N°11 2023
Seule je suis incomprise. Accolée à mes compagnes, je prends plusieurs sens. Séparée d’espaces, je transmets une idée. Multipliée sur plusieurs lignes, je communique une infinité de messages. Je peux donner du sens à une image comme la modifier. Je suis le créateur du langage et véhicule de l’information.
Édito de Léa Essirard, Lina Ndiaye, Amélie Godart,
Sous la direction complice de Benoit Breton
Ligne graphique de Zoé Rolland
Valentine Deloffre
1ère de couverture Par Lyse Amissah, Emeline Da Silva, Francesca Comte
04 06 08 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 SOMMaire 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 Scandale Barbara kruger Au fil de l’œuvre Mots défiés Hamilton L’héritage de Malevitch Cerca trova Un guide narratif Dé-définition Erik Dietman ABCD’art La lettre dans l’œuvre Choisir les mots Dûrer Nauman Le texte comme statut L’arme d’une artiste Alighiero Boetti Le jeu de mots Sinon rien La lettre au service de la critique Le texte détourne le sujet de l’image Oriente l’interprétation de l’œuvre L’art conceptuel Pain, 1967 Le pouvoir des lettres Le constructivisme De la contestation à la contradiction Le précurseur Et le paradoxe humain SOMMAIRE
34 36 38 40 42 44 46 48 50 52 54 56 58 60 62 64 66 68 70 72 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 à double sens Art et lettres WysiwYg Roman Opalka Du texte à l’œuvre Paradox’art écrire l’art Album Picasso Décodage Lettres de la guerre Revendications La dimension conceptuelle John Peto Ben Vautier et le fluxus Mucha Harmonie Chaos Cassandre Text house Construire en effaçant Quand le dessin dessert les maux Quand le texte complète les images Les mots vus avant d’être lus Une œuvre immuable Natalia Gontcharova Au-delà du sens La lettre dans l’art Donner forme aux souvenirs Natures mortes Le texte dans l’art Les chiffres au service du sens Quand le texte sert la cause Identités L’hyperréalisme Quand la lettre a carte blanche L’art nouveau Henry de Toulouse-Lautrec Et l’intégration du texte L’espace du texte à l’œuvre 31 32 33 34 35 16 17 18 19 20
SCANDALE
LE TEXTE COMME STATUT
Le texte interroge le statut d’une œuvre d’art. Les œuvres de Manzoni illustrent parfaitement ce phénomène. Le plasticien italien, pionnier de l’arte povera affronte l’art conventionnel en définissant des choses scandaleuse comme œuvre d’art.
Merde d’artiste
PPiero Manzoni, né en 1933 et décédé en 1963 à l’âge de 29 ans, est l’un des artistes italien du XXème siècle ayant participé au mouvement de l’arte povera caractérisé par la pauvreté des matériaux et des techniques utilisées, en en étant son pionnier. Il est reconnu pour ses œuvres choquantes au vu du public qui ont fait l’objet de vives critiques. Il explique sa démarche comme une dérision du marché de l’art et de ce que l’on qualifie d’œuvre. Son œuvre nommée Merda d’artista se compose de 90 boîtes de conserve où sont enfermées ses matières fécales. À la manière d’une relique, il n’est pas possible de voir les restes consacrés et de s’assurer du contenu réel de la boîte de conserve, à moins d’ouvrir la boîte de conserve, détruisant ainsi l’œuvre et sa valeur. Sa manière de définir sa création comme une œuvre d’art est simple : le texte exerce un rôle majeur puisque sans lui, cela s’apparenterait uniquement à une boîte de conserve ordinaire. Il choisit d’y ajouter sa signature sur le couvercle reprenant le geste des
grands artistes sur une toile. Cette signature manuscrite définit la démarche artistique de Manzoni, prouvant que l’idée vient de lui en répétant son nom, réparti en continu sur le fond de l’étiquette. Il reprend les codes graphiques d’une boîte de conserve en se les appropriant pour son œuvre. Manzoni utilise également un vocabulaire vulgaire donnant une impression d’insulte envers le marché de l’art. Manzoni se moque de l’art non seulement à travers merda d’artista, mais aussi à travers ses autres créations comme par exemple Corpi d’aria où il remplit des ballons de
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@Piero Manzoni, merda d’artista , 1961
« Je vends une idée, une idée en boîte »
son souffle, Uova con impronta oÙ il met son empreinte digitale sur 70 œufs ou bien linee où l’artiste crée une œuvre composée de plusieurs tubes en carton avec une ligne noire à l’intérieur qui varie entre 4 mètres et 9 mètres. Chaque œuvre est signée et reprend les codes texte d’une œuvre d’art.
Transpi d’artiste
Ala manière de Piero Manzoni, transpi d’artiste reprend les codes de dérision du marché de l’art. En enfermant une quantité de sueur dans une bouteille de parfum, cela crée une antithèse qui oppose l’idée de propreté et de fragrance du parfum avec la connotation de saleté et de puanteur de la transpiration. Le vocabulaire utilisé dans l’œuvre est celui du marketing. Le mot « transpi » est contracté pour rappeler le langage familier de Manzoni. L’idée même de merda d’artista est reprise ici par le fait de rendre artis-
tique un concept qui est socialement sale et invendable à travers la simple signature et sa typographie. Transpi d’artiste reprend aussi l’aspect de mystère qui règne sur Merda d’artista puisque nul ne sait vraiment si de la sueur se trouve dans la bouteille, mais l’ouvrir provoquerait une destruction de l’œuvre. C’est en effet, avec le texte faisant référence à la parfumerie que de la transpiration devient œuvre d’art.
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Par Arsène Ageorges, Rémi Bakar, Manon Borrel & Valérie Ido
@ ARSÈNE Ageorges, RÉMI Bakar ET MANON Borrel, Transpi d’artiste , 2022
kruger barbara
l’arme d’une artiste
Barbara Kruger est une artiste américaine connue pour associer le texte à l’image. Ses œuvres traitent de la société de consommation, de l’oppression des femmes, de la manipulation médiatique...
Thinking
Thinking of You. I Mean Me. I Mean You est une exposition imposante de Kruger, avec un texte de grande taille couvrant trois étages. L’œuvre forme des perspectives multiples en s’adressant directement au spectateur. Nul besoin d’image, ni d’animation, le texte en noir et blanc, utilise chaque centimètre de l’espace de la pièce ce qui crée un sentiment de confinement. Les typographies utilisées pour cette œuvre sont « Bold futura oblique » et « Helvetica ultra compressed », en blanc sur fond noir et noir sur fond blanc. Ce choix n’a pas été fait au hasard, il s’adresse à nous, au public. Notamment avec le mot « YOU » qui nous pointe du doigt comme une ac-
cusation. Les mots inscrits en grand accentuent leur puissance. L’utilisation des capitales peut aussi faire penser à un cri alertant l’audience. Ces mots imprimés du sol au plafond, nous immergent dans un environnement propice à la réflexion. Certains textes ont été écrits par l’artiste, elle-même, d’autres repris de romans connus, comme celui de Virginia Woolf, A room of one’s own, parut en 1929 et la citation au sol de Georges Orwell, « If you want a picture of the future, imagine a boot stamping on a human face, forever » écrite en 1949 dans son fameux roman 1984. Ces citations choisies par Kruger proposent au spectateur d’analyser sa propre relation avec le consumérisme et son rapport au pouvoir politique.
Le lieu n’est pas choisi au hasard, il a été sélectionné en fonction du bruit naturel de ses environs. En effet, Kruger adapte le lieu d’exposition de ses œuvres en fonction du message qu’elle souhaite adresser au public. Ici, le silence dans le musée (Museum of Modern Art in New York) accentue la sensation de confinement et de solitude. Il permet au spectateur d’entendre le message véhiculé par son œuvre. Comme le prouve cette nouvelle production, l’artiste témoigne d’un intérêt de longue date pour l’architecture et l’art.
OF YOU, I MEAN ME. I MEAN YOU , 2021
@ BARbara kruger, Thinking
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dénonciation par les mots
vec cette œuvre nous avons souhaité rappeler que le texte apporte de la puissance aux problèmes que l’on dénonce. Kruger parle de faits sociétaux c’est pour cela que nous nous sommes focalisés sur un sujet très actuel, la place des femmes en Iran. Toujours en prenant les techniques publicitaires d’incitations nous avons floqué
Ades t-shirts basiques (noir et blanc) où apparaissent des slogans forts comme « Women, Life, freedom » et « Justice », qui soutiennent les femmes en Iran. Nous les avons mis en scène dans un espace sobre afin que le message soit clair et distinct pour inciter le regard vers le message plutôt que sur le décor en luimême. La colorimétrie de l’image, sombre comme le sujet politique évoqué ici, incite à la lecture du texte et les polices utilisées comme pour l’œuvre de Barbara
Kruger, nous transportent hors du temps et incitent à la réflexion.
Kruger a révolutionné le monde de l’art avec ses œuvres toutes plus surprenantes les unes que les autres en employant un ton alarmant. Le texte est ainsi un porte-parole du message que veulent transmettre les artistes, comme ici avec Barbara Kruger. Les mots sont un support pour les artistes, ils peuvent dénoncer et mettre en scène leurs idées et leurs convictions.
Par Clara Nikodijevic, Jolane Welfelé, Taïna Larmure, Rémi Domergue
@Clara NIKODIJEVIC, Jolane WELFELÉ, Taïna LARMURE, Rémi DOMERGUE, We protest, 2022
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« My art is about power, love, life and death »
Au fil
De Alighierol’œuvre boetti
Avant-garde italien de la fin du XXème siècle, Boetti s’est fait connaître grâce à son exploration de pratiques multiples. Il fera une série d’œuvres brodées par des femmes afghanes notamment Entre chien et loup (1992), œuvre qui questionne l’esprit de nombreux spectateurs.
Lettres, jeux et textures
L’artiste joue avec la compréhension de l’œuvre par le spectateur à travers sa volonté d’agencer le texte de sorte que le public se questionne sur le fond. En effet, après un temps de réflexion, l’expression « Entre chien et loup » donne tout son sens à la tapisserie. Cette expression était employée par les romains : « inter canem et lupum », pour désigner la période de fin de journée où la clarté est telle qu’on a du mal à distinguer un chien d’un loup. Alighiero Boetti à alors souhaité établir une métaphore entre la distinction de ces canins et la distinction des lettres dans sa broderie. Les deux se ressemblent et peuvent se confondre. Il faut un moment de concentration pour comprendre que le loup n’est pas un chien et que les lettres dans cette œuvre ne sont pas de simples formes colorées fondues dans la plastique, mais bel et bien des mots qui racontent une histoire. L’artiste fait discrépance en obligeant le spectateur à faire des va et vient entre le fond et la forme. Une fois le mécanisme symbolique assimilé, le désordre devient un ordre très précis. L’utilisation de plusieurs médiums artistiques amène une
autre manière d’explorer le langage, pour laquelle Boetti a préféré la broderie en couleurs au papier. Ces fils de couleurs vives, qui brouillent la lecture des mots, et font référence à la pluralité des civilisations. La métaphore de Boetti pose la question de l’ombre et
de la lumière, donc distinguer la grandeur de 2 civilisations. On peut y voir une dénonciation de la prétention occidentale considérée comme civilisation dominante dans le monde. L’occidentale relèverait de l’ombre et l’orientale de la lumière. Ainsi, Boetti utilise la lu-
mière pour faire valoir que toutes les civilisations se valent. Pour accentuer cette idée, l’artiste utilise un mode de lecture asiatique, des lettres occidentales et un support oriental puisqu’à l’origine de toutes ces civilisations se trouve l’écriture.
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@Alighiero Boetti, entre chien et loup, 1992
L’art de jouer
Dans notre œuvre, nous avons volontairement gardé ce processus, cemode de lecture perturbant pour s’adresser à l’intellect du spectateur, à la façon Boetienne. Des lettres arabes avec un système de déchiffrage de culture occidentale ; c’est une méthode ingénieuse pour faire jouer l’esprit du public. Cette tapisserie inspirée de la problématique d’Alighiero Boetti, présente l’expression « La nuit tous les chats sont gris », expression très proche de « Entre chien et loup ». Dans la pénombre, les chats voient mieux que les Hommes, de fait, la vision nocturne de l’Homme peut faire croire que le soir, tous les chats sont gris y compris ceux qui ne le sont pas. Ces expressions traduisent que l’obscurité rend les choses indistinctes, et qu’on peut facilement être trompé. Cela établit une métaphore avec le fait que les lettres se fondent dans la plastique ; par consé-
quent le spectateur à du mal à distinguer le fond de la forme. En opposition à l’œuvre de Boetti, vibrante de couleurs, notre composition, « La nuit tous les chats sont gris » est composée d’un camaïeu de gris, représentant la vision nocturne de l’homme. Seules quatre lettres sont colorées, formant à elles-mêmes le mot « mot » en arabe, mettant en lumière le thème général du magazine. Parallèlement, elles traduisent la vision des chats à la nuit tombée. Au-delà du jeu, cette composition a une dimension humaniste, inspirée par celle de Boetti, de part l’assemblage de deux grandes cultures.
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ة
Par Dehli Salignon, Noa Labat, Maya Albarqawi, Solal Rogez
@Dehli Salignon, Noa Labat, Maya Albarqawi, Solal Rogez, La nuit tous les chats sont gris , 2022
« Boetti a préféré la broderie en couleurs au papier »
mots
défiés le jeu de mots
La lettre : une forme, un poids, un impact qui permettent d’imager et de donner du sens. Ces caractéristiques spécifiques au texte vont nous amener à nous questionner sur « comment la composition et la forme des lettres peuvent transformer la vision d’un objet mercatique en une œuvre d’art ? ».
ma SÉRIE D’AMOUR
Dans un monde où l’argent régit nos vies et contrôle nos cœurs, tout s’achète et tout se possède. Toutefois, l’action du capitalisme s’arrête lorsqu’il s’agit de monétiser l’amour, ce sentiment est connu de tous. Et l’acharnement des entreprises à faire du commerce de tout ce qui est monnayable, pourrait les tenter de vendre ce sentiment par tous les moyens, à tout prix. La représentation du sentiment amoureux n’est pas une tâche facile, mais, si l’amour était présent sur le marché, à quel prix serait-il ?
Si de base une brosse à dents, une fourchette, un bout de ruban ou encore du pop-corn sont des produits marchands, leur présence dans un packaging transforme leur interprétation, leur identité et ainsi leur prix.
La brosse à dents est un objet que tout le monde possède afin de préserver une bonne hygiène buccale. Au-delà de sa fonction première, par le texte, l’objet devient le symbole d’une relation naissante, la fusion
entre deux vies. Pourtant, l’objet n’a aucune vertu aphrodisiaque, il ne forme pas le couple. Ainsi, les jeux de mots qui reprennent les codes de la mercatique promettent ce que tout le monde convoite : l’amour, et transforment ainsi l’objet mercantile en art, car sa présentation et le concept qui l’anime diffèrent. La brosse à dents devient la rosse amant. Quant à la typographie, elle est inspirée des packagings actuels se servant de leur efficacité. Cette réflexion mettant en exergue le lien entre les mots et les images ne s’est pas faite sans un emprunt à la pensée de Marcel Duchamp.
ma série d’amour
@DIMITRI RÉal,
, 2022
« Une nouvelle dimension du parfum » DES MOTS À TOUT PRIX
C’est sur le parfum Un Air Embaumé de la marque Rigaud que Marcel Duchamp a intégré son étiquette. Sa création est une composition où visuels et mots se complètent de manière interdépendante afin de créer du sens. L’artiste s’est approprié un produit mercatique en y intégrant la photo graphie de Rrose Sélavy, son alter-égo féminin et des jeux de mots afin de re-visualiser l’objet.
Si Belle Haleine semble être une combinaison étrange, c’est parce que la volonté de l’artiste n’était pas de le lire ainsi. L’inscription Paris et New York donne une ligne directrice sur la lecture de ce titre Belle Hélène. Cette fonction métalinguistique donne une nouvelle dimension au parfum : celle de « femme la plus convoitée dans la mythologie grecque ». Quant à l’inscription Eau de Voilette, c’est une association entre le mot violette, qui renvoie à l’odorat et velito qui signifie petit voile en référence au ready-made assisté. L’artiste a repris les codes du parfum en utilisant une typographie issue du milieu cependant, elle connote un tout autre sens.
Afin d’accentuer la perception du « produit », Rrose Sélavy signe ses œuvres par ses initiales avec un R en miroir pour renvoyer l’idée que l’intervention du spectateur est primordiale. Sa compréhension de l’assemblage des lettres modifie la vision de l’objet. L’objet n’est plus un utilitaire mercatique du quotidien mais une œuvre d’art, son identité est transformée.
