ALGÉRIE
CÔTE D’IVOIRE Bouaké la rebelle
QUE VEUT ET QUE VAUT L’OPPOSITION ?
GRAND FORMAT BURKINA
CAMEROUN L’Église face à Biya
Spécial 24 pages
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 2989-2990 DU 22 AVRIL AU 5 MAI 2018
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Béchir Ben Yahmed bby@jeuneafrique.com
Samedi 21 avril
I
Ce n’est pas fini
l y a tout juste cinq mois s’est déroulée dans la capitale d’un pays africain la dernière phase d’un événement à nul autre pareil. Mais était-ce bien la dernière phase? Il semble que non : comme un séisme est suivi de répliques, l’événement dont je veux vous parler risque d’avoir des suites. Qui pourraient intervenir dans les prochains mois. Le 21 novembre 2017, à Harare, capitale du Zimbabwe, Robert Mugabe, Premier ministre puis président du pays depuis près de quarante ans, a remis sa démission. Il a été contraint à cette extrémité par le commandement de son armée et par son Parlement, qui l’auraient destitué s’il n’avait pas signé sa lettre de démission. À 93 ans, il était le plus âgé des chefs d’État de la planète et se préparait néanmoins à briguer un nouveau mandat. Une élection présidentielle est programmée pour septembre 2018. À cette échéance, c’est le « tombeur » de Robert Mugabe, qui se trouve être
son plus proche collaborateur depuis plus de quatre décennies, Emmerson Mnangagwa, qui a l’intention de se faire plébisciter (lire interview pp. 46-48). Mais le désormais ex-président ne se résigne pas à être le spectateur passif de sa fin politique : chaque fois qu’il le peut, il fait savoir qu’il n’a pas renoncé à une fonction dont il a en fait été écarté. Selon lui, son successeur n’est pas constitutionnel et il demande qu’on restaure son propre pouvoir. Rien de moins. Q u e s ’e s t - i l p a s s é e n novembre 2017 qui a conduit à la chute de « Comrade Bob » ? Où en est le Zimbabwe dirigé depuis cinq mois par Emmerson Mnangagwa? Le changement intervenu peut être comparé à celui qu’a connu la Tunisie le 7 novembre 1987. À cette date, le Premier ministre tunisien de l’époque, Zine el-Abidine Ben Ali, et un autre général tunisien, Habib Ammar, ont écarté du pouvoir sans trop de ménagement Habib Bourguiba, 86 ans, président depuis trente ans et qui pensait le demeurer « à vie ».
Le troisième homme de ce changement qui sera pendant près de deux ans le Premier ministre de ce nouveau régime, mon ami Hédi Baccouche, vient de révéler dans ses Mémoires (lire pp. 64-66), un excellent ouvrage intitulé En toute franchise, les coulisses de cette révolution de palais. Habib Bourguiba et Robert Mugabe ont dirigé la lutte de leurs pays pour l’indépendance et fondé une république. L’un et l’autre ont voulu être le président à vie de la République qu’ils avaient fondée. L’âge et l’usure les ont transformés en vieux chefs manipulés par leurs entourages; la fin de leur carrière politique fut un « naufrage ». À trente ans d’intervalle, l’un et l’autre ont été renversés par ceux qu’ils avaient portés aux plus hautes responsabilités. Dans les deux cas, le changement a été très bien accueilli. Ben Ali a bien commencé et mal fini, car l’autocrate est devenu dictateur, et les dictateurs finissent (presque) toujours mal. Dans le n o 1402 de Jeune Afrique, du 18 novembre 1987, je pouvais déjà écrire: «DansleTiersMonde,iln’estpas raisonnable de vouloir faire gouverner les 50 % de moins de 20 ans par qui a plus de 80 ans. » […] Lecultedelapersonnalitéàtous les coins de phrase et de rue n’a pas peu contribué à transformer jeuneafrique no 2989-2990 du 22 avril au 5 mai 2018
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Ce que je crois
HUMOUR, SAILLIES ET SAGESSE Bourguiba, à détacher de lui la jeunesse, à donner du pays la plus détestable des images. Ne recommençons pas. » On a, hélas, recommencé, et il faudra attendre vingt-trois ans et le « dégage ! » de la rue en 2010 pour mettre un terme au trop long règne du président Ben Ali. Mais revenons au Zimbabwe, à ce qui s’y est passé en novembre. Il y a cinq mois, le Zimbabwe vivait une pénible fin de règne, gouverné par un vieux chef enclin à céder aux influences croisées de ses entourages, manipulé en particulier par Grace, sa seconde femme, épousée en 1996. De quarante ans sa cadette, elle était sa nurse à plein temps avant de devenir peu à peu son âme damnée. Elle aimait le pouvoir et l’argent, qu’elle dépensait sans compter alors que le pays vivait des moments difficiles. Pour chacun de ses voyages à l’étranger, elle obtenait et gaspillait 3 millions de dollars. Elle s’était fait nommer (par son mari) aux plus hauts postes du parti ; s’était entourée d’opportunistes qui ambitionnaient de prendre le pouvoir avec elle ; et était devenue, grâce à la complicité de l’un d’eux, « docteur en sociologie » de l’université du Zimbabwe. Elle en était arrivée à exiger des ministres et vice-présidents qu’ils prennent des notes lorsqu’elle s’adressait à eux et qu’ils exécutent ses ordres. Le 6 novembre, elle a obtenu de Mugabe qu’il exclue Mnangagwa du gouvernement et du parti, qu’il lui retire les avantages et protections dont il bénéficiait. Le 12, elle s’est attaquée au général Chiwenga, chef de 4
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l’armée, et a convaincu son mari de le faire arrêter à l’aéroport même, à son retour de Chine. Ses adversaires se sont ligués contre elle et, en obligeant Mugabe à démissionner, ont retiré à Grace la source de son pouvoir. Ils ont garanti au couple l’immunité et lui ont assuré qu’il conserverait sa résidence, ses gardes, sa voiture blindée et un budget annuel d’une vingtaine de millions de dollars pour ses dépenses locales et ses voyages. Ce qui n’empêche pas l’ancien président de se plaindre à haute voix : « Ma femme pleure jour et nuit… Ils la persécutent… C’est moi qu’ils visent. » Il faut s’attendre à ce que l’armistice soit rompu par l’un ou l’autre des protagonistes. Emmerson Mnangagwa sera confirmé en septembre prochain ; il bénéficiera après cette date de l’onction des urnes. Le Zimbabwe est aujourd’hui et sera encore demain sous la férule d’un parti sûr de lui et dominateur, dirigé pour l’essentiel par les mêmes hommes et les mêmes femmes. C’est donc une aile du parti et le commandement de l’armée qui, ayant prévalu sur Grace et ses acolytes, sont aux commandes. Ils étaient déjà au pouvoir avec Mugabe et ont seulement changé de chef. Ils ne sont pas devenus démocrates pour autant. Hier numéro deux du régime, Mnangagwa en sera le numéro un et sa personnalité comptera davantage. Mais avec les mêmes hommes à sa tête, le Zimbabwe ne changera qu’à la marge : un homme ou une femme changentils lorsqu’ils ont changé de coiffure ?
Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a été dit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y. Vivre avec l’espoir est une vie qui en vaut bien d’autres. Blaise Pascal
On veut la liberté aussi longtemps qu’on n’a pas la puissance ; mais si on a la puissance, on veut la suprématie. Friedrich Nietzsche
Si tu achètes une marmite neuve, ne jette pas la vieille.
Proverbe mandé (Côte d’Ivoire)
Aimer une femme, c’est surestimer la différence qui existe entre une femme et une autre. George Bernard Shaw
Le paradis, c’est une bonne idée. Brèves de comptoir
Un mendiant bien portant est plus heureux qu’un roi malade. Arthur Schopenhauer
Existe-t-il au monde un privilège plus totalement exorbitant que la beauté ? Pierre Desproges
Tout jardin est, d’abord, l’apprentissage du temps, du temps qu’il fait, la pluie, le vent, le soleil, et le temps qui passe, le cycle des saisons. Erik Orsenna
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ÉDITORIAL
Quand l’Algérie s’éveillera… bdelaziz Bouteflika, 81 ans, cloué dans un fauteuil roulant depuis l’accident vasculaire cérébral dont il a été victime le 27 avril 2013, briguera-t-il un cinquième mandat en avril 2019? Ailleurs dans le monde, à de rares exceptions près, la question pourrait paraître saugrenue. Pas en Algérie. Mais puisque personne, pas même l’intéressé, ne sait s’il poursuivra le plus long « règne » d’un président algérien ou s’il passera la main, il est prématuré, voire inutile, de s’étendre sur la question. Les enjeux de la prochaine présidentielle, c’est-à-dire la situation et les perspectives du pays, méritent en revanche que l’on s’y arrête. De quoi l’Algérie a-t-elle le plus besoin aujourd’hui ? De modernité, tout simplement. En politique, d’abord, pour instaurer un véritable débat démocratique et renouveler les cadres qui ont fait leur temps. La nation ne peut plus s’offrir le luxe de se dispenser des idées neuves d’hommes et de femmes moins enclins à rechercher et à conserver des privilèges – et à lécher les babouches du zaïm – qu’à bien faire leur travail: proposer, discuter, faire bouger les lignes, préparer l’avenir, représenter dignement leurs électeurs. La classe politique algérienne est sclérosée. Pas une nouvelle tête n’a émergé. Ce sont les mêmes leaders et personnalités dont on parle depuis toujours, toutes tendances confondues. Autre défi, colossal, la réforme de l’administration, cette hydre bureaucratique qui fait crouler toute une population
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sous des tombereaux de paperasse et transforme la vie quotidienne du citoyen lambda ou de l’entrepreneur en infernal parcours du combattant. Un héritage des années Boumédiène, anachronique, paralysant, voire suicidaire pour un pays qui a vocation, par son jeune âge, ses potentialités et ses richesses, surtout dans l’environnement mondialisé qui est le nôtre, à innover, à libérer ses énergies et à rayonner par-delà ses frontières.
Fers aux pieds
Ensuite, et par conséquent, la sphère économique. Il faut en finir une fois pour toutes avec cette défiance maladive à l’égard du secteur privé, considéré depuis trop longtemps c o m m e l ’e n n e m i à abattre. Pourquoi renoncer à la créativité dont font preuve chaque jour les Algériens ? À cette aptitude, érigée en art, à toujours se débrouiller pour contourner les obstacles ? Pourquoi ne pas « légaliser » un secteur informel parmi les plus dynamiques du monde ? Car ce n’est que par le secteur privé qu’on pourra enfin diversifier une économie « monomaniaque », créer des emplois et relancer une industrie dans le coma depuis des lustres. C’est une évidence qu’il est absurde d’avoir à rappeler au XXIe siècle. Enfin, le volet social. Inonder de dinars – et il y en a moins
qu’hier – ceux qui ne s’en sortent pas, sans se pencher sur les raisons de leurs difficultés, c’est soigner les symptômes du mal sans jamais s’attaquer à ses racines. Une aberration. On en revient à la politique économique, à l’initiative privée, au cadre fourni par l’État, etc. Une société, quelle qu’elle soit, a aussi besoin d’air, et c’est peu dire que la société algérienne étouffe, asphyxiée par le conservatisme, les tabous, l’absence de loisirs et d’accès à la culture, la corruption endémique et le culte de l’argent facile. Et s’enferme dans le déni : son code de la famille, et la place qu’il réserve aux femmes en particulier, est un autre anachronisme difficilement acceptable. Autant demander aux Algériens de ne marcher que sur une jambe… Ces multiples fers aux pieds – dont la liste n’est hélas pas exhaustive – ne sont évidemment pas le fait d’Abdelaziz Bouteflika. Ils existaient bien avant lui et sont tellement ancrés dans les mentalités qu’ils semblent presque impossibles à briser. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis 1999 : réconciliation nationale, stabilité, davantage d’infrastructures, d’universités, d’écoles ou d’hôpitaux que durant tout le reste de la période post-indépendance. Mais il reste tant à faire, surtout le plus dur : révolutionner les mentalités. À quoi servirait un cinquième mandat – et du reste aussi le premier mandat d’un nouveau venu – sinon à régler les vrais problèmes ? Celui qui sera élu en 2019, quel qu’il soit, aura en tout cas une lourde responsabilité sur les épaules. Et l’avenir du pays entre les mains (lire aussi pp. 52-58).
Il faut en finir avec cette défiance maladive à l’égard du secteur privé.
Sommaire
Fondateur : Béchir Ben Yahmed, le 17 octobre 1960 à Tunis bby@jeuneafrique.com
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Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél. : +33 (0)1 44 30 19 60 Fax : +33 (0)1 45 20 09 69 Courriel : redaction @jeuneafrique.com Directeur général : Amir Ben Yahmed Vice-présidents : Danielle Ben Yahmed, François Soudan Directeur de la publication : Marwane Ben Yahmed Directeur de la rédaction : François Soudan f.soudan@ jeuneafrique.com La rédaction et l’équipe de Jeune Afrique sont à retrouver sur www.jeuneafrique.com/ qui-sommes-nous/
GRAND FORMAT Burkina Faso Ce que je crois par Béchir Ben Yahmed Éditorial par Marwane Ben Yahmed
PROJECTEURS 8 12 14
Confidentiel Les gens Idriss Déby Itno 10 choses à savoir sur Saadeddine El Othmani 16 Comme le temps passe… 18 Le match Aminata Touré vs Karim Wade 20 Esprits libres
L’ENQUÊTE 22
Les 50 Africains les plus influents
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
ÉCONOMIE
68 Automobile Les constructeurs chinois accélèrent la cadence 73 Têtes d’affiche 74 Télécoms Ethiotel veut se déployer hors d’Éthiopie
DIFCOM (Agence internationale pour la diffusion de la communication) S.A. au capital de 1,3 million d’euros Régie publicitaire centrale de SIFIJA 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris Tél. : +33 (0)1 44 30 19 60 Fax : +33 (0)1 45 20 08 23 +33 (0)1 44 30 19 86 Courriel : regie@jeuneafrique.com
Finance La Bourse de Casablanca patine 78 Affaires déclassées 79 Mines Toro Gold annonce le décollage de la filière aurifère au Sénégal 80 Tribune PPP, pour un mariage heureux entre multinationales et États
DOSSIER
82 Finance 94 98 100 102 103 105
MAGHREB & MOYEN-ORIENT
107 Burkina Faso Sur tous les fronts
Algérie 2019, que va faire l’opposition ? Tribune Mezze législatif Tunisie Sauve QI peu Secret d’Histoire Quand Bourguiba défiait de Gaulle
Communication et publicité
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38 Côte d’Ivoire Bouaké la rebelle 42 Cameroun Biya peut-il encore compter sur l’Église ? 45 Tribune Alternance(s) 46 Interview Emmerson Mnangagwa, président de la République du Zimbabwe 49 RD Congo Petits arrangements entre amis 52 59 60 64
Ventes : +33 (0)1 44 30 18 23 Abonnements : Service Abonnements Jeune Afrique, 56, rue du Rocher 75008 Paris Tél. : +33 (0)1 44 70 14 74 Courriel : abonnement-ja @jeuneafrique.com
CULTURE
Tendance Fantasmagorie égyptienne Littérature Éloge de la légèreté Style De si précieuses créations Voyage Le carnet de… Nicolas Jolivot Société Barthélémy Gaillard, journaliste Et il est comment le dernier… Parker Bilal ?
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GRAND ND FORMAT FOR dee l’évolution d’un pays
BURKINA FASO
ISSOUF SANOGO/AFP
Pour tout comprendree
Sur tous les fronts
Alors que le pays semble avoir digéré sa révolution, le président Kaboré dispose encore de deux ans pour accélérer le rythme des réformes économiques et tenter de mettre un terme à la menace terroriste. jeuneafrique no 2989-2990 du 22 avril au 5 mai 2018
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110 ENJEUX
Kaboré au milieu du gué
114 Entretien avec Paul Kaba Thiéba
Marwane Ben Yahmed
Premier ministre
116 En débat
marwaneBY
Très chère fonction publique
118 Vie des partis
Marathon Man och Marc Christian Kaboré, 61 ans, aborde la seconde moitié de son mandat comme un coureur de fond qui sait qu’il doit désormais accélérer et que le sprint final déterminera en grande partie l’issue de la course. Il a hérité, fin 2015, d’un champ de ruines sur le plan économique, dans un pays où tout était à reconstruire. Il doit désormais gérer l’impatience de ses compatriotes, assoiffés de changement. Comme il a dû composer, lors de son arrivée au pouvoir, avec les inévitables périodes de chasse aux sorcières (vis‑à‑vis des anciens pro‑Compoaré) et les règlements de comptes qui font perdre du temps, la restructuration de l’armée ou des services de renseigne‑ ments, le manque de confiance initial des investisseurs, les inévitables renvois d’ascen‑ seur qui ne permettent pas toujours d’effec‑ tuer de vrais choix, etc. Plus grave, le Burkina est désormais confronté à ce qui sera proba‑ blement l’un des principaux enjeux de son quinquennat : la lutte contre le terrorisme. Pour la troisième fois en deux ans, le 2 mars, Ouaga a été la cible d’une attaque jihadiste venue confirmer que le pays se trouve dans le viseur des groupes armés qui sévissent notamment au Mali. Sur le front économique, les résultats sont plutôt encourageants : 6,4 % de croissance en 2017, plus que prévu. Une inflation maî‑ trisée (2 % par an) et un système bancaire solide. Mieux, la confiance des partenaires internationaux est enfin une réalité. En décembre 2016, à Paris, lors de la confé‑ rence pour le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES), le gouvernement a pu récolter 12,2 milliards d’euros de promesses de dons de la part des bailleurs internationaux et 16 milliards d’euros d’engagements d’inves‑ tissements du secteur privé. La preuve que le Burkina, malgré tout, est attractif. La preuve aussi d’un potentiel longtemps sous‑estimé.
R
La Nafa s’y voit déjà
120 Interview de Tahirou Barry
Il était évident, après la chute de Blaise Compaoré, que la suite ne serait pas un che‑ min pavé de roses. Il en va ainsi de toutes les « révolutions ». Il suffit, pour s’en persuader, d’analyser les trajectoires et les situations actuelles, bien que différentes, de la Tunisie, de la Libye ou de l’Égypte. Trois constantes: une révision de fond en comble du contrat qui lie les dirigeants aux citoyens, d’inéluc‑ tables difficultés économiques exacerbant les tensions et des attentes telles que la popu‑ lation aura toujours l’impression qu’elles ne sont guère, ou pas assez vite, assouvies.
