Seigneurs du crime

Page 1

« Les seigneurs du crime ; les nouvelles mafias contre les démocraties », Jean Ziegler, Editions Seuil, 1998 

Avertissement : cet ouvrage est le fruit d’une collaboration avec des autorités policières, judiciaires et des services secrets de différents pays ; aussi lui manquera-t-il inévitablement une certaine dimension critique…

Turquie : en Turquie, les « buyuk-baba » ou « grands-pères » est le surnom des dirigeants suprêmes des cartels de la criminalité organisée turque. Dans ce pays des organisations mafieuses tiennent des secteurs entiers de l’économie.

Pakistan : au Khyber, les chefs des cartels du crime organisé sont les « seigneurs Pathans » (ou pashtouns). Ayoub Afridi est le « seigneur » de la passe du Khyber au Pakistan ; il est accusé d’être le maître de la route de l’héroïne.

Russie : en Russie, les « Vor v Zakone », littéralement « les voleurs dans la loi » est le titre officiel des parrains de la plus ancienne organisation criminelle russe. Selon le ministre de l’intérieur de la fédération de Russie, 5 700 « bandes » mafieuses contrôlent 70% du secteur bancaire du pays et la majeure partie de ses exportations de pétrole, de gaz naturel, de minerais stratégiques et de matières premières forestières.

Ukraine : existence de parrains ukrainiens avérée

Tchétchénie : existence de parrains tchétchènes avérée

Roumanie : existence de parrains roumains avérée

Kazakhstan : existence de parrains kazakhs avérés

Allemagne : selon le contre-espionnage allemand, les cartels de la criminalité organisée par leur puissance financière influencent secrètement toute notre vie sociale, économique, l’administration publique et la justice. Elles sont aussi capables d’influer sur la politique ; la corruption est largement entrée dans les mœurs des hautes sphères, et les cartels criminels se sont institutionnalisés. Dans ce pays des organisations mafieuses tiennent des secteurs entiers de l’économie. Allemagne – Berlin : des cartels mafieux soumettent des secteurs entiers du petit commerce berlinois au racket.

Etats-Unis : exemple de parrain, un ancien ministre de la défense des Etats-Unis et codirecteur d’une puissante banque multinationale spécialisée dans le trafic d’armes et gérant les fonds du terroriste Abou Nidal. Dans ce pays des organisations mafieuses tiennent des secteurs entiers de l’économie. « K.A. » est le « surnom » du « proconsul » des « voleurs dans la loi » russes aux Etats-Unis

Italie : Giulio Andreotti, 7 fois premier ministre d’Italie, 14 fois ministre, accusé d’association avec Cosa Nostra par le procureur de Palerme ; sénateur à vie, son immunité a été levée en 1993, et le procès de Palerme s’est ouvert en 1996, donnant lieu à une avalanche de livres. Dans ce pays des organisations mafieuses tiennent des secteurs entiers de l’économie.

Italie : Toto Riina, dit « la bête », supposé être le chef suprême de Cosa Nostra sur les deux rives de l’atlantique ; Giovanni Brusca, surnommé « le porc »

Colombie : Ernesto Samper, président de la narco-république colombienne, a été privé de visa américain sous l’accusation d’être un agent des cartels de la cocaïne colombiens.

 

Chine : criminalisation partielle de l’appareil bureaucratique chinois France : Dans ce pays des organisations mafieuses tiennent des secteurs entiers de l’économie, et y sont de jour en jour plus puissantes. Afrique : sur le continent africain, les économies nationales de plusieurs pays sont totalement criminalisées…

Réseaux internationaux : de l’héroïne chinoise ou nord-coréenne passerait par Vladivostok, le Nigeria , avant d’atteindre les villes européennes et américaines ; l’héroïne tue des dizaines de milliers de personnes chaque année.

Pays Occidentaux : dans les Etats industriels occidentaux, il y avait 25 millions de chômeurs de longue durée en 1990 ; il y en a 37 millions en 1997.

Pays du tiers-monde : 1.3 milliards d’humains disposent de moins de 1 $ par jour et 500 millions d’humains meurent avant d’avoir atteint 40 ans…

Pays de l’OCDE : 100 millions de personnes de ces pays vivent en dessous du seuil de pauvreté en 1997, et 37 millions ne disposent que de l’allocation chômage pour vivre, alors que cette allocation ou son pouvoir d’achat ne cesse de diminuer. 15% des enfants d’âge scolaire ne vont pas à l’école.

France : la france compte des dizaines de milliers de SDF.

Grande-Bretagne – Londres : la seule ville de Londres compte plus de 40 000 SDF.

Etats-Unis : 47millions d’humains ne disposent pas de l’assurance maladie.


France - Côte d’Azur : les mafias russes pénètrent le marché immobilier de la côte d’Azur et assassinent leurs concurrents, ou enlèvent les enfants des vendeurs récalcitrants.

Brésil : en 1997, 1% des propriétaires de terres arables en contrôlent 43% alors que 153 millions d’hectares de leurs propriétés restent en friches ; dans le même temps, 5 millions de paysans spoliés errent avec leurs familles sur les routes.

Grande-Bretagne : en 1997, un travailleur sur 6 dispose d’un travail stable à plein temps.

Allemagne : 4.5 millions de chômeurs ; 30% des entreprises paient officiellement des salaires inférieurs au minimum syndical selon l’OCDE.

Secteur bancaire international : certaines banques d’affaires multinationales sont intégralement vouées au crime organisé. Le cas de la BCCI est le plus connu.

Secteur industriel et commercial : en 1997, 37 000 sociétés transnationales européennes, américaines et japonaises, et leurs quelques 170 000 filiales, dominent l’économie mondiale ; 5 pays, Etats-Unis, Japon, France, Allemagne, et Grande-Bretagne se partagent à eux seuls 172 des 200 plus grosses sociétés transnationales. De 1982 à 1992, leurs ventes sont passées de 3 000 à 5 900 milliards de $ et leur part du produit mondial brut de 24 à 27%.

Aspects historiques du phénomène mafieux : tant qu’existait le bloc bolchevique, les oligarchies capitalistes du bloc « libre » tâchaient de faire « bonne figure » et de limiter la sympathie des travailleurs pour l’Urss en laissant des partis socio-démocrates et des centrales syndicales convertir leurs peurs en avantages sociaux pour les travailleurs ; avec la chute du mur de Berlin, le capitalisme ose reprendre plus ouvertement son visage prédateur, sous toutes ses formes.

Les traders : ils gagnent souvent le double ou le triple du président de la banque multinationale pour laquelle ils travaillent. Ils encaissent des gratifications et des participations à gros bénéfices. Les exemples de banques d’affaires multinationales grugées ou faisant banqueroute après des opérations spéculatives sont légions : grugée, la puissante deutsche metallgesellschaft de Munich en 1994 ; grugées, la Orange County et d’autres entités publiques de l’Etat de Californie : plusieurs centaines de millions de $. Au contribuable américain de payer… Les responsables des banques centrales seraient hantés par le cauchemar qu’un matin le système capitaliste soit balayé par la réaction en chaîne d’effondrement successif de pyramides de crédits, provoqués par des traders malchanceux « ou criminels »… ! en août 1996, Washington annonce une série de bonnes nouvelles, dont une baisse massive du chômage ; la bourse n’apprécie pas du tout, les cours s’effondrent…En matière de criminalité financière et économique les exécutants sont connus dans 99% des cas, mais il est extrêmement difficile paraît-il de les poursuivre… Car les commanditaires qui se « cachent » dans la haute hiérarchie des entreprises et des banques, et restent considérés comme « audessus de tout soupçon », les couvrent. La police accepte au contraire souvent d’accréditer la thèse de l’escroc isolé, dont seraient victimes les dirigeants de ces sociétés… comme elle le fait avec la petite délinquance de banlieue… Un exécutant de la criminalité financière et économique qui a bien rendu service mais qui commence à sentir le soufre est « renvoyé » avec un parachute doré et les plus grands égards… ;

Allemagne : A la Deutsche Bank, 24 jeunes traders gagnaient en 1996 plus que le président de la banque, dont le revenu annuel dépassait les 2 millions de deutschemarks

Grande-Bretagne : mars 1995 ; Nick Leeson, 28 ans, un des traders de la Baring Bank de Londres (fondée en 1762, la plus ancienne et l’une des plus prestigieuses banques anglaises) à la bourse de Singapour, fait perdre à celle-ci en 48 heures 1 milliard de $. Spéculant sur les dérivés de papiers valeurs japonais, il ne prévoit pas les effets boursiers « secondaires » du tremblement de terre de Kobé (et de la méfiance sournoise des marchés à l’égard de l’économie japonaise) ; il falsifie des documents et croupit pendant 6 ans dans un cachot de Singapour. La Baring Bank est engloutie !

Italie - mafia sicilienne : le mot mafia est dérivé de l’arabe, et apparaît pour la première fouis dans la partie méridionale de la Sicile vers la fin du 16° siècle ; il signifie « vaillance », « courage », mais aussi « sûreté de soi » et « arrogance » : en un mot « fierté », qui s’oppose à « dignité ». la structure agraire de la Sicile date des dynastes normands ; elle est partiellement modifiée par un décret de 1812 du roi de Naples, qui cherche à briser le pouvoir des princes dans l’ensemble de son royaume, et notamment en Sicile. Les féodaux siciliens engagent alors des « hommes d’honneur » et créent des sociétés secrètes pour résister au décret de Naples et défendre leur privilèges fonciers. Ces sociétés prennent le nom de « mafia ». Mais l’histoire de ou plutôt des mafias siciliennes est complexe au 19° siècle : 1865 est la date de l’unification forcée de l’Italie sous le règne de la maison de Savoie. Le royaume de Naples qui dominait la Sicile disparaît ; or les dynasties alternativement espagnoles et françaises qui s’étaient succédées au cours des siècles sur le trône de Naples restent perçues dans l’inconscient collectif, comme des dynasties « autochtones » ; le conquérant piémontais (nationaliste italien) soutenu par les français, qui provoque par les armes la destruction de « l’indépendance napolitaine » est considéré comme l’ennemi par une population instrumentalisée. Des groupes des mafias siciliennes se transforment et de sociétés secrètes au service des princes, se « transforment » en « force de résistance » à « l’envahisseur ». la mafia acquiert ainsi une pseudo-crédibilité populaire, notamment en Sicile ; en 1893, plus de 100 000 paysans siciliens sont enrôlés dans la guerre contre Rome. Dans les documents officiels romains de l’époque, le terme de « mafia » sert à désigner ces paysans insurgés. Mais à la fin du 19) et au début du 20), à la fois une violente répression de l’Etat italien et la famine et la misère forces des centaines de milliers de familles des Pouilles, de Calabre, de Sicile à émigrer outre-mer. Sur les bateaux voyagerait également la mafia. Elle devient par la suite un réseau transcontinental. Dans les pays d’accueil, elle devient une organisation d’auto-défense des émigrés subissant des discriminations. Peu à peu, soumise à une condition infamante, subissant le chômage et les plus maigre revenus, sort de nombre d’immigrés, la mafia se criminalise, et il existe désormais une « vieille » et une « nouvelle » mafia : l’une en Italie, l’autre outre-atlantique. En 1943, la mafia connaît une légitimité internationale : l’armée et la marine américaines préparent l’invasion de la Sicile ; l’OSS, ancêtre de la CIA est chargée de mettre sur pied une 5° colonne, qui devra accueillir et guider les troupes de débarquement. L’OSS prend contact avec Lucky Luciano et d’autres parrains de la mafia d’origine sicilienne à NY. Disposant ainsi de renseignements sans failles, de cartes précises (établies par les mafieux locaux) des emplacements des garnisons nazies, le débarquement est un succès. Les troupes américaines sont accueillies par un petit homme sec, Don Calogero Vizzini, principal parrain de l’île. Celui-ci remet au commandement américain une liste « d’hommes d’honneur » : le commandement américain les nomme maires des différentes villes et villages de l’île et confère à Don Calogero le


grade de colonel honoraire de l’armée américaine. Durant la première république italienne, la mafia jouit plus que de l’impunité… violemment anti-communistes, les parrains sont pour les gouvernements successifs de Rome des personnages à ménager ; la guerre froide fait d’eux des alliés ; de plus la démocratie chrétienne, parti constamment dominant de 1945 à 1992, obtient grâce aux parrains des majorités électorales confortables dans tous le sud du pays. Les parrains de la guerre froide son moins tournés que leurs prédécesseurs vers le seul contrôle des terres et des hommes : à l’école capitaliste américaine, ils ont appris à se tourner vers d’autres marchés : immobilier, transport maritime, import-export, banque ; de plus la coexistence entre familles enracinées chacune dans une terre particulière, un terroir, laisse place à une lutte « fratricide » pour la domination des marchés. En juillet 1997, le parquet de Palerme annonce le démantèlement d’un réseau mafieux contrôlant tous les appels d’offre publics de la ville… le réseau fonctionnait sous la direction de Toto Riina, arrêté en 1993 et condamné à la prison à vie. Un de ses correspondants, Angelo Siino, a assuré pendant des années la coordination entre des fonctionnaires municipaux mafieux et des grandes entreprises de travaux publics du nord de l’Italie. La mafia contrôlait en particulier les chantiers du vélodrome, de l’hôpital Petraglia, du dépôt des transports publics, de l’université et du nouveau palais de justice… La mafia sicilienne est désormais l’une des plus grandes puissances financières du monde : son chiffre d’affaire annuel s’élève à quelques 50 milliards de $ ; son patrimoine immobilier dépasse 100 milliards de $. C’est un enchevêtrement complexe de réseaux, de familles biologiques qui parfois se combattent, parfois collaborent. 

Italie - Sicile - Cosa Nostra : la Cosa Nostra de Sicile est dirigée par la « coupole », réunion des principaux chefs de clans ; elle est souvent considérée comme la plus puissante organisation mafieuse d’Italie avec ses quelques 180 clans, 5500 hommes d’honneur et 3500 « soldats ».

Italie - Campanie - Camorra : la camorra règne en Campanie sur une immense région agricole et industrielle de l’arrière-pays de Naples ; elle compte plus de 7000 membres, organisés en 145 clans ;

Italie - Pouilles - Sacra Corona Unita : l’organisation rassemblerait environ 1000 membres ; elle a été créée et implantée là au 19° siècle par des transfuges de clans siciliens et de Campanie.

Italie – Calabre – N’Dranghetta : la Calabre est une région très pauvre d’Italie qui a longtemps été délaissée, d’abord par les dynastes du royaume de Naples et de Sicile, puis par l’Italie unifiée ; dans ces montagnes splendides et inaccessibles se sont réfugiés au cours des siècles des albanais fuyant l’occupation ottomane, des sarrasins convertis, des juifs séfarades, des protestants persécutés du Nord. Une ancestrale tradition de banditisme, vivant du pillage des voyageurs qui se rendent du nord au sud ou inversement a donné naissance à la N’Dranghetta. Elle compte 80 clans et environ 5000 membres.

France – Dauphiné – Cosa Nostra : au début des années 1990, la Cosa Nostra décide de conquérir la région du Dauphiné ; la prostitution, l’escroquerie à l’assurance, les machines à sous, le racket des commerçants (notamment des restaurateurs) étaient jusqu’alors entre les mains de la mafia (ou « milieu ») grenobloise relativement paisible… Les truands locaux refusant d’évacuer les lieux sont descendus les uns après les autres : à chaque fois, 2 hommes à moto surgissent dans la rue, cagoulés et casqués ; l’un conduit et l’autre tire ; pendant la phase paroxystique de cette campagne d’élimination (décembre 1995-mai 1996), 7 grenoblois sont ainsi assassinés ; un mafieux grenoblois de 32 ans est exécuté par deux décharges de chevrotine sur un parking de la ville le 17 mai 1996 ; avant lui, 2 autres dirigeants de la mafia locale avaient été assassinés : Jean-Pierre Zolotas et Antonio Sapone ; les noms de 3 autres mafieux grenoblois assassinés restent tus par la police, sous le prétexte que leur casier judiciaire est vierge. Le dernier membre de cette mafia grenobloise locale a fini par se retrouver sur un lit d’hôpital, physiquement brisé, entre les mains de la police.

Monde – Mafia Russe : K. A., dit « le maître », règne sur un des principaux empires de la mafia russe et commande une armée de « raketiri ». Certains tueurs professionnels à la solde des seigneurs de la mafia russe circulent le plus librement du monde dans les palaces des Etats-Unis, de Russie et d’Europe ; munis d’attachés-cases et dotés d’armements des plus modernes, ils égorgent, exécutent, empoisonnent toute personne que leur désigne leur maître.

Brésil : João Lelo, 50 ans, a sur la conscience la mort de centaines de posseiros, des journaliers agricoles, des syndicalistes paysans ; c’est un pistolero employé par les latifundiaires de Rondonopolis, dans l’Etat du Mato Grosso. Le 3 décembre 1995, à la fin d’une fête populaire, accompagné de 2 jeunes « beautés locales » (…), il monte dans sa voiture, une Toyota 4x4 rouge ; il renvoie ses 5 gardes du corps. Alors que l’aube se lève, un inconnu aux cheveux longs en blue-jean s’approche de la voiture et exécute João Lelo de 6 coups tirés à bout portant ave un revolver muni d’un silencieux. Les droits de propriété des latifundiaires sont parfois encore certifiés depuis le temps de João 2, roi du Portugal : 17° siècle… ;

Colombie : c’est le pays en « état de paix » le plus violent du monde : Interpol y a enregistré 25 723 assassinats, meurtres, homicides volontaires pour une population globale de 36 millions d’habitants en 1996. c’est la première cause de mortalité avant les accidents de la route et les maladies. Soit 7 victimes pour 10 000 habitants. Les sicaires colombiens (assassins professionnels aux ordres des cartels mafieux) sont souvent très jeunes, sans formation scolaire, très pauvres, subissant de plein fouet le chômage de masse, souvent catholiques fervents, se rendant à l’église avant chaque assassinat pour prier les saints de les soutenir dans leur tâche…

Etats-Unis : on dénombrait 25 000 homicides volontaires liés à des organisations mafieuses aux Etats-Unis en 1996.

Chine : on dénombrait 16 000 homicides volontaires liés à des organisations mafieuses en Chine en 1996 (1.2 milliards d’habitants).

Italie – Cosa Nostra : Giovanni Brusca, dit « le porc », prend la succession de Toto Riina à la tête de la « commission » de Cosa Nostra ; né en 1964, il est venu au monde dans une famille mafieuse de San Giuseppe Jato, bourg montagneux à mi-chemin entre Palerme et Corleone. C’est un tueur « talentueux » qui doit son ascension dans l’organisation à quelques actes de violences particulièrement réussis…23 mai 1992 : 3 voitures blindées, transportant le juge Falcone, sa femme et ses gardes du corps, foncent à 160 kilomètres / heure sur l’autoroute Messine – Palerme ; sur une colline surplombant un pont, Brusca et son unité ; une énorme explosion projette en l’air le convoi ; Falcone, sa femme et 3 policiers sont tués. Deux mois plus tard, Paolo Borsellino, procureur ami et successeur de Falcone, rend visite à sa mère à Palerme, en convoi de voitures blindées flanquées de gardes. Son


convoi saute sur une bombe, actionnée par Brusca ; aucun survivant. Santino di Matteo fait partie de l’unité de Brusca qui a exécuté Falcone ; arrêté, il décide de collaborer avec la police ; Brusca fait enlever son fils Giuseppe (11 ans), l’étrangle de ses propres mains puis le jette dans un bain d’acide. Mai 1993 : le pape condamne Cosa Nostra ; en représailles, Brusca ordonne un attentat à la bombe sur la basilique Saint-Jean-de-Latran, aux portes de Rome. Ces actes valent au « porc » une carrière foudroyante : à 29 ans, il accède aux plus hautes strates de Cosa Nostra. 

