Lexique de la nonviolence

Page 1

Lexique de la non-violence Antimilitarisme L'antimilitarisme, dans sa conception et sa perception les plus courantes, ne se situe pas sur le même registre que celui sur lequel s'inscrit la non-violence. Certes, si l'on s'en tient à définir l'antimilitarisme comme l'opposition au militarisme, c'est-à-dire à la domination de l'idéologie et de l'institution militaires sur la société, alors les militants de la non-violence, comme tous les démocrates, ne peuvent que se déclarer résolument antimilitaristes. Mais l'antimilitarisme a généralement une autre signification: il apparaît comme une sorte de racisme à l'encontre de la personne des militaires. Certes, tous les militaires ne sont pas animés par le seul idéal de défendre la liberté contre toute menace totalitaire. il arrive que certains d'entre eux poursuivent des intérêts qui ne sont pas ceux de la nation, voire se fassent complices de ce qu'il est convenu d'appeler des " crimes de guerre ". Mais les accusations qui doivent être portées contre ceux-là ne peuvent pas être étendues à l'ensemble de ceux qui ont partie liée avec l'armée. Le racisme consiste précisément dans cette généralisation abusive. La guerre est toujours meurtrière, et c'est la raison pour laquelle la non-violence refuse de légitimer ses moyens, mais les militaires ne sont pas pour autant des assassins ; la non-violence récuse l'antimilitarisme qui se fonde sur une pareille condamnation. Les militants de la non-violence se refusent à instruire un quelconque procès d'intention à l'encontre de ceux qui estiment nécessaire de préparer la guerre pour avoir la paix. Ils proposent, au contraire, d'établir avec les militaires un dialogue contradictoire portant à la fois sur les dangers d'une course aux armements qui se justifierait par elle-même et pour elle-même et sur les possibilités offertes par les stratégies de défense civile non-violente. Défense civile non-violente Tout système de défense repose sur l'articulation de la menace et de l'emploi des moyens choisis pour faire face aux éventuelles agressions. La menace a pour fonction de dissuader tout agresseur potentiel en le convainquant que les coûts de son agression seraient supérieurs aux profits qu'il pourrait en retirer. Aujourd'hui, la révolution technologique a donné aux armes une telle capacité de destruction que leur emploi détruirait probablement la société même que nous voulons défendre. Certes, l'intention dissuasive des systèmes d'armes conçus par les Etats industriels est plus que jamais affichée. Mais le plus probable, si nous entrions dans une crise internationale où notre société se trouverait directement menacée d'une agression militaire, c'est que nous ne puissions employer pour nous défendre ni les armes nucléaires, ni les armes classiques. La menace d'emploi de ces armes a pour fonction de dissuader le décideur adverse de nous 'agresser; mais, dès lors que celui-ci aurait décidé de contourner nos dissuasions, l'emploi de nos armes ne pourrait plus nous défendre puisqu'il provoquerait notre destruction. Dès lors que nos instruments militaires se trouveraient paralysés par ceux de notre agresseur, c'est la société civile qui serait confrontée directement à l'agression et qui devrait supporter entièrement le choc de l'affrontement. Il importe donc de concevoir, de préparer et d'organiser la défense civile de la société civile par les civils eux-mêmes. Les objectifs les plus probables qu'un adversaire chercherait à atteindre en occupant un territoire seraient : - l'influence idéologique, - la domination politique, - l'exploitation économique. Dès lors, l'invasion et l'occupation d'un territoire ne constituent pas les buts de l'agression ; elles ne sont que des moyens pour établir le contrôle et la domination de la société civile. C'est pourquoi une politique de déstabilisation et de domination vise à obtenir par la conjugaison des moyens de persuasion, de pression, de contrainte et de répression, la collaboration de la population civile adverse. Cette complicité objective est donc l'ultime objectif de l'agression. L'axe central d'une stratégie civile de défense est donc l'organisation du refus généralisé, mais sélectif et parfaitement ciblé, de cette collaboration. On peut alors définir ainsi la défense civile : une politique de défense contre toute tentative de déstabilisation, de contrôle ou d'occupation de notre société, conjuguant


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.