Dans cette création, la faculté des mots à modifier une pensée est mise en exergue, et la perception est remise en question. L’objet mercatique devient objet de convoitise. La pensée de l’artiste exprimée par l’association des lettres donne de la valeur et redonne une nouvelle dimension à un objet.
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Par Victoire Pothier, Arno Freitas, Enzo Baptista, Dimitri Réal
@Marcel Duchamp, Belle Haleine, Eau de Voilette, 1921
hamilton
SINON RIEN
Hamilton a déclaré qu’il choisirait des objets qui n’avaient pas de valeur esthétique évidente, qu’il choisirait toujours des objets du quotidien qui ont une qualité esthétique... ou du moins qui lui apparaissent ainsi.
POpular Art
Le Pop Art est né en grande Bretagne dans les années 1950. Les artistes utilisent des éléments produits en masse de la culture populaire et les sortent de leur contexte. Tout devient art. La publicité, la bande dessinée et la télévision sont des sources d’inspiration. Poèmes et textes ont dans les arts plastiques la même place que la couleur ou la forme et deviennent une arme politique pour dénoncer.
Le mot est alors un sujet d’investigation qui permet à l’artiste d’exprimer ses idées. De nouvelles techniques de création apparaissent comme le collage. Richard Hamilton est ainsi considéré comme le précurseur du mot « POP », abréviation de « popular ».
le statut
De plus, le rajout du H à la marque Ricard pour former le prénom Richard, semble être une façon pour l’artiste de faire un autoportrait. Dans un monde de surconsommation, une façon de traduire qui l’on est s’affiche à travers les marques. Cette œuvre est donc une critique du matérialisme et du consumérisme observés dans les sociétés modernes. Le statut de l’objet change, la carafe Ric(h)ard devient ainsi une véritable œuvre d’art.
Il semble que l’utilisation de ces objets du quotidien, ici une carafe, permettent à Hamilton de faire une critique de la société et du monde de l’art. En s’inspirant du logo publicitaire de la marque Ricard, il déconstruit l’art dit classique en utilisant des objets du quotidien afin de critiquer un monde artistique trouvé trop rigide et fermé. L’art doit s’ouvrir à d’autres médiums, plus modernes. Hamilton réunit l’éphémère de la publicité à l’intemporel de l’art. C’est ainsi la volonté d’un retour aux réalités matérielles de la vie quotidienne des individus. Le message et l’attention donnée à l’œuvre ont plus d’importance que l’œuvre en ellemême.
@Richard hamilton carafe , 1978
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L’œuvre Essang’ce est une mise en scène photographique visant à montrer la précarité actuelle de la planète. Notre Terre était autrefois grande et puissante, elle est désormais entre les mains de l’Homme et saigne de douleur.
« Cette œuvre est donc une critique du matérialisme et du consumérisme »
L’inscription « E’SOS » a une importance prépondérante. En effet le jerrican est de la marque Esso, filliale d’ExxonMobil, gros pollueur américain. Le rajout de la lettre S à la fin du mot change le message. De plus l’apostrophe permet d’isoler les trois lettres S,O et S. Ce SOS est un signal de détresse in-
ternational. Le rajout de l’apostrophe transforme ainsi l’enseigne du géant pollueur en message d’aide écologique. Il faut diminuer la pollution pour maintenir en vie celle qui nous a créés. De plus, le jerrican est mis en avant par sa taille et sa couleur rouge sang tandis que la terre est plus petite.
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Par Ludmilla Coussinet, Emma Diallo, Pauline Gondek, Lison Latour d’Affaure
@Lison LATOUR D’AFFAURE, Essang’ce , 2022
ESSANG’CE
de L’héritageMalevitch
La lettre au service de la critique
Alexander Kosolapov est un artiste russe. Son œuvre globale est connu pour sa critique de la société de consommation Américaine. Il reprend beaucoup de marques connues sous forme de détournements dénonçant la surconsommation dans différents domaines. Toute cette critique est soutenue par l’utilisation du texte et de la lettre.
Le Sots art
L'œuvre Malevich Sold Here prend place dans un mouvement que l’on appelle le Sots Art. C’est un mouvement d’art politique apparu dans les années 70 en URSS, souvent appelé le « pop art soviétique «. Il émet une critique de la culture de masse à travers l’utilisation d’icônes religieuses, populaires… Ici, Alexander Kosolapov critique la société de surconsommation notamment à travers Marlboro, la marque de cigarette la plus vendue au monde depuis 1972. Malevich, créateur du mouvement d’art appelé « Suprématisme » est celui qui a inspiré Marl-
boro pour la création de leur packaging. On retrouve ici, une part d’inspiration de l’œuvre de Malevich notamment Carré blanc sur fond blanc et Carré Noir sur fond Blanc que l’on peut apercevoir avec le fond blanc utilisé et la mention « Sold Here » en noir. Cette mention est également utilisée avec la typographie traditionnelle de Marlboro, enfin Malevitch est mort d’un cancer ce qui justifierait encore l’utilisation de son nom sur ce produit. Alexander Kosolapov associe deux icônes (Américaine et Russe) pour montrer que la surconsommation touche tout le monde.
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HERE , 1989
@ Alexander KOSolapov, Malevitch
Sold
Surconsommation Moderne
Cette deuxième œuvre dénonce la surconsommation et surtout l’usage du plastique et son impact environnemental à travers Barbie : icône de la consommation américaine moderne. Les déchets plastiques que l’on produit sont dévorés par les animaux marins causant leur mort ou provoquant des maladies chez les personnes qui les consomment. Cette œuvre présente donc une Barbie éventrée de laquelle sort du plastique : c’est une inspiration parodique des images chocs de poissons ouverts pour analyser leur intérieur. Ce plastique dénonce les conséquences futures de cette surconsommation ; il finit dans la mer, puis les poissons les ingèrent et de plus en plus d’études montrent que d’énormes quantités de microplastiques sont retrouvées dans les poissons que l’humain finit par consommer. On voit aussi la mention « Plastic is Fantastic «, cette phrase fait référence à la célèbre chanson d’Aqua Barbie Girl : « Life in Plastic, it’s fantastic », mais également au slogan du même nom que les différentes publicités utilisaient pour faire l’éloge du plastique auparavant. Cette phrase est alors utilisée de manière ironique pour dénoncer l'utilisation abondante du plastique par les humains.
au spectateur d’accéder à la compréhension de ce qu’il voit »
Indispensable : La lettre
Si auparavant le texte ou la lettre n’étaient pas au centre des différentes productions artistiques, ils sont devenus des outils, essentiels à beaucoup d’œuvres. Là où tout était dit par la vision d’un dessin, d’une peinture ou même d’une
forme, il est maintenant plus pertinent dans certains cas de guider le spectateur dans les œuvres grâce au texte. L’idée ici n’est pas d’expliquer une production visuelle, il est question de donner au spectateur les clés pour lui permettre d’accéder à la compréhension totale de ce qu’il voit.
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« Permettre
@ Arséni paquin, Plastic World , 2022
Par Da Silva Matos Ambre, Paquin Arséni, Creton Julien
Cerca trova
le texte détourne lE SUJET DE L’image
Le texte a tendance à venir enrichir, compléter, expliciter, donner du sens à l’image… mais qu’en est-il lorsque celui-ci vient remettre en cause son sujet ? C’est notamment le cas avec La Bataille de Marciano.
LA BATAILLE DE marciano
La Bataille de Marciano peinte par Giorgio Vasari en 1554 dans la salle des Cinq-cents au Palazzo Vecchio de Florence, représente la bataille aillant eu lieu le 2 août 1554 entre l’armée franco-siennois et l’armée hispano-florentine qui sorti victorieuse de la confrontation. Cette scène a première vue ne semble comporter aucun texte, pourtant lorsque l’on cherche bien, on finit par trouver les inscriptions « Cerca Trova » signifiant « Qui cherche Trouve » venant alors remettre en cause le sujet.
Les mots « Cerca Trova » sont écrits en lettres capitales, créant ici un paradoxe avec la petite taille de l’inscription dans cet immense tableau. De plus, le fait que l’inscription soit écrite sur un étendard vert accentue l’effet d’importance des lettres capitales.
LA THÉORIE
En 1563, Vasari fut chargé de rénover et redécorer la salle des Cinq-cents dans laquelle se trouvait la célèbre fresque de Léonard de Vinci La Bataille d’Anghiari que tous les historiens d’art pensent alors détruite. Déjà à l’église Santa Maria Novella de Florence, en 1861, le tableau Trinité de Masaccio est découvert, dissimulé sous La vierge au rosaire de Vasa-
Qu’est ce que Giorgio Vasari a bien pu vouloir dire par là ? S’agissait-il simplement d’un jeu comme une sorte de Où est Charlie géant ? Vasari voulait-il simplement dire qu’il faut chercher le texte pour le trouver ? S’agit-il d’une réelle enquête ? Une chasse au trésor ? C’est la théorie de Maurizio Seracini…
ri pour le préserver, alors que tout le monde le croyait détruit. Une théorie naît alors dans la tête de Carlo Pedretti, historien de l’art. Vasari aurait-il à nouveau dissimulé un tableau, La Bataille d’Anghiari, derrière sa fresque. Il fait alors appel à son élève Maurizio Seracini. Dans les années 2000, Seracini mène l’enquête jusqu’à trouver la fameuse inscription « Cerca Trova » que personne n’avait jamais vue en 500 ans, renforçant alors sa théorie. Par la
suite il trouva un double mur derrière la fresque de Vasari renforçant sa théorie. Le rôle occupé par l’inscription en dit long sur les fonctions du texte dans l’image. Il paraît difficile de penser que les mots « Cerca Trova » aient été choisis par hasard. Le fait que l’inscription soit écrite sur un étendard prendrait alors tout son sens. Voilà comment deux simples mots peuvent venir requestionner le sujet d’une image pourtant fameuse depuis sa création.
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Afin de faire écho à la fresque de Vasari, manifeste de sa conviction de ne pas détruire les œuvres d’art, nous avons voulu manifester notre propre conviction. Dans une foule de concert, où sont habituellement brandies des pancartes en référence à l’artiste, on peut ici lire la phrase « Dans l’autre direction ». Le texte ne faisant pas sens avec l’image, celui-ci in-
terpelle et questionne. Nous nous sommes inspirées de la citation d’Ernest-Antoine
Seillière « Avant on avançait dans la mauvaise direction, maintenant on recule dans le bonne » pour défendre la cause écologique. En effet, le monde a toujours avancé vers les progrès et l’abondance, seulement on se rend compte aujourd’hui que ce n’est pas la bonne direction, causant des conséquences environnementales dramatiques. Il est donc urgent de réagir, quitte à avoir l’impression de reculer dans les progrès faits pour renverser la situation écologique.
Où est Charlie géant »
17 Dans
l’autre direction
« Un
@Giorgio Vasari, la bataille de Marciano , 1554
@Laurane Rius, Djena Defdaf, Agathe Fresneau, Lison Huart, dans l’autre direction, 2022
Par Laurane Rius, Djena Defdaf, Agathe Fresneau, Lison Huart
Un guide
Narratif Oriente l’interprétation de l’œuvre
Des siècles après la création des Bergers d’Arcadie, revenons sur l’incroyable mise en scène du texte dans l’œuvre de Nicolas Poussin. Il montre à travers cette composition l’importance des mots pour orienter notre lecture. Entre vie, bonheur et mort, zoom sur ce chef-d’œuvre.
LES BERGERS D’ARCADIE
Nicolas Poussin (1594–1665), fait partie des rénovateurs de la peinture française. Connus pour le mouvement du classicisme et du baroque, son œuvre la plus célèbre est sans nul doute Les Bergers d’Arcadie qui a suscité de multiples interprétations et réactions.
Les bergers d’Arcadie sont des incarnations du bonheur. En effet, l’Arcadie était une terre de paix, un pays de douceur idyllique dans lequel Les Arcadiens se croyaient même immortels.
Il va ensuite établir un dialogue entre la vie et la mort par le biais d’un mystérieux message d’outre tombe « Et in Arcadia ego ». Cette phrase est d’autant plus importante dans l’œuvre de Poussin puisqu’elle n’est pas visible aux premiers abords. Ce sont les bergers, qui ont les doigts pointés dessus, qui mènent le spectateur vers le texte gravé dans la tombe, ce qui dénonce de manière explicite le rapport à la mort. Ce rapport est aussi accentué par l’ombre du bras de l’homme en bleu, qui pourrait paraître pour une fausse ombre.
En réalité, cela représente la faucille d’une faucheuse, l’allégorie de la mort. Avec l’absence du verbe, cette citation donne lieu à deux traductions possibles permettant donc plusieurs interprétations. Dans un premier temps, la citation peut dire « Même en Arcadie j’existe » donc traduite au présent alors
que dans un second temps, elle peut dire « Moi aussi j’ai vécu en Arcadie », donc dans un temps passé. C’est pour cela que Poussin va alors l’interpréter à deux reprises. Pour une compréhension plus généraliste, on peut l’interpréter comme ceci : Moi (la mort), j’existe aussi en Arcadie, grâce à celle-
ci nous savons que nous sommes en Arcadie et que la mort est omniprésente et existe même sur cette terre d’abondance et de paix. Sans cette phrase, la compréhension de l’œuvre est impossible. Nous avons donc à faire à un momento mori.
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@Nicolas Poussin, Les Bergers d’Arcadie , 1638-39
L’élément révélateur
Le texte possède un certain pouvoir, celui de révéler l’image. À travers la peinture l’Exil, l’artiste montre que le texte est l’essence même de la compréhension. Ce jardin, aux allures simples et élégantes, met en scène l’histoire d’Adam & Ève dans le jardin d’Éden. Au premier abord, la référence n’est pas flagrante, mais à la suite d’un regard plus précis, on aperçoit en bas de l’arbre la gravure « Adam ». Celle-ci aide le spectateur à comprendre le sens de l’œuvre. Suite à l’analyse des Bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin, l’artiste a également fait le choix de
créer une peinture avec un message caché. Cette composition nous montre comment un simple texte peut changer entièrement la perception d’une œuvre.
Il est intéressant de voir la façon dont deux œuvres peuvent visuellement n’avoir aucun point commun et pourtant être étonnamment similaires à travers l’utilisation du rapport texte/image. Les mots alimentent la communication. Une œuvre est la communication même entre un artiste et des spectateurs. Alors il n’existe rien de plus surprenant que l’utilisation du texte dans une œuvre.
« Les Arcadiens se croyaient même immortels »
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@Zoé Rolland, l’exil , 2022
Par Zoé Rolland, Alexa Brunet , Victoria Sublet-Garin et Louise Peltier
dé-définition
L’art conceptuel
À travers l’œuvre One and three chairs de Joseph Kosuth, nous allons comprendre comment la définition d’un objet permet de dissocier sa forme de son concept par une nouvelle interprétation.
Joseph Kosuth
La structure des mots et leur composition peuvent amener à une définition, celle-ci est une correspondance entre le signifiant et le signifié. C’est ce que Joseph Kosuth met en lumière dans son œuvre à travers trois médiums. One and three chairs met en scène le concept de chaise grâce à trois supports distincts : la définition de la chaise choisie par l’artiste, la présentation physique de l’objet et la représentation par la photographie. Tous ont l’ambition de faire comprendre l’interprétation d’un objet de différentes manières. Joseph Kosuth use de la définition pour ne plus considérer le sujet seulement pour ce qu’il est mais pour l’idée qu’il renvoie. La chaise devient alors une cathédrale. L’idée étant de ne plus se limiter dans la conception physique mais de se pencher sur la forme, la valeur, la signification de l’existence du sujet.
La police Stuart incarne l’esprit des lumières. Cette typographie renforce l’esprit d’information qu’est la définition. Considérée comme « classique », elle se trouve essentiellement dans les encyclopédies et amène tout son sens à l’œuvre. Cette œuvre nous permet de voir la relation entre le langage, la photographie et le référent. Si Kosuth a choisi le langage, son but est de remettre en question la nature de l’art et ainsi casser les codes en le détachant de toutes ses limites. La relation entre le texte et l’image est interdépendante. En ce sens, sous chaque action se trouve de l’art tant que celle-ci est orientée par le sens.
La cathédrale est la quatrième chaise de l’œuvre, celle que le spectateur s’imagine. Le triptyque incite à se questionner jusqu’à dé-définir l’objet. Le spectateur s’approprie la définition de l’artiste et la complète avec son interprétation, la quatrième chaise qu’il a imaginée. Ainsi, Kosuth use de la dé-définition de la définition, permettant au spectateur de penser autrement l’œuvre que comme objet physique.
