Histoire du sac

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« Histoire du S.A.C., la part d’ombre du gaullisme », François Audigier, Editions Stock, 2003 Durant l’été 1959, 2 envoyés spéciaux de Foccart effectuent un tour de france et implantent dans chaque département les premières structures du futur SAC. Le président délègue son autorité à 5 chargés de mission à compétence territoriale précise ; ces chargés de mission contrôlent à leur tour des responsables régionaux (aussi nombreux que les régions militaires [5 ou 6]), qui eux-mêmes commandent à des délégués départementaux. Dans chaque département existe des chefs de groupe dirigeant des cellules de 3 à 10 militants. En 1961, à part la région parisienne, autonome, le SAC est déjà bien implanté dans 4 région, dont les Pyrénées, la Bretagne et la Gironde notamment. Il ne compte en revanche à ses début que quelques centaines d’adhérents, et il faut attendre 1965-1967 pour que le SAC contienne 2 à 3 000 adhérents. [nota bene : le Poitou-Charentes fait partie de la 4° région militaire « sud-ouest », dont le siège est à Bordeaux, avec Midi-Pyrénées, Aquitaine, Limousin ; Pays de la Loire : 3° Région militaire, avec la Basse-Normandie, siège à Saumur ; Centre : 1° Région militaire] Pendant la guerre, Foccart a été chef de mission auprès du BCRA pour la « région M » (Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Indre-etLoire, Eure-et-Loire, Loir-et-Cher, Orne) et est nommé délégué militaire de la 4° région [militaire ? : Midi-Pyrénées, Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes]. Foccart prend aussi dans l’après-guerre une part active dans le lancement du RPF dans 9 départements de l’ouest (« Ouest » recoupant ici l’ancienne zone militaire de Résistance). C’est aussi lui qui gère les liens entre les différentes structures gaullistes concurrentes (UNR, UDR, Jeunes de l’UNR, UJP, SAC) et résout localement leurs querelles. Un des adhérents algériens du SAC de Gironde et ancien du RPF, Kandel Meharbi, certes ancien sous-officier qui a participé à la seconde guerre mondiale et médaillé de la résistance, mais qui semble avoir quelque litige politique sérieux avec ses « compatriotes » algériens à l’heure de la lutte anti-impérialiste, est assassiné par le FLN en métropole. René Tiné, sous-officier des parachutistes de Mont-de-Marsan, officiellement directeur du SAC, s’occupait en fait seulement du SAC de province. Il recevait ses ordres de Foccart depuis l’Elysée. Il passe parfois rue de Solférino pour des réunion du bureau du Sac ou avec les délégués régionaux, comme ce fut le cas les 3 juillet 1965, 15 octobre 1966, 7 octobre 1967 ; en fait, Tiné était considéré comme manquant d’envergure pour gérer tout le SAC. Pour la province en revanche, il semblait suffire, et était assisté de Charly Lascorz. Cette division Paris – province, ainsi que la grande marge de manœuvre laissée par Tiné aux délégués régionaux devant lesquels il restait béat d’admiration, favorisa l’émergence de petites baronnie locales du SAC, situation autorisant des dérives criminelles de toutes sortes ; parmi ces hobereaux de province, Pierre Camy-Peyret dans le sud-ouest (Pyrénées), Jacques Calès en Gironde. Même à l’échelle départementale, certaines fédérations menaient leur propre existence, loin de tout contrôle national réel. Beaucoup de ces associations locales s’étaient d’ailleurs déclarées en préfecture sous forme d’association loi 1901 sous la dénomination « Service d’Action Civique » ; c’est le cas à partir de 1965 dans 8 départements, notamment en Dordogne, en Gironde, dans le Loiret, dans la Vienne, dans la Haute-Vienne. René Tiné envoyait des chargés de mission, au rôle bien mystérieux, comme l’est à cette époque de plus en plus l’activité du SAC, qui couvre en réalité bien des trafics. Entre le 19 et le 22 mai 1965, De Gaulle visite quelques départements du grand ouest ; des militants du SAC sont envoyés en renfort (notamment à Nantes) en prévision de chahuts ouvriers suite à des mouvements sociaux. Les militants du SAC firent alors office de « brigades d’acclamation » !!! Pendant la campagne présidentielle de 1965, pour un meeting à Nantes, on fait venir entre autres les membres du SAC de Bordeaux. Le 13 novembre 1965, Foccart rencontre les délégués départementaux du SAC, et note dans son journal que se sont des « types en or ». En 1966-1967, Foccart remanie le SAC. René Tiné continue à être chargé de la province ; mais dans le même temps, on lui reproche de trop mêler ses intérêts privés à ceux du SAC et e s’être engagé dans des affaires douteuses. Ses liens notamment avec le sulfureux Charly Lascorz (qui dépendait du SAC provincial tout en habitant en région parisienne) n’arrangeaient pas sa réputation. Seigneuret : « Tiné faisait partie de beaucoup de sociétés qui n’avaient rien à voir avec le SAC [...] nous avons fait en sorte qu’il s’en aille », en douceur, et en le laissant emporter les archives compromettantes. Tiné commença à perdre l’influence que lui offrait sa position dans le SAC lorsqu’il se vit retirer son droit de regard sur les affaires parisiennes du SAC. En 1968, le SAC est supervisé pour ce qui est des provinces par Tiné, lequel s’appuie sur des chefs de région dont Henri Mazoué (Centre), Jacques Calès et Georges Bissoudan (Aquitaine), A. Audibert (Bretagne), P. Murrens (région toulousaine). En mai 1968, le nombre de militant du SAC en région parisienne ne suffisant pas, Foccart fait appeler ceux de province. Roger Abens, ancien sousofficier de parachutistes « gaulliste de gauche » qui avait rejoint le SAC depuis plusieurs années et participé aux campagnes électorales de 1965 et 1967, était le chef de cette délégation. Alors qu’il était à Bordeaux, il monta à Paris fin avril dès les premiers signes de tension. Le SAC va puiser plus largement