Placer l’accélération
Dans le cas du Burkina, malgré tous les obs‑ tacles rencontrés, force est de constater que le pays progresse mieux que ceux d’Afrique du Nord. Il n’en demeure pas moins qu’il est indispensable que la seconde partie du quinquennat soit plus concrète et plus dyna‑ mique. Kaboré en a conscience: il a lancé en août, par exemple, le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS), doté de 694 millions d’euros et destiné à financer, d’ici à 2020, la construction de centres de santé, de bâti‑ ments administratifs et d’écoles. La réus‑ site du complexe agro‑industriel de Bagré (Centre‑Est) et son corollaire – emplois, infrastructures, amélioration des conditions de vie – représentent d’ailleurs la meilleure réponse aux terroristes, qui ont beau jeu d’exploiter misère ou sentiment d’abandon. Kaboré n’a que peu de goût pour la pré‑ cipitation. Il est calme, pondéré, préférant toujours convaincre qu’imposer ses oukases. Et il ne changera pas. C’est d’ailleurs ce pro‑ fil de président « normal » et rassurant, un peu comme Macky Sall au Sénégal, qui avait séduit en 2015. Mais en 2020, son bilan sera examiné à la loupe. S’il entend obtenir un deuxième mandat, et dans l’intérêt des Burkinabè, c’est le moment de placer son accélération…
Ancien ministre de la Culture
124 ÉCONOMIE Test d’effort
126 Questions à
Rosine Sori-Coulibaly Ministre de l’Économie et des Finances
128 Infrastructures
Pleins feux sur l’énergie
130 Agrobusiness
L’horizon européen de Nafaso
134 Entrepreneuriat Patrice Chevalier, patron en campagne
136 Initiative
Connecté dès le berceau
138 SOCIÉTÉ
Tiébélé à la saison des femmes
142 Mode
Le pagne branché signé Bazem’sé
144 Couleur locale
Petit lexique illustré du français intègre
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Grand format BURKINA FASO
ENJEUX
Kaboré au
Le 7 mars, à Ouagadougou. Funérailles des huit militaires tués lors du double attentat du 2 mars.
BENJAMIN ROGER
P
rès de deux ans et demi après son entrée en fonction, Roch Marc Christian Kaboré a hérité d’un nouveau surnom dans les maquis de Ouaga : le « président diesel ». Une façon taquine de qualifier le chef de l’État, dont les débuts sont jugés poussifs par une partie de la population, alors que la première moitié de son mandat est bientôt derrière lui. S’il savait que la tâche qui l’attendait était immense, après plus d’un quart de siècle de régime Compaoré et une année de transition chaotique, il n’imaginait sans doute pas qu’elle serait complexe à ce point. La faute, principalement, à une situation sécuritaire dégradée. Ancien îlot
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de stabilité au cœur d’un océan sahélien pollué par les violences armées et les différents trafics, le Burkina est devenu la cible d’attaques régulières de groupes jihadistes, tant dans le Nord frontalier avec le Mali qu’au cœur de Ouagadougou. Dernière en date : le double attentat contre l’état-major et l’ambassade de France dans le centre de la capitale, qui a coûté la vie à huit militaires le 2 mars. Pour le nouveau pouvoir en place, la donne a donc changé. « Nous avons été contraints de réajuster nos priorités et de nous concentrer sur notre système de défense et de sécurité », explique Rémi Dandjinou, ministre de la Communication et porte-parole d’un gouvernement qui n’a pas hésité à creuser les déficits publics pour financer ces efforts. À la clé, une augmentation des effectifs militaires et
milieu du gué
AHMED OUOBA/AFP
Cette première moitié de mandat s’est révélée plus compliquée que prévu pour le chef de l’État. Alors que son pays a été visé par des attaques terroristes, il doit désormais accélérer les grands chantiers et la relance de l’économie.
policiers de près de 2000 hommes le long de la frontière avec le Mali, un renforcement des patrouilles à Ouagadougou, ou encore la formation d’unités à la lutte antiterroriste ainsi que l’acquisition de nouveaux matériels. Le tout sur fond de restructuration de l’armée et surtout des services de renseignements, contrôlés des années durant par l’état-major particulier de Blaise Compaoré.
Manque de fermeté ?
Dans ce climat tendu, difficile de travailler sereinement à la relance économique. La dégradation sécuritaire affecte le climat des affaires et ne favorise pas les investissements, tant burkinabè qu’étrangers. « Il y a une volonté manifeste des groupes terroristes de saper la reconstruction
du Burkina post-Compaoré », analyse un collaborateur de Kaboré. Les fruits de la croissance économique, pourtant stabilisée autour de 6 % depuis 2016, sont encore difficilement perceptibles. Quant au Plan national de développement économique et social (PNDES), il a permis de récolter plus de 12 milliards d’euros de promesses de dons des bailleurs internationaux et 16 milliards d’euros d’intentions de financement du secteur privé fin 2016, mais ces fonds peinent toujours à se matérialiser en infrastructures, pourtant nécessaires au pays. « Il est normal que tous ces projets prennent du temps, mais il y a tout de même une impression globale de lenteur, voire de ronronnement, au sommet de l’exécutif », estime un bon connaisseur du pays. Réputé pour sa rondeur et son
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sens du consensus, le chef de l’État est accusé par ses détracteurs de manquer de fermeté. Depuis son arrivée à Kosyam, il fait face à une grogne sociale récurrente, en particulier dans les services publics. Professeurs, policiers, personnels de santé, magistrats… Nombreux sont les agents de l’État à avoir été en grève, parfois longuement, ces derniers mois. « Le président n’agit pas, il réagit. Il donne l’impression de piloter à vue, tacle Tahirou Barry, son ex-ministre de la Culture passé dans l’opposition. Ceux qui se sont battus pendant l’insurrection de 2014 se posent des questions sur sa volonté de mener une réelle politique de rupture avec le régime Compaoré. »
Pédale d’accélérateur
Face à ces critiques, le gouvernement met en avant ce qui, selon lui, a déjà été réalisé par l’administration Kaboré à mi-parcours. L’entourage du chef de l’État souligne ainsi les progrès effectués en matière de santé et d’éducation : la création de centres de santé régionaux, la mise en place de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, le recrutement de 16 000 professeurs depuis 2016 pour renforcer l’enseignement primaire et secondaire…
Côté justice, le procès tant attendu du coup d’État manqué de septembre 2015 s’est ouvert fin février et devrait durer encore plusieurs mois. Quant à celui de la répression de l’insurrection populaire de 2014, il est suspendu. « Certains disent que ces procès traînent, mais le président n’y est pour rien car il met un point d’honneur à ne pas interférer dans les affaires judiciaires et à instaurer un véritable État de droit au Burkina », se défend l’un de ses proches. D’ici à la fin de son mandat, Kaboré devra appuyer sur la pédale de l’accélérateur pour faire avancer les nombreux chantiers ouverts à son arrivée au pouvoir, et ainsi convaincre les Burkinabè de le réélire en 2020. La tâche s’annonce d’autant plus délicate qu’il doit désormais composer sans Salif Diallo, son principal allié, décédé le 19 août à Paris. Malgré le fait qu’il entretenait avec le défunt président de l’Assemblée nationale des rapports complexes, Kaboré a perdu un stratège politique hors pair. Au sommet de ce régime en recomposition, le président s’appuie désormais sur un homme: Paul Kaba Thiéba, son Premier ministre. Nommé dès janvier 2016, il a su conserver la confiance de son patron malgré les remaniements. Reste à savoir s’il la gardera tout au long d’une seconde moitié de mandat durant laquelle le gouvernement sera inéluctablement mis sous pression.
Simon Compaoré, toujours prêt A u B u r k i n a , l ’e x - m a i r e d e Ouagadougou est aussi populaire que controversé. Surtout depuis qu’il s’est rendu en pleine nuit, armé d’une kalachnikov, chez un député qui avait claqué la porte de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), « afin de le protéger », avait-il alors assuré. Nommé fin janvier ministre d’État auprès de Kaboré, Simon Compaoré (photo), également président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, au pouvoir), assure aider le chef de l’État à mettre en place son programme afin d’obtenir un plébiscite en 2020. Âgé de 65 ans, il a été de tous les combats politiques des trente dernières années au Burkina. Comme nombre d’étudiants africains formés en France, ce diplômé en économie de l’université de Dijon s’engage tôt en politique. Il passe par l’Association des étudiants voltaïques en France (actuelle Union générale des étudiants burkinabè), véritable pépinière de dirigeants, puis entre dans la
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NADOUN COULIBALY
clandestinité au sein de l’Union des luttes communistes reconstruites (ULCR). C’est à cette époque qu’il se rapproche de Kaboré, de Basile Guissou, promu ministre des Affaires étrangères sous la révolution, et du politologue Jean Marc Palm, nommé récemment à la tête du Haut Conseil du dialogue social. Alors que le mouvement estudiantin peine à s’accorder sur la stratégie à adopter pour le développement de la Haute-Volta, tiraillé entre le Parti
communisterévolutionnaire voltaïque (PCRV) et l’ULCR, le coup d’État d’août 1983 de Thomas Sankara marque un tournant décisif dans la carrière de Simon Compaoré. Promu directeur de cabinet de Blaise Compaoré, alors numéro deux du Conseil national de la révolution, il supervise les Comités de défense de la révolution (CDR), dont le zèle et les exactions ont entaché la révolution. « Cela m’a permis d’avoir une plus ample affinité avec le président Compaoré », affirme l’ex-secrétaire général du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). « Dans le sérail politique, Simon Compaoré est original. Attaché à Blaise, il fait néanmoins partie de ceux qui ont tout fait pour le dissuader de briguer un nouveau mandat après ses vingt-sept années de règne », commente Mélégué Maurice Traoré, ancien président de l’Assemblée nationale. Un désaveu que Simon – comme l’appellent ses concitoyens – assimile à du courage: « Il fallait éviter une catastrophe au Burkina », insiste-t-il.
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Pouvez-vous nous présenter le Groupe MÉGAMONDE qui fête ses vingt années d’existence en 2018 ? Créé en 1998, le Groupe MÉGAMONDE provoque la ferveur en matière de consommation des véhicules « deux roues » en introduisant, dès 2002, des motocyclettes chinoises de type 4 temps qui, jusqu’alors, étaient inexistantes sur le marché burkinabè. Ce nouveau produit apportait, d’emblée, un rapport qualité/prix des plus attractifs, d’où un engouement sans précédent dès son introduction sur le marché national. Ceci a d’ailleurs valu au Groupe MÉGAMONDE sa place de leader dans le domaine de l’industrialisation et de la distribution de motocycles. Aujourd’hui, cette place est maintenue, grâce à la commercialisation des engins de marque RATO et aussi à la distribution d’électroménagers, d’appareils TIC et à la représentation de grandes marques que sont CHIGO pour la climatisation et GULF pour les lubrifiants de moteur.
Dans son rôle d’agent, le Groupe MÉGAMONDE fait figure d’interface entre l’État et des multinationales dans le cadre des négociations pour la réalisation de Projets Public/Privé (PPP). À ce titre, plusieurs marchés sont en phase d’exécution : il s’agit, entre autres, de celui sur les titres de transports et de celui lié à la sécurisation biométrique de documents personnels. Grâce au savoir-faire de ses équipes, le Groupe MÉGAMONDE a réalisé non seulement des travaux de BTP, d’interconnexion de réseaux, de télécommunications, mais a procédé aussi à des livraisons de véhicules, de matériels et mobiliers de bureau, de vivres et de biens de consommation courante au profit de l’État (dans le cadre de projet PPP) et de sociétés minières. Par ailleurs, des projets d’augmentation de la production énergétique nationale à travers le solaire et de grands travaux d’électrification, sont en cours. Enfin, nous sommes en pourparlers avec l’État et nos partenaires étrangers, afin de réaliser un complexe hôtelier de haut standing et des routes. Toutes ces initiatives se font en synergie avec des firmes étrangères désireuses de mettre leur expertise au profit des efforts de développement du Burkina Faso.
Fort d’une bonne connaissance du marché national et sous-régional, ainsi que d’une grande expérience en matière de distribution, le Entretien avec Monsieur Nasser BASMA Groupe MÉGAMONDE a entamé Un mot de conclusion ? une politique d’expansion de ses président du Groupe MÉGAMONDE Le Groupe MÉGAMONDE dispose de activités commerciales avec l’oul’expérience et de la compétence pour verture de six agences implantées à mener à bien les missions administratives, techniques et travers le Burkina Faso et d’une à Cotonou, au Bénin. commerciales, etc. qu’un investisseur étranger voudrais lui Ainsi, les 20 ans d’existence, que nous célébrons en cette année confier. Nous disposons de tous les arguments pour être un 2018, sont l’aboutissement d’un parcours qui nous a permis de agent compétent et dynamique qui veille sur les intérêts de consolider nos acquis, et aussi de diversifier nos domaines de son partenaire. compétence, ce qui nous permet de proposer nos services à des multinationales souhaitant investir au Burkina Faso.
Quelles sont les modalités de coopération avec les investisseurs étrangers ? En plus de sa vocation industrielle et commerciale, le Groupe MÉGAMONDE a développé, depuis 2014, un pôle « prestations de services » et s’est lancé dans le métier d’agent et de sous-traitant dans des domaines spécifiques.
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Nous sommes un partenaire stratégique des investisseurs étrangers au Burkina Faso
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Paul Kaba Thiéba Premier ministre
« Le PNDES est ma boussole » Propos recueillis par NADOUN COULIBALY
econduit lors du remaniement le 31 janvier, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, 57 ans, bénéficie d’une confiance inébranlable de la part du président Roch Marc Christian Kaboré. Mais son nouveau gouvernement est attendu sur de nombreux fronts : relance économique, partage de la croissance, grogne dans le secteur public, lutte contre le terrorisme. Un peu plus d’un an après le plébiscite obtenu à Paris auprès des bailleurs et des privés internationaux, qui avaient promis d’investir 28 milliards d’euros dans le Plan national de développement économique et social (PNDES), au coût évalué à 15 400 milliards de F CFA (23,5 milliards d’euros), cet ancien haut fonctionnaire de la BCEAO affirme que la transformation de l’économie est sur de bons rails. Reste, dit-il, à soutenir l’effort et à ramener la sécurité, alors que le pays est régulièrement visé par des groupes armés.
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À ce stade, nous n’écartons aucune piste. Seules les enquêtes en cours nous renseigneront sur les responsables de ces attentats et leurs commanditaires. L’important pour nous est de conjuguer les efforts pour faire éclater la vérité, démasquer les auteurs et les punir pour leurs forfaits. Nous n’avons pas de coupables désignés ni d’idées préconçues.
Après les attentats de Ouagadougou, considérez-vous que le plan d’urgence 2017-2020 concocté par l’exécutif pour contrer la propagande terroriste, doté d’une enveloppe de 455 milliards de F CFA, reste pertinent ?
NOUS SOMMES TOUCHÉS PAR LE TERRORISME, MAIS NOUS RESTONS DEBOUT.
SOPHIE GARCIA/HANS LUCAS POUR JEUNE AFRIQUE
Le 2 mars, Ouagadougou a subi sa troisième attaque terroriste en deux ans. Comment expliquez-vous que le pays soit devenu une cible privilégiée des groupes armés sévissant dans le nord du Mali ? Paul Kaba Thiéba : Le terrorisme est
devenu un phénomène mondial. Aucune région n’est à l’abri, et nous n’échappons pas à cette tragédie. L’activité soutenue des groupes terroristes au Mali et au Niger, et de Boko Haram au Nigeria, crée un environnement régional défavorable à la paix et à la prospérité. Nous ne sommes pas surpris d’être affectés par ces actes meurtriers, qui frappent durement notre peuple. Nous sommes touchés, mais nous restons debout. Je suis persuadé que notre nation subit un phénomène transitoire et que nous vaincrons. Et je peux vous assurer que mon gouvernement est déterminé à ramener la sécurité sur tout le territoire national.
Vous avez toujours pointé les accointances entre les dignitaires du régime déchu de Blaise Compaoré et ces groupes terroristes. Est-ce réellement le cas ?
Nous restons convaincus que la meilleure approche est de combiner la riposte militaire avec le développement économique. Nous devons tout faire pour que la misère et la pauvreté cessent d’être des prétextes à la propagation d’idées radicales dans le Sahel. C’est pourquoi le gouvernement, tout en accentuant ses efforts militaires pour instaurer la paix, multiplie les investissements dans les infrastructures pour apporter l’eau, les écoles, les centres de santé et, in fine, améliorer la gouvernance locale. L’an
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MIX ENERGÉTIQUE
Selon le ministre de l’Énergie, Dr. Bachir Ismael Ouedraogo, « le projet Essakane Solar vient impulser une dynamique nouvelle dans le secteur minier et énergétique de notre pays et va en droite ligne de notre programme gouvernemental de développement de l’énergie solaire, un volet important du PNDES (Plan national de Développement Economique et Social).» Le ministre a exhorté le secteur minier et les grandes industries à « emboîter le même pas qu’Essakane, afin de faire de notre pays, un leader en matière d’énergie solaire ». La Directrice générale (DG) d’Essakane Solar, Emma Marie Blanche Kantiono, a rappelé que la mise en service de cette centrale solaire prouve que « l’électricité renouvelable dédiée aux industriels offre des avantages économiques et environnementaux majeurs ».
Heureux de voir un tel projet se concrétiser, Steve Letwin, Président et Chef de direction d’IAMGOLD Corporation, a déclaré à cette occasion : « En faisant le choix de la promotion des énergies renouvelables, IAMGOLD investit dans l’avenir. La mine d’Essakane peut se targuer d’avoir relevé ce défi qui s’inscrit dans notre effort continu pour un développement durable. L’électricité solaire photovoltaïque est particulièrement bien adaptée aux enjeux majeurs que rencontre la mine d’Essakane.» La mine d’or Essakane s’engage ainsi vers des solutions durables, écologiques, à la fois au bénéfice de la réduction des coûts de la mine, mais aussi sur le front de la lutte contre le réchauffement climatique. Le projet de centrale solaire de 15 MW ne représente qu’un début pour cette mine, engagée sur la voie d’augmenter la proportion d‘énergies renouvelables à 15 % de ses besoins totaux en énergie au cours des trois prochaines années. Durant sa phase de chantier, la centrale solaire aura permis de créer 75 emplois dans les communautés riveraines du site minier Essakane. La société Essakane Solar comptera désormais un effectif permanent de 40 emplois directs durant la phase d’exploitation et un pourcentage de ses revenus sera dédié au développement local.
