et conservatrice par son recrutement du KGB, celui-ci riposta immédiatement sous la conduite de Krioutchkov, en faisant publier des dossiers sur les nouveaux millionnaires de la perestroïka, qui commençaient à faire fortune à travers le maquis des lois et des décrets d’Etat. La crise polonaise, puis celle de la chute du mur de Berlin se déroulèrent sur fond d’affrontement entre Yakovlev et Krioutchkov, en pleine « Gorbimania » en occident. L’intervention par la force fut refusée à ceux qui la réclamaient, les kagébistes et les néostaliniens, car cela aurait signifié la fin de la perestroïka et une perte immédiate d’influence internationale. Le compromis consista à laisser nommer en Pologne une direction catholique, quoique étroitement liée au régime bolchevique. A Berlin-Est, les évènements se précipitèrent après une visite de Gorby où celui-ci fut acclamé par la foule, alors que le vieux stalinien local, Honneker, se prenait une gifle publique de la part de l’opinion. Quelques temps après, Gorby donnait le signal de la chute du mur et de la réunification en faisant nommer le réformateur Krenz. Quand les allemands se mirent à faire éclater les premières brèches dans le mur, l’ambassadeur bolchevique russe en RDA téléphona affolé à Moscou pour recevoir ses consignes, et reçu la réponse suivante : « ce n’est pas de notre ressort. Il s’agit des relations interallemandes »… Immédiatement, les néostaliniens décidèrent de passer à la contre-offensive. Krioutchkov laissait entendre à Gorby, qui le laissait parler, que Yakovlev avait eu durant les années 1950, lors de ses études à l’université de Columbia, « des relations non-contrôlées » avec les américains. Il aurait été ainsi un espion à la solde de la CIA. Finaleme,nt, Krioutchkov envisagea de se débarrasser à la fois de Gorby et de Yakovlev. Le 1° mai 1990, Gorby fut hué lors du défilé sur la place rouge par la foule, triée sur le volet par le KGB et d’ailleurs assez clairsemée (l’opposition « démocratique » et tous ses partisans avaient décidé au contraire de boycotter cette fête). Puis après les néostaliniens, ce furent les anticommunistes, les anarchistes (???) et les réformateurs qui s’engouffrèrent sur la place rouge, brandissant des portraits du christ… certains considèrent que l’opposition démocratique aurait été infiltrée au plu haut niveau par le KGB et que les portraits du christ étaient une provocation de celui-ci. Cela n’est pas prouvé et ne tient qu’aux affirmations des « réformateurs » « démocratiseurs ». Les images furent diffusées à la télévision, et le KGB fit courir le bruit le lendemain que des « démocrates » s’apprêtaient à prendre d’assaut le kremlin. Mais l’intoxication ne prit pas malgré l’inquiétude de Gorby. En août 1990, Gorby décida du passage de l’économie capitaliste d’Etat à l’économie capitaliste de marché. Dans le même temps, Eltsine avait re,ndu sa carte du PCUS et se prononçait maintenant pour des réformes « radicales ». et de l’autre côté, la perspective d’une restauration du capitalisme de marché excitait les milieux staliniens, et les rapaces près à s’arracher les secteurs privatisés. Subissant les pressions du KGB, Gorby recula un temps. Le putsch se préparait. Les réformateurs considéraient désormais Gorby comme l’otage du KGB, probablement à raison. Lors de la réunion du Comité central d’avril 1991, Gorby put constater à ses dépends que la perestroïka avait fait son œuvre : il fut traîné dans la boue par les réformateurs guidés par Eltsine et couvert d’injures par les bolcheviques et les néostaliniens. Mais face à ce délire hystérique de part et d’autre, il se lève et rouge de colère, hurle « j’en ai assez, je démissionne ». après un instant de stupeur, les réformateurs exigèrent avec virulence qu’il se ravise, menaçant de quitter l’assemblée, et votant finalement massivement pour sa reconduction. Parallèlement, Yakovlev créé en juin 1991 avec le maire de Pétersbourg et celui de Moscou et quelques autres radicaux le « mouvement des réformes démocratiques », dont le siège se tenait à la mairie de Moscou et qui se proposait de dépasser les clivages entre les partisans d’Eltsine et ceux de Gorby pour faire bloc contre les néostaliniens. Par ailleurs Yakovlev disposait de ses taupes au sein du KGB, en l’occurrence le colonel Boris Toumanov, ancien spécialiste des coup d’Etat en Afrique et anticommuniste déterminé. C’est de cette manière que Yakovlev fut au courant de la préparation d’un putsch. L’ambassade américaine à Moscou elle aussi en était informée… ; ils laissèrent faire… De son côté, Eltsine était mis dans le coup par l’intermédiaire du général Gratchev (ce qui vaudra à celui-ci de devenir ministre de la défense sous Eltsine). Alors que la tension était à son comble, Yakovlev révéla sur les ondes le coup d’Etat qui se préparait. Le 19 août 1991, c'est-à-dire 3 jours plus tard, le putsch eut lieu, rassemblant les éminence de la défense, de l’intérieur, du KGB et la faction stalinienne du PCUS. Le fiasco dura 60 heures ; son échec serait dû à la détermi,nation d’Eltsine, nommé président de la Fédération de Russie au suffrage « universel » en juin 1991. les putschistes ont fait preuve d’une étonnante faiblesse, qui laisse de gros doute sur les véritables motivations de ce bide : pas d’arrestatio,n d’Eltsine alors que rien ne leur était plus facile, pas de coupure des communications avec l'occident, pas d’intervention des soldats d’élite du KGB pour empêcher les cameramen américains d’entrer dans la douma, les instigateurs du coup d’Etat sont arrêtés peu après. Yazov, ministre de la défense, a refusé de donner au putschiste le soutien de l’armée en refusant d’être celui qui aurait autorisé à ce qu’on tire sur la foule. Gorby démissionna le 25 décembre 1991, 17 jours après la déclaration de Minsk mettant officiellement fin à l’URSS. Eltsine devint alors immédiatement le maître absolu du Kremlin. Le KGB fut dissout, Krioutchkov mis aux arrêts. La Nomenklatura était une fois de plus sauve… par ailleurs, dès le début de l’année 1992, les instigateurs du putsch sortaient de prison et étaient amnistiés. Krioutchkov est redevenu fréquentable, et se trouve être un proche de Poutine, fréquentant à nouveau les couloirs du kremlin. 

