Hom2 l'ombre

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« L’homme de l’ombre, éléments d’enquête autour de Jacques Foccart », Pierre Péan, Fayard, 1990 7 juin 1845 : l’amiral Augustin Gourbeyre, gouverneur de Guadeloupe, meurt de la fièvre jaune, une terrible maladie, fort répandue sur la côte d’ébène de l’Afrique… 1964 : Roger Frey, ministre de l’Intérieur, lance une « discrète » enquête sur les origines de jacques Foccart. Novembre 1899 : Guillaume Foccart est reçu dans la haute société des planteurs et usiniers békés de Guadeloupe et achète à Hippolyte Clayssen, un des gros békés de Guadeloupe, l’habitation Saint Charles (maison coloniale et son domaine). Derrière un parapet qui clôt la propriété, un cimetière d’esclave, une vaste fosse commune cachée par une épaisse végétation. La Guadeloupe est alors le théâtre de fréquentes grèves et émeutes, et à regarder les conditions de vie des ouvriers agricoles, on a de quoi se demander si l’esclavage a été aboli dans les années 1840…le député Légitimus, fondateur du parti Socialiste Guadeloupéen, est une véritable ordure qui travaille main dans la main avec les planteurs béké. 1903 : les travailleurs guadeloupéens se font encore plus exploiter que par le passé par le syndicat des usiniers békés, et le député « socialiste » Légitimus saute à pied joints dans la collaboration capital – travail, bras dessus - bras dessous avec Souques, le « roi du sucre » et représentant monarchiste des gros intérêts guadeloupéens. L’influe,nce des usiniers békés dans la structure du Parti socialiste guadeloupéen vaut à celui-ci des scores impressionnants aux élections…sur place Guillaume Foccart est un grand ami de ces industriels békés. 1902 : Vicomte Armand de la Loyère, gouverneur de Guadeloupe pour 2 ans ; il va favoriser à fond la collaboration Capital – « travail » (« Travail » désignant les « représentants des travailleurs » corrompus et larbins des békés). Il favorise fraude et manipulation électorale et s’immisce dans le jeu politique. Sous le regard intéressé de Guillaume Foccart, grand ami du Gouverneur. 1904 : en Guadeloupe, Léon Boullouche, un colonialiste qui revient d’Indochine où il a fortement abusé de l’opium et de l’alcool, remplace le gouverneur Vicomte Armand de la Loyère, dont les manipulations politiques sur l’îles deviennent trop visible. Boullouche va en fait s’employer à amplifier les manipulations, les fraudes et les violences du Vicomte Armand de la Loyère. On voit régulièrement chez lui les Guillaume Foccart, La Loyère, Louis Lignières, Clayssen et autres planteurs et usiniers békés prétendument « socialistes », avec leur complice « nègre », Légitimus, traître à la classe ouvrière guadeloupéenne. Guillaume Foccart est sollicité par tout ce beau linge pour se présenter maire à Gourbeyre, où il a acheté une maison de maître à Clayssen, les compères préparant la logistique de la manipulation du scrutin en conclave dans la résidence du gouverneur et dans les salons des maisons coloniales. Il accepte très volontiers de se prêter à cette mascarade pour le parti des descendants des esclavagistes. 5 juillet 1905 : élection frauduleuse de Guillaume Foccart à Gourbeyre, avec l’aide des békés, les descendants des esclavagistes. De nombreux « citoyens » du village travaillent comme domestique sur le domaine de Guillaume Foccart. Guillaume Foccart plaisantera quelques jours plus tard sur ce scrutin en s’appelant lui-même comme « l’élu de la fraude ». novembre 1910 : après avoir été réélu facilement par une nouvelle fraude à Gourbeyre 2 ans plus tôt, Guillaume Foccart le grand ami des békés de Guadeloupe, devient conseiller général du canton de Basse-Terre sous l’étiquette « républicain socialiste ». Au même moment des grèves sont réprimées sauvagement. Des accusations de fraudes sont une nouvelle fois lancées contre Guillaume Foccart. 31 août 1913 : alors que le maître pro-béké guadeloupéen Guillaume Foccart visite son père en métropole, naissance au château d’Ambrières appartenant à Louis Koch-Foccart (grand-père de Jacques), de Jacques Koch-Foccart, fils de Guillaume Koch-Foccart. 20 novembre 1913 : départ vers la Guadeloupe de Guillaume Foccart et sa femme, alors que le petit Jacques reste à Ambrières au château de son grand-père pour 3 ans. 11 mai 1916 : peu après la mort de Louis Koch-Foccart, départ vers la Guadeloupe du petit Jacques Foccart. 1918 : en Guadeloupe, l’élu de l’île Guillaume Foccart proteste contre la Compagnie générale transatlantique qui ne remplit pas ses obligations à l’égard de la colonie, défend les békés planteurs de cacao, de café, de canne à sucre, les producteurs de rhum de l’île. Il fait intervenir de nombreuses relations de la métropole à cette fin. Probablement des liens dont profitera plus tard Jacques Foccart, qui n’a alors que 5 ans. 3 février 1919 : Guillaume Foccart revend l’habitation Saint Charles, achète la plantation des pères Blancs (située de l’autre côté de Basse-Terre, 68 ha et 43 ares), et cesse en mai 1919 ses activité politiques sur l’île. En novembre 1919, la famille Foccart quitte la Guadeloupe et se réinstalle en Mayenne. Octobre 1919 : Jacques Foccart commence à 6 ans ses études à « l’Imac », c'est-à-dire le collège de l’Immaculée Conception de Laval. Juin 1931 : Jacques Foccart finit sa première et quitte le collège de l’Imac de Laval. 1933 à 1935 : Jacques Foccart reste en contact constant avec les Antilles en travaillant à Paris rue de Prony pour une société de commerce qui traite exclusivement avec la Guadeloupe et la Martinique. 20 octobre 1934 : Foccart fait son service militaire à la 17° compagnie de l’air ; il se rengagera ensuite 6 mois, jusqu’en avril 1936. Il y rencontre Henri Tournet, avec lequel il est alors très lié. Après cette date, Foccart prend des cours pour devenir sous-officier de réserve. 1° juillet 1938 : Foccart est nommé sergent de réserve.


1940 : Pierre Fourcaud, ex-membre de la Cagoule, est un des 6 fondateur du service secret gaullien, le BCRA [ou du moins son ancêtre à cette période]. Ce qui n’empêche pas Fourcaud de rester en lien avec ses amis cagoulards qui ont choisi Pétain. 17 juin 1940 : De Gaulle s’envole pour Londres après avoir été quelques jours plus tôt nommé sous-secrétaire d’état à la Défense, où il a cherché par tous les moyens à résister à l’invasion. La veille, Pétain a été nommé président du Conseil par le hara-kiri de l’assemblée. Août 1940 : Henri Tournet et Jacques Foccart se retrouvent à Tulles. Peu après, les deux montent à Paris (occupée depuis 3 mois) et s’installent avenue Kléber. Selon le commandant Clouet des Pesruches, Foccart décide dès cette date son entrée en résistance et commence à organiser une activité en ce sens. 1941, début : Foccart et Tournet, mandatés par la Société de transports Citroën (qui faute de pétrole utilise du charbon de bois) créent l’exploitation forestière « Tournet-Foccart » à Rânes (60 kilomètres d’Ambrières), près d’Argentan et rachètent un bois. Officiellement pour « survivre » et « résister aux allemands ». 17 janvier 1942 : transformation du « service de renseignements de la France libre » en BCRA (Bureau central de renseignements et d’action) dirigé par le colonel Passy pour de Gaulle, à Londres. Officieusement, cet organisme est chargé de l’installation au pouvoir en france du général après guerre. Les liens sont étroits entre le BCRA et le SOE britannique. Avril 1942 : Foccart devient agent du BCRA de Londres, d’après la commission d’enquête sur les activités du SA de 1981 25 octobre 1942 : Foccart et Tournet achètent au minotier d’Ambrières 100 ha de bois à Rânes, pour le compte de la maison Citroën. Novembre 1942 : à Rânes, Foccart et Tournet reçoivent la visite de Georges Desprez, qui travaille pour l’Organisation Todt (qui mobilise pendant la guerre 175.000 travailleurs français pour la construction du « mur de l’Atlantique ») ; les membres de l’OT étaient considérés par le régime nazi comme des militaires, ayant juré fidélité à Hitler, et portant des armes. Georges Desprez travaille donc dans la zone dite « OBL Normandie », ce qui signifie également qu’il est fiché par les services de renseignement nazis et étroitement surveillé. Georges Desprez qui vient passer des commandes de bois à Foccart et Tournet est associé à la firme allemande « Kunster & Sohn ». Il leur propose de s’associer à lui et de laisser tomber l’affaire avec Citroën. Desprez, déjà affilié à la Ligue française de Costantini, est le fondateur du parti nazi français (PNSF) pour la région de Saint-Malo et n’embauche que des collabos patentés. « L’OBL Normandie » installe à Rânes un bureau pour faire surveiller l’établissement « Tournet-Foccart », et embauche un habitant du village, F. Van Aerden comme interprète. Selon un rapport de 1953 du Srpj de Rouen, Van Aerden s’aperçoit rapidement d’un trafic douteux entre officiers nazi et Foccart-Tournet. Une enquête s’ouvre de la part des nazis qui surveillent de très près la comptabilité de l’établissement Tournet-Foccart. 20 août 1943 : Tournet et Foccart arrêtés par les nazis pour « sabotage et activités anti-allemandes » d’après Tournet ; en fait ils sont soupçonné d’avoir avec des complices nazis escroqué l’organisation Todt. Desprez aussi est arrêté. Ils sont libérés par le versement d’1.000.000 FF, correspondant au détournement… 22 juillet 1943 : un incendie sur l’exploitation de bois Tournet-Foccart. 1 septembre 1943 : Foccart reprend du service (pour l’armée) comme « agent P2 » du réseau « Plan Tortue » ; certains hauts gradés remettent en cause cette « information ». Quoiqu’il en soit, à cette période, les nazis sont battus à Stalingrad, l’Afrique du nord est sous contrôle allié, l’Italie a capitulé, De Gaulle a gagné sa bataille contre Giraud 1944 : création de la DST, dirigé par Roger Wybot (ex-BCRA) 16 mai 1944 : le résistant « Binot », alias Foccart, est à Paris (pendant que tout un pan de son réseau « Plan Tortue » est démantelé par les nazi en Normandie) pour une affaire urgente : déclaré eu tribunal de commerce sa société « Safiex » (commission – importation - exportation), base de toute son activité professionnelle privée future. juillet 1944 : en juillet et août 1945, Foccart et Tournet servent sous l’uniforme américain, dans le 18° régiment d’infanterie de la 1° armée américaine. Le commandant Clouet des Pesruches, un FFL qui depuis Londres organisait des parachutages, est lui-même parachuté dans la région du Plan Tortue » où il rencontre Foccart. Il servira à Foccart de « sésame » pour entrer dans l’entourage du général De Gaulle. 3 août 1944 : à la Flèche dans la Sarthe, le commandant Clouet des Pesruches donne des décorations à Foccart (croix de guerre avec étoile d’argent, médaille de la résistance, etc.) ; 3 semaines plus tard, Foccart remplace Clouet des Pesruches comme délégué militaire de la 4° Région. 21 août 1944 : tout juste nommé délégué militaire de la 4° Région, Foccart se trouve à Ambrières (chez son grand-père) avec le contre-espionnage militaire américain de la région, et apprend que De gaulle va faire le jour même un discours à Laval à 40 bornes ; il décide de s’y rendre. Là De Gaulle reçoit en entretien les résistants de la région ; Foccart est parvenu à se positionner pour apparaître comme le chef de la résistance de 4 départements, ce qui est largement mytho…est également présent Michel Debré. 1 septembre 1944 : François Van Aerden est retrouvé mort, plusieurs balles dans le corps, dans une carrière. Il traduisait régulièrement les conversations de Foccart avec les nazis. 15 septembre 1944 : Foccart tue « accidentellement » Lhermitte, marchand de cycles. 1 octobre 1944 : Foccart est affecté à la Compagnie de service n°1 de la DGER (ancêtre du SDECE) Octobre 1944 : Foccart monte à Paris où il rejoint Clouet des Pesruches auprès de Jacques Chaban-DELMAS, alors jeune général de brigade chargé de la direction de la Mission de liaison et d’Inspection de l’armée, alors que le ministre des armées est Diethelm. C’est sous l’égide de Clouet des Pesruches et de Chaban-DELMAS (« Chaban » est le pseudonyme pris par Jaques DELMAS pendant sa


