Les blanchisseurs

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« Les blanchisseurs ; une enquête explosive sur le recyclage de l’argent sale», Jeffrey Robinson, Editions Presses de la Cité, 1994 

Etats-Unis – NY – Spanish Harlem & Bronx – bande mafieuse « Los Brujos » : Robert Torres, un jeune portoricain de Spanish Harlem, commence sa carrière en vendant dans la rue de la marie-jeanne. Puis il se met [tout seul ?] à vendre de l’héroïne, en commençant par vendre lui-même, avant de placer des amis à sa place dans la rue. Il « trouve le moyen » de faire importer luimême l’héroïne et apprend la vente en gros. En 10 ans, il rassemble sous ses ordres une 100aine d’amis, qui donnent à leur bande le nom de « los brujos » (les sorciers) et contrôle ainsi 20 « centres » de distribution à Manhattan et dans le Bronx. Début 1993, les Brujos vendent chaque jour pour 500 000 $Us d’héroïne, mais il se font arrêter par le FBI. Torres était devenu propriétaire de 60 propriétés commerciales entre NY et Porto Rico, une entreprise de construction, plusieurs restaurants, un complexe touristique près de San Juan et une série d’investissements financiers. A 37 ans, il pèse 60 millions de $us [rien à voir avec les parrains des principales mafias de la planète, y compris aux Etats-Unis, et dont sa bande ne devait être qu’un ridicule appendice, sacrifié sur l’autel de la popularité des barons de la politique américaine…]. En matière de blanchiment, son mentor, resté tapi dans l’ombre, était un ancien haut-cadre de la CMB (Chase Manhattan Bank).

Etats-Unis – mafia du « syndicat du crime » : la légende veut que le blanchiment ait été inventé ou en tout cas répandu par Al Capone. Al Capone tout comme son grand rival Georges ‘Bugs » Moran, utilise une chaîne de laveries automatiques disséminées dans Chicago pour maquiller les revenus tirés du jeu, de la prostitution, du racket et de la contrebande d’alcool. Ce n’est qu’une légende. D’autres ont accordé la paternité du blanchiment à un autre parrain, Meyer Lansky. Pendant que ses confrères parrains mafieux américains comme Capone, Lucky Luciano et plus tard Franck Costello se fraient un chemin dans un bain de sang, Lansky, né en Pologne et élevé à NY, se sert de sa « cervelle » pour devenir un des plus grand ponte du « syndicat du crime ». il est considéré comme le comptable de la mafia à cette époque. En octobre 1931, Lansky est frappé par l’imprudence de Capone, arrêté pour fraude fiscale par le FBI. Dès cette année, Lansky découvre et met à profit les comptes numérotés des banques suisses. Dans les années 1950, après avoir aidé son ami le parrain Benjamin « Bugsy » Siegel à financer le Flamingo (premier grand complexe casino – hôtel de Las Vegas…), Lansky suggère d’accroître l’ouverture internationale de l’organisation mafieuse aux autres dirigeants du « syndicat du crime ». Lansky introduit ainsi la mafia à La Havane et avec la bénédiction intéressée du dictateur Fulgencio Batista, suscite presque à lui seul un véritable boom économique dans la capitale cubaine. Mais le rêve de faire de Cuba un paradis fiscal s’effondre avec l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, descendu des montagnes cubaines vers la capitale en 1959, avec des armes fournies par des gangsters américains. Lansky admet alors avoir misé sur le mauvais cheval et en tira la conclusion qu’un environnement politique stable est la meilleure garantie pour tout investissement à l’étranger… Il se tourna alors vers les Bahamas, archipel de 700 îles, à l’époque encore colonie britannique officielle, où les conditions sont idéales : bonnes communications, immobilier bon marché, accès aisé, politiciens locaux véreux et corruptibles à volonté, et renforcement ultraconservateur du régime (pour en garantir la stabilité…) aisément réalisable à partir d’injections de $us. Lansky mis en place vers les Bahamas, entre autres, des filières d’évasion de capitaux occultes. L’expression de « blanchiment » n‘apparaît en anglais que vers 1973, dans le cadre du scandale du Watergate…

Etats-Unis – mafia d’Etat : fin février 1972, Richard Nixon lance sa campagne de réélection, et annonce la création du « Comité pour réélire le président », ou CRP, ou « creep » (an anglais, « lèche-botte »… !). A la tête du CRP, il nomme un vieil ami, le ministre de la justice John Mitchell. Le ministre du commerce Maurice Stans est aux commandes du comité des finances du CRP. En fait il s’agit d’amasser un « trésor de guerre » présidentiel. Parmi les nombreux contributeurs, l’industrie laitière américaine figure en bonne place, le lobby laitier étant reconnaissant à Nixon pour ses subventions fédérales. On y trouve aussi le nom du milliardaire reclus Howard Hugues, qui remet de la main à la main 100 000 $Us au meilleur ami de Nixon, le banquier de Floride Charles « Bebe » Rebozo ; celui de l’escroc international Robert Vesco, qui fait une « donation » de « protection » de 200 000 $Us au comité de racket présidentiel : il est serré de près par le ministère de la justice de Mitchell, qui n’a qu’à lever le petit doigt pour le traîner devant les tribunaux ; celui de la compagnie American Airlines alors dirigée par George Spater, qui camoufle le détournement de 100 000 $Us en faisant émettre cette somme par une société libanaise du nom d’Amarco, sous la forme d’une fausse facture à titre de commission sur des pièces prétendument vendues à Middle East Airlines. AA règle le montant de la facture à Amarco qui reverse l’argent en Suisse et le fait virer sur son compte de NY, où un agent d’Amarco vient retirer la somme, l’apporte à Spater, qui les remet à son tour à Mitchell et Stans… Braniff Airlines verse aussi une obole : elle commence par blanchir la somme en passant par panama. Le vice-président de la Compagnie pour l’Amérique latine ordonne à son représentant de panama City de réunir 40 000 $Us en espèce en faisant établir par une entreprise locale une fausse facture pour « biens et services » ; le siège de dallas fournit ensuite au bureau de Panama une liasse de billets d’avion en blanc, non déclarés et ne devant être émis qu’au nom de clients payant leur voyage en liquide. L’argent ainsi réuni est ensuite acheminé par le biais d’une entreprise de construction de Dallas avant de réapparaître dans les livres de comptes de Braniff Airlines pour boucher le trou initial…Du côté de l’industrie pétrolière, le PDG d’Ashland Oils, orin Atkins, choisit d’effectuer la ponction dans une filiale gabonaise, faisant ensuite blanchir et retirer l’argent en liquide en Suisse, avant de le faire rapatrier aux Etats-Unis dans l’attaché-case d’un cadre en voyage d’affaires. La société Gulf Oil de son côté fit transiter son don de 100 000 $us par une de ses filiales aux Bahamas. Ces contributions ne furent bien sûr pas déclarées au fisc par le CRP. Le Congrès ayant voté une loi interdisant les donations politiques anonymes, Mitchell et Stans trouvèrent une vieille connaissance mexicaine, pour brouiller toute trace compromettante, un avocat de Mexico, Manuel Ogarrio Daguerre ; celui-ci avait pour le compte du CRP un autre complice à Miami, Bernard L. Baker, agent immobilier, qui reçut la garde sur ses comptes d’une partie des fonds du CRP. L’affaire n’aurait jamais été découverte si Stans et Mitchell n’avaient voulu financer un crime. Le 17 juin 1972, 5 hommes s’introduisent dans les locaux du comité national démocrate, dans l’immeuble du Watergate, à l’est de Juarez Circle ; les exécutant sont Virgilio Gonzalez (serrurier cubain), Eugenio Martinez (activiste cubain anti-castriste et informateur de la CIA), Frank Sturgis (mercenaire de Miami et indicateur de la CIA), James W. McCord Jr. (ancien agent du FBI et de la CIA) et Bernard L. Barker (habitant de Miami et ancien agent de la CIA impliqué dans le débarquement de la Baie des gros porcs en 1962). Les 5 hommes furent arrêtés sur le champs par les agents du FBI. James W. McCord Jr. attira le premier l’attention des enquêteurs, car il tait aussi le coordinateur de la sécurité du CRP. Peu après furent arrêter G. Gordon Liddy et E. Howard Hunt, stratège du « coup » du Watergate, tous deux également en lien avec la CIA, le CRP et la Maison-Blanche… Grâce à des versements par chèque à Barker, des journalistes d’investigation du Washington Postérieur parvinrent à remonter les circuits de blanchiment jusqu’au CRP. le NY Times mit à jour la filière mexicaine. Le total des sommes détournées retrouvées s’éleva vite à 750 000 $Us. une des conséquences les plus scandaleuses du Watergate, plus scandaleuse que l’affaire elle-même, fut le vote d’une loi par le Congrès par laquelle la police financière était priées de ne plus relever les numéros des billets de banque. Une véritable aubaine pour les blanchisseurs.


Techniques de blanchiment : on ne fait pas tenir 10 millions de FF dans un attaché-case : cela forme empilés en billets de 500 FF une colonne de 3 mètres de hauteur. Pour des petites sommes, le blanchiment est facile ; exemple 1 : pour blanchir 200 000 FF, il suffit de pousser la porte de 10 banques et d’acheter dans chacune d’elles pour 20 000 FF de chèques de voyage, qu’il sera ensuite possible de déposer sur n’importe quel compte à numéro dans une banque étrangère, à moins de les garder sur soi pour les utiliser pour des consommations courantes ; exemple 2 : pour blanchir 200 000 FF, il suffit de pousser la porte de 10 bureaux de poste et d’acheter une poignée de mandats postaux internationaux, dont le montant pourra ensuite être déposé sur n’importe quel compte à numéro dans une banque étrangère, à moins de les garder sur soi pour les utiliser pour des consommations courantes ; exemple 3 : une somme de 1 million de FF peut être investie en cash dans l’achat d’une Rolls-Royce Silver Spirit, sans que le concessionnaire ne trouve à redire sur le sac bourré de billets de banque qu’il reçoit ; il suffit ensuite de revendre la Rolls en exigeant son achat par chèque, et de déposer le chèque sous un faux nom sur un compte en banque à l’étranger. Cependant, l’achat d’une voiture et le chèque laissent des traces écrites, contrairement à l’argent liquide. L’argent liquide est utilisé dans le commerce des antiquités. exemple 4 : commencer par acheter une société écran pour 1 000 FF (des agents spécialisés vendant des compagnies « prêtes à l’emploi » passent chaque jour des annonces dans la section financière de la plupart des journaux nationaux) ; en utilisant le nom de cette compagnie écran et son adresse de siège, acheter en liquide (à blanchir) des vases chinois, des fauteuils Louis 15, des tapis persans, des pierres précieuses, des timbres et des pièces de monnaie de collection, toutes choses facilement reconvertibles en liquide (propre) ; après avoir amassé un stock suffisant d’objets d’art ou d’antiquité (par exemple 10 vases Ming à 50 000 FF chacun), les mettre en vente séparément dans 5 salles de ventes situées dans 5 villes différentes. Quand les articles sont mis aux enchères, soit les laisser acheter par le plus offrant, soit envoyer un « cousin » ou un « tonton » les racheter pour mon compte ; chaque article écoulé est réglé par chèque ; dans ces mêmes salles de vente, quantité de gens règlent leurs achats en espèce, et il est rare qu’une de ses transactions soit étudiée de près par les polices financières… exemple 5 : le commerce de détail, bars et restaurants, sont encore un secteur où l’argent coule à flots ; certains restaurants n’acceptent ni les cartes de crédits ni les chèques, la plupart acceptent le règlement en liquide. Littéralement, les pizzas sortent par la grande porte, l’argent sale rentre par la porte de service. Exemple 6 : pour les locations vidéo, qui implique un fort volume de transactions fiduciaires (en espèces), personne ne remarquera l’entrée supplémentaire de 3 000 FF dans la caisse d’une boutique possédant un stock de 5 000 ou 10 000 cassettes vidéo. Plus l’argent sale est réintroduit au compte-goutte dans le circuit, plus il passe inaperçu. Les secteurs où les transactions fiduciaires concernent une énorme quantité de petites sommes sont idéales. Personne ne soupçonne le comptable dont le rapport annuel stipule que les deux proprios de la boutique reçoivent chaque année une prime de 600 000 FF ; exemple 7 : papa installe son fils à la tête d’une épicerie à paris ; papa prête aussi à fiston l’argent dont celui-ci a besoin pour ouvrir son commerce, en liquide de préférence. Fiston paie ses menuisiers, ses peintres et ses livreurs en liquide, et tous sont ravis d’accepter ce versement en liquide car il n’est ainsi pas imposable. Fiston achète ses marchandises par l’intermédiaire d’un grossiste, le frère de papa ; et quand fiston commande 50 caisses de tagliatelles à tonton, il n’en reçoit que 40 ; papa donne ensuite à fiston du liquide pour compenser le manque ; même chose quand il commande d’autres produits à tonton ; tonton réduit les livraisons, et l’aide de 20% manquants fait rentrer l’argent sale de papa dans le système ; à la fin du mois, papa renfloue aussi un peu plus la caisse de fiston avec du liquide ; les comptables de fiston sont heureux, le fisc est heureux, et fiston peut bientôt ouvrir une deuxième épicerie, etc. puis fiston ayant étendu son empire, il décide de se lancer dans l’importation d’olives du pays ; ça tombe bien, papa a justement un cousin à Nice ; mais fiston n’achète pas directement à cousin ; papa ouvre aux Bahamas européen société baptisée « huile de mon cousin » et SA Cousin envoie 100 bouteille à la compagnie bahaméenne de papa pour 1 000 FF. La compagnie bahaméenne de papa facture à fiston 120 bouteilles à 30 FF pièce, mais papa met la main à la poche pour rembourser fiston en liquide à la fin du mois, comme d’habitude. Entre 100 et 300 milliards de $Us circulent chaque année en quête de circuits de blanchiment. C’est la troisième activité mondiale après le marché des devises et celui du pétrole.

Banques clandestines : le système bancaire parallèle ou souterrain existe sous de nombreuses formes ; qu’il s’agisse des réseaux chop shop, hundi, chiti ou hawala, ils sont nés d’un climat politique violent de défiance à l’égard des banques officielles. Ce système est fondé sur des liens familiaux ou claniques, et se caractérise sur un recours croissant à la violence en cas de non respect des règles.

Monde - banques clandestines chinoises : les chinois ont créé un réseau de banques occultes appelé « fei chien » (« argent volant ») ; sous sa forme la plus simple, ce sont des bons ou des jetons qui circulent à la place de l’argent liquide. Une somme est déposée chez un négociant en or à Hong Kong ; celui-ci échange cette somme contre une petite carte portant le dessin d’un dragon, ou un billet de 10$Us marqué d’un tampon spécial, ou encore un petit bout de papier apparemment insignifiant (reçu de tein,turier ou de carte à jouer déchirée) ; le porteur se rend ensuite à San Francisco et présente son « reçu » à un cambiste de Chinatown, qui lui remet la somme équivalente en espèces. C’est l’équivalent, clandestin, du chéquier.

Occident - banques clandestines occidentales : du temps où certains pays européens avaient un contrôle des changes (RoyaumeUni, france, Italie par exemple), le tourisme a été un vecteur d’émergence d’une variante de banques clandestines. Un homme d'affaires parisien prête par exemple à des amis américains autant d’argent qu’ils le souhaitent pendant leur séjour en Europe. A leur retour dans leur pays, ceux-ci font le calcul de ce qu’ils doivent à leur ami parisien et déposent le total sur un compte nondéclaré américain du parisien.

Monde – hawalas (banques clandestines indiennes) : pendant toute la guerre du Vietnam, un marché noir florissant alimente l’économie souterraine de l’Asie du Sud-est ; jusqu’en 1968, Saigon vit de toutes sortes de trafics et de fraudes ; le taux de change officiel à l’époque est de 118 piastres vietnamiennes pour 1 $Us, mais celui du marché noir est plus proche de 200 piastres. Une part lucrative de ce commerce est contrôlée par un petit groupe d’indien immigrés de Madras, qui achète des $ Us au marché noir et les exporte clandestinement pour les déposer à Hong Kong et Singapour ; à partir d’ici, l’argent est transféré soit vers l’Europe soit vers le Moyen-Orient où il sert à acheter de l’or. Cet or est ensuite rapatrié en contrebande au Vietnam et vendu en piastres à un taux excédant largement 200 piastres pour 1 $Us ; pour boucler le tout, les piastres sont ensuite revendues aux américains en échange de $Us. Quand les autorités sud-vietnamiennes entreprirent de mettre fin à ce réseau de blanchiment, les indiens de Saigon avaient déjà mis en place un système similaire aux hawalas ou aux fei chien chinoises : ils échangent des chèques signés par des GI’s et émis par des banques américaines contre des bons ; ces chèques étaient ensuite envoyés et déposés sur des comptes ouverts par des indiens à NY. Une fois les chèques encaissés, les bons étaient échangés contre des piastres. A ce stade, plusieurs banques de NY s’occupaient des transferts de fonds destinés à acheter l’or. Une autre forme de hawala existe désormais entre l’Inde (où le contrôle des taux de cha,nge est maintenu) et le Royaume-Uni, où une importante communauté indienne a substantiellement intérêt à faire venir des fonds de l’Inde vers l’Europe. Les possibilité de dépôts d’argent chez des banquiers hawala partout en Inde et de retrait des sommes équivalentes à Londres quelques heures plus tard sont multiples. Cves banques hawalas indiennes ponctionnent la transaction d’une commission de 5 à 15%. Le système fonctionne parce qu’il est à double sens :


il y a à la fois en Angleterre et en Inde assez de gens à la tête d’importantes sommes d’argent sale (trafiquants de drogue, mafia indienne, réseaux « terroristes » indiens, authentiques hommes d'affaires mafieux…) qu’ils veulent blanchir et transférer sans laisser de traces écrites, acceptant à ce titres le grosses commissions des banquiers hawalas. Les britanniques s’inquiètent des échanges entre les hawalas londoniennes et les deux régions du Penjab et du Cachemire, parce que l’argent qui est écoulé par ce canal est réputé servir au terrorisme des séparatistes sikhs et du Cachemire ; les anglais pensent également que c’est un des principaux canaux de financement des trafiquants de drogue qui exportent du Pakistan. Les banquiers hawalas sont nombreux à Londres, et certains ont été arrêtés en 1989 pour blanchiment d’argent sale. 

Monde – mafia financière new-yorkaise : en 1986, Dennis Levine, banquier d’affaire de NY alors âgé de 33 ans, et directeur général du département des fusions et acquisition de « Drexel, Burnham, Lambert », est accusé d’avoir pratiqué le délit d’initié à une gigantesque échelle ; de 1978 à 1985, il avait utilisé des informations confidentielles pour négocier les actions et obligations de 54 entreprises, et réalisé de cette manière un bénéfice de 13 millions de $Us. il lui fallait blanchir cet argent avant de pouvoir l’utiliser ; à cet effet, il acheta 2 sociétés écrans enregistrées à Panama, « Diamond Holding SA » et « International Gold Inc », légalement constituées et disposant d’un directoire d’hommes de paille ; son nom n’apparaissait nulle part, conformément aux lois de ce paradis fiscal. Puis il ouvrit des comptes bancaires pour les 2 sociétés écrans à la Bank Leu International de Nassau, en veillant toujours à ce que son nom n’apparaisse nulle part. son contact était le gestionnaire de portefeuille de la banque, citoyen helvétique, Bernhard Meier, ayant pour consigne de ne jamais le contacter. Levine lui téléphonait lui-même de cabines publiques. Quand il avait besoin d’argent, Levine s’envolait pour les Bahamas sous un faux nom et seulement pour la journée, évitant les hôtels dont les employés pourraient servir à l’identifier. Mais il faisait de si brillants investissements que certaines personnes (dont Bernhard Meier) décidèrent de lui emboîter le pas, imitant ses transactions. Ce fait conjugué à un taux de réussite étonnamment élevé, éveilla les soupçons ; la SEC (COB américaine) découvrit que Levine avait des complices dans d’autres maisons de courtage ; dès qu’il le mirent sous pression, Levine balança ses acolytes.

Etats-Unis & Colombie – mafia colombienne : Beno Ghitis-Miller, agent de voyage de Cali en Colombie, s’installe à 32 ans à Miami pour monter un bureau de change du nom de « Sonal ». Il ouvre un compte au nom de Sonal à la Capital Bank, dans le centre ville de Miami, sur lequel il dépose chaque semaine en espèce des sommes importantes (près du millions de $ Us). bientôt un homme dénommé Eisenstein se présente à la Capital Bank comme un agent de Ghitis-Miller, et annonce qu’il fera lui aussi des dépôts sur le compte de la Sonal. Mais la banque flaire l’aubaine et annonce à Eisenstein qu’elle ne peut plus accepter les liquidités ; GhitisMiller prit contact avec le PDG de la banque, qui lui proposa un « arrangement » moyennant une rallonge de la commission perçue par la banque. Au cours des mois suivants, les dépôts devinrent plus importants encore, et le directeur d’agence proposa à GhitisMiller le transfert des avoirs de la Sonal vers le siège de la Capital Bank à North Bay village (toujours Miami), ce qui fut accepté, et par la même occasion, Ghitis-Miller fit transférer le siège de la Sonal dans la même ville. En 8 mois, Ghitis-Miller, Eisenstein et 37 personnes d’origine hispanique déposèrent 240 millions de $Us à la Capital Bank. Mais les autorités américaines finirent par faire fermer la Sonal…

Monde – mafias françaises : le terrain de prédilection des mafieux français Henri et Charles Borodiansky (père et fils) est la fraude maritime, en particulier l’affrètement de cargos fantômes ; au début des années 1980, les Borodiansky prétendent peut-être en possession de 14 conteneurs de whisky écossais Hennessy VSOPà vendre. Un grand magasin de Tokyo se dit intéressé et ses acheteurs envoient un chèque de 3.3 millions de $Us à une société écran baptisée Mozambico Inc. Ltd., dont le siège est situé à une adresse de complaisance dans le centre de Londres. Voyant que le cargo n’arrive pas, les japonais demandent des renseignements à l’IMB (International Maritim Bureau de Londres – Interpol des affaires maritimes) et apprennent que Charles Borodiansky, sous le pseudonyme de Manuel Martins Casimiro, a négocié la lettre de crédit par l’intermédiaire de la « Banque Bruxelles Lambert » à Bruxelles. Ensuite, il avait transféré ces fonds au Liechtenstein à la V&P Bank, sur un compte ouvert par son père Henri, lequel avait choisi le pseudonyme de José Costa da Santos. Pendant les semaines suivantes, 500 000 $ Us furent virés du Liechtenstein vers une banque luxembourgeoise ; le reste de la somme avait été déposée sur un compte de la Commerzbank de Cologne en Allemagne. L’enquête montra que les Borodiansky opéraient dans ce secteur depuis des années, en montant des sociétés écrans un peu partout en Europe (4 en Belgique, 1 aux Pays-Bas, 1 en Espagne, 5 en Grande-Bretagne, 2 au Luxembourg, 1 à Hong-Kong, 4 en Allemagne) ; ils ont ainsi entre autre vendu 2000 tonnes de maïs fictif à Dakar, 2.6 millions de $Us de fertilisant fictif à la Chine, 6 000 tonnes d’acier fictif au Vietnam, 2 000 tonnes de ciment fictif à Akaba en Jordanie…le fils se fit prendre mais le père parvint à échapper à l’IMB.

Monde – mafias américaines : au début des années 1990, la Gulf Oil, société pétrolière américaine, a transféré 4 millions de $ Us aux Bahamas pour corrompre des politiciens sud-coréens et boliviens ; dans le même temps, la Lockheed Corporation a blanchi 25 millions de $Us par le biais d’une société de placement du Liechtenstein, utilisant des chèques au porteur et des espèces pour acheter des politiciens italiens. Lockheed s’appuya également sur le système de blanchiment mis sur pied par la maison DeakPerera (à l’époque un important agent de change) pour corrompre des gouvernants japonais. Sur demande de Lockheed, Nicholas Deak a blanchi 8.3 millions de $Us, dont le fruit était adressé à un prêtre espagnol à Hong Kong… Ce prêtre convoya ensuite luimême l’argent dans ses bagages et des cageots à oranges pour le remettre aux « clients » de Lockheed à Tokyo…

Etats-Unis & Hong Kong - Fraude fiscale : le styliste italien Aldo Gucci a lavé plus de 11 millions de $Us et amassé cette somme à Hong Kong pour échapper au fisc américain.

Monde - mafia d’Etat américaine & saoudienne : on sait que les gouvernements utilisent fréquemment le blanchiment, soit pour corrompre des terroristes, soit pour armer des paramilitaires, des mercenaires. C’est le cas pour l’Irangate. En novembre 1986, Reagan avoue que les Etats-Unis ont clandestinement vendu des armes à l’Iran. Il s’agissait d’obtenir la libération des otages contre livraison d’armes ; une partie du scandale reste dans l’ombre, mais le scénario semble être le suivant : les Etats-Unis avec l’aide du roi Fahd d’Arabie saoudite, fournissent les iraniens en armes, en échange de paiements qui doivent ensuite être reversés aux mercenaires Contras du Nicaragua anti-sandinistes, alors que le Congrès américain avait interdit toute soutien à ces mercenaires d’extrême-droite. William Casey, directeur général de la CIA, se tourna vers le roi Fahd, un vieux pote, lequel s’assura les services du vendeur d’armes saoudien Adnan Khashoggi, jusqu’alors présenté à tort comme l’homme le plus riche de la planète. En réalité, Khashoggi est un intermédiaire professionnel, un courtier international capable de trouver n’importe quel marché, prélevant un pourcentage de commission sur la transaction. Aux côtés de Khashoggi, on trouve dans cette affaire Manucher Ghorbanifar (intermédiaire iranien exilé en même temps que le shah mais resté en contact à haut niveau avec les khomeynistes), et Yaaccov Nimrodi (israélien spécialiste du renseignement et ayant de très importantes relations à Téhéran). Aux Etats-Unis, c’est le lieutenant-colonel North qui est à la manœuvre : il persuade en 1985 les israéliens de vendre à l’Iran 500


missiles antichars TOW de fabrication américaine, la transaction étant assurée par Khashoggi. Celui-ci se fait payer par le régime iranien, prélève sa part et transmet le reste du paiement au régime israélien, qui a son tour prend sa part et paie North, qui réparti les fonds dans des banques suisses avant de les envoyer aux Contras ; pour le seconder, North s’entoure de Richard Secord (général de l’Us air force à la retraite) et l’associé en affaires de celui-ci, Albert Hakim (homme d'affaires irano-américain). Début 1986, 2 000 missiles TOW ont été achetés à la CIA pour 12 millions de $Us et revendus au régime iranien (via Khashoggi et Ghorbanifar) pour 30 millions de $ Us. l’argent est blanchi en suisse par l’intermédiaire d’une société écran panaméenne constituée par North sous le nom de « Lake Resources ». la président de Lake Resources est une comptable suisse, Suzanne Hefti, qui travaille aussi pour la firme Auditing & Fiduciary services de Fribourg, entreprise directement reliée au Stanford Technology Trading Group International de Californie, contrôlée par Albert Hakim… de son côté, la filiale suisse de Stanford Technology Trading Group International est dirigée par Jean de Senarclens, également dirigeant d’un cabinet d’expertise comptable genevois, le CSF. Or le CSF joue un rôle clé dans le blanchiment de l’Irangate. North transfère l’argent du compte suisse de Lake Resources vers un compte de CSF aux îles Caïmans ; puis une filiale de CSF aux Bermudes transfère l’argent à l’Alban Values, société panaméenne dans laquelle CSF a des intérêts. L’Alban values transfère à son tour la somme à l’Amalgamated Commercial enterprises, société écran enregistrée à Panama, mais propriété d’un transporteur aérien de Miami, Southern Air Transport ; c’est ce transporteur qui approvisionnait en tant qu’exécutant les contras… pour les seules années 1984 à 1986, 50 millions au minimum ont suivi ce circuit. 

Monde - mafia d’Etat : le blanchiment est aussi utilisé par les dictateurs pour leur assurance vieillesse ou leur retraite dorée du pouvoir. Ainsi la plupart des chefs d’Etat du Moyen-Orient et d’Afrique ont des avoirs financiers importants, prélevés sur les deniers publics de leurs pays, en Suisse. Le shah d’Iran avait ainsi blanchi d’immenses sommes détournée du trésor iranien sur une série de comptes secrets ; c’est également le cas de Ferdinand et Imelda Marcos aux Philippines, qui détournèrent entre 5 et 10 milliards de $Us du trésor philippin, blanchissant l’essentiel de ces sommes à Hong Kong. Pour cela, les Marcos ont utilisé au moins 10 sociétés écran, enregistrées aux Philippines, à Hong Kong, à Panama, aux Antilles Néerlandaises, pour transférer 50% de leur butin aux Etats-Unis, 35% en Suisse et 15% en France, Angleterre, Italie, Panama et Australie. Marcos a prévu un vaste système de fausses pistes autour du butin. Marcos a ainsi investi via un système ahurissant dans l’achat de 3 immeubles à Manhattan ; mais à force de rendre son jeu indéchiffrable, il a fini par ne plus pouvoir lui-même le déchiffrer…il est également accusé d’avoir aidé des amis à financer leurs propres affaires ; les affaires de Marcos créèrent un tel embarras international que même les suisses décidèrent de le lâcher… ils gelèrent 1.5 milliards de $Us sur des comptes bancaires utilisés par lui ; 14 de ces comptes avaient été ouverts au bénéfice de diverses fondations. Autre exemple : les Ceausescu ont eux aussi accumulé leurs capitaux bolcheviques en Suisse, de même que la plupart des dictateurs d’Amérique Latine et de nombre d’anciens officiels bolcheviques (dont beaucoup ont amassé des fortune par le trafic d’héroïne) : c’est le cas de Erich Honecker en Allemagne de l’est : la Novum Handelsgesellschaft (société enregistrée à Berlin est et contrôlée par Rudolfine Steindling un bolchevique autrichien) transféra l’équivalent de 260 millions de $ Us (1.3 milliards de FF) hors de RDA dans les minutes qui suivirent la chute du mur de Berlin ; l’argent fut blanchi via la Z-Laenderbank (ou Bank Austria) et sa filiale zurichoise (Bankfinanz) ; 150 millions furent rapatriés vers les caisses du parti bolchevique autrichien à Vienne, mais 3 millions de $ Us en furent par la suite retirés en espèce. Il semble que la plupart des dirigeants bolcheviques aient eu l’habitude de mette de côté des fonds soutirés aux trésors des Etats qu’ils contrôlaient.

Monde - blanchiment : en 1970, les Etats-Unis votèrent une loi sur le secret bancaire contraignant toute banque, caisse d’épargne ou autre institution financière à signaler toute transaction en espèce d’un montant supérieur à 1 000 $us à l’IRS (administration des impôts américaine). L’IRS fut rapidement inondée de déclarations, alors que le fisc n’avait pas assez de fonctionnaires pour les lire toutes. Cette loi fut ensuite étendue aux institutions financières non-bancaires (agences de voyages, services de virement par télex, organismes de crédit, concessions automobiles, cabinets d’assurance, bureaux de change, sociétés de courtage et d’escompte) ; le plus insignifiant commerce était contraint e s’y soumettre dès lors qu’il vendait des mandats-poste. Cependant, le seuil de déclaration passa de 1000 à 10 000 $ Us. Et en réalité, la désobéissance des sociétés à cette loi sur les transactions en espèces restait massive en 1985, malgré de lourdes amendes infligées à 43 banques (dont la CMB et la Bank of America) ; jusqu’au jour où l’administration fédérale décida d’être plus explicite : elle accusa la Bank of Boston de lui avoir caché 1163 transactions pour un montant de 1.2 milliards de $ Us. et les enquêteurs fédéraux remarquèrent que parmi les sociétés exemptées de déclaration par la Bank of Boston, se trouvaient 2 agences immobilières contrôlées par un parrain local notoire. La Bank of Boston préféra plaider coupable et paya une amende de 500 000 $ Us. Puis l’administration fédérale s’attaqua à 60 autres banques ; au palmarès : la Chemical Bank (857 transactions non-déclarées, soit 26 millions de $ Us), l’Irving trust Company (1659 transactions non-déclarées, soit 292 millions de $ Us), le Manufacturers Hanover Trust (1400 transactions non-déclarées, soit 140 millions de $ Us), la Bank of New England (31 transactions non-déclarées), Crocker National Bank (7877 transactions nondéclarées, soit 4 milliards de $ Us) ; finalement, toutes les banques du pays se mirent à respecter scrupuleusement la loi. En 1986, le congrès vote une nouvelle loi par laquelle le blanchiment d’argent sale est considéré comme un crime et puni en conséquence dès lors qu’il est associé à une autre activité criminelle. Il fallait donc désormais se montrer très malin, avoir de solides appuis ou repasser. Alex Daoud, ancien maire 2 fois réélu de Miami Beach fut accusé d’avoir reçu des pots-de-vin, et fut par la même occasion accusé de racket, extorsion et blanchiment. 4 dirigeants de la United Mine Workers Union, syndicat de mineurs de l’Indiana, furent accusés d’avoir puisé dans les caisses du syndicat à hauteur de 720 000 $ Us, et condamnés pour vol, détournement de fonds, fraude postale, fraude fiscale, extorsion, faux en écriture et blanchiment. Le président de l’Achorem Corporation dans le Connecticut fut condamné pour avoir escroqué une banque locale, avec le blanchiment parmi les charges retenues. Pour contourner cet obstacle, les blanchisseurs se sont empressés, non seulement de ne jamais dépasser le seuil des 10 000 $ Us, mais en plus de se limiter à des sommes inférieures à 1 000 $ Us pour ne pas éveiller les soupçons. Autre méthode : ouvrir un compte sous un faux nom. Les enquêteurs des services fiscaux américains sont ainsi tombés sur des comptes ouverts par Roger Rabbit, Abraham Lincoln, James Bond, et Marylin Monroe ! européen nouvelle loi en 1990 est venue alourdir le dispositif de surveillance du blanchiment en rendant directement responsables la direction des banques de la déclaration des transactions. Les Etats-Unis sont le seul pays du monde à avoir pris de telles mesures contre le blanchiment. En Grande-Bretagne et au japon, on se contente de prier les banquiers de signaler toute transaction suspecte…L’Australie a au contraire suivi l’exemple américain du seuil des 10 000 $ Us, tout en l’améliorant par un système de liaison électronique évitant l’envoi massif de déclarations papier. La france a créé Tracfin, service chargé de surveiller les dépôts d’espèce suspects. En 1988, l’ONU propose la signature d’une convention internationale visant à faire du blanchiment un crime passible d’extradition ; 80 Etats ont donné leur accord de principe, mais en 1993, seuls 4 d’entre eux avaient effectivement signé l’accord ; parmi les plus réticents à ce projet : Luxembourg, Liechtenstein, Antilles néerlandaises, îles Caïmans, panama, Uruguay, Hongrie, Russie, Pakistan et Bulgarie. Une autre technique utilisée par les blanchisseurs avant la mise en place des contrôles sur les transactions en espèce consistait à envoyer un réseau de « schtroumf » (c'est-à-dire un commis) alimenter des centaines de comptes en banque. L’agence de « schtroumpfage » idéale est une agence bancaire ni trop (queues retardant le processus de blanchiment) ni trop peu fréquentée (le caissier à du temps à


perdre en discussion et questions gênantes), ni dans une trop grande ville (queue interminables) ni dans une trop petite (le caissier se souvient de votre tronche de cake). Mais cette pratique est désormais surveillée et repérée. Les blanchisseurs se tournent donc vers des opérateurs financiers non bancaires : bureaux de changes (ou casas de cambio qui pullulent le long de la frontière américano-mexicaine), réseaux de services financiers (American express, western union), petites sociétés d’escompte ou de transfert de fonds par câble. Mais la coqueluche reste le casino. Le casino est une industrie où l’argent liquide est roi, un peu comme les agences bancaires des rues commerçantes : ils troquent des chèques contre des espèces, changent des devises étrangères, proposent des coffres individuels, règlent des sommes énormes en chèques de caisse. Ils offrent aussi facilement des facilités de crédit, retirable dans n’importe quel casino d’un réseau de casinos appartenant à la même enseigne. Un casino est à la fois un lieu idéal pour blanchir, réduire le volume du butin en demandant des grosses coupures, mais aussi une source crédible de revenus ; en principe en effet, il suffit de rentrer dans un casino, d’acheter pour 17 000 $ de jetons, de jouer quelques heures et de venir chez son banquier lui annoncer un gain au jeu inespéré de 500 000 $, que vous souhaiteriez déposer ; ou plus simple, acheter pour 500 000 $ de jetons, jouer 5 minutes, et revenir rendre les jetons à la caisse en se faisant rembourser par chèque. Et d’avoir un ami bien placé à la tête du casino pour attester vos allégations en cas d’appel de la banque. Mais l’idéal du blanchisseur, c’est de devenir propriétaire d’un casino ou d’un établissement de jeu ; il suffit d’ajouter le butin dans la comptabilité des gains de la banque du casino. Le casino de Monaco, le plus célèbre du monde, le devint encore plus quand le canard enchaîné révéla qu’il avait servi de laverie automatique de grande capacité pour des parrains italiens ; la Société des bains de mer, qui contrôle l’établissement, rejette l’accusation, alors que la principauté évente une enquête en cours sur la SBM. Le prince Rainier « est dans l’embarras » quand des journaux se font l’écho des importants versements en cash que reçoivent les banques sans les signaler, ou quand il est signalé que les transaction immobilière sur le rocher se font généralement en espèce… une commission parlementaire française enquêtant sur les activités de la mafia décrit Monaco comme la plus efficace lessiveuse d’Europe, évaluant par exemple à 12 milliards $ Us le montant des dépôts effectués dans la principauté en 1992, l’essentiel étant suspecté de venir de la mafia. Il y aurait en 1994 plus de 65 milliards de dépôt en espèce dans 40 banques monégasques, pour 30 000 habitants. En 1993, le Trésor américain infligea une série d’amendes à 10 casinos d’Atlantic City accusés de n’avoir pas signalé certaines transactions en espèce. Autre domaine de prédilection des blanchisseurs, les courses hippiques : il s’agit d’aider l’heureux turfiste possesseur d’un ticket gagnant à cacher son gain au fisc, en lui proposant d’échanger son ticket contre de l’argent en espèce. Les champs de course américains sont infestés de ces « mouches » qui rôdent autour des caisses à la recherche de tickets gagnants. Il existe une variante de ce thème appelée « méthode de Sydney », car exportée d’Australie : des blanchisseurs proposent à certains jockeys jusqu’à 20 000 FF pour obtenir le nom d’un cheval gagnant sur lequel ils pourront miser de fortes sommes ; il ne leur reste plus ensuite qu’à empocher le gain en chèque ; la même astuce peut être utilisée pour l’achat de billets de loterie, mais c’est plus compliqué parce que les gagnants ne sont à aucun moment rassemblés au même endroit. 

Etats-Unis – Cash Connection : Nicholas Deak, est le « roi déchu du lessivage extra-bancaire » ; en 1953, ce réfugié hongrois aide son ami Kermit Roosevelt à blanchir des fonds pour la CIA quand les Etats-Unis décident de financier le coup d’Etat contre Mossadegh en Iran, et l’installation au pouvoir du Shah ; par la suite, il constitue la Deak & Co, la plus importante société de bourse et de vente au détail de pierres précieuses des Etats-Unis, et sa filiale Deak-Perera, premier courtier en devises et en or des EtatsUnis. En revanche, Deak ne s’est jamais vanté d’être l’un des plus importants blanchisseurs des Etats-Unis ; en 1984, le rapport « Cash connection » publié par la commission sur le crime organisé jette une lumière crue sur cette activité de Deak. Par exemple, le 5 octobre 1981, Humberto Orozco, professionnel avec son frère Eduardo du blanchiment d’argent issu du narcotrafic se présente au siège de la maison Deak-Perera avec plus de 3.4 millions de $ Us en petites coupures ; cette opération se répéta plus de 5 fois au cours du même mois. Quand les deux frères Orozco furent arrêtés, les enquêteurs découvrir que les blanchisseurs s’étaient systématiquement servi de 11 banques de NY pour laver 151 millions $ Us. mais en 16 mois, entre 1980 et 1982, près de 100 millions $ Us avaient été blanchi grâce à 232 dépôts non-déclarés chez Deak-Perera

Grande-Bretagne – mafia financière : la City de Londres exclus toute autorité de contrôle comme la Sec ou la Cob, ce qui lui vaut d’être l’un des plus lucratifs bazar du blanchiment de la planète. Entre 1974 et 1979, pendant les gouvernements travaillistes, le blanchiment d’argent sale y est élevé par les opérateurs londoniens de la bourse de commerce au rang « d’art ». Le travailliste Wilson avait fait réinstauré le contrôle des changes dans l’espoir d’empêcher l’évasion des capitaux et instauré un système d’impôts plus juste destiné à faire payer plus les plus riches britanniques ; les opérateurs boursiers mirent alors en place toute une série de stratagèmes pour aider les britanniques fortunés à mettre leurs capitaux hors d’atteinte des inspecteurs du fisc ; l’un de ces système fut mois en place par un opérateur, Michael Doxford, spécialisé dans les « soft commodities », c'est-à-dire des denrées comme le sucre, le café, le soja ou le cacao ; à l’époque la spéculation sur ce genre de marchandises était une véritable roulette réservée aux plus nantis. Des lords puant le fric à des kilomètres à la ronde prirent contact avec lui, et Doxford le miséricordieux « compatit à leurs angoisses » ; on lui fit comprendre qu’il pourrait ce faire une fortune en rendant quelques services à cette clientèle la bourse de commerce, dont était absente toute réglementation, était une scène idéale pour le crime ; le prix du pétrole grimpait presque chaque jour et les gros titres ne parlaient que du Golfe. Tout le monde s’y précipitait, en une véritable ruée vers l’or ; les émirs du pétrole étaient les meilleurs clients du moment, et Doxford ouvrit une filiale à Bahreïn ; mais alors que ses concurrent envoyaient dans le Golfe leurs vendeurs les plus agressifs, Doxford y envoya un anglais parfaitement docile. Et au lieu de courir après les pétrodollars, il partit à la chasse des livres sterling. Il proposa à ses riches relations de les aider à exporter leurs capitaux hors du Royaume-Uni et à les placer en Suisse. Pour prix du blanchiment, il prenait une commission de 10%. Ses clients étaient très nombreux. Doxford fit correspo,ndre à chacun de ses clients londoniens un autre client « invisible » (fictif), à Bahreïn. Doxford négociait des commodities en étant le seul à connaître l’identité de ses clients. Dès qu’un client londonien ouvrait un compte à M. L. Doxford London, M. L. Doxford Bahreïn ouvrait un compte au nom d’un cheikh fictif censé vouloir entrer en affaire avec le client londonien. Ces deux clients, le vrai et le fictif, étaient ensuite réunis dans un « syndicat discrétionnaire », ce qui permettait à Doxford d’opérer en leur nom. Il ,achetait au cheikh et revendait au lord, puis rachetait au lord pour vendre au cheikh ; le lord perdait toujours et le cheikh gagnait toujours ; et les lords amis de Doxford en redemandaient… En réalité, Doxford n’agissait pas sur le marché mais s’assurait d’être capable de présenter aux autorités une documentation d’aspect « authentique ». Puis Doxford établissait de nouveaux faux documents attestant de la volonté du cheikh de clore son compte, et il se présentait avec une masse de documents à la banque d’Angleterre pour obtenir les vrais documents qui lui permettraient de faire virer les profits du cheikh dans une banque suisse. Dans le même temps, le lord fermait son compte et recevait un bilan faisant état de ses lourdes pertes…le compte suisse du cheikh était en fait celui du lord… il fallut la faillite de la compagnie de Doxford pour que la police mette le système à jour. Et encore, ce n’est que parce que la femme d’un employé de Doxford en instance de divorce décida de dénoncer le système que l’affaire fut éventée. Cette faillite eu lieu quand le vent tourna et que Thatcher dès son arrivée au pouvoir fit abolir le contrôle des changes et supprimer les impôts sur la fortune ; les riches lord lâchèrent aussi sec Doxford, qui finit par être poursuivit pour des dettes supérieures à 45 millions de FF. La corruption est très avancée à la City ; entre 1987 et 1992, il n’y a eu à la City que 12 condamnations pour délit d’initié, contre 75 dans le même temps aux Etats-Unis. Les opérateurs financiers


américains perçoivent le Royaume-Uni un immense système bancaire offshore. Et la City est une véritable passoire pour l’argent sale. Exemple : un promoteur immobilier britannique cherche une source de financement dans la City pendant de longues semaines sans succès et finit par la trouver : à un taux très compétitif, un intermédiaire lui propose un prêt consenti par une caisse de retraite enregistrée à panama et disposant de bureaux au Liechtenstein. Le promoteur ne veut même pas connaître l’identité de son mécène, et il est même possible que le représentant de la caisse de retraite panaméenne ne le connaisse pas non plus : la seule chose qui intéresse l’intermédiaire, ce sont les commissions qu’il touche. Autre exemple : en 1988, James Edward Rose est arrêté pour avoir importé 13 tonnes de cannabis (335 millions de FF) ; la piste financière mène les enquêteurs jusqu’à un vendeur d’assurance-vie qui depuis 1986 aidait Rose à blanchir ses profits par le biais de bons d’investissement à prime unique. Le vendeur de contrats d’assurance vie se tailla une réputation dans sa profession et fut embauché dans une des plus grandes compagnies d’assurance du Royaume-Uni, et devint la coqueluche de celle-ci. L’une de ses particularités tenait à ce que tous les clients qu’il trouvait réglaient en espèce ; on lui fit savoir qu’il fallait que ces règlements liquides soient un peu moins bruyants : qu’à cela ne tienne, les règlements continuèrent aussi nombreux sous forme de chèques émis par des sociétés fantômes…c’est ainsi que 1.5 millions de £ furent recyclées en bons d’investissement. Dans tous les cas, la création de labyrinthes de papiers est la spécialité des blanchisseurs. Même si la police financière parvient parfois à reconstituer le trajet des fonds, elle n’a dans les conditions légales actuelles aucune chance de pouvoir identifier la source. Autre exemple : Noraid, un groupe de sympathisants des républicains Irlandais aux Etats-Unis, finance l’IRA avec la complaisance active de certains courtiers de la City. 

