Source : « La Cagoule ; histoire d’une société secrète du front populaire à la 5° république », Philippe Bourdrel, Editions Albin Michel, 1970 Jean Filliol : arrêté le 13 décembre 1932 au cours d’une manifestation aux abords de la chambre des députés ; arrêté le 9 janvier 1934 en pleine affaire Stavisky ; arrêté le 6 mars 1935 près de la salle Wagram à l’occasion d’une réunion des objecteurs de conscience ; arrêté le 8 octobre 1935 au cours d’une manifestation parisienne de l’AF en relation avec le conflit italo-éthiopien ; il participe avec Corrèze le 13 février 1936 à une provocation cagoularde qui se solde par une agression contre Léon Blum ; arrêté le 9 juin 1936 devant le siège de la compagnie d’assurance l’Abeille, à la veille d’une perquisition au siège du PNR, où il vient tabasser des ouvriers en grève avec une douzaine de ses amis. Filliol est très aimé de ses militants de la 17° équipe ; c’est l’auteur majeur des exécutions de la Cagoule ; il est originaire de Bergerac, et est un ancien élève du lycée d’Angoulême ; il est ensuite entré aux Messageries Hachette, mais ce travail n’est qu’une façade ; il porte constamment sur lui un revolver (réputation exagérée mais pas sans fondements) et manie la baïonnette avec dextérité. Fin mai 1937, Filliol et sa femme Alice gagnent l’Espagne après l’assassinat des frères Rosselli. Eugène Deloncle : à la tête de la Cagoule, polytechnicien, un des maîtres conspirateurs de son époque, né de parents corse et gascon ; son père est un capitaine au long cours, mort sur son vaisseau le « Bourgogne » en 1898 ; sa mère reste veuve avec 4 enfants ; semble passer son enfance « en Gascogne » ; il finit ses études au lycée Hoche à Versailles où il se révèle extrêmement doué. Il sort de Polytechnique en 1912. il est matelot pendant son service militaire, ingénieur stagiaire à l’école de génie maritime, puis il s’engage dans l’armée avec le cadre de sous-lieutenant d’artillerie. Blessé, il est évacué du front le 28 septembre 1915 et est rappelé à l’école de génie maritime. Il est le premier de sa promotion en 1916 et retourne aux armées dès l’année suivante malgré l’opposition du ministre de la marine. Il sert alors dans l’armée d’Orient comme officier d’Etat-major de son oncle, le général Grossetti. En 1922, il démissionne de ses fonction d’ingénieur du génie maritime. Ingénieur aux chantiers et ateliers de Saint-nazaire et de Penhoët, il devient expert près la cour d’appel de Paris pour les questions de navigation et siège comme administrateur de 9 sociétés : le comité technique du bureau Veritas, le comité central des armateurs de France, le groupe des constructeurs français de réservoirs, la standard française des pétroles, les chantiers de Hollande, la société de pêche au large, la société nouvelle gérance maritime, la compagnie des constructeurs associés pour le montage d’ouvrages métalliques, la caisse hypothécaire maritime et fluviale. Il est ainsi doué d’une situation financière très confortable. Marié à Mercedes, il partage sa vie entre son appartement parisien et sa villa du Touquet. Dans le même temps il adhère à l’AF et au cercle Jacques Bainville, et tout en continuant à être administrateur de 9 sociétés, rejoint les camelots du roy dès que son chef de groupe, Filliol, l’appelle. Travailleur acharné, il ne dort que 4 heures par nuit. Féru d’ésotérisme. C’est en 1934 qu’il entame réellement son activité cagoularde. Rapidement, il tombe en désaccord avec les dirigeants de l’AF, quand celle-ci veut s’en tenir à l’utilisation de moyens légaux. Essentiellement opposé aux juifs, à la franc-maçonnerie, aux communistes (aux bolcheviques plus précisément). La Cagoule a de profonde ramifications en province et nous savons par Raymond Lainey que l’Etat-major de Paris se tenait en liaison avec les responsables régionaux au moyen de « correspondances chiffrées ». il paraît que la Sûreté nationale sera mise en difficulté par ce système de codage pour remonter les filières provinciales. Les 7 grandes régions sont : Bordeaux, Toulouse, Marseille, Nice, Orléans, le Nord et l’Est. Les groupes sont extrêmement fractionnés et largement autonomes les uns par rapport aux autres, ce qui a permis de limiter les dégâts lors des arrestations parisiennes. Chaque groupe constitue une société secrète plus ou moins autonome, une contre-maçonnerie. Le problème des relations entre le mouvement du colonel De La Rocque et la cagoule préoccupe son dirigeant : de la Rocque met en garde ses militants ; le 19 février 1938, en visite à Angoulême, De La Rocque croit utile de déclarer à l’assistance : « je dévoilerai des noms si l’intérêt du pays l’exige… » ; le petit parisien publie le 22 février 1938 une mise au point sur cet évènement : « après avoir rappelé à ses adhérents qu’un grand nombre d’entre eux ont été sollicités d’entrer dans des organisations dangereuses [...] le colonel de la Rocque a conclu : ‘’ [...] je ne peut croire [...] qu’il n’y ait, au-dessus des personnages de seconde zone actuellement emprisonnés, de plus hauts responsables, conseillers, protecteurs. Je ne peux croire que le gouvernement les ignore. Faudra-t-il exiger [...] toute la vérité sur les instigateurs, les bailleurs de fonds ? Si l’intérêt général l’exige, le PSF n’y manquera pas…’’ » interrogé le 2 mars 1938 par le juge Béteille, De La Rocque lui répond : « je suis scandalisé qu’on ne veuille