Pakistan - mafia pachtoune : Hadj Mohamed Ayoub Afridi est le chef du clan pashtoun des Afridi, qui habitent depuis 2000 ans les montagnes qui surplombent la route du col du Khyber, entre Pakistan et Afghanistan, entre Asie du nord et du sud. Cette passe est l’un des axes les plus stratégiques de la planète, et a été un des enjeux des conquêtes d’Alexandre le Grand, des légions romaines, des basileï byzantins, des khans mongols, des régiments de la reine Victoria. Quiconque tient cette passe de 18 kilomètres qui relie l’Hindu Kuch à la vallée de l’Indus, peut sans erreur être considéré comme puissant. Hadj Mohamed Ayoub Afridi règne sur un empire financier multinational dont les entreprises et les participations se trouvent en Asie, au Moyen-Orient et en Europe ; la source principale de sa fortune serait le trafic d’héroïne ; dans cet univers secret a lieu un coup de théâtre : en décembre 1995, le tout puissant clan des Afridi annonce lui-même la chute de son chef. Mais l’histoire reste confuse : les 2 neveux et adjoints les plus proches du « Sahib » (seigneur, chef suprême des pachtounes), Hadj Babu Khan Afridi et Noor Alam Afridi, convoquent la presse internationale dans leur palais forteresse, situé dans le quartier universitaire ; ils sont entourés de 3 petits garçons de Hadj Mohamed Ayoub Afridi et des principaux membres mâles du clan ; ils annoncent que Hadj Mohamed Ayoub Afridi s’est rendu aux américains ; il se serait fait soigner à Bagdad puis à Téhéran ; rétabli, il revient dans son bastion de la vallée de Tirah, au cœur du territoire « tribal » des Afridi, près de la passe de Khyber ; de là accompagné de quelques fidèles, il traverse à pieds les montagnes pour rejoindre la vallée de Nangarhar en Afghanistan. Après avoir obtenu une promesse de sauf-conduit du premier ministre afghan, il se rend à Kaboul en camion ; de là, il monte le 11 décembre dans un avion cargo qui le mène à Dubaï ; muni d’un passeport afghan, il y obtient un visa américain et prend un avion de ligne pour NY. Hadj Babu Khan Afridi annonce que le clan a chargé un cabinet d’avocats new-yorkais de le défendre, et que Hadj Mohamed Ayoub Afridi a été jugé par une jirga (conseil des anciens), laquelle l’a reconnu innocent. Hadj Babu Khan Afridi attend de la justice américaine qu’elle blanchisse le « seigneur ». fin décembre 1995, le tribunal du district oriental de Brooklyn à NY annonce que l’inculpé Mohamed Ayoub Afridi, sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis 1988 sera jugé pour trafic de drogue, escroquerie, blanchiment d’argent de la drogue, violation de la loi sur les douanes, contrebande et falsification de documents. L’explication de cette étrange reddition tient sans doute à la politique pakistanaise : une guerre sans merci oppose alors le clan des Afridi au général Naserullah Babar, alors ministre de l’intérieur et homme fort du gouvernement de Benazir Bhutto. En 1993, le mandat de député du Sahib Hadj Mohamed Ayoub Afridi est cassé et les autres membres du clan sont déclarés inaptes à la candidature ; sur plainte de l’ANF (Anti-Narcotic Force), dépen,dant du ministre de l’intérieur pakistanais, une cour spéciale constituée à Peshawar ordonne la confiscation de tous les biens de Mohamed Ayoub Afridi et de 17 membres de son clan, tous déjà condamnés pour contrebande. Mohamed Ayoub Afridi avait dès lors le choix entre la capture par les commandos de Naserullah Babar et son incarcération à Lahore, Karachi ou Islamabad, et son probable assassinat en prison, et le face à face avec la justice américaine ;

Syrie - mafia alaouite : 19 décembre 1995, dans la salle d’audience de la chambre pénale de la cour de justice de Genève ; sur le banc des accusés, Monzer Al-Kassar ; il est entouré d’une garde spéciale : dans le vestibule et les corridors veillent des hommes armés à son service ; il bénéficie pour cela d’un sauf-conduit du parquet. Dans l’acte d’accusation : délit de terrorisme international, faux dans les titres, trafic de drogues et d’armes de guerre, blanchiment d’argent sale, violation de l’embargo sur les livraisons d’armes de guerre aux parties en conflit dans en Bosnie ; une demande de saisie de 6.2 millions de $ déposés sur les comptes des banques suisses de Monzer Al-Kassar par le procureur. Monzer Al-Kassar avait déjà été accusé par la justice espagnole d’avoir fourni des armes au commando palestinien du FPLP responsable du détournement au large de l’Egypte, en 1985, du paquebot italien « Achille-Lauro » et de l’assassinat d’un otage juif américain. Mais il n’avait pas été condamné ; mais en 1992, la justice espagnole ordonne le séquestre de ses comptes avant d’être contrainte de révoquer la mesure. Les police d’Europe et des Etats-Unis essaient de le faire tomber en vain. Il serait « intouchable »… son appartenance à la société alaouite lui vaut son immunité, sa fortune astronomique ; la raison d’Etat de différents gouvernements européens (en liaison financière, commerciale militaire avec des pays du Moyen-Orient)arrête en dernière minute le bras des juges…Bien que d’origine sunnite, Monzer Al-Kassar est considéré comme alaouite, parent par alliance (mariage) de cette « tribu » qui occupe « depuis la nuit des temps » les chaînes montagneuses surplombant la méditerranée et Lattaquié. Il est affilié au clan de Hafez Al-Assad et Rifaat AlAssad. La plupart des hommes de Al-Kassar sont alaouites ; comme les druzes, les alaouites pratiquent une religion fortement influencée par l’héritage chiite ; une hiérarchie clandestine gouverne la communauté ; les alaouites parlent une langue dialectale propre aux tribus de la chaîne montagneuse du littoral, « impénétrable » par les service d’écoute arabophones (du FBI, de la CIA ou même des organes syriens) ; leur univers mental est régi par une gnose et un code ésotérique. Les structures de la parenté sont complexes et protégées par un code d’honneur, l’omerta et la solidarité « intra-ethnique ». la foi alaouite est fondée sur le secret : le « secret » et la « dissimulation » sont deux des obligations qu ‘apprend un enfant dès qu’il commence à se mouvoir en société ; ils le protégeront de l’ennemi, du sunnite qui habite les terres fertiles de la plaine et fait des incursions périodiques dans la montagne. Comme les autres chiites, les alaouites vénèrent Ali, le gendre du prophète. Les alaouites ont une longue histoire de persécutions, et ont été assimilés à des païens par une fatwa du 14° siècle, avant de subir les persécutions ottomanes (enlèvement de leurs filles, placées comme domestiques esclaves chez les grands propriétaires). Mais sous mandat français, cette situation s’inverse et les alaouites s’engagent massivement dans les « troupes spéciales du Levant », fer de lance indigène de l’armée coloniale. Cette collaboration avec le colon leur vaut par contre des déboires dès l’indépendance, les gouvernements successifs de Damas leur faisant payer leur rôle sous le mandat français. Jusqu’au 17 novembre 1970, date à laquelle l’un des leurs, le jeune général d’aviation Hafez Al-Assad (Hafez « le lion »), renverse le pouvoir sunnite et installe les siens aux commandes de l’Etat. Depuis cette date les alaouites règnent sur la Syrie, et Monzer Al-Kassar est l’un de leur principaux financiers.

Tchétchénie – mafia tchétchène : la population tchétchène a des structures claniques très cloisonnées ; pendant des décennies, les occupants russes ont perdu des milliers d’hommes en Tchétchénie. Les clans sont régis par un code d’honneur rigoureux ; si l’un de ces clans a donné un de ses hommes à une organisation mafieuse et que celui-ci meurt ou disparaît en prison, le chef de clan le remplace immédiatement par son fils le plus âgé. Depuis la fin de l’union soviétique, les chefs des clans tchétchènes se sont plus ou moins émancipés des mafias russes et les Mercedes blindées blanches des chefs de leurs organisations mafieuses circulent dans Moscou, suivies des 4x4 Toyota de leurs gardes du corps. Des parrains tchétchènes contrôlent des quartiers entiers de Moscou, notamment ceux situés dans la partie méridionale, autour du port du sud, qui leur sert de base européenne ; dans ces quartiers, aucun autre cartel mafieux ne pénètre. Dès 1993, le peuple tchétchène se rallie majoritairement à la politique indépendantiste du président Djokar Doudaïev ; en 1994, l’armée russe détruit la capitale Grosny et met la ville à feu et à sang… avant de poursuivre les massacres dans de nombreuses villes et villages du pays. Une immense


guerre de propagande accompagne le conflit qui dure depuis plus de 10 ans désormais. Les documents du ministère de l’intérieur russes par lesquels les cartels mafieux tchétchènes sont connus prêtent donc à caution. Les membres de chaque cartel mafieux tchétchènes, qui est en même temps une organisation clanique, porte sur le corps des tatouages rituels singuliers : un oiseau de proie du Caucase, deux épées croisées, un crâne aux yeux vides et autres signes totémiques ; nombre de tchétchènes arrêtés en Allemagne avaient aussi sur eux des amulettes, des gris-gris montrant leur enracinement profond dans une culture ancestrale, plus proche de leur ancien paganisme que de leur plus récente islamisation. Le clan, structure de base de la société tchétchène, s’appelle « tep » ; il est gouverné par la loi du sang, « miest » ; cette loi oblige tous les membres d’un clan à exécuter quiconque et coupable de la mort d’un membre du clan. Le vrai nom d’un homme n’est connu que par les membres du clan ; à l’extérieur de son clan, et à plus forte raison hors de la Tchétchénie, il utilise l’un ou l’autre des noms propres les plus courants de la langue tchétchène, papiers dûment falsifiés à l’appui. D’où les difficultés des polices française, suisse, allemande et anglaise quand elles arrêtent des dizaines de « suspects » portant tous quelques mêmes noms. La lutte séculaire contre l’oppression russe a développé chez les tchétchènes des talents militaires et une exceptionnelle témérité au combat. Quand les cartels mafieux tchétchènes affrontent leurs homologues russes notamment, leurs chefs ne connaissent pas la pitié, et leurs tueurs opèrent avec un art consommé. Piotr Leonschikov, « homme d'affaires » russe de 27 ans (plutôt un membre de cartel mafieux russe…), vivant dans une villa de Grünewald près de Berlin, est exécuté à distance et d’un seul tir devant son garage en 1995, alors qu’il se trouve au milieu de ses gardes du corps… A l’hôtel Majestic de Berlin, un autre « homme d'affaires » a eu le cou lacéré de coups de poignard par des tueurs tchétchènes sans qu‘aucun de ces coups ne tranche la carotide : il s’agissait d’impressionner. 

Rwanda – mafia Tutsi : les rois Tutsis du Rwanda, du Burundi ou d’Ankole avaient pour habitude d’utiliser pour leurs basses œuvres des Batwas, chasseurs pygmées de la haute forêt centrale.

Russie – mafia russe : les seigneurs mafieux russes utilisaient souvent des tueurs tchétchènes avant la guerre de la Russie contre les indépendantistes tchétchènes. En 1995, une rencontre a lieu au sommet entre certains des principaux parrains russes sévissant en Russie ou à l’étranger, à l’hôtel Marriot, un palace au centre de Vienne ; les agents de l’EDOK (services secrets autrichiens) enregistrent la rencontre ; il y a là une 20aine de parrains, avec leur conseillers et leur gardes du corps ; à l’ordre du jour : comment « purifier » les villes russes, comment éliminer « les noirs », c'est-à-dire les cartels mafieux originaire du Caucase ; les parrains russes prennent la décision de procéder à l’élimination physique de tous les mafieux caucasiens présent dans toute ville dont la population est majoritairement russe [et il peuvent remercier le FSB et Poutine pour leurs soutien aux parrains russes, avec la guerre en Tchétchénie…et les opérations policières et militaires en Russie même…]. Dans la fédération de Russie vivent près de 10 millions de personnes appartenant à des « ethnies » non russes ; contre eux, la langue russe dispose de tout un vocabulaire raciste : les caucasiens sont appelés « chorni » (culs noirs), les habitants de la chaîne de montagne du nord Caucase sont appelés « gortsi » (sauvages des montagnes), et toutes les minorités non russes sont traitées de « tchurka » (tête de bois)… Les parrains de la mafia russe sont particulièrement hostile à la liberté d’expression : il existe en Russie de nombreux journalistes déterminés ; et pourtant, les colonnes de la presse russe évoquent rarement les organisations mafieuses russes. Car ceux-ci réagissent à la moindre critique à leur encontre dans les journaux avec une violence inouïe ; ils ne passent pas par le courrier des lecteurs pour le faire savoir, ils abattent l’insolent. Les assassinats de journalistes sont fréquents en Russie, et dans tous les cas, les tueurs agissent dans la plus parfaite impunité, souvent au milieu des passants, des voisins ou de la famille des victimes. Entre 1994 et 1996, ce sont ainsi 63 journalistes russes, hommes et femmes, qui sont assassinés par les cartels mafieux russes ; parmi eux, des correspondants de la presse internationale (Félix Solojov, Natalia Alianika) et le directeur général de la télévision d’Etat Vladislav Listiev. En 1997, les assassinats se poursuivent : Vadim Birikov, chroniqueur économique est retrouvé dans le garage de sa maison à Moscou les mains menottées dans le dos et une balle dans la tête.

Italie – mafias italiennes : en 1993, une réunion des principaux capimafia italiens a lieu ; il est question des attentats à la bombe et des assassinats menés contre des procureurs, des juges, des policiers, des hauts fonctionnaires, qui ne donnent pas exactement les résultats attendus. Certains chefs de grandes familles de Cosa Nostra restaient en prison ; aussi décident-ils de s’attaquer aux patrimoine culturel italien, aux biens matériels : un comma,ndo contre la galerie des offices à Florence où se trouvent des tableaux de la renaissance, la Civita Galeria de Arte Moderna, villa Reale à Milan, tuant au passage 4 agents de sécurité et un passant marocain. Le 5 août 1996, le procureur de Florence Gabriele Chelazzi annonce que 150 kilos de triton (explosif) ont été trouvés dans une grotte de Toscane, et qu’ils devaient servir à détruire la tour de Pise. Les « hommes d’honneur » sont dressés à tuer dès leur enfance. Calefore Ganci est « homme d’honneur » d’une puissante famille de Palerme depuis 1980, son père, ses deux grands-pères et tous ses frères appartenant aussi à Cosa Nostra. Il a dirigé pendant 10 ans un commando de tueurs ; en août 1996, alors qu’il est en prison depuis plusieurs années, à Palerme, il demande à signer une confession complète, dans laquelle il montre comment un garçon de 15 ans, né dans une famille mafieuse est coupé dès son enfance de la société environnante, dressé à intérioriser les paramètres de l’obéissance aveugle au capo, de la violence la plus effrénée, de la ruse aussi.

Russie – mafias russes : les cartels mafieux russes sont d’un genre particulier ; à l’origine, il y aurait la plus ancienne organisation mafieuse connue, les « Vor v Zakone », qui remonte à la Russie tsariste de la dernière décennie du 19° siècle. Le régime bolchevique en revanche les brise plus ou moins ; Staline s’efforce notamment d’exterminer systématiquement leurs membres, alors que racket, corruption de fonctionnaires, détournements de fonds, traite d’être humains et vol sont considérés comme des activités contre-révolutionnaires, punies de mort. A la mort de Staline en 19553, la terreur d’Etat exercée par les organes de répression de l’Etat totalitaire sur tous les groupes « déviants » s’allège progressivement ; durant le règne de Brejnev (64 à 82), la corruption de larges secteurs de l’Etat et de la société fait des progrès spectaculaires, et des cartels mafieux de plus en plus puissants et peut-être surtout de moins en moins discrets infiltrent l’économie et contractent des alliances ponctuelles avec tel ou tel secrétaire régional, tel ou tel directeur de combinat industriel ou de complexe agricole ou commercial. Ces cartels mafieux russes rendent des services appréciés à la population, en approvisionnant le marché noir dans toutes les grandes villes. Autant de denrées que les russes ne peuvent se procurer dans les magasins officiels, et qu’ils paient au prix fort sur le marché noir…en 1985, Gorbatchev est désigné, et lance peu après le thème de la « transparence » et de la « démocratisation » ; ce n’est pas l’occident libérateur fantasmé par une partie des populations russes qui arrive, mais l’occident prédateur… Face à l’arrive des prédateurs occidentaux, les cartels mafieux russes utilisent les armes de la corruption, de la violence pour en freiner la progression. En août 1991, l’empire bolchevique se désagrège ; la vitalité des cartels mafieux russes connaît un nouveau bond ; ils sont désormais omniprésents, transformant à leur profit l’économie planifiée en économie de marché. Le capitalisme le plus sauvage s’abat sur la Russie et les républiques nées des ruines de l’URSS, et avec lui la misère la plus aiguë. Dans ce contexte, les dirigeants des organisations mafieuses russes forment une garde de fer, une « avant-garde » capable de se dresser contre l’agression des capitalistes occidentaux qui voient d’un bon œil « l’ouverture » de l’URSS. Dans ce chaos, reste une évidence : les seuls


adversaires sérieux des prédateurs occidentaux sont les cartels mafieux russes qui ont le savoir-faire capitaliste mafieux, la détermination nécessaire, les capitaux et les armes pillés de l’Etat à leur disposition pour affronter l’envahisseur de l’ouest ; ce qui vaut paradoxalement à ces prédateurs locaux une certaine popularité. Vient la génération Eltsine : le dollar est son dieu, et la jouissance immédiate son credo, l’avidité conquérante son caractère le plus prononcé. Cette génération est aussi souvent formée aux meilleurs écoles de management. Le noyau dur des cartels mafieux russes est constamment enrichi par l’arrivée de nouveaux segments de population : anciens militaires lassés d’attendre leur solde acceptant de devenir tueurs professionnels ; jeunes managers dépourvus comme en occident de la moindre parcelle de scrupules moraux, et même dressés à combattre de tels scrupules ; anciens hauts fonctionnaires, généraux, apparatchiks, chefs des services de police et d’espionnage, qui se jettent à bras raccourcis dans les organisations mafieuses et dans le courant de privatisation de l’Etat bolchevique. K.A. est une figure énigmatique des organisations mafieuses russes : il règne en maître sur de nombreux cartels mafieux russes ; son surnom est « le maître » ; le 22 juin 1941 des avions surgissent dans le ciel de la Biélorussie occidentale ; en quelques minutes, 10 villages disparaissent dans les flammes, ensevelissant hommes, femmes, enfants, paysans pour la plupart. C’est le début de la guerre entre Staline et Hitler, entre nazis et bolcheviques. Durant l’hiver, les nazis pilonnent les faubourg de la capitale, Moscou ; près du port sud, une famille, mère et enfants, perd en une nuit son logement, ses économies, vivant dès lors dans les ruines, s’abritant dans les couloirs de métro, se nourrissant de pain noir et de pomme de terres distribuées par le commissariat du quartier. K.A. est le cadet ; tous les siens furent tués et l’enfant grandit dans les ruines, seul ; dans ce contexte il survécut en se forgeant un moral d’acier. Un homme se charge de son éducation : V.G., dit « le mongol », propriétaire d’un des clubs de boxe qui abondent à Moscou. Vers 27 ans, K.A. organise une bande qu’il dirige d’une main impitoyable et qu’il spécialise dans le racket. Généralement vêtus d’uniformes de miliciens (policiers) moscovites, ses membres enlèvent des millionnaires de la nomenklatura bolchevique, des spéculateurs du marché noir, et d’autres corrompus, les emmènent dans la nuit dans une des forêts entourant Moscou ; là, les victimes sont torturées jusqu’à ce qu’elles signent le transfert de leurs biens à l’organisation mafieuse de K.A. ; jusqu’au jour où le groupe s’attaque à un collectionneur richissime d’art résidant à Moscou ; ils cambriolent sa datcha et vident son appartement, emportant les œuvres d’art ; mais leur « victime » alerte ses amis du KGB…l’organisation mafieuse de K.A. est arrêtée, et K.A. est enfermé dans les prisons de Boutyrka et de Magadan ; le mongol, son mentor, y est aussi enfermé pour une autre affaire ; et dans la prison, sous la protection du « mongol », K.A. poursuit sa carrière mafieuse et fait dans cette perspective des rencontres utiles ; c’est en véritable parrain qu’il ressort de Magadan après avoir purgé 5 ans de peine. Dès sa sortie il demande et obtient sa part de pouvoir et de richesse au sein des organisations mafieuses de la capitale ; il se lance dans de nombreuses entreprises : banques, racket, casinos, traite de femmes… mais son règne est de courte durée, et au début des années 1980, la justice moscovite le condamne à plusieurs années de pénitencier pour contrainte et menace de mort. Après sa seconde libération, il est admis au sein des Vor v Zakone. Celle-ci reste une organisation nimbée de mystère : née durant les dernières années du pouvoir tsariste, dans les camps sibériens, elle pratique des rituels initiatiques, a uns structure pyramidale rigide et opère comme une sorte d’instance de référence pour l’ensemble des organisations mafieuses sur le sol russe. Parmi les parrains des différents cartels, elle assume le rôle essentiel d’arbitre. 

Etats-Unis - mafia russe : La carrière de K.A. prend une tournure internationale au cours des années 1990 ; les parrains des différentes organisations mafieuses russes tiennent conseil dans une datcha près de Moscou, et le conseil suprême des cartels, le Chkod, désigne K.A. comme son plénipotentiaire aux Etats-Unis ; il s’y rend immédiatement. Cette décision visait à réorganiser et coordonner l’action des organisations mafieuses eurasiatiques et caucasiennes opérant aux Etats-Unis, lesquelles commençaient à s’affronter violemment ; les morts étaient nombreux, et le partage des territoires objets de violents affrontements ; à l’époque, le FBI identifie 5 grands conglomérats mafieux russes aux Etats-Unis, divisés en plus de 220 groupes opérationnels implantés dans 17 grandes villes américaines et qui se combattent toutes entre elles. Dès les années 1970, sous la pression internationale, le régime de Brejnev avait dû accepter l’émigration de nombreux citoyens russes d’origine juive ; certaines organisations mafieuses russes avaient sauté sur l’occasion : grâce à des papiers d’origine falsifiés, elles infiltrent massivement le flot des émigrés ; le FBI soupçonne en outre le régime Brejnev d’avoir volontairement délivré des permis de sortie à des milliers de criminels endurcis purgeant leurs peines au goulag ; à la fin de la décennie 1970, plus de 40 000 émigrants d’origine russe, vrais ou faux juifs, peuplent Brighton Beach, alias « Little Odessa ». Parmi les chefs des organisations mafieuses russes qui dès cette époque mettent en coupe réglée non seulement la population russe émigrée mais aussi les commerçants, industriels et banquiers autochtones, une figure retient l’attention : Evseï Agron. Celui-ci débarque à l’aéroport Kennedy en 1975, après 10 ans de goulag pour assassinat ; mais un jour de 1985, Agron sort imprudemment sur le balcon de son appartement à Brooklyn, et est exécuté au moyen d’un fusil à lunette. B.Y., son principal conseiller, également émigré russe, lui succède ; B.Y. étend son empire mafieux et noue des relations avec des politiciens corrompus locaux. Protégé par une armée de jeunes truands, il survit malgré de nombreux conflits avec ses nouveaux associés ; cependant, il utilise une fausse carte de crédit et se fait pincer bêtement… ; condamné en 1989, il disparaît derrière les barreaux, et après sa chute, une guerre entre organisations mafieuses russes new-yorkaises est déclenchée. C’est dans ce contexte que K.A, « le maître », débarque à NY au printemps 1992 ; il soumet les différentes organisations mafieuses russes (ukrainiennes, kazakhes, tchétchène, etc.) actives sur le sol américain. Disposant d’une garde personnelle de plusieurs dizaines de tueurs expérimentés, il se met au travail avec une rapidité consternante, et opère avec une cruauté « exemplaire » : dans de nombreuses villes américaines, des reketiri (racketteurs, levant des taxes de « protection ») récalcitrants ont les yeux crevés, sont pendus dans leur chambre d’hôtel, sont écrasés par des camions ou égorgés au couteau sur ses ordres… Le « maître » change totalement son mode de vie sa façon de se mouvoir, de s’habiller et de se loger. Il met un terme à sa vie flamboyante de nabab, abandonne les Mercedes géantes aux vitres teintées suivies de Toyota tout-terrain remplies de gardes du corps, renonce aux fêtes somptueuses, aux nuits bruyantes, aux flots de champagne rosé, de caviar à la louche et aux mises arrogantes aux tables de jeux ; il utilise désormais des identités et des déguisements toujours nouveaux, change de ville ou de logement chaque semaine dans une clandestinité presque parfaite, évite toute ostentation, et retrouve un mode de vie frugal ; il se déplace de préférence en métro ou à pied, ne sort que la nuit et ne fait confiance à personne. Le FBI ignore longtemps son existence. Il dispose d’un pouvoir considérable : ses 4 téléphones portables chauffent en permanence ; il lui arrive de communiquer avec 14 pays dans la même journée en russe ou dans l’argot de sa « confrérie ». Un simple appel de sa part débloque plusieurs millions de dollars dans des banques privées de Moscou. Il simple grognement dans le combiné de sa part, et des querelles interorganisations se résolvent, dans toute la Russie et au-delà. A Anvers ou Tel Aviv, à Londres ou Monte-Carlo, les parrains les plus hautains se figent au garde-à-vous au son de sa voix. Tout homme d’affaires désireux de coopérer avec une firme américaine s’enquiert d’abord de son avis ; en cas « d’oubli », ses projets tourneront au désastre. Ce sont les femmes qui perdront K.A dont l’appétit sexuel est paraît-il débordant : à l’aube d’un jour d’été des années 1990, un commando d’élite de la police new-yorkaise prend d’assaut un duplex situé dans un immeuble de Little Odessa ; K.A est maîtrisé dans le vestibule : il s’est attardé quelques minutes de trop dans l’appartement d’une maîtresse. En janvier 1997, la justice de l’Etat de NY le condamne pour extorsion de fonds et mariage frauduleux à 9 ans et 7 mois de prison.