« résistance ») que Foccart et Tournet partent un jour avec quelques autres barbouzes épurateurs FFI et FFL, flinguer (motivation ?) un certain « soleil », un FTP. Ce dernier est finalement mort dans un « accident de voiture ». 6 novembre 1944 : l’ensemble des structures de renseignement extérieur est regroupé dans la DGSS (direction générale des services spéciaux). 1945 (environ) : Guy Georgy, qui a passé une bonne partie de sa carrière en Afrique avant de devenir directeur des Affaires africaines et malgaches vers 1975-1980, joue un rôle important dans la formation marxiste de Sékou Touré ; il est alors au cabinet de Robert Letourneau quand il reçoit un message de Conakry demandant de trouver une école syndicale pour Sékou Touré, un « évolué » employé à la CFAO ; Sékou Touré est envoyé à l’école de cadres du PCF de Gif-Sur-Yvette. Sékou Touré est alors très pro-français mais exigeait fermement l’égalité. 15 mars 1945 (environ) : La DGER, dirigée par Jacques Soustelle, organise la formation de commandos « SAARF » (commandos spéciaux, « Force spéciales Alliées de Reconnaissance » « Airborne »), dans 4 châteaux réservés dans la région parisienne (notamment celui de Gazeran près de Rambouillet) ; ces volontaires sont constitués de prisonniers de guerre évadés d’Allemagne et d’anciens chargés de mission du BCRA, qui doivent servir l’image de la France en participant à l’écrasement de l’Allemagne nazie. Foccart en est, mais il est dispensé de ce stage. Aussaresse y participe. 5 avril 1945 : la veille le colonel Viat, chef du service Action de la DGER, débarque au château de Gazeran pour prévenir les SAARF qu’ils partent le lendemain pour un entraînement pratique en Angleterre. Ils partent le 5 avril, rejoint au Bourget par Foccart, et de Michel Bongrand (futur publicitaire). S’ensuit une semaine d’entraînement intensif (maniement des armes, exercices physiques, cours de renseignement militaire). 17 au 20 avril 1945 : les officiers de la DGER et les anciens prisonniers de guerre des SAARF font un stage à « l’école d’entraînement au parachutisme » à Ringway, en Angleterre. Foccart en parachutiste. Aussaresse aussi. 25 avril 1945 : Foccart devient lieutenant-colonel des SAARF, qui se préparent à partir en Allemagne. Foccart lui ne partira qu’après la signature de l’armistice…Aussaresse y part avant. 26 avril 1945 : Foccart devient « chevalier de la légion d’honneur ». 16 mai 1945 : Foccart revient à Paris se mettre à la disposition de la DGER après un « faux départ » en commando vers l’Allemagne où l’armistice a été signée avant son départ. 1 juin 1945 : démobilisation officielle de Foccart. Foccart s’occupe de ses affaires : son exploitation de bois à Rânes et sa société Safiex, axée sur l‘import-export de produits antillais. Il est aussi affecté au ministère du ravitaillement, où il fait venir son ami Tournet. Foccart se rapproche du Directeur de cabinet De Gaulle, Gaston Palewski. Celui-ci et Chaban-Delmas demande à Foccart de se présenter comme gaulliste en Mayenne, mais il n’y tient pas beaucoup et laisse la tête de la liste à Soustelle (alors ministre de l’information) juillet 1945 : Henri Tournet séjourne plusieurs mois aux Etats-Unis, dans le cadre d’une « mission d’achat » pour le compte du « gouvernement » français. Il reviendra à plusieurs reprises. août 1945 : considéré comme mort, Aussaresse réapparaît à Londres après avoir été arrêté comme espion à Berlin par les bolcheviques. Il rejoint Foccart à Neuilly, avec lequel ils se chargent pour la postérité de la « liquidation » du Plan Tortue, à savoir le tri et la compilation des archives du réseau, le tri des vrais et faux résistants, etc.… Aussaresse commente : « en quelques mois, Foccart est devenu un héros respecté tant des gens du BCRA que des anglais et des américains [...] »… ; ce « respect » serait lié à la surprenante « forme » de Foccart lors de son « stage » en Angleterre, avec les SAARF, « prêt pour toutes les missions alors que ceux qui venaient de france [autres que Foccart] avaient plutôt tendance à vouloir se reposer » ; août 1945 : De Gaulle aux Etats-Unis à Washington où il rencontre Truman, lequel le « met en garde « contre le « péril rouge » ; ce à quoi De Gaulle aurait répondu qu’il s’agit d’immixtion dans les affaires de la france. 10 septembre 1945 : De Gaulle évoque l’idée d’un « bloc occidental » à un journaliste du Times. Moscou cesse de lui faire les yeux doux. Septembre 1945 : Aussaresse réintègre la DGER, où il poursuit son travail de « liquidateur », sous la houlette du colonel gaulliste Eon, en triant et en classant les membres de tous les anciens du service Action du BCRA ; il en interroge plus de 1.000 qui viennent à sa rencontre ; il leur fait remplir des questionnaires en leur demandant s’ils veulent poursuivre. 21 novembre 1945 : Pcf 26%, Ps 24%, MRP (De Gaulle) 23.5%. De Gaulle est nommé chef de gouvernement après tractations. Ministres : Tillon (Pcf, armement), Marcel Paul (Pcf, production industrielle), François Billoux (Pcf, Economie nationale), Maurice Thorez (ministre d’Etat en même temps que secrétaire général du Pcf), Edmond Michelet (MRP résistant catho anti-coco déporté à Dachau, armées), De Gaulle (défense, et chef du gouvernement provisoire). Michelet charge Paul Paillole, ex-chef du contreespionnage à Alger avant l’annexion des services français par les service anglais, de faire comprendre à De Gaulle et Foccart « le danger que représentent les activités de l’Urss en france », faisant allusion aux collusions avec le Pcf et l’Urss que le ministre catho soupçonne chez les deux (ce qui laisse entendre que quand Foccart rencontre De Gaulle en 1945, il joue un rôle dans les relations de celui-ci avec l’Urss, que Michelet qui le sait, l’estime plus influent que lui-même sur De Gaulle) 1946 : Foccart aux Etats-Unis pour y développer les activité de sa société personnelle, Safiex ; son ami Tournet, à nouveau associé, l’accompagne ; le DG de Safiex est Georges Flicourt, ancien radio du BCRA. 20 janvier 1946 : De Gaulle convoque ses ministres, se plaint du retour du « régime exclusif des partis », renonce à établir « une dictature [...] qui sans doute tournerait mal », décide donc de se retirer, demande à ses ministres de rester à leurs fonction jusqu’à l’arrivée de leurs successeurs. Thorez regardant De Gaulle s’éloigner : « voilà un départ qui ne manque pas de grandeur ! ».


Janvier 1946 : après le départ du général De Gaulle, le gaulliste Passy cède la place au socialiste Henri Ribière à la DG de la DGER. La boutique reste gaulliste dans sa structure : le colonel Pierre Fourcaud (ancien de la Cagoule qui rejoint les FFL dès juillet 1940) en reste le numéro 2 ; celui-ci décide de créer un service « Action » ; il choisi le commandant Fille-Lambie (alias Morlane) pour diriger le service Action, avec Aussaresse (l’homme de Foccart) comme adjoint. Morlane commence le recrutement de réservistes, « H.C. » et recruteurs à partir du fichier des anciens du BCRA établi par Aussaresse. Après le départ du général De Gaulle du pouvoir, « Paris » considère la question de l’éventualité d’une emprise bolchevique sur la france d’un autre œil que De Gaulle en août 1945 face à Truman ; Léon Blum est envoyé en mission par le gouvernement aux Etats-Unis pour passer un accord secret avec Truman, pour organiser une action conjointe et secrète contre le Pcf. Le Fbi, la branche « Intelligence » du département d’Etat (à Paris) et plusieurs responsables syndicaux montent alors des réseaux anti-communistes très impliqués dans les affaires politiques françaises. Janvier 1946 : en même temps que le service Action de la DGER, est créé le « 11° Choc », constitué de permanents militaires chargés de la formation des agents aux techniques des coups tordus (techniques de sabotage, maniement d’armes et d’explosifs, etc.). Les services américains (OSS) jouent un rôle important dans la création du volet « réservistes » du « 11° Choc » d’après Aussaresse, dans le cadre de la lutte contre la « subversion communiste » en Europe, et particulièrement en france. Septembre 1946 : création de l’embryon de « corps-franc » du Service Action de la DGER, qui s’installe dans le fort de Montlouis créé par Vauban. Ils sont dirigés par le lieutenant Rivière et par 6 officiers. Mais 6 mois après sa création, le 11° Choc ne correspond pas à ce que veut Morlane, qui fait appel à 4 mercenaires expérimentés des services Action, Marcel Chaumien, Raymond Bichelot, Pioche et Bob Maloubier. Ces barbouze vont inculquer « l’esprit Action » aux bidasses du 11° Choc. Novembre 1946 : Foccart avec les gaullistes préparant la fondation du RPF (Soustelle, Catroux, Malraux, Baumel, Bozel). 1946 : création du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) 1947 : la Cia reprend le contrôle des réseaux anticommunistes en france et refuse de collaborer avec les services français considérés comme « trop à gauche » 7 avril 1947 : lancement officiel du RPF par un discours gaullien à Strasbourg. Foccart s’occupe des réseaux de soutien gaullistes dans l’Union française, et c’est de là qu’il tirera l’essentiel de son influence dans le RPF. Il commence aussi à organiser toute une action occulte préparant le retour du général De Gaulle au pouvoir : noyautage de l’appareil d’Etat, déstabilisation de la 4° République, montage de réseaux « Renseignement et Action » via des anciens du BCRA et via ses propres sociétés (dont Safiex), mais aussi par l’infiltration et le retournement au profit du RPF du service Action du SDECE. Dès cette période, le Rpf se fait connaître comme opposé à la construction de lycées à Madagascar, « machines à faire des bacheliers » et réclame plus d’ateliers professionnels, réclame la violence d’Etat contre les « primitifs » indépendantistes, hurle au scandale quand une partie de ceux qui sont condamnés à mort sont graciés. Foccart est délégué du RPF pour les Antilles françaises. Debizet est adjoint de Ponchardier dans le SO du RPF. Ambroise Henry et Georges Lalanne, futurs membres du SAC, sont adhérent du RPF dès sa création et responsables départementaux de son SO. Mai 1947 : Aussaresse prend la direction du 11° Choc, structure d’entraînement du service Action de la DGER, au Fort Montlouis. Les 4 barbouzes venus insuffler la « flamme » gaullienne aux 400 hommes du bataillon sont renvoyés à leurs pénates. Parmi les missions « officieuses » mais régulières du 11° choc, aller faire le coup de poing dans les manifestations et meeting communistes, faire campagne et servir de service d’ordre au RPF dont le but avouer est de culbuter la 4° République. En effet, il existe de nombreuses passerelles entre le SO du RPF et le 11° Choc, notamment Pierre Lefranc et Jacques Foccart, même si ce SO est officiellement dirigé par Dominique Ponchardier. Septembre 1947 : bataille du gymnase Japy ; le SO du RPF intervient alors que le parti gaullien vient vomir sa réaction dans la ceinture rouge de la banlieue parisienne, ce qui est vécu comme une provocation par les masses de militants Pcf de la région. Alors que les orateurs, des gros bourges, ne veulent rien entendre aux mises en garde du SO, les boulons se mettent à pleuvoir du fond du gymnase Japy, et le SO du RPF (donc aussi les fachos du 11° Choc) doit se démerder pour sortir leurs patrons politiques de cette merde. Loin de s’en tenir là, le SO du RPF, mais aussi à travers lui le 11° Choc qui a été créé pour lutter contre la « subversion communiste », poursuit ses provocations pendant plus de 6 mois en banlieue parisienne, excellente occasion pour les milices de cette extrême-droite propre sur elle de tester la force de ses troupes sur l’ennemi de classe. Novembre 1947 : le 11° Choc (anonymement) est envoyé dans les houillères du nord pour briser les grèves sous couvert de l’anonymat. 1948 : le 11° Choc de Montlouis est traumatisé par la nomination à sa tête du commandant Godard (militaire de carrière, d’abord vichyste puis résistant), qui n’est pas un gaulliste. Aussaresse refuse de devenir l’adjoint de Godard. 26 avril 1948 : après plusieurs mois de provocation générant des combats entre ouvriers communistes et Miliciens-SO du RPF, ce dernier parvient lors d’un meeting à dominer « le terrain », et a désormais une bonne idée de sa force. 30 septembre 1948 : Foccart appelle à se battre « contre la concurrence du rhum et du sucre de Cuba et de la Jamaïque, ou contre les bananes de Californie » devant le conseil national du RPF. Accessoirement, Foccart fait aussi du lobbying pour ses amis des Antilles dont il a hérité de son père : propriétaires des plantations de banane, sucre et rhum… 1949 : Foccart est nommé délégué pour les Dom-Tom (il était seulement délégué pour les Antilles françaises jusqu’alors) au sein du RPF et au même titre responsable de la publication de la « Lettre de l’union française » (pendant 9 ans), à travers laquelle il va entretenir la « flamme gaulliste » dans l’empire. A cette époque, les colonies sont tenues par le MRP et la SFIO ; Foccart organise un véritable système mêlant service de renseignement et société secrète : enquête sur les opinions des administrateurs et fonctionnaires coloniaux, fichiers de renseignements, noyautage de milieux d’affaire français en Afrique, montages de faux établissements commerciaux chargés de renseignement, etc. On trouve là des personnalités politiques gaullistes, des barbouzes, des hommes d’affaires, etc. Foccart va aussi commencer à quadriller l’Afrique par des filiales de la Safiex. André Postel-Vinay (ex-résistant), qui a longtemps été DG de la Caisse Centrale de Coopération Economique (outil financier de la politique coloniale après-guerre et de la