Canada – mafia québécoise : au début des années 1980, une organisation mafieuses de canadiens désire blanchir de grosses quantités de liquidités ; ils font la connaissance d’Aldo Tucci, affable directeur de la city & District Savings Bank de Dollard des Ormeaux au Québec ; face à sa bonne volonté stupéfiante, l’organisation mafieuse québécoise propose à Tucci de devenir l’administrateur de 6 de ses sociétés, ce que Tucci s’empresse d’accepter en ouvrant plusieurs comptes pour recevoir leurs dépôts en espèces, qui s’élevèrent dès cette première année à 13 millions de $ Us. Tucci fut ensuite muté à Montréal et toute l’organisation mafieuse le suivit en faisant transférer ses comptes dans sa nouvelle agence. Par la suite l’organisation mafieuse tenta de faire la conquête de tous les directeurs de banque de Montréal. L’un de ceux-ci, directeur d’une agence de la national Bank, s’inquiète des quantités de billets déposés par ses clients (14 millions $ Us en 1 an) et leur demande de rassembler leurs billets en liasses de 5 000 $ Us. Les mafiosi ne se font pas prier.

Blanchiment, avocats, parlementaires : dans la plupart des pays, le secret de la confession n’existe pas devant les tribunaux ; idem pour le journaliste qui refuse de citer sa source, le secret médical (le médecin doit signaler à la police la visite d’un patient venu se faire retirer une balle du corps), psychiatrique (le psychiatre doit signaler tout comportement dangereux à la police, comme les attentats à la pudeur sur un enfant, etc.), et pour le bancaire. Par contre, il existe deux sortes de privilèges bien réels : l’immunité parlementaire et le secret professionnel des avocats ; les avocats d’affaires se trouvent être des blanchisseurs idéaux. Quand un client confie une somme d’argent à un cabinet d’avocat, ce compte client est couvert par le secret professionnel. Exception cependant en france où les avocats ont théoriquement l’obligation de déposer au barreau local toute somme confiée par un client. En revanche, les avocats d’affaire en france sont également libres de transmettre les fonds qui leur sont confiés à un avocat d’affaire au Liechtenstein, en suisse où dans n’importe quel pays où le secret bancaire est de mise, sous le sceau du secret professionnel. Le privilège du secret professionnel doublé de la pratique clandestine de la banque est un double rempart infranchissable pour protéger les avocats français disposés à blanchir l’argent de leurs clients. Là où le secret bancaire n’existe pas, il peut être pratiquer à travers les avocats.

Canada – Vancouver – mafia judiciaire canadienne : entre mars 1985 et juillet 1987, un avocat d’affaires canadiens de Vancouver dépose 7.4 millions de $ Us en espèces sur le compte de son client à l’agence locale de la BCCI. Il fait également convertir 3 millions de $ Can en $ Us. le jour où le directeur de l’agence lui pose des questions sur les origines des fonds, il répond qu’il est avocat et qu’il agit pour le compte de son client ; le directeur de l’agence se hâte de lui répondre qu’il connaît le devoir du secret professionnel et qu’il reste le bienvenu, et ne pose plus jamais de question à ce sujet.

Grande-Bretagne & Iles anglo-normandes – mafia judiciaire anglaise : entre 1983 et 1987, un conseiller juridique britannique à la retraite décide d’arrondir ses fins de mois en achetant 11 sociétés écrans dans les îles anglo-normandes pour le compte d’un réseau de narco-trafiquants. Il investit 3 millions de $ Us dans une société de placement de Saint Kitts dans les Antilles ; puis il se fait nommer avec l’un de ses narco-clients au conseil d’administration de celle-ci ; l’organisation mafieuse britannique fait alors transférer les fonds des îles anglo-normandes vers la société de placement de Saint Kitts, avant de les redistribuer, déguisés en prêts, au sein d’un réseau de 60 sociétés écrans légalement constituées en Amérique du nord et en Grande-Bretagne.

Etats-Unis – mafia judiciaire américaine : en 1989, James O’Hagan, avocat de saint Paul dans le Minnesota, membre associé d’un cabinet juridique, apprend sous le sceau du secret professionnel que le conglomérat britannique Grand Metropolitan s’apprête à racheter Pillsbury, géant de l’industrie alimentaire américaine ; il achète un grand nombre d‘actions Pillsbury au cours des semaines qui suivent, si bien que l’Opa lui permet d’empocher grâce au délit d’initié permis par le secret professionnel 4.3 millions $ Us. il a finit par être mis en examen pour fraude boursière et blanchiment parmi 56 chefs d’accusation.

Canada - mafia judiciaire canadienne : Gary Henden, avocat canadien de l’Ontario, faisait livrer des colis bourrés de billets par un gamin de 15 ans à bicyclette ; cet enfant qui se présentait avec 250 000 $ Us n’a jamais éveillé l’attention des banquiers… Henden monte aux Antilles néerlandaises une société baptisée Antillean Management et ouvre plusieurs comptes à son nom ; ensuite, il en créé une seconde, Rosegarden Construction. Quand il trouve une propriété à acheter, il câble l’argent de la société antillaise vers M&M Currency Exchange au Canada, autre société paravent fondée par lui. De là, l’argent est reversé à la Cencan Investments Ltd. (également créée par Henden), qui le prête à la Rosegarden. La Cencan émet un chèque, déposé par Henden (en qualité d’avocat de la Rosegarden) sur un compte client. Henden règle ensuite le montant de l’achat de la propriété mais enregistre l’hypothèque en faveur de « Gary Henden, avocat d’affaires, par procuration » : le montant de l’hypothèque n’était jamais reversé… Henden reconnaîtra finalement qu’il a lavé en 3 ans 12 millions de $ Us pour le compte d’une organisation mafieuse ; il est probable que la réalité atteigne 50 millions $ Us.

Etats-Unis - mafia judiciaire américaine : en 1989, l’administration des impôts américaine s’en prit aux avocats dont les clients réglaient en espèce leurs honoraires, rappelant aux avocats qu’ils étaient tenus d’établir un bordereau pour tout versement supérieur à 10 000 $ Us. mais de manière significative, ce furent les avocats criminalistes, dont les clients sont particulièrement habitués à régler leurs avocats en liquide, qui protestèrent le plus. En réalité, beaucoup plus de billets que ceux des « honoraires » passent de la main des mafieux aux avocats d’affaire. Certains hommes d'affaires mafieux s’adressent par exemple à un cabinet


d’avocats pour acquérir un yacht. L’homme d'affaires mafieux règle les avocat en liquide (argent sale) et le blanchiment est fait, sans qu’il soit nécessaire de mettre en œuvre des circuits compliqués… Aujourd’hui aux Etats-Unis, les 3 secteurs d’activité qui brassent le plus d’argent liquide sont les concessionnaires automobiles, les agences immobilières et les cabinets juridiques. 

Moyen-Orient – mafias étatiques : les émirs ont pour habitude de tout régler en liquide.

Monde - Trafic d’argent sale : glisser des billets de banque dans un préservatif qu’on avale est une technique classique pour introduire des fonds quelque part en contrebande. Ainsi des femmes peuvent être utilisées pour avaler jusqu’à 15 préservatifs remplis de billets, et 6 autres cachés dans le vagin et l’utérus… sans compter les bouteilles de shampoing, etc. un autre procédé peut consister à faire cacher les billets dans une jambe plâtrée. Autre méthode, celle des valises jumelles, l’une remplie d’effets personnels, l’autre de billets de banque ; à la descente de l’avion, le passeur récupère sur le tapis celle qui contient l’argent et franchit la douane ; s’il est fouillé, il affecte la surprise et amène les douaniers vers le tapis, où il récupère « sa valise » qui contient ses vêtement, et leur abandonne celle qui contient l’argent. Les passeurs d’argent professionnels, c'est-à-dire ceux qui vivent exclusivement de ce trafic, sont rares ; ils peuvent toucher des commissions de 10% sur les sommes qu’ils passent ; ils peuvent par exemple se faire passer pour une famille de touristes, et franchir ainsi comme des milliers d’autres touristes les frontières en voiture. Ensuite, une fois la frontière passée, il s’agit de faire changer par plusieurs commis ou « schtroumfs » des petites coupures contre des grosses coupure de la monnaie locale. Il est également fréquent que les passeurs soient des hommes d'affaires ou des couples bourgeois impeccablement vêtus, qui prennent l’avion et franchissent les douanes par la sortie « rien à déclarer ». Le passeur professionnel n’opère pas seul : la plupart du temps, il est à la tête d’une armada de passeurs qui passent chacun de leur côté une partie de la somme totale, alors que lui n’agit pas, se contente de « coordonner » l’opération. Les services de douanes s’appuient beaucoup sur le profiling, c'est-à-dire sur un travail d’analyse qui permet de déterminer un certain nombre de très caractéristiques fréquents chez les passeurs. Traité par ordinateurs, les informations sur ces traits caractéristiques communs à tous les passeurs donnent des résultats qui peuvent déterminer des profils fins, comportant plusieurs dizaines de traits distinctifs. Tous les inspecteurs de douanes connaissent ces caractéristiques. Certaines découlent du « simple bon sens », d’autres moins. Exemples de passeurs type : une vieille femme seule bourgeoisement vêtue, n’ayant rien à déclarer ; un couple élégant d’une trentaine d’années qui tend au douanier une déclaration de douane écrite passe plus tranquillement ; de même pour un homme d'affaires en costume froissé, muni d’un billet de classe affaire payé par son entreprise et n’ayant qu’un bagage à la main (et d’autres valises en soute) ; par contre, un pakistanais borgne de 140 kilos portant dans son bras une fillette blonde aux yeux bleus, même s’il est vêtu impeccablement, à toutes les chances d’être fouillé. Autres critères : un agent des douanes reconnaît quelqu'un qu’il a déjà vu passer plusieurs fois, un indic averti la douane, etc. l’une des difficultés consiste à passer l’argent sale vers des paradis fiscaux : entre l’Angleterre et les îles anglo-normandes par exemple, par bateau ; l’argent est déposé à Jersey sur 14 comptes appartenant à des sociétés écrans, et transféré de ces comptes vers 20 autres comptes dans d’autres paradis fiscaux, et encore quelques autres manipulations électroniques pour disperser les sommes, avant de les regrouper à l’autre bout, ni vu ni connu.

Espagne, Maroc, Gibraltar – trafic d’argent sale et de drogue : Gibraltar serait le lieu idéal pour les opérations mafieuses consistant à passer à la fois drogue et argent sale ; il suffit de monter à Gibraltar une firme d’import-export (moins de 1000 FF), puis avec l’argent récolté grâce à la vente de la drogue en Espagne, acheter du matériel électronique par exemple (Hi-Fi, TV, magnétoscopes, lecteurs de Cd, ordinateurs, téléphones, répondeurs, caméscopes, télécopieurs) ; puis après avoir obtenu les autorisation d’exportation au nom de la compagnie, embarquer le tout sur un navire et traverser le détroit pour rallier Tanger au Maroc. A Tanger, s’acquitter des droits d’importation au nom de la compagnie, et revendre le matériel. Avec l’argent ainsi gagné, racheter de la drogue (rien de plus simple au Maroc), et réintroduire la drogue en Espagne, etc. Le produit de la vente de la drogue est ensuite reversé à Gibraltar sur le compte de la société, comme s’il s’agissait de bénéfices réalisés grâce à la vente de matériel électronique au Maroc…dans cette opération, c’est le trafic de drogue qui est le plus risqué ; mais en raison de ses liens historiques, culturels et linguistiques avec l’Amérique centrale et l’Amérique du sud, l’Espagne est une porte d’entrée idéale pour les drogues d’Amérique Latine en Europe. De plus, le détroit de Gibraltar est l’une des voies ROYALES de la contrebandes africaine en direction de l’Europe… début 1993, les organisations mafieuses Mufa et Everest, opérant à partir de Ceuta, sont démantelés par les douanes ibériques, selon lesquelles de 1990 à 1993, Mufa et Everest avaient servi à importer en Espagne au moins 100 tonnes de haschich marocain, essentiellement dissimulées dans des camions de transport de fleurs fraîches. Les profits réalisés, estimés à 220 millions $ Us étaient blanchis dans 7 banques différentes à Ceuta, au Maroc et en Espagne. Les trafics sont si nombreux en Espagne que les services de police et de douane sont débordés.

Etats-Unis (Floride), Panama, Venezuela, Bahamas, Costa Rica – mafias américaines : un homme d'affaires de Fort Lauderdale en Floride, obtient un brevet de pilote, et décide de faire au noir des heures supplémentaires en tant que blanchisseur volant. Il gagne rapidement de l’argent et décide de changer d’appareil ; il achète un Leerjet. Aux contrôleurs aériens de Fort Lauderdale, l’homme d'affaires remet régulièrement un plan de vol de Fort Lauderdale aux Bahamas, alors qu’il se rend fréquemment au Panama, ce dont ne manquent pas de s’apercevoir les contrôleurs aériens. L’astuce aurait consisté à établir plusieurs étapes : aux autorité de Fort Lauderdale, un plan de vol vers Nassau ; aux autorité de Nassau, un plan de vol vers Caracas ; aux autorités de Caracas, un plan de vol pour le Costa Rica ; au Costa Rica, un plan de vol pour la véritable destination, après avoir brouillé les pistes : Panama. Mais l’homme d'affaires se rend directement de Fort Lauderdale à Panama …Un matin, alors qu’il s’apprête à faire un nouveau voyage, le DEA vient fouiller son avion et y trouve 5.5 millions $ Us en espèce, puis pour 20 millions $ Us de drogue à son domicile et une petite cache d’armes contenant une mitrailleuse.

Etats-Unis (Floride, Miami), Colombie, Pérou, Equateur, Venezuela) – mafias américaines : les équipages arrivant à Miami sur des vols en provenance de Colombie, Pérou, Equateur, Venezuela, pays où le trafic de drogue est important, se voient offrir une prime en espèce par les douanes américaines s’ils désignent les passagers qui n’ont rien bu ni rien mangé pendant les 4 heures de voyage ; ceux qui portent dans leur estomac des préservatifs ou capsules caoutchoutées remplies de cocaïne évitent à tout prix de boire et de manger. Il est également demandé aux compagnies de signaler les voyageurs faisant régulièrement des parcours inhabituels, soit grâce au faciès, soit tout simplement par la trace laissée par l’identité, quand elle est donnée) : part exemple de des circuits Chicago, Bahamas, Caïmans, Cali, Bahamas, Miami. Aussi, une bonne manières pour les organisations mafieuses de contourner cet obstacle est de posséder elles-mêmes des agences de voyage : le blanchisseur paie ses propres billets vierges en espèces et les remplit comme il l’entend. Il peut ainsi émettre un billet Bogota-Rio de Janeiro sous un pseudonyme, puis un RioParis sous un autre pseudonyme, un Paris-Londres sous un autre nom, et un Londres-NY sous sa véritable identité… Ce qui lui évite entre autres choses de rentrer aux Etats-Unis en provenance d’un pays suspect.


Etats-Unis, NY – mafia américaine : les agences de voyages sont un moyen idéal pour blanchir de l’argent ; les frères Orozco, en partie responsables du scandale qui entoure la fermeture de la maison Deak-Perera, sont ainsi devenus propriétaires à NY d’une agence du nom de Calypso Travel. Avec cette couverture, ils ouvrirent un compte à la CMB, qui accepta d’inscrire la Calypso Travel sur la liste des clients exemptés de CTR (contrôle des dépôts en espèces) ; à 3 occasions minimum, les Orozco effectuèrent au nom de l’agence des dépôts en espèce d’un montant de 150 000 $ Us ; mais la CMB finit par leur enlever leur exemption de CTR.

France, Marseille, Corse – mafias corses : une organisation mafieuse corse opérant dans la région de Marseille lave son argent sale par le biais de plusieurs cliniques de chirurgie esthétique, où des françaises et des italiennes fortunées paient à prix fort leur ravalement de façade. Les corses trouvent sans difficultés des médecins prêts à truquer leurs comptes et gonfler artificiellement les recettes de leur établissement grâce à l’argent du trafic de drogue de l’organisation.

France, Paris - mafias françaises : une organisation mafieuse parisienne blanchit son argent sale sur le marché européen des pursang ; l’organisation enregistre les chevaux de course auprès des clubs hippiques, puis fait appel à des professionnels pour les mettre en vente : les chevaux sont rachetés par d’autres membres de l’organisation. On change leur nom après chaque transaction et ils sont remis sur le marché sous ce nouveau nom. Quand les instances de contrôle demandent à voir l’un de ces chevaux de course fantôme, on leur répond que la pauvre bête est malheureusement morte entre temps…

Etats-Unis – mafias financières américaines : Richard Silberman, collecteur de fonds de Jerry Brown pour la campagne présidentielle américaine de 1980, a admis devant un agent du FBI qu’il avait gagné beaucoup d’argent facile pendant 20 ans en tant que blanchisseur.

Etats-Unis, Israël, Panama – mafias financières américaines : à NY, Eddie Antar, propriétaire de la célèbre chaîne de magasins Crazy Eddie, vend du matériel électronique à prix réduit, avant de faire faillite ; il se lance dans le blanchiment car c’est l’un des meilleurs moyens de faire monter ses actions en bourse…Pendant plusieurs années, il pompe du liquide dans les caisses de ses magasins ; l’argent est évacué dans des sacs en papier, stocké quelques temps dans un coffre de banque, puis déposé sur un compte secret en Israël. A partir de là, il est recyclé par l’intermédiaire d’une banque panaméenne avant de revenir dans les magasins de Crazy Eddie sous forme de chèques payables à l’entreprise ; ces ventes fictives viennent ainsi gonfler artificiellement le bilan des magasins, ce qui permet de plaire aux actionnaires et de maintenir à haut niveau le cours des actions. Un jour, Eddie Antar vend tous ses titres et empoche la bagatelle de 74 millions $ Us

Etats-Unis, « Washing town » – mafias financières américaines : 3 frères transforment leur concession automobile de Washington DC en machine à laver l’argent sale d’une organisation mafieuse pratiquant le trafic de drogue ; d’importantes sommes en liquide y sont divisées en parts plus modestes (sans jamais dépasser le seuil fatidique de 10 000 $ Us, puis déposées sur des comptes bancaires de la société, accompagnées de fausses factures de vente. Le FBI finit par arrêter 19 personnes dans 11 concessions automobiles de la région de Washington, où des trafiquants avaient commandé 85 voitures payables en espèces. Les vendeurs avaient promis de livrer les véhicules avec de faux papiers et un faux certificat d’assurance afin que personne ne puisse remonter jusqu’à eux. L’arrestation est le fruit d’une enquête de 2 ans au cours de laquelle des agents du FBI se sont fait passer auprès des concessionnaires pour des trafiquants, en leur demandant voitures, faux papiers, etc.

Etats-Unis, Colombie – mafias financières colombienne aux Etats-Unis : à Cranston, Rhodes Island, Stephen Anthony Saccoccia, sa femme Donna et 7 de leurs employés de la Trend Precious Metals Company et de la Saccoccia Coin Co. sont arrêtés par le FBI et mis en examen pour répondre de près de 100 charges de blanchiment et de faux en écritures comptables. En 1973, Saccoccia ouvre une échoppe d’achat et de revente de pièces de monnaie ; il débute le métier en recelant de l’or et des pièces anciennes apportées par des amis adolescents, lesquels volent ces pièces à leurs parents. En 1985, il plaide coupable dans une affaire de fraude fiscale ; peu après sa sortie de prison en 1988, il commence à blanchir des fonds pour une famille de la mafia locale. Quelques années plus tard, il monte un réseau de recyclage d’argent sale pour le compte à la fois des deux cartels rivaux de Medellin et de Cali, chose rarissime ; l’argent de la drogue est collecté dans des bijouteries paravents de NY et LA, caché dans des caisses destinées au transport d’or et expédié dans des bureaux de Saccoccia à Rhodes Island, à NY et en Californie. Saccoccia se charge de convertir les espèces en chèques de caisse, déposés ensuite sur les comptes de diverses sociétés. Tout un arsenal de fausse factures et de faux reçus permet de justifier la soudaine hausse du chiffre d’affaires ; les fonds sont ensuite transféré par câble à l’étranger, en Colombie, par le biais d’un réseau de sociétés fantômes. Saccoccia prélève une commission de 10% environ ; en 15 mois, il lave ainsi 200 millions $ Us pour le compte des cartels colombiens ; mais au total, le lavage est estimé à 750 millions $ Us. il est condamné à 660 ans de prison ferme.

Etats-Unis, LA – mafia juive ultra-orthodoxe « sainte filière» : Abraham Low, membre du clergé judaïque ultra-orthodoxe de LA, est arrêté par le FBI en 1993 après la mise à jour d’une opération de blanchiment de 2 millions $ Us, appelée « la sainte filière » ; avec Alan Weston, médecin de Hollywood, et Bernadette Chandler (connue du FBI sous le pseudo de « Charlie »), Low est placé en détention préventive après avoir accepté de laver une somme placée auprès de lui par un agent du FBI infiltré. La synagogue de Low souffrait de sérieuses difficultés financières : la congrégation avait perdu 18 millions $ Us à cause d’une série d’investissements désastreux promus par Low. En 1991, l’épouse de Low entre dans une banque pour troquer un chèque de caisse de 500 000 $ Us contre un chèque de valeur moindre ; la banque découvre que le chèque avait été volé et falsifié, et appelle la police ; les enquêteurs découvrent alors que Low combine des chèques de caisse volés dans une banque de LA West avec de faux documents de prêt pour justifier la provenance des fonds qu’il blanchit. Le rabbin avait accès aux comptes bancaires de diverses organisations de charité (la « filière sainte »), par l’intermédiaire desquelles il pouvait blanchir de très importantes sommes. Bernadette Chandler entre en scène lorsque Low lui rachète pour 30 000 $ Us un chèque de caisse (volé) de 500 000 $ Us et deux bagues serties de diamants. Après que Chandler ait organisé une opération de blanchiment de 1.5 millions $ Us avec un agent infiltré du FBI, Low et Weston se vantèrent de pouvoir fournir le même genre de service. Un autre agent du FBI se faisant passer pour un trafiquant de drogue leur est présenté par un indic du FBI. Low et Weston lui proposent leur service de blanchiment, Low décrit même le système, et explique que l’argent, remis à des membres de confiance de la congrégation (des diamantaires) est blanchi par le biais de comptes des organisations de charité qu’il contrôle avant d’être envoyé n’importe où dans le monde.

Monde – mafia internationale marine marchande : David Wilson naît en Angleterre en 1944, et entreprend des études de comptabilité ; il pratique divers métiers avant de s’établir à son compte en tant que conseiller financier ; n’étant pas expertcomptable agréé, il n’est pas autorisé à certifier des écritures ; il vit essentiellement des déclarations fiscales qu’il prépare pour de petites entreprises, et s’investit dans des « coups » financiers à la hauteur de ses moyens. Auprès des habitants de l'East


Lancashire, des petits entrepreneurs locaux et de la police locale, Wilson est un honnête homme. Cependant, il affectionne l’utilisation des paradis fiscaux et ne manque jamais une occasion de montrer à ses clients comment alléger leurs impôts, en puisant dans les caisses de l’entreprise. Cette vocation l’amène à croiser des mafiosi autrement plus expérimentés et disposant de solides relations. On lui parle alors de stock de cigarette Marlboro en vente sur le marché parallèle. Le colonel Hector Moretta Portillo occupe un poste privilégié dans l’armée mexicaine : en tant que parent de l’ex-président du Mexique, il est membre accrédité de la délégation de son pays à l’ONU. Mais il a le malheur d’être assassiné d’une balle dans la tête alors qu’il passe ses vacances chez le ministre de l’intérieur mexicain, sur l’île de Cozumel ; selon la presse mexicaine, son corps a été retrouvé dans la piscine et l’assassin s’est enfui…quelques années après son assassinat, il réapparaît à Saint-Domingue sous les traits du colonel Gomez, officier de l’armée de la République dominicaine et parent de l’ancien président de la république dominicaine…quand en 1990 sa carrière croise celle de David Wilson, il est redevenu Portillo, et plus vivant que jamais, habite NY. Connu pour avoir utilisé plus de 30 pseudonymes, Hector Moretta Portillo est arrêté en 1988 à Saint-Domingue après que les autorités eurent découvert son dernier stratagème, destiné à vendre du sucre qui n’existait pas. Interrogé, il finit par avouer qu’il s’appelle en réalité Michael Austin Smith ; c’était bien son nom réel, même si ce n’est pas celui sous lequel il est né. Michael Austin Smith alias Hector Moretta Portillo est né en 1955 à Brooklyn (NY) sous le nom de Michael Sporn, mais il décide un beau jour de changer de nom, et devient d’autant plus facilement Michael Austin Smith qu’il sait prendre aisément l‘accent et le parler espagnol. Lin,guiste émérite, il maîtrise en effet couramment l’espagnol, ce qui lui permet sans problème de se faire passer pour un colonel mexicain moyen. Il a monté durant sa vie diverses arnaques portant sur l’or, les obligations, le whisky…Il se prépare à un nouveau coup, sur les cigarettes marlboro. C’est un coup facile, car le nom est universellement connu, et elles sont fréquemment achetées et revendues en dehors des circuits officiels du fabricant. Les cigarettes de la compagnie Philip Morris sont parfois achetées en trop grande quantité par des sociétés de vente en gros, souvent en situation de monopole dans tel ou tel pays ; parfois aussi, les taxes prélevées par l’Etat rendent moins profitable le gain à la vente officielle, et beaucoup plus rentable la contrebande ; dans ce cas, la société de vente en gros cherche à écouler ces authentiques Marlboro, à moins que ce ne soit une cargaison volée (quand le vol de cargaison n’est pas organisé par le revendeur en gros…), parfois c’est un négociant qui fait faillite et qui cherche à écouler son stock pour rembourser ses dettes, etc. Bref, pour une infinité de prétextes tous meilleurs les uns que les autres, toutes sortes de marchandises du commerce international finissent par être revendues sur un marché parallèle (bois de construction, pétrole, poitrine de porc, céréales, acier, boîte en carton, cassettes audio, etc.). Dans de nombreux pays du tiers-monde et en ex-Urss, les Marlboro servent de monnaie d’échange, et quelques caisses de Marlboro sont souvent la cerise sur le gâteau qui permet de décrocher un marché… En Russie par exemple, où plus personne ne veut entendre parler de roubles, tout se négocie en $ Us, et en second lieu en Marlboro. C’est notamment le meilleur moyen de trouver un taxi à Moscou, même si le chauffeur ne fume pas. Fumer une cigarette revient dans de nombreux pays littéralement à jeter de l’argent par les fenêtres… Portillo a l’intention de mettre en vente sur le marché parallèle 100 conteneurs de Marlboro, et connaît des milliers d’intermédiaires qui seront intéressés. Cela représente environ 1 milliard de cigarettes, soit 50 millions de paquets. De quoi alimenter tout le marché russe pour 4 mois. A un détail près : les conteneurs bourrés de cigarettes n’existent pas. Il invente une histoire selon laquelle des usines de Philip Morris fermées au Mexique ont rouvert clandestinement. Dans une autre version, ce sont des cigarettes de contrefaçon. Troisième version, Portillo a réussi grâce à ses relations au sein du gouvernement mexicain à acquérir des cigarettes sous le manteau. Quelque soit la version, Portillo ne manque pas de documents officiels pour rendre crédibles ces histoires. Portillo allèche encore plus les spéculateurs du marché parallèle en proposant un prix de mise en vente de 160 000 $ Us par conteneur. Sur le marché parallèle comme sur l’officiel, les marchandises se vendent et s(‘achètent au moyen de lettres de crédit : selon ce système, la banque de l’acheteur garantit le paiement de la somme convenue à celle du vendeur sans pour autant que l’argent change de mains avant la livraison de la marchandise. L’acquéreur dépose donc l’argent à la banque et s’engage par écrit à la reverser à la banque du vendeur dès que celui-ci aura livré la cargaison. Par expérience, Portillo sait qu’une série de documents très spécifiques est requise ; en l’occurrence : des connaissements (contrats de transport maritime d’une marchandise), certificat d’inspection de la cargaison (garantissant le chargement effectif sur un navire, le lieu de départ et la destination), un certificat de fraîcheur (spécifique à l’industrie du tabac), un certificat d’assurance pour protéger la cargaison. Pour Portillo, se procurer des faux documents n’est pas un problème : il est en cheville avec des spécialistes capables de falsifier n’importe quel document, passeports compris. Mais les documents de transport maritime précisent toujours le nom du navire transporteur. Et les allées et venues d’un navire sont facilement vérifiable par l’investisseur. Portillo a donc besoin de son propre navire. Il a besoin pour cela d’un comptable en Europe, de préférence en Angleterre, pour fonder une société et acheter un navire. Un proche de David Wilson, parle de celui-ci à un proche de Portillo, et les deux hommes se rencontrent. Portillo y voit immédiatement le parfait gogo. Wilson achète une société du nom de Alamosa Ltd. sur l’île de Man, l’enregistre à l’adresse de son cabinet du Lancashire et cherche un investisseur désireux de financer un navire, qu’il trouve en Norvège. Sur le papier, tout le monde fait une excellente affaire : le navire Gregory de 3400 tonneaux est acheté par Alamosa Ltd puis transféré au nom de Wilson Overseas Ltd, holding enregistré par Wilson aux Bahamas. En raison de son apport, le financier norvégien serait actionnaire majoritaire de la Wilson Overseas Ltd, ce qui lui garantit le contrôle du navire. En prime, Portillo se dit prêt à lui céder 1 conteneur de Marlboro pour 10 achetés. Il suffisait ainsi au financier norvégien d’acheter la totalité de la cargaison de 10 conteneurs de Marlboro pour être remboursé de l’intégralité de son investissement dans le rafiot. Une fois tous les papiers signés, Wilson fait rebaptiser le bateau « Lisa Marie ». cette façon de monter l’affaire évitait à Portillo tout contact direct avec ses clients finaux. Ils passaient tous par des agents. Ce qui lui évitait de s’exposer personnellement. Ses agents à leur tour ne pouvaient pas le contacter directement : ils avaient un numéro de téléphone à NY, mais à chaque fois qu’ils appelaient, ils tombaient sur un répondeur leur proposant de laisser un message. Portillo rappelait très vite, mais le numéro s’avéra être celui d’une agence de télésecrétariat. Ayant réalisé que les agents allaient emporter une bonne partie des profits, Wilson propose à Portillo d’être l’un d’entre eux et se propose de vendre quelques conteneurs ; il déniche alors un client écossais au Texas, à Houston, McMillan, qui paie d’avance 350 000 $ Us en liquide (pas besoin de lettre de crédit) pour l’achat de 2 conteneurs. Alamosa utilise ces fonds pour adapter le Lisa marie au transport de conteneurs ; seul inconvénient, il apparaît rapidement que le navire ne pourra jamais transporter 100 conteneurs, mais tout au plus 90. ce détail n’inquiète personne, les agents trouvent des clients et parviennent à vendre plusieurs fois la cargaison. Certains, bons connaisseurs du marché parallèle, ne peuvent pas ne pas savoir ce qui se trame. Portillo aborde maintenant le problème de l’assurance : grâce à ses relations, il trouve un fils de bourgeois britannique qui a travaillé à la Lloyd’s, en avait été renvoyé et était ouvert à n’importe quel projet douteux. Il fournit à Portillo tous les papiers d’assurance nécessaires. Pour les connaissements, les faux étaient faciles à réaliser. Par contre pour les certificats de fraîcheur, Portillo a besoin des services d’une compagnie d’expertise maritime. Il en invente une, la Sealand Maritime Surveyors (SMS) ; la Lisa Marie étant en courts de révision dans un chantier naval de Miami, Portillo fait semblant d’y enregistrer la Sealand Maritime Surveyors, en établissant des faux documents et en utilisant le système du transfert d’appel : au bout du fil, un anglais répond en espagnol. Portillo prétend à ses clients que le Lisa Marie attend la cargaison dans le port de Veracruz au Mexique. Mais le 12 novembre 1991, une série de documents stipulent que 50 conteneurs ont été embarqués à Miami ; puis d’autres suggèrent qu’au lieu de rejoindre le Mexique pour prendre le reste de la livraison, le bateau file sur Hambourg. Puis le 3 décembre 1991, d’autres documents attestent que la Lisa Marie charge 3 conteneurs de cigarettes à


Miami…David Wilson commence à suer et à se poser des questions… des clients eux aussi se posent des questions et vont porter les documents de Portillo à l’IMB (International Maritime Bureau), qui ne tarde pas à trouver un indice de l’arnaque : sur le connaissement, les numéros de conteneurs se suivaient ; or les conteneurs voyageant continuellement dans le monde, il était absolument improbable que 50 conteneurs dont les numéros de série se suivent soient embarqués sur un même navire. Wilson apprend auparavant par le capitaine du navire que le bateau prend l’eau et se trouve au Venezuela à Puerto Cabello. Il y fonce avec le financier norvégien, y trouve le bateau, les 50 conteneurs, mais : vides… il averti aussitôt tous les clients qu’ils se sont fait rouler dans la farine, mais certains préfèrent croire qu’il est à l’origine du « coup » ; aussi, dans la nuit du 5 mars, 2 hommes cagoulés entrent chez lui par effraction, l’enlèvent, l’amènent dans un garage et lui tirent 2 balles dans la nuque… Ce qu’ignorait Wilson, c’est que Puerto Cabello est l’un des principaux ports de transit de la cocaïne colombienne ; que plusieurs services de police soupçonnaient l’existence de relations entre Portillo et les organisations mafieuses colombiennes ; Portillo répéta la manipulation en acquérant 8 autres navires, en se passant cette fois des services de Wilson ; son objectif était de charger à Puerto Cabello dans les 50 conteneurs du Lisa Marie de la cocaïne et des armes, avant de les transborder sur un autre navire en haute mer et de saborder le Lisa Marie, en déclarant ainsi à l’assurance un naufrage, couvrant les frais de tous les acteurs en jeu, et en arnaquant l’assureur. De méchantes langues disent que dans une existence antérieure, quand il en était venu à s’appeler Michael Austin Smith, Portillo était un agent du pentagone ; et qu’il aurait même tenté de décrocher un contrat de défense en tant que fournisseur de l’industrie aérospatiale. Lors de son arrestation par le FBI, Portillo déclare qu’il a eu et garde toujours des relations avec la CIA. Mais le Pentagone et la CIA démentent formellement de telles accusations insupportables et dégradantes pour les honorables et vénérables institutions qu’elles sont ! il n’en reste pas moins que l’on trouve sa trace aux côté de la CIA dans l’affaire de l’Irangate, sous les traits du colonel Rodriguez, officier de l’armée nicaraguayenne, comme l’on prouvé les auditions du sénat. Autre fait surprenant : quand il est arrêté en 1988 par les autorités de la république dominicaine en se présentant lui-même comme escroc et faussaire, celles-ci le relâchent. Selon Portillo, se sont des amis hauts placés dans l’administration américaine qui auraient négocié sa libération, pour services rendus dans l’affaire de l’Irangate. C’est Portillo qui est le commanditaire du meurtre de Wilson, et c’est ce meurtre qui l’a perdu, en déclenchant une vaste enquête de Scotland Yard, qui devait conduire les enquêteur anglais à s’adjoindre les services de plusieurs polices dans le monde. Pour gérer tout l’argent qui rentrait à flots, Wilson avait ouvert des comptes bancaires au nom d’Alamosa Ltd dans plusieurs pays. Le compte le plus important était celui de la Bank of Greece de Rotterdam, mais le plus actif, au nom d’un holding enregistré à Saint Kitts, avait été ouvert au Crédit suisse de Zurich. L’essentiel du butin finissait par y atterrir ; quand Wilson commença à montrer des signes de nervosité, 3 semaines avant l’assassinat, Portillo fit sortir l’argent de Suisse ; pour cela, il contacta une organisation mafieuse de blanchiment professionnel opérant depuis le Royaume-Uni. Moyennant commission, cette organisation financière mafieuse britannique est capable de transférer n’importe quelle somme n’importe où en effaçant toute trace de l’opération. Cette organisation dispose d’un système bancaire clandestin complet, maîtrise tous les aspects et toutes les étapes du recyclage d’argent sale, assure en outre pour ses clients toute une gamme de services parallèles (fourniture de faux passeports et faux papiers, de drogue, d’armes)…Les membres de cette organisation ont vendu dans les années 1980 pour 6 millions $ Us d’armes au Sierra Leone peu avant que le gouvernement de ce pays ne soit renversé par un coup d’Etat. La livraison n’eut pour cette raison jamais lieu, et l’argent des armes fut remboursé à un officier dont la mort fut annoncée quelques jours plus tard par la presse. Le même officier est réapparu quelques années plus tard en Europe où il vit depuis sur l’argent des armes. Portillo envisageait très probablement également de faire appel à cette organisation pour le sabordage du Lisa Marie au large de l’Afrique du sud…Le surlendemain de l’envol de Wilson pour le Venezuela, Portillo fit réunir 7 à 9 personnes à Zurich, et que dans les jours qui suivirent, ces 7 à 9 personnes embarquèrent de Zurich pour un vol vers NY, où 3 d’entre elles déclarèrent en douane un total de 700 000 $ Us. On sait que le compte suisse de Portillo a abrité à un moment donné plus de 90 millions $ Us. il semble que pendant qu’il escroquait certains de ces clients, il aidait de très importants clients américains (« acteurs économiques de premier plan ») à blanchir leurs fonds… le tout formant une machine à blanchir géante à échelle mondiale. 

Saint-Marin – mafia financière saint-marinoise : quand les paradis fiscaux classiques durcissent leurs législations, les blanchisseurs ne tardent pas à trouver quelque nouveau paradis fiscal ; c’est le cas de la petite république de Saint-marin, au cœur de l’Italie, qui a finit par attirer l’attention des juges italiens anti-mafia ; le secret bancaire y est absolu.

Chypre – mafia financière chypriote : quand les paradis fiscaux classiques durcissent leurs législations, les blanchisseurs ne tardent pas à trouver quelque nouveau paradis fiscal ; c’est le cas de l’île de Chypre, où le nombre de sociétés offshore n’a cessé de s’accroître durant les années 1990, à un rythme plus soutenu qu’ailleurs. Les services de répression américains ont accusé les deux gouvernements chypriotes grec et turc de blanchir l’argent sale. Sur-le-champ, le gouvernement de la république turque du Nord de Chypre a rétorqué que des trafiquants russes fournissaient illégalement en armes les chypriotes grecs, dénonçant au passage une 12aine de banques offshore établies dans la partie grecque de l’île et spécifiquement connues pour blanchiment. Le gouvernement grec de Chypre sud a alors riposté en se plaignant de ce que les blanchisseurs basés en Turquie utilisaient le nord de l’île pour faire tranquillement leur lessive…Cette accusation a été renforcée par un groupement international qui a accusé la Turquie d’être le pays le moins besogneux en matière de lutte contre le blanchiment.

Ile de Man – mafia financière de Man : c’est une filière utilisée depuis longtemps par les blanchisseurs ;

Iles anglo-normandes – mafia financière anglo-normande : c’est une filière utilisée depuis longtemps par les blanchisseurs ; à Guernesey, 14 000 sociétés à responsabilité limitée sont enregistrées en 1994, soit 10 fois plus par habitant qu’en Angleterre. De plus, les entreprises ne sont tenues de ne fournir aux autorités que la liste des directeurs et des actionnaires ; elles n’ont pas à présenter leurs comptes annuels, et rien ne les oblige à donner le nom des usufruitiers. L’île de Guernesey dispose accueille en 1994 près de 27 milliards de £, soit plus de 225 milliards de FF.

