Sources (Lectures Effectuées) Parti Communiste du Pérou, « La ligne militaire » Parti Communiste du Pérou, « Surmonter le détour, en développant la guerre populaire ! », Septembre 1995 Parti Communiste du Pérou, « Construire la conquête du pouvoir au cœur de la guerre populaire », 2° plénum du comité central, février 1991 Vo Nguyen Giap, « Exposé sommaire du déroulement de la guerre de libération nationale » Vo Nguyen Giap, « Guerre du peuple, armée du peuple » Vo Nguyen Giap, « Les facteurs du succès » Vo Nguyen Giap, « Les problèmes fondamentaux de notre guerre de libération » Vo Nguyen Giap, « Les grandes expériences de notre parti dans la direction de la lutte armée et l'édification des forces armées révolutionnaires » Pierre Mulele et Théodore Bengila, « Manifeste pour la révolution populaire », Juin 1963 Pierre Mulele, « La lutte réformiste et la lutte révolutionnaire », 1964 Pierre Mulele, « Les huit commandements de l’armée du peuple » Thomas Mukwidi, « Bilan de trois années de lutte révolutionnaire », 3 octobre 1964 EZLN, « Première déclaration de la forêt Lacandone », Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain, Commandement général de l’EZLN, An 1993, - forêt Lacandone, Chiapas, Mexique, 1° janvier 1994 EZLN, « Deuxième déclaration de la forêt Lacandone » , Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain, Comité clandestin révolutionnaire indigène Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale, Mexique, 10 juin 1994. EZLN, « Troisième déclaration de la forêt Lacandone » , Depuis les montagnes du Sud-est mexicain, Comité clandestin révolutionnaire indigène-Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale, Mexique, janvier 1995. EZLN, « Quatrième déclaration de la forêt Lacandone » , Depuis les montagnes du sud-est mexicain, CCRI-CG de l’EZLN, Mexique, 1er janvier 1996. EZLN, « Cinquième déclaration de la forêt Lacandone » , Depuis les montagnes du sud-est mexicain, Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène- Commandement Général de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale, 19 juillet 1998. EZLN, « Sixième Déclaration de la Foret Lacandone », Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain, Comité clandestin révolutionnaire indigène - Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), Mexique, 7 juillet 2005 Octavio Alberolla, « Luis Andres Edo, la lutte armée contre Franco ; 29 avril 1966, l'enlèvement de Monseigneur Ussia par le groupe du 1er Mai », Le Monde libertaire, juin 1966 Daniel Pinós, « El quico Savate et los Bandoleros, la guérilla urbaine libertaire en Espagne, 1945 – 1963 ; André Breton défend des camarades condamnés à mort par Franco », Le Monde Libertaire, Février 2004 Institut d'Histoire Sociale d'Amsterdam, « José Ester Borras et le Réseau d'évasion Ponzan Vidal, 1913 - 1980 » PC-MLM (Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste, France), « A propos de la capitulation des guérillas dans les néo-colonies » PC-MLM (Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste, France), « A propos d'un document prônant des actions illégales… » www.réveiltunisien.org / L’Indiscret, « Appel au déclenchement d’une guérilla contre la dictature tunisienne », 8 mai 2005, par orar Anonyme, « visez la tête ! » Combattre les dominations endogènes Les guérillas marxistes-léninistes, ainsi que toute la littérature militaire et doctrinale qu’elles ont généré, nous enseignent que parmi les classes exploitées, ou prétendant se mettre à leur service, existent des humains déterminés, non pas à mettre fin à toute domination, mais à en exercer une nouvelle forme à leur tour. Aussi faut-il à tout moment être vigilant à l’égard de ces tendances, qui se traduisent, dès lors qu’elles existent effectivement, par du noyautage, de l’espionnage, une organisation parallèle, et une culture d’oppression qui compromet et vient pourrir la révolution en germe. Les tendances autoritaristes doivent être impitoyablement combattues par les insurgés, et détruites à leur racine même. Les insurgés doivent s’organiser pour remonter à leur source, et abattre la menace, dès lors que la preuve de leur existence a été établie publiquement. L’un des meilleurs moyens de s’assurer que de telles tendances ne puissent s’affirmer est de les combattre en toutes occasions et en tous lieux, dès le départ, par une propagande anti-autoritaire qui assure la population insurgée de la légitimité et même de la nécessité absolue de combattre ces manœuvres. Les questions à se poser sur ce point sont : à quoi reconnaît-on ces tendances autoritaires ? Par quelles mesures les combattre ? Fractions, partis et tendances endogènes et pluralisme du mouvement insurrectionnel La diversité, la pluralité des courants au sein du mouvement insurrectionnel ne doit pas être combattue, au contraire, il est sain que cette pluralité puisse librement s’exprimer. Cette diversité n’interdit absolument pas la coordination de nos forces, bien au contraire. En revanche, ce qui doit être impitoyablement combattu, et surveillé, ce sont les tendances hégémoniques ou autoritaristes de l’un ou l’autre de ces courants. Et sachant que les tenants de telles tendances nous lisent également, il est très probable que les institutions réelles par lesquelles ils comptent instaurer cette hégémonie nous soient rendues invisibles, par exemple sous la forme d’un double clandestin de leur structure ou parti officiel. Plateforme d’Action Insurrectionnelle Confédérale contre Ligne Militaire du Parti Les marxistes-léninistes-maoïstes ont eu pour usage, tout au long du 20° siècle, d’établir une ligne militaire du parti, imposée par un comité central à tous les insurgés. Ce centralisme autoritaire doit à jamais être banni de notre action. Au sein du mouvement insurrectionnel, la diversité doit s’exprimer en toute liberté, sans entraves autoritaires. En revanche, il nous faut également nous coordonner, au-delà de nos différences, pour assurer le succès commun du mouvement libertaire. A cette fin, les insurgés eux-mêmes, et personne en leur nom, peuvent établir une plateforme d’action insurrectionnelle, qui forme un ensemble limité de règles générales que tous s’engagent à respecter, au-delà des particularismes de chaque individus et de chaque groupe. C’est un pacte passé entre toutes les parties engagées dans l’insurrection. Plateforme d’Action Insurrectionnelle Confédérale et Plateforme Sociale Confédérale Chez les marxistes-léninistes-maoïstes, la Ligne Militaire du Parti prime sur une ligne politique générale, et en constitue le « centre ». Nous vomissons de telles pratiques. Il ne peut y avoir, chez les libertaires, de « mobilisation générale » autoritaire, « d’effort de guerre » imposé à qui que ce soit. Les insurgés en armes sont des être humains libres d’eux-mêmes, qui peuvent à tout moment renoncer aux armes et regagner leur foyer. De même, il ne peut y avoir de division autoritaire des tâches, entre tâches militaires et
tâches sociales. L’ensemble de ces tâches doit être assumé collectivement, et à tour de rôle, par tous. Il ne peut y avoir d’un côté des guérilleros, et de l’autre des populations insurgées qui « leur donne les bouchées de pain qu’elles s’enlèvent de la bouche », de même qu’il ne peut y avoir de guérilleros qui versent leur sang pour défendre des localités qui ne participent pas à l’action insurrectionnelle. Enfin, en aucun cas les insurgés en armes ne peuvent s’ériger en représentants de l'ensemble des insurgés, ni prendre un quelconque commandement de l’insurrection. Toutes les décisions doivent être prises par tous les insurgés qu’elles concernent. De ce point de vue, il est certain que les choix militaires concernent l’ensemble de la population insurgée. Et que la praxis insurrectionnelle n’est qu’une expression de la praxis sociale de la population révoltée. Il n’y a pas, comme les veulent par exemple les chefs maoïstes péruviens, « en premier lieu le fait militaire et après le changement politique » : l’action insurrectionnelle n’est qu’un aspect et déjà une expression de l’action sociale libertaire. La population insurgée doit pouvoir réaliser intégralement son autonomie au cours même de l’insurrection. Règles sociales, Plateforme et « vérité universelle » Jamais des libertaires ne proclameront que les règles qu’ils se sont données sont une « vérité universelle » ; ce dogmatisme grossier, qui a produit des doctrines monstrueuses, avait cours sous le marxisme-léninisme-maoïsme, que ses idéologues proclamaient volontiers comme « La Vérité Universelle ». Nous sommes conscients que nos règles sont relatives, intersubjectives, et qu’elle n’ont aucune valeur de nécessité. Parce que nous les avons choisies, elles sont l’expression de notre libre-arbitre, et nous n’avons pas la prétention de croire qu’elles sont parfaites, comme nous ne croyons pas à l’existence d’une société « naturelle » ; mais parce que nous nous les sommes données librement, sans passer par des représentants, ces règles contingentes ne sont pas arbitraires, et c’est là leur grande valeur et notre fierté. Guerre et Insurrection Nous ne croyons pas à l’existence de cette prétendue « guerre populaire » dont nous parlent les marxistes-léninistes-maoïstes ; l’usage des armes, le recours au meurtre ne nous amusent pas le moins du monde. Nous savons la folie et la cruauté qui accompagnent la guerre, et les cicatrices que laissera longtemps parmi nous ce fléau. Que l’on parle de guerre ou d’insurrection, ces maux hanterons les souvenirs de ceux qui auront combattu. Mais la guerre est la violence des dominants et des prétendants à la domination, alors que l’insurrection est la colère d’exploités qui vomissent toute forme de domination, et qui n’ont de cesse de les anéantir. Un insurgé ne se bat pas pour prendre le pouvoir, il se bat pour abolir te concentration du pouvoir, pour le partage de la décision entre tous : c’est là l’opposition fondamentale entre bolcheviques et libertaires, entre guerre et insurrection. Plateforme d’Action Insurrectionnelle Confédérale et Plateforme d’Action Insurrectionnelle Locales Dans l’action insurrectionnelle, il est essentiel que les insurgés prennent des décisions en rapport avec leur contexte local. Aussi, quand des contextes locaux différents exigent selon les lieux des règles différentes, il n’est pas nécessaire de trouver un consensus au niveau confédéral, et de faire le choix que le pacte confédéral n’impose pas de règles universelles sur de telles questions. Les Plateformes d’Action Insurrectionnelle. Les Plateformes d’Action Insurrectionnelle sont les règles spécifiques à l’action insurrectionnelle ; une fois établies, elles doivent être respectées par tous ceux qui auront choisi de s’y associer. S’il existe des groupes d’insurgés auxquels ces plateformes d’action insurrectionnelle locales et confédérale, ne conviennent pas, il leur est possible – ou non – de contracter avec les plateformistes un accord minimal d’action, afin de se coordonner : certains peuvent en effet préférer un autre mode d’organisation (parti, …), les libertaires n’ont pas pour usage d’imposer leur point de vue. En revanche, il est certain que tout mode d’organisation fondé sur une contrainte exercée à l’encontre de ses « partisans » relève pour nous de la pure domination autoritaire, que nous saurons combattre au moment opportun et à la demande de ceux qui la subissent. Milieu Rural et Milieu Urbain Les stratégies d’action insurrectionnelle diffèrent, d’un point de vue local, selon que les insurgés se situent sur un terrain rural ou urbain, et d’un point de vue général, selon que l’insurrection se situent essentiellement sur un terrain rural ou urbain. Quel que soit le cas, il est essentiel que les communications entre ces différents terrains soient assurées, ce qui dépend de plusieurs facteurs, dont le facteur spatial (empêcher l’ennemi d’isoler les deux milieux l’un de l’autre, ou contourner l’obstacle), le facteur temporel (anticiper les communications nécessaires en prenant les décisions suffisamment tôt, éventuellement grouper les communications), le facteur humain (s’organiser pour infiltrer des insurgés ou trouver des soutien dans la population des zones intermédiaires), le facteur technique (disposer simultanément de plusieurs modes de communication). Rapports entre Guérilleros et Populations Neutres. Tout insurgé peut faire le choix de renoncer à l’insurrection et de rejoindre les populations neutres. Des villages entiers peuvent le faire, auquel cas nous leur demandons seulement le temps d’évacuer ceux qui souhaitent poursuivre l’insurrection, puis nous laissons ce village se remettre sous la coupe de l’Etat s’il le souhaite, ou s’installer dans une neutralité autonome s’il le préfère. Il nous est possible de garder des contacts dans ces localités, à toutes fins utiles, si ses habitants le souhaitent. Toute population neutre peut faire appel à nous pour la libérer, nous ferons en fonction de nos possibilités. En aucun cas les populations, insurgées ou neutres, ne peuvent être mobilisées de force, en aucun cas elle ne doivent subir de notre part la moindre violence. Les Adversaires Désarmés Une fois désarmés, les simples soldats de l’armée adverse sont d’abord démobilisés et emmenés dans des localités à l’arrière du front, où le gîte et la nourriture leur seront accordés, à condition qu’ils participent de bon gré aux tâches sociales, au même titre que les nôtres. A cette occasion, ils sont interrogés sur l’armée adverse, sur la situation dans les localités dont ils proviennent, mais en aucun cas sous la contrainte ou la moindre violence. Après quelques semaines ou quelques mois, ils peuvent selon leur volonté, soit rester avec la population insurgée à l’arrière du front (avec son accord), soit participer à la guérilla dans des unités d’action aux missions spécifiques (avec notre accord, prudence…), soit encore rejoindre leur foyer, dès que cela est rendu possible sur les fronts concernés.
Education des Insurgés Les insurgés doivent pouvoir accéder à des connaissances qui leur ont toujours été largement occultées : l’histoire sociale locale et générale, qui montre notamment comment la population a durant de long siècle été considérée comme « indigènes » par de multiples oppresseurs, aussi bien locaux que plus puissants, imposant leur domination et leur hégémonie, l’exploitation et la servitude, quelque soit leur culture ou religion ; et même quelque soit leur classe (nous pensons évidemment ici à l’exemple du bolchevisme). L’histoire sociale permet aussi de comprendre que le nationalisme est une hypocrisie bourgeoise, et surtout peut-être de comprendre les racines historiques de l’oppression que nous subissons ; elle permet enfin de découvrir toutes les luttes menées par la population pour se libérer de ces oppressions. Solidarités avec les Insurgés d’autres Etats Nous ne connaissons pas de frontières. Notre guérilla peut fort bien être transfrontalière, si nous nous en donnons les moyens. Le fait d’être captifs d’Etats différents ne peut en aucun cas fonder une division entre différents groupes d’insurgés au sein de notre guérilla. Nous formons nos groupes selon nos affinités, et non en fonction de frontières arbitraires. Propagande Insurrectionnelle Nous portons à la connaissance de la population les exactions commises par l’armée adverse, une critique de l’Etat et du Capital, de toute forme de domination et d’autoritarisme, le mode d’organisation sociale libertaire, nos réalisations. Justification de l’Insurrection et de la Guérilla Pour qu'il y ait révolution on a aussi besoin de fusils. Par contre, on a pas besoin de doctrines, juste des règles que nous nous serons données, directement et sans passer par des représentants. Jamais les élections ne nous donnerons de révolution. L’histoire témoigne que tous les grands changements sociaux majeurs ont été apportés par de puissants soulèvements sociaux et populaires. Pour nous, la révolution ne consiste pas à prendre le pouvoir, mais à prendre notre autonomie, et la part des ressources qui nous revient par le partage. Par les armes, puisqu’il le faut. On a raison de se révolter ; la liberté est au bout du fusil… L’action insurrectionnelle permet une chose fondamentale pour le progrès de l’émancipation des dominés : elle débusque l’ennemi, le contraint à faire tomber le masque pseudo-démocratique par lequel il hypnotise et réifie les foules. Considérant l’échec présumé de la révolution de 1848, Marx estimait que « dans ces défaites, ce ne fut pas la révolution qui succomba. Ce furent les traditionnels appendices pré-révolutionnaires, résultats des rapports sociaux qui ne s’étaient pas encore aiguisés jusqu’à devenir des contradictions de classes violentes : personnes, illusions, idées, projets [...] c’est seulement en faisant surgir une contre-révolution compacte, puissante, en se créant un adversaire et en le combattant que le parti de la subversion a pu enfin devenir un parti vraiment révolutionnaire » Foyers de Guérilla et Contagions Régionales Lorsqu’un mouvement insurrectionnel ou une guérilla se développent quelque part, ils peuvent selon leur succès influencer le développement de nouveaux foyers de guérilla dans les régions voisines, et désormais, sur l’ensemble de la planète. Ils peuvent en effet déterminer une partie de la population révoltée par la situation qui lui est faite à changer de stratégie. Cet élan ne doit pas être soutenu coûte que coûte, il revient à chacun d’analyser chaque situation et de juger de l’opportunité d’un tel mouvement insurrectionnel ou de guérilla. Quelques soient les choix faits par les exploités voisins, cela n’empêche pas de se soutenir mutuellement. Il nous faut combattre ceux qui veulent établir entre nous, et nos différents choix, un cordon « sanitaire ». L’Armée de Guérilla Une guérilla libertaire s’organise d’une façon qui tranche nettement avec l’organisation d’une armée par un Etat au service des exploiteurs. La Construction de l’Armée de Guérilla C’est la population insurgée qui construit et institue directement l’Armée de Guérilla ; elle peut recourir aux conseil d’insurgés ayant quelques connaissance en matière d’action insurrectionnelle, mais elle reste décisionnaire. Le recrutement se fait sur la base du volontariat. Il n’est pas question, comme chez les marxistes-léninistes, de considérer ceux qui refusent de prendre les armes comme des « ennemis de classes » trahissant « leur devoir révolutionnaire ». La population des différentes localités est armée par notre guérilla, proportionnellement à sa participation à l’action insurrectionnelle générale. Dans les localités insurgées, hommes et femmes souhaitant prendre part à la guérilla reçoivent une affectation et une formation. En terrain ennemi, en ville ou à la campagne, l’Armée de Guérilla peut approcher des groupes amis qui souhaitent la rejoindre, et leur prodigue tous les conseils indispensable à leur sécurité, afin qu’ils ne commettent pas d’actions imprudentes, dès lors qu’ils souhaitent rejoindre l’Armée de Guérilla : mais ces groupes peuvent aussi bien rejoindre l’insurrection en y participant à leur façon. Il peut être utile de chercher parmi les soldats de l’armée d’occupation des insurgés potentiels, ou de s’y infiltrer, afin de miner les forces réactionnaires. Au lancement de l’action insurrectionnelle, de nombreux groupes d’insurgés peuvent se trouver isolés les uns des autres et de l’armée de guérilla ; dans ce cas, ils doivent déterminer par eux-mêmes quelle est la forme d’organisation la plus appropriée pour leur groupe, et savoir faire évoluer cette forme en fonction de l’évolution de leur situation. Formation des Guérilleros Il est essentiel que l’ensemble des guérilleros développent leurs connaissances ; parmi les connaissances qui leur seront utiles pour prendre ensemble les décisions qui leur reviennent : les différentes sciences militaires, en particuliers l’histoire militaire et sociale des terrains et régions de l’action insurrectionnelle ; géopolitique et situation de l’adversaire (l’Etat Occupant et son Armée) sur le plan international et géostratégique ; des exercices pratiques doivent permettre de préparer les guérilleros pour l’action. Cette formation ne doit pas comporter de dimension doctrinaire, ni fourmiller de phrase creuse, de jargon militant bidon, comme chez les bolcheviques. Les guérilleros ne sont pas là pour être endoctrinés mais pour apprendre à penser par eux-mêmes, et pour recevoir des connaissances utiles à l’action, pas pour apprendre à obéir à un instructeur…
Documents, guides pratiques et ouvrages théoriques, brochures, doivent être largement diffusés parmi les guérilleros. Le mieux est que les documents de formation soient recopier à la main par chacun, l’écriture permettant une meilleur mémorisation. Écoles de formation des guérilleros Historicité des Terrains de l’Action Insurrectionnelle. Il est très important de tenir compte et de maîtriser l’histoire des différentes régions sur lesquelles s’étend l’action insurrectionnelle, notamment leur histoire militaire. Opportunité de l’Insurrection et de la Guérilla Il est dangereux, voire purement suicidaire, de se lancer dans une lutte armée sans qu’un minimum de conditions soient remplies : LESQUELS ? disposer des moyens et de l’organisation suffisants pour ne pas connaître un écrasement immédiat (pour ce qui est du nombre, il importe peu, seul rentre finalement en ligne de compte le degré de la volonté d’autodétermination des insurgés) ; ce pose également la question du pour quoi ? Il n’est pas forcément nécessaire de prendre les armes pour s’émanciper de la société capitaliste et commencer à bâtir une existence autonome, si ce n’est peut-être pour exproprier l’Etat ou quelque grand capitaliste d’une partie des ressources qu’ils accaparent. Préparation Humaine de l’Action Insurrectionnelle De nombreux insurgés commencent à se former et à acquérir les connaissances nécessaires, à les faire circuler, à développer des contacts dans les différentes villes et campagnes, chacun s’efforçant localement de développer les connaissances et les relations nécessaires pour le lancement de l’action insurrectionnelle, établi un plan stratégique régional. Des estimations sont faites sur les potentialités de chaque localité. Propagande par le Fait Insurrectionnel Des actions insurrectionnelles réussies et comportant une puissante charge symbolique peuvent populariser l’insurrection et déterminer de nombreux dominés à la rejoindre. Des incendies ou des destructions d’institutions honnies (banques, bureaux de la direction d’entreprises multinationales, agences immobilières, bureau de placement des chômeurs, sites ou biens réservés aux classes dominantes, statues plaques de rue à la gloire de bourreaux du peuple, tribunaux théâtres de procès iniques, écoles de commerce, gendarmeries, commissariat connus pour la violence de leurs flics ou pour des bavures, cultures d’un latifundiaire, bureau d’organisations patronales, logements de fonction de préfets et de « responsables politiques » particulièrement véreux, prisons, etc.) semer partout un vent subversif. Le boycott des élections suivis de manifestations sauvages en cas d’abstention massive aboutissant malgré tout à la nomination de « représentants du peuple » peuvent éveiller les esprits. Lancement de l’Action Insurrectionnelle Les débuts peuvent être modestes et se faire presque sans armes modernes, mais doivent permettre de semer le vent insurrectionnel. Cette première phase peut durer un certain temps, au cours duquel il est utile de savoir saisir – prudemment – les opportunités permettant de lier l’action insurrectionnelle avec des révoltes ou des luttes locales par exemple. Dans cette phase, il est important de diffuser, parmi les populations dominées, chez les anarchistes, les libertaires et les autres anticapitalistes, les connaissances de base sur la lutte insurrectionnelle, ce afin que d’autres groupes autonomes mais avertis puissent se préparer à l’action, sans se faire brûler inutilement…Des actions violentes au cours des luttes sociales peuvent créer le déclic chez de nombreux exploités. Les injustices qui parsèment l’actualité sont autant d’occasion de sortir nombre de dominés de leur torpeur. Des zones de guérillas doivent être développées en fonction de l’appui que l’on peut escompter dans telle région ou telle localité. Analyse de la Contre-Offensive et de la Propagande Réactionnaire Il est utile de suivre de prêt la façon dont le régime et ses sbires réagissent à l’action insurrectionnelle ; ainsi, la propagande réactionnaire peut insister sur certaines formes d’action des insurgés et en passer d’autres sous silence, ce qui peut nous donner des indices sur les actions qui dérangent le plus le Pouvoir. Par exemple au Pérou, la propagande réactionnaire insistait sur les sabotages dans les villes et passait largement sous silence le soulèvement des campagnes. Il est également possible de pousser cette propagande institutionnelle à la faute, en mettant en place des actions qu’elle interprètera médiatiquement selon les préjugés habituellement diffusés, et de faire suivre cette action par une nouvelle action du même type apportant un démenti cinglant à cette propagande. Développement de l’Action Insurrectionnelle Après le lancement de l’action insurrectionnelle, qui se traduit d’abord par des actions sporadiques et relativement isolées, il s’agit de s’efforcer d’étendre les foyers de guérilla, de les joindre, faire émerger des localités insurgées, les protéger et les élargir à leur tour. Quelque soit la modestie des forces de la guérilla dans sa phase de lancement, la réalisation d’opérations d’une relative envergure et couronnées de succès peut être déterminante pour la suite : ainsi selon Mao Tse-tung, « la concentration des forces est [...] indispensable pour anéantir des unités ennemies d’une certaine importance et pour prendre de petites villes. Or, c’est seulement après avoir détruit des forces ennemies d’une certaine importance et s’être emparé de petites villes que l’on peut soulever les populations sur une grande échelle [...] C’est seulement de cette manière qu’on peut agir sur les pensées et les sentiments des larges masses [...] et contribuer efficacement à hâter l’essor révolutionnaire ». Il s’agit de conquérir des armes et des moyens, et de mener des actions armées dans les villes ou les campagnes de manière à sonner les dominants qui y résident et les mettre en fuite, pour former des localités insurgées qui seront autant de point d’appui de la guérilla. Dans les campagnes, il s’agit d’exproprier les grands propriétaires terriens et de les prendre en otages ; également d’organiser la socialisation rapide et effective des outils et moyens de production expropriés. De combattre les opérations policières et militaires de répression, notamment en donnant l’assaut aux postes de police et de gendarmerie, afin d’éradiquer localement les instruments de la violence de l’Etat et des classes dominantes. Dès lors que des localités entrent en insurrection, il est urgent de soutenir l’organisation de leur autogestion, et de leur apporter toutes les connaissances nécessaires à leur protection dans cette nouvelle situation qui est la leur. La destruction d’une prison permet de libérer les insurgés qui y sont enfermés et torturés. Des sabotages (ciblés) sur le réseau électrique et les voies de communication peuvent