faire aucun effort pour les chercher, les trouver, les faire connaître à l’opinion publique. Il est évident que cet armement a correspondu à des dépenses formidables. J’ai le droit de le dire et je le dis ». « Près de La Rochelle, deux petites caisses contenant 450 cartouches de mitrailleuses… [...] des perquisitions ont été faites chez Mr Geanty, représentant de commerce, avenue de Nangeot à Limoges et chez une autre personne, révèle la presse le 4 décembre 1937. ces perquisitions ont abouti à la découverte d’une trentaine de fusils et d’une quinzaine de revolvers ou de mitraillettes, matériel moderne [...] Mr Geanty a affirmé qu’il s’agissait d’armes d’origines et de modèles différents qu’il collectionnait et déclaré qu’il n’appartenait à aucune association » Les enfants d’Auvergne : c’est un des groupes régionaux de la Cagoule ; derrière l’intitulé folklorique se cache une organisation dont l’ambition est de mettre sur pied « un plan de défense anticommuniste » ; on y trouve François Méténier, Marcel Mouget, Gustave Vauclard et Henri Voguel, René Locuty. Cagoule Militaire – UCAD à Bordeaux : à Bordeaux, c’est Roger Orain qui est le chef de la région sud-ouest de la Cagoule. Orain est représentant de commerce ; son rôle est confirmé par Aristide Corre, qui le désigne comme l’organisateur du trafic d’armes à travers les Pyrénées. Orain voyage effectivement beaucoup, muni comme Deloncle et d’autres d’un faux-passeport ; le groupe du sud-ouest sera associé à une série de sabotage. Avec Roger Orain ou parallèlement, la Cagoule dispose d’un chef de poids en la personne du colonel Robert Franc ; Robert Franc a comme de nombreux cagoulard, un « brillant » passé militaire, notamment dans l’aviation ; installé à Bordeaux en 1919 avec sa famille, il y exerce la « profession » d’industriel ; arrêté en 1944, il y évoque ainsi son engagement dans la Cagoule : « jusqu’en 1934, je n’ai eu aucune activité politique ; à cette époque, je me suis inscrit aux Croix de Feu [...] mon but et mes désirs étaient de contrecarrer le danger communiste du moment [...] j’ai assisté aux différentes réunion, tant à Bordeaux que dans la région. En 1936, lors de la dissolution des Croix de Feu [...] je me suis inscrit au PSF. Je n’ai eu aucune activité au sein de ce nouveau parti [...] en 1937, j’ai adhéré à l’Union républicaine populaire, dirigée par Philippe Henriot, sur l’invitation de nombreux amis. Je suis resté inscrit à ce parti jusqu’à sa dissolution en 1940. je n’ ai eu aucune activité ». Robert Franc était entré auparavant en relation avec le général Duseigneur, et adhère ainsi aux UCAD : « à la suite des élections de 1936 et après que le général Duseigneur eut quitté le ministère de l’Air, je fus sollicité par cet officier supérieur, qui était mon compagnon et ami de guerre, pour organiser dans la région les groupes de l’UCAD. J’ai accepté cette offre et ai été nommé délégué régional. J’ai organisé les dits groupes par dizaines
de personnes habitant un même quartier. J’avais environ 800 hommes sous mes ordres à Bordeaux, et 500 à peu près pour tout le reste de la région. Chaque homme devait par ses propres moyens se procurer des armes, car l’état-major que je dirigeais n’en avait qu’une infime quantité. En ma qualité de délégué régional, je me rendais tous les mois et demi à Paris pour recevoir les instructions du comité directeur. C’est au cours de ces voyages que j’ai fait la connaissance de Darnand qui était lui-même délégué de la région sudest. Le but de ces groupement d’autodéfense était d’intervenir en cas de révolution soulevée par les communistes, et de se joindre aux forces de police et l’armée intervenant pour la même cause, dans le cas bien entendu où ces deux organes auraient agi dans ce sens . cette organisation secrète fut découverte en octobre 1937 à Paris. Quelques perquisitions eurent lieu à Bordeaux, sans aucune suite [...] » Cagoule dans le sud-est - Groupement patriotique français : ce groupement est implanté dans la caserne du 141° régiment d’infanterie est en relation avec le CSAR par l’intermédiaire de Raymond Clémoz et à l’instigation de Paul-Félix Agnély, fidèle compagnon de Darnand. Ce groupement est ainsi en relation directe avec une « cagoule civile » dirigée par Darnand dans le sud-est, à Nice, Toulon et Marseille. La Cagoule et les organisations de droite : La Cagoule utilise les organisations de droite et d’extrême-droite comme camouflage politique : associations patriotiques régionalistes (enfants d’Auvergne), groupes de l’AF à Paris (17° équipe…) et dans plusieurs grandes villes de province, sections du PPF de Doriot, Croix de Feu, JP, organisations d’Anciens Combattants. Les cagoulards sont censés y rester inscrit jusqu’à l’heure de l’action, et se servir de leur position dans ces groupements pour soulever toute l’extrêmedroite. La fiche de recrutement de Pierre Guillain de Bénouville dans la Cagoule : « idées saines, mais un peu exalté, prudence… » Lors des entraînements au maniement des armes en région parisienne, les membres du CSAR sont encadrés par des militaires, aussi se cachent-ils à peine…Pour l’achat d’armes à l’étranger, il se fait sans difficulté auprès de régimes fascistes (Italie), mais suppose par contre d’être en règle avec les lois et processus de ventes d’armes interfrontaliers, c'est-à-dire avec des complicités de part et d’autre dans les administrations