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@Joseph kosuth, one and three chairs , 1965
« À chacun sa propre interprétation »
Voir plus loin
Libre à chacun d’apporter sa propre définition à l’objet. Cette approche impose donc une certaine ouverture d’esprit pour laisser place à la liberté de retrouver son âme d’enfant, insouciante, qui faisait d’un carton une voiture, de coussins une maison… Le but de l’art n’est-il pas de nous pousser plus loin dans nos réflexions ? Par
le biais de l’art, nous nous libérons des schémas de pensées admis pour laisser place à la liberté de penser. La définition est le pilier central de Portails, les spectateurs s’approprient ces mots et les interprètent en dessinant ce qu’ils se sont imaginés. Le but est de montrer à quel point nous limitons notre environnement à des définitions établies alors qu’elles manquent de précisions. Portails est
un exercice de réflexion, nous ne partons pas de l’objet pour en établir une définition mais d’une définition pour en dégager un objet. Les dessins montrent que l’interprétation des mots est subjective et que les objets ne se limitent pas à cela, il faut donc passer par une dé-définition de la définition pour interpréter l’objet et prendre en compte toutes les variables individuelles.
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@C&c, Portails ,2022
Par Léa Malatre, Zoé Malka, Jean-Baptiste Demars, Seungwoo Chung et Arthur Deleau
ERIK DIETMAN pain, 1967
Sculpteur, peintre et dessinateur du XXème siècle, Erik Dietman se démarque par la singularité et le ton plutôt sarcastique et moqueur de ses œuvres. Il s’est distingué des autres artistes de son époque par son travail de la matière, notamment avec l’œuvre Pain, réalisée en 1967 à l’aide de neuf baguettes de pain préalablement cuites afin de former le mot « pain ».
LA FAMINE
Pain est une œuvre qui parait, aux premiers abords, simple mais dont les lettres viennent lui donner un tout nouveau sens. Tout d’abord, on peut l’interpréter comme une œuvre au sens littéral. En effet, cette référence au pain s’inscrit parfaitement dans le registre comique de Dietman puisque l’art est souvent assimilé au luxe, aux classes sociales élevées. De ce fait, en mettant au centre de l’œuvre l’une des denrées les plus accessibles et moins coûteuses, Erik Dietman offre une nouvelle vision de l’art, bien plus accessible et simple.
Néanmoins, cette œuvre est bien plus subtile que cela. Cette mise en abyme du pain et la mise en lumière du mot, de par le fond en pierres qui fond l’œuvre dans le mur sur laquelle elle est accrochée tel un caméléon, ont un but précis : inviter le spectateur à prendre le mot sous un angle différent afin de comprendre son double-sens.
« Prendre le mot sous un angle différent »
En effet, « pain » en anglais signifie « douleur ». De ce fait, Pain d’Erik Dietman permet d’illustrer la famine dans le monde, grâce au pain. En effet, de nombreuses œuvres dépeignent le pain comme le premier aliment à être volé puisque c’est un aliment qui rassasie et qui convient à de nombreux des régimes alimentaires. Par conséquent, la famine est illustrée grâce à la présence du pain qui forme le mot anglais « douleur », faisant référence à la famine, un phénomène répandu dans le monde entier et qui ne cesse de s’accroître.
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@Erik Dietman, PAIN , 1967
LA SURCONSOMMATION
Tout comme l’œuvre d’Erik Dietman, l’œuvre Sale est conçue à partir d’éléments qui la représentent et permettent de mettre des images sur le mot pour renforcer son sens.
Le mot « sale » est peint en rouge sur un arrière-plan réalisé à partir d’un collage d’étiquettes promotionnelles. Pour un anglophone, le mot désigne les soldes au premier abord et s’interpose aux étiquettes de promotions. Pour un spectateur francophone, cela peut également être le cas puisque le mot anglais « sale » est un anglicisme récurrent sur
les étiquettes en France, et que l’arrière-plan de l’œuvre met cette traduction en évidence. Cependant, le mot « sale », par sa matière abîmée et la couleur rouge sang de ses lettres, renvoie à un aspect sombre de l’œuvre.
Le mot français « sale » renvoie alors à quelque chose de sordide, de dégoûtant. En jouant avec les mots et les matériaux, elle relève un double sens entre les soldes qui incitent à consommer, et une consommation sale et exagérée. L’œuvre Sale rend compte d’une critique de la société actuelle de surconsommation de masse. Elle dénonce les achats compulsifs en sé-
rie en dépassant largement la satisfaction des besoins vitaux, qui ont un impact considérable sur la planète. Sale, par son ton sarcastique et son intention de mettre en garde, s’est inspirée et a été réalisée dans la continuité de l’œuvre Pain d’Erik Dietman pour lui rendre hommage.
Ainsi, les deux œuvres explorent le double sens tout en traitant de sujets lourds et problématiques. Les phénomènes dénoncés sont également des thématiques actuelles que l’art permet de mettre en lumière de manière plus subtile.
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Par Mathilde Rodrigues, Eve Robin, Elia Derville, Ines Laouar Rim Jebli
@ÈVE ROBIN, Sale , 2022
ABCD’ART
LE pouvoir des lettres
L’écriture fait partie des premières traces porteuses de sens laissées par l’Homme. La force des mots est si forte qu’elle permet de construire, créer ou détruire. Au fond, c’est une décision qui nous appartient : soit on pratique, soit on censure. Ici, on explore l’art avec les mots en créant des interactions entre les lettres et les images afin d’affirmer la puissance du message transmis.
ART & PROTESTATION
Raoul Hausmann ou « le dadasophe » est un grand théoricien et polémiste du XXème siècle. Il est le grand inventeur du photomontage et partisan du mouvement Dada, mouvement littéraire, intellectuel et artistique ayant vu le jour au début du XXè siècle à Zurich sous la première guerre mondiale. Les artistes cherchaient un moyen de communication pour exprimer leurs sentiments sur le monde qui les entoure: c’était avant tout un état d’esprit. Purement provocateur, cet art est utilisé pour casser les codes classiques de la peinture afin de remettre en cause les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et politiques établies. Le mouvement dadaïste est « anti-tout » : c’est un art de manifestation. Il est question de montrer que l’art peut se trouver partout, à travers les sons, les photos et les lettres. Le dadaïsme est alors caractérisé par la technique du photomontage, nouvelle forme d’art représentant une version inédite du collage afin de transmettre un message politique fort.
vec ABCD, les multiples techniques du collage sont exploitées : cette œuvre est significative de toute la maîtrise acquise par Raoul Hausmann. Cet autoportrait de l’artiste est son dernier photo-
Amontage dada. On a un enchevêtrement de mots, de chiffres et de lettres, générant un film sonore et visuel d’événements biographiques simultanés (papiers découpés, billets de banques), retraçant la vie de l’auteur et son implication dans le mouvement Dada. ABCD
est une nouvelle façon de faire et de penser l’autoportrait et l’image, impliquant une rupture avec la peinture traditionnelle. La typographie et la forme des lettres inventent une nouvelle esthétique ; synonyme d’une expérience inédite.
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@ raoul hausmann, ABCD ,
Raoul Hausmann pratique l’art de protestation et son autoportrait est articulé afin de raconter une histoire avec un effet sonore produit par les lettres. Nous avons choisi de reprendre cet effet en articulant notre production artistique à partir de formes qui évoquent un son de détresse d’un
jeune garçon. Pourquoi est-il en train de crier ? L’articulation des formes traduit les raisons pour lesquelles il est paniqué. En effet, la surconsommation et la crise environnementale sont des faits qui animent notre société : l’impact de ces phénomènes sur les générations futures est considérable. Il est donc nécessaire de dénoncer ces phénomènes à travers l’art afin d’être impactant.
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« Le mouvement dadaïste est anti-tout : c’est un art de manifestation »
LA RUPTURE
1923-1924
@Lyse Amissah, Emeline Da Silva, Francesca Comte, d étresse d’un jeune garçon 2022
Par Lyse Amissah, Emeline Da Silva, Francesca Comte
La lettre
dans l’œuvre
Le constructivisme à l’œuvre
Mouvement artistique d’avant-garde Russe apparu en 1914, le constructivisme se développa avec la révolution bolchevique. Il est fondé sur une conception géométrique de l’espace, par l’assemblage de plans et de lignes.
l’art au service du peuple
Fervent défenseur d’un modèle artistique au service du peuple. Rodtchenko a réalisé de nombreuses œuvres dont l’affiche de propagande avec Lili Brick. Cette affiche est une œuvre dédiée au public des rues. Elle incite les soviétique en 1923, alors qu’une dictature se dessine dans le pays, à acheter des livres produits par les Éditions d’État de Leningrad. Dans l’œuvre nous pouvons voir une femme : portant pour l’occasion un fichu de prolétaire. Sa main gauche est placée en portevoix, elle crie avec enthousiasme le mot « Knigi ! » (« Livres ! ») un grand triangle noir accentue l’ouverture de la bouche et donne sa forme au texte principal. A la suite est écrit : « des livres pour tous sur tous les thèmes et sur tous les sujets ». La typographie est inscrite entre des lignes obliques qui donnent son dynamisme au texte principal.
Les couleurs de l’œuvre et du texte sont réduites à cinq. Le noir, le blanc, le rouge, le bleu et le vert. Le rouge peut être un rappel à la couleur du PCUS et symbolisant également le sang des révolutionnaires communistes. Le texte permet aux spectateurs de bien comprendre le message que l’artiste souhaite faire passer à travers son œuvre mais devient aussi une vraie composante de l’œuvre. En effet, le texte sort de sa fonction première et de sa forme dite « classique » en multipliant les couleurs et les tailles et en s’imbriquant dans les formes géométriques de l’œuvre. Le texte acquiert une nouvelle dimension qui rompt avec l’aspect classique de la lettre, cela amplifie alors son importance. Le graphisme lui est réduit à l’essentiel : un cercle souligne les courbes du foulard, les yeux et la bouche. Un grand rectangle horizontal structure le contour de l’affiche. Le personnage est représenté en gros plan dans une attitude combative, le rouge prédomine,
la composition est centrifuge, il existe un slogan au lettrage carré et massif, fortement mis en évidence. Ces éléments vont créer un style de graphisme que nous associons directement aux codes de représentation de la propagande soviétique et à son mouvement, le constructivisme. Ce mouvement enclenche un basculement, qui se doit d’être imprimé sur toute la société. Il y a une rupture avec la stabilité de la peinture traditionnelle, une fenêtre s’ouvre sur le monde.
@Alexander Rodchenko, Des Livres ! Pour tout savoir ! , 1923
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pour dénoncer
Total Énergies se lance dans un nouveau projet gazier. Menaçant une faune marine riche ainsi que les ressources des populations locales en Afrique du Sud.
Pour cette affiche nommée Côte méridionale d’Afrique en danger, nous y reprennons les codes du constructivisme. En effet, la composition géométrique (et non figurative) permet d’encourager la
créativité du spectateur grâce à un ensemble de formes et de couleurs : il va pouvoir laisser vagabonder son imagination.
L’œuvre peut se lire de deux manières. Si nous la lisons du haut vers le bas, le triangle peut représenter un pique voir une arme qui enclenche instinctivement l’effet de violence provoqué par la compagnie TotalÉnergie, ou encore le pétrole venant attaquer l’océan.
Le carré rouge représente le sang de toute la biodi-
versité marine.
Nous pouvons aussi lire cette affiche du bas vers le haut, le triangle peut-être aperçu comme un cri d’alerte de la part de l’océan, qui viendrait alarmer les spectateurs de la situation.
En effet, ce triangle peut s’apparenter à un dictaphone. Nous pouvons aussi remarquer la place importante du texte dans l’œuvre. Le mot « pollution » écrit en blanc, directement dans le triangle noir, renforce et met en évidence son message
et témoigne du résultat de l’ensemble des actions effectuées par la compagnie TotalÉnergie. La déformation typographique utilisée sur le mot « pollution » donne un effet d’entonnoir, cela donne l’impression que le mot « pollution » se dirige en effet tout droit vers l’océan, à l’inverse, nous pouvons avoir l’impression que l’océan rejette ce mot ou le crie comme une alerte. Nous remarquons le mot « stop » écrit en majuscule et en noir sur un fond rouge, sa signification et son aspect amplifient la fonction d’alerte du carré rouge.
Puis un cercle rouge pouvant représenter une bombe est accompagné du mot « danger » pour informer et tirer le signal d’alarme sur la situation.
Le texte va aider à la compréhension mais il va aussi devenir un véritable élément pictural.
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l’art
STOP
Par Alix Sauvage
« Une fenêtre s’ouvre sur le monde »
@luna moritz, Côte méridional e d’Afrique en dan ger , 2022
les choisirmots de la contestation à la contradiction
L’écriture et le dessin sont liés depuis toujours. Aujourd’hui les artistes n’hésitent pas à mêler les mots à leurs œuvres ou à traduire l’écriture en art. L’alliance des deux permet de faire passer un message, une émotion.
la royauté dénoncée
Alors que le jubilé des 25 ans de règne de la Reine Elizabeth II débute, un groupe nommé Sex Pistols ainsi que l’artiste Jamie Reid décident de fêter cela à leur manière.
Classique de l’histoire du rock, ce morceau saisit par sa brutale efficacité l’impact provocateur d’un titre qui détourne l’hymne national britannique. Le single God save the Queen accompagné d’une illustration choquent la population.
l’art interdit
Sur ce tableau réalisé en 1977, Jamie Reid à recourt à un code couleurs visuellement efficace pour afficher une reine parée de ses joyaux présentée en noir et blanc au sein d’un drapeau du royaume uni aux couleurs éclatantes. Cette opposition, serait-elle le symbole d’une monarchie en total décalage avec la société britannique ?
Certes, il fallait oser, bâillonner la reine et lui bander les yeux. Jamie Reid l’a fait. La reine, figure emblématique du pays, est défigurée par deux traînées de collages aux paroles ne laissant aucune ambiguïté. Par ses yeux bandés, on se demande si la reine est aveugle aux problèmes de la société. Par sa bouche recouverte, Jamie Reid fait passer le message que le discours de la monarchie n’est plus audible
par le peuple. God save the queen est à la fois l’hymne national du Royaume uni et le titre de la non moins célèbre chanson des Sex Pistols.
Jamie Reid, cet artiste engagé, a beaucoup utilisé la technique du collage. Dans cette œuvre, des collages de mots provenant de titres de quotidiens britanniques découpés, de différentes tailles et types de typographies, et en noir et blanc.
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@Jamie Reid, God
Par cette technique, il fait allusion aux demandes de rançons anonymes envoyées par les kidnappeurs. Une monarchie en noir et blanc qui s’efface, forcée de se taire ou que l’on ne veut plus écouter au sein d’un peuple, aux couleurs vives qui s’exprime et se rebelle. Ce tableau est une
réelle provocation face à la monarchie et l’establishment. Avec cette demande de rançon audacieuse du peuple à la monarchie, l’artiste Jamie Reid a su exprimer avec force et conviction, l’état d’esprit et l’envie de liberté et de changement d’une partie de ses compatriotes.
« Une monarchie en noir
et blanc qui s’efface »
D’un point de vue personnel, nous trouvons ce tableau de l’artiste Jamie Reid bien pensé. Il utilise le texte de façon originale afin de relever un sujet fort de société. Cette œuvre peut se décliner de différentes façons. Nous avons décidé de produire deux créations plastiques sous forme de montages photo et de collages à la façon de Jamie Reid. Pour ce faire, nous avons choisi de représenter deux hommes politiques et y inscrire des phrases en totale opposition avec ce qu’ils pensent vraiment. Pour le texte, l’objectif était de jouer avec les différentes typographies, couleurs ainsi que corps de texte, mais surtout de mettre en avant l’importance du texte dans l’art. Sur ce tableau de Jamie Reid sans lecture du texte, la compréhension n’est pas la même.
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Par Elisa Brossard, Ambre Cotterot, Zoé Da Silva, Pierre Kotomalala
save the queen , 1977
@Élisa Brossard, Ambre Cotterot, Zoé Da Silva, Pierre Kotomalala, Kim jong un : Je vous écoute, 2022
@Élisa Brossard, Ambre Cotterot, Zoé Da Silva, Pierre Kotomalala, Poutine, l’Ukraine, peuple frère, 2022
mon om mise en abyme
Albrecht Dürer est un artiste peintre et graveur allemand né à Nuremberg en 1471 et meurt en 1528 à 57 ans. Dürer est aussi connu comme théoricien de la géométrie et de la perspective linéaire.
