Oas parle

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Source : « OAS parle », collection Archives dirigée par Pierre Nora, Editions Julliard, 1964 « Lettre de Marcel Bouyer à J.-J. Susini, 21 août 1961 » ; le groupe de Madrid dont fait partie Bouyer refuse de se soumettre à l’OAZS d’Alger. Ce groupe madrilène se réfère en effet à une idéologie traditionaliste et corporatiste, contre-révolutionnaire très proche du vichysme et considère comme suspecte « d’opportunisme gauchiste » la neutralité délibérément adoptée par Salan en matière d’option politique métropolitaine…Ces divergences au sein de l’OAS ont de graves répercussions en métropole, où les organisations se réclamant de l’OAS pullulent tout en restant divisées par de solides méfiances réciproques et un manque total de coordination. Bouyer s’oppose à la propagande pro-Salan en métropole, refusant de remplacer le gaullisme, dont il veut sortir, part le salanisme ; il demande aussi à Susini si c’est lui qui a décidé d’envoyer des officiers subalternes dans le sud-ouest pour « coordonner » les activités (allusion à « Baton »), et exprime à mi-mot qu’il ne reconnaît pas ces « délégués salanistes ». Il se dit sérieusement agacé par le refus « de l’OAS d’Alger et de certains officiers supérieurs et supérieurement politisés de Paris et d’Alger » de participer à l’édification d’un « directoire clandestin civilo-militaire d’Algérie, d’Espagne et de métropole ». Il note aussi qu’en ce qui concerne la métropole, ce sont les siens qui ont « intensifié l’action à partir du 21 avril ». Marcel Bouyer : alias Claude Gelée « Baton » est le pseudonyme d’un capitaine parachutiste de l’OAS condamné, qui s’active dans le sud-ouest de la métropole. Il fait partie de la branche de l’OAS opposée à celle de Bouyer, c'est-à-dire la branche « OAS Alger » et Salan. Le 13 août 1961, il fait une lettre de rapport sur la situation ; il dit que la région sud-ouest métropole de l’OAS « couvre les 5° et 4° RM (régions militaires) « sauf les 4 départements du nord de la 4° RM » [c'est-à-dire vraisemblablement les 4 département du Poitou-Charentes]. « dans presque toutes les garnisons, la structuration militaire est entreprise, la liaison avec un responsable assurée, la constitution d’un comité civilomilitaire en cours. Le problème le plus délicat est l’acceptation d’une hiérarchie unique par les différentes fractions » L’OAS est un sigle déjà connu de la population algérienne avant même le putsch d’avril 1961, et dont Lagaillarde revendique la paternité, même si l’OAS avant le putsch et OAS après le putsch sont des organisations nettement distinctes. En effet, avant le putsch, les groupes colonialistes européens en Algérie pullulent, notamment le réseau Résurrection-Patrie. Tous ces groupes colonialistes se groupent finalement sous le sigle OAS à partir de mai 1961.

Bibliographie : « Histoire de l’OAS », Jean-Jacques Susini, Editions Table Ronde


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