dans l’extrême-droite pour contrer la révolution 68 (Occident, JPS, ACUF, UNP, Poujade et l’UDCA, JR) Le SAC de Foccart encadre la création des CDR (Comités de défense républicains) en mai 1968 ; les responsables des CDR assistent rapidement à l’amalgame entre les vétérans de la France libre et les « Marie-Louise ». Ces lycéens, étudiants ou jeunes actifs soutenaient De Gaulle pour ne pas laisser à la gauche « le monopole des nouvelles générations ». Le 11 mai, Pierre Lefranc créa un centre national des CDR puis donna des consignes pour que de semblables comités se forment dans les villes de province. Jacques Godfrain joua un rôle important dans la création des CDR. Né en 1943, il prend sa carte de l’UNR à 18 ans en 1961, alors qu’il fait ses études de sciences économiques et de sciences politiques à la faculté de Toulouse ; il s’est aussi opposé au même moment aux éléments « Algérie Française » et pro-OAS, majoritaires sur le campus. Dirigeant de l’AEG (Association des Etudiants Gaullistes) de Toulouse, président de l’amicale de l’IEP, responsable de la FNAGE et de la corpo de droit et de science, fondateur en 1965 de l’UJP (Union des jeunes pour le progrès) ; attaché de direction à la Snecma depuis 1967, il milite depuis la même date au SAC, dont il dirige l’antenne « jeune » sous la protection de Foccart. Les relations UJP-SAC se confirmeront par la suite. Rapidement, Godfrain put inscrire des jeunes de l’UJP parisienne, des membres du SAC et des recrues d’extrême-droite au CDR. Dans les locaux partagés par les CDR et le SAC, les membres du SAC étaient censés rester séparés, cela pour maintenir la fiction d’une distinction nette entre les deux organisations. Par la suite, les relations se dégradant entre le SAC et les CDR, la séparation devint réelle. Dès le 20 mai 1968, les CDR de Paris disposait déjà de plusieurs centaines d’adhérents : 620 adhésions pour la seule journée du 21 mai 1968. Le 25 mai 1968, les CDR parisiens regroupaient 35 groupes pour 1465 adhérents, avec des antennes dans les lycées, à l’ORTF. En province, les CDR sont présent dans 57 départements et rassemblent 7000 membres. La création des CDR fit venir les anciens OAS. Il existait 70 cellules dans le pays, avec des CDR de professeurs, d’étudiants, d’ouvriers et de patrons. A Toulouse, les jeunes gaullistes et leurs


amis ralliés de l’OAS organisent avec les militants du SAC et des CDR locaux des convois d’affichage nocturnes, dirigés par le secrétaire fédéral Guy Franco. Lors de la campagne des législatives de juin 1968, à La Rochelle, des incidents éclatent entre le SAC et les CDR et les communistes, qui se terminent par des coups de feu : un coup de revolver tiré part un gaulliste blesse une vieille dame à la tête… Foccart craignait que cette affaire ne discrédite le SAC dans son ensemble… A Bordeaux, le SAC eut des blessés dans ses rangs. A Rennes, les gardes du corps contraignent Michel Debré à se coucher dans la travée de son car lapidé par les manifestants. Le 12 juin à Toulouse, la permanence du CDR est attaquée à coup de cocktails molotov sans que les CRS n’interviennent pour protéger le local des provocateur et assassins gaullistes. Charly Lascorz a été responsable du SAC pour le Sud-Ouest. A Nantes, les équipes de l’UJP qui servirent de force d’appoint aux équipes du SAC pour le collage d’affiches sont également témoins de « dérives » : les gens du SAC, pour la plupart montés de Bordeaux, ne passent pas inaperçus : emmenés par un certain Gaston issu du milieu et roulant dans une Porsche blanche, ces gros bras équipés d’armes, de chiens et de talkies-walkies n’hésitent pas à rouler sur les trottoirs gyrophares allumés… fascinés par cet univers trouble où se côtoient députés et gros bras mafieux, certains jeunes prennent leur carte au SAC. A la rentrée 1968, des gros bras du SAC assuirent le service d’ordre lors des élections étudiantes et réunions-débats sur la loi Faure. Lors de la présidentielle de 1969, Chirac fait appel à Tulle, en plus de ces partisans, à 200 ou 300 gros bras du SAC pour tenir un meeting, et applaudit à l’efficacité du « service d’ordre ». les membres du SAC ne manqueront pas de se souvenir de ce soutien… A la rentrée 1968, pierre Debizet sillonne la province pour convaincre les plus violents et douteux éléments de l’extrême-droite de quitter le SAC. Cette première purge est peu efficace. D’autant que dans certaines villes de province, comme Bordeaux, les responsables locaux rechignent à se séparés de ces supplétifs musclés. Pasqua et Tiné sont également opposés à ces purges. De plus ces purges cachaient mal des rapports de pouvoir entre les barons du SAC. Pour faciliter ces purges, des commissaires membres du SAC reçurent probablement des consignes pour se montrer moins « indulgents » envers les malfrats du SAC, du moins ceux visés par les purges. Suite à l’élection de Pompidou en 1969, où Jacques Foccart manque de peu d’être évincé, une réorganisation du SAC et une nouvelle purge est décidée. Certains membres du SAC, un « service d’ordre » qui n’est franchement plus en odeur de sainteté, s’opposent à Pompidou au nom de leur fidélité à De Gaulle. Une dissidence se développe au sein du SAC, dont les motivations réelles étaient aussi très liées à des question de lutte de pouvoir internes. René Tiné en particulier cherche à se venger de son éviction de la direction en 1968. Pasqua supporte mal d’être tenu à distance par Foccart ; Foccart considère Pasqua comme l’initiateur de cette « révolte ». Pasqua ne supporte pas le pouvoir pris par Debizet. Pasqua est pour une ligne ultraviolente, nettement fasciste du SAC. Pasqua et Tiné appuient leur dissidence sur celle de barons régionaux comme Kappé dans le sud-est et Pierre Camy-Peyret dans le sud-ouest, ainsi que sur quelques membres du bureau national comme Le