France – Paris – mafia russe : Sergueï Majarov, officiellement producteur de cinéma, multimillionnaire de 36 ans ; dans le garage de sa luxueuse demeure parisienne, les voitures de luxes s’alignent ; c’est un habitué du Maxim’s ; il dispose d’un duplex avec terrasse et vue sur la tour Eiffel, avenue Marceau à Paris, et il loue régulièrement la suite présidentielle d’un palace genevois situé quai du Mont-Blanc. Le 22 novembre 1994, alors qu’il est paisiblement assis dans le salon de son duplex parisien, avec auprès de lui une jeune femme, une mannequin polonaise, et son garde du corps, des tueurs l’abattent en tirant à travers la vitre blindée de la porte. Les armes des tueurs sont munies de silencieux, et la police parisienne retrouve plus tard un pistolet mitrailleur CZ, de fabrication tchèque, l’arme préférée des cartels mafieux russes. Né dans une famille d’artistes et d’intellectuels de la diaspora russe géorgienne, Majarov a quitté l’Urss en 1980 pour rejoindre son père, pianiste à Vienne. Il apparaît peu après en France ; il est spécialisé dans le commerce de matières premières. Avec O.M., un ami d’enfance, il s’associe dans une affaire qui rapporte une commission de 1.5 millions de dollars ; la somme est déposée sur un compte à numéro d’une banque suisse. Or un conflit éclate entre O.M et Majarov, lequel conteste le mode de partage du bénéfice. Un procès est introduit auprès de la justice suisse, alors qu’O.M disparaît en Israël. En décembre 1994, la police française fait une descente, sur la base de renseignements fournis par un indic, dans un hôtel luxueux de la rue Scribe ; elle y trouve un commando de 4 russes. Leurs pièces d’identité, toutes en règle, indiquent une même profession : « ouvrier »… Or ces 4 « ouvriers » qui logent dans un hôtel luxueux de Paris, ont pendant les jours précédents fait des achats dans les boutiques des Champs-Élysées, pour plusieurs dizaines de milliers de dollars, payant avec une carte de crédit issue d’un établissement de Nicosie. Placés en garde à vue, ils menacent les inspecteurs ; mais les bases légales de leur mise en examen ne sont pas suffisantes et la police les raccompagne à l’aéroport de Roissy, d’où ils sont expulsés et placés dans un avion pour Moscou. 15 jours plus tard, un financier d’origine russe est assassiné à Bruxelles exactement dans les mêmes conditions que Majarov. Les inspecteurs de la PJ française et belge finissent par être convaincus que les deux assassinats sont l’œuvre des mêmes auteurs. L’hypothèse est que ce sont les 4 « ouvriers » expulsés vers Moscou qui en sont les auteurs, et qu’une partie ou la totalité de la commission du contrat commercial négocié (légalement) par Majarov et O.M était destinée aux parrains d’un cartel russe ; perda,nt patience après la disparition d’O.M, ils auraient exigé du seul Majarov le paiement de la commission ; celui-ci aurait été exécuté pour avoir traîné les pieds. Le rôle du financier russe de Bruxelles n’a pas été élucidé.

Israël – Tel-Aviv - mafia russe : Il arrive fréquemment que des parrains russes recherchés en Europe disparaissent en Israël ; ceux-ci y trouvent la possibilité, offerte à tout nouvel immigrant, après quelques mois, de demander un passeport, qui lui permet de quitter le pays quand il veut, sans que le passeport soit annulé ; un passeport israélien est la carte d’identité idéale pour l’Europe de l’ouest. Beaucoup de non-juifs venus de Russie après la chute du régime bolchevique l’utilisent. En Russie et dans les autres ex-républiques soviétiques, quelques dollars suffisent pour acheter une attestation témoignant de l’origine « juive » du porteur. Les cas douteux sont en théorie censés être tranchés par les autorités rabbiniques israéliennes ; mais si cela se passe mal avec ces autorités, le mafieux russe ukrainien, lituanien, etc., peut toujours se procurer à Tel-Aviv pour environ 100 dollars, deux témoins qui attesteront sur l’honneur que le requérant était connu en Russie comme un « juif pieux ».

France – mafias d’ex-Urss : dès le début des années 1990, des organisations mafieuses eurasiatiques s’installent en france ; cette installation s’accompagne d’un accroissement spectaculaire des investissements mafieux. Pour la seule année 1995, la banque de france inventorie des transferts pour une somme globale de 55 milliards de FF provenant des républiques de l’exURSS. La majeure partie est considérée comme « d’origine douteuse » ou « effectivement criminelle ». selon les RG, les structures des organisations mafieuses russes en france est la suivante : 1°) au bas de l’échelle, des groupes de racketteurs pratiquent l’extorsion de fonds et le racket sous toutes ses formes, de « protection » forcée des commerçants et de travailleurs immigrés originaires d’Europe de l’est et de CEI, de maison closes et de trafic d’héroïne. 2°) au deuxième échelon, des entreprises mafieuses d’envergure transfrontalière, soit pour le compte propre des organisations mafieuses russes, soit dans le cadre de jointventures menés en association avec des cartels d’autres continents. Ces organisations sont basées de préférence à paris ou sur la Côte D’azur. 3°) au troisième échelon, des financiers d’origine russe, ouzbèque, kazakhe, tchétchène, moldave, polonaise, etc., mènent en france une existence parfaitement légale, et ne se mêlent directement à aucune action des organisations mafieuses d’ex-Urss, mais gèrent des sociétés financières, des banques, des trusts immobiliers et des circuits d’investissement de toutes sortes, destinés à recycler dans l’économie française les profits mafieux des cartels actifs dans l’ex-Urss ou ailleurs dans le monde. Leur tâche exclusive consiste à blanchir l’argent et le faire fructifier dans l’immobilier, en bourse ou dans toute autre entreprise lucrative française. Ce sont des gestionnaires de fortunes, chargés de développer une structure d’accueil pour les capitaux venus d’Ex-Urss. 4°) au sommet de cette hiérarchie, se trouvent les hommes d’affaires d’ex-URSS, qui à partir de la france et pour le compte des cartels, engagent des sommes colossales dans des spéculations financières, des affaires d’import-export, des jointventures dans le monde entier. Parmi ces opérations : transactions multiples sur des armes et des matières nucléaires prélevées dans les stocks de l’ex-armée rouge, la vente de 150 camions de fabrication russe à la république de Congo-brazzaville, l’exploitation de carrières en Abkhazie, dirigée à partir de bureaux situés sur les Champs-Élysées… exemple d’opération mafieuse russe en france : sous couvert d’une transaction multinationale portant sur des tapis, une somme d’origine mafieuse de 200 millions de FF est réinvestie à Gibraltar, puis transite par Dublin, pour revenir dans une banque parisienne connue. Autre exemple : des sommes importantes d’origine mafieuse russe virées d’une agence bancaire parisienne, via la Belgique et Londres, vers les EtatsUnis. Autre exemple : des sociétés financières liées aux cartels russes dont les sièges sont à Halifax, au Liechtenstein, au Luxembourg, à Rotterdam, à Tortola, aux îles vierges, ont financé en france des achats ou travaux immobiliers portant sur des dizaines de millions de FF. Autre exemple : un homme d'affaires russe achète avenue Foch, pour 25 millions de FF, un appartement qui au prix de marché de 1995, vaut à peine 12 millions de FF… Autre exemple : sur l’avenue Georges Mandel, dans le 16° arrondissement, une société russe a acquis pour 32 millions de FF une maison relativement modeste et l’a transformée au prix d’autres dizaines de millions. Un rapport des RG révèle une très forte concentration territoriale des investissements mafieux d’ExUrss à Monaco, Antibes, Nice, Fréjus, Villefranche-sur-Mer. Une autre concentration, corroborée par les autorités suisses, a lieux dans les départements du Bas-Rhin, de l’Ain et de la Haute-Savoie. La proximité des places financières de Bâle et de Genève, très prisées par les prédateurs orientaux, explique cette implantation. Les arrestations restent rarissimes, entre autre du fait du manque patent de collaboration de la justice et de la police russe. Autre exemple : G. est natif de Bouchara ; dès la chute de l’URSS, il s’installe à Berlin, où il mène l’existence dorée d’un homme d'affaires prospère. En mars 1993, il est expulsé d’Allemagne sur la base de documents transmis par le FBI américain : il aurait pratiqué la séquestration, le rapt et la torture à l’encontre d’antiquaires issus de la diaspora juive. Il se réinstalle à Paris, loue un appartement dans le 16° et créé des sociétés commerciales et investit massivement dans des restaurants de luxe. Il prétend être un touriste et dispose de deux passeports, russe et israélien : aucun n’est valide. Il est placé en garde à vue et finalement relâché, mais expulsé vers Moscou, sans que la moindre charge ait put être retenue contre lui. Autre exemple : Z. est un gros homme d'affaires russe, fils d’un officier du KGB, et il jouit à Moscou de hautes relations ; sur ses comptes ouverts dans différentes banques françaises transitent régulièrement des sommes colossales en devises ; il opère en fait à la tête d’une entreprise multinationale bien structurée : un grand nombre de virements qu’il reçoit


transitent par les comptes bancaires d’une société de diffusion de films qui vend des télénovelas brésiliennes aux chaînes de télévision russes ; il a de luxueux bureaux aux Champs-Élysées. Il fait l’objet d’une commission rogatoire lancée en 1993 par la justice pénale russe, avec pour principaux actes d’accusation la « dilapidation des deniers publics au moyen d’avis de crédits falsifiés ». il est interpellé à Paris puis relâché. Autre exemple : A. a le corps cousu de cicatrice ; c’est un puissant homme d'affaires russe, littéraire, attiré par la Côte d’Azur ; il fréquente les suites présidentielles de différents palaces niçois, avant d’investire dans un somptueux appartement avec terrasse à Nice. Il fait de fréquentes excursions nocturnes dans les casinos de la Côte, où il mise des sommes impressionnantes, et utilise alternativement plusieurs grosses berlines. Officiellement, il fait des affaires dans l’immobilier ; mais il est recherché par le parquet de Moscou, comme étant à la tête d’une organisation mafieuse russe spécialisée dans la séquestration et le rapt. Il est arrêté par la police niçoise, en maillot de bain, entouré de ses gardes du corps sur la terrasse de sa résidence. Il présente un passeport portant le nom d’une jeune fille ukrainienne qu’il a épousée quelques mois auparavant. Le passeport est muni d’un visa permanent allemand, qui lui a ouvert les portes de l’espace Schengen, donc de la France, entre autres. Il est arrêté pour présentation d’un titre de séjour falsifié, mais il proteste, se dit natif d’Ukraine et citoyen de cette république ; il est cependant placé en centre de rétention et le tribunal de Nice ordonne son expulsion. Autre exemple : en juin 1994, 3 hommes de main russes enlèvent sur le chemin de l’école la fille mineure d’un entrepreneuneu du Var, lequel est légalement actif à Moscou. Un conflit commercial l’oppose à une société moscovite, qui estime que l’entreprise française lui doit des dédommagements de 3 millions de FF, ce que l’entreprise française conteste… Les russes font porter un message au père de la fillette : si dans un délai de 3 jours les 3 millions ne sont pas versés, l’enfant aura un bras coupé ; mais les 3 russes sont arrêtés par la gendarmerie avant d’avoir exécuté leur menace. Autre exemple : 24 février 1994, un citoyen suédois se promenant sur les Champs-Élysées est enlevé en plein jour par un commando de truands russes ; il est officier de marine marchande et d’origine russe, et il a des affaires à Saint-Pétersbourg, lesquelles l’ont mis en conflit avec une ou plusieurs organisations mafieuses locales. Le 8 mars 1995, les inspecteurs de la « BRB » arrêtent 9 auteurs présumés de l’enlèvement, arrestation au cours de laquelle un inspecteur est blessé par balle. Les inspecteurs font des découvertes intéressantes : l’existence en Europe de véritables sociétés de services, pratiquant la séquestration, la collecte de dettes, le rapt, la « punition » et l’intimidation de payeurs récalcitrants. Ces sociétés travaillent sur mandat, et leurs tueurs agissent partout en Europe. 

Russie – mafias russes : la Russie contemporaine est un chaos social organisé selon la rationalité cachée et prédominante des cartels mafieux russes transnationaux. La fédération de Russie est le premier producteur mondial d’or, de diamant, de pétrole, de gaz naturel, de manganèse, d’uranium, etc. ; elle dispose toujours en 1997 de plus de 20 000 têtes nucléaires et de milliers de fusées porteuses, dont des dizaines de fusées inter-continentales… « L’effondrement » de l’Urss et de la nomenklatura est plus que suspecte : comment cet Etat totalitaire et ses sbires super-puissants ont-ils pu « disparaître » du jour au lendemain, après quelques dérisoires coups de canon ? Comment ce régime aurait-il pu tomber sans coup férir pour laisser place à des cartels mafieux ? Comment aurait-il pu être « infiltré » en si peu de temps par ceux-ci malgré l’omnipotence du NKVD et du KGB ? Marina Roumiantseva donne à la nouvelle faune nocturne des palaces, des casinos et restaurants de luxe, porteurs de grosses chaînes en or et de fourrures coûteuses le nom de « kouptsi », terme qui désigne chez l’écrivain Gogol et ses contemporains les « commerçants », les hommes d'affaires russes. Un mot yiddish, couramment utilisé à Moscou, indique la source de leur brutal enrichissement : « geschefti », les affaires spéculatives. Cependant il ne faut pas confondre les kouptsi avec les « torgachi », petits spéculateurs de moindre envergure, « combinards de bas étage ». Ceux-là sont repoussés avec mépris par les « natchalniki », les cerbères gardant l’entrée des night-clubs. En 1866, dans « Le Joueur », Dostoïevski dresse le portrait de la bourgeoisie et de l’aristocratie russe, 5 ans à peine après la suppression du servage : ce roman suggère que la Russie restera encore pour des siècles le lieu d’affrontement entre esclaves et maîtres, riches et pauvres, oisifs et travailleurs forcés. En 1997, les statistiques russes dressent un tableau apocalyptique de la situation de la population russe : violence, héroïne, crack, misère économique et alcool détruisent la population ; les hommes russes se situent à la 135° position mondiale en terme d’espérance de vie, les femmes à la 100°. Des branches entières de l’économie russe sont dominées par des cartels mafieux, qui dominent également dans la plupart des administrations publiques, à la Douma et au gouvernement. Dans l’industrie, le commerce, la banque, les services, les organisations mafieuses russes possèdent ou contrôlent directement (au moyen de crédits à long terme, etc.) environ 85% des entreprises privées. Plus de 40 000 entreprises d’importance nationale sont gérés par elles. Les sources allemandes indiquent que les cartels mafieux russes ont pris le contrôle de plus de 2 000 conglomérats d’Etat, et sont à l’origine de leur transfert dans le secteur privé. Ce sont des fonctionnaires de l’Etat bolchevique, de la nomenklatura (directeurs de conglomérats, fonctionnaires ministériels, gestionnaires de régies d’Etat, etc.) qui procèdent aux « privatisations », rédigent les offres de vente, fixent les prix des objets à vendre… des organisations mafieuses surgissent brusquement aux côtés de ces fonctionnaires et ces derniers sont « associés » (c’est le moins qu’on puisse dire) à la privatisation. Des lettres de crédits, des attestations bancaires sont falsifiées à tour de bras, et les rares hauts fonctionnaires probes sont violemment menacés. Les organisations mafieuses russes se trouvent ainsi être les principales bénéficiaires de ces « privatisations ». lors de cette « transition », des banques et instituts financiers suisses jouent un rôle majeur : c’est sur leurs comptes à numéros qu’atterrissent par prédilection des millions de dollars de la corruption versés par les parrains des organisations mafieuses russes à des fonctionnaires, ou provenant de détournement de fonds de l’Etat bolchevique par ces derniers. Les demandes d’entraide judiciaire internationale russes s’accumulent à Berne et restent sans réponse…En février 1991, la commission des finances du PCUS, fait transférer par l’intermédiaire d’une banque à Chypre, des sommes colossales puisées dans les caisses du parti, sur des comptes privés de Zurich… Les républiques de Kirghizie et d’Ouzbékistan cherchent vainement les réserves d’or de leurs banques centrales respectives : de hauts fonctionnaires de l’administration bolchevique entourés de groupes criminels les avaient vendues sur la place financière de Zurich… En 1997, la suisse est en chiffre absolus la première place des investissements russes. Peu à peu, lorsque leur domination se stabilise, les parrains des organisations mafieuses russes rapatrient les capitaux issus du pillage de l’Etat et de la corruption en Russie. Sous identité helvétique, évidemment… Exemple : V.I., homme d'affaires de 40 ans environ, fils d’un ancien haut fonctionnaire du PCUS, a déjà passé 6 ans au pénitencier lorsque disparaît l’Urss. Ce fils d’apparatchik est en effet un professionnel du jeu de cartes truquées, et il est associé à une organisation mafieuse qui écume les grandes villes de la vallée de la Volga… A l’époque bolchevique, Nijni Novgorod s’appelle Gorki ; c’est le siège d’importantes industries d’armement, interdite aux étrangers. En 1992, V.I. y acquiert d’importants chantiers navals situés sur un affluent de la Volga ; puis il établit un faux dossier et s’adresse au ministère des finances de la fédération de russie. Il dispose de quelques alliés bien placés et rémunérés discrètement : le ministère lui concède en devises un « crédit de modernisation » de 18 millions de dollars, censé servir à maintenir les emplois et acheter en occident des grues, tapis roulants et installations diverses afin de rendre ces chantiers navals internationalement compétitifs…le résultat de cette opération illustre des milliers d’autres cas de « privatisation » kleptocratiques en Ex-Urss : dès qu’il a empoché le crédit, V.I. licencie massivement les ouvriers, n’investit absolument rien dans les chantiers navals, et devient propriétaire d’un grand casino de jeux et de supermarchés flambants neufs… ; la suite est par contre plus exceptionnelle : la région de Nijni Novgorod (4 millions d’habitants) et la capitale régionale (1.5 millions d’habitants) relèvent de la compétence d’un procureur singulièrement déterminé, Alexandre Fedotov, qui fait arrêter « l’armateur » véreux. Sans se faire assassiner ! V.I est accusé d’escroquerie, de