politique néo-coloniale après les « indépendances ») explique que Foccart a « monté un système de financement du RPF à partir de comptoirs d’Afrique » (CFAO, SCOA, etc.) ; ce système a perduré et s’est même amplifié après les « indépendances »… 1949 : Foccart en voyage en Afrique, notamment au Sénégal, à Dakar , où il s’occupe de constituer ses réseaux ; à Dakar, son premier contact est un fonctionnaire du Trésor Brault qui approche, pour le compte de Foccart, Mahmoud Bourgi (importateur de textile alors leader de la communauté libanaise en Afrique, et 1° libanais naturalisé français suite à son attitude pendant la guerre) alors proche de Lamine Gueye et passage obligé de la vie politique au Sénégal. Albert et Robert Bourgi sont les fils de Mahmoud Bourgi. Pour affider Mahmoud Bourgi, Foccart sort alors sa casquette « Safiex » et ils « font des affaires ». Autre homme de Foccart au Sénégal : Georges Basse. Octobre 1949 : Foccart écrit au sous-préfet de Pointe-à-Pitre, Erignac, pour lui demander de faire la promotion de sa sœur, Marcelle de la Force, au sein de l’administration 1950 : « affaire des fuites », portant sur le rapport « ultra-secret » du chef d’Etat-major des armées sur la situation en Indochine ; cette affaire « porte en germe » selon certains, la destruction de la 4° République par De Gaulle. La Cia est de plus en plus méfiante à l’égard des services français suite à cet épisode. 1950 : trop exposé, le fort de Montlouis est abandonné par le service Action du Sdece au profit du nouveau centre école de Cercottes (« section 3 du service 29 »), au beau milieu d’une forêt ; s’y mêlent réservistes (tous anciens du BCRA) qui viennent y faire des stages réguliers, et des « gens d’active » du Sdece. Dès sa création, Foccart s’y rend fréquemment et fait parti des plus assidus petits soldats de Rambouillet. Entraînement au tir, saut en parachute, sport de combat, etc. On y discute aussi des derniers coups et des prochains en préparation ; on y apprend probablement les méthodes de torture. Aussaresse en prend très tôt la direction. Y défilent de nombreux ex-BCRA : Bichelot, Chaumien, Gildas, Lebeurrier, Mansion, Meudec, Bob Maloubier (très apprécié d’Aussaresse) pour les « permanents » Service Action du Sdece ; Roger Bellon (patron de la firme pharmaceutique qui porte son nom), Pierre Henneguier (DG de Simca ; pseudo Julien), Raymond Basset-Mary, Henri Guillermin (pseudos : « pacha », « pape 1 » ou « duchet Henri », ex-Ftp puis MUR), Jacques Robert (ami de Foccart et ancien du BCRA), Gorce-Franklin et Pierre Lefranc (SO du RPF) pour les réservistes « civils » du Service Action. 27 avril 1950 : Foccart dans la Lettre de l’Union française de cette date : « c’est encore en Union française que nos amis pourraient trouver plus commodément à servir », demandant à ses lecteurs de pourvoir des emplois aux partisans du RPF pour en accroître les réseaux (Foccart). Août 1950 : Foccart en stage 15 jours à Cercottes Août 1950 : inauguration d’une liaison Paris-NY-Antilles françaises ; Foccart est du voyage et en profite pour faire le tour de ses réseaux (Foccart – Rpf) pendant 1 mois. A son retour, il explique que le petit milieu des békés antillais est extrêmement inquiet de la situation en Indochine. Il transpose dans la « lettre de l’union française » le potin béké contre la SFIO qui « fête l’anniversaire d’Hô Chi Minh » en même temps qu’elle réduit le budget de l’armée. 25 janvier 1951 : dans la « Lettre de l’Union française », Foccart évoque le combat qui l’oppose avec le ministre des Dom-Tom, Mitterrand (président du conseil : René Pleven), sur le « terrain africain », d’où Mitterrand revient en faisant le constat qu’il n’est pas question « d’union française » mais « d’union gaulliste », allusion aux nombreux hauts fonctionnaires gaullistes qui gangrènent alors l’union française. Quelques jours après le voyage de Mitterrand, le gouverneur du Tchad De Mauduit (gaulliste foccartien) est rappelé. Août 1951 : Foccart en « stage » 21 jours à Cercottes 4 octobre 1951 : dans la « Lettre de l’Union Française », Foccart s’en prend à Boigny (qui sera plus tard un de ses proches), accusé d’avoir déclencher des « émeutes » en février 1950, et pour son ralliement au « triforcisme » (ralliement à l’Udsr) par lequel Boigny aurait obtenu l’abandon de poursuites judiciaires à son encontre, que Foccart et ses acolytes en Côte-d'Ivoire escomptent férocement. Foccart poursuit en se moquant de Boigny qui, menacé par l’action du RPF à l’assemblée nationale de perdre son immunité parlementaire, brandit des articles de l’Humanité (le traînant dans la boue après son ralliement à l’Udsr) et fait part à l’assemblée des récriminations des « démocrates » contre lui, pour prouver à tous ces députés qu’il n’est pas communiste…car c’est en fait de cela qu’il est accusé, plan Marshall oblige. Foccart estime que Boigny veut « échapper à son juste châtiment »… 1952 : Foccart devient conseiller de l’Union française par cooptation au titre de « Vice-Président de la Commission de la défense » et « Président de la Commission de la Politique Générale » ; ce qui lui confère accessoirement le statut parlementaire. Egalement nommé dans cette assemblée, aux côtés de Foccart, Roger Frey. Le RPF se divise avec une partie des députés qui s’intéressent de près à Pinay, alors président du conseil. Mars 1952 : Foccart entre au Conseil de Direction du RPF. Vers cette même période, les élections aux assemblées territoriales des PTOM ont été un grand succès pour le RPF, qui domine les colonies…le RPF s’appuie sur la « vieille et solide Afrique des groupements coutumiers » pour contrer les « évolués » plus à l’aise au sein de l’assemblée parmi les groupes SFIO, MRP ou PCF. Le Rpf se bat alors notamment contre la mise en place du suffrage universel dans les colonies. Août 1952 : Foccart en « stage » 6 jours à Cercottes 1952, fin : Foccart effectue un voyage en Indochine et en Inde (Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanon, comptoirs français) ; le RPF est le seul parti à soutenir avec acharnement la guerre en Indochine, alors que les « anciens d’Indo », qui constituent alors un groupe d’extrême-droite violemment anti-républicain sont très courtisés par les amis de Foccart. En Indochine, il rencontre des planteurs, qu’il dit « confiants » (dans une « Lettre de l’union française ») ; il évoque les progrès remarquables de la « pacification » dans les colonies d’Extrême-Orient françaises. Foccart conclu de son voyage : « n’hésitons pas à prendre modèle sur le Portugal qui a parlé à Mr Nehru un langage [...] en précisant une fois pour toutes que Lisbonne ne cédera qu’à la force brutalement déployée » 1953, début : Foccart estime que « l’union française est en péril » : « l’union française [...] doit rester ce qu’elle est, une puissance forte de 100.000.000 de SUJETS, et si la france devait perdre ses TOM [...] elle ne serait plus qu’une nation secondaire » ; Foccart est alors


le penseur du gaullisme colonial, au sein d’un RPF qui accueille des intérêts ultra-coloniaux, et qui couvre les agissements criminels de certains élus et représentants Rpf dans les colonies mêmes, notamment 5 ans plus tôt à Madagascar. mars 1953 : De Gaulle en Afrique ; voyage de 25 jours à bord d’un DC4 offert par Truman en 1945, préparé par Bonneval (rapports avec les militaires), Olivier Guichard (contacts avec l’administration coloniale) et Foccart (liens avec les réseaux Rpf et notables autochtones grassement gaullisés) ; étape à Conakry. Ce voyage est aussi une occasion de tester le rapport de force déjà peu à peu établi par Foccart sur place entre les différentes forces politiques, et le RPF : si en métropole, les journaux boycottent ce voyage de maréchal, sur place, le positionnement de l’administration coloniale (accueil officiel, réduit, en grande pompe, comme un chef d’Etat ? etc.) est plus délicat ; les grandes oreilles gaullistes n’ont cas recueillir les renseignements sur les comportements des différents intéressés. Foccart explique les intrigues claniques autochtones et administratives, les stratégies locales du Rpf, et gagne en audience auprès du général après ce voyage. Avril 1953 : au terme du voyage gaullien en Afrique, qui a eu peu d’écho en métropole (pour pas dire aucun), le Rpf continue à se déliter. Le fait que Foccart reste auprès du général dans cette « traversée du désert » accroît sensiblement son influence sur le vieux bidasse. Un mois après la mort de Staline, Foccart écrit dans la « Lettre de l’Union française » que « au moment où semblent [...] s’ouvrir de nouvelles perspectives internationales, la france doit s’interroger et interroger ses alliés » ; attitude de « bienveillance » à l’égard de l’Urss qui a de quoi surprendre, prise au premier degré. 1 juin 1953 : les caisses du Rpf sont vides, presque tout le personnel du parti est licencié. C’est la dernière réunion du conseil de direction du Rpf. 14 juillet 1953 : répression violente d’une manifestation organisée par le Pcf et la Cgt et 2000 manifestants nord-africain ; Foccart commente : « [...] Rien ou presque n’est fait pour ces millions de compatriotes que nous nous sommes donnés et dont il faut mesurer, à Gennevilliers ou à La Chapelle, l’état d’abandon. [...] » ; quel changement de discours… ! 15 octobre 1953 : Foccart est toujours conseiller de l’Union française. Voyage de Foccart et De Gaulle dans quelques marches de l’empire ; Foccart nommé secrétaire général adjoint du Rpf. Alors que les activités du RPF cessent, le SO du RPF reste groupé et commence à former l’embryon du SAC. 26 novembre 1953 : Foccart est élevé au grade d’officier. Juin 1954 : lors d’une réunion de la Commission administrative du RPF, présidée par De Gaulle, celui-ci déclare : « [...] il y a une vaste opération nationale, [...] centrée sur moi. Ici, nous nous comprenons. [...] Cette opération, le jour venu, je la réaliserai [...] Ce que nous voulons, c’est d’abord la culbute du régime et son remplacement par le nôtre, c'est-à-dire par un régime De Gaulle. Il s’agit bien là d’une opération révolutionnaire [...] au sens véritable du mot. [...] Mais il y faut une occasion ; et cette occasion approche très vite, je le crois. Ceux qui n’y comprennent rien aujourd’hui seront demain les plus portés à cette opération [...] ». 16 septembre 1954 : Foccart secrétaire général du RPF, alors que De Gaulle met fin aux activités de celui-ci et ne conserve autour de lui qu’un petit carré. Le lobby antillais et africain de la banane (Marcel Fabre, Dorn ; il est question d’une « distillerie » de rhum appartenant à Foccart ou dans laquelle celui-ci aurait des intérêts), un des plus fidèle soutien du général De Gaulle finance des travaux d’aménagement de l’immeuble du RPF rue Solférino par un emprunt du RPF à ceux-ci. Plus tard les békés « planteurs » de Guadeloupe et de Martinique obtiendront 2/3 des marchés de la banane en France (le dernier 1/3 pour la Côte-d'Ivoire et les amis de Boigny). 24 septembre 1954 : Foccart comparaît devant la justice dans l’affaire Van Aerden. 1955 : Aussaresse quitte la direction de « l’école » de Cercottes. Dès cette période, le Service Action est mobilisé non seulement contre la « menace rouge » mais aussi contre le FLN. Le Service Action tue ou fait tuer les chefs de la résistance algérienne et tous ceux qui les aident, notamment des marchands d’armes. Avril 1955 : Foccart commente la Conférence de Bandoeng dans la « lettre de l’union française » : « Il y a plusieurs manières d’accéder à l’indépendance : l’une d’elle est l’accession à une communauté libre et indépendante, et c’est la route choisie par la france [pour ses colonies] depuis Brazzaville » Juin 1955 : Foccart en Indochine, Nouvelle-Calédonie, Océanie et Antilles françaises. 1956 : le chef du service Action du Sdece, Morlane, demande sa retraite. La direction du service Action est confiée à son adjoint, le lieutenant-colonel Roussillat (commandant d’escadrille de Persan-Beaumont, base de départ des coups tordus, réservé aux services spéciaux en principe). Lors de ce départ, les gaullistes, Foccart en tête, mènent une bataille féroce pour s’emparer du Service Action. Foccart veut placer à la tête du service Action le patron Henneguier, Marcel Chaumien et René Cailleaud (fonctionnaire civil du Sdece). C’est Chaban-Delmas (alors ministre d’Etat dans le gouvernement Guy Mollet) qui se charge d’exercer les pressions gaullistes pour y parvenir, mais le successeur désigné par Morlane, Roussillat, l’emporte. Sauf que celui-ci est « pris en main » de manière « peu orthodoxe » par ses troupes (toujours intégralement gaullistes). Le service Action du Sdece comprend alors 150 officiers, 450 sousofficiers et hommes de troupes sévèrement sélectionnés à Montlouis, auxquels s’ajoute un fichier de 7.800 réservistes fichés, prêts à partir dans la clandestinité à la demande. L’idéologie est la préparation à la lutte contre une « invasion rouge » et la lutte contre les « terroristes » du FLN. Des cellules et centres d’entraînement existent dans tous les départements. Une « war-room » comprenant un représentant de Matignon et un représentant de l’Elysée fixe les actions (notamment les meurtres) à partir de plan d’action qui lui sont soumis par un « brain-trust » où figurent le chef du Service Action (SA), le patron de la « Piscine » et un représentant du ministre de la Défense. Les décisions du war-room sont répercutées au niveau d’un comité dirigé par le chef d’Etat-major des armées (en l’occurrence Challes) et composé du DG du Sdece, du chef du service 7, du chef du contre-espionnage, du chef du SA et de son adjoint. Ceci pour la structure officielle. Mais en parallèle, se constitue depuis plusieurs années un « clan Foccart » qui exerce une forte influence. Roussillat doit ainsi demander l’aval et recueillir les doléances d’un « conseil de gérance » composé des plus anciens du service, à savoir des ex-BCRA : Foccart, Jacques Robert, Lefranc, Henneguier, Gorce-Franklin et Jacquier, qui à eux seuls forment une fédération syndicale de mercenaires, avec chacun sa clientèle au sein du SA. Les pressions gaullistes se font notamment via « l’Amicale Action », un repère gaulliste.