mettre en déroute ou paralyser l’armée d’occupation et les forces de l’ordre établi, ruiner tel ou tel capitaliste, etc. Encore faut-il veiller de ne pas nuire à la population. Le sabotage des administrations peut également affaiblir l’adversaire. Il s’agit de détruire localement toutes les formes de domination, de pouvoir personnel, de féodalisme. Contre-Propagande Anti-Réactionnaire Cette contre-propagande ne doit pas viser seulement la propagande réactionnaire, mais aussi répondre, de façon mesurée et sans agressivité aux positions tenues par les groupes de l’opposition officielle au régime. La propagande antimilitariste développée au sein de la population peut amener les soldats qui composent l’armée d’occupation à réfléchir sur leur impopularité, et à mettre en cause leur participation à cette abjection. La Réaction des Dominants au lancement de l’Action Insurrectionnelle et la Terreur d’Etat Face à l’action insurrectionnelle, les classes dominantes tombent les masques : c’est alors un déchaînement de persécutions, de perquisitions, de chantages, de tortures, d’emprisonnements, d’assassinats et d’exécutions sommaires, d’opérations conjointes ou séparées des forces de police, de gendarmerie, de la police secrète, des corps spécialisés de l’armée comme les escadrons « antisubversifs » ou « anti-terroristes », et de mercenaires, sans compter l’action « civique » des groupes d’extrême-droite, le soutien de grandes puissances… ; l’Etat d’urgence est proclamé, les régions insurgées sont placées sous contrôle politico-militaire, des décrets et des lois d’exception et de Terreur sont promulgués, violant les droits et libertés les plus fondamentaux, instaurant des tribunaux militaires ; l'état de siège et le couvre-feu sont décrétés dans la capitale et les grandes villes, voire sur l’ensemble du territoire occupé ; assassinat massif des prisonniers de guerre ; cette réaction peut aller jusqu’au coup d’Etat militaire et l’établissement de la loi martiale. L'envoi de troupes impérialistes est une éventualité avec laquelle il faut compter. Théorie et Stratégie de la Guerre Contre-Révolutionnaire Les principes de la guerre contre-révolutionnaire ont été élaborés en se basant sur les expériences de l’impérialisme, principalement celle du Vietnam et de la lutte anti-guérilla en Amérique latine. A cette théorie de la guerre contre-révolutionnaire s’ajoute l'expérience impérialiste française, l’expérience « antiterroriste » d'Israël et celle du fascisme argentin, espagnol, etc. Cette stratégie est composée des éléments suivants : masses contre masses ; génocide et « disparitions » par milliers ; charniers ; disparitions de villages entiers ; terreur blanche dans la campagne à l’encontre de la paysannerie pauvre ou des populations immigrées des bidonvilles et des quartiers pauvres ; Contre-offensive contre la Guerre Contre-Révolutionnaire Il est important de porter des coups aux bases de combat anti-guérillas ; à cet égard, on peut empêcher les regroupements forcés, provoquer des retards dans la mise en place de « micro-régions », c'est-à-dire à la prise de contrôle militaire des régions insurgées, notamment par le recours au sabotage ; tendre des embuscades aux escadrons des forces occupantes ; donner l’assaut aux postes de police et de gendarmerie, aux garnisons militaires ; harceler les forces armées occupantes en toute occasion et ne leur laisser aucun répit ; Les Sabotages Parmi les formes de sabotage on peut citer : la destruction des pylônes de haute tension du réseau électrique ; destruction du réseau routier ; destruction des associations agraires des latifundiaires, expropriation et socialisation des terres, redistribution du bétail ; sabotage d'oléoducs ; destruction de grande entreprise ; destruction partielle ou totale des ambassades des Etats impérialistes soutenant l’Etat Occupant ; destruction des locaux politiques des partis des classes dominantes, de banques et de fabriques ; Délation et Collaboration Pour ruiner la lutte insurrectionnelle, l’Etat occupant aura recours à des indicateurs et encouragera la délation, exposant des milliers de personnes, insurgées ou non, à la torture, à l’assassinat, à la détention arbitraire. Relation de la Guérilla avec les Groupes de l’Opposition à l’Etat Occupant Face à l’action insurrectionnelle, la réaction des différents partis, syndicats, associations, ONG, qu’ils s’affichent réformistes ou révolutionnaires, doit faire l’objet d’une grande attention ; cette réaction peut consister en une condamnation de la répression, mais également de la guérilla elle-même, le lieu commun le plus habituel étant celui de la « condamnation de toute violence d’où qu’elle vienne » ; par principe, nous ne nous opposons pas aux modes d’action choisis par ces différents groupes, dès lors qu’ils luttent sincèrement en faveur des dominés, que leur voie soit celle du réformisme, de la sécession ou de la révolution ; cependant, il nous faut rester vigilant quand à l’attitude qui pourrait être celle de leurs partisans quand nous développons ou entretenons avec eux des relations et des contacts : de tels contacts doivent se faire en songeant à tout instant à la protection des insurgés, car nous ne sommes pas à l’abri des initiatives d’éléments collaborationnistes de ces groupes. Exploitation des Relations Géopolitiques de l’Etat Occupant L'Etat occupant peut avoir des différents frontaliers qui peuvent être utilement attisés si cela s’avère opportun, comme en témoigne l'expérience des guérillas dans les Etats latino-américains ; Stratégie d’Encerclement des Villes par les Campagnes Cette stratégie a été développée par Mao, en tenant compte du fait que dans la situation chinoise d’alors, les puissances impérialistes et leurs alliés réactionnaires chinois étaient retranchés dans les villes principales ; il s’agissait alors pour les maoïstes de transformer les zones rurales insurgées en bases d’appui avancées et en bastions de l’action insurrectionnelle, à partir desquelles lutter contre l’ennemi installé dans les villes et attaquant les campagnes à partir de celles-ci. Une telle stratégie est bien adaptée à une situation
dans laquelle la population insurgée et dominée est essentiellement rurale. Cette stratégie ne semble réalisable qu’avec l’existence dans les campagnes voisines de bases d’appui durables. Action Insurrectionnelle en Terrain Urbain Dans les villes, le mouvement insurrectionnel peut appuyer, sur leur demande, les populations qui souhaitent préparer leur insurrection, et les aider à organiser la résistance. Ces populations déterminent elles-mêmes le degré d’engagement qu’elles souhaitent développer, et nous voyons avec elles quelle aide nous pouvons leur apporter, en fonction de leur demande. Il est important de soutenir, voire de susciter les efforts d’organisation autogestionnaire des dominés dans les villes, dans les quartiers, à l’université ou au travail, que cette organisation se fasse sur une base formelle ou informelle ; de participer à la lutte contre l’enrôlement des dominés dans des organisations mafieuses dominées par la bourgeoisie ; d’encourager les dominés dans leurs aspirations à l’autonomie et à l’émancipation par rapport au capital plutôt qu’aux aspirations matérielles immédiates que suscite la société de consommation. Il peut être opportun, ou non, d’appeler à des grèves armées dans les villes. Action Insurrectionnelle en Terrain Rural Là où les campagnes participent massivement à l’insurrection, c'est-à-dire où de nombreuses localités sont entrées en insurrection, il est possible, d’encercler telle ou telle ville par une action insurrectionnelle paysanne et rurale ; il s’agit dans un premier temps de détruire les moyens militaire de l’adversaire qui s’y trouvent, suite à quoi les guérilleros restent ou se retirent, selon le vœu de la population, consultée en présence d’émissaires de l’adversaire ou de quelconques organisations humanitaires un tant soit peu neutres, notamment internationales. Notre objectif n’est pas la prise du pouvoir, mais l’émancipation de tous. La destruction des grandes propriétés terriennes permet également de saper tout un pan de la bourgeoisie et de ce point de vue affaibli la bourgeoisie jusque dans les villes, dans le même temps qu’il permet aux insurgés de développer l’autonomie de leur condition matérielle. l’attaque des forces occupantes sur le terrain rural doit permettre d’obtenir leur replis dans les chefs-lieux (capitales provinciales). Action Insurrectionnelle et Luttes Sociales en Terrain Ennemi Dans la mesure du possible , la guérilla soutient les luttes sociales qui se déroulent dans les villes et les campagnes maintenues sous le joug de l’ennemi ; à travers les luttes qu’elle soutient, la guérilla exprime ses fondations libertaires, égalitaires, anti-autoritaires. Il peut s’agir de luttes ouvrières, paysannes, étudiantes ou éducatives, sanitaires, antisexistes, etc. Il n’est pas contradictoire de choisir l’insurrection et de soutenir parallèlement d’autres populations exploitées qui choisissent de s’en tenir à une lutte sur le terrain des institutions officielles et étatiques : il revient à chacun de choisir les armes de son choix, cela ne fait pas de nous des adversaires, au contraire, nous ne sommes pas là pour imposer nos choix à autrui ; cela ne nous empêchera pas de nous montrer critique et de combattre les illusions dont les partis, le terrain électoral et le système représentatif - cette parodie de démocratie – sont porteurs. De même que la guérilla peut se révéler être un appui majeur pour les luttes sociales en terrain ennemi, ces mêmes luttes sociales, par leur ampleur, peuvent contribuer à l’affaiblissement de l’ennemi. Cependant, la perspective d’une solidarité entre les deux type de lutte (armée ou non – peuvent dans un premier temps contribuer au renforcement de l’oppression, si c’est la voix que choisi un ennemi pris de panique. Autrement dit, une telle solidarité peut d’abord avoir pour les exploités un coût redoutable. Par ailleurs, il ne faut pas se méprendre sur le sens d’une telle solidarité : nous n’avons que faire des Etat et de leurs prétendues « nations ». Nous voulons seulement nous soutenir mutuellement sur la voie de notre émancipation réciproque. Il peut ainsi s’agir de soutien aux grèves par des actions armées lorsqu’elles subissent la répression patronale ou étatique. Il faut soutenir la population afin que dans la confrontation au pouvoir elle découvre la nécessité de s’aguerrir, et aider la population à ce que ses luttes prennent des formes de lutte plus élevées ; les grèves en sont un exemple. S’il est palpable que la population le souhaite, il faut la soutenir dans son avancée vers la crise révolutionnaire. Action Insurrectionnelle en Terrain Montagneux Les guérillas et maquis trouvent fréquemment refuge dans les montagnes, c’est aussi souvent de là que partent les insurrections, et qu’elles peuvent se construire. Ainsi au Pérou, la guérilla (maoïste…) est « descendue des Andes ». Action Insurrectionnelle Complémentaire en Terrain Rural et Urbain Même quand la guérilla est essentiellement rurale, il est possible de mener des actions armées dans les villes, et cela peut être souhaitable afin de ne pas isoler la guérilla menée en terrain rural du terrain urbain, comme ce fut le cas pour les guérilleros des Philippines. Au Brésil, la guérilla mena des actions armées dans la campagne et dans les villes, sans déterminer un terrain de prédilection. Au Vietnam, d’importantes actions armées furent menées con,jointement en terrain urbain et rural, quoique le terrain rural domine la stratégie insurrectionnelle. En Amérique latine, en Afrique, en Asie, le terrain rural peut paraître être le terrain de prédilection du fait de la sociologie des Etats néo-coloniaux, avec un pourcentage élevé de paysans, mais le développement des bidonvilles, l’exode rural augmente, comme en Amérique latine, le pourcentage de la population dominée présentes en terrain urbain. Dans les régions où cet exode rural est récent, les relations villes-campagnes restent très denses, et la complémentarité de ces terrains primordiale. Le terrain urbain, généralement largement dominé par l’Etat Occupant, est un terrain sur lequel il reste difficile d’établir l’autonomie sociale, à moins d’une insurrection populaire massive, qui peut être préparée, conjointement avec les soutiens ruraux. Les insurgés vivant en milieu urbain peuvent ainsi préparer uns stratégie pour favoriser l’assaut des insurgés vivant dans les campagnes voisines. Si les insurgés ne développent pas d’activité insurrectionnelle dans les villes, l'ennemi s'y retranchera et y répandra ses forces d’oppression, ainsi que ses idées corrompues ; aussi est-il nécessaire d’anticiper ce risque et de ne pas limiter l’action insurrectionnelle au seul terrain rural ; à la ville, les insurgés ont deux objectifs majeurs à remplir : la préparation de l'insurrection et de sa défense dans les villes. Développement de Bases d’Appui dans les Localités Insurgées Il s’agit de développer des bases d’appui, protégées par le développement conjoint de zones de guérilla, d'opération et de point d’action aux alentours, en tenant compte des spécificités du terrain local, et de la tradition de lutte des populations insurgées qui y vivent. Ces bases d’appui constituent l’arrière-garde de l’action insurrectionnelle et constitue à la fois des points de départ, de repli et de ravitaillement de l’action insurrectionnelle. Elle diffère de la stratégie guévariste du foquisme, forme de guérilla nomade et sans base fixe, plus agile mais potentiellement plus vulnérable.
Endurance de l’Action Insurrectionnelle L’action insurrectionnelle qui débouche sur ses objectifs en un laps de temps relativement court est rare ; aussi il est indispensable de savoir l’inscrire dans la durée et d’en économiser les forces. Cette situation est particulièrement vraie face à de puissantes forces occupantes, disposant d’effectifs importants et d’armes modernes. Forces de l’Armée Occupante et Forces de la Guérilla L’armée occupante dispose le plus souvent d’un avantage majeur en terme d’effectifs et d’armement. En revanche, on trouve parmi ses points faibles : le peu de soutien sincère qu’elle peut trouver dans la population, et l’absence de sincérité de ses soldats : les armées d’Etat sont fondamentalement des armées de mercenaires, essentiellement intéressés par le solde lié à leur fonction ; par ailleurs, il existe de fortes contradictions entre les gradés et les simples soldats, notamment si cette armée est ouvertement discréditée dans la population : souvent la base même de cette armée réactionnaire est d’origine ouvrière ou paysanne, et vit indirectement, par le biais de ses relations sociales, les injustices subies par l’ensemble des dominés. L’expérience de l’armée occupante est aussi un facteur qu’il ne faut pas négliger. Elle peut recevoir l’appui de forces armées impérialistes ou internationales. Elle est vulnérable par son caractère hiérarchique et la faible distribution des connaissances, la lourdeur de ses chaînes de commandement. De son côté, l’armée de guérilla est une armée de partisans, déterminés et sincères. Elle peut, à moins de commettre d’irréparables maladresses, trouver un profond soutien parmi la population. Le partage des connaissances stratégiques qui la caractérisent réduisent sa vulnérabilité, chaque guérilleros est absolument polyvalent, un guérilleros assassiné peut rapidement et efficacement être remplacé par un ami. Les décisions, prises en assemblée générale, peuvent cependant lui donner une certaine lourdeur. Destruction de l’Etat Occupant ou Armistice d’Autonomie Nous ne sommes pas des conquérants, notre objectif n’est pas la prise du pouvoir, aussi notre guérilla ne cherche pas nécessairement la destruction intégrale de l’Etat Occupant et de ses forces armées : ce que nous visons, c’est notre émancipation de cet Etat et du capitalisme, la conquête de notre auto-détermination individuelle et collective. Aussi nous mettrons fin à notre guérilla dès lors que nous aurons arraché à l’Etat occupant notre liberté, un espace autonome ainsi que les ressources naturelles proportionnels à notre nombre en corrélation avec la population mondiale, et qui nous reviennent légitimement en partage. Plan Stratégique d’Evacuation En cas de déroute ou de risque de massacre des populations insurgées, il est essentiel d’avoir préparé un plan d’évacuation, qui permettent l’exfiltration hors de l’Etat Occupant, vers d’autres Etats, des insurgés. Ce plan doit comprendre plusieurs scénarios, et permettre une répartition des réfugiés la plus équilibrée possible dans les Etats voisins, afin de ne pas susciter de collaboration excessive entre l’Etat Occupant et les Etats voisins, ni d’action militaire des Etats voisins contre les réfugiés. Depuis ces premières bases, un plan préparant une diaspora internationale doit être prévu, mettant le maximum des Etats de la planète devant leur responsabilité d’accueillir ensemble les réfugiés fuyant l’Etat Occupant. S’il existe une alliance et une forte collaboration entre l’Etat Occupant et ses voisins, l’existence de mouvements insurrectionnels ou de guérillas dans les Etats voisins est un atout majeur pour protéger les insurgés exilés. Stratégie et Tactique de l’Action Insurrectionnelle La stratégie, comme science, étudie les déterminants qui influencent la situation de la guerre dans son ensemble ; la science des campagnes et de la tactique étudie les déterminants qui influencent la situation des opérations militaires partielles. La stratégie et la tactique étudient en détail les déterminants qui nous permettent de garder l'orientation stratégique de la guerre en toutes circonstances et d'affronter toute espèce d'opérations politiques et militaires que monte la contre-révolution. Tout plan stratégique, tactique ou opérationnel doit se baser sur une reconnaissance indispensable et une étude poussée de la situation de l'ennemi, de sa propre situation et des relations entre les deux. Parmi les éléments que ces plans peuvent prendre en compte : situation de la lutte de classes internationale, entre révolution et réaction ; situation des différents groupes et factions en présence ; situation des différents groupes de l’opposition ; situation de la lutte de classes dans l’Etat occupant ; conjoncture politique ; conjoncture économique ; conjoncture sociale ; situation de la guerre « anti-subversive » dans l’Etat occupant ; situation des insurgés ; situation du renseignement et de l’investigation ; relations entre les insurgés et l’ensemble de la population ; tendances réformistes ou révolutionnaire de la population ; objectifs finaux (stratégique) et immédiats (tactiques) de l’Action Insurrectionnelle ; orientations et directives données par les insurgés à l’Action Insurrectionnelle ; plan de lancement de l’Action Insurrectionnelle (boycott des élections et des institutions, planification de l’action insurrectionnelle pour l’expropriation des latifundiaires, etc.) ; formes de lutte (guérilla, sabotage, propagande et agitation armées, élimination ciblée) ; organisation formelle (formation de détachements armés, avec ou sans armes modernes, etc.) ; calendrier (déroulement de l’action insurrectionnelle depuis le lancement à son aboutissement en passant par toutes les étapes intermédiaires, actions simultanées à des dates spécifiques, durée estimée, etc.) ; plan de propagande (supports ; thèmes : contre l’Etat, le gouvernement, les institutions, pour l’autogestion et l’autodétermination de tous et de chacun, etc.) ; plans de réalisation de chaque objectif partiel (tactique) ; Les Plans Tactiques ou Stratégiques Partiels Tout plan opérationnel ou tactique spécifique se fonde en principe sur la stratégie générale. Pour chaque plan tactique, il s’agit d’établir la façon dont celui-ci sera relié à la stratégie globale. Plans Stratégiques et Tactiques Régionaux Chaque région insurgée doit établir, en relation avec un plan stratégique global, un plan stratégique insurrectionnel local ou régional, et les plans tactiques et opérationnels que celui-ci implique. Ces plans préparent des campagnes d’action insurrectionnelle. Une tactique consiste par exemple à contourner l'ennemi et à le frapper en ses points les plus faibles.
Principes Fondamentaux de l’Action insurrectionnelle Le plus important des principes qui guident l’action des insurgés et l’établissement des plans stratégiques, tactiques et opérationnels, est peut-être celui-ci : mettre tout en œuvre pour conserver ses propres forces et paralyser ou défaire celles de l'ennemi. L’attitude générale à l’égard de l’ennemi doit être guidée par le degré de son propre acharnement à détruire l’insurrection, ou à sa capacité à lui accorder les concessions demandée ; s’il apparaît que la négociation reste possible, alors il est inutile que les insurgés risquent leurs vie dans une entreprise d’anéantissement de l’armée occupante ; cet anéantissement est en revanche requis dès lors que le Pouvoir engage une lutte sans merci contre les insurgés et ferme la voie à toute négociation, car alors, c’est l’existence de l’ensemble des insurgés qui est en cause. Stratégie et Tactique de la Guérilla Mao, théoricien de la guerre, a élevé la guerre de guérillas au niveau de stratégie car, avant lui, on ne la considérait que comme un aspect tactique qui ne pouvait pas décider du dénouement de la guerre. Mais, s'il est vrai que la guérilla ne décide pas d’une guerre, elle réalise une série de tâches stratégiques qui conduisent au dénouement favorable de la guerre ; or si l’objectif n’est pas la guerre d’anéantissement et la prise du pouvoir, mais l’autonomie des insurgés, la guérilla peut parfaitement mener à l’objectif final. Pour la tactique : « Quand l'ennemi avance, nous reculons ; quand l'ennemi s'arrête, nous le harcelons ; quand il se fatigue, nous l'attaquons ; quand il se retire, nous le poursuivons ». Cette tactique peut par exemple se matérialiser par le fait de tourner autour de l'ennemi en cherchant ses points faibles pour lui porter des coups. On peut définir 6 problèmes stratégiques de la guérilla : 1) la conservation de l’initiative, la flexibilité, et la planification pour réaliser des opérations offensives dans la guerre défensive, batailles aux décisions rapides à l'intérieur d’une guerre qui peut être longue, et opérations sur les lignes extérieures à l'intérieur de la guerre sur les lignes intérieures ; 2) la coordination des foyers de guérilla avec une armée de guérilla plus proche de la guerre régulière ; 3) le développement de bases d'appui ; 4) la défense stratégique et les attaques stratégiques ; 5) la transformation de la guérilla en guerre de mouvement ; 6) la coordination entre prise de décision et exécution des décisions. Par ailleurs, on peut utilement s’inspirer des dix principes militaires édictés par Mao, principes établis suite à vingt années de guerre. Mao résume ainsi la stratégie de la guerre de guérillas (autoritaire) qu’il a menée : « Nous combattons quand nous pouvons vaincre et nous nous en allons quand nous ne le pouvons pas [...] Quand vous voulez nous attaquer, nous ne vous le permettons pas et vous ne pouvez même pas nous trouver. Mais quand nous vous attaquons, nous mettons dans le mille, nous vous assenons des coups qui portent et nous vous anéantissons. Quand nous pouvons vous anéantir, nous le faisons, pleinement décidés ; quand nous ne le pouvons pas, nous ne nous laissons pas non plus anéantir par vous. Ne pas combattre quand il y a des possibilités de vaincre, c'est de l'opportunisme [phraséologie maoïste…]. S'obstiner à combattre quand il n'y a pas de possibilité de vaincre c'est le propre des aventuriers. [...] Notre reconnaissance de la nécessité de nous en aller se base, avant tout, sur notre reconnaissance de la nécessité de combattre. Quand nous nous en allons, nous le faisons toujours, dans le but de combatte et d'anéantir l'ennemi complètement et définitivement. Ce n'est qu'en nous appuyant sur les larges masses populaires, que nous pouvons réaliser cette stratégie et cette tactique, et c'est en les appliquant que nous pouvons mettre pleinement en évidence la supériorité de la guerre populaire et acculer l'ennemi à la position passive de devoir supporter nos coups même s'il possède un équipement supérieur et quel que soient les moyens qu'il emploie ; nous conservons toujours l'initiative ». Campagnes et Contre-Campagnes d'Encerclement et d'Extermination. Les menaces d’encerclement, qui se traduiraient par de lourdes défaites et des exterminations massives dans les rangs des insurgés, doivent être anticipée et planifiées : il nous faut à tout moment nous mettre à la place de l’adversaire et envisager toutes ses possibilités de manœuvre. Or c’est un fait établi que la contre-révolution opère fréquemment en déchaînant des campagnes d'encerclement et d'anéantissement contre chaque unité de guérilleros, ou contre les bases d'appui et les localités insurgées. Il nous faut aussi préparer nos propres campagnes d’encerclement, y compris offensives, dès lors que l’adversaire a débuté des manœuvres en notre direction (ce qui suppose la surveillance permanente de l’ensemble de ses positions). En revanche, nous ne procédons pas à des exterminations massives : dans les armées bourgeoises, les gradés sont nos ennemis, pas les simples soldats. Les gradés de l’armée adverse seront dispersés et mis directement au service des insurgés ayant eu à souffrir l’extermination d’un ou de plusieurs de leur proches par l’armée adverse. En dehors de cette servitude spécifique, qui sera exercée sous surveillance mais sans violence, ils auront les mêmes droits que nous autres, y compris de participer à la vie sociale et politique de leur lieu de résidence. Cette servitude cessera au plus tard au bout de 2 ans, ou plus tôt dès lors que les insurgés qu’ils servent le décident. En revanche, toute activité militaire leur sera absolument interdite. Leurs connaissances seront mises à contribution pour instruire la population insurgée. Pour écraser une compagne d'encerclement et d'anéantissement, Mao définissait 9 mesures : 1) La défense active ; 2) la préparation d'une contre-campagne ; 3) la retraite stratégique ; 4) la contre-offensive stratégique ; 5) le début de la contre-offensive ; 6) la concentration des forces ; 7) la guerre de mouvement ; 8) la guerre de décision rapide ; 9) la guerre d'anéantissement. Selon Mao Tse-tung, « la victoire, c’est essentiellement la victoire dans chaque contre-campagne, c’est-à-dire une victoire sur le plan stratégique et opérationnel. [...] les opérations menées contre chacune des campagnes d’encerclement et d’anéantissement de l’adversaire constituent une campagne, qui se traduit le plus souvent par toute une série - parfois jusqu’à plusieurs dizaines - de grands et de petits engagements. Aussi longtemps qu’une campagne d’encerclement et d’anéantissement n’était pas brisée en pratique, les victoires remportées dans nos différents engagements ne pouvaient être considérées comme une victoire stratégique ou une victoire portant sur l’ensemble de la campagne ». Campagnes de guérilla Chaque campagne a un objectif politique et un objectif militaire spécifiques ; ils se réalisent par surprise : les guérilleros frappent ainsi quand ils veulent, où ils veulent et comme ils veulent. Pour le bon déroulement d’une campagne il est important de différencier la réalité de l'apparence des mouvements de l'ennemi. Il existe différents types de campagne de guérilla : l'assaut, l'embuscade, le sabotage, l'élimination sélective, l’enlèvement, la propagande et l’agitation armées, les attentats (voitures piégées, attaques d’hôtels de touristes, etc.). Les embuscades permettent la confiscation de l’armement de l’ennemi, par exemple lors d’embuscade au Pérou contre des commandos des forces spéciales (plus de 50 hommes) dans le Comité Régional du Huallaga : une mitrailleuse MAG, un lancefusées RPG et plus de 30 fusils FAL, M-16 AKM et une radio de transmission… Objectif de la Stratégie Politique Obtenir notre Autonomie Individuelle et Collective, un Espace et des Ressources pour les développer. Si cela s’avère nécessaire pour y parvenir, non pas conquérir le pouvoir, mais abolir toute concentration du pouvoir et toute forme étatique.