concernées… ils ont aussi recours à des passeurs, par exemple entre france et Espagne. En Espagne, ils font croire qu’ils opèrent pour les républicains espagnols… la Cagoule est financée par plusieurs industriels et c’est essentiellement Deloncle qui réceptionne l’argent : Pierre Michelin (plusieurs millions), Lemaigre-Dubreuil (1 million), les Huiles Lesieur, « un groupe de soyeux lyonnais », Renault, les peintures Ripolin, Saint-Gobain, Cointreau, la Société Anonyme des Chantiers de Saint-Nazaire (1 million), le Syndicat de l’industrie lyonnaise (plus de 1 million), Pont-à-Mousson (300 000 FF). On constate par ailleurs des relations commerciales clandestines entre le CSAR et les industries allemandes de guerre (en particulier la Société Haenel-Suhl à Berlin, groupe qui fabrique des fusils mitrailleurs Schmeisser, retrouvés en grand nombre dans les dépôts d’armes cagoulards… ; les sommes tra,nsitaient du CSAR à la société Haenel-Suhl via la Dresdner Bank, la banque Sasson). Informations dont les services spéciaux fascistes italiens disposent sur la Cagoule : mouvement d’action révolutionnaire anticommuniste décidé à prendre le pouvoir, formé de deux organisations parallèles : l’organisation civile dirigée par Deloncle ; l’organisation militaire, « pour laquelle le maréchal Pétain a des sympathies », et dirigée par le maréchal Franchet d’Esperey. « L’organisation est formée d’éléments nationalistes et monarchistes, héritiers des traditions de combat [...]cette organisation recrute dans les différents mouvements nationalistes : PPF, Francistes, Croix-de-Feu, etc. C’est ainsi qu’ont été créées des équipes de choc de 10 hommes chacune, tous choisis parmi les plus sûrs et les plus courageux. 120 000 hommes ont été recrutés dans toute la france, formant 40 légions (de 3 000 hommes ?) qui au moment voulu constitueront le noyau autour duquel se regrouperont les autres forces nationalistes [...] afin de préserver la tradition de l’armée, les militaires ne font pas partie de l’organisation civile. Ils sont regroupés dans une organisation qui comprend actuellement 1 200 officiers parmi les plus valeureux des 3 armées (lieutenant-colonel Granier, commandant Loustanau-Lacau, capitaine Beaune) [...] le programme d’action : l’organisation civile descend sur la place, avec tous les moyens nécessaires pour affronter les rouges, et cela pendant un laps de temps tel que la prise du pouvoir par les militaires se trouve justifiée » ; dans le même temps, l’organisation militaire élimine les officiers hostiles aux nationalistes. Est également mentionné le fait que la Cagoule surveille directement « les centres de renfort pour les rouges espagnols en France, surveillance très facile pour eux, car ils ont des affiliés dans toutes les organisations et dans tous les milieux français : immeubles, commerces, ports, etc. ». Par ailleurs, la Cagoule a offert au régime fasciste italien son aide dans la lutte contre les antifascistes espagnols. « l’appui donné [par la Cagoule] pour la surveillance et l’observation des centres de renforts rouges est entièrement réalisée et donne des résultats satisfaisants ». Durant la guerre d’Espagne, le front populaire en france apporte une aide, quoique dérisoire par rapport aux besoins, aux républicains espagnols. Cette activité est surveillée par la Cagoule ; des armes russes parviennent à la frontière espagnole en transitant par Dunkerque et Bordeaux. La Cagoule va également faire en sorte de soutenir Franco. Adroite en france, la cagoule n’est pas la seule organisation à s’intéresser à la guerre d’Espagne : dans son journal, l’Action Française salue les victoires remportées par les franquistes et va même jusqu’à fustiger les « marchands de canons » du front populaire, comme par exemple dans un article du 9 août 1936. l’AF s’en prend aussi aux réfugiés républicains espagnols : « l’invasion des métèques… déserteurs et nomades pillards »… face aux soutiens républicains des Brigades Internationales, les franquistes reçoivent le soutien extérieur de 70 000 hommes, regroupés en unités autonomes ou encadrant les forces franquistes, techniciens civils ou militaires ; parmi ces 70 000, 50 000 sont italiens, les autres essentiellement portugais et allemands ; mais il y a aussi des français, ceux de la « Bandera Jeanne d’Arc », Légion Combattante des français nationalistes, favorables à Franco, qui rassemble quelques centaines de volontaires fascistes français. Les franquistes ont aussi leur partisans français dans l’armée de l’Air. Dans la collaboration avec l’Espagne franquiste, la Cagoule est en flèche. Un proche de Deloncle explique que cette collaboration se situe au plus haut niveau, avec l’Etat-major de l’armée franquiste. Cette collaboration se fait plus intense quand Irun tombe aux mains de franquistes. La Cagoule intervient en soutien à franco partout où les éléments de l’armée française favorables au fascisme espagnol ne peuvent agir eux-mêmes. Parmi les officiers supérieurs de l’armée française, la majorité des militaires penchent non pas pour les républicains mais pour la « neutralité », d’autres déplorent que l’armée française soit incapables à leur dires d’imiter le coup d’Etat franquiste. Mais il y a effectivement eu des soutiens actifs, même s’ils ont été gênés, aux franquistes par l’armée française. C’est sans doute l’armée de l’air française qui est le plus favorable aux franquistes (on notera que Jean Mermoz a fait partie du PSF de la Rocque) : parmi elle, les républicains recrutent chez les sousofficiers et les mécanos, alors que les pro-franquistes recrutent largement chez les officiers et les aviateurs ; ces derniers, ainsi que des officiers de réserve, effectuent ainsi un certain nombre de sabotage des avions de soutien aux républicains en 1936-1937 : pièce cassée, sucre versé dans le carburant, pneus crevés. Mermoz, qui rassemblait autour de lui les aviateurs nationalistes et profranquistes, fut très impliqué dans ces sabotages nationalistes. La cagoule soutien cette activité de sabotage ; elle dispose aussi d’un réseau à la frontière. Dans plusieurs ports français, des indics cagoulards avertissent les franquistes des mouvements de navires