Meignen. N’étant pas parvenu face à Debizet à prendre le contrôle du SAC der l’intérieur, Pasqua s’engage durant l’hiver 1969-1970 dans l’aventure des fédérations dissidentes. Un SAC dissident qui se développa surtout dans le sud de la france. Deux fédérations inter-régionales virent ainsi le jour à la fin octobre 1969 : l’une enregistrée à la préfecture des Pyrénées-Atlantiques le 22 octobre 1969, couvrait le sud-ouest et était dirigée par l’ancien secrétaire général René Tiné, assisté de deux vice-présidents, Pasqua et Pierre Camy-Peyret. L’autre déclarée le 28 octobre couvre tout le sud-est et est présidée par Kappé. Mais ces tentatives avortèrent rapidement. Debizet n’hésitant pas à recourir aux moyens musclés pour les mettre au pas…Foccart également organisa la contre-offensive. En 1969-1970, 3160 militants se virent expulsés du SAC, 3734 autres ne reçurent pas la nouvelle carte de 1970. soit environ 7000 exclus, soit près de la moitié des effectifs ! Mais cette estimation paraît nettement exagérée. Fin 1969 et courant 1970, Debizet envoya des chargés de mission épurer les listes d’adhérents des fédérations départementales. Ceux qui s’étaient dévoyés dans des activités illégales et qui par ailleurs étaient devenus indésirables se voyaient proposer leur départ sans anicroche, ou solution B, la levée de leur impunité judiciaire… C'est-à-dire leur inculpation immédiate pour divers trafics. Certains se virent aussi proposer de rejoindre le Sdece, la DST ou les RG, engagés à cette période en tant que contractuels. D’autres au passé judiciaire trop lourd furent recyclés dans des réseaux à l’étranger (Afrique, Amérique latine…). Les chefs de la dissidence comme Kappé ou Serge Constant virent refaire surface des affaires de drogue vers les Etats-Unis notamment auxquels ils étaient mêlés…[d’autres comme Pasqua durent aussi sentir passer le vent du boulet]. Debizet ne se contente pas d’opérer ces purges, il assure un « service après-vente » qui consiste à suivre les nouvelles activités des membres exclus du SAC de 68 à 70 dans le sud, qui ne manquent pas de faire usage de leur ancienne carte du SAC pour couvrir leurs nouveaux trafics. Cette utilisation de l’ancienne carte du SAC était en effet interprétée par les journalistes [sans qu’on puisse dire véritablement si c’est à tort ou à raison] comme prouvant l’existence de SAC clandestins ou parallèles, de réseaux barbouzes et mafieux agissant dans l’ombre du « SO » officiel. Cette mission fut confié à un proche de Debizet, Michel Coutant, avocat devenu propriétaire en 1969 d’une exploitation agricole dans la Mayenne, à Châtelais, qui avait milité pour l’Algérie Française et fréquenté les leaders OAS Lagaillarde et Susini, puis avait rejoint le SAC en mai 1968. c’est René Tiné qui lui avait alors confié la mission d’implanter le SAC dans la Mayenne. Coutant créa alors dans un premier temps un « bureau régional opérationnel » réunissant gaullistes, « nationalistes » (c'est-à-dire OAS et autres extrême-droite), officiers de réserve et policiers. Il constitua ensuite un fichier et une carte des groupes d’extrême-gauche dans la région, et planifia différents scénarios en cas de guerre civile… comme au bon vieux temps de la Cagoule…Le patron du SAC, Debizet, tomba sous le charme de tant de « talent »…Coutant fut donc chargé de faire le tour des antennes régionales pour assurer le suivi des purgés. Il se disait envoyé par le ministère de l’Intérieur et était effectivement porteur d’une carte d’accréditation…mais le 166 mars 1972, son corps est retrouvé dans la Mayenne, près de Fromentières. Cette affaire n’a jamais été éclaircie. L’ETEC de Charly Lascorz est-il un SAC clandestin ? la question se pose. Début 1969, des contacts sont pris entre anciens du SAC et des CDR, barbouzes de la guerre d’Algérie et représentants des RG, mais aussi vraisemblablement du Sdece et de la sécurité militaire, ainsi que des membres de certains ministères, sur l’initiative de Lemarchand, en présence de Lascorz, proche de Lemarchand. Il s’agit de mettre en place un groupe chargé d’espionner les groupes d’extrême-gauche et capable de mener des opérations clandestines anti-gauchistes que ne peut assumer le régime…ces rencontres se multiplient à partir de mars 1969, avec la participation de Tiné, alors mis à l’écart du SAC officiel. Selon Lecavelier, il s’agissait de mettre en place un SAC clandestin et « activiste », fonctionnant parallèlement au SAC officiel. Pour ces opérations, on utiliserait des malfrats, des « soldats perdus » d’extrême-droite (mercenaires, barbouzes), des éléments douteux des SAC et CDR et des « voyous » en demande de couverture policière…Police et justice devraient fermer les yeux sur les trafics supposés « financer » ces opérations. Pas de soutien officiel en cas de problème. Lascorz et ses hommes finirent devant le tribunal, mais furent l’objet d’une extrême indulgence. Cette collaboration entre


polices, services secrets et mafia n’est pas nouvelle en 1969, comme en témoignent l’affaire Ben Barka, l’enlèvement du colonel Argoud, l’assassinat de Galibert, l’arrestation au Etats-Unis de Delouette pour trafic de drogue pour le compte du Sdece…qui est Lascorz ? fils d’un coiffeur de Tarbes, après avoir prospéré dans l’illégalité sous la 4° république, il intègre pendant la guerre d’Algérie l’équipe de barbouzes dirigée par Lemarchand ; tout en travaillant ainsi pour le gouvernement, il n’oublie pas pour autant ses propres intérêts et se procurera par un service officiel une liste des pied-noirs rapatriés fortunés, qu’il ira racketter. De 1962 à 1967, il occupe d’importantes responsabilités au SAC : délégué régional pour le sud-ouest, beaucoup le considèrent en fait comme le responsable officieux pour la province et le seconde de René Tiné. En 1967, Lascorz est mis à l’écart