8 au 18 septembre 1956 : Foccart et De Gaulle dans les colonies. Avril 1956 : réaction de Foccart à la dissolution du Kominform : « Il n’est pas évident que cette dissolution soit pour les occidentaux un événement entièrement positif. Ce qu’elle manifeste c’est la volonté de la ‘’nouvelle direction collective’’ de mettre fin à la guerre froide selon les méthodes staliniennes » [sous entendu : ce n’est pas positif pour la France, car cela laisse les mains libres aux Etats-Unis pour agir en matière dé-coloniale ?] Novembre 1956 : Foccart sur la crise de Suez : « La preuve est faite qu’il est à peu près impossible dans les circonstances présentes d’avoir une politique étrangère autonome [...] Tant que la France [...] n’aura pas la bombe atomique, elle apparaîtra comme [...] un satellite ». Au même moment, Pierre Guillaumat, agent des services français et ancien du BCRA s’active pour exhausser se vœu, mais sous l’impulsion de la 4° république. 1957 : les liens entre membres du SO du RPF qui s’étaient desserrés depuis 1954 sont réveillés, préfigurant la création du SAC. 16 janvier 1957 : en Algérie, Philippe Castille (ancien du 11° de Choc) tire au Bazooka sur le commandant Rodier, qui meurt sur le coup. Selon les versions des divers intéressés, il visait Raoul Salan (SFIO Franc-maçon), alors absent et qu’il aurait confondu avec Rodier. L’attentat aurait été commandité par Cogny (général gaulliste) et Debré (parmi 4 autres personnes), pour la prise du pouvoir à Alger par Cogny, le renversement de la 4° république, l’appel au Général De Gaulle au pouvoir et le maintien de l’Algérie française. Castille aurait été choisi par Kovacs, aventurier-comploteur proche de Mauricheau-Beaupré. 10 au 20 mars 1957 : De Gaulle et Foccart montent à bord du DC4 pour le 4° « périple » du général dans l’empire, en l’occurrence le Sahara, son pétrole, ses mines, etc. avril 1957 : Foccart en « stage » 13 jours à Cercottes 4 avril 1957 : dans la « lettre de l’union française » : « Jacques Foccart étant retenu hors de Paris par une période militaire, nos lecteurs nous excuserons [...] » ; Foccart est à Cercottes près d’Orléans, où se trouve le centre-école du service Action du Sdece, où on apprend à tuer, voler, commettre les coups les plus tordus. Foccart vient là régulièrement et est le patron des lieux. 10 mars 1958 : Foccart prépare le retour au pouvoir du général par un voyage en Afrique, suivi de l’Extrême-Orient, Mai 1958 : Roger Delpey, un barbouze du SA, attend le message « le jambon est bon », qui doit lui être transmis sur ordre de Foccart, pour déclencher avec ses hommes la prise d’assaut de la préfecture de Versailles. Il en est de même de nombreux réseaux à travers la France. A Cercottes, Lefranc et Foccart ont créé une cellule clandestine. Roger Muelle, un des barbouzes du SA, a pour mission de prendre contact avec le général Michel (Toulouse) et le général Descours (Lyon). Le SA assure aussi la sécurité du général De Gaulle. Des 100aines de réservistes du SA se retrouvent à Cercottes ; le général Grossin, alors DG de la « piscine », qui revient tout juste d’une « mission » aux Etats-Unis, « apprend » qu’un complot s’y trame contre lui, et mobilise le SA pour « protéger » les lieux sensibles de la république…Jules Moche, le ministre de l’intérieur, demande la liste des réservistes du SA. Dès le lendemain, les parlementaires de la 4° république, sous la menace d’une guerre civile et d’un coup d’Etat sanglant, entrent en tractation avec De Gaulle…de son côté, le chef de la DST Wybot est totalement mouillé, puisqu’il est chargé de « l’opération Cid » qui a pour objectif d’arrêter son patron, le ministre de l’intérieur Jules Moch, de prendre possession de la place Beauvau, avec l’aide d’un barbouze du SA, Roger Bellon (patron d’un labo pharmaceutique) 13 mai 1958 : Fourcaud explique que « Foccart est l’homme clé des complots du 13 mai [...] il nous [Etat-major, général Massu et cabinet du président du conseil] a pris de vitesse. Nous n’avons pas eu le temps de négocier le sort de l’Algérie » ; en effet le retour du général De Gaulle a été précédé d’intrigues, de conspirations de salon et de véritables complots. Manifestations de l’Armée (Salan, Massu) et des colons français contre l’investiture de Pflimlin, connu pour ses positions pro-indépendantistes sur l’Algérie. La coordination de cet « activisme » militaire est inspirée par Foccart via ses réseaux dans les colonies, à l’assemblée, et au SA. Foccart reconnaît lui-même être alors le « chef d’orchestre ». Il s’occupe des relations avec les militaires, alors que Guichard s’occupe des relations avec les civils. Il faut aussi évoquer les noms de Chaban-Delmas, Michel Debré, Soustelle, Lefranc. Ce même jour, Foccart entre en liaison avec Roussillat qu’il manipule au sujet de la crise en Algérie. Roussillat engage alors à fond le SA, croyant se battre contre les indépendantistes algériens et contre les cocos (formatage oblige), mais qui est en fait manipulé pour la prise du pouvoir par De Gaulle : effectivement, la « mission 48 », qui désigne les réseaux destinés à lutter contre une éventuelle « invasion rouge », a fourni la structure des cellules implantées prêtes à user de la violence pour amener De gaulle au pouvoir par un coup d’Etat. Les barbouzes du SA en voudront longtemps à Roussillat. 16 mai 1958 : De Gaulle se déclare « prêt à assumer les pouvoirs » à la demande (orchestrée par Foccart) du « comité du salut public » des généraux français en Algérie ; Salan fait alors acclamer son nom par la foule (colons pieds-noirs ; en fait, cette acclamation aurait été commandité par Foccart via le colonel Néry et le gaulliste Léon Delbecque). Les deux chambres votent l’état d’urgence (Guichard) ; le même jour, Henri Tournet (ami intime de Foccart) prend contact avec le colonel américain Sternberg (alors patron de la mission américaine en France et vieux pote de Tournet et Foccart depuis août 1944 ; Tournet est toujours resté en contact avec Sternberg depuis cette époque…), qui transmet à l’ambassadeur américain en france, qui transmet à Washington : le message évoque la « certitude » du retour au pouvoir du général De Gaulle, soit à la suite d’un coup d’état feutré, soit à la suite de « troubles graves » ; à destination des médias américains : 80% de l’armée soutient ce coup d’Etat et le peuple est enthousiaste, sauf les leaders syndicalistes, mais les syndiqués sont « neutres », De Gaulle n’est pas Franco, il veut une « démocratie forte comme les Etats-Unis » ; sur le plan géopolitique, il veut rester dans l’Otan sans en être le jouet, veut la construction européenne mais quand la france sera en position de force, pour l’Algérie il faut prendre en compte « la personnalité des musulmans » part une « certaine autonomie », aucune volonté de reconquérir Maroc et Tunisie, se croit capable de convaincre l’armée de la nécessité de « sauver ce qui peut l’être » des intérêts français plutôt que de sombrer dans une guerre totale. Si le pouvoir n’est pas pris par la force, les ministres pourraient être Monnet ou Mendès-France, que De Gaulle n’aime pas mais il est prêt à faire un effort… 19 mai 1958 : après un passage de Foccart à Colombey, De Gaulle explique lors d’une conférence de presse comment il peut éviter de revenir par un coup d’Etat sanglant : il peut assumer le pouvoir s’il en reçoit « délégation au terme d’une procédure exceptionnelle » ; à bon entendeur…


20 mai 1958 : offusqué par les déclarations transparentes du général De Gaulle la veille, l’Assemblée confirme les pleins pouvoirs à Pflimlin. 21 mai 1958 : Tournet appelle l’ambassade américaine pour établir un contact informel avec De Gaulle. Il demande que cette prise de contact reste secrète. Il revient sur la question algérienne en parlant cette fois d’une « autonomie considérable [...] et accepterait même l’indépendance de l’Algérie [...]. Ce qu’il cherche à faire, cependant, c’est d’amener les pays d’Afrique du nord à une association avec la france, impliquant des liens plus étroits entre la france et l’Algérie ». les échanges suivant entre les émissaires du général De Gaulle et le régime américain ne sont pas déclassés. 24 mai 1958 : Ignace Mantéi, qui dirige l’unité du 11° Choc de Calvi, reçoit l’ordre de Foccart de s’emparer du pouvoir en Corse ; la préfecture d’Ajaccio est effectivement prise. 27 mai 1958 : De gaulle annonce qu’il a entamé le « processus régulier nécessaire à l’établissement d’un gouvernement républicain » ; des émissaires politiques défilent dans le bled du général, à Colombey. 28 mai 1958 : Washington demande des détails plus précis sur Foccart et Tournet. Pflimlin démissionne, alors que tout le monde redoute un débarquement de paras depuis Alger. Après des questions protocolaires, les présidents des deux assemblées arrivent respectivement dans les voitures de Guichard et de Foccart à un rendez-vous avec De Gaulle. Celui-ci refuse d’affronter les débats autour de son investiture à l’assemblée ; Le Troquer lui répond : « Je vous connais bien depuis Alger ! Vous avez l’âme d’un dictateur ! ». 29 mai 1958 : Tournet dévoile intégralement les activités de Foccart et de lui-même dans l’entourage du général De Gaulle à Washington ; dans son télégramme, il fait allusion à ses séjours aux Etats-Unis depuis juillet 1945 et celui de Foccart en 1946. Tournet évoque aussi le fait qu’il a représenté la société Caltex en Libye… rené Coty demande à l’assemblée de voter l’investiture du général de gaulle. 2 juin 1958 : De Gaulle investi, avec les pleins pouvoirs, par 339 voix contre 224 : la 4° république est balayée, la 5° république est née ; pour sa constitution, on verra plus tard. Coup d’Etat de velours du général De Gaulle organisé par les réseaux Foccart. De Gaulle nomme Foccart « conseiller technique » à Matignon pour les « questions africaines ». Foccart considère également dès lors la Guadeloupe comme son pré carré personnel. Quant au membres du SAC, qui s’adresse à De Gaulle pour les reconduire dans leur rôle de « service d’ordre » de la mouvance gaulliste, De Gaulle leur répond : « je fais confiance à l’armée civique qui me soutient ». 5 juin : De Gaulle fait voter la procédure de refonte des relations France – PTOM dans le cadre de la préparation de la nouvelle constitution. 26 juin 1958 : le nouveau ministre des Armées, Pierre Guillaumat, adresse aux agents du SA un « témoignage de satisfaction » officiel pour ses actions militaires contre la 4° République… 13 juillet 1958 : De Gaulle « [...] Nous allons vers une vaste et libre communauté [...] sur le mode fédéral » ; le choix d’une communauté fédérale (un centre rassemblant toutes les sous-unités coloniales, c'est-à-dire les « pays »), et non confédéral (une communauté rassemblant plusieurs fédérations de « pays », comme l’Aef et l’Aof) est sans doute inspiré par Foccart ; l’enjeu repose sur le fait que l’Aof et l’Aef, qu’il est donc question de dissoudre, ont été constitués dans le but de répartir au sein de chacune de ses fédération de « colonies » des ressources inégalement réparties entre les différentes zones de ces fédérations ; en cassant ce système, dans une optique néo-coloniale, la france : 1°) joue les égoïsmes, en encourageant les Etats les plus riches comme la Côted'Ivoire et le Gabon à se désolidariser des autres colonies de leur fédération ; 2°) s’assure de la fidélité et de la dépendance des colonies les plus pauvres, incapable d’assurer leur autosubsistance sans un recours à la métropole ; 3°) évite de disperser ses forces (militaires, économiques, barbouzardes) en concentrant prioritairement son effort de transition néo-coloniale sur les territoires les plus stratégiques (économiquement, militairement, etc.) ; 4°) accroît la virulence de l’arbitraire de découpages territoriaux, qui purement abstraits et administratif, pesant peu dans la phase coloniale, prennent une toute autre dimension dans une logique « nationale », parce que les découpages fédéraux plus larges froissaient moins les conservatismes ethniques que les frontières réduites à leur échelle sub-fédérale, multipliant les découpage de communautés de part et d’autre d’une frontière et mettant face à face des communautés jusqu’alors libres de s’éviter mutuellement. On ne s’étonnera pas de trouver en Boigny pour la Côte-d'Ivoire et en Léon M’ba pour le Gabon les zélés et si prévisibles défenseurs de cette politique foccartienne de balkanisation de l’Afrique. Juillet 1958 : à partir de l’arrivée du général de Gaulle au pouvoir jusqu’en 1962, Foccart aura des contacts fréquents avec le général Tcheredeiev, membre du GRU (services secrets de l’Armée rouge) en poste à l’ambassade d’Urss à Paris. 20 au 27 août 1958 : tout est fait pour éviter les fausses notes lors du voyage gaullien en Afrique, sous haute surveillance internationale : la presse est mise sous surveillance, des numéros de « l’Express », de « France-Observateur », de « Fraternité française » sont saisis. Un texte du parti africain de l’indépendance (PAI) est interdit d’antenne ; les journalistes sont tous au pas ; à l’inverse la presse coloniale et du RPF en Afrique sub-saharienne française ne tarit pas d’éloges et de flatulences orgasmiques pour chanter les louange du dieu « Ngol ». ainsi, plus la presse est liée aux intérêts coloniaux, plus elle se fait le relais de son voyage. 25 août 1958 : lors de l’étape en guinée, les visites protocolaires commencent par un recueillement devant le monument aux morts [tirailleurs guinéens probablement ?] au milieu de la foule 1959 : création du SAC par Foccart, Sanguinetti et Frey, pour assurer la liaison entre partis gaullistes, UNR, puis UDR, UJP. La direction du SAC est confiée à Debizet par les « instances du mouvement » 1959 (à partir de) : tous les mercredis, Foccart reçoit le général Grossin, pour lui transmettre les consignes pour l’Afrique. Il lui demande de faire montre de la plus extrême vigilance contre toute « infiltration » des bolcheviques ou autres groupes de gauche, ou des anglo-saxons dans le pré carré. L’ensemble du dispositif de renseignement en Afrique est adapté à cette exigence. L’officier du Sdece Maurice Robert en poste à Dakar est appelé à paris pour planifier la mise en œuvre de « PLR » (postes de liaison et de renseignement) dans les pays de la « communauté française ». l’assistance technique en matière de renseignement fournie aux