républicains. Ils font disparaître 4 avions de soutien aux républicains sur l'aérodrome de Toulouse…c’est Filliol qui plastique (première fois en france que cet explosif est utilisé) des avions en région parisienne. De même, la cagoule favorise des actions franquistes en france : ainsi des deux sous-marins républicains « C2 » et « C4 » stationnés en septembre 1937 respectivement à Brest et au Verdonsur-Mer (dans le Médoc, en face de Royan à l’embouchure de la Gironde) ; le « C4 » a été endommagé par des avions nationalistes alors qu’il quittait le port de Gijon ; il est transféré du Verdon aux docks de Bordeaux pour réparation. A Brest, un commando cagoulard tente de s’emparer du « C2 » en se faisant passer pour l’équipage du « C4 » ; le 19 septembre 1937, le commando cagoulard est repéré à Talence, arrêté à Belin (45 kilomètres au sud de Bordeaux) : à bord, 5 espagnols, dont le commandant du C4 en réparation à Bordeaux et un français négociant à Bidard (ou Bidart ?) et officier de réserve ; ils étaient porteur d’une importante somme pour pousser le commandant du « C2 » à rallier le camp franquiste…suite à cet incident, des franquistes français sont arrêtés à Hendaye. Dans le réseau ainsi découvert, la Cagoule occupe une place importante, et est à l’origine de sabotages dans les ports, dont ceux de Bordeaux, Nice et Marseille. La Cagoule s’efforce de recruter au sein de l’armée, pour sa branche militaire. Le mécontentement des Etat-major conforte cette entreprise, à une période, l’été 1936, cruciale. L’AF qui a une large audience parmi les officier d’active voue régulièrement Blum au « peloton d’exécution »… Georges Loustanau-Lacau, organisateurs du principal réseau cagoulard dans l’armée (le réseau Corvignolles), conspue le ralliement de Daladier aux « rouges » du front populaire. Avec l’arrivée de Pierre Cot au ministère de l’Air, le front populaire s’efforce d’établir une surveillance sur l’existence de réseaux d’extrême-droite au sein de l’armée susceptibles de fomenter des coups d’Etat ; cette surveillance est assurée le plus souvent par des sous-officiers. Dans les mess, ces sous-officiers subissent des tabassages en règle… La politisation (à l’extrême-droite notamment) de l’armée est un fait indiscutable qui s’accentue depuis 1934. les officiers soupçonnés de fomenter un putsch contre le front populaire sont mutés régulièrement pour les empêcher d’avoir une emprise durable sur les troupes. Les membres de la Cagoule au sein de l’armée, sont des anciens de la guerre 1914-1918, souvent jeunes à cette époque, qui n’ont pour une partie d’entre eux pas achevé leur études de ce fait ; nombre d’entre eux ont été décoré suite à la première guerre mondiale. Devenus « anciens combattants », ou retournés à la vie civile, ils supportent très mal la paix civile ; entre-deux-guerres, ils rejoignent les rangs des nationalistes et des partisans de la guerre qui enragent contre les politiciens, les ligues. Quand les groupes d’autodéfense commencent à se former à l’époque du front populaire, ils sautent sur l’occasion et rejoignent la Cagoule. Mais auparavant, en l’absence d’organisation clandestine, ils se sont pour la plupart exposés dans des organisations d’extrême-droite officielles. Ils haïssent « le communiste, le franc-maçon, le juif, le métèque », tout ce que l’AF leur désigne. Ils y forment notamment les réseaux Corvignolles.
Le PNR : parti national révolutionnaire ; le 9 décembre 1935, 70 membres des Camelots adressent une lettre de démission au président de l’AF. Le 11 janvier 1936, Eugène Deloncle et 7 de ses camarades sont exclus officiellement de l’AF. Le groupe de dissidents, parmi lesquels Deloncle, Jean Filliol, Aristide Corre, Jean Bouvyer, Michel Bernollin et Paul Bassompierre, fonde le PNR, dont le siège est au 31 rue Caumartin à Paris. Dès juin 1936, le PNR fait l’objet d’une perquisition, et deux membres du PNR sont poursuivis, dont Jean Filliol pour « violence à agent de la force publique et rébellion » OSARN : organisation secrète d’action révolutionnaire nationale ; alias « La Cagoule » ; les militants viennent essentiellement de l’AF, notamment de la 17° équipe animée par Jean Filliol dans le 16° arrondissement de Paris. CSAR : comité secret d’action révolutionnaire ; alias « La Cagoule » ; en fait, si la Cagoule s’appelle le CSAR à Paris, elle prend d’autres noms en province, par exemple des titres anodins d’associations patriotiques, régionalistes ou folkloriques. Cagoule militaire : branche militaire de la Cagoule (bien qu’il y ait aussi des militaires, mais plus à titre individuel, dans la