Haïti ; Canada ; Jersey ; Londres - mafia « Bébé Doc » : en septembre 1986, 8 mois après son exil doré sur la Côte d’Azur, les avocats de Jean-Claude Duvalier déposent 42 millions $ Us en bons du Trésor canadien sur le compte de leur client dans une agence de Toronto de la Royal Bank of Montréal. Quelques jours plus tard, ces bons sont transférés à la Hong Kong & Shanghai Bank, toujours à Montréal, sur le compte d’une société enregistrée à Jersey. Les représentants de Duvalier séparent ensuite l’argent et les titres (brouiller les pistes) en expédiant ces derniers vers un coffre de banque à Londres, tandis que la somme correspondant aux bons du Trésor canadien est virée vers une autre banque de Montréal. Deux mois plus tard, les bons sont transférés sur un compte de la Royal Trust Bank of Jersey, filiale de la Royal Trust Company canadienne. Histoire de compliquer encore plus les choses, le compte en question fait partie d’un ensemble plus vaste géré par la Manufacture Hanover Bank of Canada, dont les bureaux à Toronto sont utilisés par la Royal Bank of Montréal. Peu après, l’argent est câblé à Jersey sur deux comptes de la Royal Trust Bank, ouverts au nom d’une société écran locale, Boncardo Ltd. propriétaire invisible de Boncardo Ltd,


Duvalier se sert à sa guise de chèques au porteur émis par la société. Ce système fonctionne pendant plus d’un an, jusqu’en février 1988, quand la police française sur requête du nouveau gouvernement haïtien, effectue une perquisition à la villa de Bébé Doc et y confisque les papiers confidentiels qui mèneront à la découverte des deux comptes de Jersey. Les agents de Duvalier se hâtent de faire sortir l’argent de Jersey pour le mettre en lieu sûr sur les comptes suisses de deux sociétés écran panaméennes, Minoka Investments et Modinest Investments. Une semaine plus tard, 31 millions $ Us sont transférés du Crédit suisse à la Royal Bank of Montréal. Des bons du trésor canadiens sont achetés et un agent de Duvalier en prend possession. Ainsi on perd la tracer de la fortune détournée par Duvalier. Les bons du trésor so,nt ensuite déposés dans deux banques voisines et n’y reste,nt pas longtemps ; le cercle se refermant autour de Duvalier en france, certains de ses « proches » jugèrent préférable de placer l’argent en lieu sûr, c'est-à-dire au Luxembourg. Le gouvernement qui avait succédé à bébé doc en Haïti avait fait geler ses avoirs, mais il est renversé à son tour en 1988 par un coup d’Etat dirigé par Prosper Avril, qui annule la procédure entamée contre Duvalier 

Colombie – mafias colombiennes : en février 1993, la police colombienne annonce la saisie de 6 millions de $ Us et l’arrestation de 250 personnes au terme de 15 mois d’enquête contre le narcotrafic et le blanchiment de l’argent sale. Une goutte d’eau dans l’océan ; de plus les arrestations ne comportent aucun membre importants des organisations mafieuses colombiennes ; cependant en obtenant l’accès à 900 comptes ouverts dans les 5 plus grandes banques du pays, les autorités colombiennes parviennent à suivre la trace de l’argent des cartels colombiens à travers un réseau de sociétés d’import-export fantômes et de bureaux de change établis dans 16 pays, parmi lesquels l’ex-Yougoslavie, le Pakistan, la Russie, l’ex-Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Bulgarie.

Serbie ; Monténégro ; Autriche ; Hongrie ; Bulgarie – mafia financière, mafia d’Etat serbo-monténégrine ; mafia hongroise, bulgare, mafia financière autrichienne : un système bancaire parallèle existe toujours en 1994 en Yougoslavie : il offre des taux d’intérêt incroyablement élevés de 10 à 15% par mois ; on estime que l’une des banques concernées, la Jugoskandic, gérer 4 millions de comptes d’épargne et dispose de réserves en devises de 2 milliards de $ Us. or offrir de tels taux sur des comptes d’épargne et des dépôts en devises coûte cher. De là à conclure que la Jugoskandic est impliquée dans des trafics illégaux… certaines banques de la région sont connues pour réinvestir leurs dépôts en devises dans le trafic de drogue, lequel à son tour permet de financer les armes nécessaires à la guerre « civile ». L’argent est blanchi par le biais de sociétés écrans autrichiennes. La société écran autrichienne achète en Hongrie ou en Bulgarie un produit (des armes) destiné à être livré au Monténégro ou en Serbie ; l’opération à toutes les apparences de la légalité et grâce au secret bancaire très strict qui existe toujours en Autriche, les autorités n’ont aucun moyen de prouver qu’il y a eu violation de l’embargo sur les armes imposé par l’Onu.

Albanie ; Kosovo ; Liban – mafia albanaise du Kosovo : certaines organisations mafieuses albanaises originaires du Kosovo introduisent des armes de contrebande en Europe occidentale et réinvestissent les profits ainsi réalisés pour acheter d’autres armes dans la perspective d’un soulèvement anti-serbe. L’argent est blanchi au Moyen-Orient, notamment au Liban.

Liban - Mafia libanaise : avant les 15 ans de guerre « civile » qui ont laminé la population, le Liban, était connue comme « la Suisse du Moyen-Orient » ; le secret bancaire y est toujours maintenu, et est considéré comme la pierre angulaire « intouchable » de l’industrie financière renaissante de Beyrouth. Les officiels du régime y sont très favorables et affirment que le blanchiment n’y existe pas… pendant la « guerre civile » libanaise, la plupart des narcotrafiquants, trafiquants d’armes et blanchisseurs du monde arabe étaient basés à Beyrouth.

Panama ; république Tchèque ; Bosnie – mafias panaméenne, bosniaque, tchèque : dans les années 1990, le gouvernement panaméen a admis que des trafiquants opérant à partir de la république Tchèque avaient tenté de fournir des armes aux bosniaques pour un montant total de 21 millions $ Us (26 800 mitrailleuses, 128 000 chargeurs, 5 000 pistolets, 17milions de balles), en utilisant Panama comme 3° sommet de ce « commerce triangulaire ». mais dans ce cas précis, les armes n’ont pas été livrées, et les trafiquants ont joué de « malchance », contrairement à d’autres opérations similaires antérieures suivant les mêmes circuits.

Pakistan - mafia pakistanaise : au Pakistan les banques acceptent avec joie les gros dépôts en liquide ; en même temps que le contrôle des changes a été aboli en 1991, permettant aux institutions financières de proposer des comptes en devises à leurs clients, un décret présidentiel vient garantir le secret bancaire à, une échelle sans précédent ; la banque centrale pakistanaise donne même comme instruction au banquiers de ne poser aucune question sur les dépôts fiduciaires en monnaie étrangère ? depuis lors, le Pakistan est arrosé de milliards de $ Us. cette situation est renforcée par le fait que le Pakistan contrôle la partie la plus féconde du « croissant d’or », région de culture du pavot à cheval sur le Pakistan, l’Afghanistan, l’Iran. Près de 70% de l’héroïne la plus pure du monde sont expédiés en Europe à partir du Pakistan. La culture du pavot est l’activité principale des paysans pakistanais des montagnes de Mahaban, qui bordent la province de la frontière nord-ouest, depuis le 19° siècle ; ce sont les colons britanniques qui l’ont imposée pour profiter du droit qui leur était accordé d’exporter de l’opium. Les trafiquants du village de Gandaf (Medellin pakistanais) n’ont pas beaucoup d’efforts à faire pour convaincre les paysans pakistanais de consacrer leurs minuscules lopins de terre à la culture du pavot, qui rapporte 10 fois plus à l’hectare que des fruits ou du tabac. Gros fournisseur de pavot, le Pakistan dispose aussi de nombreux laboratoires pour raffiner l’héroïne et offre toutes sortes de facilités bancaires aux trafiquants.

République Tchèque – mafia financière tchèque : le gouvernement de république tchèque de Prague a agréé 150 nouvelles banques en 1990, un record ; en fait , la plupart sinon toutes n’étaient qu’une simple plaque de cuivre fixée sur un mur de bureau ; en 1994, la république tchèque n’a pas de brigade de répression des fraudes.

Pologne – mafia financière polonaise : les nouveaux maîtres polonais se vantent de livrer aux industriels occidentaux une maind'œuvre abondante et bon marché, ainsi qu’une solide infrastructure agro-industrielle. En réalité, ces mêmes responsables sont avides de devises occidentales et se sont lancés dans le blanchiment à grande échelle. La Pologne est désormais un pays où les hommes d'affaires se promènent souvent avec une mallette bourrée d’espèces ; les cartes de crédit et les chèques restent rares ; la Pologne est l’otage d’un système financier obsolète, où plus d’un tiers des échanges s’effectuent dans le cadre de l’économie « informelle » ; les banques ne coopèrent en rien, leurs dirigeants semblent incroyablement « naïfs » : la Pologne est devenue un pays de rêve pour les blanchisseurs. Nombre d’institutions financières polonaises ouvrent grand leurs portes aux blanchisseurs car elles manquent de capitaux et éprouvent de grandes difficultés à apurer leurs dettes. Ainsi les banques polonaises ont accueilli à bras ouverts l’argent des cartels colombiens, celui des barons de la drogue turcs ou celui de l’OLP. Près de 450 millions $ Us de l’OLP ont ainsi été déposés au début des années 1990 à la Banque de Varsovie. Le gouvernement polonais a demandé aux


banques du pays de lui faire connaître le nom de tout client déposant plus de 12 500 $ Us. une grosse blague, que les requins polonais ont pris comme telle, remerciant le gouvernement pour ce petit quart d’heure de franche rigolade. 

Hongrie – mafia financière hongroise : le secret bancaire semble impénétrable en Hongrie : personne n’a accès à la moindre information, quelles que soient les circonstances.

Bulgarie ; Afrique du sud ; Liban ; Palestine ; Nigeria ; Italie ; Etats-Unis ; Suisse ; Turquie ; - mafia financière, mafia d’Etat bulgare : lorsque le gouvernement de Sofia annonce la mise en vente de 1 600 entreprises publiques il s’empresse de préciser qu’aucun paiement sous forme de titres ou de chèques ne seraient acceptés, contrairement à d’autres pays de l’est. Toutes ces entreprises furent donc vendues contre espèces sonnantes et trébuchantes. Des conseillers américains et européens ayant averti le gouvernement bulgare que de telles méthodes risquaient d’attirer les blanchisseurs de toute la planète [et donc de faire perdre des parts de marché aux occidentaux…], les autorités bulgares les rassurèrent en assurant qu’elles exigeraient de connaître la provenance des fonds ! l’embargo de l’Onu sur la Yougoslavie a fortement contribué à transformer les parrains des mafias bulgares en hommes d'affaires très prospères ; la fraude règne en maître et le blanchiment est omniprésent. La Bulgarie a la réputation d’être la première à avoir pressenti les avantages du blanchiment ; déjà sous la férule du dictateur bolchevique Todor Zivkov (premier secrétaire du PC de 1954 à 1989), l’Etat vend de la drogue et lave ses profits par le biais de sociétés écrans ayant accès aux banques suisses, puis réutilise cet argent pour alimenter un réseau international clandestin de trafic d’armes. La principale vitrine commerciale de la Bulgarie de Zivkov est la Kintex, société publique d’import-export. Fondée en 1968, elle est exclusivement gérée par le KDS (services de « sécurité » secrets bulgares) ; elle vend de l’héroïne et de la morphine-base aux trafiquants turcs, gros fournisseurs du juteux marché d’Europe occidentale. L’argent ainsi récolté est réinvesti dans le trafic d’armes. Dès les années 1970, la Kintex fournit aux nigérians les armes nécessaires pour mater la guerre civile du Biafra ; à partir de 1975, elle équipe diverses milices chrétiennes au Liban ; en violation de plusieurs embargos, elle vend des fusils à l’Afrique du sud ; pendant plus de 20 ans, elle fournit des armes à l’OLP. L’Etat bulgare a amassé de cette façon jusqu’à 2 milliards $ Us par an. Les relations étroites de la Kintex avec les organisations mafieuses occidentales n’a été mis en lumière qu’au début des années 1980 ; lors d’une descente dans un laboratoire de la mafia de la province de Trapani à la pointe ouest de la Sicile, la police italienne découvre tout un appareillage bulgare ainsi que de la morphine-base originaire de ce pays. Ce seul laboratoire pouvait à lui seul raffiner 4.5 tonnes d’héroïne par an, soit 1.1 milliards $ Us. au cours des années suivantes, pas moins de 15 labos sont démantelés en Sicile et en Italie continentale ; la plupart recèlent du matériel ou de la matière première bulgare. Dès cette époque, la sainte CIA a réuni les preuves accablant la Kintex, et suite aux protestation de l’administration Reagan, Zivkov lance sa police aux trousses de tous les trafiquants à al petite semaine de Bulgarie : la canaille miséreuse sert de bouc-émissaire, selon des méthodes en usage dans les pays occidentaux. Des tonnes de marijuana sont ainsi saisies, et le gouvernement bulgare se fait un plaisir de déclarer au monde que le trafic est démantelé. La Kintex opère toujours. Mais 5 ans plus tard, les américains continuent de jouer les « vierges outragées ». Zivkov décide alors de la désactiver, et créé à la place une société d’import-export du nom de Globus, qui ressemble comme 2 gouttes d’eau à la Kintex, avec le KDS à nouveau aux commandes, sans objectifs différents. Entre alors en scène la Shakarchi Trading Company. Son fondateur, Mamoud Shakarchi, est un riche banquier libanais, exilé en Suisse suite à la guerre civile libanaise ; là, il fonde la Shakarco, une compagnie d’import-export. Ses deux fils Mohamed et Marwan Shakarchi mettent le pied à l’étrier, et Mamoud scinde en 1980 la compagnie en 2 : Marwan garde la Shakarco, Mohamed appelle sa société Shakarchi Trading Company. Jusqu’à sa mort en 1985, Mamoud Shakarchi est connu comme « Le Blanchisseur » ; il fait l’objet de diverses enquêtes de la part des américains et des européens, qui le soupçonnent de recycler en suisse des fonds perçus en Turquie par la Kintex/Globus, ainsi que des narcodevises siciliennes, avant de rapatrier le tout en Bulgarie pour le compte de ses clients. Les enquêteurs américains et suisses finissent par s’intéresser à une opération de blanchiment menée à partir de LA aux Etats-Unis en direction de l’Europe qui les mène directement à la Shakarchi Trading Company ; les soupçons se reportent alors sur le fils de Mamoud, Mohamed. En février 1987, la police suisse saisit 100 kilos d’héroïne turque, trafic ayant des liens évidents avec la mafia sicilienne. L’argent ayant servi à financer l’héroïne est passé de Bulgarie en Suisse et est blanchi par la Shakarchi Trading Company ; environ 1.3 milliards de F Suisses (1 milliard de $ Us) recyclés à travers 31 dépôts effectués sur le compte de la Shakarchi Trading Company à l’UBS (Union des Banques Suisses) de Lugano. Mohamed Shakarchi finit par avouer qu’il est arrivé à sa famille de blanchir des fonds, mais uniquement pour le compte de la CIA. La CIA nie. Mais en 1989, l’ambassadeur américain en Suisse confirme les allégations de Mohamed Shakarchi et les liens de cette famille avec la CIA.

Etats-Unis (NY, LA, Miami, Houston), Bahamas, Hong Kong, Liechtenstein, Luxembourg, Jersey, Guernesey, Andorre, Suisse, Emirats Arabes Unis, Singapour, îles Caïmans, Mexique, Panama, Canada (Montréal, Toronto, Vancouver) – diverses mafias : En 1989, le département d’Etat américain accuse 3 centres financiers internationaux de s’être vendus au diable : dans un rapport intitulé « International Narcotics Control Strategy Report », l’administration Bush montre du doigt les Bahamas (plus grand centre de transit per la cocaïne et la marijuana destinées au marché américain, et centre majeur de recyclage des narcodevises), Hong Kong (plaque tournante du blanchiment de la ceinture pacifique et plus grand centre de transit pour l’héroïne de l’Asie du Sud-Est), Panama (principal refuge des blanchisseurs opérant pour le compte des narcotrafiquants d’Amérique Latine). Ce qui fait la une des journaux ; par contre, un autre rapport confidentiel qui circule au sein de la DEA, élargit la liste à 18 « canaux et dépôts » majeurs pour les fonds issus du narcotrafic : Hong Kong, Liechtenstein, Luxembourg, Jersey, Guernesey, Andorre, Suisse, Emirats Arabes Unis, Singapour, îles Caïmans, Mexique, Panama, NY, LA, Miami, Houston, Montréal, Toronto, Vancouver.

Hong Kong, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Canada, Chine - mafia financière hong-kongaise : en 1842, les 237 îles et la presqu’île formant l’archipel de Hong Kong sont donnés par la Chine à la couronne britannique au titre de « réparation » dans le cadre de la guerre de l’opium ; la colonie britannique s’impose alors comme l’un des plus grands centres mondiaux de commerce et de contrebande. Hong Kong est aujourd’hui devenu un centre financier international de pointe, à la fois grand marché pour l’or, pour les diamants, et une importante place boursière, véritable paradis pour les sociétés écrans, peuplé par une foule de prête-noms, et où les trafiquants en tous genre pullulent et lavent l’argent de leurs trafics. Cependant, Hong Kong connaît une véritable surchauffe avec l’arrivée massive des marchands d’héroïne ; le secret bancaire fut légèrement rehaussé en conséquence pour favoriser l’hébergement de ces nouveaux venus, les faibles mesures de régulation financière assouplies à l’extrême, et aussitôt le marché de l’héroïne explose, et engendre une prospérité sans précédent. Entre 1978 et 1981, les prix de l’immobilier sont multipliés par 4 et les banques croulent sous les devises. Une Mecque de trafic international. Quand les britanniques annoncent dès 1982 leur intention de rétrocéder l’archipel en 1997, la bulle de prospérité est malmenée ; les financiers de Hong Kong prennent peur et les capitaux mirent le cap à l’ouest, trouvant essentiellement refuge sur les marchés immobiliers américains et canadiens. Au cours des années suivantes, la situation ne fait qu’empirer : ceux qui ont de l’argent sont prêts à tout pour le faire sortir, et les prix se mettent à dégringoler. Mais en s’implantant pour répondre à la demande de tous ceux qui souhaitent évacuer leurs capitaux, les banques occidentales établissent « sans le vouloir » une infrastructure qui rassure et permet une renaissance. Au même moment la


Chine développa des zones franches, dont l’une immédiatement face à Hong Kong. Tandis que les capitaux « autochtones » continuent à être évacués, les nouveaux capitaux occidentaux affluent. Hong Kong est ainsi en 1994 le 3° centre financier international après NY et Londres. Les compagnies écrans sont moins onéreuses qu’en Europe ou aux Antilles, les banquiers posent peu de questions, et dans le cas où l’un d’eux se montrerait « indélicat », les banques sont plus de 400 sur place. 

Macao, Hong Kong, Portugal, Chine, Corée du Nord – mafia financière de Macao : à proximité de Hong Kong se trouve Macao, colonie portugaise et petit frère d’Hong Kong ; Macao tire 80ù de ses revenus annuels du milliard de $ Us engendré par une industrie du jeu monopolistique et contrôlée depuis Hong Kong, industrie qui permet de blanchir chaque année des centaines de millions $ Us. Non seulement les gangs chinois ont une place marquée à Macao, mais le gouvernement de Corée du Nord y maintient un bureau consulaire, profitant sans vergogne du système bancaire occidentalisé (et très discret) de la colonie. Malgré la perspective d’un retour à la Chine en 1999, la colonie portugaise reste prospère ; la réglementation coloniale portugaise permet au banques de ne relever l’identité des clients que pour des « transactions significatives », mesure minime pour laquelle aucun soutien concret n’existe. Les portugais ne veulent pas dit-on froisser les chinois.

Canada, Bahamas, Etats-Unis, Caïmans - mafia financière canadienne, mafia d’Etat bahaméenne, syndicat du crime américain : Le Canada se trouve sur la liste noire des narco-états de la DEA américaine. Il est décrit par la DEA comme un paradis pour le blanchiment ; la frontière américano-canadienne, de 8000 kilomètres, est la plus longue frontière non-défendue du monde ; dans sa majeure partie elle n’est même pas surveillée, et là où l’on trouve des postes de douane, l’essentiels des véhicules des ressortissants canadiens et américains passent sans encombre. Parfois, quelques rares prises : au début des années 1990, les canadiens interceptent deux blanchisseurs mexicains tentant de passer la frontière à Surrey. En 1989, le blanchiment est devenu crime au Canada ; avant cette date, personne ne s’inquiétait au Canada de l’origine des dépôts d’espèce. Et même la législation introduite depuis reste extrêmement laxiste et absolument pas contraignante pour les banquiers. Les banques canadiennes ont été tôt et massivement présentes dans les paradis fiscaux antillais et européen. Bruce Griffin « Peewee », trafiquant de drogue condamné en Floride, a des relations étroites avec la filière de Nassau de l’une des plus importantes institutions financières du Canada, la Bank of Nova Scotia (ou Scotiabank) ; selon le Fbi, il aurait blanchi entre 1975 et 1981 près de 100 millions de $ Us par l’intermédiaire de cette banque ; il y disposait de plusieurs comptes, tous ouverts au nom de sociétés écrans enregistrées aux Bahamas. Pour brouiller les pistes, il faisait ensuite transférer cet argent vers la succursale de la Scotiabank aux îles Caïmans, sur un compte ouvert au nom de la Cobalt Ltd, société écran locale. De là, les fonds étaient transférés vers le siège new-yorkais de la banque avant d’être disséminés au sein de plusieurs compagnies américaines contrôlées par Griffin. Griffin est inculpé en 1983 avec 100 de ses complices ; son patrimoine incluse alors des voitures et bateaux de course, ainsi qu’un ranch au Texas où il élève des chevaux. La Scotiabank fut alors montrée du doigt, notamment pour avoir maintenu des archives minimalistes pour camoufler l’identité de ses clients. De plus les employés de la Scotiabank aux Antilles acceptaient volontiers des pourboires de plusieurs milliers de $ Us ; la Scotiabank refusa en outre de communiquer des documents internes dans le cadre d’une procédure judiciaire pénale, et fut à ce titre condamnée à une forte amende (2 millions de $ Us), dont elle préféra s’acquitter plutôt que de violer son secret bancaire. L’un des associés de Griffin est un avocat bahaméen, Nigel Bowe, qui avait présenté Griffin au premier ministre des Bahamas, Lynden Oscar Pindling. Or Pindling avait confié la gestion de ses biens à la Scotiabank, à une époque où il est soupçonné d’avoir reçu des pots-de-vin de la part des narcotrafiquants de 100 000 $ Us par mois. Pindling doit une part de son succès à un ancien ami et mentor qui l’a aidé à accéder au pouvoir : Meyer Lansky.

Italie, Venezuela, Aruba, Pays-Bas, Etats-Unis, Saint-Martin, Jamaïque, Bonaire, Curaçao, Haïti, République dominicaine, Cuba, Porto Rico, Costa Rica, Angola, Irak, Iran, Chine, Corée du Nord, Bahamas, Colombie, la Grenade, Saint Kitts et Nevis, Montserrat, îles vierges britanniques, îles vierges américaines, Irlande, île de Man, Antilles néerlandaises, Liechtenstein, Anguilla, GrandeBretagne, Italie, france, Canada, Roumanie, Croatie, Espagne, Grèce, Malte, Pays-Bas, france, Caïmans, Panama, Hong Kong, Monaco, Singapour, – mafia sicilienne du Venezuela, Cartel de La Costa à Aruba, mafia d’Etat cubaine, : les deux familles alliées des Caruana et des Cuntrera, puissantes familles siciliennes qui contrôlent le milieu mafieux vénézuélien, ont décidé d’investir massivement sur le marché immobilier antillais. En septembre 1992, Pasquale, Paolo et Gaspare Cuntrera sont arrêtés chez eux à Caracas, au titre d’un mandat d’arrêt international pour trafic d’héroïne vieux de 10 ans, et sont extradés vers l’Italie. Ils sont alors connus pour avoir dirigé un important réseau international de blanchiment et sont soupçonnés d’être à l’origine de l’assassinat d’un juge et d’un procureur siciliens en 1992. L’organisation qu’ils laissent derrière eux possède 65% des terrains et contrôle 65% de l’économie d’Aruba, une île touristique et colonie des Pays-Bas à 70 kilomètres de Curaçao, tout près de la côte vénézuélienne. Aruba est aussi le foyer du cartel de La Costa, qui serait la 3° organisation mondiale de trafic de cocaïne après les cartels de Medellin et de Cali ; ce cartel d’Aruba eut droit aux feux de l’actualité lors de l’arrestation de 16 de ses membres à Miami pour racket, trafic de drogue, blanchiment. Ce cartel est soupçonné d’avoir importé 80 tonnes de cocaïne et 125 tonnes de marijuana aux Etats-Unis (soit un bénéfice de 800 millions de $ Us) entre 1980 et 1993, date de la mise en examen de son dirigeant supposé, Randolph Habibe. Habibe est également accusé d’une tentative ratée pour libérer un membre du cartel, Jose Rafael Abello dit « El Mono », purgeant une peine de 30 ans en Oklahoma. Le projet d’évasion planifié par Habibe devait coûter 20 millions $ Us. l’économie d’Aruba et du Venezuela, qui repose sur le tourisme et fait un grand usage des espèces, semble taillée sur mesure pour tous les gens qui ont de l’argent à cacher. Les Caruana et les Cuntrera prennent le contrôle d’Aruba en commençant par prendre le contrôle des casinos et des hôtels de l’île ; ce que les Caruana, La Costa et Cuntrera ont réussi à Aruba, d’autres l’ont fait à Bonaire, Curaçao, Saint-Martin. Jamaïque, Haïti, et République dominicaine sont qualifiés de « porte-avions » du trafic de cocaïne vers les Etats-Unis par la DEA. La république haïtienne a été montre du doigt par un rapport confidentiel du sénat américain en 1993, lequel rapport accuse le chef de la police de Port-aux-Princes, le lieutenant-colonel Michel François (alors numéro deux de la hiérarchie militaire de l’île), d’empocher chaque année à titre personnel plus de 100 millions $ Us de pots-de-vin des narcotrafiquants. Ce rapport compilé par la CIA note également que plus de 1000 colombiens peuplent Haïti, pour la plupart sous l’autorité directe de Fernando Burgos Martinez, émissaire local des cartels colombiens depuis 1984. selon ce rapport de la CIA, Burgos Martinez assure mensuellement la réception et la réexpédition d’une tonne ou plus de cocaïne pour un chiffre d’affaire annuel estimé à près de 200 millions $ Us, alors que d’autres évoquent 500 millions $ Us. Les dessous de tables et pots-de-vin versés aux membres du gouvernement haïtien lui garantissent l’accès à l’aéroport de Port-au-prince, et le stockage paisible de la marchandise dans l’attente de sa réexpédition. La Jamaïque est la seule île des Antilles à disposer ouvertement de plantations de marijuana importantes, mais ses autorités refusent d’être mises dans le même panier. Avant l’arrivée de Castro, Cuba était l’île qui regroupait les plus gros entrepreneurs caribéens. Ces affairistes cubains le sont restés, mais ils dirigent maintenant leurs affaires depuis la République Dominicaine, Porto Rico, Miami (ville à 40% cubaine). De son côté, le régime de Castro, pour faire face aux difficultés générées par l’embargo, a cherché à aménager une sorte de port franc destiné à accueillir les chargement de cocaïne traversant le golfe du Mexique en direction des Etats-Unis. Les premiers rapports américains sur la participation du régime cubain de Castro au narcotrafic datent des années 1960, mais ceux-là ne se fondaient sur rien, n’apportaient aucune preuve de leurs


allégations, et avaient une visée purement idéologique et propagandiste. Par contre, en 1982, 4 officiels cubains sont inculpés par un tribunal d’instance américain pour trafic de cocaïne, et l’enquête montre de manière précise et détaillée comment Castro a offert sa protection aux cartels colombiens moyennant finance. En 1984, c’est le Wall Street Journal qui annonce que les cartels colombiens lui versent 500 000 $ Us par chargement pour avoir le privilège de traverser les eaux territoriales cubaines, et de pouvoir ainsi échapper aux garde-côtes et aux douaniers américains. Les liens de Castro avec le narcotrafic fait encore la une des journaux en 1989, quand le général cubain Arnaldo Ochoa Sanchez (numéro 3 du régime après Fidel et son frère Raoul Castro) est arrêté pour trafic de stupéfiants. Ochoa est jugé dans un procès télévisé cubain à grand spectacle, en compagnie de 13 autres officiers supérieurs et hauts fonctionnaires civiles accusés de s’être également adonné au trafic de cocaïne. Ces hommes avaient également gagné de coquettes sommes en Angola lors de l’intervention cubaine, en rapportant de ce pays or, diamants et ivoire. Cette force expéditionnaire avait également trempé dans le trafic de drogue ; par ailleurs, 6 des accusés, Ochoa en tête, avaient investi une partie de leur petite fortune « socialiste » dans une tentative de renversement de Castro ; ceux-là furent condamnés à mort et exécutés à la fin du procès. Ils travaillaient de paire avec des agents américains, qui ne tardèrent pas à renouveler leurs contacts avec une partie des cercles dirigeants de la dictature « socialiste » cubaine. En 1991, leurs efforts pour faire tomber le régime castriste furent couronnés de succès ; il parvinrent à faire parler le major Luis Galeana, de l’armée cubaine (et rattaché au ministère de l’intérieur), et en possession de preuves intangibles de la participation directe de Castro à l’organisation du narcotrafic sur le territoire cubain. Galeana profita d’une escale à Madrid lors d’un séjour en Europe pour prendre la poudre d’escampette, et rejoindre ses amis américains de la DEA, non sans avoir pris soin d’emporter avec lui quelques microfilms d’une haute valeur documentaire historique. Ces microfilms apportent la preuve de 2 ans de transfert de cocaïne effectués entre Cuba, le Texas et la Louisiane, avec la bénédiction de Castro. C’étaient précisément les opérations de trafic que Castro avait imputé à Ochoa… Après la chute de l’Urss, Castro perdait une importante source de revenus extérieurs, qu’il lui fallait compenser, et il se tourne pour cela d’une part vers le narcotrafic, d’autre part vers le négoce de secrets militaires qu’il a put acquérir auprès de Moscou : il soutient Saddam Hussein pendant la guerre du golfe, offre ses services à l’Iran qui souhaite développer la technologie atomique, et approche également les chinois et les coréens du nord dans le même sens… en échange de pétrole. Castro a longtemps bénéficié du soutien et des conseils de Robert Lee Vesco, spécialiste de la finance internationale et blanchisseur recherché par la police américaine. Condamné pour escroquerie, Vesco quitte les Etats-Unis en 1972 avec ce qu’il lui reste des 224 millions $ Us volés aux clients de la Bernie Cornfeld’s International Overseas Services, se rend d’abord au Costa Rica où il reçoit la protection des présidents Jose Figueres et Daniel Oduber. Il mène alors un temps la belle vie à San Jose, protégé par cet Etat, pendant qu’il investit 13 millions $ Us dans des chaînes de radio et de télévision, un jnl et un hôtel. Mais il doit quitter l’île avec l’arrivée au pouvoir de Rodrigo Carazo en 1978, et choisit de s’installer aux Bahamas, où il offre son appui à Pindling. Aux Bahamas, il joue le rôle de négociateur dans l’expédition de chargements de cocaïne colombienne vers les Etats-Unis, mais par la suite ses relations avec Pindling tournent au vinaigre et Vesco revient au Costa Rica, peu de temps, avant de gagner le Nicaragua, puis de reparaître à Cuba en 1983, Castro ayant accepté de le recevoir sur demande de Figueres. Certains disent qu’il aurait proposé 1 milliard $ Us à Castro pour éviter d’être extradé vers les Etats-Unis. C’est en réalité exagéré. Il se voit offrir une villa à la Coronela, le quartier le plus chic de la havane, réservé aux apparatchiks, avec champagne et langouste à volonté, pendant que le peuple fait maigre, entre riz et haricots… Castro met aussi à la disposition de Vesco des gardes du corps, tant pour l’empêcher de s’enfuir que pour le protéger… Vesco peut également fréquenter le golf réservé aux diplomates et apparatchiks cubains, ses enfants vont à l’école internationale ; il est autorisé également à donner de somptueuses réceptions, investir dans le sucre et le tabac, construire des villas de luxe sur le front de mer, spéculer sur le café, et monter une énorme opération de blanchiment à partir de Cayo Largo au sud de Cuba. Mais Vesco est arrêté contre toute attente le 1 juin 1995 après avoir été accusé par Castro d’être un agent provocateur au service de gouvernements étrangers (sans citer ouvertement les Etats-Unis). On laissait entendre aux diplomates américains que Vesco pourrait bien être extradé vers les Etats-Unis, ce qui tendait à aller dans le sens d’un apaisement américanocubain, dans la mesure où Castro collaborait avec la DEA depuis 1993 pour laver la réputation cubaine de narcotrafic : selon le FBI, Cuba abriterait 91 « criminels » recherchés par la justice américaine. Mais pendant les 13 ans de service de Vesco à Cuba, il a permit à la junte castriste de mettre sur pied un conglomérat efficace de narcotrafic international. Selon les témoignages et documents apportés par Galeana à la justice américaine, Castro avait été impressionné par l’arrestation de Noriega, et avait été indigné par la trahison de Carlos Lehder Rivas, ex-baron colombien de la coca et membre fondateur du cartel de Medellin, avec lequel Castro avait négocié personnellement les accords de transit en 1987. Jusqu’à la défection de Galeana, Castro pouvait se cacher derrière le procès de Moscou au cours duquel Ochoa avait reconnu son entière et personnelle culpabilité dans le narcotrafic blanchissant le régime castriste avant d’être exécuté. Galeana apporte aux Etats-Unis les détails des moyens aériens, maritimes, militaires, technologique (radars, réseau militaire de communication et de renseignement) mis à disposition des narcos colombiens. Toutes choses impossibles sans la complicité directe de Fidel et Raoul Castro. Bush ne se sent plus pisser et envisage de tenter la même manœuvre avec Castro qu’avec Noriega. Mais le plan a été rejeté finalement par l »’administration Bush elle-même pour des raisons qui n’ont jamais été divulguées…en fait, les Etats-Unis constitue une grave menace et un lourd facteur de déstabilisation pour les Antilles, dans la mesure où il est le client majeur du narcotrafic transcaribéen. Cependant, ce facteur déstabilisant est totalement soutenu par les régimes caribéens eux-mêmes, qui instaurent partout paradis fiscaux et soutien clandestin au narcotrafic. Aux Bahamas, grâce à la « loi de l’enregistrement express » votée en 1990, il est possible de créer une société écran pour 100 $ Us et en 24h chrono. Les Antilles accueillent une nombreuse population de banquiers ouverts à toutes les clientèles. Certains poussent le bouchon un peu trop loin, et doivent renoncer aux audaces trop visibles, comme cette filiale d’une banque internationale qui s’était installée sur le domaine de l’aéroport d’Anguilla, en bout de piste, et où les pilotes d’avions passaient entre deux vols déposer leurs liquidités comme on va pisser pendant l’entracte. Aux Antilles, les truands ne dévalisent pas les banques, ils les achètent, c’est bien plus juteux. Saint Kitts et Nevis sont deux îlots « anglophones », étapes appréciées des circuits de croisières, à l’économie fondée sur le tourisme, la canne à sucre, le coton et l’ananas ; mais ces dernières années, les 44 000 résidents de l’archipel ont compris qu’ils pouvaie,nt se faire des couilles en or en vendant des banques. Ainsi de telle société écran enregistrée au sein de la « souveraineté ecclésiastique exonérée d’impôts du dominion de Melchizedek », proposée au prix de 15 000 $ Us ; la brochure ne précise pas où se situe le dominion en question ; la banque ayant son siège à Nevis, aucun bilan annuel n’est réclamé ; directeurs, mandants, actionnaires peuvent être de n’importe quelle nationalité et résider n’importe où. La valeur des actions est fixée sans contrôle et les titres au porteur sont autorisés ; une société peut donc faire office de directeur de la banque. Les réunions d’actionnaires ne sont pas obligatoires. D’un bout à l’autre des Antilles, une foule d’agents sont en permanence à l’affût de banques à acheter. Jérôme Schneider, de la WFI Corporation (Californie) les revend lors de séminaires aux quatre coins des Etats-Unis. C’est par son intermédiaire que Daisy Johnson Butler, de Houston, achète une société du nom de European Overseas Bank, enregistrée à la Grenade pour escroquer 60 de ses investisseurs de 1 million $ Us. En 17 ans, Schneider, VRP de en banque offshore caribéennes, a revendu pas moins de 1 000 banques aux Etats-Unis. Un des terrains de chasse préféré de Schneider est la minuscule dépendance britannique de Montserrat. Dès que les autochto,nes se sont lancés dans le marché des licences bancaires ils ont rapidement été assiégés par une armada de blanchisseurs : l’île peuplée jusqu’alors de 12 000 habitants est ainsi allée jusqu’à abriter 350 banques… les banques de Montserrat ont même suffisamment d’atout pour


attirer les blanchisseurs panaméens, qui mettent la main sur plusieurs d’entre elles afin de recycler l’argent des cartels colombiens et de leur ancien président Noriega. Elles séduirent également les agents du Mossad israélien, lesquels en achetèrent une et s’en servir pour blanchir des fonds gagnés lors de ventes d’armes aux barons colombiens de la cocaïne, au milieu des années 1980. elles plurent aussi à Robert Graven, alias frère Eduardo, de « l’Eglise des cercles de Lumière ». Basé à Montserrat et se prévalant de la « noble ambition » de « venir en aide aux enfants affamés », il réussit à persuader 30 000 américains de lui verser un total de 3 millions $ Us sur un compte de la First American Bank (FAB), établie sur l’île…Ces établissements étaient tellement recherchés qu’une sorte de commerce de banque en gros a fini par se développer à Montserrat. Les choses échappant à tout contrôle, la Grande-Bretagne a décidé d’amender la constitution de Montserrat, et les politiciens locaux se sont retrouvés privés du contrôle de l’industrie financière, placée sous l’autorité directe du gouverneur de sa Majesté sur l’île. La première mesure de celui-ci a consisté à révoquer 311 licences bancaires. Mais pas toutes. Les blanchisseur ont pris leurs yacht et leurs voiliers, et ont fait une petite croisière jusqu’aux îles vierges britanniques, elles aussi sous contrôle théorique de sa Majesté… 36 îles au nord-est de Porto Rico, population permanente de 12 000 habitants, constitutionnellement indépendantes de la Grande-Bretagne, très liées aux îles vierges américaines toutes proches. A tel point que la monnaie y est le $ Us. un jeune comptable irlandais, Shaun Murphy, décide de devenir blanchisseur aux îles vierges britanniques. Il ouvre un petit cabinet de création de compagnies écrans clé en main ; au départ, l’argent des clients suit un circuit assez simple : une société est créée aux île vierges, et un compte ouvert au nom de cette société dans une banque britannique sur l’île de man, où les fo,nds sont déposés ; puis il créé une deuxième société, ouvre un compte à son nom dans la filiale d’une banque suisse à panama et y fait transférer l’argent par câble ; enfin une troisième compagnie est créée, laquelle dispose d’un compte aux îles vierges. De là l’argent peut être câblé au client partout dans le monde. Mais Murphy décide de compliquer le schéma, en multipliant les fusibles ; c’est ainsi que pour un seul de ses clients, il ouvrit 40 sociétés et ouvrit 90 comptes dans 40 endroits différents. Sa propre société, la Offshore Formation, ne lui appartient pas directement : elle est contrôlée par deux autres compagnies, Romulus (qu’il possède secrètement) et Remus (propriété secrète de son ami Cyril Romney, premier ministre des îles vierges britanniques). Ayant acquis de cette façon de nombreuses relations, Murphy ne tarde pas à avoir des clients comme Ben Kramer, associé à son père Jack Kramer, fabricant de vedettes très en vue de North Miami. Mais Ben Kramer est aussi un petit parrain du trafic de cocaïne. Habitué à la course de hors-bord Miami-Bimini, Kramer a mis au point un système presque parfait pour faire entre la cocaïne aux Etats-Unis ; il engage 3 bateaux dans la course, et l’un d’eux tombe invariablement en panne ; l’engin de Kramer reste à la traîne, titubant sur les flots, pendant que les autres concurrents disparaissent au loin ; dès qu’il n’y a plus personne dans les parages, un autre hors-bord, chargé de cocaïne, rejoint le hors-bord immobilisé de Kramer et son équipage se met aussitôt en devoir de transborder la cargaison ; une fois l’opération terminée, le bateau d’assistance de l’écurie Kramer arrive à son tour sur les lieux pour remorquer le hors-bord défectueux jusqu’à Miami. Personne ne semble s’étonner de voir les hors-bord de Kramer fréquemment sortis de l’eau et chargés sur un camion ; en 5 ans, Ben Kramer introduit ainsi aux Etats-Unis pour 200 millions $ Us de cocaïne. Shaun Murphy fonde 2 sociétés écrans pour les Kramer ; l’une est censée confectionner des vêtements et a une adresse sur Saville Row, mais n’existe pas en réalité. L’autre est enregistrée aux Antilles néerlandaises, et est baptisée Lamborghini ; elle ne fabrique pas du tout de moteurs. Ces 2 sociétés créées par Murphy permettent à Kramer, grâce à leur apparence légitime, de s’en servir comme de sociétés sponsors de son écurie de course de hors-bord. L’argent de la cocaïne est réinjecté dans les compagnies écrans, lesquelles financent ainsi les horsbords, lesquels financent les importations de cocaïne, lesquelles financent les compagnies écrans… la boucle est bouclée. A un moment, Murphy achète aussi pour Kramer une concession de location de voitures en Floride et des biens immobiliers à Los Angeles. En même temps, il ouvre européen société du nom de Cortrust au Liechtenstein ; Kramer s’empresse de verser sur les comptes de Cortrust des fonds issus du trafic de cocaïne, lesquels fonds lui reviennent tout aussi vite après avoir subi le filtrage de plusieurs sociétés écrans, sous forme de prêts destinés à la construction d’un port de plaisance tout neuf et au financement de hors-bord plus gros et plus puissants. Indépendamment des affaires qu’ils mènent avec Murphy, les Kramer sont impliqués dans l’enquête qui suit le meurtre de Don Aranow, constructeur des célèbres hors-bords « Cigarette » et « Blue Thunder ». de son côté, Murphy tombe suite à un incident sans le moindre rapport avec ce qui précède : son nom est cité dans une investigation financière qui débouche sur l’affaire du hold-up du dépôt de la Brinks de Heathrow, et la police britannique vient l’interroger ; Murphy se met aussitôt à table, et les enquêteurs comprennent rapidement qu’il a affaire à de gros client des Etats-Unis ; la police britannique « prête » donc Murphy à la police américaine après s’en être servi pour l’affaire d’Heathrow. Non seulement Murphy raconte tout à la DEA sur les Kramer, mais il aide les agents américains à obtenir l’inculpation de 70 autres trafiquants et blanchisseurs ; la DEZA l’apprécie tant qu’elle passe 3 ans à l’interroger ; après quoi il reçoit 200 000 $ Us de remerciement et une identité toute neuve, et part refaire sa vie sur les rives de la Méditerranée. Anguilla est une île de 91 kilomètres carrés de sables et d’hôtels ; la pêche et le tourisme sont les deux mamelles de l’économie officielle ; colonie de la couronne britannique elle dispose d’une large autonomie, et on y trouve de nombreuses banques ; en 1994, une banque particulière ouvre à Anguilla : elle n’est constituée que d’un ordinateur, d’un télécopieur et de 7clients ; elle n’a fonctionné que 6 mois, mais pendant e bref laps de temps, 52 millions $ Us appartenant au cartel de Cali y furent blanchi ; le nom de la banque a été maintenu secret, mais le plan qui a abouti à sa création est connu sous le nom de « Opération Dinero » ; fondée et administrée par la DEA, elle marquait une nouvelle étape dans les méthodes policières américaines puisque pour la première fois le gouvernement américain finance la création d’une institution financière dans le but de prendre au piège des blanchisseurs. Tout commence en 1991, quand des agents infiltrés de la DEA qui se font passer pour blanchisseurs, collectent des fonds en espèces appartenant à des trafiquants de NY, Houston, LA et Miami. L’un d’eux leur suggère de créer une banque ; l’idée fait son chemin à la DEA et le procureur général des Etats-Unis donne les autorisations à la DEA pour que celle-ci puisse blanchir les fonds du narcotrafic. Les britanniques sont informés de ce plan et acceptent d’y coopérer, mais le gouverneur général d’Anguilla est la seule personne de l’île à être mise au fait de l’opération. Les autres autochtones ne devaient pas être mis dans le coup, la DEA n’ayant pas confiance en la probité de ceux-ci. Début 1992, une identité plausible est donnée aux agents infiltrés qui doivent jouer le rôle de banquiers ; chose importante car les membres du cartel de Cali ne manqueraient pas d’engager des avocats et des détectives privés pour enquêter sur le passé de leurs interlocuteurs. La DEA fournit donc à ses hommes de faux noms, de fausses familles et de fausses adresses personnelles, allant même jusqu’à faire emménager l’agent à l’adresse qui lui avait été attribuée, sans compter des références professionnelles plus que suffisantes pour rassurer les trafiquants. Ensuite les agents créent une banque à part entière au moyen d’une 12aine de sociétés écrans et ouvrent plus de 50 comptes d’entreprises dans d’autres banques afin que leurs établissements soit en mesure de fournir à ses plus gros clients toutes sortes de facilités en matière d’opérations de change, de chèques de caisse et de virement par câble. Le cartel mord à l’hameçon et entre en relation d’affaire avec la DEA ; à un moment, des émissaires du cartel déclarent qu’ils sont tellement satisfait du service qu’ils envisagent de demander à la banque d’Anguilla de faire blanchir 500 millions $ Us. Ils souhaitent également que la banque émette des prêts destinés à l’achat de navires et cautionnés par des dépôts d’espèce. Chaque dépôt, chaque transfert télégraphique permet à la DEA (assistée par l’IRS et le FBI) de collecter des preuves et des noms ; c’est ainsi que l’enquête fait surgir ceux de deux importants contacts italiens du cartel de Cali : Pasquale Locatelli et Roberto Severa. Locatelli, évadé part hélicoptère d’une prison française où il purgeait une peine de 20 ans pour narcotrafic, a des affaires un peu partout en Europe et au Canada. Il est spécialisé dans le transport de cocaïne en france, Roumanie, Croatie, Espagne, Grèce, Canada. En conséquence de l’opération