jeunes états servira de base de contrôle de la décolonisation afin qu’elle ne se fasse pas au détriment des intérêts français ; dans le même temps, c’es réseaux d’ancien « résistants » le mettent au courant des moindres soubresauts du continent Afrique. 1959, début : Foccart avec l’aval du général décide de « punir » Sékou Touré, présenté comme un dangereux communiste doublé d’un mythomane. Le « plan Alby » est lancé à partir de Dakar (date ?) où de nombreux leaders politiques et syndicaux guinéens se sont réfugiés pour fuir le régime policier de Touré. Des opposants guinéens viennent même exposer leurs doléances à Pierre Messmer, haut commissaire de la france ; le milieu guinéen est d’abord pénétré et manipulé par 3 agents du Sdece descendus spécialement de Paris et par une 10aine d’H.C. recrutés par les soins de Maurice Robert, chef de poste au Sénégal. Le Sdece (« la piscine ») inonde également la Guinée de faux billets de banque, faisant perdre toute valeur au franc guinéen ; Foccart poursuit la manœuvre en faisant en sorte de mettre sur pied une organisation subversive, dont les responsables politiques sont conseillés, les cadres militaires instruits, le matériel militaire fournit par le SA du Sdece. Les hommes de Roussillat totalement investis dans la lutte anti-FLN ne sont pas disponibles, c’est donc le 11° choc, bras armé permanent du SA, qui est utilisé pour cette mission. Ce premier complot est éventé par un des officiers, fervent catholique, se confesse de ses scrupules à tuer un homme à un père dominicain de Dakar, lequel prévient un haut fonctionnaire (ancien déporté et conseiller diplomatique du haut commissariat) ; celui-ci transmet le message au ministre des Affaires Etrangères Couve de Murville, via un chargé de mission du Quai d’Orsay, le ministre demande des explications, le bruit parvient aux oreilles de Robert Buron (ministre des TP et ancien ministre de la FOM), qui alerte ses amis politiques. L’’opération est finalement remise à plus tard. Le haut fonctionnaire responsable volontaire de la fuite est rappelé… 20 février 1959 : Foccart devient secrétaire général de la Communauté française. juin 1959 : les pays sub-sahariens qui n’ont pas le bonheur d’avoir pu prendre leur indépendance voient mettre au pas économiquement sans pouvoir s’y opposer légalement : union monétaire, libre convertibilité, réglementation commune des changes, pool commun des devises ; ce qui permet à la france de se servir dans leur matières premières sans subir les aléas des fluctuations monétaires. La zone CFA favorise aussi les sociétés commerciales et investisseurs français par rapport aux américains et autres. 3 juillet 1959 : 3 mois ½ après ses prises de fonction au secrétariat général de la Communauté française, Foccart créé une 2° société qui vient s’ajouter à la Safiex, « Omnium National de Représentation » (ONR) avec pour objet « directement ou indirectement, dans les DPTOM de la Communauté française et dans les pays étrangers, toute opération d’importation-exportation, de commission, de transit et de représentation » 1959, fin : quelques mois après l’échec de la première tentative de déstabilisation de la Guinée par le Sdece, une nouvelle tentative est faite, cette fois en faisant tout pour provoquer un soulèvement en Guinée ; cette fois le SA du Sdece a délégué un as du 11° Choc pour mener et instruire les hommes chargés de déstabiliser la Guinée : à Conakry même, le capitaine Boureau-Mitrecey, ancien du contreespionnage à Tanger, doit assurer la liaison avec les opposants de l’intérieur du pays ; d’Abidjan, Jacques Achard suit les préparatifs sur la frontière ivoiro-guinéenne. La base-arrière est installée à Dakar ; l’opération va commencer, mais une fois encore des fuites ruinent le projet. 1960 (années) : l’existence d’une cellule chargée du renseignement au sein de la société pétrolière Elf remonte à cette période ; cette cellule est créée par Guy Ponsaillé, ancien administrateur de la FOM et qui termine sa carrière comme directeur de cabinet de M’ba au Gabon. 1960 : le SAF (« Service Afrique ») du Sdece, que Foccart a chargé Maurice Robert de constituer à partir des réseaux préexistants, devient quasi-autonome ; il est dirigé par Maurice Robert, en liaison avec la piscine et le secrétaire général de la Communauté française, Foccart, les relations étant surtout étroites entre Robert et Foccart ; ce SAF compte environ 150 agents, dont ceux qui sont disséminés dans les colonies françaises, formant les « PLR » (poste de liaison et de renseignement). Robert créé une unité spéciale, la « base bison », installée dans l’enceinte des Invalides, et chargée d’entrer en contact avec les responsables africains de passage en france. La cible favorite de Foccart et Robert : les « rouges », dont on craint à Paris qu’ils ne coupent le france de ses intérêts en Afrique. Tous les opposants politiques et syndicaux sont à priori suspects et souvent traqués non seulement dans leur pays mais aussi en france. L’imbrication des services des néo-colonies françaises et les services français est telle qu’aucune évolution des régimes en place n’est possible ; les dictateurs sont bien installés, à leur corps défendant. 1960 : Paul Comiti et Henri Djouder, tous deux gardes du corps du général De Gaulle et à ce titre directement sous la coupe de Foccart (surtout après le Petit Clamart), deviennent président et vice président du SAC. 1960, printemps : Marcel Chaumien (alias Armand, ancien du BCRA), qui a monté son propre groupe au sein du SA du Sdece, avec la complicité d’Aussaresse. Dès cette période, il fait à la demande de Foccart une grande tournée en Afrique pour réactiver et mettre à jour les réseaux d’H.C. et ceux de Foccart (anciens du BCRA, FFI, Hommes d’Affaires). C’est « l’opération Jimbo » : chaque agent a pour nom de code Jim suivi par un n° (Jim 1, Jim 3, etc.) ; il y aura bientôt des Jim dans tous les pays d’Afrique. ; leurs courriers sont acheminés par des agents d’UTA et d’Air France recrutés comme H.C. Chaumien fait part à Foccart de l’insuffisance des moyens nécessaires pour écraser la révolte qui gronde parmi les Bamilékés au Cameroun ; averti Foccart parviendra au résultat que l’on sait… a la fin de l’année1960, l’Afrique est recouverte d’un maillage serré d’agents de Foccart et du Sdece. Parallèlement, dans les bureaux de Foccart à l’Elysée qui jouxtent ceux du général et dans les services foccartiens de l’hôtel de Noirmoutier rue de Grenelle, sous la supervision d’Alain Plantey (bientôt remplacé par un autre homme de confiance, René Journiac), quelques fonctionnaires rédigent des fiches sur les pays africains et leurs responsables. Ces renseignement forment des synthèses qui viennent compléter à la fois la connaissance, la mémoire et les informations plus confidentielles de Foccart. Fernand Wibaux (ancien ambassadeur, et relais de la Françafrique gaullienne en Afrique) parle à ce propos d’un véritable « ministère », plus efficace et intéressant pour un ambassadeur que le Quai d’Orsay, c'est-à-dire les Affaires Etrangères. Par ailleurs Foccart entretient dès lors des relations personnelles étroites avec certains chefs d’Etat africains. Ils lui demandent toutes sortes de service : une compagne, un collège réputé pour le rejeton, un diplôme pour le rejeton qui reste un cancre. Foccart invite la plupart d’entre eux à la Villa Charlotte (à Luzarches) ; concours de tir avec un Bokassa qui se prétend roi de la gâchette mais qui tire n’importe où au point de provoquer la colère des paysans alentours. Foccart va aussi rencontrer les dictateurs de sa françafrique à domicile, devenant l’ami intime de Boigny, de Bongo, de Senghor, d’Ahidjo et de Mobutu. Lors de longs entretiens, Foccart leur livre des informations que leurs propres services de renseignements ne sauraient leur fournir, soit à l’autre bout du monde, soit sur leur propre pays ou les néocolonies frontalières. Un autre collaborateur de Foccart à l’Hôtel de Noirmoutier, Jean Mauricheau-Beaupré (ex-rédacteur du « Courrier de la Colère », journal qu’utilisa Michel Debré pour déstabiliser la 4° république ; ancien journaliste à Paris-match, admirateur du général, résistant du réseau « Alliance », ex-membre de


la Piscine, fils d’un conservateur du Château de Versailles, ami des groupuscules d’extrême-droite) ; Mauricheau-Beaupré est plus fréquemment en train de « palabrer » aux quatre coins de l’Afrique qu’à l’Hôtel de Noirmoutier. Il devient à cette période le conseiller de Fulbert Youlou, qu’il convainc de nouer des relations avec le Portugal de Salazar et les afrikaners contre les bolcheviques. Dans les valises de Mauricheau-Beaupré, l’homme d’affaire Saar-Demichel (il a financé le « courrier de la colère ») que lui a présenté Foccart : en quelques mois, Saar-Demichel fait main basse sur toute l’économie du Congo et devient le « conseiller technique » de Youlou ; il achemine au Congo les patrons par avions entiers et distribue beaucoup d’argent aux hommes politiques dociles. Février 1960 : soit qu’il cherche à précéder les forces centrifuges qui poussent les pays de communauté vers « l’indépendance », soit que celle-ci soit de fait planifiée avec la complicité des élites pro-françaises, De Gaulle veut faire en sorte que cette « décolonisation » formelle maintienne au maximum les intérêts français ; il fait placer à cet effet Foccart à cette date comme secrétaire général de la Communauté française. 16 mars 1960 : une instruction fixe les attribution de Foccart en tant que secrétaire général de la Communauté française : « assure les rapports personnels du président avec les chefs d’Etat et de gouvernement, tient le président informé de l’évolution politique des Etats africains et malgaches, [...] de leurs rapports réciproques et avec l’Etat français, ainsi que des problèmes de politique générale de la Communauté, notamment en matière de défense, relations extérieures et politique économique et financière. Il transmet aux autorités concernées les DIRECTIVES et ‘’communications’’ du président ainsi que les conclusions des travaux des organes centraux de la communauté ». Parallèlement, les affaires commerciales de Foccart continuent. Avril 1960 : l’opération de déstabilisation contre la Guinée initialement planifiée par le Sdece fin 1959 et ajournée est relancée, mais elle se « télescope » avec un autre complot intérieur. Et Sékou Touré découvre de cette façon la machination française. Apparemment, Foccart qui contrôlait directement certains réseaux intérieurs en Guinée, craint qu’ils ne soient démantelés, et décide de poser une date fixe pour « l’insurrection », or à cette date, les armes sont à peine parvenues aux frontières du Sénégal et de la Côte-d'Ivoire avec la Guinée, les « insurgés » n’en dispose que de très peu, alors même qu’ils sont peu nombreux. Immédiatement après, Sékou Touré fit appel à des techniciens russes et tchèques pour renforcer l’armée, et il y eut de nombreuses arrestations. Sékou Touré accuse la france et fait inculper pierre Rossignol, pharmacien, pour complicité avec le Sdece. 14 juin 1960 : De Gaulle appelle les dirigeants de la résistance algérienne à des négociations. Elles échouent, mais les généraux français en Algérie sentent le vent « tourner ». 14 septembre 1960 : Salan attaque la politique algérienne du général De Gaulle. 22 septembre 1960 : Salan, après avoir été convoqué à paris, se voit interdire d’y retourner. Foccart, qui supervise avec Constantin Melnik la « piscine » dirigée par le général Grossin (général républicain et franc-maçon), apprend qu’il y a de l’agitation dans l’armée. 8 décembre 1960 : De Gaulle annonce la tenue d’un référendum sur l’autodétermination algérienne, puis se rend à Alger : de violentes manifestations font au moins 120 morts. 1961 : Maurice Robert, l’agent de Foccart pour le service Afrique (SAF), organise des stages de PLR (postes de liaison et de renseignement) pour les agents africains autochtones afin que ceux-ci deviennent de véritables petits toutous des services français. En rentrant dans leurs pays, ces agents créent des services qui sont la copie conforme du Sdece, comme le SDESC au Cameroun (Service de docume,ntation et d’études camerounais). Dans ces nouveaux services africains, on torture à tour de bras. Mais Foccart ne se repose pas uniquement sur le SAF pour tenir les néo-colonies, car le SAF peut être pénétré par des adversaires. Il continue donc à se servir de ses propres réseaux (RezoFoc), à savoir ses propres relations « d’affaire », les anciens du BCRA installés tôt ou tard en Afrique depuis la fin de la seconde guerre mondiale, des réservistes du SA du Sdece, et des fonctionnaires en exercice ; ce qui lui permet de vérifier par deux fois toute information. Mais surtout mener des opérations qui ne laissent aucune trace. 8 janvier 1961 : le référendum du général De Gaulle soutien sa politique algérienne à 75% en métropole, 69% en Algérie. Janvier 1961 : le directeur du SAC, Debizet, déclare qu’il n’approuve pas la politique algérienne du général et donne sa démission, sans pour autant se rallier (apparemment) à la future OAS : il part en Afrique, vraisemblablement au Tchad « sur une intervention de Christian Fouchet ». février 1961 : le général Salan et l’étudiant attardé Jean-jacques Susini créent l’OAS avec les « accords de Madrid » ; parmi les membres fondateurs, Jacques Achard (sous-préfet, alias « Willy »), général Challe, général Zeller, général Jouhaud ; l’OAS compte aussi de nombreux soutiens à la « Piscine ». la lutte contre l’OAS en Algérie est confiée à des barbouzes sous la direction de Michel Hacq, dans la « mission C » février 1961 : Fulbert Youlou, l’abbé dictateur du Congo, décerne à l’homme d’affaire Saar-Demichel le grade d’officier du « dévouement congolais »…Mauricheau-Beaupré de son côté s’intéresse plus à ce qui se passe du côté du Congo-Blege, et de Léopoldville, où les combats font rage ; surtout, il louche sur les ressources de cette région. Or sur ce point, il rejoint les vues de Foccart, pour lequel l’élargissement du Pré Carré n’est pas une mauvaise idée. Pendant que Sékou Touré envoie des guinéens en renfort parmi les casques bleus au « Katanga », Fulbert Youlou et la france par son intermédiaire arme et finance Moïse Tschombé et Foccart envoie ses barbouzes. 24 mars 1961 : l’OAS fait poser une bombe à l’assemblée nationale. Mars 1961 : l’OAS tue le maire d’Evian par un attentat à l’explosif. 4 avril 1961 : l’OAS pose une bombe à la Bourse de Paris, 14 blessés. 21 avril 1961 : putsch d’Alger ; Foccart n’est pas surpris. Salan déclare sur les ondes que « [...] le commandement réserve ses droits pour étendre son action à la métropole [...] ». Lors de discussions en conclave sur les mesures de protection à envisager pour De Gaulle, il est question de l’évacuer vers Dakar en cas de débarquement de l’OAS sur Paris. Tous les aérodromes de france sont rendus impropres à la navigation aérienne, à l’exception de celui du Sdece, par lequel De Gaulle doit pouvoir être évacué. Roger Frey,