La signature
Adam et Ève est une gravure sur cuivre exécutée au burin. Intégré à cette représentation des écrits se trouvent entre les mains d’Adam : un petit panneau contenant la signature d’Albrecht Dürer, la date ainsi que son monogramme extrêmement singulier A et D. L’écriteau, intégré à la scène, montre ainsi que l’artiste fait preuve d’audace parce qu’à cette époque, aucun artiste ne signait de cette manière. En réalité, Dürer a toujours effectué un travail d’intégration de sa signature. C’est à se demander s’il voulait que l’on se souvienne de lui par son nom ou par son style et ses prises de risques. Pour ce faire, il utilise ici une typographie à empattement triangulaire, de la famille des Humanes, datant du XVè siècle. Cela nous donne ici l’occasion de comprendre l’un des rôles des lettres dans l’art : la reconnaissance. Peut-être peut-on considérer cela comme une forme d’égoportrait de l’époque. Le panneau est en bois. On peut y voir un hommage à son apprentissage auprès de Wolgemut mais
cela va beaucoup plus loin. Adam et Ève étant elle-même une gravure sur cuivre, Durer nous fait assister à une mise en abyme de la gravure. Effectivement il s’agit d’une œuvre citée et emboîtée à l’intérieur d’une autre de même nature. Notre réflexion est indirectement portée à ce ni-
veau de l’image puisque la mise en abyme ne reste pas un simple procédé artistique mais a pour effet de donner une seconde dimension aux gravures. La gravure principale n’est finalement pas forcément Adam et Ève mais la signature d’Albrecht Dürer qu’il met en scène, et
qui contrairement aux visages qui changent à tel point que l’on ne peut les reconnaitre selon la période de la vie à laquelle ils ont été peints, le texte et les lettres ont eux ce pouvoir de ne point s’effriter. Le pouvoir de cette gravure se trouve dans ce qui ne varie jamais.
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n@Jessica Veeramootoo,Océane Djéni, Stella Ayeboua Govi, JOS, 2022
L’ART ET LA MISE EN ABYME
La mise en abyme est un procédé artistique qui permet d’attirer l’œil du spectateur sur un objet en particulier et de faire passer un message. Ici, le choix du collectif d’artistes s’est porté sur une signature positionnée au cœur de la photographie. La volonté de celui-ci est de laisser une marque intemporelle,
aussi sa signature est aussi considérée comme une œuvre d’art à part entière. Une seconde signature signe la photographie mais aussi le magazine car elle est intégrée à l’article. C’est la fonction d’ancrage de l’œuvre. Elles appartiennent à une époque et jamais ne vieilliront. Nous pouvons aussi l’expliquer par le choix des couleurs, le noir et le blanc.
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« Peut-on considérer cela comme une forme d’égoportrait ? »
@Albrecht Durer, Adam et Ève , 1504
Par Jessica Veeramootoo ,Océane Djéni, Stella Ayeboua Govi
Nauman
ET le paradoxe humain
Artiste sculpteur, vidéaste, et provocateur à ses heures perdues, Bruce Nauman illustre à travers ses œuvres la condition humaine telle qu’il la perçoit. Dès 1960, il s’intéresse à des thématiques plus violentes, souvent même d’ordre sexuel. Débute alors son travail avec le néon, technique pour laquelle on le connait aujourd’hui.
LA VIE FACE À LA MORT
Comme l’a dit Marguerite Yourcenar, « personne ne sait encore si tout ne vit que pour mourir ou ne meurt que pour revivre ». Telle est l’idée que Bruce Nauman véhicule à travers son œuvre One Hundred Live and Die. Réalisée intégralement en néons de couleurs vives, la structure lumineuse est principalement composée de rouge, de rose, et de orange, le but étant d’attirer le regard. La justification du texte à droite n’est d’ailleurs pas anodine, ce symbole marque l’anticonformisme de l’artiste. Dans cette création, les mots sont interdépendants de l’œuvre, ils sont essentiels à l’œuvre et prennent vie à travers elle. C’est pourquoi Nauman a mis au point un algorithme permettant d’allumer les phrases les unes après les autres de manière instantanée. Puis, les colonnes s’allument une à une à leur tour. Le final se clôt par l’illumination de l’œuvre entière, en partant du bas jusqu’en haut, créant une réelle symphonie visuelle. Ce sont en tout 100 mots. 100 mots pour décrire la condition humaine, nos émotions, et actions quotidiennes. L’œuvre personnifierait ainsi notre expérience de vie.
Les groupes de mots se terminent par « Live » ou « Die », autrement dit « Vit » ou « Meurt », car nous sommes conditionnés soit à la vie, soit à la mort. C’est la fatalité de la condition humaine. Par ailleurs la relation entre les couleurs et le noir illustre le pa-
radoxe entre la vie et la mort. Cependant, il faut considérer cette œuvre comme une ode à la vie, l’objectif de Nauman n’étant pas d’assombrir notre vision de la vie, mais davantage de sensibiliser, et faire prendre conscience de son sens. Ce sont ainsi 100 mots
pour expérimenter la vie qu’il utilise à juste titre comme des chocs incitant à l’action « Eat, sleep, feel, love, hate, play » parmi d’autres. Différents mots pour dire une seule et même chose, « il est temps de vivre ».
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@alice Louys, Fracture , 2022
FACE À
Fracture est une œuvre photographique réalisée et travaillée par nos soins, qui présente le paradoxe entre la vie et la mort.
Il est vrai que la société nous apprend très tôt à voir la vie en rose, mais qu’en est-il de la voir réellement, telle qu’elle est. En effet, tout comme Nauman, nous avons choisis de faire jouer la lumière et le mot afin d’attirer l’attention de notre public sur le pa-
radoxe émotionnel de la vie. Ainsi la fusion du rose et du noir crée une forte contradiction et rejoint le message de Nauman dans son œuvre.
Ainsi, la place du texte au sein de l’image nous semble extrêmement importante car il donne du sens et un contexte, et permet une meilleure compréhension de l’œuvre.
Le texte peut permettre d’atténuer, d’exagérer, de compléter, d’opposer ou encore de renforcer ce que l’on voit dans une image. Chaque mot a sa propre force et sa propre incidence sur le sens qu’on attribue à une image.
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« Il faut considérer cette œuvre comme une ode à la vie »
FACE
@Bruce Nauman, One Hundred Live and Die , 1984
Par Louys Alice, Sissoko Nour, Taillandier Clarence et Tholomier Anaïs
À DOUBLE SENS
QUAND LE DESSIN DESSERT LES MAUX
L’art, mode d’expression parfois abstrait, assemble parfois images et mots. Il arrive que ces deux aspects essentiels de l’art se complètent et s’amplifient pour exprimer alors une même réalité et apporter une nouvelle allégorie enrichie.
un artiste complet
Héritière et novatrice, la poésie française reflète notre histoire depuis les origines de la langue jusqu’à aujourd’hui. Elle montre une grande variété formelle et thématique tout en privilégiant traditionnellement une versification classique. Victime d’une contestation à la fin du XIXème siècle, de nombreux poètes recherchent la modernité et l’éclatement de la forme dans leur art. Le rejet de la régularité formelle et traditionnelle de la poésie va mener Apollinaire à promouvoir une écriture poétique qui prendra l’espace dans la page. Il élargit la définition de la poésie en proposant une composition visuelle synthétisant l’art pictural et le texte
Apollinaire épouse une conception plus synthétique et pluridisciplinaire de l’art poétique incluant le visible, le lisible et l’audible. C’est une œuvre qui se distingue par sa matérialité mobilisant des formes géométriques, des lignes et des volumes interprétés par la lettre. La propriété du
littéraire. De nouvelles relations s’établissent alors entre le visible et le lisible : le calligramme. C’est un poème dont la disposition graphique sur la page forme un dessin, en rapport ou non avec le sujet du texte. Cela permet d'allier l'imagination visuelle à celle portée par les mots. Dans La colombe poignardée et le jet d’eau, Apollinaire use de la place, la forme et la graisse des lettres pour guider le lecteur dans l’aspect symbolique de l’image formée par les mots qui ont fonction d’ancrage. En effet, plusieurs distinctions sont possibles, la colombe est-elle poignardée ? Le « C », plus gras que le reste du poème, vient dessiner la tête de la colombe, mais cette lettre dessine aussi le pommeau du poignard planté dans la colombe.
calligramme est donc la polysémie qui tient à l’interaction entre le langage et l’image au sein d’un espace unique. L’image concrétise et matérialise le langage et ce dernier permet d'interpréter le premier et l’enrichit sur le plan symbolique. L’image assure donc une fonction d’ancrage, elle délivre au
lecteur le message dénotatif du poème. Il consiste dès lors à « effacer ludiquement les plus vieilles oppositions de notre civilisation alphabétique » : montrer et nommer ; figurer et dire ; reproduire et articuler ; imiter et signifier ; regarder et lire.
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@Apollinaire, la colombe poignardée et le jet d'eau , 1918
VERS LE MODERNISME
La symbolique est primordiale pour offrir une relation croisée du visible et du lisible. Gorgeous Knight de G.L.A.S. en est le parfait exemple : l'interprétation de la portée des mots appartient à la sensibilité du lecteur guidé par le dessin. Synthèse entre la poésie, l’écriture et le dessin, le calligramme trouve son inspiration dans la peinture. La couleur ap -
portée dans cette œuvre suscite une authenticité, un caractère identifiable dans l’art ainsi qu’un symbolisme servant d’ancrage au poème. Le discours verbal ne se limite pas seulement à décrire le dessin figuré tout comme ce dernier ne se contente pas d’illustrer l’expression verbale. Les différences entre le lisible et le visible s’estompent alors à travers le calligramme apportant une synergie parfaite.
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« Il élargit la définition de la poésie en proposant une composition visuelle »
@Gracia, Lauriana, Anaé, Shana, GLAS, GORGEOUS KNIGHT, 2022
Par Shana Amar, Anaé Boisyvon, Lauriana Gufflet, Gracia Samafundu
ART et LETTRES Quand le texte complète les images
pour dénoncer une société en déclin
LE
COÛT
D’ÊTRE UNE FEMME
Le XXIème siècle semble vouloir dessiner une nouvelle ère d’acceptation pour les femmes, mais naître de sexe féminin reste un challenge. Le travail que nous avons réalisé est un ticket de caisse qui tente de mettre en scène le prix d’avoir deux chromosomes X. Le titre, Au Bonheur des hommes, dénonce une société dans laquelle les femmes s’apprêtent, non pour elles mais pour leurs pairs masculin. Le texte dénonce les standards qui sont demandés à la femme et qu’elle doit se doit payer pour être belle dans notre société. Le prix payé est volontairement élevé pour mettre en exergue la sexualisation de la femme : un poids que les femmes ont toujours subi, et qu’il semble, subiront toujours. Le corps dessiné sur le billet objectifie encore plus le genre féminin car la femme est représentée nue, prête à être habillée, maquillée, et pomponnée. Elle est représentée à escient de la manière la plus simple possible, tout ce qu’un homme ne recherche pas chez une femme. Par le texte, ce ticket de caisse, qui apparaît dans un premier temps comme anodin, interroge un réel problème qui est restée d’actualité à travers les siècles : quelle est la place équitable que la femme est en droit d’exiger dans notre société patriarcale ?
Les deux œuvres étudiées sont extrêmement différentes, tant dans leur époque, que leur genre, leur style, leurs couleurs, leurs typographies. Mais elles se rejoignent sur un même point : elles dénoncent. Nous pensons ces œuvres comme deux oppositions : l’une à la guerre et aux problèmes d’une
société grandissante (la guerre, la surconsommation, la place des femmes), et l’autre au regard et à l’objectification des femmes par les hommes. Bien que le contexte de guerre soit beaucoup plus présent dans le collage de Eduardo Paolozzi, ce contexte est retrouvée dans Au bonheur des hommes puisque la
guerre contre la sexualisation des femmes existe bel et bien aujourd’hui, et elle devient de plus en plus importante : les femmes ne se laissent plus faire comme à l’époque de I Was a Rich Man’s Plaything. Ces deux œuvres démontrent ensemble une société en déclin malgré sa croissance continue qui est censée être synonyme d’évolution.
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@Marie Adamowicz, Camille Boutebien, Olivier lainé, Bérénice Simar Au Bonheur des hommes , 2022
I WAS A RICH MAN’S PLAYTHING
L’œuvre est un collage Pop. Des typographies expressives sont utilisées pour les textes. La bulle «POP» indique une explosion et la couleur rouge le sang. L’image du pistolet qui est tenu par la main d’un homme avec écrit en dessous « TRUE »
rappelle la guerre mais également la puissance de l’homme sur la femme, qui est ici sexualisée de par sa tenue et le contenu rédactionnel. La phrase «Keep Em’ Flying» fait référence au film « Deux Nigauds Aviateurs » réalisé en noir et blanc tout comme la phrase utilisée dans le collage.
« Quelle est la place équitable que la femme est en droit d’exiger dans
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notre société patriarcale ? »
@Eduardo Paolozzi, I was a Rich Man’s Plaything , 1947
Par Marie Adamowicz, Camille Boutebien, Olivier lainé, Bérénice Simar
WYSIWYG des mots vus avant d’être lus
Dans son travail, Tania Mouraud interroge la composition et le montage typographique afin d’arrêter le spectateur pour le faire réfléchir et comprendre sa démarche. Elle pose la question de savoir quand le travail sur la forme de la typographie fait œuvre ?
art et communication
Lorsqu’on insère des mots dans des œuvres, on dissocie deux types de comportement.
Le premier est celui des personnes qui voient simplement l’œuvre sans chercher un sens. Le second est celui des personnes qui voient au-delà de l’œuvre et prennent le temps d’y déceler un message. La motivation derrière le fait de s’attarder sur une œuvre est le désir de ne pas s’arrêter à une seule réponse. Derrière ces œuvres se cache le désir non seulement de donner le goût mais aussi la curiosité de l’art.
Tania Mouraud joue sur « les modes de perception de l’art ».
C’est le cas pour son célèbre tableau W YSIWYG, conçu en 1989. Cette peinture murale acrylique met en avant des mots et des images qui se complètent sous forme de montage. À cette époque, what you see is what you get était le slogan du Macintosh qui représente parfaitement l’usage d’une
nouvelle technologie. C’était la première fois qu’à cette époque, nous avons eu la possibilité de voir à l’écran ce que l’on voulait imprimer. Elle utilise ce slogan dans le but de souligner la question de la perception d’une œuvre « si je considère que c’est un décor
j’obtiens un décor, what you see is what you get ».
L’artiste met l’accent sur le fait que son œuvre s’adresse aux gens qui ont le temps « si on n’a pas le temps, tant pis ». Pour ceux qui considèrent que l’œuvre ne sert pas qu’à habiller une pièce, il y a comme un jeu. En effet, il s’agit d’abord d’analyser l’œuvre en question, puis d’en faire sa propre conclu-
sion. Pour ce faire, il faudra alors déceler les lettres qui s’y cachent. Les premières lettres identifiables sont les « s » qui interpellent le spectateur sur le fait qu’il y a un message inscrit.
Suite au processus de la première étape, le spectateur arrive à déchiffrer le message. Il se rend compte alors que le message trouvé «what you see is what you
get » prend tout son sens. En effet, prendre le temps de regarder une œuvre (what you see), nous permet d’obtenir son véritable message (what you get). Elle n’a donc pas besoin de description supplémentaire, elle se suffit à elle-même.
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qr code, un message caché
Ce QR code reprend « les modes de perception de l’art » à la façon de Tania Mourand. Comme pour son œuvre WYSIWYG, certaines personnes verront un simple QR code et d’autres, poussées par leur curiosité, prendront le temps de déceler le message que dissimule l’œuvre. Le spectateur tombe à nouveau dans un jeu. Après avoir été interpellé par le S
et le T, il réalise que le QR code n’a pas sa fonction habituelle et se met à déchiffrer le message. C’est en s’éloignant de quelques pas que vous découvrirez ce qui est écrit : « voir c’est savoir ». Ce célèbre dicton d’Alfred de Musset vient donner un sens à l’œuvre et génère un sentiment de satisfaction chez le spectateur. Nous désirons à travers cette composition le pousser à une réflexion sur la perception que chacun a de son environnement.
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« What you see is what you get »
@Tania Mouraud, What you see is what you get, 1989
@AUGUSTIN DAUTRESME, Safia boujadi, babette kjaer et Kawthar benkhalifa, Voir, c’est savoir, 2022
Par Augustin Daumestre, Safia Boujadi, Kawthar Benkhalifa et Babette Kjaer
Roman
Opalka
une œuvre immuable
1965/1 à l’infini est l’œuvre la plus connue d’Opalka. Commencée en 1965 et « terminée » par sa mort, Opalka s’est lancé le défi d’une vie. En partant du chiffre 1, et cela, jusqu’à l’infini ou du moins le nombre 5607249, Opalka nous plonge dans l’univers du temps qui passe.