Du KGB au FSB (1991-1995) : officiellement le KGB est démantelé en 1991 ; son directeur, qui est également le principal animateur du putsch, Krioutchkov, est jugé. Les structures du KGB sont subdivisées en plusieurs organes : FSK (contreespionnage), FAPSI (communications), SRV (renseignement extérieur), le service de protection de la sécurité des organes du pouvoir et les gardes-frontière. Passant de 700 000 à 80 000 employés, le KGB nouvelle formule sort affaibli et principalement chargé, officiellement, de la « lutte contre » la corruption, les mafias, le narcotrafic. Mais en 1995, en plein conflit tchétchène, le FSK est renommé FSB (service fédéral de sécurité), ce qui signifie qu’il retrouve une partie de ses prérogatives d’avant 1991, mais aussi les méthodes utilisées autrefois contre les dissidents. Ainsi l’intervention des « forces d’élite » du FSB à Pervomaïskoïe (village du Daguestan alors « pris en otage » par des combattants tchétchènes) de janvier 1996 se termine par une centaine de morts et la fuite des combattant tchétchènes. De son côté le KGB a parfaitement réussit sa reconversion. Les ex-kagébistes sont omniprésents dans la diplomatie, les médias, et les grands établissements industriels et bancaires. A la fin des années 1980, ils ont


infiltrés [voir structuré…] toutes les plus importantes organisations mafieuses dirigeant l’économie parallèle. Les kagébistes étaient mieux que quiconque préparés à survivre à al chute de l’Urss, l’ayant eux-même préparée ou du moins prévue bien à l’avance. Une partie d’entre eux se reconvertit dans les « sociétés de sécurité privées », mais ils restent aussi présents dans les partis politiques, les établissements bancaires, les sociétés offshores mises en place par le kremlin dans les paradis fiscaux, où le KGB avait mis à l’abri les trésors de guerre du PCUS ; ainsi de la société écran Fimaco domiciliée à jersey, dont le capital de départ de 1 000 $ Us fut largement renforcé par le dépôt des réserves du trésor de l’Urss à la veille du putsch de 1991. 

Les tsars Eltsine et Berezovski (1991-1998) : il fut corrompu par ses « hommes de l’ombre » ; après le putsch de 1991, rien n’a changé fondamentalement, si ce n’est l’appétit des prédateurs de la nomenklatura. Dès le début de son règne en décembre 1991, Eltsine renoue avec la manipulation politique ; tous les 3 mois, des soucis de santé l’obligent à disparaître de la scène de plus en plus longtemps. Les ministres allaient rencontrer le nouveau tsar à Sotchi ; c’est là que Eltsine s’adonne à un nouveau rituel du pouvoir, celui des bains russes de l’époque païenne. Y être invité était un signe de promotion, d’appartenance au cercle des initiés ; c’est ce que l’on a appelé le « réseau banyas » ; ne plus y être invité est un signe de disgrâce. A partir de 1991, certains compagnons de bain d’Eltsine connurent des carrières fulgurantes, mais souvent aussi éphémères. Ainsi le favori d’Eltsine, Korjakov, passa en 4 ans du statut de garde du corps à celui de général, chef de la sécurité présidentielles et maître d’un véritable cabinet occulte contrôlant toutes les activités du président russe, jusqu’à son limogeage en 1996. Mais Eltsine joue aussi dans ce petit entourage des rivalités. Mais derrière ces artifices, le véritable détenteur du pouvoir en Russie est alors une coalition hétéroclite, où l’on retrouve pêle-mêle les clans connus, les réseaux d’affaires occultes, les services secrets, les lobbies militaires, tous issue de la nomenklatura. Ces lobbies, essentiellement ceux du gaz, du pétrole, de l’ex-KGB et de la mafia font triompher plus que jamais la manipulation, la désinformation, la provocation, le chantage, les intrigues byzantines. Sans oublier européen corruption sans précédent. D’où viennent les sommes faramineuses dont disposent soudainement ces lobbies ? déjà sous Gorby était apparu un nouveau centre du pouvoir de plus en plus lié à la mafia russe ainsi qu’à de nouvelles structures criminelles disposant de moyens financiers importants. Mais à cette époque la propriété privée n’existe pas encore et les banques d’Etat n’accordaient que très peu de mobilité à l’argent. Sur une toile de fond d’insuffisances législatives, l’économie se développa de manière chaotique, laissant une marge de manœuvre exceptionnelle aux structures criminelles liées aux centres de pouvoir nomenklaturistes. Ainsi déjà Gorby donna aux « barons rouges » de l’industrie une autonomie jamais atteinte en Urss. les directeurs des entreprises exportatrices notamment assuraient de facto la gestion de leurs ressources et souvent détournaient l’argent mis à leur disposition. Ainsi pendant la seule dernière année de la présidence Gorbatchev, plus de 100 milliards $ Us sont partis à l’étranger par des circuits occultes. Durant le régime Eltsine de 1991 à 2000, l’évasion des capitaux est estimée à 20 milliards $ Us par an. Soit une fuite des capitaux sans précédent historique. Certains des protagonistes de cette fuites des capitaux, de cette kleptocratie comme Tchernomyrdine et Berezovski, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. En 1991, un groupe de jeunes économistes proches d’Eltsine préconisa la privatisation intégrale des entreprises russes. C’est le coup d’Etat de 1991 qui porta au pouvoir cette clique. De nombreux conseillers étrangers, notamment américains, ont largement œuvré pour cette privatisation intégrale de l’économie russe. Pour les réformateurs et les proches d’Eltsine, l’objectif était de rendre impossible tout retour vers le capitalisme d’Etat. De ce point de vue certes, la privatisation des années 1992-1994 a été une réussite…mais elle s’est déroulée dans un cadre absolument opaque. « on m’a nommé milliardaire » est à cette époque une boutade commune dans la société russe. Elle exprime bien le sens de la grande braderie des biens nationaux. Du jour au lendemain, ce sont des apparatchiks, des anciens ministres et hauts responsables du parti qui se déguisèrent en banquiers ou en homme d'affaires, devenant propriétaires de secteurs entiers de l’économie. Et cela avec la bénédiction du KGB qui les qualifiait de « milliardaires autorisés ». Mais ceux-ci avaient déjà commencé à bâtir leur fortune privée nourrie de spoliation effrénée des travailleurs russes pendant la perestroïka. La carrière de Viktor Tchernomyrdine bascule ainsi à l’automne 1989 ; après avoir été 4 ans ministre de l’énergie de Gorby, contrôlant ainsi les principales recettes de l’Etat russe, il rencontre Gorby et lui propose de transformer le ministère de l’énergie en société par actions, « en octroyant un petit pourcentage du capital à ses cadres dirigeants, pour qu’ils soient plus motivés dans leur travail »…Gorby accepte. C’est ainsi que Tchernomyrdine devient le patron de l’une des plus grosses affaires mondiales : 360 000 salariés, 40 sociétés et filiales, 94% de la production gazière russe, 25 % de la production gazière mondiale et des recettes estimées à 23 milliards $ Us. Tchernomyrdine est le fils d’une famille de gros fermiers d’Orenbourg dans l’Oural, il avait tout appris du parti, dont il avait gravi les échelons. Il est nommé vice-ministre de l’industrie gazière en 1982, et fait la même année la connaissance d’Eltsine. En 1992, il devient vice-premier ministre dans le gouvernement de Gaïdar, virulent partisan du capitalisme de marché. Tchernomyrdine prend rapidement la tête du gouvernement, après avoir passé le filet du parlement dominé par les nostalgique de l’Urss. Il reste aux côté d’Eltsine jusqu’en 1998, date à laquelle il commet l’erreur de prétendre à la présidence, ce qui lui vaut d’être aussitôt limogé par Eltsine. Mais dans la foulée du krach d’août 1998 il tente sans succès de revenir au pouvoir. Tchernomyrdine dont la fortune personnelle dépasserait 5 milliards $ Us (selon les estimations de la CIA en avril 1996), incarne le premier des trois types de kleptocrates des années 1990. ces trois types sont : les nouveaux affairistes nomenklaturistes, la mafia, les nouveaux hommes d'affaires indépendants [euh, je voix pas la différence entre ces « catégories, là…]. 