(ami de Foccart) est installé depuis peu au ministère de l’Intérieur. Des contacts secrets sont pris avec des syndicalistes (« de tous bords sauf la CGT ») et des militants « de gauche » (SFIO). RG, DST Sdece, deviennent inutilisable par Foccart en Algérie, car nombre de leurs agents partagent les vues des putschistes ; en revanche, la Sécurité Militaire dirigée par le général Charles Feuvrier (gaulliste de 1940), a créé la DMR (division des missions et recherches), spécialisée dans la surveillance politique de l’extrême-droite militaire pro-OAS. Foccart y envoie Marcel Chaumien, ex-réserviste du SA passé au « service 7 » du Sdece, et homme clé des réseaux Foccart, pour mesurer le loyalisme de la SM. Même l’entourage gaullien se fissure : Pierre Debizet, patron du SAC (qui a pris la suite du SO du RPF) quitte le mouvement, Claude Dumont (ancien du BCRA) rejoint l’OAS, Mauricheau-Beaupré, adjoint de Foccart pour les « problèmes africains », reste en contact avec l’OAS, lesquels contacts serviront ultérieurement à Foccart. Foccart recrute aussi des barbouzes, des hommes extérieurs aux services spéciaux : Pierre Lemarchand (avocat gaulliste) et sa femme, le gorille Dominique Ponchardier, Lucien Bitterlin, Jacques Dauer, Henri Guillermin (ex-réserviste du SA, fidèle de Foccart), Joël Le Tac (exréserviste du SA, fidèle de Foccart). Août 1961 : Marcel Chaumien mène avec la SM des enquêtes sur des pilotes civils soupçonnés d’assurer des liaisons pour l’OAS, sur l’absence de contrôle sur les allers et venues des yachts à Port-Vendres, sur les camps d’entraînement en Espagne entre Alicante et Carthagène, fait de l’infiltration dans l’OAS, recrute un truand lyonnais, Jean Augé, ex-résistant contre Barbie, chargé d’assassiner à Alger deux agents du Sdece pro-OAS. Durant l’été 1961, Foccart prend contact indirectement avec des militants FLN, notamment Locussol (communiste et FLN, kidnappé et interrogé par la DST), qu’il voit fréquemment. Ces contacts, connus du Sdece (qui luette alors aussi toujours contre le FLN) et de l’OAS, sont extrêmement mal perçus. Locussol sera éliminé par l’OAS. De son côté, Constantin Melnik se charge d’ouvrir une « 3° voie » entre OAS et FLN, le but étant de « décoloniser » en préservant le maximum d’intérêts français ; les instruments sont le SA et le FAAD (« Front Algérien d’Action Démocratique »), mouvement dissident du MNA de Messali Hadj depuis quelques mois, que Melnik veut mettre en position de force pour participer aux négociations : le SA (d’après sa version des faits) prend contact avec Khalifa Ben Amar, dirigeant du FAAD, qui en quelques mois porte des coups extrêmement sévères au FLN : 50 chefs de cellule du FLN d’Alger sont ainsi en peu de temps assassinés avec l’aide des colonels Mercier et Pelletier. Mais le FLN, en contact avec Foccart, fait savoir que dans ces conditions, il ne négociera pas. De Gaulle fait cesser les opérations lancées par Melnik. Le FAAD, laissé à lui-même, cherche secours auprès de l’OAS ; Foccart tire profit des relations maintenues entre Jean-Marie Lavanceau (agent de RG) et Khalifa Ben Amar (et d’autres agents du FAAD) pour infiltrer l’OAS (Salan sera arrêté par ce canal). 8 septembre 1961 : attentat contre De Gaulle sur la route de Colombey ; attribué à l’OAS, les accusés retournent l’accusation sur Foccart, qui aurait cherché à légitimer une politique de répression contre l’OAS et pour permettre à Foccart de prendre en charge le service de protection du général De Gaulle lui-même (ce qui a été le cas). Décembre 1961 : Foccart demande à Roussillat de « neutraliser » Godard, ex-commandant du 11° Choc, et alors chef OAS dans l’Algérois. Roussillat répond que les agents du SA refuseront. Foccart ne veut plus entendre parler du SA. Roussillat est bientôt muté à Dakar, et de nombreux officiers du SA envoyés sur des « théâtres d’opération » loin de Paris. 1962 : au lendemain de l’affaire Ben Barka, le SDECE (alors surnommé « deuxième bureau ») n’est plus subordonné au président du conseil mais au ministre de la défense. Roussillat quitte la tête du SA du Sdece. 2 janvier 1962 : assassinat à Alençon de Locussol, agent de Foccart, par un agent de l’OAS. 17 janvier 1962 : « nuit du plastic » à Paris, organisée par Castille (alors passé à l’OAS après s’être évadé ; OAS dont il était pourtant accusé d’avoir tenté d’éliminer le chef, Salan, en 1957) 14 avril 1962 : démission de Michel Debré, Georges Pompidou est nommé Premier ministre ; Valéry Giscard d’Estaing aux Finances, Roger Frey à l’Intérieur, Pierre Messmer à la Défense. départ de Constantin Melnik de Matignon ; la voie est libre pour Foccart pour réorganiser intégralement les services secrets français et se débarrasser de tous les agents et fonctionnaires issus de la 4° république. Foccart place Paul Jacquier (général d’aviation) à la DG du Sdece, mais en réalité, c’est Henri Jacquier (frère de Paul, colonel para, ancien du SA, intime de Foccart et de l’éminence grise de l’industrie pharmaceutique Roger Bellon, lui-même du SA) qui dirige le Sdece. Un homme de Foccart, le préfet Jacques Patault, un homme de Foccart, entre au cabinet de Pompidou ; il est le véritable patron de la Piscine ; dès son arrivée Patault tente d’utiliser le « service 7 » du Sdece (spécialisé dans l’ouverture de coffres, les casses dans les hôtels, l’obtention par tous les moyens de documents et de renseignements, alors dirigé par Leroy-Finville) pour mâter les syndicalistes, mais le « S7 » se montre peu enthousiaste ; Foccart lui envoie alors Chaumien pour le « convaincre ». Marcel Chaumien est surtout un personnage important du SAC, à la fois SO Gaulliste et Police parallèle. 20 avril 1962 : arrestation de Salan. Après cette arrestation, Foccart recycle une bonne partie des membres de l’OAS, notamment en les installant dans ses « réseaux Afrique ». d’autres seront pourchassés jusqu’à leur élimination. 1963 : Constantin Melnik ayant quitté Matignon, Foccart est seul à superviser les services français ; général Jacquier à la tête de la « piscine » (Sdece, remplace Grossin), colonel de Froment chef du SA, colonel Merglen chef de la 11° choc. Merglen obéit à Foccart, alors qu’il est supposé être le subordonné de Froment. Foccart demandera bientôt à Jacquier de se débarrasser de Froment à la première occasion, celui-ci s’opposant au court-circuitage de la chaîne de commandement opéré par Foccart. Février 1963 : André Rosfelder, agent de l’OAS, travaille à Rome pour la FAO… 1965 : Foccart dans une préface d’un livre de Maurice Ligot à la Documentation française justifie « l’aide » par le fait que « quels que soient les efforts qu’ils pouvaient accomplir par eux-mêmes, une aide venue de l’extérieure était indispensable [...] sous la pression des réalités, l’évolution fut plus rapide qu’il n’était prévu » [bluff !! C’est le bouclage de la mise en scène de la décolonisation et de la préparation de la néo-colonisation qui a été plus rapide que prévu !!] 2 février 1966 : Le « dangereux truand »Christian David après avoir tué le commissaire Galibert, est aidé dans sa fuite par « le Fetich’s Club, (Tintin) Tramini et les (Antoine) Guérini » (qui assurent la liaison entre le SAC et les personnalités gaullistes), et qui permettent à Christian David de fuir en Amérique Latine grâce à leur réseau de trafic de drogue (réseau Ricord).


1967 : Tiné, qui dirigeait le SAC pour la région parisienne, abandonne ce poste suite à des soupçons pesant sur lui à propos d’affaires « louches » 1967 : Henri Djouder, garde du corps du général De Gaulle, quitte la vice-présidence du SAC. Novembre 1967 : mort de M’ba au Gabon. Son directeur de cabinet Guy Ponsaillé revient en france, où Foccart le recommande à Pierre Guillaumat, alors Pdg d’Elf, qui l’engage dans la société. Ponsaillé créé une cellule de renseignement, et sert désormais de passerelle entre Elf-Erap et Foccart et ses réseaux. Ponsaillé fait souvent appel pour le recrutement du personnel de sa cellule à des agents du Sdece, lors de leur départ en retraite ou de mises en disponibilité. mai 1968 : Eyadema avec Foccart à la villa Charlotte ; sur le stand de tir, Eyadema reste stupéfait devant l’adresse au tir de Foccart. Mai 1968 : lors de la révolte de Mai 1968, le SAC recrute beaucoup, notamment dans les milieux étudiants d’extrême-droite (Occident entre autres). Face à l’agitation étudiante, Foccart « siffle » le rappel : il s’appuie sur Pasqua, alors vice-président du SAC, Georges Seigneuret, responsable du SAC pour la région parisienne, qui gère le bunker du 5 rue Solferino où sont entassés un nombre impressionnant d’armes, de grenades lacrymogènes, manches de pioches, barres de fer et casques. Debizet est aussi rappelé du Gabon et ramène Denard dans ses valises. La présence de Debizet ne plaît pas à Pasqua, mais elle permet de faire participer à l’action les anciens de l’OAS, pour lesquels on créé une structure ad hoc, les CDR (Comité de Défense de la République). A cette époque, parmi les équipe du SAC, celle de Rachid Bougouffa comporte des « noirs musulmans » et des kabyles et est en contact direct avec Foccart et le général de Bénouville. 10 mai 1968, nuit : les CDR et le SAC, déguisés en manifestants, sèment la panique et blessent gravement de nombreux militants de gauche en prenant par surprise d’assaut 60 barricades (367 blessé, 32 dans un état grave). Avec 5 fausses ambulances, les militants du SAC kidnappent des militants de gauche blessés et les « interrogent » dans les caves du local du 5 Rue Solférino. Pas de torture physique mais de l’action psychologique, car le SAC a reçu la consigne d’être extrêmement prudent en la matière. 30 mai 1968 : manifestation de la droite et de l’extrême-droite à Paris, à l’initiative des CDR et de certains députés de droite (dont Krieg). C’est le SAC qui est à la base de la création des CDR. 11 septembre 1968 : mort de Cogny dans un « accident » de la caravelle Ajaccio-Nice : Wybot de la DST parle d’un éventuel « missile perdu » français. 1968, automne : Pompidou devient « président d’honneur » du SAC. Pompidou réclame une « sérieuse épuration » du SAC. Foccart affirme cependant qu’il n’y a jamais eu de demande d’épuration par Pompidou lui-même. Pompidou craignait effectivement pour sa vie et était persuadé que les tentative d’atteinte à sa personne venaient du SAC. Le Général Guibaud est DG du Sdece. 1969 : Paul Comiti, garde du corps du général De Gaulle et à ce titre directement sous la coupe de quitte la présidence du SAC. 1969 : Debizet qui avait été écarté du SAC depuis « l’affaire de l’Algérie » y est rappelé comme secrétaire général, le président du SAC Comiti s’en va et n’est pas remplacé ; l’assemblée générale qui doit fixer le nouveau Bureau est « houleuse » ; en effet Tiné et Pasqua « émettent des réserves » à l’égard de Debizet qui est en fait l’homme de Foccart dans le SAC ; le parrainage des nouveaux venus et l’extrait de casier judiciaire deviennent obligatoire. Les rapport entre Debizet et Pasqua, qui avait pris la direction du SAC, ne sont pas excellentes. Foccart n’est officiellement que « membre honoraire » du SAC. Debizet, secrétaire général du SAC, est en contact étroit avec le directeur central des RG auquel il demande par des notes de faciliter la tâche aux gens du SAC. 28 avril 1969 : De gaulle démissionne de la présidence de la république. Poher assure l’intérim. 2 mai 1969 : le ministre des Affaires Etrangères du Nigeria rencontre son homologue français Debré et lui fait part des détail d’un trafic d’armes en provenance de Libreville et d’Abidjan vers le Biafra, orchestré par Foccart par l’intermédiaire de Mauricheau-Beaupré, et par le prince de Bourbon-Parme. Debré nie tout en bloc. Poher a aussi les oreilles qui chauffent parce qu’on ne cesse de toutes parts et à tous propos de lui parler de Foccart en termes peu élogieux. Alors que Poher est prêt à renvoyer Foccart, Couve de Murville tente de le contenir en lui disant que « l’équilibre de l’Afrique risque d’être menacé si Foccart s’en va ». Foccart l’apprend avant que la nouvelle lui soit officiellement annoncée, et commence à exfiltrer les dossiers les plus brûlants de ses bureaux parisien vers… l’ambassade du Gabon en France ! Poher le convoque dans l’après-midi et lui fait savoir qu’il est limogé. Le conseiller d’Etat Daniel Pépy est nommé à sa place. Boigny qui arrive de Genève est furieux et extrêmement inquiet ! « Il a limogé Foccart devant qui les ministres de la 5° République tremblaient, y compris Pompidou » se rappelle le sénateur Marcilhacy. En fait Foccart va continuer dans les jours qui suivent à donner des ordres aux fonctionnaires. Mai 1969 : article du canard enchaîné sur le système de financement du gaullisme à travers la « coopération » ; est évoqué le cas d’un ambassadeur africain demandant si dans le cadre de la poursuite de « l’aide au tiers-monde », son gouvernement doit continuer à rétrocéder une partie des sommes versées « aux services » représentant Foccart ; il est aussi question de l’installation par une « très importante firme de textile du nord de la france » d’une usine près de Niamey, pour laquelle l’industriel demande son aval à Foccart, qui l’accorde. On ne peut s’empêcher de penser que ce type d’autorisation doit faire l’objet d’arguments financiers…Péan a été informé pour sa part que le système de rétrofinancement du RPF pendant les années 60 via les « aides au développement » étaient en particulier assuré par Boigny (Côte-d'Ivoire, 1960 à 1993), M’ba (Gabon, 1961 à 1967), Ahidjo (Cameroun, 1960 à 1982) et Dacko (1960 à 1966, Centrafrique). 6 juin 1969 : Foccart dans une note envoyée au SAC : « les résultats du premier tour de l’élection présidentielle ont été extrêmement encourageants. [...] ils sont dus dans une large mesure au soutien actif que les militants [...] du SAC ont apporté à la candidature de Pompidou [...] je tiens donc à vous remercier [...] » 15 juin 1969 : Pompidou élu avec 58% ; il charge Chaban-Delmas de former un gouvernement. Durant la campagne, il a été constamment mis sous pression par Poher au sujet des « polices parallèles », sur lesquelles Poher a eu le temps de s’instruire pendant l’intérim. Pompidou a juré de lutter sans merci contre SAC (qui collent pourtant ses affiches) et compagnie. Il veut donc se débarrasser de Foccart, ou du moins installer Foccart à un poste qui ne concerne pas les services, du moins officiellement.


