JEUNE AFRIQUE SPÉCIAL FINANCE – ÉDI T IO N 20 19
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL
HORS-SÉRIE NO 51
FINANCE BOURSES L’union fait la force
ALGÉRIE Vers un printemps bancaire ?
SAGA Les recettes du succès de Helios Investment
AFREXIMBANK Le Maghreb dans le viseur
BANCASSURANCE Sunu à la conquête de l’Uemoa
LE CLASSEMENT DES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES
JEUNE AFRIQUE HO R S -SÉRIE N o 51
21e édition
Offensive africaine Face à des groupes internationaux frileux, les banquiers et les assureurs du continent renforcent leur leadership. ÉDITION GÉNÉRALE
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France 7,20 € Allemagne 9,60 € Belgique 8,40 € Canada 13,99 $ CAN DOM 9,50 €
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Espagne 9,60 € Italie 9,60 € Maroc 55 DH Portugal cont. 9,60 € RDC KIN USD 10 TOM 1150 XPF
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Suisse 14,90 FS Tunisie 7,80 DT Zone CFA 3 800 F CFA ISSN 1959-1683
ENGAGÉE EN AFRIQUE, LÀ OÙ L’AVENIR S’ÉCRIT Société Générale est nommée meilleure banque en Afrique pour sa responsabilité d’entreprise et son soutien continu aux grands projets d’infrastructure et d’urbanisme durable sur tout le continent africain.
Société Générale, S.A. au capital de 1059665810 € – 552120222 RCS PARIS – Siège social : 29, bd Haussmann, 75009 PARIS. Crédit photo : Getty Images – Octobre 2019.
ÉDITORIAL Joël Té-Léssia Assoko ralphlessia
Apparences trompeuses première vue, les chiffres sont formels. Après avoir enregistré une croissance à deux chiffres en 2017, le produit net bancaire cumulé des 200 premières banques africaines a reculé de 5,6 % l’an dernier. Une régression encore plus importante est enregistrée dans le classement des 100 premiers assureurs. Et trois quarts des places boursières présentent un indice en baisse. Faut-il en conclure que le rebond de 2017 était une aberration statistique ? N’allons pas si vite. Il faut d’abord tenir compte des évolutions des devises africaines vis-àvis du dollar américain. La chute en Afrique du Sud du rand a ainsi provoqué une baisse importante du total de bilan en dollars de Standard Bank Group, première au classement des banques, alors même que ses actifs ont augmenté en monnaie locale. Même tendance en Angola, où la chute du kwanza
À
a entraîné celle de dix banques du pays dans notre palmarès. Le chiffre d’affaires du leader de l’assurance Sanlam baisse également, en raison du ralentissement de l’économie sud-africaine, dans laquelle elle est investie, et ce malgré la forte croissance de ses propres primes émises.
Regain d’initiative
S’ils sont en recul, les résultats de 2018 restent supérieurs aux performances moyennes de la
Les résultats de 2018 sont certes en recul. Mais ils restent supérieurs aux performances moyennes de la décennie.
décennie. Il est certes impossible d’éluder les difficultés bien réelles du Nigeria et de l’Afrique centrale, encore affectés par le recul des prix du pétrole. Cependant, les enquêtes et analyses publiées dans cette 21e édition de notre hors-série finance montrent un regain d’initiative de la part des acteurs locaux de l’industrie. Le renforcement des règles comptables et prudentielles a bénéficié pour l’essentiel aux entrepreneurs du continent. Il en va ainsi du retrait du britannique Barclays, qui a redonné au sud-africain Absa une liberté d’initiative. Le repli africain du français BPCE profite à la Banque centrale populaire, prolongeant ainsi l’expansion panafricaine des banques marocaines. Enfin, l’assureur Sunu a repris les filiales d’Allianz dans cinq pays. Les sociétés africaines pèsent de plus en plus sur le continent.
Rédaction en chef : Olivier Holmey, Julien Clémençot • Rédaction en chef exécutive : Laurent Giraud-Coudière, Vladimir Pol (adjoint) • Secrétariat de rédaction : Julie Gonnet • Base de données et classements : Capucine de La Revelière (les500@jeuneafrique.com) • Direction artistique : Marc Trenson, Jean-Philippe Gauthier (adjoint) • Rédaction graphique: Stéphanie Creuzé (chef de studio), Sydonie Ghayeb • Infographies: Christophe Chauvin • Iconographie : Claire Vattebled (chef de service), Nathalie Clavé • Révision : Nathalie Wallon-Bedjoudjou (chef de service), Emmanuelle Montagnese, Vincent Tarrière • Ont collaboré à ce hors-série : El Mehdi Berrada, Max Bower, Nadoun Coulibaly, Carole Dieterich, Mathieu Galtier, Olivier Holmey, Marcia Klein, Charlotte Mathews, Baudelaire Mieu, Nicholas Norbrook, Djamila Ould Khettab, Patrick Smith, Joël Té-Lessia Assoko, David Whitehouse et Tarik Yanmi • Publicité : Pierre Bessières (coordination), Difcom, Groupe Jeune Afrique, 57 bis rue d’Auteuil, 75016 Paris Tél. : +33 (0)1 44 30 19 60 - Fax : +33 (0)1 45 20 09 67
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
3
Sommaire 3
Éditorial Apparences trompeuses
ENQUÊTE
Bourse L’union fera-t-elle la force ? 16 Débat Marchés publics contre marchés privés 20 Tribune Comment libérer tout le potentiel des Bourses africaines 8
8
AFRIQUE SUBSAHARIENNE 22
28 32 36 42 46 50 54 56
4
Logement Quel horizon pour les Banques de l’habitat ? Zone franc Questions à… Yoann Lhonneur, directeur associé de Devlhon Consulting Portrait Helios, pionnier et toujours leader Bancassurance La grande offensive de Sunu Interview Ade Ayeyemi, DG d’Ecobank Nigeria Rencontre avec Jim Ovia, président de Zenith Bank Stratégie Absa cherche sa nouvelle ligne directrice Nouvel entrant La refonte de Bank of Abyssinia porte ses fruits Tribune L’Afrique, paradis des fintechs
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
58 Algérie Vers un printemps bancaire ? 66 Stratégie Comment la BIAT se maintient au sommet 70 Maroc Richbond rejoint l’aventure Cash Plus 72 Portrait Inébranlable Abdellatif Jouahri 76 Commerce Afreximbank gagne le Nord 80 Nouvel entrant Arrivée sur le fil pour Attijariwafa Égypte 82 Tribune Vers une meilleure gestion des réserves
58
PHOTOS DE COUVERTURE : ÉDITION GÉNÉRALE : GETTY IMAGES/MONTAGE JA
22
MAGHREB & MOYEN-ORIENT
LE CLASSEMENT DES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES
Baromètre
ZONE FRANC
ttrapé Ecobank rairs par ses pa
jeuneafrique
no 51 - SPÉCIAL
FINANCE - Édition
2019
Classe
finanmcent e
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INÉ
114
Jacques-Emm 241 E INTERN Égypte ATIONALE 5 805 anuel Blanch ARABE DE 89 et Abdulhamid ARAB INTERN TUNISIE Égypte 5 632 Aboumoussa ATIONAL SOCIÉTÉ 378 BANK ARABE INTERN Dante Campi Tunisie NAT. BANK 5 377 ATIONALE oni OF KUWA ND DE BANQU Moham IT – EGYPT Égypte 5 306 E ed Agrebi (EX-ALWATAN 311 Hisham Y BANK Égypte BANK AUDI Ramez Abdel 5 260 OF EGYPT EGYPT Hafez ) 277 Moham Égypte 4 924 BH BANK ed Naguib 144 77 BANQUE Isam Jassem Égypte NATIONALE 4 687 Al-Sager 31 AGRICO 106 SOCIÉTÉ 78 Moham LE Tunisie TUNISIENNE ed Abbas 4 100 32 Fayed DE BANQU 155 79 AL BARAK Tunisie E Amel Medin BANQUE 3 969 A BANK 33 i SAHÉLO EGYPT 126 80 Habib Ben -SAHARIENNE Tunisie 3 958 Hadj Kouide POUR L’INVES 34 r 151 85 T. ET LE COMM EGYPT IAN Égypte Lotfi Debba 3 833 GULF BANK 35 ERCE bi Ashraf Ahmed 184 88 SOCIÉTÉ Libye Mustaf GÉNÉR ALE 3 495 36 El Ghamr ALGÉRIE 157 89 awy CRÉDIT AGRICO Égypte Ali Al Mokta 3 487 37 r LE EGYPT 105 90 Nidal El Algérie Kassem AMEN BANK 3 480 38 Assar 143 91 AHLI UNITED Égypte Eric Worms 3 438 39 BANK EGYPT er 78 93 ATTIJARI Tunisie Pierre Finas 3 150 BANK TUNISI 40 HOUSI NG 184 96 E Ahmed Égypte AND DEVELO 2 988 El Karm 41 ABU DHABI PMENT 167 98 Nevine El-Mes BANK Tunisie ISLAMIC 2 928 BANK – 42 seery EGYPT (EX-NB 125 103 Égypte SUEZ CANAL Saïd Sebti D) 2 872 43 BANK EXPORT ND 111 Fathy El DEVELO Égypte Sebai Manso 2 847 PMENT 44 BANK OF ur 145 113 BANQUE EGYPT Égypte Nevine Loufty AL BARAK 2 831 45 A D’ALGÉ Hussein 179 116 RIE Égypte GULF BANK Ahmed 2 756 Ismail Refaei 46 ALGERIA Merva t 139 118 BNP PARIBA Algérie Zohdy El 2 645 Sayed Soltan S EL DJAZA 47 54 120 Moham IR ARAB TUNISI Algérie ed 2 Seddik 489 48 AN BANK Hafid 65 122 Rabih Soukar Algérie BANQUE 2 300 DE TUNISI 49 ieh UNION INTERN 105 E 132 Tunisie Fabien Riguet 2 214 ATIONALE 50 DE BANQU 117 134 UNION NATIO Tunisie Ahmed ES 2 193 Rjiba NAL BANK 145 EGYPT ATTIJARIWAF Habib Ben Tunisie 2 129 A BANK Saad EGYPT 82 Mondher Égypte 2 117 Ghazali jeuneafrique 112 Ihab El Sewerk Égypte n o 51 - SPÉCIA 2 029 L FINANC y 121 E - Édition Hicham 2019 1 806 Seffa 54 1 772 128 *(en million s de dollars ) 57
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DETERM
Afrique du Nord Afrique de l’Ouest Afrique centrale Afrique de l’Est Afrique australe et océan Indien Rentabilité Les 50 banques les plus rentables Prêt Les 50 banques les plus prêteuses
céder centra , le seul group son intention de es d’Afrique ance atone qui reste cé u : les banqu années de croiss à s a annon données au tablea trois BNP Pariba ble ombre r fourni des urs, après Seule vérita lement des coule faute d’avoi u des radars pénib reprend part, dispar t? a, pour sa renoncemen Afriland e qui vaut jour. Un silenc
ND : NON
98 100 102 104 106 108 110
126 CA 124 BOURS 98 E PITALINVEST ISSEM 128 D ENT ETTE
afa Bank ont contr ibué à hauteur de 29 % au résultat net consolidé du groupe.
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augmenter ir son flottant en Bourse de 2,1 %, réduisant son pour centage de contr ôle à 95 %, afin de se conformer aux oblig ations de cotation en Égypte.
Mohame d Krim a quitté son général de poste de directeur Banque la banque publique de algérienn que le vent développement e local pays aprè tourne dans le secte (BDL), alors s la chute d’Abdela ur bancaire du ziz Bouteflika .
« Je ne suis
pas un optimiste naïf. »
MAROUANE ABASSI Gouverneur de Banque centra la le de Tunisie depuis février 2018
Une cro stable issance
Dans la régi net bancair on, le total des acti affichent e des 50 plus gran fs et le produit une perf ormance des banques positive.
TARIK YANM I
contre-co la valeu urant de la baiss r des actif e dicat s continen annuelle de 5,3 6,4 % pour eur agrég % taux du atteindre é en Afrique secteur, de pour le du Nord l’in558 tiers des s’am 1 655 milli milliards de lui, gagn dollars, éliore de e près de ards de com dollars 1 %. L’Égypte cumulés. ptant l’Algérie, compte 22 Le PNB banq , le Maro de créd c et la Tuni ues dans le Top 200, it sie avec (l’instabil chacun. Une devant neuf étab seule et ité polit lisse unique vité écon ique sape ments banque omique) l’actide Liby classemen figure e dans t. Et aucu le financière ne insti mauritan tutio à attei ienne n’arr n ndre ive pour faire une taille suffi établissempartie des 50 plus sante milliards grands ents de la régio Abu Dhab de dolla n. i Islam rs grappille ic Bank C’est le total le plus places, grand nom-Egypt mon bilan des de régional. tant du 48 e au bre de 50 40 e rang premières tienn es Quatre banq ues égyp gagn ent banques National sept mar d’Afrique ches : du Nord (26 e), BankBank of Kuw (+ 6,4 % sur un an) ait-E Audi Egyp gypt Export t (27 e), Developm ent Bank Al Baraka Bank of Egyp Egypt (42 e Déclin tun t (31 e) et ). isien C’est en Tunisie, en 2018 , que les où le dinar a perd fert. Les insti établisse tutions finan u 17,1 % de sa déclin valeur cières ont ments de qui enre effet six leurs actifs dans gistrent le plus soufbanques le le Arab Tuni du pays classement régio plus grand nal sont Bank (36 e sian Bank (46 e . Attijari Bank en ) reculent Tunisie ) accuse (38 e) et une baiss Alors que de e de cinq six rangs, et les dix à main Amen rangs. tenir leur plus grands acteurs laire (4 e rang, le de la régio ) pourrait maro n arrivent sement, bien prog cain Banque après avoir centrale resser négociati dans le popuindiq ué on exclu prochain de quat sive avec le 29 septembre clasre Tunisie. filiales du grou le français pour qu’il était en pe banc l’acquisit aire, y ion compris une en
A
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jeuneafrique
BAROMÈTRE ZONE FRANC
114 Ecobank rattrapé par ses pairs jeuneafri
que n o
CLASSEMENT ASSURANCES
%,
11 808
AFRIQUE RÉGION DU NORD
S 2017 –
CLASSEMENT RÉGIONAL ET PERFORMANCES
Actifs totaux 2017-2018
variation en
(en
Banques marocaines
: CHIFFRE
92 Les 200 premières banques africaines
IONS LES CHAMP ANCE DE LA CROISS
LE MATCH E MAROC-FRANC zone franc Actifs totaux, de F CFA) milliards
PAR
E
EN ITALIQUE
CLASSEMENT GÉNÉRAL
LES CRACKS DE LA CEMAC
des er le poids 10 5 500 4 401 Pour mesur 5 257 Ecobank 322 4 322 3 737 Attijariwafa 7 s bancaires 6 4 Ecobank Bank grands groupe BNP 2 446 Société BMCE Société Société franc, Jeune BMCE Paribas Générale Bank Générale 1 520 7 678 Banques Générale dans la zone é les bilans Bank 1 558 BGFI françaises Bank Société Afrique a compil filiales Générale Attijariwafa leurs PNB Bank 18 financiers de ze pays %, 2017-20 variation en Actifs totaux dans les quator Uemoa in et de la concernés. subsahariens arrêtés t panafrica PNB CFA) géan les du sont s F de du recul Les chiffre 15 l’écart entre (en milliards 54 Société 13 sauf pour Conséquence concurrents, jamais Banques à fin 2018, BNP Générale 10 250 es dont marocaines Attijariwafa ses i resserré. 252 244 Paribas 372 365 350 Bank certaines banqu pu pression de n’a été auss Ecobank Société Attijariwafa Société 235 s pas 121 139 137 fa Société Générale la zone franc Bank Générale Ecobank nous n’avon actuaAttijariwafa Attijariwa es BGFI leaders de donné Bank Bank Générale Banques a obtenir les 5 259 s nne mais françaises les groupe rve sa couro A ASSOKO lisées. Pour Présent (ETI) conse JOËL TÉ-LÉSSI au trône. est situé dans Crédits 18 rIncorporated des prétendants dont le siège la zone %, 2017-20 national ce nt à ses concu variation en de Actifs totaux cobank Transaussi exposé à la mena – contraireme lé de 5500 mill’un des pays k et BGFI), Classem Cemac été zone franc plus bilan cumu ent rarement pays de la (comme Ecoban des filiales niveau le un total de quatorze s e est à son 10 Crédits F CFA) e en 2018 e que dans les 7 ire affich de nt son avanc nk affirm seuls les chiffre région BNP Banques (en milliards 2 419 la inte Société groupe banca rds d’euros). Pourta ètre, en 2015. Ecoba BGFI françaises 20 Paribas Générale rents –, le exerçant dans millia » de son empre de barom 1 502 compte, les F CFA (8,4 alisation Attijariwafa n de notre Société 2 475 contraction liards de été pris en la « ration ère éditio Bank et ont d’une premi prêts des Générale ces prix la s au idés ue de 3 505 fs. Dans bas depui Société Attijariwafa résultats consol t de sa politiq ont assaini son bilan, ces et ses effecti Les LES 50 Banques Générale 1 558 1 049 Bank le renforcemendepuis trois ans PREMIÈRE gs étant exclus. réseau d’agenbronze. 111 marocaines BMCE 2 holdin son e s, ents S BAN issem Bank été compgéographiqu crédits, ses revenu cédé l’or pour le fa Rang Rang Société de ses invest non plus 2 783 QUES Attijariwa données ont ans rs de dans agences 2019 pas s retombées a en cinq ses encou intégralité, 1 030 Générale Nouvelles lesBank 200 ries, ETI sur les future et marocains n’ont zone Uemoa tabilisées en franc Ecobank 1 970 quatre catégo panafricain parie groupe étudié Agences zone français bées, en 1 e 21 même si le 4 Société 10 du 2 569 concurrents ssé à grandes enjam Si le group 11 Ecobank pas 100 % rique, ses 2 a progre 7 ne possède NATIONAL s dans le numé é Générale (SG) Agence excepBANK AVEC ivoirienne, 3 Sociét 934 OF EGYPT ys 8 capital. Seules filiales locomotive chômé. La ATTIJARIWAF d’ETI Banques grâce à sa Préside deux 4 es L’OFFENSIVE A BANK e sur la filiale us. nt, PDG marocain 9 tions, pour notamment, Égypte 68 ou DG son avanc BANQUE IN BANQUE : Banque Total de et de reven a doublé 70 5 MISR360 CENTR ALE 11 97 SGBCI, qui en matière de bilan de BMCE Bank nt du DU MAROCA POPUL Hisham bilan* ce a été Maroc PNB* BMCE Okash141 Société la distan 339 fa AIRE (GROUPE 6 ppeme BMCE Générale a Bank AFA SG dévelo BCP 13 dans ce pays au Burkina Faso, BANQU la 379 Moham du Égypte AttijariwaBMCE BANK E POPUL Cemac, 86 102 Bank ed El Kettan ATTIJARIW al et e au total AIRE) OF AFRICA 7 BMCE Bank Bank oyante en aND Au Sénég BANQU 15 Moham françaises i Mali, ajouté Maroc Ecobank E EXTÉRI 242 Moins flamb 53 318 banque interndu Banquesed El Etreby OÎT LA EURE D’ALGÉ 8 224 Société hauteur du fa à fa 1 2 maintenue. son avantage de 2 ACCR 339 18 Attijariwa rojet BANQU BMCE Attijariwa Générale RIEEcobank de Kamal Mokda Maroc E NATION Bank de 3 49 313 le mégap Bank , et La 292 9 ALE D’ALGÉ SUR d a pu jouer positionnant sur COMM 339 19 RIE Othman capital détenu Algérie Ecobank ERCIAL INTERN se PRESSION roun. 41 467 Benjel Avec près e 10 de banque, au Came tionale en ATIONAL Banquesesloun 1 780 22 CRÉDIT POPUL de plus intens BANK Effectifs Congolaise Algérie Nachtigal, Ibrahim marocain 32 520 e encore Semid dollars d’act 189 milliards de AIRE D’ALGÉ 11 barrage de totalité car LE FRANÇAIS RALE. 1 384 2017-2018 26 QATAR NATIO RIE bataille sembl bank. Dernier arrivé 195 Achour 9 Égypte ifs, les trois comptée en en %, 26 913 Abboud Banques s De fait, la NAL BANK ses grandes ain en a d’Eco GÉNÉ variation ND 12 plus maroc après ÉTÉ ARAB française ngers AL 27 banques AHLI AFRICAN SOCI challe Algérie Hussein le groupe quatre ans es 24 383 BANQUE INTERN ATION captent Abaza entre les 34 % du Bank, 13 6 559 Attijariwafa BGFI Des donné , en 2012, DE L’AGRIC fa 28 et BMCE AL BANK montant Moham BMCE 675 Bank BMCE Égypte la gestion. Société AttijariwaULTUR r, med Dahma 19 100 Bank dans la régionAttijariwafa Bank E ET DU agrégé. (BCP) dernie 14 Bank Attijariwafa Société 3 Bank Ecobank l’an aire Générale DÉVELO ni s 1 des 012 12 31 CRÉDIT popul PPEMENTBank Générale Moham Égypte ration manquantes 3 679LE DU 3 299 16 572 16 compatriote bilan ed El-Dib centrale RURAL 3 940 3 853 AGRICO 15 que l’intég concernant MARO C 593 m, avec un e Banque 2 767 2 714 Algérie 36 de pasSOCIÉTÉ Hassan cependant, notamment le group 14 133 GÉNÉR ALE E. Abdall de la 16 à son bilan pied du podiu y a fort à parier, 2 ttra laise au a e Société MARO BANQU 718 poche 38 Il C BPCE Boualem E DE DÉVELO Maroc Congo perme mouchoir de reste encor la filiale sénéga pu être 17 Générale BGFI 12 347 de F CFA. BANQUE Djebbar un PPEMENT roun et au MAROCAINE Avec des milliards s, ont 76 41 LOCAL au Came nant dans Tariq Sijilma Maroc1 226 1 086 1 044 de 3440 profits POUR LE BNP Pariba 11 791 . 18 CIH ssi COMM français BPCE rds de F CFA, rejoig année année BANK du 439 s de 1,67 millia cette ERCE ET 46 (EX-CRÉDIT Ahmed filiale Algérie millia L’INDUSTRIE collectées la deuxième 11 218 El Yacoub les e IMMO BILIER rd des 4000 i isme. Pour concernant 19 415 qu’il s’agiss 47 de dirha ET HÔTEL ens. ser le cap Moham Maroc CRÉDIT DU leur dynam de la croissance, Les chiffres 10 723 IER) ms (plus és ed Krim rrents chérifi MAROC toutefois opposant 10 été compil 20 495 pions 48 ses concu de 150 millio Laurent Maroc AL BARID les cham agences ont rs conservent dans le match sur la SG, 7 778 Dupuch 21 BANK pour Jeune Ces dernie iwafa se classe parmi Une offensive qui, on 348 52 Maroc Qatar Natio dollars)115 ns de Lotfi Sekkat HSBC BANK t la pressi s. - Édition 2019 en exclusivité 7 247 2018, Attijar en 2018, EGYPT ises, accroî nal Bank ou des crédit BPCE en d’affilée, 317o - SPÉCIAL FINANCE le cabinet 22 54 FAISAL ISLAM Baldom Maroc ique n 51 Al Ahli a les filiale éro Valver 6 jeuneafr us, des actifs à leurs rivales frança sur l’Afrique. Après la zone CFA. Afrique par 791 IC BANK indiqué de s africaines ting. 23 des reven OF EGYPT 235 aines 55 Redouane BANK OF Égypte à parier gros quatre filiales dans le. Si BGFI es maroc en 2018 5 852 d’Attijariw Najm-Eddine Devlhon Consul ALEXANDRIA 24 BANQU les banqu e hexagonal voulo