40% des entreprises privées, 60% des entreprises d’Etat et 50% des banques de Russie sont contrôlées par des organisations mafieuses…l’une des figures les plus en vue de ces années est Boris Abramovitch Berezovski. Né en 1946 dans une famille de l’intelligentsia moscovite, fait européen brillante carrière et devient docteur d’Etat en mathématiques puis membre de l’académie des sciences et spécialiste de la théorie de la probabilité et des systèmes de contrôle de l’automation. Sa fortune est faite durant la perestroïka. A cette époque il est souvent en contact avec les nomenklaturistes industriels de l’Etat ; en 1989, il réalise une véritable fortune en « créant » Logovaz, société spécialisée dans la commercialisation des voitures du plus gros constructeur d’automobile de Russie, Avtovaz. Pour cela il associé à son affaire à titre privé, le directeur de cette usine (Kadannikov) et ses principaux collaborateurs. La société effectue alors de fausses exportations de véhicules. En réalités les véhicules étaient vendus sur place, ce qui permettait de réaliser pour chaque vente une marge nette de profit de 100 000 $ Us. Le client versait 7 500 $ Us, l’usine livrait la société de Berezovski pour 3 500 $ Us, et avec une inflation galopante de 1 000 à 2 500 % par an, Berezovski ne tarda pas à accumuler de cette manière, grâce à l’usine automobile d’Etat, qui elle vendait à perte, une première fortune de 250 millions $ Us en moins de 4 ans. Puis Berezovski vendit des actions de Logovaz à une société suisse Andée & Compagnie, et dans la foulée, créa de multiples compagnies financières (Avva, Andava, AFK, FOK, etc.) dont les filiales étaient enregistrées dans les paradis fiscaux (notamment Chypre et les îles Caïmans), ainsi qu’une compagnie pétrolière enregistrée en Irlande mais travaillant essentiellement à Panama. Système sophistiqué d’évasion fiscale et de fuite de capitaux hors de Russie… Puis troisième étape, en décembre 1991, la Russie avait besoin urgent de produits importés, et Berezovski disposait déjà d’une ahurissante fortune. Il commença alors immédiatement des opérations d’import-export, notamment dans le domaine du pétrole et des métaux non-ferreux ; quelques jours à peine après l’échec du coup d’Etat, il recevait une licence pour ce faire de la part du ministère du commerce extérieur, dirigé par un ami de sa famille… Durant ces années, il se lança aussi dans une campagne bidon pour la « voiture du peuple » qui aurait dût être fabriquée par sa société Avva mais qui ne le fut jamais, lui permettant en revanche d’empocher au passage 140 millions $ Us. Berezovski élargit également au début des années 1990 son


champ d’activité aux médias ; Logovaz, transformé en holding, devint ainsi le principal actionnaire de la télévision privatisée ORT, la première chaîne de télévision russe, et de TV6, autre chaîne moins importante, sans oublier tout un groupe de presse ; puis il se lança dans les transports à travers Aeroflot, la compagnie aérienne nationale ; dans l’immobilier, avec notamment la reprise de nombreux actifs dépendant de ministères dissous ; dans la banque avec Obedinenny ; dans le pétrole à travers Sibneft puis Yuksi (énormes sociétés sibériennes dont il était le principal actionnaire) ; dans le gaz naturel, avec Gazprom (première entreprise russe du secteur, dont le conseil d’administration était dirigé par son ami Tchernomyrdine) ; dans l’électricité, avec RAO-EES Rossia (« confiée » à un autre allié, ancien vice-premier ministre Anatoly Tchoubaïs). En 1997, le magazine Forbes révélait que Berezovski avait commencé son activité de vendeur d’automobiles d’Etat « en étroite collaboration avec d’influents clans criminels tchétchènes pour le contrôle du marché automobile à Moscou [...] La rédaction est en mesure de prouver chaque mot publié ». La fortune de Berezovski était alors estimée par Forbes à 3 milliards $ Us, laquelle subit une petite baisse après la crise financière de 1998. Mais ces chiffres restent très en-deça de la réalité puisque la majeure partie des richesses de ces nouveaux milliardaires russes emprunte des filières occultes… En 1996, Berezovski déclarait au Financial Times : « 7 financiers contrôlent 50% de la richesse vive du pays ». D’origine juive, Berezovski ne fait pas mystère du fait qu’il a obtenu un passeport israélien auquel il a renoncé en 1996 quand il a obtenu un poste gouvernemental. Fin 1994, le compte personnel de Boris Eltsine dont s’occupait personnellement Berezovski, dépassait 3 millions $ Us. Présenté à Eltsine, Berezovski entra vite dans ses bonnes grâces. Il se lie avec la fille de Eltsine, Tatiana Diatchenko, et fait sa fortune. Il nomme en effet le gendre d’Eltsine, Leonid Diatchenko, président d’East Coast Petroleum, une filiale de Sibneft, et propulse à la tête d’Aeroflot l’autre gendre du président Eltsine, Alexis Okoulov, le mari d’Elena, sœur aînée de Tatiana, pourtant plus discrète. En janvier 1996, Berezovski devient un acteur politique de premier ordre. L’opposition communiste et nationaliste vient de gagner les élections législatives de décembre 1995, et les sondages laissent présager une victoire des communistes à la présidentielles de juin 1996. Eltsine semble alors perdu. Mais à la conférence de Davos, Berezovski convainc les 7 autres principaux banquiers russes (leur fortune personnelle additionnée atteindrait alors 10 milliards $ Us) de miser sur Eltsine, et de financer sa campagne. 