officiellement mais continue de graviter autour de l’organisation. Il trempe ensuite dans des trafics liés à la haute-finance ; en décembre 1969, il est chargé de « rapatrier » Guy Marot, responsable du SAC et bâtonnier de Perpignan disparu en Espagne, avec la caisse du barreau et des documents sur le SAC du Roussillon (il occupait la fonction de trésorier de l’UDR du département). Le SAC est inquiet par la disparition de ces documents compromettants. Ramené à Paris, il est arrêté en douceur par le commissaire Jean caille, lié au SAC. Il est condamné avec une légère peine de 18 mois avec sursis de prison, à la sauvette. L’équipe de Lascorz dispose d’un réseau étendu et de nombreuses relations, qui lui fait gagner en importance. C’est ainsi qu’est montée une société écran chargée de couvrir les activités illicites du SAC clandestin : l’ETEC. Au sein de l’organisation clandestine, Raymond Courbet gère les relations avec l’UDR. Max Floquet gère les relations avec « certains ministères » et les parlementaires. Eugène Constant qui a conservé des relations dans l’OAS recrute dans ces réseaux clandestins. René Panigel prospecte les patrons du BTP à la recherche d’appuis politiques. Lecavelier s’occupe des équipes « action » et tient informés RG et DST. L’ETEc est par ailleurs reliée à d’anciens du SAC, comme Tiné et Camy-Peyret. Camy-Peyret, a,ncien sous-officier et gaulliste de la première heure, occupait des fonctions de responsable départemental des CDR en 1969. proche de Pasqua et Messmer, il devient en 1975 délégué régional Aquitaine de l’UDR puis chargé de mission RPR pour la même région. Ainsi organisée, le SAC clando commence des missions d’infiltration et d’action musclée tout en se livrant à des trafics « douteux », « pour remplir les caisses » [et fidéliser ses membres !]. Fin 1970, c’est l’organisation Ordre Nouveau qui doit être infiltrée par l’ETEC. La présence dans l’ETEC d’anciens de l’OAS facilite cette infiltration. Ordre Nouveau est dirigé en 1969 par Alain Robert, et rassemble les anciens du mouvement dissout Occident. ON tient son premier congrès à Paris en 1970, les RG s’y intéressent et s’associent les services de l’ETEC. Lecavelier se fait recruter dans le SO d’ON. Il aurait même avoué aux autres membres d’ON les raisons réelles de sa présence [ça, ça ne se fait qu’à droite !]. Se sachant surveillés, les dirigeants d’ON négocient avec l’ETEC et les RG leur tranquillité et peuvent librement s’en prendre aux militants de gauche. Lecavelier fait profiter ON des informations récoltées sur l’extrême-gauche par le SAC… : une carte et un fichier de la france gauchiste est ainsi à disposition d’ON, avec zones de force et de faiblesse, noms des responsables et état des effectifs, numéros d’immatriculation relevés, plan des permanences établis, implantations dans certaines usines étudiées…selon Dominique Calzi, l’objectif de l’ETEc et du SAC clando était de transformer On en force provocatrice pour justifier la répression de l’Etat contre les militants de gauche. Cette collaboration entre ETEC et ON s’observe en septembre 1970 lors des législatives partielles de Bordeaux, opposant Chaban-Delmas à Servan-Schreiber. Chaban-Delmas souhaitant une action musclée discrète qui ne risque pas de le discréditer, et repoussant pour cette raison le recours au SAC officiel, les meetings de ServanSchreiber furent systématiquement perturbés (grenades lacrymos, boules puantes, jets de pavés, affrontements au nunchaku et barre de fer) par l’ETEC de Lascorz et ON. Lascorz et les siens se firent passer sans difficulté pour des militants du petit candidat local d’ON. La police locale dans laquelle les membres du SAC étaient nombreux observaient de loin ces « dérapages » [avec un certain amusement]…Pour financer ses opérations, l’ETEC participait à l’expulsion de squatts où survivaient tant bien que mal des immigrés, pour le compte de sociétés immobilières. Le SAC et les CDR y participaient également. L’ETEc prit également sa part du climat d’affairisme des années Pompidou, notamment immobilier. Fin 1970, l’ETEc entreprit cette fois de noyauter l’OSMJT (Ordre souverain et militaire du temple de Jérusalem) ; l’organisation recrute vers les milieux aisés et influents (industriels, notables, élus) ; une confusion profitable est entretenue avec l’Ordre de Malte. L’OSMTJ est violemment anticommuniste et dispose d’antennes dans plusieurs pays européens, et semble liée à certains services de renseignement. L’ETEc en prend le contrôle en novembre 1970. Georges Lamirand entre autres, accède au grade de « Grand maréchal » de l’ordre : Lamirand est sous Vichy le ministre de la jeunesse de Pétain, aux côté de La Porte du Theil. L’OSMTJ s’implanta essentiellement dès lors dans le sud de la France, se glissant dans les structures du SAC « désorganisées » après les purges de 1969. l’OSMTJ a ainsi pu pénétrer mouvements politiques et organisations professionnelles, mais semble-t-il aussi dans certains postes stratégiques de l’armée, la police, la radio et la télévision. En avril 1971, Lascorz se sert de l’OSMTJ pour fonder un parti anti-gauchiste, l’Union de Défense des Liberté et des Droits (UDLD), mélange explosif entre extrême-droite et franc-maçonnerie templière, de hauts fonctionnaires, anciens du SAC. [Etc., etc., etc.] Jacques Chaban-Delmas et le SAC (1969-1972) : au printemps 1969, Chaban-Delmas cherchant à étoffer le parterre clairsemé de ses partisans, se rapproche du SAC. Pragmatique, le maire de Bordeaux n’éprouve aucune répugnance vis-à-vis de celui-ci…il souhaite surtout connaître l’étendue des réseaux du SAC et son mode de fonctionnement. Début mars 1969, Foccart déjeune en sa compagnie ainsi qu’avec Robert Galley et Jean Labat. Galley évoque l’action de Foccart dans les syndicats (CFT), chez les étudiants (UNI) et au