L’écoulement du temps
L’œuvre d’Opalka est intrigante dans toute sa composition. Une des thématiques les plus abordées chez Opalka est l’écoulement. L’écoulement des données, en l’occurrence des nombres, dont la répétition quasi-obsessionnelle se remarque aussitôt.
On retrouve aussi l’écoulement de la toile, qu’il sature et exploite de manière systématique.
Il y a aussi l’écoulement d’une situation, de la pratique artistique en elle-même, extrêmement codifiée et circonscrite à un programme, à un ordre, à des techniques bien précises, impliquant un investissement de temps monumental. Lorsque Opalka ne pouvait pas être chez lui à inscrire les nombres sur sa toile, il prenait des cartes de voyages sur lesquelles il avait décidé de continuer son œuvre. Mais il y a surtout l’écoulement du temps. A travers sa composition, Opalka nous laisse percevoir un certain écoulement du temps. Le temps passe au fur et à mesure des nombres inscrits sur la toile. Pour accentuer cette thématique-là, Opalka a décidé d’éclaircir
le fond de chaque toile par rapport au précédent en y ajoutant 1 % de blanc et ce, jusqu’à l’infini ou, plus exactement, jusqu’à sa mort. C’est pour cela qu’on peut parler d’écoulement du temps ; Opalka a tenté de
le retranscrire à travers cette composition qui lui aura pris 46 ans. L’artiste avait aussi décidé de se prendre en photo devant sa toile chaque jour en fin de session. Il existe donc des centaines de portraits de l’artiste où
l’on se rend compte indéniablement de l’écoulement du temps à travers l’évoluation de son visage. Un autre marqueur de l’écoulement mis en scène par la pratique singulière de cet artiste.
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@Roman Opalka, 1965/1 à l’infini , détail, 1965
NOTRE ÉCOULEMENT
À
travers 2003/jusqu’ on espère à l’infini nous avons essayé de réutiliser l’essence même de Roman Opalka et de reprendre sa thématique la plus abordée qui est l’écoulement du temps. À travers cette œuvre, nous avons décidé de présenter l’écoulement du temps d’une autre manière. À travers notre composition, nous avons mis
en œuvre une vie qui s’écoule à l’aide de photographies qui vont de décembre 2003 jusqu’à maintenant. Prendre des photos nous a paru logique puisque le sujet devient plus vivant et cela permet au public de mieux s’identifier. En mettant le sujet dos à ses photos de lui bébé jusqu’à maintenant, cela permet de personnifier l’écoulement du temps. À travers cette mise en scène, nous montrons que le passé ne définit pas le futur, mais qu’il accompagne le sujet même de loin.
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« Le passé ne définit pas le futur, mais accompagne le sujet de loin »
Par Charlotte Rochette de Lempdes, Camille Cherbuin, Appoline Anglade et Jeanne Wurtz
@Charlotte Rochette de Lempdes, Camille Cherbuin, Appoline Anglade et Jeanne Wurtz, 2003/jusqu’on espère à l’infini, 2022
à dul’oeuvre texte
Natalia Gontcharova
Natalia Gontcharova est une peintre russe et décoratrice de théâtre du 20ème siècle, née le 3 juillet 1881. Principalement inspirée par les mouvements cubiste et du futuriste, elle est notamment connue pour son œuvre Cycliste (1913).
ANALYSE DE L’ŒUVRE
En 1913, alors que l’industrialisation est en plein essor, on observe une réelle avancée économique et sociale dans le monde. Cette huile sur toile de N. Gontcharova met en scène un cycliste lors d’une traversée en ville. La vitesse du personnage est exprimée graphiquement grâce à la multiplication des membres et des contours, se faisant témoin de la rapidité à laquelle le monde avance. Hormis la plastique cubo-futuriste, l’œuvre est telle, que l’on se croirait être dans l’action avec le cycliste. Les éléments de la ville sont mul-
tipliés, entre les pavés, la plaque d’égout ou encore les vitrines de magasins que l’on perçoit aux côtés du cycliste. Cet effet est renforcé par le mouvement des lettres qui ont un rôle bien particulier dans l’œuvre, qui est de former des mots. Comme le mot « soie » disposé sur du bleu, couleur apaisante et céleste qui se détache parfaitement des lettres, et qui contraste avec les couleurs de la ville plus ternes. Ce mot résonne avec la texture de la soie qui est aérienne et voluptueuse, comme ce bleu. Enfin, le mot « chapeau » montre une vitrine de boutique qui illustre
tion forte de l’espace. Le spectateur est témoin d’une avancée sociétale. Dans Le Cycliste, la lettre rend compte de la transformation de la ville et de la société ; l’artiste se fait le témoin de celle-ci. C’est en introduisant la lettre que N. Gontcharova illustre sa foi dans le changement et dans le progrès. À cela,
le rapport à la commercialisation. Ces mots renforcent l’effet de vitesse par leur disposition sur la toile, le cycliste est si rapide que les mots le suivent. La main pointe dans le sens inverse du personnage, cela vient appuyer l’effet de pénétra-
s’ajoute la décomposition des mots, qui viennent parfois couper et se détacher des vitrines, appuyant l’effet de vitesse que fait ressortir le cycliste. Par ailleurs, la disposition des mots renforce et permet au spectateur de se projeter dans la
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toile, donc dans la scène avec le cycliste.
@Natalia Goncharova, Cycliste , 1913
Cette œuvre est faite avec des techniques traditionnelles, à la main, en collage sur carton. Les mots ont été choisis dans des magazines, média qui accompagne le quotidien des personnes, que ce soit pour s’informer ou se divertir, traitant de sujets d’actualité et sont entremêlés. Le hasard n’a pas sa place dans cette composition. Ce sont des mots qui ont été écrits par des journalistes, et par conséquent ont permis de ne pas rester victime de nos préjugés et de garder un regard le plus neutre possible sur notre monde. Il a été décidé d’enfermer ce cadre dans du fil pour renforcer l’idée qu’en tant que personne, nous sommes enfermés par ce panel d’informations.
LA PLACE « L’art est évolution, l’art est révolution »
Enfin, le cordage avec le nœud papillon représente l’effet papillon, car les actes ont des conséquences, à travers ceci nous tentons de présenter l’enfermement dans le surplus d’informations que l’on reçoit tous les jours. Notre composition se fait témoin de notre société. Nous nous plaçons en spectateur d’une société en progrès, mais aussi avec des dysfonctionnements évidents, tout en restant le plus objectives possible vis-àvis du changement sociétal.
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Par Capucine Buchon, Louna Kerhervé, Léa Bernardino et Eva Alves
@capucine buchon, louna kerhervé, Léa bernardino et Éva alves, L’information nous enferme , 2022
Wembo Jah Oléla
PARADOX’ART AU-DELÀ
DU SENS
L’art est une forme d’expression dont les techniques se sont multipliées au fil des années. L’utilisation du texte et de la lettre permet parfois à l’artiste d’expliciter ses idées, de troubler le spectateur...
LE BRUIT DES MOTS
Dans son œuvre, Jasper Johns a choisi de changer ses habitudes artistiques en ayant pour mot d’ordre : la liberté. Sur sa peinture figurent des taches et des mots de couleurs perçus comme aléatoires par le spectateur. Cependant, cette disposition est mûrement réfléchi par l’artiste puisqu’on se rend compte que le texte écrit est en contradiction avec ce qu’il montre. Il différencie l’appellation de la couleur de la couleur qui la compose, ce qui est inhabituel dans notre perception des choses. En effet, on apprend depuis l’enfance à associer un mot à sa représentation : le mot blanc est associé à la couleur blanche. Or, dans False Start, Jasper Johns vient perturber cela en supprimant les associations naturelles qu’on fait des couleurs. Par exemple, on retrouve le mot « rouge » écrit en orange sur une tache de couleur jaune. Ce parallèle qu’il crée entre ce que l’on lit et ce que l’on voit pousse à une réflexion personnelle puisqu’il détruit ce que l’esprit connaît déjà. En utilisant ce procédé, les mots qui ne font pas référence à la bonne couleur vont avoir
un rôle de relais entre l’œuvre et le spectateur. Un dialogue s’ouvre alors dans le but de découvrir la logique de False Start. À première vue, le spectateur ne va pas comprendre la peinture. Cependant, grâce aux mots, il va l’analyser parce qu’il voit des symboles identifiables pour lui. En ques-
tionnant le rôle des mots dans sa peinture, Jasper Johns ne se met pas de limites et permet à la couleur d’être vue par un autre moyen. Cette liberté dans la conception de son œuvre se reflète dans l’interprétation. Il laisse à son spectateur la liberté de comprendre sa pein-
ture et son sens sans le lui imposer. Pour Jasper Johns, les mots floutent et troublent nos esprits au premier regard. Une analyse de la peinture est nécessaire pour en comprendre son sens.
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@Jasper Johns, False Start, 1959
UNE RÉFLEXION À TRAVERS l’interprétation
Troubler l’interprétation du spectateur : c’est la similitude entre False Start et notre œuvre. Elle se base sur la réflexion que la peinture nous a transmise : le rôle du texte par rapport à un autre élément. Notre composition est guidée par la même contradiction
entre le texte et la couleur de Jasper Johns, mais cette fois-ci en employant les formes. De la même manière que nous associons le mot bleu à la couleur bleue, on va associer le mot carré à la forme géométrique du carré. Afin de recréer cet esprit de suppression du sens initial du mot, le nom d’une forme est placé sur une autre forme. Les lettres sont écrites avec une logique de géométrie opposée à leur sens pour créer le même bouleversement que dans False Start.
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« Jasper Johns ne se met pas de limites et permet à la couleur d’être vue par un autre moyen »
@PAULINE FLENET ET AURORE GALLET, Géométrie variable , 2022
Par Pauline Flenet, Maïssara Djerrad, Marie Bacholle et Aurore Gallet
ÉCRIRE L’ART
LA LETTRE DANS L’ART
Lawrence Weiner est une figure emblématique de l’art conceptuel du XXème siècle. Ce mouvement artistique accorde plus d’importance aux concepts et aux idées plutôt qu’au visuel. Ce mouvement veut faire participer activement le spectateur à sa création en le positionnant en tant qu’acteur.
SELON L.WEINER
Cette œuvre linguistique To see and be seen de Lawrence Weiner datant de 1972, laisse le spectateur imaginer la manière dont elle a été réalisée ainsi que les matériaux utilisés. Ce dernier est donc placé en position d’acteur car c’est à lui de se questionner sur le sens de cette œuvre et sur sa place dans l’art. En français, « voir et être vu » est une structure du langage qui évoque l’attitude sociale par le dialecte dont le sens est justement légitimé par sa mise en public au musée. Ainsi, c’est l’action du spectateur de venir au musée pour voir cette œuvre qui rend son interprétation plus juste et lui permet de prendre tout son sens. Sans être accessible au public dans un lieu où il vient volontairement voir des œuvres, To see and be seen n’aurait pas autant de sens. A cela s’ajoute le choix ciblé des couleurs. Chaque lettre est noire, couleur connotant l’ombre, couleur de ce que l’on ne peut pas voir et, le mur de couleur blanche, couleur connotant la lumière, ce que l’on peut voir. Ainsi le blanc permet de voir les lettres et les mots qui prennent
un sens dans l’esprit du spectateur donnant vie à l’œuvre.
La typographie et l’usage de lettres capitales rendent encore plus visible l’œuvre. L’artiste se concentre plus sur les matériaux et l’interprétation plutôt que le visuel. Il parle à l’esprit car même si la vue est le ca-
nal qui permet de percevoir son travail, c’est l’intellect qui va permettre de la comprendre. Les lettres non finies sont pourtant comprises par les spectateurs. La loi de la continuité de Gestalt montre que des points rapprochés tendent à représenter des formes lorsqu’ils sont perçus,
d’abord dans une continuité, comme des prolongements les uns par rapport aux autres. Les espaces blancs dessinent comme des cibles, en lien avec la période historique de 1972 et les bombardements du Vietnam. Cibler l’ennemi et le voir sans être soi-même vu prend ici tout son sens.
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@Lawrence weiner, to see and be seen 1972
Le reflet
L’objectif de cette œuvre Vous êtes art est de faire art par l’action. En effet, venir au musée et se retrouver face à un miroir sur lequel il est écrit « vous êtes art » permet au spectateur d’intervenir dans la réalisation de cette œuvre. Ainsi, il est acteur principal de l’œuvre, il se sent important et impliqué. Sans sa présence, l’œuvre perdrait tout son sens. Par ailleurs, l’emploi du « vous » permet au spectateur de prendre conscience que c’est à lui que l’œuvre
s’adresse au moment où il se tient devant son reflet. Le rouge, couleur vive du mot « Art » est un moyen d’attirer l’œil et d’insister sur le fait que son reflet soit de l’art. Les murs noirs permettent qu’aucun reflet ne viennent s’interposer afin que le spectateur n’y voie que lui-même. On peut donc dire qu’une œuvre composée de texte est polysémique. La lettre et le texte invitent les spectateurs à avoir des interprétations plurielles. Les artistes nous poussent donc à la réflexion. Plutôt que de se focaliser sur la vue et sur l’esthétisme, le spectateur fait intervenir son esprit.
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« Les espaces blancs dessinent comme des cibles »
@Léa Essirard, Lina Ndiaye, Amélie Godart, Valentine Deloffre, Vous êtes art, 2022
Par Léa Essirard, Lina Ndiaye, Amélie Godart, Valentine Deloffre
DONNER FORME AUX SOUVENIRS
Né d’une famille pauvre à Sao Paulo en 1961, Vik Muniz est aujourd’hui un artiste majeur de son temps. Si grâce à leur avènement les mots et le texte ont réussi à se faire une place dans l’histoire de l’art, et qu’ils permettent d’apporter du sens aux compositions artistiques, Vik Muniz leur donne quant à lui un rôle bien différent : celui de donner forme aux souvenirs.
INTIMES MAIS UNIVERSELS
Connu pour ses créations plus que surprenantes réalisées en terre, en sucre, en chocolat ou encore en poussière, etc, Vik Muniz présente en 2014, dans une collection intitulée Album, l’exploitation d’un autre médium.
Si l’artiste brésilien a l’habitude de transformer n’importe quels matériaux pour façonner ses œuvres, dans sa collection Album, il a utilisé une tout autre technique : celle de découper des images pour reconstituer des scènes universelles. De loin, c’est un homme appuyé sur sa voiture. De près, ce sont des centaines de photos de famille découpées et savamment recomposées pour faire naître cette scène. L’artiste recompose alors les images d’un album de famille qui illustre des scènes fami-
lières à la fois intimes mais en même temps universelles. Ses images mettant l’accent sur la nostalgie et la matérialité, il les a réalisé à partir de milliers de photographies de
« Découper des images pour reconstituer des scènes universelles »
famille fragmentées datant de plusieurs années, mais également de journaux et de livres. Ces moments intimes acquièrent alors une dimension universelle avec des scènes dans lesquelles tout le monde peut se reconnaitre.
Les fragments de mots et de dates qu’il a pu trouver dans des magazines, des livres ou encore des lettres, viennent
quant à eux apporter du signifiant à l’œuvre en donnant un sens et un contexte aux souvenirs.
A l’heure où les photographies se multiplient et ou les albums de famille changent de forme avec l’arrivée du numérique, Vik Muniz fait le choix de mettre en avant l’authenticité de l’image.
C’est d’ailleurs aussi pour cette raison que sa collec-
tion Album est entièrement en noir et blanc. Ses œuvres, viennent alors questionner les changements de technologie et l’impact de la création d’images sur les communautés. Il y a donc tout un travail de maîtrise et de technique qui donnent sens à ses œuvres. L’enjeu étant d’amener au questionnement de l’image produite à partir des éléments qui la composent.
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ALBUM
Découper pour reconstituer. C’est la technique de Vik Muniz que nous avons repris pour donner forme à un souvenir de notre enfance. Nous avons fait le choix de coller des fragments de photos et de textes en forme de pot de nutella, souvenir pour nous des goûters de notre enfance passés après l’école, parfois chez nos grands-parents.
Tous ces fragments de photos et de textes, nous les avons choisis en faisant en sorte que chacun d’entre eux nous évoque un souvenir personnel qui nous fait penser au nutella.
Cette technique de Vik Muniz fonctionne très bien, car à travers la multitude de fragments de photos et de textes, issus de souvenirs personnels, nous arrivons à évoquer quelque chose d’universel qui est la composition que l’on voit naître.