S 2018 –
84 Bilan Coup de frein en 2018
LES ROIS A DE L’UEMO Actifs totaux de F CFA)
(en milliards
CHIFFRE
CLASSEMENT
LES TITANS FRANC DE LA ZONE
IE MÉTHODOLOG
HICHEM
92
Sommaire
51 - SPÉC IAL FINAN CE - Éditio n 2019
123
n o 51 - SPÉCIA L FINANC E - Édition
2019
Abonnez-vousà
118 Les 100 premiers assureurs africains
CLASSEMENTS FINANCE
124 Bourse Les 30 premières opérations 126 Capital-investissement Les 50 premières opérations 128 Dette Les emprunts obligataires d’État sur les marchés internationaux 130 Post-scriptum Pirates en vue
6
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
99
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RUTH MCDOWELL/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES
ENQUÊTE
L’union fera-t-
BOURSE
Clôture du Nigerian Stock Exchange (NSE), à Lagos, en avril 2019.
-elle la force ?
Enquête BOURSE
Les plus grandes Bourses du continent se préparent à s’associer comme jamais auparavant via l’African Exchanges Linkage Project. Mais les défis représentés par cette interconnexion sont légion. JOËL TÉ-LÉSSIA ASSOKO
L
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
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Po rt-
Le Ca ire
go s
Techniquement, « les courtiers participants se connectent aux autres marchés via un système de routage d’ordres central, mais seul le courtier domestique peut exécuter l’ordre sur son marché. La compensation et le règlement des titres sont également effectués sur le marché du courtier local », explique Edoh Kossi Amenounvé, directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), à Abidjan, et vice-président en exercice de l’Asea. Il reviendra ensuite au courtier « sponsor » de régler dans le temps imparti le montant de la transaction réalisée à son compte. Pour Romuald Yonga, directeur général du spécialiste de l’information financière African Markets, ce mécanisme distancié voulu par les régulateurs « va créer des liens entre courtiers » tout en permettant « d’éviter le risque que représente l’accès direct d’un courtier étranger – agréé par une structure extérieure – sur la Bourse en question ». L’interconnexion visée par AELP, un projet en partie financé par le Korea-Africa Economic Cooperation Trust Fund, est loin d’être inédite. « Des projets d’intégration ont été lancés en Asie du Sud-Est, en Amérique latine ainsi qu’en Europe centrale et orientale. L’Afrique a plusieurs expériences d’intégration, y compris en Afrique de l’Ouest, où la BRVM est un exemple de marché régional très intégré », nous explique Tom Minney, qui fut le premier directeur général de la Bourse de Windhoek (entre 1995 et 2000), qu’il a aidé à mettre en place. Certes, mais la BRVM, qui réunit huit pays, opère 44 dans un espace monétaire 10,3 et réglementaire unifié, à 36 l’instar d’Euronext, créé 51 dans le cadre de l’inté16 gration financière européenne et né de la fusion en 29 60,6 88,8 2000 des Bourses d’Ams14,9 terdam, de Bruxelles et de Paris, rejointes ensuite par Lisbonne et Dublin. En Europe centrale, La
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Liens entre courtiers
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A (B bid RV jan M ) Ca sa bl an ca
a mission confiée au début d’août 2019 à Tom Minney en aurait découragé plus d’un. Cet ancien journaliste diplômé d’Oxford, qui s’est reconverti dans les années 1990 dans l’analyse et la gestion des marchés de capitaux, a été sélectionné par l’Association des Bourses africaines (Asea) et la Banque africaine de développement (BAD) pour piloter l’African Exchanges Linkage Project (AELP), un projet titanesque lancé en 2015 et toujours en chantier. Sa tâche – « stimuler la liquidité et les échanges entre les Bourses africaines afin qu’elles puissent jouer un rôle plus important dans la canalisation de l’épargne du continent vers les entreprises productives », comme il nous l’explique – n’est pas des plus aisées. Le projet consiste à créer des liens entre quatorze pays et sept marchés de capitaux africains représentant 85 % de la capitalisationboursièreetplusde6%duPIBducontinent. Mais des différences profondes existent entre les places concernées (voir graphique). Les transactions quotidiennes à la première Bourse du continent, Johannesburg – dont la capitalisation dépasse 1 000 milliards de dollars –, atteignent 13,8 milliards de dollars, soit à peu près autant que la capitalisation totale de la Bourse de Maurice, à Port-Louis (14,9 milliards). Alors que Casablanca publie la quasi-totalité des informations financières des entreprises qui y sont cotées en français, Le Caire en publie encore une part très importante uniquement en arabe. Et des écarts majeurs persistent en matière d’ouverture aux investisseurs étranGRANDS ÉCARTS gers : entre Nairobi, où ces SUR LES PLACES derniers sont majoritaires (65 %), et Casablanca, où ils Capitalisation sont largement minoritaires (milliards de dollars) (10 %), par exemple. Idem Investisseurs étrangers (%) pour la liquidité et la fréTaux de rotation moyen du marché (%) quence d’échange des titres, avec des taux de rotation 8,36 moyens des actions cotées variant d’environ 44 % à 12 Johannesburg et au Caire à 4,79 10 65 moins de 5 % à Abidjan. 62 Interrogés sur ces dispari25 40,2 tés, les promoteurs du projet 14,4 relativisent le degré d’interconnexion proposé par AELP, qui prendra la forme d’un accès dit sponsorisé.
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« Aujourd’hui, pour investir, il faut un compte auprès d’un courtier dans chaque place boursière. AELP devrait changer la donne », se félicite Maurice Madiba, PDG de 20 Cloud Atlas Investing, créateur et gestionnaire d’AMI Big50, un fonds négocié en Bourse (ETF) rassemblant 1 082 les actions de leaders des marchés locaux africains. 44,7
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Enquête BOURSE
CEE Stock Exchange Group, né de l’absorption de plusieurs Bourses nationales par la Wiener Börse dans les années 2000, a fini par céder celles de Ljubljana et de Budapest, et ne regroupe plus que Vienne et Prague. Les autres expériences d’intégration, sans fusionabsorption, comme le propose AELP, ont connu des résultats encore plus mitigés. Lancé en fanfare en 2012, Asean Trading Link, l’interconnexion électronique des Bourses de Thaïlande, de Malaisie et de Singapour, a été abandonnée en 2017 après avoir échoué à accroître significativement le volume de transactions entre les pays concernés. Le Mercado Integrado Latinoamericano (Mila), plus poussé, intègre partiellement quatre places boursières (Colombie, Chili, Pérou et Mexique). Il offre un « accès sponsorisé » aux courtiers étrangers, mais surtout la possibilité d’une cotation sur l’ensemble des quatre places à partir d’une introduction sur l’une d’entre elles. Pourtant, selon la Banque interaméricaine de développement, « les opérations effectuées par l’intermédiaire de la Mila représentent moins de 1 % de la valeur totale négociée sur les quatre Bourses ». En cause: l’hétérogénéité fiscale, la difficile prise en compte des risques de change et la non-harmonisation des procédures de compensation et de règlement des transactions boursières. Des faiblesses également évoquées pour expliquer l’échec de l’expérience en Asie du Sud-Est et dont s’inquiètent déjà certains acteurs du secteur boursier africain. « AELP est une initiative utile, mais elle ne peut se faire de façon isolée. L’amélioration de la liquidité sur les places ne se limite pas à l’établissement de liens entre les Bourses », avertit depuis Le Caire Ali Khalpey, PDG de la banque d’affaires EFG Hermes Frontier, qui
opère déjà sur seize Bourses africaines, avec ses propres licences (Égypte, Nigeria et Kenya) ou « par l’intermédiaire de courtiers locaux de confiance ». Il s’interroge notamment sur la conservation des titres, le contrôle des changes, la fiscalité sur les gains en capital, « autant de facteurs qui influent sur l’appétit et l’intérêt des investisseurs ».
« Forte dynamique »
D’autres observateurs pointent le coût potentiellement élevé de l’« accès sponsorisé », dans un contexte d’électronisation incomplète des systèmes boursiers. « Si un client ivoirien doit contacter son courtier à Abidjan, qui s’approche de son sponsor marocain, qui doit ensuite ordonner à son partenaire dans la salle des marchés d’acheter les titres, il y a un fort risque que les frais de transaction soient deux fois plus élevés, sans parler du risque d’être taxé à plusieurs reprises », prévient Romuald Yonga. De leur côté, les promoteurs de l’AELP insistent sur l’avancée que ce projet représente. « La phase actuelle se concentre sur les liens entre les courtiers, l’interconnexion technologique, l’encadrement réglementaire entre les marchés boursiers et la gestion du postmarché [opérations intervenant après l’achat formel des titres en Bourse] », rappelle Tom Minney. Toutefois, « nous espérons que le projet servira de catalyseur aux décideurs et aux organismes de réglementation » pour accroître « l’efficience des marchés financiers nationaux et de l’AELP », insiste le directeur, pour qui l’interconnexion boursière africaine s’inscrit dans le prolongement de l’accord sur la Zone de libre-échange continental africaine (Zleca) et devrait bénéficier de « la forte dynamique » qui sous-tend celui-ci.
LES AUTRES EXPÉRIENCES D’INTÉGRATION SANS FUSIONABSORPTION ONT CONNU DES RÉSULTATS MITIGÉS.
Cotations africaines, places occidentales Plusieurs grandes sociétés du continent ont réalisé leur introduction en Bourse ces derniers mois. Mais elles optent toujours pour les places européennes ou américaines. Le choix fait par des sociétés opérant uniquement en Afrique telles que Jumia, Airtel Africa et Vivo Energy d’entrer sur les Bourses de New York ou de Londres est facile à comprendre. En matière de profondeur de marché, de liquidité ou encore de critères de gouvernance, la plupart des places africaines ne parviennent toujours pas à concurrencer leurs homologues occidentaux, le London Stock Exchange, le New York Stock Exchange, le Nasdaq
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et Euronext. Mais si toute société ayant atteint une masse critique s’empresse de s’exiler, quel avenir y a-t-il pour les Bourses locales? La société de commerce en ligne Jumia, qualifiée d’« Amazon africain », a été cotée au New York Stock Exchange en avril 2019, recueillant 196 millions de dollars. Vivo Energy, un distributeur pétrolier africain opérant sous la marque Shell, a fait son apparition à Londres en 2018,
avec une cotation secondaire à Johannesburg, générant 742 millions de dollars. Airtel Africa, qui compte environ 19 millions de clients en Afrique, a fait ses débuts à Londres en juin 2019 et s’est inscrite à titre secondaire à Lagos dix jours plus tard, pour une levée de 750 millions de dollars. Prosus, une entreprise basée à Amsterdam mais contrôlée par le géant sud-africain de l’internet et des médias Naspers, a été cotée pour 120 milliards d’euros sur Euronext Amsterdam en septembre 2019, avec une introduction secondaire sur le marché de Johannesburg. Seule, Naspers était trop grande pour la
Enquête BOURSE
NYSE
Introduction de Jumia Technologies sur le New York Stock Exchange, en avril 2019.
Bourse sud-africaine, les gestionnaires de fonds locaux ayant atteint le plafond de leurs avoirs autorisés dans cette entreprise. Quant à Jumia, elle avait envisagé plusieurs sites pour son introduction, dont le Nigeria, affirme le responsable de sa communication, Abdesslam Benzitouni. Mais après avoir rencontré de nombreux investisseurs, elle a finalement choisi New York, en raison du grand nombre d’acteurs qui y connaissent son modèle commercial. « Il y a plus d’investisseurs spécialisés sur le commerce et les technologies à New York que dans n’importe quel autre endroit. Nous avons fait un choix logique », a-t-il déclaré. La priorité des entreprises est de trouver un marché doté non seulement de fonds suffisants, mais aussi adaptés à leurs besoins, explique Simon Matthews, responsable à Londres des marchés d’actions de Standard Bank, qui a travaillé sur les cotations d’Airtel Africa et de Vivo Energy. « Les entreprises étudient également où sont cotées les sociétés du même secteur et ayant la même origine, explique-t-il. Londres, par exemple, est devenue un centre pour les sociétés africaines opérant dans le secteur des métaux, des mines, du
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pétrole et du gaz, ainsi que pour celles qui opèrent dans l’économie réelle. Les groupes s’intéressent également aux Bourses ayant levé les fonds les plus importants, donc ces préférences tendent à s’accentuer. »
Processus accéléré
En outre, comme le souligne Cavan Osborne, responsable des avoirs en actions sud-africains chez Old Mutual Investment Group, Airtel Africa, Vivo Energy et Jumia opèrent tous sur plusieurs marchés africains, ce qui rend plus difficile le choix de s’installer sur une Bourse du continent en particulier. Mais les places africaines ne baissent pas les bras et continuent de proposer
leurs services, même aux entreprises déjà cotées à l’étranger. La Bourse de Johannesburg a ainsi mis en place un processus d’inscription accéléré permettant aux sociétés internationales déjà admises aux Bourses de New York, Toronto, Sydney ou Londres de s’y inscrire sans avoir à réaliser un nouveau prospectus. « Si une société a des projets sur le continent, elle devrait envisager de réaliser une introduction et de lever des fonds sur les Bourses africaines. Cela donne aux fonds de pension locaux une opportunité d’investir dans ces entreprises », affirme Patrycja Kula-Verster, responsable du développement commercial à la Bourse de Johannesburg. CHARLOTTE MATHEWS
DERNIÈRES COTATIONS DE SOCIÉTÉS AFRICAINES Entreprise
Montant levé (en millions de $)
Prix de cotation
Prix au 27/09/2019
Date
Bourse
Airtel Africa
28/06/19 09/07/19
Londres Lagos
750
77 pence
50 pence
Jumia Technologies
12/04/19
New York
196
14,50 dollars
8,05 dollars
Prosus
11/09/19
Euronext Johannesburg
0
58,70 euros
68,55 euros
Airtel Africa
04/05/18 10/05/18
Londres Johannesburg
742
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9 & 10 mars 2020 ORGANISATEUR
Enquête BOURSE
Marchés publics contre marchés privés Le débat fait rage entre les partisans du modèle boursier et les défenseurs du private equity. Mais où trouver les meilleurs retours sur investissement ? PAR DAVID WHITEHOUSE (The Africa Report)
hoisir entre marché public et marché privé est une tâche bien difficile pour les investisseurs en Afrique. L’argument standard consiste à dire que si le capital-investissement – le fait d’investir dans des entreprises qui ne sont pas cotées en Bourse – est plus performant sur le long terme, il est logique pour les investisseurs de sacrifier une partie de cette rentabilité en faveur de la liquidité que procurent les places boursières. En Afrique, la situation n’est pas tout à fait la même. Selon les chiffres de la fin de 2018 de l’Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (Avca), les gains sur l’un et sur l’autre marché sont très proches. Le capital-investissement (ou private equity) affiche des retours annuels de 5,23 % sur dix ans et de 7,25 % sur quinze ans – légèrement moins que les 6,15 % et 7,75 % enregistrés par l’indice MSCI des marchés frontières et émergents africains.