SAC. Chaban-Delmas se montre favorablement impressionné et ses interlocuteurs lui proposent une collaboration politique. Le 21 juin 1969, Chaban-Delmas est nommé premier ministre. Le 28 juin 1969, Foccart réintègre ses fonctions à l’Elysée. Il est reçu par ChabanDelmas, qui lui demande de lui gagner le soutien inconditionnel des parlementaires. Claude de Peyron, cousin du maire de Bordeaux, assure la liaison entre les deux hommes. Il est là le 7 juillet 1969 quand Chaban reçoit une délégation du SAC. En juin 19701, Foccart sollicite Chaban pour mettre au pas les derniers dissidents du SAC, en l’occurrence, en faisant pression sur le ministre des anciens combattants Henri Duvillard, dont le directeur de cabinet Jacques Le Meignen était sommé de rentrer dans le rang. Le Meignen s’était en effet émancipé de Foccart et travaillait de plus en plus pour ses propres réseaux. Proche de rené Tiné, il commence à présenter un profil gênant. Purgé, Le Meignen s’engage dans une campagne de dénigrement du patron du SAC, et recrute pour son propre compte, tout en gravitant autour de l’ETEC. C’est Chaban qui fait entendre raison à Duvillard pour Foccart et Duvillard « corrige » la trajectoire de son directeur de cabinet. En septembre 1970, écha,nge e bons procédés, Foccart engage le SAC de Bordeaux dans la bataille électorale pour Chaban. Fin 1971, Chaban vécut très mal l’arrestation de Lascorz, dont il avait bénéficié de l’appui direct avec la complicité d’Ordre Nouveau, et il le connaissait par ailleurs de longue date de l’époque où celui-ci était encore responsable du SAC pour le sud-ouest. Chaban-delmas finit par perdre tout crédit auprès du SAC avec l’affaire Michard-Pélissier : Jean MichardPélissier s’efforçait de créer dans le Midi notamment [mais pas uniquement], un SAC dissident ; un ancien résistant, Camille Rayon (qui avait été dirigeant du SO du RPF pour le Midi), l’aidait pour le recrutement d’anciens OAS proches de Susini. MichardPélissier rabattait également d’anciens dissidents du SAC évincés lors des purges dans son organisation. Or Michard-Pélissier était très lié à Chaban. Avocat d’affaire fortuné, il avait été au début de la 4° république le parrain politique de Chaban, qu’il avait rencontré au parti radical en 1946 puis au RPF en 1947. chargé de superviser son parachutage en pays girondin, il contribua également à son élection en tant que député de Bordeaux, financièrement notamment. En 1959, Chaban nomma Michard-Pélissier Michard-Pélissier au conseil constitutionnel contre l’avis du général De Gaulle. Quand Chaban devint premier ministre, Michard-Pélissier fut à Matignon son homme de l’ombre omniprésent. L’homme était aussi affairiste et probablement mafieux. Quand Chaban sauta en juillet 1972, il y eu peu de monde pour le « pleurer ».


En 1981, le SAC compte 4 à 5000 adhérents ; le ministère de l’intérieur a présenté dans le rapport de la commission d’enquête sur le SAC une liste de 4555 militants, présentés par départements ; la région parisienne à elle seule en compte près de 1200 ; 11 autres départements comptent entre 100 et 200 adhérents, dont la Charente-maritime, la Haute-Garonne, la Gironde, l’Ile-et-Vilaine, les Landes. Les autres comptent entre 10 et 100 adhérents. On y retrouve les zones de force du gaullisme, notamment l’Ouest, l’Aquitaine. Par ailleurs, les régions qui comptent beaucoup d’adhérents au SAC recoupent grosso modo celles où la résistance a été marquante, notamment le massif central. Il semble en revanche rester faible dans les bastions de gauche et de la droite non-gaulliste. Le SAC semble rester faible dans la Corrèze, pourtant bastion chiraquien. Entre 10 et 15% des membres du SAC travaillent dans la police…la moitié de ces 10 à 15% travaillant dans les Bouches-du-Rhône. Les militaires semblent moins nombreux, quoique par endroits, les régiments, notamment les parachutistes (comme ceux de Tarbes) fournissent des recrues. Beaucoup également travaillent dans des sociétés de gardiennage et de sécurité, ou de transports de fond ; c’est entre autre le cas du responsable départemental du Cher. On y trouve aussi beaucoup de cafetiers, de tenanciers de bars et de restaurateurs. Les ouvriers sont rares, de même que les professeurs et les professions libérales, peu d’agriculteurs et peu de retraités. A l’échelon départemental, le SAC était dirigé par un délégué assisté d’un ou deux adjoints. Il commandait à une poignée de chefs de groupes qui dirigeaient des équipes d’une dizaine d’hommes. En général, le chef de groupe contrôlait une zone correspondant à une circonscription législative, mais il pouvait en être autrement. L’organigramme du SAC est d’ailleurs toujours resté assez flou… les limites géographiques des délégations régionales ne recouvraient pas forcément celles des régions administratives, et de simples délégués départementaux exerçaient parfois leur influence sur un vaste territoire alors que les chargés de mission pouvaient imposer leur avis aux responsables permanent. Dans certains départements, des secteurs entiers échappaient à l’autorité du délégué départemental. En Gironde, le secteur de Libourne, qui correspondait à la circonscription de Robert Boulin, était administré séparément. A l’exemple de la résistance, le SAC avait des structures très cloisonnées et les responsables locaux se rencontraient rarement, en tout cas officiellement. Aucune liste de délégué ne circulait et les responsables ignoraient souvent tout de leurs collègues. En dehors des grandes messes parisiennes, les fédérations régionales et départementales de province vivaient de manière autonome et assoupie, ne se montrant vraiment actives publiquement qu’à l’occasion des élections. Les militants préfèrent se réunir dans l’arrière-salle d’un bistrot tenu par un tenancier sympathisant que dans le local prêté