Dinero, un de ses navires est arraisonné par les forces navales de l’Otan alors qu’il cherche à contourner l’embargo sur la Croatie ; à son bord, on trouve des conteneurs remplis d’armes légères et de munitions. Severa est l’un des parrains du narcotrafic romain, et on découvre qu’il blanchit des fonds par le biais d’un réseau de supermarchés et de parcs de stationnement. Ce réseau avait des ramifications jusqu’à NY, au Canada et en Colombie. Peu après que la DEA décide d’amener l’opération à son terme, il fut procédé à 88 arrestations dans 5 pays. La DEA avait blanchit 200 millions $ Us pour le Cartel de Cali ; l’essentiel de l’argent était reparti depuis longtemps vers la Colombie, le Venezuela, où il avait aussitôt disparu. Parmi les prises de la DEA, quelques millions $ Us, 9 tonnes de cocaïne, 3 tableaux de maîtres (Picasso, Rubens [le Saint-Paul], Joshua Reynolds). L’analyse des comptes des 7 clients de la banque de la DEA à Anguilla donnait une vision claire des affaires financières du cartel de Cali, et des commissions juteuses offertes aux faux blanchisseurs permirent de couvrir les frais de l’opération Dinero. Il est probable qu’il y ait nombre d’autres banques administrées par la DEA, ou d’autres organes policiers ou de services secrets dans le monde, ayant pour objectif officiel de lutter contre le narcotrafic, mais servant aussi objectivement à son organisation… Les îles Caïmans sont l’ancien repaire de Edward Teach, le pirate barbe noire, mais sont surtout connues depuis une vingtaine d’années pour être l’une des meilleures cachettes financières de la planète ; parfois appelées « la Genève des caraïbes », elles sont généreuses en sable fin, soleil et confidentialité. Et très pauvres en matière fiscale et réglementaire. La capitale Georgetown compte 550 banques (1 pour 50 habitants) aux avoirs supérieurs à 400 milliards $ Us. la plupart d’entre elles ne sont rien de plus que des plaques de cuivre, où l’on ne verra rien d’autre que des papiers changer de main ; ni guichet, ni chambre-forte : moins de 15% des banques enregistrées aux Caïmans ont déjà reçu un versement en espèce. Ancienne dépendance de la Jamaïque, les Caïmans ont opté pour le maintien du statut colonial de la Couronne britannique en 1962 au moment où la Jamaïque a demandé son indépendance ; mais à l’image de Hong Kong, elles gèrent elles-mêmes leurs affaires. On trouve bien sur place un gouverneur britannique, mais il n’a d’autres fonctions que « de prestige ». Quant à la banque d’Angleterre, elle n’a aucun contrôle sur les institutions financières de ces îles. En 1976, une loi est adoptée sur la préservation des relations confidentielles ; à l’instar de la Suisse, toute information révélée sur les activités bancaires ou financières d’autrui constitue un crime ! la plupart des grandes banques américaines disposent de bureaux aux Caïmans. Une bonne partie des 25 000 compagnies et fonds de placement enregistrés aux Caïmans appartiennent de faits à des américains. Ces compagnies et l’argent qui circule sur leurs comptes sont très peu signalés aux autorités fiscales américaines. Agha Hasan Abedi a créé une succursale majeure de la BCCi aux Caïmans ; il s’est aussi servi de l’archipel comme d’une base afin de prendre illégalement le contrôle de la First American Bank, la plus grande banque de Washington DC. Il existe des accords bilatéraux entre les Etats-Unis et le gouvernement de certaines îles (dont les Caïmans et Bahamas), censés permettre aux enquêteurs américains d’avoir accès aux informations financières protégées par la loi de ces Etats. En 1990, sous la pression américaine les banquiers des Caïmans ont ébauché un « code de conduite » non contraignant par lequel ils sont censés refuser tout dépôt d’espèce « suspect » supérieur à 10 000 $ Us. il s’agirait de mettre un terme au balai des gros messieurs à grosses chaînes en or et aux costumes criards qui se présentent avec des attaché-cases bourrées de billets. Ceux-ci n’ont eu qu’à changer de garde-robe… La mesure est de la pure communication, sans aucun effet. Dans chaque affaire, il revient à la police des Caïmans de décider si elle doit ou non coopérer avec les américains. Et en cas de fraude fiscale, sa réponse est toujours négative. SaintMartin est une île divisée en deux Etats, dont l’un relève de l’autorité de la france, l’autre des Pays-Bas. L’importation de grosses sommes y est aisée, les contrôles douaniers absolument inexistants et personne n’a le droit côté néerlandais d’obliger les banquiers à poser des questions. Près de 40% des terres cultivées appartenant à des étrangers aux Etats-Unis seraient utilisées en réalité contrôlées par des sociétés écrans des Antilles néerlandaises. Saint-Martin est en prise directe avec les Pays-Bas ; rien de plus facile que de virer des fonds déposés sur placer vers un compte ouvert à Rotterdam au nom d’une compagnie de navigation enregistrée au Panama et opérant à Malte. En suite l’argent peut être expédié à Singapour, sur le compte d’une compagnie d’assurance enregistrée au Liechtenstein et domiciliée à l’île de Man, laquelle à son tour le renvoie à une société immobilière enregistrée à Hong Kong, ayant ses bureaux à Monaco et un compte à Los Angeles ; si tout se passe bien, le tout ne demande pas plus d’une heure de traitement informatique… 

Techniques de blanchiment – le prêt dos-à-dos ou « sandwich hollandais » : dans cette opération, le blanchisseur s’emprunte à luimême l’argent qu’il veut utiliser. Le blanchisseur se présente dans une institution financière légitime et y négocie un prêt en utilisant sa compagnie de Hong Kong, société écran qui dispose des fonds à blanchir, comme caution ; se sont ainsi les fonds blanchis à Los Angeles par exemple qui garantissent ainsi la transaction. Voici 2 sociétés de promotion immobilière aux Etats-Unis, l’une en Floride, l’autre à Washington ; dans leurs bureaux, des citoyens américains agissent en tant qu’agents de compagnies étrangères apparemment respectables dont le siège se trouve par exemple au Liechtenstein ou au Luxembourg ; ces compagnies du Liechtenstein et du Luxembourg sont pour leur part spécialisées dans le prêt au promoteurs immobilier ayant des difficultés à financer leur projet par le biais des banques classiques, qui refusent de les suivre, pour diverses raisons. Parfois les agents américains de ces compagnies financières basées dans des paradis fiscaux ne se doutent pas qu’ils contribuent par les prêts qu’ils accordent au nom de ces compagnies à blanchir des fonds ; mais la plupart sont loin d’être aussi naïfs… Le client se présente avec un projet, par exemple la construction d’un centre commercial pour lequel il a besoin d’un prêt de 7 millions de $ Us sur 7 ans ; les agents de la société financière lui proposent un prêt de 10 millions de $ Us, remboursable en 7 ans ; avec les 3 millions $ Us supplémentaires, ils prient leur client d’acheter des bons du Trésor américain exonérés d’impôts, qu’il devra leur rétrocéder aussitôt. Puis l’entrepreneur est dirigé vers une banque où on lui remet une lettre de crédit d’un montant équivalent au remboursement intégrale de l’emprunt (intérêts compris), et le centre commercial fait office de garantie additionnelle. Comme les bonds du Trésor, cette lettre de crédit est cédée à la sont de promotion immobilière, le client obtient ainsi les fonds qu’il cherchait pour la construction de son supermarché, la société récupère 3 millions $ Us en bons du Trésor exonérés d’impôts, avec la garantie du paiement des intérêts, le centre commercial servant de caution finale. Les blanchisseurs ne prennent ainsi absolument aucun risque et leur activité se coule parfaitement dans le cadre de « l’économie réelle ». au bout des 7 ans, les blanchisseurs sont parvenu à récupérer les 10 millions de $ Us prêtés, mais parfaitement blanchis, sans compter les intérêts.

Suisse, Autriche, Panama, Philippines, Liechtenstein, Luxembourg, Colombie, Allemagne, Roumanie, Indonésie, Haïti – mafia financière suisse : Lugano est une ville italienne prisonnière à perpétuité du canton suisse du Tessin ; ce n’est qu’une étape sur la ligne de chemin de fer du Saint-Gothard ; les bons hôtels y sont rares ; rien à voir avec Lausanne, Zurich et Genève, carrefours d’affaire internationaux. Jusqu’à une certaine époque on s’arrêtait surtout à Lugano parce que c’était un endroit idéal pour cacher de l’argent ; il paraît que la situation a changée. Lugano reste pourtant un lieu hautement fréquenté, sans qu’il y ait de raison apparente valable pour cela… Sur l’autre rive du lac de Lugano, côté italien, le casino fait des affaires florissantes, et des bacs font sans cesse des allers-retour entre les deux rives. La plupart des terrasse ont étrangement tendance à se vider à l’heure d’ouverture des banques. Selon le Financial Times de Londres, près de 40% des avoirs du monde seraient stockés en Suisse. On compte plus de 100 banques rien qu’à Lugano, 300 dans le seul canton du Tessin, c'est-à-dire plus que dans le canton de Genève, pourtant plus peuplé et plus accessible ; le nombre de banques par habitants du canton de Lugano est l’un des plus important du monde, et reste deux fois plus élevé que celui de Zurich, incontestable capitale financière de la Suisse. Les banques de Lugano respectent


strictement le secret bancaire suisse. Cependant la proximité de l’Italie et d’un casino très fréquenté rend la place bancaire de Lugano plus attractive que les autres ; la discrétion est par ailleurs le point fort des suisses, mais le client qui veut y blanchir son argent est bien avisé d’ôter ses gros sabots. Ici, tout ce fait « en finesse ». On ne parle pas de compte secret mais de compte anonyme, ou « compte à conditions particulières ». de par la loi, tout employé ou ex-employé d’une banque suisse commet un crime s’il révèle la moindre information au sujet d’un compte, ne serait-ce qu’à propos de l’existence même d’un compte. Le compte est si bien protégé que si une personne meurt et que ses héritiers cherchent à savoir si elle a pu déposer de l’argent sur un compte dont ils ignorent l’existence, ils n’obtiendront que le regard froid des banquiers. Les banques suisses sont en effet autorisées à s’approprier le solde d’un compte après 20 ans de sommeil ; on estime que des 10aines de milliards $ Us dorment en permanence dans les banques suisses, dans l’attente de propriétaires qui ne se manifestent pas. Mais en Suisse, tous les comptes ne sont pas également protégés par le secret ; toutes les banques du monde offrent des conditions préférentielles à leurs clients favoris, c'està-dire les plus riches ; ces « conditions particulières » sont même désormais un produit standard de l’industrie des services financiers. On peut en trouver à NY, Londres, Paris, Rome. Mais là, elles ne garantissent pas le secret bancaire. Il s’agit par exemple de satisfaire les besoins particuliers des clients fortunés. Autrefois, il existait en Suisse un système de « formulaire A » et formulaire B », le formulaire B permettant de ne pas mentionner le nom du bénéficiaire du compte ouvert. Un formulaire B pouvait être ouvert par un avocat ou un comptable jouant le rôle d’agent du déposant ; même si l’agent était obligé de déclarer par écrit qu’il connaissait le nom de son client, il n’était pas tenu de révéler à la banque l’identité de ce dernier. Cela permet de former un double rempart, qui double le secret bancaire avec le secret professionnel des avocats et comptables ; il était même possible de tripler ce rempart en demandant à un avocat d’ouvrir un compte en suisse au nom d’une société écran offshore, sans que l’avocat lui-même ne sache le nom du propriétaire de la société offshore. Le seul inconvénient de ce procédé, c’est la multiplication des intermédiaires, mais les gens qui ont les moyens d’utiliser de tels procédés ont également les moyens de tenir en laisse leurs intermédiaires et de sanctionner lourdement leur moindre faux pas, de leur faire payer de leur vie toute trahison. Mais les comptes à formulaire B ont été aboli en 1992. aujourd’hui, même en utilisant un compte numéroté, le personnel de la banque suisse, ne serait-ce que la direction, doit connaître l’identité du déposant. En fait, l’histoire du secret bancaire suisse remonte à la révolution française : à cette époque, les aristocrates cherchent un endroit où cacher leur fortune alors qu’ils fuient la colère du peuple en armes. Ils le trouvent auprès des banquiers helvètes, en échange de généreuses commissions. Les comptes anonymes d’aujourd’hui ont été inventés au 19° siècle par les « gnomes de Zurich », désireux d’attirer les capitaux du monde entier ; l’idée était simple : de nombreuses personnes éprouvent le besoin de dissimuler de l’argent pour une raison ou une autre (évasion fiscale, vol, extorsion, etc.). En 1934, le secret bancaire est élevé au rang de loi de la Confédération helvétique, pour permettre à un grand nombre d’allemands fortunés fuyant le régime nazi de protéger leurs avoirs. La première lézarde sérieuse à ce système n’apparaît qu’en 1977. le directeur de la filiale du Crédit Suisse à Chiasso, non loin de la frontière italienne, avait investi 500 millions $ Us pour le compte d’un groupe de clients italiens. Mais les bénéficiaires de l’argent se volatilisèrent avec les 500 millions ; les autorités suisses décidèrent de dresser un code de conduite pour éviter que cet épisode ne ternisse la réputation des banques suisse et ne nuise aux affaires… il s’agissait d’affirmer la responsabilité, financière, des banquiers dans le choix de leur client. Puis vient l’affaire Kopp : en 1986, les autorités fédérales américaines saisissent à l’aéroport de los Angeles 3 valises destinées à la Suisse, possession d’un narcotrafiquant turc nommé Dikran Altun. A l’intérieur des valises, 2 millions $ Us, qui sont saisis, issus de ce qui allait devenir « l’affaire de la Mina ». Altun était censé remettre les valises à Jean et Barkev Magharian, deux frères d’origine syrienne spécialistes du recyclage des profits du cartel de Medellin depuis plusieurs années. Une enquête suisse révéla que les deux frères avaient probablement blanchi plus de 2 milliards $ Us pour le compte de leurs patrons, par le biais de 20 comptes ouverts dans différentes banques de Zurich ; l’une d’elles, le Crédit Suisse une fois de plus, finit par admettre que dans les quelques occasions où des faux billets avaient été trouvés dans des dépôts d’espèces des Magharian, les seules coupures incriminées avaient été refusées ; mais personne à la banque n’avait prévenu la police, conformément au vœu de la direction de la banque. Par ailleurs, la direction de la banque était informée par un cabinet d’audit sur les activités réelles des Magharian. En janvier 1992, 4 hongrois désireux de blanchir 1.3 millions $ Us en marks prennent rendez-vous au siège du Crédit suisse à Zurich. Ils sont accueillis par des hommes qui se présentent à eux comme des employés de la banque ; l’un des « employés » prend prétexte du comptage des billets pour disparaître de la pièce ; puis son collègue resté avec les 4 hongrois leur demande de l’attendre pendant qu’il va voir où en est son collègue… Les 4 hongrois viennent de se faire plumer. Rebelote la semaine suivante avec un homme d'affaires canadien venu blanchir 2.5 millions de $ Us au Crédit suisse. La facilité avec laquelle les escroqueurs d’escrocs s’étaient fait passer pour des employés de la banque mit la direction du crédit suisse dans tous ses états. A mesure que l’enquête sur les activités des frères Magharian progresse, il devient possible d’établir les liens précis entre eux et la Shakarchi Trading Company. En 1985, Mohamed Shakarchi invite un important homme d'affaires suisse, le Dr Hans Kopp, à monter avec lui une joint-venture dans le secteur des pierres et métaux précieux. 4 ans plus tard, quand on découvre que les Magharian ont recyclé des fonds grâce à ces opérations, Hans Kopp reçoit un coup de téléphone confidentiel et affolé du ministre de la justice helvétique ; Kopp coupe aussitôt les ponts avec Shakarchi ; seul problème : le ministre de la justice s’appelle Elisabeth Kopp, et n’est autre que l’épouse du docteur. Les frères Magharian sont arrêtés pour blanchiment, et même si aucun indice ne permettait de prouver que son mari était impliqué dans l’affaire, Mme Kopp est contrainte de démissionner du conseil fédéral suisse, alors qu’elle avait été la première femme à y être admise. Iro,nie du sort, à l’époque de sa démission, elle est en train de concocter de nouvelles lois visant à lutter contre le blanchiment en Suisse : criminalisation pénale du blanchiment et pénalisation des infractions apparentées telles que le délit d’initié, la manipulation des marchés et la fraude fiscale. L’un de ces lois sonnait par ailleurs le glas des 32 000 comptes à formulaire B existant alors. Sous la pression des gouvernements étrangers, américains notamment, les suisses contraindre les agents et autres représentant à révéler dorénavant aux banques l’identité du véritable bénéficiaire du compte, sans que les sociétés offshore puissent servir d’autre couverture pour accéder aux banques suisses. Toute personne souhaitant ouvrir un compte en Suisse était désormais tenu de décliner son identité. Une révolution. Par ailleurs, les avocats étaient tenus de remplir une déclaration par laquelle ils attestaient personnellement de la probité de leur client. Et le secret professionnel des avocats sauta pour leurs activités de gestion des biens de leurs clients. Désormais, il semblerait donc préférable de se rendre en Autriche pour blanchir des fonds. L’Autriche n’a mis en place une législation antiblanchiment qu’en 1994, sous la pression internationale ; mais les autrichiens n’ont pas renoncé au secret bancaire. La nouvelle loi leur permet toujours de disposer de Sparbuch, livret d’épargne anonyme. Il en existe 20 millions, contre 8 millions d’habitants. Les banques autrichiennes, à Vienne, ne veulent rien savoir de l’identité du bénéficiaire d’un Spachbuch : le nom auquel est ouvert le compte est considéré comme une sorte de code secret, et il est possible de se faire appeler Bill Clinton ou Popeye. Le solde de ces comptes est néanmoins plafonné à 10 millions de schillings autrichiens (4.5 millions de FF), mais il est parfaitement possible d’en ouvrir plusieurs, mais seuls les schillings autrichiens sont acceptés. Manuel Noriega tout comme Imelda Marcos avaient un faible pour les banques autrichiennes. En Suisse, rien n’oblige à déposer des francs suisses sur un compte : malgré la nouvelle législation, il est toujours possible de déposer des valises entières de petite coupures en $ Us, à partir du moment où la banque s’estime séduite et convaincue par vos argument tendant à lui faire gober que vos devises ont une origine parfaitement honnête. Par ailleurs, an cas d’enquête criminelle internationale, les autorités suisses se montrent exceptionnellement sceptique sur la culpabilité de tel ou tel client d’une de leurs


banques. Et leurs minutie paperassière en matière de procédure d’enquête internationale ne rencontrent aucun désaveux des élites patronales et financières locales, si prompts en toute autre matière à dénoncer le « bureaucratisme » public. La Suisse a été le premier pays à signer avec les Etats-Unis une convention visant à débusquer les narcodevises. Mais tant que la DEA n(‘apporte pas d’information précise, dévoilant ainsi des informations souvent stratégique sur le plan géopolitique, les autorités suisses ne coopèrent pas. Mais le principe de coopération judiciaire internationale est combattu par plusieurs banquiers helvètes éminents… Lors de la procédure contre les comptes du couple Marcos, une masse considérable de capitaux a migré vers le Luxembourg voisin, le Liechtenstein et les Caraïbes… puis sur requête haïtienne, les autorités de Berne ont identifié et gelé les comptes privés de « bébé Doc » Duvalier ; puis lorsque les américains leur ont demandé de jeter un œil sur les petits papiers du général Noriega, elles ont bloqué les comptes de celui-ci. Même chose pour les Ceausescu, ou quand le gouvernement indonésien a cherché à identifier les fonds détournés par l’ex-président Soekarno, ou encore quand les américains ont prouvé qu’une énorme quantité d’argent avait été déposée en Suisse par les cartels colombiens. Quand Julio Nasser David et sa femme Sheila, clients de longue date de l’UBS ont été accusés par les américains d’avoir introduit aux Etats-Unis 27.5 tonnes de cocaïne et 1.5 millions de kilos de marijuana, l’UBS a été contrainte de bloquer leurs avoirs, qui s’élevaient à 150 millions $ Us. Quand les américains ont demandé aux suisses de saisir 2.2 millions $ Us versés par les russes à l’ex-agent de la CIA Aldrich Ames pour espionner son propre pays, le suisses ont commencé par dire non, avant de saisir les 3 comptes concernés. Quand Jürgen Schneider, richissime propriétaire des plus grosses sociétés de promotion immobilière d’Allemagne a été accusé de fraude, 142 millions $ Us ont été gelés sur ses comptes genevois. Le Fbi et la DEA se sont dotés d’agents suisses, lesquels collaborent avec les américains à la lutte contre le narcotrafic. Mais la Suisse est loin d’être allée au bout de sa démarche : quelques députés radicaux ont bien tenté d’étendre la législation antiblanchiment aux sociétés fiduciaires non bancaires, aux cabinets d’avocats d’affaires, aux casinos et à toutes les personnes juridiques habilitées à mener des transactions financières, pour les contraindre à signaler les clients et dépôts suspects, leurs propositions ont été unanimement rejetées par toutes les parties impliquées…et même au niveau bancaire, il suffit en Suisse de pouvoir proposer à une banque un dépôt de l’ordre de 2 millions $ Us, de s »’arranger pour que ces espèces proviennent de contrats d’affaires signés, disons avec le Moyen-Orient, ou d’une soirée particulièrement chanceuse à une table de casino, disons italien, le tout accompagné de quelques justificatifs écrits et autres factures, contrats ou lettres d’agrément officielles bien imitées, pour que les dépôts massifs d’espèces ne soient pas jugés « suspects ». 

Grande-Bretagne - : 26 novembre 1983, 6 à 8 braqueurs font irruption à l’intérieur du dépôt de la société Brinks, à moins de 2 kilomètres de l’aéroport d’Heathrow. Ils menacent les gardes recouverts d’essence de les torturer et de les brûler vifs et obtiennent ainsi le code des coffres. 1h45 plus tard, la bande a disparu avec 6400 barres d’or de 440 grammes (3 tonnes de métal), soit un butin de 317 millions de FF de l’époque. Scotland Yard (SYD) parvient à arrêter 4 d’entre eux rapidement, puis 3 autres un an plus tard. Parmi eux : Mickey McAvoy, 38 ans, mafieux connu dans le milieu sous le nom de « la Brute » ; Brian Robinson, 41 ans, surnommé « le colonel » pour ses talent d’organisation opérationnelle. McAvoy ne manque pas d’amis : Brian Perry, PDG d’une compagnie de radio-taxis dans l’est de Londres, connu pour ses fréquentations douteuses mais sans entorse sérieuse à la loi ; John Lloyd, petit délinquant de l’est londonien, vivant avec Jeannie Savage, archétype de la « poule de gangster », dont l’ex-mari purgeait une peine de 22 ans pour vol à main armée ; McAvoy leur demande de veiller sur sa part du butin jusqu’à sa sortie. Jusqu’alors, SYD n’a rien retrouvé de celui-ci. Pour cela, Perry et Lloyd font appel à une vieille connaissance, Kenneth Noye : 36 ans, respectable homme d'affaires du Kent, ayant des intérêts dans le bâtiment et le transport, mais donnant aussi dans le commerce de montres et de bijoux ; cependant, Noye a déjà un « casier », contrairement à ses acolytes, pour recels d’objets volés, vol à l’étalage, voie de fait sur agent de police, introduction en Grande-Bretagne d’une arme prohibée, violation de la législation sur le port d’arme ; rien de bien méchant. A l’époque du braquage de la Brinks d’Heathrow, Noye est l’objet d’une enquête pour trafic d’or et fraude fiscale. Et Perry et Lloyd connaissent ses talents en la matière. John Palmer est l'un des contacts de Noye : bijoutier de 34 ans, petite gueule de play-boy et fils à papa qui a monté quelques années plus tôt à bristol un commerce de lingots d’or baptisé Scadlynn Ltd, en association avec son camarade Garth Chappell ; Garth Chappell : la trentaine, précédemment condamné pour fraude à la TVA, vers 1984, Palmer lui a laissé les rênes de son affaire afin de pouvoir entièrement se consacrer à une petite cha^pine de bijouteries qu’il possède à bristol, à Bath et Cardiff. Noye envisage en fait le recyclage de l’or de la Brinks à Bristol, par la même filière qui lui a valu l’attention des douanes ; mais il fait d’abord appel à palmer qui possède sa propre fonderie, pour fondre l’or de McAvoy et faire disparaître des barres les numéros de série. L’idée sont ensuite d’envoyer ces lingots dénumérotés à la Scadlynn Ltd de Palmer, pour qu’ils y soient à nouveau fondus et surtout mélangés avec du cuivre et de l’argent, afin d’acquérir le statut d’alliage ; de là, chaque nouvelle barre serait envoyée au bureau gouvernemental de garantie des métaux précieux de Sheffield, afin d’y être pesée, taxée et dotée d’une existence légale… Scadlynn Ltd pourrait ainsi revendre ensuite les barres à des négociants autorisés, afin qu’ils refondent les barres pour en séparer les impuretés, avant de revendre l’or aux bijouteries du quartier londonien de Hatton Garden. Noye s’envole le 22 mai 1984 pour Jersey avec 50 000 Livres Sterling ; il s’y fait recevoir par des représentants de la Charterhouse Japhet Bank et leur fait part de son désir d’acheter 11 barres d’or de 1 kilo. Les banquiers acceptent de participer à la transaction, même quand Noye pose comme condition qu’ils ne reportent pas sur les certificats qu’ils établiront avec l’or les numéros de série des barres. Noye leur laisse les 50 000 Livres Sterling d’acompte, repart pour Londres et fait le nécessaire pour que le solde soit transmis à ses partenaires de Jersey. 8 jours plus tard, il revient à Jersey prendre livraison de son or et des certificats correspondants. A sa sortie de la Charterhouse Japhet Bank, il marche jusqu’à une agence locale de la TSB (Trustee Savings Bank) et y loue un coffre de grande taille dans lequel il dépose les barres, avant de regagner Londres muni des seuls certificats. Les barres qu’il vient d’acquérir pèsent le même poids et ont la même teneur en or que ceux volés à la Brinks et refondues par Palmer ; personne ne s’aperçoit de rien. Muni des certificats de Jersey, il ne reste plus à Noye qu’à faire des aller retour de Londres à Bristol en transportant les barres refondues par Palmer. Pour Noye, ces certificats ne sont rien de plus qu’une sorte de police d’assurance, à montrer aux autorités dans le cas où celles-ci se montreraient curieuses. Mais il a commis une erreur par excès de zèle : son insistance à exiger les certificats sans numéro de série a suscité en réalité des soupçons chez les banquiers de Jersey. Ceux-ci préviennent la police locale ; Noye est suivi ; SYD est prévenue. Une fois l’or refondu par palmer et transporté par Noye à Bristol, la Scadlynn le revend au cours de l’alliage augmenté de la TVA (15%) ; l’accord est que la Scadlynn empoche la plus-value représentée par la TVA facturée mais non payée. Le reste de l’argent issu de la revente est déposé sur un des comptes de l’agence de Bedminster de la Barclays Bank. Quand Noye et ses compères ont besoin d’argent, la somme est retirée en liquide et stockée dans des sacs poubelles noirs, expédiés à Londres par camion. Personne à la banque de la Scadlynn ne songea à parler à la police des soupçons éveillés part ses impressionnantes entrées et sorties d’espèces. A l’aide d’un faux passeport au nom de Sydney Harris, Noye dépose sa part de l’argent recyclé à la Bank of Ireland de Croydon, en exigeant que les sommes déposées soient immédiatement transférées au siège dublinois de la banque. Kathy Meacock, la petite amie de McAvoy, fréquente la même agence des jours différents ; c’est aussi le cas de Jeannie Savage. Là aussi, discrétion exemplaire des banquiers. Entrent en scène d’autres personnages : Gordon John Parry, camarade de Brian Perry, armoire à glace tout à fait crédible en homme d'affaires quand il porte un costume cravate, ancien détenu tentant de se refaire dans l’immobilier. Michael Relton, avocat marron, mis dans le coup à son tour par Parry, qu’il a défendu sans succès lors d’un procès pour trafic de drogue.


Avec l’aide de Relton, Parry dépose 793 500 Livres Sterling en espèces venues de la Scadlynn à la Bank of Ireland de Balham au sud-ouest de Londres ; la somme est instantanément transférée vers la succursale de la Bank Of Ireland à Douglas, sur l’île de Man ; la cousin de la femme de Parry lui file un petit coup de main, et envoie 500 000 Livres Sterling par le même circuit. Du côté de Balham, ce sont ainsi 500 000 Livres Sterling qui sont blanchies. Parry fait revenir une partie de cet argent sur un compte ouvert à la Bank of Ireland de Balham, avant de retirer celui-ci au compte-gouttes et de l’expédier à l’étranger vers une autre banque. Pendant ce temps, Noye continue de livrer les barres d’or à la Scadlynn. Août 1984, Parry ouvre un compte à la Hong Kong & Shanghai Bank de Zurich, où il dépose 840 435 Livres Sterling en espèce. Une semaine plus tard, un monsieur non-identifié se présente au siège de la Hong Kong & Shanghai Bank à Bishopsgate, au cœur de la City, avec 500 000 Livres Sterling dans un sac de sport, et demande le transfert de la totalité de la somme à la succursale de Zurich. Deux semaines plus tard, attroupement de mafiosi britanniques à Zurich : Perry, Parry, Relton, un joaillier ami de Parry nommé John Elcombe et sa femme Ann. Pure coïncidence d’après eux. Ils descendent prudemment dans des hôtels différents. Chacun d’eux profite cependant de l’occasion, dans un bel élan unanime, pour ouvrir un compte à la même agence de la Hong Kong & Shanghai Bank de Zurich. A eux tous, ils déposent 490 000 Livres Sterling en espèces, élevant ainsi leur capital zurichois commun à 1 million de Livres Sterling. Le même jour, Perry et Parry s’offrent une balade touristique à Vaduz, au Liechtenstein, où ils n’omettent pas d’ouvrir un compte souvenir à la Bank of Liechtenstein, en y déposant 45 000 Livres Sterling. Et chacun de cosigner le compte de l’autre. De retour en GrandeBretagne, Parry achète à Jersey une société écran clé en main appelée Selective Estates, puis ouvre un compte à son nom à la Barclays Bank de Guernesey et y fait transférer ses fonds de l’île de Man. Puis Selective Estates vire ces mêmes fonds à la Hong Kong & Shanghai Bank de Zurich, où Parry a entre temps ouvert un second compte. Le mois suivant, John Elcombe, le joaillier dépose 65 000 Livres Sterling en liquide sur son compte zurichois, dont Parry est cosignataire. Le même jour, on retrouve Parry à la Bank of Liechtenstein avec une valise contenant 500 000 Livres Sterling ; un peu plus tard, Elcombe verse 435 000 Livres Sterling en espèce sur son compte, puis en ajoute 640 000 en décembre. La Scadlynn est une fabuleuse vache à lait ! a peine transformé en alliage, l’or trouve miraculeusement preneur. Tout cet argent, il est vrai, appartenait au butin de McAvoy. Mais là, on peut commencer à en douter. Informés par la police de jersey des visites de Noye, SYD gardent un œil sur lui de temps à autres. SYD remarque ainsi qu’il fréquente Brian Reader criminel recherché qu’ils croyaient caché en Espagne ; du coup, ils resserrent la surveillance. Le 26 janvier 1985, la police londonienne donne l’assaut à la maison de Noye, mais les 3 rottweilers de Noye repèrent l’un des 2 flics planqués dans le jardin ; le corps de celui-ci est retrouvé lardé de coups de poignards le lendemain par ses collègues. Arrêtés, Noye et Reader sont finalement disculpés. C’est que la police a entre temps découvert des choses plus intéressantes, et ayant agit trop tôt, elle ne peut que considérer positivement la libération des 2 hommes ; finalement, disposant d’assez de preuves pour les impliquer dans le recyclage de l’or de la Brinks (une petite cache d’or retrouvée chez Noye), la police fait arrêter Noye et Reader. Puis c’est Palmer et son associé Chappell qui sont arrêtés. De son côté, Elcombe continue les aller retour vers Zurich, le coffre bourré de liasses de Livres Sterling. Mais ils se fait bêtement arrêter par la douane entre la Hollande et l’Allemagne avec la présence de 710 000 Livres Sterling dans le coffre de la Mercedes empruntée à Parry à justifier. Interpol est prévenu ; les autorités britanniques à leur tour. Mais les questions posées par la douane néerlandaise sont tournées de telle manière que les autorités britanniques ne trouvent rien à redire. Elcombe file à nouveau avec l’argent ! ce n’est que quelques heures plus tard que SYD réagit et demande à la douane néerlandaise d’arrêter l’homme qui conduit la voiture de Parry, trop tard. Les Elcombe sont méfiants et prennent leur temps pour se rendre à Zurich. Peu après, Parry et Elcombe rassemblent 2.6 millions de Livres Sterling sur un même compte à Zurich. De son côté, Relton n’est pas non plus inactif et se pointe au Liechtenstein en avril pour ouvrir un « compte Croix-Rouge » : également appelé « compte de fondation » par les avocats fiscalistes, ce type de compte est contrôlé par une organisation se donnant des aires philanthropiques et gérés par un avocat d’affaires. La charte des fondations stipule que l’organisation humanitaire en est l’ayant droit, mais non l'usufruitier, et personne n’est censé s’avoir qui est l’usufruitier, pas même la direction de la banque. La véritable identité de l’usufruitier est ici protégée par la double barrière du secret bancaire et du secret professionnel de l’avocat d’affaires. C’est précisément d’un compte de ce type dont disposait Robert maxwell au Liechtenstein, ce qui lui a permis de prétendre que ni lui ni sa famille ne contrôlaient ces fonds et que ni lui ni sa famille ne pourraient en avoir l’usufruit à l’avenir. « L’astuce », c’est que les « comptes croix rouge » sont tellement blindés qu’il n’y a aucun risque à mentir sur l’identité de leur usufruitier : personne n’arrivera jamais à prouver le mensonge. En bon avocat, Relton connaît les ficelles des comptes de fondation. Il ouvre le sien au nom de la fondation Moët, en hommage à son champagne favori… mais suite à une malheureuse erreur de transcription, le compte est ouvert au nom de la fondation « Moyet ». Parry et Relton sont venus déposer 3 167 409 Livres Sterling sur le compte en question. Mais quand on veut faire disparaître la trace de l’argent, il faut être vigilant sur les mouvements liés aux dépenses courantes : suite aux changements de comptes de Zurich vers le Liechtenstein, des chèques émis par Parry se trouvèrent être sans provision, Parry croyant qu’ils avaient déjà été encaissés auprès de son compte à Zurich. La Hong Kong & Shanghai Bank connaissant la nouvelle domiciliation de l’argent pour avoir procédé à son virement, elle fit rapatrier les sommes correspondantes au chèque à provisionner en s’adressant à la Bank of Liechtenstein. Ce qui permettra à la police de retrouver la trace de cet argent. Ayant recyclé la quasi-totalité de l’or de la Brinks, Parry et Relton créent de nouvelles sociétés écrans et se lancent dans l’investissement immobilier à grande échelle, notamment dans les docks de Londres, dont ils rachetèrent plusieurs quais, ces quais étant considérés comme l’une des zones les plus prometteuses à l’avenir en GrandeBretagne. Ils investirent aussi dans une boîte de nuit à Londres, ouvriren,t une nouvelle société écran à Panama. Au final, la police britannique récupérera 21 des 26 millions de Livres Sterling du butin. Certains acteurs du coup ont été assez malins ou puissants pour que leur anonymat résiste aux enquêtes policières. Parmi les participants au braquage, Fleming, truand professionnel, est arrêté aux Etats-Unis et extradé vers la Grande-Bretagne après un détour par l’Espagne, les caraïbes et l’Amérique Latine ; cependant, il est relâché faute de preuves suffisantes contre lui. Mais par les mises sur écoute espagnoles de Fleming, SYD découvrit l’existence d’un autre larron, Patrick Bernard Arthur Diamond, humoristique PDG d’une agence de constitution de sociétés écrans sur l’île de Man, la « Comprehensive Company Management » (Manx) ; Diamond fut à son tour mis sur écoute par SYD avec l’aide de la police de l’île de Man. Noceur, Diamond passait presque tous ses week-ends à Londres, où il fréquentait les boîtes de nuit fréquentées par la pègre londonienne. Le nom de ses contacts étaient soigneusement relevés par SYD. Un vendredi soir, Diamond prend rendez-vous avec un jeune américain Stephen Marzovilla, dans un hôtel de Conduit Street dans le West End, où l’un et l’autre ont pris une chambre. SYD contacte le Fbi mais n’obtient aucune information sure ce Marzovilla. Pendant une sortie des deus hommes en ville, la police fouille leurs chambre et découvre dans les effets de Marzovilla un arbre généalogique le présentant comme plombier (arbre généalogique aussitôt considéré comme indice que l’américain est en train d’apprendre une nouvelle identité). Puis SYD découvre que Marzovilla connaît aussi Fleming, surnommé « livreur de pizza » par Diamond. SYD découvre ensuite que Marzovilla loue un appartement à Chelsea, dans Cheyne Walk, rue huppée et très chère, et qu’il dispose de plusieurs coffres dans des banques du centre de Londres. SYD décide d’arrêter Marzovilla mais ne veut pas éveiller les soupçons de Fleming et de Diamond, et prennent donc prétexte, lors du passage en douane de Marzovilla en partance pour l’Espagne de la présence de deux couteaux à cran d’arrêt dans sa trousse de toilette. Pendant ce temps, ses coffres à Londres étaient inspectés : SYD y trouve 100 000 $ Us et un passeport et un permis de conduire au nom de Craig Jacobs. Nouvelle identité communiquée au FBI, qui fax sa réponse à SYD : pseudonyme connu de Scott Nicholas Errico, condamné à deux reprises pour trafic de drogue aux


Etats-Unis, recherché par le FBI pour triple meurtre. Il finit par être extradé vers les Etats-Unis et condamné à perpétuité. Les liens de Diamond et de Marzovilla étaient attestés par une association dans une société de l’île de Man, ce qui permit à SYD d’avoir accès aux documents de cette société, documents grâce auxquels SYD découvrirent les liens de Diamond avec un certain Michael Levine, avocat d’affaire de Miami. SYD averti la DEA, qui épluchèrent les comptes de Levine et découvrirent une opération de blanchiment de 10 millions $ Us liant Levine et Diamond, lequel avait ainsi contribué à blanchir les fonds des cartels colombiens. Diamond avait au fil des ans créé 90 sociétés pour Levine, et acheté l’îlot de Strangers Key (Staniel Cay ?) au Bahamas pour le compte de son client de Floride. Mais quand Levine s’aperçut que cet îlot n’était pas assez long pour accueillir une piste d’atterrissage (et donc inutile au trafic de cocaïne), il s’empressa de le revendre. 12 affaires apparemment sans lien ont fini par s’intégrer à l’enquête destinée à élucider le hold-up d’Heathrow ; 29 personnes ont défilé dans le box des accusés ; les procès ont été perturbés par des tentatives multiples de subornation de jurés et menaces de mort, les jurés ont dû être protégés physiquement. Les Elcombe ont été acquittés, Relton est sorti de prison, Noye a fini de purger sa peine. McAvoy doit sortir vers 2011, alors que son magot s’est volatilisé, avec l’aide de ses « amis », auxquels il aura probablement quelques mots à dire à sa sortie… les américains ont fait aux britanniques un chèque de 190 millions de $ Us destinés à récompenser et accroître la lutte contre le narcotrafic en Grande-Bretagne ; mais les anglais ont décliné l’offre, refusant que cette somme puisse être remise directement et réservée aux services des stupéfiants britanniques. 

Méthodes de blanchiment – faux chèques au porteur : un blanchisseur fait établir par une de ses sociétés écrans domiciliée dans un paradis fiscal quelconque un faux chèque au porteur de 250 000 $ Us, qu’il déclare à la douane américaine, en remplissant un formulaire de déclaration, dont il conserve un duplicata ; une fois en possession de ce duplicata, qui prouve qu’il est entré aux Etats-Unis avec un chèque au porteur de 250 000 $ Us, il détruit ce chèque. Un mafioso lui remet alors en espèce la somme de 250 000 $ Us, et le blanchisseur n’a plus qu’à sortir du pays avec les espèces, le duplicata de déclaration du chèque au porteur permettant de parer à toute éventualité à la douane.