corruption de fonctionnaires et d’infraction à la réglementation sur les devises… Le 17 décembre 1995, coup de théâtre : depuis sa prison, V.I qui a mené une campagne électorale à l’américaine, est élu député… Inscrit au parti de droite, dit « Congrès des communautés russes », dirigé par le général Lebed, il jouit désormais de l’immunité parlementaire… Fedotov, le procureur russe anti-mafia a peu d’espoir : « Au Parlement, les criminels forment un lobby puissant » explique-t-il ; la Douma, comme nombre de parlements nationaux, est en effet un lieu de recyclage de parrains grillés… Ainsi d’A.B., ancien chef du plus puissant fond d’investissements de Russie, le fonds MMM, qui a pillé des milliers d’investisseurs par une faillite frauduleuse, avant de devenir depuis le milieu des années 1990 député à la Douma // L’un des secteur dans lesquels les cartels mafieux russes réalisent le plus de profits est celui du pétrole. L’exportation des hydrocarbures procure à la fédération de Russie la moitié de toutes ses devises ; la Sibérie produit 80% du pétrole et 90% du gaz naturel de la Fédération ; la concurrence des champs pétroliers est rude, mais partout les organisations mafieuses russes y sont présentes, soit comme propriétaires des champs pétroliers, soit comme actionnaires des sociétés de commercialisation du pétrole ; les sociétés Rosneft, Lukoil, Sidanko, Yukos et Surgutneftigaz sont toutes dominées par les cartels mafieux. Gisements gigantesques : 40 000 puits dans la seule région de Sourgout. Le seul champ moyen de Feodorovo produit 122 millions de barils par an. La source de profits mafieux liée au pétrole est peu connue ; le pétrole russe voyage du cercle polaire (de Staryï Ourengoï, de Novyï Ourengoï, etc.) au sud de la mer noire. Soit 5 000 kilomètres de pipelines du nord au sud. C’est la société Transneft qui est propriétaire du pipe-line, objet éminemment vulnérable… : des cartels mafieux russes louent leurs services de « protection » aux transporteurs, alors que des incendies, des explosions, des sabotages savamment mis en œuvre précèdent chaque nouvelle renégociation de contrats de « protection » pour chacun des tronçons… Selon les estimations d’Interpol, les cartels mafieux russes disposent en 1997 de 40% du PNB de la fédération de Russie… La seule ville de Moscou compte 152 casinos offrant tous les jeux possibles ; c’est le double de Las Vegas ; pratiquement tous les casinos sont contrôlés par les parrains des organisations mafieuses russes. Dans certains régions métropolitaines comme celles de Moscou, Saint-Pétersbourg, Vladivostok, , près de 80% des restaurants, commerces, maisons de commerce, entreprises industrielles banques, etc., sont soumis au racket. Cette activité en Russie est désignée par un nom poétique, « kricha », c'est-àdire « toit » : le maître chanteur vend sa protection , un « toit », à sa victime… ; toujours selon les estimations d’Interpol, près de 70% de toutes les banques russes appartiennent directement aux cartels mafieux russes… mais les secteurs dans lesquels les organisations mafieuses russes et leurs parrains font les profits les plus importants sont l’exportation illégale de pétrole, d’or, de fer, de « minerais stratégiques », de gaz naturel, etc. ; la complicité active des dirigeants des grands combinats d’Etat partiellement privatisés, et des entreprises du complexe militaro-industriel russe est la condition pour ces exportations illégales. Selon Interpol, près de 80% des exportation de pierres et de métaux précieux échappent au contrôle de la commission russe de contrôle des pierres et métaux précieux… On peut voir la Russie actuelle comme une mosaïque de « principautés » quasiment indépendantes les unes des autres, qui entretiennent directement des relations étroites avec le monde occidental, et se caractérisent par les élites adeptes du capitalisme le plus sauvage et surtout le plus violent, et une lumpen-prolétarisation massive de leur population. Certaines de ces principautés au contraire gardent les traits et les structures de l’époque bolchevique. Les principaux centres du pouvoir russe actuel sont la présidence de la fédération de Russie, avec son administration présidentielle au Kremlin, le gouvernement fédéral avec son administration à la « maison blanche », la douma et le conseil de la fédération (les deux chambres législatives), les forces armées (soit 1.3 millions d’hommes et de femmes), le ministère de l’intérieur de la fédération et ses troupes spéciales, les quatre services secrets nés de l’ancien KGB (FSB, …), les 89 gouvernorats des régions et leurs administrations, la garde présidentielle (20 000 hommes très efficaces et parfaitement équipés). Les relations étroites entre les dirigeants des cartels mafieux russes et les nouveaux apparatchiks font l’objet de nombreuses rumeurs mais la population russe subit la désinformation et semble ne pas être consciente du niveau d’imbrication de l’un et de l’autre. Ce qui n’empêchait pas les moscovite d’appeler l’entourage immédiat d’Eltsine « le Raspoutine collectif »…Alexandre Korjakov, ancien officier du KGB resté très influent, est l’auteur d’un ouvrage dénonçant la corruption et les liens très étroits des apparatchiks de la génération Eltsine avec les organisations mafieuses russes. L’idéologie nationaliste entretenue par le pouvoir sert par ailleurs d’outil de légitimation de la phalange des profiteurs et des criminels, des parrains des organisations mafieuses russes. Il subsiste notamment une zone d’ombre concernant 1.5 million d’agents, de cadres et de dirigeants de l’ancien KGB (éclaté en 4 services différents) et ceux du GRU (le service d’espionnage de l’ancienne armée rouge). Sous le régime bolchevique déjà, GRU et KGB menaient des activités criminelles, étaient au-dessus de toute loi et utilisaient des méthodes les plus inhumaines… ; le GRU continue à exister, de même que le KGB, sous une nouvelle forme. Ni leur mentalité ni leur méthodes n’ont fondamentalement changé… Ils ont une puissante influence sur le Kremlin, la Douma. Et ils sont soupçonnés d’être liés de très près aux « vor v zakone » et les autres organisations mafieuses russes. Certains auteurs plaident pour une identité totale en,tre les uns et les autres (cf. notamment Renata Lesnik et Hélène Blanc, « l’empire de toutes les mafias »). Les organisations mafieuses russes sont « trempées dans l’acier » : elles constituent un milieu qui a été confronté durant des décennies aux polices secrètes les plus féroces de la planète, ce qui explique leur cloisonnement rigoureux et leur clandestinité à toute épreuve. Mais le régime bolchevique savait aussi utiliser ces mafias russes : dans les goulags, ils étaient notamment recrutés comme kapos. Dans les archives ouvertes de la Loubianka, on trouve très peu d’allusion aux organisations mafieuses russes… Mais lorsque la KGB avait un groupe mafieux dans le viseur, il était infiltré, démantelé, ses membres liquidés sans la moindre procédure judiciaire. Aussi le code du secret au sein des organisations mafieuses russes reste particulièrement rigoureux : le plus dérisoire des manquements est violemment sanctionné, par la torture ou par une mort cruelle. Les organisations mafieuses russes se livrent une guerre permanente. Exemple : Victor Kogan, un proche associé du « maître », a régné sur un district particulièrement étendu du grand Moscou : le district Orekhovo-Borissovo ; c’est un joueur passionné ; le 13 avril 1993, alors que Kogan est assis à une table de black jack de son casino préféré, entouré de ses gardes du corps, un commando appartenant aux « jeunes loups » fait irruption dans la salle et mitraille Kogan ; le 22 juillet 1993, un assassin de Kogan est reconnu par un des gardes du corps survivant de la tuerie, lequel tue le « jeune loup » en pleine rue. En août 1993, Oleg Kalistratov et Oleg Tchistin, deux anciens adjoints de Kogan, dînent tranquillement dans un restaurant du quartier, quand des « jeunes loups » jaillissent de 3 voitures de sports, abattent les gardes postés à la porte et se ruent dans le restaurant et exécutent les deux anciens adjoint de leur ennemi à bout portant. Le lendemain, la milice de Moscou alertée par des voisins, découvre un des jeunes loups de la veille baignant dans son sang dans la salle de bain de son appartement. Le 10 septembre 1993, Iélena Kogan, la veuve du parrain, est victime d’un attentat à la bombe sur le boulevard Orekhov, elle survit mutilée. Autre exemple : Otar Kvantrichvili, petit parrain géorgien régnant sur une partie de Moscou, est un ami du « maître », et un « bienfaiteur » reconnu de la veuve et de l’orphelin, qui jouit de fait d’une popularité étonnante ; il apparaît régulièrement à la télévision, finance des équipes de jeunes hockeyeurs et footballeurs, et entretient accessoirement une garde personnelle de 150 hommes ; il p^rend son bain toutes les semaines au sauna du quai Kranopresnenskaïa, où il est finalement exécuté le 5 avril 1994 par des tueurs anonymes ; lors de son enterrement, son cercueil est entouré par une foule nombreuse, parmi laquelle se trouve un de ses amis, le maire de Moscou Iouri Loujkov… . Autre exemple : un après-midi de juillet 1991, sur la Fasanen-Platz de Berlin, une fusillade éclate dans le petit jardin du restaurant Gianni. 4 hommes étaient assis à une table du jardin ; parmi eux, Tenguiz Vakhtangovitch Marianachvili, parrain d’un puissant cartel mafieux géorgien. Un homme de 22 ans, Y.J., entre tranquillement dans le jardin, s’approche du parasol et sort une mitraillette, mais les gardes du corps parviennent à réagir : bilan, 2 des 3 gardes du corps tués,


Y.J gravement blessé, et le parrain sain et sauf. Natif de Minsk, Y.J est un tueur professionnel, et exécute en l’occurrence ce jour-là un contrat de 20 000 marks pour le compte de Saïdamin Moussotov, parrain d’un cartel tchétchène opérant à Berlin. Y.J est condamné à 7 ans de prison pour homicide et tentative d’homicide, alors que les survivants géorgiens disparaissent. Le litige entre les deux organisations mafieuses d’ex-Urss : un prospère chirurgien dentiste de Berlin avait reçu la visite quelques temps auparavant de deux émissaires tchétchènes, « offrant leur protection » au dentiste et lui expliquant ce qui lui arriverait à lui et sa famille s’il refusait. Mais le dentiste versait déjà des « paiements de protection » à la mafia géorgienne de Berlin, qu’il prévient de la visite des tchétchènes. Le parrain géorgien Marianachvili conseille au dentiste de s’adresser à la police… laquelle fait surveiller le cabinet du dentiste et arrête les deux maîtres chanteurs tchétchènes dès leur visite suivante. D’où la colère de Saïdamin Moussotov, qui donne l’ordre d’exécuter le parrain géorgien. Y.J reçoit une visite à l’hôpital, mais la police maîtrise le visiteur, qui se révèle être un tueur travaillant pour le compte de Marianachvili. Quelques jours plus tard, on découvre un cadavre flottant dans les canaux d’Amsterdam : Marianachvili. De son côté Saïdamin Moussotov s’est exilé aux Etats-Unis d’où il dirige par fax codé et émissaires transatlantiques son « territoire » en Allemagne. Cependant le cartel géorgien n’admet pas l’assassinat de son parrain et traque Saïdamin Moussotov dans différentes villes américaines : le parrain tchétchène finit par tomber sous leurs balles. // la milice de Moscou publie en 1997 des statistique qui montrent que les assassinats mafieux tendent à diminuer : durant les 7 premiers mois de 1996, 952 personnes ont été assassinées dans le Grand Moscou, contre « seulement » 851 pendant la même période de 1997… même « diminution » pour les enlèvements, séquestrations, viols, attaques à main armée et mutilations. La milice moscovite explique cette diminution par une stabilisation des monopoles mafieux sur la capitale russe : les principaux marchés et territoires du grand Moscou ont été « partagés », leurs frontières fixées, et une pax mafiosa relative instaurée… Les organisations mafieuses russes se livrent à une activité à laquelle aucune autre organisation mafieuse du monde ne se livre à une telle échelle : la traite des êtres humains. A Genève, Paris, Milan, Munich, de véritables « morts-vivants » arpentent les rues et mendient un renseignement, une aumône. Ce sont les nouveaux esclaves clandestins parmi les clandestins, victime du trafic mafieux organisés par les parrains des mafias d’ex-Urss. C’est l’OIM (Organisation Internationale pour les migrations) qui donne les informations les plus précises sur ce phénomène. L’OIM s’efforce de détecter les « réseaux de passeurs » qui sont à l’origine de cette traite ; des dizaines de milliers de kosovars, d’albanais, de kurdes, entassés sur la côte albanaise, ou des millions de russes et de caucasiens, cherchant un moyen de quitter la misère de l’est, ou des dizaines de milliers de roumains, de polonais, tentant chaque année de franchir l’Oder pour pénétrer en Allemagne. Les filières sont souvent complexes, et pas nécessairement liées aux organisations mafieuses. Exemple : pour atteindre l’Allemagne, des kosovars, des albanais, se regroupent au Monténégro, avant d’être transportés en Lombardie et de là acheminés par voie terrestre en France. Certains s’y installent, mais le plus grand nombre repart vers l’Alsace et pénètre en Rhénanie. Autre exemple : des chinois, des kurdes de Turquie, d’Irak et d’Iran sont concentrés à Moscou, dans des camps d’hébergement contrôlés par les cartels mafieux russes ; de là ils sont transféré par bateau en Estonie, Lituanie, Lettonie ; par voie terrestre (camions des cartels mafieux ou train et sous surveillance mafieuse) ils continuent leur route vers l’Europe occidentale // 

Europe - mafias russes et italiennes : pour le trafic d’êtres humains, certaines organisations mafieuses russes travaillent en collaboration étroite avec des organisations mafieuses italiennes. Exemple : en 1995, le parquet de Bolzano, en Tyrol du sud, lance 52 mandats d’arrêts internationaux contre les responsables d’une organisation internationale de trafiquants d’êtres humains ; cette organisation aurait en l’espace de 2 ans fait passer 20 000 personnes d’Italie en Allemagne, avec un profit net estimé à 5 millions de $ pour le seul passage de la frontière tyrolienne, entre Italie et Autriche. Autre exemple : en août 1997, le préfet de Calabre Enzo Milirello publie un rapport d’enquête selon lequel des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants venant de la rive orientale de l’Adriatique débarquent clandestinement chaque mois en Calabre, dans le cadre d’une joint-venture entre organisations mafieuses russes et Ndrangheta calabraise. Les bateaux évitent les garde-côte italiens en empruntant des itinéraires « compliqués » : des côtes albanaises, ils descendent vers le sud, traversent la mer ionienne et accostent aux environs de Catanzaro. Les « clandestins » sont des kurdes, des irakiens, des sri lankais, des égyptiens, et ils sont rackettés pour la traversée de 6 000 F suisses par personne, somme énorme « concédée » à crédit, et remboursable par un travail esclave dans les entreprises ou sur les plantations de Calabre, de Campanie ou de Lombardie, pour le plus grand profit des grands propriétaires terriens de ces régions… ; du reste, la condition des travailleurs esclaves clandestins d’Europe est très proche de celle des « boia frio » (« celui qui mange froid ») des latifundia brésiliennes du Pernambouco ou du Piaui. Ces travailleurs esclaves agricoles journaliers sont sélectionnés tous les matins sur la placer du village par le feitor (contremaître) du grand propriétaire, ils portent une gamelle avec des haricots noirs préparés par leurs femmes… La dette, exprimée en valeur monétaire, contractée auprès de l’organisation mafieuse du propriétaire terrien, est généralement si élevée que le travailleur clandestin du restaurant de Berlin, le manœuvre installé à Paris, le coursier travaillant au noir dans une entreprise suisse, etc., est rarement en mesure de s’en libérer… Comme le boia frio de la plantation de canne à sucre ou de cacao du nord-est du Brésil, il reste esclave et cette condition est imposée de génération en génération… Entre le péon caboclo prisonnier de son latifundiaire mafieux et le migrant tombé entre les mains du cartel, il existe une mince différence : le caboclo est « payé » avec des bons, des bouts de papier signé par lui qu’il peut échanger à la boutique de la plantation pour acheter des haricots noirs, du riz, de l’huile, du sel nécessaire à sa simple survie, et à celle de sa famille ; alors que le travailleurs esclaves clandestin d’Europe subit un système de domination autrement perfectionné : la plupart des cartels mafieux russes disposent d’infrastructures électroniques modernes, et l’identité du migrant, de sa famille, son revenu, ses emplois successifs, etc., y sont notés avec précision. Une fois qu’il est arrivé en Europe occidentale, 3 destins l’attendent : 1°) soit il travaille au noir dans l’économie légale (industrie, restaurants, chantiers, entreprises de commerce ou de services appartenant aux parrains de l’organisation mafieuses ou à leurs associés locaux, respectables agents économiques ordinaires), subissant l’incertitude permanente, la menace, l’angoisse du renvoi, la précarité du logement, et l’impossibilité d’une quelconque mobilité sociale ; 2°) soit il reçoit miraculeusement des mains du pays d’accueil les papiers qui lui permettent de mener une vie relativement libre et légale (droit d’asile, permis humanitaire, permis d’accueil temporaire, etc.) ; 3°) soit il est employé directement par l’une des innombrables entreprises implantées en Europe occidentale (complexe immobiliers, casinos, restaurants, sociétés industrielles, banques, commerces, bordels) appartenant à un cartel mafieux. Dans tous les cas, il subit le racket ou l’exploitation permanents de l’organisation mafieuse qui vient chaque mois encaissé son « dû »… pour 1997, l’OIM estime à 7 milliards de dollars les revenus bruts tirés de ce trafic d’êtres humains par les organisations mafieuses spécialisées dans le trafic et l’exploitation d’êtres humains. La situation est particulièrement dramatique pour les femmes ; nombre d’organisations mafieuses russes entretiennent à Kiev, Saint-Pétersbourg, Alma-Ata, Tachkent et ailleurs des « agences de mannequins » ou « agences de recrutement de jeunes danseuses » ; ne supportant plus la misère économique e leurs familles, ou vendues par elles, des jeunes femmes répondent massivement aux annonces qui paraissent quotidiennement dans la presse [mafieuse… ! ] locale. Une première sélection a lieu dans les agences ; les jeunes femmes reçoivent des contacts d’engagement en « bonne et due forme », ainsi qu’un premier paiement et un billet pour l’occident… Débarquant à Berlin, Zurich, Paris, Londres, elles découvrent rapidement le piège : au lieu de directeurs de théâtre, night-club ou dancing dont parlaient les annonces et les contrats, ce sont des proxénètes, des maquereaux et autres patrons de bordels et leurs sbires, travaillant pour les organisations mafieuses, qui les accueillent… l’OIM


estime à 500 000 le nombre de jeunes filles et femmes esclaves sexuelles en 1997 dans les bordels, salons de massage et réseaux de prostitution de rue par les cartels mafieux. Interpol estime ce chiffre à 1 million. L’un et l‘autre sont très probablement bien en-dessous de la réalité. Accessoirement, le trafic d’esclaves sexuels est dramatique pour les enfants des esclaves sexuels ; exemple : la route E55 qui relie Prague à Dresde est qualifiée de « route de la honte » : des milliers de femmes ukrainiennes, polonaises, tchèques, slovaques, tziganes, (dont certaines sont des enfants d’à peine 13 ans…) sont offertes en pâture dans les innombrables bars, baraques, derrière les buissons, au fond des fossés qui longent cette artère où circulent quotidiennement des centaines de camions reliant la puissante Allemagne à la Tchéquie et l’Europe centrale. Les quasi-totalité des femmes qui sont ici livrées à l’esclavage sexuel sont entre les mains des organisations mafieuses, et la concurrence est dévastatrice, les exigences des clients brutales et impitoyables… les femmes doivent tout accepter, notamment les rapports sans protection. Les naissances non désirées abondent. L’Etat Tchèque qui ne met pas fin à ce trafic, a installé à Teplice un centre d’accueil où les prostituées accouchent, déposent puis abandonnent leurs nourrissons. Nombre de ces enfants sont atteints de graves séquelles physiques ou psychiques liée aux conditions de grossesse de leurs mères. Le trafic d’esclave sexuel montre 5 tendances : l’augmentation du nombre d’esclaves sexuels depuis le début des années 1990, et le fait que l’afflux de femmes nord-orientales n’a en rien diminué celui des femmes africaines, asiatiques, maghrébines ou caribéennes ; l’âge moyen est de plus en plus bas, et une proportion de plus en plus importante de ces esclaves sont en fait des enfants esclaves sexuels, certaines organisations mafieuses étant spécialisées dans l’approvisionnement des réseaux pédophiles européens ; les formes de répressions adoptées par les gouvernements hypocrites d’Europe conduit à une clandestinisation accrue de l’esclavage sexuel, donc à une aggravation de la condition des esclaves ; la pénétration et probablement la volonté de lutter contre les organisations mafieuses qui se livrent à ce trafic sont de moins en moins efficaces ; les familles des victimes restées dans les pays d’origine des esclaves sont également menacées en permanence et avec la plus complète impunité par les organisations mafieuses ; le trafic d’esclaves sexuels génère des profits d’autant plus considérables que la violence sur l’esclave y est accrue : à Berlin, une prostituée de rue gagne en moyenne 350 dollars par jours, dont la majeure partie est reversée à l’organisation mafieuse qui la contrôle : elle ne garde en moyenne que 14 $ pour sa survie et l’envoi de mandats à sa famille ; fréquemment, les organisations mafieuses pratiquent entre elles des échanges d’esclaves sexuels. Le principal marché d’esclaves sexuels en 1997est Berlin. Si l’esclave sexuel essaie de trouver la protection des autorités du pays où elles sont exploitées, autorité veules, lâches et hypocrites, voire intéressées directement à l’exploitation de ces esclaves sexuels, ces dernières sont torturées voire assassinées par les organisations mafieuses qui les détiennent ; quand les esclaves parviennent à s’échapper, elles peuvent s’attendre à des représailles contre leur familles restées au pays. D’où une omerta quasi-absolue. De plus, ces esclaves sont habituées à la duplicité des polices de leurs pays d’origine, polices qui sont parfois animatrices des réseaux de proxénétisme, ce qui conduit à une méfiance instinctive à l’encontre de tout uniforme, et l’incrédulité quant à l’existence sur cette planète d’une police qui ne soit pas directement au service des organisations mafieuses ; par ailleurs, elles ne maîtrisent que rarement la langue du pays « d’accueil ; sans compter que l’esclave sexuel qui demanderait secours aux autorités européennes a toutes les chances de connaître l’expulsion et par conséquent une mort certaine de retour dans son pays d’origine, du fait de la domination d’idéologies sécuritaires profondément hypocrites et malsaines en Europe. Quand elles disposent de papiers provisoires, les organisations mafieuses les leurs confisquent…et peuvent compter sur les polices européennes pour châtier l’esclave en fuite… Les réseaux de « passeurs » d’Europe travaillent la plupart du temps en sous-traitance pour les organisations mafieuses. Si la police frontalière s’approche, les esclaves sont jetés à la mer ; exemple : la ville de Porajow en Pologne est un point de passage des trafic mafieux d’être humains roumains, kurdes, arabes, russes, albanais, polonais, ukrainiens. Les chantages, guerres inter-mafieuses, corruption de gardes frontières y sont monnaie courante ; chaque année, des cadavres de clandestins sont retrouvés dans les buissons, les vallons, les sous bois de la vallée de la Neisse, victimes de gardes frontières corrompus et de passeurs assassins. Autre exemple : un ferry relie chaque jour la ville estonienne de Tallinn au port de Stockholm ; en février 1994, l’oreille attentive d’un marin permet d’éviter une catastrophe : il entend dans la cale du ferry les cris provenant d’un conteneur déclaré vide à l’embarquement : à l’intérieur sont découvert 26 enfants, 14 femmes et 26 hommes, pour la plupart kurdes irakiens et afghans, qui seraient morts d’étouffement avant l’arrivée à Stockholm s’ils n’avaient été secourus par les marins. Autre exemple : 5 roumains embarqués par des passeurs au havre sont découverts par les dockers anglais de Folkestone, dont 4 d’entre eux sont morts pendant la traversée de la manche ; ils étaient censés aller aux Etats-Unis…les organisations mafieuses qui placent les voyageurs dans ces conteneurs les dépouillent de leurs papiers avant la traversée ; l’armateur dont les navires transportent des clandestins sont condamnés à une amende de 2 000 livres en Angleterre et plus chère ailleurs ; d’où leur tendance à donner aux capitaines de ces navires l’ordre de jeter à la mer les clandestins découverts dans les cales…le chiffre noir des victimes des passeurs et des armateurs assassins des organisations mafieuses est sans doute au-delà de toutes les évaluations suggérées. 