140 millions $ Us furent ainsi investis pour maintenir Eltsine. Eltsine fut alors réélu avec 35ù des voix au premier et 54% des voix au second tour. Un tel soutien fut évidemment royalement récompensé… : Berezovski et une 10aine d’autres oligarques eurent le droit d’acquérir des actions des entreprises privatisées très largement sous-évaluées, pour un milliard $ Us. en juillet 1997, ce paquet d’actions fut coté à la bourse de Moscou à plus de 14 milliards $ Us… La fille de Eltsine, Tatiana Diatchenko, fut propulsée « directrice de la communication du président ». Elle est désormais toute puissante ; son cabinet personnel (bureau 262 du kremlin) se superpose à tous les autres rouages majeurs de l’exécutif, des ministères au bureau du premier ministre en passant par l’administration présidentielle et le conseil national de sécurité, à la manière du politburo sous l’ère stalinienne… Elle avait réuni autour d’elle dans ce cabinet une demi-douzaine de conseillers occultes, dont Berezovski ; à ses côtés dans ce cabinet occulte, Roman Abramovitch, son protégé PDG de Sibneft (principale composante de l’empire pétrolier Yuksi). Excellent gestionnaire, Abramovitch fut chargé de former un « groupe financier parallèle », doublant Logovaz, afin de désarmer les accusations de mainmise sur les biens nationaux. Abramovitch passe pour avoir pris en charge la plupart des dépenses personnelles de la famille Eltsine. De son côté, Alexandre Volochine, ingénieur des chemins de fer, apparatchik, a fait sa carrière dans diverses filiales de logovaz ; à partir de mars 1999, il dirige l’administration présidentielle, Etat dans l’Etat contrôlant les organes vitaux de la Fédération de Russie. Ainsi il coordonne les opérations visant le quadrillage des grandes entreprises au profit de la famille Eltsine. Anatoli Tchoubaïs, « libéral bon teint », maître d’œuvre des privatisations jusqu’en 1998 et chouchou des occidentaux, est nommé à la tête d’EES Rossi, compagnie nationale d’électricité. Il a participé à l’organisation de la réélection d’Eltsine en 1996 tout en poussant en première ligne Vladimir Poutine comme chef des services secrets du Kremlin. Valentin Youmachev, journaliste et nègre d’Eltsine pour ses « mémoires », organise en 1993 les premiers contacts entre Eltsine et Berezovski et devient ensuite le conseiller le plus proche de Tatiana Diatchenko, devient en 1997-1998 le directeur de l’administration présidentielle. De son côté, Berezovski, parrain de tout ce petit monde, est nommé secrétaire général adjoint du conseil national de sécurité, puis secrétaire exécutif de la CEI ; c’est lui qui arbitre la question de l’armistice en Tchétchénie, d’abord conclue par le général Lebed en juillet 1996. en 1997, alors qu’Eltsine est malade, Berezovski impose la vague de « reprise des privatisations », se proposant de constituer au sein de la société russe des « grands pôles d’intérêts » censées faire contrepoids aux structures héritées de la nomenklatura. A cette époque, Berezovski aime à se comparer aux grands barons du capitalisme américain du 19° siècle, genre Rockefeller, comparaison oiseuse qui sur bien des plans ne tient pas la route de toute façon. Les entreprises dont Berezovski prit le contrôle ne devinrent pas plus compétitives, sa chaîne de télévision produisait des programmes lamentables, les services de la compagnie Aeroflot se détérioraient, sa banque SBS-Agro fit faillite, et même le géant pétrolier Sibneft ne s’améliora pas. Mais le souci majeur de Berezovski était d’avoir la haute main sur la succession de Eltsine. Il chercha un jeune loup fidèle au clan eltsinien, ce qui aboutit au printemps 1998 à la nomination de Sergueï Kirienko au poste de premier ministre ; cependant la douma ne suivait qu’avec la plus grande réticence. Le krach financier d’août 1998 lamina Kirienko. Berezovski de son côté était au sommet d’un nouveau palmarès, en devenant l’homme le plus haï de Russie. Eltsine dut s’en « débarrasser » plus ou moins, du moins le rendre moins visible sur la scène politique. Berezovski quitte alors quelques temps la Russie et vient s’installer pendant quelques semaines en France, sur la Cap d’Antibes, préparant sa riposte le temps que la tempête se calme. Là, il retrouvait ses partenaires mafiosi russes, particulièrement nombreux à Paris, en Haute-Savoie et sur la Côte d’Azur. Tout le littoral des Alpes-maritimes est à cette époque touché par un raz-de-marée russe. Des dizaines de villas luxueuses entourées de hauts murs, comme celle de Berezovski, appartiennent à des russes qui les ont souvent acquises dans des conditions douteuses… c’est le cas par exemple du château de la Garoupe, immense datcha de style néocolonial trônant à la pointe du cap d’Antibes, estimée à 140 millions FF et qui n’aurait été payée que 55 millions FF. la propriété attenante, négocie par une société immobilière française contrôlée par un écheveau de sociétés écrans réparties en Suisse et au Luxembourg, aurait seulement coûté 90 millions de FF… mais tout en résidant en france, Berezovski dispose à son service en Russie d’une sorte « d’armée de l’ombre » qui veille à ce que la succession au kremlin ne nuise pas à ses intérêts, voire les conforte. Il s’agit de 500 000 hommes selon les estimations, groupes paramilitaires contrôlés par 200 milices privées travaillant sur l’ensemble du territoire. A leur actif, il y a une multitude de services et de sévices : filatures, protection, transport d’argent, etc. Ainsi il y a plusieurs dizaines de personnes pour protéger Berezovski. Ces milices disposent d’un arsenal volé ou acheté à bas prix dans les casernes, et parfois acquis à l’étranger : pistolets Makarov, kalachnikov à crosse coupée, mini-Uzi israéliens, lance-roquettes RPG et lances-missiles portatifs SAM-7, sans oublier véhicules rapides et tout-terrain, avions, hélicoptères, hors-bord, etc. elles offrent leurs services aux hommes d'affaires, aux mafias et à l’Etat… leurs membres sont issus des troupes pléthoriques du KGB, du GRU, de l’OMON (troupes du ministère de l’intérieur). Ainsi Viktor Tchebrikov, patron du KGB dans les années 1980 conseilla 3 banques pour leur sécurité. Le plus actif et le plus respecté des anciens du KGB est sans doute Philippe Bobkov, général 3 étoiles, autrefois responsable de la lutte contre les dissidents, devenu chef du département de sécurité du groupe bancaire Most. A la fin de l’ère Gorby et sous l’ère Eltsine, les parrains des « vor v zakone », anciens « rois de la sécurité publique » stalinienne deviennent les « rois de la sécurité privée » ; à partir de 1994 ils réorientent leurs activités dans les affaires en utilisant les « milices de sécurité privée » comme courroie de transmission et hommes de main. La « protection » accordée par ces sociétés de sécurité contrôlées par les organisations mafieuses sont demandées partout en Russie par les hommes d'affaires qui souhaitent « avoir un toit ».


Berezovski lui-même doit être protégé par un « toit » tchétchène s’il veut vendre des automobiles à Moscou. Dans les secteurs les plus rentables les milices sont si bien implantées qu’il est impossible de créer une entreprise par exemple concernant la vente d’alcool ou de sucre, de jeu ou de pétrole sans demander leur protection. Les retraités du KGB, du GRU, de la police ou de l’armée continuent de fournir les plus gros effectifs des milices. Les hommes issus de l’ex-KGB spécialisés dans la protection des membres du Politburo sont les mieux cotés sur le marché de la sécurité, avec une mention spéciale pour les ex-commandos alpha et les parachutistes revenus de la guerre d’Afghanistan. Leur orientation politique reste aléatoire car ces groupes ont été infiltrés par la police secrète, et parce qu’ils travaillent souvent pour des hommes d'affaires en délicatesse avec le pouvoir en place. Pourtant ces milices participent activement à la prise, l’organisation et la répartition du pouvoir dans la nouvelle Russie. 