49 DÉCOUPER POUR RECONSTITUER
@Vik Muniz, New Car , Album, 2014
@PAULINE MONTEIRO, ERWAN POUSSIER ET CLARISSE VUAROQUEAUX, Natell’art, 2022
Par Pauline Monteiro, Erwan Poussier et Clarisse Vauquereaux
Bout de papier
LecTURES MORTES
Nature morte à la chaise cannée s'inscrit dans les œuvres emblématiques du mouvement cubiste car il s’agit du premier collage de l’histoire de l’art. Il a été réalisée en 1912 par Pablo Picasso, artiste et sculpteur espagnol.
PERSPECTIVES
Cette œuvre est un collage bi-dimensionnel constitué de plusieurs objets inanimés. Le peintre a voulu faire figurer les éléments qui l'entourent en prenant des objets de son atelier. Picasso arrive à nous montrer les différentes perspectives que l’on peut avoir d’un objet en fonction du point de vue que l’on a. Cela permet de donner aux spectateurs le libre arbitre sur l’interprétation de l'œuvre. Avec cette toile, il immortalise des éléments de son quotidien, nous offrant une représentation de la société, de ses habitudes, de son univers. Tous ces éléments sont réunis dans une forme ovale entourée d’un cordage. Tout d'abord, le cannage de chaise, qui est en réalité un papier peint collé représentant du cannage, ajoute une dimension à l'œuvre. Puis, on distingue un papier
ART&lettres
Les lettres donnent un sens plus profond à l'œuvre, car elles donnent une définition au reste de l'œuvre. A travers cette œuvre, Pablo Picasso a réussi à figer dans le temps des objets inanimés grâce aux lettres du mot journal. Comme l’a dit Picasso, « un tableau ne vit que par celui qui le regarde ». Il donne ainsi la possibilité aux spectateurs de réanimer les éléments grâce à la perspective cubiste et de se plonger dans une actualité passée.
plié en haut de l'œuvre qui ressemble à un journal. Lorsque l’on regarde attentivement on voit les lettres « JOU ». Lorsque l’on regarde plus attentivement, on remarque que les lettres se détachent du papier qui ressemble à un journal plié. Grâce au principe de continuité, on visualise le début du mot JOURNAL.
Les lettres sont extraites de la première de couverture des journaux de l’époque. Un journal est un support factuel d’actualités qui paraît fréquemment. Ce tableau donne vie aux lettres J, O, U, en représentant les actualités journalières de l’artiste. Ces objets sont comme des articles dans un journal qui perdure dans le temps, ils racontent un quotidien, ils expriment des émotions, un état d’esprit, une ambiance. Les objets inanimés prennent vie pour nous plonger dans une atmosphère propre à 1912 et à l’artiste.
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@PICASSO, NATURE MORTE à LA CHAISE CANNéE , 1912
« Un tableau ne vit que par celui qui le regarde »
NOTRE VISION
Nous avons créé une approche moderne de l'œuvre de Pablo Picasso grâce à des éléments du quotidien d’un étudiant parisien, en s’appuyant sur notre société de consommation. C’est une version 2022, dans laquelle on peut observer une table de café parisien accompagné d’éléments tels qu'un ordinateur, pour faire référence à la pipe, nous avons utilisé une cigarette et un
briquet, le verre de vin est remplacé par une tasse de café. Pour faire écho aux lettres « JOU » utilisées par l’artiste, nous avons collé les lettres « MAG » qui font référence aux mots « magazine » (rappel du mot journal) et « magasin », pour représenter notre société de consommation et tous les éléments du quotidien dont disposent notre représentation. Pour réaliser notre œuvre nous avons utilisé la méthode du collage avec une version plus mo-
derne. Nous avons photographié une table à travers laquelle on pouvait apercevoir une chaise en dessous (pour faire référence au cannage de la chaise de l’œuvre de Picasso). En ce qui concerne les éléments, nous les avons photographiés un par un pour ensuite les couper et les coller un par un sur l’image de notre table. Nous avons choisi d'utiliser cette technique pour donner un effet de reliefs à nos éléments et donc leur donner vie à travers notre image.
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Par Pénélope Gicquel, Olivia Coly, Shannon Manalo, Océane Akato
@Pénélope Gicquel, Olivia Coly, Shannon Manalo, Océane Akato, NATURE MORTE D'un Étudiant Absorbé, 2022
DÉCODAGE LE
TEXTE DANS L’ART
A travers l’art, le sens du mot et la forme des lettres ont le pouvoir de transmettre une émotion. Capable de véhiculer le son de l’image, le texte joue ainsi souvent un rôle d’entremetteur entre l’artiste et son public.
LA TAPISSERIE DE BAYEUX
Elle à été brodée au 11ème siècle, retrace l’histoire de la conquête de l’Angleterre. Ici, la scène 23 met en avant ce qui s’apparente à un serment. Mais de qui ? De quoi ? Pour le découvrir, un texte en deux lignes vient renseigner le public. Il indique : « Ici le duc Guillaume arrive à Bayeux où Harold lui prête serment ». Ainsi, le texte donne les clés pour décoder l’image, sans lui il est quasiment impossible de connaître l’identité des personnages ou même de savoir ce qu’ils racontent. Le texte joue un rôle d’interprète en renseignant le public pour lui permettre une bonne compréhension de la tapisserie. Placée dans une cathédrale, la tapisserie de Bayeux est une œuvre spirituelle qui évoque la punition d’un parjure, ce qui explique l’importance du décodage de l’image pour le public. En effet, pour comprendre la morale de l’histoire, il faut tout d’abord connaitre l’histoire elle-même. Pour que le texte puisse remplir amplement cette fonction, les brodeurs ont utilisé une écriture carolingienne.
L’avantage avec cette écriture était tout d’abord sa popularité. Apparue au 8ème siècle, cette typographie était déjà bien connue des souverains. À sa création elle avait elle-même pour objectif d’uniformiser l’écriture pour la rendre plus compréhensible de tous et de l’émanciper de la calligraphie gothique, d’où son utilisation dans la tapisserie qui se veut accessible à tous. De plus, l’écriture carolingienne était utilisée dans des textes officiels et religieux, ce qui vient encore une fois justifier son application dans la broderie placée dans une cathédrale. Par ailleurs, l’écriture carolingienne permettait de simplifier le travail des brodeurs.
@ tapisserie de Bayeux , vers 1080
« L’image et le texte semblent avoir un destin lié »
Dans cette même logique, les lettres sont en capitales et non en minuscules. Ces choix permettent également de simplifier la lisibilité pour le public. Ainsi, le placement du texte au centre de l’image remplit la fonction phatique en ouvrant le canal entre le locuteur et le destinataire. Les lettres sont alors les clés du décodage de l’image. Dans la tapisserie, le texte et l’image semblent avoir un destin lié. Sans le texte la punition du parjure ne serait sûrement jamais perçue par les souverains et l’image perdrait tout son sens.
une étreinte ?
L’image dévoile une étreinte entre un homme et une femme. Jusqu’ici la représentation semble parler d’elle-même, rien de surprenant, tout semble clair.
C’est à ce moment-là que le rôle du texte est essentiel. En effet, en venant compléter l’image le texte permet de la comprendre. S’étalant seulement sur une ligne, celui-ci ne joue pas uniquement un rôle de traduction, il est un réel appui pour le public. Peut être que le public ne percevait ici qu’une démonstration d’amour quand, à l’inverse, le texte invite à percevoir une domination masculine. Le texte ouvre le regard du public, il le renseigne et lui permet de décoder la représentation des violences faites aux femmes. Ici, les lettres ont une typographie nommée « Dramatic ».
Cette typographie véhicule une idée tragique et, est ainsi elle-même porteuse d’un sentiment. La calligraphie formée de lignes épaisses noires laisse penser à des cernes affirmés. Ces lignes paraissent lourdes et pourraient également s’apparenter à des larmes. Elles semblent également rigides et affichent des lettres très
droites qui pourraient communiquer une idée de dureté, celle de la vie de la femme ou de sa résilience dans cette vie si dramatique. Finalement, c’est comme si le texte était écrit par toutes ces femmes qui veulent ouvrir le regard sur les violences qui leurs sont faites et notamment au niveau de la femme présente sur l’image
qui subit secrètement ces agressions. Le texte est essentiel à la bonne compréhension de l’image et à l’inverse, sans cette image, le texte n’aurait plus le même sens.
@DESSIN DE LÉA DALESSANDRO, Colorisation ANAËLLE BAILLY- SALINS, Ceci n’est pas une étreinte, 2022
Par Cathy Bartlett, Jasmine Boualem, Anaëlle Bailly-Salins
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lettres de la guerre
Les chiffres au service du sens
Filippo Tommaso Marinetti est un artiste du mouvement futuriste. Il est né le 22 décembre 1876 à Alexandrie en Egypte et il est mort le 2 décembre 1914 à Bellagio en Italie. Il est notamment connu pour son livre LesmotsenLibertésorti en 1907.
Ce
que l’œuvre
L’œuvre s’appelle Sensibilité numérique car il souhaite ne pas se limiter au sens littéral des mots. L’auteur cherche à travers les chiffres à exprimer du signifiant. Marinetti utilise le langage numérique pour exprimer des émotions. Le « P » au centre de la composition a une forme de pistolet mitrailleur. Il peut exprimer la position centrale des armes pendant la guerre. Une suite de chiffre ressemble à des balles ce qui appuie le coté menaçant de cette dernière. Le terme « ANCHT » est possiblement un anagramme de « nacht », qui veut dire nuit en Allemand. La guerre peut être ici définie comme une « nuit » pour l’humanité, une période sombre de son histoire. La date 1918 est visible en haut à droite du tableau. Date de la fin de la 1ère guerre mondiale. Certainement utilisé en signe de délivrance et d’accès à la liberté. Il y a aussi la présence d’une horloge dans un cercle qui peut vouloir
exprimer le temps perdu pendant la guerre ou le temps que les civils ont dû attendre avant de retrouver leur liberté. Un oiseau est aussi présent dans une des bulles, symbole de liberté. Il évoque le retour de la liberté qui se réalise. Il y a également un joueur de tambour, son rôle après la guerre est d’annoncer
cache
la nouvelle aux citoyens d’Italie. Il est le symbole de la fin des mesures de guerre pour le pays, et de joie car les citoyens vont retrouver leurs familles. 50 000 était le nombre de morts estimés à la fin de la guerre en Italie. Marinetti rend hommage à ces soldats tombés au combat. On peut voir sur la
gauche une liste de noms, probablement ceux de soldats tombés au combat. L’artiste exprime les sacrifices faits par le pays et ses habitants afin de retrouver la paix. Certains ont dû sacrifier leur vie pour apporter une vie tranquille à leur concitoyen. C’est à ces gens-là que Marinetti rend hommage.
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@F. T. Marinetti, Une assemblée tumultueuse, sensibilité numérique, 1919
Volare Via
Les étapes du deuil : l’œuvre de Marinetti représente la joie, nous sommes donc allé à l’opposé avec une représentation de la tristesse et du deuil. Nous avons gardé le style de Marinetti afin de représenter à travers des mots les sentiments ressentis pendant une phase de deuil. Il est défini scientifiquement que, lors d’un deuil, notre cerveau et passe par ses 7 étapes durant en moyenne une année avant de terminer sa
reconstruction. Cette valeur varie en fonction des personnes. Nous avons choisi de représenter le deuil en forme de courbe pour représenter les émotions comme une fréquence sonore ; plus la courbe monte, plus l’émotion est intense, et plus elle descend, plus elle est continue ; la plus intense étant la colère et la plus continue la tristesse. Les taches d’encre représentent les larmes de la personne qui apprendrait la nouvelle et la souffrance du choc.
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« Le « P » au centre de la composition a une forme de pistolet mitrailleur »
@Benjamin Devant, Aldric Barbé, Melvil Binctin, les étapes du deuil , 2022
Par Benjamin Devant, Aldric Barbé, Melvil Binctin
revendications
Quand le texte sert la cause
Si certaines œuvres se passent de mots pour être comprises, la présence de texte dans d’autres est un enjeu de compréhension. C’est le cas notamment de certaines pièces d’art engagées dont le message, n’a d’autre moyen que de passer sous forme écrite. Il s’agit alors pour le texte de donner du sens aux revendications des artistes et d’éclairer le spectateur sur la cause défendue par l’œuvre.
femme et art
Un groupe d’artistes a souvent utilisé le texte dans ses œuvres pour faire avancer la cause des femmes : Les Guerrilla Girls. Groupe d’artistes féministes fondé en 1985, il est constitué de femmes engagées portant des masques de gorilles pour attirer l’attention du public sur leurs revendications et non sur leurs identités. Elles ont pour ambition de produire un art engagé et protestataire afin d’imposer et de « réinventer » le féminisme dans la société. Le groupe se forme à la suite d’une exposition au Museum of Modern Art qui mit en avant seulement 13 femmes sur 169 artistes exposés. Leur œuvre la plus célèbre Do women have to be naked to get into the Met. Museum ? pose un questionnement au sujet de la place importante des représentations de femmes nues dans les musées en comparaison avec la faible exposition laissée aux œuvres signées par des artistes féminines. Cette œuvre regorge de références puisqu’elle détourne La Grande Odalisque d’Ingres en y ajoutant les têtes de gorilles caractéristiques des Guerrilla Girls. Le choix de cette peinture n’est pas anodin puisque la femme représentée nourrit un certain fantasme de « femme-objet ». L’ajout à cette peinture de la tête de gorille vient dénoncer la domination masculine sur le corps de cette femme rendue anonyme et représentant le corps de toutes les femmes. Si l’illustration vient mettre le spectateur sur la piste de la cause défendue c’est bien le texte qui vient réellement éclairer la revendication des Guerrilla Girls. Perdu dans une masse de jaune
effaçant le contexte de l’œuvre d’origine et transformant l’espace tout autour en un espace de parole et de revendications. Le texte vient ouvrir le débat au sujet de la forte dominance des modèles féminins dans les expositions de corps nus au Metropolitan Museum of Art en comparaison avec la faible représentation des artistes femmes dans les artistes exposés. Le texte pose une question simple : « Est-ce que les femmes doivent être nues pour entrer au Metropolitan Museum ? ». C’est avec la suite composé de données chiffrées que l’affiche prend tout son sens en prouvant factuellement que les modèles féminins représentent 76% des nus exposés tandis que seuls 4% des artistes exposés sont des femmes. Ainsi, c’est le texte des Guerrilla Girls qui parvient à informer et sensibiliser le public au sujet de la cause qu’elles défendent.
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@ Guerrilla girls, Do Women Have To Be Naked To
« La superficialité constitue le fonds de commerce d’Instagram »
L’ART DU FAKE
Avec l’affiche intitulée L’art du fake nous avons choisi à la manière des Guerrilla Girls de mettre en lumière un autre travers de la société : la superficialité à outrance sur les réseaux sociaux. Ces derniers ont bien des méfaits
et c’est le cas d’Instagram qui est un réseau social basé sur une idéalisation du physique des stars de téléréalité et de la vie d’influenceurs qui ne sont en fait que des mirages qui font rêver des milliers d’internautes et en particuliers les plus jeunes. Pensé comme ce qui pourrait être la continuité ou une déclinaison de l’affiche d’origine des Guerrilla Girls, notre production reprend la même démarche artistique. Elle est constituée de références aux sculptures de Vénus, déesse de la beauté féminine et d’Apollon, dieu de la beauté masculine. Les sculptures d’origine portent des attributs modernes qui renvoient à la superficialité qui constitue le fonds de commerce d’Instagram. À travers ce travail, l’objectif est de dénoncer un idéal physique, en faisant
une comparaison avec les statues de déités antiques qui représentent elles aussi des idéaux de beauté. Pour le texte accompagnant cette composition nous avons choisi d’attirer la curiosité du public en donnant un chiffre marquant : 70% des influenceurs retouchent les photos qu’ils partagent sur Instagram. Enfin comme dans l’affiche des Guerrilla Girls c’est la dernière partie du texte qui éclaire le lecteur et fait le lien avec l’illustration. Ici encore, le texte se fait le messager de la cause défendue. On peut donc se demander si ce n’est pas une preuve de non-efficacité de la représentation visuelle que de devoir être accompagnée d’un texte ?
Par Heidi Lavisse, Oscar Der Khatchadourian, Jean Leborgne, Yanis Karkara
57 Get Into the Met. Museum ?, 1989
@Heidi Lavisse, Oscar Der Khatchadourian, Jean Leborgne, Yanis Karkara, L’art du fake - Genius,2022
LA DIMENSION
CONCEPTUELLE identités
« Le monde est rempli d’objets, plus ou moins intéressants ; je ne désire pas en ajouter. Je préfère simplement constater l’existence des choses en termes de temps et/ou de lieux. » Douglas Huebler, 1969.