branche « civile ») Réseaux Corvignolles : principal réseau de la Cagoule dans l’armée, mis en place par le commandant Georges Loustanau-Lacau, béarnais, amateur d’action secrète, qui aime aussi la « chasse aux sorcières », anticommuniste virulent, il pourchasse les cellules que ceux-ci ont formé dans l’armée. Il affirme descen,dre d’un bâtard de Henri n°4. il est entré à Saint-Cyr en 1912. Après 1918, il entre à l’école de guerre dans la promotion du futur général De Gaulle. Il passe par plusieurs Etat-majors, avant d’atterrir dans celui de Pétain en octobre 1934, ministre de la guerre de Doumergue…il poursuit ensuite sa collaboration avec Pétain, membre inamovible du conseil de guerre, après la chute de Doumergue. Un autre militaire anticommuniste de la Cagoule dans l’armée est le colonel Georges Groussard ; entré à l’école supérieur de guerre en 1920 après avoir été médaillé de la guerre 1914-1918, il fait du renseignement dans les Balkans, part en Indochine, à Madagascar comme chef d’Etat-major ; en 1934, il est détaché au secrétariat général à la défense nationale avec De Gaulle. Il part pour le Maroc début 1937 où il monte un service de renseignement anticommuniste à la fois civil et militaire, et organise la répression de la révolte marocaine de septembre 1937. A la tête de ce service de renseignement anticommuniste marocain, Groussard, qui prétend ne pas être en contact avec les réseaux militaires anticommunistes en métropole (cagoulards), est pourtant en contact avec le capitaine Chrétien. Le capitaine Chrétien affecté en 1937 à l’Etat-major de la défense nationale, engagé à 17 ans dans la guerre 1914-1918, combattant à Verdun, versé dans un régiment colonial au Maroc puis en poste au corps d’occupation en Chine reçu en 1923 à l’Ecole de Guerre à 26 ans, il s’inquiète de la « subversion communiste » et de l’inadaptation de l’armée à celle-ci. Groussard et Chrétien décident de mettre en place une « organisation de résistance à la subversion dans l’armée ». il sont rapidement rejoint par le capitaine breveté André Brouillard, chef du 2° Bureau de la région militaire de Paris, futur écrivain sous le pseudo de Pierre Nord. Puis la jonction est faite avec Loustaunau-Lacau ; autre chasseur de communistes dans l'armée qui les rejoint, le Général Alfred Braun, en poste à Nancy où existent des cellules communistes et même un journal clandestin ; il est en relation à Nancy avec les membres de la Cagoule civile. A Nancy toujours, la cagoule militaire peut compter sur le lieutenantcolonel Rampillon, commandant du 510° régiment de chars de combat. Mais c’est Loustanau-Lacau qui met en place les réseaux Corvignolles en 1936, qui regroupent les jeunes officiers activistes de droite extrême ; le nom de « Corvignolles » vient du nom de jeune fille de la mère du Maréchal Vauban sous Louis n°14, « Cormignolles » : Loustanau-Lacau a écrit un ouvrage sur Vauban pour Pétain, dont il est l’un des hommes de plume attitré… Ces réseaux sont chargés de détecter des cellules communistes et de préparer une action contre-révolutionnaire. En moins de 2 ans, 150 à 200 cellules communistes dans l’armée sont dissoute par la dispersion de leurs membres au sein de l’armée. Le travail des Corvignolles était connu du ministre de la Guerre, du Général Gamelin et du Général Georges. Le lieutenant-colonel Granier, commandant la subdivision militaire de Nice, est le bras droit de Loustanau-Lacau. Ce réseau devient très vite un réseau très bien organisé et très étendu (qui inspirera les instigateur du coup d’Etat du 13 mai 1958…). Il met à contribution tous les corps d’officiers (fantassins, artilleurs, cavaliers, aviateurs). Le réseau Corvignolles dispose dans chaque région, chaque corps de troupe, chaque base aérienne, chaque usine d’armement, d’un « officier d’antenne » relié au comité directeur et « secondé en coulisse par un officier de réserve… ». Loustanau-Lacau visite à cette période nombre des sites où Corvignolles est en place, c'est-à-dire d’après ses propres dires, « partout ». Le réseau édite une publication, « Barrage ». Un bulletin secret est rédigé et
transmis au Général Georges, au Maréchal Franchet d’Esperey, au général Jeannel (chef d’Etat-major de Gamelin). Loustanau-Lacau reçoit par ailleurs l’adhésion de plusieurs officiers de très haut rang. Ils ont l’appui direct d’un Maréchal, mais ce n’est pas Pétain, qui « est bien trop prudent »…ce qui n’empêche pas son officier d’ordonnance, le capitaine Bonhomme de travailler dans le réseau Corvignolles avec Loustaunau-Lacau. Bonhomme utilise le coffre personnel de Pétain pour y cacher les documents les plus secrets… Le réseau Corvignolles est également largement financé par de gros industriels. C’est le Maréchal Franchet d’Esperey, membre très actif du réseau Corvignolles, qui rapproche Loustaunau-Lacau de Deloncle. C’est aussi lui qui trouve les fonds nécessaire au réseau, et qui ne bronche pas quand Loustaunau-Lacau vient lui demander 1 million de FF... c’est lui qui est en relation directe avec les gros industriels. Pétain est favorable mais ne se compromet pas. Pétain bouffe de la « Gueuse » à chaque repas, et applaudirait à la survenue d’un régime fort… Deloncle et Loustaunau-Lacau ont droit à ses sympathies. Loustaunau-Lacau ayant appris les objectifs de la cagoule (coup d’Etat), aurait d’après ses propres dires, averti un certain nombre d’officier des