C
Malaise profond
Malgré tout, le capital-investissement a résisté au quatrième trimestre de 2018 alors que les marchés publics émergents ont chuté, avec un rendement de 0,67 % en Afrique, contre une perte de 3,84 % pour l’indice MSCI. L’association base ses chiffres sur l’index Afrique capital-investisse-
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ment et capital-risque élaboré à partir de 47 fonds. Mais le manque de liquidité sur de nombreux marchés publics africains change la donne. En juin, Sanjeev Gupta, directeur exécutif d’Africa Finance Corporation (AFC), a déclaré, lors d’un débat annuel sur l’investissement africain à Londres, que les marchés publics en Afrique souffraient d’un « malaise très profond ». Une déclaration qui fait écho à l’étude sur « Les marchés de capitaux en 2030 » réalisé par PwC et The Economist Intelligence Unit (EIU) : moins de 10 % des 370 acteurs boursiers interrogés en juillet 2018 prévoyaient que l’Afrique du Sud ou le Nigeria devanceraient la Chine ou l’Inde en nombre d’introductions en Bourse d’ici à 2030. « Il n’y a aucune raison d’avoir 27 Bourses à travers le continent. Aucune », avance Sanjeev Gupta. Comme c’est le cas avec les compagnies aériennes, chaque pays veut avoir la sienne. Lui estime que
27
C’est le nombre de places nationales que compte l’Association des Bourses africaines (ASEA).
l’Afrique a besoin d’une « super Bourse », mais que cela n’a aucune chance d’advenir. Et d’ajouter qu’entre-temps la seule solution pour les nouvelles Bourses serait de maintenir les coûts aussi bas que possible en faisant bonne usage des nouvelles technologies disponibles. Pour Sanjeev Gupta, il faut mettre en place des stratégies pour attirer les PME sur les marchés publics. Au contraire, soutient-il, il existe aujourd’hui une panoplie de « moyens de dissuasion subtils » à leur cotation. Dans de nombreuses
ADRIA FRUITOS POUR TAR
régions du continent, il y a un « facteur peur » lié au fait de rendre publique sa richesse personnelle, notamment en raison de l’utilisation qui pourrait être faite d’une telle information. Lever ce frein implique une plus grande flexibilité en matière de transparence, fait-il valoir. « Mais les régulateurs ne vont pas aimer ce que j’ai à dire », prévient-il. Rien n’indique qu’une telle flexibilité sera effectivement accordée. La divulgation publique d’informations financières « est un obstacle que les entrepreneurs vont devoir surmonter,
estime Nicky Newton-King, ancienne directrice générale de la Bourse de Johannesburg (JSE). C’est le prix à payer pour accéder aux marchés de capitaux. » Elle n’imagine pas un assouplissement des obligations de transparence financière: « Ce n’est pas comme ça que fonctionne le capital. » Selon Nicky Newton-King, la JSE veut en finir avec son image de Bourse émergente et être perçue comme l’égal de Londres et de New York. Elle ajoute que des thèmes transnationaux tels que l’investissement en faveur de l’environnement indiquent le chemin
à suivre, le développement de fonds verts mondiaux cotés en Bourse ayant, selon elle, un potentiel de croissance considérable. Mais elle reconnaît que les investisseurs institutionnels sud-africains ont « une profonde aversion pour le risque », et que les grands fonds sont réticents à investir dans les PME. Le sondage PwC-EIU offrait peu de réconfort sur ce point. Seulement 13 % des personnes interrogées ont cité Johannesburg comme pouvant attirer des introductions en Bourse de sociétés étrangères en 2030.
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Enquête BOURSE
Un chiffre qui tombe à 5 % pour le Nigeria. Et aucun autre pays africain n’a été mentionné.
Prestations plus élevées
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rapport « Bright Africa 2018 » publié par RisCura. Et ces professionnels facturent davantage leurs prestations en raison du faible volume de transactions sur ces Bourses. Selon le rapport, la liquidité relativement élevée de l’Égypte par rapport au Nigeria, qui a un flottant similaire, est en partie due au coût des transactions. Dans l’ensemble, RisCura affirme que les investisseurs africains doivent envisager d’autres classes d’actifs. Les montants levés par les sociétés africaines cotées en Bourse ont diminué de 28 % au premier semestre de 2019, tombant à 341 millions de dollars, selon Baker McKenzie. Les introductions n’ont permis de lever que 85 millions de dollars pendant cette période, contre 419 millions un an auparavant. Le cabinet attribue ce déclin à une incertitude politique et économique. La société de commerce en ligne Jumia, cotée cette année à la Bourse de New York, est exclue de ses chiffres.
80
4
60
Produits de consommation courante
Les investisseurs en Bourse veulent voir des cours qui montent, alors que le financement par la dette nécessite souvent de forts engagements de la part de l’entreprise, avance Michelle Kathryn Essomé, directrice générale de l’Avca. Des difficultés pas faciles à surmonter pour une petite entreprise africaine. Le capital-investissement peut procurer un soutien financier,
Immobilier Infrastructures
Finance
Autres produits de consommation
Énergie
3
Meilleure visibilité
MANQUE DE LIQUIDITÉ SUR LES PLACES DU CONTINENT Valeur des transactions quotidiennes par secteur (moyenne annuelle, en millions de dollars)
LÉGÈRE HAUSSE DES LEVÉES DE FONDS AFRICAINES PAR CAPITAL-INVESTISSEMENT (en milliards de dollars)
Télécommunications
Informatique
40
Industrie
Matières premières Santé
2 20
1
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SOURCE : AVCA, S&P CAPTITAL IQ ET RISCURA
« Il faut une économie sud-africaine plus dynamique pour générer de nouvelles introductions en Bourse », estime Nicky Newton-King. Cela nécessite d’assainir le budget de l’État, avance-t-elle, avant de prévenir que la baisse de la note du pays auprès de l’agence de notation Moody’s aurait des « conséquences importantes ». L’ancienne patronne de la JSE estime qu’elle passe 40 % de son temps à traiter des questions concernant les entreprises sud-africaines, plutôt que la Bourse à proprement parler. Le scandale de gouvernance ayant secoué le groupe Steinhoff, coté à la JSE, n’a en rien aidé les perspectives de la place boursière. Selon l’ex-directrice générale, cette affaire a laissé penser que la réglementation en Afrique du Sud ne fonctionne pas, une impression que la Bourse ne peut contrer toute seule. « Les instances de gouvernance doivent se faire entendre, dit-elle. C’est justement quand les choses vont bien que les conseils d’administration devraient poser les questions qui fâchent. » Reste que les coûts d’exécution sur la JSE sont bien plus bas que sur d’autres Bourses africaines, où le petit nombre de courtiers agréés empêche les investisseurs de passer chez un concurrent, selon le
CHAQUE ANNÉE, EN AFRIQUE, LES FONDS DE PRIVATE EQUITY EFFECTUENT ENTRE 40 ET 50 SORTIES D’INVESTISSEMENTS.
« Les marchés publics en Afrique font face à des difficultés d’échelle et n’ont pas montré qu’ils avaient un vivier naturel de nouvelles entreprises dynamiques », avance Christopher Marks, banquier chez Mitsubishi UFJ Financial Group. « Les entreprises cotées en Afrique sont souvent détenues par l’État et ne sont donc pas gérées au profit des actionnaires », ajoute César Pérez Ruiz, directeur des investissements chez Pictet. Les marchés publics africains demeurent « relativement superficiels », assure Alexandre Alfonsi, associé au sein de la société parisienne de conseil en capital-investissement Axonia Partners. « Il existe de nombreuses opportunités d’investissement en dehors des Bourses, affirme-t-il. Le capital-investissement permet une plus grande diversification, c’est un univers tellement plus grand. » Axonia a assisté cette année le gestionnaire de privateequity africain Exeo Capital pour une levée de fonds de 146 millions de dollars.
stratégique et opérationnel avec un potentiel de transformation important pour une société de ce genre, déclare-t-elle. Michelle Kathryn Essomé cite la chaîne de cafés kényane Java House en exemple : cette petite entreprise a été capable de prendre une certaine ampleur et n’aurait pu y parvenir sans le private equity. Selon Alexandre Alfonsi, investir sur les marchés publics revient à être un passager dans un avion : « Vous ne voyez pas ce qui se passe dans le cockpit. » Le capital-investissement offrirait au contraire une visibilité beaucoup plus importante et permettrait d’intervenir s’il le faut, par exemple en nommant une nouvelle direction. La valeur totale des levées de fonds par le private equity a augmenté en 2018 pour atteindre 2,7 milliards de dollars, contre 2,4 milliards l’année précédente, selon l’Avca. Des fonds
spécialisés voient le jour, tels que Mano River Transition Fund, lancé par Truestone en juin 2019. Le fonds compte investir jusqu’à 50 millions de dollars dans des petites et moyennes entreprises en Sierra Leone et au Liberia. Mais la liquidité reste le talon d’Achille de cette solution. Néanmoins, « les sorties des investisseurs sont relativement stables, autour de 40 à 50 par an, indique Michelle Kathryn Essomé. L’audit préalable à ces opérations nécessite d’avoir des troupes sur le terrain. » Sortir d’un tel investissement en Afrique est une « grande question », selon Alexandre Alfonsi, avec deux issues possibles : une introduction en Bourse – ce qui ramène aux contraintes des marchés publics africains – ou une cession aux gestionnaires de la société. Et si, finalement, le choix entre le public et le privé était un faux dilemme ? Les économies subsahariennes fondées sur la dette devant
341
millions de dollars. C’est la somme des montants levés par les sociétés africaines cotées en Bourse au premier semestre de 2019, en baisse de 28 %, selon Baker McKenzie réussir leur transition vers les marchés publics, le capital-investissement, plutôt que d’être en concurrence avec ces derniers, peut être un moyen d’atteindre cet objectif. Comme le résume Edoh Kossi Amenounvé, directeur général de la BRVM (Bourse régionale des valeurs mobilières), « le capital-investissement nourrira le marché public du futur ».
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TRIBUNE
Comment libérer tout le potentiel des Bourses africaines A
V. FOURNIER/JEUNE AFRIQUE
bsence de privatisations, timide intérêt du secteur privé grâce au private equity, à des garanties allégées, à des miniet concurrence des grandes Bourses mondiales : que bonds ou à des basket-bonds, etc. peuvent encore les places africaines pour accompagner le On entend également souvent dire que les Bourses du contidéveloppement du continent ? La quasi-totalité des politiques nent ne sont ni liquides ni profondes. Elles n’attireraient donc économiques récemment adoptées par les pays émergents pas les entreprises africaines, qui leur préféreraient Londres ou en développement pour accélérer leur croissance donne ou New York. Mais la liquidité et la profondeur d’un marché la priorité à l’amélioration de la mobilisation des ressources à de capitaux ne se décrètent pas. Elles se créent à l’intérieur long terme, que l’on trouve généralement sur d’un cercle vertueux : admission de nouvelles les marchés de capitaux. sociétés à la cote, information financière et L’Afrique compte actuellement 32 Bourses, éducation des investisseurs, liquidité, attracavec environ 2 000 sociétés cotées, tion de nouveaux investisseurs, profondeur contre 5 899 en Chine, pour une capitalisation du marché, admission de nouvelles sociétés boursière de 1 400 milliards de dollars, soit à la cote. 60 % du PIB du continent, contre 82,89 % pour Ce cercle vertueux peut se former en Afrique. la Chine. Ces indicateurs montrent bien que les D’une part, grâce à son potentiel d’investisseurs places africaines n’apportent pas encore une personnes morales. Et d’autre part, grâce au contribution suffisante au développement du développement de la classe moyenne, qui continent parce qu’elles sont peu utilisées. En favorise l’émergence d’une nouvelle catégorie Edoh Kossi effet, les privatisations d’entreprises publiques d’investisseurs personnes physiques, qu’il fauAmenounvé par la Bourse sont encore rares. Depuis des drait « éduquer » et informer pour en faire des Directeur général années, des privatisations sont certes annonparticipants actifs et avisés sur les marchés. de la Bourse cées. Mais si elles ne sont pas annulées, elles régionale des valeurs sont réalisées au compte-gouttes ou se font e cercle pourrait être renforcé par une meilmobilières (BRVM) toujours attendre. leure intégration des Bourses africaines, alors que va entrer en vigueur la Zone de es avantages de l’introduction en Bourse libre-échange continentale (Zlec). Celle-ci ne sont pourtant nombreux : plus-value de cesproduira les effets désirés que si l’intégration sion, arrêt des subventions, amélioration des recettes fiscales, commerciale est accompagnée par une intégration financière actionnariat populaire… Mais cette option n’est pas privilégiée facilitant la libre circulation des capitaux dans le secteur banpar les entreprises privées du continent lorsqu’elles cherchent caire et sur les marchés. à lever des capitaux à long terme, à l’exception de quelques Libérons le potentiel de mobilisation des ressources à long rares grandes entreprises du secteur financier ou des télécomterme du continent. Activons tous les leviers qui peuvent assumunications (Ecobank, MTN, BMCE Bank of Africa, Vodacom, rer le développement du secteur privé africain en organisant Safaricom…). Les sorties par voie boursière des fonds de priune transition ordonnée des économies d’endettement vers vate equity sont également très rares en Afrique, même si des économies de marché, grâce à des politiques volontaristes Emerging Capital Partners et Helios Investments Partners ont d’attraction des investissements privés. Et intégrons nos syseffectué quelques opérations de ce genre récemment. tèmes bancaires et marchés de capitaux. C’est à ce prix que Il est cependant illusoire de vouloir passer d’une économie le développement du continent pourra s’accélérer, grâce à la d’endettement, dominée depuis plusieurs décennies par le mobilisation des ressources nécessaires pour le financement secteur bancaire, à une économie de marché sans une phase des infrastructures et de l’industrialisation, afin de réaliser transitoire, pendant laquelle on donnerait les moyens au secune croissance plus forte et mieux partagée par les populateur privé de se développer en facilitant son financement tions africaines.
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AFRIQUE SUBSAHARIENNE
LOGEMENT
32 Portrait Helios, pionnier et toujours leader
Quelhorizonpour lesBanques de l’ Du Mali à la Côte d’Ivoire en passant par le Burkina Faso et le Bénin, l’aventure des établissements dévolus aux crédits immobiliers tourne court. À une exception près : le Sénégal.
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36 Bancassurance La grande 42 Interview Ade Ayeyemi, offensive de Sunu DG d’Ecobank
50 Stratégie Absa cherche sa nouvelle ligne directrice
La Banque de l’habitat du Sénégal a mobilisé 30 milliards de F CFA de crédits sur cinq projets de la ville nouvelle de Diamniadio, près de Dakar.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA
’habitat?