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Le président Kaboré a coupé le ruban symbolique donnant ainsi le coup d’envoi de l’exploitation. Cette centrale solaire,permettra à la mine Essakane de diminuer sa consommation de carburant d’environ six millions de litres de fioul par an et de réduire ses émissions annuelles de CO2 d’environ 18 500 tonnes. Créée pour ce projet, la compagnie Essakane Solar SAS, la société détentrice du projet dont les actionnaires sont Total Eren et AEMP vendra l’électricité produite à partir de la centrale solaire à la mine d’or Essakane pour toute la durée du contrat de vente qui s’étend sur 15 ans.
Photo de famille
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Inaugurée le 16 mars dernier sur le site minier Essakane (nord-est du Burkina Faso), en présence du président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, la centrale solaire de 15 MWc est raccordée à la centrale existante au fioul lourd de la mine de 57 MW et sera la plus grande centrale hybride fioul-solaire au monde. Le parc solaire de 130 000 panneaux voltaïques, érigé sur une aire de 22 ha a nécessité un investissement de 15 milliards FCFA. Il a été réalisé grâce au partenariat entre la compagnie minière IAMGOLD Essakane SA, le groupe français Total Eren, porteur du projet et producteur indépendant d’électricité à partir d’énergies renouvelables, African Energy Management Platform (AEMP) des centrales énergétiques majoritairement renouvelables et hybrides pour des clients industriels et miniers en Afrique , et Wärtsilä le constructeur de la centrale.
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La mine Essakane abrite la plus grande centrale hybride fioul-solaire au monde
Coupure du ruban par S.E.M. Roch Marc Christian Kaboré et Steve Letwin, Président et Chef de la Direction IAMGOLD Corporation IAMGOLD Essakane SA 09 BP 11 - Rue 13.16 - Zone du Bois Ouagadougou - Burkina Faso Tél. : (00226) 25 36 91 44 Fax : (00226) 25 36 09 24 E-mail : Essakane_Communications@iamgold.com
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EN DÉBAT
dernier, nous avons mobilisé environ 80 milliards de F CFA pour réaliser ces infrastructures, et nous projetons d’y ajouter une enveloppe de 155 milliards cette année. Nous mutualisons également les moyens avec nos pays frères du Mali et du Niger au sein du G5 Sahel, pour tenter d’apporter une réponse globale à l’extrémisme violent. Fin janvier, le président Kaboré vous a renouvelé sa confiance à la tête de l’exécutif. Quelles sont désormais vos priorités ?
Je reste déterminé à concrétiser la vision du président Roch Marc Christian Kaboré telle que consignée dans le PNDES. Doté de 15 400 milliards de F CFA, ce plan constitue ma boussole, et ma priorité est d’en accélérer l’exécution pour infléchir la courbe de la pauvreté [+ 41 % en 2016 selon l’Institut national de la statistique et de la démographie], transformer l’économie et redistribuer les richesses créées. Chaque année, mon gouvernement affecte plus de 30 milliards de F CFA pour la gratuité des soins au profit des femmes et des enfants ainsi que pour la mise à niveau des infrastructures sanitaires. Les critiques, je les comprends et les accepte, mais il est impossible de changer radicalement la situation d’un pays comme le nôtre en deux ans. Il nous faut de la constance dans l’effort comme dans la durée. Nous avons déjà réussi à assainir notre cadre macroéconomique et à relancer la croissance. Nous attendons également une hausse substantielle de nos recettes fiscales, mais les effets des réformes que nous avons lancées ne se feront sentir que dans quelques années. La gestion de la question sécuritaire par le président Kaboré fait l’objet de nombreuses critiques. Les comprenez-vous ?
Je ne les accepte pas car je les trouve injustes. Personne ne se soucie davantage de la sécurité du pays que le président. Nous avons hérité d’un appareil sécuritaire totalement désarmé. Nous avons dû le reconstruire, autour des principes républicains, en adoptant une loi de programmation militaire censée doter nos forces de défense et de sécurité de moyens importants pour faire face aux menaces.
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Très chère fonction publique NADOUN COULIBALY
L
a fonction publique est-elle devenue un gouffre financier ? La question divise le Burkina Faso. Depuis que l’exécutif a ouvert la boîte de Pandore en satisfaisant les magistrats, tous les autres corps réclament une revalorisation de leurs salaires. Face à un secteur public constamment paralysé par les grèves, le gouvernement a dû lâcher du lest. Coût de la facture : près de 200 milliards de F CFA (près de 300 millions d’euros), répartis entre 2016 et 2018. Sauf que ces « cadeaux sociaux » portent le déficit budgétaire à plus de 8 % du PIB, les salaires des quelque 196000 fonctionnaires absorbant désormais près de 53 % des recettes publiques. Les revendications des travailleurs sont peut-être légitimes, mais elles ne peuvent être satisfaites au détriment de la capacité financière de l’État. En dix ans, la masse salariale de la fonction publique est passée de 199 milliards de F CFA à plus de 620 milliards. Et au rythme actuel, elle pourrait dépasser les 1 000 milliards de F CFA à l’horizon 2020, plongeant alors le pays dans les affres de l’endettement, selon un scénario à la grecque dans lequel l’État est dans l’incapacité d’honorer ses engagements financiers. Le dernier diagnostic porté sur le système de rémunération des fonctionnaires est d’ailleurs des plus pessimistes. « La tendance qui se dessine pour la période 2018-2020 ne laisse entrevoir aucune perspective de maîtrise de la situation », s’inquiètent les rédacteurs de cette étude, commanditée par le ministère des Finances. Pressé par le FMI de ramener son déficit budgétaire aux standards communautaires de 3 %, le gouvernement se retrouve dos au mur, face à des syndicats de plus en plus remontés. Il propose, pour l’instant, une timide refonte du modèle de rémunération à des patrons de centrales syndicales qui ne veulent pas en entendre parler. Plus ambitieux, ces derniers demandent la convocation d’« une conférence nationale sur les ressources publiques et leur gestion qui passerait au peigne fin toutes les rémunérations ». Un comité a déjà vu le jour pour tenter d’apaiser le climat social. Mais vu l’absence de consensus en son sein, les propositions de réforme qui en découleront risquent d’alimenter le débat en cours plutôt que de le clore.
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Vie des partis
La Nafa s’y voit déjà
AHMED OUOBA/AFP
Trois ans après sa création, le parti rêve de s’imposer dans les urnes. Mais il doit pour l’instant compter sans son fondateur, Djibrill Bassolé, poursuivi pour trahison.
Manifestation de soutien à l’ex-ministre des Affaires étrangères à Reo, près de Koudougou, en 2016. NADOUN COULIBALY
u sein de la Nouvelle Alliance du Faso (Nafa), la candidature éventuelle de Djibrill Bassolé à la présidentielle de 2020 est dans tous les esprits. Alors qu’il est poursuivi pour « trahison et collusion avec une force étrangère » dans le cadre de l’enquête judiciaire sur le coup d’État manqué de septembre 2015, sa libération reste pourtant des plus hypothétiques. « Notre souhait est que justice soit rendue afin que Bassolé puisse jouir à nouveau de ses droits civiques pour accepter d’être notre candidat », martèle le président de la Nafa, Mahamadou Dicko. Pour le politologue Abdoul Karim Saidou, le parti ferait pourtant mieux de réfléchir à un plan B. « Le sort du parti est intimement lié à celui de son mentor. Or il n’est pas évident que ce dernier puisse se présenter, au regard de la lenteur actuelle
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L’AVENIR DU MOUVEMENT DÉPENDRA DE L’ISSUE DU PROCÈS DE SON LEADER, QUI REPREND DÉBUT MAI.
du procès. L’avenir du parti, dont l’assise politique sur le terrain reste marginale, va entièrement dépendre de l’issue du jugement », estime encore l’enseignant en droit à l’université de Ouagadougou. Réponse à partir du 9 mai prochain, date de la reprise du procès. Bien que l’avenir politique de Djibrill Bassolé reste des plus incertains, il semble encore susciter des espoirs auprès d’une partie de l’électorat. « Il peut bénéficier des difficultés rencontrées par la majorité, sur la question sécuritaire notamment, décrypte de son côté Siaka Coulibaly, juriste et analyste politique. Beaucoup de Burkinabè établissent un lien entre la période de stabilité qui prévalait lorsque Djibrill Bassolé était ministre des Affaires étrangères et la spirale d’insécurité qui a suivi son départ. » Rien n’indique cependant que l’aura médiatique, supposée ou réelle, du général de gendarmerie va se traduire en vote pour son parti. « Certains indécis pourraient considérer la Nafa comme une véritable option. Ce qui n’était pas le cas à sa création en 2015 », veut croire Siaka Coulibaly. Annoncée aujourd’hui comme la quatrième force politique du pays, derrière le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) – au pouvoir –, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré et le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dirigé depuis fin février par Eddie Komboïgo, la Nafa avance ses pions, en poursuivant son implantation dans les différentes régions. « Nous avons développé une nouvelle stratégie pour recouvrer les cotisations des militants et ainsi permettre au parti de fonctionner correctement. Notre force réside dans notre organisation », détaille le président Dicko, qui revendique l’arrivée récente dans ses rangs de nombreux jeunes intellectuels. Depuis le congrès de janvier – premier du genre pour le parti –, ils représenteraient jusqu’à 70 % des membres exécutifs de la Nafa. « Le parti séduit car il est actif, confirme Abdoul Karim Saidou. Mais il dépasse encore rarement le stade des discours. »
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ASSOCIATION DES CIMENTIERS DU BURKINA FASO
L’ACB, UNE ORGANISATION PROFESSIONNELLE AU SERVICE DE LA CONSTRUCTION DU BURKINA FASO D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN
Essam DAOUD, DG CIMAF BF
Élu Président de l’Association des Cimentiers du Burkina Faso, présente cette organisation professionnelle, ses objectifs et ses défis.
Quels sont les objectifs de l’ACB ? Nous nous fixons 3 objectifs. D’abord, promouvoir notre industrie dans le strict respect des lois et règlements, notamment, en matière de concurrence et ce, en concertation continue avec les autorités publiques.
Ensuite, veiller à une amélioration constante des standards du secteur en matière de qualité, de sécurité et d’environnement. Enfin, contribuer à l’amélioration du climat des affaires en collaboration avec les autres organisations professionnelles privées et publiques au Burkina Faso. Quel est la situation du marché du ciment au Burkina actuellement ? Depuis 2014 et suite à l’installation de 3 nouveaux opérateurs, le marché est passé d’une situation ou le ciment était importé pour faire face aux pénuries récurrentes, à une situation de surcapacité avec 3 millions de tonnes de capacités installées face à une demande estimée pour l’année 2018 à environ 2 millions de tonnes. Quel impact depuis 2015 sur le prix x du ciment ? L’abondance de l’offre ett la multiplicité des opérateurs dans un marché de taille relativement réduite, a conduit à une baisse significative du prix du ciment au Burkina entre 2014 et 2018 de l’ordre de 25 % à 30 % selon les chiffres officiels.
Le ciment a été intégré à la liste des produits de première nécessité dont l’évolution des prix est suivie par le cadre de concertation tripartite (CCT). Il fait donc l’objet d’une homologation de prix par les autorités publiques sur la base d’une analyse détaillée de la structure des coûts de chaque opérateur. Les cimentiers collaborent individuellement, en toute transparence, avec les ministères de tutelle pour répondre au mieux aux attentes du consommateur final, en matière de qualité et de prix, malgré notre forte exposition à l’évolution du prix du clinker sur le marché international et aux contraintes en matière logistique. Dans ce contexte, comment expliquez-vous les nouveaux investissements annoncés par les membres de l’ACB ? L’enveloppe globale des investissements est de l’ordre de 150 milliards FCFA et portera les capacités de production à 6 millions de tonnes dans quelques mois. Il s’agit du dédoublement de capacité de CIMBURKINA, du projet d’une unité de production de clinker au Nord par Diamond Cement, et de deux unités de production de ciment respectivement de CIMAF et de CIMFASO à Bobo Dioulasso. Ces investissements s’inscrivent dans une perspective multidimensionnelle selon la stratégie de chaque opérateur. De manière succincte, cela permettra de faire des économies d’échelle et une meilleure couverture du territoire National. Notre volonté étant de garantir la disponibilité d’un ciment de première qualité pour satisfaire la croissance de la demande du ciment au Burkina pour les 10 années à venir. Il est certain que cela va placer tout le secteur dans une situation de surcapacité significative pendant plusieurs années. Si dans le domaine industriel nous sommes sur des cycles longs où il est important pour nous d’investir aujourd’hui pour répondre aux besoins de demain, il est tout aussi important de préserver l’industrie locale des importations frauduleuses. Nous espérons également une mise en œuvre accélérée des projets prévus dans d le cadre du PNDES et sommes disposées à y contribuer activement pour construire le Burkina Faso de demain.
Contact ACB
Immeuble de Charles Kaboré Avenue Bila Charles Kaboré, Ouaga 2000 Burkina Faso E-mail : Info@acb.bf
©DIFCOM - PHOTOS : STOCK.ADOBE.COM - PORTRAIT DG : D.R.
Crée en 2016, l’ACB regroupe les 4 industriels du ciment au Faso, Diamond Cement, CIMAF, CIMBURKINA et CIMFASO. Avec un chiffre d’affaires global de 205 milliards FCFA, des investissements réalisés de l’ordre de 120 milliards FCFA, l’ACB est une des plus importantes organisations professionnelles du Burkina, un des premiers contributeurs fiscaux et sociaux et l’un des plus grands pourvoyeurs d’emploi avec 5000 emplois directs et directs.
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Tahirou Barry
Ancien ministre de la Culture
« J’ai préféré rester fidèle à mes engagements plutôt qu’à un chef d’État »
Propos recueillis par DAMIEN GLEZ
pposant de la dernière heure ou électron libre? Troisième homme lors de la présidentielle de 2015 (3,09 % des voix) devenu ministre de la Culture en janvier 2016, l’ex-dauphin de l’inclassable Laurent Bado au Parti pour la renaissance nationale (Paren) incarne la première fissure au sein de la majorité. En octobre, Tahirou Barry, 42 ans, a démissionné du gouvernement et, également exclu d’un Paren resté dans la majorité, s’est rapproché de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition, qui avait obtenu 29,65 % à la présidentielle. Pourra-t-il exister aux côtés de cette formation et devenir le poil à gratter d’une mouvance présidentielle qu’il a connue de l’intérieur? Entretien.
OLYMPIA DE MAISMONT POUR JA
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ministre. C’était une forme de lettre ouverte pour partager mon rêve d’un Burkina tourné vers le progrès.
Jeune Afrique: Pourquoi avoir rallié le gouvernement de Paul Kaba Thiéba début 2016 pourfinalementlequitterdèsoctobre2017? Tahirou Barry: Mon parti avait rejoint la
Pourquoi risquer de « noyer » votre image au sein de l’UPC plutôt que de marquer une différence médiatiquement plus visible au Paren, votre parti d’origine?
mouvance présidentielle sur la base d’un protocole d’accord fondé sur la défense des valeurs de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Mais le bilan à mi-parcours n’est qu’échec et trahison des idéaux. Je devais choisir entre la fidélité à mes engagements ou à un chef d’État et à son parti. J’ai opté pour la première et j’entends poursuivre mon engagement auprès de ceux qui rêvent d’un Burkina plus grand et plus digne. Roch Marc Christian Kaboré vous a-t-il proposé le poste de Premier ministre, comme semblait le suggérer votre déclaration du 22 janvier 2018 sur les réseaux sociaux?
Non. Juste avant la constitution du nouveau gouvernement, j’ai publié ce texte qui exprimait ma vision du changement, pour sortir mon pays de l’ornière, et celui-ci prenait la forme d’un rêve où le président m’aurait sollicité pour le poste de Premier
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Ce qui importe, c’est de contribuer au changement dans mon pays, en tant que parlementaire. Et je ne peux le faire qu’à l’intérieur d’un groupe parlementaire crédible et constant dans son engagement pour le salut du peuple, comme celui de l’UPC. Avec lui, c’est un grand combat parlementaire qui s’annonce, et j’entends y participer activement.
UN GRAND COMBAT PARLEMENTAIRE S’ANNONCE, ET J’ENTENDS Y PARTICIPER ACTIVEMENT.
Alors que vous êtes proche d’un parti que vous n’avez pas formellement intégré, vous paraît-il envisageable d’être à nouveau candidat à la présidentielle en 2020?
La course à la présidentielle n’est pas une chevauchée solitaire. C’est le résultat d’une grande convergence d’actions, et nous avons engagé la réflexion avec plusieurs camarades de lutte. En temps opportun, nous nous déterminerons de façon très claire.
COMMUNIQUÉ
ZAGTOULI, SYMBOLE SOLAIRE AU PAYS DES HOMMES INTÈGRES Au Burkina Faso, la centrale photovoltaïque de Zagtouli a injecté fin septembre ses premiers kilowattheures sur le réseau électrique. Elle fait figure de porte-étendard de la filière alors que de nombreux autres projets solaires dans le pays devraient aboutir dans les prochaines années. Nana Saïdou, contre près de 140 francs CFA par kWh pour les centrales à combustible fossile.
Située au sud-ouest de la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou (centre du pays), la centrale de Zagtouli est composée de 129 600 modules photovoltaïques (de la société allemande SolarWorld), répartis sur 60 hectares. Débutés en juin 2016 sous la houlette de l’entreprise française Cegelec, les travaux sur le site sont aujourd'hui « exécutés à 99 % » selon Nana Saïdou, chef du projet Zagtouli qui précise que de l'électricité a commencé à être injectée fin septembre sur le réseau burkinabè. La centrale de Zagtouli dispose d’une capacité installée totale de 33 MW crête (chaque module ayant une puissance unitaire de 260 Wc) et pourrait produire près de 56 GWh par an selon les estimations de l’exploitant (Sonabel). Cela correspondrait à un facteur de charge de 19,4 %, élevé dans le cas du solaire photovoltaïque (14,3% en moyenne en France en 2016). Le Burkina Faso bénéficie en effet d’un ensoleillement très favorable (3 000 h de rayonnement solaire par an), avec un gisement à 5,5 à 6 kWh par m2 par jour, soit presque deux fois plus qu’en France.