Etats-Unis - : la narco-industrie qui permet de dégager des marges de profit de 500 à 1000 %, est capable de submerger les économies fragiles. Dans certaines petites villes comme Atoka (Oklahoma) ou Roma (Texas), les prix de l'immobilier ont connu une ascension fulgurante quand sont arrivés les mexicains riches en espèces et avides d’investissements. Ce phé,nomène a brisé l’échine de l’économie locale ; dans les pays pauvres comme la Bolivie, le Pérou, l’Equateur et la Colombie, l’argent de la drogue est à la base de l’économie, et corrompt tant le système politique que la machine judiciaire. Certains estiment que les plus gros parrains mondiaux liés au narco-trafic forment aujourd’hui le lobby le plus puissant de la planète. Les sommes générées atteignent de tels montants qu’effectivement l’économie de dizaines de pays du tiers-monde repose sur elles. La fabuleuse masse de $ Us rapportés à la Colombie par l’industrie de la cocaïne explique que le peso colombien soit la monnaie la plus stable d’Amérique Latine. Pour ces pays, la narco-économie est devenue une forme officieuse de l’Us Aid. Sans les profits générés par ce trafic, l’économie vénézuélienne elle aussi, malgré la production pétrolière, s’écroulerait. En 1990, les Etats-Unis proposent un programme de plantation der substitution à la cocaïne à la Colombie, à la Bolivie et au Pérou, avec en clé un soutien de 1.5 milliards de $ Us. les trois gouvernements refusèrent ; chacun de ces pays réclamait comme seuil minimal d’efficacité du programme l’allocation à lui seul de la totalité de cette somme. Il y a quelques années, le défunt présumé « grand » parrain du cartel de Medellin, Pablo Escobar, renonça malgré lui à 40 millions de $ Us qui n’avaient pas pu être réinjectés assez vite dans les circuits de blanchime,nt, qui n’arrivent pas à suivre malgré l’inventivité des trafiquants, le rythme des narco-profits. Lors de sa première arrestation, Escobar proposa pour éviter son extradition, au gouvernement colombien d’apurer la dette extérieure de la Colombie. En 1992-1993, les Etats-Unis dépensent 1.1 milliards de $ Us pour combattre le trafic ; échec retentissant. Même pour le paysan exploité par les cartels, il y a plus à gagner dans la culture du pavot ou de la coca que dans celle de l’orange, du coton, de la banane ou du café. Pour nombre de paysans, colombiens comme afghans, la culture de la coca ou du pavot est une simple question de survie, qu’il n’est pas question d’abandonner. Idem en Thaïlande ou au Cambodge. L’industrie de la cocaïne est le premier employeur de la Colombie, de la Bolivie et du Pérou, et les bénéfices du trafic reviennent dans les pays occidentaux sous forme de remboursement des dettes iniques réclamées aux pays pauvres… par ailleurs, les fonds blanchis du narco-trafic permettent de mettre à flot er de « doper » les liquidités des banques occidentales. L’argent de la drogue né dans les vallées du Pérou finit le plus souvent dans les coffres des grandes institutions financières de l’Occident…la production de feuilles de coca au Pérou a été multiplié par 7 ou 8 au cours des années 1990-1995. la moitiés des avoirs issus du narco-trafic seraient entre les mains des grands cartels ; 50 à 70% des narco-profits sont blanchis dans le système bancaire occidental. A eux seuls les trafiquants opérant aux Etats-Unis et en Europe recyclent plus de 100 milliards $ Us par an, somme supérieure au PNB de 90% des pays présents à l’Onu. La drogue mobilise dans le monde plus d’argent que l’alimentation. La quasi-totalité des devises en circulation aux Etats-Unis portent des traces microscopiques de cocaïne, ce qui signifie que presque tous les billets verts aujourd’hui en circulation ont un jour ou l’autre servi à acheter de la cocaïne ! 20% des profits générés par le narcotrafic servent à couvrir les frais de fonctionnement (culture, pots-de-vin divers et variés, coût de transport, chargements perdus ou saisis, frais de blanchiment) ; les 80% sont du bénéfice net. Le profit global des barons du narco-trafic pour les seules exportations vers les EtatsUnis atteignent ainsi 160 milliards de $ Us par an. Ce qui place ces personnages au sommet de la liste des personnages les plus riches de la planète. d’ailleurs, dans les 5 premières fortunes mondiales de 1994-1995, on compte au moins 3 narco-trafiquants colombiens, uniquement surpassés en opulence par le sultan de Brunei et le roi Fahd d’Arabie saoudite ; leurs principaux lieutenants sont eux aussi plus riches que la reine d’Angleterre. En réalité, une très petite partie de la cocaïne mondiale provient des plantations colombiennes : 10% à peine ; les cartels se procurent l’essentiel de leur matière première au Pérou et en Bolivie. Ils achètent par ailleurs les produits chimiques nécessaires à la transformation en Allemagne, Brésil, et Etats-Unis. Au moins 10% de la population active colombienne est liée de près ou de loin au narcotrafic, et Pablo Escobar Gaviria, fondateur du cartel de Medellin a été le plus gros employeur du pays. La ville de Medellin est la capitale de la province d’Antioquia ; fondée en 1675, c’est aujourd’hui la 2° ville du pays avec 1.6 millions d’habitants et son premier centre industriel ; les entreprises locales produisent essentiellement de l’acier, des textiles, du caoutchouc, du matériel électrique et du tabac. Pendant les années 1980, c’est la ville la plus dangereuse du monde occidental, où les enquêtes de police font l’objet de menaces constantes. Même la DEA a dû fermer son antenne locale pour raison de sécurité. Escobar Gaviria prétend avoir grandit dans la misère et a tenté de se forger une image de « robin des bois » ; c’est faux. né à Rionegro en décembre 1949, il est élevé à Envigado banlieue « populaire » de Medellin. Son père est exploitant agricole, et sa mère institutrice. Il est embauché à la sortie de l’école comme apprenti chez un trafiquant mineur qui revend des appareils électroniques volés dans les entrepôts qui bordent le canal de Panama. Il ne tarde pas à progresser dans la hiérarchie mafieuse et réalise son premier « gros coup » dans les années 1970en organisant l’enlèvement d’un industriel local. Ensuite il se lance dans le narcotrafic. Il est arrêté en 1974 pour la trafic de 39 kilos de cocaïne, mais graisse suffisamment de pattes pour être relaxé au bout de 3 mois. Le scénario se répète plusieurs fois dans les années qui suivent. Les preuves rassemblées contre lui ont par ailleurs une tendance fâcheuse à disparaître des bases de données de la justice et de l’intérieur colombien. Puis se sont les juges, les témoins et les policiers qui sont assassinés ou « disparus »quand Carlos Mauro Hoyos,


procureur général colombien, suggère l’extradition des narcotrafiquants vers les Etats-Unis, il est abattu en plein centre de Medellin par un commando de choc d’Escobar. En 1989, escobar commandite la pose d’une bombe dans un avion, l’explosion faisant 107 morts ; il est également impliqué dans le meurtre d’un membre de la Cour Suprême et de plus de 20 autres juges. Puis il orchestre une campagne d’assassinats contre les représentants du gouvernement et les organisations mafieuses rivales de Medellin : 300 bombes posées, à peu près autant de morts. Début 1993, ses sbires déchaînés abattent 178 policiers locaux. Escobar est considéré comme responsable personnellement de plusieurs milliers d’assassinats. Son ascension dans l’organisation mafieuse de Medellin se fait avec la complicité d’un vieil ami et celle d’une nouvelle accointance. Jorge Luis Ochoa Vasquez est un ami d’enfance de Pablo Escobar. Avec ses frères Juan Ochoa et Fabio Ochoa, Jorge Luis Ochoa ouvre une voie de trafic pionnière en direction des Etats-Unis avec en guise de couverture une société d’import-export de Miami du nom de Sea-8 Trading. Envoyé sur place pour diriger un petit réseau de distribution de cocaïne fondé par son oncle, Ochoa importe aux Etats-Unis environ 100 kilos de poudre par semaine dès 1978. la DEA finit par le repérer et lui tend un piège pour l’arrêter en flagrant délit. Ochoa leur échappe de justesse et regagne la Colombie. Son frère cadet Fabio est chargé de prendre la relève. De retour à Medellin, Jorge Luis Ochoa fait assassiner son oncle et prend sa place à la tête des affaires familiales. Pour escobar, les relations d’affaires avec Ochoa est un moyen d’étendre son influence. L’autre « ami » d’Escobar est Carlos Enrique Lehder Rivas. Né dans la province de Quinido, Carlos Lehder suit sa mère aux Etats-Unis à 15 ans. A 25 ans il croupit dans un pénitencier fédéral pour avoir commercialisé 100 kilos de marijuana ; son compagnon de cellule est un trafiquant chevronné du Massachusetts, George Jung, qui lui enseigne toutes les ficelles du métier de trafiquant de marie-jeanne. Quand Lehder apprend que Jung a fait rentrer des tonnes d’herbe aux Etats-Unis en passant par le Mexique, il se demande pourquoi se contenter de la marijuana alors que la cocaïne est nettement plus rentable. En 1976, Lehder est libéré et expulsé vers la Colombie ; il s’installe à Medellin, ouvre une concession automobile et reprend contact avec Jung, lui aussi remis en liberté conditionnelle, et qui envoie à Lehder son compère Frank Shea. Suite à cette rencontre il est décidé que Lehder fournit de la cocaïne à Jung et à Shea, qui la distribuent ensuite par le biais de l’ancien réseau de vente de marijuana de Jung. Pour obtenir la cocaïne, Lehder se tourne à son tour vers Escobar et Ochoa ; le cartel de Medellin est né. Escobar est décidé à bombarder Amérique du nord et Europe de cocaïne, pour commencer par créer le marché. Dans cette optique il est prêt à accepter la perte d’un certain pourcentage de ses chargements, ayant la certitude que l’esse,ntiel passera sans encombre. Il s’efforce parallèlement de se forger une image et ouvre au « public » son ranch de Puerto Triunfo, sur le Rio Magdalena, où il a établi un mini-zoo. Il mêle allègrement trafic et populisme politique. Sur chaque chargement de cocaïne arrivé à bon port, il prélève le produit de la vente de 2 kilos pour nourrir, habiller et loger les pauvres de Medellin ; il finance les équipes de Football locales et fait construire des centaines de logements. En 1982, les électeurs de Medellin l’élèvent au rang de député suppléant de la chambre des représentants de Colombie. Jorge Ochoa s’enfuit à Madrid en 1984 après avoir été accusé de l’assassinat du ministre de la justice colombien. Sous un faux nom il s’installe avec sa famille dans une somptueuse villa madrilène ; il s’offre une flotte de véhicules et des terrains à bâtir, mais il est arrêté 5 mois après son arrivée par la police madrilène, sur demande des Etats-Unis qui demandent son extradition. Mais Ochoa a les moyens de se payer les meilleurs avocats de Madrid ; la DEA lui propose alors un marché secret : qu’il témoigne de ce que le gouvernement sandiniste du Nicaragua participe au narcotrafic… s’il acceptait, la demande d’extradition américaine serait rejetée par le ministère des affaires étrangères espagnol. Mais Ochoa déclare qu’il ignore tout de la filière nicaraguayenne ; en fait il semble qu’il ment. Les américains déclarent avoir la preuve qu’Ochoa a personnellement négocié avec un officier sandiniste de haut rang la construction d’un labo de cocaïne au Nicaragua. La justice espagnole ayant appris la teneur de la proposition de la DEA à Ochoa refuse finalement son extradition, les américains ne s‘intéressant à Ochoa que pour des raisons politiques afin de discréditer les sandinistes. En juillet 1986, Ochoa est expulsé vers la Colombie où il passe 6 semaines en prison. Les amis d’Ochoa au sein du cartel de Medellin menacèrent les autorités colombiennes de nombreux assassinats si celui-ci était extradé vers les Etats-Unis. Ochoa fut « libéré par erreur ». après 5 ans de cavale, il fut de nouveau capturé en 1991, et se vit proposer un marché par les autorités colombiennes, accepta de négocier une peine de 9 ans de prison. Il consentit également à restituer une partie de ses biens et à payer une amende de 9 500 $ Us. Carlos Lehder eut moins de chance. L’homme qui avait décrit la cocaïne comme la « bombe du tiers-monde » est capturé en 1987 au terme d’une attaque menée par les troupes colombiennes contre sa villa-forteresse construite en pleine jungle. Il est aussitôt extradé vers les Etats-Unis, où il subit un procès hautement médiatique. On insista beaucoup sur le fait qu’il avait n,aguère fondé son propre parti politique (le Mouvement national Latin, de tendance antisémite et néonazie), lequel avait obtenu quelques succès mineurs en Colombie lors d’élections locales. Tout comme Escobar, pour populariser ses idées d’extrême-droite, Lehder avait financé la construction de logements pour les pauvres. Selon l’accusation, Lehder avait acheté en 1978 le minuscule îlot de Norman’s Cay aux Bahamas et y avait fait reconstruire la piste d’aviation pour servir de point de transit de la cocaïne vers les EtatsUnis. Son ex-pilote reconnu qu’il avait pour habitude d’atterrir sur l’aéroport de Fort Lauderdale ; la poudre était déchargée sans l’intervention des douanes américaines et remplacée par des valises pleines de billets, pour lesquelles personne non plus du côté des douanes ne jugeait utile de poser des questions. Un autre « témoin » vint raconter comment Fidel Castro aurait présenté Lehder à Robert Vesco, et comment ce dernier aurait enseigné au colombien l’art et la manière de blanchir l’argent. Lehder possède à l’époque de son procès un yacht et 19 voitures, se vante de disposer d’un stock inépuisable de femmes esclaves. Il se fait passer par ses avocats pour un grand cocaïnomane incompris, en mme temps qu’un homme d'affaires respectable voire génial, qui aurait envisagé de fonder une station balnéaire à Norman’s Cay mais aurait reculé en constatant que la région grouillait de trafiquants de drogue. Les juges n’apprécièrent pas son humour, et Lehder fut condamné à la prison à vie. Puis vint la reddition d’Escobar. Au début de l’été 1991, escobar annonce qu’il accepte d’être placé en détention préventive dans l’attente de son procès pour meurtre et trafic de drogue, à condition qu’il ne soit pas extradé vers les Etats-Unis, et qu’il soit enfermé dans une prison spécialement aménagée pour lui. Le gouvernement colombien accepte. La prison d’Envigado fut aménagée, à proximité de Medellin, à la façon d’une hacienda, disposant d’une piscine, d’un court de tennis et d’un sauna, équipée de lignes téléphoniques toutes sur écoute et de télécopieurs. Escobar fut également autorisé à y faire venir son chirurgien pour un lifting. Depuis sa cage dorée, escobar continue de superviser ses affaires ; il est protégés par 50 gardes du corps codétenus armés jusqu’aux dents, et le budget consacré à l’enfermement de ce détenu par l’Etat colombien atteint 500 000 $ Us par an. En 1992, alors que son procès allait s’ouvrir, on lui annonce qu’il doit être transféré dans une cellule ordinaire ; des négociateurs viennent le trouver mais sont pris en otage. L’armée décide d’investir les lieux et Escobar parvient ainsi à s’enfuir ; 15 000 logements sont fouillés de font en comble au cours d’une intense chasse à l’homme militaro-policière ; les Etats-Unis voient dans le parrain de Medellin un homme si dangereux qu’ils mettent sa tête à prix pour 2 millions $ Us. avec les 1.4 millions d’ores et déjà promis par le gouvernement colombien, cette prime fait de pablo Escobar l’homme le plus recherché du monde. Après 17 mois de cache-cache, Escobar meurt violemment : le 2 décembre 1993, le Bloque de Bosqueda, unité d’élite de la police colombienne, formée et financée par la DEA et la CIA, le localise dans une banlieue résidentielle de Medellin alors qu’il parle au téléphone avec soin fils de 16 ans ; la police investit les lieux et fait un massacre ; Escobar tombe sous une pluie de balles. Escobar était très fier de trouver son nom à la tête des classements Forbes et Fortune. La sienne fut estimée à plus de 3 milliards de $ Us. Cali se dresse au cœur de la première région agricole de Colombie ; plus vieille d’un siècle que Medellin, peuplée de 1.4 millions d’habitants, c’est un centre de distribution majeure pour le café, le bétail, les minéraux, le textile, les produits chimiques, le tabac et l’industrie papetière. Tout le


monde s’accorde à dire que le « cartel » de Cali n’en est pas un : ostensiblement fondé par Gilberto Rodriguez Orejuela, un pharmacien surnommé « le joueur d’échecs », il a plutôt été conçu comme une sorte de consortium, une coopérative de trafiquants. Orejuela est secondé par son frère, avocat, Miguel Rodriguez Orejuela. Leurs principaux lieutenants sont l’ultra-violent Jose Santacruz Londono (« l’Etudiant ») et Geraldo Moncada, ancien professionnel du kidnapping souvent appelé « Don Chepe » ; Moins célèbres que les narcos de Medellin, ceux de Cali sont pourtant plus dangereux. Au départ, leur violence a été plus grande que celle du cartel de Medellin, avant que le cartel de Cali ne décide de mener sa guerre part les pots-de-vin. Suite à quoi les Etats-Unis ont considéré le cartel de Cali comme l’organisation criminelle la plus « sophistiquée » du monde. Les gans de Cali font parler d’eux pour la première fouis en 1975, quand la police découvre 600 kilos de cocaïne cachés dans un avion qui vient d’atterrir sur un aéroport local. Le pilote et le copilote sont arrêtés ; dans les jours qui suivent, 40 personnes sont assassinées en guise de représailles. Quelques années plus tard des espions à la solde d’Escobar apprennent que la quasi-arrestation d’Ochoa à Miami est peut-être la conséquence de sa dénonciation auprès des autorités américaines par le cartel de Cali. Un vague de meurtre et une guerre inter-cartels s’ensuit. Le sang colombien coula jusque dans les rues de NY, d’où les parrains de Medellin tentèrent d’expulser leurs rivaux de Cali. Gilberto Orejuela fut arrêté et jeté en prison, mais ne tarda pas à être relâché, ce qui conduisit Escobar à considérer qu’il avait conclu un accord avec le gouvernement colombien. Nouvelle vague de meurtres inter-cartels. Plus récemment, Orejuela a contribué à financer un groupe d’auto-défense « Los PEPES » (pour « persécutés par Escobar ») lequel a activement aidé les autorités colombiennes dans leur traque du parrain de Medellin. Du coup, les procureurs colombiens tendent à faire preuve d’une certaine indulgence envers les inculpés du cartel de Cali, avec qui l’ont peut négocier…Vice de procédures et vice de formes permirent de relâchés des inculpés du cartel de Cali. Le degré de corruption de la justice colombienne par le cartel de Cali fut manifesté par l’arrestation à Miami d’une juge colombienne, Esperanza Rodriguez-Arevalo, porteuse de 1 kilo d’héroïne pure dans ses bagages. Parmi les autres recrues du cartel de Cali dans les hauts rangs de l’Etat colombien : Gustavo Enrique Pastrana Gomez, attaché diplomatique à l’ambassade de Colombie en Uruguay, arrêté en 1993 lors d’un piège tendu par la DEA à Miami : il aurait recyclé des fonds du cartel de Cali par l’achat de chevaux de Polo et d’appareils de lavage de voitures en argentine ; cousin d’un politicien colombien majeur, il s’est vanté à un agent américain infiltré de pouvoir laver 2 millions $ Us par semaine grâce à son réseau de contacts bancaires à Montevideo. Pendant un temps, le cartel de Cali fait sortir chaque mois 50 millions $ Us de NY, qui n’est qu’une goutte d’eau dans son empire. Suite à une enquête de couverture de 19 mois, des relevés informatiques aboutissent à la capture du parrain local de l’organisation mafieuse, Ramiro Herrera, frère de Pancho Herrera, un des pivots du cartel de Cali, ainsi qu’à l’arrestation de 37 autres membres du cartel de Cali aux Etats-Unis, la saisie de 1 300 kilos de cocaïne, et la confiscation de 16 millions $ Us. l’évènement gêne à peine le cartel de Cali. Devenu aussi riches que Pablo Escobar, Gilberto et Miguel Orejuela sont « mieux élevés » et disposent de ressources plus étendues ; Gilberto Orejuela a même tenté de disposer de son propre satellite pour déjouer les écoutes de la CIA. L’argent de la famille est blanchi par le biais d’une équipe de football (America Cali), de plusieurs banques et d’une chaîne de pharmacies. De plus les maîtres de Cali savent bien plus qu’Escobar faire profil bas. Ce qui n,e les empêche pas de défendre leurs intérêts avec la plus grande violence : quand Harold Ackerman, importateur de légume du sud de la Floride est accusé de trafic de cocaïne, les frères Orejuela se lancent dans un plaidoyer public en sa faveur. Présenté part la DEA comme le « plus gros poisson du cartel de Cali arrêté aux Etats-Unis », Ackerman avait pour la première fois attiré l’attention de la DEA en 1991, lors d’une descente dans un entrepôt de Miami, où ils découvrirent 15 tonnes de cocaïne dissimulées dans des poteaux en béton creux. En avril 1992, la DEA découvre 6 tonnes de cocaïne dans une cargaison de brocolis et d’okras à Fort Lauderdale. L’enquête mène à l’arrestation de plusieurs colombiens opérant dans le sud de la Floride, notamment à celle de Jaime Garcia-Garcia, blanchisseur du cartel de Cali à Bogota ; avec Garcia-Garcia, la DEA découvre 600 000 $ Us en espèce, 4 avions, une cache d’armes, un réseau d’ordinateurs et 100 comptes bancaires (94 en Amérique Latine et 7 aux Etats-Unis). Ackerman se défend en soutenant qu’il a été contraint de vendre la cocaïne par des groupes guérilleros colombiens d’extrême-gauche, qui auraient menacé d’enlever toute sa famille s’il refusait. Mais cette mascarade ne parvint pas à convaincre le jury. En signe de soutien, les Orejuela publièrent une lettre ouverte à la DEA, clamant son innocence et accusant l’agence d’agression permanentes injustifiées. La DEA proposa aux deux frères, qui faisaient d’ors et déjà l’objet d’un mandat d’arrêt international, de venir expliquer leur point de vue en Floride ! Gilberto Orejuela est arrêté par la police colombienne en 1995, après que des soldats lourdement armés aient découvert le parrain de Cali caché dans un placard, alors que sa tête était mise à prix pour 8.5 millions FF. En mettant la main sur le milliardaire Orejuela, le gouvernement colombien met la main sur le planificateur opérationnel et stratégique du cartel de Cali. Ce qui ne manque pas d’inquiéter les autres membres du cartel ; le lendemain de son arrestation, Henry Loaiza Ceballos, dit « le scorpion » et chef militaire du cartel, se rend spontanément dans une base militaire de Bogota. Connu pour être l’un des plus fervents partisans de la « ligne dure »il est soupçonné d’avoir commandité des attaques de représailles très violentes, et notamment le massacre de 107 paysans du sudouest de la Colombie refusant de coopérer avec le cartel. Une semaine après, Victor Patino Fomeque, dit « le chimiste », ancien policier passé directeur des opérations de contrebande navale du cartel, sort à son tour de sa tanière. Pour autant , malgré des fissures qui semblent béantes, les organisations mafieuses de Cali ne tombent pas, loin s’en faut. Miguel Orejuela devient de fait le patron du clan ; jusqu’alors il gérait les intérêts légaux du cartel (banques, stations de radios, chaîne de pharmacies du nom de « Drogas la Rebaja », diverses propriétés foncières, des hôtels) ; mais en assumant la direction intégrale du cartel, il voit sa tête mise à prix à hauteur de 12.5 millions $ Us. reste également Jose Santacruz Londono dit « chepe », ingénieur et parrain du cartel aux Etats-Unis, recherché pour trafic de cocaïne et blanchiment dans plusieurs pays. On le soupçonne en outre d’avoir commandité en 1992 l’assassinat d’un journaliste d’origine cubaine émigré à NY, qui enquêtait sur le cartel. Autre membre majeur du cartel, Helmer Herrera Buitrago, dit « Pacho », héritier d’une longue lignée de contrebandiers dirigeant l’aile militaire de l’organisation, et Phanor Arizabaleta Arzayuz, recherché pour l’assassinat d’un chef de service de renseignement de la police. En 1992, leur gouvernement colombien institue une taxe de 10% sur les devises en espèces entrant dans le pays, et les banques en profitent pour augmenter leurs tarifs en matière d’opération sur des espèces. Les cartels ont résolu le problème en faisant du Venezuela leur nouveau terrain de jeu. En 1994, on estime que 75% de la cocaïne colombienne transite désormais par le Venezuela, et que les banques locales recèlent plus de 14 milliards de $ Us issus de ce trafic et que les sommes blanchies dans ce pays représentent plus d’argent que la totalité de ses revenus pétroliers. L’essentiel de l’argent blanchi au Venezuela par les narcos colombiens arrive aux Etats-Unis en liquide, sous forme de chèques ou de transferts ban,caires et est blanchi par le biais de bureaux de change installés le long de la frontière colombienne. Le Venezuela a même demandé à Clinton d’enquêter sur les indices qui tendent à prouver que la Chase Manhattan Bank (CMB), la Bank of America, l’International Bank la Bank Atlantic et la Bank of NY sont impliquées lourdement dans le blanchiment de l’argent du narcotrafic colombien. Sont également cité 4 grandes banques vénézuéliennes (Banco provincial, banco Internacional, banco de Maracaibo et Bancor), ainsi que la succursale vénézuélienne d’une banque colombienne, le Banco Tequendama. Le Venezuela qui partage avec la Colombie une frontière impossible à surveiller, est un paradis pour les narcotrafiquants. Venezuela et Colombie sont des partenaires commerciaux très actifs, et leurs banques respectives sont toutes représentées dans l’autre pays. Les transferts de fonds entre les deux pays sont également aisés, les marchés financiers largement sophistiqués ; du coup les agents de change ont connu une soudaine expansion, de même que la bourse de Caracas, transformée par la narco-économie en laverie géante ; parallèlement, les banques


ont découvert le merveilleux marché des bons du Trésor à court terme. L’argentine est elle aussi prête à accueillir tous les fonds sur lesquels les vénézuéliens feraient la fine bouche ; la stabilité argentine pendant de longues années de dictature militaire a été jugée favorable par les narcotrafiquants colombiens, qui viennent de plus en plus y blanchir leurs fonds. Entrée et sortie sont faciles, tant pour les marchandises que pour les capitaux. La frontière avec la Bolivie ne représente pas davantage un obstacle pour les narcotrafiquants, et les marchés florissants de Buenos Aires offrent des opportunités d’investissement en espèce presque illimitées… sous certains régimes antérieurs, à l’époque la plus violente de la dictature, les argentins cachaient leur capitaux à l’étranger, mais ils ont décidé de rapatrier ces milliards dans les années 1990. cet afflux de devises, combiné à d’importants investissements étrangers (stimulés par une série de privatisations…) rend presque indétectables les narco-dollars injectés dans l’économie locale. Par ailleurs les liens « culturels » et politiques de l’Argentine avec l’Europe du sud (Espagne, l’Italie, la moitié des argentins étant d’origine italienne) lui permettent d’avoir presque libre accès aux marchés, capitaux et techniques criminelles du vieux continent. Le Pérou est quant à lui le premier producteur mondial de feuilles de coca, et un accord passé entre les barons de la drogue et la guérilla maoïste locale a accru l’importance du marché de la cocaïne. On estime que 10% de la population totale péruvienne (soit 2 millions de personnes) mâchent régulièrement de la coca ; la première région productrice est la vallée du HautHuallaga, où l’on trouve aujourd’hui autant de banques opérant en $ Us que dans certaines petites villes américaines. Chaque jour sur Ocona, rue de Lima qui constitue le poumon du marché des changes informel péruvien, entre 3 et 5 millions de $ Us en liquide changent de main. En Bolivie, le marché de la feuille et de la pâte de coca fournit 80% des rentrées en $ Us du pays ; pendant de nombreuses années, le parrain bolivien Jorge Roca Suarez a été le premier fournisseur en pâte base d’Escobar. Roca dirigeait ses affaires mondiales depuis sa luxueuse villa de 19 pièces de San Marino en Californie. L’organisation de Pablo Escobar transformait sa pâte-base en poudre, l’introduisait aux Etats-Unis, la revendait et reversait une partie de l’argent ainsi gagné à Roca. En fournissant au cartel de Medellin 1 tonne de pâte-base par semaine, Roca aurait gagné 50 millions $ Us en quelques années. Rien à voir avec les parrains des cartels brésiliens, les grossistes. Dans un premier temps, Roca fait appel à des porteurs de valise pour rapatrier ses gains en Bolivie ; puis sa sœur et sa gouvernante découvrent la possibilité de camoufler les espèces à l’intérieur de certains appareils électro-ménagers, parvenant ainsi à dissimuler 200 000 $ Us dans une enceinte acoustique, 400 000 $ Us dans un aspirateur, 2 millions $ Us dans un réfrigérateur. Finalement arrêté, Roca est accusé d’association de malfaiteur en vue de fabriquer de la cocaïne et autres chefs d’inculpations associés. Il est condamné à 35 ans de travaux forcés…mais les gens comme Roca ne représentent rien et sont très facilement remplaçables ; de petits fusibles. De plus en Bolivie, la culture de coca est parfaitement légale et les boliviens apprécient beaucoup les feuilles, qu’ils mâchent, cuisinent et fument, depuis la civilisation inca. Quoique les dérivés de la Coca soie,nt interdit, le gouvernement bolivien a autorisé la culture de la coca dans la région des Yungas, non loin de La Paz. Mais l’interdiction dans les autres parties du pays a conduit les autorités boliviennes avec le soutien des américains à brûler les terres à coup de projection d’herbicides…la CIA aide aussi à la découverte de grandes exploitations de coca par satellite, mais la détection de petites exploitations est pratiquement indécelable par ce moyen. Et à chaque fois qu’une grande exploitation est décelée, une demi-douzaine de fermes plus petites la remplacent, ce qui n’est pas nécessairement du goût des latifundiaires ! les boliviens ont aussi annoncé leur volonté de s’attaquer aux labos de fabrication de cocaïne installés aux quatre coins du pays. Bon courage ! Il y a aussi le Mexique ; dans le milieu des années 1990, 50 à 70% des exportations de cocaïne vers les Etats-Unis passent par le Mexique, lequel est également le premier fournisseur immédiat d’opium des Etats-Unis, sans parler de la marijuana. Le Mexique partage avec les Etats-Unis une frontière de 3200 kilomètres et est devenu la principale porte d’entrée vers le premier marché mondial de consommation de stupéfiants. La police locale est pour le moins inefficace, sinon hautement corrompue voire actrice majeure du trafic, et une grande partie de l’appareil judiciaire est totalement gangrenée (des milliers de fonctionnaires du ministère de la justice et de la police judiciaire fédérale ont été limogées ces dernières années par leurs liens avérés avec les narcotrafiquants), et le gouvernement se dit impuissant. La DEA considère souvent les mexicains comme « les pires » ; le Mexique déjà terrain de prédilection pour la production et le narco-trafic est en train de devenir une des plus importante blanchisserie de la planète. sur sa frontière avec les Etats-Unis s’alignent une multitude de « casas de cambio » (bureaux de change) que la loi mexicaine n’oblige pas à garder trace des transactions effectuées, ni même à relever l’identité des auteurs de grosses opérations de change en espèce. Mais cela est tout aussi vrai des banques mexicaines les plus autorisées… Il n’existe non plus aucune loi déclarant illégal le produit de la vente de stupéfiants, et les autorités n’ont pas le droit de confisquer les biens acquis part le biais du narcotrafic. Si la police capture un trafiquant prêt à décoller dans son avion chargé de coco jusqu’à la gueule, elle a le droit de saisir l’avion ; mais si le même trafiquant a déjà investi l’argent amassé lors de précédentes livraisons dans l’achat d’un hôtel de luxe à Puerto Vallarta, il ne court pas le moindre risque de se le faire confisquer, même s’il est condamné. Certains vont jusqu’à se demander si les Etats-Unis n’ont pas en fait besoin du NAFTA auquel ils tiennent tant (accord de libre échange entre Etats-Unis, Mexique et Canada) uniquement pour rapatrier l’argent de la drogue qui part vers le sud. Quand Nixon annonce le lancement d’une nouvelle politique contre la drogue en 1969, la cocaïne colombienne commence tout juste son infiltration dans la culture américaine ; Nixon avec ses idées toutes faites de bon vieux cow-boy républicain ne fait pas la différence entre de la marijuana et de la cocaïne. A moins qu’il y ait là quelque hypocrisie… mais de fait, il semble se tromper de cible et vise prioritairement le Mexique…il réclame du gouvernement mexicain la destruction des plantations de marijuana, et apporte ainsi une aide inespérée aux puissants barons et autres aristocrates de bonne famille du narcotrafic, qui se trouvent débarrasser des amateurs et petits trafiquants à la petite semaine, sans danger, sinon pour les profits des cartels en question… A l’arrivée de Carter au pouvoir, la situation a ainsi déjà largement dégénérée dans les ghettos des states, où les gosses sont déjà bien hameçonnés. Des dizaines de villes américaines jusqu’alors connues pour le petit trafic convivial de marijuana sont devenus des supermarchés militarisés de la cocaïne. Les grossistes, détaillants, souteneurs, pilotes d’avions et de hors-bords s’amusent comme des petits fous, sans parler de nombreux agents fédéraux corrompus, et qui bénéficient d’une totale impunité, leur image étant intouchable dans un contexte où ils sont l’incarnation héroïque du délire sécuritaire, qui accompagne la politique plus qu’ambiguë et totalement contre-productive des républicains en matière de « contrôle » de la drogue… « contrôle », certes. La chaîne CBS diffuse dans une émission « populaire », en tout cas regardée, un reportage montrant clairement l’implication d’hommes d’affaires « respectables » dans le narcotrafic et le niveau d’infiltration déjà atteint par la cocaïne aux Etats-Unis. Dans ce contexte, Carter met en place l’opération « Greenback » ; dans le cadre de cette opération, de nombreuses personnes ne pouvant justifier de l’origine de leurs stocks effarants d’espèces atterrirent en prison, ou acceptèrent de jouer les indics pour y échapper. Reagan poursuivit plus ou moins la logique mise en œuvre sous Carter. Il désigna sous sa présidence Georges Bush comme superman national chargé du combat contre la drogue ; mais une caractéristique des républicains en matière de narcotrafic, c’est leur répugnance profonde à inculper les hommes d'affaires respectables de leurs pays, ou l’engagement de poursuites financières… l’opération Greenback fut rétrogradée, ses financement diminués et ses services réduits comme peau de chagrin et mis au placard sous la direction du procureur général de Miami… Voilà pour les faits, parlants. Pendant la période de super-Bush anti-narcos, Jacksonville et Miami dégueulaient une orgie de liquidités « douteuses », avec à elles deux un excédent de liquidité de 5.2 milliards $ Us par rapport aux normales de l’économie réelle. Et pendant que Bush fait mine de veiller au grain en Floride, les narcos amusés par les couillonnades infantiles de super-cash-cash-man continuent la partie de colin-maillard en Californie. A son tour Los Angeles arbore un excédent de liquidité de 3 milliards de $ Us. Sous Reagan, un dogme bien installé veut que les narcotrafiquants ont « dépassé


le stade des espèces » ( ? alors que tout prouve le contraire comme le montrent les services spécialisés dans la lutte contre le narcotrafic…), et qu’il n’est donc plus nécessaire de fouiner de ce côté… et pendant que les tristes clowns continuent leurs jeu hypocrite, le crack fait son apparition. Les ghettos sont cloués sous un nuage de fumées toxiques et morbides. Dans le milieu des années 1980, avec l’aide de la politique avisée de Bush et Reagan, les cartels colombiens se mettent à exporter vers les EtatsUnis des tonnes de crack, avec lequel ils doublent leur bénéfices par rapport à la cocaïne. Quand Bush père passa à son tour dans le bureau ovale, la DEA tenta de le convaincre que toute logique prohibitionniste était vouée à l’échec ; au Laos déjà, les membres de la junte militaire et membres du gouvernement participaient ouvertement et sans vergogne, à grande échelle à la production d’opium. Et un rapport secret des Etats-Unis avouait qu’il s’agissait bien là d’une politique gouvernementale délibérée de la junte laotienne. Bush fut également informé que la Syrie était impliquée directement dans la production, le raffinage et le trafic de stupéfiants, la CIA expliquant à Bush que le gouvernement syrien empochait jusqu’à 1 milliard de $ Us par an (20% de son revenu national) grâce à l’industrie de l’opium et du haschich implantée dans la plaine de la Bekaa au Liban, et que les Etats-Unis constituaient son principal marché. Parmi les responsables de cette industrie cités à Bush père par la CIA, figuraient notamment le frère du président Al-Assad, le ministre de la défonse et le chef du renseignement militaire syrien. Mais Bush décida d’accorder un second rôle au régime syrien pour son opération hollywoodienne « tempête du désert », notamment dans la scène de happy end des « pourparlers de paix » ; pas question d’emmerder les kakis syriens avec l’héroïne de la Bekaa. Côté « lutte contre la drogue », Bush donna plutôt dans la lutte contre les toxicos, de préférence en priorité ceux des ghettos pauvres noirs américains (classes laborieuses…) et sur le plan extérieur se proposa d’envoyer des troupes dans les montagnes de Colombie, officiellement pour mettre fin au trafic de cocaïne par des arrestations massives. Entre 1989 et 1991, 26 trafiquants furent extradés vers les EtatsUnis, une tempête dans un verre d’eau ; et qui s’arrêta brusquement, le gouvernement colombien n’hésitant pas un instant, après avoir donné des signes de collaboration docile avec les forces américaines, à rendre l’extradition vers les Etats-Unis inconstitutionnelle. Bush détourna l’attention générale vers le Golfe, pour le plus grand malheur de milliers de kurdes et de chiites devenus accrocs de désespoir aux super-productions républicaines. 

Uruguay, Colombie, Etats-Unis, etc. - : en mars 1986, les colombiens proposent à Raul Vivas de devenir leur blanchisseur personnel, et lui proposent une commission de 5% sur les sommes lavées. Citoyen argentin établi en Uruguay, négociant en métaux précieux opérant essentiellement sur le marché de la joaillerie de Los Angeles, disposant d’une bonne réputation et des meilleurs contacts, Vivas a tout pour leur inspirer confiance. Vivas donna dans les méthodes les plus simples : il fonda deux sociétés écrans à Montevideo, Letra SA, qui commercialisait l’or, et Cambio Italia SA, censée opérer sur le marché des changes. Puis il s’envole pour Los Angeles et ouvre un bureau avec vue sur Pershing Square au cœur du quartier des diamantaires, au 610 South broadway. Le plan : toutes les espèces gagnées par les colombiens grâce à la vente de coke et de crack aux Etats-Unis devait être livrées dans les locaux d’une société paravent installée dans le quartier des joailliers de NY, puis convoyées à Los Angeles et remises à la matrice californienne, où l’argent serait compté et réparti en liasses. Avec ces liasses, Vivas achèterait ensuite de l’or sous toutes ses formes (alliages, barres, déchets), et pourrait à ce titre payer plus cher que le prix habituel, pourvu que le vendeur accepte d’être réglé en espèces. Il va sans dire que Vivas dispose déjà de relations dans le milieu des joailliers, et connaît ceux qui seront intéressés par ce type de transactions. Une fois en possession de l’or, il s’agit de le faire fondre et de le mélanger à de l’argent pour lui donner l’aspect, la texture et le poids de l’or d’Amérique Latine, traditionnellement de qualité inférieure. Pendant ce temps, Letra SA enverrait de Montevideo vers la Californie des barres de plomb plaquées d’or sudaméricain. Les barres seraient détruites à leur arrivée aux Etats-Unis, et l’or de Raul Vivas, accompagné d’une documentation apparemment authentique, serait envoyé à NY pour y être vendu. L’argent issu de la vente serait ensuite envoyé par câble à la cambio Italia SA, laquelle se chargerait de le faire parvenir aux colombiens. Le plan fon,ctionna comme sur des roulettes pendant un temps. En octobre 1987, Eduardo Martinez Romero, personnage louche richissime vivant comme tous ses amis dans un énorme ranch fortifié et lourdement « sécurisé » à l’extérieur de Medellin, en réalité premier conseiller financier du cartel de Medellin et principal blanchisseur d’Escobar, d’Ochoa et de Jose Rodriguez Gacha, reçoit la visite d’un certain Jimmy Brown. Celuici se présente comme un trafiquant new-yorkais lié à la Mafia, et assoiffé « d’action », et expose aussi ses talents de blanchisseur ; mais là, il ne sait pas à qui il a affaire, et Eduardo Martinez Romero, LE blanchisseur, entame une parade guerrière en forme de CV, au cours de laquelle il évoque en détail le système de Vivas à ce parfait inconnu de petit mafiosi new-yorkais. Jimmy Brown devait tout savoir, pour sa gouverne : la mafia new-yorkaise n’avait rien à apprendre au cartel de Medellin ; et même que l’argent bla,nchi à NY était transféré vers le banco de Occidente de Panama City. Etc. Vivas était une mine d’or ; « la mina ! » ajouta Romero sur le ton de la plaisanterie. Jimmy le laissa baver tout son saoul, puis l’autre se tarissant, proposa un système alternatif évitant au cartel de mettre tous ses œufs dans le même panier. Mais Romero ne voulut rien savoir, et les deux hommes se quittent ce soir là sans qu’aucun marché ne soit conclu. Romero le rappelle pourtant 2 jours plus tard et l’amène dans un ranch fortifié encore plus impressionnant ; Brown se retrouve en face d’Escobar. La discussion commence quant un des hommes de la garde rapprochée d’Escobar se dresse à l’improviste en hurlant qu’il flaire une embrouille et que ce type est un agent de la DEA. Brown s’accroche à son histoire, et tous les comédiens colombiens réunis devisaient de la manière dont ils allaient s’en occuper. Puis d’un coup, il entend la voix d’Escobar : « Ce type est régulier. Nous allons faire affaire. ». Et effectivement Jimmy Brown met en place une filière de blanchiment alternative pour le cartel de Medellin via Atlanta, débouchant sur un compte du cartel à Panama. Mais un jour les autorités américaines saisissent 1 millions $ Us en espèce sur la filière de Brown. Romero entre dans une colère noire et exige des explications ; rendez-vous est pris au siège de la Banco de Occidente à Panama City pour le 17 janvier 1988. Jimmy Brown se pointe avec son associé cubain de Miami, Alex Carrera ; Romero débarque avec une armée de garde du corps et parade longuement dans le hall de la banque, se faisant servir du « monsieur » et des courbettes à volonté par le personnel. Mais une fois « seul » avec les 2 yankees, il laissa exploser son talent d’acteur fou-furieux plus vrai que nature ; Jimmy tenta de le calmer en expliquan,t que c’étaient « les risques du métier » ; mais le suppo ne rentra pas. L’autre poursuivait imperturbablement sa chiasse verbale. Avant d’en venir au fait, après ces longs préliminaires, en posant enfin ses conditions : le remboursement de la somme perdue et le doublement de la cadence de blanchiment, pour se caler sur le rythme de l’exemplaire « Mina » de Vivas. Il faudrait se retrouver dans quelques semaines pour dresser une étude technique afin d’améliorer la filière d’Atlanta. Ce fut fait le 8 mars, mais cette fois Jimmy et Alex étaient accompagnés d’un autre personnage se présentant comme technicien de la lessiveuse d’Atlanta. L’alcool et la coco aidant, Romero vanta plus en détail encore les mérite de « la Mina ». Puis Romero leur annonça que désormais, il faudrait se caler une bonne fois sur le rythme de la « Mina » et que leur commission passait de 7 à 6%. Les yankees firent mine de ne pas accepter ; avant de se raviser, considérant qu’il était préférable de ne toucher que 6% mais rester en vie. En fait, en janvier 1988, Vivas éprouve de grosses difficultés avec sa lessiveuse, qui tourne à bloc et risque la panne à tout moment ; les fournisseurs d’or ne parviennent plus à suivre le rythme de la coke et du crack. Vivas cherche à élargir en urgence son réseau de négociants et recrute de nouveaux partenaires ; l’un d’eux est un syrien, Wanis Koyomejian, alias « Joe », établir aux Etats-Unis depuis 1980. il possède une compagnie baptisée Ropex et opère depuis un luxueux appartement du Centre international de Joaillerie de Los Angeles. Vivas appelle également à l’aide les frères Nazareth et Vahe Andonian, qui tiennent une maison de courtage dans l’ancien quartier des joailliers de LA. Nous à Beyrouth, les deux frères ont émigré aux Etats-Unis vers 1980


également. Pour s’occuper de l’excédent d’or qui arrive à LA, il fait aussi appel à un couple de Miami ; la machine reprend à peine son souffle qu’elle est à nouveau débordée ; Vivas étend son réseau de relations d’affaires de la Mina en sous-traitant une partie du travail à des amis de NY et Houston. Pendant ce temps, Romero taille la bavette avec Jimmy et Alex, lesquels, en tant qu’agents infiltrés de la DEA, restent muets comme des carpes, et font sournoisement passer leur obséquiosité contrite pour du respect, ce qui ne flatter l’ego de Romero. En juin 1988, un vieil employé de la Wells Fargo Banking Corp. de San Francisco est chargé de la tâche ingrate de contrôler les dépôts en espèce reçus par la banque. Il examine des pages et des pages de listage informatique monotones, jusqu’à ce que son attention soit attiré par ce qu’il cherchait sans espérer le trouver : une série de gros dépôts en liquide sur un des comptes de la banque : en moins de 3 mois, un négociant en or de LA du nom d’Andonian Brothers a déposé 25 millions $ Us en espèce sur un compte ouvert dans une agence de la Wells Fargo. Il contacte immédiatement l’administration des impôts. En septembre 1988, un agent de la Loomis Armored Car Company de LA inspecte la cargaison d’un avion de fret en provenance de NY ; la routine : comparer le nombre de cartons, etc. avec celui déclaré sur le manifeste, en vérifiant la numérotation des bordereaux d’expédition, et que rien ne manque. Mais une caisse a été endommagée et est éventrée ; ces caisses sont censées contenir de l’or de récupération, envoyé par un joaillier de NY à un négociant en métaux du nom de Ropex. Il s’étonne que l’emballage ait put être négligé à ce point ; y en a qui roulent tellement sur l’or… mais en s’approchant de la caisse, il s’aperçoit qu’il ne s’agit pas d’or mais de billets verts. Il signale le fait à ses supérieurs, qui contactent la Ropex, qui explique immédiatement qu’il s’agit d’une simple erreur et que la société est déjà au courant ; une explication toute prête selon laquelle il s’agir de l’argent d’un joaillier de NY qui a décidé de l’envoyer sur la Côte ouest dans l’espoir de trouver à LA des taux d’intérêt à court terme plus élevés. Le responsable de la Loomis fait suivre la marchandise mais appelle parallèlement le FBI. En décembre 1988, le piège se referme sur la « Mina » : le quartier des joailliers de LA a été discrètement truffé de micros et de caméras, de même que plusieurs points stratégiques de NY. Des lignes téléphoniques ont été placées sur écoute ; des gens sont actuellement filés à leur insu à LA, NY, Houston et Miami ; des agents déguisés en balayeurs, clochards, agents d’entretien, livreurs, courtiers, joailliers ont envahi les alentours de Pershing Square. Déjà, la DEA, les douanes américaines, l’IRS, le service d’immigration et de naturalisation, le bureau des alcools, tabacs et armes à feu et le FBI, supervisés par un procureur d’Etat adjoint expérimenté, disposent de centaines d’heures d’enregistrement audio et vidéo, de milliers de documents récupérés dans des corbeilles à papier, de factures révélant des contacts au Canada, au Mexique, en Grande-Bretagne, des listes de négociants en lingots, des documents décrivant des transactions, des chèques annulés donnant accès au numéros et domiciliations de plusieurs comptes bancaires. C’est l’opération « Polar Cap », c'est-à-dire « calotte polaire ». Bilan : 1 035 comptes ouverts dans 179 banques en Amérique du Nord, en Amérique Latine, en Europe sont découverts, 127 personnes sont inculpées, Raul Vivas et Eduardo Romero extradés vers les Etats-Unis ; en deux ans, la Mina a blanchi 1.2 milliards $ Us. des biens et avoirs ont été saisis ou gelés un peu partout dans le monde, des amendes lourdes ont été infligées au banques américaines ou étrangères des EtatsUnis impliquées dans le scandale. Malgré cette opération, les barons de Medellin et de Cali ne sont pas trop impressionnés ; en 1995, les italiens arrêtent 8 personnes dont Gustavo Upegui Del Gado, gros parrain du cartel de Cali, après avoir découvert des exportations suspectes de plus d’une tonne d’or par mois vers l’Amérique Latine. Les cours mondiaux du métal jaune ont probablement été sensiblement baisés par ces trafics d’or pour le narco-blanchiment. 