par le parti gaulliste. Lorsqu’une figure du parti gaulliste venait dans une ville de province, Debizet contactait par téléphone le responsable de la fédération départementale, lequel devait superviser le déplacement. Les membres du SAC local se faisaient reconnaître de la police lors de ces déplacements en portant un brassard à l’effigie du SAC ou avec la croix de Lorraine, ou avec une épingle agrafée au revers du veston, d’un écusson ou d’un badge, la couleur renvoyant au grade occupé. Certains « en rajoutent » volontiers en arrivant le crâne rasé, dans un imperméable kaki, le talkie grésillant en main. C’est le cas lors des réunions présidées par Alain Peyrefitte à Saint-Jean-D’Angely et à Royan le 23 février 1978. Le public exprimant son effroi, on demanda à ces petits bourgeois à l’humeur cagoularde de revêtir à l’avenir les tenues bourgeoises plus conformes à leur milieu. Les matraques télescopiques, plus ou moins cachées sous la veste, ne sont jamais loin. Certains militants, lors de campagne en terrain « hostile » (c'est-à-dire non conquis…) étaient équipés pour les collages d’armes blanches ou de pistolets. Lors d’une réunion contradictoire organisée à Châtellerault à l’occasion des élections partielles opposant Chirac à Mitterrand, les militants du SAC firent en sorte de verrouiller la salle et de se placer au premier rang pour mieux intimider et perturber l’orateur adverse. Dans la Gironde, Roger Cabot commandait à environ 500 adhérents de départements voisins. Il estimait être capable de rassembler 200 personnes en moins de 24 heures. Si les effectifs étaient insuffisant, il était loisible de mobiliser les adhérents de tous les départements voisins. De multiples interventions, parfois violentes, du SAC parallèlement à la police lors de déplacements des chefs gaullistes sont attestés, comme lors du déplacement de Georges Pompidou à Poitiers le 24 janvier 1974, de Chirac à Bordeaux le 20 mai 1976, de Giscard à Libourne le 5 octobre 1979, de Raymond Barre à Bordeaux le 19 septembre 1980. Le SAC intervenait aussi comme SO des meetings des organisations liées au parti, ce fut le cas notamment lors de la fête des jeunes de l’UDR au Bourget les 6 et 7 décembre 1975 (avec Nicolas Sarkozy) Les nervis du SAC sont fascinés par les armes, qu’ils utilisent à l’occasion, comme ce membre du SAC toulousain responsable du meurtre de l’amant de la femme d’un chef d’Etat africain, l’artiste peintre Luong à Villeneuve-sur-Lot ; en mai 1973, le tribunal de La Rochelle condamne le responsable adjoint du SAC local pour détention et port illégal d’arme. Le 24 février 1974, on découvrit un très important stock d’armes chez trois membres du SAC dont un ancien responsable départemental : 1 pistolet-mitrailleur transformé en 9 mm, 1 pistolet automatique 7.65 mm, 4 revolvers 8 mm, 16 grenades à fusil, 1 grenade offensive, 15 détonateurs et des munitions par centaines de cartouches. La commission d’enquête sur le Sac recensa entre 1962 et 1981 pas moins de 15 affaires de port d’arme et de détention d’armes prohibées. Il s’agissait souvent d’armes de guerre. La commission d’enquête sur le SAC apporte de nombreuses preuves, s’il en fallait, de la collaboration entre le SAC et la police au plus haut niveau, c'est-à-dire place Beauvau, la direction des RG (Henri Boucoiran), qui recommandait à ses services départementaux tel responsable local du SAC…le subordonné des RG au niveau départemental était dès lors ce,nsé contacter ce responsable local du SAC, et lui faire profiter de l’ensemble des données des RG locaux sur les milieux politiques, syndicaux, et sociaux du département. Parmi ceux qui bénéficièrent de ces « accréditations » et de ces données, René Tiné, secrétaire général du SAC, responsable du SAC pour la Vienne, la Charente et la Charente-Maritime, Jacques Calès, membre du BN du SAC et responsable de la Gironde, Jacques Lenain, vice-président du SAC et responsable pour la Bretagne. Le SAC n’hésitait pas aussi à se rendre au ministère de l’intérieur pour y collecter les informations de la police sur tel ou tel adhérent du SAC, comme Roger Bartoux, éditeur ancien FFL contacté pour devenir responsable départemental du Cher. Parmi les responsables départementaux, régionaux ou nationaux du SAC, certains étaient eux-même de la police : c’est le cas de Roger Cabot (entré dans la police en 1942, nommé à Bordeaux en 1948, où il revient en 1962, après des mission dont une en Algérie et une autre à Paris [visiblement, y compris à l’époque Papon 17 octobre 1961] ; commissaire depuis 1956, devenu chef de la sécurité générale à la direction départementale des polices urbaines de la Gironde, il connaît du monde dans la région ;il affirme n’avoir rejoint le SAC qu’à sa retraite) en Gironde. Il y avait « 30 à 40 fois plus de policiers dans le SAC que dans le reste de la population française » note le rapporteur de la commission d’enquête sur le SAC. Ainsi, 50 des 200 adhérents de la Gironde du SAC sont des flics en 1981. Le corps des CRS semble particulièrement infiltré par le SAC. Il est aussi bien représenté aux RG, ce qui permettait d’y opérer des enquêtes officieuses sur les militants de gauches, politiques ou syndicaux. Et à l’occasion, on pouvait aussi de cette manière monter un coup tordu, une provocation. Dans la police bordelaise, le SAC est également représenté par Louis Campet (commissaire divisionnaire puis contrôleur général des services actifs de la police, il joua un rôle lors des élection de 1974 de Chaban-Delmas à Bordeaux). Parmi les responsables des RG très proche du SAC, Jean Caille (entré en 1956 dans les RG comme commissaire « chargé du contrôle des étrangers »… ; l’enquête sur l’assassinat de Ben Barka retarda quelques peu sa nomination au grade de commissaire divisionnaire). C’est l’homme de liaison entre SAC et RG.