UNE BAISSE DES COÛTS DE PRODUCTION ÉLECTRIQUE La centrale de Zagtouli pourrait couvrir jusqu’à 5 % de la demande annuelle d’électricité du Burkina Faso selon les porteurs du projet. La production électrique du pays repose jusqu’ici principalement sur un parc thermique de centrales au fioul très coûteuses (près de 50 % du mix). L’énergie hydraulique compterait pour près de 10 % du mix électrique national, les besoins restants étant satisfaits par les importations depuis les pays voisins, en particulier la Côte d’Ivoire.
En 2014, le taux d’électrification du « pays des hommes intègres » atteignait seulement 18 % (le taux d’électrification moyen en Afrique subsaharienne est de 31 % et près de 620 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité).
D’AUTRES PROJETS SOLAIRES EN PERSPECTIVE Le coût total de la centrale de Zagtouli est estimé à 47,5 millions d’euros. Le projet a bénéficié d’une subvention de 25 millions d’euros du Fonds européen de développement (FED) de l’Union européenne et d’un prêt de l’Agence française de développement (AFD) pour les 22,5 millions d’euros restants. Depuis la COP21 en décembre 2015, « la situation énergétique du Burkina Faso n’a pas considérablement évolué mais beaucoup de projets sont désormais en cours », indique Alassane Tiemtore, directeur des services techniques et de la régulation de l’autorité nationale de régulation du sous-secteur de l’électricité (ARSE). Dans le cadre du projet d’appui au secteur de l’électricité (PASEL), la Banque mondiale doit entre autres financer 2 projets de centrales photovoltaïques de 10 MW (Kaya) et de 20 MW (Koudougou) dont la mise en service est programmée en 2019. Une extension de la puissance de la centrale de Zagtouli (de 17 MWc) est par ailleurs envisagée d’ici à 2020 grâce à un financement de la Banque européenne d’investissement (BEI), afin de porter sa puissance totale à 50 MWc.
Symbole du développement des énergies renouvelables au Burkina Faso, la centrale de Zagtouli suscite aussi de fortes attentes en matière de coûts de production : le coût du kWh de la centrale de Zagtouli pourrait avoisiner 45 francs CFA par kWh selon
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PRÈS DE 130 000 MODULES PHOTOVOLTAÏQUES
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TRIBUNE
La chèvre et le chou L
e catholique pratiquant Roch Marc Christian Kaboré en reste à passer, Roch Kaboré semble encore rechercher se reconnaît-il quand il médite la parabole de saint son équilibre politique. Qualifié de « réseau RSS » (RochChristophe ? Transportant l’enfant Jésus d’un bord à l’autre Simon-Salif), son parti politique, le Mouvement du peuple d’une rivière, le passeur bientôt canonisé ressent un poids pour le progrès (MPP), a vu disparaître, en août 2017, le de plus en plus lourd sur les épaules, fardeau qui se révélera stratège Salif Diallo, alors président de l’Assemblée natiocontenir « tous les péchés du monde ». Le mois prochain, le nale et architecte de la majorité gouvernementale. Quant président du Burkina Faso sera au milieu de sa propre traà Simon Compaoré, il devra démontrer que son nouveau versée, à équidistance de son élection en novembre 2015 et statut de ministre d’État auprès de la présidence n’est pas du scrutin de 2020. Au milieu du gué, sa charge – « tous les un placard doré. péchés du Faso » ? – n’est guère plus légère L’autre soutien du régime est la coalition que celle de saint Christophe… gouvernementale entre le social-démocrate Répertorié désormais sur la liste noire des MPP, la « gauchiste » Union pour la renaisÉtats-Unis, le groupe jihadiste d’origine bursance/Parti sankariste (Unir/PS) et le plutôt kinabè Ansarul Islam continue de hanter cerconservateur Parti de la renaissance nationale taines provinces excentrées du Faso comme (Paren). Fin octobre 2017, l’ancienne figure de le Soum ou le Gourma. Quant à la capitale, proue de ce dernier, Tahirou Barry, a claqué la Ouagadougou, elle a connu, le 2 mars, de porte du ministère de la Culture, sans toutenouveaux attentats d’envergure revendiqués fois emporter dans ses bagages la formation par le Groupe pour le soutien de l’islam et politique, qui l’avait exclu quelques semaines Damien Glez des musulmans. La grogne sociale, affûtée plus tôt. Dessinateur par les réflexes de l’insurrection de 2014, et éditorialiste n’épargne aucun secteur sensible, ni celui de omment conjurer le sablier pour Kaboré ? franco-burkinabè l’éducation ni celui de la santé. Si le procès En approfondissant le sillon gouvernedu putsch manqué de 2015 a débuté, un flou mental ou en amorçant un virage stratéentoure la tentative présumée de déstabiligique ? Pour l’heure, comme à son habitude, sation dont l’ancien ministre de la transition le moins révolutionnaire des rejetons poliAuguste Denise Barry se serait rendu complice bien plus tiques de Blaise Compaoré ménage la chèvre et le chou. récemment. Enfin, trente et un ans et dix-neuf ans après Fin janvier 2018, un remaniement ministériel suggérait les faits, les assassinats du président Thomas Sankara et du une volonté d’ajustement tout en maintenant à son poste journaliste Norbert Zongo n’ont toujours pas connu leurs le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba. Si le caractère affable épilogues dans les prétoires… de Roch Kaboré est une qualité personnelle qui plaît, son goût politique immodéré pour une synthèse dépourvue de mi-parcours du marathon que constitue un mandat conflits pourrait lasser. Il faudra brandir bientôt des résultats présidentiel, il n’est plus question d’invoquer le retard palpables – par l’annonce de réalisations nationales spectaà l’allumage que le surnom de « président diesel » semculaires, dans le cadre du Plan national de développement blait accorder à l’actuel chef de l’État. Or, le président et son économique et social (PNDES) ou par une générosité indiPremier ministre ne peuvent brandir beaucoup de résultats vidualisée. Le chef de l’État garde sans doute les « cadeaux indiscutables, les statistiques sahéliennes étant généraleprésidentiels » sous le coude, pour une année préélectorale ment approximatives, souvent sujettes à caution ou simqui pourrait être inconfortable. À moins de considérer que plement trop éloignées d’une quotidienneté économique le score de 53,49 % obtenu en 2015, dès le premier tour que le « Faso d’en bas » juge préoccupante. Au moment de la présidentielle, comporte une marge de dégradation où il comptabilise autant de mois à la présidence qu’il lui tolérable pour un présumé président-candidat.
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À
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Sofitex, la cotonnière leader du Burkina Faso
Créée en 1979, la SOFITEX est la société leader de la filière coton du Burkina Faso qui a enregistré en septembre 2004 (année de la libéralisation de ladite filière), l’arrivée de deux nouvelles sociétés que sont la SOCOMA appartenant au groupe GEOCOTON qui exploite la culture du coton dans la zone Est du Burkina et FASO COTON, occupant la zone Centre du Burkina, avec pour actionnaire, Ivoire Coton, filiale du groupe Industrial Promotion Services (IPS).
COMMUNIQUÉ
La SOFITEX, S.A. au capital de 19 528 000 000 de francs CFA, constitue un acteur majeur de l’industrie cotonnière du Burkina Faso, au regard de son envergure mais surtout en tant que vecteur de monétarisation de l’économie et le levier puissant d’amélioration des conditions de vie des populations en milieu rural. Le coton permet à plus de 4 millions de ménages burkinabè de disposer d’importants revenus cotonniers et d’améliorer ainsi leurs conditions de vie. Premier produit agricole d’exportation, le coton fait véritablement partie des principaux leviers du développement socio-économique du Burkina. Il contribue pour environ 4 % du PIB et 17,5 % aux recettes d’exportations du Burkina et mobilise en amont et en aval de nombreux autres secteurs d’activités qui bénéficient directement ou indirectement de ses effets induits, tels que les huileries, les filatures, les assurances, les transports, les impôts, les hydrocarbures, les finances, les fournisseurs d’intrants agricoles, …
• Approvisionnements des producteurs en intrants coton et appui-conseil. • Achat, transport et égrenage du coton graine. • Commercialisation de la fibre et de la graine.
2744, av. William Ponty 01 BP 147 Bobo-Dioulasso 01 Burkina Faso Tél. (+226) 20 97 00 24 / 25 Fax (+226) 20 97 00 23 E-mail : dg@sofitex.bf
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• Aide au développement de la culture cotonnière et des cultures associées par son appui technique, ses services et sa participation au financement des mesures nécessaires à la recherche et au développement de la production cotonnière. • Promotion directe des fibres textiles et du label coton burkinabè.
CHIFFRES CLÉS
DÉFIS
• Plus de 100 milliards de francs CFA par an distribués directement aux cotonculteurs pour l’achat du coton graine ;
Consciente de la place du coton dans l’économie du Burkina Faso, la Direction Générale de la SOFITEX, s’inscrit en droite ligne des défis ci-après :
• 80 % de la production du coton burkinabè ;
- agronomique avec le retour au 100 % du coton conventionnel avec des semences ayant un bon potentiel de germination et de production, en lien avec les exigences du marché international et de la filature ;
• 7 régions cotonnières ; • 15 usines d’égrenage ; • 1 usine de traitement des semences ; • 1 laboratoire de contrôle qualité et de certification des semences ; • 1 laboratoire de classement technologie coton accrédité selon la norme ISO 17025 ; • 86 camions et 846 conteneurs pour le transport du coton graine et des intrants agricoles ; • Environ 5 000 travailleurs dont 3 265 saisonniers.
- industriel, à travers le renforcement des capacités techniques et l’amélioration des performances du dispositif industriel ; - commercial pour du coton de qualité et partant pour un label du coton burkinabè ; - du renforcement du partenariat avec les producteurs, leurs organisations, ainsi que l’amélioration continue de la qualité des services rendus aux cotonculteurs.
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MISSIONS
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ÉCONOMIE
Test d’effort
Plus de 150 millions de dollars : c’est le montant de la nouvelle aide triennale accordée aux autorités de Ouagadougou par le FMI. Avec un objectif fixé : poursuivre les réformes pour améliorer la capacité de résistance du pays.
ALAIN FAUJAS
D
epuis de nombreuses années, le Burkina Faso et le FMI entretiennent des relations privilégiées. Le 14 mars, le Fonds a signé avec les autorités de Ouagadougou un nouvel accord triennal de 157,6millions de dollars (127,8 millions d’euros), « en appui au programme national de réformes économiques et financières » mis en place par le gouvernement. Une aide qui survient dans un contexte économique plutôt satisfaisant, grâce à l’effet conjugué des investissements publics, de la bonne tenue desexportations,notammentd’oretdecoton, etde récoltesabondantes. La croissance poursuit son accélération: + 3,9 % en 2015, + 5,9 % en 2016, + 6,4 % en 2017 et des prévisions de + 6 % en 2018 et les années suivantes. L’inflation est sous contrôle, à 2 % l’an, et les banques ont démontré leur solidité. Mais le Burkina a encore des défis considérables à relever. Le terrorisme l’a contraint à mieux se défendre – son budget militaire et sécuritaire a bondi de 21 % l’an dernier et encore de 50 % cette année. Avec 44 % de sa population vivant avec moins de 1,90 dollar par jour, il se classe parmi les plus pauvres de la planète. Et l’impatience des Burkinabè grandit, provoquant manifestations et grèves. La marge de manœuvre du gouvernement reste pourtant limitée. Plombé par le gonflement de la masse salariale de la fonction publique (lire p. 116), le déficit budgétaire a dépassé les 8 % du PIB, et la balance commerciale persiste à pencher du mauvais côté, alors que les échanges extérieurs sont en baisse de 8,4 %. En conséquence, la dette publique s’est encore creusée jusqu’à 41 % du PIB, contre 30,4 % en 2014.
LE CHIFFRE
+6%
Le moulin de la mine d’or d’Essakane, exploitée par Iamgold.
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C’est le taux de croissance que le pays devrait atteindre en 2018, légèrement inférieur aux 6,4 % de 2017.
Fin des impayés
Rien de préoccupant pour l’instant, mais le pays est vulnérable. Que le terrorisme fasse fuir les visiteurs venus à Ouagadougou pour le premier festival de cinéma de la région ou pour le plus grand salon d’art et d’artisanat du continent et la croissance en sera sévèrement affectée. Que la sécheresse nuise aux cultures, notamment au coton, et la crise sera de retour dans les villages. Que le prix du pétrole flambe et les réserves en devises fondront comme neige au soleil, rendant plus problématiques les importations de biens indispensables. C’est donc pour muscler la résilience burkinabè que le FMI a travaillé à un programme multifacettes. « Il faut que l’État dégage plus de recettes fiscales afin de faire face aux dépenses sécuritaires et sociales croissantes », détaille Dalia Hakura, chef de la mission envoyée par le Fonds. Cela suppose que l’effort de recouvrement des arriérés d’impôts soit mené à bien, que la facturation normalisée de la TVA soit opérationnelle et que le relèvement des impôts sur les plus-values devienne effectif. « Il faut aussi que les dépenses publiques soient mieux contrôlées », poursuit Dalia Hakura. La maîtrise des augmentations salariales des fonctionnaires est donc au programme, tout comme la fin des impayés entre les deux entreprises publiques
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énergétiques (Sonabel et Sonabhy), ainsi que la décrue des subventions aux carburants, toujours reportée… « Il faudra améliorer les projets d’investissements et leur gestion », ajoute la chef de mission. Une liste des dix chantiers prioritaires de 2019 sera établie parmi les grands projets de plus de 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros), sur la base d’une évaluation coûts-avantages. Les projets réalisés grâce à des crédits fournisseurs, tels que l’hôpital et le contournement routier de Ouagadougou, seront réintégrés dans le budget et comptabilisés dans la dette publique pour plus de transparence. Les partenariats public-privé seront plafonnés à 200 milliards de F CFA par an, et leurs risques budgétaires, soigneusement évalués.
Objectifs: ramener en 2021 le déficit budgétaire à 3 % du PIB et le déficit des échanges à 6,9 %, stopper l’inflation de la dette et dégager les sommes nécessaires pour soutenir les plus vulnérables. Il s’agira, à terme, de faire passer le nombre des bénéficiaires de ce « filet social » de 15000 à 72000 personnes. D’autre part, les autorités entendent poursuivre le programme de soins gratuits pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, ainsi que celui consacré à la formation des adolescents aux métiers du maraîchage, de la couture, du tissage et de l’embouche. Les dépenses sociales feront d’ailleurs l’objet d’une attention toute particulière du FMI pendant les trois ans du programme, avec un plancher fixé à 2,2 % du PIB en 2018. Une sage précaution.
SOPHIE GARCIA POUR JA
Rosine Sori-Coulibaly
Ministre de l’Économie, des Finances et du Développement
« Notre économie a prouvé sa résilience »
Jeune Afrique: Malgré ses difficultés, le pays affiche de bonnes performances macroéconomiques. Comment l’expliquez-vous? Rosine Sori-Coulibaly: La bonne tenue des cours du coton et de l’or – nos principaux produits d’exportation – nous a permis de sécuriser notre économie. Le secteur industriel reste timide, mais nous comptons organiser en juin une conférence pour mobiliser les investissements en faveur de la transformation de nos produits agricoles. Il s’agit de créer des chaînes de valeur et de transformer, à terme, 50 % de notre production. Plus de 80 % de la population active vit toujours du secteur rural, il est donc aussi vital de le rendre moins dépendant des aléas climatiques. Avec ses récentes performances, notre économie a prouvé sa résilience. 126
Quelles sont vos prévisions de croissance pour 2018? Nous espérons un taux de croissance d’au moins 6 %, légèrement inférieur aux 6,5 % de l’an dernier. La mobilisation des ressources internes pour financer le développement reste au centre de vos préoccupations. Les performances des régies financières justifient-elles une telle attention? Malgré les difficultés, ces régies ont été performantes, et les recettes fiscales ont connu une nette amélioration, avec un taux de recouvrement de 17 %, contre 12 % un an plus tôt. L’objectif est d’atteindre 20 % en 2017 et 26 % en 2018. Il nous faut donc engager des réformes. En avril, nous lancerons notre service de télédéclaration et nous voulons migrer vers
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le télépaiement. Nous recrutons des avocats pour s’assurer que l’État encaissera les sommes qu’il lui reste à recouvrer, soit près de 400 milliards de F CFA (610 millions d’euros). Nous allons désactiver l’identifiant fiscal des entreprises endettées pour qu’elles ne puissent plus postuler aux commandes publiques. Enfin, la mise en place de la facturation normalisée a permis de réduire la fraude à la TVA. Le projet de fusion des services fiscaux et douaniers est-il toujours d’actualité? Si cela permet de mieux mobiliser les ressources financières domestiques, alors nous le ferons. Si ce n’est pas le cas, essayons de créer une interface entre les douanes, les impôts, le Trésor et les marchés publics. Nous devons déjà
améliorer la collecte fiscale, rendre les contrôles plus efficaces, asseoir la fiabilité du système et mieux lutter contre la fraude, en responsabilisant les collectivités territoriales pour renforcer la fiscalité locale. Quel est le contenu du programme d’aide décidé par le FMI? L’accord prévoit que nous ramenions le déficit budgétaire, qui a bondi à 8 % l’an dernier, aux normes communautaires de 3 % fixées par l’Uemoa d’ici à 2019. Nous devons travailler sur la réduction du coût de notre administration. Nous avons déjà su anticiper certaines décisions, notamment concernant la transparence dans la gestion des finances ou l’amélioration du climat des affaires.
Propos recueillis par NADOUN COULIBALY
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Infrastructures
Pleins feux sur l’énergie Pour améliorer la distribution d’électricité, Sonabel mise sur le solaire. À travers tout le territoire, la compagnie nationale multiplie les projets de centrales photovoltaïques.
LUDOVIC MARIN/AFP
Inauguration de la ferme solaire de Zagtouli, en novembre 2017.
