« l’Eglise sous Vichy, 1940-1945 », Michèle Cointet, Editions Perrin, 1998 [à propos de l’auteur : le ton de cet ouvrage est nettement en dessous de la réalité de ce que fut la collaboration de l’Eglise tant avec le régime de Pétain qu’avec l’Occupant. E manière absolument systématique, l’auteur minimise les méfaits du clergé et des catholiques, passe opportunément sous silence les « qualités » des personnalités et des mouvements cités. La subjectivité pro-cléricale est omniprésente, le parti-pris contre l’œuvre laïque scelle le dévoiement de cet ouvrage qui semble à première vue nourrir quelque prétention historisante. On y apprend peu, on y désapprend surtout. Le sous titre de l’ouvrage lui-même mérite quelque commentaire, puisqu’il est « la repentance en question » : ainsi, il est bien question ici de tenter de minimiser les crimes du clergé, sa complicité flagrante avec le régime vichyste, mais aussi avec le régime nazi. Michèle Cointet est née à Poitiers, est agrégée d’histoire, « docteur ès lettres », professeur d’histoire contemporaine à l’université de Tours, et prétendument spécialiste de la france sous Vichy. Elle a écrit entre autres « Vichy capitale 1940-1944 », « De Gaulle et l’Algérie Française 1958-1962 ». parmi les mensonges éhontés de cet ouvrage, l’affirmation récurrente d’une opposition de vue totale entre les régimes fascistes et le catholicisme…] A Poitiers, la statue de la liberté érigée sure la place du pilori à l’instigation des franc-maçons de la ville se situe en plain cœur du quartier royaliste de la ville. Evêques et occupation : A Poitiers, le breton Lgr Mesguen est nommé dans une ville ou l’influence de l’Action Française est forte et le débat virulent avec les quelques professeurs catholiques de l’université ralliés au « nouveau cours pontifical ». sans choisir ouvertement l’un ou l’autre partis, il devient rapidement très pétainiste et est l’auteur d’une lettre pastorale en 1941 qui salue les « vertus sociales » du nouveau régime, et explique à ses ouailles que « le respect de l’autorité est agréable au seigneur »… Pendant l’Occupation, la vieille ville chrétienne et universitaire de Poitiers semble inerte. Le quartier pieux et savant s’étend de la rue Descartes, siège de la faculté de lettres, à la cathédrale ; il n’est pas animé, en dehors de la sortie des cours. Lgr Mesguen se sent en quarantaine dans cette ville ; il n’est ni savant ni poitevin, et les catholiques des environs ont toujours préféré un évêque vendéen, qui est pour eux un « poitevin du Bas-Poitou », à un breton. Mais le véritable malaise est ailleurs ; les catholiques poitevins, pourtant réputés pour leurs penchants réactionnaires, le trouvent trop proche de Pétain ; de plus il ne partage pas les sentiments anti-allemands que prisent les universitaires, jésuites et dominicains de la ville. Il s’en ouvre à Lgr le cardinal Baudrillard, qui partage les mêmes convictions collaborationnistes que lui et note en 1941 dans ses carnets : « Mgr Mesguen s’efforce de redresser le jugement de son clergé gagné par la propagande gaulliste. Décidément, le bon sens et l’esprit de discipline ne sont point la marque de ces cervelles ecclésiastiques ». Après guerre, André Latreille porte à Paris les accusations des catholiques poitevins contre Lgr Mesguen, auquel ils reprochent moins son ultra-pétainisme que la lâcheté qui l’a poussé à refuser de protéger des résistants chrétiens. Certains à Poitiers parlent même alors de jeter des grenades à l’évêché. Catholiques du sud-ouest et milice : bien que la plupart des catholiques français aient été plutôt pétainistes et anti-allemands, certains furent aussi collaborationnistes, que se soit à l’encontre des juifs que contre le communisme et toute idéologie de gauche ; c’est notamment le cas dans les châteaux du sud-ouest et de la Loire, dont quelques héritiers ont rejoint les rangs de la Milice. Ainsi de Jean de Vaugelas, de Bourmont, La Nouë du Vair. Politique scolaire pétainiste : La politique scolaire intéresse les milieux d’extrême-droite dès avant Vichy. Ces milieux conservateurs regroupent des enseignants catholiques dans des organisations syndicales et des revues, notamment dans la région parisienne ; Beaucoup de ces dirigeants et inspirateurs se retrouveront à Vichy, preuve des antécédents vichyssois sous la 3° république. Le Redressement