Roumanie et Allemagne – mafias roumaines : des enfants en grand nombre sont recrutés, et contraints au crime par des organisations mafieuses orientales ; ainsi d’anciens agents de la Securitate, police secrète de Ceausescu, transforment en gangsters des orphelins, et procurent ainsi des profits importants aux organisations mafieuses roumaines. Ce système a été mis à jour par la PJ de Bavière et les services secrets ouest-allemands. La plupart des cartels roumains agissant en Allemagne sont dirigés par d’anciens hauts-fonctionnaires de la police secrète bolchevique de Ceausescu. L’un des ces organisations mafieuses roumaine est appelée « la garde » ; les soldats de cette organisation sont répartis en cellules strictement cloisonnées et soumises à une discipline militaire rigoureuses ; la « garde » serait responsable de 4 à 5 000 infractions criminelles entre 1991 et 1994. Chaque cellule reçoit de Bucarest un plan d’action précis ; dès que le butin exigé est rapporté en Roumanie (entre 500 000 et 3 millions de deutschemarks), ses agents ont droit à 3 mois de congé en Roumanie. Beaucoup des orphelins exploités par la « garde » ont derrière eux de nombreuses années dans les sordides orphelinats roumains, mis en place sous Ceausescu et maintenus par ses successeurs. Le sort des e,nfants abandonnés reste dramatique en Roumanie : en 1996, l’Unicef dénombre 100 000 jeunes placés dans ces institutions, la plupart subissant quotidiennement humiliations, tortures, maltraitances en tous genres ; une partie d’entre eux est happée par le système pénitentiaire ou psychiatrique (10% des orphelins roumains finissent dans des hôpitaux psychiatriques…). 35% des roumains de moins de 15 ans vivent dans la misère la plus absolue ; le taux de mortalité infantile est de 24 pour 1000 en 1997, soit le chiffre le plus élevé d’Europe en 1997 après l’Albanie. Les survivants de ces bagnes sont des recrues idéales pour la « garde » ; la centrale de la « garde » de Bucarest fabrique les faux papiers d’identité, alors que l’entraînement des recrues se fait en Roumanie : survie, close-combat, technique d’assassinat silencieux, sabotage, communications codées, filature et contre-filature, décodage de systèmes de sécurité électroniques… La « garde » fonctionne en tous points comme un service secret classique : « planques », système de communication codé et par radio, sociétés de couverture légale, assistance fournie sur place aux criminels infiltrés par des travailleurs immigrés ou des commerçants résidants, familiers de la langue, des us et coutumes allemands et disposant de comptes en banque légaux. Les activités de la « garde » sur le sol allemand vont du vol de voiture (et leur transfert à l’est) au chantage à la « protection » d’entreprises, de famille, de personnes, en passant par les attaques à main armée dans les restaurants autoroutiers, les attaques de caisses d’épargne et de banque, principalement dans les villes de moyenne importance. La plupart des agents de la « garde » disposent de plusieurs faux


passeports, et les dirigeants de la « garde » semblent d’après les enquêtes allemandes garder d’excellents contacts avec certains membres du gouvernement roumain ; à tel point que l’on peut se demander si la « garde » ne reste pas un des services secrets de l’Etat roumain « déguisé » en mafia… mais finalement, qu’est-ce qu’un service secret, qu’est-ce qu’une mafia ? la « garde » et d’autres organisations mafieuses roumaines semblent spécialisées dans l’attaque de coffres-forts (de bureaux de poste, de caisses d’épargne, d’administrations municipales, d’entreprises commerciales ou industrielles) ; leur formation reçue dans les camps d’entraînement s’avère efficace. Leur organisation repose également sur une division du travail précise et savamment coordonnée : une première équipe arrache du mur le coffre blindé, une deuxième équipe transporte celui-ci dans un garage spécialement loué ou dans un lieu discret des environs, une troisième équipe perce le blindage et une quatrième équipe évacue le butin. Cette organisation leur permet d’éviter toute arrestation dès lors que la police parvient à intervenir entre l’une des quatre phases de l’opération. Au pire, l’opération fait choux-blanc. C’est ce qui s’est passé avec l’attaque du bureau de poste de Sonnefeld près de Cobourg en 1995. 

Europe - Mafias polonaises : certaines organisations mafieuses polonaises sont nées dès la période bolcheviques, avec la bénédiction voire sous la tutelle du régime, et avec sans doute l’implication au plus haut niveau des principaux apparatchik du pays. Après l’Etat de siège, l’économie polonaises tourne rapidement au chaos non plus public mais privé de l’économie de marché, et le pays a besoin de devises. Les exportations légales ne sont pas suffisantes pour payer l’importation de biens de consommation ; certains secteurs de l’appareil d’Etat entrent alors en collaboration étroite et semi-clandestine avec les organisations mafieuses polonaises. Les activités des organisations polonaises en Europe occidentale sont variées : vol et transfert en Pologne de voitures, d’appareils électroniques, d’équipements ménagers, de denrées alimentaires, de monnaies, hold-up bancaire, etc. depuis l’installation du capitalisme privé en Pologne, les organisations mafieuses polonaises se tournent vers l’exportation et la « protection » de la main-d'œuvre clandestine et esclave polonaise. Les parrains polonais travaillent en collaboration étroite avec les buyuk-baba (ou parrains) turcs ; ils approvisionnent les bordels des organisations mafieuses turques de Francfort, Berlin, Amsterdam, Milan, Vienne, etc. en jeunes femmes, en adolescentes et parfois en jeunes garçons. Celles-ci sont recrutées dans des « agences de mannequins » avec des contrats fictifs à Gdansk, Varsovie, Cracovie. Les parrains polonais les vendent aux buyuk-baba turcs sur catalogue… le vendeur assure l’acheminement de la « marchandise », notamment le franchissement de la frontière lituanienne ou allemande. Les esclaves sexuelles lituaniennes semblent de plus en plus nombreuses, enlevées par la mafia polonaise. Les organisations mafieuses polonaises se distinguent en outre par leur violence : 21 bombes posées sur le territoire polonais entre janvier et mai 1995 ; exemple : le 12 février 1995, la voiture d’un homme d’affaires ayant des entreprises à Moscou saute dans la ville de Lublin, faisant 2 morts ; le 3 mars 1995, dans le quartier de Praga à Varsovie, une papeterie est détruite ; le 13 mars 1995, le parrain polonais Czeslaw K. meurt dans un attentat à la bombe alors qu’il rentre chez lui dans la banlieue Marki à Varsovie ; toujours en mars 1995, Marian C., propriétaire de plusieurs bureaux de change en Pologne est exécuté de 3 coups de revolver dans son bureau en plein jour ; le 12 avril 1995, le financier Wlodimierz N. tombe dans une embuscade à la kalachnikov dans sa limousine, et en réchappe avec des séquelles ; le 22 mai 1995, dans le quartier Brodmo à Varsovie, deux dirigeants d’une organisation mafieuse polonaise sont exécutés au pistolet-mitrailleur. Josef Olesky, qui devient premier ministre polonais dans la deuxième moitié des années 1990, entend tenir tête aux mafias polonaises et créé sur le modèle italien une commission anti-mafia avec de vastes pouvoirs d’enquête, mais contrairement à la commission italienne qui dépend du parlement (refuge de malfrats comme chacun le sait…), la commission polonaises ne dépend que du premier ministre. Sa lutte déterminée contre les organisations mafieuses déplait visiblement à de hauts responsables de l’Etat polonais, de l’armée, de la police et des services secrets polonais. Une affaire en particulier chatouille tous ces gens, celle du financier Y.M, puissant parrain. Voici l’affaire dont il est question : Art-B est une société polonaise d’import-export, fondée en 1989, Y.M en est l’administrateur délégué. Art-B provoque le scandale financier le plus retentissant de la Pologne postérieur-bolchevique, le ministère public reprochant notamment à Y.M d’avoir détourné 400 millions $US et d’avoir corrompu des dirigeants de la banque nationale. Le gouverneur de la banque nationale Grzegorz Woitiwicz est chassé de son poste alors qu’Y.M s’enfuit en Israël. Le 13 juin 1994, Y.M est cueilli à l’aéroport de Zurich-kloten à la suite d’un mandat d’arrêt international lancé par la Pologne. Olesky demande son extradition. Y.M forme un recours devant la justice suisse, qu’il perd ; il est extradé le 8 février 1996. des documents « confidentiels » commencent alors à circuler dans Varsovie prétendant qu’Olesky a été ou continue d’être un agent rémunéré des services secrets de Moscou… accusation désastreuse auprès de l’opinion polonaise violemment nationaliste après des décennies voire des siècles d’impérialisme russe. Olesky dément et propose que soit faite une enquête publique sur son compte ; cette enquête le disculpe, mais il est néanmoins chassé de son poste de premier ministre et perd ainsi la direction des opérations antimafia. La lutte anti-mafieuse en Pologne est terminée.

Russie – mafias d’ex-Urss : en 1985, l’Urss dispose encore, sur un territoire représentant près du quart des surfaces émergées, de plus de 4 millions d’hommes en armes, d’une aviation tactique et stratégique, d’une flotte présente sur 4 océans et d’un arsenal de 42 000 têtes nucléaires. Ces forces armées russes comptent de nombreuses unités de commandos, de spécialistes du combat clandestin, de snipers et d’autres unités d’élites surentraînées. L’armée rouge est « suicidée » en moins de 5 ans. En 1990, des milliers d’hommes sont démobilisés dans le désordre, à la hâte. En août 1991, l’Urss se désintègre. L’armée russe hérite de la majeure partie des unités et des équipement de l’armée, de l’aviation et de la flotte bolchevique. En 1997, l’armée russe compte officiellement 1.3 millions de soldats, sous-officiers et officiers, mais l’Institut d’études stratégiques de Londres conteste ce chiffre, car les désertions et l’insoumission sont nombreuses ; en 1995, 24% seulement des conscrits ont été appelés sous les drapeaux ; entre 50 et 70 000 appelés ont refusé de servir, alors que d’autres désertent. Mais l’ex-armée rouge est devenue un vivier de recrutement de tueurs des organisations mafieuses russes. La démobilisation de l’armée rouge s’est faite dans des conditions souvent humiliantes ; dans les banlieues de Moscou, des conteneurs servent de logement à des officiers subalternes, de sous-officiers et leurs familles. Les conditions idéales sont ainsi réunies pour les nouveaux parrains russes qui cherchent de la main-d’œuvre… et de fait le réservoir le plus important d’hommes de main des organisations mafieuses russes est constitué des anciens combattant d’Afghanistan. En 1979, l’armée rouge envahit l’Afghanistan ; pendant 10 ans, les meilleures unités de l’armée, les troupes d’élite du KGB et les commandos suréquipés dépendant directement de l’Etat-major se battent contre les moudjahidin tadjiks, pashtouns, baloutchis et ouzbèques. L’armée rouge quitte l’Afghanistan sur un constat de défaite en 1988, le retrait s’étalant sur 4 ans. Le tout dans les pires conditions, les convois tentant de se replier sur l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, la Kirghizie sont régulièrement attaqués, décimés sur les routes de montagnes étroites et accidentées par les « guérilleros » des seigneurs de guerre afghans. Ceux des officiers d’ex-Urss qui rentrent sains et saufs dans leur ville de garnison sont remplis d’amertume et se sentent « humiliés », abandonnés et surtout trahis par l’autorité politique. Comme la plupart des armées coloniales, l’armée rouge battue et rapatriées en hâte nourrit envers l’Etat et le gouvernement des sentiments de mépris et de haine. Et à cela s’ajoute le non paiement des soldes, et la misère… C’est par dizaines de milliers de vétérans surentraînés que les organisations mafieuses russes peuvent recruter. Ce recrutement se fait en Russie et sur le territoire des anciennes républiques bolcheviques, mais aussi et surtout à Peshawar au Pakistan, lieu de résidence de nombreux déserteurs de la guerre d’Afghanistan.


Par conséquent, les 5700 cartels mafieux russes inventoriés par Interpol en 1996 se procurent leurs tueurs dans un réservoir quasi-inépuisable. La plupart d’entre eux sont rompus aux techniques les plus sophistiquées de l’assassinat par arme à feu, poison, à main nue ou à l’arme blanche. Certaines unités des troupes spéciales du KGB ont rejoint « in corpore » tel ou tel organisation mafieuse, alors que les spécialistes des unités de commandos de l’armée rouge ont plutôt eu tendance à se mettre à leur compte, fondant des « agences de protection », « cabinets de détectives privés », vendant leur service au plus offrant et au coup par coup. D‘autres sont carrément en « free-lance », exécutant un peu partout en Europe des contrats : c’est notamment le cas de nombreux anciens de la Force Alpha, équivalent bolchevique des bérets verts américains. Ce sont les tueurs les plus dangereux et les plus efficaces, les plus difficiles à identifier et à surveiller. Ils sont actifs sur le sol russe comme à Paris, Lyon, Genève, Berlin, Montréal, NY, Los Angeles. Jusqu’en 1996, Pavel Sergueïevitch Gratchev était le puissant ministre de la défense de la fédération de Russie ; son surnom est « pacha Mercedes » en raison de sa passion pour les limousines de luxe. Il est originaire de Toula en Russie centrale et c’est un chef mercenaire né, genre Trinquier ou Bigeard. Il grimpe d’abord les échelons chez les parachutistes, acquiert le statut de « héros » de la guerre contre les afghans ; en août 1991, alors que les durs du régime bolchevique organisent leur putsch contre Gorby, Eltsine prend la tête de la « résistance ». Les dirigeants de l’armée rouge sont divisés, hésitent. Gratchev est le seul général à mobiliser immédiatement ses troupes en faveur d’Eltsine et Gorby. Il deviendra leur militaire favori. En octobre 1993, le général Routskoï et d’autres insurgés se barricadent dans le bâtiment de l’ancien soviet suprême ; l’armée russe hésite à nouveau. Gratchev envoie les blindés et brise la résistance des insurgés. Décembre 1994, le général d’aviation Doudaïev et les indépendantistes tchétchènes proclament la rupture avec Moscou ; Gratchev, devenu ministre de la défense, fonce à la télévision et annonce qu’il va écraser Grosny avec un « unique régiment de parachutistes » et « en deux heures », et se pose en défenseur de la civilisation chrétienne contre l’islam… résultat, une guerre atroce, de plus en plus proche du génocide, et qui laisse la « communauté internationale » parfaitement indifférente (quand elle n’applaudit pas des deux mains…), de plus de 10 ans. Des cadavres de soldats russes rentrent par dizaines de milliers dans leurs villages dans des cercueils de zinc, alors que Grosny est dévastée, les populations tchétchènes terrorisées, massivement torturées et liquidées. L’armée de Gratchev mène une guerre d’une sauvagerie inouïe… Parallèlement, nombre d’ex-généraux de l’armée rouge ont amassé des fortunes colossales ; depuis 1991, la Douma vote annuellement des millions de roubles de crédit destinés à assurer la réinstallation en terre russe de centaines de milliers de soldats, d’officiers et de leurs familles, retirés d’Europe de l’est. La grande majorité des généraux prélèvent leur dîme sur le budget de la défense, tout simplement. Les soldats rapatriés, eux, végètent dans des baraquements à la lisière des grandes villes et ne touche épisodiquement qu’une solde de misère. La plupart des officiers supérieurs gagnent des millions de $US, en vendant pour leur compte privé des cannons, des blindés prélevé sur les stocks du groupe ouest aux serbes de Bosnie. En 1992, les téléspectateurs russes et du monde entier découvrent consternés les silhouettes faméliques des adolescents de la garnison de l’île Rousski, dont plusieurs sont à l’hôpital et certains proches de l’agonie, 4 déjà morts de faim. Des fonctionnaires du ministère de la défense détournaient régulièrement des aliments qui leur étaient destinés pour les revendre à leur compte sur le marché noir…en octobre 1994, une bombe fait définitivement terre l’impudent journaliste Dimitri Kholodov, qui avait eu l’insupportable audace de relater comment des généraux responsables du rapatriement des troupes d’exRda avaient vendus pour leur propre compte des blindés, des canons et des avions de combat aux milices serbes de Bosnie. Mais ses collègues du journal « moskovski komsomolets » publient quelques jours après l’attentat des documents accusant directement Gratchev et son clan d’avoir détourné des fonds destinés à la construction de logements pour soldats, pour l’achat de voitures Mercedes de luxe, dont une Mercedes 600 offerte par Gratchev à son fils à l’occasion de son mariage… Gratchev et son clan, autant dire son organisation mafieuse, restent intouchables, jusqu’à ce qu’en 1996, le général Alexandre Lebed, nouveau secrétaire d’Etat du conseil national de sécurité révoque Gratchev et 6 généraux de l’administration du ministère. Avant de tomber à son tour en octobre 1996. Un jeune appelé commente depuis Grosny la chute de Pacha Mercedes : « il y a longtemps qu’il aurait dû être pendu sur la place rouge ». le général que Lebed place au ministère de la défense à la place de Gratchev le vaut bien : le général Igor Nikolaïevitch Rodionov, 60 ans, ancien parachutiste et mercenaire de la guerre d’Afghanistan, a été en 1989 commandant du district militaire de Transcaucasie. Le 9 avril 1989, 100 000 hommes, femmes et enfants manifestent à Tiflis pour l’indépendance de leur république. Gorby exige l’arrêt de la manifestation, mais demande à Rodionov de ne pas utiliser armes à feux et blindés ; qu’à cela ne tienne, pour mettre fin au défilé des dangereux terroristes indépendantistes, Rodionov équipe ses soldats de gazs de combat, de poignards et de pelles tranchantes ; 19 manifestants assassinés, dont 2 petites filles égorgées et un bébé décapité dans les bras de sa mère, 138 blessés graves et mutilés à vie… Rodionov reste ministre de la défense de juin 1996 à mai 1997, date à laquelle Eltsine procède à son humiliation publique, ainsi qu’à celle de son adjoint le chef d’Etat-major Victor Samsonov ; sous une avalanche d’accusations les plus graves, les généraux sont chassés de leur poste ; et Eltsine, bon gros démagogue de conclure : « le général engraisse, le soldat maigrit ». 

Russie, Europe, Etats-Unis, Suisse, Corée du Nord, Libye, Iran - mafia russe : l’exportation illégale et la vente privée en occident, au Moyen-Orient et en Asie du sud-est d’armes et de matières nucléaires des arsenaux nucléaires de l’ex-Urss (spécifiquement : arsenaux kazakhs, russes et ukrainiens) est devenue l’une des activités les plus lucratives des organisations mafieuses russes. Il s’agit : 1°) de plutonium radioactif utilisé dans les armes nucléaires comme composant explosif, et dans l’industrie nucléaire, toxique et extrêmement dangereux ; 2°) d’uranium, combustible nucléaire idéal, qui peut être enrichi de mille façons, et qui entre également dans la composition d’une bombe atomique ; 3°) d’osmium, également hautement toxique mais non radioactif, indispensable à la production d’alliages durs, également de forte valeur marchande servant à la fabrication de stylos à bille, de catalyseur ou pour la fabrication d’instruments de précision, et de contacts électriques ; 4°) du mercure rouge, qui joue également un rôle important dans la production nucléaire… Ces substances proviennent des arsenaux russes. La plupart des généraux commandant les bases et arsenaux d’armes nucléaires de la fédération de Russie ont été mis en place par Pacha Mercedes. Certains d’entre eux sont soit au service, soit à la tête d’une organisation mafieuse russe. Les dépôts, sites et arsenaux nucléaires de l’ex-armée rouge sont très peu protégés. Parmi les substances saisies par la police allemande pour les années 1993 et 1994 : plutonium 239, cobalt 60, californium 252, uranium naturel, uranium enrichi, strontium, plutonium-américanium, césium 137, cobalt, minerai d’uranium, poudre d’uranium, osmium, mercure rouge, scandium, krypton 85, pastille d’uranium 235… les organisations mafieuses russes visent Berlin et Hambourg, en passant par les ports de la baltique, où les étapes de la Biélorussie et de la pologne. Une autre route passe par l’Ukraine, la Moldavie, la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie pour aboutir à Vienne. Une troisième route passe par la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie pour atterrir en Bavière. Dans le montage militaro-mafieux classique, une organisation mafieuse liée à l’administration militaro-industrielle russe prélève la substance nucléaires dans des centrales civiles, les laboratoires ou sites militaires, puis l’achemine vers l’Europe clandestinement avant de la revendre à des hommes d'affaires européens. Un montage un chouia plus savant maintenant : l’organisation mafieuse russe créé une ou plusieurs sociétés-écrans, immatriculées au Liechtenstein ou aux Bahamas, qui prennent contact avec un laboratoire spécialisé privé ou public européen et lui demandent de certifier la marchandise (ce qui se fait avec n’importe quelle substance) ; cette demande peut être faite par exemple auprès de laboratoires suisses, où ils sont nombreux et renommés, et apparemment considéré par le marché comme « au-dessus de tout soupçon » ; entre affairistes, on se connaît… Le laboratoire


européen fait gentiment les analyses, sans poser de questions embarrassantes, examine la qualité des produits qui lui sont soumis et délivre un certificat de qualité ; il suffit de cette estampille pour négocier le plus légalement du monde les matériaux nucléaires sur les marchés internationaux… En 1993, 241 affaires de trafic de substances nucléaires traitées par les autorités policières et judiciaires européennes et suisses ont abouti à une inculpation. En 1994, 267 affaire de criminalité nucléaire. Ces chiffres ont par la suite encore augmentés. L’AIEA est censée diriger la lutte contre ce trafic. L’AIEA est désormais capable de localiser précisément les stocks d’où proviennent les matériaux nucléaires russes faisant l’objet de trafics. Et donc d’émettre des hypothèses fiables sur les responsables…les Etats-Unis jouent également un rôle important sur ce terrain [mais qui est sans doute équivoque, comme en bien d’autres domaines, comme celui de la lutte contre le trafic de substances psychotropes…]. Les centres de recherche et de production militaires nucléaires russes vivent désormais des crédits américains, y compris pour les salaires… Parmi les lieux d’origine plus que probable du trafic de substances militaires nucléaires russes, la ville d’Arzamas : dans une forêt profonde, 96 000 habitants, dont 9 500 physiciens nucléaires et ingénieurs d’armement hautement qualifiés, c’est l’un des 10 villes russes interdite aux étrangers jusque dans les années 1990 ; en 1992, il n’y a plus d’argent à Arzamas : Pacha Mercedes est ministre de tutelle ; plus de salaires, plus de médicaments dans les hôpitaux, sous-alimentation pour les enfants ; les scientifiques dépositaires du secret militaire nucléaire partent en Chine, en Iran, en Libye ; d’autres s’intègrent aux organisations mafieuses russes après avoir établissement approchés par les émissaires de leur parrains [voire tout simplement de leur tutelle…]. Les Etats-Unis se posent en bienfaiteurs : le laboratoire national de Los Alamos au Nouveau-Mexique, se sentant des talents de philanthrope, prend en charge les hôpitaux, envoie des dizaines de chercheurs américains, paie les salaires des scientifiques russes, arméniens, kazakhes, ukrainiens du site. Sous Bush et Clinton, on s’affaire aussi autour des stocks d’armes nucléaires russes et on se propose aimablement de participer et même de financer le « programme de destruction des armes nucléaires bolcheviques » ; destruction est un grand mot : un programme secret, le programme Saphir, est mis en place au Kazakhstan, qui prévoit le transport aux EtatsUnis de l’uranium qui y était enrichi ; officiellement, l’uranium reste la propriété de l’Etat Kazakh, mais il est ainsi mis « à l’abri des mafias »… A partir de 1996, les dépôts des 50 plus importants sites d’armement nucléaire russe sont surveillés conjointement par des inspecteurs russes et américains. Mais en septembre 1997, le général Lebed ancien conseiller pour la sécurité de Boris Eltsine et depuis passé à l’opposition, annonce que « les forces armées russes ont perdu le contrôle d’au moins 100 têtes nucléaires [...] bombes de la taille d’une valise, facilement transportables et qu’une personne seule peut mettre à feu en moins de 30 minutes. Chacune de ces bombes peut tuer plus de 100 000 êtres humains »… La criminalité nucléaires internationale montre une prédilection remarquable pour le territoire suisse, qui en est la principale plaque tournante. En 1994, les services secrets américains annoncent que la Corée du nord a un programme de construction de bombe nucléaire. Une revue allemande (Die Bilanz) publie les fac-similés d’une correspondance d’une entreprise de Zurich avec des diplomates de l’ambassade de Corée du nord à Paris, indiquant qu’un dépôt de mercure rouge a été fait à l’aéroport franco-suisse de Bâle-Mulhouse, les intermédiaires réclamant une commission de 6000 $us par kg de mercure vendu à leur clients. Derrière cette transaction entre Suisse et Corée du Nord, il y a 3 a,nciens officiers du KGB, dont deux arrêtés par la police fédérale suisse ; le premier est extradé vers les Etats-Unis (décidément…), le second en Autriche à la suite du mandat d’arrêt international. Autre aspect de la participation suisse à ce trafic : les trafiquants de matériaux nucléaires peuvent compter sur le conseil, l’assistance d’avocats et fiduciaires suisses, notamment certains de ceux qui exercent à Zug. La petite ville de Zug abrite un grand nombre de sociétés dites « boîtes aux lettres » : il s’agit de fournir un prête-nom contre rémunération. Il n’y a pas que Zoug ; il y a aussi Schwyz. Chaque Etat de la confédération suisse dispose de sa propre police et de ses propres autorités judiciaires, qui ne peuvent peut-être que très partiellement contrôlés par les autorités confédérales ; certains d’entre eux sont notoirement corrompus. Autre destination du trafic de matériaux nucléaires militaires russes : les Etats-Unis ! c’est en effet le marché privilégié pour les trafiquants ; en 1997, les autorités américaines identifiaient 25 organisations mafieuses russes spécialisées dans le trafic de matériaux nucléaires aux Etats-Unis. Pour combattre ce trafic, les Etats-Unis oint créé le « Task force Odessa ». 