Yevgueni Primakov contre Berezovski et le clan Eltsine (1998-1999) : Le 4 septembre 1998, l’ambiance est lourde à Moscou : il faut nommer le successeur de Kirienko au poste de premier ministre. Eltsine sait que les députés de la Douma refuseront d’investir Tchernomyrdine à ce poste. Tatiana Diatchenko sa fille a décidé de placer les commandos Alpha en état d’alerte sous son commandement personnel ; les principaux hommes d'affaires mafieux russes proches du pouvoir ont eux aussi mobilisé leurs milices paramilitaires privées ; ils craignent un nouveau putsch. La situation générée par Eltsine et son clan a en effet de quoi provoquer des débats houleux : les banques sont en faillite ou ont suspendu leurs activités, ; la bourse de Moscou ne fonctionne plus, le gouverneur de la banque centrale vient de démissionner, les ménages font des stocks de craintes de voir le krach s’approfondir, et les magasins sont vides de tout produit de première nécessité. Chaque région se repliait sur elle-même ; constatant la quasi-disparition de toute direction centrale, le général Alexandre Lebed, gouverneur de la province de Krasnoïarsk, proposait de transférer aux autorités locales des différentes ex-républiques le contrôle des bases militaires et nucléaires. Un des représentants libéraux de la Douma, Gregory Yavlinski, mais n’appartenant pas au clan Eltsine, posa les caractéristiques auxquelles devaient répondre le futur premier ministre : plaire à l’ex-KGB et aux militaires, à la Douma et aux ambassades occidentales. Yavlinski proposa alors à la douma, après un long silence de toutes parts, le nom de Yevgueni Primakov ; c’était l’un des derniers grands diplomates de l’ère Gorby, auteur de la stratégie bolchevique au Proche-Orient dans les années 1980, devenu chef de l’ex-KGB, puis en 1996 ministre des affaires étrangères. La proposition plut aux communistes, aux nationalistes, et à tous les représentants des différents protagonistes cités par Yavlinski. Eltsine admit la nomination de Primakov à la place de Tchernomyrdine à contre-cœur. Un retour au pouvoir du KGB était en cour. La lutte contre la corruption fut l’une des priorités affichées par Primakov, reconnu pour son intégrité personnelle. Il lança d’ailleurs immédiatement un assaut contre Berezovski, dont la fortune et les multiples passeports faisaient scandale. En Occident, les réactions des bourses et des gouvernements furent apparemment favorables. Né en 1929 à Kiev, il suivit ses parents à Tbilissi, avant d’être admis à l’Institut des études orientales de Moscou où il apprit l’arabe et le persan, formation qu’il compléta avec un doctorat d’économie du monde arabe. Il devint correspondant de la Pravda au Caire en 1959, se rendant régulièrement dans la plupart des capitales du proche et du MoyenOrient. Le tout sous contrôle étroit du KGB. Son rôle était de tisser des liens personnels les plus durables et les plus nombreux possibles avec les hommes en vue de ces pays. Il était surnommé le « Lawrence d’Arabie Bolchevique » par ses comme-équipiers. En Egypte, il capta la confiance de Nasser et de Sadate, et aussi celle d’un jeune officier d’aviation quand il fit sa connaissance, Hosni Moubarak. En Irak, il se lia avec le chef kurde Moustafa Barzani, puis se rapprocha des baasistes, pourtant alors considérés comme anti-bolcheviques. Il misa en particuliers sur Saddam Hussein, alors chef des services de sécurité des baasistes. Il fut ensuite remarqué par Brejnev dans les années 1970, et fit partie désormais des contacts privilégiés du chef du KGB, Youri Andropov. Celui-ci voulait occidentaliser la formation des élites bolcheviques, et Primakov fut charger de gérer le département des sciences économiques du nouvel institut voué à cette tâche, l’IMEMOM (institut des relations internationales et de l’économie mondiale de Moscou) ; l’une de ses premières décisions fut de rendre obligatoire l’enseignement des théories bourgeoises. C’est là que furent formés tous les futures nomenklaturistes milliardaires de Russie… En 1977, Andropov est satisfait et promeut Primakov à la tête de l’Institut des études orientales, qui est en fait alors européen couverture pour la formation des officiers du KGB et du GRU concernant cette région du monde. En 1979, Primakov prévient les vieux pontes du Kremlin et du KGB que la guerre d’Afghanistan est une erreur monumentale…ce qui lui valut une certaine disgrâce. Primakov commence alors à former ses propres réseaux. Il veille ainsi sur les intérêts familiaux de Gaïdar, d’Aliev et de Saddam Hussein, dont plusieurs parents viennent étudier en Urss. Puis il se place sous la protection de Yakovlev, qui le nomme à la tête de l’IMEMO avec l’accord de Gorby en 1984. Puis Primakov devint membre du comité central, membre suppléant du Politburo et du conseil de sécurité de l’Urss. Primakov dut par contre gérer les crises de la fin des années 1980, notamment les mouvements sécessionnistes dans le Caucase, région à laquelle Primakov était très attaché. Il doit aussi gérer la guerre du Golfe, jouant un rôle de soutien à Saddam Hussein, alors que son rival géorgien Chevardnadze propose l’alignement total sur la coalition américaine. Puis Primakov devient chef du SRV, branche extérieure de l’ex-KGB à partir de 1992, dont il préserva les hommes et les structures tout en le présentant comme un service de renseignement à l’occidentale. Ses buts avoués étaient la reconstitution de la puissance internationale russe. C’est d’ailleurs sous son contrôle que le SRV favorisa le renforcement des tendances pro russes dans les républiques satellites devenues « indépendantes » en 1991… Tout en conservant ses relations avec l’Irak de Saddam Hussein, Primakov s’attacha aussi à améliorer les relations avec l’Iran, favorisant ainsi des ventes d’armes et des achats de pétrole. Il devint pour le monde arabe des années 1980 le symbole d’une Russie amie (pas des peuples…) et favorisant la lutte contre la présence américaine hégémonique, pour un monde « multipolaire ». Ce thème sera repris plus tard par Poutine. Début 1996, Primakov est nommé ministre des affaires étrangères. Aussi sa nomination en septembre 1998 à la tête du gouvernement ne surpris personne… Mais sa croisade contre la corruption en fit rapidement l’ennemi du clan Eltsine et de tous les rats qui avaient prospéré sous le régime de celui-ci. Dès l'automne 1998, le procureur général Skouratov lança une enquête pour corruption contre plusieurs membres de l’entourage direct d’Eltsine. Cette enquête menée conjointement avec le parquet suisse aboutit à une suite de rebondissements de scandales marquant les derniers mois du règne du « tsar Eltsine ». cette enquête révéla notamment que pour obtenir de grands chantiers immobiliers comme la rénovation du Kremlin et la construction de luxueuses maisons pour les officiels russes, la société Mabetex avait versé des pot-de-vin aux proches d’Eltsine ; une autre enquête concernant le blanchiment de l’argent de Aeroflot impliquait Berezovski, qui fit l’objet d’un mandat d’arrêt. Pour mettre fin à ces investigation, le kremlin Etats-Unis alors de la manipulation politique, en faisant diffusé sur la télévision contrôlée par Berezovski une cassette montrant un homme ressemblant plus ou moins au procureur Skouratov avec deux prostituées. Son enquête lui fut aussitôt retirée par des institutions complaisante avec le tsar et ses basses manœuvres. Mais Primakov piqué au vif encourage alors la propagation de campagnes politico-judiciaires contre le clan Eltsine, utilisant cette fois par ailleurs la caisse de résonance des médias occidentaux si influents. Affolée, Tatiana Diatchenko s’en remit totalement à Berezovski pour la contre-attaque. Berezovski considéra que si le clan perdait le pouvoir, c’était pour ses membres un arrête de mort. Ils décidèrent de contrer Primakov sur le terrain de l’âge (le « vieux » Primakov) et sur celui de la surenchère nationaliste : l’intervention de l’Otan au Kosovo en 1999 allait être l’occasion d’agir pour Berezovski. Via Eltsine, Berezovski fit valoir auprès des décideurs occidentaux que Primakov était un « rouge », un nostalgique de l’Urss, dangereux dans le contexte de guerre en Yougoslavie, auquel il faut rapidement trouver un successeur « jeune, d’une grande fermeté, qui sache garder son calme, ne pas se presser et aller au bout des choses ». Il se rallia ainsi une partie des oreilles occidentales.