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NADOUN COULIBALY
a mise en service de la ferme solaire de Zagtouli, d’une capacité de 33 mégawatts (MW), confirme l’ambition de l’exécutif d’accélérer le passage vers l’énergie verte tout en diversifiant ses sources de production énergétique. Cette centrale de 60 ha, équipée de 130000 panneaux photovoltaïques, a coûté 47,5 millions d’euros, apportés par l’Union européenne et l’Agence française de développement (AFD), et pourrait produire à terme l’équivalent de 5 % des besoins énergétiques du pays, estimés à 270 MW, selon la Société nationale burkinabè d’électricité du Burkina (Sonabel). L’opérateur public finalise actuellement le lancement du second volet de ce projet, pour en porter la capacité à 50 MW. Bien que la demande d’électricité progresse en moyenne de 13 % par an, 80 % des Burkinabè en sont toujours privés. Sonabel parie donc sur le solaire pour diversifier ses sources de production et améliorer la distribution. Elle a l’intention d’investir plus de 1000 milliards de F CFA (1,5 milliard d’euros) dans des projets énergétiques d’ici à 2020, pour devenir un acteur majeur dans ce domaine. Au total, les projets publics en cours portent sur une capacité de 300 MW. Parmi les plus avancés figurent un projet de 40 MW en banlieue de Ouagadougou, financé à hauteur de 87,5 millions de dollars
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par l’AFD et la BAD, et la centrale solaire de 20 MW qui sera érigée à Koudougou grâce aux fonds de la Banque mondiale. Sonabel entend également profiter du niveau de rayonnement solaire du Burkina – 5,5 kWh par mètre carré et par jour – pour installer plusieurs centrales photovoltaïques, sous forme de partenariat public-privé et pour une capacité totale de 260 MW. La ligne d’interconnexion entre Bolgatanga, au Ghana, et Ouagadougou, dont les travaux ont démarré l’an dernier pour un montant de 31,5 milliards de F CFA, permettra par ailleurs d’importer 100 MW dans les mois qui viennent. Enfin, le plan de Sonabel prévoit aussi une centrale thermique d’une puissance de 150 MW à Ouaga Est.
Nouvelle loi
Pour inciter le secteur privé à passer au solaire, une nouvelle loi régissant le secteur de l’énergie a été promulguée en avril 2017. Elle confère à Sonabel la gestion du service public de l’électricité et promeut l’activité des producteurs indépendants. C’est dans cette logique que la société minière canadienne Iamgold, qui exploite le site aurifère d’Essakane, situé à 330 km au nord-est de la capitale, a mis en service, début mars, une centrale solaire de 15 MW, pour un investissement de 20 millions de dollars. Mais le projet le plus emblématique reste celui de la centrale solaire de Zina (20 MW), portée par Windiga Energie Burkina. Estimé à 38 millions d’euros, il est le premier partenariat public-privé d’une telle envergure dans le secteur des énergies renouvelables au Burkina. En effet, Sonabel et le canadien Windiga avaient conclu en octobre 2014 un accord d’achat d’électricité (renouvelé et amendé en juin dernier) conférant à la compagnie nationale le statut d’acheteur unique de l’électricité produite à Zina.
PUBLI-INFORMATION
LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES POSTES DU BURKINA FASO INNOVATION ET IMMERSION DANS LE DIGITAL
La SONAPOST, dans sa perspective d’évolution qui consiste en une mise à jour et une diversification de ses services financiers et l’intégration forte du numérique dans ses produits existants vise à faire de son réseau, l’infrastructure de choix pour l’atteinte des objectifs gouvernementaux de développement national. Parce que dans le programme présidentiel de développement du Burkina Faso, il y a des actions prévues et pour lesquelles la poste peut bien contribuer. La nouvelle équipe dirigeante veut faire de la SONAPOST « une référence en Afrique des services postaux et financiers intégrés créateurs de valeur pour le client et la nation ». Pour cela, des actions ont été identifiées et bâties autour de six piliers issus du plan stratégique de l’entreprise.
I.
La retouche organisationnelle Pour être en phase avec l’environnement et l’évolution, la SONAPOST s’inscrit dans la mise en place d’un système intégré de gestion et de mesure de la performance, la mise à jour de son organisation et disposer d’une capacité de proactivité et d’anticipation.
II.
L’extension urgente des services financiers
L’objectif est de rapprocher les services financiers adaptés à tous les segments et partout sur le territoire national.
III.
AUJOURD’HUI, LA SONAPOST C’EST : •
Un parc national de plus de 36 500 boîtes postales ;
•
14 020 colis traités annuellement ;
•
Plus de 4 500 000 objets de correspondances collectés et traités annuellement ;
•
Plus de 500 000 comptes à la caisse nationale d’épargne et au Centre des chèques postaux.
ACTEUR PRINCIPAL DE L’INCLUSION FINANCIÈRE, SOCIALE ET NUMÉRIQUE ● Comptes bancaires ● Cartes de paiement ● Assurance ● Transfert d’argent partout dans le monde ● Livraison express de colis national et international ● Transport de marchandises ● Gestion des correspondances (timbres et boîtes postales) ● Internet communautaire ● Locations d’espaces ● etc.
Le rayonnement international du burkina faso a travers la poste
Des initiatives intéressantes ont été identifiées avec la participation des travailleurs pour permettre au Burkina Faso de briller à l’international à travers sa poste.
La qualite dans le service
CONTACT SONAPOST Sise sur l’avenue de la Nation, au Rond-point des Nations Unies Ouagadougou Kadiogo 01 BP : 6000 Ouagadougou 01 Tél. : (226) 25 30 64 20/23 Fax : (226) 25 33 51 51
V.
À l’instar d’autres entreprises postales dans le monde, la SONAPOST est engagée dans une démarche qualité qui devrait aboutir bientôt à l’obtention de sa certification selon les normes conventionnelles.
L’evolution des services postaux dans le numerique
Nous voulons un environnement d’affaires animé par des services postaux intégrés et emballés dans le numérique pour rapprocher davantage et rapidement les services publics du citoyen. L’ambition est d’être le premier agent de liaison de l’Etat, de contribuer fortement à relier avec professionnalisme les différents acteurs économiques. Par exemple, au cours du dernier trimestre de 2017, le service de suivi en ligne de l’expédition du courrier international a été lancé. Désormais, le client a la main pour suivre en ligne les différentes étapes d’acheminement de son colis jusqu’à la livraison et notification.
IV.
Gestion des ressources humaines
VI.
À la SONAPOST, le capital humain est la plus précieuse des richesses. Pour atteindre les objectifs définis plus haut, il y a certainement le besoin d’un plan de motivation du personnel et d’un plan de renforcement des compétences. Nous nous attelons à cela et des actions concrètes sont déjà engagées.
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Être l’infrastructure de choix pour l’atteinte des objectifs gouvernementaux de développement national. Et acteur principal de l’inclusion sociale, financière et numérique au Burkina Faso. La SONAPOST est une société d’État dotée de la personnalité morale et jouissant d’une autonomie de gestion.
Nabi Issa COULIBALY DG SONAPOST
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Agrobusiness
L’horizon européen de Nafaso
DR
Après avoir conquis les marchés ouest-africains, cette société spécialiste des semences améliorées met le cap sur le Vieux Continent. Première étape: un accord avec l’italien PlanBio.
Abdoulaye Sawadogo, directeur de l’entreprise, dans un de ses champs de riz pluvial. NADOUN COULIBALY
i la société Nafaso reste installée à Bobo-Dioulasso depuis sa création, en 2008, elle n’a pas tardé à s’étendre au-delà des frontières burkinabè. Dans un marché sous-régional largement dominé par l’utilisation de semences traditionnelles, cette PME familiale experte dans la production de semences améliorées – qui permettent d’augmenter les rendements de production jusqu’à 40 %, selon Abdoulaye Sawadogo, son directeur – s’est vite fait un nom. Et elle ne compte pas s’arrêter là. Après avoir commercialisé ses variétés de riz, de maïs, de niébé, de soja ou encore de sésame au Mali, en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone, en Guinée et au Sénégal, la société s’attaque aujourd’hui à l’Europe. Elle a conclu, fin mars, un accord avec PlanBio, une société implantée à Mondovi, dans le nord-ouest de l’Italie. Ce spécialiste de la commercialisation de fertilisants et de produits chimiques destinés à l’agriculture exploite également 1250 hectares entièrement consacrés à la culture bio.
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L’accord porte sur un investissement de plus de 25 milliards de F CFA (plus de 38 millions d’euros) dans la construction, au Burkina Faso, d’unités de productions, de tri et de conditionnement de haricots, de riz et de soja bio destinés à l’ensemble du marché européen. Il prévoit aussi la formation de plusieurs dizaines de migrants burkinabè installés en Italie, en vue de leur donner un emploi à leur retour au pays.
Matériel de pointe
Ce partenariat ouvre une nouvelle ère dans le développement de Nafaso, qui s’appuie sur des réseaux de producteurs indépendants ainsi que des coopératives et regroupements d’agriculteurs de neuf régions du Burkina, et dont le chiffre d’affaires dépasse chaque année les 3 milliards de F CFA (plus de 4,5 millions d’euros). Elle lui permet de poser un pied sur le marché européen. « PlanBio nous offre l’opportunité d’accéder à un vaste marché », explique Abdoulaye Sawadogo. Celui-ci table sur une production de 2 000 tonnes dès
EXPERT DE L’EXPORT En 2017, Nafaso a exporté plus de 5500 tonnes de marchandises dans la sous-région, avec notamment 3000 t écoulées vers la Guinée. La société est également en train de mettre au point une nouvelle variété d’anacarde améliorée destinée à sa filiale ivoirienne, Grâce Agricole de Côte d’Ivoire (Graci).
PUBLI-INFORMATION
La LONAB, plus de 50 ans au service du développement durable au Burkina Faso
Portrait du Directeur général de la LONAB monsieur Touwindé Simon TARNAGDA
Plan stratégique de développement de la LONAB : une nouvelle vision pour plus d’efficacité.
Économiste de formation, le nouveau Directeur général de la Loterie Nationale Burkinabè (LONAB) Monsieur Touwindé Simon TARNAGDA a enregistré un brillant parcours universitaire très remarquable.
Afin de satisfaire davantage sa clientèle, la LONAB s’est dotée d’un plan stratégique de développement pour les dix prochaines années couvrant la période 2016-2025.
Ce parcours exemplaire a jeté les bases d’une carrière professionnelle très prometteuse.
Mobiliser les ressources financières par l’organisation et l’exploitation des jeux de hasard et toute autre activité connexe afin de contribuer au développement du Burkina Faso.
L’actuel Directeur général a d’abord partagé son savoir au lycée technique de Ouagadougou en tant que professeur avant de consacrer la majeure partie de sa vie professionnelle à la LONAB. Il est une référence dans le domaine des jeux de hasard dans son pays natal et même au-delà. A la Nationale des jeux, il a occupé des postes à responsabilité en l’occurrence : Chef de service, Chef d’agence, Directeur régional, Contrôleur interne, Directeur d’Exploitation, Directeur Commercial et Marketing, et enfin Conseiller Technique, dernier poste qu’il a occupé avant sa nomination en Conseil des Ministres le 3 mai 2017. Il porte aujourd’hui son galon de capitaine du navire, celui de Directeur général de la LONAB.
Vision
Conscient de cette lourde responsabilité, il dit placer son mandat sous le signe du renforcement de la cohésion sociale et du travail bien fait. Il consacre la majeure partie de son temps à fouiller, à cogiter afin de donner le meilleur de luimême pour impulser une nouvelle dynamique à la Nationale des jeux de hasard qu’il connaît bien et dont il a contribué et continue de contribuer à augmenter le Chiffre d’affaires.
2. Le développement des ressources humaines
Au regard d’une riche expérience capitalisée depuis plusieurs décennies jalonnée de formations, de responsabilités et de succès, l’homme qui dirige actuellement la LONAB a reçu de la Nation reconnaissante en 2016, une distinction faisant de lui Officier de l’Ordre National.
5. L’optimisation des ressources financières
Mission
Incarnant des valeurs de respect et d’humilité tout en conjuguant le savoir, le savoir-être et le savoir-faire, monsieur TARNAGDA a remporté plusieurs prix lors des campagnes dirigées en tant que Directeur du Marketing en France, aux États-Unis et au Canada. Il dit être rassuré et compte sur le soutien du Conseil d’administration, de l’ensemble du personnel de la LONAB et des partenaires, pour relever les nombreux défis auxquels fait face le numéro 1 des jeux de hasard au Burkina Faso.
Les 6 axes stratégiques 1. Le renforcement de la gouvernance et développement de la performance organisationnelle
3. L’expansion de l’action commerciale 4. La Transformation numérique intégrale de la LONAB
6. L’accroissement de responsabilité sociétale de la LONAB
Siège social LONAB : 436 rue du Grand Marché 01BP 68 Ouagadougou 01 Tél. : (+226) 25 30 61 21/22/23 Fax : (+226) 25 31 19 42 (+226) 25 31 28 16 Email : lonab@lonab.bf Serveur vocal :(+226)25 49 38 00 www.facebook.com/lonab.bf
www.lonab.bf
Valeurs ȷ ȷ ȷ ȷ ȷ
Le professionnalisme L’intégrité La solidarité L’innovation La responsabilité
Exemples de dons de la LONAB
©DIFCOM - PHOTOS : D.R. - TYPOGRAPHIE DE TITRAGE : INFINI, SANDRINE NUGUE / CNAP
A l’horizon 2025, elle est reconnue comme une entreprise performante et innovante contribuant au développement des PME et PMI au Burkina Faso.
Grand format BURKINA FASO ÉCONOMIE
cette année, avant d’atteindre « le cap des 10 000 t par campagne agricole dans les trois ans ». Pour y parvenir, il prévoit de signer des contrats de rachat de production avec les agriculteurs installés dans la zone spéciale de Bagrépole ainsi que dans la vallée du Sourou, et a déjà lancé un vaste plan d’investissement de plusieurs centaines de millions de F CFA pour l’achat de matériel de pointe.
Abdoulaye Sawadogo compte également sur le savoir-faire de son partenaire italien, dont le chiffre d’affaires annuel atteint 3 millions d’euros, pour voir ses rendements de production à l’hectare passer de 500 kg à plus de 3 t. Après avoir été transformés sur place, ces produits prendront ensuite le chemin du Piémont italien. Avec, à terme, le marché allemand et celui du Benelux dans la ligne de mire.
Siatol veut devenir le roi du soja
Forte du succès de son huile primée, cette petite société compte ouvrir son capital pour s’imposer dans les pays voisins.
NADOUN COULIBALY
Avant la fin de l’année, Marcel Ouédraogo, patron de la Société industrielle de l’agroalimentaire pour la transformation des oléagineux (Siatol), aura inauguré une nouvelle chaîne de raffinage d’huile de soja. Installée dans la zone
Un marché en pleine expansion (tonnes/an)
Production Entre 20 000 et 30 000
Objectif 2020 100 000
Exportation Environ 10 000 dont 7 000 tonnes vers l’Europe
et 2 500 tonnes en direction de l’Afrique de l’Ouest
Petits producteurs référencés 3 500 en 2017
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industrielle de Kossodo, au nord-est de la capitale, pour un investissement de 100 millions de F CFA (plus de 150 000 euros), cette usine permettra de mieux maîtriser les circuits d’approvisionnement et de production de l’entreprise, pour laquelle travaillent près de 3 000 petits producteurs. « Nous serons plus autonomes, sur l’ensemble de la chaîne », assure Marcel Ouédraogo. Avant de fonder Siatol en 2013, cet agroéconomiste de 42 ans, diplômé de l’Institut du développement rural de l’université de Ouagadougou en 2003, a rejoint, en 2004, le programme de structuration des microfilières agricoles, piloté par le Centre international de développement et de recherche (CIDR). « Ce projet a permis d’apporter des solutions aux petits producteurs, ainsi que des financements pour que les entreprises puissent constituer leurs fonds propres. L’enjeu était d’organiser les agriculteurs pour ensuite les mettre en contact avec les entreprises en quête de ressources
jeuneafrique no 2989-2990 du 22 avril au 5 mai 2018
agricoles. Cela a permis de vulgariser l’utilisation du soja dans l’alimentation des volailles », précise-t-il.
Plus chère
Promu coordinateur de ce programme en 2012, alors qu’il mène ses propres recherches sur la transformation du soja, Marcel Ouédraogo parvient, avec l’aide de l’universitaire Rigobert Yaméogo, à mettre au point une huile de qualité, qu’il baptise Trésor. Celle-ci lui a valu le prix du plan d’affaires innovant, organisé par la Maison de l’entreprise du Burkina Faso, et constitue aujourd’hui un produit de référence sur le marché des huiles. Persuadé, au départ, que seule la classe moyenne pourrait
DANS SA LIGNE DE MIRE : LA DEMANDE IVOIRIENNE, QUI FRÔLE CHAQUE ANNÉE 60 000 TONNES.
s’offrir son Trésor, dont le bidon de 5 litres est vendu 5 500 F CFA (contre 4 250 F CFA en moyenne pour les autres marques), Marcel Ouédraogo a vite changé son fusil d’épaule face au succès populaire. Bien sûr, avec une production annuelle limitée à 3 000 tonnes, Siatol reste un acteur marginal sur un marché burkinabè estimé à 80 000 t d’huile consommées par an. Mais la société, qui a réalisé en 2017 un chiffre d’affaires de 500 millions de F CFA, veut se donner les moyens de répondre à la demande. Elle estime avoir besoin de 600 millions de F CFA supplémentaires pour assurer son développement et se dit prête à ouvrir son capital à de nouveaux investisseurs. La société veut aussi s’implanter sur d’autres marchés. « Nous cherchons à nous positionner dans le secteur des tourteaux de soja, destinés à l’alimentation des volailles », explique Marcel Ouédraogo. Dans sa ligne de mire : la demande ivoirienne, qui frôle chaque année 60 000 t, jusqu’ici alimentée largement par les producteurs sud-américains, ainsi que le Mali, le Niger et le Bénin, déjà approvisionnés, à l’occasion, par la société burkinabè.
COMMUNIQUÉ
LA LOCOMOTIVE DE L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ BURKINABÈ Une école « 5 étoiles » brille depuis maintenant dix ans sur l’enseignement privé au Burkina Faso : l’Institut africain de management (IAM), le « Label de réussite » qui ne cesse de révolutionner l’offre de l’éducation à travers les curricula, les activités et les équipements mis à la disposition de ses étudiants.