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Afrique subsaharienne LOGEMENT
NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou
L LE SÉNÉGAL, SEUL RÉSISTANT
Actionnaire principal : État Acteur privé
BHM
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État du Sénégal 500 km
EN ENTRANT DANS LE GIRON DE LA BMS, LA BANQUE DE L’HABITAT DU MALI DEVIENT UN ÉTABLISSEMENT GÉNÉRALISTE. 24
Mali
Ruptureees de liquid idité id
L’entrée e en 2016 de la a Banque de l’habitat du Mallli (BHM) danss le giron de la BMS a permi mis à cette derniière de rehausser ses mi actttifs. Mais cette ac cquisition signe aussi l’acte l’ l’a acte de décès d’une banque indépenBHBF Burkina dan ant nte qui se consacrrait exclusivement au Mahamadou sec ecte ec eur immobilier.. La Banque de l’habie Bonkoungou Bénin ta att du Burkina Faso a o ((BHBF) a subi le même ssort. M Mahamad a adou ad Bo onkoungou, le PDG du Côte groupe pe e de e constructtion Ebomaf, a déblod’Ivoire qué à la fin de 2017 près p de 7 milliards de F CFA p pour prendre ndre e le e contrôle de l’établissement. V Véritab r b ritab ble brass financier de la poliBHB tique tiqu tiq que de d logemen log nt n de l’ex xécutif, la BHBF était BHCI Bank of Africa jusqu’alorss détenu jusq ue à près de 85 % par des instiu Westbridge Mortgage tu utions publi u lliques. L li La nouvelle e réglementation dans l’Ue emoa, qui e u ob blige lles banques à disposer d’un capital b minimum m de 10 millia ards de F CFA a A, a servi de porte d’entrée à Mahamad dou d u Bonko onkoungou, mais du onko d même coup a dilué e de l’établissement L’ la mission immobilière l établissement. L’habitat ne figure d’ailleurs pas dans son nouveau nom, International Business Bank (IB Bank). IB Bank sera toujours impliquée dans le financement du plan de 40000 logements sociaux pour un coût de 450 milliards de F CFA, lancé par le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, mais l’institution se présente désormais comme une banque à caractère universel. L’État ivoirien a quant à lui décidé dès 2015 de privatiser et de transformer en banque universelle la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire (BHCI). « Les ressources de la banque ne lui permettent pas de mener à bien sa mission », justifiait à l’époque Bruno Koné, alors porte-parole du gouvernement. BHCI est pourtant bien restée une banque de l’habitat, grâce à son rachat en 2017 par le spécialiste canadien de placements hypothécaires Westbridge Mortgage Reit. Mais elle se trouve aujourd’hui au cœur de la tourmente, la presse ivoirienne rapportant
Banque malienne de solidarité Sénégal
a Banque de l’habitat du Sénégal (BHS) va de succès en succès. Dotée à sa création d’une enveloppe de 10 milliards de F CFA (15 millions d’euros), elle a vu son bilan croître de 9 % en 2018, à 379 milliards de F CFA. Et la BHS indique avoir financé 220000 familles et mobilisé 30 milliards de F CFA de crédits sur cinq projets de Diamniadio, la ville nouvelle imaginée par le gouvernement sénégalais pour désengorger Dakar. Mais ce succès sénégalais dissimule une déconvenue du modèle des Banques de l’habitat à l’échelle régionale. « Dans la zone Uemoa, la Banque de l’habitat du Mali (BHM) a été absorbée par la Banque malienne de solidarité (BMS), qui n’a pas l’habitat comme cœur de métier. Celles de Côte d’Ivoire, du Burkina et du Bénin ont été vendues ou n’existent plus. Aujourd’hui, seule la Banque de l’habitat du Sénégal s’en sort », résume avec dépit Modibo Cissé, ancien patron de la BHM et aujourd’hui président du conseil d’administration de Bank of Africa Mali. Portés essentielleme ent par les pouvoirs publicss à leurs débuts et cene trés sur le soutttien au secteur immobilier, ces établissements ne tiennent p pas leurs promesses. « [C’est]] un marché spécifique où la q qualité des acteurs n’est pas lla même qu’ailleurs, et surto out l’importance des resso o ou ources et leur maturité requiè iè ièr èrent une èr e technicité pa articulière », explique Mamadou M o B Bocarr Sy Sy, directteur général de la BHS.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
mobilityforall.com
Afrique subsaharienne LOGEMENT
SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA
Le bilan de la Banque de l’habitat du Sénégal a crû de 9 % en 2018, à 379 milliards de F CFA.
des ruptures de liquidité quotidiennes. À l’été 2019, le patron de Westbridge, tentant d’endiguer les rumeurs de faillite persistantes, a lancé: « Il n’y a pas de risques de fermeture. » Enfin, Bank of Africa (BOA) a fait fusionner en 2018 ses filiales BOA Bénin et la Banque de l’habitat du Bénin (BHB). Née il y a quinze ans d’un partenariat entre l’État béninois et la banque privée panafricaine mais n’ayant jamais fait ses preuves, BHB n’est donc plus. Selon Modibo Cissé, la disparition successive des différents établissements consacrés à l’habitat découle d’un péché originel : « Elles n’ont pas été dotées de ressources longues dès leur mise en place, alors qu’elles doivent octroyer des prêts sur des périodes allant de quinze à vingt ans. Cette inadéquation des maturités crée des problèmes de trésorerie, dans la mesure où ce sont les dépôts à vue ou à terme, dans le meilleur des cas, qui alimentent les crédits remboursables sur des durées longues. »
Pas assez de garanties
Dramane Sanou, ancien cadre de la BCEAO et actuellement avocat au barreau de Paris, pointe du doigt un vide juridique et institutionnel entre les États et les banques dans l’octroi des prêts immobiliers. « Comme les emprunteurs n’ont pas assez de garanties, les banques n’accordaient pas de crédits ou, quand elles le font, c’est à des conditions difficiles et à des taux élevés. Les États pourraient intervenir au niveau des garanties en allouant des facilités (exonérations fiscales ou de frais, etc.) pour promouvoir à travers les Banques de l’habitat l’accès à la propriété immobilière », avance-t-il. « Seule la Côte d’Ivoire a élaboré une réglementation spécifique pour encadrer le prêt immobilier dans sa loi [du 15 juin 2016] sur la protection du consommateur. Le Mali a quelques dispositions relatives à ce domaine, mais dans l’ensemble les pays n’ont pas de réglementation spécifique à ce secteur », précise Dramane Sanou. S’appuyant sur l’expérience malienne, Modibo Cissé égrène un chapelet de contraintes – du manque d’entreprises spécialisées dans la construction immobilière aux politiques de construction de logements sociaux –, qui détournent nombre de clients potentiels de la banque de l’habitat. Parallèlement, rappelle Dramane Sanou, il faut garder à l’esprit que le modèle privilégié dans la région est celui de la banque universelle. « Cela veut dire que toutes les banques sont soumises aux mêmes règles donc jouent sur le même terrain, explique-t-il. Par conséquent, les banques autres que celles d’habitat peuvent aussi mettre en œuvre les règles du dispositif prudentiel, qui favorisent l’octroi de prêts pour l’accès à l’immobilier résidentiel notamment. Il n’y a donc aucune discrimination en faveur de ces dernières, qui doivent développer d’autres ingénieries pour être compétitives. » Ce qu’elles peinent à faire, de toute évidence.
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DES EMPRUNTS ONÉREUX La Banque de l’habitat du Sénégal vient de boucler avec succès une émission obligataire de 20 milliards de F CFA à destination de la diaspora sénégalaise. Seul bémol : le taux d’intérêt (6,5 %) du « diaspora bond », jugé trop élevé par les spécialistes. « L’opération en elle-même est intéressante. Mais, en combinant les frais associés, le coût tournera autour de 7 %. Si on doit lever des ressources à ce taux [pour] construire des maisons, à combien va-t-on les revendre aux emprunteurs ? » s’interroge un ancien cadre de la banque. « Cette opération était un test pour mesurer ce que nous pouvions réaliser avec la diaspora au-delà des transferts, en transformant cette épargne volatile en produits financiers, défend Mamadou Bocar Sy, directeur général de BHS. Nous sommes la première banque de l’Uemoa à lancer ce type de produit, et c’est finalement une source de satisfaction. » N.C.
LE « DIASPORA BOND » DE LA BHS Date Montant Sursouscription Taux d’intérêt
Septembre 2019 20 milliards de F CFA 114 % 6,25 %
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DAR ES SALAAM
MORONI LUSAKA TANANARIVE MAURICE JOHANNESBURG
MAPUTO
DURBAN LECAP
Afrique subsaharienne
ZONE FRANC
Yoann Lhonneur
Directeur associé de Devlhon Consulting
« Il faut réinventer les agences en Afrique francophone »
Remarque-t-on une accélération dans l’adoption de nouvelles technologies financières en Afrique francophone ? Il y a avant tout un changement d’attitude des banques. Il est essentiel de garder en tête que les clients africains sont « natifs » en matière d’usages numériques. De plus, les fameux « millennials » peuvent représenter plus de 50 % de la population. Ainsi, ces services passent un vrai cap et explosent. Ecobank a fait un bond avec une hausse des transactions mobiles en nombre et en valeur, respectivement de 150 % et 540 % en 2018. La Société générale booste ses services filialisés comme YUP, BCP [Banque centrale populaire] a lancé un service de chatbots [robots], et des outsiders bancaires comme Total déploient leur portefeuille numérique. Malgré ces efforts indéniables, les banques peuvent faire preuve de plus d’audace. Elles n’agissent encore qu’en réaction à l’offensive des telcos, et leurs investissements numériques ne sont pas assez massifs. Parfois s’inspirent-elles encore d’un M-Pesa kényan, qui date de 2007… Mais le fait qu’Orange n’ait pas reçu pour l’instant d’agrémentation bancaire donne aux acteurs traditionnels l’occasion de rattraper leur retard. Les banques universelles évoluent-elles également 28
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FRANÇOIS GRIVELET POUR JA
Propos recueillis par OLIVIER HOLMEY
Afrique subsaharienne
sur d’autres plans, que ce soit la gestion et la taille de leur réseau ou la qualité de leurs services ? En Afrique, les clients restent très attachés à l’agence, dont les taux de fréquentation sont forts, notamment à cause de l’argent en espèces, qui reste omniprésent. L’agence n’est pas un problème mais une partie de la solution, si on la considère comme un « lieu de vie » et comme un espace d’éducation financière. Il faut néanmoins réinventer leur structure de coût, leur organisation, leur productivité commerciale, et les techniques de vente et de suivi des relations clients. Nous devrions voir émerger des points de vente remodelés et plus spécialisés, avec l’arrivée d’agences sans personnel et équipées d’automates qui offriront aux clients les services les plus variés. Ceux-ci pourront aussi se rendre dans des « points conseil ». Les trois types d’agence – classique, automatisée et conseil – vont encore coexister pendant un certain temps, même si le modèle traditionnel s’essouffle déjà. Les TPE et PME sont-elles davantage soutenues dans ce contexte ? Face à l’érosion des marges dans les services aux grandes entreprises, les banques se replient sur les TPME pour assurer et consolider leur rentabilité. Avec ces sociétés, les freins réels ou perçus sont connus : risques, garanties, porosité entre flux professionnels et personnels. Mais les banques voient ce segment de clientèle comme un axe prioritaire de leur stratégie commerciale. Il faudra aller plus loin en développant des programmes concrets d’efficacité commerciale, en renforçant l’accès à des experts commerciaux et en favorisant une offre numérique de bout en bout pour des clients TPME qui, comme ceux de la banque de détail, baignent dans le numérique.
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De nouvelles réglementations poussent à la décentralisation des prises de décision. Quel en est le premier bilan ? L’idée maîtresse est de pouvoir gagner en réactivité et de prendre des décisions dans des délais plus courts. Certains groupes bancaires ont engagé cette démarche de décentralisation-régionalisation dès les années 2000, à travers la construction de centres de services mutualisés. Cette première étape a été plutôt positive. La démarche d’aujourd’hui est d’une autre nature et va beaucoup plus loin. En faisant des centres régionaux des centres de décisions « aboutis » et autonomes, la décentralisation revêt une forme nouvelle. Les premiers mois d’exercice sont, de ce point de vue, plutôt prometteurs. Quelles sont les principaux bénéfices et les contraintes de ces centres régionaux, implantés loin des QG des grands groupes bancaires ? L’objectif prioritaire est de servir chaque client dans les meilleures conditions, mais aussi de permettre l’optimisation d’un certain nombre de paramètres qui étaient auparavant gérés individuellement, au niveau de chaque établissement. S’agissant des contraintes, elles couvrent plusieurs domaines. Les ressources humaines, en premier lieu, car il faut doter ces centres régionaux de « pilotes » de très bon niveau. L’informatique,
NOUS ALLONS VOIR ÉMERGER DES AGENCES REMODELÉES ET PLUS SPÉCIALISÉES, ÉQUIPÉES D’AUTOMATES.
aussi, car les systèmes d’information doivent au minimum communiquer avec le système logé dans le centre régional. L’agilité et la standardisation des méthodes de travail sont des leviers. Il existe aussi d’autres défis importants. En effet, si dans un ensemble homogène comme l’Uemoa ou la Cemac les difficultés restent gérables, il n’en est pas de même dans les pays « hors zone ». La réglementation, la langue, la monnaie locale, sont autant de paramètres à prendre en compte. Existe-t-il un écart important entre les pratiques des banques présentes dans la région et les exigences réglementaires dictées par les régulateurs nationaux, régionaux et internationaux ? Oui, parfois un fossé. L’écart est moindre pour les banques qui se sont engagées très tôt dans la mise en place de règles de conformité et de risques, issues des régulateurs mais aussi des maisons mères. Les piliers de Bâle III [accords de réglementation bancaire de 2010] constituent une réforme profonde : même avec un calendrier étalé, ils technicisent le métier et sont porteurs de nouveaux choix commerciaux. La mise aux normes pose-t-elle problème à certaines banques ? C’est effectivement une difficulté supplémentaire pour beaucoup. Même les grandes banques sollicitent aujourd’hui des spécialistes de l’application concrète de ces réglementations. Au-delà des programmes de formation, l’effort d’apprentissage sur le tas forgera avant tout de nouveaux dispositifs et de nouvelles compétences. Ces investissements devront perdurer et s’adapter en temps réel avec, pour certains, une problématique relative aux moyens dans la construction, l’application et les contrôles de ces nouvelles règles.
Afrique subsaharienne
PORTRAIT
Helios, pionnier et toujours leader Il y a quinze ans, les Nigérians Tope Lawani et Babatunde Soyoye posaient les bases du capital-investissement en Afrique. Aujourd’hui, leur société domine toujours le secteur. ne pas le faire nous-mêmes? » Aucun fonds de private equity n’était alors dirigé par des Africains possédant une expérience et une éducation occidentales de calibre international. »
MAX BOWER, à Londres
u la position prééminente qu’occupe aujourd’hui Helios Investment Partners, on a presque du mal à croire que l’avenir de la société a un jour été incertain. Helios gère désormais des fonds d’une valeur de 3,6 milliards de dollars, plus que toute autre entreprise de capital-investissement spécialisée sur l’Afrique, et a réalisé certaines des opérations les plus importantes de la dernière décennie. Y compris, l’an passé, l’introduction à la Bourse de Londres et à celle de Johannesburg de Vivo Energy, qui attribuait au distributeur de carburants africains une valeur de plus de 2 milliards d’euros. Mais, en 2004, l’année de naissance de Helios, à Londres, ses cofondateurs Tope Lawani et Babatunde Soyoye étaient fébriles. « Nous n’étions pas sûrs de faire le bon choix, nous confie ce dernier. Mais nous avions quelques personnes qui croyaient en nous, principalement des agences de développement et des particuliers fortunés aux États-Unis. » Parmi leurs premiers soutiens financiers, on trouve Overseas Private Investment Corporation (Opic), le groupe CDC et IFC, respectivement les agences de développement des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Banque mondiale. Galvanisés par ces soutiens de taille, les deux hommes ont estimé que le contexte était propice au lancement de Helios. « Avec le vent de démocratie qui soufflait sur l’Afrique, symbolisé par les élections nigérianes de 1999, et l’accélération de la croissance économique, il y avait le début d’un changement de perception, mais il n’y avait pas encore de capital-investissement en Afrique à proprement parler, se souvient Babatunde Soyoye. Nous avons commencé à en parler, en nous demandant: « Pourquoi
V
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Connaissance du terrain
RICHARD CANNON
C’était justement leur profil. Babatunde Soyoye a fait des études d’ingénieur et de gestion d’entreprise à Londres, tandis que Tope Lawani a suivi un cursus de génie chimique, de droit et de gestion d’entreprise au Massachusetts Institute of Technology et à Harvard. Tous deux Nigérians et parlant couramment le yorouba, ils se sont rencontrés alors qu’ils travaillaient dans les bureaux londoniens de TPG Capital. Au sein de cette société d’investissement qui siège à San Francisco, ils ont géré des investissements de plusieurs milliards de dollars dans des multinationales comme Burger King ou encore la chaîne de grands magasins Debenhams. Auparavant, Tope Lawani travaillait au sein du département des fusions et acquisitions de Walt Disney, tandis que Babatunde Soyoye était
L’ENTREPRISE GÈRE 3,6 MILLIARDS DE DOLLARS DE FONDS ET A RÉALISÉ CERTAINES DES OPÉRATIONS LES PLUS IMPORTANTES DE LA DÉCENNIE.
Diplômé de Harvard, Tope Lawani a travaillé au sein du département fusions et acquisitions de Walt Disney.
En Afrique, chaque contrée est une potentielle Silicon Valley. Chaque rêve peut devenir réalité, avec plus de 560 millions d’Africains connectés à une autoroute digitale à grande vitesse. Quand on peut atteindre les plus isolés d’entre nous et les connecter de village en village, d’un pays à l’autre à travers le monde, c’est parti. Quand on peut enseigner grâce à la technologie, là où les livres sont absents, c’est parti. Quand 30 millions de personnes qui n’ont jamais eu accès aux services bancaires ont maintenant une banque dans leurs poches, c’est parti. Chaque jour, à MTN, on est motivé par l’esprit combatif des personnes que nous servons. Voilà pourquoi,
On est bien ensemble.
TBWA\HUNT\LASCARIS 922130
everywhere you go
chargé de la stratégie commerciale de British Telecom. Ces associés ont créé Helios à leur image : doté d’une ample expertise, et faisant le pont entre la finance occidentale et une connaissance de terrain des marchés d’Afrique. Leurs employés sont issus tant du monde de la finance que de celui de l’industrie. Dans les couloirs de leur siège londonien, on entend aussi bien parler anglais et yorouba que kiswahili, wolof, igbo, swahili et arabe. Et Helios dispose aussi de bureaux à Paris, Lagos et Nairobi. « Notre “botte secrète”, c’est notre travail opérationnel, qui vise à créer de la valeur après investissement », nous explique Babatunde Soyoye. Et elle a fait ses preuves. L’un de leurs premiers investissements – l’achat pour 179 millions de dollars d’une participation de 25 % dans Equity Bank – a généré des retours considérables au moment de la vente, en 2015. Cette même année, Helios a contribué au rachat d’une majorité des parts de l’égyptien Fawry pour 100 millions de dollars. Quatre ans plus tard, ce fournisseur de paiements électroniques entrait à la Bourse de Londres pour une valeur estimée à 275 millions de dollars. Les deux hommes choisissent leurs cibles avec soin. Comme nous l’explique Babatunde Soyoye, Helios n’effectue en général que deux opérations par an, sur environ 300 opportunités d’achats. Et lorsqu’aucune entreprise ne remplit leurs critères, ils fondent la leur! « Nous cherchons des thèmes macroéconomiques qui nous emballent, puis faisons le tri pour trouver des entreprises dont la gestion est solide. Sinon, nous les créons nous-mêmes », explique-t-il. Fort de l’expérience de son cofondateur au sein de British Telecom, Helios a ainsi fondé les gestionnaires d’infrastructures de télécoms Helios Towers Nigeria en 2005 et Helios Towers en 2009, avec l’appui des milliardaires George Soros et Jacob Rothschild, ainsi que de l’ex-secrétaire d’État américaine Madeleine Albright. « Plutôt que de se focaliser sur ce qui est à vendre, mieux vaut s’atteler à discerner les barrières qui se dressent sur son chemin, estime Tope Lawani. Il faut donc avoir un véritable esprit d’entreprise. » Peu en sont dotés, si l’on en croit la faible concurrence à laquelle Babatunde Soyoye et Tope Lawani font face sur le marché du capital-investissement africain. Pour John Owers, le
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HELIOS INVESTMENT PARTNERS
Afrique subsaharienne
directeur des fonds africains de la CDC, cette situation perdure à cause des stéréotypes sur le continent : « Les investisseurs doivent ignorer les rumeurs et se demander quelles sociétés se portent bien. Helios est l’une d’elles. Celles qui achètent judicieusement se portent bien. »
Personnalités de poids
Aujourd’hui, la méthode portée par Babatunde Soyoye, 50 ans, et Tope Lawani, 49 ans, a fait d’eux des personnalités de poids sur le continent, où ils siègent aux conseils d’administrations de plusieurs grands groupes. Ce qui n’est pas pour déplaire à Tope Lawani, qui a grandi au sein d’une famille aisée d’Ibadan, dans le sud du Nigeria, et dit sans détour: « Je ne crois pas aux petites choses. Je crois qu’il faut essayer d’en faire de grandes. » Des défis demeurent, parmi lesquels la difficulté de lever des fonds suffisants. Entre 2013 et 2018, les sociétés de capitalinvestissement africaines n’ont pu recueillir que 17,8 milliards de dollars, selon l’association de private equity africaine AVCA. Et pourtant, la collecte de fonds n’a jamais posé problème à Helios, en partie grâce au parcours et au réseau de ses cofondateurs. Leur franc-parler en affaires leur aurait également bien servi, du moins selon Tope Lawani. « Sur un marché où l’on trouve des charlatans, avoir la réputation de dire ce qu’on va faire et de faire ce qu’on a dit est primordiale, » a-t-il déclaré. Pour ce qui est de leur propre association, elle a semble-t-il résisté à l’épreuve du temps: ils collaborent depuis quinze ans déjà, sans signe apparent de conflit.