Stratégie Insurrectionnelle Développer une lutte de guérilla, trouver l’opportunité de la transformer en guerre de mouvement s’il s’avère nécessaire d’anéantir l’armée d’occupation. Préparer l’insurrection dans les villes. Armement de la Guérilla Par le vol de boîtes de dynamite, de radio de transmission, les embuscades… La Défense Tactique Plus la situation est mauvaise, plus il est nécessaire que les brigades soient concentrées et chaque guérillero fermement attaché à son poste de combat : c’est le seul moyen d’obtenir la cohésion interne indispensable face à l’ennemi. La dispersion des troupes pour des actions de partisans n’est possible que dans une situation favorable. Dans une situation favorable en effet, les mandataires désignés par les guérilleros pour coordonner les mouvements n’ont pas besoin de veiller constamment sur chacun comme c’est le cas dans une situation défavorable. Dans le cas ou l’on est talonné par un ennemi puissant, Mao préconise d’adopter la tactique qui consiste à tourner en rond. Au Pérou, en cas de revers, il est arrivé au sentier lumineux (maoïstes ultra-dogmatiques) de contourner l’ennemi en opérant des prises de voitures sur les autoroutes. Les Brigades de Guérilleros Nous proposons ici un mode possible parmi d’autre d’organisation des brigades de guérilleros : les brigades dont l’unité de base de la guérilla, comme l’est le syndicat dans la confédération et comme l'est le groupe affinitaire dans une société libertaire. Elles ont un fonctionnement autogéré, c'est-à-dire qu’elles fonctionnent sans direction, avec une rotation des tâches, des prises de décision en assemblée générale, sauf pour les décisions opérationnelles, qui sont confiées à un mandataire désigné par les guérilleros, révocable à tout moment par eux. Avant une campagne, un plan de campagne est élaboré en assemblée générale ; ce plan prévoit les différentes tâches opérationnelles, et pour chacune de ces tâches, un mandataire est désigné, notamment un coordinateur, qui joue, le temps d’une opération, et après avoir été choisi par l’ensemble de ses compagnons, le rôle que jouent les officiers des armées autoritaires sur le théâtre des opérations ; d’une campagne à l’autre, une rotation des tâches est organisée, afin de démultiplier l’autonomie et la polyvalence de chaque guérillero. Si un guérillero ne s’accorde plus avec ses compagnons de brigade, il peut demander à être accueilli dans une autre brigade, avec laquelle il se sent plus en affinité. La Guerre de basse intensité Il s’agit d’une forme de la guerre contre-révolutionnaire, composée de campagnes militaires accompagnées de contrôle de la population, contrôle civil notamment par une militarisation corporative des populations qui vise a attacher les masses paysannes au régime, et travail d’espionnage, qui inclut les opérations psychologiques Phase d’Equilibre Stratégique Mao définit cette phase comme une étape au cours de laquelle l'ennemi aussi bien que les forces révolutionnaires prennent position et se préparent à affronter les batailles décisives qui se déroulent lors de l'offensive stratégique. Au cours de cette phase, l’Etat occupant s'efforce de consolider son pouvoir dans les territoires occupés, ce à quoi s’oppose la guerre de partisans menées par les guérilleros. La durée de cette étape dépend de l'importance des changements qui surviennent dans le rapport de forces entre l'Etat occupant et les guérilleros, ainsi que des changements dans la situation internationale. L'équilibre stratégique est la préparation de la contreoffensive : pour l'ennemi, récupérer des positions afin de maintenir son système ; pour les guérilleros, préparer l'offensive stratégique. Symptômes d’un Scénario Favorable Le peuple sent chaque jour davantage que l’État occupant ne satisfait pas ses besoins fondamentaux d'alimentation, de santé, d'éducation ; miné à sa base, il n'accomplit pas les fonctions qu’il s’est arrogées et se discrédite aux yeux de la population. Au sein des fractions et des groupes de la grande bourgeoisie, les contradictions s'accentuent dans un climat d'unions et de conflits; ils ne parviennent pas à résoudre la crise économique, qui au contraire s'aggrave. La guerre antisubversive, dans le cadre de lois d’une guerre sans prisonniers, organise l’assassinat et l'acharnement contre la population, les Forces Armées ne respectent pas le plus élémentaire des droits de l'homme. Les 2/3 ou la totalité du territoire occupé sont sous état d'urgence. A cela s’ajoute le retentissement international de la guérilla et des exactions commises par l’Etat occupant contre la population. Les « phases défensives » Quand il s'agit de guerre anti-impérialiste, la phase défensive est brève ; il n'en est pas de même pour la guerre civile, où la phase défensive dure plus longtemps. Dans la guerre civile la défensive ne se présente pas de la même manière que dans la guerre antiimpérialiste ; dans la guerre anti-impérialiste, l'offensive de l'impérialisme est destructrice, violente, meurtrière et engendre une défensive stratégique dans le cadre de l'équilibre stratégique ou de l'offensive stratégique ; chacune a ses caractéristiques propres mais la défensive stratégique est plus courte dans la guerre anti-impérialiste parce que , quand la contradiction principale et le caractère de la guerre changent, on rassemble la majorité du peuple de façon plus large et plus profonde tandis que s'accroît et se renforce l'appui international. Intervention Extérieure en soutien à l’Etat Occupant Il n’est pas nécessairement de l’intérêt de l’occupant de faire intervenir un Etat impérialiste dans le conflit qui l’oppose à la guérilla ; en effet, une telle intervention peut lui faire perdre les derniers soutiens qu’il peut trouver dans la population, et même une partie des classes dominantes : car alors, la situation de guerre civile à de fortes chances de se transformer en situation de guerre antiimpérialiste : la population peut alors se décider à rejoindre davantage l’insurrection ; après avoir contraint par cette invasion la guérilla
à reculer, l’Etat occupant et son allié permettent éventuellement à celle-ci, après un cours reflux, de mener une importante contreoffensive. Contexte international Il faut être attentif à la conjoncture militaire internationale, à la façon dont les grandes puissances investissent le terrain international ou non à telle ou telle période, et quelles alliances ils développent dans ce cadre. Il est utile à cet égard d’appuyer les luttes des peuples du monde entier contre l’impérialisme. Contre la Police et les Forces Contre-Révolutionnaires Nous devons toucher leur conscience en leur montrant qu'ils touchent des salaires de misère, qu'on les utilise comme des chiens féroces, qu'ont les fait marcher à coups de pied et qu'ont les écrase. La Question des décisions secrètes La caractère autogestionnaire de l’insurrection s’oppose à toute pratique de rétention de l’information, de concentration du pouvoir de décision. Cependant, un certain nombre de décisions doivent être prises dans le plus grand secret, et ne pas être divulguées largement. Pour résoudre cette contradiction, il nous semble qu’il est souhaitable que l’ensemble des insurgés donne sur ces question la direction, l’orientation souhaitée, et qu’ils désignent ensuite des mandataires chargés d’élaborer des décisions conformes avec ces consignes et orientations données par l’ensemble des insurgés. Les bombardements Pour se protéger des bombardement, il est nécessaire de creuser des tunnels, technique appliquée avec succès en Chine et au Vietnam contre les bombardement, l'agent orange ou napalm. Mais il faut savoir que désormais existent des bombes capables d’atteindre des cibles dans le sous-sol. Plans stratégiques, tactiques et opérationnels régionaux et locaux Dans chaque région, en fonction des conditions spécifiques, on doit planifier des offensives : contre les Forces Armées, anéantissement et désintégration ; pour la lutte de classes des populations ; contre les campagnes d’assassinats de masse perpétrées par le régime ; Mesures contre-révolutionnaires de l’occupant Actions de prévention, les actions de représailles, guerre sans prisonniers et disparitions La Propagande L'agitation et la propagande ont une importance fondamentale et concourent à la formation critique de la population ; pour cette raison, il est nécessaire d’encourager l'expression critique, sous toutes ses formes, et de former des propagandistes. Le Sabotage Le sabotage vise entre autres choses à saper l'économie critique de l’occupant. L’assassinat sélectif Il doit viser ceux qui dirigent la réaction Plan de Défense Stratégique Face à l’Offensive Ennemie Plan de Contre-offensive Stratégique Suite à l’Offensive Ennemie
Guerres Inter-Impérialistes et Lutte de Libération Les guerres que se livrent les nations et les puissances impérialistes au nom des populations qu’elles dominent et par le sang de ces mêmes populations sont parfois d’excellentes occasions pour ces populations de mener leur lutte de libération de toute domination ; quelques dates nous le rappellent : 1870, 1917, 1945… Agressions Impérialistes et Insurrections Spontanées Il arrive que des agressions impérialistes provoquent la levée en masse et immédiate de la population occupée, là où cette même population semblait pouvoir supporter encore longtemps le joug de ses oppresseurs locaux ; c’est ce qui s’est produit au Vietnam quand le général Leclerc et son corps expéditionnaire, soutenu par les anglais, a prétendu re-coloniser le pays, alors qu’il l’avait cédé sans y opposer la moindre résistance à l’occupant japonais pendant la guerre. Occupation Impérialiste et Résistance Insurrectionnelle Lorsqu’une puissance impérialiste s’abat sur un territoire, elle commence par s’emparer des principales agglomérations et des voies de communication. Pour les insurgés, il faut alors, après avoir mené une guérilla urbaine, protéger ses arrières et opérer un replis
stratégique dans les campagnes. C’est ce qu’ont fait les partisans vietnamiens en 1945 quand l’armée française est revenue occuper le pays. Il lui faut alors organiser rapidement des bases arrières nombreuses et les étendre par avance aux régions qui ne sont pas encore conquises par l’armée d’occupation impérialiste, et se préparer à une lutte de résistance qui peut durer de longues années (9 ans au Vietnam, de 1945 à 1954). Il s’agit par ailleurs de développer l’autogestion pour permettre aux populations d’opposer leur organisation libertaire à toute tentative d’établissement d’une administration coloniale. Il s’agit également de neutraliser toute personne susceptible de se rallier aux impérialistes. Si le temps manque pour organiser la résistance, il est possible de tenir en respect l’ennemi en engageant un dialogue, et de négocier un accord avec l’ennemi, fut-il purement formel. Dans cet accord, les impérialistes chercheront à négocier leur présence sur l’ensemble du territoire, y compris celui qui n’est pas entre leurs mains : pour les impérialistes, un tel accord n’est qu’une manœuvre, ce sur quoi il faut être absolument lucide. Ce temps gagné doit être utilement exploité pour organiser la résistance, et développer autant que possible les moyens de défense (armement…). Les impérialistes tenteront alors de provoquer le conflit au plus tôt par de multiples provocations, massacres, pillages, viols, auxquels il peut être préférable de répondre de manière « diplomatique », en trouvant des solutions « amiables »… Il est essentiel que l’agresseur soit clairement perçu comme tel par la population, et qu’il soit contraint à ouvrir lui-même les hostilités. Le soulèvement de toute la résistance contre son agression n’en sera que plus puissant, et gagnera le pays comme une traînée de poudre. C’est encore la façon dont les vietnamiens ont géré l’agression française en décembre 1946. Action Insurrectionnel Face à un Occupant Puissant Si au point de vue matériel l’ennemi est plus puissant, il peut être judicieux pour les insurgés de s’en prendre à ses garnisons pour l’affaiblir et l’occuper, l’empêchant ainsi de s’étendre trop rapidement, tout en préparant un repli général dès lors que ce type d’action devient caduc, afin de préserver les forces insurgées. Organisation Militaire des Zones Insurgées Il faut développer dans toutes les zones insurgées des zones militaires, et les réunir en interzones. Offensives Ennemies dans les Zones Insurgées S’il envisage de pénétrer dans les zones insurgées, il y a de fortes chance qu’un ennemi puissant compte le faire avec des moyens massifs, en commençant par les zones insurgées les plus stratégiques, par exemple celles qui lui semblent être meneuses de l’insurrection, ou tout simplement celles où se cachent les dirigeants de l’insurrection quand il y en a (insurrections bolcheviques et mao…). Changement de Stratégie de l’Ennemi Face à une Solide Résistance des Insurgés Dès lors qu’il perçoit qu’il ne pourra pas vaincre facilement, l’occupant change de stratégie et se prépare pour une guerre prolongée. Il cherche d’abord à consolider son emprise sur les régions qu’il occupe ; il économise ses forces en recrutant parmi les populations occupées des mercenaires à sa solde. Puis il cherche à élargir sa zone d’occupation, en s’attaquant à toute région qui lui semble aisée à prendre, même si elle ne présente pas d’intérêt stratégique majeur. L’adoption d’une telle stratégie implique pour l’ennemi une grande dispersion de ses forces pour le contrôle des zones qu’il occupe, surtout s’il entend tout contrôler (en plaçant ses hommes à tous les postes, dans toutes les régions qu’il contrôle). L’ennemi ratisse avec ses troupes les zones qu’il occupe, à la recherche de tout groupe de guérillero infiltré dans les zones qu’il occupe. Stratégie Offensive en Zone Occupée Dès lors que l’ennemi ne parvient plus à progresser rapidement, et qu’il commence à user ses efforts dans la consolidation de son emprise sur les régions conquises, il est opportun de le harceler sur son propre terrain : de transformer ses arrières en positions avancées de la guérilla ; cela suppose l’envoi en profondeur dans la zone occupée de compagnies autonomes (type commandos), pour y déclencher la guérilla, y établir des bases et protéger les populations locales, éliminer les notables collabos, mener une intense propagande pour décourager le recrutement opéré par l’ennemi au sein de la population occupée. L’objectif de cette stratégie offensive est de ronger progressivement la zone occupée en y développant de petites zones libres et des base de guérilla grandes et petites. Une telle stratégie laisse entrevoir aux populations occupées l’éventualité d’un changement de leur situation, et leur fait renoncer à l’enrôlement dans les troupes ennemies. Il est cependant important que ce type d’offensive ne se fasse pas au prix de l’oubli du renforcement de la zone insurgée. Réalisations Sociales et Lutte Insurrectionnelle Les réalisations sociales n’attendent pas la fin de la guérilla, elles doivent être mise en œuvre au cours même de la lutte insurrectionnelle ; elles sont d’ailleurs une cause importante de l’attachement des insurgés à la lutte : la réforme agraire par exemple attache les paysans à la guérilla qui leur a apporté concrètement la liberté, et elle leur donne une bonne raison de lutter contre l’éventuel retour des latifundiaires. Tout avantage matériel effectif acquis par la population grâce à la guérilla est une pierre supplémentaire dans le parc barbelé de l’ennemi. Parvenir à de telles réalisation dans les bases avancées développées en zone occupée est un critère fondamental de succès pour la suite de l’action insurrectionnelle, car ce fait pousse la population à réellement s’impliquer dans la lutte. La réforme agraire est d’autant plus déterminante que la classe paysanne ou des travailleurs de la terre (paysans sans terre, comme au Brésil) constitue une large part de la population. Si la révolution agraire n’est pas possible, il est possible d’obtenir par la lutte une réduction immédiate du taux d’intérêt et du taux de fermage que les propriétaires terriens font peser sur les paysans, un avantage immédiat qui servira les paysans, jusqu’en zone occupée. Techniques de Contre-Insurrection en Zone Occupée Au Vietnam, le général De Lattre préconisait l'établissement d'une solide ligne de bunkers dans le delta du Fleuve Rouge pour parer aux attaques des insurgés. De plus pour parer aux actions des insurgés en zone occupée, il préconisait le regroupement massif de troupes pour opérer de violents ratissages afin de « pacifier » la zone occupée, ratissage qui se traduit par l’assassinat de nombreux habitants de ces zones. Ces ratissages et l’installation de bâtiments ou de camps sur une ligne de front visent à créer les conditions favorables à une offensive de la zone insurgée, et sont le signe de la préparation de cette offensive.
Coopération avec une guérilla voisine pour libérer une zone frontalière Lorsqu’il existe une guérilla dans un Etat voisin, il peut être utile de conclure avec elle un accord d’entraide pour obtenir son soutien en vue de libérer une zone frontalière occupée. Garder l’initiative Il est important de ne pas laisser l’initiative à l’ennemi et de l’occuper en permanence, de manière à l’empêcher d’échafauder de vastes offensives. Soutien à d’autres luttes dans le Monde Le soutien apporté à d’autres insurrections dans le monde peut être utile lorsqu’elles mettent en scène un ennemi commun, une même puissance impérialiste ; en effet, l’écrasement d’une insurrection à l’autre bout du monde peut signifier la libération de troupes impérialistes supplémentaire envoyée ici. Dispersion des Forces Occupantes lors d’une Offensive de l’Ennemi Lorsque l’ennemi tente de rassembler ses forces en un même point pour mener une offensive, il faut s’efforcer de les maintenir dispersées, en déclenchant par exemple toute une série de fortes offensives sur des points laissés relativement découverts par l’ennemi. Ceci fait, il est alors possible d’attaquer les positions offensives les plus importantes de l’ennemi ; c’est ceux qu’ont fait les insurgés vietnamiens à Dien Bien Phu. Effets politiques d’une Importante Défaite de l’Ennemi Si cela peut s’avérer très douloureux humainement, le fait pour une armée occupante de perdre une importante bataille peut être déterminant dans la poursuite de la guerre d’agression qu’il mène ; en effet, une telle défaite peut retourner l’opinion de l’Etat occupant, et pousser gouvernement et parlement à y mettre fin ou à refuser l’octroi de nouveaux crédits de guerre à l’armée. Liquidation de la Classe des Propriétaires Terriens Cette liquidation doit être entreprise à la fois dans la zone insurgée, mais aussi autant que possible dans la zone occupée, pour motiver les populations paysannes à se joindre ou à soutenir la guérilla. Force de l’Action Insurrectionnelle Libertaire La force majeure de l’action insurrectionnelle libertaire, c’est l’enthousiasme qu’elle peut créer dans la population, et le soutien massif qu’elle peut en recevoir, dans la mesure où elle est une lutte juste, menée dans l’intérêt de populations asservies. Aussi faut-il toujours veiller à ce que l’insurrection ne produise jamais d’effets néfastes à la population. Soutien de ‘Peuples Frères’ Certaines guérillas, comme celle du Vietnam, sont parvenues à leur fin par l’appui massif apporté par des « pays frères », notamment l’Urss et la Chine bolchevique. Un tel soutien, s’il n’est pas motivé par autre chose qu’un mouvement de sympathie international sincère et désintéressé, est à exclure dans le cadre d’une guérilla libertaire. Des libertaires bne pactisent avec aucun Etat, quelqu’en soit la nature. Soutien parmi la Population de l’Etat Occupant Le soutien apporté par la population de l’Etat Occupant peut être déterminant : il peut fournir d’importants renseignements, retourner l’opinion publique de l’Etat occupant contre la guerre, etc. Identifier et Détruire les Alliés de l’Occupant En zone occupée comme en zone insurgée, l’occupant bénéficie de la complicité de divers alliés. Cela peut être la classe des latifundiaires ou propriétaires fonciers féodaux (Vietnam), qu’il faut alors combattre sans merci ; Préserver et Accroître ses Forces Pour préserver leurs forces, les insurgés se doivent de n’attaquer que lorsque la victoire est certaine. Mieux vaut mener de nombreuses petites actions de harcèlement de faible envergure mais couronnées de succès que de vastes offensives à l’issue incertaine. Si l’ennemi tente d’imposer une bataille d’envergure, il est préférable de l’esquiver et de la refuser. Action Insurrectionnelle Sans Armes Il est possible de mener certaines opérations de guérilla sans armes. Notamment celles qui permettent de s’équiper sur le compte de l’ennemi. Dispositifs de Défense Communaux Chaque localité doit disposer de son propre dispositif de défense, en zone insurgée comme en zone occupée. Les communes voisines peuvent organiser conjointement des troupes régionales.