✓ Un cadre inédit
La preuve par 3 de la qualité de l’enseignement à IAM ?
1. 2. 3.
Déjà 17 diplômes reconnus par le CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur);
Un taux d’insertion de plus 90% des IAMois dans le monde du travail; Le prix de la meilleure école de commerce décerné par l’Union Africaine des ONG du développement.
Etre IAMois, appellation consacrée des étudiants de l’institut, c’est quasiment un privilège dont ne jouissent que des apprenants conscients qu’ils représentent le futur radieux de leur famille, de leur pays et de l’Afrique. Rien n’est laissé au hasard pour accompagner les étudiants. Mieux, les modèles de construction et de technologie les plus récents et les performances prouvées sont conjugués avec ce qu’il y a de meilleur en éducation et en loisirs pour le bonheur des IAMois et IAMoises.
✓ Un enseignement de qualité exceptionnelle Les curricula actualisés sont définis par un conseil scientifique composé de la crème des enseignants au Burkina et appuyé par des universités nationales et internationales partenaires. Les cours sont assurés par un corps professoral composé d’enseignants nationaux et étrangers triés sur le volet ainsi que de professionnels d’entreprises. Un reporting est fait de toutes les activités académiques.
✓ Des activités extra scolaires Elles garantissent la réalité de l’esprit sain dans un corps sain. IAM Ouaga, mets en pratique cette philosophie par le biais de plusieurs activités. Au nombre de celles-ci : • L’immersion, un séjour dans une localité du Burkina qui fait vivre aux étudiants les réalités de la vie; • La journée de l’intégration magnifiant les 18 nationalités IAMoises; • La traditionnelle rencontre d’échanges avec les patrons d’entreprises au cours de laquelle les étudiants peuvent partager les expériences de modèles de réussite.
INSTITUT AFRICAIN DE MANAGEMENT (IAM) Ouagadougou : Tél. : (+226) 25 37 66 11 / 63 47 ou + (226) 25 40 84 84 Bobo-Dioulasso : Tél. : (+226) 20 98 01 61
www.iamouaga.com
©DIFCOM - PHOTOS : D.R. - ICÔNE DE L'ENCADRÉ JAUNE : FREEPIK DE WWW.FLATICON.COM
« Pourquoi former seulement des employés quand on peut également former des employeurs ? » Cette phrase fétiche du fondateur de l’Institut africain de management (IAM), Ahmed Moussa Diallo, constitue la pierre angulaire sur laquelle a été bâtie, il y a dix ans, cette école qui a aujourd’hui, pignon sur rue, non seulement au Burkina Faso, mais également sur le continent. Pour preuve, l’institut met à la disposition de ses étudiants tous les atouts pour réussir dans la vie. On peut citer, entre autres, un fonds d’entrepreneuriat de 100 millions de francs CFA. Et ce n’est pas tout. Si en une décennie, l’Institut a réussi à se hisser dans l’élite de l’éducation au Burkina, c’est d’abord par le dispositif de pointe qu’il offre.
« Pourquoi former seulement des employés quand on peut également former des employeurs? »
Le siège, « IAM ZAD », bâti sur une superficie de 2008 m2 au secteur 30 de la capitale burkinabè, comprend, entre autres, un bâtiment R+3 avec toutes les commodités dont des salles classiques d’études, une cafète, une salle de sport, une salle de jeux,… et tenez-vous bien, une piscine aux normes internationales. Toute l’enceinte de ce temple du savoir version 5 étoiles est placée sous vidéo-surveillance, et l’assiduité des étudiants et du corps enseignant est monitorée au moyen du Fingerprint (la présentielle par empreintes digitales) et la plateforme de gestion scolaire (Kairos) accessible sur des tablettes Ipad disposées devant les salles de classe.
Grand format BURKINA FASO ÉCONOMIE
Entrepreneuriat
Persuadé que le pays peut être un modèle en matière d’énergie et d’environnement, ce Franco-Burkinabè de 57 ans multiplie les projets pour alimenter les villages en eau et en électricité. NADOUN COULIBALY
ans quelques semaines, PPI Burkina Faso va franchir une nouvelle étape dans sa croissance. L’entreprise familiale, fondée en 1988 par Patrice Chevalier et son épouse, prépare en toute discrétion le lancement d’un projet d’installation de systèmes d’adduction d’eau munis de pompes solaires dans 250 villages du pays. Une première pour cette entreprise aux activités diversifiées dans l’eau, l’énergie et les mines. « Ce projet sera certainement l’un des plus importants dans ce domaine en Afrique de l’Ouest. Il va avoir un impact pour près d’un million de personnes », indique Patrice Chevalier, tout en précisant que sa mise en œuvre requiert au préalable l’aval des autorités du pays, la partie technique étant déjà finalisée. Ce projet sera financé par l’une
D
DÉVELOPPEMENT SANS FRONTIÈRES PPI souffle cette année trente bougies au service du développement local et rural. Dès sa création, en juin 1988, l’entreprise s’est spécialisée dans des activités très pointues, de l’électromécanique à l’hydraulique en passant par les énergies solaires, destinées à des secteurs très divers, dans l’eau
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et l’assainissement, l’énergie ou encore la maintenance industrielle. Une diversification réussie qui permet à l’entreprise de réaliser un chiffre d’affaires compris entre 15 et 18 milliards de F CFA par an (entre 22 et 27,5 millions d’euros). Également présent dans d’autres pays de la sous-région, PPI a
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effectué des travaux d’électrification dans 45 villages du Niger, financés par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 10 millions d’euros. Au Mali, elle a équipé en systèmes d’adduction d’eau les villages de Koro, Barkas et Sofara, situés près de Mopti, pour un coût de 1 milliard de F CFA.
des principales banques commerciales de la place burkinabè, à hauteur de plusieurs millions d’euros. « En plus des travaux, PPI s’engage à assurer la maintenance et la gestion des équipements sur dix ans, ainsi que la formation des exploitants locaux pour accompagner le développement rural », précise cet ingénieur de formation.
Pragmatisme et vigilance
Arrivé au Burkina en 1983 comme coopérant à Diapaga, une localité située dans la province de la Tapoa, à 400 km à l’est de Ouagadougou, ce Franco-Burkinabè de 57 ans est également à la tête d’un autre chantier majeur : un projet d’écovillages. Situés autour de la capitale, ceux-ci sont dotés d’un système de production énergétique propre et autonome, grâce à un parc de panneaux solaires d’une capacité de production de 20 à 30 kW, reliés à des batteries. « Nous installerons ensuite un réseau électrique de 4 à 5 km pour desservir les équipements essentiels à un village, comme les écoles, le marché, le centre de santé ou les lieux de culte. Ce système hybride peut être raccordé aux installations de la Société nationale d’électricité du Burkina (Sonabel) et ainsi permettre de réaliser des économies d’énergie », explique Patrice Chevalier. Il estime même que « le Burkina peut devenir un modèle à suivre en matière d’environnement et d’énergie ». La multiplicité de projets tournés vers le développement rural de PPI illustre en tout cas la dimension prise par l’entreprise. « Elle est devenue l’un des acteurs de référence, contribuant largement à atteindre les objectifs fixés en matière d’accès à
DR
Patrice Chevalier, patron en campagne
COMMUNIQUÉ
SONABHY
SOCIÉTÉ NATIONALE BURKINABÈ D’HYDROCARBURES
UNE ENTREPRISE CITOYENNE
AU SERVICE DE L’ÉCONOMIE ET DU CONSOMMATEUR BURKINABÈ
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Installations d’emplissage de bouteilles de gaz modernes et performantes
VISION DE LA SONABHY
La SONABHY a la mission hautement stratégique d’assurer la sécurité de l’approvisionnement du Burkina Faso en produits pétroliers de qualité et au moindre coût. Aux termes de son Kiti de création, la SONABHY a pour objet, partout sur le territoire du Burkina Faso:
> l’importation et le stockage des hydrocarbures liquides et gazeux;
ENGAGEMENT CONTRE LA FRAUDE La fraude sur les hydrocarbures est un fléau dont le coût social, humain et financier est pesant pour la nation toute entière. La SONABHY en fait une préoccupation majeure.
PROJETS MAJEURS / PERSPECTIVES
> le transport, le conditionnement, la vente et la distribution de ces produits;
Développement et modernisation de l’infrastructure pétrolière; accroissement de sa présence dans le stockage côtier; déconcentration du stockage intérieur.
> la construction d’infrastructures de stockage en vue de garantir au Burkina Faso une sécurité énergétique suffisante;
SONABHY EN QUELQUES CHIFFRES
> l’appui à la recherche d’énergie de substitution ainsi qu’à la vulgarisation des techniques d’utilisation ou de consommation d’énergie; > généralement, toutes opérations industrielles, commerciales, financières, mobilières ou immobilières se rattachant directement ou indirectement à l’objet ci-dessus.
> plus d’un million de tonnes de produits pétroliers commercialisés, > un chiffre d’affaires de plus de 500 milliards de francs CFA, > un effectif de plus de 400 agents.
La SONABHY détient et exerce le monopole d’État pour l’importation et le stockage des hydrocarbures liquides et gazeux. Le transport et la distribution sont assurés par des sociétés privées.
OUAGADOUGOU 01 BP 4394 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél. : (+226) 25 43 00 01 Tél. : (+226) 25 43 00 34 Fax : (+226) 25 43 01 74 BINGO Tél. : (+226) 25 31 56 31 / 32 BOBO-DIOULASSO 01 BP 1104 Bobo-Dioulasso 01 Tél. : (+226) 20 97 01 97 Fax : (+226) 20 97 12 70 E-mails : info@sonabhy.bf sonabhy.bobo@sonabhy.bf
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Le siège de la SONABHY à Ouagadougou
www.sonabhy.fr
©DIFCOM - PHOTOS : D.R. SAUF BACKGROUND & ILLUSTRATIONS : STOCK.ADOBE.COM
MISSIONS HAUTEMENT STRATÉGIQUES
Un spécialiste régional de l’approvisionnement en produits pétroliers au service de l’économie et du consommateur burkinabè.
Grand format BURKINA FASO ÉCONOMIE
Connecté dès le berceau NADOUN COULIBALY
L
application Icivil est une petite révolution dans le ’ domaine de l’enregistrement des naissances. À l’ar-
rivée d’un nouveau-né, les agents de santé scannent un QR code à l’aide d’un smartphone et entrent les informations relatives à l’enfant sur une interface mobile. Un SMS crypté est alors envoyé sur le serveur du Centre national d’état civil, générant un acte denaissance authentique et contrôlable. Celui-ci peut être obtenu, sur présentation du bracelet Token mis au poignet du bébé à sa naissance, dans tout centre d’état civil qualifié. Mise au point par le consultant burkinabè en sécurité documentaire Adama Sawadogo, avec l’aide du Français Francis Bourrières, qui a depuis cédé tous ses droits à l’État, l’application a reçu un accueil encourageant lors de sa phase pilote. Près de 2 000 enfants ont été enregistrés. Mais Icivil se heurte à des blocages administratifs, conjugués à un manque, réel ou supposé, de volonté politique. L’enjeu? L’achat des smartphones. Les discussions sont en cours entre Icivil Africa, qui gère la plateforme, et les pouvoirs publics burkinabè, qui doivent équiper les centres médicaux. L’invention du jeune Burkinabè va-t-elle subir, dans son propre pays, le sort réservé en Afrique à nombre de projets novateurs? Icivil est pourtant perçue comme un remède miracle, permettant aux 40 millions d’enfants ouest-africains qui n’ont ni identité reconnue ni nationalité d’avoir enfin une existence légale. La solution a d’ailleurs séduit l’Union européenne et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui financent l’implantation de cette innovation made in Burkina… au Mali. Et Icivil Africa serait déjà entrée en négociation avec une quarantaine de pays à travers le continent. Il serait dommage que les blocages actuels laissent le Burkina en dehors de cette révolution de l’état civil africain.
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jeuneafrique no 2989-2990 du 22 avril au 5 mai 2018
l’eau », souligne un ancien patron de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea). Parti de presque rien, PPI doit sa réussite au pragmatisme de son fondateur et à la vigilance de son épouse, responsable administrative et financière. Toujours humble et prolixe lorsqu’il s’agit des questions rurales, le chef d’entreprise sait anticiper et a toujours une longueur d’avance. « On a démarré, avec mon épouse, dans notre garage. C’était modeste. Je faisais le travail d’un simple ouvrier », raconte ce patron, qui compte aujourd’hui parmi ses principaux clients des opérateurs aussi significatifs que la Sonabel, l’Onea, l’Onatel ou Telecel Faso.
Solide réputation
PPI indique avoir apporté l’eau dans 440 villes du pays et électrifié 170 localités, en partenariat avec le Fonds de développement de l’électrification (FDE) et la Sonabel. Également partenaire de SDMO, troisième fabricant mondial de groupes électrogènes, l’entreprise affirme vendre entre 250 et 300 générateurs par an. Elle s’est vite construit une solide réputation au Burkina « grâce à la qualité de ses services et au respect de ses engagements », confie un ex-cadre de l’Onea. Ce fin connaisseur du secteur de l’eau ne tarit pas d’éloges sur Patrice Chevalier – « un pragmatique qui a de grandes ambitions pour son groupe » – et son entreprise: « PPI a su se professionnaliser pour devenir un acteur de référence dans les secteurs de l’eau et de l’énergie thermique. Au point qu’il songe à abandonner ses activités historiques dans la recherche et l’exploration minière pour se recentrer sur ses nouveaux métiers de prédilection. »
Système d’adduction d’eau potable par pompage à énergie solaire, à Ronga.
DR
SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM
INITIATIVE
n Création : 1991 n Effectif : 300 employés dont 60 permanents n Capacité industrielle : 6 millions de litres d’insecticide par an n Réseau commercial : 3 points de vente et 35 distributeurs agrées n Chiffres d’affaires 2017 : 12,5 milliards de F CFA
SOCIÉTÉ
Tiébélé à la saison Chaque année, entre mars et mai, les villageoises peignent les façades de leurs cases. Un véritable travail d’artiste qui pourrait faire son entrée au patrimoine mondial de l’Unesco. NADOUN COULIBALY
Première étape : application d’un banco constitué de terre argileuse mêlée à de la bouse de vache.
CRISPIN HUGHES/PANOS-REA
D
imanche 17 mars, un vent frais souffle sur Tiébélé, à 200 km au sud de Ouagadougou. Sous le regard émerveillé des badauds du coin, un vrombissement continu de grosses cylindrées vient perturber l’ambiance paisible qui règne d’habitude sur cette localité de quelque 500 âmes, réputée pour ses maisons peintes par les femmes. Une scène inhabituelle se prépare. L’artiste Bil Aka Kora, l’ambassadeur de la danse kassena, et le groupe ivoirien Magic System tournent un clip rendant justement hommage à ces ouvrières de l’ombre. Dans son prochain album, qui devrait sortir avant la fin de cette année, le musicien burkinabè célèbre la femme kassena dans une chanson intitulée « Anou », sur laquelle A’Salfo et ses compères du zouglou ivoirien viennent poser leur voix. Chaque année, entre mars et mai, avant la saison des pluies, les femmes de Tiébélé peignent les façades des cases – rectangulaires pour les jeunes couples, rondes pour les célibataires, octogonales pour les gardiens de la famille et les sacrifices – avec des motifs symboliques (le lézard, signe de vie ; le serpent, totem des kassena ; la tortue, totem de la famille royale ; les filets, rappelant l’importance de la pêche, etc.). Un savoir-faire collectif transmis de mère en fille et qui révèle l’extrême richesse de l’architecture kassena. La première étape consiste à appliquer un banco constitué de terre argileuse mêlée à de la bouse de vache. Le tracé des dessins se fait ensuite au moyen d’un caillou sur la paroi préalablement humidifiée par une décoction de cosses de néré, l’acacia local. La peinture, confectionnée à base de pigments tirés d’un mélange de roche et de liants, est alors appliquée à l’aide d’une plume de pintade, en respectant les teintes traditionnelles (le rouge de la latérite, le blanc du kaolin ou le noir du graphite). Une fois le décor achevé, les femmes
des femmes aspergent la paroi de décoction pour la protéger et lui apporter un aspect verni. Réalisant peintures, gravures et bas-reliefs, ces artistes allient esthétique et codes décrivant la vie quotidienne.
Visites guidées
« Peindre est un moyen d’entretenir nos cases et c’est un mode de vie, une manière de s’affirmer. On reconnaît la femme kassena à la beauté de sa maison, explique Oussalé Wenapèkolou, tout en ornant son grenier avec trois autres femmes. Les symboles peints permettent de transmettre le savoir aux générations à venir », tient à préciser cette sexagénaire. « Ce sont de grandes artistes. Je suis impressionnée par le savoir-faire de ces femmes qui ont tout conservé de leur culture », s’exclame Nathalie, une voyageuse en provenance du Cameroun, venue admirer le génie architectural des femmes kassena. « Les maisons sont organisées autour d’un mode de vie. Tout est à sa place, pensé en fonction de leur tradition », s’enthousiasme Thomas, un touriste français.