Avant de fonder Helios, Babatunde Soyoye était chargé de la stratégie commerciale de British Telecom.
CINQ FAITS D’ARMES
2004
Fondation de Helios Investment Partners, à Londres
2005
Création de Helios Towers Nigeria
2007
Investissement dans Equity Bank au Kenya
2015
Levée de 1,1 milliard de dollars de fonds
2018
Introduction de Vivo Energy aux Bourses de Londres et Johannesburg
COMMUNIQUÉ
PROPARCO 151, rue Saint Honoré 75001 Paris Tél. : (+33) 1 53 44 31 08 www.proparco.fr
AVIS D’EXPERT
Les garanties : un outil efficace pour accompagner les banques dans le financement des PME E
n Afrique, les petites et moyennes entreprises créent
60 % de l’emploi formel et génèrent
en moyenne 40 % du PIB. Pourtant, alors que leurs besoins de financements se comptent chaque année en dizaines de milliards de dollars, seules 20 % des PME africaines ont accès au crédit bancaire pour financer leur développement. Elles
banque améliore la gestion de ses risques et de l’autre, l’entreprise accède au crédit et peut se développer. Proparco étoffe régulièrement son offre pour répondre aux besoins de ses clients et atteindre les Objectifs du Développement Durable. En témoigne le lancement cette année de la garantie « EURIZ ». En combinant les moyens financiers du
sont en effet souvent perçues par les institutions financières comme des clients présentant un risque élevé et offrant des garanties insuffisantes.
LE DERNIER NUMÉRO DE LA REVUE SP&D
L’étude que Proparco a récemment menée sur les causes de défaut des PME en Afrique subsaharienne1 met en exergue, il est vrai, certaines carences. Proposer aux banques des garanties adaptées est de nature à favoriser l’octroi de financements aux PME. C’est le sens de l’initiative lancée par le Groupe AFD et Proparco il y a plus de 10 ans à travers la gamme de garanties bancaires « ARIZ ». Concrètement, ARIZ est un mécanisme de garantie qui permet de couvrir jusqu’à 50 % du prêt qu’une banque souhaiterait consentir à une PME. Il s’agit d’une opération « gagnant-gagnant » : d’un côté la 1
Pour ses 10 ans, la revue Secteur Privé & Développement de Proparco fait le point sur le financement des PME en Afrique. Elle explore notamment les nouvelles solutions numériques portées par des fintechs, met en lumière l’impact positif d’initiatives pionnières comme le mentorat d’entrepreneurs et décrypte la stratégie de plusieurs institutions financières qui agissent en faveur de l’accès au financement des PME.
www.bit.ly/SPD-PME-FR
Xavier Echasseriau, Division Institutions Financières et Inclusion Responsable adjoint, en charge des Garanties pour le Développement
Groupe AFD, de la Commission Européenne et de l’ACP, Proparco est en mesure de garantir jusqu’à 70 % les financements consentis par les banques aux PME vertes, aux entreprises détenues par les femmes, les jeunes, aux fintech et aux start-up. Au Nigéria, Proparco vient ainsi d’accorder au groupe bancaire UBA une garantie EURIZ de 3,5 milliards de naira dédiée aux financements des start-up. Ces garanties comptent parmi les principaux outils déployés par le Groupe AFD dans le cadre de l’initiative française Choose Africa. 2,5 milliards d’euros seront ainsi mobilisés d’ici 2022 sous forme de fonds propres, de prêts et de garanties pour accompagner 10 000 PME africaines aux différents stades de leur développement.
Rapport d’étude Proparco : « Les causes de défaut des PME en Afrique subsaharienne : l’exemple d’Ariz » - http://bit.ly/EtudePME
Afrique subsaharienne
BANCASSURANCE
La grande offensive de Sunu La société d’assurances ivoirienne négocie un tournant bancaire et compte bien s’imposer parmi les géants du secteur en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan
usqu’à il y a peu, l’activité bancaire de Sunu se limitait à une petite société de microfinance sénégalaise, Kajas, qu’elle contrôle, et à son actionnariat minoritaire dans différents établissements, dont Ecobank en Côte d’Ivoire, au Niger et au Burkina Faso, la BNP Paribas en Côte d’Ivoire et la Banque internationale pour l’Afrique au Niger. Mais aujourd’hui l’assureur rêve de s’imposer parmi ces grands groupes. En 2018, plus d’un tiers de ses 400 milliards de F CFA (près de 610 millions d’euros) d’actifs étaient déjà concentrés sur le secteur bancaire. En juin 2017, le groupe a créé Sunu Investment Holding, chargé de porter les participations bancaires du groupe. Huit mois plus tard, celle-ci a fait l’achat d’une majorité des parts de la Banque populaire pour l’épargne et le crédit (BPEC), établissement togolais aux 160000 clients.
Packages maîtrisés
Pour imposer son autorité sur la BPEC, Sunu y a installé dans la foulée une nouvelle directrice générale, Myriam Adotevi, ancienne patronne de la filiale béninoise du groupe BGFI. Sa mission : « faire face aux défis de la première société bancaire du groupe Sunu », comme l’explique, dans le dernier rapport annuel du groupe, Pathé Dione. Dans l’esprit du président et fondateur de Sunu, aux commandes depuis 1998, l’objectif de la BPEC est clair : servir le cœur de métier de Sunu, l’assurance. « Ce nouveau canal de distribution des produits d’assurances permettra de renforcer la proximité et la relation clients, mais aussi d’offrir des packages maîtrisés de bancassurance », explique-t-il dans ce même rapport.
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LE GROUPE EST CANDIDAT À LA REPRISE DES FILIALES DE BNP PARIBAS AU BURKINA FASO, AU MALI ET EN GUINÉE.
ISSOUF SANOGO/AFP
J
En cours de restructuration, la BPEC, qui, jusqu’à présent, servait principalement les particuliers du secteur public, adoptera le nom de Sunu Banque en 2020. Sunu espère en faire une base de lancement régional pour développer un réseau bancaire dans l’Uemoa. Grâce à l’agrément unique de la BCEAO, l’établissement pourrait ouvrir des succursales dans les huit pays de la zone.
Mais Sunu ne se repose pas sur cette hypothèse. Avec son partenaire AfricInvest, également actionnaire de la BPEC, le groupe est déjà candidat à la reprise des filiales de la BNP Paribas au Burkina Faso, au Mali et en Guinée. « Le vrai défi est le fait d’acheter des entités que nous ne connaissons pas », explique Mohamed Bah, directeur général délégué chargé du développement international,
En 2018, l’entreprise totalisait 400 milliards de F CFA d’actifs (ici, son siège, à Abidjan).
de la stratégie et de la communication au sein de Sunu, et également président de la BPEC depuis son rachat. L’entreprise a des concurrents, elle ne saura qu’en fin d’année si elle a raflé la mise.
Possibilités de rachat
Mais cette occasion d’élargissement n’en est qu’une parmi d’autres. Le groupe s’intéresse à toutes les possibilités de rachat
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Afrique subsaharienne BANCASSURANCE
d’assurances (Cima), l’organisme communautaire franco-africain du secteur, en recapitalisant à hauteur de 25 milliards de F CFA ses filiales dans cette zone. De nouvelles règles imposaient à Sunu d’y augmenter le capital de ses sociétés d’assurances de 1 à 3 milliards de F CFA.
de banques et envisage également d’en créer de nouvelles en dehors de la Côte d’Ivoire, à partir de ses nombreuses filiales dans les assurances. Bien que la Côte d’Ivoire représente encore 45 % de son chiffre d’affaires, Sunu est présent dans 14 pays d’Afrique subsaharienne à travers 27 sociétés d’assurances et autres sociétés affiliées. Le groupe vient d’ailleurs de sécuriser sa présence au sein de la Conférence interafricaine des marchés
Filiale congolaise
Par ailleurs, Sunu prévoit d’ouvrir au début de 2020 une filiale en RD Congo,
PATHÉ DIONE CONTRE JEAN KACOU DIAGOU (Conférence interafricaine des marchés d’assurance), les deux hommes s’affrontent désormais dans le secteur bancaire. C’est Jean Kacou Diagou qui a, le premier, diversifié ses activités, NSIA ayant racheté dès 2006 la filiale ivoirienne de la Banque internationale pour l’Afrique occidentale (BIAO), depuis rebaptisée NSIA Banque Côte d’Ivoire et cotée à la Bourse d’Abidjan. En 2011, NSIA remet le couvert en faisant l’acquisition de la filiale guinéenne de la BIAO. Puis, en novembre 2017, le groupe de bancassurance rachète pour 61 millions d’euros le réseau francophone du nigérian Diamond Bank. Cette dernière prise,
Pathé Dione, président et fondateur de Sunu.
sa plus grosse à ce jour, lui permet d’augmenter sa part de marché en Côte d’Ivoire, ainsi que de s’implanter dans le secteur bancaire au Bénin, au Sénégal et au Togo. Enfin, en 2018, NSIA s’est associé au français Orange pour fournir des services financiers par voie numérique. Pathé Dione a suivi son concurrent bien des années après, ne faisant l’acquisition de sa première banque, BPEC, qu’en 2018. Pour rattraper son retard, il envisage aujourd’hui une croissance rapide de ses activités bancaires à travers la région, mais le fossé reste large. Être deuxième peut pourtant présenter certains avantages. Sunu peut ainsi apprendre des erreurs commises par NSIA, qui a déjà connu des revers. En Côte d’Ivoire, notamment, sa banque a été durement touchée par la faillite en 2018 du négociant SAF Cacao, puisqu’elle était la plus exposée de ses créanciers. À quoi s’ajoutent une fraude sur ses
cartes de crédit et la chute du cours des actions de NSIA Banque Côte d’Ivoire. Autant d’écueils que Pathé Dione, qui a travaillé aux côtés de Jean Kacou Diagou à l’Union des assurances de Paris dans les années 1980, doit tenter d’éviter. B.M.
Jean Kacou Diagou, PDG du Groupe NSIA.
VINCENT FOURNIER/JA
THOMAS RENAUT
Depuis plusieurs années, une espèce de chassé-croisé se déroule entre Pathé Dione, patron de Sunu, et Jean Kacou Diagou, son grand rival, présidentfondateur de l’assureur ivoirien NSIA. Longtemps concurrents dans le marché de la bancassurance en zone Cima
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Afrique subsaharienne BANCASSURANCE
d’assurances. « Le Togo, où nous avons une vision à 360 degrés grâce à notre banque et à notre société d’assurances, sera le laboratoire de cette stratégie », explique le directeur général délégué.
après la libéralisation du secteur dans ce pays, et a des visées sur le Tchad et la Mauritanie. En avril 2019, Sunu a par ailleurs acquis la totalité des parts du groupe Allianz dans ses filiales du Bénin, du Burkina Faso, du Mali et du Togo, et la majorité de ses parts en Centrafrique, répondant ainsi au souhait du régulateur de la Cima de consolider le marché de l’assurance dans la région. Sunu fusionne actuellement sa filiale en Centrafrique avec celle rachetée à l’assureur allemand, une opération déjà effectuée dans les autres pays concernés.
Numérisation soutenue
« Très agressif »
Des opérations qui ont pour effet de donner à Sunu l’embarras du choix quant au pays où il pourrait lancer son aventure bancaire. « Avec ses énormes liquidités, Sunu est devenu très agressif et se positionne en direct. Une stratégie qui lui permet de rattraper son retard sur ceux de ses concurrents immédiats qui possèdent des banques », nous explique un expert du monde des assurances dans la Cima. Et Sunu porte également son attention sur une autre région, l’Afrique centrale. « Notre ambition est forte : avoir d’ici à trois ans un réseau bancaire très solide dans nos pays majeurs que sont la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso, et une banque dans la Cemac », nous confie Mohamed Bah. L’objectif à terme est de permettre à la clientèle de Sunu d’avoir accès à toute la gamme de ses produits, en intégrant toutes ses filiales bancaires et
LEUR AMBITION ? AVOIR D’ICI À TROIS ANS UN RÉSEAU SOLIDE EN CÔTE D’IVOIRE, AU SÉNÉGAL ET AU BURKINA FASO, AINSI QU’UNE BANQUE DANS LA CEMAC.
En 2017, Sunu avait réalisé 229,2 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 150,1 millions en assurance vie et 79 millions en non-vie. À la fin de 2018, son chiffre d’affaires était d’environ 244 millions d’euros, porté en partie par ses nouvelles activités bancaires et par le rythme soutenu de la numérisation de ses activités d’assurances. Le groupe intensifie en effet son plan Digitass, lancé dans tous les pays où il est présent pour numériser tous ses produits d’assurances. Au Liberia, au Nigeria et au Ghana, Sunu a déjà lancé un produit d’assurance automobile disponible sur téléphone portable, et ce même sans accès à internet. Cette croissance effrénée sur plusieurs fronts fait débat dans le secteur. « La grande inquiétude est de savoir si Sunu pourra supporter les effets imprévus de cette offensive boulimique », glisse une source, certes concurrente, qui reconnaît à Sunu la vitesse de sa percée. En décembre 2019, le conseil d’administration de l’entreprise devrait plancher sur la stratégie des trois prochaines années. Mais le groupe semble sûr de sa trajectoire, et il est peu probable que le conseil adopte un plan de croissance plus timide.
COMMUNIQUÉ
AVIS D’EXPERT
Mastercard
Middle East Africa FZ-LLC
mea.mastercard.com
Les transactions électroniques créent des opportunités d’affaires et rendent les populations autonomes S
’écarter des paiements en es-
paiements et, par extension, la base
pèces réduit les coûts de tran-
clientèle. En Afrique, où plus de 80%
sactions, améliore la transparence
des entreprises sont des PME ou des
et favorise le développement des
microentreprises, l’amélioration des
petites entreprises.Mastercard est à
mécanismes de paiement peut consi-
la pointe de l’innovation en matière
dérablement booster le commerce et
de paiements électroniques.
renforcer les économies.
Malgré les progrès dans les transac-
Connecter les commerçants
tions numériques mondiales, près de
africains
85 % de tous les paiements, et 95 %
Habiliter les petites entreprises en
en Afrique, sont toujours effectués
Afrique dépend de la connexion de
en espèces ou par chèques. En plus
davantage de commerçants à des
des désagréments et du manque de
systèmes de paiement électroniques.
transparence, les espèces entraînent
Toutefois, le coût élevé des TPE (ter-
également des coûts importants.
minaux de paiement électronique) a
Par exemple, les opérations en espèces comportent des frais cachés
entravé leur adoption par de nombreuses micro et petites entreprises.
d’impression, de distribution et de
Pour surmonter ce défi, les solutions
traitement, représentant près de 1,5%
QR peuvent être un catalyseur
du PIB national. Par ailleurs, son ca-
pour les paiements électroniques.
ractère anonyme peut favoriser une
Les codes QR peuvent doter des
activité illégale. Pour une entreprise,
commerçants de toute taille, mais
les espèces sont synonymes de
particulièrement les plus petits,
difficulté de traçabilité et d’archi-
comme les vendeurs de rue, d’un
vage, au contraire des transactions
moyen de paiement rapide, sécurisé
numériques, rendant plus aléatoire
et peu coûteux.
l’épargne et l’emprunt pourtant nécessaires à son développement.
Arn Vogels, Directeur régional, Afrique subsaharienne francophone, Mastercard
scanne le code QR du commerçant sur son smartphone ou entre un code texte dans son téléphone. Cette innovation s’inscrit dans le cadre de l’engagement pris par Mastercard de connecter plus de 100 millions d’Africains et 500 millions de personnes dans le monde à une infrastructure financière formelle d’ici 2020. Mastercard se donne pour mission de rendre les paiements sécurisés, simples et intelligents et se positionne ainsi à la pointe des dévelop-
Mastercard QR change la donne
pements de systèmes technologiques
Lancé en 2016, Mastercard QR offre
novateurs et interconnectant les
À l’inverse, les paiements électro-
aux utilisateurs de tous types de télé-
populations. Plus de 178 millions
niques stimulent la croissance éco-
phones mobiles la possibilité de faire
de transactions sont traitées chaque
nomique nationale en renforçant la
des achats en toute sécurité et sans
jour dans le monde grâce à la tech-
sécurité, la rapidité et la facilité des
carte électronique.Un consommateur
nologie Mastercard.
Afrique subsaharienne
INTERVIEW
Ade Ayeyemi Directeur général d’Ecobank Transnational
« Il faut soutenir politiquement les transferts d’argent » Pour le patron du groupe bancaire panafricain, l’utilisation de la technologie pour formaliser les flux monétaires bénéficiera à la fois aux banques et aux États du continent.