Production Agricole La production agricole est d’une importance majeure pour le succès de l’action insurrectionnelle, surtout si celle-ci doit, comme c’est souvent le cas, se prolonger. Il est essentiel de développer en zone insurgée l’agriculture, pour l’approvisionnement du front et l’amélioration progressive des conditions de vie des insurgés. Production d’Armement La possibilité d’enlever des armes à l’ennemi ne doit pas être le seul biais sur lequel compter pour développer un arsenal de base. Aussi la question de la production d’armes se pose-t-elle. Confessions Religieuses et Ralliement de Nouveaux Insurgés L’attitude des guérilleros à l’égard des différentes confessions religieuses peut jouer un rôle important dans la sympathie ou l’antipathie qu’inspire la guérilla ; étant libertaire, notre point de vue à cet égard est celui de la tolérance à l’égard de toute religion, dès lors qu’elle n’est pas imposée autoritairement aux populations. Dans le cas inverse, ce n’est pas aux croyants qu’il faut s’attaquer, mais aux zélateurs les plus intégristes de ces cultes, notamment ceux dont la population a à souffrir sans pouvoir se défendre. Appartenances Identitaires et Ralliement de Nouveaux Insurgés De même que pour les confessions religieuses, le sentiment d’appartenance des populations à telle ou telle communauté, sur la base subjective d’une identité, n’est pas combattue par une guérilla libertaire. Est en revanche combattue l’idée qu’une telle appartenance identitaire puisse être au fondement d’une association ; ce serait reconduire le principe national, que nous combattons ; en revanche, rien n’interdit l’existence de ce regroupement identitaire dès lors qu’il se fonde sur un choix affinitaire de chacun de ses participants, choix que chacun d’entre eux doit pouvoir remettre en cause à tout moment. Avantages de la Faiblesse d’une Armée de Guerilla Les armées occupantes sont souvent portées à mépriser les armées de guérilla dans la meure où celles-ci sont effectivement jeunes, numériquement faible, mal organisée, encadrée par des officiers et des sous-officiers sans expérience, dotée d'un équipement à la fois vieux et insuffisant, d'un stock de munitions très limité, et n’ont ni tanks, ni avions, ni artillerie. L’armée occupante s’attend dès lors à ce que la guérilla épuise son stock de munition avant de déposer les armes. Equilibre entre Armée de Guérilla et Besoin des Insurgés L’une des difficultés majeures de la guérilla est de veiller à l’équilibre entre les efforts visant à renforcer et organiser les forces armées et ceux consistant à améliorer la vie quotidienne et la condition générale des populations insurgées. Atteindre l’Equilibre des Forces Belligérantes Lorsqu’une guérilla s’affronte à une armée occupante, elle connaît assurément au départ un rapport de force qui lui est défavorable. L’expérience des guérillas démontre qu’il faut plusieurs années pour que la phase d’équilibre des forces s’établisse. Tactique et stratégie de Guérilla Si l’ennemi est fort, on l’évite ; s’il est faible, on l’attaque ; à son armement moderne, on oppose l’astuce et la détermination « inconsciente » du révolutionnaire, soit par le harcèlement, soit par des coups inattendus, soit en anéantissant l’adversaire, en combinant les opérations militaires avec l’action politique et économique. Il n’existe pas de ligne de démarcation fixe dans une guérilla : le front est partout où se trouve l’adversaire. Il faut savoir concentrer les troupes pour obtenir une supériorité écrasante là où l’adversaire se trouve suffisamment à découvert, afin de détruire ses forces vives ; ainsi, quand que le rapport stratégique reste défavorable, il est nécessaire de regrouper les troupes afin d’obtenir une supériorité absolue dans les combat en un point et un temps donné. La guérilla répond aux qualités suivantes : initiative, souplesse, rapidité, surprise, promptitude dans l'attaque et le repli. La guérilla consiste en une multitude de petites victoires qui permettent d’user les forces de l’ennemi et dans le même temps d’entrete,nir et d’accroître celles de la guérilla. L’objectif principal du combat est la destruction des forces vives de l’adversaire, tout en évitant les pertes, ce qui arrive lorsque l’on cherche à conserver à tout prix le terrain. Abandon des Populations Insurgées Trop souvent, il advient dans les guérillas que les insurgés abandonnent à leur sort les populations dès lors qu’ils ne peuvent plus faire face à l’ennemi ; les représailles de l’ennemi se traduisent par de véritables massacres, la destruction intégrale de villages et l’assassinat, le viol et le pillage de tous leurs habitants. De telles négligences sont profondément nuisibles à l’insurrection, car l’abandon des populations à l’armée occupante est une véritable traîtrise. De diverses manières, il faut faire en sorte qu’il soit coûteux à l’ennemi de commettre de tels massacre, soit en y préparant les populations et le terrain, soit en intervenant pour les secourir. Une armée de guérilla qui partage avec la population les risques de l’insurrection et la défend dans les pires circonstances s’honore profondément sur le plan humain et ancre dans la mémoire des êtres humains la dignité de la lutte. Le peuple ne trahi jamais les siens, et gardera à jamais la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour le protéger. Points forts de la Guérilla Dans une guérilla, chaque habitant devient un soldat, chaque village une place forte, chaque comité de commune un état-major aux ordres et au service de la population, jusqu’au sacrifice. « Vivre Libres ou Mourir ! », voilà le Cri du Peuple, inconnu de tous les lâches qui nous dominent.
De la Guérilla à la Guerre de Mouvement La guérilla doit se développer progressivement pour aboutir à l’émergence d’une guerre de mouvement qui prenne chaque jour plus d’envergure, avec des campagnes en règle et une part de plus en plus importante de grandes attaques de positions fortifiées. Cette transition se traduit d’abord par de petits engagements limités à l’effectif d’une section ou d’une compagnie pour anéantir quelques hommes ou groupes ennemis, puis par des combats plus importants avec un bataillon ou un régiment de guérilleros visant une ou plusieurs compagnies de l’adversaire, et finalement par des campagnes toujours plus grandes mettant en œuvre plusieurs régiments, puis plusieurs divisions, contre les unités d’élite de l’ennemi. Premières Bases de Soutien Clandestines La plupart du temps, les bases de la guérilla se développent d’abord dans l'illégalité, c'est-à-dire la clandestinité, et se limite à quelques districts, communes ou régions, maquis, forêts. L’armée de guérilla ne compte alors que quelques unités d’autodéfense sociale, et quelques groupes qui doivent pouvoir être assistés et dégagés du travail de production. Les effectifs de cette armée de guérilla clandestine doivent dans un premier temps croître pour atteindre le stade de quelques milliers de guérilleros. Dans les conditions de l'époque, une base de lutte armée devait être clandestine et située dans des localités où le mouvement et les organisations insurrectionnels sont déjà solide ; où l'édification des organisations de guérilla (groupes d’autodéfense, groupes de choc) repose sur les organisations partisanes des populations gagnées au désir de l’insurrection, pour arriver à des groupes armés ou des sections armées, entièrement ou à moitié libérées des tâches de production dans la région, voire même, selon les possibilités, à des organisations de guérilla plus importantes. Erection d’une Zone Libre Lors de la création d’une zone libre, il est nécessaire de fédérer les différentes organisations de guérilleros pour former une armée de guérilla. Armement des Guérilleros Dans les premiers temps, l’armement des guérilleros est fortement limité, et se compose de quelques armes arrachées aux ennemis (fusils), le plus souvent de types très hétéroclites ; toute la population insurgée et les guérilleros doivent alors s’équiper de tout moyen de défense et de lutte physique, y compris les plus rudimentaires : bâtons, lances, coupe-coupe, arcs, arbalètes, fusils à pierre… La question de l’équipement en armement pose les plus grands problèmes dans une guérilla : si des usines d’armement existent dans le territoire occupé, encore faut-il pouvoir leur donner l’assaut et y récupérer les armes gardées en stock ; ou libérer les zones où se trouvent ces usines et en relancer l’activité pour le compte des guérilleros ; par ailleurs, dans la période de préparation clandestine de la guérilla, la législation s’oppose également à cet équipement : détention et usage des armes rigoureusement interdits, importation impossible, contrôlée ou limitée. Aussi , la principale source de ravitaillement en armes pour les guérilleros reste le front, où il s’agit de prendre le matériel à l’ennemi, pour former un butin de guerre et le retourner contre lui. Il est également possible de créer des usines d’armement clandestines, avec des moyens de fortune, mais elles seront vraisemblablement loin de pouvoir satisfaire aux besoins de la guérilla. Encouragement à l’Engagement de Nouveaux Volontaires pour la Guérilla Les combats victorieux de la guérilla créent les conditions favorables à la radicalisation et l’engagement dans la guérilla de larges pans des populations exploitées ; Développement de l’Armée de Guérilla Limitée dans un premier temps à quelques unités de guérilleros progressivement fédérées et coordonnées entre elles, l’armée de guérilla doit parvenir à un effectif de quelques centaines de milliers de guérilleros, et être articulée peu à peu en régiments, divisions, en visant peu à peu à une standardisation de son organisation et de son équipement. Si à l’origine, l’armée de guérilla ne compte que l’infanterie, elle peut progressivement diversifier ses armes Démocratie Directe et Discipline Armée Dans une armée de guérilla libertaire, tout guérilleros agit en temps que mandataire temporairement élu à tel ou tel poste ; il reçoit ses ordres de l’assemblée générale des guérilleros et des insurgés concernés par son rôle. Il est impératif qu’il respecte intégralement le mandat reçu ; dans le cas contraire, il sera révoqué par la même voie, et un autre occupera la fonction pour laquelle il avait été désigné. La culture libertaire n’interdit pas la discipline collective, dès lors que celle-ci émane de l’assemblée générale des insurgés, et que toutes les personnes en présence sont consentantes et se sont engagées de leur propre volonté dans l’insurrection. Entraînement à la Lutte Armée des Guérilleros Combat de rue et arts martiaux ; franchissement d’obstacle en milieu urbain ; fabrication de pièges ; constitution de caches d’armes ; fabrication artisanale d’armement ; activité de renseignement ; si le problème de l’amélioration des équipements et des moyens techniques est important, celui de la formation des guérilleros l’est bien plus. Il s’agit pour les guérilleros de bien assimiler la science militaire des armées modernes et de la guérilla. Cette formation doit être des plus poussées, pour tous les guérilleros, qui devront ensuite à partir de ces connaissances prendre tous ensemble des décisions pertinentes au cours de la lutte armée. Pacte Fédératif de l’Armée de Guérilla et Serment Social des Guérilleros Le pacte fédératif de l’armée de guérilla se traduit pour chaque guérilleros par le respect d’un serment, dans lequel peuvent figurer par exemple les points suivants : se sacrifier sans réserve pour la lutte insurrectionnelle de la population ; lutter pour la démocratie directe, l’association libre, la liberté politique et l’égalité économique intégrale ; dans les contacts avec la population, respecter celle-ci, l’aider et la défendre en toute circonstance ; gagner en actes et paroles la confiance et l’affection de la population ; ne jamais porter atteinte aux biens de la population dominée, et protéger la vie et les biens de la population contre l’ennemi ; appliquer les décisions émanant de la démocratie directe, tant au niveau local que général ; ne jamais avoir de comportement discriminatoire à l’égard des minorités
culturelles ou religieuses ; respecter rigoureusement les mandats confiés et se dévouer à l’accomplissement immédiat et strict de ces mandats ; Relations entre Insurgés, Guérilleros et l’Ensemble de la Population Dominée L’insurgé comme le guérillero doivent être dans la population générale comme des poissons dans l’eau. Ils doivent gagner par leur actes la confiance et l’affection de la population, et être prêts à la défendre et l’aider en toute circonstance, ne jamais commettre de vol ou de rapine à son encontre. L’armée de guérilla peut organiser des journées d’aide aux paysans dans les travaux de production, contribuer à la lutte contre des inondations, la sécheresse ; dans les périodes de paix ou de trêve, il est également possible aux guérilleros de rester mobilisés pour participer à la mise en œuvre de la révolution agraire (par exemple en défrichant de nouvelles terres pour développer des coopératives agricoles autogérées), l’autogestion de l’artisanat, de l’industrie et des échanges, à la construction de voies de communication, de transport d’énergie ; en aucun cas la construction des casernes ou camps militaires ne doit être imposée à la population, c’est aux guérilleros eux-mêmes de s’en charger ; Mandataire aux Besoins Généraux des Guérilleros Les guérilleros désignent parmi eux des mandataires qui devront veiller à répondre aux besoins des unités de guérilla. Coordination des Groupes de Guérilla L’armée de guérilla libertaire ne fonctionne pas selon un mode centraliste ; s’il existe des règles générales décidée par l’ensemble des guérilleros, qui constitue le pacte fédératif, chaque unité de guérilla et chaque région disposent de la plus large initiative pour entreprendre toute action positive qu'elle jugerait opportune ; cependant, des mandataires, régulièrement renouvelés, sont chargés de veiller à la coordination au niveau de l’ensemble de l’armée de guérilla des initiatives éparses, notamment par la circulation de l’information entre les différentes unités concernées. Analyse de la Situation Géopolitique Internationale L’étude de la situation géostratégique est de la plus haute importance dans la détermination de la conduite de la lutte armée ; selon que l’on observe une certaine détente ou au contraire de nouvelles tensions dans le monde et dans la région immédiate ; selon que l’impérialisme soit virulent ou en recul ; etc., on ne prendra pas les mêmes décisions. L’analyse de la situation internationale est particulièrement importante pour définir le moment propice au lancement de l’action insurrectionnelle : éclatement d’une guerre, multiplication des fronts anti-impérialistes dans le monde, rapides changements géopolitiques ; ainsi, on peut parler d’une coïncidence des cycles de guerre et de lutte insurrectionnelle et révolutionnaire. Lancement de la Lutte Insurrectionnelle et Transformation Sociale Dès le lancement de la lutte insurrectionnelle, la création de soviets libres de travailleurs, de paysans et d’habitants doit être encouragée et facilitée par les insurgés. Des transformations sociales immédiates doivent intervenir, et la population être encouragée à se lever. Préparation de la Lutte Insurrectionnelle et Développement Social de l’Insurrection Dans la phase de préparation de la lutte insurrectionnelle, la lutte politique, y compris la propagande et l’accroissement du « capital social » de l’insurrection doit le plus souvent se faire dans des conditions de clandestinité ou de semi-clandestinité, face à la répression politique de la dictature. Pour parvenir à contourner cet obstacle, chaque insurgé doit bien comprendre qu’il ne s’agit pas pour lui de faire e la simple propagande (distribution de tracts, affichage, etc.), mais bien plus de multiplier ses relations sociales, et de les approfondir ; à travers les relations sociales qu’il développe, c’est le capital social à venir de l’insurrection que l’insurgé accroît. Il n’y a que dans le cadre d’une relation personnelle fondée sur la confiance, le respect réciproque, et surtout l’amitié profonde que peut intervenir la prise de contact avec des nouveaux insurgés potentiels. C’est aussi dans le cadre de cette intimité, et non dans un cadre public, que cette activité de développement social peut être menée à bien. une telle activité menée intelligemment empêche la dictature d’en trouver la moindre trace. Mais il ne faut pas sous-estimer la surveillance policière et politique exercée par le régime. De ce point de vue, le fait pour chaque insurgé de développer des relations nombreuses est un des meilleurs moyens de brouiller les pistes, de rendre la surveillance titanesque et intenable. Dès lors que le message de l’insurrection a été transmis à un ami, le messager doit progressivement limiter ses relations avec celui-ci, afin de limiter les risques de chutes en cascades à l’occasion de l’arrestation par le régime de l’un ou l’autre. Préparation de la Population à la Lutte Insurrectionnelle Dès lors que les conditions semblent réunies pour le lancement de l’insurrection, il faut activement préparer la population au soulèvement ; cette activité doit en fait être effective bien avant le soulèvement proprement dit ; et l’activité clandestine des insurgés peut durer de longues années, 15 ans par exemple en ce qui concerne la guérilla vietnamienne. L’espionnage Le travail de « surveillance des surveillants » est un aspect décisif de l’action insurrectionnelle ; elle permet de prévenir la répression des insurgés, de dévier notamment l’activité policière du régime. Lorsqu’un jeune montre des signes de radicalisation, il peut être utile d’en discuter avec lui, de lui proposer de cacher sa révolte, voire de se faire passer pour un adversaire résolu des partisans de la guérilla, et d’infiltrer la police ; si cette préparation intervient suffisamment tôt, elle permet de contourner une large partie du travail de dépistage de l’infiltration opérer contre les insurgés par les services secrets. Lancement de la Lutte Insurrectionnelle et Différents Types d’Insurrection Il existe à travers l’Histoire différents types d’insurrection :
L’insurrection russe de 1917, menée dans un Etat semi-industrialisé, a essentiellement été une insurrection des dominés vivant dans les villes, des ouvriers, et elle a été suivie d’une guerre civile (qui témoigne d’ailleurs de nombreux traits contre-révolutionnaire des bolcheviks dès le départ de l’insurrection), contre la classe aristocratique (les blancs), contre la bourgeoisie, les propriétaires terriens, mais aussi contre tous les opposants aux bolcheviks, notamment les anarchistes. Cette insurrection dut faire face à l’intervention armée de 14 Etats capitalistes L’insurrection chinoise, menée dans un Etat semi-colonial et semi-féodal très vaste, a essentiellement été une insurrection des dominés vivant dans les campagnes, population largement dominante en Chine ; la lutte armée fut pendant de longues années une guerre civile opposant à la paysannerie insurgée l’aristocratie mandarine et féodale, la bourgeoisie marchande liée aux impérialistes occidentaux ; L’Insurrection vietnamienne, menée dans un Etat colonial et semi-féodal, petit et peu peuplé, a essentiellement été une insurrection des dominés vivant dans les campagnes, et opposa à ceux-ci les milieux féodaux, les impérialistes, etc. Lancement de la Lutte Insurrectionnelle et Soulèvements Locaux Il arrive fréquemment que le lancement de la lutte insurrectionnelle ne soit pas le fruit d’une décision coordonnée, mais qu’elle intervienne d’abord à travers des soulèvements locaux, qui risquent fort de connaître une sanglante répression, mais parviennent à galvaniser la population dans le reste du territoire occupé, et lancer tout les dominés dans la bataille. Moment Opportun pour le Lancement de la Lutte Insurrectionnelle Des signes révélateurs annoncent le moment propice au lancement de l’insurrection : la révolte bouillonne déjà dans tout le territoire occupé, des manifestations et grèves se multiplient à la ville et à la campagne rassemblant des millions de participants. Si l’on a d’excellente raison de mépriser Lénine en temps qu’acteur historique, certaines de ces analyses, profondément pragmatiques, sont par ailleurs judicieuses ; ainsi, parlant de l’insurrection, il insiste sur le fait que l'insurrection doit s'appuyer sur l'essor révolutionnaire des masses » et non « sur un complot ». Bibliographie Truong Chinh, « la révolution d’août », ce partisan vietnamien fait l'analyse des qualités et des faiblesses de cette révolution et en a dégagé des conclusions pertinentes. Truong Chinh, « La Résistance vaincra » Lénine, « Le programme militaire de la révolution prolétarienne » Officialisation Internationale de la Lutte Insurrectionnelle Lors du lancement de la lutte insurrectionnelle, il est essentielle de lancer un message au monde afin d’officialiser la guérilla, d’en faire connaître les motifs et objectifs. Cela permet d’une part d’éviter la censure du régime favorisant un écrasement silencieux et extrêmement sanglant des populations insurgées, et de susciter des soutien à travers toute la planète. Lancement de la Lutte Insurrectionnelle et Passage de la Lutte Clandestine à la Lutte Armée Ouverte Si l'insurrection est un art, un point essentiel du contenu de cet art est d’assurer le passage à de nouvelles formes de lutte adaptées à la conjoncture politique de chaque période ; la guérilla n’est que la poursuite de la révolte par d’autres moyens. Aussi s’agit-il de maintenir un rapport exact entre la lutte politique et la lutte armée dans chaque période. Même quand la forme armée prend le dessus, il faut savoir déterminer dans quelles situations cette forme est la seule viable, et les situations ou la lutte politique peut la compléter. La ou les formes de lutte retenues conditionnent les formes de l’organisation et de l’action. Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'il est question d'insurrection armée et de préparatifs d'insurrection qu'il est permis de ne plus faire cas de la lutte politique ; bien au contraire, sans un profond mouvement politique de la population insurgée, il ne saurait y avoir d'insurrection victorieuse. Aussi, pour bien préparer l'insurrection armée, le travail primordial et le plus important est-il la propagande auprès de la population, et l'élargissement et la consolidation, parallèlement à celles des guérilleros, des organisations d’insurgés. C'est seulement en partant de solides organisations de partisans et d’insurgés qu'il est possible d'édifier l’organisation de groupes de guérilleros, étroitement liés à l’ensemble de la population insurgée et susceptibles, par là, d'opérer et de se développer. Préparation de la Lutte Insurrectionnelle Lors de cette préparation, il faut commencer à établir des bases de soutien de la guérilla, développer les groupes de guérilleros, préparer des plans d’action insurrectionnelle. Il faut également : multiplier les groupes d’insurgés dans les centres urbains, les exploitations, les mines, les entreprises, dans les provinces où le mouvement insurrectionnel est encore faible et dans les provinces ou quartiers habités par des groupes minoritaires, immigrés, etc. ; entraîner et former les insurgés, afin de les préparer à faire face à la répression avec un esprit de sacrifice sans égal, afin qu’ils soient capable d’affronter n’importe quel type d’événement. Création et Développement de Bases de Lutte Insurrectionnelle Il est essentiel de développer des bases de lutte armée dans les régions névralgiques : régions montagneuses par exemple. Avant le lancement de l’insurrection, elles sont développées dans des localités déjà largement gagnées au désir de l’insurrection. Préparation de la Lutte Insurrectionnelle et Propagande Armée Dans la phase de préparation à l’action insurrectionnelle, la propagande doit être préférée au combat armé ; dans cette perspective, la propagande armée consiste à protéger, consolider et développer les bases sociales de soutien, les armes à la main. Cette propagande armée permet également de préparer la formation de bases de soutien armées ou semi-armées. Celles-ci doivent manœuvrer dans le secret le plus absolu, respecter des centres de gravité dans leurs actions de propagande, l’élimination des traîtres et des collabos ; en ce qui concerne l’action armée elle-même, ces groupes doivent appliquer les mesures suivantes : agir par surprise, avec rapidité, se retirer sans laisser de traces, arriver sans être vu, et ne jamais compromettre les possibilités de lutte légale de la population si elle existent. Même dans les régions où la population est largement gagnée à l’idée de l’insurrection et aux groupes et organisations