« On nous a expliqué comment la peinture est fabriquée. Malheureusement, elles utilisent de plus en plus de goudron », regrette Quentin, son compagnon de voyage. Tous deux ont déboursé 9000 F CFA (environ 14 euros) pour une visite guidée. Chaque année, près d’un millier de touristes qu’accompagnent huit guides viennent découvrir ces maisons qui constituent, sur une superficie de 2 hectares, la Cour royale. Pour attirer davantage de visiteurs, un projet de mise en valeur touristique de la commune a permis d’aménager les abords et les espaces publics (restaurants, hôtels…), ainsi que la Cour royale elle-même, où vivent entre 250 et 300 personnes. Et avec l’aide de la Coopération WallonieBruxelles, qui a apporté 14 millions de F CFA, l’association locale Djawolim a organisé des journées communautaires pour reconstruire les maisons détruites par les intempéries. Ces efforts seront-ils suffisants pour faire entrer ce « musée vivant » au panthéon du patrimoine mondial de l’Unesco ? La procédure, portée par la Coopération Wallonie-Bruxelles et le ministère de la Culture, est en cours…
le CABINET PIERRE ABADIE
Pierre ABADIE
Conseil des entreprises au Burkina Faso depuis 20 ans
a le plaisir de vous annoncer que la documentation fiscale du Burkina Faso est à jour du nouveau CODE DES IMPÔTS
Tous les textes réglementaires officiels (838 pages)
Chaque impôt analysé en répondant aux questions Qui, Quoi, Où, Comment, Combien ? (761 pages)
Les impôts principaux en « français facile » et avec exercices corrigés (335 pages)
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COMMUNIQUÉ
L’excellence au service d’un secteur privé prospère depuis 70 ans ! Entretien avec Monsieur Mahamadi Savadogo, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso
L’une des actions majeures de votre mandature est l’adoption d’un document d’orientation stratégique dénommé “Plan Stratégique de la Mandature 2016-2021”. Quels sont les projets majeurs inscrits dans ce Plan? Le Plan Stratégique de la Mandature 2016-2021 est un référentiel de gouvernance dont notre Institution se dote au début de chaque mandature. Celui que nous avons adopté en août 2017 est en parfaite cohérence avec le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) qui est le référentiel national en matière de développement économique et social au Burkina Faso. Le Plan Stratégique de Mandature (PSM) est un instrument qui traduit la volonté du Bureau Consulaire de faire de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso (CCI-BF) une Institutio on plus perrformante, formante une fo force de propositionss pour les pouvoirss publics et une véritable locomotiive du secteur è. Notre ambiprivé burkinabè tion à l’orée de 2021, c’est de redynamiser le secteur privé n de renforcer sa burkinabè afin performance, condition sine qua non pour une véritable relance économique du Burkina Faso. eurs constituent Cinq axes maje e cette stratégie le fondement de nt de l’Institution. de développemen Ce sont : mélioration de la - Axe 1 : Am nce et mobiligouvernan de l’intelligence sation d consulaire ; - Axe 2 : Dévelopement du capital pe humain et facilih tation de l’accès t au financement du secteur privé ; - Axe 3 : Développement de
l’intelligence économique et du portefeuille de services d’appui-conseil aux entreprises ; - Axe 4 : Renforcement de l’accompagnement de proximité des entreprises dans les régions ; - Axe 5 : Développement et renforcement de l’offre en infrastructures et en équipements économiques. Ces axes indiquent clairement les priorités que le Bureau Consulaire se fixe et les résultats qu’il entend engranger d’ici à la fin de la mandature. D’importants projets structurants y sont inscrits. Il s’agit notamment de l’extension du port sec de Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso. Ce projet va coûter environ 20 milliards de F CFA (soit environ 30,4 millions d’Euros). Le second projet majeur concerne la réalisation d’un Port sec multimodal à Ouagadougou en vue de désengorger la gare routière internationale de Ouagadougou dénommé « Ouagarinter », construite dans les années 80. Le financement projeté pour sa réalisation est de 25 milliards de F CFA (soit environ 38,1 millions d’Euros). En plus des infrastructures, nous mettons un point d’honneur à la question du capital humain. Nous voulons renforcer les capacités de nos entreprises afin de les rendre plus compétitives. La mise en œuvre du PSM coûtera environ 135 milliards de F CFA (soit environ 205,8 millions d’Euros). Elle sera financée sur ressources propres à hauteur de 96,8 milliards de F CFA soit 71 %. Les 29 % autres devront être recherchés auprès de bailleurs et de nos Partenaires Techniques et Financiers. De façon concrète, que prévoyez-vous réaliser prioritairement au cours de cette année 2018 ? Le PSM est assorti d’un plan d’actions quinquennal, décliné en plans d’actions annuels. C’est ainsi que pour la période 2017-2018, les actions phares que nous entendons réalisées sont les suivantes : - Opérer un renouveau consulaire par la réconciliation des acteurs économiques avec eux-
mêmes. Notre ambition est de créer davantage de synergie pour qu’ensemble, main dans la main, les acteurs du secteur privé s’engagent à relancer l’économie. A ce sujet, nous avons mis en place un Conseil des Sages du secteur privé qui réunit d’anciens Présidents et élus consulaires, des membres d’honneur de la CCI-BF et des opérateurs économiques personnes ressources. Ce Conseil des Sages fédère l’action de tous les acteurs économiques. - Opérationnaliser les Délégations Consulaires Régionales (DCR). La création des 13 DCR vise à rendre la CCI-BF plus proche des opérateurs économiques, partout où ils sont. Cette proximité vise à développer des activités dans les Régions, toute chose qui devra rendre l’économie locale plus dynamique et plus contributive à l’effort de développement tant recherché. A ce jour, l’ensemble des DCR sont opérationnelles et nos services techniques sont déjà déployés sur tout le territoire. - Renforcer les capacités des opérateurs économiques et des acteurs du secteur informel à travers l’animation de plusieurs sessions de formation sur différentes thématiques notamment l’accès aux marchés publics, la fiscalité, l’accès au financement, etc. Nous escomptons plus de 50 000 personnes à former sur l’ensemble du territoire national. Déjà, après seulement un an d’exercice, nous sommes à un bilan de 13 289 personnes formées. - Améliorer le climat des affaires avec la mise en place d’une nouvelle offre de facilitation administrative en faveur des entreprises. Nous voulons continuer dans la dynamique des réformes. Ainsi, des guichets uniques seront créés. Nous prévoyons également, avec l’accompagnement de l’Assemblée Nationale, procéder à une relecture des textes majeurs qui régissent l’activité économique au Burkina Faso. - Enfin, nous souhaitons revitaliser le dialogue public-privé à travers de nouveaux dispositifs de concertation. Les traditionnelles rencontres annuelles Gouvernement- Secteur privé, qui se tiennent depuis plus de 15 ans, ont permis d’engranger d’importants résultats. Mais nous pensons que d’autres modèles peuvent être expérimentés pour des ré-
Les membres du Bureau Consulaire à l’issue d’une audience avec SEM. le Président du Faso.
sultats plus probants. Du reste, le cadre de concertation des structures d’appui au secteur privé que nous avons mis en place, travaille déjà à proposer un nouveau format de ces rencontres annuelles. Voici, en somme, les principales activités que nous avons entamées et qui se poursuivront cette année. Cette année, votre Institution fêtera son 70ème anniversaire. A quoi faut-il s’attendre en termes d’activités à mener ? 2018 est effectivement une année jubilaire pour la CCI-BF, la doyenne des Institutions publiques de notre Pays. Cela fait 70 ans que la CCI-BF a été créée ; c’était précisément le 11 juin 1948 à Bobo-Dioulasso, capitale économique. Depuis cette date, l’Institution a fonctionné de manière continue dans un contexte quelquefois difficile, marqué par des mutations tant au plan mondial que national. Mais sa capacité de résilience lui a garanti la préservation de son statut et la sauvegarde de sa triple mission consultative, représentative et administrative.
« Nous souhaitons revitaliser le dialogue public-privé à travers de nouveaux dispositifs de concertation. » Fiers de ce parcours honorable, nous avons souhaité marquer une halte pour une introspection profonde et un hommage à tous nos devanciers qui, ardument et de façon bénévole, ont travaillé à construire un secteur privé viable au Burkina Faso. Plusieurs activités sont inscrites au programme en l’occurrence : - L’organisation d’un colloque international sur le rôle et l’avenir des CCI et des
structures d’appui au secteur privé ; - L’animation de conférences publiques régionales sur la contribution de la CCIBF à l’émergence d’un secteur privé local dynamique et prospère ; - l’organisation d’un forum national sur l’innovation en faveur des femmes chefs d’entreprises avec à la clé l’édition du premier « Répertoire Top 100 des femmes d’affaires » ; - L’édition d’un ouvrage historique sur la CCI-BF et des biographies de certains de nos prédécesseurs notamment Monsieur André Aubaret, El Hadj Oumarou Kanazoé, El Hadj Djianguinaba Barro et Docteur André Kambou.. L’action sociale qui devra marquer cet anniversaire sera une opération de collecte de fonds pour doter l’unité nationale des grands brûlés d’équipements médico techniques. Ce projet, à caractère social et humanitaire, vise à renforcer l’offre de soins d’urgence au Burkina Faso et à réduire la mortalité chez les personnes victimes de graves brûlures. Le coût global du projet est de 443 millions de F CFA (environ 675 408 Euros). Pour réunir cette somme, nous allons lancer une opération de collecte à l’endroit des hommes d’affaires, des opérateurs économiques et chefs d’entreprises, des associations et groupements professionnels, de nos Partenaires Techniques et Financiers, des associations et ONG humanitaires ou caritatives et de toute personne de bonne volonté qui voudrait y contribuer. D’ores et déjà, je voudrais souhaiter un joyeux anniversaire à tous les acteurs du secteur privé burkinabè !
Avenue de Lyon - 01 BP 502 Ouagadougou 01 - Burkina Faso Tél. : +226 25 30 61 14 /+226 25 30 61 15 Fax : +226 25 30 61 16 E-mail : info@cci.bf - www. cci.bf
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Lors de la Bobo Fashion Week 2017, lancée par le modéliste.
DR
Mode
Le pagne branché signé Bazem’sé DAMIEN GLEZ
à l’ouvrage. Il fait évoluer la mise en couleurs au-delà des sempiternelles teintes vertes et violettes et imagine des modèles susceptibles de séduire les fashion weeks sous-régionales. Surfant sur l’engouement pour les produits locaux relancé par la patriotique insurrection populaire de 2014 – teintée, elle, de sankarisme –, les tenues en Koko dunda se retrouvent sur les podiums et investissent même le palais présidentiel. Monsieur le président du Faso et la première dame donnent l’exemple en devenant « mannequins » prescripteurs…
l y a quelques années encore, c’était un pagne au coût si accessible qu’il était surnommé Tchè ti barala (« ton mari ne travaille pas », en diouala) ou Soro man guêlè (« facile de se le procurer »). Une étoffe 100 % coton stigmatisée par les citadins, qui la considéraient comme un vêtement réservé aux villageois démunis. Les professionnels de la mode s’en détournaient. Jusqu’au jour où le styliste Bazem’sé s’en est emparé… Sébastien Zita Baziémo, à l’état civil, a ainsi décidé, il y a quelques années, de réhabiliter ce pagne dont la technique de teinture en motifs rayés est originaire de Bobo-Dioulasso. Comme les mots charrient les images, il commence par le rebaptiser Koko dunda (« l’entrée de Koko »), du nom du quartier bobolais où travaillent traditionnellement les teinturières spécialistes de sa confection. Le procédé consiste à tremper le pagne vierge dans des solutions colorées après l’avoir plié en accordéon entre des morceaux de chambres à air usées et attaché avec du fil en nylon. Certains citadins snobs tentent de dissuader Bazem’sé, mais le modéliste se met
Mais le nouveau tissu chic de la mode burkinabè sera-t-il confronté à l’écueil que rencontra le très politisé Faso dan Fani, ce pagne tissé artisanal qui est pour le Koko dunda un concurrent autant qu’une matière première ? La « gentrification » d’un produit dédaigné dépossède-t-elle inexorablement ses premiers utilisateurs, plus modestes et donc forcés de se retourner vers la friperie ? Bazem’sé reconnaît qu’un pagne Koko dunda se vend aujourd’hui jusqu’à 12 500 F CFA (19 euros), contre 500 F CFA en moyenne auparavant. Mais si les clients « défavorisés » doivent désormais mettre la main à la poche, c’est pour que des teinturières aussi défavorisées qu’eux puissent être rémunérées à la hauteur de leur talent. Pour Alain Sanou, quatrième adjoint au maire de Bobo-Dioulasso, le Koko kunda va devenir pour les Bobolais ce que le jean est aux Américains. Lors de la Bobo Fashion Week 2017, manifestation lancée par Bazem’sé, il a ainsi prédit que l’étoffe resterait portée autant par les masses populaires que par les égéries de la mode.
Hier encore, c’était l’étoffe portée par les plus démunis de Bobo-Dioulasso. Aujourd’hui, grâce à la volonté d’un styliste, elle est portée sur les podiums et même au Palais.
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LE PRÉSIDENT ET LA PREMIÈRE DAME ONT DONNÉ L’EXEMPLE EN DEVENANT « MANNEQUINS » PRESCRIPTEURS. 142
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Gentrification
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ABER
Agence Burkinabè de l’Électrification Rurale
Entretien avec
Mr. Yacouba CAMARA
Directeur Général de l’ABER l’Agence Burkinabè de l’électrification rurale
La création de l’Agence Burkinabè de l’Électrification Rurale (ABER) a été consacrée par la nouvelle loi portant réglementation générale du secteur de l’énergie au Burkina, adoptée courant avril 2017. Cette loi fait suite aux réformes engagées dans le secteur de l’énergie au Burkina pour tenir compte des priorités du Gouvernement en matière de production et d’accès des populations à l’électricité, surtout en zone rurale. La transformation du FDE en ABER vise donc à le rendre plus opérationnel avec un élargissement de ses missions pour plus d’efficacité, notamment en matière de maîtrise d’œuvre de projets d’électrification rurale, de gestion des ouvrages d’électrification rurale et de supervision des travaux d’électrification rurale. L’ABER assurera en effet, la maitrise d’ouvrage déléguée dans le cadre de la réalisation des infrastructures et la supervision des activités d’électrification rurale et d’utilisation de l’énergie en milieu rural entreprises par les autres institutions actives dans ces domaines. L’ABER capitalisera les acquis du FDE qui, depuis son opérationnalisation en 2005, a permis l’électrification de 256 localités, avec le raccordement de 32 579 ménages. Cela démontre une performance certaine dans la réalisation de sa mission de promotion de l’électrification rurale.
Quelle sera la contribution de l’ABER dans le cadre du Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) ?
Agence Burkinabè de l’électrification Rurale (ABER) - BURKINA-FASO Tél. : (+226) 25 37 45 01
Dans le cadre du PNDES, il est prévu un élargissement de l’accès aux services électriques à plus d’un million d’abonnés d’ici à 2020, pour atteindre un taux d’électrification de 45 %. Les réalisations de l’ABER, associées à celles des opérateurs dans le domaine de l’électrification rurale devront permettre de fournir l’électricité à 650 000 nouveaux abonnés. En ce qui concerne l’ABER, il s’agira de la densification des
réseaux existants dans les localités déjà électrifiées, du renforcement des capacités en matière de gestion de systèmes électriques (l’introduction du prépaiement et du smart metering), de l’achèvement des travaux d’électrification engagés dans plus de 400 localités. Pour la période 20192020, 600 nouvelles localités seront électrifiées principalement à base de l’énergie solaire photovoltaïque à travers les mini- réseaux et avec l’appui du secteur privé. L’ABER est résolument tourné vers les énergies renouvelables. Dans cette perspective, plusieurs projets à forte implication solaire sont en cours de réalisation.
Réseau électrique à Gonsé
©DIFCOM - PHOTOS : D.R. SAUF BACKGROUND STOCK.ADOBE.COM
A quel souci répond la création de l’Agence Burkinabè de l’Électrification Rurale ?
Comment les projets d’électrification rurale sont-ils financés ? L’ABERbénéficie,poursesréalisations, de l’accompagnement financier, outre de l’État burkinabè, de la Banque Mondiale, de la Banque Islamique de Développement (BID), de l’Agence Internationale pour les Energie Renouvelable (IRENA), à travers les Fonds d’Abu Dhabi (FAD), du Conseil de l’Entente, de la BAD, auxquels s’ajoutent les ressources de la Taxe de Développement de l’Électrification (TDE). Il faut préciser que la TDE un prélèvement de 2 F CFA sur chaque kilowattheure vendu par la SONABEL et reversé l’ABER pour financer différents investissements d’électricité en milieu rural. Cette taxe reflète une solidarité nationale envers les zones défavorisées du pays afin de contribuer à leur accès à l’énergie électrique.
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Le français acclimaté
Le Burkinabè jongle avec ce que l’écrivain algérien Kateb Yacine qualifiait de « butin de guerre », cette langue héritée de la colonisation. Il détourne le verbe « torcher », ne l’employant pas qu’aux toilettes mais aussi dans la brousse nocturne lorsqu’il est question de s’éclairer avec une torche électrique. Il invente des verbes comme « gréver » quand il décide de protester en cessant son travail. Il adapte, sans s’en rendre compte, des expressions comme « du tac au tac ». À Ouagadougou, c’est « du tic au tac » qu’on réagit. Logique si l’on considère que le tic-tac de la montre peut évoquer l’instantanéité. On compose aussi des expressions correspondant à des réalités locales, comme « demander la route », pour annoncer que l’on souhaite partir, en s’y reprenant
Couleur locale
Petit lexique illustré du français intègre DAMIEN GLEZ
e Burkina Faso est tout à la fois le sanctuaire d’une langue française plus châtiée qu’au pays de Molière – avec la survivance quotidienne de termes comme « nonobstant » – et le tremplin de joyeuses expressions métissées. Le 28 novembre dernier, à Ouagadougou, Leïla Slimani, la « Madame francophonie » d’Emmanuel Macron, rencontrait les puristes, universitaires, éditeurs ou slameurs, tandis que le président français s’essayait à l’emploi de l’expression « mouta mouta ». En cinq catégories, voici un lexique non exhaustif du français des hommes intègres…
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à trois fois avant qu’on nous « accorde la route ». Si l’on part pour rejoindre son « deuxième bureau », cela n’a rien à voir, au Faso comme ailleurs en Afrique francophone, avec une seconde occupation professionnelle. Et chaque fois que l’on oublie le verbe requis par l’Académie française, il suffit de conjuguer « chosiner »…
Les emprunts au nouchi
Les trajectoires de l’ancienne HauteVolta et de la Côte d’Ivoire sont à ce point entremêlées que le Faso ne pouvait que
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CAISSE NATIONALE DE SÉCURITÉ SOCIALE
Les vertus de la solidarité La CNSS est un Établissement public de prévoyance sociale chargée de gérer le régime de sécurité sociale en faveur des travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso. Sa mission essentielle est de payer des prestations sociales sur la base d’un recouvrement des cotisations auprès des employeurs. 3 ans, la CNSS a pris en charge 5246 accidents du travail et maladies professionnelles ayant coûté plus de 2 milliards de F CFA. Pour la même période et relativement aux pensions de vieillesse, c’est plus de 21000 pensionnés qui ont été payés pour de 22 milliards F CFA ; pour les prestations familiales, plus de 6 milliards de F CFA ont été payés. Au cumul, c’est plus de trente milliards qui ont été injectés dans l’économie nationale au travers du paiement de ces prestations.