Afrique, Nigeria : les prix pratiqués en Europe pour l’héroïne étant deux fois plus élevé qu’aux Etats-Unis, les organisations mafieuses qui se livrent à son trafic se développent rapidement au Nigeria dans les années 1980-1990. le blanchiment est facile en Afrique ; l’argent liquide y est roi, et les africains connaissent et subissent les puissances occultes de des espèces depuis longtemps. Les populations africaines soumises à une misère virulente et assassine savent soustraire avec brio cet argent aux plus candides. Selon Interpol, basé à Lyon en france, l’Afrique serait devenue un relais majeur du narcotrafic. Fin 1994, le gouvernement kenyan décrète que quiconque pourra désormais exporter jusqu’à 500 000 $ Us sans avoir à demander la moindre autorisation de la banque centrale ou des douanes. Le pays connaît immédiatement une floraison de sociétés nouvelles téléguidées depuis l’étranger et fonctionnant sur des investissements à court terme : leur fonction consiste essentiellement à transférer rapidement des fonds d’une banque à l’autre sans jamais dépasser le plafond autorisé de 500 000 $ Us pour la même transaction, avant de câbler vers l’Inde ou la Suisse. De nombreuses institutions financières de Nairobi ont ainsi réalisé d’énormes profits grâce à l’augmentation de leur volume d’affaire et de leurs commissions. Le retour de l’Afrique du sud après la chute du régime néo-nazi a provoqué l’émerge ce d’une énorme zone de transit pour les grandes organisations mafieuses, notamment en matière de transit de drogues destinées à l’Europe ou à l’Amérique du Nord. Les barons africains de la drogue ont profité de l’occasion de la libéralisation économique pour investir des dizaines de milliards de $ Us dans la création de banques destinées à blanchir leur argent sale. Mais c’est à Lagos au Nigeria que le blanchiment jouit d’une véritable industrie de pointe, mais qui prend souvent la forme d’une escroquerie artisanale : des lettres aux allures officielles sont envoyées à des hommes d'affaires européens ou américains leur proposant de prêter leur compte pour faciliter une transaction commerciale, avec l’assurance de bénéficier d’une intéressante commission au passage pour ce service rendu ; une fois que l’homme d'affaires a donné aux escrocs son numéro de compte, les escrocs contactent sa banque pour faire virer le contenu du compte en question ailleurs…

Japon : les yakuzas, équivalent japonais de la mafia, compteraient 165 000 membres. Certains considèrent que ce chiffre est surévalué, mais de fait leur main-d'œuvre est conséquente, et leur chiffre d’affaire annuel s’élève selon le Guardian à plus de 50 milliards de FF. L’une de leur pratique les plus efficaces est l’extorsion de fonds. Les yakuzas entrent en contact avec une entreprise, et au cas où celle-ci refuserait de leur verser une certaine somme à des fins de « protection », ils menacent d’empêcher la tenue de sa prochaine assemblée générale d’actionnaires. Ce type de harcèlement est si courant qu’en 1991 près de 2000 entreprises nippones se sont concertées pour tenir le même jour leur Assemblée Générale et rendre ainsi caduques les menaces des yakuzas. Au début des années 1970, les yakuzas ont également découvert que la bourse était un formidable outil de blanchiment ; avec l’aide d’organisations mafieuses chinoises de Malaisie, ils ont ouvert des maisons de courtage dans ce pays et à Singapour. Leurs affaires n’ayant pas tardé à prospérer, ils ont ensuite pris position à Hong Kong, en Australie, en NouvelleZélande, en Indonésie, aux Philippines, voire aux Etats-Unis. Des masses d’argent sale sont injectées dans le système, d’où elles ressortent sous forme d’actions au nom de sociétés parfaitement légitimes qui reversent chaque année à leurs actionnaires des dividendes tout aussi légitimes… Un réseau boursier yakuza démantelé par les autorités malaises (qui n’allèrent pas jusqu’à engager des poursuites judiciaires…) réapparu quelques temps plus tard à Londres, tel quel, sans la moindre égratignure…en général, les yakuzas blanchissent leur argent selon des méthodes classiques et éprouvées. Par exemple, ils recyclent des centaines de millions $ Us par an sur le marché de l’immobilier de Tokyo, en s’achetant et en se revendant à eux-mêmes indéfiniment des immeubles ; après avoir fait monter artificiellement les prix ils contractent des emprunts garantis sur la valeur de ces immeubles et sur des bons du Trésor américains acquis sur le marché libre de Hong Kong. Mais il leur arrive aussi à l’occasion de faire preuve d’un talent d’innovation dont on nous dit qu’il serait « typiquement » japonais. C’est ainsi qu’en 1985, un yakuza ayant amassé d’énormes quantités d’espèces grâce au narco-trafic décida de s’intéresser au marché parisien des produits de luxe. L’argent est d’abord transféré à Paris, soit par le biais de transferts bancaires via les banques et sociétés écrans


luxembourgeoises, suisses ou anglo-normandes, soit clandestinement grâce à l’utilisation en guise de porteurs de valises, de faux hommes d'affaires nippons en costumes stricts peu susceptibles d’attirer l’attention des douanes françaises… Ensuite les émissaires de l’organisation yakuza s’installent dans un appartement luxueux proche de la madeleine et publient illico des petites annonces dans les journaux de langue chinoise locale, recrutant par ce biais environ 300 « clients » chinois, vietnamiens et japonais. Tous les matins, ces clients sont envoyés depuis l’appartement, où ils reçoivent une petite liasse de billets, vers les officine du luxe parisien (Vuiton, hermès, Chanel, Lancel, etc.) pour y acheter des articles de luxe à la pelle. En fin de journée, le « client » rapporte ses emplettes à l’appartement, et celles-ci sont aussitôt emballées dans des cartions, expédiés vers le Japon, où ils sont revendus en gros à une compagnie écran yakuza, le tout avec la complicité de douaniers français. Au bout de 6 ans de ce manège, quelques employés de Vuiton commencent à maugréer en voyant ces gueux de l’Extrême-Orient se pointer chaque matin dans leur boutique avec des liasses de billets de 500 FF tous neufs, sans jamais demander le décompte de la TVA. La direction de Vuiton décide finalement de renoncer à ce commerce juteux qui prend des proportions inquiétantes et peut-être à terme nuisible à la réputation de la maison, et de prévenir la police. Les premières arrestations sont lancées en 1992, et plus de 100 personnes sont jetées en prison ; quand la police perquisitionne l’appartement, elle y découvre 450 000 $ Us en liquide et près de 1.3 millions en objets d luxe, dont 2 500 articles Vuiton et hermès, ainsi que des extraits bancaires qui leur permettent de repérer 2.7 millions de $ Us déposés sur des comptes locaux. Pour la seule année 1991, 400 millions de FF auraient ainsi été recyclés ! 

Chine - : les triades sont des confréries de sang nées au 17° siècle pour renverser la dynastie Qing ; ce sont les plus célèbres organisations mafieuses chinoises. Quand il fut avéré deux siècle après leur naissance que leur objectif initial ne serait jamais atteint, nombre de leurs membres s’enfuirent vers Hong Kong, l’Indochine et l’Amérique du Nord. Formées d’unités indépendantes liées par un serment de fraternité, les organisations mafieuses chinoises touchent à tout, trafic de drogue, blanchiment, extorsion, vol. ce sont eux qui dans l’ombre représentent la première force du célèbre « triangle d’or ». A cheval entre laos, Thaïlande et Birmanie, le triangle d’or produit chaque année entre 60 et 120 tonnes d’héroïne. Un kilo d’héroïne se revend au gros environ 500 000 $ Us ; coupé à 94%, il sera revendu au détail entre 6 à 10 millions $ Us… Les triades sont incontestablement la première puissance mondiale en matière de trafic d’héroïne, et leur prédominance sur le marché ne cesse de s’accroître. En 1997, la Grande-Bretagne est censée mettre un terme à 150 ans de colonisation en rendant Hong Kong à la Chine ; dans cette perspective, nombre de barons des triades aux préférences national-capitalistes (mais existe-t-il autre chose que cela en Chine ?) émigrent massivement vers d’autres cieux, choisissant de préférence des villes disposant déjà d’une forte colonie chinoise matérialisée dans une des nombreuses Chinatown de la planète. fin 1992, un journal canadien révèle que 17 barons de la haute hiérarchie des triades chinoises envisagent de s’installer au Canada. Leurs demandes sont toutes rejetées, de même que les 14 qui leurs succèdent début 1993. la police montée canadienne estime que les Triades sont d’ors et déjà lourdement impliquées dans des activités de trafic, de jeu, d’extorsion, de contrebande, de contrefaçon, de vol à main armée et de blanchiment. De la même manière, une enquête menée par plusieurs services australiens estime qu’entre 85et 90% de l’héroïne introduite en Australie est contrôlée par des organisations mafieuses chinoises filiales locales des triades de Hong Kong et de Chine. Par ailleurs, les autorités australienne estiment que ces filiales australiennes sont en contact avec des filiales des triades opérants au Vietnam, au Liban, en Italie, en Turquie, en Roumanie, en Nouvelle-Zélande, ainsi qu’avec une mafia australienne de motards, épine dorsale de leur stratégie de marketing sur le continent aborigène. Dans le rapport australien considéré, des centaines de noms de mafieux chinois opérants sur le territoire australien sont répertoriés. Certains sont des membres influents et connus de la communauté locale. Le rapport mentionne le fait que les filiales australiennes des triades ont fondé des banques occultes avec leurs associés, par lesquelles elles blanchissent l’argent du narco-trafic et les fonds tirés de l’extorsion. Aujourd’hui, les triades chinoises sont solidement établies dans de nombreuses villes du monde : à Hon,g Kong, Sydney, Toronto, Vancouver, San Francisco, Los Angeles, NY, Londres, voire en Allemagne à Berlin. Dans les années 1990, la police allemande perquisitionne 90 restaurants chinois, interroge 635 personnes, arrête 102 d’entre elles et saisi 24 faux passeports, plus de 1 millions $ Us en liquide, une grosse quantité de cocaïne et d’héroïne, des armes, et un système de blanchiment.

Irlande, pays basque, Palestine : certaines organisation politiques tendent à être considérées selon les circonstance comme des organisations mafieuses ou comme des groupes terroristes. Il y a indiscutablement derrière de telles qualification des dimensions de propagande politique. On se souviendra du qualificatif de « terroristes » retenu par Vichy et l’occupant nazi pour désigner les résistants antifascistes. La police de Londres a ainsi maintes fois déclaré que l’IRA ne trafiquait pas de stupéfiants ; or il se trouve que la police irlandaise, qui compte parmi elle un certain nombre d’extrémistes « pied-noirs » anglais, les orangistes, conteste cette affirmation et soutient le contraire, tentant de monter en épingle quelques menus trafics de marijuana… d’autres voix se lèvent pour soutenir que l’IRA est prête à trafiquer n’importe quoi au nom de sa cause. Organisation armée, l’IRA transporte des chargements d’armes pour le compte de trafiquants d’armes internationaux. Or le narcotrafic offre un moyen privilégié de transformer l’argent sale en armement. Tout le monde s’accorde à reconnaître que les membres de l’IRA sont des virtuoses des l'attaque à main armée. Palmarès impressionnant en la matière : les sociétés immobilières, banques et bureaux de postes anglais sont leurs cibles favorites, et l’IRA serait responsable chaque année d’un nombre de viols à main armée oscillant entre 800 et 2 500 ! l’Ira gère aussi un réseau de « racket » selon les uns, d’impôts révolutionnaire et embryon de fiscalité d’Etat selon les autres, servant notamment d’assurance contre les incendies et les bombes. La presse anglaise évoque régulièrement le cas de grandes entreprises anglaises installées en Irlande du nord et qui versent à l’IRA jusqu’à 2 millions de Livres Sterling par an pour ne pas être visitées ou plastiquées. Dans ces cas évidemment, on peut considérer qu’il s’agit d’un « racket », qui reste toutefois motivé par des visées politiques. Pour renforcer sa trésorerie, l’IRA possède des pubs et des tavernes en Irlande du nord ; certains de ces établissements ont des licences en règle, d’autres non, mais tous disposent de juke-boxes et de machines à sous. Pas de quoi fouetter un chat ! Riche en liquidité, l’IRA recycle une partie de ses fonds par le biais d’activité de façade légales (sociétés immobilières, compagnies de taxis et entreprises de sécurité privées). Une fois l’argent blanchi, il serait même parfois réinvesti en bourse. L’Ira est ainsi parvenue dans les années 1980, notamment en se servant du merveilleux système offshore britannique dispersé à travers la planète, à prendre le contrôle d’une importante société britannique, dans la comptabilité de laquelle l’organisation révolutionnaire irlandaise s’est réservé un trésor de guerre de 30 millions de Livres Sterling. Quelle encombrante colonie que l’Irlande du nord pour les sujets de sa majesté, n’est-il pas ? Les dons constituent une autre source importante de revenus de l’IRA ; ils ont tendance à augmenter à chaque meurtre commis par des extrémistes orangistes ou les forces occupantes britanniques contre un membre de l’IRA ou des familles Irlandaises. Ce fut le cas après la mort en prison sous Thatcher de Bobby Sands (par grève de la faim…), lors de l’assassinat à Gibraltar de plusieurs membres de l’IRA par le SAS (équivalent britannique du GIGN), épisodes également marqués par l’accroissement des engagements. De cette manière, l’IRA a put aussi développer les opérations de « schtroumpfage », en l’occurrence le plus souvent de petites fraudes à la sécurité sociale effectuées par un bataillon de sympathisants le plus souvent désintéressés : 50 personnes peuvent facilement utiliser chacune 50 noms différents pour soutirer au gouvernement britannique 50 allocations sociales hebdomadaires de 75 livres. A supposer que 2500 comptes alimentent le système, on obtient un bénéfice de 187 500 Livres Sterling par semaine, soit près de 10 millions de Livres Sterling par an ! Ces


mêmes schtroumpfs peuvent blanchir les fonds de l’IRA dans des banques et sociétés immobilières disséminées un peu partout au Royaume-Uni. Mais ce sont des militants convaincus et déterminé, et le plus souvent intègres qui agissent ainsi et non des gens qui se vivent comme des « blanchisseurs ». Une bonne partie des fonds de l’IRA arrive des Etats-Unis par le biais de l’organisation NORAID, qui apporterait entre 1 et 3 millions de Livres Sterling par an. Si l’on considère l’importance de la colonie irlandaise de Boston il n’est pas surprenant que la Bank of Boston, ait été pendant des années une des principales machine à blanchir de la cellule bostonienne de l’IRA provisoire. Dès le début des années 1970, une coalition ad hoc avait été formée entre les membres les plus actifs de la cellule de l’IRA à Boston et les parrains de la mafia locale. La Mafia italienne de Boston voulait de la marijuana, les sympathisant irlandais se firent importateurs ; l’intermédiaire Joe Murray, était un irlandais né à Boston. Il dirigeait une entreprise de remorquage dans la ville voisine de Charlestown. Voué corps et âme à la défaite britannique en Ulster et jouissant de la confiance des mafiosi, Murray fit importer des tonnes de marijuana dans la région de Boston à bord de bateaux de pêche. Les sommes en liquide qu’il recevait des mafiosi pour prix de ses efforts étaient blanchis à la Bank of Boston et réinvestis en armes que ces mêmes bateaux de pêche convoyaient vers l’Irlande du nord. 

ETA : l’ETA lève également un impôt révolutionnaire, mais il le fait ouvertement, contre les entreprises espagnoles installées au pays basque ; cette taxe de 10% est appelée « taxe de libération » et les entreprises basque en sont bien sûr exemptées. Une société espagnole qui refuse de payer la taxe peut faire s’attendre à d’explosives représailles.

OLP : pour financer sa lutte, l’OLP oblige toute personne qui veut envoyer une lettre depuis Beyrouth à payer un « second timbre »

Russie : les intermédiaires des organisations mafieuses russes qui ont envahi les bazars aux armements de Pologne et d Hongrie vendent de tout, de la kalachnikov au missile sol-air. On peut y acheter une arme automatique russe ayant à peine servi pour moins de 20FF. Durant les années 1990, le taux de criminalité enregistrée augmentait de 30% par an. Assassinat de banquiers refusant de coopérer, racket de « protection » à haute dose, extorsion de fonds des occidentaux néo-conquistadores ; les organisations mafieuses russes se sont aussi taillé une place de choix sur le marché de l’automobile, en volant notamment en Allemagne des dizaines de milliers de véhicules presque neuves, ensuite acheminées vers la Russie et revendues contre des devises. Selon des indicateurs de la police allemande plus de 300 groupes appartenant à des organisations mafieuses russes ont envahi l’Allemagne depuis la chute de l’Urss. ce chiffre est confirmé par les services de renseignement russes. Ces groupes mafieux russes installés en Allemagne trafiquent de tout : technologie nucléaire (revendue aux plus offrants dans certains pays du tiers-monde), stupéfiants, matériaux radioactifs. Hors de Moscou, certaines organisations mafieuses russes se sont spécialisées dans le transport de réfugiés pauvres affluant des anciennes républiques d’Urss et leur font traverser moyennant finance la mer baltique, pour les larguer en Scandinavie ; la même route sert à blanchire des fonds dans les banques scandinaves. Dans les années 1990, on a pu voir un groupe russe débarquer dans une banque du Luxembourg avec des sacs bourrés de billets ; la banque hésitant à accepter cet argent liquide, les russes brandissent une déclaration sous serment signée par un haut fonctionnaire du ministère des finances luxembourgeois ; l’argent fut accepté. Dans le New jersey, un groupe d’émigrés russes est inculpé avec 7 membres de la famille mafieuse italienne Gambino en mai 1993 après la découverte c’un énorme racket sur l’essence et le fuel. Parmi les 101 charges retenues contre les russes, racket, extorsion, fraude télégraphique et postale, évasion fiscale au niveau de l’Etat et au niveau fédéral, blanchiment de 66 millions $ Us. De plus, les mafieux russes avaient versé une « taxe » de 6.7 millions $ Us à la famille Gambino pour avoir le droit d’opérer au New Jersey, notamment sur Coney Island, signe de l’existence dès cette époque d’accords et de relations d’affaire entre mafia italienne américaine et mafia russe américaine. Cette association a été confirmée par l’arrestation en Italie du « caïd » russe Monya Elson, établit à Brooklyn, mais dirigeant en Italie une affaire d’import-export servant à blanchir les profits tirés de l’héroïne thaïlandaise vendue sur les marchés européens et américains. Même si aucun line n’a pu être établi entre les organisations mafieuses russes du New Jersey et les organisations mafieuses russes moscovites, la police américaine estime que les contacts de la mafia russe de Brooklyn avec celles de Moscou et Saint-Pétersbourg existent et sont fréquents. Confirmation quand plus de 1 tonne de cocaïne est saisie près de Saint-Pétersbourg : cette prise, la plus grosses jamais réalisée en Russie (1100 kilos cachés dans des boîtes de conserve étiquetées « pomme de terre » et « viande »), venait d’arriver par camion de Finlande. Les polices européenne et américaine ont conclu de cette prise que la Russie était devenue une nouvelle plaque tournante du narcotrafic de cocaïne colombienne et une porte idéale p^r l'écoulement de celle-ci sur l’Europe. Or dans cette affaire, les commanditaires russes étaient basés à NY. La consommation de cocaïne restait presque inconnue jusque dans les années 1990 en Russie ; il servait jusqu’alors de matière première dans la fabrication de composés bon marchés de l’opium, et très peu au raffinage de l’héroïne. Mais l’existence avérée d’une route commerciale Colombie – NY - Saint-Pétersbourg - Europe de l’ouest révèle à la fois une collaboration directe entre mafia russe et colombienne, et la probabilité d’une rapide mise en place de production d’héroïne en Russie même, à grande échelle. Il est aussi très probable que les immenses champs de cannabis sauvage qui envahissent les républiques du sud de la CEI finiront par être moissonnés à grande échelle. D’immenses territoires sibériens se trouvent dans la même situation : la surface couverte par le cannabis sauvage équivaut à celle du Connecticut (13 000 km²). Selon certaines sources américaines certaines organisations mafieuses russe ont cherché à nouer des contacts avec les cartels colombiens dès 1990, à l’époque où le blanchisseur colombien Franklin Jurado est arrêté alors qu’il cherche à se rendre à Moscou. Il faut également compter sur les bataillons de chimistes très compétents qui ont perdu leur emploi avec la chute de l’Urss. on peut s’attendre à ce que la Russie devienne une deuxième Colombie. Selon SYD, les organisations mafieuses russes tendent vers la fin des années 1990 à devenir les premiers fournisseurs de la Grande-Bretagne en stupéfiants et en armes de contrebande. Un certain nombre d’ancien agents du KGB utilisent leurs anciens réseaux internationaux pour pratiquer le trafic de devises et le blanchiment. 40% des terres arables de l’ex-Urss sont considérées comme idéalement adaptées à la culture de pavot. Cela semble même inquiéter les mafias italiennes et colombiennes qui n’y peuvent pas grand chose. Selon la police italienne des rencontres au sommet ont déjà eu lieu entre les plus importants parrains des organisations mafieuses russes et italiennes : à Varsovie en mars 1991 et à Prague en octobre 1992, à l’initiative des parrains russes, et avec pour invités des représentants des organisations mafieuses siciliennes, napolitaines, et calabraises ; les débats portaient sur le blanchiment, le narcotrafic et la vente de technologie nucléaire. La police italienne s’est aperçue que des laboratoires clandestins de Sicile faisaient partie intégrante des réseaux d’approvisionnement du marché russe, tandis que des presses d’imprimerie dernier cri ont été découvertes à Naples et Palerme : elles servaient à fournir les organisations mafieuses russes partenaires en faux $ Us. une partie de cette monnaie contrefaite ressurgissait en Cote d’Azur, où les touristes russes aux poches gonflées de billets abondent : certaines boutiques de Nice et de Cannes, mais aussi de Paris (quartiers les plus huppés : faubourg saint-honoré notamment) arborent même désormais des panneaux en russe. Beaucoup d’argent frais a alors circulé vers la France, contrôlé par des organisations mafieuses russes.

Italie : alors que les cartels colombiens pratiquent plutôt une sorte de mono-industrie de la cocaïne, les organisations mafieuses italiennes ressemblent à des conglomérats internationaux aux intérêts commerciaux très diversifiés : prostitution, trafic d’armes,


« protection », extorsion, jeu et narcotrafic. Les organisations mafieuses italiennes bénéficient d’un gros avantage sur le narcotrafic ; les triades trafiquent l’héroïne et les colombiens la cocaïne, mais la mafia italienne vend à la fois les deux. Les organisations mafieuses italiennes disposent aussi de solides accointances gouvernementales. Elle est même depuis 1945 la plus solide et la plus stable des formations politiques italiennes. La Ndrangheta, constituée de 160 clans « ruraux » liés entre eux par des rites secrets aurait vu le jour en temps qu’organisation clandestine à la fin du 19° siècle. Après la seconde guerre mondiales, ses activités se sont diversifiées : extorsion, kidnapping, narcotrafic. La Ndrangheta a aussi développé des filiales internationales, notamment en Australie. Ses membres sont estimés à environ 15 000 aujourd’hui. Les attaques de la police subies par la mafia sicilienne ont permis à la ndrangheta de prendre place dans les espaces vides laissés par la lutte anti-mafia sicilienne. La Ndrangheta est ainsi passée en quasi-situation de monopole sur le marché européen de l’héroïne. Les organisations mafieuses italiennes ont infiltré des régions entières d’Allemagne, de Belgique, d’Autriche, sans parler de sa présence massive en Provence. Leur influence est sensible dans chaque ville italienne d’un bout à l’autre du pays. Dans les grandes cités comme Rome, Milan et Naples, près de 60% des boutiques, bars et restaurants leur versent un impôt de protection. Ce taux atteint 100% en Sicile, notamment à Palerme. La mafia sicilienne reste la mieux implantée outre-mer ; les siciliens sont arrivés aux Etats-Unis avec le statut de passagers de 3° classe, dans une vague d’émigration qui couvre environ la période 1900-1925, fuyant la guerre et la misère. Réunis par clans, villages et pratiquant un dialecte commun, ils se sont imposés grâce et sous la Prohibition, par le racket, le jeu, l’infiltration des organisations syndicales corrompues ; la deuxième génération perpétue les activités des parents, mais dispose déjà d’assez d’argent pour veiller à ce que la 3° génération (celle des petits-fils de Don Corleone) reçoive une excellente éducation. Bon nombre des enfants de la 3° génération des siciliano-américains deviennent ainsi avocats, et veillent de la sorte sur les intérêts familiaux. Ou alors, titulaire d’un diplôme délivré dans quelque école de commerce « prestigieuse », ils expliquent à leurs aînés comment transformer l’argent sale en avoirs légaux et imposables. A son apogée dans les années 1950-1960, la Cosa Nostra américaine rassemble environ 7 000 membres, sans compter tous les larbins dont elle se sert dans les rues des grandes villes américaines. Si leur nombre est aujourd’hui plus réduit, Cosa Nostra maintient toujours aux Etats-Unis d’importantes poches d’influence ; on estime ainsi que les familles qui contrôlent NY figurent depuis les années 1940 au moins dans la liste des plus gros propriétaires d’établissements commerciaux de la ville… Cosa Nostra reste aussi le premier pourvoyeur d’héroïne aux Etats-Unis. Durant les années 1979-1984, une organisation mafieuse italienne aux Etats-Unis à distribué son héroïne sous couvert d’une chaîne de pizzerias implantée essentiellement dans le nord-est industriel du pays, et dans une moindre mesure dans le Midwest ; les pizzerias servaient à la fois pour distribuer la drogue et pour blanchir les fonds en les mêlant aux recettes réalisées par chaque établissement. Mais l’héroïne finissait par rapporter tant par rapport aux pizzas qu’il devenait impossible d’en noyer le bénéfice dans le tiroir-caisse, et l’organisation mafieuse italienne a dû chercher d’autres méthodes de blanchiment. Parmi d’autres, le négociant en poissonnerie Sal Amendolito fut chargé de cette tâche. Il avait travaillé des années plus tôt dans le cabi,net d’un experts financiers de Milan dont la spécialité était l’exportation illégale de devises en Suisse pour le compte de riches italiens. Le filon ayant finit par s’épuiser, il s’était mis à importer du poisson en Italie ; au bout d’un certain temps Amendolito s’établit aux EtatsUnis pour exporter son poisson vers l’Europe ; vers 1980, il est contacté par son ancien associé milanais, Sal Miniati, qui déclare avoir besoin de son aide pour le compte d’une entreprise de promotion immobilière sicilienne. Cette société, explique Miniati, était en train de construire un vaste complexe de loisirs avec le concours d’investisseurs américains, qui étaient curieusement tous propriétaires de pizzerias ! Miniati explique ensuite que ces propriétaires américains ont besoin de faire parvenir en Suisse de grosses sommes en espèce (leur participation au projet) sans attirer l’attention. 9 millions de $ Us n’attendaient qu’à être transférés ; à titre de commission, Miniati proposa 90 000 $ Us à Amendolito. Amendolito ouvrit alors des comptes dans une 12aine de banques ; quelques jours plus tard, il acheta des chèques de caisse et les déposa sur les comptes qu’il venait d’ouvrir dans 4 autres banques. De là l’argent fut câblé en Suisse, où Miniati prit le relais. Le mécanisme de blanchiment était rustique et laissait des traces grossières, mais les versements restant « modestes » Amendolito ne s’inquiète pas. Mais on finit par lui confier 550 000 $ Us d’un coup, somme trop importante pour passer inaperçue dans le système qu’il a mis en place. Grâce à un contact dans une société de placement suisse, la Finagest, il apprend que la Conti Commodity Services, dont les bureaux sont installés dans le World Trade Center, peut probablement l’aider. Mais lorsqu’il se présente à l’adresse indiquée avec ses valises pleines de billets, il n’est pas reçu et on lui conseille de se rendre à la Chase Manhattan Bank, dotée lui dit-on de systèmes de sécurités nécessaire pour de tels dépôts. Ce n’est que le lendemain que la CMB put recevoir ses dépôts, avant de le transférer sur un compte de la Finagest ouvert au crédit suisse de Lugano. Mais Amendolito chercha un autre système, étant donné les sueurs que lui avaient valu cette opération. Il se mit donc à exporter clandestinement des devises pour les déposer aux Bahamas. Puis ,les sommes ne cessant d’augmenter, il se mit d’accord avec Miniati, les sommes ne cessant d’augmenter, pour que l’argent soit directement acheminé de NY jusqu’en Suisse par le biais de commis voyageurs. Miniati évoque alors à Amendolito, qui travaille bien et ne pose pas de questions, un ami américain sicilien souhaitant faire appel aux services d’Amendolito. Celui-ci ouvre alors un bureau sur Madison Avenue, y installe une machine à compter les billets et ajoute une banque des Bermudes à sa liste de comptes de dépôts. Mais Amendolito avait un petit défaut, il prélevait des sommes à côté de la commission qui lui était versée sur les transactions qu’il opérait, et un « client » sicilien qui s’en était aperçu lui conseilla de prestement rembourser les sommes qu’il avait ainsi détournées à son profit. Au lieu de cela, Amendolito prit la poudre d’escampette. Il fut aussitôt remplacé par les sicilien par un banquier italien, Antonio Cavalleri, qui dirigeait une antenne du crédit Suisse dans le village alpin de Bellinzona. Celui-ci créa une société appelée Traex, censée vendre des propriétés et des matières premières, mais dont l’unique activité avérée était de blanchir les fonds de la pizza connection. Avec la complicité d’un employé de la Swissair près de 10 millions $ Us quittent NY pour être déposés sur le compte de la Traex ouvert à l’agence de Cavalleri. Or la Pizza Connection était d’ors et déjà repérée ; dès 1979, les douanes italiennes avaient trouvé à l’aéroport de Palerme une valise contenant 497 000 $ Us. cela leur avait permis de découvrir 5 laboratoires de raffinage d’héroïne en pleine activité sur le territoire sicilien. Les américains ayant entendu parler de cette affaire se montrèrent intéressés et grâce aux renseignements fournis par la police italienne le FBI identifièrent Amendolito, et le mirent sur écoute, notant progressivement tous les personnages impliqués dans la pizza connection. Le premier à craquer fut l’employé de la Swissair, alors qu’il n’était pas suspecté. Il fut remplacé au pied levé par Franco Della Torre, blanchisseur qui avait travaillé pour l‘organisation mafieuse en Suisse. Il arriva à NY en tant que représentant de la Traex, et ouvrit un compte chez l’agent de change Merrill Lynch ; pendant les premiers mois de 1982, il se mit à blanchir 5 millions $ Us par ce biais. Puis il ouvrir un nouveau compte au nom de la Traex chez l’agent de change Ef Hutton ; 11 dépôts effectués en moins de 10 semaines lui permirent ainsi de recycler 7.4 millions $ Us. mais craignant d’attirer l’attention, il ouvrit un nouveau compte chez Ef Hutton au nom de l’Acacias Development Company, où il déposa 8.2 millions $ Us. Mais les inquiétudes de Della Torre étaient fondées, et il laissait derrière lui des traces très visibles, chez les deux agents de change. En 1983, Amendolito refit surface, après avoir été arrêté pour escroquerie à la Nouvelle-Orléans. Une cellule interagences américaine fut mise en place, dans les bureaux de Rudolph Guiliani, à l’époque jeune et bouillant procureur du district sud de NY. 39 membres de la pizza connection, tant les trafiquants que les blanchisseurs, eurent leur dossier constitué par le groupe interagences. Acceptant de témoigner contre ses anciens amis, Amendolito ne fut jamais inquiété ; certains des inculpés se réfugièrent en Sicile et seuls 22 furent effectivement jugés à NY. L’un des inculpé fut assassiné. Les 5 parrains de la pizza connection furent condamnés de 20 à 45 ans de prison ferme, alors que 4 inculpés furent condamnés à


payer 2.5 millions $ Us pour financer la désintoxication des toxicomanes victimes de l’héroïne. La pizza connection était parvenu à faite entrer au moins 750 kilos d’héroïne pour une valeur de 1.6 milliards $ Us aux Etats-Unis. Toutes les institutions financières qui avaient participé au système de blanchiment devinrent suspectes : Merrill Lynch, Ef Hutton, Chemical Bank à NY, Handelsbank à Zurich, Crédit Suisse à Bellinzona. L’un des comptes ouverts au Crédit Suisse baptisé « Wall street 651 », avait pour bénéficiaire Oliviero Tognoli, puissant industriel de renom, auquel les parrains de la mafia sicilienne aux Etats-Unis faisaient secrètement appel quand ils avaient besoin de conseils financiers. Par son compte, près de 20 millions $ Us avaient transité. Quelques puissants personnages furent également mis à l’ombre pour un bout de temps. 

Amérique Latine : il y a longtemps que les organisations mafieuses italiennes sont présentes en Amérique Latine, notamment représentées par les clans Cuntrera et Caruana au Venezuela, qui ont bâti leur empire grâce au trafic d’héroïne. En 1985, les polices britanniques et canadiennes saisissent un chargement de 300 millions de $ d’héroïne parti de Londres pour rejoindre Montréal, ce qui conduisit à la condamnation d’un des membres de la famille Caruana. En 1987, une quantité monstrueuse de hachisch est saisie à Terre-Neuve, et un nouveau membre de la famille Caruana tombe. En 1988, un troisième membre de la famille Caruana est arrêté par la police vénézuélienne pour association avec des trafiquants de cocaïne. Jusqu’alors les autorités vénézuéliennes n’avaient jamais réussi à prouver les liens entre les Caruana et les Cuntrera et les cartels colombiens. Toujours en 1988, John Galatolo, homme d'affaires du sud de la Floride, fut arrêté pour trafic de cocaïne, et avoua à la DEA qu’il avait personnellement joué les intermédiaires pour la mafia sicilienne laquelle avait récemment acheté 600 kilos de cocaïne au cartel de Cali. Selon Galatolo, l’accord garantissait également l’exclusivité de la distribution de la drogue en Italie à la Mafia. Au départ, les colombiens avaient cru pouvoir concurrencer les organisations mafieuses italiennes sur leur propre terrain, en Europe. Mais après s’être avec succès implanté en Espagne, le cartel de Cali éprouva de nombreuses difficultés et échecs pour s’implanter, notamment en Europe du nord, avec de nombreuses saisies et l’échec de plusieurs transactions, jusqu’à ce qu’en 1990, la police néerlandaise intercepte 3 tonnes de cocaïne cachées dans une cargaison de jus de fruit. Les colombiens admirent alors leur défaite et laissèrent donc aux organisations mafieuses italiennes le soin de se charger de la distribution sur le marché européen, fondant en association avec elle des sociétés écrans et ouvrant des comptes bancaires pour laver leurs bénéfices. En avril 1992, le FBI arrête 14 personnes en Floride pour narcotrafic et blanchiment ; dans cette affaire, il y avait pour la première fois la preuve de liens entre les cartels colombiens et une famille de la mafia calabraise de Toronto. En septembre 1992, les services de police de 8 Etats (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Colombie, Costa Rica, Espagne, Pays-Bas, Caïmans) déclarent la guerre aux organisations mafieuses italiennes et aux cartels colombiens associés. L’opération fut appelée « Green Ice » ; des agents infiltrés se firent passer pour des blanchisseurs, en commençant par San Diego en 1989, pour nouer progressivement des contacts au Texas, en Floride, en Illinois et à NY. Officiellement, ils dirigeaient une chaîne de magasins spécialisés dans l’importation d’articles de cuir ; cette chaîne appartenait à la « Trans Americas venture Associates », compagnie écran de la DEA important des produits de Colombie. Pour chaque tonne effectivement importée, 20 tonnes étaient déclarées, ce qui permettait l’émission d’un nombre de produits suffisant de fausses factures pour blanchir de grosses sommes et rapatrier une partie de l’argent de la drogue vers les banques du cartel, en Colombie et à Panama. Les parrains du cartel de Cali étaient tellement satisfaits de la prestation de la Trans Americas qu’ils lui demandèrent d’étendre son action au Canada et aux caraïbes, puis à l’Europe. Les agents infiltrés de la DEA, du FBI, de l’IRS et des douanes ne demandaient pas mieux, ainsi que les divers services de police européens associés. Après 3 ans d’infiltration, Green Ice aboutit à l’arrestation de 200 personnes à travers le monde dont 112 aux Etats-Unis, 3 en GrandeBretagne, 4 en Espagne, 34 en Italie. Parmi elles, 7 cibles prioritaires, le sommet de la hiérarchie financière du cartel de Cali… Green Ice déboucha notamment sur l’arrestation de Rodrigo Carlos Polania, ancien inspecteur de la banque nationale colombienne, et celle de Jose Duran dit « Tony le pape », présenté par la police italienne comme le premier distributeur mondial de cocaïne. Il avait des dossiers dans 20 pays et était connu sous 20 noms différents. Il s’était rendu à Rome pour présenter Pedro Felipe Villaquiran, son principal représentant européen, aux patrons des organisations mafieuses italiennes, ainsi que pour rencontrer Bettein Martens, important blanchisseur néerlandais. Ceux-là aussi furent arrêtés. Par ailleurs, 750 kilos de cocaïne et 54 millions $ Us en liquide furent saisis. 15 organisations paravents servant à blanchir les fonds furent perquisitionnées. Outre une société de protection animalière implantée dans toute l’Europe et un exportateur viticole sicilien, on découvrit à Mantoue en Italie une machine à laver dirigée par une dame de 80 ans sans la moindre expérience des affaires. Sa société n’en avait pas moins la vé des dizaines de millions de $ pour le compte de son neveu. Des milliers de dossiers furent également confisqués : retrouvé sous forme de disquette dans les bureaux de Cali du baron, de la cocaïne Rodriguez Orejuela, l’un de ces dossiers décrivait les filières de blanchiment du cartel au plan mondial. D’autres révèlent divers axes de partenariat entre le cartel de Cali et les organisations mafieuses italiennes, parmi lesquels un réseau de trafic de drogue sur la Cote d’Azur et un autre de blanchiment en Allemagne. Grâce à cette opération, ont été arrêtés Giuseppe Madonia, considéré comme le n° 2 de la mafia sicilienne, Carmine Alfieri, capo de la Camorra, 3 frères siciliens considérés comme les banquiers privés de la mafia sicilienne, Antonio Sarnataro, considéré comme le principal blanchisseur de la Camorra, et en mai 1993, Michele Zaza dit « le fou », censé être le chef suprême de la Camorra. 10 autres membres de la mafia napolitaine furent arrêtés en compagnie de Zaza sur la Côte d’Azur, où un réseau de blanchiment de la Camorra avait investi 1.3 milliards de $ Us dans l’hôtellerie, le commerce et la petite industrie. Au même moment, 41 suspects supplémentaires tous liés à Alfieri, à Sarnataro ou à Zaza furent placés en détention préventive en Italie, en Belgique et en Allemagne.