Yevgueni Primakov contre Vladimir Poutine et le clan Eltsine (1999) : Primakov envisageait maintenant clairement de se porter candidat à la présidentielle et de remettre en selle les élites politiques de la période Gorbatchev, et pour parvenir à ses plan, à faire alliance avec les fractions nationalistes. Berezovski trouva pour le clan Eltsine et ses intérêt l’échappatoire idéal : la contexte de guerre en Tchétchénie. La conduite du dossier Tchétchène fut confiée à Vladimir Poutine, alors chef des services secrets d’Eltsine (chef du contre-espionnage), et connu pour ses rapports personnels exécrables avec Primakov, qui l’accusait de le faire suivre par ses agents. C’est Poutine qui avait montré tout son talent dans le montage de l’affaire du procureur général Skouratov. Eltsine le nomma à la tête du conseil de sécurité le 29 mars 1999. Pendant ce temps, les bombardements de l’Otan sur la Yougoslavie rendaient l’opinion russe de plus en plus nationaliste et anti-occidentaliste. L’occident savait par Berezovski que Poutine était l’homme du clan Eltsine et donc indirectement des occidentaux, et qu’il n’y aurait pas trop à s’inquiéter de ses éventuelles rodomontades nationalistes, à visée exclusivement électoraliste et clientéliste… alors que Berezovski présentait parallèlement aux occidentaux Primakov comme un nationaliste pur et dur et qui plus est un crypto-néo-stalinien. C’est alors que le clan Eltsine relança le conflit dans le Caucase, jouant à fond sur la vague nationaliste, en plaçant son homme en principal protagoniste de cette offensive. Poutine commença par monter une diversion en permettant l’introduction de paramilitaires islamistes au Daguestan, ce dont il tira prétexte pour recommencer la guerre contre les indépendantistes tchétchènes. Cette guerre avait aussi lieu sur fond d’enjeux pétroliers (avec l’oléoduc Bakou-Novorossisk permettant d’éviter le passage par la Tchétchénie). Le 5 avril 1999, Eltsine nomme un proche de Poutine, le général Ovtchinnikov, à la tête des troupes du ministère de l’intérieur. Pressentant que cette histoire allait aboutir à son limogeage, Primakov refusa de débloquer l’argent nécessaire à l’opération en Tchétchénie. Eltsine s’appuya alors sur le contexte « de tension internationale » et sur ses prérogatives présidentielles pour contourner la popularité de Primakov et le dessaisir du dossier yougoslave, avant de le limoger purement et simplement en mai 1999.

Poutine et Kvachnine contre Berezovski et Lebed (1999) : en fait le limogeage de Primakov propulsa sa popularité au lieu de l’amoindrir : il était désormais soutenu par le maire de Moscou, et par de nombreux comités de soutien qui se formèrent à travers tout le pays pour appuyer son programme. Les oligarques et le clan Eltsine étaient dépités, alors que de nouvelles révélations sur le blanchiment de milliards de $ Us par les proches d’Eltsine se multipliaient. Dans ce contexte, ce rat de Berezovski se dit qu’il fallait tout tenter du côté tchétchène, et faire en sorte que la grande boucherie dans le Caucase dévie l’attention de la population. Or il se trouve que Berezovski avait été en relation d’affaire en 1996-1997 avec un chef de guerre indépendantiste tchétchène, Chamil Bassaïev ; l’idée de Berezovski fut alors de contacter celui-ci pour lui proposer le scénario d’une petite gué-guerre dans le contexte pré-électoral. L’affaire aurait été conclue sur la Côte d’Azur à la mi-juillet 1999, dans la villa d’un riche marchand d’armes saoudien, par deux hommes : Anton Sourikov, ancien officier du GRU (renseignement militaire) qui avait chapeauté le bataillon des frères Bassaïev pendant la guerre d’Abkhazie de 1992-1993, et l’islamiste Chamil Bassaïev en personne arrivé là par bateau sous pavillon anglais. Selon les sources même du GRU, l’accord stipulait qu’un petit accrochage devait d’abord se produire à la frontière avec la Tchétchénie, puis que Bassaïev devrait occuper les districts sud du Daguestan. Autre élément prouvant la véracité de ces éléments : le ministère de la défense russe avait retiré ses contingents des régions voisines pour persuader les tchétchènes de lancer européen offensive facile. Puis l’armée russe victorieuse devait entrer en action et chasser les hommes de Bassaïev. Le sauveur de la Russie, le général Lebed, un autre poulain de Berezovski, qui aurait froidement conduit les opérations, serait élu, et tout rentrerait dans « l’ordre »… Par ailleurs, d’autres éléments restent encore dans l’ombre mais on sait que Berezovski disposait de contacts multiples avec les différents chefs de guerre tchétchènes. Cependant, le clan Eltsine utilisait là deux montures antagonistes sans apparemment le savoir : d’une part Poutine, et d’autre part, le général Lebed. Car entrent alors en ligne de compte les militaires, dont le rôle dans les élections de 1999 était crucial. Et eux aussi ont leur positions dans les coteries politiques ; en l’occurrence, le général et chef d’Etat-major revanchard responsable d’une partie des opérations de la première guerre de Tchétchénie, Anatoli Kvachnine est un allié indéfectible de Poutine, et un opposant à Lebed. Anatoli Kvachnine et Vladimir Poutine tendent un piège à l’oligarque Berezovski et son champion Lebed, et forcent la main au clan Eltsine, en refusant de jouer le jeu du pacte signé entre Berezovski et Bassaïev : Bassaïev est de facto bloqué par Kvachnine, contrairement au plan négocié avec Berezovski… Poutine et Kvachnine sont dès lors maîtres du jeu. Un autre partisan de Poutine entra aussi dans la danse, également par opposition à la nomination de Lebed comme premier ministre : l’oligarque libéral Anatoli Tchoubaïs.