Monsieur Lassané SAVADOGO, Directeur Général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) nous en parle :
En 2017, la CNSS a remporté la première édition du trophée de la responsabilité sociale de l’entreprise des Sociétés d’État.
Pouvez-vous nous présenter la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) du Burkina Faso et son organisation ? La CNSS dont le slogan est « les vertus de la solidarité » est un Etablissement Public de Prévoyance Sociale, dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Elle est vieille de plus de 60 ans. L’institution gère le régime de sécurité sociale applicable aux travailleurs du secteur privé mais aussi ceux des professions libérales, du secteur informel et du monde agro-sylvo-pastoral, à travers l’assurance volontaire. A ce jour, elle est dirigée par moi-même, M. Lassané SAVADOGO, 17ème directeur général de l’institution depuis sa création. C’est une institution aux dimensions nationales, avec des missions qui la placent aux avants postes du social et de la vie économique du Burkina Faso. Quels sont les risques couverts et les prestations accordées ? Pouvez-vous nous fournir quelques chiffres ? Les prestations accordées couvrent les risques d’accidents du travail et maladies professionnelles, l’assurance vieillesse et les prestations familiales. De 2014 à 2016, soit
www.cnssbf.org
CAISSE NATIONALE DE SÉCURITÉ SOCIALE DU BURKINA 01 B.P. 562 - OUAGADOUGOU 01, BURKINA FASO Tél. : (+226) 25 30 60 78 à 80
En 2017, la CNSS a remporté la première édition du trophée de la responsabilité sociale de l’entreprise des Sociétés d’État (RSE-SE). Quelle importance accordez- vous à cette récompense ? En effet, notre institution s’est hissée en 2017 au rang de première entreprise citoyenne avec le trophée RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) parmi 21 sociétés d’État. Cela constitue pour nous un sujet de satisfaction et nous réconforte dans notre quête continue de la performance dans les prestations que nous servons. Mais ce prix est aussi pour nous une invite à redoubler d’effort pour relever tous les défis qui se posent à nous. Quels sont vos projets pour l’avenir ? La CNSS ambitionne de couvrir tout le territoire burkinabé afin de mieux se faire connaitre par ses assurés et partenaires sociaux. Elle s’est également lancée dans le développement de nouveaux moyens de paiement comme la bancarisation des prestations et autres modes de paiement moderne. Toutes ces initiatives visent à offrir des prestations de qualité au profit de nos assurés.
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DEPUIS LE COUP D’ÉTAT MANQUÉ DE SEPTEMBRE 2015, ON UTILISE LE VERBE « DIENDÉRER » POUR DIRE « FAIRE UNE BOURDE ».
s’imprégner du nouchi. Employant cette sorte d’argot ivoirien, à Ouagadougou ou à Bobo-Dioulasso comme à Abidjan, les « gaous » « s’enjaillent » avec des « gos » dans les « glôglôs » (les péquenots se distraient avec des filles dans les quartiers populaires).
redondances: « wassa wassa » ou « sap sap » (rapidement), « façon façon » (très approximativement), « tango tango » (en titubant) ou « 100 francs 100 francs » (100 francs l’unité)…
Les onomatopées
Un mot gagne à évoquer le bruit qui lui est associé. Au Faso, si la friperie est nommée « fouks », c’est qu’un vêtement d’occasion compressé dans une balle fait « foooouks » quand on le secoue. Pour évoquer une bagarre plus ou moins violente, quoi de mieux que « gbangban » ? Et le mot « chicotte », hérité de colons qui l’ont ensuite largement oublié, proviendrait du bruit « tchiiiikk », si évocateur du fouet. Toujours pour des questions de rythme et de son, le Burkinabè use et abuse des
Les noms communs issus de noms propres
Signes suprêmes de la créativité linguistique burkinabè et du goût de la population pour l’actualité, les néologismes inspirés par le comportement de certaines personnalités fleurissent. Que le politicien Ablassé Ouédraogo tienne des propos manifestement sujets à caution, et les « ablasseries » désigneront les paroles inconsidérées. Qu’un de ses collègues prénommé Achille soit accusé de fuite, et l’on conjuguera, à la moindre course, le verbe « achiller ». Qu’un Léonce soit surpris en train de s’assoupir en public, et « léoncer » supplantera
« somnoler ». Même le coup d’État manqué du général Gilbert Diendéré, en septembre 2015, inspira le verbe « diendérer », qui signifie « faire une bourde ».
Les nouveautés
Plus vivante est la langue quand de nouveaux substantifs apparaissent, rendant branchés ceux qui les emploient. Bien sûr, le buzz ressuscite parfois des termes vintage, ce que semblent ignorer les tenants de la culture hip-hop, qui désignent naïvement leurs pères et mères par les termes « darons » et « daronnes ». Récemment, c’est le mot « tranquillos » qui a été remis à la mode par le ministre burkinabè Simon Compaoré dans une vidéo nocturne surréaliste où il entendait rassurer le citoyen en brandissant un fusil-mitrailleur. D’aucuns diront que ce civil utilise les armes « yada yada » (de façon inconsidérée), formulation qui rappelle l’expression « yaré yaré », bien plus ancienne. Quand un Emmanuel Macron ouagalais chercha tout
à la fois l’acclimatation et la branchitude – lui qui est connu pour son vocabulaire désuet –, il déclara aux étudiants : « Je ne serai pas mouta mouta, je peux vous le dire. » Il rejetait ainsi des pratiques politiques obscures et malsaines. Langue 2.0 ou langue de bois?
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TRIBUNE
Nul ne peut terroriser la culture! u Burkina, la culture est partout… Dans les salles de projection du Fespaco [Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou], durant les concerts de Jazz à Ouaga, sur les scènes du festival de danse Dialogue de corps, dans les cours familiales où sont montés les tréteaux du festival des Récréâtrales… Au pays des Hommes intègres, la culture est aussi et surtout dehors, dans la rue. Les ruelles de Bobo-Dioulasso vibrent au rythme de la Semaine nationale de la culture et du festival de conte Yeleen. À Koudougou, elles s’animent pendant ses Nuits atypiques. Dans le Grand Est, durant le festival Dilembu au Gulmu et les défilés de masques, dans les peintures murales. La culture est dans la rue, car elle est aussi dans la brochette qu’on partage après le spectacle, dans la bière que l’on boit sous le manguier du maquis en écoutant la musique, dans les rires qui résonnent depuis les nombreux bars dancing, sous le ciel joyeux et étoilé du Faso.
Burkina voient ces soutiens diminuer, à l’heure où la culture ne pèse pas très lourd face à la menace jihadiste et au recentrement des pays partenaires autour de leurs priorités nationales. Et ce, alors même que les dépenses nécessaires pour sécuriser les activités culturelles au Faso enflent de manière aussi démesurée qu’illusoire. Le président Roch Marc Christian Kaboré a montré à plusieurs reprises qu’il était conscient de l’importance d’une politique publique nationale pour le secteur culturel : 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros) ont été débloqués afin de promouvoir la participation des cinéastes nationaux au prochain Fespaco en 2019; un autre milliard a été engagé dans le Fonds de développement culturel et touristique… Et un accroissement substantiel du budget général destiné à la culture, financé grâce aux recettes de la téléphonie mobile et aux lignes de crédits du 11e Fonds européen de développement, est attendu pour bientôt. VINCENT FOURNIER/JA
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ais les artistes n’attendent pas… Cinéastes, Étienne arce qu’elle est dans la rue, la culture est, danseurs, musiciens, comédiens, écrivains, Minoungou depuis longtemps, une histoire de courage. humoristes et couturiers tournent à travers le Dramaturge Elle a résisté pendant des décennies, à coups monde, et ce le plus souvent à l’insu des fonctionburkinabè de pièces de théâtre, d’images, de danses, de naires assis dans les bureaux du ministère de la rap, de slam ou de poésie, face à un pouvoir Culture. Pourtant, bien qu’ils influencent considéqui se méfiait d’elle autant qu’il traficotait la rablement les dynamiques créatives du continent démocratie. Elle a alimenté une insurrection ou impriment leurs marques dans les évolutions populaire, qui s’est nourrie de ses refrains ; elle a contribué à esthétiques, bousculant parfois les standards internationaux construire un espace d’expression qui a peu d’égal sur le contide façon saisissante et spectaculaire, les artistes burkinabè nent africain. Mais parce qu’elle vient du dehors, qu’elle émane savent aussi très bien que leur ancrage, c’est leur Faso, leur de l’informel et se joue dans la rue, la culture du Burkina Faso terre: pas celle de Paris, de Bruxelles ou de New York… mais est aujourd’hui fragile. Comment faire face à l’insécurité et à la bien la latérite de leur Sahel. À côté du programme d’urgence peur qui montent? La culture doit-elle se barricader derrière des pour le Sahel-Burkina de près de 154,9 milliards de F CFA, de portillons de sécurité, des vigiles armés, se retirer de l’espace la programmation budgétaire 2018-2022 pour l’armée burkipublic pour se confiner dans des lieux moins exposés? Doit-elle nabé de 725 milliards de F CFA, les artistes, hommes et femmes s’exporter à l’international, se vendre en Occident, se réserver à de culture, rêvent qu’on puisse considérer que, tout comme ils des publics qui se sentent protégés? Doit-elle abdiquer en laisont affronté, contourné ou taquiné jadis un pouvoir autoritaire, sant les pays voisins – le Sénégal, le Ghana, ou la Côte d’Ivoire – ils peuvent aujourd’hui contribuer à lutter contre le terrorisme, développer leur diplomatie culturelle, alors que le Burkina offre contre la radicalisation et les extrémismes violents, mais aussi l’image d’un pays aux abois, victime d’attaques incessantes? à chasser la peur de la rue pour y maintenir la vie, le rire et l’esDans ce contexte déjà morose, les acteurs culturels doivent poir. Dans ce pays éprouvé mais debout, malgré les tumultes également affronter la diminution de leurs ressources. du moment, les poètes et les créateurs peuvent réensemencer Financées en grande partie par les différents guichets de la les chemins de la résilience, réenchanter le vivre-ensemble, coopération internationale, les manifestations culturelles du réparer les traumatismes et refaire vivre la rue…
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PUBLI-INFORMATION
Ministère de l’Économie, des Finances et du Développement du Burkina Faso Des réformes fiscales pour une meilleure optimisation des recettes propres Le Burkina Faso s’est fixé comme objectif, de financer son Plan national de développement économique et social (PNDES) à hauteur de 64% sur ressources propres. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le pays s’est lancé dans une série de réformes fiscales pour assurer une meilleure optimisation de ses ressources propres. La Ministre de l’Économie, des Finances et du Développement, Hadizatou Rosine Coulibaly-Sori revient sur quelques-unes de ces mesures.
En décembre 2017, nous lancions déjà le paiement de la taxe de résidence à travers les services d’un opérateur de téléphonie mobile (Orange Money) et à cette occasion, nous avions renouvelé notre engagement à offrir aux contribuables d’autres facilités pour l’accomplissement de leurs obligations fiscales. La plateforme eSINTAX incarne donc, la volonté du Gouvernement de moderniser et perfectionner les méthodes et outils de travail en assurant un meilleur service aux usagers. Le lancement ce 12 avril du portail de télédéclaration et de télépaiement des impôts et taxes, part du constat que le développement d’internet nous offre la possibilité de travailler autrement pour assurer aux contriThéodore Sondo, buables, un plus grand confort. représentant du Groupe Le portail eSINTAX est un projet projet eSintax qui vise l’émergence d’une administration fiscale dont les procédures ne constituent pas un frein à l’épanouissement du secteur privé et à améliorer le rang de notre pays dans le classement doing business La direction générale des impôts a également lancé en 2017, la facture normalisée. Quel était l'objectif et quel bilan peut-on faire une année après sa mise en œuvre ? Instituée en 2013 par la loi de finances gestion 2014, la facture normalisée est effective depuis le 1er mars 2017 au Burkina Faso. Elle concerne les entreprises assujetties à la facturation de la TVA et de façon générale, à des entreprises réalisant un chiffre d’affaires annuel égal ou supérieur à 50000000 de F CFA. La facture normalisée vise donc à : sécuriser les transactions commerciales; formaliser le secteur informel; réduire le contentieux fiscal sur les conditions de fond et de forme des factures; lutter contre l’économie souterraine; sécuriser le droit à déduction de la TVA; dynamiser le rendement de la TVA et des autres impôts et taxes.
Une année après son opérationnalisation, le bilan succinct révèle que 62,65 % des contribuables relevant du réel normal d’imposition émettent effectivement des factures normalisées. Il est aussi question de l’adoption d’un projet de cadastre fiscal, pouvez-vous nous en dire plus ? Pour ce qui est du Cadastre Fiscal, il convient de signaler que l’option prise par le ministère de l’économie, des finances et du développement est celle de l’approche projet pour conduire le processus de mise en œuvre du cadastre fiscal au Burkina Faso. Le cadastre fiscal est une véritable opportunité pour le Gouvernement de réhabiliter la mission fiscale du cadastre qui avait été mise en berne depuis la suppression de l’impôt foncier intervenue en 1969. Le projet cadastre fiscal se donne comme ambition de moderniser l’outil cadastral afin de lui permettre de jouer efficacement sa partition en matière de : s Mobilisation des ressources fiscales au profit des budgets des Collectivités Territoriales; s Optimisation du recouvrement des impôts et taxes liés au foncier; s Amélioration de la sécurisation de la propriété foncière ainsi que des prestations offertes aux usagers.
Adama Badolo, Directeur général des impôts
Le projet cadastre fiscal sera opérationnalisé dans une phase pilote qui durera 3 ans et concernera les deux plus grandes agglomérations du pays, à savoir Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Le coût de réalisation du projet est de 6962587000 de F CFA.
Ministère de l’Économie, des Finances et du Développement du Burkina Faso MINEFID 395, Avenue du 11 Décembre 03 BP 7008 Ouagadougou 03 Tél. : (226) 25 32 43 06 / 25 33 30 95
www.finances.gov.bf
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Le Burkina Faso a lancé le 12 avril dernier le portail eSINTAX, une plateforme de télédéclaration et de télé-paiement des impôts et taxes. Qu’est ce qui a justifié l’adoption d’une telle mesure par votre pays ?
M.me la ministre Hadizatou Rosine Coulibaly-Sori
POST-SCRIPTUM Fawzia Zouari
Mascarade parlementaire arakouz. » C’est le mot qu’a « employé récemment le vice-président tunisien de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), l’islamiste Abdelfattah Mourou, pour décrire l’hémicycle où il siège. Le terme vient du turc « karagöz », qui désigne le théâtre d’ombres. En arabe, il décrit un personnage ou une situation clownesques. Et il est vrai que le meilleur bêtisier politique de la Tunisie post-révolutionnaire se passe au palais du Bardo. On y compte le plus grand nombre d’injures, de grossièretés et de menaces qui pourraient faire figurer l’ARP au palmarès des hémicycles les plus agités de la planète. Cela a commencé en 2011 avec les saillies d’un certain Brahim Gassas, ex-chauffeur de louage devenu député. Ce monsieur avait coutume de défaire son turban et de cracher sur tout le monde à chacune de ses apparitions. Il restera dans l’histoire pour ce fameux cri contre l’égalité des sexes: « La place de la femme se trouve à la maison pour s’occuper de ses enfants et laver les pieds de son mari! » La députée Samia Abbou – Bloc démocratique – s’est faite spécialiste de l’interpellation irrespectueuse du chef de l’État, qu’elle a traité entre autres de « chef de mafia ». Les élues d’Ennahdha ne sont pas en reste.
K
Passons sur la constituante Sonia Ben Toumia, devenue célèbre pour son recours à un français qui laisse présager le déclin de la langue de Molière en Tunisie. C’est sa collègue Monia Brahim qui s’est surpassée de dessous son voile en interpellant en ces termes le président de l’Assemblée, Mohamed Ennaceur : « Je suis plus virile que toi! » Dire que l’orthodoxie religieuse dont se réclame cette députée interdit même l’usage de la voix féminine en public ! Mabrouk Hrizi – du parti de l’ancien président Moncef Marzouki – a pour sa part menacé au cœur de l’enceinte: « Je suis venu en kamikaze pour vous faire exploser. » Heureusement que ses collègues ne l’ont pas pris au mot. À l’adresse du député Ali Bennour affirmant que seul un recours à l’armée pourrait faire sortir le pays de la crise, Imad Daïmi – autre affilié de Marzouki – s’est fendu d’une fatwa à son encontre afin qu’il soit « découpé en 24 morceaux et jeté dans les 24 wilayas du pays ». Aux « daéchiens » de l’Assemblée – comme on appelle désormais les semblables de Daïmi –, il faudrait ajouter Yassine Ayari, qui s’était fait remarquer jadis en brandissant le drapeau noir de l’État islamique et qui a lancé au ministre de l’Éducation, Hatem Ben Salem, cette phrase révélatrice du peu de considération dont jouissent les ministres de
« Je suis venu en kamikaze pour vous faire exploser. »
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jeuneafrique no 2989-2990 du 22 avril au 5 mai 2018
la Tunisie actuelle: « Je suis ton patron et le patron de ton patron ! » Enfin, cette sommation très « classe » d’un député du Front populaire, Ammar Amroussia, faite au chef du gouvernement, Youssef Chahed: « Ôte ta main du peuple, sinon on va te descendre le pantalon. »
Séries turques
Impressionnés au début de la Révolution par une liberté de ton inhabituelle – fût-elle proche de l’injure –, les Tunisiens ont fini par se lasser. Ils se disent choqués par la vulgarité et ulcérés par le comportement d’élus qu’ils n’estiment pas dignes de les représenter. Les analystes ne s’étonnent plus de voir les jeunes se détourner de la politique, les adultes préférer les terrasses des cafés aux bureaux de leur administration, les amateurs de foot se passionner pour la prochaine Coupe du monde davantage que pour les élections locales, et les femmes zapper le feuilleton parlementaire pour les séries turques. Personne n’est dupe. D’aucuns savent que ces querelles d’élus ne servent pas l’intérêt du peuple; que les votes s’achètent tout autant que les consciences; que les vrais accords se font dans les coulisses et que ceux qui gouvernent réellement ne sont pas forcément ceux qui sont sur scène. Karagöz. Le mot est juste.
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