Français fait partie de ces mouvements. L’impulsion est venue du Cercle Fustel de Coulanges, fondé en 1927 par des membres de l’Action Française, Henri Boegner et Georges Canteor, deux professeurs de lycée. Le Cercle est actif notamment à Poitiers, ainsi que dans les principales villes universitaires, où des enseignants réactionnaires l’animent : ils combattent contre l’école unique, pour l’élitisme, contre la laïcité, contre la franc-maçonnerie. Ils parlent d’un enseignement insérant fermement l’enfant dans la famille, la région, le métier. A partir de 1933, ils dénoncent la pacifisme et ressortent les vieux oripeaux du patriotisme revanchard. Le congrès de 1935 du Cercle Fustel de Coulanges est présidé par Albert Rivaud et Bernard Faÿ. Abel Bonnard participe à l’élaboration de la doctrine du Cercle, avec Jacques Chevallier et rené Gillouin. Quatre d’entre eux chercheront à devenir ministre de l’éducation sous Vichy. Albert Rivaud est nommé ministre de l’éducation nationale du régime de Vichy du 16 juin au 12 juillet 1940. Abel Bonnard sera à son tour ministre de l’éducation nationale du 18 avril 1942 à août 1944. Albert Rivaud est avant-guerre de toutes les tentatives pour imposer l’idée que « seul un recours au maréchal Pétain sauverait la france »…professeur d’université, il est philosophe mais surtout connu comme spécialiste de l’Allemagne, auteur d’un « Relèvement de l’Allemagne » dont il dénonce le dynamisme dangereux pour ses voisins. Il se montre d’abord peu crédule sur les possibilités pour Pétain de tirer parti de la Collaboration pour sa « révolution nationale ». Il publie également dans la « Revue des deux mondes » un « plan de réforme de l’école », que l’auteur de ce livre qualifie « d’indigent » ; pour Rivaud en effet, l’enseignement doit être « simplifié », « animé par l’instinct vital qui ne souffle que dans les régions » ; Rivaud, originaire de Poitiers, enseigne néanmoins à la Sorbonne. Les universités régionales seront promues, et recruterons soigneusement les étudiants, aggravant le tri et le caractère élitiste de l’institution au lieu de démocratiser l’accès à la culture universitaire. L’enseignement théorique sera limité, au profit du « terrain », le professeur deviendra le « guide » des élèves, « ce qui sera facilité par l’exclusion de l’université des étudiants paresseux » [sic]. Tous les ministres de l’éducation qui se succèdent sous Vichy ont pour caractéristique commune d’avoir été proches ou membres du Cercle Fustel de Coulanges. L’encadrement pétainiste de la jeunesse : en 1941, à la faveur de l’Occupation, les mouvements de jeunesse catholiques profitent de ce que les organisations laïques sont décimées et censurées par le régime pour imposer leur domination sur la jeunesse. Ainsi, sur un effectif de 5 200 000 jeunes de 14 à 21 ans en 1941, 2 560 000 sont encadrés par les mouvements chrétiens : 110 000 par le scoutisme français, 700 000 par l’ACJF, 22 000 par l’Union chrétienne des jeunes gens et jeunes filles, 28 000 par les compagnons de france, 1 200 000 par les cœurs vaillants et âmes vaillantes. Les patronages sont aussi à partir du début du 20° siècle « l’organisme le plus important de la conquête religieuse du peuple et l’arme maîtresse pour la formation des jeunes [...] Il devient un correctif puissant aux idées subversives que renferme trop souvent l’enseignement de maîtres enrôlés dans les milices du socialisme ou de l’anarchie [...] » [sic]…Parallèlement se sont développés les mouvements de jeunes bourgeois ; la première guerre mondiale a accéléré les initiatives de l’ACJF. En 1919, quelques étudiants proposent leurs services au vieux patronage de Reuilly, fondé 60 ans plus tôt par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ; ils « modernisent » le cercle d’étude du patronage, censé permettre le partage des savoirs. Sous l’impulsion de Robert Garric, étudiant bourgeois parisien, nostalgique du patriotisme de l’Union sacrée, disciple de Lyautey, ils forment des « Equipes Sociales » ; Jean Guitton, normalien, se charge des plus jeunes ; au programme, visites de musées et parties de campagne. La province est bientôt gagnée par les villes universitaires, à commencer par Strasbourg, Poitiers et ClermontFerrand, puis des villes plus petites et sans universités, comme Brive. Parallèlement, le scoutisme, anglo-saxon, connaît un grand