BANQUIER SANS FRONTIÈRES
1998
Obtient son premier emploi dans la banque, à Citibank Nigeria
Mars 2006
Propos recueillis par PATRICK SMITH pour The Africa Report
Promu DG des activités de Citibank au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda et au Zimbabwe
Jeune Afrique: Que représente la contribution financière de la diaspora pour les économies africaines? Ade Ayeyemi : Nous parlons de plus de
50 millions de personnes. Chacune d’entre elles gagne en moyenne plus de dix fois le revenu moyen par habitant des personnes vivant sur le continent. Elles ont les moyens d’envoyer de l’argent au pays pour y faire progresser le pouvoir d’achat et la demande. La responsabilité du secteur bancaire est de trouver comment réduire les problèmes dans le processus. Le niveau technologique et économique actuel permet de transférer de l’argent sur le continent sans aucune friction et de manière quasi instantanée.
Il est préférable que l’argent circule par les canaux formels de la finance. Lorsqu’il passe par le secteur informel, les flux sont imprévisibles et le pays ne peut pas s’y préparer. Prenez par exemple le Nigeria : s’il sait à l’avance qu’il recevra 20 milliards de dollars par an via les canaux formels de la finance, cela devient un flux de capitaux prévisible.
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jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Nommé directeur pour l’Afrique subsaharienne à Citibank
Septembre 2015
Devient directeur général d’Ecobank Transnational, au Togo Comment convaincre la population d’avoir recours aux banques et aux services de transfert d’argent?
Les organisations financières, les institutions financières de développement et l’Union africaine veulent faire baisser les prix et améliorer la qualité des services. En clair, ellesveulentramener le tauxde change au plus près de celui du marché et rendre les transferts quasi instantanés. Nous devrions autoriser une concurrence libre afin
ECOBANK
Une part importante de l’argent envoyé l’est par des canaux informels, qui sont plus rapides et moins chers. Quels avantages représentent la formalisation de ces transferts?
Septembre 2013
Afrique subsaharienne INTERVIEW
que le système bancaire se comporte de manière raisonnable. Les flux sont forcément restreints par le taux actuel, qui oscille entre 7 % et 10 %. Nous estimons donc que le prix doit baisser considérablement. Je n’encouragerais pas l’UA ou quelque autre union que ce soit à fixer les prix. Quelestlejusteprixdestransfertsd’argent?
Au-delà de 3 % pour un transfert instantané, le prix est trop élevé. S’il s’agit d’un transfert différé, alors les taux devraient avoisiner 1 %. Ces niveaux permettent de rémunérer le service rendu tout en restant attractifs. Comment les envois d’argent peuventils jouer un rôle plus productif dans l’économie?
Il faut reconnaître que beaucoup d’Africains vivant à l’étranger veulent soutenir les économies de leur pays d’origine. Cela encouragera les autres à rester au pays et fera progresser la demande. Nous parlons constamment de migration. Mais si les ressources sont au Nord, les gens qui vivent au Sud iront les chercher là où elles se trouvent. Il faut prendre en compte l’importance de ces transferts et les soutenir politiquement. On considère souvent les transferts de fonds comme un « flux d’argent noir » dont il ne faudrait pas discuter en haut lieu. La Banque mondiale s’y intéresse désormais et estime qu’il faut agir. Par ailleurs, de nombreux travailleurs sont sans papiers. Nous devrions chercher à les inclure dans le système bancaire et financier afin que les transferts de fonds puissent servir un objectif plus ambitieux. Les gouverneurs des banques centrales du continent doivent reconnaître que les transferts ne sont pas uniquement à destination d’individus. Il faudrait plutôt qu’ils transitent par le système financier formel choisi par l’expéditeur ou le destinataire. Une fois que ce système sera devenu la norme, les clients seront en mesure de choisir le meilleur prestataire de services. À quoi serviront les données issues de la formalisation des transferts de fonds et du développement de la monnaie mobile?
M-Pesa est un excellent produit, car il a donné accès aux services financiers à un grand nombre de personnes. Le gouvernement kényan était prêt à perdre un
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jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
certain contrôle au profit de l’inclusion financière. Pourquoi ? Parce que, à l’heure du big data, cela génère davantage de données, qui peuvent ensuite être analysées, et on assiste alors à une hausse du nombre de transactions. Parce que quand on compare le PIB du Ghana à celui de New York, et qu’on observe que le premier est bien inférieur au second, on peut se poser la question suivante : en ces deux endroits, comptabilise-t-on les flux financiers de manière différente [selon qu’ils sont réalisés de manière formelle ou informelle] ? Ne sommes-nous pas capables de prédire la demande et donc le juste niveau d’investissement dans ces différents pays ? Beaucoup d’investissements se font sur la base de croyances. Mais faire passer un grand nombre de transactions par le biais du système financier de manière dématérialisée permet de mesurer les flux qui existaient sans qu’on s’en rende compte. Vous pouvez alors affirmer : « Beaucoup de gens demandent ce produit dans lequel je souhaite investir. » Cela vous permet de prendre une décision informée.
AUJOURD’HUI, NOUS SOMMES EN MESURE D’EFFECTUER DES OPÉRATIONS ENTRE PAYS AFRICAINS AUSSI RAPIDEMENT QU’EN EUROPE. Pourquoi la monnaie mobile prend-elle plus de temps à s’établir en Afrique de l’Ouest qu’en Afrique de l’Est?
En tant que résident du Togo, un petit État, je peux dire que cela ne dépend pas de la taille du pays. Il faut un véritable leadership pour créer des solutions innovantes et pour les commercialiser. Le Kenya a simplement fait preuve d’une plus grande agilité que l’Afrique occidentale. Selon moi, c’est probablement parce qu’il n’avait pas de pétrole et qu’il devait donc innover rapidement. Et les autres ont suivi. D’ailleurs, les systèmes de paiement sur certains marchés ouest-africains sont plus rapides que ceux que l’on trouve sur les marchés aux États-Unis. À travers le continent, on est désormais capable de réaliser des paiements instantanément, ce dont nous sommes très heureux. Et nous sommes également en mesure d’effectuer des transferts entre pays africains aussi rapidement qu’en Europe.
Afrique subsaharienne
NIGERIA RENCONTRE AVEC
Jim Ovia
Président de Zenith Bank
Alors que la reprise économique s’annonce à Abuja, le cofondateur et patron de la première banque du pays se montre confiant sur la solidité de son établissement.
Propos recueillis par NICHOLAS NORBROOK, à Lagos (The Africa Report)
A
u siège de Zenith Bank, à proximité du Civic Centre de Lagos, le bureau de Jim Ovia domine le lagon qui mène jusqu’à l’océan Atlantique. Alors que le photographe fait prendre la pose au président du groupe, le soleil commence à chasser les nuages qui ont laissé les rues alentour détrempées. « L’amélioration de la situation [de Zenith Bank] reflète sans doute la reprise de l’économie nigériane », estime-t-il. Le temps s’améliore assurément pour les banques du Nigeria. Certains signes ne trompent pas: le prix du pétrole qui remonte après l’effondrement de 2015 et les banques les plus solides qui parviennent à se sortir d’un tas d’emprunts douteux liés au secteur de l’énergie. C’est précisément ce qu’a réussi Zenith. Un an après que l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de la banque à la fin de 2017, l’agence concurrente Fitch l’a révisée à la hausse, en grande partie grâce à sa solide activité de prêts aux entreprises cotées. L’audit de ses résultats du premier semestre de 2019 montre des revenus bruts en hausse de 3 %, à 331,6 milliards de nairas (plus de 800 millions d’euros), des bénéfices avant impôts en hausse de 4 %, à 111,7 milliards de nairas, et un bond des frais perçus grâce à la banque mobile, que l’établissement met sur le compte « des progrès importants de [sa] banque de détail ».
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jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Mais Fitch a également su voir une autre force de Zenith : son personnel. « La prise de décision est bien répartie parmi un grand nombre de dirigeants, afin de minimiser la dépendance aux individus », notet-elle. Une stratégie payante, qui donne au fondateur de la première banque nigériane au classement Top 200 des raisons de se réjouir. Plusieurs anciens employés occupent d’ailleurs aujourd’hui des positions influentes. Uchechukwu Sampson Ogah, un ancien protégé de Jim Ovia, a été nommé en août ministre des Mines et du Développement de l’acier. Quant à Godwin Emefiele, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (BCN), il a occupé pendant de nombreuses années
ESPRIT FONDATEUR 1951
Naît à Agbor, dans l’État du Delta, au Nigeria
1979
Obtient une maîtrise en gestion d’entreprise à l’Université de Louisiane (États-Unis)
1990
Cofonde Zenith Bank au Nigeria
2010
Quitte son poste de PDG de Zenith Bank, suivant les nouvelles règles de la Banque centrale
2014
Est nommé président du conseil d’administration de Zenith Bank
des fonctions dirigeantes à Zenith. « On m’a donné raison récemment lorsque son mandat a été renouvelé, une première depuis le retour du Nigeria à un régime démocratique, en 1999 », se félicite Jim Ovia.
Capitaux inactifs
Cependant, tout le monde n’est pas enthousiaste quant aux décisions de la Banque centrale. « L’obsession de la BCN pour le taux de change l’a amenée à vendre de plus en plus d’opérations sur le marché public, ce qui offre aux banques un rendement élevé et sans risque, les empêchant dans les faits d’accorder davantage de crédits à l’économie réelle », déclare Malte Liewerscheidt, du cabinet de conseil Teneo. Avec 30 % de ses prêts concentrés dans les secteurs pétrolier et gazier, Zenith est-elle trop exposée aux soubresauts du secteur de l’énergie ? « Pas nécessairement, car nous avons une solide stratégie de gestion des risques, répond Jim Ovia. Les perspectives de la demande mondiale de pétrole sont bonnes, et, à moins d’une perturbation importante de la production domestique de brut, il n’y a pas grand-chose à craindre. » Les investisseurs internationaux en sont moins convaincus : ils ont fait chuter la valeur de l’action de la banque de 33 % ces six derniers mois. Le montant élevé des capitaux inactifs est un autre problème systémique au sein des banques africaines en général, et de Zenith en particulier. Au Nigeria, certains affirment que cette situation
LOGO OLUWAMUYIWA ADEYEMI POUR TAR
explosive. La consolidation du secteur bancaire de 2004 à 2006 a renforcé les banques et amélioré leur résilience. Et il y a eu beaucoup de créativité et d’innovation. » Cette période a pris fin au moment où de nombreuses banques, dopées par leur propre hubris, disposant de trop de capitaux et de trop peu d’opportunités, se sont entassées sur les marchés boursiers. Elles ont souvent investi dans leurs propres actions pour en faire gonfler le prix. La crise financière qui en a résulté a fait comprendre à Jim Ovia que « le capital et la liquidité sont des prérequis pour la survie de toute institution financière. »
tient à un manque d’opportunités structurées ; d’autres l’attribuent aux rendements élevés et à faible risque que représentent les prêts au gouvernement. Mais, pour Jim Ovia, « avoir un ratio de capitaux adéquat n’est jamais un problème. Mieux vaut cela que la situation inverse. Les opportunités se présentent, et nous devons continuer de faire progresser le crédit dans différents domaines de l’économie, et en particulier dans le secteur non pétrolier. » La suprématie de Zenith remonte aux années 1990, quand Jim Ovia et d’autres investisseurs ont parié 4 millions de dollars sur le succès d’un tel projet, sous la dictature d’Ibrahim Babangida. « Nous avons obtenu les licences pendant l’ère militaire ! rappelle-t-il, incrédule.
Mais je savais qu’il existait une opportunité, alors je l’ai saisie afin de lancer une banque plus structurée et informatisée. » Zenith a été l’une des premières banques nigérianes à introduire des ordinateurs dans son administration, ouvrant ainsi une nouvelle ère. Mais c’est sous la présidence d’Olusegun Obasanjo (19992007) que le secteur bancaire a réellement décollé au Nigeria. « Le retour à un régime démocratique et la libération des forces de marché qui en a résulté ont sans doute ouvert la voie à ce que nous pouvons aujourd’hui appeler la décennie dorée de l’économie nigériane, avance Jim Ovia. La libéralisation du secteur des télécommunications lui a permis de connaître une croissance
Erreur de stratégie ?
Cette période a également freiné son ascension personnelle. Pendant la crise bancaire, le gouverneur de la BCN de l’époque, Lamido Sanusi, a adopté de nouvelles règles limitant le mandat des PDG de banques à dix ans – une règle qui a affecté le cadre de Zenith, aujourd’hui président de l’entreprise, ainsi que Tony Elumelu, alors à la tête de United Bank for Africa. Mais Jim Ovia a aussi été entrepreneur dans le secteur des télécommunications. Il a fondé Visafone en 2007 après avoir racheté plusieurs autres opérateurs, puis l’a vendu en 2015 à MTN. Était-ce une erreur de stratégie ? Après tout, le groupe sud-africain lance aujourd’hui des services bancaires mobiles au Nigeria, une menace sérieuse pour des banques comme Zenith. Jim Ovia reconnaît les risques, estimant que les banques qui n’innovent pas dans le domaine des services numériques en paieront les conséquences. À l’avenir, il estime que « de nombreuses banques collaboreront avec des sociétés de technologie financière et s’adapteront en douceur. » Une prédiction à garder à l’esprit, étant donné les talents variés de ce cadre bancaire. jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
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CÔTE D’IVOIRE Le temps de la réforme Depuis 2010, la Côte d’Ivoire a parcouru beaucoup de chemin vers l’émergence économique.Après avoir d’abord mis en place les bases du développement, les pouvoirs publics s’attèlent désormais aux réformes destinées à changer le pays en profondeur. Dans les différents secteurs économiques, dans la santé et l’éducation, dans les structures même de l’État, de nombreux chantiers ont été ouverts. Ils doivent permettre à la locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest de prendre encore un peu plus de vitesse, pour être en mesure d’améliorer les conditions de vie de ses populations.
C’
est un véritable bond en avant qu’a réalisé la Côte d’Ivoire depuis le début de la dernière décennie. Le pays a retrouvé une santé économique qui lui permet de jouer à nouveau son rôle de poumon économique dans la sous-région. Le pays fait aujourd’hui parti des plus dynamiques au monde, avec un taux de croissance qui a culminé à plus de 10 %, grâce aux investissements publics réalisés dans les infrastructures et le secteur agricole. Aujourd’hui les grands équilibres nationaux de l’économie ont été rétablis. L’inflation est maîtrisée, la balance commerciale excédentaire, le déficit budgétaire en forte baisse et l’endettement
est contenu à moins de 60 % du PIB, dans le respect des normes UEMOA en la matière.
Des progrès significatifs L’émergence économique promise par le président Alassane Ouattara pour 2020 semble donc être en bonne voie. Les Plans nationaux de développement (PND), 2012 — 2015 et 2016 — 2020 ont permis au pays d’enregistrer des progrès significatifs dans de nombreux dossiers, qu’il s’agisse de la décentralisation, destinée à apporter le développement sur l’ensemble du
]
Le président Alassane Ouattara pose de la première pierre du centre hospitalier régional (HCR) d’Adozopé, le 3 août 2019.
Social au programme Malgré les nombreuses avancées enregistrées dans plusieurs domaines économiques, beaucoup reste encore à faire sur le plan social, comme le chef de l’État lui-même est le premier à en convenir. Lui et son gouvernement n’ont pourtant pas mesuré leurs efforts pour assurer une hausse des revenus de nombreux paysans, fonctionnaires et salariés du secteur privé, pour apporter un meilleur accès des populations aux services sociaux de base que sont l’eau, l’électricité, la santé et l’éducation, pour promouvoir la place de la femme dans la société et améliorer l’emploi des jeunes. Autant de priorités regroupées au sein du Programme social du Gouvernement (PS-Gouv), portant sur la période 2019 — 2020, et destiné à accélérer le rythme des réformes à caractère social dans le pays.
Cinq axes d’amélioration DR
Une des priorités du Programme social du Gouvernement (PS-Gouv) sur 2019-2020 : améliorer les conditions de vie des ivoiriens
territoire, du renforcement de la paix, sans laquelle aucun essor économique n’est envisageable, de l’industrialisation seule à même de valoriser localement les productions ivoiriennes ou encore de la protection de l’environnement, pour être en mesure d’assurer dès aujourd’hui l’avenir du pays.
Cinq axes prioritaires ont été définis, pour garantir à l’ensemble de la population des améliorations concrètes et durables de leur condition de vie. Le PS-Gouv entend fournir des services de santé de proximité à tous les Ivoiriens ; renforcer le maintien à l’école des enfants âgés de 6 à 16 ans, tout en améliorant les conditions d’étude ; de favoriser l’accès aux logements, à l’eau potable, à l’énergie, au transport et aux biens
PUBLI-INFORMATION
Priorité à la santé et à l’éducation La situation ivoirienne s’est déjà considérablement améliorée dans les secteurs primordiaux de la santé et de l’éducation. L’ensemble du système
scolaire a fait l’objet d’investissements considérables pour que l’école obligatoire devienne une réalité dans le pays. D’ici à 2020, plus de 3 400 nouvelles classes sont attendues dans le primaire, ainsi que 40 collèges de proximité et 7 lycées. Le secteur de la santé a également réceptionné d’importants équipements en 2017, alors que la couverture sanitaire est prévue pour s’étendre jusqu’en 2020. À cette date, le PS – Gouv aura atteint ses objectifs pour que l’ensemble des Ivoiriens puisse alors, à leur tour, recueillir les fruits de la croissance économique de leur pays.
LES FEMMES ET LES ENFANTS À L’HONNEUR de faciliter leur indépendance financière et de renforcer leur capacité entrepreneuriale pour mieux lutter contre le chômage.
la hausse du nombre de médecins et de sages-femmes depuis 2012
1000
milliards de FCFA
le budget accordé au PS – Gouv durant les deux années de sa durée
95
En pourcentage, le taux de scolarisation des enfants de 6 à 16 ans
15
Le nombre d’hôpitaux prévus pour voir le jour à travers l’ensemble du territoire
4 000 DR
Dans le long combat qu’elles mènent pour généraliser l’accès à l’école aux Ivoiriens et promouvoir l’égalité entre les deux sexes, les autorités peuvent compter sur le travail réalisé par la fondation « Chidren for Africa », créée par Dominique Ouattara en 1998, et complétée par le Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI), lancé en 2012. Grâce à cette fondation, les enfants bénéficient d’un toit, mais aussi d’une éducation de base. La Première Dame s’est également engagée dans la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Depuis sa création, le FAFCI a soutenu plus de 100 000 projets professionnels portés par des femmes. Ses objectifs sont d’augmenter les revenus des Ivoiriennes,
+100 %
O Dominique Ouattara a parrainé la Cérémonie
de baptême de la 53e promotion des élèves de l’ENA, le 19 juillet 2019.