La conception de l’identité
L’artiste avait abandonné peinture et sculpture en 1968, pour organiser son travail selon les axiomes du temps (Duration Piece) et du lieu (Location Piece), en combinant parfois les deux (Variable Piece). Douglas Huebler y explorait des systèmes de relations économiques ou sociales ou des questions propres au statut de l’œuvre d’art. Duration pièce No.15, une œuvre sur l’identité, un avis de recherche dissociant trois caractéristiques qui mettent en scène les attributs qui font qu’un individu se perçoit comme une entité spécifique et qu’il est perçu comme tel par la société. Huebler nous parle d’identité à travers 3 niveaux de réalité : des
empreintes digitales, des portraits photographiques et une description physique par le texte. La signature de l’individu vient compléter l’affirmation de cette identité.
L’œuvre de Douglas Huebler s’inscrit dans le temps, ce qui lui importe c’est ce qu’il se passe
entre l’événement, en l’occurrence l’avis de recherche du suspect pour cambriolage et la documentation, puis entre la documentation et notre connaissance de l’événement. Autrement dit, il veut faire participer le spectateur. C’est une œuvre vivante
une fusion entre le passé, le présent et l’avenir, l’œuvre évolue dans le temps. L’œuvre est une quête sur l’identité du suspect, qui nous plonge dans une aventure, une envie d’en savoir plus.
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@Douglas Huebler, Duration Piece No. 15 Global , 1969
L’identité D’UN PAYS
L'identité d'une nation se construit à travers des emblèmes forts, qui rassemblent les peuples, et fondent leur unité. Le sentiment d'appartenance national, que chacun d'entre nous peut ressentir, se réveille à l'évocation de ces symboles.
Chaque pays possède sa propre identité, ses propres codes, des emblèmes forts qui rassemblent les peuples. C’est le cas des États-Unis qui sont identifiés dans cette production à travers la mise en scène de trois de leurs symboles forts, eux mêmes traduits à travers 3 médiums différents : la photographie, la représentation et les mots.
nous parle d’identité à travers 3 niveaux de réalité «
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« Huebler
@Famemontsoa Rakotovao, Celia, Zacchary, et Margo Charles-Alfred, America , 2022
Par Famemontsoa Rakotovao, Celia, Zacchary, et Margo Charles-Alfred
JOHN L’HYPERRéALISMEPETO
L’hyperréalisme a des origines multiples et complexes que l’on retrouve chez de nombreux artistes et à différentes époques. Le trompe-l’œil en est certainement l’exemple le plus flagrant. Comme son nom l’indique, le trompe-l’œil a pour objectif de créer l’illusion du réel.
Office board
L’écriture est, dans cette œuvre de J.F Peto, un moyen de créer du dynamisme et du relief par la forme des lettres. Il existe de multiples façons d’exprimer une idée abstraite à l’écrit et de de lui donner forme. Nous remarquons tout d’abord la présence de mots sur différents supports comme des enveloppes ou une couverture de livre qui apportent du corps à la composition. Sans eux, celle-ci paraîtrait trop statique voire ennuyeuse. Les lettres et leur typographie créent du dynamisme et les mots interpellent le public sur leur sens. Ensuite, la variété des typographies
utilisées est flagrante. Les trois mots sur l’enveloppe jaune « Important Information Inside » attirent particulièrement l’attention. Ils sautent aux yeux et interpellent dans ce chaos d’information. Ce tableau et son sujet deviennent alors une énigme qu’on a envie de résoudre. Aussi, les adresses postales écrites sur les enveloppes apportent leur contribution à l’effet de référent au réel dans la composition. Leur typographie scripte diversifie cet ensemble et contraste avec les autres qui semblent dactylographiées. De plus, l’effet vieilli et partiellement effacé comme détérioré par le temps amplifie l’illusion du réel.
La plupart du temps, l’écriture a un rôle principalement informatif mais ce n’est pas le cas de cette œuvre. Ici, les mots sont principalement utilisés pour donner vie à la composition, lui apporter du relief et une construction. Ainsi, l’œuvre devient plus impactante pour le public et donc plus intéressante, suscitant la curiosité à propos de son sujet. C’est donc à travers une série d’indices que sont une série d’objets et d’écris, que J.F. Peto nous donne à voir une « tranche de vie ». Il nous propose de tenter de reconstituer un moment d’une vie et d’une époque dont ces éléments sont les témoins privilégiés.
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@John F. Peto, Office board for C. Fraser , 1885
depth of words
Cette illustration présente des similarités avec l’œuvre Office Board for C. Faser de JF. Peto. Nous retrouvons dans cette composition un effet de profondeur lié à l’assombrissement progressif de la couleur des lettres. Cela crée un jeu d’ombres qui donne une impression de gouffre infini. Les lettres et leurs formes géométriques apportent
également un certain dynamisme à cette composition et semblent guider le sens de la spirale. Le sens du mot fait écho à cette illusion. En effet, Depth est la traduction anglaise du mot profondeur ce qui illustre parfaitement l’effet principal. Ce mot répété à l’infini crée un effet optique. La forme carré soutien cet effet de tension et renforce ainsi l’effet de contraste.
« Le jeu d’ombres donne une impression de gouffre infini »
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@Élisa Alves & Charlotte soriano, Depth , 2022
Par Carla Labaune, Charlotte Soriano, Elisa Alves & Camille Guitel
BEN VAUTIER
et le fluxus quand
la lettre a carte blanche
La quête de la beauté n’est pas l’objet de Fluxus, qui rejette même la notion d’œuvre d’art. Fluxus envisage de lui redonner une fonction de divertissement. Il ne doit être ni bourgeois, ni ennuyeux ! C’est un état d’esprit, une manière d’être et de vivre. L’artiste n’est pas dans l’expression nombriliste de son identité, mais tend à s’effacer au profit du collectif.
Ben et l’égo
Benjamin Vautier, est un artiste français d’origine suisse, né le 18 juillet 1935, à Naples. Il est l’un des artistes majeurs du XXème siècle, connu pour son engagement dans le mouvement Fluxus. La réflexion personnelle de Ben sur la valeur que peuvent avoir les œuvres grâce à la signature du peintre l’amène à pousser un « coup de gueule ». Il estime qu’une œuvre ne doit pas être résumée à son artiste, et avec beaucoup de second degré et de sarcasme, il écrit I do not sign anymore.
Ben Vautier a un style artistique particulier et bien à lui. Il utilise l’aphorisme, c’est-àdire une phrase courte qui permet d’énoncer une vérité fondamentale. Ses œuvres ont deux niveaux d’interprétation. Tout d’abord on pourrait effectivement penser que Ben refuse qu’une œuvre soit reconnue uniquement par la signature d’un artiste. En effet, comme l’artiste le dit souvent, il faut questionner l’art, l’observer, l’analyser et le critiquer. C’est pourquoi il dit qu’il ne signera plus jamais une œuvre. Mais Ben sait très bien que sans cela le public ne le reconnaît plus et lui-même ne reconnaît plus son œuvre comme étant la sienne. C’est ainsi qu’il signe. Dans la conception de la phrase, le mot « more » arrive juste en dessous du mot « sign ». Serait-ce un message de l’ar-
tiste pour dire qu’il signera encore plus ses œuvres ? Ben à toujours soutenu que malgré tout, il est important de s’auto-référencer et de donner de la valeur à ses œuvres. C’est là la seconde interprétation de l’aphorisme. Ben pense que l’égocentrisme, qui ici n’est pas l’idée de nombrilisme mais plutôt l’idée de s’aimer et de reconnaître nos créations, est omniprésent. Sans lui, on ne peut pas vivre car on ne se reconnaît pas, on ne s’accorde aucune valeur. La lettre et le texte de Ben pénètrent le champ artistique pour mettre en lumière toute sa pensée autour de l’égocentrisme.
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@Benjamin Vautier, I do not sign anymore, 1961
« Il est important de s’auto-référencer »
Tout est art
Tout est art ?
C’est une question que Ben a posé dans l’une de ses œuvres. Nous avons choisi de répondre à cette question en réalisant un tag Tout est art à la petite ceinture. En effet, ce lieu d’émancipation permet
à quiconque d’exprimer sa créativité sur les murs en sachant que les créations peuvent être recouvertes par d’autres tags. Ici les artistes ne signent pas leurs œuvres car le tag est une forme de signature en soi et se suffit à lui-même. Pas d’égocentrisme possible ici. C’est pourquoi cela parais-
sait évident de répondre à Ben dans ce lieu mythique où le street-art est Roi. Tout est art à partir du moment où il y a création. Nous avons choisi de présenter cette réponse dans un collage qui illustre l’univers de Ben, son art, sa pensée en lien avec l’art de rue.
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Par Lilou Catelain, Elise Clastres Axelle Dubois
@Lilou Catelain et Axelle Dubois, montage de Elise Clastres, Tout est art, 2022
mucha
auréolé de texte
Mucha a réinterprété l’affiche de Jane ATCHE pour JOB en s’inscrivant dans le courant de l’Art Nouveau. Le texte « JOB » devient partie intégrante de la réclame. Cette différence est primordiale dans la compréhension du lien entre le texte et l’image. L’œuvre initiale est composée de plus de texte, ce qui la rend bien plus commerciale qu’artistique. Le travail réalisé par Mucha, permet à la marque JOB de transmettre un message authentique, poussant le produit vendu à être plus qu’un simple papier à cigarette.
Le rôle du texte
L’art nouveau se caractérise par des formes inspirées de la nature, où la courbe domine. Contrairement à beaucoup d’autres mouvements artistiques, l’Art nouveau ne cherche pas à promouvoir un système précis de principes artistiques inventés par un artiste ou un groupe d’artistes et de théoriciens. L’art nouveau a émergé au début des années 1890. Alphonse Mucha est l’un des grands artistes de ce courant artistique. Comment le texte vient-il interroger l’expression de l’identité ?
Mucha couronne presque systématiquement ses sujets féminins. Il créé son style décoratif en s’inspirant des motifs ornementaux japonais. On retrouve aussi des arabesques, signature de l’art nouveau dans ses œuvres. On reconnaît Mucha grâce à ses lignes aux courbes élégantes et aux femmes avec de longues chevelures flottantes.
Cette réclame est très représentative du style d’Alphonse Mucha. Les courbes du corps de la femme et de la fumée le reflètent. Concernant le texte, le « O » de JOB représente la fameuse auréole. On peut aussi noter la présence d’arabesques aux quatre coins de la réclame.
Le texte « JOB » a un rôle d’accompagnement graphique entouré par la mosaïque. De plus les cernes noires viennent renforcer ces éléments dans l’espace. Pour créer un espace profond, Mucha a joué avec le cadre en mosaïque de la réclame. On remarque que la fumée
passe derrière la femme et le texte mais passe au dessus du cadre. Tandis que la femme, elle, a son corps dans le cadre, mais son genou et ses cheveux sont en dehors. Les plans se superposent et renforcent cette idée de profondeur de l’espace.
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@Alphonse Mucha, Job, 1900
l’identité
Cette création vient questionner l’identité. Le fait de dévoiler quelques parties physiques de l’individu, incite à une réflexion sur l’identité complète du sujet de l’œuvre. La signature située au centre permet de donner des indices sur cette quête de l’identité. Une science nommée
« graphologie », aide à en savoir plus sur le caractère des personnes. Le texte permet d’aller au-delà de l’interprétation physique fournie par les images, ce qui donne un sens plus précis à l’œuvre. Cependant, comme toute œuvre d’art, chacun va interpréter l’œuvre à sa manière.
« Le texte permet d’aller au-delà de l’interprétation physique »
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Par Élina Verepla, Alexane Luna, Aurélien Vantroyen, Léane Pouhal
@élina Verepla, Alexane Luna, Aurélien Vantroyen, Léane Pouhal, identité, 2022
Harmonie Chaos L’espace
d’une affiche
L’utilisation des lettres dans cette œuvre pose de nombreuses questions. Comment Toulouse-Lautrec utilise-til les différentes typographies afin de structurer la composition?
lettres de lumière
Cette affiche comporte 4 groupes de mots. C’est peu certes, mais tout de même l’auteur y a utilisé 3 typographies différentes. En effet, la typographie des mots « Moulin Rouge » est beaucoup plus importante que les autres informations, de plus l’utilisation du rouge et de l’enchaînement sur deux lignes avec la majuscule « M » qui prend beaucoup de place dénote par rapport aux autres mots de l’image. L’utilisation d’une forte graisse typographique appuie ce phénomène. Les mots « Bal » et « Goulue » sont beaucoup plus épais et gras que l’information « Tous les soirs », et même dans ce groupe de mots, les différences sont notables comme l’utilisation des lettres capitales pour le mots « TOUS » et « SOIRS » alors que « les » est en minuscules, ce qui crée un contraste et une hiérarchie entre tous ces mots sur l’affiche. Au premier abord, ces contrastes dans l’utilisation de la typographie au sein de cette affiche pourraient donner une impression de désordre, d’autant plus que l’image en elle même n’est pas forcément claire avec ces points jaunes qui peuvent être compris comme des éclairages et ce personnage au premier plan qui cache
une partie de la danseuse, pourtant la protagoniste principale supposé de cette image. Mais au final, la relation entre l’image et le texte, ne serait-elle pas fusionnelle alors qu’à première vue rien ne les relie ? Un élément de réponse se trouve dans la double utilisation du nom « Moulin Rouge ». En effet au premier abord l’utilisation sur 2 lignes et cette unique majuscule interroge mais a y regarder de plus près n’aurait-elle pas été utilisé pour dénoter au même titre que la Goulue ressort beaucoup de cette image pourtant peu claire. La danseuse star parisienne de la fin du 19ème siècle est la principale information sur l’image à faire ressortir pour Henri de Toulouse Lautrec. Sur l’image elle est au mi-
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@Henri de Toulouse Lautrec, La Goulue au moulin rouge , 1891
« La goulue, star de l’image »
lieu d’une foule de personnes qui ne sont représentées que sous forme d’ombres et y compris la silhouette au premier plan. La Goulue qui est la star de cette image (c’est la seule qui à un visage reconnaissable, des vêtements bien spécifiques, et donne une sensation de mouvement avec cette jambe en l’air) dénote au même
le pouvoir du chaos
titre que le texte « Moulin Rouge » au sein des autres groupes de mots. On voit donc qu’il y a une sorte d’écho entre la Goulue tout de rouge vêtue mise en exergue dans cet espace, et cette double utilisation du nom du très célèbre cabaret parisien également mis en valeur au sein des autres éléments texte.
Notre création est un collage effectué à partir de plusieurs albums de musique, affiches de films, couvertures de livres… toutes les passions commune de notre groupe. Le fond met en contraste les couleurs qui viennent dénoter pour former la lettre “X” sur ce fond niveraux de gris. Du style électro de Daft Punk en passant par le visuel du film Star Wars, pas de logique apparente, car ce sont
les goûts de chacun des membres de notre groupe, qui sont tous différents et ne répondent à aucun schéma. Mais malgré cela le fait qu’il n’y ait pas de réelle structure, l’œuvre donne quand même à voir quelque chose de tangible qui est cette lettre “X” qui elle même représente l’inconnu, tant dans les enquêtes policières que dans les mathématiques.
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@Ugo Marguerie, Mathias Rayssiguier, Arthur Grussi , Désordre musical , 2022
Par Ugo Marguerie, Mathias Rayssiguier, Arthur Grussi
Cassandre et l’imbrication du texte
« L’affiche n’est pas un tableau. C’est avant toute chose un mot. C’est le mot qui commande, qui conditionne et anime toute la scène publicitaire. Ce mot autour duquel tous les éléments graphiques s’ordonnent, ce mot a seul le pouvoir de donner à l’affiche son unité et sa signification. » Cassandre
interprétation
L’esprit des années folles apparait dans cette affiche et est renforcée par le dynamisme de la perspective dont le but est de vendre du rêve et de l’évasion.
Le travail de Cassandre appartient au mouvement art décoratif et futuriste avec un style géométrique. Ici le texte et les mots ont une grande place et ils sont intégrés de façon particulière. Les trois typographies utilisées sont typique des art décoratifs principalement pour le mot « Pullman », une typographie mécane à empattements rectangulaires.
Quant au texte « Étoile du nord », dans une typographie linéale, il occupe toute la largeur et vient s’intégrer et prolonger les éléments graphiques de l’image : les lettres se chevauchent en transparence. De plus le « N » et le « I » rejoignent les rails du train pour évoquer une continuité entre le texte et l’image mais également une impression de vitesse et d’infini.
La composition est encadré par du texte avec une typographie linéale mariant le jaune et le bleu avec les différents noms de compagnies ce qui évoque la scène de la fenêtre d’un train. Le texte est complètement indissociable de l’image sans le texte l’image n’a pas le même sens, il vient
même compléter avec des informations supplémentaires comme « du déjeuner » et « au diner » ainsi que les noms des différentes gares. La ligne d’horizon est placée haute ce qui nous pousse à regarder au loin vers
l’étoile qui est le symbole de la direction à suivre et le nom du train.