Ex-Urss, Afghanistan, Europe – mafias russes : on ne peut comprendre le trafic d’héroïne provenant d’Asie centrale et d’Extrême-Orient et la structure du marché européen de l’héroïne sans une connaissance minime des conséquences économiques, sociales et politiques de la guerre d’Afghanistan. En avril 1988, les accords d’armistice avec l’Afghanistan sont signés à Genève par Andreï Gromyko, ministre des affaires étrangères d’Urss ; A Kaboul cependant, le régime satellite créé par le KGB et dirigé par le pantin Najibullah reste au pouvoir, et ne tombe qu’au printemps 1992. en septembre 1996, les talibans prennent le pouvoir à Kaboul avant d’être brièvement chassés ; mais on le temps de se saisir de Najibullah et de le pendre à un lampadaire de la ville, ainsi que son frère et ses proches. Pendant toute la guerre d’Afghanistan et surtout pendant sa phase finale, de nombreux gradés bolcheviques ont organisé avec la bienveillance voire sous les ordres de leurs supérieurs, un trafic très lucratif de morphine-base, d’héroïne et de ses dérivés, ont encouragé et supervisé la plantation de pavots et protégé militairement les laboratoires. Ces anciens militaires dominent toujours en 1997 de vastes réseaux mafieux et alimentent en grande partie le marché européen et américain de l’héroïne. En 1994, 75% de l’héroïne consommée en Europe provient du triangle Kirghizistan / Pakistan / Afghanistan. En ce qui concerne l’opium, selon les estimation du PNUCID, les parrains russes ex-militaires ont importés en 1995 environ 200 tonnes d’opium d’Afghanistan. A la frontière afghane, un kilo d’opium coûte environ 150 $us. Sur le marché d’Och en Kirghizie, lieu de transit « obligatoire » vers l’Europe, c’est déjà 1000 $us ; à Moscou, c’est 10 000 $us ; à Hambourg, Milan, Paris, Zurich, c’est pour le client final 90 000 à 140 000 $us le kg d’héroïne ; en grande partie dominé par les talibans en 1997, l’Afghanistan a produit cette année là 2 300 tonnes d’opium, soit plus de 40% de la production mondiale. L’opium afghan est cultivé en 1997 sur plus de 55 000 hectares, en grande partie dans la partie du pays contrôlée par les talibans. Ce qui n’empêche pas ces derniers de punir de mort la consommation d’héroïne sur leur territoire : « que périssent les ennemis de l’islam ! » ; les talibans prélèvent un impôt islamique (le zak) de 10% sur les exportations ; leurs commandants militaires protègent les laboratoires disséminés sur le territoire qu’ils contrôlent. Ce sont les différentes organisations mafieuses russes qui commercialisent hors d’Afghanistan la pâte de morphine, de l’héroïne & compagnie. Les ex-militaires parrains russes du trafic d’héroïnes disposaient en 1995 de complicités haut-placées en Biélorussie, et un des points de passage était la ligne ferroviaire passant à Brest-Litovsk.

Russie, Nigeria – mafias russes : les parrains russes cherchent depuis le début des années 1990 des voies détournées vers l’Europe pour le trafic d’héroïne afghane, et dans ce cadre, le Nigeria semble être devenu un des partenaires les plus actifs. Avec près de 100 000 d’habitants, 4° producteur mondial de pétrole en 1997, le Nigeria est un pays pauvre « puissant ». A sa tête depuis 30 ans, des dictatures militaires, généralement issues du nord musulman, plus corrompues et cruelles les unes que les autres, mais bénéficiant toutes du même soutien ders sociétés pétrolières multinationales, notamment Shell. Un des parrains nigérians des circuits de transit de l’héroïne asiatique a longtemps été le général Ibrahim Babangida. Son clan est temporairement déchu du pouvoir en 1993, mais y revient suite au coup d’Etat de Sani Abacha en 1993, et le trafic russo-nigérian d’héroïne peut reprendre son cours ; des tonnes d’opium, d’héroïne et de dérivés afghans, birmans, kirghizes, pakistanais, etc., transitent par Port Harcourt et Lagos ; le général Sani Abacha, nouveau parrain de Lagos, est un partenaire fiable des parrains russes, qui n’a que faire des hypocrites injonctions américaines et européennes. Il fait pendre en 1995 un écrivain et 8 autres militants écologistes de la tribu


des Ogonis (dont les terres dans le delta du Niger sont ruinées par la pollution et les destructions provoqués par les forages de Shell). En 1995 toujours, le Nigeria est exclu du Commonwealth et la quasi-totalité des Etats occidentaux rappellent leurs ambassadeurs de Lagos. Apparemment, la mafia nigériane se la joue « free-lance »… autre exemple intéressant, celui de la région de Primorskii-Kraï dans l’Extrême-Orient russe où les généraux-parrains de l’ex-armée rouge sont particulièrement actifs : pendant près de 60 ans, ce « littoral » a été sous statut de « zone d’administration militaire », hermétiquement fermée aux étrangers et à tout citoyen d’Urss ne disposant pas d’un laisser-passer spécial ; cette région est habitée en 1997 par 2.5 millions d’habitants, essentiellement à Vladivostok. Cette région détient le record absolu de la criminalité de toute la fédération de Russie : plus de 50 000 crimes contre l’intégrité physique et la propriété rien qu’à Vladivostok (750 000 habitants) durant les 9 premiers mois de 1995. dans la région, la consommation de drogue est 20 fois supérieure à la moyenne nationale. Un des commerces florissant est la fabrication de pierres tombales que les cadres des organisations mafieuses achètent d’avance et à grands frais pour leur funérailles. Les administration des ministère de la défense et de l’intérieur de la fédération de Russie s’y affrontent, avec des pouvoirs et des moyens sensiblement identiques. Et disposen,t de leurs réseaux mafieux respectifs. On dénombre dans la région plus de 38 organisations mafieuses disposant de plusieurs milliers de « soldats » ( guillemets presque superflus ! ) ; selon le PNUCID, Vladivostok est l’une des plus importante plaque-tournantes du trafic international d’héroïne en direction de l’Europe notamment. L’approvisionnement en matière première et en substances chimiques provient du Vietnam par voie maritime, de Corée du nord où les parrains fournisseurs sont les dirigeants de la police secrète d’Etat, de Chine par voie terrestre et d’où provient l’éphédrine utilisée dans les laboratoires de Vladivostok. Dans la région de Vladivostok, les organisations mafieuses dont certains parrains sont des proches de Pacha Mercedes contrôlent le commerce du bois, du poisson, des fruits de mer, du pétrole, l’import-export d’appareils électroniques et d’appareils ménagers ; 90% des voitures qui y circulent sont des japonaises importées en fraude ; le secteur bancaire dans sa quasi-totalité également. En octobre 1995, un train militaire parti du Kazakhstan et à destination de Corée du nord est « kidnappé » par des parrains amis locaux de Pacha Mercedes : il transportait des appareils de radar et de l’artillerie lourde. En 1997, Eltsine a mis sous tutelle le gouverneur locale mafieux Nasdratenko sous la tutelle du chef local du FSB, lequel dirige désormais les pouvoirs administratifs et juridiques de la région de Vladivostok. 

Monde - Mafia financière internationale : juin 1982, le financier Roberto Calvi est découvert au petit matin, pendu à une poutre métallique au dessous de Black-Friars Bridge à Londres. Il a été l’un des banquiers les plus puissants et la chute de son empire financier construit autour de la banque Ambrosiano a provoqué une faillite de plus de 1 milliard $us et ruiné des dizaines de milliers d’entreprises et d’épargnants. 1992 : la BCCI se désintègre avec une faillite de plus de 12 milliards $us, et 100 000 créanciers ruinés. Novembre 1995 : un des plus puissants empires financiers japonais, la Daiwa Banks, accusé de pratiques criminelles sur 5 continents, s’effondre. Yukio Yoshimura, ministre des finances à Tokyo, décrète des sanctions « exemplaires ». Novembre 1997 : la finance japonaise est à nouveau secouée par l’effondrement de la plus grande maison de commerce de papier valeurs d’Asie, la Yamaichi Securities Company, avec une faillite de 30 billions de yen soit 40 milliards de $us. Il existe au Japon une organisation mafieuse particulièrement sophistiquée appelée « Sokaya » : ses cadres ont une spécialité : la recherche par la violence ou la corruption des informations confidentielles sur une entreprise et leur utilisation pour des chantages sur les dirigeants et conseils d’actionnaires de l’entreprise visée. Le 2 décembre 1997, la justice japonaise ouvre un procès contre le dénommé Koike, important cadre de la Sokaya. Apprenant au cours du procès que les cadres de la Sokaya ont réussi à infiltrer la Yamaichi Securities Company, les dépositaires retirent leurs fonds par milliers… et la maison s’effondre. La BCCI a été une formidable machine de blanchiment pour des centaines de parrains d’organisations mafieuses de nombreux pays, et a été elle-même un des plus puissants cartels mafieux de la planète ayant jamais existé. A la tête de cette banque mafieuse transnationale, le parrain « figurant » Agha Hasan Abedi, dit « Agha Sahib », « monseigneur » en langue urdu. La BCCI a existé entre 1972 et 1991 ; elle était implantée sur les 5 continents et possédait des succursales dans 73 pays. Elle entretenait 400 agences aux Etats-Unis et en Europe occidentale. Son siège mondial était situé dans la City de Londres. Son siège parisien est installé sur les Champs-Elysées. Sur l’archipel des îles Caïmans, la BCCI entretenait une holding contrôlant dans l’opacité la plus totale des centaines de sociétés offshore, de trust-funds, de sociétés fiduciaires et d’établissements financiers non bancaires. Au sein du CA de la BCCI et de ses filiales siègent des princes des dynasties régnantes d’Arabie saoudite et des émirats du Golfe, d’anciens ministres des Etats-Unis et des Etats européens, des aristocrates britanniques, et d’anciens présidents ou directeurs généraux de banques multinationales occidentales… parmi les filiales de la BCCI, l’ICIC (International Credit & Investment Corporation) finance la Fondation ICIC, qui pratique la charité à forte valeur ajoutée médiatique sur une vaste échelle. La Fondation ICIC est associée à la Fondation de Jimmy Carter ; elle entretient des orphelinats sur les 5 continents, ainsi que des centres de recherche scientifique, des cliniques de pointe, des écoles, des hospices pour les personnes âgées. La BCCI accorde des crédits astronomiques aux gouvernements les plus divers : la fédération du Nigeria a reçu de la BCCI un crédit de 1 milliard $Us. Le fondateur de la BCCI, Agha Hasan Abedi, est un pakistanais chiite, familier de nombreux chefs d’Etats et de gouvernements, intime de plusieurs dynasties régnantes d’Arabie et d’Asie du Sud, ayant ses entrées à la maison blanche et dans de nombreux palais gouvernementaux de la planète. L’opacité et le secret étaient ses armes, armes somme toute banales dans cet univers… ; personne n’a jamais su le montant exact des capitaux qu’il maniait personnellement, ni le chiffre véridique des bilans de la BCCI et de ses sociétés filiales. Le parrain chiite est né à Lucknow en Inde, le 22 septembre 1922, quoique son passeport indique une date différente. C’est une prestigieuse et très ancienne cité de l’Inde, capitale jusqu’en 1859 d’un royaume indo-musulman, le royaume d’Oudh, nom qui provient du titre cérémoniel porté par les nababs (souverains) de Lucknow. Le père d’Abedi appartient à une ancienne dynastie, c’est un chiite érudit et administrateur avisé, lecteur passionné nourri de la culture ancestrale du royaume d’Oudh. En Inde, les érudits chiites sont souvent des administrateurs, des chambellans des maharadjahs. Le père d’Abedi en l’occurrence s’occupe des biens immenses de Raja Sahib à Mahmudabad. Son fils Hasan fréquente la faculté de droit locale ; il passe une enfance relativement dorée, selon les us et coutumes ancestraux d’une famille traditionnelle et besogneuse, aristocratique mais peu versée dans l’ostentation. En 1945, Hasan Abedi entre comme petit employé dans la grande banque chiite du sous-continent indien, la Habib Bank. Il est assigné à la grande succursale de Bombay. Il prend goût pour les tenues extravagantes et coûteuses, et baigne dans un bienheureux narcissisme ; en 1947, alors que l’occupant britannique quitte l’Inde, la partition religieuse du territoire se fait dans le cadre de vastes pieux et saints massacres rituels et probablement initiatiques, et 14 millions de personnes migrent d’est en ouest et du sud au nord. Des millions sont tués ; musulmane, la famille d’Abedi rejoint le nouvel Etat du Pakistan, « le pays des purs », fondé par Muhammad Ali Jinnah et sa ligue musulmane. La famille perd tous ses biens, alors que la Habib Bank se greffe sur Karachi. En 1959, Hasan Abedi, sachant que cette banque dirigée par une oligarchie familiale verrouillée ne lui promet aucun autre avenir que son actuelle condition de petit employé, démissionne, et avec de l’argent prêté, fonde sa propre banque : l’United Bank Limited (UBL) Cette banque prospère rapidement ; au milieu des années 1960, Abedi est le premier financier du Pakistan à se doter d’ordinateurs ; à la fin de la décennie, l’UBL est la deuxième banque privée du Pakistan. Karachi, capitale du Sind, peuplée de 13 millions d’habitants dispose du 3) port du continent asiatique ; une guerre civile endémique ravage ses banlieues, et provoque des centaines de morts chaque année ; deux populations s’y affrontent, les Muhajir et les Sindi. Les Muhajir sont les musulmans venus de l’Inde, alors que les Sindi sont des habitants de la basse vallée de l’Indus un peu plus anciens, dont certains sont très attaché à


« leur terre », notamment l’aristocratie des grands propriétaires sindi. Malgré la partition de l’Inde et du Pakistan, les minorités religieuses adverses sont importantes de part et d’autre. L’enjeu de la guerre larvée que se livrent les deux Etats est le contrôle de la vallée du Cachemire. Abedi sait investir en maître sur les haines inter-religieuses : auprès des riches commerçants, dirigeants politiques et petits travailleurs mujahirs, il se fait le militant fervent de la cause islamique, en sa qualité d’immigré chiite discriminé. Leur argent afflue sur les comptes de l’UBL. Dans le même temps, Abedi fait du charme aux latifundiaires sindi. Les seigneurs du Sind vivent comme des nababs dans leurs palais urbains et possèdent des fortunes colossales. Sur leurs propriétés immenses de la vallée et du delta de l'Indus, les paysans, leurs épouses et leurs enfants travaillent enchaînés, comme des esclaves, pour quelques roupies par jour. Dans leurs ateliers, des enfants de 5 à 10 ans perdent la vue en nouant dans la semi-obscurité , de leurs petites mains, les films de précieux tapis. C’est l’une des oligarchies les plus féodales, féroces, violentes, inhumaine, méprisable et imbécile que la planète aie jamais porté. En sont notamment issus Benazir Bhutto et Farooq Legahri, longtemps président de la république. Hasan Abedi finance allègrement le commerce d’armes des deux côtés, qui pour attirer chacun de leur côté ses faveurs, l’intéressent à leurs affaires. Il devient ainsi l’intime d’un des plus puissants politiciens du Pakistan, Nawaz Sharif, premier ministre de la province du Penjab et puis premier ministre du Pakistan. Abedi a aussi un autre ami : le cheikh Zayed ben Sultan AlNahyan, seigneur d’Abu-Dhabi et président de la fédération des Emirats arabes unis. Le cheikh est un passionné de courses de chameaux. Abedi lui offre des chameaux de course [et de jeunes jockey ? ]. Il séduit aussi l’émir par son messianisme antibritannique. Il propose à l’émir de gérer son argent. Zayed devient l’associé d’Abedi ; dans tout le golfe arabo-persique et dans les palais de Riyad et de Djedda, son prestige s’accroît. Agha Hasan Abedi n’est vraiment devenu Agha Sahib qu’en octobre 1973 : la 4° guerre israélo-palestinienne réveille alors l’Opep, qui menace l’occident d’un blocus sur le pétrole et provoque en guise d’avantgoût une flambée des prix. Or, mû par une intuition étonnante [qui flaire bon la complotite aiguë et le délit d’initié], Abedi a fondé quelques mois plus tôt avec Swaleh Naqvi (son associé de l’ULB) et quelques anciens de l’Habib Bank, un institut financier européen : la BCCI. Il l’a enregistré au Luxembourg et établi son QG dans un immeuble de Park Lane à londres. En décembre 1993, le prix du pétrole double ; Cheikh Zayed et les autres bailleurs de fonds de l’ancienne ULB engrangent des milliards de $us et en confient une grande partie à leur banquier chiite et à son nouvel établissements, la BCCI. Agha Sahib Abedi est décidé à devenir le financier le plus puissant de la planète. Abedi joue alors sur une fibre populiste islamique mondiale, et se propose de devenir le bailleur de fond de ces coreligionnaires les plus pauvres, pillés et plumés de fait jusqu’alors par les financiers occidentaux. Dans d’immenses rassemblements « populaires », ainsi que dans des réceptions plus restreintes réservées aux dignitaires des oligarchies du Golfe et de l’Asie, Abedi se donne à voir comme un Messie. Messianisme efficace : non seulement des dizaines de milliers de familles de travailleurs, d’entreprises ou d’instituts bancaires du tiers monde, mais encore des banques centrales confient leurs avoirs à Abedi. La BCCI ne gère pas seulement les avoirs dérisoires de la banque centrale du Botswana, mais également ceux de la banque centrale du Nigeria. De nombreuses radios, télévisions, journaux fondés par Abedi en Asie, au Moyen-Orient à Londres, NY, Lagos et Djakarta diffusent inlassablement les promesses de la foi. Avec l’argent des pauvres, qu’il courtisait en jouant sur une fibre anti-impérialiste acritique et raciste inculquée par les nouvelles oligarchies de valets prooccidentaux et pseudo-non-alignées ou tiers-mondistes du sud, le parrain de la haute finance Abedi met en place un cartel mafieux international et œuvre à sa fortune personnelle. Il n’en reste pas moins que nombre des victimes d’Abedi le considèrent en 1997, pas tout à fait à tort mais avec un étrange goût pour l’auto illusion, comme un « bouc émissaire », et ne supportent pas la moindre critique à son encontre. D’aucuns considèrent que les grandes banques occidentales ont pris peur devant la puissance acquise par cette banque musulmane, et qu’ils ont décidé de l’abattre ; on peut difficilement leur donner tort sur ce fait, mais on ne peut que s’arracher les cheveux de leur ferveur per l’un des parrains les plus pourris de la planète. Aucun des groupes de spécialistes qui ont enquêté sur la BCCI après son effondrement n’a put [ou voulu ?] en dresser l’organigramme complet ; ils ont tout au plus réussit à identifier les réseaux financiers compliqués des sociétés holdings, trust-funds, sociétés fiduciaires, banques et sociétés de services qui s’entrecroisent, se superposent ou se concurrencent. Par contre nombre des acteurs des aventures de l’empire d’Agha Sahib Abedi ont été identifiés. On peut en distinguer 5 catégories : 1°) les banquiers proprement dits, directeurs, cadres, employés de la BCCI, de ses sièges nationaux, de ses succursales, de ses holdings, sociétés financières, fiduciaires ou de service. Ceux-là sont déjà des milliers. 2°) viennent ensuite les « banquiers de l’ombre », poignée d’associés fidèles d’Agha Sahib Abedi triés sur le volet, formant une sorte de « gouvernement secret de l’empire ». Aux îles Caïmans est installé ce que le sénateur américain John F. Kerry, président de la commission sur le terrorisme, le trafic de drogue et les opérations internationales, appelle la « banque dans la banque », le malsain des malsains. 3°) les « préposés au protocole » ; 4°) les « entrepreneurs » ; 5°) les membres des « unités noires ». Les fonds collectés par la 1° catégorie à travers les succursale de la BCCi sont presque immédiatement transférés vers les îles Caïmans, vers la « banque dans la banque », ils ne gardent en caisses que le strict nécessaire aux opérations de retrait des déposants, soit à peine 10% des fonds déposés, ce qui laisse une grande marge pour les affaires de la « banque dans la banque », la BCCI-Caïman. Celle-ci est composée par le cercle dirigeant suprême de la 2° catégorie : Abedi, ses amis et cousins les plus intimes. Lors des enquêtes qui ont suivi la chute de la BCCI, aucun des directeurs financiers de l’empire n’a semblé en mesure de rendre compte des circuits complets de la BCCI : et pour cause, c’est Abedi lui-même, entouré de financiers pakistanais connus de lui seul qui tenait la comptabilité centrale, sur des documents écrits à la main en langue urdu et selon un code qu’aucun procureur ne réussit à décrypter… [c’est pas très crédible, là, c’est pas les asiatiques les inventeurs d’Enigma et Echelon…]. Alimentée par les comptes secrets de la BCCI aux îles Caïmans, la BCCI-Caïmans était une organisation mafieuse de type classique : elle blanchissait et réinvestissait les milliards des trafics transcontinentaux de la drogue, des armes de guerre, de l’évasion fiscale, des rançons du terrorisme, du produit de la corruption des ministres et hauts fonctionnaires du monde entier. Elle acquérait aussi sous les iden,tités les plus diverses (grâce aux « shell companies », société fictives éphémère, créées pour l’occasion) le contrôle de nombreuses sociétés industrielles, commerciales, de compagnies d’assurance et banques dans le monde entier. C’est apparemment Agha Hasan Abedi qui se chargea de trouver la complicité des dictateurs nigérians pour le changement de route de l’héroïne afghane vers l’occident via le Nigeria. Le général Babangida et ses acolytes reçurent de la BCCI-Caïmans un crédit de 1 milliard de $us à des taux d’intérêt insignifiants. La générosité d’Abedi à l’égard des dictateurs successifs du Nigeria se révéla profitable, puisque la Banque nationale de la Fédération du Nigeria déposa ses réserves de devises et d’or à la BCCI de Londres. Autre exemple : Saddam Hussein et son clan des Takriti, au pouvoir à Bagdad depuis 1978, détournant constamment à leur profit personnel une partie des recettes de l’exportation du pétrole irakien ; c’est la BCCI-Caïmans qui assurait le bon fonctionnement de ces réseaux de pillage. Après la guerre du Golfe, le conseil de sécurité de l’Onu autorise des « victimes » du dictateur (dynastie régnante au Koweït, « particuliers » de plusieurs nations, gouvernements fournisseurs de troupes à la coalition, etc.) à réclamer des dommages et intérêts à l'Irak pour plusieurs centaines de millions de $Us [ces victimes m’ont tout l’air d’ultimes charognards, autorisés par une communauté internationale de charognards à saigner plus avant la population irakienne, la seule véritable victime de l’affaire…]. Mais l’opacité des réseaux de blanchiment fourni par Abedi à Saddam est telle que les plaignants n’avaient récupéré que des sommes minimes par rapport à leurs réclamations en 1997. la BCCI-Caïmans entretient à travers le monde un vaste réseau de corruption : dans les seuls Etats-Unis, des dizaines de douaniers, de contrôleurs des terminaux de cargos des aéroports, d’inspecteurs fiscaux, de policiers sont payés par la BCCI-Caïmans et rendent possible la circulation des armes, de la drogue et d’autres « marchandises ». Des dictateurs d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine (Samuel Doe au Liberia,