Poutine et ses parrains (1999-2006) : l’alliance qui avait déjoué le plan de Berezovski regroupait une partie des services secrets, la fraction dure de l’armée conduite par Kvachnine et Poutine en chef d’orchestre. Apparemment… Car Poutine lui-même dispose de parrains politiques. D’une part les parrains militaires de Poutine : cette fraction dure de l’armée soutient le plan de Poutine en échange d’une « politique de puissance » avec réarmement, reconstruction au moins partielle de l’Urss, stratégie antiaméricaine, plus forte coopération avec Cuba, Irak, Corée du Nord, Iran, Inde et surtout Pékin. Viennent ensuite les parrains kagébistes de Poutine : là aussi l’ex-KGB veut une politique de puissance et retrouver une place prédominante dans l’appareil de pouvoir. Viennent les « boyards » et oligarques parrains de Poutine : une partie d’entre eux sont ceux-là même qui ont bénéficié de l’ère Eltsine pour bâtir leur fortune sur le pillage des biens de l’Etat bolchevique. Ainsi les dirigeants de grands conglomérats économiques comme Gazprom ont toujours été liés avec le Kremlin, et s’ils ne forment pas un bloc politiquement monolithique, ils ont dans l’ensemble soutenu Poutine, dernière chance pour eux d’échapper à Primakov. Viennent enfin les parrains bolcheviques : ce soutien reste caché et honteux, car apparemment paradoxal, mais ce soutien vient du lien des bolcheviques avec le KGB. Officiellement Ziouganov est l’adversaire de Poutine, mais pour Poutine, le soutien des bolchevique permet la mobilisation en sa faveur de 2/3 de l’électorat, et pour les bolcheviques c’est l’occasion de participer un peu plus au nouveau pouvoir. Poutine devient premier ministre en août 1999. Poutine couvre le clan Eltsine immédiatement sur le plan judiciaire. Ce poste permit à poutine d’avoir de très larges marges de manœuvres en vue des élections, notamment parle pouvoir de nommer les gouverneurs des régions et les dirigeants des grandes entreprises d’Etat ; la route reste cependant longue, la cote de popularité d’Eltsine étant à 1%. Mais la série d’attentats sanglants d’août 1999 va remédier à ce problème. Poutine jouie les pompiers…en dénonçant violemment à la télévision la responsabilité des tchétchènes. Pourtant, il ne s’embarrassa jamais de présenter les moindre preuves en ce sens…Cette vague d’attentats rendit la population très favorable à la relance de la guerre en Tchétchénie. Poutine était intouchable dans cette ambiance d’Etat d’urgence. Le FSB qui soutenait Poutine lui fournit aussi des conseils en image, et les propagandistes du FSB firent de Poutine un successeur de Pierre le Grand et d’Andropov, considéré comme une légende de la lutte anti-corruption, histoire d’effacer dans les esprit l’empreinte de Primakov. Ce dernier ne se présenta même pas aux élections présidentielles… la popularité de Poutine était passée à 70%. En décembre 1999, son parti « Unité » remporta les législatives. Berezovski essaya de prendre le train en marche en finançant le parti de Poutine, avec des fonds provenant des détournements opérés sur Aeroflot via des sociétés suisses. Le 31 décembre 1999, Eltsine annonce sa démission et désigne Poutine comme son successeur ; après 3 mois d’accoutumance dans un contexte guerrier soutenu, l’électorat vote pour Poutine en mars 2000 dès le premier scrutin… Poutine est né en 1952 à Leningrad ; c’est un élève brillant et solitaire qui aime peu s’amuser ; c’est un excellent


judoka ; son idée fixe est dès son enfance d’appartenir au KGB. Son père a été membre du NKVD pendant la guerre et son grandpère cuisinier de Lénine et de Staline. Le KGB de Leningrad lui conseilla de faire des études juridiques, meilleure voie pour y entrer. En 1975, brillant diplômé de l’université, il est choisi par le KGB bien que celui-ci a oublié le lycéen venu demander à y appartenir. Il intègre aussitôt les services de contre-espionnage de Leningrad, en s’occupant particulièrement de traquer les dissidents et de les faire enfermer dans des hôpitaux psychiatrique. En 1978, il suit un programme de formation visant à former de futurs agents opérationnels sur les « théâtres extérieurs ». poutine apprend l’allemand et plusieurs dialectes. Son rêve est cependant d’entrer au service « S » du KGB, ; celui des « illégaux » ; au lieu de cela, il fut réaffecté à Leningrad, cette fois dans le service espionnage. En 1980, il décide pour pouvoir être envoyé à l’étranger en mission d’épouser une couverture. Qu’il trouve en la personne d’une hôtesse de l’air. Il l’épouse en 1983, et lui apprend peu après qu’il est espion. En 1985, Poutine est invité à suivre une nouvelle formation à Moscou à l’académie des renseignements extérieurs. On le préparait, sous le nom de code « agent Platov », à intervenir en Allemagne, RFA ou RDA. Il fut finalement affecté à Dresde en RDA, où en étroite collaboration avec la Stasi de Marcus Wolf, il effectua plusieurs missions subalternes d’infiltration visa,nt le ministère des affaires étrangères de RFA. Son travail consiste essentiellement à recruter des sources. Plus tard, devenu chef du FSB, quand Poutine cherchera à savoir ce que pensaient ses supérieurs de lui au KGB, il trouvera dans son dossier « peu sociable ». Il revient en Urss en 1990. il ne doit laisser aucune trace de ses agissements aux services secrets étrangers, et pour cela est chargé de détruire tous ses dossiers, documents, qui sont brûlés par ses propres soins. Seuls les documents les plus importants et les plus précieux étaient emportés à Moscou. En Urss, on lui propose un placard à Leningrad. Il est nommé adjoint chargé des relations internationales auprès du recteur de l’université de cette ville. Il est d’ailleurs immédiatement surnommé « Stasi » par les étudiants. Mais à la fin de 1989, le maire démocrate de Saint Pétersbourg et ancien professeur de droit de Poutine, Anatoli Sobtchak, lui propose de devenir son chef de cabinet, sur recommandation d’un professeur de l’université. Il y avait derrière cette nomination un deal entre le KGB et le maire : le KGB infiltrait ainsi la frange des démocrate dans cette ville, alors que le maire y trouvait une source de renseignements sur sa municipalité, voire plus. Poutine et sa femme vivent alors dans un luxueux appartement dans le centre de Pétersbourg et fait l’acquisition de deux terrains de 3 000 mètres carrés dans la campagne voisine, où il fait construire une datcha. Mais lors de l’inauguration de la maison, un problème de réglage du sauna fit brûler la datcha. Qu’à cela ne tienne, Poutine achète une nouvelle maison de campagne de 150 m², dans une coopérative gérée par un représentant présumé de la mafia de Tambov, pour 500 000 $ Us ; un bon « toit »… Sobtchak partant régulièrement à l’étranger laissait pendant ses voyage la direction de la municipalité de