Parmi les fréquentation mafieuses du SAC, Christian David, né en 1929, et qui se lance très tôt à Bordeaux dans le proxénétisme et le braquage. C’est à La Rochelle qu’il rencontre Jo Attia, qui y tient un bar. Là Attia le met en contact avec Lemarchand. Le MIL (Mouvement Initiative et Liberté) : rejoint par Debizet après la dissolution du SAC. Les statuts de ce mouvement sont déposés le 16 décembre 1981, quelques semaines après le lancement de la commission d’enquête sur le SAC. Sa création se fait à l’initiative du Général De Boissieu (gendre du général de Gaulle et ancien chef d’Etat-major de l’armée de terre), Pierre Messmer, et plus discrètement, Foccart et Debizet. L’organisation est présidée par l’universitaire Jacques Rougeot. La collaboration entre le Mil et l’Uni est étroite. Ils ont la même adresse et les mêmes responsables nationaux. Le Mil ne se montre vraiment actif publiquement qu’à partir du retour de la droite aux affaires en 1986. il apparaît vraiment au grand jour lors e la présidentielle de 1988. il est alors dirigé par un ancien du SAC et de l’UNI, André Decocq. Il se montre proche de l’aile droite extrême du RPR. On y croise le milieu de la droite ultralibérale et du catholicisme sous sa forme la plus réactionnaire, avec un discours musclé sur la « préférence nationale », le « combat contre l’avortement », la lutte anticommuniste et la subversion gauchiste ; et avec tout cela, on se présente comme un rempart contre l’extrême-droite… !!! Le MIL est aussi à l’origine du slogan « la france, aimez-la ou quittez-la », reprise en 2005 par le vicomte neuneu de vendée. Dès 1948, le RPF rassemble 400 000 adhérents. Il se dote d’un SO dès 1947. au départ, c’est un ancien combattant de la France libre, Dominique Ponchardier, qui le dirige. En décembre 1948, il est remplacé par Gilbert Renault, alias le colonel Rémy. Puis en 1949, Renault s’entend mal avec De Gaulle et est remplacé par le colonel Carré, assisté de Jean Laboureau. En 1950, par Pierre Billotte assisté par Ponchardier à nouveau, lequel reprend la tête du SO du RPF et la conserve jusqu’à la mis en sommeil du parti de 1954. il est secondé par Debizet et d’autres anciens résistants qui travaillent tous avec Foccart. Ponchardier, le verbe haut, est un adepte de la guérilla urbaine qui pousse ses militants à affronter les communistes et les syndicalistes dans la rue. Rapidement, le SO rassemble plus de 5000 hommes, et le territoire est quadrillé de manière méthodique. En 1948 sont mis en place des délégués régionaux du SO du RPF(notamment Jacques Bruneau pour le Grand Ouest, Bernard Rigollier pour le massif central, Chavanac et Garnier-Thénon pour le sud-ouest, André Lehmann pour le Poitou et la Charente), des délégués départementaux (notamment André Razel pour la Hautegaronne) et des responsables de villes (notamment Robert Perreau pour Angers, le colonel Martial pour Bordeaux). Ainsi une hiérarchie SO parallèle double la hiérarchie du RPF, le SO agissant à l’occasion comme un service de surveillance du parti, ce qui ne va pas sans provoquer de violentes discordes : les chargés de mission SIO envoient régulièrement aux instances centrales du SO des enquêtes sur le personnel, l’action, l’implantation et l’ambiance des fédérations. Le SO attire des gens « peu fréquentables ». D’autant que le SO est prolongé par les groupes d’autodéfense (Groupes AD), franchement paramilitaires et barbousards. Rapidement, le SO par ses actes violents est comparé par la population aux ligues d’avant-guerre. Bernard Lachaise est l’auteur d’une thèse sur le gaullisme dans le sud-ouest, dans laquelle il présente le SO du RPF en Aquitaine. En 1949, la Gironde, la Charente-Maritime et le Béarn comptent des troupes nombreuses : 500 militants pour la Gironde, mais 600 en Charente-Maritime, tandis que dans les autres départements du sud-ouest, les effectifs ne dépassent pas la 50aine de membres, sauf en Dordogne avec 150 militants. Dans le Lot et au pays basque, le SO est inexistant. En juin 1948, le préfet note que les gens du SO girondin venus à Bergerac protéger un meeting de Jacques Debü-Bridel étaient « vêtus de chemises et culottes kaki », ressemblant étrangement à l’accoutrement des ligues d’avantguerre. En terme d’organisation, le SO est alors structuré à l’échelle communale, cantonale et départementale. A Bordeaux en 1948, le service compte 6 sections de 6 hommes dans chacun des 7 cantons, avec un responsable par section et par canton. Attia Jo : c’est à l’époque un des « chefs » des « services action » du milieu français ; il figure parmi les barbouzes utilisées en Algérie par les gaullistes ; la bande de Attia compte Georges Boucheseiche (ancien compagnon de Bonny et Lafont dans la gestapo française), Pierre Dubail, Julien Le Ny, Jean Palisse. Ils font parler d’eux lors de l’enlèvement de Ben Barka en 1965. Boucheseiche offre ses service en 1963 pour l’enlèvement de Argoud en Allemagne. La bande de Jo Attia semble