Manuel Antonio Noriega du panama, Joseph Désiré Mobutu du Zaïre, plusieurs cheikhs du golfe arabique, etc.) sont des clients de choix de la BCCI-Caïmans. Parmi ces kleptocrates figure également le social-démocrate péruvien Alan Garcia, devenu président du Pérou de 1985 à 1990, auteurs de discours brillant suer les moyens d’échapper au garrot de la dette extérieure ; une fois à la présidence, il devint un des meilleurs clients de la BCCI-Caïmans et un ami personnel d’Abedi, qui lui offre de financer l’achat d’avions de combat mirage pour les forces armées péruviennes, à des conditions ruineuses pour le Trésor péruvien ; Alan Garcia s’empresse d’accepter mais des députés de l’opposition découvrent le scandale. Abedi se propose alors de revendre au Pakistan et à l’Inde les deux pays en guerre au cachemire, les avions « péruviens » excédentaires. Le Pérou dut payer des pénalités énormes pour rupture de contrat. Les terroristes les plus notoires avaient également recours à la BCCI-Caïmans : Abou Nidal s’adresse à Abedi pour recycler les millions de $us de rançon extorqués par la terreur et le chantage à ses victimes. La BCCICaïmans est également très efficace sur le marché du trafic d’armes de guerre, sur la plupart des champs de bataille de la planète, servant de préférence toutes les parties en conflit. Les livraisons d’armes de guerre sont financées par la BCCI-Caïmans, transportés dans les camions et les avions appartenant à la BCCI-Caïmans, assurées par les sociétés d’assurance de la BCCICaïmans, gardées par les gardes de la BCCI-Caïmans ; le passage des frontières était garanti par les fonctionnaires nationaux respectifs, corrompus par la BCCI-Caïmans. un vrai film ! Les as de la finance qui dirigent la BCCI-Caïmans parviennent par des montages à partir de shell companies, à prendre le contrôle de nombre de sociétés, dont 3 banques américaines : la First American Bankshares à Washington, la National Bank of Georgia et l’Independence Bank de Californie. Abedi pousse très loin le favoritisme coutumier des oligarchies financières : il offre un crédit de 500 millions de $us à la BCCI-Caïmans à un saoudien de ses amis afin qu’il puisse acheter des sociétés américaines en lui demandant comme seule garantie le dépôt d’une partie des actions des compagnies achetées, ce qui transforma les 500 millions de $Us en un pur et généreux cadeau personnel. La catégorie des « préposés au protocole », corps de fonctionnaires mineur, est chargé de veiller avec soin aux besoins extra-bancaires des gros clients : entretien de réseaux internationaux de call-girls, obtention de bourses d’études dans des établissements prestigieux des Etats-Unis et d’Europe pour la progéniture des plus puissantes familles clientes, transports intercontinentaux ou régionaux par une flottille d’avions privés et de limousines de luxe, disposant de villas de luxe pour les vacan,ces de la clientèle sur la Côte d’Azur, à Acapulco, en Jamaïque, règlement discret des dettes de jeux des princes saoudiens à Divonne, Cannes, Monaco, Las Vegas. Bref, rendant avec efficacité et discrétion tous les services, légaux ou non, exigés par les créanciers importants. La catégorie des « entrepreneurs » de la BCCI désigne un escadron de financiers de haut vol dirigeant les sociétés financières appartement indépendantes de la BCCI ; leur tâche consiste à gérer la fortune, ou plutôt le butin, de clients qui opèrent dans l’ombre et répugnent à apparaître sous leur propre identité. Ils sont nommés directement par Abedi et sont environ une centaine ; n’appartenant pas à la BCCI-Caïmans ni au cercle le plus intime de l’Empire BCCI, lequel gère de son côté les fortunes des rebuts de la planète : Saddam Hussein, Mobutu, Samuel Doe, les narco-dictateurs successifs de Lagos, Alan Garcia, etc. Les entrepreneurs se chargent des « petits poissons » comme Manuel Antonio Noriega : cet officier de la garde nationale du panama est soupçonné d’être à l’origine de l’attentat contre l’avion à bord duquel se trouvait en juillet 1981 le général Torrijos, commandant de la garde ; Noriega, dont les liens très nourris avec la CIA sont attestés, devint de fait commandant en chef de la garde et fit de Panama la base de transit de la cocaïne expédiée de Colombie, de Bolivie et du Pérou. A la BCCI, Amjad Awan ouvrit pour Noriega des comptes bancaires sous diverses identités, sur lesquels le général abrita des millions de $us, fruits de commissions versées par les parrains des cartels de Medellin et de Cali, de la corruption et de son pillage systématique des fonds publics panaméens. Durant des années, Noriega figure sur la liste des salariés de la CIA, qui l’utilise dans ses opérations de sabotage contre Cuba ; mais en février 1988, le vent tourne et Washington décide de se débarrasser de Noriega. Il est inculpé de trafic de drogue, de blanchiment d’argent de la drogue et d’assistances au trafiquants. L’armée Us arrête Noriega en 1990, en assassinant au passage plus de 2 000 civils panaméens. La BCCI fit preuve d’habileté et seulement une partie des capitaux des comptes de Noriega purent être captés par les Etats-Unis ; au moment de l’inculpation de Noriega, 23 millions de $Us lui appartenant sur deux comptes différents de la BCCI de Londres ont été identifiés par les procureurs américains ; mais avant même que le séquestre put avoir lieu, la BCCI transféra les capitaux sur des comptes au Luxembourg. Les procureurs américains finirent par retrouver une partie des capitaux de Noriega à l’UBS (Union des banques suisses), copropriétaire avec la BCCI d’une banque de Genève, la BCP (banque de commerce et de placement SA). La dernière catégorie des soldats de l’empire financier mafieux d’Abedi est celle des « unités noires », ou plutôt de véritables « escadrons de la mort » du financier, sa garde prétorienne : il s’agit d’un réseau d’hommes de main, criminels de droit commun, tueurs professionnels, commandés à distance par Abedi en personne, rendant des services rémunérés aux clients les plus choyés de la BCCI… Ces mercenaires disposent de leurs propres bateaux, avions, dépôts d’armes lourdes, de leurs propres réseaux financiers, et servent fréquemment de tueurs à gages. Ils organisent pour leur propre compte le trafic intercontinental de la cocaïne, de l’héroïne et de drogues chimiques (LSD,…), d’esclaves sexuels, organisant des bordels et des maisons de passe aux Etats-Unis et en Europe. Une de leur tâche est la surveillance minutieuse et quotidienne des agissements de la catégorie des « entrepreneurs », des « préposés au protocole » et des « banquiers ordinaires » de la BCCI. Ils sont triés sur le volet, soumis à un entraînement paramilitaire intensif. Ils sont organisés en cellules fonctionnant sur le mode d’une société secrète et portant des noms de code. Leur nombre n’a jamais dépassé 1 500 hommes. Ils sont capables de monter des opérations complexes ; par exemple : Adolfo Calero, chef des Contras du Nicaragua, qui mène dès 1982 une guerre clandestine à partir du Honduras contre les sandinistes victorieux, utilise les escadrons d’Abedi pour organiser certains des attentats les plus meurtriers contre les populations civiles d’Esteli, de Managua, de Granada. Après que le Congrès ait interdit au président Reagan la poursuite du financement clandestin des activités terroristes des Contras au Nicaragua, le colonel Oliver North, chef d’un réseau d’espionnage spécial à la maison blanche, contacte le gouvernement d’Arabie saoudite qui accepte de prendre la relève. Or il n’existe aucun lien direct jusqu’à cette date entre le gouvernement de Riyad et les Contras : les escadrons d’Abedi se chargent de l’ouverture des comptes nécessaires, des transferts bancaires, de l’achat et du transport des armes. Autre exemple : à peu près à la même époque que le financement des contras par Riyad via la BCCI, l’Arabie saoudite désire acquérir (contre la volonté de son tuteur américain) des missiles de type Silk-worm, fabriqués en Chine, et équipés d’un système de guidage d’origine israélienne. C’est la BCCI qui servit d’intermédiaire et finança l’achat à crédit, les escadrons d’Abedi assurant le transport. Autre exemple : la Syrie cherche à se doter clandestinement de missiles Scud-B, ces armes étant disponibles en Corée du nord ; la BCCI sert à nouveau d’intermédiaire ; grâce au système de contrebande mis en place par les escadrons d’Abedi, les Scud-B parviennent à Lattaquié, principal port syrien sur la méditerranée. Autre exemple : en avril 1989, un navire chargé de conteneurs accoste à Karachi de nuit ; des hommes d’un des escadrons d’Abedi l’attendent sur le quai et paient en $us et en billets usagés les douaniers ; les conteneurs sont transférés par camion vers un aéroport privé dans l’extrême sud du Sind (province de Karachi), embarqués dans un Boeing 707 ne portant aucune marque d’identification, alors qu’en dernière minute, le départ d’un avion régulier des Pakistani International Airlines deva,nt se rendre par la même route en Europe est annulé. Une corruption a eu lieu, quelque soit le niveau hiérarchique ( du pilote au gouvernement local…) ; le Boeing 707 utilisant ainsi le plan de vol et les codes correspondants de l’avion des PIA peut sans encombre traverser les espaces aériens de plusieurs pays sans éveiller les moindres soupçons ; arrivé à Prague, l’avion continue sa course vers les Etats-Unis ; les conteneurs pouvaient contenir des armes, de la drogue, de l’or… Par ailleurs, les escadrons d’Abedi entretiennent des réseaux d’espionnage dans toutes les capitales où la BCCI


est active, en utilisant l’écoute téléphonique illégale, la surveillance vidéo, la violation du secret du courrier, l’observation directe et la filature. Le chantage est régulièrement utilisé pour contrer toute mesure des autorités locales contrariant les activités de la BCCI… La moindre escroquerie, le moindre abus de confiance commis par l’un des employés de la BCCI est sanctionné par la mort, précédée de tortures atroces. Exemple : un employé de la BCCI de Karachi est terrorisé par certains évènements dont il est témoin, solde son compte personnel, vend sa maison ; Abedi a vent de ses agissements « suspects » ; il envoie ses escadrons, qui exécutent le frère de l’employé, violent sa femme ; l’employé parvient à leur échappé et trouve refuge aux Etats-Unis où il vit sous une fausse identité. Autre exemple : Abedi a un satrape à Multan, antique capitale de la confrérie des soufis ; l’homme demande à démissionner de ses fonctions et à se retirer à la campagne ; Abedi accepte, mais quelques jours plus tard le « renégat » reçoit par la poste la main coupée de son frère, reconnaissable à sa chevalière, portant l’écusson de la famille…Pendant 18 ans, l’empire d’Abedi a fonctionné sans un accroc, dans un monde truffé de services de renseignements de toutes nationalités, et alors même que les activités mafieuses notoire d’Abedi se faisait au vu et au su de tous. L’impunité a été totale. La guerre d’Afghanistan a été celle de la plus grande prospérité pour Abedi, la BCCI et ses escadrons. Pays stratégique où passent toutes les routes reliant l’Asie centrale à l’Asie du sud ; dès 1979, l’armée rouge butte sur la résistance féroce des peuples tadjiks, hazara, ouzbèque ou pashtoun. Partout, des seigneurs de guerre, des mafias tribales attaquant les casernes, abattant des patrouilles, tendant des embuscades meurtrières. Les services secrets occidentaux, notamment américains, nouent des alliances avec les parrains d’organisations tribales plus ou moins mafieuses, armant les guerriers, instruisant les saboteurs, assurant leurs communications, équipant leurs hôpitaux, fournissant par satellite les renseignements indispensables aux batailles d’envergure. Travaillant en collaboration étroite avec l’ISI (services secrets pakistanais), la CIA arme au Panshir les guerriers d’Ahmed Chah Massoud, soutient au sud Gubuddin Hekmatyar et son armée de fondamentalistes islamiques, le hezb-i-islami ; même les chiites de Karim Khalili, pourtant téléguidés par l’Iran, reçoivent l’appui des Etats-Unis. Au milieu des années 1980, la station d’Islamabad de la CIA est la plus grande du monde ; dans la vallée de Peshawar, dans celle de Swat et dans la plaine de Taxila, la CIA entretient des camps d’entraînement où des milliers de combattants islamistes convergent, d’origine algérienne, égyptienne, pakistanaise, irakienne, etc. pour être formés aux commandos anti-bolcheviques, avant d’être infiltrés au-delà de Torkham Gate en Afghanistan. Nombre de ces combattants islamistes formés par la CIA sont aujourd’hui les ennemis les plus déterminés de l’empire américain, en Bosnie, en Arabie saoudite, en Egypte et ailleurs. En 1995, l’armée américaine en Bosnie tombe nez à nez sur plusieurs centaines de vétérans islamistes d’Afghanistan, rompus aux manœuvres des services américains. En novembre 1995, des vétérans afghans font sauter à la bombe le centre de la mission américaine à Riyad, faisant plusieurs morts américains. En juin 1996, un camion s’arrête devant l’immeuble de 8 étages d’El-Khobar, près de la base d’aviation américaine de Dhahran en Arabie saoudite ; deux hommes prennent la fuite dans une voiture blanche, le camion explose, l’immeuble s’effondre : 19 employés de l’Us air force enterrés vivants, plus de 300 blessés. En Afghanistan, rien n’aurait été possible pour la CIA sans la coopération des différentes tribus, et tout particulièrement de la tribu pachtoune, présente des deux côtés de la frontière pakistano-afghane, qui assura le ravitaillement des insurgés à l’ouest de la rivière Kaboul. Or dans cette région du monde, Abedi, le parrain de la BCCI, est absolument incontournable. Il est l’associé d’Ayoub Afridi, maître de la passe du Khyber et chef du clan des Afridi, l’un des plus puissants des clans pachtounes. Les escadrons de la BCCI étaient d’ailleurs eux-mêmes fréquemment recrutés dans les clans pachtounes. Ces escadrons étaient utilisés par les services occidentaux comme saboteurs, terroristes et contrebandiers d’armes dans la région du Khyber et dans les montagne et les plaines de l’Afghanistan oriental. Si l’on se rappelle des relations entretenues entre la mafia sicilienne et les services américains après 1943, on peut raisonnablement émettre l’hypothèse que le soutien d’Abedi à l’effort de guerre occidental, de même que les différents coup de mains qu’il a assuré pour le compte des occidentaux dans le monde lui ont valu l’impunité de sa BCCI, jusqu’en 1991. Peter Truell et Larry Gurwin accusent même nommément la CIA d’avoir protégé la BCCI et ses dirigeants pendant près d’une décennie. Pourtant, ça commence bientôt à sentir le soufre pour le parrain pakistanais. En octobre 1988, les services américains organisent une fausse réception mondaine à Tampa en Floride : officiellement, ce sont deux jeunes brillants financiers jet-setteurs américains qui se marient ; ils ont envoyé des cartons d’invitation à leurs amis partout dans le monde. Jet privés et avuions de ligne réservés pour l’occasion déchargent à Tampa un flot de d’invités, conduit dans des limousines dans leurs villas respectives. Lors des festivité, le marié annonce à certains de ses amis les plus intimes la tenue d’une « partie fine » réservée aux hommes : de belles jeunes femmes anonymes seront à la disposition des invités… une flottille de limousine les conduit au centre de Tampa, dans la tour NCNB, où les heureux élus se font courtoisement cueillir par les douanes américaines, et se voient signalé leur mise en état d’arrestation. Les « époux » étaient en fait des agents secrets infiltrés depuis 3 ans au sein du cartel de Medellin et devenu proches de Pablo Escobar. Le financier « marié » avait été pendant plusieurs années le client assidu des barons colombiens, péruviens, boliviens, du narco-trafic. Pour leur compte, il avait blanchi des centaines de millions de $Us. En tant qu’homme d'affaires attitré des parrains de Medellin, il devient l’un des clients les plus choyés de la BCCI au Panama. Avec ces amis de la BCCI, il monte des circuits de blanchiment, d’in,vestissement les plus complexes, utilisant avec art les relations de la BCCI sur tous les continents. Il reçoit de nombreux cadeaux somptueux des directeurs reconnaissants de la BCCI, des parrains de Medellin, de Cali, et de césar Rodriguez, l’homme de main de Noriega, ainsi que de dizaines d’autres « partenaires ». dès la fin de l’opération après le coup de Tampa, il redevient simple fonctionnaire et restitue tous les dons et les avoirs de son personnage à la BCCI. A Tampa, la moisson est bonne… : la plupart des hauts cadres de la BCCI chargés des opérations de blanchiment de milliards de $Us appartenant aux cartels de la cocaïne sont arrêtés. Des opérations similaires simultanée ont lieu parallèlement partout dans le monde où la BCCI dispose de succursales. Les ordinateurs, archives, comptabilités sont saisis. Nazir Chinoy, Asif Baakza et Syed Akbar sont cueillis à Londres. Rudolf Armbrecht à Miami. A la suite des ces arrestations, 8 dirigeants et cadres moyens de la BCCI sont transférés devant les tribunaux américains. La BCCI tente de limiter les dégâts en niant toute autre implication et en collaborant avec la justice américaine selon les circonstances. Abedi disposait partout de très hauts appuis, qui le mettaient hors de portée. Mais le 5 juillet 1991, les 25 succursales anglaises de la BCCI sont prises d’assaut par les inspecteurs de la banque d’Angleterre et des dizaines de milliers de documents placés sous séquestre. Lors du procès qui suivit, l’acte d’accusation numéro 1 est tranchant : « escroquerie à l’échelle mondiale ». Partout des complice d’Abedi sont arrêtés, sauf en Suisse. Parmi les figures du « Tout-Genève », Abbas Gokal, pakistanais, et ses deux frères Mustapha et Murtaza ; ils sont également chiites comme Abedi. Nés en Inde, ils ont émigré en Irak ; quand le roi d’Irak est assassiné le 14 juillet 1958 à Bagdad, et que des militaires putschistes inspirés par Nasser chasse la monarchie et les étrangers liés à la cour, la famille Gokal s’enfuit à Karachi. Ils y fondent la « Gulf Shiping Lines » en 1969 avec l’aide d’Abedi. Ils amassent une immense fortune à partir du commerce des fruits tropicaux, du coton, du pétrole, des déchets industriels, mais surtout grâce au transport maritime. Ils possèdent plus d’une centaine de bateaux, sous des appellations et des immatriculations des plus diverses. Quand l’empire de leur mentor Abedi s’effondre en 1991, leurs sociétés « genevoises » sont liquidées sans faire de vague : la firme « Marco Trade » ainsi que la « Gulf Invest » s’éteignent paisiblement…Les autorités genevoises se contentent d’enregistrer les dettes astronomiques. Personne ne connaîtra l’étendue exacte du désastre. L’UBS (Union des banques suisses), partenaire des Gokal, prend une hypothèque de 36 millions sur leur immeuble genevois. Abbas Gokal et les siens s’éclipsent discrètement, sans être inquiétés. Mais en avril 1997, les agents du SFO (Serious Fraud Office) de Londres parviennent à l’arrêter. Il est condamné à une lourde peine pour avoir escroqué 1.2 milliards de $us. L’enquête qui abat Abedi est celle qui est menée en 1992 par le


procureur général du district de Manhattan, Robert Morgenthau (appartenant à l'establishment du parti démocrate, ancien allié des Kennedy, ami de Robert Kennedy, et fils de Henry Morgenthau, ministre des finances de Roosevelt). Morgenthau apprend aux journalistes présents lors d’une conférence de presse que la BCCI a servi à corrompre des dizaines de hauts fonctionnaires des banques centrales de la planète, de hauts fonctionnaires gouvernementaux. Il annonce l’inculpation de 6 personnes, parmi lesquelles Clark M. Clifford et Robert A. Altmann, deux piliers du parti démocrate des Etats-Unis ; Altmann est ainsi un des plus puissants avocats de Washington et président de la First American Bankshares ; il a été le principal conseiller juridique de la BCCI. Clifford, est une figure « prestigieuse » de la politique américaine depuis Truman, et a été conseiller de tous les présidents démocrates depuis 1945 ; il a fait et défait les carrière politiques, a été également ministre de la Défense, et est tenu pour l’un des hommes les plus puissants des Etats-Unis. Agha Hasan Abedi meurt en 1995 et est enterré à Karachi, dans l’anonymat le plus complet ; il n’y a là que d’anciens employés modestes, son épouse et sa fille unique, Maha Dadahhoy. 