révolutionnaires, ceux-ci doivent rester dans la clandestinité la plus totale et ne pas renverser le pouvoir local de l’Occupant, mais au contraire, le ménager et l’utiliser. Lancement de la Lutte Insurrectionnelle Dès le lancement de l’action insurrectionnelle, il est nécessaire de conquérir rapidement des bases opérationnelles, de fédérer toutes les forces de guérilla qui le souhaitent, organiser l’autogestion sociale, militaire et économique sous la forme ouverte là où la population est largement gagnée à la guérilla, et sous forme clandestine là où les bases sociales restent assez fortes. Il faut également organiser des actions populaires pour socialiser les entrepôts et stocks de nourriture ; les groupes de choc de la guérilla doivent pouvoir intervenir au cœur même des agglomérations, et doivent surgir partout, être chaque jour plus nombreux. Le développement et la fédération des groupes de guérilla doit donner lieu à la création de zones et d’interzones de guérilla, puis de zones libres dès que cela est possible. La création de telles zones libres peut fortement accroître le crédit social de la guérilla, et gagner de nouvelles parties de la population à l’insurrection, qui prouve ainsi qu’elle est capable d’ouvrir des perspectives concrètes à la révolte sociale. Il faut rapidement attaquer les postes ennemis dans les zones les plus avancées dans l’insurrection, marcher sur les principales agglomérations des zones libérées ; Lancement de la Lutte Insurrectionnelle et Choix du Moment Opportun Le choix judicieux du moment pour lancer la lutte insurrectionnel est un facteur primordial de sa réussite. Ce moment doit être celui où la crise politique, sociale, économique, militaire atteint son paroxysme, où les guérilleros les mieux préparés sont déterminés à se battre sans merci, et où de nombreux partisans et insurgés sont prêts à soutenir les guérilleros et à prendre leur place dans les combats ; le moment également où l’ennemi est indécis, ou plongé dans le désarroi et le doute. Cela suppose également que la coordination et la fédération des forces de la guérilla soient déjà effectifs ; que la population, à bout, soit effectivement décidée à l’insurrection et prête à de durs sacrifices ; éventuellement, que l’ennemi soit confronté à une crises majeure au sein de son Etat (cas d’une occupation impérialiste), qu’il soit confronté à l’armée d’un autre Etat occupant ; ou que les classes dominantes et les Etats soient confrontés dans d’autres régions du monde à des mouvements insurrectionnels ; enfin, l’éventuelle annonce d’une occupation impérialiste de l’Etat occupant. Il est de la plus grande importance de tenir compte du climat social général, des désirs de la population, étudier de près les mouvements sociaux. Le moment le plus favorable peut être celui où l’armée occupante mène une offensive ou une contre-offensive contre un autre Etat. Il faut également avoir un œil sur la conjoncture mondiale, et être attentif à des évolutions rapides de celle-ci. Bien choisi, le moment de l’insurrection permet de réduire au minimum les effusions de sang dans cette phase décisive. Le fait que l’armée d’occupation sorte tout juste d’une guerre, qui a fortement affaibli ses forces, fait partie des éléments déterminants dans le choix du moment opportun. Combattre les Tendances Défaitistes et Suicidaires au Cours de la Résistance Il s’agit de combattre le défaitisme, le pessimisme qui peut gagner la population, de lui faire dépasser son complexe d’infériorité face à l’ennemi ; ces tendances conduisent également la population à une certaine impatience qu’il faut prévenir, car elle risque de conduire à l’essoufflement rapide de la lutte. Cette impatience peut ainsi se concrétiser par le refus, sur plusieurs fronts, d’évacuer les groupes de guérilla lors d’offensives ennemies ; ce retrait est de la première importance, car il permet de protéger le potentiel de la guérilla. Il faut aussi lutter contre l’idée de mener dès le départ de vastes offe,nsives combines contre l’ennemi : la guérilla n’en a clairement pas les capacités, ce serait alors une forme de lutte purement suicidaire. Quelques Tâches de l’Armée de Guérilla et des Populations Insurgées Les guérilleros doivent s'équiper au front avec les armes arrachées à l'ennemi, limiter au strict nécessaire les dépenses de munitions, supporter de nombreuses et récurrentes privations, participer autant que possible à la production, satisfaire eux-mêmes, notamment par les prises de guerre, leurs besoins quotidiens, afin d’alléger au maximum la contribution de la population insurgée. De leur côté, les insurgés doivent faire en sorte d’édifier les bases arrières, développer l’économie de résistance pour subvenir à tous leurs besoins et ravitailler les guérilleros, impulser la production dans tous les secteurs de production pour faire face au blocus imposé par l’ennemi, défricher de larges superficies pour accroître la production de vivres, créer des ateliers d’armement, etc. Caractéristiques de la Guerre de Guérilla C'est une forme de combat conçue pour vaincre les armées ultra-modernes : éviter l'ennemi quand il est fort, l'attaquer quand il est faible ; se disperser ou se regrouper, livrer des combats d'usure ou d'anéantissement selon les cas ; attaquer l'ennemi partout afin que, partout, il se trouve submergé par une mer d'hommes armés hostiles, afin de miner son moral et d'user ses forces. En dehors de petits groupes chargés de harceler l'ennemi, il est nécessaire de regrouper, dans des conditions appropriées, des effectifs plus importants pour réaliser une supériorité opérationnelle en un point donné et pendant un temps donné, dans le but d'anéantir l'adversaire. Comme l'accumulation des coups de vent fait la tempête, l'accumulation des succès remportés dans les petits combats use graduellement les forces vives de l'ennemi tout en alimentant graduellement le potentiel des guérilleros. L'anéantissement des forces vives de l'ennemi est le but principal du combat, et il ne faut jamais user les forces de la guérilla pour la défense ou l'occupation d'un territoire : ces petits renoncements territoriaux sont la condition qui doit permettre finalement d'anéantir la totalité des troupes ennemies et de libérer le territoire. La guérilla doit être lancée aussi bien dans les zones libérées contre l’avant-garde de l’ennemi, et pour empêcher celui-ci d’y installer des fronts, mais aussi dans les zones occupées : une partie de l’armée de guérilla, dispersée en petites brigades ou unités autonomes, peut pénétrer profondément dans les arrières ennemis pour y faire taire la propagande ennemie, enhardir la population au soulèvement, protéger les bases arrières. L’action de ces brigades autonomes de guérilla doit être combinée avec celle des colonnes de l’armée de guérilla. Il s’agit pour les brigades autonomes de permettre la transformation des régions situées dans les arrières de l'ennemi en première ligne de la guérilla. Mesures Face à la Réaction des Classes Dominantes suite au Lancement de la Lutte Insurrectionnelle Les premières mesures de répression de l’occupant peuvent intervenir alors que les insurgés et la guérilla ne sont pas encore assez consolidés pour y faire face, et où de nombreuses difficultés s’accumulent dans tous les domaines : forces loin d’être consolidées, économie largement agricole ou en crise, armée de guérilla peu entraînée et sous-équipée et en prise avec d’importantes difficultés logistiques, etc. Il est important dès lors d’éliminer ou de mettre en déroute et en fuite les éléments les plus réactionnaires des classes
dominantes, notamment les propriétaires fonciers, le patronat et l’actionnariat local, les notables collaborateurs, leurs espions. Il faut également veiller à contrer les opérations de propagande (médiatique, etc.) de l’ennemi, qui cherchera à diviser les insurgés et à tromper la population sur la situation, développer un programme de propagande en phase avec le déroulement des évènements pour mobiliser la population insurgée. Par ailleurs, il faut dans la mesure du possible, gagner rapidement le soutien d’autres populations et de la société civile internationale, notamment coordonner l’action avec d’autres populations insurgées ou la population de l’Etat occupant (cas d’une occupation coloniale). Sur le plan économique, il est urgent d’édifier une économie de résistance, accroître la production, chercher par tous les moyens à parvenir à l’autosatisfaction des besoins des insurgés, et cela dans la perspective d’une lutte de longue haleine ; dans le même temps, il faut saboter l’économie de l’adversaire, et lutter contre ses plans pour mobiliser et accaparer les travailleurs et les ressources naturelles qu’il entend diriger contre l’insurrection. Il faut aussi lutter sur le plan culturel contre les menées obscurantistes, sectaires, briser la culture de soumission dans les zones restées occupées. L’ennemi cherchera à développer une stratégie visant à une action rapide, la situation d’insurrection risquant de lui faire perdre rapidement l’avantage en cas de prolongation. Dans cette perspective, et si le moment a été judicieusement choisi (lorsqu’il présente de nombreux signes de faiblesse), l’ennemi est contraint de combiner cette stratégie d’action rapide avec des empiètements graduels, voire des négociations fantoches (qui lui permettent de gagner du temps pour renforcer son potentiel), mais cherchera autant que possible à revenir, dès que possible, à sa stratégie d’action rapide. Pour faire face à la guérilla qui s'étend chaque jour davantage, l'ennemi intensifie les opérations de ratissage et y jette des effectifs de plus en plus importants. Il vise à anéantir les formations de guérilleros, à détruire les bases sociales de la guérilla, à dévaster les récoltes des insurgés, à piller leurs biens, dans l'espoir de briser le potentiel de résistance des insurgés et de « pacifier » ses propres arrières. Face à ces ratissages contre-révolutionnaires, le nettoyage et le contre-nettoyage doivent devenir la forme essentielle de la guerre de guérilla sur les arrières ennemis. Au cours des contre-nettoyages, les guérilleros doivent combattre avec une volonté de fer, et créer des formes de combat d'une très grande diversité. Il faut également saisir toutes les occasions favorables pour lancer toutes les populations insurgées d’une région dans la lutte armée, et transformer des régions temporairement occupées en régions de guérilla ou les régions de guérilla en bases de guérilla. Dans les situations difficiles, il faut savoir avec habileté se replier à temps pour préserver les forces et protéger les bases. De la Guérilla à la Guerre de Mouvement, de la Guerre de Mouvement à la Guerre de Positions Du point de vue stratégique, si la guérilla impose de nombreuses difficultés à l'adversaire et lui inflige de sérieuses pertes, elle ne peut que l'user. Pour pouvoir anéantir d'importantes forces vives ennemies et libérer le territoire, elle doit se développer progressivement en guerre de mouvement. La guerre de mouvement est une forme de combat où les principes de la guerre régulière commencent à faire leur apparition et occupent une place de plus en plus grande, mais qui porte encore les marques de la guérilla. La guerre de mouvement est la façon de combattre des troupes régulières : concentrer des effectifs relativement importants, opérer sur un théâtre relativement étendu, attaquer l'ennemi là où il est relativement à découvert pour anéantir ses forces vives, avancer profondément dans les arrières ennemis, se replier rapidement, se conformer rigoureusement au mot d'ordre « dynamisme, initiative, mobilité, décision prompte devant les situations nouvelles ». Avec le développement de la résistance, la guerre de mouvement prend une place stratégique de plus en plus importante. Elle doit anéantir des détachements de plus en plus grands de l'adversaire afin d'accroître les forces insurgées, pendant que la guérilla doit user et défaire complètement les réserves ennemies. Voilà pourquoi la guerre de mouvement va de pair avec des combats d'anéantissement. Parce que seule la destruction des forces vives de l'ennemi permet de briser ses grandes offensives, de protéger les bases et les arrières des insurgés, de passer à des opérations déclenchées sur l’initiative des insurgés pour anéantir des détachements de plus en plus importants des forces vives ennemies, de libérer un à un des territoires de plus en plus étendus, et d'aboutir enfin à l'anéantissement de la totalité des troupes ennemies et à la libération complète des territoires insurgés. En application de la ligne opérationnelle qui consiste à développer la guérilla et à la transformer progressivement en guerre de mouvement, dès le début même des hostilités, une partie des unités de guérilla, en dehors des détachements dispersés et opérant isolément, combat en formations regroupées ; ce sont les premiers éléments de la guerre de mouvement. En créant des compagnies autonomes et des bataillons mobiles, les insurgés commencent à s’entraîner à des opérations demandant une concentration de troupes plus importante, à la guerre de mouvement. Puis, les forces insurgées commencent à effectuer des embuscades, des raids relativement importants avec un ou plusieurs bataillons. Ensuite, de petites campagnes sont lancées non seulement dans les régions insurgées et en zone libérée, mais aussi sur d'autres théâtres opérationnels en zone occupée. Enfin, l’armée insurrectionnelle commence à déclencher des campagnes d'une envergure de plus en plus grande, permettant à la guerre de mouvement de jouer un rôle essentiel, alors que la guerre de positions fortifiées occupe une place de plus en plus importante (exemple de la grande campagne de Dien Bien Phu au Vietnam). Qu’il soit nécessaire de développer la guérilla et de la conduire à la guerre de mouvement ne signifie absolument pas éliminer la guérilla ; cela signifie qu'au cœur même d'une guerre de guérilla largement développée, grandissent progressivement des troupes régulières capables d'assumer les tâches de .la guerre de mouvement, des troupes autour desquelles il est toujours indispensable d'entretenir des formations de guérilleros et la guerre de guérilla. A partir du moment où la guerre de mouvement faisait son apparition sur un théâtre de guérilla, il importe de réaliser alors une combinaison étroite et judicieuse entre ces deux formes de combat. D'un autre côté, il faut impulser la guerre de mouvement pour anéantir beaucoup de forces vives ennemies tout en créant de nouvelles conditions favorables pour un puissant développement de la guerre de guérilla. Dans une nouvelle période, la guerre de mouvement ayant fait son apparition, il faut bien coordonner les deux formes de combat, en réservant à la guérilla la place essentielle et à la guerre de mouvement une place de second rang mais de plus en plus importante. Quand on passe à un nouveau stade plus élevé, la guerre de mouvement occupe une place essentielle, tout d'abord dans un théâtre d'opérations donné (c'est l'apparition de la contre-offensive localisée), ensuite sur une étendue de plus en plus grande ; à ce moment, comparée à la guerre de mouvement, la guérilla, bien que se développant toujours vigoureusement, a perdu la place essentielle qu'elle occupait initialement sur l'ensemble du pays pour n'occuper qu'une place secondaire (mais importante), tout d'abord sur un théâtre d'opérations donné, ensuite sur une étendue de plus en plus grande. Avec la mise en œuvre de la guérilla et de la guerre de mouvement et en raison des caractéristiques des forces en présence quant au dispositif, au terrain, etc. il se forme des zones libres et des zones occupées et contrôlées par l'ennemi qui s'imbriquent, se coupent et s'enveloppent ; à l'intérieur même des zones sous contrôle ennemi, il doit y avoir également des zones de guérilla et des bases de guérilla, ce qui créé encore ici les mêmes phénomènes d'imbrication, d'inter-coupage et d'inter-enveloppement. Le processus du développement de la guerre est celui de l'élargissement de plus en plus poussé des zones libres et des zones de guérilla, et parallèlement celui du rétrécissement de plus en plus grand de la zone temporairement occupée par l'ennemi, ce qui conduit à la libération une à une de vastes régions et enfin à la libération complète de toutes les régions insurgées. Au cours du développement de la guerre de mouvement, en raison du dispositif de l'ennemi et de celui des insurgés sur le théâtre d'opérations, des éléments de la guerre de positions fortifiées font peu à peu leur apparition. Devenue partie intégrante de la guerre de mouvement, la guerre de positions fortifiées se développe continuellement et occupe une place de plus en plus importante. Ainsi, il importe dans la conduite de la lutte insurrectionnelle d'établir un rapport judicieux entre les diverses formes de combat : guérilla, guerre de mouvement, guerre de positions.
Exercice et Formation des Guérilleros Une population opprimée qui ne s’efforce pas d’apprendre à manier les armes, d’en posséder est condamnée à être maintenue dans son esclavage. Groupes et Mouvements Insurrectionnels Etudiés Sentier Lumineux et Parti communiste du Pérou, Abimaël Guzman Guerre de Libération Vietnamienne et Parti Communiste Vietnamien Guérilla Congolaise, Pierre Mulele L’Armée de Guérilla au Service des Populations Insurgées L’armée de guérilla doit servir les insurgés, pas uniquement par la lutte armée, mais aussi par ses contributions à la lutte contre la famine, la sécheresse, les inondations et les typhons, à la mise sur pied de chantiers et d’usines, etc. c’est non seulement une armée de combattants, mais aussi de travailleurs. Propagande auprès de l’Armée Occupante La démoralisation de l’adversaire passe aussi par la propagande auprès de l'ennemi, afin de faire douter et réfléchir les militaires du camps adverse, de leur montrer qu'ils combattent non pour leurs intérêts propres mais pour ceux des colonialistes et des classes dominantes dont ils ne sont que la chair à canon, de leur donner une idée exacte de la politique de clémence des insurgés à l'égard des prisonniers de guerre et des ralliés, et de les amener par là à passer dans les rangs de la guérilla et à retourner leurs fusils contre l'ennemi. Ainsi les insurgés vietnamiens sont parvenus à rallier des dizaines de milliers de leurs adversaires (vietnamiens ou français), ce qui a également eu pour effet de jeter le plus grand désarroi chez l’ennemi. Lutte Insurrectionnelle Libertaire et Démocratie Directe Que ce soit au sein de l’Armée de Guérilla ou plus généralement dans les communes et régions insurgées, la démocratie directe est organisée, depuis la phase de préparation clandestine de la guérilla jusqu’au cours de celle-ci. dans les unités locales (« de base »), des assemblées générales régulières permettent aux combattants et aux insurgés, dans l’égalité la plus totale, de prendre les décisions sur toutes les questions concernant le combat, le travail comme l'instruction, les études et la vie du groupe ou de la commune affinitaire. Dans les combats comme lors de l’instruction, des assemblées générales donnent lieu à des propositions et au vote de tous le plan opérationnel, visant à faire s’épanouir les initiatives. Tous les insurgés et guérilleros décident également de la gestion et l'amélioration de la vie matérielle, dans le cadre de l’exposition à tous des moyens économiques, financiers et des ressources disponibles. Les décisions prises dans le cadre de la démocratie directe sont librement consenties, et dès lors que des insurgés y adhèrent (ils ont aussi la possibilité de quitter le groupe et de choisir une autre forme d’organisation dans le cas contraire), ils doivent appliquer strictement ces décisions sur le terrain, selon les modalités et les mandats décidés en assemblée générale. Organisation de l’Armée Insurrectionnelle L’organisation de l’armée insurrectionnelle doit permettre de résoudre les divers problèmes d'équipement, de ravitaillement, d'entraînement, de règlements, etc. ; l’organisation doit répondre, à toutes les phases de la lutte aux exigences stratégiques, tactiques et opérationnelles, à la réalité du combat. Elle doit par ailleurs s'adapter aux possibilités d'équipement et de ravitaillement, dans le cadre de l'économie de résistance, et aux conditions concrètes du théâtre opérationnel. Au départ, les difficultés matérielles considérables s’accumulent, les armes et munitions manquent ainsi que l’équipement général, et l’organisation de l’armée insurrectionnelle varie fortement d’une région à l’autre. il faut donc organiser l’amélioration continuelle de l’équipement et du ravitaillement ; il faut aussi progressivement regrouper les petites unités pour former peu à peu des colonnes, des régiments, des divisions entières. Aux unités d’infanterie, il faut progressivement ajouter d’autres unités : unités d'accompagnement, puis unités de génie, d'artillerie légère, etc. Il faut aussi étudier le perfectionnement et l’adaptation permanente de l'organisation à la lumière de la pratique de l'entraînement et des manœuvres. Il faut aussi à mesure que l’armée de guérilla s’accroît, réorganiser et améliorer les services d'état-major et de logistique. Equipement de l’Armée Insurrectionnelle Il faut résoudre le problème de l'équipement, base matérielle de la puissance de combat. Sans armements, il ne saurait être question d'organiser des troupes, ni d'entreprendre la lutte armée. La quasi-inexistence de bases industrielles, et la limitation des arrières à des régions montagneuses et à la campagne, compliquent la question de l'équipement. Il faut autant que possible rechercher la source de ravitaillement en arme et en équipement militaire au front, arracher les armes à l'ennemi pour s’équiper et l'abattre avec ses propres armes. L’armée ennemie doit devenir une entreprise de transport spécialisée dans la fourniture d'armements de pointe aux insurgés. Les ateliers d’armement clandestins doivent surmonter de leur mieux mille et une difficultés matérielles et techniques pour transformer la ferraille en armes ; l'infériorité en armements est une faiblesse majeure à surmonter à tout prix. Formation, Exercice et Instruction de l’Armée Insurrectionnelle La formation et l’entraînement des guérilleros est essentiel pour que ceux-ci puissent d’une part manier avec maîtrise le matériel, la tactique et la technique, et d’autre part pour élever le niveau de connaissance des guérilleros suffisamment pour que chacun d’entre eux puissent participer à la prise de décision en assemblée générale en toute connaissance de cause. L’entraînement et l’exercice son un élément essentiel de la préparation au combat. Cet entraînement doit s'inspirer profondément dans son contenu des stratégies, des tactiques et de la pensée opérationnelle choisis et développés par les guérilleros. Il doit aussi tenir compte de la réalité physique du terrain de lutte. Il s’agit aussi de s’inspirer des enseignements et expériences issus de toutes les luttes insurrectionnelles menées par l’humanité, en opérant dans ces enseignement un tri par pertinence en fonction de la situation spécifique d’une insurrection. Durant la période insurrectionnelle directe, l’entraînement ne peut intervenir qu’entre les phases de combat réel. Aussi le combat doit être conçu lui-même comme un entraînement, par étape, les guérilleros les moins aguerris ne participants d’abord qu’aux opérations les plus simples et les moins risquées. Les entraînements entre les combats doivent enseigner aux guérilleros ce qui leur sera directement utile
le lendemain lors des combats et des opérations. Un suivi précis et rigoureux de la formation et de l’expérience de chaque guérillero doit être effectué. Une réforme de l’instruction doit être opérée au plus vite et de manière radicale lorsque celui-ci se traduit dans les combats par des défaites ; en toute circonstance, victoire ou défaite opérationnelle, cet enseignement doit être parfait, notamment au travers d’un débriefing. Au cours de l’instruction, les guérilleros doivent acquérir la maîtrise de la technique moderne, la tactique de chaque arme, et la tactique de la coordination, ainsi que le science militaire moderne. Doivent également être étudiés la situation concrète de l’ennemi et celle des insurgés, la configuration du terrain, etc. Dans une armée insurrectionnelle libertaire, il n’y a pas de « cadres », il n’y a que des mandats, que tous les guérilleros doivent pouvoir assumer, ce qui suppose un enseignement poussé adéquat à ce principe. Cependant, les mandats accordés doivent être en relation avec l’expérience acquise de chaque guérilleros, et on doit refuser la « candidature » d’un guérillero trop peu expérimenté pour assumer et découvrir lors du combat une tâche spécifique. Respect Rigoureux des Règles et des Décisions Directes dans l’Armée Insurrectionnelle Des réglementations sont nécessaire au fonctionnement de l’armée insurrectionnelle ; dans une armée insurrectionnelle libertaire, ces règlements sont établis par les guérilleros eux-mêmes, par décision directe. Parmi ces règles, celles concernant le partage des ressources, celles relatives à la vie collective dans les camps et les bases, celles relatives aux sanctions (essentiellement le renvoi en cas de faute grave), l’entretien des armements, le partage des tâches quotidienne, les règles spécifiques à chaque mandat et rôle, etc. mais aussi toutes les règles touchant à la coordination des différents groupes composant l’armée insurrectionnelle, à la planification coordonnée de l’action, à la communication, les règlements de combat, etc. Différentes Formations Armées Insurrectionnelles, Groupes de Partisans et de Réserve Parallèlement à l’édification d’une armée insurrectionnelle disposant de vastes unités, de colonnes, il est nécessaire d’attacher une attention particulière à la poursuite conjointe du développement de formations de partisans, qui constituent par ailleurs pour les plus importantes unités de potentielles forces de réserve. Parallèlement aux unités générales (colonnes…) et régionales, nombre de guérilleros doivent s’organiser en formations armées de partisans, d’autodéfense locales, de choc, dans les petites bases militaires clandestines de la guérilla. Ces unités elles-mêmes doivent être complétées et soutenue par un vaste réseau de forces semi-armées. Alors que les unités générales mènent la guerre de mouvement les unités régionales cordonnent avec les groupes de partisans, d’auto-défense, de choc et les formations semi-armées, le soutien aux unités générales. En dehors du soutien aux unités générales, les unités régionales protègent leur région, les différents groupes de partisans et de guérilleros défendent leurs villages et communes, participent à la production, tandis qu’à travers les formations semi-armées, c’est l’ensemble de la population insurgée qui participe à la lutte armée, selon le principe « tout le peuple en armes ». Les formations de partisans sont aussi les seules à être étendues sur toute l’étendue des zones libres et occupées. Les formations de guérilla, de partisans, mènent en coordination avec les unités générales des actions sur les arrières de l’adversaire, pour disperser ses effectifs, pour l’user, l’immobiliser quand cela est opportun, pour permettre aux unités générales très mobiles de venir l’anéantir ; les partisans transforment ainsi les arrières de l’ennemi en lignes avancées de l’insurrection, et créent dans cette zone des bases de guérilla qui serviront ensuite de tremplin aux offensives des unités générales en zone occupée. Dans le même temps, cette présence des partisans dans la zone occupée complique l’instrumentalisation des populations occupées par l’ennemi. Dans les zones libres, les partisans et guérilleros organisent la résistance et la lutte contre l’espionnage, et selon des modalités très mobiles, suppléent efficacement d’une région, d’une commune à l’autre aux efforts de production, de ravitaillement et de transport. Equilibre entre Forces Combattantes et Force de Production Il faut à tout moment veiller à ce que la proportion de la population insurgée qui se consacre à la lutte armée n’empiète pas sur le temps nécessaire à la production. L’autosubsistance de chacun prime sur la participation des insurgés aux formations armées. D'un côté, il faut réduire les dépenses militaires pour pouvoir consacrer plus de ressources à l'édification économique, seule voie viable pour impulser l'édification de l’autogestion intégrale, la consolidation des arrières, et l'amélioration des conditions de vie du peuple, et par là même, de créer de bonnes assises pour le renforcement de la lutte armée. D'un autre côté, il faut tout faire pour élever la valeur qualitative de l'armée et développer les formations de partisans et les forces de réserve.