En mégawatts, la puissance électrique installée dans les deux ans, soit le double d’aujourd’hui
JAMG/DF - PHOTOS : SUIVANT MENTION.
de grande consommation ; d’accroître l’accès des jeunes et des femmes à un emploi décent et stable ; créer le bien-être des populations en milieu rurale et assurer la sécurité alimentaire.
© MINISTÈRE DE LA RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
© RENAUD VAN DER MEEREN / LES ÉDITIONS DU JAGUAR
S Q La première ligne du futur métro d’Abidjan reliera Anyama à Port-Bouët.
Afrique subsaharienne
STRATÉGIE
WALDO SWIEGERS/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES
Absa cherche sa nouvelle ligne directrice
Malgré ses difficultés, le groupe enregistre une hausse de son chiffre d’affaires de 6 %.
Après le désengagement de Barclays, la banque sud-africaine peine à dessiner un projet commercial dans un contexte concurrentiel et économique tendu.
50
MARCIA KLEIN, au Cap
ibéré de l’emprise de son actionnaire historique, Barclays, et prévoyant l’arrivée prochaine de son nouveau directeur général, Absa Bank se trouve, en théorie, à un moment propice pour concevoir une nouvelle stratégie. Mais le groupe bancaire sud-africain continue de suivre la direction qu’il a annoncée au début de 2018. Et ce malgré la transformation permanente du secteur dans le pays, entre d’un côté l’arrivée de nouvelles banques en ligne et de l’autre les fermetures d’agences et les pertes d’emplois provoqués par la crise économique. Largement considérée comme la moins flexible des grandes banques sud-africaines et la moins attrayante pour les investisseurs, Absa Bank peine parfois à s’adapter aux aléas du marché. Cette année, elle se positionne au 5e rang de notre top 200, derrière ses principales rivales, Standard Bank et FirstRand. Les résultats pour le semestre clos en juin 2019, qui montrent une croissance de seulement 3 % des bénéfices et des dividendes, tendent à conforter cette
L
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
impression. Mais la banque explique que, au contraire, la sortie de Barclays a servi de catalyseur à sa « réinitialisation », permettant ainsi à la banque d’enfin « poursuivre une stratégie de croissance cohérente pour un fournisseur de services financiers en Afrique ». La stratégie qu’elle a présentée en mars 2018 mettait sa banque de détail sud-africaine, décrite comme « essentielle », au cœur de son projet de croissance. Absa en a simplifié le modèle opérationnel et l’organisation en y intégrant les activités de gestion de patrimoine, d’assurance, de distribution et de fiducie « afin de créer un point de vente unique réunissant tous les services bancaires et non bancaires ». Les derniers résultats indiquent que cette décision porte ses fruits. Les crédits immobiliers ont augmenté de 16 % au premier semestre de 2019, contre 7 % pour le marché dans son ensemble, tandis que les dépôts de détail ont augmenté de 12 %, contre une hausse de 9 % du marché.
« Abattre les cloisons »
Malgré un environnement opérationnel difficile, Absa tient à souligner que son chiffre d’affaires est aujourd’hui plus dynamique, avec un taux de croissance à 6 %. Mais le contexte lui est défavorable. Il est difficile de récupérer des parts de marché dans une économie dont la croissance ne dépasse pas 0,8 % et dans un secteur bancaire de plus en plus concurrentiel. Absa s’en défend et dit pouvoir « réorganiser [ses] activités pour réduire la bureaucratie et abattre les cloisons » dans l’ère post-Barclays. « Nous avons réduit les niveaux de gestion afin de rapprocher les dirigeants des salariés en première ligne et de leurs clients. Nous analysons les données pour mieux comprendre ces derniers et leur proposer, entre autres, des crédits qui répondent au mieux à leurs besoins. » « Je ne pense pas que la relation avec Barclays ait été bénéfique pour Absa », avance Waldo du Plessis, analyste chez
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Afrique subsaharienne STRATÉGIE
À Johannesburg, nombreux sont ceux qui prévoient l’arrivée de Daniel Mminele (photo) à la tête d’Absa en janvier 2020, six mois après son départ de la Banque centrale, où il était gouverneur suppléant. Lors de l’annonce de ses résultats provisoires, le 13 août, Absa a confirmé avoir choisi un nouveau directeur général, tout en déclarant que la réglementation en vigueur l’empêchait d’en révéler le nom. Daniel Mminele a travaillé pour African Merchant Bank et Commerzbank. Mais c’est à la Banque centrale qu’il œuvrait depuis déjà vingt ans, ce qui fait douter certains observateurs quant à son aptitude à diriger une banque
privée dans un cadre concurrentiel tendu. Interrogé par la presse locale spécialisée sur l’identité de son successeur, l’actuel directeur général par intérim de la banque, René van Wyk, a refusé de répondre. Mais il a indiqué que le voile pourrait être levé avant la fin de l’année et qu’il s’agissait d’un banquier sud-africain à l’ego non surdimensionné. « Il était très important pour nous de sélectionner un dirigeant qui ne pense pas être le centre du monde, a-t-il déclaré. Il nous faut un directeur général désireux de venir en aide à l’équipe en place. » M.K.
Nitrogen Fund Managers. Selon lui, les collaborations entre établissements financiers sud-africains et multinationales, telles qu’Investec avec Goldman Sachs ou Rand Merchant Bank avec Morgan Stanley, « sont parfois à sens unique ». La société sud-africaine ne sert souvent qu’à mettre en œuvre la politique africaine de la multinationale, les avantages réciproques étant moins évidents, affirme-t-il. La rupture avec Barclays serait donc une bonne chose. « Mais la banque a également dû faire face au départ de sa PDG, Maria Ramos, nuance-t-il. Et l’économie est à genoux. »
Opportunités à l’étranger
LA RELATION AVEC BARCLAYS N’A PAS ÉTÉ BÉNÉFIQUE POUR LE GROUPE. CES COLLABORATIONS AVEC DES MULTINATIONALES SONT PARFOIS À SENS UNIQUE. WALDO DU PLESSIS, analyste chez Nitrogen Fund Managers
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Absa a nommé René van Wyk, jusqu’alors membre non exécutif du conseil d’administration, directeur général par intérim, en attendant l’arrivée de son nouveau patron, au début de 2020 (lire ci-dessus). Reste à savoir s’il apportera des changements radicaux, alors que le chômage monte en flèche et que les entreprises, même les plus importantes, sont frappées par la crise. « Chaque secteur a ses défis, concède la banque. Même si la situation économique est difficile, les gens auront toujours besoin de produits bancaires. » Selon elle, des opportunités de croissance restent donc accessibles. Mais il faudra sans doute les saisir hors des frontières sud-africaines, la croissance étant plus nette dans le reste de l’Afrique subsaharienne. Les activités d’Absa sont réparties dans douze pays, avec des participations majoritaires dans des banques au Botswana, au Ghana, au Kenya, à Maurice, au
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Mozambique, aux Seychelles, en Afrique du Sud, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie. La banque possède également des bureaux de représentation en Namibie et au Nigeria, ainsi que des activités d’assurance au Botswana, au Kenya, au Mozambique, en Afrique du Sud, en Tanzanie et en Zambie. Ses résultats intermédiaires hors Afrique du Sud ont ainsi augmenté de 8 % l’an dernier, la part des résultats du groupe qu’elles représentent ayant grimpé de 13 % en 2013 à 21 %. Le succès au Kenya de son application de banque mobile Timiza constitue « un exemple de la façon dont nous saisissons ces opportunités » à l’étranger, se félicite le groupe. Lancée en mars 2018, Timiza a séduit plus de 3,4 millions d’utilisateurs en un an. Absa affirme que sa stratégie a été conçue « en tenant compte du fait que la concurrence ne ferait qu’empirer » et dit se distinguer de ses concurrents grâce à « une bonne diversification en matière de produits, d’activités commerciales et d’implantations géographiques », et « une connaissance approfondie des marchés ». L’analyste Waldo du Plessis est plus sceptique : « Absa a déclaré qu’elle avait une stratégie de croissance ambitieuse, portée par ses activités à l’étranger, mais elle devra lever des fonds en dollars sur le marché de la dette pour y parvenir. » Il doute de l’efficacité du positionnement du groupe. Même aidée par le départ de Barclays, « où Absa peut-elle aller dans un environnement économique morose, où elle n’est en avance sur aucun de ses principaux concurrents? » s’interroge-t-il.
S.NKWALI/GALLO IMAGES VIA GETTY IMAGES
PDG MYSTÈRE
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JEAN-PIERRE BORIS
ÉCO D’ICI, ÉCO D’AILLEURS SAMEDI 10H10 ET 17H10 TU Tous les premiers samedis du mois, en partenariat avec Jeune Afrique, une personnalité du monde politique ou des affaires décrypte les enjeux de l’économie du continent africain et l’actualité du moment.
@jpboris
Afrique subsaharienne
NOUVEL ENTRANT BANQUES
La refonte de Bank of Abyssinia porte ses fruits
Anticipant l’ouverture du système bancaire éthiopien à la concurrence étrangère, finalement ratifiée cette année, la cinquième plus grande banque du pays a consolidé ses fondements et amélioré sa profitabilité. 2018, dont la moitié sont établis dans la capitale, Addis-Abeba. Cependant, le groupe, présidé par Ato Bekalu Zeleke, vise également les zones rurales, qui représentent un potentiel de croissance important, affirme un cadre supérieur de la banque.
MICHAEL TEWELDE POUR JA
Étudiants et agriculteurs
Selon notre source, la banque ciblerait maintenant les étudiants, les agriculteurs, ainsi que les résidents à l’étranger, dont Rang les transferts financiers dans les 200 représentent une e manne significative pour les réserves Nationalité : éthiopienne en devises étranDate de création : 1996 gères du pays. Total de bilan : BOA détient 340 points de vente, dont la moitié à Addis-Abeba. Pour attirer un 1 112 millions de dollars plus grand nombre PNB : ND TARIK YANMI aux investisseurs de clients, la direction étrangers et où le de l’établissement, qui a nitialement étalé sur quatre ans, taux de bancarisation démarré ses activités de banque le plan de restructuration de Bank se limitait à seulement 35 % commerciale en 1996, a identifié of Abyssinia (BOA) a permis à de la population adulte en 2017, de nouveaux segments inexploités l’établissement financier d’augselon la Banque mondiale. par la concurrence, et qui pourraient menter ses parts de marché, Pour capter de nouveaux clients constituer des relais de croissance, le hissant ainsi parmi les plus dans un marché dominé par la notamment les crédits à la consomgrandes banques du continent banque étatique Commercial Bank mation. Ces derniers comptent pour jusqu’au 179e rang du top 200. of Ethiopia, BOA a lancé en 2014 un moins de 10 % du total des prêts, Avec 1,1 milliard de dollars d’actifs plan stratégique en partenariat avec selon une étude de Cepheus Research en juin 2018, BOA est la cinquième Deloitte Consulting, avec comme & Analytics publiée en mai 2019. plus grande banque d’Éthiopie. Un priorité le développement de son Depuis le déploiement du plan pays de près de 105 millions d’habiréseau de distribution. Celui-ci a été de développement, qui compte tants dont l’économie figure parmi étoffé de 32 nouveaux points de vente également une composante les moins ouvertes du continent dès 2015. Il en comprend 340 depuis ressources humaines, et notamment
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une revalorisation des salaires, le nombre de comptes bancaires a atteint 1,1 million en juin 2018. En captant 25,8 milliards de birrs (environ 796 millions d’euros) de dépôts, les banquiers ont pu octroyer des crédits de l’ordre de 18 milliards de birrs, selon des données publiées par BOA. Le bénéfice net durant l’exercice comptable 2018, qui s’achève en juin 2019, s’est amélioré de 10 %, pour atteindre 562,8 millions de birrs. Cependant, et malgré l’amélioration du résultat financier, l’équipe dirigeante a opté pour une politique de distribution plus prudente dans le but de consolider les capitaux propres, réduisant le dividende annuel par action à 6,1 birrs, contre 8,7 birrs lors de l’exercice précédent.
Ouverture progressive
Au-delà de son plan de restructuration, la banque a été aidée par la forte croissance économique du pays, son PIB ayant augmenté de 9,9 % par an en moyenne ces dix dernières années, selon la Banque mondiale. Avec un taux de croissance en légère baisse l’an dernier, à 7,7 %, l’Éthiopie reste néanmoins l’une des économies les plus dynamiques du continent. Parmi les neuf établissements de crédit éthiopiens dans le top 200, cinq font partie du classement pour la première fois, représentant la plus forte percée d’un pays du continent. À l’été 2019, le Parlement éthiopien a ratifié un projet de loi soumis par le gouvernement du premier ministre réformiste, Abiy Ahmed, qui vise à une ouverture progressive du secteur bancaire aux investissements étrangers. La première étape se limite cependant à autoriser les résidents à l’étranger à acquérir des actions dans des banques locales, ce qui ne devrait pas permettre de renforcer la concurrence dans l’immédiat.
AVIS D’EXPERT
COMMUNIQUÉ
Développer des fonds de private equity en Afrique U
n continent plus grand que les États-Unis, l’Eu-
rope, la Chine, l’Inde et le Japon réunis, et qui connait les transformations parmi les plus importantes au monde,
Alexandre Alfonsi, Associé et co-fondateur d’Axonia Partners
verra-t-il grandir les fonds de private equity ?
corporate,ou privés,prêts à investir
Quand des méga-fonds de 10 mil-
en Afrique notamment pour des
liards USD se lèvent chaque mois raisons stratégiques. dans le monde, les fonds de private Ces acteurs souhaitent aujourd’hui equity africains peinent à collecter participer aux changements maau total entre 2 et 4 milliards USD jeurs qui s’opèrent sur le continent, chaque année. On dénombre près et contribuer à l’éclosion de projets
de 8000 équipes de private equity
ambitieux notamment dans les au niveau mondial, mais à peine énergies renouvelables, la santé, plus de 200 établies en Afrique. l’éducation, les services financiers, Depuis 2007, nous levons des les infrastructures, ou l’agro-alifonds aux côtés d’équipes de mentaire. Ils participent ainsi, au private equity expérimentées et
travers d’équipes expérimentées,
de sociétés établies en Afrique, au développement du private et mesurons pleinement les ré- equity en Afrique. serves usuelles des investisseurs internationaux. Forts de nos succès sur la vingtaine de projets sur lesquels nous sommes intervenus, nous voyons
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graduellement apparaître de nou-
Afrique subsaharienne
TRIBUNE
L’Afrique, paradis des fintechs L
SACHA HERON/TAGWORLD
a banque de détail est en train de vivre une transformaefforts sur une population en particulier. La banque doit tion fondamentale avec l’arrivée de la banque numérique. donc être capable de permettre à ces nombreuses fintechs L’Afrique est au cœur de cette transformation. À tel point d’utiliser des méthodes fondamentales indispensables à leur qu’on peut dire que la Silicon Valley de la banque n’est désordéploiement comme la gestion de compte, le contrôle de mais plus en Californie mais bien sur le continent. l’identité des clients, la sécurisation des transactions ou la L’Afrique, dont une large majorité de la population n’est mise en conformité avec la réglementation locale. pas bancarisée, n’est pas confronté à toutes les réticences Il en va de leur responsabilité d’utiliser des architectures au changement qui caractérisent les pays occidentaux, suréinformatiques ouvertes offrant les fameuses interfaces de quipés en offres bancaires. Tout détenteur d’un téléphone programmation d’applications, pour permettre à tous ces portable aura bientôt accès à un service bancaire nouveau, nouveaux acteurs de se connecter à leur système bancaire soutenu par des centaines de sociétés de et de se développer en osmose avec celui-ci. technologie financière – ou « fintechs » – qui C’est la raison d’être de la banque digitale. innovent sur ce marché. La banque du futur Les fintechs africaines dépendent donc s’invente en Afrique sous nos yeux. directement de la capacité des banques à se En utilisant les technologies et procédures numériser. de leurs pairs occidentaux, les banquiers du continent n’ont jusqu’à présent pu servir que up, établissement de paiement en Afrique 10 % à 15 % des Africains, c’est-à-dire les perde l’Ouest, est par exemple né d’un parsonnes les plus aisées. La banque digitale, en tenariat entre la Société générale et la finutilisant l’infrastructure mobile et les toutes tech TagPay, que je dirige. Cette entreprise Yves Eonnet dernières technologies, va permettre à la utilisant les toutes dernières technologies a Fondateur et PDG de majorité de la population active d’accéder développé un nouvel écosystème bancaire et TagPay. Coauteur de aux services financiers les plus performants. a lancé un laboratoire d’innovations afin de Fintech : les banques soutenir les fintechs de la région. Les chiffres contre-attaquent ette transformation représente une opporparlent d’eux-mêmes : Jokkolabs, un réseau tunité évidente, mais aussi une grande de soutien à l’innovation qui s’est associé à responsabilité : permettre à une classe elle, a déjà accompagné plus de 400 start-up moyenne émergente d’avoir accès aux serà travers huit pays du continent. Yup a égavices indispensables à son développement, qu’il s’agisse lement permis à la fintech sierra-léonaise Mosabi de propode l’épargne, des prêts ou des assurances, afin de sortir de ser à ses clients une application de formation à la gestion l’économie informelle. financière et à Webbi de s’adapter aux besoins particuliers Pour satisfaire sa nouvelle clientèle, la banque de détail doit des pêcheurs de Dakar. proposer des offres de plus en plus spécialisées. Nous sommes La banque numérique va faire sortir la banque de la passés de la logique d’« une même banque pour tous », à culture du coffre-fort, dont le seul objectif était de s’isoler laquelle chacun doit s’adapter, à celle d’« une banque pour du monde extérieur, pour la faire entrer dans la culture chacun », qui doit comprendre les attentes des clients segdes écosystèmes, où l’objectif premier est la mise en place ment par segment et s’adapter à leurs besoins. Que ce soit les de partenariats. Dans ce nouveau monde, la banque doit mères de famille, les employés, les nombreux entrepreneurs accepter de partager revenus et clients avec les sociétés de individuels, les détaillants, les retraités ou encore les étudiants, technologie financières, afin d’améliorer ses offres. On ne tous ont des besoins propres auxquels il faut savoir répondre. bancarisera pas la classe moyenne émergente sans lui offrir Pour y parvenir, des centaines de sociétés technologiques le service qu’elle convoite, et on n’y parviendra pas sans l’apémergent, chacune ayant pour mission de concentrer ses port des fintechs.