Pétersbourg à poutine, qui prit une importance décisive dans sa gestion, comme avec la décision de favoriser l’installation de grandes banques étrangères, en avantageant en premier lieu les sociétés allemandes. Tout passa bientôt sous sa coupe dans la ville. Or c’est aussi la période à laquelle la criminalité explosa à Pétersbourg, véritable capitale russe de la mafia, dominée par la mafia de Tambov. Le procureur Skouratov estime d’ailleurs que Poutine y avait des activités incompatibles avec ses fonctions ; d’ailleurs la maison du couple dans la campagne environnante était d’un coup bien trop élevé par rapport au salaire déclaré de Poutine… Si Poutine sembla avoir éviter de donner dans les trop criards pot-de-vin, ses contacts avec la haute pègre étaient permanents. La mafia de Tambov contrôlait le marché des hydrocarbures de Pétersbourg, assurant de facto la direction de la compagnie d’hydrocarbure locale. Poutine recourait fréquemment au service de cette mafia pour assurer la protection du maire, Sobtchak, notamment au cours du putsch de 1991. Dans le même temps il gardait des contacts privilégiés avec le hautcommandement militaire et le KGB dans la région. Mais en 1996, Sobtchak perd la municipalité, et Poutine son travail. Mais il dispose désormais de relations importante dans le « milieu » pétersbourgeois, y compris dans le milieu pétersbourgeois affecté à Moscou dans l’administration présidentielle et gouvernementale, notamment en la personne du vice-premier ministre Alexeï Bolchakov et Anatoli Tchoubaïs. La promotion de Tchoubaïs à la tête de l’administration présidentielle en fut une également pour Poutine, qui se vit confier la direction des relations publiques dans le service de Tchoubaïs. Mais Bolchakov demanda à Pavel Borodine, qui fit de Poutine son directeur du « département des affaires générales de l‘administration présidentielle » (c'est-à-dire cabinet d’Eltsine). Il s’agit pour Poutine de s’occuper des affaires légales et des avoirs russes à l’étranger… Le patrimoine géré par Borodine, c'est-à-dire les bien de l’ancien PCUS, est colossal : 3 millions de m² de bureaux (soit l’ensemble des bâtiments officiels de la capitale russe), 2 000 datchas, autant d’appartements de luxe, de vastes terrains constructibles, des complexes hôteliers, une multitude de propriétés dans 78 Etats, les maisons de repos du gouvernement, le parc automobile officiel, la compagnie aérienne de la présidence, des relais de la télévision nationale…pour travailler sous les ordres de Borodine, le couple Poutine s’installe à Moscou. Poutine affirme aujourd’hui ne pas avoir été au courant des contrats douteux conclu par ses patrons au Kremlin à cette époque. Pourtant, en tant qu’adjoint de Borodine, puis à partir de mars 1997 en tant que directeur central du contrôle de l’administration présidentielle, il se trouve à des postes stratégiques. Pourtant les juges helvétiques sont formels : c’est entre 1996 et 1998 que Borodine a empoché la modique somme de 25 millions $ Us. l’escroquerie concernait 3 opérations : les rénovations de l’avion présidentiel, celles de la chambre des comptes et celle du palais du kremlin. Les travaux sont d’abord surfacturés à une société suisse, Mercata, dirigée par le russe Victor Stolpovskikh, lequel aurait empoché 492 millions $ Us et reversé 63 millions $ Us de pot-de-vin. L’argent transitait par l’île de Man, puis repartait vers des comptes à Genève, Lugano, Zurich, Guernesey, Nassau. Leurs titulaires étaient des sociétés écrans basées à Chypre, au Liechtenstein, à Panama ou aux îles vierges… Borodine fut au centre de ces malversations diverses et variées, gigantesques qui succédèrent à la chute de l’Urss et concernèrent une grande partie des apparatchiks de haut rang, toutes tendances confondues. Mais plus particulièrement les amis et proches de Eltsine, créant un véritable système d’allégeance au nouveau tsar, à tous les niveaux de l’Etat. Sous les ordres de Borodine, Poutine constituait alors de volumineux dossiers sur chacun des 89 dirigeants des sujets de la fédération de Russie, les gouverneurs de provinces notamment, qu’il serait ainsi plus facile de persuader de soutenir Eltsine lors des élections…Le 20 juillet 1999, Kirienko nomme Poutine à la tête du FSB. Dès cette nomination, Poutine organisa la fuite à l’étranger de son ancien patron Sobtchak, celui-ci étant accusé d’avoir reçu de nombreux pot-de-vin. Quand Poutine fut nommé premier ministre, il s’attacha à faire clore le dossier judiciaire Sobtchak. Poutine au pouvoir sait aussi utiliser les services de ses ex-collègues kagébistes « reconvertis » ; l’ancien patron du KGB, Krioutchkov, instigateur du putsch de 1991, est en très bon terme avec Poutine, auquel il prodigue ses conseils. Poutine s’est chargé de le réhabiliter en en faisant l’invité d’honneur de sa cérémonie d’investiture présidentielle en mars 2000. sur les 21 nominations de la haute administration auxquelles il a procédé durant le premier mois de son mandat, 11 concernent des anciens kagébistes. Sergueï Ivanov obtient le conseil de sécurité puis le ministère de la défense ; 5 des 7 « superpréfets » nommés par le nouveau président sont des généraux des services secrets ou de l’armée. En décembre 1999, à la « fête de la tcheka » (sic !) à la Loubianka, Poutine porte un toast : « que tous les tchékistes se lèvent ! » ; tout le monde se lève… Cependant, il semble que poutine ait décidé en janvier 2001, de jouer le FSB et les ex-kagébistes contre l’armée et les oligarques : à l’armée, il retire la direction du ministère de la défense, ainsi que la direction de l’Etat-major chargé de la guerre en Tchétchénie. Il place ici Patrouchev, un vieil ami de Pétersbourg dont il a fait le chef du FSB. Mais en ce qui concerne les oligarques, avec Poutine, ceux-là demeurent d’abord intouchables. Poutine est lié par un contrat à peine occulte qui lui a valu sa place à la tête du kremlin ; d’ailleurs, son premier décret a consisté à garantir à vie l’immunité de Eltsine. Mais dès 2001, le ton change. En janvier 2001, Borodine est arrêté aux Etats-Unis grâce à la coopération des services russes. Poutine a aussi pris ses distance avec la « famille Eltsine ». Berezovski fait profil bas. Puis Poutine s’attaque à tout oligarque qui ferait mine d’envisager de


fonder un parti d’opposition, ou une force d’opposition quelconque. Les médias indépendants par rapport au pouvoir sont descendus les uns après les autres, à coup d‘attaques judiciaires. Berezovski mis en cause dans des affaires de blanchiment (pour 1 milliard $ Us) est passé dans « l’opposition ». il séjourne tantôt à Londres dans sa luxueuse résidence de Kensington, tantôt dans son château sur la Côte d’Azur, et a renoncé à son mandat de député. 


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