Bases et Arrières de la Lutte insurrectionnelle La question des arrières est une question essentielle dans la lutte armée. Dans la phase de préparation de la lutte insurrectionnelle, les insurgés ne disposent le plus souvent ni de forces militaires, ni d’espace libre pour servir de tremplin aux activités insurrectionnelles. Il faut alors édifier de minuscules et nombreux centres armés clandestins, qui permettront à leur tour l’édification de bases coordonnant l’action insurrectionnelle de plusieurs communes, voire de plusieurs régions insurgées. Le maintien de ces bases et la consolidation des arrières en zone libre est d’une importance majeure dès le lancement de l’insurrection armée. Car c’est précisément dans le but d’anéantir de telles bases arrières, et les organismes de direction qu’il suppose que celles-ci protègent, que l’ennemi tentera des incursions en zone libre, et ratissera la zone occupée. En dehors de vastes bases dans la zone libre, nombre de bases se trouvent dans des zone occupées ou partiellement occupées. Aussi est-il nécessaire d’édifier un nombre incalculable de bases de ce type, sur tous les théâtres d’opération, qui même abandonnées, mais soigneusement cachées, restent pour l’armée insurrectionnelle autant de bases opérationnelles. La création de ces bases revient aux populations insurgées directement, en coordination avec l’armée insurrectionnelle. Les bases arrières jouent un rôle primordial dans le ravitaillement du front. Aussi, il faut faire en sorte que les bases arrières disposent de riches ressources financières, matérielles et de la participation de nombreux insurgés. L’armée insurrectionnelle doit elle aussi participer directement au développement des arrières. Embuscades Faux barrages de police ou de l'armée occupante ; attaques contre des centres de recrutement de l’armée ou de la police ; Le Système Néo-Colonial Pierre Mulele, le révolutionnaire congolais, définit le néo-colonialisme comme une domination impérialiste exercée par l'intermédiaire des « propres frères traîtres et corrompus » de la population, « c'est-à-dire les réactionnaires de la bourgeoisie », « une caste qui ne cherche qu'à s'enrichir d'une manière scandaleuse, rapide, révoltante, impitoyable au détriment des intérêts réels du peuple qui
continue à mourir de faim », « qui servent d'intermédiaires aux capitalistes et constituent le support d'une politique étrangère ». Cette forme de domination se traduit plusieurs formes d’exactions semblables aux exactions coloniales : tueries, assassinats, empoisonnements, corruption avec des sommes colossales d'argent en dollars, propagande mensongère par radio, journaux, tracts. Le stratégie néocoloniale s’appuie sur les divisions de la population, les querelles, les « luttes tribales », provoquées et entretenues d'ailleurs par les ethnologues, sociologues et psychologues de la puissance néocoloniale présents dans le pays au titre de la « coopération ». La puissance impérialiste corromps une partie de la population, celle qui était déjà son alliée sous la colonisation, pour en faire son auxiliaire. Ainsi, l’Etat occupant et la population occupée restent sous la coupe des capitaux étrangers, qui font exécuter leurs basses besognes par leurs boys, des réactionnaires locaux installés au gouvernement et dotés d’une armée, formée et dirigée par des instructeurs de la puissance impérialiste. L’objectif de la puissance impérialiste est bien entendu de poursuivre le pillage des richesses, par la poursuite de l’oppression la plus violente de la population. Faiblesse de l’Armée d’Occupation La faiblesse de l'armée d’occupation réside dans le fait qu'elle opprime la population et brime le soldat. Quelques Règles de Sociabilité d’une Armée de Guérilla Absence de tout pillage des populations, paiement de toute denrée et de toute ressource donnée par la population ; les objets et ressources empruntés sont rendus à la population ; les objets détruits lors des combats sont réparés, remplacés ou remboursés ; les guérilleros n’insultent et ne frappent jamais la population ; les champs des villageois ne doivent pas être piétinés ou abîmés ; les guérilleros ne violent jamais les femmes et leur témoigne le respect dû à tout être humain. Les guérilleros ne font jamais souffrir ceux qui sont arrêtés pendant les combats, et les biens personnels, les possessions (à distinguer de la propriété, qui suppose une rente) de ces derniers ne sont jamais confisqués. Toute menée consistant à se servir de l’action insurrectionnelle à des fins d’enrichissement personnel ou pour servir des ambitions personnelles conduit à l’exclusion immédiate de l’armée de guérilla pour son auteur. Guérilleros et populations insurgées Ceux qui se portent volontaires pour devenir guérilleros ne vivent pas pour autant coupés des autres insurgés, et de la population en général ; ils vivent et luttent à leurs côtés, partagent leurs difficultés et souffrances quotidiennes Partage des Connaissances entre Insurgés Tout insurgé qui dispose de quelque instruction, dans n’importe quel domaine, la transmet autant que possible aux insurgés qu’il côtoie. Dans chaque localité, les insurgés peuvent s’auto-organiser pour former des écoles, se donner mutuellement des cours. Une fois instruit dans un domaine quelconque, tout insurgé va porter ses connaissances dans les localités voisines. Soutien Extérieur à la Guérilla La guérilla doit veiller à ne jamais s’aliéner à une quelconque aide extérieure, fut-elle sincère. Si cette aide est bonne à prendre, tout doit être fait pour que la guérilla puisse s’en passer à nouveau à tout moment. Les insurgés doivent essentiellement compter sur euxmêmes et rester jaloux de leur autodétermination intégrale. Apprendre des Erreurs Les erreurs et les défaites partielles sont inévitables, elles doivent donner lieu de la part des insurgés à une investigation critique, et à une analyse de tous les déterminants qui y ont conduit, afin d’en éviter la reproduction. Fondements Sociaux-Culturels de l’Insurrection Les insurgés doivent veiller à ce que leur mouvement ne se cantonne pas à une population spécifique, éviter à tout prix la « tribalisation », « l’ethnicisation » de l’insurrection, facteur d’isolement. Par ailleurs, toute personne sincère, quelque soit sa classe d’origine, et dès lors qu’elle est déterminée à partager le sort commun à tous les insurgés, est également la bienvenue. C’est une lutte contre la domination, avec tous ceux qui veulent y mettre fin. Préparation Silencieuse de l’Action Insurrectionnelle « Au début, nous n’étions pas beaucoup, quelques-uns seulement à aller d’un côté et de l’autre, à parler et à écouter d’autres comme nous. Nous avons fait ça pendant de nombreuses années et nous l’avons fait en secret, sans faire de bruit. C’est-à-dire que nous avons rassemblé nos forces en silence. Nous avons passé dix ans comme ça et après nous avons grandi et vite nous avons été des milliers » [citation de l’EZLN]. Lancement de l’Action Insurrectionnelle Une fois bien préparés, et après avoir rassemblé des milliers de partisans, et après avoir rassemblé des armes, les insurgés peuvent par surprise investir les villes et les localités prêtes à l’insurrection. Premières Réaction de l’Occupant Les classes dominantes sont prises de frayeur face à l’apparition de l’insurrection ; ils envoient alors le plus souvent leurs armées, avec la volonté d’en finir par tous les moyens avec l’insurrection. Face à cette première vague de répression, les insurgés doivent être extrêmement bien préparés, et avoir prévu notamment des bases de retraite fiables : montagnes, forêts, etc. L’armée occupante se mettra alors à la recherche des insurgés en fouillant les moindres recoins qui lui restent accessibles. Un des moyens de défense efficace est que les forces d’occupation ne puissent pas déterminé qui est guérillero, insurgé ou ne l’est pas. De ce point de vue, il est essentiel qu’il y ait une importante symbiose entre les insurgés et l’ensemble de la population.
Soulèvements contre la Répression Dès que les forces d’occupation commencent à réprimer l’insurrection, par des bombardements, des arrestations arbitraires, des assassinats, un facteur peut jouer un rôle important, c’est la solidarité de la population avec les insurgés, qui peut se manifester par d’importants soulèvements, grèves, rassemblements dans les villes contre la guerre faite aux insurgés. Il revient alors aux insurgés, comme l’ont fait les zapatistes, de décréter un cessez-le-feu unilatéral, et d’appeler à la recherche d’une « solution sans massacre ». face à cette attitude, il est difficile pour les forces d’occupation, au risque de perdre absolument tout crédit dans la population, de poursuivre ouvertement ses exactions. Tout en dialoguant avec les forces d’occupation pour jauger le degré de leur volonté de trouver une solution négociée et valable, il est alors important de se tourner vers la population qui a pris sa défense et qui s’est d’une manière plus générale opposée à la guerre, pour lui expliquer les raisons de l’insurrection, en faisant bien comprendre que si les moyens de lutte ne sont pas les mêmes pour elle et pour les insurgés, les causes de ces luttes sous des formes différentes et tout aussi respectables sont les mêmes. Justifications de l’Action Insurrectionnelle Mettre fin aux maux commis par les puissants à l’encontre de la population, humiliation, vol, emprisonnements, assassinats. Négociations avec l’Occupant Il ne faut pas trop nourrir d’illusions sur ce qui peut ressortir des négociations avec les forces d’occupation ; il ne s’agira plus probablement que d’une feinte qui leur permet essentiellement de se préparer à attaquer les insurgés pour les éliminer définitivement. Ce comportement peut se traduire par des attaques répétées au cours même des « négociations ». Il faut évidemment se donner les moyens de résister à ces attaques, et mobiliser parallèlement dans l’Etat occupé et dans le monde entier contre l’occupant et ses exactions. Les forces d’occupation s’ingénieront à museler ces solidarités, et parallèlement, elles encercleront les insurgés, à les assiéger, veillant parallèlement à ce que la population oublie les insurgés, pour les isoler totalement ; c’est ce qui s’est produit au Chiapas en février 1995 quand une grande quantité de troupes a voulu repousser les insurgés, sans y parvenir. Face à ces manœuvres, il est impératif de maintenir l’existence de nombreux soutien, et d’opposer une résistance acharnée et parfaitement organisée à l’occupant. Il est également utile d’inviter aux pourparlers beaucoup de gens et d’organisations engagés dans les luttes sociales ou dans les luttes des populations locales impliquées dans l’insurrection, ainsi que des organisations et des personnalités de plan international. Il s’agit alors pour les insurgés de se mettre d’accord avec ces organisations sur une plateforme de négociation avec l’occupant. Cela permet aux insurgés de peser beaucoup plus fortement sur les négociations. Accords avec l’Occupant Au Chiapas, les zapatistes sont parvenus à imposer à l’occupant la signature d’accords, les « accords de San Andrés ». Ces accords stipulaient que l’Etat occupant reconnaissait les droits des peuples indiens du Mexique et respectait leur culture, et que ces droits allaient être portés dans une loi constitutionnelle. Mais une fois signés, ces accords sont restés lettre morte ! Au contraire, de nouvelles attaques ont été perpétrés contre les insurgés, comme le 22 décembre 1997, date à laquelle Zedillo a fait tuer 45 hommes, femmes, anciens et enfants, à Acteal, un hameau de Chiapas… Pendant ce temps, les zapatistes se sont accrochés aux accords, pour les faire respecter, obtenant ainsi la poursuite et le renforcement du soutien de la population, ainsi que le soutien international. La signature de tels accords permet également de dénoncer rétrospectivement leur non-respect par l’occupant, et de discréditer celui-ci auprès de l’ensemble de la population. Cela permet de prouver à tous que « le sang, la mort, la souffrance, les mobilisations, les consultations, les efforts, les déclarations nationales et internationales, les rencontres, les accords, les signatures, les engagements, rien ne compte [citation de l’EZLN] » pour ces escrocs, et qu’ils refusent « toute solution pacifique, dialoguée et négociée à la guerre ». l’occupa,nt est ainsi discrédité d’avance pour toute tentative de justification ultérieure de ses exactions et de ses manœuvres auprès de l’opinion internationale. Inversement, il est essentiel pour les insurgés de continuer à respecter, autant que possible, les accords signés, même si l’occupant ne respecte pas sa part. c’est ce qu’on fait les zapatistes pour les accords de San Andrés. Dialogue et Accords avec des Populations Locales Non-Insurgées Face à la répression de l’occupant, et au non-respect par celui-ci d’un éventuel accord, il est possible de développer des relations avec les populations non-insurgées, comme l’ont fait les indiens du Chiapas avec d’autres peuples indiens du Mexique et avec leurs organisations, pour passer un accord permettant de lutter tous ensemble pour la même chose, la reconnaissance des droits et de la culture indigène. Dans le cas d’une insurrection libertaire, il ne s’agit pas de reconnaître une culture identitaire, mais une culture affinitaire plurielle, c'est-à-dire la liberté de s’associer avec qui bon nous semble réciproquement, sur les bases de règles que nous établissons ensemble nous-mêmes, par la démocratie directe. C’est cette revendication d’autodétermination de chacun qu’il faut transmettre, et pour laquelle il faut passer des accords, mais il faut aussi passer des accords avec des populations dont la lutte n’est pas aussi poussé et qui s’en tiennent à une démarche revendicative, qui leur permet malgré tout de faire évoluer leur situation. L'essentiel est qu’il y ait une reconnaissance mutuelle de nos luttes, et un soutien réciproque, que les luttes se nourrissent mutuellement. Une telle démarche peut être étoffée par l’appui qu’elle peut recevoir de la part d’importantes personnalités à travers le monde. Par ailleurs, il est souhaitable de développer le dialogue avec l’ensemble des populations de l’Etat occupant. C’est ce qu’ont fait les zapatistes en 1997 lors de leur marche sur Mexico, la « Marche des 1111 », constituée symboliquement d’une compañera et d’un compañero de chaque village zapatiste, puis la consultation organisée en 1999 dans tout le Mexique, qui a prouvé, malgré la propagande officielle, que la majorité de la population du Mexique était favorable aux zapatistes ; elle a été suivie de la « Marche pour la dignité indigène » en 2001, qui a reçu le soutien de millions de Mexicains et de gens d’autres pays, et qui a abouti au Congrès de l’Union, pour exiger la reconnaissance des indigènes mexicains. Si ces actions de propagande zapatiste n’ont pas eu d’effet sur les hommes politiques, elles ont en revanche décuplé le soutien de la part de la population. Soutien des Populations des Métropoles Impérialistes Il s’agit là d’un point qui peut s’avérer très déterminant pour le succès de l’insurrection ; le fait que des populations des métropoles impérialistes en cause, à quelque titre que se soit, dans la domination et l’exploitation subie par les insurgés est de la première importance ; d’abord parce que ces puissances impérialistes craignent plus que tout le développement d’un soutien endogène aux insurrections qui se développent dans leurs néo-colonies, car elle aiguise le sens critique de la population métropolitaine, lui fait comprendre et l’intéresse à la politique de son Etat occupant, et peut provoquer une forte crise de régime. Ensuite parce que cela est
nuisible aux « bonnes » relations internationales et diplomatiques de cette puissance ; enfin parce que ces manœuvres pour soutenir le régime néo-colonial qui combat l’insurrection perdent dès lors leur invisibilité. Ce soutien peut se traduire par le boycott international des multinationales impliquées dans la néo-colonie, ou être dirigé contre l’Etat impérialiste lui-même. Rencontres Internationales Un moyen efficace de trouver des soutiens à travers le monde est de provoquer des rencontres internationales, que ce soit dans l’Etat occupant quand cela est possible, ou à l’étranger ; ces rencontres permettent de faire connaître l’insurrection à des milliers de personnes venues d’Amérique, d’Asie, d’Europe, d’Afrique et d’Océanie, comme les « rencontres intergalactiques » des zapatistes. L’Insurrection Ludique et l’Humour Zapatiste L’humour est très présent dans la lutte zapatiste (« rencontres intergalactiques », etc.), ainsi que l’aspect ludique et festif (comme lors des marches. Mais il est également accompagné d’un travail de fond, de réflexion, d’échange intellectuel de haut niveau. Ce caractère très riche et très dense fait toute la particularité du mouvement zapatiste, par rapport à nombre de guérillas, le plus souvent marxistes, aux accents très dogmatiques et à l’esprit triste, jésuitique et austère. Il s’agit d’une profonde ouverture d’esprit, peu commune dans les mouvements de guérilla. Les Communes Affinitaires Insurgées Les zapatistes ont mis en place des « communes autonomes rebelles zapatistes » ; c’est la forme d’organisation que les communautés ont choisie pour gouverner et se gouverner, bien qu’il soit clair que cette forme d’organisation leur a été soufflée par l’EZLN. L’EZLN se défend cependant de toute « manœuvre » et se fonde sur une « tradition » indigène pour justifier cette forme d’organisation : « Cette forme de gouvernement autonome n’a pas été miraculeusement inventée par l’EZLN, elle vient de plusieurs siècles de résistance indigène et de l’expérience zapatiste et c’est un peu l’auto-organisation des communautés ». Les libertaires ne fondent pas leurs rapports sociaux sur la « tradition », quoiqu’ils ne la rejettent pas non plus ; nous disons simplement qu’avant d’être éventuellement « identitaires » et traditionnels, nos rapports sont fondamentalement affinitaires : nous nous mettons ensemble parce que nous l’avons librement choisi, chacun d’entre nous et directement, sans « représentants » pour nous associer de force. Nous formons plusieurs groupes, selon nos affinités. L’identité interdit l’affinité, alors que l’affinité la permet, mais permet aussi la créativité et l’invention de nouvelles formes. De plus, l’identité, qu’elle soit « nationale » ou « traditionnelle », interdit le changement, alors que l’affinité permet à chacun de remettre en cause les formes d’association qu’il avait d’abord choisi. L’affinité est profondément anti-autoritaire. Chez les zapatistes, « ce sont les villages eux-mêmes qui décident, parmi eux, qui et comment on gouverne, et ceux qui n’obéissent pas sont renvoyés. Si la personne qui commande n’obéit pas à la communauté, on la blâme, elle perd son mandat d’autorité et une autre prend sa place. ». Chez les libertaire, il n’y a pas de mandat pour des commandants, seulement pour des exécutants des décisions prises directement par la population. Solidarité entres les Communes Affinitaires Dans le cadre de leurs « communes autonomes rebelles », les zapatistes ont été confrontés au fait que toutes ne recevaient pas le même soutien de la société civile, et que toutes n’allaient pas aussi loin dans l’émancipation de la population. Ils ont donc fait en sorte, à leur manière, d’instaurer conjointement plus d’égalité entre eux. Chez les libertaires, il n’y a pas de liberté politique sans égalité économique rigoureuse. Un système économique solidaire, identique pour tous, est donc fondamental pour l’exercice de cette liberté politique de chacun, ce qui interdit par exemple l’appropriation collective (à l’échelle d’un village, d’une ville, d’une région) des ressources présentes sur le territoire. Toutes les ressources naturelles disponibles dans l’ensemble des territoires insurgés sont directement partagées, en droit, entre chacun des insurgés ; les ressources issues du travail humain (biens et services) ont une valeur équivalente au nombre d’heure qu’elles ont nécessité pour leur production (le nombre d’heure de travail étant même la « monnaie » instituée), et toute heure de travail constitue un crédit équivalent pour les travailleurs. Les communes, ainsi que l’armée de guérilla envers les communes, doivent se transmettre mutuellement et partager les aides et contacts noués dans l’Etat occupant et dans le monde entier. Rapport entre Insurgés et Guérilleros En aucun cas la guérilla ne peut interférer dans l’autodétermination des insurgés et des Communes Affinitaires Autonomes. Ainsi au Chiapas, les zapatistes ont constaté que « l’EZLN, avec son côté politico-militaire, intervenait dans les décisions qui revenaient aux autorités démocratiques ‘civiles’. Le problème était que la partie politico-militaire de l’EZLN n’est pas démocratique, parce que c’est une armée, et nous avons trouvé que ce n’était pas correct que le militaire soit en haut et le démocratique en bas, parce qu’il ne faut pas que ce qui est démocratique se décide militairement ». Les zapatistes ont donc fait en sorte de diminuer, jusqu’à la faire disparaître, l’influence de l’EZLN sur les communes autonomes rebelles zapatistes. Pour cela, ils ont « commencé par séparer ce qui est politico-militaire de ce qui concerne les formes d’organisation autonomes et démocratiques des communautés zapatistes. Comme ça, les actions et les décisions qu’effectuait et prenait avant l’EZLN ont été passées petit à petit aux autorités démocratiquement élues dans les villages ». Dans une insurrection libertaire, il ne peut y avoir ni autorité politico-militaire pesant sur les insurgés, ni même « autorité civile démocratiquement élu », mais seulement des mandataires-exécutants, désignés pour appliquer les décisions prises en démocratie directe par la population. Cependant, il faut excuser les zapatistes en tenant compte du fait qu’ils se sont préparés pendant des années pour une guerre prévisible, et que cette forme d’organisation autoritaire s’est installée au cours de la guerre elle-même. Ils ont alors créé en août 2003 des « Conseils de bon gouvernement », pour apprendre à « commander en obéissant », ce qui sans interdire de nouvelles évolutions futures, ne correspond en rien à un fonctionnement libertaire… Utilisation de l’Aide Internationale et Mesures Contre Toute Corruption « D’août 2003 à juin 2005, la direction de l’EZLN n’est plus intervenue avec ses ordres dans les affaires des civils », veillant en revanche à la bonne utilisation des aides internationales reçues par les communautés, avec le souci de prévenir toute source de discrédit auprès de la « société civile » mexicaine et internationale, mais en veillant aussi à ce que cette aide n’aille pas toujours aux mêmes, comme c’était le cas au départ où ces organisations choisissaient elles-mêmes la destination de leurs dons. Depuis juin 2005, cette dernière tâche de vigilance est confiée « aux bases de soutien zapatistes, avec des mandats temporaires et rotatifs, pour que tous et toutes apprennent et puissent effectuer ce travail ». la rotation des tâches et des mandats est un des fondements d’une société
libertaire. Elle interdit précisément à toute personne de s’accaparer les charges, les postes, accaparement qui autoriserait ensuite toutes les dérives ; les charges de chacun étant attribuées à tour de rôle, chacun connaît les possibilités de dérives et est plus apte à les prévenir, et ceux qui sont susceptibles de commettre ces détournements ont moins le temps de l’organiser, il leur est moins facile de développer des complicités dans d’autres postes (puisque ceux-ci tournent également), et la perte de leur position les expose à des contrôles rétro-actifs. C’est un mode de fonctionnement propre à décapiter par avance toute tendance bureaucratique et prédatrice. Les zapatistes continuent quant à eux à avoir des « dirigeants », mais essaient de s’organiser en sachant « qu’un peuple qui ne contrôle pas ses dirigeants est condamné à être leur esclave [...] nous luttons pour être libres, par pour changer de maître tous les six ans »… Pérennité de l’Armée de Guérilla Dès lors que ne subsiste plus aucune menace directe, l’armée de guérilla n’a plus aucune raison d’être. Les armes retournent au placard pour n’en sortir qu’en cas de nouveau danger immédiat. Aucune armée permanente ne saurait exister dans une société libertaire, qui est la seule raison d’être de l’armée de guérilla. Développement de l’Autonomie Economique Au cours même de l’action insurrectionnelle, tout doit être mis en œuvre par les insurgés pour le développement rapide de leur autonomie alimentaire et économique, et pour l’amélioration de leurs conditions de vie. A cette fin, il est utile de développer un réseau d’aide économique et technique, de partage des savoirs. Tout en développant son autonomie économique, chaque communauté insurgée peut essayer de développer son savoir-faire dans un domaine précis, pour nourrir des échanges avec les autres communautés insurgées. Cette amélioration doit viser tous les secteurs fondamentaux : la santé, l’éducation, l’alimentation, le logement, sans oublier les arts. Un tel développement est évidemment nettement facilité par la solidarité internationale, si elle existe. Lutte Anti-Patriarcale parmi les Insurgés Les mandats exécutifs doivent être accordés aux femmes comme aux hommes, sans discrimination ; au Chiapas, les zapatistes ont été confrontés à un fond culturel partiellement sexiste, qu’ils ont combattu en appuyant les femmes à exercer les « responsabilités » liées à leur système d’élections. Réforme Agraire et Socialisation des Terres Les latifundiaires sont expropriés par la guérilla, et les terres sont réparties entre les insurgés pour leur usage personnel et aux communes affinitaires selon le nombre de leurs membres pour les cultures. C’est ce qu’on fait les zapatistes au Chiapas, mais ils ont été confronté à une inégale répartition des terres entre les communes « traditionnelles » dans lesquels ils ont établi leur caracoles. Emancipation Mutuelle et apprentissage Social de la Pluralité des Mondes - l’Intergalactique C’est probablement les zapatistes du Chiapas qui ont le mieux illustré ce souci du respect de la diversité culturelle jusqu’à présent. Tant dans les relations entre les différentes communes affinitaires des insurgés qu’avec les visiteurs et soutiens qui entrent en contact avec les insurgés, le respect des choix et orientations de chacun doit être mutuel. Fonctionnement de l’Armée Insurrectionnelle L’Armée Insurrectionnelle libertaire connaît un fonctionnement autogestionnaire et à un caractère non-hiérarchique, du moins en matière de prise de décision et de désignation des exécutant ; l’exécution suppose par contre une chaîne d’exécution qui doit être respectée par tous, une fois la décision prise par l’ensemble des guérilleros concernés. L’EZLN malgré son orientation partiellement libertaire, est structurée autour d’un « Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène », véritable direction militaire de l’armée, c'est-à-dire des dirigeants, même si l’EZLN s’efforce d’assurer le renouvellement et une rotation partielle de ces tâches de direction, en préparant de nouvelles générations de guérilleros à assumer les « tâches de direction et d’organisation » (commandantes) ; l’EZLN a aussi des miliciens, des responsables locaux et régionaux et des bases de soutien. Malheureusement, l’EZLN se complet dans la reconnaissance parmi les insurgés les plus anciens de « leaders naturels dans leurs unités et dans leurs communautés ». Education des Insurgés L’objectif est de faire en sorte qu’au bout de quelques années, les nouvelles générations d’insurgés aient tous reçu une formation politique, technique et culturelle La Contre-Révolution Durant l’insurrection, les compañer@s doivent affronter les attaques militaires, politiques, idéologiques et économiques de la contreguérilla et du Pouvoir occupant, les sièges, le harcèlement et les persécutions. Si elle est combattue intelligemment, cette campagne contre-révolutionnaire peut avoir l’effet inverse de celui escompté par ses organisateurs, c'est-à-dire mobiliser de nouvelles populations en faveur de l’insurrection. Elargissement Social de l’Insurrection Après son lancement, l’insurrection ne peut perdurer et permettre d’établir durablement une société libertaire si elle ne parvient pas à s’élargir aux ouvriers, aux paysans, aux étudiants, aux professeurs, aux employés, c’est-à-dire à l’ensemble des travailleurs des villes et des campagnes. C’est ce qu’ont parfaitement compris les zapatistes, qui ont ouvert un dialogue brillant avec ce qu’ils appellent la « société civile ».