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@Cassandre, étoile du nord, 1927
reproduction
Cette production est une affiche d’événement fictif. Un brouillard a été mis en scène et nous ne connaissons pas encore son sens si l’on ne regarde pas le texte. Dans un premier temps pour reprendre la composition de Cassandre, il y a un cadre avec des informations dont nous avons besoin mais qui ne sont pas dans l’image. Par
ailleurs, le titre se fond dans l’image et vient la compléter pour révéler son sens. Comme avec Cassandre le texte nous donne les clés de lecture de l’image. Les mots sont essentiels pour comprendre le sujet car l’image à elle seule ne suffit pas à véhiculer le signifiant.
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« Le texte est le sens, qui est illustré par l’image » @océane maurey, Le retour du comte dracula , 2022
Signature des auteurs de l’article
Par Océane Maurey, Gustave De Guitaut, Gloria Amenti , Johanna Azebaze
text house
L’espace du texte à l’œuvre
Peintre italien du 20ème siècle, Valério Adami s’inscrit dans l’histoire de l’art comme le pionnier de la Nouvelle Figuration. Il fera parler de lui pour ses célèbres aplats de couleurs franches cernées de noir, qui nous font penser aux vitraux des églises. L’histoire autour de House of dramatic poet fait d’elle une œuvre complexe mêlant texte et peinture.
texte en peinture
Une signature incrustée, des lignes qui dansent sur la toile inscrivant des lettres, qui assemblées forment la partition du peintre. La peinture chez Adami est un prolongement du monde qui l’entoure qu’il capture grâce à la photographie. Entre les lignes et couleurs, la peinture de Valerio Adami House of the dramatic poet exécutée en 1984 peut se concevoir comme une écriture à part entière, un voyage à travers la mythologie, la poésie et surtout l’intimité d’un artiste. Dans cette œuvre, on voit un homme plongé dans une baignoire, cette scène peut avoir différentes interprétations. Pour certains, cette peinture fait référence à la mort, le sui-
cide, pour d’autres à la dépression liée aux drames d’une vie, peut-être aussi un moment d’échappement pour cet artiste face à la pression ou à un manque de reconnaissance qui créait chez lui un mal-être. Le texte a une fonction de relais par sa forme et son fond. L’écriture scripte rythmée aux lignes épaisses créée un prolongement similaire aux lignes présentes sur le tableau. La phrase House of dramatic poet en français « La maison du poète dramatique » renforce l’interprétation que l’on peut se faire du visuel de l’œuvre. La toile est scindée en deux horizontalement, la première partie réservée au texte, la seconde au dessin. Les deux parties font écho, le regard du spectateur joue une partie de pingpong entre le haut et le bas de la toile.
LA MORT DE MARAT
Avec sa peinture House of the dramatic poet, Valerio Adami nous offre une production inspirée d’une œuvre du 18ème siècle, la mort de Marat de David. À travers sa peinture, il dénonce l’assassinat de son ami Marat par la révolutionnaire Charlotte Corday. Son art est vecteur de révélation, il met en lumière les affaires de l’ombre. On retrouve chez Adami 200 ans plus tard, une même fonc-
tion politique de la peinture. Le texte dans la peinture de David est au centre de l’œuvre.
David représente Marat certes, mort, mais la plume à la main, pour prouver qu’il est toujours allé au bout de ses convictions. Nous observons deux feuilles, la première, encore tenue dans sa main et la seconde repose sur le billot près du bain du défunt.
Le feuillet posé sur le bibelot est un mot que Marat était en train d’écrire et montre son engagement et son humanité, il
accorde une aide financière à une femme ayant perdu son mari à la guerre. Dans sa main, c’est la lettre que Charlotte Corday lui a fait parvenir pour le rencontrer. On y lit « Il suffit que je sois bien malheureuse pour avoir droit à votre bienveillance ». Ces mots montrent l’opposition des deux personnages. Enfin, il reste l’inscription sur le bibelot. Avec sa signature, l’artiste se contente dans son tableau de la simple dédicace « À Marat ».
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PAOLA
Nous avons fait le choix d’utiliser pour la production de notre œuvre de la photographie argentique. Car c’est en lien direct au cheminement de la réalisation des œuvres d’Adami qui utilise la photo comme source d’inspiration pour réaliser ses peintures.
« La peinture chez Adami est un prolongement du monde qui l’entoure »
Dès qu’il voyait quelque chose qu’il jugeait « beau » il faisait appel à son ami photographe italien Ugo Mulas. La photographie l’aide à fixer son image et à conquérir l’espace de sa toile. Rappelons que son processus de création se déroule en trois étapes, dans un premier temps, la photographie, vient ensuite
le dessin, finissant ainsi par la peinture. Nous sommes allées place de la République et avons rencontré Paola qui a fui son pays, la République tchèque. La prendre en photo avec sa pancarte semblait pertinent pour la mettre en lien avec la peinture house of the dramatic poet.
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Par Romayssae El Houari, Emma Cornet, Bianca Guidat, Ilyes Benabdelaziz
@Valerio Adami, House of the dramatic poet, 1984
@ david, La mort de marat, 1793
@Romayssae El Houari, Emma Cornet, Bianca Guidat, Ilyes Benabdelaziz, Paola ,2022
Construire
EN EFFAÇANT
Comment l’effacement permet-il de transformer le signifiant comme le signifié dans une production pour en créer une nouvelle ?
JÉRÉMIE BENNEQUIN
Jérémie Bennequin s’est développé une obsession pour le gommage des textes de Proust, notamment à la recherche du temps perdu. La réalisation de cette œuvre lui aura pris 10 ans. Il a toujours été émerveillé par ces œuvres, et la poésie qui en émane. Il en a donc été inspiré et a décidé de gommer des mots du livre en laissant en évidence un mot ou des groupes de mots qui résonnaient pour lui dans certaines pages du livre. Par le biais de l’effacement, un mot devient un signe plastique, le mot perd de son sens, seul son visuel reste perceptible. Le mot existe désormais en tant que signe, il renvoie à un jeu de valeurs. Cet aspect visuel est un engagement de l’artiste car il invite le spectateur à donner un sens qui lui est propre au support, il s’imagine rentrer dans une composition plastique. Un double sacrifice a eu lieu, à la fois symbolique et concret.
PLASTICIEN OU SCULPTEUR ?
Jérémie Bennequin se considère via cette œuvre comme un sculpteur, c’est au fur et à mesure de l’effacement qu’il en vient à créer une nouvelle œuvre.
Il définit sa création comme de la sculpture littéraire.
Nous vivons dans un champ de ruines, en gommant ces champs littéraires on en vient à créer un environnement de ruines, ce ne sont plus que les fragments qui continuent d’exister.
C’est la présence par l’absence.
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@Jérémie bennequin, Ommage , 2011
Àla manière de Jérémie Bennequin nous avons créé une œuvre sous forme de triptyque qui témoigne de la manière dont le temps affecte l’art.
Ici, le mot éphémère est écrit à l’eau sur du béton, avec le temps et la chaleur, le mot va finir par disparaître à cause de l’évaporation. Les trois clichés offrent au spec-
tateur des visions différentes.
Ainsi, chacune des images de ce triptyque témoigne des conditions de la dimension temporelle qui influe sur la condition élémentaire ce qui engendre l’effacement par le temps.
Le mot éphémère est constitutif l’œuvre À la recherche du temps perdu. Éphémère à une importance cruciale pour comprendre le but de l’œuvre et permettre de proposer au spectateur une expé-
Cette œuvre permet de savourer un moment de beauté plutôt que de produire des œuvres matérielles.
Cette création disparaîtra quelques minutes après sa conception. Les amateurs admirent ici une œuvre qui ne connaîtra pas la pérennité mais dont nous conserverons le souvenir.
Le temps nuit à l’œuvre car il l’efface, mais cet effacement lui permet de la valoriser. Le temps permet ainsi une certaine forme de rareté.
rience unique et courte dans sa temporalité, tout comme ce que nous propose Jérémie Bennequin mais sur le long terme.
Cette œuvre a un rapport avec le temps qui est explicitement perdu et maîtrisé par Jeremie Bennequin. Ainsi notre Image incarne un temps perdu, éphémère, qui tend à disparaître avec l’effet qu’a l’eau sur le béton.
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effacement,
Temps,
écriture
« Par le biais de l’effacement, un mot devient un signe plastique »
@Lucca marrel, éphemère , 2022
Par Hippolyte Du Peloux, Alix Guedrat, Allan Boucher, Alix Gribel, Lucca Marrel
Par Charlotte Rochette de Lempdes, Camille Cherbuin, Appoline Anglade, Jeanne Wurtz
PROPOSITIONS DE COUVERTURE ARBITRAIREMENT NON RETENUES ?
Par Victoire Pothier, Arno Freitas, Enzo Par Léa Bernardino, Eva Alves, Capucine Buchon et Louna Kerhervé Par Hippolyte Du Peloux, Alix Guedrat, Allan Boucher, Alix Gribel, Lucca Marrel
N°11 2023
Sous la direction complice de Benoit Breton
Ligne graphique de Zoé Rolland
L’art existe sous différents angles et se matérialise de plusieurs façons. L’art est abstrait ou bien réaliste, physique ou non-palpable, l’art est ce que l’on souhaite transmettre. Dans ce numéro, nous nous pencherons sur l’utilité des lettres et du texte dans l’art. Qu’est-ce que cela apporte à cette discipline ? Nous y réfléchirons à travers l’œuvre de dizaines d’artistes tous aussi différents les uns que les autres. Edito
de Charlotte Rochette de Lempdes
N°11 2023
Sous la direction complice de Benoit Breton
Ligne graphique de Zoé Rolland
Les mots, signe de liberté, vecteurs de sens dans l’art qui donnent à celui-ci toute sa compréhension par la simple rencontre du signifiant et du signifié.
Edito de Victoire Pothier N°11 2023
Ligne graphique de Zoé Rolland
Le mot est un signe plastique qui s’impose comme un sujet d’investigation pour l’artiste pour raconter, exprimer et informer. L’artiste présente, représente, écrit et intègre des mots sur différents supports, grâce à quoi, il invente, explore, expérimente et revendique. La présence du texte dans l’art est un élément signifiant qui vient questionner notre perception des œuvres et le sens qu’on leur donne.
Capucine Buchon et Louna Kerhervé Sous la direction complice de Benoit Breton Ligne graphique de Zoé Rolland N°11 2023 Sous la direction complice de
Breton L’art a pour but de véhiculer des idées mais aussi de faire ressentir des émotions au spectateur. Les lettres viennent prendre place dans les œuvres également comme de véritables éléments graphiques, grâce à leur anatomie, place qu’elles occupent dans l’espace elles servent de support pour véhiculer du sens, et ainsi avoir une incidence sur la perception du message d’une œuvre. Nous nous demandons alors de quelle manière les artistes viennent placer des lettres dans leurs œuvres et s’ il y a un but artistique.
Allan Boucher, Alix gRIBEL, Lucca Marrel, HIppolYte
Peloux.
Edito de Lea Bernardino, Eva Alves,
Benoit
Alix gUEDRAT,
Du
Par Clara Nikodijevic, Jolane Welfelé, Taïna Larmure, Rémi Domergue PROPOSITIONS DE PUBLICITÉS ARBITRAIREMENT NON RETENUES ? N°11 2023 Sous la direction complice de Benoit Breton Ligne
de Zoé Rolland Que penser de la disposition insolite des mots, des lettres qui errent, flottent, se mélangent, et s’élancent dans un espace suspendu et clos ? Entre écriture et dessin, les destins sont liés. Cet usage complémentaire de l'art est fondé sur l’éclatement de la langue venant briser la linéarité et bouleverser les modalités d’expression habituelles. Edito de Gracia Samafundu, Lauriana Gufflet, Anaé Boisyvon et Shana Amar École supérieure Force Autonomie Liberté Expressivité Famille Nouveautés Avenir Créativité Capacités Créd bilité Communiquer Détermination Coopérations Vie Changements Ingéniosité Inspirations Re exion ÉpanouissementApprentissageDigitale AOpportunités bondance Social E cacité Maîtrise Énergie LondresAccompagnement Épanouissement Aide Marketing Bodeaux Dynamisme Éclats International Projet Agilité Adaptation Inventer Solida re Raisonner Rationalité Expériences Humour Impacts Professionalisant Employabilité Discernement Connaissance Originalité Médias Art Innover Design Grati cations Aptitudes Internet Apprentissage Omnes Cohérence Partage Encouragements Enseignement StoryTelling Valeurs Dépassement D i s c p n e s Apprenti s s a g e Stratégie Génie P ho tog raphies Conviction Convivialité Courage Entraide Éq u bre Excellence Fiertés Générosité Habilité Sens bi ité Solidarité Synergie Rigueur Unité Prox m t é P u i s s a ecn Professionnal i sat on P r o s p é r i é sneS É v enè tnemlei Engagements Satisfaction Accomplissement Parcours Projets Relations Théories Monde Authenticité Audace Aventures Innovation E x p er ts Nu m érique Créations Échanges Qualifications Artistes NDA weN kroY É t hqieu bmAnoiti euqitarP Précision B o n h e u P r a g am t ems tcaorPétivi sevêR étinU xiaP Sensibilité A ection Serviabil i té C o s s ecna ovÉ tulnoi étisoiruC setrevuocéD noissaP Concentration Réal isation Ré c o m p e n s e s annoceR secnassi Compétences CommunautéVivacité O r g n a t é aP r anet seri timA i sé ecnatsisreP Sympathie Travail Utilité Victoire C a pacité s Organisation O r en tations Pédag og e Imagination Humanité Accessibilité Bonheu r Logique Minutie M a tu r t é Motivations App artenance Alumni Aisance Conception Ouvert u r e R é cad t noi Visions Groupe Dessins Responsabilité UX Respect Sou e n Pertinence Intellect Formations Ancrage Exclusivités Cu l ture Diplômes Sém n a ires Insertion Possibilités Abondance San Francisco Encad r e m e n t Intervenants Insertion Marques V s u e s D evé ppol stneme pmI ecnatro sétivisulcnI qinhceTseu snoitavitoM ecneréloT snetnI éti noisiutnI ylanAes psE r ti psreP éticaci portnalihPei eioJ ruelahC Optimism e A v a ecn stnem étinretarF sunetnoC feirB riovaS yLno noitacudÉ traPcipi a t noi erutrevuO psed r ti ecnerévécreP srisialPsécnavA tcarttAétivi snoitasirolaV emsimanyD Propositions Responsabilit é s reC t i fsnoitaci gétnI noitar Pur Production Activ t é s Rennes UIConnecterTechnologie Garanties Inventif Opportunités Re s s ources Connexion Propositions Réseau x Réussit e roF noitam esèneG Empreint e S u cc sè Web Accomp lissements Brand Conten t stnemengiesnE siraP Sup de Pub, la grande école de communication et de publicité ; Paris, Bordeaux, Lyon, Rennes, Londres, Monaco, New-York, Berlin ; cursus communication, cursus Créatif, Masters; Admissions Post-bac; Groupe OMNES Education ; 10 rue Sextius Michel, 75015 Paris. LAISSETON EMPREINTE PAS LES AUTRES COM Sup de Pub, la grande école communication et de publicité Paris, Bordeaux, Lyon, Rennes, Londres, Monaco, New-York, Berlin Cursus communication / créatif, Masters, Admissions Post-bac, Groupe OMNES Education, 10 rue Sextius Michel, 75015 Paris.
Pub,
école
graphique
Sup de
une
Par Gracia Samafundu, Lauriana Gufflet, Anaé Boisyvon et Shana Amar
Par Pauline Monteiro, Erwan Poussier, Clarisse Vauquereaux
Par Dehli Salignon, Noa Labat, Maya Albarqawi, Solal Rogez
COMME UN FILS
PUB’ SUP DE PUB, LA GRANDE ÉCOLE DE COMMUNICATION ET DE PUBLICITÉ ; PARIS, BORDEAUX, LYON, RENNES, LONDRES, MONACO, NEW-YORK, BERLIN ; CURSUS COMMUNICATION, CURSUS CRÉATIF, MASTERS ; ADMISSIONS POST- BAC ; GROUPE OMNES EDUCATION ; 10 RUE SEXTIUS MICHEL, 75015 PARIS.
Malatre, Zoé
FAÇONNER L’AVENIR
DE
@Léa
Malka, Jean-Baptiste Demars, Seungwoo Chung et Arthur Deleau, 2022