Etats-Unis : en novembre 1986, un homme se présente à la DEA de Seattle, avec une histoire à raconter ; il reçoit le nom de CI-1, c'est-à-dire « Confidential Informant ». C’est désormais son nom à vie. En août 1986, un réseau de trafic dirigé par 2 frères californien introduit aux Etats-Unis 23 tonnes de marijuana thaïlandaise de haute qualité. Deux bateaux de pêche locaux escortés par un avion de surveillance équipé d’un radar pour repérer toute approche des douanes américaines, retrouvent le navire ayant assuré le transport de la marchandise, à plusieurs centaines de miles de la côte sud-ouest de l’Alaska. La cargaison est transbordée et acheminée jusqu’à Anacortes, port saumonnier à 100 kilomètres environ au nord de seattle. La cargaison remplissait 2 semi-remorques ; une livraison encore plus importante était programmée pour l’été 1987. CI-1 était en fait un associé des deux frères californiens, qui n’ayant pas été payé dûment pour ses services, voulait prendre sa revanche. CI-1 fut muni d’un micro portatif et réexpédié auprès de ses anciens amis. Bill et Chris Shaffer ont passé leur enfance à Londres, leur père travaillant pour l’US Navy. En 1963, ayant terminé ses études secondaires, Bill Shaffer décide de regagner les Etats-Unis. Il obtient une licence à l’université de Penn et est embauché comme instituteur dans une école du New Jersey. Cris Shaffer reste un temps en Europe, avec sa petite amie, et ayant pu mettre de l’argent de côté, s’achète un voilier et met le cap sur l’Australie ; là avec son amie, Chris Shaffer met en place des excursions pour les touristes, jusqu’au jour où il est en mesure de s’offrir un cotre de 24 mètres, avec lequel il poursuit les excursions touristiques, qui se transforment peu à peu en petite contrebande. Les croisières sont l’occasion d’acheter de la drogue et de gagner de l’argent facile. Peu à peu, les chargement de drogue deviennent plus importants. De son côté Bill Shaffer a laissé tomber son emploi d’instit et après avoir vendu un peu de cocaïne en Floride, il s’installe à Los Angeles, où il poursuit cette lucrative activité. Il parvient même de cette manière à se faire une place en marge du milieu du show-


business. Rentré à son tour aux Etats-Unis en 1983, Chris rejoint son frère à LA ; l’un et l’autre disposent alors d’une bonne expérience en matière de narcotrafic. Ils décident de se faire passer pour des chasseurs de galions engloutis et chercheur de trésors. Une société écran est constituée à cet effet à Londres (China Pacific Films) sous prétexte de financer les opérations de renflouage des navires immergés. En réalité, il s’agit d’acheter un navire destiné au trafic. En janvier 1985, les frères Shaffer ont assez d’argent pour racheter 1 million $ Us un bateau de pêche hawaïen, avec en prime son capitaine, ancien membre de la marine marchande britannique, Terry Restall. Le hasard faisant bien les choses, Restall avait déjà trafiqué du haschich pendant des années et connaissait bien les ficelles du métier. En mars 1985, Restall est envoyé par les deux frères dans le golfe de Thaïlande, où il est rejoint par deux bateaux de pêche vietnamiens dont les marins chargent à son bord 7 tonnes de marijuana. Restall transporte la cargaison jusqu’à un point de rendez-vous situé à 600 miles au large de san Diego en Californie. La cargaison est transbordée sur un autre bateau de pêche chargé de la débarquer près de Santa Cruz. De son voyage suivant, Restall rapporte 8 tonnes de marijuana. Début 1986, 5 tonnes commandées à un intermédiaire par les frères Shaffer sont saisies. Les frères Shaffer cherchent alors un bateau n’ayant jamais été impliqué dans la moindre affaire de contrebande en Amérique ; après avoir trouvé un navire ravitailleur adéquat, amarré au Japon. Ils lui donnent l’allure d’un bateau de pêche japonais, et le préparent pour le transport de 23 tonnes de marijuana. En février 1987, la DEA apprend par l’intermédiaire de CI-1 que les frères Shaffer ont acheté un gros bateau de pêche à Seward en Alaska, puis l’ont fait conduire à Seattle pour le faire réaménager pour le trafic. En septembre 1987, le bateau préparé quitte le port sous l’œil des agents de la DEA et met le cap sur l’Alaska. Mais Bill Shaffer, qui a développé un sens aigu de la paranoïa méthodologique, sent venir le coup ; aussi achète-t-il un nouveau bateau et laisse courir le bruit que le prochain chargement arrivera par le Mexique. CI-1 transmet naïvement l’intox à la DEA ; avec leur flottille, les Shaffer font livrer la marchandise au sud d’Hawaï, puis passent le relais dans le Pacific Nord vers un autre point de transbordement au sud de l’Alaska, jusqu’à Bellingham à 40 kilomètres au nord d’Anacortes, où 42 tonnes de marijuana sont déchargées. La DEA a pendant ce temps les yeux rivés sur le Mexique et Seattle… Les frères Shaffer avaient réussi à se faire une place dans le milieu du narcotrafic ; peu à peu, ils constituèrent, au sein d’un réseau vaste de narcotrafic dont ils n’étaient que des intermédiaires, leur propre groupe intermédiaires, eux-mêmes cessant d’agir directement. Mais leur groupe en s’agrandissant devint vulnérable. Les Shaffer achetaient la marijuana en Asie du sud-est à deux des plus gros fournisseurs de la planète. A l’époque, « Tony le Thaï » n’a pas 40 ans, il parle un bon anglais et évolue dans le milieu du narcotrafic international. Il dissimule ses activités illégales sous la façade d’un empire immobilier, essentiellement constitué d’hôtels et de boîtes de nuit. Il est un excellent interlocuteur pour qui veut acheter de la marijuana thaï de premier choix. Il a de très grosses relations. De son vrai nom Thanong Siriprechapong, Tony est membre du parlement de Thaïlande à l’époque où il traite avec les frères Shaffer. Des années plus tard, après sa dénonciation officielle par les institutions américaines, il fut l’un des trois riches politiciens thaïs à être formellement accusés de trafic de stupéfiants. Il avait proposé à Restall de le rencontrer à Bangkok, afin que celui-ci puisse ensuite raconter aux Shaffer ce qu’il a vu : il l’emmène personnelleme,nt dans le nord du pays, en pleine jungle ; passé Chang Mai, ils franchissent e,nsemble la frontière du Laos, sans que personne ne leur pose de question…a leur arrivée au laos, ils sont accueillis par un officier de police laotien en uniforme, qui les escorte jusqu’à un entrepôt puissamment défendu. A l’intérieur, Tony garde en stock 200 tonnes de cannabis de première qualité. Le second fournisseur des Shaffer est un américain expatrié en Thaïlande, du nom de Brian Peter Daniels. Daniels a failli pendant un temps détrôner Tony le thaï de son titre de champion du monde de trafic de cannabis. Entre 1984 et 1988, il parvient en effet à exporter plusieurs centaines de tonnes de cannabis vers les Etats-Unis. Chaque ballot de son cannabis est enveloppé dans une toile bleue marine et porte une étiquette représentant un aigle, avec l’inscription « passé à l’inspection », visant à affirmer le caractère quasi-officiel son trafic… certains indices semblent indiquer que Daniels n’avait pas en fait le monopole du sigle de l’aigle. Ce qui en revanche est attesté, c’est que ni Tony le Thaï, ni Daniels n’auraient pu opérer à une telle échelle sans de très solides et puissants appuis. Selon certaines personnes bien informées, les gouvernements de Thaïlande, du Laos et du Vietnam ferment les yeux sur les activités de Tony, de Daniels et de leurs semblables pour la bonne raison que ceux-ci leurs versent d’énormes sommes en devises pour les corrompre. En certaines occasions, des hommes comme Daniels ont même eu des rapports étroits avec les gouvernements concernés. Dans le cas de Tony le Thaï, c’est une certitude : il a mis sur pied une sorte d’association avec distribution de parts du butin, pour s’assurer l’allégeance des hauts fonctionnaires, des seigneurs de guerre locaux, des chefs de la police et des gouverneurs de province, sans oublier les militaires. Un des chargements de drogue commandé par Shaffer à Daniels aurait été déchargé dans le golfe du Tonkin sous la protection d’officiers de l’armée vietnamienne en uniforme… Après avoir traversé le Vietnam, le cannabis venu de Thaïlande et du Laos est embarqué sans subir le moindre contrôle de la part de autorités locales à Da Nang, dès que les ballots ont été marqués du sigle adéquat. Le sigle « passé à l’inspection » semble ainsi signifier « tout le monde a eu sa part du gâteau ». l’argent entrant à flots, les frères Shaffer étendent leurs affaires à toute la région de LA. Ils vivent à Malibu, mais louent des maisons un peu partout en ville. Ed et Eileen Brown sont des amis des frères Shaffer du New Jersey. Ils produisent des films pornographiques et la femme se fait appeler « Summer ». a la demande de Bill Shaffer, le couple Brown loue une grosse villa sur Helen Drive, dans le quartier chic de Brentwood, pour que les Shaffer puissent entreposer et compter leur butin dans un endroit sûr et tranquille. Les Brown louent ensuite une maison sur les hauteurs de Hollywood, loin de Brentwood, à seule fin de stocker ce même argent. En tant que grossistes, Bill et Chris Shaffer limitent les ventes à deux groupes de distribution, l’un en Californie, l’autre à NY. Leur distributeur de LA forme un étrange couple surnommé « plus & moins ». « plus » est un ancien joueur de football du nom de Kenneth Tarlow ; « moins » est en réalité Dennis Specht, qui doit son surnom à une carrure nettement moins impressionnante que celle de son complice ; bref, des beaufs accomplis. Quant à leur client newyorkais, il est connu sous le surnom de « Sonny » ; à l’époque, personne n’en sait plus à son sujet. Les frères Shaffer font modérément confiance à Plus, Moins et Sonny, et envoient des hommes à eux chercher les versement en liquide à NY, afin d’être sûr que ceux-ci ne soient pas suivis. Une fois à la villa de Brentwood, l’argent est compté, emballé et transféré dans la villa de Hollywood. Quand le nombre de caisses de $ Us commence à être trop important, les Shaffer chargent des « amis » comme les Brown de transférer l’argent en Suisse. Toujours doté de son sens de la paranoïa méthodologique, Bill Shaffer planifie et compartimente toutes les activités, et ceux qui travaillent pour lui en savent le moins possible. En octobre 1986, il entasse personnellement 40 caisses en carton bourrées de billets d’un montant de 20 millions $ Us dans une fourgonnette et les transporte lui-même jusqu’à Salt Lake City. Il y est accueilli par un petit groupe d’amis, dont les Brown, qui ont fait affréter un jet Gulfstream 2. Bill s’est donné la peine de constituer une compagnie écran et de la baptiser Bi-Continental Computers, ainsi que de faire imprimer des cartes de visite munies de titres officiels pour chacun des amis. Il leur distribue des badges au sigle de la société. Chacune des 40 caisses porte la mention « matériel informatique », et le manifeste du pilote confirme cette version ; le lendemain, les amis de Shaffer atterrissent à Zurich, et le pilote remet le manifeste aux douaniers helvètes. Les boîtes sont déchargées, mais l’une d’elle est ouverte au hasard, qui y trouvent les billets. L’officier de la douane de l’aéroport n’est pas content, ces gens là ne sont pas sérieux, il va être obligé de sévir. Il accuse le pilote puis les Brown de fausses déclarations. Les Brown avouent leurs péchés, et voilà l’officier de douane zurichois qui leur explique que « nous n’avons rien contre l’importation de billets de banque ; en revanche, l’importation de matériel informatique pose problème. Ne faites plus jamais de fausse déclaration » ! Les Brown n’ont plus qu’à reprendre leurs cartions de billets, les charger dans une camionnette et prendre la direction du Liechtenstein…l’enquête de la DEA sur les Shaffer piétine. Par ailleurs, la DFEA est en train de surveiller Daniels. Au cours de l’enquête sur Daniels, la DEA découvre


comment Shaffer l’a bernée, et les enquêteurs sont furax. Une cellule interagences fut constituée dirigée par Dyer, ancien membre des services de contre-espionnage de l’Us Air Force pendant la guerre du Vietnam, puis inspecteur de police à Seattle et finalement membre de la cellule d’investigation criminelle de l’IRS. La seule opération de 1987 avait rapporté 35 millions aux Shaffer, qui menaient la belle vie. Au total, ils disposaient d’environ 60 millions $ Us. après l’épisode de la douane zurichoise, Shaffer s’organisa autrement et fit appel à Alex Major, dirigeant d’une petite compagnie de taxis aériens. Ni Bill ni Chris ne voyagent jamais avec l’argent. Les Shaffer avaient aussi fait appel à des courtiers pour monter des sociétés écrans au Liechtenstein et en Suisse, destination « ultime » des fonds des Shaffer. Par l’entremise de leurs courtiers, les Shaffer contrôlent 17 sociétés au Liechtenstein, lesquelles sociétés écrans disposent de comptes dans 7 banques différentes. Plus tard, d’autres comptes seront découverts en Angleterre, france, Allemagne, Suisse, Irlande, Autriche. Les Shaffer se servent de ces sociétés écrans pour acquérir des actions et autres titres, et payer la grande villa achetée par Bill à Santa Barbara en Californie. Ces sociétés financent aussi leurs achats d’œuvre d’art, de bijoux, de voitures de sport, dans lesquelles ils se mettent à sillonner l’Europe. Ils possèdent des propriétés en Angleterre dont ils couvrent les murs de Picasso, de warhol. Par le biais d’une société écran établie sur l’île de Man, Bill s’offre même un yacht transatlantique de 1.2 millions $ Us. ils donnent au yacht le nom du célèbre pirate « Henry Morgan ». pendant ce temps, la DEA décide de s’attaquer à la base de l’organisation mafieuses des Shaffer, à savoir les capitaines de bateaux, et de remonter à partir de là les échelons de la hiérarchie. En 1990, les Shaffer et 47 de leurs complices sont mis en examen. La cellule interagences est alors contactée par un cabinet d’avocats de Boston disant agir pour le compte d’associés des Shaffer, dont Restall, désireux de parvenir à un accord à l’amiable. Restall acceptait de témoigner contre les Shaffer, contre une réduction de sa peine de 25 à 10 ans de prion. Passionné d’automobiles, Specht (alias « Moins ») possède une Testarossa spéciale à moteur turbo, dont il n’existe que 3 exemplaires dans le monde. Volontiers frimeur, il en fait publier une photo dans un magasine. C’est de cette manière que la DEA parvient à l’arrêter. Sonny finit également par se faire coincer et on découvrit qu’il s’agissait de Irwin Kletter. Pendant ce temps, les Shaffer disposent de passeports britanniques et vivent à Londres. Leurs faux passeport ont été fabriqués maison : pour l’un, quelqu'un se rend à Somerset House, recopie l’extrait de naissance d’un mort. L’autre passeport est volé ; un troisième, un passeport allemand, a été payé à Bill 50 000 $ Us en espèces, somme remise lord d’un déjeuner au restaurant « Serpentine » de Hyde Park à un prétendu agent de la CIA. Dyer étant persuadé désormais de l’existence d’une filière britannique, il appelle SYD. En 1991, la BBC diffuse les portraits des frères Shaffer sur demande de SYD, et reçoit plus de 70 appels, dont 10 jugés sérieux ; Bill Shaffer finit par être arrêté en Allemagne. Les Brown furent arrêtés à Paris, ou Chris Shaffer s’était aussi planqué. Mais la police française intervint alors que les Brown étaient en train d’appeler Shaffer, et celuici attendant un certain temps d’être rappelé par eux compris qu’il y avait un problème et s’enfuit de l’hôtel où il était descendu. A bout de nerfs, Chris Shaffer finit par prendre contact avec un avocat américain et lui demanda de négocier sa reddition. Respectant un accord passé avec les autorités, les frères Shaffer plaidèrent coupable en échange d’une réduction de peine à 15 ans maximum. 

Irak : lorsque Saddam Hussein fait envahir le Koweït, il donne l’ordre à sers troupes de saisir toutes les automobiles en état de fonctionner ; les modèles de luxe furent ensuite donnés aux cadres du Baas, alors que les 50 meilleures voitures étaient expédiées à l’étranger, acheminées par voie terrestre de Bagdad à amman, puis par avion cargo vers Genève sous statut diplomatique, où elles étaient vendues et transformées en devises. Outre les voitures, l’armée irakienne avait aussi réquisitionné, selon un plan de pillage élaboré à l’avance, les machines industrielles, ordinateurs, grues de chantiers et autres engins utilisés dans les ports et aéroports, les 200 000 volumes de la bibliothèque centrale de Koweït City, les livres, meubles, et tableaux noirs des écoles, 3500 cars scolaires et la plupart des autobus du réseau de transport en commun de Koweït. La banque centrale du Koweït était aussi une cible prioritaire évidemment. Les domiciles privés et bureaux ne furent pas non plus oubliés. Une partie de l’or ainsi récupéré fut fondu et revendu sur les marchés amis du Yémen, du Soudan et de la Mauritanie. La plupart des bijoux furent vendu à la pièce dans les souks et bazars, alors que les devises volées servirent à payer jusqu’à présent les contrebandiers des frontières avec l’Iran et la Turquie qui se font un véritable plaisir de violer l’embargo sur le pétrole décrété depuis l’invasion du Koweït. Des filières clandestine de livraison de pétrole ont également subsisté en direction de la Turquie et de la Jordanie. En 1972, l’Irak annonce la nationalisation de son industrie pétrolière. Saddam, alors vice-président est parvenu à convaincre le conseil révolutionnaire que les commissions versées aux occidentaux doivent revenir au Baas. L’édifice construit patiemment par Calouste Sarkis Gulbenkian s’effondre. Turc d’origine arménienne, Gulbenkian est à la base de la création de ce qui deviendra l’Iraqi Petroleum Company. Il prélevait des royalties sur chaque goutte de pétrole sortant du sous-sol iraquien, ce qui lui valut le surnom de « monsieur 5% ». lorsqu’il meurt en 1955 à Lisbonne, son fils Nubar Gulbenkian hérite de son privilège. 17 ans plus tard, Saddam confisque les 5% de Nubar Gulbenkian au nom du Baas. La gestion des fonds du pétrole irakien est attribué de manière unilatérale par Saddam, qui partage avec Adnan Khairallah et Adnan Hamdani, respectivement ministres de la défense et du pétrole, le pouvoir de signature. Dès 1972, Saddam Hussein commence à détourner à son profit les fonds du pétrole : dès 1972, 51 millions $ Us sont déposés dans une grande banque suisse de genève. Avec les intérêts, le solde du compte passe à 92 millions en 1973, puis avec l’accroissement du cours du pétrole, à 327 millions $ Us en 1974. Lors de l’éclatement du conflit Iran-Irak, le solde du compte atteint 1.7 milliards. Vers 1995, on estime que le dictateur irakien contrôle directement 32 milliards de $ Us. une partie de cet argent sert à l’achat de fidélités. Saddam récompense grassement la loyauté ; en 1979, il ordonne l’assassinat d’un des commesignataires du compte, Hamdani. En 1989, c’est au tour de Khairallah de mourir lors d’un étrange accident d’hélicoptère. Il arrive à Saddam de dépenser des fortunes sur un coup de tête, quand l’impératrice Farah Diba, veuve du Shah d’Iran, décide de vendre ses joyaux, Saddam retire 252 millions $ Us de Suisse pour les offrir à son épouse. Dans l’ensemble Saddam Hussein réussit à transformer sa rente de 5% en un somptueux « filet de sécurité » pour lui et sa famille, et ses plus proches fidèles du Baas. Hussein a retiré une partie importante de ces fonds en Suisse et les a blanchi par le biais de sociétés écrans un peu partout à travers le monde. L’une d’elle, la Montana management, holding enregistrée à Panama est contrôlée par la Midco Financial, une compagnie paravent genevoise. En 1981, par l’intermédiaire de la Montana, Midco achète des actions du groupe éditorial Hachette, dont Saddam a possédé ainsi jusqu’à 8.5%. Il contrôle également l’Al-Arabi Trading, dont le siège est à Bagdad. Cette société se rend acquéreuse d’un nombre important de titres du Technology & Development Group britannique ; en 1987, le TDG rachète une entreprise de mécanique de haute précision du nom de Matrix-Churchill. Quelques années plus tard les douanes britanniques font le rapprochement, se penchent sur le cas de Matrix-Churchill et saisissent diverses pièces destinées au mystérieux super canon commandé par l’Irak. Les américains eux aussi ne tardent pas à mettre le nez dans les affaires de Saddam ; en avril 1991, le bureau de contrôle des avoirs étrangers du trésor américain identifie 52 personnes juridiques et 37 personnes physiques ayant des liens financiers directs avec Saddam et / ou le parti Baas. Sur les 52 sociétés en question, 24 ont leur siège au Royaume-Uni, dont un certain nombre à la même adresse, dans le West End à Londres ; parmi les personnes physiques, 12 environ résident également en Angleterre. Des sources américaines n’ont pas tardé à établir que la « Saddam International Inc. » était dirigée par Barazan Al-Takriti, demi-frère du dictateur. Barazan a vécu de nombreuses années en Suisse, protégé par le statut diplomatique, et il y recevait des devises, de l’or, des bijoux par valise diplomatique. Blanchir le tout dans les banques suisses était pour lui un jeu d’enfant. Il fait appel à des experts financiers occidentaux pour concevoir une extraordinaire


machine à blanchir, extrêmement complexe. Il a ainsi passé près de 2 décennies à tisser un réseau mondial de contacts dans le milieu des affaires, contacts auxquels il a confié la garde et la gestion de la plus grosse partie des 32 milliards de $ Us estimés de son frère. Certains de ces contacts sont des hommes d'affaires irakiens, mais la plupart sont jordaniens et palestiniens. L’argent, déposé à leur nom, après avoir été blanchi par Barazan par le biais d’emprunt bancaires et d’investissements, finit tôt ou tard par reparaître dans les livres de compte de quelques entreprises respectables d’Espagne, d’Indochine, de Hong Kong, de France, du Brésil, de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis. Les hommes d'affaires contacts de Barazan savent de toute évidence à qui appartient l’argent, et ce qui les attend s’ils tentent de se l’approprier. Grâce à eux, quand les alliés occidentaux oint tenté de saisir les avoirs de Saddam, le gros du trésor avait été si bine récuré qu’il est virtuellement devenu invisible. 

Panama : au début des années 1970, en tant que chef du renseignement militaire panaméen, Noriega découvre qu’il peut jouer sur tous les tableaux en étant à la fois espion de la CIA, informateur de la DEA, fidèle allié des Etats-Unis, diplomate panaméen et narcotrafiquant international. Il s’intéresse aussi au trafic d’armes et fournit aussi bien les Contras du Nicaragua que les guérilleros de gauche d’El Salvador. A ses heures perdues, il devient également commandant en chef des forces armées panaméennes et blanchisseur international. Le cœur de l’industrie du blanchiment du Panama est la zone franche de Colon. Sur l’embouchure atlantique du canal de Panama, c’est aujourd’hui la 2° zone franche mondiale après celle de Hong Kong. La réglementation y est réduite au maximum et des centaines de navires transportant des dizaines de milliers de conteneurs quittent chaque jour Colon ou y accostent, chargés de tous les produits possibles et imaginables, dont la cocaïne colombienne. Les ventes de produits détaxés de la zone franche se sont élevées à près de 10 milliards de $ Us en 1992, sans compter les 19 tonnes de stupéfiants interceptées par les autorités panaméennes, dont 25% en une seule prise : la cocaïne était cachée à l’intérieur de conteneurs transportant des tuiles brésiliennes vers le Maryland. Plus récemment, les agents fédéraux américains ont décidé d’inspecter un chargement de 318 caisses de café tout droit sorties d’un entrepôt de la zone franche de Colon, et y ont trouvé 5.2 tonnes de cocaïne. Parmi les nombreuses sociétés qui opèrent en toute tranquillité à Colon, la Celeste International s’avéra être une société paravent du cartel de Cali. La police s’en aperçu en découvrant plusieurs tonnes de cocaïne dans ses entrepôts. Pendant des a,nnées, la Celeste avait émis des fausses factures concernant la vente de produits de consommation fictifs, et déposé les dizaines de millions de dollars correspondants dans les banques panaméennes. Mais pour chaque société écran comme la Celeste démantelée, il en existe 10, 20 ou 50 autres dont personne n’entendra jamais parler. Aux terme d’un traité signé entre le Panama et les Etats-Unis en 1904, le dollar a cours légal au Panama. Chaque fois qu’une pénurie de liquide se dessine là-bas, le trésor américain envoie des billets à la banque nationale panaméenne, antenne locale de la réserve fédérale américaine au niveau du système bancaire panaméen. Mais les transactions atteignaient un tel degré dans la zone panaméenne que les Etats-Unis e*ont exigé l’ouverture d’une enquête. Il a ainsi été découvert que 12 000 mandats-poste en dollars avaient été envoyés dans un conteneur de NY à Panama ; le montant de la plupart d’entre eux oscillait entre 500 et 700 $ Us, bien en dessous de la limite légale aux Etats-Unis. Chacun de ces mandats portait au dos le sceau minuscule des cartels colombiens de la cocaïne (on retrouve souvent le même sur les emballages des chargements de drogue), afin d’aider les banquiers complaisants à identifier plus facilement les comptes sur lesquels l’argent doit être versé. A peine déposés, les fonds sont rapatriés aux Etats-Unis par câble, et plus précisément sur un compte de la Marine Midland Bank de NY, ouvert par les trafiquants qui avaient originellement acheté les mandats poste. Quand les agents américains ont transmis à leurs homologues panaméens des informations détaillées sur 13 entreprises de blanchiment locales, ceux-ci n’ont pas levé le petit doigt pour arrêter le trafic. Né en 1934, Noriega, alias « face d’ananas » s’empare des rênes du pouvoir à 39 ans ; l’un des avantages réservés traditionnellement aux dirigeants de ce pays consiste en une part non négligeable de l’argent issu de divers rackets qui s’organisent quasiment au grand jour. Ces gratifications incluent les versements réguliers effectués par des narcotrafiquants de toutes sortes. Noriega était personnellement en contact avec les cartels colombiens depuis des années ; au milieu des années 1870, il rencontre et aide à protéger Ramon Millan, comptable de Miami spécialisé dans le trafic de devises des Etats-Unis vers Panama pour le compte du baron de la cocaïne Carlos Lehder. En 1979, avec Pablo Escobar et Jorge Ochoa, Lehder demande à Millan de conclure un marché avec l’homme fort de Panama, Omar Torrijos ; or Noriega est alors bras droit de celui-ci, et est désigné par lui pour négocier un contrat de protection avec les narcos colombiens de Medellin, aux termes duquel le gouvernement panaméen s’engage à fermer les yeux sur les opérations de trafic et de blanchiment de Lehder, en échange d’une part des profits réalisés. A la mort de Torrijos dans un malheureux accident d’avion, Florencio Florez devient commandant de la « Guardia », qui représente le cœur du pouvoir de Panama ; mais il est trahi et déposé par Ruben Parades, lequel est à son tour trahi et déposé par Noriega. Noriega rebaptise la Guardia « Forces de défense panaméennes » et fait savoir à ses vieux amis de la CIA (dont il reçoit chaque année dès cette époque 200 000 $ Us) qu’il est toujours l’homme de l’Amérique et s’empresse de reconduire pour son propre compte l’accord de protection conclu avec Lehder. Mais Noriega décide d’aller plus loin que Torrijos ; il fait construire une série de terrains d’aviation clandestins et permet à Lehder de les utiliser pour la cocaïne destinée au marché américain. Au passage, il prélève 500 000 $ Us sur chaque vol (1% du prix de la cargaison en gros) ; vers la fin de 1983, cette manne lui assure une coquette rente de 10 millions $ Us par mois. Des agents de la DEA finissent par venir trouver Noriega pour parler drogue. Noriega n’hésite pas un instant et leur jette Ramon Millan en pâture, lequel écope de 43 ans de prison. Noriega reste au pouvoir. En 1985, toujours en collaboration avec la DEA, Noriega fait fermer la First Interamericas Bank, avec laquelle ses amis colombiens sont allés un peu trop loin : non seulement ils l’utilisent pour recycler leurs fonds, mais ils en sont propriétaires : l’actionnaire majoritaire n’est autre que Gilberto Orejuela, grand parrain du cartel de Cali. Le conseil d’administration de la banque réunit son frère Miguel Orejuela, Edgar Alberto Garcia Montilla, principal conseiller financier du cartel et cerveau des opérations de blanchiment. La fermeture de leur banque ne plu pas aux parrains de Cali ; ce qui ne s’améliora pas quand Noriega envoya sa police à l’assaut d’un laboratoire de cocaïne qu’il avait lui-même permis au cartel d’installer à Panama. Les parrains de Cali décident donc de le faire assassiner. Ils auraient demandé aux séparatiste basques de l’ETA de l’éliminer lors de son prochain voyage en Europe. Or Noriega n’a jamais accepté l’asile politique qui lui était proposé alternativement à son extradition vers les Etats-Unis. Des agents du Mossad auraient eu vent du contrat, les services secrets israéliens surveillant de près tous les groupes terroristes de la planète, et auraient alerté « face d’ananas ». Noriega implora alors l’aide de Fidel Castro, qui accepta d’intervenir pour négocier une trêve avec les parrains du cartel de Cali. De fait, Castro et Noriega, loin d’être les meilleurs amis du monde, faisaient affaire ensemble ; les produits cubains étant toujours sous embargo, il était important pour Castro de conserver son ami au pouvoir au Panama, où Castro pouvait faire envoyer les marchandises cubaines vers la zone franche de Colon (crevettes et langoustes), avant que les hommes de Noriega reconditionnent ces produits sous emballage et étiquette panaméenne pour les réexporter vers les Etats-Unis. Noriega payait Castro de retour avec du matériel de haute technologie américain que le cubain revendait ensuite aux russes. Noriega dut faire appel à un vaste réseau d’institution financières pour recycler ses fonds et les faire blanchir. Parmi ces institutions, la BCCI, la BNP, la First American Bank et l’Algemene Bank Nederland. Dans certains cas l’argent était déposé à son nom, mais la plupart d’entre eux avaient été ouverts au nom des Forces de défense panaméennes, sa signature étant la seule à pouvoir autoriser l’utilisation des fonds concernés. Des documents saisis au siège de la BCCI montrent que Noriega y a maintenu à un moment jusqu’à 50 millions $ Us en dépôt, en grande partie sur un compte des Forces de défense panaméennes à la succursale de Londres. Non seulement la BCCI engagea la fille de Noriega dans


sa filiale de Miami, mais elle fournit au général et à sa famille des cartes de crédit Visa, attachées à un autre compte ouvert au nom des Forces de défense panaméennes ; par leur biais, les Noriega dépensaient plus de 25 000 $ Us par mois en achats divers, que ce soit chez Gucci à paris, Bloomingdales à NY ou K-Mart à Miami. Avec sa part du butin des cartels, Noriega s’est acheté des propriétés un peu partout au Panama, un appartement à Paris, un château dans la région parisienne, une villa en Espagne, deux maisons en Israël, et une autre au Japon. Il a aussi acquis des biens en république dominicaine et au Venezuela, investi des capitaux dans plusieurs compagnies locales de télévision par câble, dans un journal, dans une fabrique d’explosifs et dans 4 magasins de détail à Panama city, et acheté des locaux commerciaux à Panama, en Floride et à la Nouvelle-Orléans. Ce qui n’empêche pas la DEA de le considérer comme un chic type. Les ennuis de Noriega commencent au milieu des années 1980à partir d’une enquête de routine de la DEA dans le périmètre de l’aéroport international de Miami. Des agents de la DEA infiltrèrent un réseau de narcotrafiquants et identifièrent un des membres comme étant Floyd Carlton Caceres, également pilote personnel de Noriega. En 1988, Noriega fut mis en examen ; de nombreux agents fédéraux américains furent gênés par cette annonce et firent promptement disparaître les portraits de Noriega qui trônaient sur de nombreux murs de Washington. Noriega n’était pas pressé de répondre à ses accusateurs, et Bush père envoya en 1989 un corps expéditionnaire pour le capturer. Noriega ayant trouvé refuge à la nonciature du Vatican, les américains réussirent à l’en débusquer à l’aide d’une nouvelle arme de destruction massive : le rock’n roll à haute dose. En 1991, Noriega ainsi capturé fut condamné à 40 ans de prison. A noter d’étranges correspondances de la DEA à Noriega, l’une de 1978 où il se voit remercier pour ses « magnifiques efforts, lesquels ont substantiellement contribué à l’actuelle bataille contre les drogues », l’autre de 1984 le remerciant pour « le soutien fidèle que vous apportez à la DEA ». Curieusement, personne ne semblait au courant à la DEA du fait que Noriega était en réalité en train d’éliminer la concurrence de ses amis. Après l’arrestation de Noriega, Panama reste une plaque tournante majeure du narcotrafic et du blanchiment. En 1992, Rogelio Cruz, procureur général de la république de panam, a été accusé d’avoir illégalement libéré 37 millions $ Us gelés sur des comptes suspectés d’appartenir aux cartels colombiens. Rogelio Cruz avait par le passé siégé au conseil d’administration de la First Interamericas Bank, la banque appartenant au cartel de Cali. 

Etats-Unis : Truman signe en 1947 le NSA (National Security Act) créant la CIA, croyant apparemment de bonne foi qu’il ne s’agissait que de récolter des renseignements obtenus à l’étranger… Il nomme à la tête un personnage absolument pas anodin, Allen Dulles, qui a appris le métier d’espion pendant la guerre à l’OSO (Office of Special Operations), sous les ordres du général William Donovan alias « Wild Bill »… Aucun des hommes nommés à la CIA ne se sent concerné par le principe de transparence officiellement affiché. D’emblée, la CIA opère à couvert : versements de subsides « à certaines personnes », soutien financier et « assistance technique » à des partis politiques, aides à certaines organisations privées (syndicats, entreprises, coopératives, etc.), interventions économiques, sans oublier un large éventail d’actions paramilitaires ou politiques visant à renverser ou installer des régimes, briser les organisations de gauche, etc. aucune des activités de la CIA n’a jamais été financée publiquement. La CIA a donc créé son propre système de blanchiment ; le directeur général de la CIA dispose d’une caisse noire ultra-secrète, énorme masse d’argent dont le Congrès ne sait rien, et dont le directeur général de la CIA n’a à répondre que devant le président des Etats-Unis. Par ailleurs, Dwight Eisenhower a fait créer un groupe tout aussi secret destiné à conseiller la CIA sur le meilleur usage de cet argent et si besoin, à lui procurer des rallonges budgétaires pour telle ou telle opération spécifique. Ce groupe fut baptisé « Comité 5412 » d’après le numéro du communiqué du conseil national de sécurité qui autorisait sa création. Ce comité reste l’institution connue la plus impénétrable des Etats-Unis à ce jour. Doté du statut de sous-cabinet, il est chargé d’étudier et d’approuver les opérations clandestines des Etats-Unis afin de servir de fusible au président en cas de problème. Son rayon d’action est considéré comme tellement sensible que les membres du conseil national de sécurité ne veulent pas être informés de ses activités. Les rares privilégiés qui sont dans le secret l’appellent le « groupe spécial ». le nom du comité à plusieurs fois changé : « comité 303 », « comité 40 ». Mais sa fonction n’a jamais varié d’un iota et c’est à lui que revient la décision d’intervenir par exemple dans les affaires intérieures d’un Etat. Traditionnellement, il est composé d’un président (la plupart du temps il s’agit du Conseiller national à la sécurité), du secrétaire d’Etat, du secrétaire d’Etat à la Défense et du directeur de la CIA. Si le président est consulté pour les opérations clandestines, cette « consultation est officieuse » et les responsables du comité ne peuvent en principe s’en prévaloir pour leur défense. Le « comité 5412 » a entre autres approuvé la construction et l’utilisation par la CIA de l’avion espion U2, programme entièrement financé par la caisse noire contrôlée par Allen Dulles et son adjoint Richard Bissell. C’est lui aussi qui a fait assassiner Salvador Allende et installé Pinochet au pouvoir au Chili ; c’est ce même comité spécial de la CIA qui a planifié ce qui allait devenir l’Irangate, alors que la CIA est dirigée par William Casey ; c’est le comité spécial de la Cia qui sous Reagan finance les forces de droite qui cherchent à renverser le gouvernement socialiste de l’île Maurice ; c’est le comité spécial qui fait dépenser une fortune pour déstabiliser le régime du colonel Kadhafi en Libye ; c’est le comité spécial de la CIA qui fait distribuer des centaines de millions de $ Us aux seigneurs de guerre afghans luttant contre l’armée rouge. Durant les 6 premières années de la p^résidence de Reagan, celui-ci a accepté et soutenu plus de 60 opérations de blanchiment de fonds visant à financer les activités clandestines de la CIA. L’un de ces opérations clandestines de la CIA est mise en place sous la présidence de Kennedy ; il s’agit de l’opération Mongoose, visant à faire assassiner Fidel Castro ; après l’échec du débarquement de la baie des cochons, Robert Kennedy, procureur général, persuade son frère de l’élimination de Castro ; celui-ci fait alors appel à la CIA. La CIA maintient un important poste de commandement sur le campus de l’université de Miami sous le nom de code « JM/WAVE » ; sur place des hommes de la CIA supervisent les activités de 3000 contacts cubains, chacun d’eu se voyant offrir un faux emploi lui servant de couverture. Non seulement la CIA paie tous ces gens, mais elle se sert de leur couverture pour blanchir des fonds destinés à financer diverses activités clandestines : empoisonnement de la cargaison d’un navire russe arrivé à Porto Rico ; contrefaçon de billets cubains ; émission d’une intense propagande radiophonique à destination de Cuba ; financement permanent des paramilitaires anticastristes. La CIA paie aussi dans le cadre de cette opération des hors-bords, des avions, des armes. Un agent de la CIA découvre ainsi un jour qu’il peut gagner plus d’argent en gérant une société paravent de l’agence qu’en étant son simple salarié. Selon le règlement, il est censé remettre les sommes gagnées par le biais de son activité clandestine au gouvernement américain ; aussi choisit-il de démissionner de l’agence pour continuer l’affaire ; l’agence ne peut pas protester, car c’eut été admettre qu’elle était propriétaire originelle de l’entreprise. Elle aurait aussi bien pu l’assassiner, mais elle ne l’a pas fait ; il y a anguille sous roche. La CIA a reconnu avoir élaboré plus de 8 projets d’assassinat de Castro. La première opération avait consisté à introduire à Cuba des pilules de poison, mais le correspondant de la Havane ne parvint jamais à approcher Castro. La deuxième tentative consista à envoyer à un dissident cubain un étrange assortiment de gadgets (stylo empoisonné, pilules et poudres bactériennes, cigare explosif, cigare imprégné de toxine de bolunium capable de tuer l’homme dès que le cigare entre en contact avec les lèvres de la cible, etc.) que l’on croyait capable d’accéder à Castro. La troisième tentative consiste à expédier à Cuba des tueurs à gages recrutés dans la mafia sicilienne américaine. Le premier recruté est Johnny Rosselli, gangster de Las Vegas, naguère en lien avec le milieu du jeu de la havane ; le second est le patron de la mafia de Chicago, qui se fait appeler « Sam Gold », mais son vrai nom est Momo Salvatore Giancana. Auxquels s’ajoute le parrain de la mafia de Miami, cubain exilé surnommé « Joe », mais connu du quidam sous le nom de Santos Trafficante. Les trois gros mafieux localisent un cubain travaillant dans un café fréquenté par Castro, et le convainquent de verser quelques pilules dans l’assiette du dictateur à son prochain


passage ; mais il n’y eut pas de prochain passage de Castro. En 1962, le projet d’empoisonnement de Castro ressort des placards ; Kennedy décide de solliciter de nouveau la pègre, et cette fois les truands jettent leur dévolu sur un citoyen cubain prêt à exécuter le contrat à condition qu’on lui fournisse une petite cache d’armes et de matériel de communication. La CIA consent à financer l’opération par le biais de ses paravent de Miami. L’assassinat échoue, mais la CIA avait déjà acheté des explosifs, un radar nautique, du matériel radio et des armes de poing, et expédié le tout à Cuba. Des années plus tard, on devait découvrir qu’une partie des personne impliquées dans l’assassinat de Kennedy, avaient té en rapport avec le poste JM/WAVE de la CIA à Miami ; parmi ces noms : Lee Harvey Oswald, Jack Ruby, le maire de Dallas, sam Giancana et Santos Trafficante. Les 5 hommes qui s’introduirent à l’intérieur du Watergate pour le compte de Nixon 10 ans plus tard entretenaient également des liens très directs avec l’opération Mongoose. Il est probable qu’avec la bénédiction de la Maison Blanche, la CIA soit le plus important blanchisseur de tous les temps. Les fonds gérés par la CIA dépassent largement ceux des corporations citées dans Fortune 500. Aucune de ces sociétés paravent n’a de lien direct avec le gouvernement américain ; elles sont souvent dirigées par des officiers en retraite, d’anciens agents de la CIA, et ont tendance à recruter parmi le exilés cubains, les vétérans du Vietnam, les agents israéliens, les mercenaires, les hommes d'affaires du Moyen-Orient, et dans certains cas les narco-trafiquants internationaux…au moins 30 sociétés paravent ont été créées par la CIA dans le seuil cadre de l’Irangate. Sous la présidence de Bush père, la CIA s’est lancée dans le trafic de cocaïne ; en 1990, avec l’aide d’une société paravent vénézuélienne, l’agence a introduit 1 tonne de cocaïne pure sur le territoire américain ; la drogue était officiellement censée servir d’appât ; mais en réalité, elle a bel et bien alimenté le marché américain ; le scandale n’a été dévoilé qu’en 1993, lors d’une remarquable enquête de CBS. Air America figure également parmi les sociétés écrans archétypiques de la CIA ; implantées dans le sud-est asiatique à l’époque de la guerre du Vietnam, ce n’était qu’une façade de carton pâte qui ne trompait personne ; de Saigon à Hanoi, tous les paysans des rizières savaient que air America signifiait CIA. Dans certaines opérations, la CIA fait preuve de plus de finesse qu’à l’accoutumée ; en 1973, deux hommes se lancent dans « l’aventure bancaire » ; l’un d’eux, Michael Hand est un ancien agent de la CIA « stationné » dans le Bronx. L'autre Franck Nugan est un Playboy australien, héritier d’une affaire de conditionnement de fruits implantée sur des bases mafieuses… La Nugan Hand Bank a son siège à Sydney ; elle vécu 7 ans, jusqu’à ce que Nugan soit découvert assis dans sa Mercedes, une bible dans une main, un fusil dans l’autre et un gros trou dans la tête. Entre les pages de la bible, la police australienne retrouve une liste de noms, dont celui de Bob Wilson, à l’époque numéro 1 du comité des forces armées de l’assemblée nationale, et celui de William E. Colby, ancien directeur de la CIA. La liste comporte également les noms de narcotrafiquants internationaux connus, de personnalités de la politique, du cinéma, des affaires, du sport, de la télévision ; à chacun d’eux correspond une somme en dollars à 5 ou 6 chiffres. Hand quitte l’Australie peu après la découverte du cadavre de Nugan. Précurseurs du système de la BCCI, Nugan et Hand touchaient à tout : escroquerie sur les investisseurs, vente d’armes, de drogue, blanchiment de fonds ; curieusement, le directeur général de la banque était le contre-amiral américain en retraite Earl Yates, autrefois responsable de la planification stratégique de l’Us Navy. Colby, lui, ; occupait le poste de conseiller juridique, tandis que Walter McDonald, ancien directeur général adjoint de la CIA, en était consultant. Richard Secord, connu depuis l’Irangate, avait des liens commerciaux avec cette banque ; et l’un des opérateurs de la banque sur le marché des matières premières était aussi un des plus gros importateur d’héroïne d’Australie…en février 1977, la Nugan Hand Bank ouvre une filiale sur la place hautement improbable de Chang Mai en Thaïlande ; improbable du moins pour ceux qui ignorent que Chang mai est la place où l’essentiel de l’opium produit dans le tria,ngle d’or est convertit en devises. L’agence de la banque est contiguë (il semble qu’il y avait même une porte de communication) aux bureau locaux de la DEA, avec laquelle la CIA entretient « des relations de travail chaleureuses »…Le sénat américain ouvre une enquête sur la Nugan hand Bank et ses éventuelles connexions avec la CIA, et reçut à huis clos des déclarations sous serment de plusieurs agents de l’agence, s’empressant de ranger ces témoignages au fond d’un coffre. Procédure typique. En 1980, une compagnie baptisée Associated Traders Corporation (ATC) est ouverte à Baltimore dans le Maryland ; officiellement, ATC s’occupe d’importations, exportations et commerce en général ; la société a des connexions internationales : entre 1980 et 1985, elle dépose des millions de $ Us sur un compte de la First national Bank du maryland, qu’elle câble ensuite vers des compagnies écrans des Caïmans et de Panama. La direction d’ATC prie ses banquiers de faire en sorte que le nom de l’entreprise n’apparaisse pas dans ces transferts de fonds. En 5 ans, ATC parvient à blanchir au moins 20 millions $ Us par ce canal ; le circuit aboutit en Suisse, ou en Inde, où les fonds servirent à l’achat de 60 000 fusils Enfield destinés aux seigneurs de guerre afghans. En 1986, ATC fut démantelée ; sa fermeture correspond avec l’éclatement du scandale de l’Irangate. L’affaire d’ATC éclata quand un jeune banquier de la First national Bank découvre à qui il a affaire ; il sombre alors dans une dépression nerveuse et finit par se résoudre à attaquer la First national Bank et la CIA en justice pour lui avoir fait subir des pressions ayant affecté sa santé. A la fin des années 1970 déjà, la junte qui gouverne l’argentine décide d’aider le général Luis Garcia Meza Tejada (vieil ami des narcos sud-américains) à réaliser un coup d’Etat en Bolivie…pour contribuer à son financement, les services de renseignement argentins ont l’idée de monter un réseau de blanchiment en Floride et s’adressent spontanément à leurs contacts de la CIA. Deux affaires commerciales furent alors ouvertes à Miami. La première baptisée Argenshow, était censée être une agence artistique visant à promouvoir des tournées artistiques en Argentine. La seconde était un bureau de prêt sur gages du nom de Silver Dollar. Délibérément ouvert à côté d’un magasin d’armes (ce qui caractérise clairement la volonté de mettre en place un réseau clandestin), ce bureau était censé devenir le centre opérationnel des activités de renseignement argentines pour toutes l’Amérique Latine. Au nom de l’intérêt supérieur de la discré-nation, la CIA jugea plus sûr d’envoyer des conseillers militaires argentins au Salvador, au Costa Rica et au Honduras, plutôt que des citoyens américains. C’est ainsi que Silver Dollar et Argenshow mirent sur pied une filière de livraison d’armes en Amérique centrale, blanchissant les fonds nécessaires à partir de la Suisse, des Bahamas, des Caïmans et du Liechtenstein. Après un passage à Panama, ces fonds étaient expédiés là où on en avait besoin en Amérique centrale ; en 18 mois seulement, uns société écran des Bahamas contribua ainsi au transfert de 30 millions $ Us pour le compte du bureau de prêt sur gages de Miami. Ne perdant pas de vue leur mission initiale, Silver Dollar et Argenshow élaborèrent un accord multimillionnaire avec les généraux de la junte et Roberto Suarez Levy, important parrain de la drogue bolivienne. Des fonds appartenant aux trafiquant furent blanchis en Floride, en échange de quoi l’argentine envoya des ambulances en Bolivie, toutes bourrées d’armes destinées à renverser le gouvernement de coalition de centre gauche et à rendre le pouvoir aux militaires et à l’extrême-droite, par le biais de ce qui devait être appelé plus tard le « putsch de la cocaïne ». plus tard la même année, Argenshow fut à l’origine du recrutement de « contras » nicaraguayens dans le but d’attaquer une station de radio au Costa Rica ; le contact fut très probablement noué par le biais de la CIA. 