objectifs de celle-ci, et aurait obtenu des « sorties » de la Cagoule d’un certain nombre d’entre eux. C’est Deloncle lui-même qui fournit à Loustaunau-Lacau les noms des officiers recrutés par la cagoule en échange de renseignements sur les communistes. Mais plusieurs membres de la Cagoule contestent cette version des faits…Loustaunau-Lacau organise avec le Général Gerodias une manipulation, quoi consiste à diffuser un pseudo-document révolutionnaire au sein de l’armée, pour accroître l’inquiétude des officiers et les jeter dans les bras de la cagoule. Avec ou sans le réseau Corvignolles, des contacts sont pris entre la Cagoule civile et des personnalités de très haut-rang de l’armée, jusque dans le conseil supérieur de la Guerre (3 membres de ce conseil sont directement en contact avec Deloncle d’après Loustaunau-Lacau lui-même, en juin et juillet 1937). UCAD : Union des Comités d’Action Défensive (ou Union des groupes d’Auto-Défense) ; dirigé par le général Duseigneur, entretient des relations étroites avec le CSAR. Parallèlement aux réseaux Corvignolles de Loustaunau-Lacau, existe dans l’armée le réseau de l’UCAD, de Duseigneur. Déjà très puissant en 1936, il est au sein de l’armée le fruit d’une dissidence de l’Action Française, « avec des buts troubles et mal définis »… le commandant Loustaunau-Lacau rencontre le général Duseigneur en décembre 1936, qui ne lui cache rien des activités de l’UCAD. Duseigneur, véritable instigateur de la Cagoule militaire, est alors « dominé » par Deloncle. Loustaunau-Lacau rend compte à Pétain ; peu après, il est convoqué par le Maréchal Franchet d’Esperey, le 3 mars 1937, chez lequel il fait la rencontre de Deloncle… Le Maréchal Franchet d’Esperey explique à Loustaunau-Lacau la démarche de Deloncle avec laquelle il est en accord et qu’il demande à Loustaunau-Lacau de soutenir : renverser l’Etat. Le Maréchal Franchet d’Esperey de conclure : « je voudrais que vous mettiez votre main dans la sienne et que désormais vous marchiez ensemble »… Loustaunau-Lacau refuse, relevant au passage la contradiction qu’il y a à parler d’un coup d’Etat à l’heure de la menace nazie…[oui, oui, c’est intéressant, comment Deloncle et le maréchal putschiste conçoivent-ils le rôle du régime nazi dans leur projet de prise du pouvoir… ?] Finalement, Deloncle et Loustaunau-Lacau, malgré les pressions du maréchal, ne se mettent d’accord que pour un échange d’informations sur les communistes. Le Maréchal Franchet d’Esperey insistant lourdement auprès de Loustaunau-Lacau, celui-ci lui rétorque : « Un putsch, qu’il soit de droite ou de gauche, coupera le pays en deux. Ce sera l’invasion au premier tournant de la politique extérieure » [finalement, c’est le « premier tournant de la politique extérieure » qui a précédé « le putsch de droite » de Pétain et des siens…]. De plus, l’utilité de la Cagoule militaire pour repousser un « putsch communiste » est un prétexte qui ne tient pas la route, car à l’époque, « il aurait suffi de quelques dizaines de chars pour les mettre à la raison », explique Loustaunau-Lacau en 1948 au procès de la Cagoule… Duseigneur confirmera lors du procès de la cagoule les relations suivies du CSAR avec l’Armée, « contrairement aux affirmations de [...] Daladier » ; il explique aussi qu’un membre du conseil supérieur de la guerre demanda à Deloncle de le rejoindre d’urgence « alors qu’il était dans une ville de province à 250 kilomètres de Paris », un dimanche de juin 1936 [parmi les grande villes, cela peut-être Poitiers, Dijon, Angers ; pour ce qui est du membre du conseil supérieur de la guerre en question : ?]. Le général Lavigne-Delville [qui se défend d’avoir appartenu à la Cagoule mais n’en est pas moins soupçonné] confirme ces relations entre le CSAR et des « officiers d’active appartenant au 2° Bureau d’un Etat-major de Paris », et que le Maréchal Lyautey [mort en 1934 !] lui a parlé en des termes élogieux de Deloncle, ce qui laisse supposer que Lyautey était informé par Deloncle…Jean-Moreau de la Meuse [chargé au CSAR des questions de transport et d’équipement ; diplômé de l’école supérieure d’électricité, ingénieur, travaille chez Thomson-Houston puis à la Société Commerciale des Pétroles, considéré comme un des cerveaux de la Cagoule] note qu’en septembre ou octobre 1937, il est chargé par Henri Deloncle [frère du chef de la Cagoule, qui est aussi son bras droit] de se rendre dans un local de la rue Joubert pour y échanger des renseignements sur l’activité communiste civile, avec un représentant du 2° Bureau, « ainsi que cela se faisait chaque semaine »…Les membres du CSAR disposent également d’une « carte bleu » spéciale qui leur autorise l’entrée dans les casernes. Le colonel Georges Cachier [chargé d’enseigner aux troupes de choc du CSAR les méthodes de comportement dans les combats de rue] a participé comme représentant du Duseigneur et Deloncle à une liaison avec deux officiers supérieurs parisiens. Il avait été prévu que les membres du CSAR seraient à l’heure dite de la contre-insurrection [ou du putsch militaire] dotés de cartes bleues leur permettant de pénétrer dans les casernes et de s’y tenir à la disposition de l’armée…La liaison entre Cagoule civile et militaire s’est accentuée vers octobre 1936. Plusieurs commandants de régions, dont à Metz le Général Giraud qui figure parmi les plus déterminés, ont souscrit à cette collaboration. De