Europe - Etat policier, justice et mafia : l’Etat policier constitue une menace aussi actuelle et importante que les organisations mafieuses pour la démocratie ; Europol est la police judiciaire supranationale en Europe ; elle a été fondée en 1993, et doit devenir un « FBI européen ». Elle est installée à La Haye, dans un palais qui fut le quartier général de la Gestapo. Alors qu’Europol a été créé en 1993, la plupart des polices nationales d’Europe refusent de lui céder leurs prérogatives. Europol n’a pas la possibilité d’ouvrir et de mener lui-même une enquête, d’infiltrer un cartel mafieux ou de procéder à des arrestations ; c’est tout au plus un carrefour de renseignement, peu fréquenté, si ce n’est dans le cadre de la mentalité sécuritaire qui se développe depuis quelques années. Ce sont en particuliers le Danemark, l’Angleterre, la Suède et les Pays-Bas qui sont le plus réticents au renforcement d’Europol.

168 Etats frappent leur monnaie et sont susceptibles d’abriter des faux-monnayeurs. Exemple : le PSOE a propulsé à la tête de l’appareil policier de l’Etat espagnol Luis Roldan : directeur de la Guardia civil, premier flic d’Espagne, celui-ci règne sur un véritable empire économique, effectuant pour des millions de pesetas des achats de voitures, d’uniformes, d’aliments, de systèmes de communication, dirigeant d’immenses chantiers (casernes, etc.) et administrant des fonds secrets. Or c’est un escroc, un « corrompu », qui prétendra cependant avoir agi à la demande et pour le compte du PSOE. Le gouvernement l’accuse de détournements de fonds. Il s’enfuit en Extrême-Orient, mais finit par être arrêté et extradé vers l’Espagne, grâce au travail d’un excellent journaliste d’investigation espagnol. Les juges espagnols découvrent ses comptes en suisse, (notamment auprès de l’UBP – Union bancaire Privée - de Genève), lesquels abritent des sommes importantes provenant de la « corruption internationale » (c'est-à-dire ?). ces comptes avaient été alimentés par plusieurs multinationales, notamment la société allemande Siemens… Un tribunal suisse révèle en 1997 qu’au moins 1.7 milliards de pesetas, soit 17 millions de F suisses, ont transité par ses comptes secrets helvétiques. Les juges espagnols furent confrontés à une faible coopération de la justice suisse et aux tentatives des avocats genevois de Roldan pour empêcher la mise sous séquestre ou les mesures de restitution. Autre exemple : l’affaire Bofors ; en 1986, l’armée indienne décide d’acheter à la société suédoise Bofors 410 obusiers, au prix de 1.4 milliards de $us. L’achat s’accompagne de pots-de-vin versés par Bofors à des généraux et hauts-fonctionnaires proches du gouvernement de Rajiv Gandhi, soit 40 à 50 millions de $us versés sur des comptes personnels dans des banques de Zurich et de Genève. En 1989, Rajiv Gandhi perd les élections, et en février 1990, le nouveau gouvernement élu de New Delhi demande l’entraide judiciaire de la Suisse. Elle lui est accordé mais en réalité de nombreux recours empêchent la procédure d’aboutir. Finalement, ce n’est qu’en janvier 1997, soit 7 ans après l’affaire, que le gouvernement suisse fait remettre une caisse scellée contenant 500 documents bancaires à l’ambassade indienne à Berne. En Inde, les délits de corruption des généraux et des hauts-fonctionnaires sont depuis longtemps prescrits…autre exemple : le 25 février 1986, le dictateur des Philippines, Ferdinand Marcos, et ses principaux complices sont chassés du palais de manille par une insurrection populaire. Le kleptocrate sanguinaire et sa bande ont régné p^dont 23 ans et accumulé un butin colossal : l’essentiel des milliards de $Us volés par Marcos et les siens se trouve à l’abri sur des comptes numérotés dans les banques suisses. Le gouvernement Reagan, tuteur du régime de Manille, fait pression sur la Suisse, si bien que le 24 mars 1986, le gouvernement de Berne décide de geler les comptes ; une bataille juridique acharnée s’engage alors entre les avocats suisses et le nouveau gouvernement philippin. Ce n’est qu’en décembre 1997 que le tribunal fédéral de Lausanne autorise le retour à Manille d’une petite partie du butin du dictateur.

Europe - Mafias judiciaires : dans la petite république de Genève (400 000 habitants), il existe plus de 1000 avocats, la plupart avocats d’affaire ; les plus habiles et les plus rusés d’entre eux gagnent annuellement des fortunes en sabotant les mécanismes d’entraide judiciaire en faveur d’escrocs et de parrains internationaux. Il y a deux ou trois générations, le continent européen était constellé de systèmes judiciaires arbitraires, violents, corrompus ; les juges nommés par Mussolini, Dollfus, Hitler, Franco, Salazar ou Pétain étaient de simples administrateurs de la logique raciste et fasciste.

République Tchèque – mafias tchèques : en république tchèque, le FBI américain équipe et entraîne les comma,ndos SOKO, chargés de combattre le trafic d’êtres humains.

Informatique, police et organisations mafieuses : l’informatique est devenu un moyen de stockage de données confidentielles majeurs, notamment pour les entreprises, les multinationales, les banques, les Etats. Prenant prétexte de l’espionnage économique, bien réel, toutes ces institutions ont développé la pratique du cryptage informatique. Il existe aujourd’hui un grand nombre de logiciels de cryptage (et donc de décryptage…) désormais. Certains ont la réputation (usurpée) d’être indéchiffrables, comme PGP (« pretty Good Privacy ») ; mais les logiciels de cryptage sont aussi un medium excellent pour les organisations mafieuses, qui ont toutes à leur service des noria d’informaticiens hors-pair. Les communications des organisations mafieuses sont protégées par ces logiciels de cryptage, qui donnent du fil à retordre aux services secrets. Certains voudraient interdire le cryptage ; autour de cette question, une bataille feutrée est en cours ; parmi les 7 pays occidentaux les plus industrialisés, 6 donnent la priorité absolue aux arguments des multinationales et admettent l’utilisation massive du cryptage. Une exception, la france. La Corée du sud, la Thaïlande, Singapour, Taïwan, la Chine, autorisent le cryptage mais le soumettent à une réglementation stricte. En Allemagne, l’utilisation de logiciels de cryptage est autorisée mais leur exportation interdite. Au Benelux, les Pays-bas appliquent la loi allemande, la Belgique imite la législation française. Aux Etats-Unis, le cryptage est autorisé, leur vente est totalement libre, mais leur exportation est strictement interdite : les services secrets américains craignent que de tels logiciels soient achetés et utilisés par l’Iran, la Libye, le Soudan, l’Irak. Mais les intérêts économiques des promoteurs des logiciels de cryptage américains ont fini par prévaloir sur ces considération et l’exportation de logiciel de cryptage américains est désormais autorisée, sous une forme « bridée » : la clé de déchiffrement n’aura que 40 bits, alors que les logiciels américains utilisés sur place disposent d’une clé de 128 bits. Au-delà de 40 bits, les services secrets auraient plus de mal à déchiffrer les messages de mafias, etc., mais aussi à pratiquer l’espionnage industriel et économique. Sous la pression internationale, la France a fini par admettre l’utilisation de messages cryptés, mais à la condition que la clé des messages soit déposée auprès d’un « tiers de confiance »,


c'est-à-dire tout organisme agréé par le premier ministre. Ce qui permet de garantir la confide,ntialité des informations, mais aussi au besoin d’une enquête, de décrypter immédiatement ces mêmes communications. Les organisations mafieuses sont également mises sur écoute, de même qu’anonymement des milliers de citoyens. Exemple : le successeur de Toto Riina, Giovanni Brusca dit « le porc » avait trouvé une cachette à la lisère du village de Canitello en Sicile méridionale ; il y vit sous des dehors modestes avec sa femme, le fils de celle-ci et ses gardes du corps. Le groupe s’est fondu dans le milieu anonyme de la petite-bourgeoisie du village. De Canitello, le porc dirige le trafic transatlantique d’héroïne, des chantiers de travaux publics, des groupes de racketteurs et de tueurs. Mais un jour il commet l’erreur de se servir quelques minutes d’un téléphone cellulaire, repéré immédiatement par une centrale d’écoutes ambulante ; il est arrêté de cette manière par une unité spéciale de la police italienne. Une autre arme policière est la surveillance électronique, qui consiste à placer des microphones et des caméras cachées miniaturisées dans des appartements ou des bureaux. C’est ce qui a permis l’arrestation de Toto Riina, chef de la « Coupole » de Cosa Nostra. L’année de son arrestation, des rues entières de Palerme avaient été truffées de caméras cachées et de microphones directionnels. Un « pentito », c'est-à-dire un indic, avait révélé la présence de Toto Riina à Palerme. En Italie rien qu’en 1996, 44 176 mesures de surveillance électronique ont été ordonnées… autre exemple : en France, c’est par la « surveillance électronique étendue » que la police parvient à arrêter en 1995 dans un hôtel de Pantin un chinois résident français soupçonné d’être le dirigeant « suprême » en Europe d’une des triades chinoises, le « Grand cercle » ; spécialisé dans l’importation d’héroïne pure, cette organisation créée par des chinois de Bangkok aurait succédé à la redoutable triade « 14 K », basée à Hong Kong et démantelée à la fin des années 1980. Provenant de Thaïlande, l’héroïne avait été importée en france de façon originale : une prestigieuse maison spécialisée dans la vente d’objet d’art chinois était utilisée « à son insu », et les sachets d’héroïne voyageaient cachés dans des vases de la dynastie Ming, et autres objets précieux en tout genre. En 1994, cette technique avait permis de démanteler une organisation mafieuse dirigée par un laotien, lequel fut arrêté à Bâle sur demande de la justice française : le démantèlement de l’organisation mafieuse laotienne fut suivie par des arrestations en france, en Hollande et en Suisse. Mais l’ombre sinistre du KGB et de la Gestapo se lève derrière l’idée d’une surveillance électronique généralisée. Les microphones directionnels peuvent capter des conversations tenues à plusieurs centaines de mètres et derrière des fenêtres fermées, mais certains peuvent être repérés en utilisant un « scanner » et autres détecteurs peu onéreux disponibles sur le marché, dont se servent régulièrement les mafias. Aussi l’idée d’une surveillance généralisée est suspectée, par son efficacité contre les organisations mafieuses, de surtout viser la surveillance de la population. L’une des plus anciennes méthodes de luttes contre les mafias reste l’infiltration ; officiellement, la « taupe » policière est un agent infiltré dans l’organisation mafieuse, qui participe au trafic et aux activités mafieuses sous une fausse identité. D’un autre côté, la police elle aussi est infiltrée par les organisations mafieuses au plus haut niveau. Dans le milieu des taupes, on trouve aussi les agents provocateurs…exemple : en suisse, l’agent américain « sam le blond » fait tomber l’organisation mafieuse turque de Yassar Mussullullu et Haci Mirza, trafiquants de drogue dont l’organisation est profondément implantée dans certains secteurs de la banque zurichoise et jouissent de complicités majeures au palais fédéral de Berne. « Sam le blond » se présente comme un émissaire de la mafia sicilienne installé à Milan. Il négocie avec Haci Mirza au QG de l’organisation de celui-ci, une villa somptueuse sur les hauteurs d’Istanbul. Il lui commande 100 kg de morphine base ; Yassar Mussullullu et Haci Mirza sont arrêtés suite à la livraison. En réalité, les taupes provoquent fréquemment le délit ; en 1996, 50 agents allemands ont participé à l’infiltration de 14 organisations mafieuses agissant en Bavière. Les services secrets allemands, anglais et italiens participent aux enquêtes anti-mafieuses. En Allemagne, cette participation a déclenché un débat virulent portant sur les similitude de ce type de dispositif avec la police politique que constituait la Gestapo. Parmi les parrains des mafias italiennes, ont été arrêtés Michele Greco dit « le pape », Nitto Santapaola et Pippo Calo. Parmi les capimafia membres de la « Coupole » de Cosa Nostra arrêtés : Giovanni Brusca, Toto Riina, Antonio Mangano (« caissier » de Cosa Nostra en Sicile), Leoluca Bagarella (beauf de Riina), les trois fils Madonia, Paolo Cuntrera, Michele Sindona (un des principaux banquiers de la mafia sicilienne, assassiné en prison en buvant un café au cyanure…). Julio Andreotti est accusé d’avoir donné l’accolade (signe de reconnaissance secret des « hommes d’honneur ») à Toto Riina par un important « repenti ». parmi les « repentis » majeurs de Cosa Nostra, on trouve Antonio Calderone : né à Catalane en 1953, il dirige avec son frère Pippo Calderone une des « familles » de Cosa Nostra ; il a ainsi accumulé une immense fortune, commandité de nombreux assassinats, et tissé un réseau de trafic et de racket transatlantique. La montée au pouvoir des « Corleonesi », « familles » issues de la ville de Corleone au début des années 1980, a déclenché une guerre civile mafieuse en Sicile, au cours de laquelle Pippo Calderone est assassiné ; Antonio Calderone se réfugie en France, d’où il finit par être extradé en Italie. Sa « pénitence » a permis d’inculper et d’arrêter plus de 200 mafieux. Il vit aujourd »’hui sous une nouvelle identité hors d’Italie. Calogero Ganci a été l’un des tueurs les plus sanguinaires des Corleonesi, avant de devenir repenti en 1996 ; il a avoué sa responsabilité dans plus d’une centaine d’assassinats et a permis de résoudre l’énigme de l’assassinat du Général Della Chiesa. La pénitence de Vincenzo Ferro, tueur professionnel et fils d’un capimafia de Trapani a également permis à la justice italienne de porter un sérieux coup contre Cosa Nostra. A Catane, Matteo Romano, l’un des hommes d’honneur de Antonio Savasta, est assassiné en 1996 par des tueurs anonymes. Sa femme Santa Puglisi et le cousin de celle-ci (14 ans), Salvatore Botta, sont assassinés alors qu’ils se recueillent sur sa tombe. La rumeur avait couru que Santa Puglisi s’apprêtait à contacter un juge… Tomaso Bruscetta, est un repenti qui a apporter des informations très importantes aux justices françaises, américaines, italiennes, suisses, allemandes. S’il bénéficie d’un programme de protection, 36 membres de sa famille ont été assassinés. 

Suisse – mafias financières : la SASEA est uns société holding aux origines troubles domiciliée à Genève et qui contrôle 346 sociétés financières, commerciales et industrielles dans 35 pays. Son dirigeant est une figure redoutable, Florio Fiorini. Italien d’origine, il a le titre d’administrateur délégué de la SASEA. Ses partenaires préférés : les dirigeants du Crédit Lyonnais à Paris. Son complice principal : un ancien garçon de café, Giancarlo Paretti. Entourage de Fiorini : un ancien président de la confédération helvétique, un colonel de parachutistes français à la retraite, des hommes d'affaires issus de la rue des Granges (lieu d’habitat traditionnel de l’oligarchie calviniste genevoise) et autres figures plus ou moins pas très reluisantes…parmi les activités de la SASEA : exportations de viande avariée au Gabon, transactions financières, négoce à base de titres falsifiés, etc. Fiorini, le condottiere italien, est arrêté en octobre 1992, et son empire s’effondre ; le crédit lyonnais et d’autres bailleurs de fonds de la SASEA sont fortement ébranlés. La faillite est prononcée la même année. La perte atteint le chiffre de 16 milliards de FF, la plus grande faillite que Genève ait connue. Le procès de Fiorini s’ouvre en 1995 à Genève. Il est défendu par de prestigieux noms du barreau de Genève. Il y a également avec Fiorini 6 coinculpés dans l’affaire de la SASEA. Cette affaire n’aurait jamais été jugée et étudiée à fond sans l’action de certains journalistes courageux. Condamné à 6 ans de prison, Fiorini sort dès octobre 1995, la préventive ayant été décomptée ; il s’installe ensuite en toscane dans sa villa de monte Pulciano, et est toujours riche comme Crésus.

structure des cartels mafieux : « Les cartels du crime constituent le stade suprême et l’essence même du mode de production capitaliste ». Les grands parrains avancent dans l’ombre la plus totale et se trouvent très rarement placés sous les projecteurs ou dans les prétoires. Seuls quelques rares initiés connaissent leur identité. La plupart de ces hommes bénéficient par ailleurs de


nombreuses identités, mènent une existence en apparence des plus honorables, voire prestigieuse. Ils ne tuent jamais de leur propres mains, ni ne s’adressent directement aux milliers de soldats qu’ils commandent. Les cartels criminels sont très difficiles à infiltrer, et tout journaliste ou sociologue qui tenterait une telle expérience y risque sa vie ; pour parvenir à ses fins, le cartel criminel ou mafieux utilise essentiellement l’appât du gain, la corruption endémique, la menace physique, le chantage. Un cartel criminel est une organisation économique, financière, de type capitaliste, structurée selon une logique de maximisation des profits, de contrôle vertical et de productivité. C’est aussi une hiérarchie militaire, exerçant une violence souvent extrême, soumise à la volonté d’accumulation monétaire, de domination territoriale et de conquête des marchés. Enfin, autre mode d’organisation récurrent, mais non nécessaire, la parenté clanique ou la structure ethnique, en tout cas une structure sociale résistante à la pénétration policière. Les parrains détestent évidemment les interviews… ; une simple photo peut valoir le nez ou une oreille coupée au photographe ou reporter « intrépide » [Les parrains sont les dieux vivants des partis iconoclastes…]. Le crime organisé est le stade suprême du capitalisme, parce qu’il réalise la maximisation maximale du profit. Dans les territoires qu’ils tiennent, les cartels réalisent à leur profit une domination monopolistique ; ils créent même des oligopoles. Selon les « experts » du Fond national suisse de la recherche scientifique : « il y a crime organisée transcontinental lorsqu’une organisation dont le fonctionnement est proche de celui d’une entreprise internationale pratique une division très poussée des tâches, dispose de structures hermétiquement cloisonnées, conçues de façon méthodique et durable, et qu’elle s’efforce de réaliser des profits aussi élevés que possible en commettant des infractions et en participant à l’économie légale ; pour ce faire, l’organisation a recours à la violence, à l’intimidation, et cherche à exercer son influence sur la politique et l’économie. Elle présente en général uns structure fortement hiérarchisée et dispose de mécanismes efficaces pour imposer ses règles internes. Ses protagonistes sont en outre largement interchangeables ». Aucun cartel du crime organisé ne tombe du ciel : chaque cartel a son histoire, une sociogenèse. De grands cartels mafieux dominent aujourd’hui dans le monde les principaux secteurs économiques ; ces organisations concluent entre elles des accords de collaboration occasionnels, signent des conventions de partage temporaire des marchés, et se concèdent mutuellement des aides logistiques. Face à ces grands cartels mafieux subsisteraient des mafias plus locales ; dès lors qu’un cartel mafieux décide de con,quérir un secteur économique ou un territoire, ses soldats éliment la truande locale. L’exercice de la violence, consubstantiel au cartel mafieux, est confié à des unités autonomes, spécialement entraînées et équipée à cet effet ; ces unités reçoivent leurs ordres des dirigeants de l’organisation ; elles assurent la sécurité physique des différents opérateurs de l’organisation, elles se chargent de l’oppression interne, et quand les préposés au marketing et à la prospective identifient un nouveau champ d’action, un nouveau marché, ces unités sont chargées de l’élimination systématique des concurrents du secteur économique concerné ; c’est de cette façon que les cartels mafieux parviennent à se constituer des monopoles. La « distinction » au sein de ces unité est un important facteur de promotion sociale au sein de l’organisation. Nombre de cartels mafieux recrutent sur des bases ethnocentriques, même si les exceptions sont nombreuses ; mais c’est ce type de recrutement qui semble leur assurer la meilleure protection contre la pénétration policière. Cette parenté ethnique s’arrange d’ailleurs très bien de son caractère purement mythologique et fantasmatique. Les cartels mafieux contemporains ont souvent en leur sein les cadres parmi les plus brillant d’un pays… 


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.