Vatican : le 18 juin 1982, un italien de 62 ans est retrouvé pendu sous le pont de Blackfriars de Londres. Il s’appelle Roberto Calvi. Tout a été fait pour donner à cette mort l’apparence d’un suicide, mais personne n’y croit plus. Connu comme le « banquier de dieu » pour ses liens avec le Vatican, Calvi avait été PDG du Banco Ambrosiano, établi à Milan. Après avoir commencé sa carrière dans cette banque à un poste insignifiant en 1946, Calvi gravit peu à peu les échelons ; vers 1965, il fait la connaissance du financier sicilien Michele Sindona ; au début des années 1970, grâce à ses conseils, Calvi est non seulement à la tête de la Banco Ambrosiano, mais en possède une grande partie. Le Banco Ambrosiano ne tarde pas à devenir le premier groupe bancaire privé italien ; mais de façon curieuse, il n’a pas de bureaux à la City de Londres, ni à Wall Street. En revanche, il est présent aux


Bahamas, au Luxembourg et au Nicaragua. Toutes sortes de transactions « insolites » s’opèrent par son intermédiaire. En juin 1979, la filiale nicaraguayenne prête 9 millions $ Us à Nordeurop, une société écran du Liechtenstein installée par Calvi aux EtatsUnis. Immédiatement, Nordeurop réexpédie la somme vers une autre création de Calvi, établie à Panama, sous forme de règlement. Aucune explication satisfaisante n’a pu être donné pour expliquer ce transfert de fonds. En mai 1982, le bruit se répand que 1.3 milliards $ Us ont disparu des caisses de la banque ; 3 semaines plus tard, Calvi est retrouvé mort. Le mystère de sa mort tourne indubitablement autour de cette fortune disparue, dont une bonne partie semble avoir été blanchie par le biais de compagnies écrans enregistrées au Panama et au Liechtenstein, compagnies disposant de liens directs ou indirects avec la banque privée du Vatican, l’IOR (Institut pour les œuvres religieuses). Celle-ci fonctionne comme une banque offshore en plein cœur de Rome ; le Vatican est son principal client ; et à desseins, ses directeurs n’ont de compte à rendre qu’à la hiérarchie catholique romaine. Hors d’atteinte des instances de contrôle italiennes, l’IOR peut envoyer des devises partout dans le monde sans contrevenir au contrôle des changes. Pour Calvi, qui a besoin d’approvisionner en fonds ses sociétés écrans du Liechtenstein et du Panama, c’est une lessiveuse idéale. Pour renforcer ses liens avec l’IOR, Calvi monte plusieurs filiales à l’étranger en association avec la banque ; l’une d’elle, la Cisalpine Bank, représente le Banco Ambrosiano aux bahamas. Le PDG de l’IOR siège à côté de Calvi au CA de la Cisalpine Bank. Ensemble, ils se servent de l’établissement pour se prêter mutuellement de l’argent en brouillant les pistes derrière une documentation extrêmement complexe. En 1978, l’IOR a en dépôt 114 millions $ Us à la Cisalpine Bank, et celle-ci, c'est-à-dire Calvi, dispose de236 millions de $ Us à l’IOR. A l’époque le directeur général de l’IOR est l’archevêque Paul Marcinkus. D’origine américaine, Sindona a joué un rôle important dans sa nomination à la tête de la banque. Marcinkus prétendra plus tard ne pas avoir eu connaissance des tripatouillages de Calvi ; à l’en croire, l’IOR en aurait été la première victime. Séduite par la promesse de taux d’intérêts élevés, l’institution a perdu une fortune pour s’être naïvement laissé entraîner dans l’opération frauduleuse fomentée par l’affreux Calvi. Quoiqu’il en soit, ce qui est certain c’est que l’IOR faillit effectivement faire banqueroute à la suite de ces malversations. Quand le scandale éclate, Marcinkus s’enferme dans ses bureaux de la place SaintPierre, protégé des questions gênantes et autres poursuites judiciaires par le statut d’Etat souverain dont jouit le Vatican. L’homme d'affaires toscan Licio Gelli joue également un rôle clé dans cette affaire. Admirateur de Mussolini et de juan Peron, il est surtout grand maître d’une loge de type maçonnique appelée Propaganda Due, c'est-à-dire P2… Forte de 923 membres (chefs de cabinets, parlementaires influents, financiers, officiers de haut rang, chefs de trois services secrets et juristes parmi les plus éminents), la loge P2 fonctionne comme un gouvernement parallèle. Elle bénéficie en outre du soutien financier de plusieurs des organisations mafieuses italiennes, et ses fonds sont blanchis pare Gelli en Suisse. Gelli connaît bien le système bancaire helvétique pour avoir passé le plus clair de son temps dans le monde trouble du trafic d’armes. A l’éclatement du scandale, Gelli quitte le pays, est arrêté en Suisse, mais réussit à s’échapper à grand renfort de pot-de-vin et passe 5 années caché en Amérique du sud où il dispose de relations de poids, en particulier en Argentine. Michele Sindona, le mentor de Calvi, est aussi l’une des clé de l’affaire. Né en 1920, il est considéré comme l »un des hommes d'affaires les plus riches et les plus influents dans les années 1970 en Italie. Il est lui aussi un fervent disciple du nervi du fascisme, Mussolini, et de Machiavel ; il est conseiller financier de Paul 6 (ce qui lui vaut le surnom de « banquier du pape ») et contrôle une demi-douzaine de banques dans 4 pays. Il possède aussi la chaîne d’hôtels CIGA et près de 500 autres entreprises ; l’une d’elle, la société de Bourse milanaise Moneyrex, est aussi l’une des principales lessiveuses de la mafia sicilienne. Une autre est propriétaire du célèbre complexe du Watergate à Washington… En Italie, la puissance financière de Sindona est telle qu’il domine la bourse de Milan et dispose littéralement du pouvoir de l’acheter. De manière moins visible, il est partenaire de Gelli au sein de la loge P2 et le principal conseiller financier de la mafia sicilienne. En 1980, il est condamné à 25 ans de prison par un tribunal américain pour avoir détourné 15 millions $ Us et pour parjure, pour la prise illégale d’intérêts dans deux banques américaines dont il a acheté illégalement des parts, dont l’une, la Franklin national, avait connu une faillite spectaculaire en 1974. La Finabank, banque privée de Genève, s’est effondrée au même moment. Elle faisait office d’entonnoir pour les fonds de la mafia et de la loge P2 destinés aux Etats-Unis et Sindona y avait un compte numéroté, nom de code MANI-1125. Son cosignataire était l’IOR. Quand le scandale de la Banco Ambrosiano éclate, Sindona est en prison aux Etats-Unis. Mais en 1985, il est extradé vers l’Italie et incarcéré sur place. En 1986, qui savait trop bien dans quels placards étaient cachés les cadavres, est retrouvé mort sur le plancher de sa cellule ; quelqu'un a empoisonné son café au cyanure. C’est Sindona qui apprend à Calvi l’art du blanchiment par le biais des compagnies offshore. En bon élève, Calvi développe au fil des ans un grand nombre de sociétés écrans, dont la plupart lui servent à mener ses opérations conjointes avec Marcinkus et l’IOR. C’est ainsi qu’il parvient à soutenir artificiellement le cours des actions du Banco Ambrosiano et à racheter des entreprises avec des lires exportées de façon douteuse ; et surtout, et probablement avec l’aide de Marcinkus, il devient expert dans l’art de flouer les clients. En 1976, le parlement italien vote une loi transformant l’exportation illégale de lire en crime, et Calvi est alors soumis à une enquête approfondie. Pour brouiller les pistes, il mit en place un plan de restructuration censé accroître de 50% le capital du banco Ambrosiano. Mais pour y parvenir tout en soutenant le cours fragile de ses actions à la Bourse de milan, il lui fallut rapatrier en Italie des fonds détenus par ses sociétés offshore. Il se mit à transférer tous azimuts pour donner l’impression, au moins sur le papier, d’une stabilité. Mais il était trop tard et ses créanciers commencèrent à manifester une certaine nervosité. La chance l’abandonna. En juin 1980, un important client du banco Ambrosiano (une des premières entreprises italiennes du bâtiment) fit faillite, provoquant un trou béant dans la trésorerie de Calvi. En janvier 1981, le gouvernement italien décida de sévir toutes les banques contrôlant des holdings non bancaires à l’étranger. Puis la bourse de Milan changea les règles du jeu pour le banco Ambrosiano : jusqu’alors, ses actions n’étaient échangées qu’une fois par semaine sur le marché hors cote. Il fut décidé qu’elles le seraient désormais quotidiennement, et à la corbeille. Calvi n’allait plus pouvoir soutenir lui-même leur cours. Le mois suivant, il est arrêté pour trafic de devise. Bien des gens s’attendent à voir le Banco Ambrosiano sombrer dans le sillage, mais l’établissement parvient à survivre ;, sans doute le fait que Marcinkus ait brandi des lettres à en-tête de l’IOR confirmant que l’institut est l’usufruitier de 11 sociétés écrans enregistrées à Panama et aux Liechtenstein, contrôlant l’essentiel des parts et avoirs du Banco Ambrosiano, y fut-il pour quelque chose. Tout se passait comme si l’IOR était prêt à couvrir les dettes de Calvi. Cherchant toujours à redresser la situation, Calvi remis en liberté provisoire réussit à convaincre l’industriel Carlo de Benedetti de devenir viceprésident de la banque et actionnaire à hauteur de 2%. Mais l’ancien patron du groupe Olivetti jeta l’éponge au bout de trois mois, après avoir compris qu’il ne pourrait jamais percer le rempart de papier dressé par Calvi pour protéger ses activités frauduleuses. Plus tard, de Benedetti affirmera avoir reçu à son domicile des menaces de mort au cas où il s’obstinerait à se montrer à la banque. Pendant tout le reste de l’année 1981, les pressions exercées sur Calvi augmentèrent au point de devenir intolérables. La banque d’Italie le cernait de toutes parts ; début 1982, Calvi supplia Marcinkus de confirmer que l’IOR contrôlait bel et bien les sociétés écrans incriminées et par conséquent, acceptait de garantir les énormes sommes dues par le Banco Ambrosiano. Marcinkus refusa. Le Vatican semblait ne pas avoir apprécié la disparition des caisses de l’IOR d’une fortune que la plupart estiment entre 100 et 500 millions $ Us. l’archevêque somma Calvi de rembourser les dettes avant le 30 juin 1982. sentant qu’il n’arriverait pas à respecter ce délai, celui-ci demanda à l’IOR de lui accorder un moratoire. Là encore le prélat se déroba. Sur ces entrefaites, on découvrit que le banco Ambrosiano avait un trou béant de 1.3 milliards $ Us. quelques temps plus tard, Marcinkus devait opportunément brandir une lettre apparemment signée de Calvi et qui absolvait l’IOR de toute les dettes contractées par les 11 sociétés écrans. Il s’agissait de disculper l’IOR de toute responsabilité dans la banqueroute. Les liquidateurs et les autorités


bancaires italiennes avaient du mal à gober la chose, et le Vatican sembla faire un aveu en acceptant de régler une partie des dettes, minime. Plus troublant, les enquêteurs ne tardèrent pas à se rendre compte que Calvi avait versé une somme de 100 millions $ Us à Gelli et à un de ses bras droits, Umberto Ortolani. Ces fonds avaient été blanchis part le banco Ambrosiano à travers le réseau complexe des sociétés écrans de Calvi et avaient en partie atterri sur un compte secret contrôlé par Gelli sur l’île antillaise de Saint-Vincent, le tout sans la moindre justification commerciale…on sait que depuis 1975, Calvi versait des fonds à Gelli, à la loge P2 et à la mafia sicilienne, afin d’être protégé contre l’excessive curiosité de la justice italienne. Apparemment, il aurait distribué sous forme de pots-de-vin quelques 10 millions $ Us blanchis par ses soins. Pour la seule année 1981, Calvi avait versé 163 millions à la P2, et estimait que ces gens lui devaient quelque chose, alors qu’eux ne le voyaient plus que comme un personnage encombrant. Calvi quitta l’Italie le 11 juin 1982, muni de son porte-documents, se rendit d’abord en Autriche puis à Londres. 3 jours plus tard, le cours du ba,nco Ambrosiano s’effondra, et à la fin de la semaine, Calvi était mort. Selon une rumeur persistante qui cours dans les couloirs de divers services secrets, Calvi aurait été assassiné pour le contenu de sa serviette ; plusieurs personnes disposant d’une solide connaissance de l’affaire sont persuadées que Calvi est venu à Londres pour faire chanter certains banquiers dans l’espoir de leur soutirer une aide financière capable de remettre sa barque à flot. Il aurait à cet effet emporté avec lui des documents attestant la façon dont ces banquiers (pas forcément britanniques) avaient blanchi des fonds pour Licio Gelli en toute connaissance de cause. Les papiers de Calvi prouvaient semble-t-il qu’une fortune en argent sale gérée par Gelli aurait été lavée dans la capitale anglaise par certains banquiers de la City, avant d’être réinvestie par le même Gelli l’époque, Gelli aidait la junte militaire argentine à acheter des missiles exocet, lesquels devaient être utilisés contre les forces britanniques pendant la guerre des malouines. 

Pakistan : Abedi, fondateur de la BCCI, est le fils d’un riche propriétaire terrien. Pour fonder sa banque, Abedi trouve le soutien du cheikh Zayed Bin Sultan Al-Nahayan (émir d’Abu-Dhabi et président des Emirats arabes unis), plusieurs membres de la famille royale saoudienne, et la Bank of America, dont l’entrée dans le conseil d’administration de la Pakistan United Bank est un coup de maître et une consécration pour Abedi. En 1977, la BCCi dispose de 146 agences réparties dans 32 pays, ses avoirs totalisant 2.2 milliards $ Us, et 45 filiales en Grande-Bretagne. Pour prendre pied en Amérique du Nord, Abedi fait appel à Bert Lance, ami du président Jimmy Carter et ancien directeur du Budget américain tombé en disgrâce. Abedi embauche Lance en tant que conseiller de la BCCI, puis s’arrange pour l’aider à vendre ses parts dans une banque de Georgie, en lui présentant un acheteur et client privilégié de la BCCI, Gaith Pharaon. Gaith Pharaon est un homme d'affaires saoudien dont le père avait été autrefois médecin à la cour de Riyad ; Gaith Pharaon s’était mis en tête de devenir un second Khashoggi et sillonne l’occident en quête de brillantes affaires à conclure. Quelques unes se ses affaires réussissaient effectivement, mais Abedi voyait surtout en Pharaon un homme de paille idéal. Après avoir débarrassé Bert Lance de sa banque, Abedi l’aide à rembourser un emprunt de 3.4 millions $ Us, ce qui lui vaut « l’amitié » de Jimmy Carter. Avec carter, Abedi s’est toujours montré extrêmement généreux, surtout quand il s’agissait de soutenir Global 2000 ; l’association de protection des animaux de Carter, sans oublier le Carter Presidential Center d’Atlanta. Puis Abedi s’installe à Panama, où Noriega devient l’un de ses plus gros clients. Peu après viennent à la BCCI Abou Nidal et le cartel de Medellin. En 1988, Abedi et sa BCCI contrôlent 417 filiales dans 73 pays, et les avoirs de la BCCI s’élèvent officiellement à 20 milliards $ Us. en 1976, la Bank of America possède 30% des actions de la BCCI ; la BCCI tente de racheter la Chelsea National Bank à NY, mais les instances de contrôle interviennent pour l’en empêcher. Londres est alors le principal centre d’activité de la BCCI, qui y a toute sa trésorerie. Au début des années 1980, les finances d’un certain nombre de clients du Golfe de la BCCI sont tellement dans le rouge qu’Abedi détourna des fonds déposés sur d’autres comptes pour les renflouer. C’est de cette manière qu’il cacha les difficultés aux auditeurs de la banque d’Angleterre. En 1985, les autorités bancaire du Luxembourg demandent à la banque d’Angleterre d’assumer la supervision de la BCCI, mais la banque d’Angleterre refuse net ; dans le même temps, des lettres anonymes parviennent à la banque d’Angleterre dénonçant des fraudes massives à la BCCI. Mais la banque d’Angleterre ne fit rien ; par ailleurs, toujours à la même époque, la BCCi affiche de tels pertes dans sa trésorerie qu’Abedi se tourne vers l’Amérique Latine en quête d’argent frais. La BCCi dispose déjà d’une agence en Colombie ; il ajoute 7 filiales (5 pour la seule ville de Medellin) et ses avoirs sur place ne tardent pas à dépasser les 200 millions $ Us ; ses bureaux de Medellin ne cessent d’être submergés d’espèces… L’un des plus gros dépositaires des lieux est Jose Gonzalo Rodriguez Gocha, déjà internationalement célèbre à l’époque pour être un pivot du cartel. Abedi met la pression la plus forte sur les employés de la banque pour qu’ils acceptent toutes sortes de dépôts sans poser de questions sur la provenance des fonds. Ainsi la BCCI de Miami fait d’excellente affaires en accepta t des dépôts d’espèces supérieurs à 10 000 $ Us sans les signaler au fisc, pour le plus grand bonheur des blanchisseurs locaux. Souvent les avions privés de la banque se chargent de convoyer des fonds vers ses filiales à Panama ou les îles Caïmans. De là, ces fonds étaient câblés vers la BCCI Luxembourg, où ils se volatilisaient… Dans d’autres cas, pour contourner la réglementation américaine les dépôts importants étaient déclarés comme ayant été faits aux Bahamas, à une époque où la filiale n’avait pas encore de filiale aux Bahamas…après l’affaire de la Bank of Boston en 1985 qui donne le coup d’envoi d’un resserrement du contrôle des dépôts d’espèces aux Etats-Unis, la BCCI transfert une grande partie de ses activités de blanchiment au Canada, où la banque se développe. Abedi ouvrit également des réseaux importants aux Emirats Arabes Unis et à Hong Kong, alors même que les autres banques internationales craignant l’instabilité politique, mettent la pédale douce sur leurs implantations. Le réseau de la BCCI aux Emirats Arabes Unis fut mis en place pour servir les intérêts des trafiquants d’héroïne du Croissant d’or ; le réseau de Hong Kong répond aux besoins des parrains du triangle d’or. La BCCi est également remarquablement présente au Nigeria alors même qu’à cette époque l’effondrement des cours du pétrole avait plongé l’économie officielle locale dans le marasme. Pour la BCCI, aucun problème, puisque son implantation nigérianes avait essentiellement pour vocation de devenir la grande lessiveuse des fonds générés sur place par le trafic d’héroïne. Abedi développa également ses activités dans les Caraïbes, ouvrant des filiales en Jamaïque (riche en marie-jeanne), à la Barbade, à Curaçao, à Trinidad et Tobago, aux Bahamas, où il fonda également un chapelet de sociétés écrans pour faciliter les mouvements de narcodevises. La BCCi continuait cependant à prendre l’eau, et Abedi détourna 150 millions $ Us d’une caisse de retraite pour colmater les brèches. Les autorités britanniques laissèrent Abedi transférer sa trésorerie vers le sanctuaire d’Abou Dhabi. En 1987, le cabinet d’audit Ernst & Young font part de leur inquiétude à propos d’une « concentration excessive du pouvoir » à la BCCI. Les premières inculpations eurent bientôt lieu aux Etats-Unis, en Floride, avec une condamnation à une amende de 15.3 millions $ Us pour activités de blanchiment. Tout le monde se mit à s’interroger brusquement sur la BCCI, selon le fameux jeu des chaises musicales, sentant approcher la fin de la chansonnette… On découvrit ensuite aux Etats-Unis que la National Bank of Georgia de Bert Lance et l’Independance Bank of Encino en Californie, toutes deux rachetées par Gaith Pharaon, avaient reçu un crédit de 500 millions $ Us de la BCCI d’Abedi. Gaith Pharaon avait engagé sa signature pour garantir le capital des deux banques, Abedi « garantissait » la signature de Gaith Pharaon par se crédit. Abedi s’arrangea ensuite pour que la First American Bankshares rachète la Bank of Georgia, de telle sorte qu’il contrôlait ainsi illégalement 3 banques américaines. Pour donner une notabilité à cette opération frauduleuse et la rendre intouchable, Abedi et les siens placèrent au CA de la First American Bank d’éminents notables américains : Clark Clifford, un des juristes les plus en vue de Washington (vieux commis d’Etat qui avait été conseiller successif de presque tous les présidents des Etats-Unis depuis Truman) fut nommé président du Conseil d’administration ; son associé et protégé Robert Altman (mari de la


« wonder woman » Lynda Carter) fut nommé directeur général. Les « amitiés » haut placées étaient depuis longtemps une spécialité d’Abedi : il fit la conquête de Mugabe et la BCCI fut la première banque étrangère autorisée à s’installer au Zimbabwe en 1980 ; il se lia à des leaders « communistes » chinois et la BCCI reçut l’autorisation d’ouvrir une antenne à Shenzhen, dans la ZES (zone économique spéciale) installée le long de la frontière d’Hong Kong. Quand en 1982 les Emirats Arabes Unis annoncèrent qu’il serait désormais interdit aux banques étrangères d’avoir plus de 8 agences sur leur territoire, Abedi fonda la Bank of Credit & Commerce avec la participation de la famille royale et racheta lui-même les agences excédentaires de la BCCI dans l’Etat des émirs. Pourtant, ça commençait effectivement à sentir le roussi : aux Etats-Unis, le sénateur John Kerry avait fait créer une souscommission sénatoriale pour enquêter sur les rapports de la BCCI avec Noriega depuis 1982 ; de son côté, le procureur du district de NNY Robert Morgenthau s’intéressa aux activités de la BCCI au niveau de la manipulation par celle-ci de la First America. Depuis sa nomination à ce poste par Kennedy, Morgenthau s’était attaqué à la mafia italienne de NY, obtenant l’inculpation de 52 membres des familles Luchese, Bonanno, Gambino et Genovese ; il avait aussi obtenu l’inculpation de l’avocat Roy Cohn, bras droit du sénateur Mc Carthy dans la chasse aux sorcières. Il avait aussi essayé d’empêcher l’accès des banques suisses aux capitaux clandestins américains. Il se lance sur les traces d’Abedi, d’Altman et de Clifford pour suivre à la trace l’argent sale. En mars 1990, les gouverneurs de la banque d’Angleterre furent averti que Abou Nidal disposait de 42 comptes ouverts dans plusieurs agences de la BCCI de la région de Londres. A la fin de l’année 1990, des dossiers saisis chez le bras droit d’Abedi, Swaleh Naqvi (numéro 2 de la BCCI) furent également remis aux gouverneurs de la banque d’Angleterre, qui y découvrirent de multiples détournements de dépôts, des prêts fictifs (l’argent était envoyé à des amis d’Abedi sans qu’il soit jamais question de remboursement…), des mouvements de fonds purement imaginaires vers d’autres banques, permettant d’effacer les traces de toutes sortes d’opérations de blanchiment. Puis en février 1991, les mêmes gouverneurs de la banque d’Angleterre furent avertis que la BCCI avait amassé 600 millions $ Us de dépôts non déclarés. Parallèlement, Morgenthau à NY procède à l’inculpation d’Abedi, de Clifford, d’Altman, de Naqvi, et a cherché à obtenir l’arrestation et l’extradition de Gaith Pharaon, notamment pour lui demander de s’expliquer sur son rôle dans la faillite de la Centrust, société de placement immobilier en Floride : en 1989, ayant compris que la First American ne serait jamais l’instrument adéquat pour blanchir des fonds aux Etats-Unis, Abedi aurait conspiré avec Pharaon pour racheter Centrust ; Pharaon aurait alors acheté secrètement 5% de Centrust pour le compte de la BCCI. Centrust aurait ensuite été utilisée par pharaon et Abedi pour laver des fonds de la BCCI et pour acheminer des donations à caractère politique (essentiellement destinées au financement des campagnes électorales du parti démocrate…), dont une de 50 000 $ Us offerte par Pharaon au Presidential Center de Jimmy Carter. On estime qu’une somme avoisinant les 9.5 milliards $ Us a disparu des caisses de la BCCI, soit 7 fois plus que des caisses de la Banco Ambrosiano, et il apparaît clairement que le seul Abedi ne peut être tenu pour responsable unique d’un tel détournement. La CIA dispose elle aussi d’informations accablantes sur Abedi et la BCCI, qu’elle n’a jamais transmises à la justice américaine. Mais les complicité, du moins par omission, les plus graves viennent de la banque d’Angleterre. Les gouverneurs de la banque d’Angleterre avaient tous les éléments en main pour comprendre que la BCCI manipulait des capitaux liés au terrorisme, au narcotrafic, et à toutes sortes d’autres activités mafieuses, mais elle n’a jamais signalé ces faits. Dans le rapport au parlement anglais de 1992 sur la BCCI appelé « rapport Bingham, un chapitre entier à été censuré ; il était intitulé « Les services de renseignement »…Le rôle des services de renseignement dans l’affaire de la BCCI ne sera pas connu avant 30 ans, avant la déclassification des informations censurées… On sait d’ors et déjà que les agences de renseignement britanniques et américains auront à répondre à de nombreuses questions dans l’affaire de la BCCI. Pourquoi la services de sécurité du Royaume-Uni ont-ils tout fait pour que la banque d’Angleterre repousse de 15 mois la fermeture de la BCCI ? Pourquoi la banque d’Angleterre a-t-elle accepté cette étrange requête ? La réponse tient peut-être aux relations entretenues par la BCCi avec Saddam Hussein. On sait aussi que le Conseil National de la Sécurité américain s’est servi de la BCCI pour blanchir des fonds dans le cadre de l’Irangate ; que la Cia disposait de nombreux comptes à la BCCI, dont une partie servait par exemple à recycler l’argent destiné aux seigneurs de guerre afghans ; on croit aussi savoir que la DIA américaine y maintenait une caisse noire ; il est également notoire que l’un des bras droits d’Abedi aux Etats-Unis était Kamal Adham, ancien chef des services de renseignement saoudiens, et que celui-ci n’hésita pas à négocier le versement d’une amande de 105 millions $ Us pour éviter la prison ; il semblerait par ailleurs que le MI6 anglais se soit servi de la BCCI ; que la BCCI a joué un rôle important dans le transfert de missiles Scud nord-coréens vers la Syrie ; qu »’elle a joué les médiateurs puis apporté des capitaux dans la vente de missiles chinois Silkworm à l’Arabie Saoudite ; qu’elle est intervenue quand les saoudiens ont eu besoin de systèmes de guidage israéliens pour ces mêmes missiles. La BCCI n’est absolument pas un cas isolé. 

Lutte contre blanchiment : sous l’impulsion des Etats-Unis, du Japon, de la Grande-Bretagne et de la France, la plupart des Etats de la planète ont accepté de suivre la mise en place d’un programme de lutte contre le blanchiment. Repérer les titulaires de plusieurs comptes dont les bilans sont incompatibles avec les activités déclarées ; repérer les comptes bénéficiant de dépôts d’un grand nombre de personnes ; repérer les personnes ouvrant un compte à faible taux de rendement avec une grosse somme d’argent ; l’argent liquide reste le premier révélateur, notamment en cas de dépôts importants, ou de dépôts multiples effectués en plusieurs endroits, ou de fortes sommes redistribuées vers d’autres comptes, ou l’accumulation excessive de petites sommes finissant par aboutir à un total considérable. Surveiller les comptes de personnes ayant ouvert des comptes dans plusieurs agences de la même banque ; mais nombre de banques trouvent toutes sortes de biais pour ne pas jouer le jeu, et il n’y a pas de réelle volonté politique.

Surinam et Pays-Bas : ABN AMRO, banque néerlandaise, a découvert une vaste opération de blanchiment ; un cartel du Surinam, dissimulé derrière le paravent d’un commerce d’or et de bijoux, a lavé de cette façon 90 millions de florins (250 millions de FF) par le biais de deux agences de la banque à Rotterdam, entre 1989 et 1993. des poursuites ont été dès lors engagées, mais la banque centrale des Pays-Bas a demandé à l’ABN AMRO d’oublier cette affaire considérée par elle comme étant « sans intérêt »… Une nouvelle législation des années 1990 contraint les banques aux Pays-Bas à signaler tout dépôt d’espèce supérieur à 25 000 florins (soit 70 000 FF environ). Cette loi a eu pour effet la démultiplication des « schtroumpfages », sous la forme de dizaines de milliers de petits dépôts situés juste sous le seuil fatidique, et qui ne sont donc pas signalés. Plus de la moitié des 110 bureaux de change des Pays-Bas sont soupçonnés de blanchir des devises sales. C’est désormais la banque centrale des Pays-Bas qui a été désignée pour superviser ces bureaux de change. Un certain nombre de ces bureaux de change, contrôlés par des sociétés par actions au porteur étrangères (afin que l’ »identité de leur propriétaire de fait reste dans l’ombre) n’ont pas tardé à mettre la clé sous la porte, mais il en reste beaucoup de suspects, sans parler de ceux qui se sont contenté d’effectuer un saut de puce vers la Belgique. Finpol, équivalent néerlandais de Tracfin, a pour objet de rechercher l’argent blanchi, mais ses ressources sont également très limitées. Un ancien ministre de la justice des Pays-Bas estime en 1993 que 10% des florins, soit 43 milliards de FF pourraient être en cause dans des affaires de blanchiment, soit 2 fois plus que ce que rapporte le commerce de fleurs, activité agricole la plus lucrative du pays.


Etats-Unis, Hong Kong : en 1988, la SEC (équivalent américain de la COB) mène une enquête sur un délit d’initié ; Stephen SuiKwan Wang est analyste stagiaire au département des fusions et acquisitions de la banque commerciale de NY Morgan Stanley ; Lee Chwan-Hong, investisseur qui se fait appeler Fred Lee, est président de 2 sociétés écrans enregistrées aux îles vierges britanniques et implantées à Hong Kong. Selon la SEC, Wang aurait fournit à Lee des informations confidentielles pendant 18 à 24 mois, ce qui aurait permis à Lee de prendre position dans 25 sociétés par l’intermédiaire de 30 courtiers. Le tout aurait permis à Lee de réaliser un profit total de 19.4 millions $ Us. la Sec exigea le remboursement de la somme en question, avant de lui infliger une amende additionnelle en vertu de la loi RICO (anti-racket), soit au total une amende de 77.6 millions $ Us. Ayant appris que le fraudeur avait vidé la plupart de ses comptes d’entreprises aux Etats-Unis pour confier son trésor à l’agence de NY de la Standard Chartered Bank, la SEC tenta de geler ses avoirs, mais la SCB avait reçu l’ordre de Lee de transférer ses fonds vers la SCB de Hong Kong ; la Sec s’empressa de réclamer de celle-ci le rapatriement des fonds. Mais la SCB de Hong Kong refusa en vertu de la souveraineté de Hong Kong et des banques qui y sont installées. Cependant un tribunal d’instance trancha en faveur de la SEC, et menaça de faire porter la responsabilité d’un nouveau refus de la SCB de Hong Kong sur sa branche de NY. La SCB de Hong Kong obtempère et renvoie les fonds à NY. Les sociétés écrans de Lee portent alors plainte contre la SCB de Hong Kong pour transfert illégal de fonds. C’est finalement la Haute cour de Hong Kong qui débouta Lee de sa plainte. Le succès de la SEC sur le plan international dans cette affaire n’est pas sans rapport avec la puissance impérialiste que constituent les Etats-Unis, et il est probable que les institutions d’autres Etats n’auraient pas obtenu le même succès.

France : en france, les blanchisseurs semblent éviter de déposer leurs fonds dans des banques françaises et préfèrent placer leur butin à Düsseldorf ou Francfort par exemple. Par contre la France est largement utilisée par les trafiquants après qu’ils ont prélavés leur cash (c'est-à-dire après conversion en $ Us des FF, Livres Sterling, pesetas, euros, lires ou marks). Ayant compris qu’il était risqué de se fier aux banques françaises en france, les trafiquants se tourneraient vers dans banques étrangères en france caractérisées par une réglementation floue (c’est le cas de plusieurs banques d’Europe de l’est et du Moyen-Orient), mais aussi vers les bureaux de changes, largement sous-réglementés en france. Eparpillés aux 4 coins du pays, les bureaux de change offrent un système d’écoulement idéal, et manipuler leurs livres de comptes est un jeu d’enfant pour ceux qui les dirigent ; il est ainsi impossible de savoir si telle somme de 250 000 $ Us a été déposée par une seul personne ou par 250 personnes. C’est pour cette raison que les cartels colombiens ont mis sur pied un réseau mondial de bureaux de change qu’ils contrôlent par centaines. Chacun de ces bureaux de change semble mener des activités parfaitement légales, mais en profondeur ils font partie d’un réseau de blanchiment international bien caché et remarquablement organisé. Il est ainsi facile de déposer à Paris en frappant à la bonne porte 100 000 $ Us en cash et de faire retirer cette même somme à Cali en Colombie moins de 2 heures après le dépôt. Mais cette filière ayant été découverte par Tracfin, les blanchisseurs en france se sont tournés vers une autre filière celle des notaires : des indices de plus en plus nombreux montrent que cette profession est en train de se tailler un chemin dans la jungle du blanchiment, en comblant les vides laissés par les banquiers devenus paraît-il trop circonspects. Dans un bon nombre de cas, ce sont des notaires qui prennent en charge la phase de « placement » du cycle de lavage de l’argent sale. En ce qui concerne le narcotrafic, quand la drogue est vendue en Italie ou en Espagne, l’argent est blanchi en Suisse et recyclé et dépens en france : investissements dans l’immobilier, financement des acquisitions grâce à des prêts octroyés par des banques étrangères et garantis par de l’argent sale. Quand la justice française fait appel à la justice suisse pour obtenir des informations sur tel ou tel acquéreur d’un immeuble à Paris, Nice, Lyon, Marseille, les autorités suisses répliquent immédiatement en demandant la preuve qu’un crime a été commis. Outre les organisations mafieuses colombiennes, la france a affaire de plus en plus aux organisations mafieuses russes, dont l’argent arrive en quantité en France. Il ne vient pas de Russie, mais des organisations mafieuses russes installées à NY. En fait depuis le vote en 1987 d’une loi rendant illégal en france le blanchiment d’argent issu du narcotrafic, la france s’occupe essentiellement paraît-il d’empêcher l’importation et la fabrication de drogue sur son territoire. Steu blague. En 1993, des agents des douanes américaines en france informent leurs homologues français qu’au terme d’une enquête internationale menée depuis Atlanta en Géorgie, appelée « Opération Primero », ils ont identifiés un citoyen colombien résidant en france et soupçonné d’être le principal responsable du cartel de Cali dans l’hexagone. La police française met en place le pendant français de « l’opération Primero », « l’opération Margarita ». Le suspect colombien est suivi jusqu’à Limoges, ville qui ne paraissait pas dans les priorités de la police française, où il passe deux coups de téléphone depuis une cabine publique ; la police française identifie ses interlocuteurs : un téléphone cellulaire mexicain, mais qui avait probablement été volé, et le second adressé à un hôtel de Guadeloupe ; la police exigea de l’hôtel la liste des clients du moment. Dans le même temps, les américains respo,nsables de l’opération « Primero » localisent eux aussi deux appels, l’un vers un village proche de Marseille et l’autre vers le Mexique. Le numéro mexicain est le même que celui localisé par les flics français. Du coup la police française cesse de se concentrer sur la branche « importation » du cartel de Cali et de la branche « blanchiment » de ce même cartel pour se pencher sur la branche « logistique » de ce cartel, c'est-à-dire des agents du cartel qui réceptionnent l’argent. Les agents du cartels de Cali chargés de cette « logistique » achetaient des sociétés paravents à jersey ou Guernesey, s’abritant derrière celles-ci pour acheter de gros navires, lesquels étaient enregistrés à Gibraltar ; puis des équipages étaient recrutés pour envoyer ces bateaux aux Caraïbes, où ils étaient revendus ou utilisés par la branche « importation » du cartel, pour acheminer la cocaïne vers l’Europe. De belles grosses bagnoles étaient achetées pour les trafiquants et des appartements de luxe pour les blanchisseurs. La police française chercha à identifier les appartements possédés par la branche logistique du cartel de Cali en France ; le nombre de policiers et enquêteurs affectés à l’opération Margarita passa de 5 à 120 personnes. Deux suspects finirent par émerger : Gustava Tapies Ospina, filé et photographié à Paris, homme extrêmement haut placé dans la hiérarchie internationale du cartel de Medellin, et qui recevait directement ses ordres de Jorge Luis Ochoa Vasquez, ami d’enfance de Pablo Escobar. Gustava Tapies Ospina parvint à quitter la france et à se réfugier en Colombie avant d’être pris. Et Jaime Zuluaga Botero, alias « Jose », neveu d’Ospina. La police française découvrit que les trafiquants entreposaient leurs drogues dans les endroits les plus improbables, comme dans le minuscule village de la Creuse, Saint-Pardoux-Morterolles, mais la cache fut vidée avant que la moindre saisie ait put avoir lieu. L’enquête était menée conjointement par les Etats-Unis, la france, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. En juin 1994, Botero revient en France après un voyage en Espagne, et est sur le point de repartir en Hollande, à des fins de réapprovisionnement. Une série de descentes de police parfaitement coordonnées au petit matin à Paris, Marseille, Limoges et Montpellier, visant à la fois Botero, ses agents financiers blanchisseurs et ses experts en blanchiment et logistique, aboutissent à la perquisition de 50 bureaux, appartements, véhicules et yachts. 6 heures plus tard, 60 personnes arrêtées, de nombreux documents bancaires saisis, des livres de compte, des voitures, des bateaux, des biens immeubles et 43 kilos de cocaïne. L’un des suspect est français, 20 autres sont colombiens, la plupart en situation parfaitement « régulière » (contrairement aux préjugés qui veulent voir la pègre parmi les sans-papiers, qui n’en sont tout au plus parfois que les esclaves, grâce à l’acharnement avec lequel la france les maintien sans droits…). De leur côté et de manière coordonnée avec la police française, les américains arrêtent 3 agents de change travaillant pour le compte des cartels, alors que les italiens mettent sous les verrous 30 seconds rôles. Les colombiens n’ont pas aimé, car ils n’ont que faire des hommes de main, mais n’apprécient pas qu’on s’en prenne à leur familles…


Luxembourg : le secret bancaire luxembourgeois est absolu et une législation interdit à tout établissement financier de dévoiler la moindre information aux autorités fiscales locales et étrangères. En 1992, les tribunaux luxembourgeois sont placés dans uns situation embarrassante par le développement de lois anti-blanchiment. Quelques 36 millions $ Us appartenant à Heriberto Castro Mesa, narco notoire, avaient été blanchi dans 33 banques du Luxembourg et de 8 autres pays européens ; après que Mesa eut été tué lors d’une fusillade avec la police, les autorités luxembourgeoises arrêtèrent et jugèrent ses deux principaux blanchisseurs, Franklin Jurado Rodriguez et Edgar Garcia Montilla, et ordonnèrent la saisie de leurs avoirs. C’est alors qu’Esperanza, la veuve du trafiquant, et Ampara Londono, sa fille (mariée à Jose Santacruz Londono, membre de haut rang du cartel de Cali) intentent une action en justice pour obtenir la libération des fonds gelés. L’affaire est portée en 1993 devant la cour d’appel, qui décide que l’argent doit être restitué dans la mesure où aucune charge ne pèse contre la mère et la fille, quelque soit la provenance des fonds. Mais cette décision de « justice » provoqua un tollé international, si bien que le Luxembourg dut décider que toute somme confisquée serait désormais consacrée à la lutte contre le narcotrafic et le blanchiment. Il fut également exigé que désormais les établissements financiers de toute nature du Luxembourg se plient aux demandes des instances de contrôle et qu’ils signalent toute opération pouvant s’apparenter à du blanchiment : le résultat immédiat fut un imme,nse cri de détresse à fendre l’âme lancé à l’unisson par tous les banquiers luxembourgeois, considérant que cette loi allait anéantir la position financière du Luxembourg en suppriment le secret bancaire. C’est ainsi que la loi votée fut largement revue à la baisse, laissant aux banques luxembourgeoises l’entière initiative de dénonciation d’opérations de blanchiment et retirant tout pouvoir aux autorités judiciaires luxembourgeoise d’intervenir auprès de ces établissements… Et tout continua dans le meilleur des monde luxembourgeois…

Métiers et secteurs du blanchiment : tous les opérateurs de casinos, courtiers en métaux précieux, antiquaires et brocanteurs professionnels, agents immobiliers des pays européens sont censés avoir des obligations en matière de lutte contre le blanchiment ; mais ils semblent l’ignorer très largement. En france par exemple, nombre de banquiers et de notaires sont habitués à manier de grandes quantités d’espèces, ne serait-ce que parce que nombre de transactions immobilières notamment occasionnent des paiements « sous la table ». Et la majeure partie de ces notaires et banquiers n’ont absolument pas l’intention de changer leurs habitudes. Par ailleurs les versements en liquide procède d’une vieille tradition hexagonale d’évasion fiscale. Part ailleurs, la convention du GAFI prévoit une énorme brèche pour permettre la perpétuation du blanchiment : bizarrement, le devoir d’identification des clients et d’enregistrement des transactions imposé à tous les métiers financiers ne s’applique pas aux avocats d’affaire…

Pays-Bas : la légalisation du cannabis serait à l’origine d’un accroissement d’une traite esclavagiste sexuelle, en l’occurrence une « traite des blanches » de plus en plus violente.


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