26 juin 1969 : après une lutte acharnée, Foccart est réintégré dans ses fonctions avec la précision qu’il ne s’occupera que de l’Afrique ; officiellement. Le même jour, alors qu’un communiste s’en prend à Foccart, Chaban-Delmas répond en notant le « crédit et l’amitié » des dictateurs françafricains à son égard, « pour le maintien entre la france et ces Etats qui nous sont très chers, de liens solides et très étroits, nécessaires à la fois pour eux et pour la france, et d’une manière générale pour l’humanité » ! Après l’élection de Pompidou, une partie du SAC rassemblée autour de Pasqua est partisane de l’autodissolution. Foccart lui n’est pas de cet avis. C’est à Foccart que Marcellin (ministre de l’Intérieur) et Pompidou confient la réorganisation du SAC, à la tête duquel Foccart place Debizet, au grand damne de nombreux gaullistes « purs et durs ». Debizet avait quitté le SAC à la fin de 1960 en désaccord avec la politique algérienne De gaulle et en faisant savoir aux autres membres de la milice que « le général finira dans les fossés de Vincennes » ; devenu sympathisant de l’OAS, il resta en fait d’une fidélité inconditionnelle à Foccart, qui en le plaçant à la tête du SAC, peut procéder à l’épuration voulue par Pompidou en évacuant du SAC tous les éléments qui ne peuvent supporter son homme. Juillet 1969 : dans son bulletin « Action Civique », le SAC annonce triomphalement que Foccart a été reconduit dans ses fonction de secrétaire général de la présidence pour la Communauté française, par Pompidou. Et d’ajouter : « Mr Foccart avait été attaqué à cause de l’autorité morale qu’il exerçait, notamment sur le SAC ». août 1969 : Foccart en « stage » à Cercottes. Octobre 1970 : De Marenches à la tête du Sdece. 1971 : Maurice Robert, coordonnateur des réseaux Foccart en Afrique, est nommé « directeur du Renseignement », où il dispose d’importants moyens et supervise tous les postes « extérieurs », en particulier africains, dont beaucoup de sources font partie des réseaux Foccart. Jobert qui est alors ministre des Affaires Etrangères n’hésitera pas à dire que Maurice Robert était alors « ministre de l’Afrique ». Mai 1971 : Sékou Touré accuse Foccart d’être « le responsable n°1 de toute les subversions organisées [...] en Afrique de l’Ouest notamment, et en particulier en Guinée » 1972 : nomination à la direction du SA du Sdece du colonel Alain Gaigneron de Marolles, qui retrouve de larges prérogatives. Foccart y retrouve un service presque aussi efficace qu’avant sa disgrâce, dont il peut à nouveau user puisque ce service a pour champ d’action essentiel l’Afrique. On dit par ailleurs à la piscine que les familles Koch-Foccart et De Marolles sont liées. Les collaboration entre les deux hommes s’avèrent bientôt très étroites. Des hommes de Foccart comme Zahm, Couderc, Raingeard et Ducroquet intègrent les structures clandestines du SA. Foccart, maintenant moins assuré de son propre avenir à la tête des services, s’efforce de réorganiser ses réseaux à partir de la Côte-d'Ivoire et du Gabon, tout en s’arrangeant avec Elf (toujours dirigée par Pierre Guillaumat) pour que le secrétariat général de la société, qui a toujours travaillé en symbiose avec les services et en particulier avec les réseaux Foccart, développe ses activités de recherche et d’action politique sur l’Afrique et le monde arabe. 1973 : dans le cabinet Messmer, le libéral centriste Bernard Stasi est nommé ministre des Ptom, ce qui constitue pour Debré et Foccart une provocation. Avec le soutien de Pompidou, Stasi s’efforce d’amener à l’indépendance les Comores, les Nouvelles Hébrides et la Côte des Somalis. C’est la juriste Michèle Alliot-Marie qui s’occupe de la rédaction des constitutions… Foccart va tout faire pour empêcher ces évolutions, notamment aux Comores. Au Gabon, Denard s’ennuie. Maurice Robert le grand fidèle de Foccart démissionne cette même année du Sdece ; sur recommandation de Foccart, Guillaumat (Pdg d’Elf) l’embauche auprès de Ponsaillé dans sa cellule foccartienne au sein de la société pétrolière. A travers cette position, ce sera Robert qui relaiera directement Foccart sur la scène africaine. 2 Avril 1974 : mort de Pompidou. La cellule de Guy Ponsaillé au sein d’Elf sert peu à peu de base de repli aux réseaux Foccart, qui durant la période d’intérim a les mains libres pour agir sur le continent africain et va savoir mettre cette occasion à profit…nucléaire. 15 avril 1974 : Foccart se prépare à partir, rassemble ses dossiers et transmet ses consignes à son fidèle successeur, Journiac. Au même moment, Hamani Diori président du Niger est renversé par un coup d’Etat militaire, alors qu’il est depuis plusieurs années en conflit avec le CEA (nucléaire) et surtout en pleine période de renégociation avec la france des accords relatifs à l’uranium nigérien d’Arlit, dont il exige que le prix soit réévalué, ce que refuse depuis plus d’un an le gouvernement français. Deux jours plus tard, le député socialiste Louis Le Pensec demande l’assurance que ce coup d’Etat n’est pas lié à des « collusions entre le gouvernement français, les réseaux Foccart et les putschistes nigériens ». L’augmentation des aides de la Libye, du Maroc et de l’Arabie Saoudite au Niger, deux mois plus tôt à la conférence islamique de Lahore faisait craindre à l’Etat français une perte de son influence sur le Niger, au profit d’autres puissances (Etats-Unis). Décembre 1974 : Foccart au Tchad : l’évêque Paul Darlet prétend avoir vu Foccart sortir discrètement des appartements personnels de l’ambassadeur bolchevique de Russie au Tchad, Evgueni Nercessov, considéré par le Sdece comme « appartenant probablement au KGB ». Plus tard, Darlet modifiera quelque peu ce témoignage en disant avoir été invité par l’ambassadeur russe dans son appartement, et y avoir vu Foccart, attablé et prêt à y dîner en tête à tête avec l’ambassadeur russe. 19 mai 1974 : Valéry Giscard d'Estaing est élu avec 50,8% ; Foccart est cette fois giclé de l’Elysée ; commentaire de Maurice Delauney (un homme clé des réseaux Foccart) : « Foccart suivait attentivement tout ce qui de loin ou de près, concernait nos intérêts en Afrique, aux Antilles, dans le Pacifique et l’Océan Indien. Ses collaborateurs [...] le tenaient constamment au courant de ce qui pouvait être fait pour la défense de ces intérêts ou de ce qui pouvait les contrarier. Foccart disparu et avec lui l’important et brillant brain-trust qu’il dirigeait, le nouveau président [...] se privait de sources précieuses d’information, et des moyens de pression indispensables pour faire évoluer, dans un sens favorable, les conflits de situation les plus divers ». mais le géniteur des réseaux Foccart s’est déjà chargé d’en assurer la survie avec pour nouvelle base majeure Elf. Sans compter que René Journiac prend la place de Foccart, dont il est l’homme au sein de l’Etat et par l’intermédiaire duquel les réseaux Foccart parviennent à se servir des services de renseignement et d’action français pour préserver des intérêts très particuliers. Par ailleurs, Foccart qui pousse les gaulliste à soutenir Chaban-Delmas au premier tour pousse ses amis, notamment antillais, à soutenir VGE au second tour, et prend contact avec l’homme de l’ombre de VGE, Victor Chapot.