Gaulle, alors sous les ordres de Giraud, aurait accepté de marcher dans le coup d’Etat en cas de révolution. Un autre dirigeant des UCAD est le duc Pozzo di Borgo, héritier de l’une des plus puissantes familles corses, ex-chef des Croix-de-Feu, qui a pour avocat Xavier Vallat en 1937 lors de son arrestation. Chevaliers du Glaive : organisation secrète niçoise fondée par Maurice Juif, membre de la Cagoule ; Maurice Juif est un passionné d’ésotérisme et marchand de chaussures ; la société secrète est organisée sur le modèle de la franc-maçonnerie mais avec une tendance ultra-nationaliste et antisémite. La société recrute dans les milieux de la Haute-Bourgeoisie de Nice. Les rituels de la société ressemblent étrangement à ceux du Ku Klux Klan. On y trouve aussi le docteur Jean Faraut, médecin à l’hôpital civil de Nice. Lors de son arrestation dans le cadre des enquêtes sur la cagoule, Faraut bénéficie d’une lettre de sympathie du député-maire de Nice, Jean Médecin…les dirigeants de cette société secrète seront exécutés par les dirigeants de la cagoule, dans une affaire commune de trafic d’arme ; mais Juif avait couvert ses arrières, et suite à son assassinat, par un subterfuge concocté par lui, la police sera informée des trafics d’armes de la Cagoule. Pétain et la Cagoule : l’implication de Pétain dans la Cagoule a été longtemps un point de vue largement partagé ; notamment dans l’immédiat après-guerre. Les cagoulards pullulent littéralement autour de lui dès l’avant-guerre, sans parler de ses ministres et proches sous Vichy. Lors de son procès en 1945, le procureur général Mornet retient d’ailleurs cette charge contre Pétain ; il défend d’ailleurs la thèse, exacte, que Pétain est allé bien au-delà et même à l’encontre des pouvoirs qui lui étaient conférés la veille par la Chambre et le Sénat, en promulguant les trois actes constitutionnels du 11 juillet 1940. Mornet ajoute que la décision de prendre ces 3 actes par le vieux croûton ne sont pas le fait du hasard ni d’une décision de dernière seconde, mais l’aboutissement d’un « complot fomenté depuis longtemps contre la République [...] », complot qui eut son aboutissement dans le régime de Vichy. De ce complot « Pétain en était le drapeau ; [...] leur intention était de prendre le pouvoir pour instituer un régime sur le modèle de Franco, en utilisant les services de celui-ci et au besoin l’appui de Hitler ». Les stocks d’armes de la Cagoule : un cagoulard, qui aurait souhaité un passage à l’action offensif lors de la tentative de putsch par intoxication et bluff du 16 novembre 1937, explique : « notre puissance de feu était telle, la supériorité de nos moyens sur ceux de la police si évidente qu’il n’existait pas d’hésitations possibles [...] ». a Paris, plus de 10 tonnes d’armes sont trouvées, dont 20 mitrailleuses, 250 fusils-mitrailleurs, 5000 grenades, des milliers de revolvers et des centaines de fusils bien alimentés en munitions.
Sans compter les armes de la province qui ont totalement échappées à la police… Elles auraient en partie été données à l’armée, qui s’en servit pour les corps-francs en 1939 [dans ce cas, on devrait pouvoir remonter à leur origine ? Pourquoi cela ne semble-t-il pas être le cas ?]. Les armes stockées en Espagne auraient été remises au régime de Franco. L’organisation de la Cagoule : elle est entièrement calquées sur celle de l’armée, avec un Etat-major, un 1°, 2°, 3°, 4° bureau, et un service sanitaire. Les effectifs sont divisés en divisions, régiments, brigades, bataillons, etc., ce qui traduit clairement les intentions de guerre civile de cette organisation paramilitaire. L’objectif est l’instauration d’une dictature, celle-ci n’ayant pour rôle que de précéder la restauration monarchique. Ont également été découvert : du matériel pour produire de fausses cartes d’identité, des instructions pour le transport d’armes, des renseignements sur la force publique, avec les noms des officiers commandant les unités, des fiches de renseignement sur lesdits officiers et le matériel des régiments, des notes de service de l’armée vierges, une liste d’immeubles de la capitale ayant plusieurs issues, un plan précis des égouts de Paris, avec des itinéraires tracés aboutissant à la chambre des députés et aux ministères, les plans de locaux occupés par Editions journaux de gauche, des plans d’appartement de députés socialistes, le fac-similé de signatures de ministres, une liste de ministres et de parlementaires à arrêter au signal ; un dossier prévoyant les moyens de s’emparer des dépôts de bus et des bennes de la SITA, destinés à être transformés en matériel offensif, un projet pour s’emparer des armes du Mont valérien, etc. En 1937, le fils de Deloncle est pensionnaire au collège de Fribourg (suisse) et sa fille est pensionnaire au lycée français Chateaubriand à Rome. La police parvient à arrêter Deloncle en lui faisant croire à un rendez-vous avec le 2° Bureau [a-t-il été lâché par le 2° Bureau ?]