Soutenir et Fédérer les Luttes Sociales Passons la parole des zapatistes : « Les indigènes qui luttent pour leur autonomie, défendent leur culture et prennent soin de la terre, des forêts, de l’eau ; [...] les travailleurs de la campagne, les paysans, qui s’organisent et font des manifestations et des mobilisations pour exiger des crédits et des soutiens à l’agriculture ; [...] les travailleurs de la ville qui ne permettent pas qu’on leur retire leurs droits ou qu’on privatise leur travail, mais protestent et se manifestent pour qu’on ne leur retire pas le peu qu’ils ont et qu’on ne retire pas au pays ce qui est à lui de fait, comme l’électricité, le pétrole, la sécurité sociale, l’éducation ; [...] Les étudiants qui ne permettent pas qu’on privatise l’éducation et luttent pour qu’elle soit gratuite et populaire et scientifique, autrement dit qu’elle ne soit pas payante, que tout le monde puisse apprendre, et que dans les écoles on n’enseigne pas de stupidités ; [...] Les femmes qui ne permettent pas qu’on les traite comme des objets ou qu’on les humilie et les méprise simplement parce qu’elles sont des femmes, mais s’organisent et luttent pour le respect qu’elles méritent en tant que femmes [...] ; les jeunes qui n’acceptent pas qu’on les abrutisse avec les drogues ou qu’on les harcèle pour leurs manières d’être, mais prennent conscience avec leur musique et leur culture, leur rébellion en fait [...] ; les homosexuels, lesbiennes, transsexuels et beaucoup d’autres pratiques, qui n’acceptent pas qu’on se moque d’eux, et les méprise, et les maltraite, et parfois les tue parce qu’ils ont une pratique différente, et qu’on les traite d’anormaux ou de délinquants, mais s’organisent pour défendre leur droit à la différence [...] ; les prêtres et les religieuses et ceux qu’on appelle les séculiers, qui ne sont ni avec les riches ni résignés dans la prière, mais s’organisent pour accompagner les luttes des peuples [...] ; les combattants sociaux, qui sont des hommes et des femmes qui ont passé toute leur vie à lutter pour le peuple exploité, et ce sont les mêmes qui participent aux grandes grèves et aux actions ouvrières, aux grandes mobilisations citoyennes, aux grands mouvements paysans, et qui ont souffert les grandes répressions, et quoi qu’il en soit, bien que certains soient âgés, ils ne renoncent pas, et vont de tous côtés cherchant la lutte, l’organisation, la justice et mettent en place des organisations de gauche, des organisations non gouvernementales, des organisations des droits humains, des organisations de défense des prisonniers politiques et de retour des disparus, des publications de gauche, des organisations d’enseignants ou d’étudiants, autrement dit la lutte sociale, et même des organisations politico-militaires, et ils ne s’arrêtent jamais, et savent ils en beaucoup parce qu’ils ont beaucoup vu, et entendu, et vécu, et lutté ; [...] les gens dignes [EZLN] [...] Et nous sommes très contents et heureux parce que, avec tous ces gens, les néolibéralistes ne vont pas gagner si facilement, [...] et nous espérons que notre "nous" pourra inclure toutes ces rebellions ». Mais aussi les luttes antiimpérialistes, sans pour autant soutenir les despotes locaux ; les zapatistes soutiennent Cuba : est-ce à dire qu’ils soutiennent pour autant Fidel et Raul castro ? Et encore les populations des métropoles impérialistes, qui subissent elles-mêmes le joug de leur puissant occupant. Sensualité Révolutionnaire & Solidarité Antinationale - Envoyer aux Mondes Rebelles des Messages de Tendresse et d’Amour C’est là encore qu’il nous faut transmettre la sensuelle parole zapatiste : « Nous voulons dire au peuple de Cuba, qui résiste depuis si longtemps sur son chemin, qu’il n’est pas seul et que nous ne sommes pas d’accord avec le blocus dont il est victime et que nous allons chercher un moyen de lui envoyer quelque chose, même si ce n’est que du maïs, pour l’aider à résister. Et nous voulons dire au peuple nord-américain que nous ne sommes pas naïfs et que nous savons que leurs mauvais gouvernements sont une chose, et que les Nord-Américains qui luttent dans leur pays et se solidarisent avec les luttes d’autres pays sont une chose très différente. Et nous voulons dire aux frères et aux sœurs mapuche du Chili que nous connaissons leur lutte et que nous apprenons d’elle. Et à ceux et celles du Venezuela que nous trouvons que c’est bien la manière dont ils défendent leur souveraineté, autrement dit le droit de leur nation à décider du chemin qu’elle veut emprunter. Et nous voulons dire aux frères et aux sœurs indigènes d’Équateur et de Bolivie qu’ils sont en train de donner une belle leçon d’histoire, à nous et à l’Amérique latine tout entière, parce que pour une fois on parvient à stopper la mondialisation néolibérale. Et nous voulons dire aux piqueteros et aux jeunes d’Argentine, simplement, que nous les aimons. Et à ceux d’Uruguay qui veulent un meilleur pays que nous les admirons. Et à ceux qui sont sans terre au Brésil que nous les respectons. Et à tous les jeunes d’Amérique latine que ce qu’ils font est très bien et qu’ils nous donnent beaucoup d’espoir. Et nous voulons dire aux frères et aux sœurs de l’Europe sociale, autrement dit l’Europe digne et rebelle, qu’ils ne sont pas seuls. Que nous nous réjouissons de leurs grands mouvements contre les guerres néolibérales. Que nous observons attentivement leurs formes d’organisation et leurs formes de lutte pour en apprendre éventuellement quelque chose. Que nous cherchons un moyen de soutenir leurs luttes et que nous n’allons pas leur envoyer des euros, pour qu’après ils soient dévalués à cause de l’effondrement de l’Union européenne, mais que nous allons peut-être leur envoyer de l’artisanat et du café, pour qu’ils les commercialisent et en tirent quelque chose pour les aider dans leurs luttes. Et que peut-être que nous leur enverrons du pozole, ça donne des forces pour résister, mais qu’après tout il est possible que nous ne leur envoyions pas, parce que le pozole c’est quelque chose bien de chez nous et qu’il ne manquerait plus qu’ils attrapent mal au ventre et qu’après leurs luttes s’en ressentent et qu’ils soient vaincus par les néolibéraux. Et nous voulons dire aux frères et sœurs d’Afrique, d’Asie et d’Océanie que nous savons qu’eux aussi luttent et que nous voulons en savoir plus sur leurs idées et sur leurs pratiques. Et nous voulons dire au monde que nous voulons le faire plus grand, si grand que puissent y avoir leur place tous les mondes qui résistent parce que les néolibéraux veulent les détruire et qu’ils ne se laissent pas faire mais luttent pour l’humanité. [EZLN] Les zapatistes se proposent ainsi de « dresser avec ces personnes et organisations de gauche un plan pour aller partout au Mexique où il y a des gens humbles et simples comme nous. Et nous n’allons pas aller leur dire ce qu’ils doivent faire, [...] pas non plus leur demander de voter pour tel ou tel candidat, nous savons parfaitement qu’ils sont tous partisans du néolibéralisme. [...] pas non plus leur dire qu’ils fassent comme nous ou qu’ils prennent les armes. Non, ce que nous allons faire, c’est leur demander comment ils vivent, comment est leur lutte, ce qu’ils pensent de notre pays et comment faire ensemble pour ne pas être vaincus. Ce que nous allons faire, c’est aller chercher la pensée des gens simples et humbles comme nous [...] Et peut-être que nous arriverons à un accord entre gens simples et humbles et qu’ensemble nous nous organiserons dans tout le pays et que nous mettrons d’accord nos luttes qui restent isolées, loin les unes des autres, et que nous trouverons une sorte de programme qui réunisse tout ce que tout le monde veut, et un plan pour savoir comment faire que ce programme, [...] atteigne ses objectifs. [...] nous pourrions faire une lutte de tout le monde : des indigènes, des ouvriers, des paysans, des étudiants, des professeurs, des employés, des femmes, des enfants, des anciens et des hommes et avec toutes les personnes au cœur bon qui auront envie de lutter [...] » [EZLN] ; « Nous invitons les indigènes, les ouvriers, les paysans, les professeurs, les étudiants, les ménagères, les habitants des colonias, les petits propriétaires, les petits commerçants, les micro-chefs d’entreprise, les retraités, les handicapés, les prêtres et les bonnes sœurs, les chercheurs, les artistes, les intellectuels, les jeunes, les femmes, les vieillards, les homosexuels, les lesbiennes et les enfants, garçons et filles, à participer directement, de manière individuelle ou collective, à la construction d’une autre façon de faire de la politique et d’un programme de lutte national et de gauche, et à lutter pour une nouvelle Constitution » [EZLN] La Guérilla Respecte les Accords qu’elle Signe C’est la démarche de l’EZLN par rapport aux accords de san Andrés : L’EZLN renouvelle ses engagements concernant le maintien du cessez-le-feu offensif et elle ne lancera aucune attaque contre les forces gouvernementales et n’effectuera aucun mouvement de
troupes offensif. [...] L’EZLN renouvelle ses engagements concernant la poursuite de ses activités dans le cadre de la lutte politique, avec l’initiative pacifique actuelle. Par conséquent, l’EZLN maintient sa volonté de n’entretenir aucune sorte de relation secrète avec des organisations politico-militaires mexicaines ou d’autres pays. [...] L’EZLN renouvelle ses engagements concernant la défense, le soutien et l’obéissance aux communautés indigènes zapatistes qui la constituent ainsi qu’à leur commandement suprême, et, sans interférer avec leurs méthodes démocratiques internes et dans la mesure de ses possibilités, elle contribuera au renforcement de leur autonomie, de leur bon gouvernement et à l’amélioration de leurs conditions de vie. Autrement dit, ce que nous allons faire au Mexique et dans le monde, nous le ferons sans armes, dans le cadre d’un mouvement civil et pacifique, et sans négliger ni cesser de soutenir nos communautés. » Importance des Rencontres Intergalactiques La parole aux zapatistes : « il faut organiser d’autres rencontres intercontinentales, même si ce n’est qu’une seule de plus. [...] Mais il ne faudrait pas que ce soit ce genre de rencontre avec estrades où il n’y en a que quelques-uns qui parlent pendant que les autres écoutent, mais une rencontre sans formalités, tout le monde sur le même plan et tout le monde parle. Avec un peu d’ordre quand même, parce que, sinon, c’est rien que du bruit et on ne comprend rien à ce qui est dit, alors qu’avec un peu d’organisation tout le monde écoute et peut prendre note des paroles de résistance des autres pour pouvoir les rapporter à leurs compañeros et compañeras dans leur propre monde » Combattre le culte de la personnalité Le culte de la personnalité est très présent dans les guérillas : Guevara, Villa et Zapata, Bolivar, Sous-Commandant Marcos, etc. Ce dernier a le mérite d’avoir choisi des épithètes qui tournent en dérision le véritable culte que lui vouent les insurgés mexicains : souscommandant, délégué zéro, etc. Ces surnoms choisis judicieusement permettent par la même occasion de mettre en question le culte de la personnalité dans les luttes insurrectionnelles. Et d’apprendre à la population à se passer de chefs et de leaders ; on est loin du « leader maximo » Castro, ou de Mao et consorts. Le fait que ces « héros » surgissent du peuple n’y change rien ; ce qui est révolutionnaire, c’est de réussir à se passer de ce type « d’incarnation ». La déclaration de guerre Elle appel l’armée à renoncer à soutenir la dictature et à s’allier avec les insurgés. Elle demande aux organisations comme la CroixRouge, même si celle-ci est régulièrement partisane des dictatures et hypocrite, qu’elle veille au respect du droit de la guerre et la convention de Genève lors des combats. Elle demande aux instances internationales et aux ONG de protéger la population civile contre les exactions du régime. Elle nomme et présente l’armée de guérilla. Elle dénonce par avance toute tentative de désinformation sur ses buts (accusation de narco-guérilla, de banditisme, etc.). Elle fixe publiquement, aux yeux de tous, les objectifs suivis par les insurgés en armes ; ces objectifs peuvent être notamment : protéger dans sa progression la population civile ; respecter la vie des prisonniers et remettre les blessés à la Croix-Rouge Internationale ; Juger les soldats de l’armée occupante et des agents de la police politique du Pouvoir qui ont été formés et conseillés, entraînés ou financés par des puissances impérialistes, sous l’accusation de trahison envers le peuple, ainsi tous ceux qui répriment et maltraitent la population civile ou volent et attentent à ses biens ; former de nouvelles colonnes avec tous les gens qui désirent s’allier à sa cause, y compris avec les soldats ennemis qui se rendent sans combattre et jurent d’obéir aux décisions prises par les insurgés par le biais de la démocratie directe ; demander la reddition inconditionnelle des garnisons ennemies avant d’engager les combats ; faire cesser le pillage des ressources naturelles dans les zones contrôlées par les guérilleros. Elle appelle la population à se lever en armes contre l’oppresseur. Un uniforme ? Les zapatistes ont choisi de porter un uniforme rouge et noir, « couleurs symbolisant la lutte des travailleurs en grève » De la reddition Il est fondamental de faire savoir à l’ennemi qu’il n’y aura aucune reddition, afin que tous par le monde sachent qu’en cas d’offensive majeure de la part de l’occupant, celle-ci se soldera par le massacre de tous les insurgés, qui se battrons jusqu’au dernier. Slogan de ralliement « Tout pour Tous, Rien Pour Nous » est le slogan de l’EZLN. Cessez-le-feu unilatéraux Il est parfois opportun d’accepter ou de proposer une trêve, de faire taire les armes un moment, quand cela est possible pour, comme le disent les zapatistes, « que la lutte légale démontre ses possibilités... et ses limites ». Cela peut être l’occasion de laisser la place pendant le temps d’un scrutin électoral par exemple, aux forces d’oppositions légalistes, afin que soit faite dans les meilleures conditions la démonstration de la stérilité de cette démarche électoraliste. Durant cette période, la guérilla aide au contraire à rassembler les matériaux de preuve d’éventuelles fraudes électorales massives. Elle met le doigt également sur les taux d’abstention importants de la population. Elle dénonce aussi à terme les partis d’opposition, et particulièrement leurs chefs, qui ferment les yeux sur ce qui se passe y compris lorsqu’il s’agit de fraudes électorales manifestes. Programme de lutte Ce sont les objectifs ultimes visés par la guérilla, les objectifs politiques ; pour les zapatistes, 11 points généraux sont définis : logement, terre, travail, alimentation, santé, éducation, justice, indépendance, liberté, démocratie et paix. Guerre de Basse Intensité Parmi les instrument de la guerre de basse intensité : l’accusation faite à la guérilla de recevoir des financements et une assistance militaire de l’étranger ; la tentative de corruption des guérilleros pour leur faire renoncer au combat ; la tentative d’association de la
population au système d’occupation et aux institutions du pouvoir pour l’acheter ; le faux dialogue au cours duquel tout sera fait par le Pouvoir pour provoquer sa rupture, le temps de préparer la solution militaire à l’insurrection ; la recherche de la direction de la guérilla s’il en existe une ; l’emprisonnement de centaines de civils soupçonnés de sympathie ou de soutien actif à la guérilla, et d’insurgés ; Alliance de la guérilla avec la société civile Au Chiapas, les zapatistes ont appelé tous les mexicains à s’unir contre le système du « parti-Etat » dans un vaste « Mouvement pour la Libération Nationale », complémentaire de la guérilla, mais libre de choisir d’autres modes de lutte. Au départ, cet effort de rassemblement de toutes les forces d’opposition au régime a buté sur d’importants obstacles. Mais peu à peu l’idée de sa nécessité s’est imposée dans les esprits, jusqu’à ce que les premiers projets d’accords et d’action se concrétisent. Les zapatistes ont insisté sur le fait qu’il était important que cette unité se fasse dans le respect mutuel de la diversité. L’armement Dans de nombreuses guérilla, surtout lorsqu’elles sont autonomes de tout soutien extérieur, les armes sont de simples fusils en bois, comme c’est le cas au Chiapas. Organisation d’un Dialogue National et International entre Guérilla et « Société Civile » Chose inédite dans l’histoire mondiale, les zapatistes ont organisé entre août et septembre 1995, avec des milliers de personnes n’appartenant à aucune organisation, ainsi qu’avec des organisations mexicaines d’opposition, des comités de soutien internationaux, etc., la « Consultation pour la Paix et la Démocratie », un vaste dialogue entre cette « société civile » et un groupe armé et clandestin. Au total, plus de 1 300 000 dialogues eurent lieu lors e ces rencontres. Ce dialogue permit de « ratifier » les revendications zapatistes. Cette rencontre mit fin à la tentative d’isolement des zapatistes qu’avait entrepris le pouvoir. A partir du constat de succès de cette opération, les zapatistes ont proposé la convocation d’une rencontre internationale contre le néolibéralisme, l’organisation dans tout le Mexique de « comités civils de dialogue » pour discuter des problèmes de la population et de ses souhaits, nouvelle forme de force politique non-partidaire, ainsi que la création de nouvelles « Aguascalientes » (eaux bouillantes), lieux de rencontre entre la société civile et les zapatistes. Ces lieux - temps de rencontre ont pris la forme de « Tables de Dialogue » organisées dans des localités insurgées, où les zapatistes ont publiquement invité leurs soutiens du monde entier ; cette publicité et la présence de nombreux protagonistes non-zapatiste du monde entier ont empêché le Pouvoir de censurer par la répression ces rencontres, qui ont rapidement atteint une audience nationale et internationale. Elles ont également permis de sortir les indiens de l’aura de préjugés racistes et méprisants dont les nimbait le pouvoir, les mexicains et le monde entier ont découvert alors la dignité de ces femmes et de ces hommes. A partir de la 4° déclaration de la forêt Lacandone, les zapatistes ont appelé tous les mexicains à s’associer dans un « Front Zapatiste de Libération Nationale », « organisation civile et pacifique, indépendante et démocratique, mexicaine et nationale, qui lutte pour la démocratie, la liberté et la justice au Mexique ». Ce Front Zapatiste de Libération Nationale doit être une composante zapatiste civile du « Mouvement pour la Libération Nationale ». l’originalité de ce Front Zapatiste de Libération Nationale, c’est qu’il s’intègre à un Mouvement Social plus vaste, également suscité par les zapatistes, mais composé d’hommes de partis et d’organisations avides de pouvoir, alors que les membres du Front Zapatiste au sein du Mouvement de Libération Nationale « n’aspirent à exercer, aucune charge d’élu ni aucun poste gouvernemental à aucun niveau. Une force politique qui n’aspire pas à la prise du pouvoir. Une force qui ne soit pas un parti politique. Une force politique qui puisse organiser les demandes et propositions des citoyens pour que celui qui dirige, dirige en obéissant. [...] Une force politique qui lutte contre la concentration de la richesse entre quelques mains et contre la centralisation du pouvoir [...] Une force politique qui ne lutte pas pour la prise du pouvoir politique mais pour la démocratie, celle où qui dirige, dirige en obéissant. [...]démocratie ne veut pas dire alternance au pouvoir mais gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». C’est peut-être en cela que l’EZLN et les zapatistes ont effectivement une dimension libertaire indéniable. Cette force politique zapatiste en territoire occupé par le Pouvoir se fonde sur les bases zapatistes, les Comités Civils de Dialogue. La Guérilla comme Outil d’une Lutte qui la Dépasse L’EZLN ne se perçoit pas comme le centre de la lutte qu’elle mène, ni comme une avant-garde, mais comme une partie. Cela parce que l’EZLN continue malgré tout de soutenir une logique de guerre de « Libération Nationale », revendique des idées « patriotiques », bref, continue à penser sa lutte dans un cadre « national ». Cela reste une forme de lutte anti-impérialiste offensive, avec la prise du pouvoir, bien que sous une forme « différente », au régime actuel. Bien sûr, cette conception donne une autre ampleur à la lutte des zapatistes, mais en même temps elle hypothèque quelque part une véritable révolution qui consisterait à se libérer, voire aider d’autres à se libérer, des carcans étatiques et patriotiques, pour fonder de nouvelles formes d’association libre. C’est un contrat pour une nouvelle coercition, fut-elle fondée sur la paix, la justice et la « liberté », et non un contrat d’émancipation mutuelle que les zapatistes offrent aux mexicains. D’un autre côté, les zapatistes ne ferment pas totalement la porte à cette possibilité de dépassé la forme « nation », qu’en ils avertissent que : « Le monde que nous voulons est fait de beaucoup de mondes, tous y ont place. Dans la Patrie que nous construisons, il y a place pour tous les peuples et leurs langues, que tous les pas y marchent, que tous les rires la rient, que tous soient son aurore. » Construire l’Union des Insurgés dans la Diversité et l’Emancipation Mutuelle On ne sait par avance quel sera l’issue d’une guérilla ; l’arrêt d’une guérilla n’est en réalité la fin de rien ; l’insurrection a sa mémoire, ses morts, et ses descendants. Même une guerre d’extermination menée à son terme ne peut éteindre la révolte ; elle renaîtra tôt ou tard de ses cendres. L’insurrection met en présence, du côté des insurgés et de leurs soutiens, des mondes qui jusqu’alors se méconnaissaient largement. L’insurrection doit permettre, en même temps qu’elle permet aux uns et aux autres de s’émanciper des uns et des autres, leur permettre de se reconnaître mutuellement et en profondeur, de se découvrir, de tisser des liens durables entre des populations qui se méconnaissent ; cette force qui surgit avec la guérilla de la solidarité de plusieurs mondes qui en s’associant se libèrent mutuellement, peut et doit survivre à la guérilla. Si la guérilla doit disparaître, les rencontres qu’elle a permises ont un avenir qu’il faut cultiver, par le développement de relations, de cultures et de mémoires transversales entre ces mondes. Que la division semée par le pouvoir soit durablement mise en échec.