Décembre 1974 (environ) : le Sdece et Foccart sont accusés dans le Washington Post de « centraliser au Gabon armes et fonds pour le Front de Libération du Cabinda », lequel réclame à l’Angola l’autonomie de cette enclave gorgée de pétrole… Mars 1975 : le colonel Robert commence à travailler au sein d’Elf avec une vieille connaissance, l’ancien ambassadeur (du Gabon) Maurice Delauney. 7 juillet 1975 : le canard enchaîné officialise la « rentrée » de Foccart, dont personne ne croyait de toute façon qu’il avait raccroché ; le titre : « Foccart d’Estaing ». Le canard y révèle que les agents du réseau Foccart ont reçu de leur patron une note avec son nouveau n° de téléphone direct « au cas où », le canal habituel devenant les services de VGE. Foccart rencontre VGE une fois par mois, celui-ci s’étant pris d’une passion soudaine pour l’Afrique. René Journiac qui avait pris sa place collabore à nouveau presque publiquement avec Foccart. Le colonel Robert continue de se voir attribuer d’important moyens financiers par le successeur de Guillaumat à la tête d’Elf, Albin Chalandon ; il met ces moyens à profit, ainsi que les réseaux Foccart africains, les dictateurs amis, les agents foccartiens au Sdece, à la Dst et au ministère de la coopération, pour transformer la petite cellule de renseignement en véritable service autonome (S.ELF !). Robert créé au Gabon et en france des sociétés de gardiennage qui deviennent ainsi son propre « SA ». Au Gabon, c’est la SGS (Société Gabonaise de(s) Service(s)), fondée avec Denard et Debizet, et qui devient rapidement un repère de gros bras au curriculum anonyme. A Port-Gentil, cette société surveille les entrepôts d’Elf-Gabon et les principaux centre économiques de Libreville ; autour de cette officine, on retrouve donc le SAC, un directeur d’Elf, un mercenaire appointé par le Sdece, Bongo et sa cour. Septembre 1975 : Denard aux Comores pour maintenir Soilih au pouvoir. Décembre 1976 : à la création du RPR, « tiraillements » au sein du SAC, Chirac ne voulant pas du SAC pour SO du RPR, mais seulement des militants du parti (qu’ils appartiennent ou non au SAC) 1977 : la SGS, société de gardiennage gabonaise créée à l’initiative du colonel Robert probablement sur recommandation de Foccart, commence à avoir pour correspondante parisienne une autre société de gardiennage, la SFOMS, qui se transformera plus tard en Horus. Celle-ci a été montée par Robert et Denard, par le biais de leurs fils respectifs… 1977 : Marenches, à la tête du Sdece, rencontre VGE, désappointé : alors qu’il s’efforce de vider le SAF (« service Afrique ») du Sdece des agents de Foccart, il les retrouve systématiquement à Elf, dont les réseaux foccartiens (« S.Elf ») ont plus d’influence que le Sdece en Afrique centrale. Mais VGE laisse faire, si bien que bientôt, le SAF et le SELF se rencontrent régulièrement pour se coordonner. L’opération « Totem » consiste ainsi à transmettre à la société Elf des renseignements du Sdece, comme le Sdece le fait avec le Mossad ou la Cia… 1977 : une note du Sdece se penche sur les réseaux commerciaux et financiers de Foccart, les plus méconnus du grand public. Foccart est considéré comme « l’homme des opérations triangulaires, les opérations sur les monnaies, et l’homme des relations avec le Gabon » ; de l’argent sort de « France » (Etat et les entreprises publiques de l’armement, de l’électronique, du BTP ; les intérêts privés en métropole ou dans les PDTOM) vers l’Afrique, une partie de ces sommes fait l’objet de rétro-commissions (dessous de tables destinées aux « décideurs » des intérêts destinataires mais aussi des fournisseurs) qui pour une grande part vont alimenter les caisses noires du gaullisme. On peut y voir une explication des finances du SAC. La note du Sdece sur les réseaux financiers foccartiens évoque une société d’équipement pour l’Afrique, 4 banques françaises et des hommes d‘affaires, comme François Saar-Demichel. 16 janvier 1977 : Denard (alias Colonel Maurin alias Gilbert Bourgeaud) recrute 90 mercenaires dans la SGS, dont 30 africains (venant de Dakar, d’Abidjan, mais pas forcément sénégalais et ivoiriens) et 60 blancs francophones pour renverser Kérékou au Bénin ; ils reçoivent un entraînement au Maroc, disposent d’un budget de 1.000.000 $ Us, financés par le Gabon et le Maroc (brouillons les pistes par des intermédiaires…), quelques faux passeports sont fournis par l’ambassade de france au Gabon, un DC-7 sans immatriculation est mis à disposition. Prise du contrôle de l’aéroport de Cotonou, départ en commando vers le palais présidentiel, affrontement avec l’armée béninoise, retour la queue entre les pattes vers l’aéroport, décollage, en laissant derrière 2 tués (1 européen et 1 africain) et un capturé (Ba Alpha Oumarou) ; mission complètement foirée ; mais colonel Maurin garde l’appui Totalfina-Elf des services français. 1978 : Debizet crée au Gabon un service de contre-ingérence gabonais (contre-espionnage). 12 mai 1978 : colonel Maurin Denard renverse Soilih aux Comores et le remplace par Ahmed Abdallâh. 1980 : Delaunay demande à quitter ses fonctions d’ambassadeur de France au Gabon, Maurice Robert prend sa place… 28 février 1981 : Debizet et Foccart participent à l’assemblée des responsables nationaux du SAC pour donner les consignes de la campagne présidentielle. Mai 1981 : le SAC soutien Chirac au 1° tour des présidentielles, et ne donne aucun soutien au candidat VGE au 2° tour. Par ailleurs, l’assemblée générale du SAC décide que le fichier des adhérents et les caisses du SAC seront mis au secret au cas où Mitterrand serait élu. 30 caisses disparaissent ainsi de la circulation. A l’approche des élections, le ministre de l’intérieur Marcellin fait remarquer à Foccart qu’il serait préférable que le SAC cesse de recruter dans la police. Juin 1981 : « dissolution » du SDECE, rebaptisé DGSE avec à sa tête, pour la première fois, un haut fonctionnaire civil, Pierre Marion 19 Juillet 1981 : « tuerie d’Auriol », assassinat par le SAC de Jean Massé, responsable du SAC local jusqu’en mars 1981 ; 6 autres corps trouvés au fond d’une mine. L’objectif était de retrouver des documents du SAC gardés par Massé. La saisie du fichier des adhérents du SAC des Bouches-du-Rhône révèle que sur 145 membres, 45 sont des flics, dont le responsable du SAC du département. Cette proportion de flics dans le SAC se vérifie à Lille, Lyon, Bordeaux, Toulon, Nice, Strasbourg : au total, plus de 15% des membres du SAC sont des flics. Un des responsables du SAC des Bouches-du-Rhône par ailleurs commandant de CRS, envoie une note à ses compagnon faisant référence à une circulaire du BN du SAC, l’enjoignant de « noyauter les administrations » et de « pénétrer partout ». On découvre part ailleurs que malgré les énormes dépenses du SAC (notamment un immeuble rue Leningrad), avec les cotisations de 5 FF pour chacun des 10.000 adhérents officiellement recensés, on y est pas du tout…c’est Debizet qui apportait le reste du financement, sans que la provenance de celui-ci puisse être déterminée. Ambroise Henry et Georges Lalanne


sont alors au BN du SAC, Debizet est secrétaire général du SAC, Marcilhacy membre du comité directeur. Les sociétés de gardiennage et de surveillance sont une des cibles privilégiées de recrutement du SAC ; de nombreux membres du SAC détiennent des permis de port d’arme, justifiés par la fréquentation de centres de tir. Mais nombre ont aussi fait l’objet de poursuites pour détention illégale d’armes. Août 1981 : dissolution officielle du SAC. Septembre 1981 : dans l’émission 7/7 sur la chaîne publique TF1, les responsables de l’émission font état des réseaux Foccart et du SAC, évoquant racket, prostitution, chantage, trafic de drogue » ; Foccart leur fait un procès. 1982 : Jean-Pierre Cot, cible favorite des foccartiens, est contraint de quitter son ministère, sous la pression du « socialiste » Guy Penne, vénérable de la Franc-Maçonnerie et homme affable qui rencontre à plusieurs reprises Foccart et ne manque pas de « tomber sous le charme ». il prend la place de Cot. Leurs relations seront par la suite très cordiales. 1982, Fin : Pierre Marion, qui s’était investi très loin dans l’affaire du SAC, n’est plus suivi par les socialos ; il est remplacé à la tête de la DGSE par un militaire, l’amiral Lacoste. mars 1982 : on évoque la présence des réseaux Foccart à Bangui. Foccart dément et parle de « plaisanterie ». 25 mars 1982 : Marion, DG du Sdece adresse une lettre à l’Elysée dans laquelle il explique qu’au Gabon, le recrutement des coopérants est assuré par Debizet, Delaunay et Robert, notamment des anciens du BCRA et des Sdece à la retraite. Là-bas, depuis l’affaire d’Auriol ceux-ci s’efforcent de saboter le Sdece et la politique socialiste de l’ambassade de france. Mais l’action socialiste antifoccartienne va être arrêtée sur indication de François de Grossouvre, qui juge rapidement que le pouvoir socialiste n’est pas de taille… François de Grossouvre ouvre grand sa porte au « clan des gabonais » et autres foccartiens… 6 avril 1982 : la presse fait allusion à la formation d’un SAC clandestin. 7 avril 1982 : Foccart passe aux aveux devant les parlementaires : « je précise, d’autre part, que je ne me suis pas servi non plus des gens du SAC pour la politique africaine. En cas de besoin, j’avais recours au Sdece, aux RG, à la DST [...] » ; la commission d’enquête fait état de témoignages affirmant que les « affaires » de Foccart en Afrique lui servent à financer ses réseaux. 18 juin 1982 : publication au JO du « rapport de la Commission d’enquête sur les activités du SAC », où on peut notamment lire que « ce qu’on a appelé ‘’les réseaux Foccart’’ est encore une réalité en Afrique. Leur constitution et leur implantation n’a été possible qu’à partir du Sdece et du SAC [...] ». Au terme de l’enquête sur le SAC, la Commission d’enquête parlementaire estime que Foccart a joué un rôle prépondérant dans le SAC. « Mr Foccart [...] avait une double tâche : [...] préserver les intérêts français dans l’Afrique francophone en voie de décolonisation ; [...] contrôler les services spéciaux et plus spécialement le Sdece. Le financement occulte du SAC est connu de Debizet, et le rapport estime qu’il y a eu des versement du Sdece au SAC pour « services rendus », grâce à des imbrications Sac-Sdece au sein d’entreprises d’import-export (Safiex ?) et dans le trafic de drogue. Le rapport évoque aussi le rôle de « police de protection des hautes personnalités » joué par le SAC, court-circuitant la police nationale, et dans lequel des truands comme Fernand Recchia, « qui a maintenant de gros intérêts à Marseille » apparaît en première ligne. La direction de la PJ a recensé 65 affaires impliquant 106 membres du SAC, mais ce n’est qu’un minimum. Des affaires comme celle du gang des lyonnais, impliquant des éminences gaullistes, des truands lyonnais et des policiers et des membres du SAC ne sont pas rares. 20 septembre 1985 : suite à l’affaire du « Rainbow Warrior », démission du ministre de la défense Charles Hernu, remplacé par Paul Quilès ; impliqué dans l’affaire, le DG de la DGSE, l’amiral Lacoste, est remplacé par le général René Imbot. Février 1986 : Chirac en tournée électorale en Guadeloupe, propose aux indépendantistes guadeloupéens, probablement sur recommandation de Foccart le « pardon juridique » en cas de victoire aux législative. Mars 1986 : les socialistes perdent les législatives ; Chirac premier ministre, avec dans ses valises…Foccart, chargé une fois de plus de l’Afrique et des Dom-Tom. Foccart était déjà en relation avec Chirac depuis l’accession de celui-ci à la mairie de Paris, où ils se rencontraient fréquemment. Egalement retour aux affaires de Maurice Robert, appelé au cabinet Aurillac, ministre de la coopération ; tous deux sont respectivement vice-président et président du « club 89 », gaulliste. Foccart se rend régulièrement en visite chez ses amis africains en Mystère 50… 12 avril 1986 : Foccart et Chirac en Côte-d'Ivoire. Avril 1986 : Foccart en contact avec l’Armée Révolutionnaire Caraïbe, mise en confiance par les déclarations de Chirac 2 mois plus tôt. Les leaders indépendantistes entrent en contact avec Foccart par l’intermédiaire de deux élus régionaux proches de Lucette MichauxChevry (Maire de Gourbeyre…) Mai 1986 : Foccart garde toujours la haute main sur la Guadeloupe via sa demi-sœur, Marcelle Lamarre (elle aussi fille de Guillaume Foccart), laquelle a la réputation de faire et défaire les envoyés de la république sur l’île et à laquelle Foccart téléphone régulièrement, celle-ci se chargeant de faire le point sur la situation de l’île et ses villageois. Yves Bonnet a l’occasion de prendre connaissance d’un réseau très puissant qui fait la pluie et le beau temps sur l’île. Quelque jour après l’arrivée de Bonnet en Guadeloupe, Chaulet, homme d’affaires foccartien lui demande rendez-vous ; Bonnet reste coi quand celui-ci lui explique qu’il a « acheté pour 1.000.000 FF Luc Reinette [leader indépendantiste] afin de sauver la saison touristique [...] avec la bénédiction de Foccart », contre l’arrêt des attentats. Jean-Pierre Etchevery, qui connaît bien les « problèmes politiques » de l’île, est cité comme négociateur ; mais le nouveau préfet, Yves Bonnet (ancien directeur de la DST), s’oppose à la venue d’Etchevery, et se propose de le remplacer pour négocier. Après cette affaire, Bonnet n’a pas fait de vieux os à Basse-Terre… Juin 1986 : rendus méfiants par les atermoiements du « camp Foccart » et de Bonnet, les indépendantistes guadeloupéens mettent fin aux tractations.


Août 1986 : Chirac et Foccart à Nouméa. A Tjibaou qu’il vient convaincre, quand il demande s’il accepte de le rencontrer, celui-ci répond à Foccart : « oui, si vous me racontez comment vous avez fait disparaître en 1965 Mehdi Ben Barka. Octobre 1986 : Foccart à Mayotte, la Réunion et aux Comores. Il y exprime son regret du départ de Guy Penne, avec lequel d’après Foccart, la politique extérieure gaullienne (ou foccartienne) avait repris ses droits, après le mauvais épisode Jean-Pierre Cot. 16 janvier 1987 : Foccart en visite officielle au Bénin, où Kérékou le nargue toujours. Foccart doit y assister en effet aux cérémonies d’une « journée anti-Foccart » organisée pour fêter l’échec du coup d’Etat de Denard… 29 février 1988 : le canard enchaîné publie une lettre de Luc Reinette, leader indépendantiste guadeloupéen enfermé à FleuryMérogis, dans laquelle celui-ci révèle les liens de Foccart avec l’ARC (armée révolutionnaire caraïbe) dont il fait partie. Avril 1988 : Foccart accompagne Chirac outre-mer pour sa tournée électorale : Réunion, Martinique, Guadeloupe, avec courte escale en Afrique et aux Comores, où ils va serrer la pince de son pote Abdallah…en Guadeloupe, petit détour par Gourbeyre de Chirac, Lucette Michaux-Chevry et Foccart, qui se font photographier sous la plaque de la rue « Guillaume Foccart »… Février 1998 : assassinat du préfet de Corse Claude Erignac. Mai 1999 : arrestation du Préfet de Corse Bernard Bonnet. 19 décembre 1999 : l’ancien diplomate Jean-Claude Cousseran devient DG de la DGSE. Safiex : « Société Anonyme Française d’Import et d’Export ». Autre « affaire » de Foccart, les « Etablissements Gonfreville », officiellement entreprise de tissage de Côte-d'Ivoire, dont Foccart est administrateur, Foccart participant au moins une fois par an en Côte-d'Ivoire pour entendre le compte-rendu d’activité. Foccart a aussi été le client du groupe Hénault « pour le transport de marchandises ». Foccart est aussi administrateur de la Sitaf, encore en Côte-d'Ivoire.

« Le Général De Gaulle et l’Afrique Noire », Robert Bourgi, Bibliothèque africaine et malgache, 1980 (intéressant mais attention l’auteur est un ultra-gaulliste) « plonge dans l’or noir, espion ! », Bob Maloubier, Robert Laffont, 1986 Sur les complots contre Sékou Touré, cf. : « Nouvel Observateur », octobre-novembre 1969, article Georges Chaffart ; « la Piscine » de Roger Faligot et pascal Krop, Seuil, 1985. Sur les réseaux français de « résistants » en Afrique, cf. « les résistants » de Roger Faligot et Rémi Kauffer, fayard, 1989 « kala-kala », Maurice Delauney ; sur le néocolonialisme et les réseaux Foccart, vus par un de leurs principaux agents.


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