. les cagoulards arrêtés en 1937 présentent tous la même défense : ils font partie d’une organisation chargée de contrer un putsch communiste… Les investigations contre la Cagoule : elle se déclenchent essentiellement fin 1937, après la tentative de putsch de la Cagoule, à Paris comme partout en province, mais on débuté discrètement dès le début de 1937. De nombreuses organisations d’anciens combattants dénoncent les conditions d’arrestations de leurs camarades cagoulards. La police pense rapidement à une nouvelle chouannerie devant les découvertes de dépôts d’arme, en province, dans des châteaux, comme à Clermont-Tonnerre près d’Evreux. Et de fait la conjuration cagoularde a pour objectif l’instauration d’une monarchie. Le parti communiste, via l’Humanité, propose une démonstration que le complot de la Cagoule a été mis en œuvre par la Gestapo [à voir]. Jamais la Santé n’a accueilli autant de « locataires » à particule, autant de bourgeois. Les militaires cagoulards et les investigations : un étrange silence entoure les militaires les plus compromis ; la « grande muette » bénéficie en effet d’une totale indulgence pour sa participation à la Cagoule. Deloncle aurait protégé les militaires et les services secrets [2° Bureau…] des investigations policières [!!!]. La police reçoit en fait l’ordre d’arrêter immédiatement toute investigation quand elles vise des militaires en activité. Ainsi aucun officier d’active cagoulard ne sera atteint… L’enquête s’arrête aux portes des casernes. C’est Edouard Daladier lui-même qui serait à l’origine de cette décision. Certains suggèrent que Daladier lui-même aurait eu des sympathies cagoulardes, et qu’au fait des activités de l’organisation paramilitaire au plus haut niveau de l’armée, il les aurait couvertes. D’autres suggèrent qu’étant données les circonstances internationales, Daladier à jugé peu opportun de « démoraliser » l’armée… Lors de la déclaration de guerre en 1939, Deloncle rejoint l’Etat-major de la Marine à Montbazon dans l’indre-et-Loire. Filliol et le Docteur Martin sont des catholiques pratiquants. Au temps de l’action française, la duchesse de Guise, épouse de l’héritier des rois de france et mère du comte de Paris, demande au docteur Martin de quelle manière on pourrait le remercier une fois la monarchie rétablie… Le 15 février 1941, le MSR de Deloncle et le RNP de Déat se rejoignent, mais l’entente ne dure pas et ils se séparent, les membres du RNP n’appréciant pas la compagnie des ex-cagoulards. Parmi les 2 000 engagés de la LVF, qui rassemble à nouveau Déat et Deloncle, le nombre d’ex-cagoulard du MSR de Deloncle est important. Fille de Eugène Deloncle, Claude Servant. Fils de Deloncle : Louis Deloncle. Le dossier constitué en 1939 sur la Cagoule, et qui a survécu grâce à un subterfuge à l’Occupation et à la Collaboration (caché dans les toilettes du tribunal de Lesparre en Gironde) ; il remplit plusieurs armoires, c’est le dossier auquel l’auteur a eu accès. En 1934, l’Action Française tire à 100 000 exemplaires, et Gringoire à 300 000 exemplaires. La journée du 6 février 1934 est largement due aux appels de l’AF, qui ne cesse d’appeler dans ses colonnes au coup de force. Francistes : dirigés par Bucard, faction extrémiste fasciste, peu nombreuse mais très virulente. L’AF est le vivier dans lequel la Cagoule recrutera le plus grand nombre de ses activistes et les plus déterminés et dynamiques. Royalistes : jeunes Turcs, camelots du roy Doumergue se repose dans sa propriété de Tournefeuille en banlieue toulousaine quand il est appelé au conseil en 1934 après la manifestation du 6 février 1936. Union nationale des combattants : très puissante organisation d’anciens combattants d’extrême-droite, elle participe à la manifestation du 6 février 1936 ; elle est menée par Georges Lebecq. Suite au rôle du colonel De la Rocque lors du 6 février, nombre des croix de feu dégoûtés rejoignent la Cagoule. Action Française : Quand Maurras apprend l’existence de la cagoule, créée par Deloncle, ancien chef de la section des ingénieurs de l’AF, il rejettera cette « franc-maçonnerie blanche ». Et pourtant, il en est par ses écrits un des principaux fondateurs. Vers 1934, l’AF regroupe 60 à 70 000 adhérents. Née en 1898 dans le cadre de l’affaire Dreyfus, catholique mais avant tout aristocratique intégriste, monarchiste absolutiste (pour une monarchie héréditaire), antiparlementaire. Jeunesses Patriotes (JP) : droite activiste, bonapartiste, opposée à la tradition monarchiste, plus populaire que l’AF dans son recrutement et idéologiquement différente. Les JP descendent en ligne directe de la Ligue des Patriotes de Déroulède. Elles ont été fondées en 1924 par Pierre Taittinger ; 300 000 adhérents en 1924. Nationalistes cocardiers, jacobins de droite. Héritiers du boulangisme. Favorable à Mussolini et au système corporatiste italien. Les UCAD : Edmond-Arthur Duseigneur, général et « as de l’aviation de 1914-1918 » accueille dans son organisation, après la dissolution des ligues, les anciens combattants « inquiets », les « ligueurs dépités » ; l’organisation est « secrète » ; elle va recevoir l’appui d’un maréchal de france ; l’UCAD est déclarée régulièrement en préfecture de police de Paris. Ce sont ses objectifs réels qui sont secrets. Duseigneur parcourt la province, pour inciter son auditoire à former des « comités de quartiers et de maisons ». au besoin stocker des armes.
Bibliographie et sources : « la Cagoule, 30 ans de complots », Philippe Bourdrel, Editions Albin Michel, 1970 « affaire du CSAR – Comité secret d’action révolutionnaire », archives de Paris (essentiellement cartons du versement 212/79/3) « Christian Bernadac présente Dagore, les carnets secrets de la Cagoule », Editions France-Empire, 1977 « secrets d’Etat », Raymond Tournoux, Editions Plon, 1968