Poujadistes centre ouest

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Source : « le mouvement Poujade [1953-1956] », Stanley Hoffmann, cahiers de la fondation nationale de sciences politiques, 1956

Au départ, les communistes soutiennent Poujade : c’est même un conseiller municipal communiste qui prévient Poujade du contrôle du fisc du 22 juillet 1953 ; de même, face au succès poujadiste aux élections à la CCI du Lot en décembre 1953, le président de la chambre dénonce la collusion de Poujade avec les communistes. Le bloc de départ du mouvement Poujade à partir du 22 juillet 1953 à Saint-Céré se situe dans le centre-ouest (Lot, Cantal, Corrèze, Haute-Vienne) ; dès 1954, il se répand dans les départements voisins (Puy De Dôme, Loire, Lozère, Gard, Hérault, Haute-Garonne, Dordogne, Gironde, Charente-Maritime, Vienne, Haute-Loire, Creuse, Bouches-du-Rhône et Var), et élargit encore rapidement son assise en 1955 (Oise, Nord, Isère, Drôme) Partout où le « petit commerce » et l’artisanat ont eu à souffrir de crises économiques localisées, Poujade a eu un succès assuré : c’est le cas avec les difficultés des producteurs de pineau des Charentes, cher à Max Brusset, qui ont aidé l’UDCA de Poujade à s’installer en Charente-Maritime, amené Brusset à défendre la Charente-Maritime avec la même ardeur qu’il avait mise à défendre les producteurs de pineau. C’est de cette manière que Brusset fournit à Poujade, de passage à Royan, un public de « paysan », disons de moyens et gros agriculteurs locaux. Les commerçants et artisans poujadistes ne sont pas, loin s’en faut, tous des « petits » : « gros épiciers » à Limoges, un « gros transporteur » de Saint-Privat, etc. Poujade est soutenu par la fédération départementale des épiciers de la Haute-Vienne, par l’Union des Commerçants et industriels de Dordogne, par le syndicat artisanal de Bergerac, etc. L’organisation du mouvement Poujade est confiée à Mr Condamine (un transporteur) en Corrèze, à un crépin en gros (« qui circule beaucoup) en Creuse. Lors d’une tournée antifiscale, Poujade fait un circuit qui le mène de Limoges à la Bourboule, puis à Ussel, Montmorillon, Royan, Châtellerault, en moins de 48 heures. Dans la Vienne, le mouvement Poujade organise une opération de « ramassage des patentes ». Dans un supplément à « fraternité française » de l’été 1955, l’organe du mouvement, Poujade écrit : « [...] le bastion inexpugnable de l’armée des braves gens en marche, ce sont ces régions du centre où une vieille race, dure comme le roc de ses montagnes, franche comme le vin de ses coteaux, a décidé de montrer à la france que la graine des hommes libres n’était pas perdue : Rouergue, Quercy, Auvergne, Limousin, Saintonge [...] » En mai 1954, le mouvement Poujade s’organise en Corrèze, suite à un contrôle du fisc, et où Poujade participe à l’organisation du mouvement. L’assemblée générale se tient le 5 mai 1954 à Tulle. Puis c’est le tour de la Dordogne, la Haute-Vienne en septembre 1954. dans le même temps, l’organisation progresse également dans le centre-ouest : la Vienne notamment a droit à « tous les soins » de Poujade, assisté ici de M. Nicolas, qu’il rencontre dès le début de 1954. sont également conquises, la Creuse, les Deux-Sèvres, mais surtout peut-être la Charente-Maritime, organisée par une « formidable équipe de jeunes » autour de Mr Bouyer et du syndicat des marchés de Royan. Dès octobre 1954, tout le Centre, la Vienne, les Charentes, les Deux-Sèvres, le Maine-et-Loire, l’Indre-et-Loire sont atteints ; lui échappent encore au sud de la Loire la Vendée, l’Aquitaine, la Gascogne, etc. Courant octobre 1954, une crise éclate au sein de l’UDCA, et une « inquiétude » s’exprime dans la Haute-Vienne, la Vienne, la Corrèze (dont le président Condamine est par ailleurs devenu trésorier du mouvement par Poujade). Poujade décide alors de réorganiser le bureau national de l’UDCA, avec l’aide de M. Béliard, président de l’UDCA de la Vienne et administrateur national. La crise porte sur des questions de trésorerie du mouvement…Le principal antagoniste de Poujade est alors Condamine, gros entrepreneur de travaux publics, propriétaire de ligne d’autobus, fils d’un ancien maire et conseiller d’arrondissement, trésorier de l’UDCA et président de l’UDCA de la Corrèze. La crise se termine à l’avantage de Poujade, alors qu’en Haute-Vienne, certains membres du bureau quittent le mouvement ; dans la Vienne, le président de l’UDCA se retire également, de même que dans la Corrèze. A partir du 17 octobre 1954, Poujade peut relancer son mouvement avec des hommes sûrs à ses côtés, dont M. Grant (Ussel), M. Bouyer (Royan). En 1955, lorsque le président départemental de l’UDCA du Maine-et-Loire est arrêté, M. Nicolas menace un préfet « digne de l’inquisition » de faire descendre 5 départements de l’UDCA sur la ville d’Angers. En mars 1955, une grève des boutiques de l’UDCA est lancée dans tout le Limousin. En 1955, Poujade décrète le boycottage aux élections cantonales de 8 parlementaires, dont M. de Gracia dans les Landes (RPF) et M. Raffarin en Haute-Vienne (agriculteur) Dans son discours de Royan, en août 1955 (cf. « l’Union » [?]), Poujade explique que : « J’ai le parrain de mon fils, qui est à Cognac. Nous nous sommes connus en prison en Espagne. J’ai été élevé chez les curés, lui est un instituteur laïc, libre-penseur, et nous sommes devenus les meilleurs amis du monde… Il nous faut nous faire des concessions et ne plus penser à ces petites histoires ». Meeting de Poujade à Limoge à la fin du mois d’août 1955, puis à Poitiers et Châteauroux. En août-septembre 1955, le « mouvement Poujade » relance ses actions spectaculaires, avec entre autres, l’invasion d’une perception des impôts en Charente-maritime (à Léoville), pour protester contre la décision d’un percepteur « sadique et désaxé ». Au cours des mois, qui suivent, les actions se multiplient et les percepteurs des impôts de Charente-maritime sont particulièrement malmenés. A Niort en Deux-Sèvres le 1° octobre 1955, l’UDCA tient une réunion en même temps que Pierre Mendès-France, envoie une délégation au meeting de se dernier, laquelle délégation revient au meeting poujadiste faire le procès de l’ancien président du conseil. Le mouvement Poujade a développé des « Unions parallèles » (union des agriculteurs, des travailleurs et des professions libérales) ; en août 1955 l’Union parallèle poujadiste de Charente-maritime participe à deux manifestations contre des percepteurs et envoie à l’une d’elle, à Archiac, une motion au ministère de l’agriculture pour signifier qu’aucune cotisation ne serait versée pour la retraite


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