surtout évoluer sur Paris. Boulin Robert : proche du SAC, gaulliste, ministre de l’agriculture sous Pompidou, ministre de la santé dans le gouvernement ChabanDelmas, ministre dans le premier gouvernement Messmer, présent à la réunion des délégués départementaux du SAC du 28 octobre 1972, organisée par Foccart et Chaban, réunion qu’il préside ; ministre du travail à l’automne 1979, alors pressenti comme successeur à Raymond Barre comme premier ministre. Ancien résistant du réseau Navarre ; ancien député UNR de Libourne en Gironde, secrétaire d’Etat aux rapatriés dans le cabinet Debré en 1961, puis successivement ministre du Budget, économie et finances, fonction publique, agriculture, santé, relations avec le parlement, économie et finances en 1977 ; proche de Giscard, son pouvoir s’accroît à partir de 1974 (mais en même temps il perd son influence dans le SAC), proche des adversaires de Chirac au sein du RPR ; un conflit sérieux avec Pasqua en juin 1979 ; assassiné le 30 octobre 1979, évènement qui pose encore de grosses questions et soupçons. Entretenait des relations privilégiées avec le SAC. Il dispose aussi d’un domicile à Neuilly. Il était mêlée à une affaire de corruption immobilière avec le promoteur Henri Tournet pour des terrains à Ramatuelle, lui-même proche de Foccart. Foccart voulait couler Boulin politiquement. En fait Boulin mis en cause dans diverses affaires, avec lesquelles ces anciens amis essayaient de l’écarter, se serait apprêté lui-même à faire sortir plusieurs affaires. Jusqu’en 1974, Boulin travaillait avec le SAC girondin ; il existait dans le département une section locale qui correspondait à sa circonscription ; sur place, c’était son suppléant, Bertrand de Garnier des Garets (député Udr en 1968) qui s’occupe du SAC. En Gironde, le SAC tenait ses réunions soit à Bordeaux, soit à Libourne ; cette collaboration de Boulin avec le SAC existait aussi à l’échelle nationale. Lors de son enterrement, le SAC de Gironde déposé sur sa tombe une gerbe « à notre regretté ami, Robert Boulin, le SAC de Gironde ». Calès Jacques : décédé ; né dans les années 1910-1920. Camy-Peyret Pierre : le 3 octobre 1969, Foccart dit s’être fait « agresser » par le trio Pasqua – Tiné – Camy-Peyret, qui lui demandèrent s’il était le soutien « inconditionnel » de Pompidou, ce qu’eux même n’étaient assurément pas. Les 3 menaient une fronde au sein du SAC au moment où celui-ci allait connaître quelques remaniements, et quelques purges. Tiné René : la légende veut que lors de son éviction du SAC, René Tiné soit parti avec une partie des archives pour se couvrir ; décédé ; né dans les années 1910-1920. il fait son entrée à la direction du Sac à la fin de la guerre d’Algérie. Habile sur le terrain, c’est lui qui gérait les questions d’intendance normalement dévolue à Comiti. Tiné fut secrétaire du SAC de 1962 à 1969, et fut durant toute cette période le véritable patron du SO, et par là même le principal responsable de ses dérives. Sous-officier des parachutistes de Mont-de-Marsan. C’est Tinné et Pasqua qui choisissent Kappé pour gérer la région sud-est. C’est lui qui lance avec Pasqua et jacques


Belle les CDR le 7 mai 1968. ultra gaulliste, il se montre critique à l’égard de Pompidou, ce qui participe de son éviction du SAC ; cette éviction est surtout lié à ses relations avec l’escroc du SAC, Lascorz. Partageant avec Pasqua la ligne « dure » du SAC, il s’oppose aux purges de 1968-1970, avant d’être lui-même purgé. Ces purges signifient en effet pour lui son éviction politique. Dominique Calzi, proche de René Tiné.

Bibliographie : « Journal de l’Elysée », T.1 à 5, Jacques Foccart, Fayard « Le gaullisme dans le sud-ouest au temps du RPF », Fédération historique du sud-ouest, 1997, thèse de Bernard Lachaise « Jalons pour une histoire des étudiants nationalistes sous la Ive République », olivier dard, in Historiens-Géographes n°358 (12 pages) « Les fascismes français 1923-1963 », Jean Plumeyene, Editions du Seuil, 1963 [entre autres, évocation des exactions du SO du RPF] « L’UNR, étude de pouvoir au sein d’un parti politique », Jean charlot, FNSP, 1967 « rapport de la commission d’enquête sur les activités du Service d’Action Civique », Editions Alain Moreau, 2 Tomes, 1982 [très volumineux, source particulièrement intéressante] « B comme barbouzes », Patrice Chairoff, Editions Alain Moreau, 1975 « Aux ordres du SAC », Lecavelier et Ferrand, Albin Michel, 1982 « M comme Milieu », James Sarazin, Editions Alain Moreau, 1977 « la nuit du pouvoir ou le 24 mai manqué », Roger gascon, nouvelles Editions Debresse, 1968 « Résurrection. Naissance de la Ve République, un coup d’Etat démocratique », Christophe Nick, fayard, 1998 « Histoire des barbouzes », Lucien Bitterlin, Editions du palais Royal, 1972 « OAS, histoire d’une organisation secrète », Rémi Kauffer, Fayard, 1986 « Les cadets de la droite », Jacques Frémontier, Seuil, 1984


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