Intoxication L’occupant aime le renseignement, les indicateurs, les mouchards, « l’information » ; donnons lui des vertiges d’information ; intoxiquons-le, par les faits, par les actes également. Inspirons-nous des illusions d’optiques, des hallucinations de toutes sortes, des bruissements des murs, d’un vacarme de murmures… Que le terrain sur lequel il croit évoluer se dérobe sous ses bottes. Travail de Proposition Législative Conjoint avec la Société Civile Le Pouvoir mexicain n’ayant jamais appliqué les accords de San Andrès, les zapatistes l’ont poussé dans ses derniers retranchements et exposé aux yeux de tous ses contradictions en élaborant avec la population mexicaine une proposition de loi, dite COCOPA (« Commission de Concorde et Pacification »), laquelle associait cette fois les revendication indigènes avec les revendications sociales de l’ensemble de la société mexicaine. C’était une manière concrète d’associer la lutte zapatiste indigène avec les luttes sociales ayant cours dans l’ensemble du territoire occupé, mais aussi un manifeste que le refus d’accéder aux revendications des indiens se traduisait par l’élargissement et la conjonction des oppositions au pouvoir. Si son élaboration supposa de la part des zapatistes des concessions et certains renoncements pour tomber d’accord avec des organisations d’opposition non-zapatistes, réformistes, social-démocrates ou autres, elle marqua une nouvelle étape dans l’unification des luttes au Mexique. Le Faux Dialogue du Pouvoir Il y a plusieurs biais qui permettent à l’Occupant de feindre le dialogue, qu’il faut débusquer et dénoncer : les zapatistes ont ainsi identifié comme formes d’opposition larvée au dialogue : l’absence de médiation, la guerre et la non mise en application des accords. La médiation dans la négociation d’un conflit est incontournable, sans elle aucun dialogue n’est possible ; en l’occurrence, le pouvoir n’a cessé d’attaquer la « Commission nationale de médiation », seul pont permettant le dialogue, ce à quoi les zapatistes ont répliqué en proposant d’étendre la médiation au niveau international. Le deuxième biais est la poursuite de la guerre pendant le « dialogue », qui vise à contraindre les insurgés à céder aux desiderata du pouvoir en espérant peut-être par là éviter la persécution, l’emprisonnement et l’assassinat de nombreux insurgés. La Guérilla Comme Résistance à la Guerre C’est la pratique, pacifiste et non-violente, des zapatistes, pourtant groupe de guérilleros armé et clandestin. Lutter contre la Guerre d’Extermination menée par l’Occupant En commençant par la dénoncer comme telle, comme guerre d’extermination. Groupes et Mouvements Etudiés Espagne, Lutte Anti-Franquiste, Grupos anarco-sindicalistas : durant le printemps 1955, Francisco Sabaté se décide à agir de nouveau ; pour cela, il prend contact avec la CNT de Toulouse, mais est exclu de la confédération, qui ne veut pas entendre parler à cette époque de lutte armée en Espagne. Devant ce refus, "el Quico" fonda avec quelques camarades les "Grupos anarco-sindicalistas" dont l'organe était "El Combate". Le 29 avril 1955, Sabaté est à Barcelone, il rentre en relation avec quelques compagnons et sème dans la ville des milliers d'exemplaires d'" El Combate " à l'occasion du 1er mai. Le 28 septembre, profitant du séjour de Franco à Barcelone, Sabaté est dans la ville, il loue un vieux taxi à toit ouvrant et explique au chauffeur qu'il va distribuer de la propagande favorable au régime en place. Le tract rédigé en catalan et en castillan contenait ce texte : « Peuple antifasciste. Cela fait déjà quelques années que tu supportes Franco et ses sicaires. Il ne suffit pas de critiquer ce régime corrompu, de misère et de terreur. Les mots sont des mots. L'action est nécessaire. À bas la tyrannie ! Vive l'union du peuple espagnol ! Mouvement libertaire d'Espagne ! » Espagne, Lutte Anti-Franquiste, GARI (Groupe d'action révolutionnaire internationaliste) Espagne, Lutte Anti-Franquiste, FIJL (« Federación Ibérica de Juventudes Libertarias », Jeunesses Libertaires anti-franquistes) Espagne, Lutte Anti-Franquiste, MIL (Mouvement ibérique de libération) Espagne, Lutte Anti-Franquiste, Groupe du 1° Mai (« Grupo Primero de Mayo », alias les « Pieds Nickelés ») : auteur de l’enlèvement de Mgr Ussia, conseiller de l'ambassadeur d'Espagne au Vatican. Espagne, Lutte Anti-Franquiste, MLE (mouvement libertaire d’Espagne) Espagne, Lutte Anti-Franquiste, MLR Espagne, Lutte Anti-Franquiste, MURLE : début 1960, Quico Sabaté constitue un nouveau groupe de 5 partisans, sans aucun soutien. Ils se rendent en Espagne dans l’espoir de créer une organisation politico-militaire qui doit être l’embryon de futurs unités armées. Ce sera la dernière épopée de Sabaté. Le groupe est localisé dans une ferme peu après le franchissement de la frontière. Encerclé par la garde civile, le groupe n'a plus qu'un choix : l'affrontement. Sabaté parvient seul à s’enfuir, mais est finalement rattrapé et assassiné à son tour. Espagne, Révolution Espagnole, Colonne Tierra y Libertad France, lutte anti-nazie, Groupe d'Evasion de Francisco Ponzán Vidal : groupe composé uniquement d'anarchistes espagnols exilés en france sous l’occupation nazie, rattaché au réseau international Pat O'Leary, appelé plus tard réseau Pat-Françoise, après l'arrestation de "Pat", le médecin colonel belge Albert Guérisse. Le groupe produit de faux documents, trouve des soutiens et complicités au sein de l’administration vichyste, organise l’évacuation vers l’Espagne de nombreux aviateurs alliés et de membres de la résistance internationale. Son réseau permit l'évasion de 1500 personnes dont plus de 700 aviateurs alliés. Allemagne, lutte anti-nazie, Comité International Clandestin de Mauthausen : ce groupe, composé entre autres d’anarchistes et de libertaires espagnols, prépare l'insurrection et la libération du camp en 1945 URSS, lutte anti-goulag et anti-concentrationnaire, FEDIP : ce groupe, et notamment l’anarchiste José Ester, est le principal instigateur en 1947 de la campagne en faveur de la libération des marins et aviateurs antifascistes espagnols internés en URSS au camp de Karaganda. Il participe également aux travaux de la Commission internationale d'enquête sur l'univers concentrationnaire animée par David Rousset. France, lutte anti-franquiste, section espagnole de l’OFPRA : José Ester travaille à la section espagnole de l’Ofpra, où il participe à la résolution de nombreux cas concernant des réfugiés et d'anciens guérilleros évadés clandestinement de l'Espagne franquiste. Il intervient à de nombreuses reprises pour sauver des militants en Espagne ou menacés d'extradition de France suite à leurs actions contre le régime franquiste : c'est le cas en particulier du guérillero anarchiste Marcelino Massana Bancells dont il empêchera l'extradition de France en lui faisant reconnaître par l'OFPRA la qualité de réfugié politique. De même, par l'intermédiaire d'Albert Guérisse, "Pat", qui contactera la reine Fabiola, il obtiendra la libération de son ami Vicente Moriones Belzunegui
Inscription de la Lutte Armée dans le Temps La lutte armée peut être extrêmement longue. En Espagne, la lutte armée anti-franquiste dura plus de 30 ans. Enlèvements Lors de la guérilla anti-franquiste des années 1960, les guérilleros libertaires enlevèrent Mgr Ussia, conseiller de l'ambassadeur d'Espagne au Vatican. De tels enlèvements peuvent permettre de médiatiser l’action d’un groupe de guérilla et de briser la censure médiatique. De tels enlèvements provoquent immédiatement la mobilisation en masse de la police, voire de l’armée. Ils peuvent également permettre de remettre en cause les tentatives collaborationnistes avec l’occupant opérées par des traîtres au sein du mouvement insurrectionnel : en effet, un tel enlèvement contraint l’occupant à démentir officiellement, et dans ses propres médias, toute tractation avec les insurgés. Elle peut permettre d’obtenir la libération de prisonniers politiques. Cependant, il est honorable de mettre fin à ces enlèvements en relâchant les personnalités enlevées, et sans leur infliger de ces tortures qui caractérisent les régimes autoritaires. Les enlèvements peuvent par ailleurs entraîner l’arrestation d’autres compagnons, même s’ils ne sont pas impliqués dans celui-ci. Insurgés Devenus Prisonniers Politiques Lors de la lutte anti-franquiste, le régime franquiste avait fait plusieurs milliers de prisonniers politiques parmi les militants anarchistes, alors même que l’Etat espagnol ouvrait le pays au tourisme de masse. Face à l’emprisonnement et fréquemment la torture d’insurgés, il est possible de recourir à l’enlèvement des dignitaires du régime, ou d’éléments collaborationnistes. La situation de prisonnier politique se traduit souvent dans les faits par l’exposition permanente à l’exécution arbitraire, maquillée par le régime : tentative d'évasion, résistance, suicide lors de son arrestation, suicide en prison… Diaspora insurrectionnelle Quand la lutte devient quasi-impossible dans l’Etat occupé lui-même, il peut être préférable pour la sauvegarde des forces insurgées de quitter le pays et de se réfugier dans d’autres Etats. Ce fut le cas de la guérilla anti-franquiste des années 1960, qui comptait ses partisans dans des 10aines d’Etats à travers le monde. Médiatisation de la Lutte Armée Il peut être utile, dans la mesure du possible, de recourir aux médias internationaux ou d’autres Etats pour faire connaître à la population mondiale la lutte menée, même si une telle intervention comporte des risques importants, qui doivent être mesurés. Il est ainsi possible de tenir des conférences de presse clandestines, tout en sachant que peu de ces médias officiels reprendront les communiqués, et qu’ils n’hésiteront pas à en déformer ou à en censurer tout ou partie du contenu. Collaboration Internationale avec l’Etat Occupant C’est là une question majeure pour les opposants à de nombreux régimes autoritaires. Les arrestations suivis d’extraditions, et les expulsions d’insurgés exilés sont une plaie de la lutte contre l’oppression dans le monde. Il faut contre de tels méfaits obtenir l’appui des organisations politiques, syndicales, des personnalités de l’Etat d’exil ; Portée de la Propagande de l’Occupant La propagande officielle peut aller jusqu’à nier et effacer aux yeux de la population l’existence même de la révolte, et de l’insurrection dans une région de l’Etat occupant. A cette fin, la propagande du pouvoir s’appuie sur tous les moyens d’expression existants. Un des procédés utilisés par les médias dominants pour masquer la réalité de la guérilla est de les faire passer pour des « bandits », des « assassins », des « braqueurs », comme ce fut le cas des « bandoleros » anti-franquistes en Espagne. Mémoire de la lutte Insurrectionnelle et de la Guérilla Cette mémoire est souvent bien difficile à reconstituer, pour la bonne raison que la plupart des protagonistes sont assassinés, meurent dans la clandestinité, et que ceux qui échappent à ces assassinats ne rencontrent bizarrement que très rarement la curiosité des historiens… Différentes Situations de la Lutte Armée & Situations Critiques La lutte armée peut selon les circonstances connaître différentes situations, dont certaines sont critiques : la situation où de petits groupes armés isolés à l’intérieur de l’Etat occupé poursuivent le combat depuis des maquis, sans pouvoir communiquer entre eux ; la situation où des insurgés exilés opèrent une invasion massive (de fut le cas des exilés espagnols engagés dans la résistance en france et qui reviennent en Espagne massivement en 1944) ; une situation de développement de la résistance armée dans plusieurs provinces simultanément ; l’abandon de la lutte armée par d’importants secteurs de l’opposition au régime ; Financement de la Guérilla et Expropriations Celui-ci peut être assuré par des braquages et de hold-up dans des banques, joailleries, commerces ou usines notamment… ; par les cotisations des membres et les dons ; par des enlèvements ; Maintien des Groupes Insurrectionnels « Politiques » dans la Clandestinité Pendant le régime franquiste en Espagne, des tentatives furent faites pour recréer des comités locaux et régionaux de la CNT, qui se soldèrent par leur dissolution par le pouvoir et l’arrestation de leurs membres.
Défense et Protection des Zones Libérées Contrôle des routes, des voies de chemin de fer, des aéroports; des ports. Opérations d’Approvisionnement de la Guérilla Vols d’explosifs ; Opérations de Sabotage de la Guérilla Dépôt d’explosif dans des usines d’armement, contre des lignes à haute-tension, les chemins de fer, diverses industries, les transporteurs de fonds, destruction des écoles des classes dominantes. Eliminations Physiques Elimination de commissaires de police, de divers responsables des assassinats et de la mort de guérilleros ou d’insurgés civils, de membre les plus doués des jeunesse du régime. Résistance et Suicide Les insurgés doivent être équipés en capsules ou pilules de cyanure, afin de pouvoir éviter par le suicide, la torture à laquelle ils sont promis en cas d’arrestation. Passeurs et Réseaux d’Evasion Des réseaux de passeurs doivent être organisés pour permettre aux insurgés de fuir du territoire occupé, ou au contraire pour y pénétrer, depuis les Etats voisins. Il faut disposer simultanément de plusieurs réseaux de passeurs, et chaque passeur doit disposer de plusieurs voies de pénétration. En france, le groupe d’évasion de Francisco Ponzán Vidal, composé uniquement d'anarchistes espagnols exilés en france sous l’occupation nazie, rattaché au réseau international Pat O'Leary, permit l'évasion de 1500 personnes dont plus de 700 aviateurs alliés. Le groupe produit de faux documents, trouve des soutiens et complicités au sein de l’administration vichyste, organise l’évacuation vers l’Espagne de nombreux aviateurs alliés et de membres de la résistance internationale. Bases de la Lutte Armée Installées de préférence en montagne, en forêt, dans des maquis, ou dans les villages et agglomérations, mais dans la clandestinité la plus absolue. Embuscades de l’Ennemi Il faut veiller à se protéger efficacement contre les embuscades tendues par l’ennemi, qui profite de toute information sur les habitudes des insurgés et des guérilleros pour les assassiner. Opportunité de la Guérilla La guérilla peut avoir pour objectif de démontrer aux organisations libertaires, révolutionnaires et à l’opposition en général qu’elles font erreur en renonçant à la lutte armée, qui peut recevoir le soutien et l’approbation de la population. Propagande auprès de la Population et Clandestinité La diffusion de textes libertaires, anarchistes ou anarcho-syndicalistes est souvent difficile et da,ngereuse dans une situation d’oppression sociale. Infiltration Policière des Insurgés Dans le cadre de la lutte armée contre le franquisme, les insurgés exilés constatèrent à plusieurs reprises que la garde civile espagnole infiltrait les milieux exilés et informaient ainsi le régime du départ de groupes de partisans vers l’Espagne. La collaboration de la police française fut également très importante. Si dans un premier temps, les gouvernements français laissèrent les guérilleros s’organiser sur le sol français en raison de leur très active participation à la résistance anti-nazie, et eu égard aux nombreuses déportations qu’avait permis le régime de Vichy, dès le début de la guerre froide, le comportement des gouvernements français changea du tout au tout, également en raison du changement d’orientation diplomatique entre la france et l’Espagne. Cette collaboration concernait notamment le passage des groupes d'action par les Pyrénées. Corps Anti-Guérilla En Espagne, les guérilleros anti-franquistes furent confrontés à la création de groupes anti-guérilla ; ceux-ci étaient en particuliers spécialisés dans le montage de provocations ayant pour objectif de discréditer la guérilla, créant dans la population un climat « d’insécurité », provoquant en retour l’isolement des guérilleros. Les zones de passage, les sorties de Barcelone furent de plus en plus surveillées, des patrouilles formées de nombreux hommes armés formèrent autour de Barcelone un cercle de répression qui ne permettait plus aux guérilleros de rejoindre leurs bases, le déplacement de matériel, et de recevoir du renfort en hommes. Les guérilleros eurent également des ennemis importants en la personne des volontaires, de la police nationale, des gardes municipaux, des phalangistes et leurs organisations. Bibliographie « Le garrot pour deux innocents. L'affaire Granado-Delgado », Carlos Fonseca, éditions CNT.
« Mouvement ibérique de libération et Groupe d'action révolutionnaire internationaliste ». Sur ces groupes lire : « L'Anarchisme espagnol et l'action révolutionnaire internationale, 1961-1975 » Octavio Alberola et Ariane Gransac, éditions Christian Bourgeois, « El MIL, Puig Antich y los GARI », Telesforo Tajuelo, éditions Ruedo Iberico « Sabaté. La guérilla urbaine en Espagne 1945-1960 », éditions Repères Silena « Facerias. La Guerilla urbana », éditions Ruedo Iberico « Quico Sabaté, el ultimo guerrillero », éditions Peninsula Résistance Anti-Carcérale et Anti-Concentrationnaire L’anarchiste espagnol José Ester participa au comité international clandestin de Mauthausen, lequel prépara activement la libération du camps en 1945. de son côté, la FEDIP en france lutta pour faire connaître l’existence des camps de concentration en Urss et faire libérer les anarchistes espagnols qui étaient maintenus dans le camps de Karaganda. Lutte pour l’Asile Politique et Contre les Extraditions En France, l’anarchiste José Ester participa à la section espagnole de l’Ofpra, ce grâce à quoi purent être obtenus l’asile politique et empêchée l’extradition de nombreux guérilleros espagnol exilés. Lutte Insurrectionnelle Anti-Impérialiste et Néo-Colonialisme Selon la phrase de Lénine, « Le capitalisme s'est transformé en un système universel d'oppression colonialiste et d'étranglement financier de l'immense majorité de la population du globe, par une poignée de pays 'avancés' ». Lénine analyse l’impérialisme comme le « stade suprême du capitalisme ». La pseudo-disparition des colonies ne saurait faire illusion : elles ont laissé place à des néocolonies ; cela concerne également l’impérialisme bolchevique, c'est-à-dire du capitalisme d’Etat, à Cuba ou au Vietnam notamment. La forme de domination exercée sur les néo-colonie est différente de l’organisation purement coloniale : une bourgeoisie bureaucratique locale, alliée aux grands propriétaires fonciers, les actionnaires des multinationales des pays « avancés », joue les intermédiaires, faisant tout pour empêcher l'indépendance économique de ces Etats. Les néo-colonies cachent sous un vernis pseudodémocratique d’authentiques dictatures. Dans de tels contexte, l’apparition d’un mouvement social insurrectionnel est l’occasion pour le régime de tomber le masque. Dans de tels contextes, les mouvements de guérilla peuvent trouver le soutien d’une partie de la petite bourgeoisie, qui subit elle aussi les effets de l’impérialisme. Aussi, pouvant difficilement anéantir la guérilla, la tactique de l’impérialisme consiste à tenter de la faire capituler : ceci en renforçant un courant minoritaire opposé au courant révolutionnaire (cas du soutien des islamistes par l’Etat d’Israël ou le régime algérien), qui contraint finalement le courant révolutionnaire à « changer son fusil d’épaule », en proposant des « accords de paix » en trompe-l’œil, arrêter les leaders de la guérilla quand il existent (ce qui est systématiquement le cas chez les bolcheviques et les maoïstes…), transformer les mouvements de guérilla en partis politiques, les guérilleros se laissant convaincre par l’idée que les conditions ont changé, et que la poursuite de la lutte armée ne se justifie plus. La lutte armée dans les néo-colonies vise entre autre la destruction du lien féodal, mais aussi plus largement, l’oligarchie financière internationale. La lute pour une indépendance « nationale » a été considérée par les bolchevique comme « progressiste », sous prétexte que cela permettait l’effondrement à terme de l’impérialisme. C’est une erreur fondamental, on ne détruit pas un joug pour le remplacer par un autre : il est nécessaire que la lutte des dominés dans ces Etats néo-colonisés revête un caractère libertaire et détruise le lien nationaliste pour permettre l’épanouissement des liens affinitaires. Groupes et Mouvements Etudiés Salvador, Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN) : a signé des accords de paix en 1992 ; a été soutenu, puis trahi par Cuba, sous prétexte d’accords de paix ; Nicaragua, Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN) : dirigé par Daniel Ortega, a capitulé après avoir gagné sur le plan politicomilitaire, accusé par les maos de représenter les intérêts de la petite-bourgeoisie urbaine et des classes moyennes ; Pérou, Armée de Libération Nationale (ELN) : a été soutenu, puis trahi par Cuba (qui a soutenu la dictature contre ce groupe de guérilla) Pérou, Parti Communiste Péruvien (P.C.P) : a été soutenu, puis trahi par Cuba (qui a soutenu la dictature contre ce groupe de guérilla) Pérou, MIR : a été soutenu, puis trahi par Cuba (qui a soutenu la dictature contre ce groupe de guérilla) Cuba, Parti Communiste Cubain (PCC) : a soutenu puis trahi de nombreuses guérillas en Amérique latine ; Colombie, FARC-EP : a été soutenu, puis trahi par Cuba, qui soutien le « processus de paix » impulsé par Washington…En négociation avec l’Etat colombien dans les zones démilitarisées ; Raul Eyes, un des leaders des FARC, a accueilli à bras ouverts en 1999 le président de la bourse de NY. Colombie, Armée de Libération Nationale (ELN) : en négociation avec l’Etat colombien et en association avec des « représentants de la société civile » (syndicats, organisations du patronat, médias, politiciens, juristes, ONG, etc.), à l’extérieur de la Colombie, principalement en Allemagne Noyaux Autonomes pour le Communisme (NAC) : prônent la reconnaissance des « nations corse, bretonne et basque », la « socialisation de la production industrielle et capitaliste d’Etat » Guérilla Pacifique et Non-Violente Certaines populations insurgées mais subissant des dictatures ultra-violentes, et un quadrillage policier orwelien, ne croient pas à la possibilité, ni même à l’opportunité de développer une insurrection armée. Ainsi, en Tunisie, des militants prônent des actions qui « de façon indirecte et par des moyens détournés, à toucher le cœur, l’esprit et la conscience des tunisiens », et par là pousser le peuple à « l’engagement total sous quelques formes que se soit contre la dictature ». Formes d’Actions de Guérilla Non-Violentes Symboliques ou concrètes, poétiques ou directes, ce sont l’agitation et la propagande avec pour fond l’activisme pacifique et la subversion militante : taggages (slogans sur les murs des ambassades et consultas, sur les affiches des agences de voyage proposant des séjours touristiques vers l’Etat occupé), distributions de tracts (dans les aéroports aux touristes qui partent en vacance vers l’Etat occupé), prises de paroles sauvage, collectes et envoies d’informations et de documentations pour ceux qui en sont privés (envoi par
mails d’articles de presse censurés), boycott du tourisme vers l’Etat occupant (visant à déstabiliser l’oligarchie locale qui vit du tourisme et de l’affairisme international), occupations de locaux, grèves de la faim collectives et publique. on peut aussi miser sur la médiatisation de ces actions par leur enregistrement (photos, vidéos, prises de sons) Justification de la Lutte Armée A la question « Dans la perspective du déclenchement d’une lutte armée contre le régime tunisien, prendriez-vous les armes ? », un opposant au régime de Ben Ali en Tunisie répond : « nous sommes des morts à qui l’on fait croire qu’ils vivent. Nous avons essayé par tous les moyens pacifiques et démocratiques possibles de changer cette situation mais le régime ne nous l’a pas permis. Pire, il a rendu toute tentative impossible sinon vouée à un échec impératif. Alors s’il ne nous reste que la force et la violence pour vivre librement, oui, nous prendrons les armes. » Autonomie de la Guérilla La guérilla doit être autonome et indépendante de tout groupe politique, courant de pensée et organisations pré-existantes. Ce qui n’interdit pas à contrario la participation des insurgés à ces mêmes groupes. L’objectif n’est pas une prise de pouvoir mais c’est l’action pour une prise de conscience populaire qui sera peut-être libératrice. Organisation Verticale de l’Occupant et Elimination Opportune de Dominants Dans les régimes autoritaires, chaque chef à lui-même un chef et est obligé d’attendre des ordres ou du moins des autorisation pour pouvoir agir ; cette force de « l’organisation verticale », car elle permet de savoir précisément ce qu’il faut faire et comment l’exécuter sans se disperser, peut très facilement se retourner en faiblesse exploitable. Si l’on coupe la tête, tout le reste du corps s’effondre. Au contraire, la forme autogestionnaire fait que si l’un des partisans est éliminé, « l’organisme » (le groupe de guérilla) continue à fonctionner. L’organisation des gouvernements, des institutions et de toute les structure à caractère dominateur est le point faible auquel il faut s’attaquer. Inutile de viser les larbins, rapidement remplacés, il faut viser ceux qui prétendent diriger non pas des hommes mais des régiments d’hommes, ceux qui ne se contentent pas de distribuer les taches, mais qui sont à la base de véritables plans utilisant les ressources humaines dont ils disposent, ceux qui jouent avec les vies des autres. En s’attaquant aux personnes les plus hauts sur l’échelles sociale on rompt la chaîne des ordres, ce qui met hors service tout ce qui est en dessous. Certes ils seront remplacés, mais trouver une personne assez qualifiée est difficile. On influera ainsi directement sur les futures décisions des remplaçants et toute les personnes à ses ordres. L’idéal est d’éliminer une frange entière de dominants, ceci afin d’éviter une réorganisation trop rapide et porter un coup puissant dans leur chaîne de commandement. Ces éliminations doivent être coordonnées avec des plans d’action pour lesquels ces éliminations sont requises et bienvenues.