C
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Y
RAMZI BOUDINA/REUTERS
MAGHREB & MOYEN-ORIENT
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Siège de la Banque d’Algérie, dans la capitale.
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66 Stratégie Comment la BIAT se maintient au sommet
70 Maroc Richbond rejoint l’aventure Cash Plus
72 Portrait Inébranlable Abdellatif Jouahri
76 Commerce Afreximbank gagne le Nord
Vers un printemps bancaire? ALGÉRIE
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Maghreb & Moyen-Orient ALGÉRIE
Sous l’impulsion du mouvement populaire contre le régime et face au manque de liquidité, les opérateurs économiques espèrent une débureaucratisation et une modernisation du système bancaire. DJAMILA OULD KHETTAB, à Alger
N
«
ous sommes dans l’obligation d’ouvrir notre marché bancaire à la concurrence nationale et internationale », lance sans détour Hassen Khelifati, PDG d’Alliance Assurances. Le président fondateur de la première société privée à avoir été cotée à la Bourse d’Alger se fait ainsi l’écho des attentes de nombreux chefs d’entreprise algériens. Alors qu’un souffle démocratique balaie le pays depuis février 2019, et a poussé le président Abdelaziz Bouteflika vers la sortie, beaucoup d’opérateurs économiques espèrent une modernisation du système bancaire, jugé trop verrouillé. Leur cheval de bataille : la débureaucratisation de ce marché, où les six établissements détenus par l’État se taillent la part du lion. « On ne peut pas prétendre développer un marché moderne et avoir 90 % de celui-ci dominé par des banques publiques, qui obéissent au fonctionnement de l’administration publique, soutient Hassen Khelifati. Il faut libéraliser, en instaurant des mécanismes de contrôle gérés par les institutions monétaires, comme la Banque d’Algérie, et complètement déconnectés des ministères. »
PARTS DE MARCHÉ DES PRINCIPALES BANQUES PRIVÉES (EN %) encours de crédit
dépôts 2,54
Société générale
3,02 1,73
Gulf Bank Algeria (AGB)
2,29 1,85
BNP Paribas Natixis
NOMBRE D’AGENCES (EN 2016) Total : 1 489
2,18 0,89 1,47
LES BANQUES PUBLIQUES REPRÉSENTENT
1 134
détenues par les établissements publics
la quasi-totalité des crédits au secteur public
Privatisation partielle
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355
détenues par les établissements privés
75 % des crédits au secteur privé
NOMBRE DE COMPTES 12 millions
95 % du marché du crédit hypothécaire EFFECTIFS DU SECTEUR (EN 2016) 34 297 collaborateurs
dont 6 500 employés par les banques privées
BANQUE D’ALGÉRIE ET CALCULS DE RACHID SEKAK
Libéraliser, mais jusqu’à quel point ? En Algérie, l’idée de privatiser des banques publiques est loin de faire consensus. Rachid Sekak, ancien directeur de HSBC Algérie et de la dette extérieure à la Banque d’Algérie, est lui favorable à une ouverture du capital du Crédit populaire d’Algérie (CPA) et de la Banque de développement local (BDL). « Ces deux banques sont déjà les plus exposées à la concurrence du secteur privé. Et une telle privatisation permettra d’alimenter la Bourse, dont la profondeur est actuellement ridiculement faible », soutient le cofondateur du cabinet de conseil SL Finances. Vingt ans après la première cotation boursière (l’entreprise Eriad Sétif a ouvert 20 % de son capital en 1999, avant de se retirer, en 2006), la Bourse d’Alger peine à décoller. Elle compte seulement six titres – EGH El Aurassi, NCA Rouiba, Biopharm, AOM Invest, Saidal et Alliance Assurances – qui totalisent une capitalisation de 45 milliards de dinars (moins de 340 millions d’euros), soit 0,2 % du PIB. D’autres penchent plutôt pour une privatisation partielle. « On peut s’orienter vers un modèle mixte : d’un côté, une partie du capital d’une banque publique peut être placée en Bourse pour permettre aux particuliers
Maghreb & Moyen-Orient ALGÉRIE
CORBIS VIA GETTY IMAGES
Après avoir fait imprimer plus de 6 500 milliards de dinars en deux ans, le gouvernement a décidé d’arrêter de faire tourner la planche à billets.
algériens d’acheter des actifs. De l’autre, une portion peut être gardée par l’État, et un pourcentage du capital peut être proposé aux acteurs internationaux », propose Hassen Khelifati, selon qui le pays ne peut faire l’économie d’une « expertise internationale dans le domaine ». Mais, pour beaucoup, la question reste prématurée. « Il faut d’abord mettre fin à la spécialisation des banques publiques et booster la concurrence entre elles », estime un cadre d’une banque internationale, sous le couvert de l’anonymat. Divisés sur le sujet, les experts s’accordent sur l’urgence de dépoussiérer le secteur. Il faut dire que les indicateurs sont au rouge. Car en lançant une opération de lutte contre la corruption, inédite par son envergure, conduisant à l’arrestation de deux anciens chefs de gouvernement, de plusieurs ex-ministres, de patrons parmi les plus influents du pays et de deux dirigeants de banques publiques, les autorités algériennes ont provoqué un séisme dans le milieu des affaires, avec des répliques se faisant ressentir jusque dans le secteur bancaire. En première ligne, les banques qui détiennent des encours auprès d’entreprises dont les dirigeants ont récemment été placés en détention provisoire. Le non-paiement de ces dettes pourrait accentuer le problème de liquidité auquel les établissements bancaires
font face depuis la baisse du prix du baril de pétrole. Pour stopper l’hémorragie, la Banque d’Algérie a eu recours à partir de 2017 au financement non conventionnel, imprimant en l’espace de deux ans plus de 6 500 milliards de dinars (49 milliards d’euros). « Le financement non conventionnel est un soin palliatif et non une solution structurelle », estime Mohamed Nazim Bessaih, vice-président de la Commission banque d’ICC Algérie. Le gouvernement a d’ailleurs décidé d’arrêter de faire tourner la planche à billets, selon le Journal officiel de juillet 2019. Une orientation politique confirmée dans l’avant-projet de loi de finances 2020.
L’OPÉRATION DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION QUI SECOUE LE MILIEU DES AFFAIRES N’A PAS ÉPARGNÉ LE SECTEUR BANCAIRE.
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Aggravation du risque de crédit
Secoué à la fois par une crise politique liée au soulèvement populaire contre le régime et par un ralentissement de l’économie, dopée aux hydrocarbures, le secteur bancaire voit son horizon s’obscurcir. Et cette évolution paraît irréversible. « La morosité économique se traduira, au moins à court terme, par une aggravation du risque de crédit, notamment à cause d’une accumulation d’arriérés pour de nombreuses entreprises, prévient Rachid Sekak. Un tel contexte conduira inéluctablement à la dégradation du portefeuille des banques, à une hausse sensible des NPLs (créances douteuses) et des provisions associées.
Maghreb & Moyen-Orient ALGÉRIE
La rentabilité des banques sera ainsi affectée, et leur solvabilité s’effritera, au moins en 2019 et en 2020. Certaines banques étrangères pourraient avoir des difficultés à mettre à niveau leur capital dans le cadre des nouvelles normes édictées par la Banque d’Algérie. Une telle situation va rendre complexe le pilotage du secteur dans les prochaines années et renforce l’urgence d’agir et de restructurer. »
Sous pression, les banques sont contraintes d’aller chercher des ressources ailleurs, notamment dans la sphère informelle. Le défi est de taille. Selon la Banque d’Algérie, la monnaie fiduciaire représente 30,8 % de la masse monétaire, soit 5 000 milliards de dinars, dont presque 2 000 milliards sont thésaurisés ou circulent hors des canaux bancaires. « Tous les flux financiers non bancarisés privent les secteurs bancaire et financier de ressources qui pourraient bien être utilisées pour financer l’investissement », souligne Mohamed Nazim Bessaih. Et de préconiser l’élargissement du réseau bancaire : « Le pays demeure sous-bancarisé, mais le marché est profond. L’Algérie est tout de même la quatrième économie du continent. » « Le taux de pénétration des agences bancaires est faible : il existe un guichet pour environ 25 000 habitants. Le secteur s’articulait à la fin de 2016 autour de 1 489 agences. À titre de comparaison, le Maroc disposait de 6 388 agences en 2018 et la Tunisie de 1 860 agences en 2017 », abonde Rachid Sekak. La solution ? « Supprimer l’autorisation préalable de la Banque d’Algérie pour leur ouverture », avance le consultant financier.
VIDEO GIE/YOUTUBE
Solutions numériques
Madjid Messaoudene, administrateur du GIE Monétique, chargé de la régulation du système interbancaire.
LE PAIEMENT MOBILE EN 2020 Afin d’accélérer la bancarisation, l’Algérie passera au paiement mobile au début de 2020. Le Groupement d’intérêt économique de la monétique (GIE Monétique) a annoncé plancher sur le développement d’une application mobile reliée au réseau interbancaire. Celle-ci permettra de procéder à des opérations de paiement de proximité dans les espaces commerciaux physiques. Alors que le taux de pénétration des smartphones atteint 111 %, ce nouveau mode de paiement pourrait s’implanter plus facilement que le paiement électronique, à la traîne deux ans après son lancement.
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D’après la loi de finances 2019, les commerçants ont jusqu’au mois de décembre pour s’équiper d’un terminal de paiement électronique (TPE), sous peine d’être sanctionnés. Difficile de croire que cette échéance sera respectée, étant donné que moins de 20000 boîtiers ont pour l’instant été installés, alors qu’on compte 1,5 million de commerçants potentiellement concernés. « Nous sommes loin des objectifs à cause du prix élevé des TPE et de leur faible disponibilité sur le marché », admet Madjid Messaoudene, administrateur du GIE Monétique. D.O.K.
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Mohamed Nazim Bessaih va plus loin, appuyant l’idée d’un « toilettage du cadre réglementaire pour se diriger vers une ouverture graduelle du marché. Il faut permettre aux banques d’innover en matière de produits, et le contrôle de la Banque d’Algérie doit intervenir a posteriori ». De cette manière, les établissements seront encouragés à diversifier leur offre, en incluant de nouveaux services comme l’affacturage ou l’offshoring. « La gamme des produits proposés est étroite et ce aussi bien en direction des particuliers que des entreprises. Elle est quasiment identique d’une banque à l’autre », déplore Rachid Sekak. Reste encore à développer les solutions numériques, « la locomotive du train de réforme du secteur », selon plusieurs observateurs. « La numérisation permettra de favoriser l’inclusion financière d’une large part de la population », prévoit Mohamed Nazim Bessaih. Depuis deux ans, l’Algérie amorce un timide virage vers le mode de paiement électronique. En juillet 2019, le pays comptait 6,5 millions de porteurs de cartes, dont 1,5 million de cartes interbancaires (CIB). Concernant l’e-paiement, 40 000 mots de passe avaient été distribués aux clients, selon le Groupement d’intérêt économique de la monétique (GIE Monétique), chargé de la régulation du système monétique interbancaire. Jusqu’ici, l’e-paiement est restreint à une trentaine d’opérateurs. Résultat, ce mode de paiement tarde à s’inscrire dans les habitudes des consommateurs algériens. Le GIE Monétique n’a enregistré que quelque 90 000 opérations de paiement en ligne et 120 000 transactions par terminal de paiement électronique (TPE) depuis le début de l’année. L’ouverture se fera, semble-t-il, à petits pas.
COMMUNIQUÉ
AVIS D’EXPERT
Swiss Reinsurance Company Ltd Ivory Coast,Avenue Crozet, Immeuble XL Plateau, 6e étage 01 BP 2785 Abidjan, Côte d’Ivoire Tél. : +225 20 30 92 26 Email :Awa_Kone@swissre.com
En réduisant les barrières d’accès, le digital peut contribuer à accélérer la croissance du marché de l’assurance en Afrique Pouvez-vous présenter
Le secteur de l’assurance en Afrique
la compagnie ?
fait face encore à des difficultés
Swiss Reinsurance Company
telles que la faible acceptation de
(Swiss Re) est un leader de la
l’assurance par manque de confiance
réassurance qui a plus de 150 ans
des populations, la faiblesse de leur
d’existence puisqu’elle a été fondée
pouvoir d’achat et la faible acces-
à Zurich en 1863. Nous sommes
sibilité des produits d’assurance
impliqués en Afrique depuis une
qui lorsqu’ils sont répandus ne
cinquantaine d’années et avons
répondent pas toujours aux besoins
récemment entrepris un processus
de la population.
de redéploiement progressif de nos opérations sur le continent afin de
Néanmoins l’émergence rapide d’une
renforcer notre présence et raffermir
classe moyenne africaine, l’urba-
nos liens avec nos partenaires Afri-
nisation grandissante, la création
cains. En 2018, nous avons ouvert
d’un marché unique à l’échelle du
une filiale à Johannesburg et, en
continent (Zone de Libre Échange
octobre 2019, nous avons ouvert un
Continentale Africain), le taux d’uti-
bureau de souscription de réassu-
lisation de plus en plus élevé de la
rance à Abidjan pour servir l’Afrique
téléphonie mobile de même que la
de l’Ouest et centrale.
digitalisation grandissante des tran-
Awa Koné, Regional Head West Africa, VICE PRESIDENT
portunités pour y apporter de réelles innovations. Dans ces conditions, quelle est votre stratégie ? Notre objectif est, au-delà de nos services de bases (réassurance vie et non vie), d’apporter nos compétences et l’expérience acquise dans d’autre pays et continents. Nous voulons aussi élaborer, conjointement avec
En Afrique, le marché de l’assurance enregistre actuellement une croissance de 9 % par an.
lutions adaptées aux besoins des
En quoi le marché africain
sactions financières du type mobile
de l’assurance paramétrique, qui
nos partenaires, de nouvelles soclients africains, dans des domaines tels que, par exemple, l’application
est-il intéressant ?
money créent des opportunités crois-
couvre les conséquences financières
Le taux de pénétration de l’Assu-
santes de développement du secteur
des aléas climatologiques, dans le
rance en Afrique reste toujours
de l’assurance et de la réassurance
secteur agricole ou l’établissement
en Afrique.
de nouveaux outils digitaux de
une croissance globale rapide, de
C’est le bon moment pour intégrer
même que des solutions de gestion
9 % par an.
ce marché de par ces multiples op-
de capital.
faible, puisqu’il représente moins de 1 % du PIB, mais le secteur enregistre
distribution et de souscriptions, de
Maghreb & Moyen-Orient
STRATÉGIE
Comment la Biat se maintient au sommet
NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM
À Tunis, le siège de l’entreprise, qui affichait un PNB de 453 millions de dinars au premier semestre de 2019.
Chaque année, l’établissement tunisien truste les premières places du secteur bancaire. Une hégémonie qui devrait perdurer, même si ses concurrents progressent…
66
MATHIEU GALTIER, à Tunis
a Biat, encore et toujours première. Si l’économie tunisienne suit des montagnes russes depuis 2011, certains repères demeurent solidement ancrés : la suprématie de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) en fait partie. Au premier semestre 2019, l’établissement dirigé par Mohamed Agrebi affichait un produit net bancaire (PNB) de 453 millions de dinars (135 millions d’euros), soit près de 50 % de plus que la Banque nationale agricole (BNA), détenue par l’État. L’écart n’a cessé de se creuser depuis une douzaine d’années, après l’arrivée du groupe Mabrouk (spécialisé entre autres dans l’agroalimentaire, la grande distribution et le marché automobile) comme actionnaire de référence de la
L
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Biat. Jusque-là, la banque souffrait d’un manque de vision. Née en 1976 de la fusion entre la Société marseillaise de crédit et HSBC Bank Middle East, la Biat a eu pour fondateurs Habib Bourguiba Jr., fils du père de l’indépendance, et Mansour Moalla, ex-ministre du Plan et des Finances. Ces personnalités prestigieuses ont attiré les investisseurs étrangers, sûrs de trouver dans la Biat un projet solide. Au cours des années 1980 et 1990, des fonds émiratis, saoudiens ainsi que la banque française BNP Paribas et l’italienne San Paolo di Torino ont apporté des fonds mais brouillé la politique de développement de l’entreprise. Il faudra attendre 2007 pour que le groupe Mabrouk, qui acquiert alors 40 % du capital, lui apporte enfin une stratégie claire. Commercialement, la direction multiplie les ouvertures – passant de
122 agences en 2008 à 204 en 2018 – pour mieux servir les particuliers et les entreprises. Un choix efficace: « En une décennie seulement, et ce malgré les chocs, la Biat a plus que doublé ses principaux agrégats », explique Yoann Lhonneur, directeur associé du cabinet Devlhon Consulting. « Elle a creusé la distance avec ses concurrents en surperformant le marché de plus de 40 % en ce qui concerne la croissance du PNB sur le long terme. Elle a su mettre en place dès 2009 sa stratégie d’efficacité commerciale sur ses principaux segments. »
Fondamentaux solides
Sa réussite repose d’abord sur des fondamentaux solides, comme les dépôts et les crédits. La Biat, qui reste discrète – ses dirigeants n’ont pas souhaité nous répondre –, a profité de la déliquescence progressive des banques publiques, qui dominaient le marché jusqu’au tournant des années 2000, pour se hisser plus rapidement au sommet. Encore fallait-il s’y
maintenir. Au lendemain de la révolution de 2010-2011, des contempteurs dénoncent des collusions entre le gouvernement tunisien d’alors et la famille Mabrouk, notamment Marouane, frère d’Ismaël – le président de la Biat –, membre du conseil d’administration et ex-gendre de Ben Ali… Mais la cour de cassation déclare en 2012 que le rachat du groupe par les Mabrouk était licite. L’essor de la banque ne relève pas d’une proximité avec l’ancien régime – même si, à l’époque, ces liens ne l’ont pas desservie –, mais de sa prudence. « La Biat est restée concentrée sur les produits traditionnels de la banque et de l’assurance, analyse Ranya Gnaba, spécialiste de la Biat au sein du cabinet Alpha Mena. Elle n’a donc pas eu à souffrir des difficultés que connaissent les secteurs du leasing et de la finance islamique en Tunisie. Cette stratégie l’a prémunie contre le ralentissement de la croissance du PNB et l’assèchement des liquidités. » Sur les produits financiers, sa prévoyance lui a permis de limiter les
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Maghreb & Moyen-Orient STRATÉGIE
9 259 14,2 7 800 12,8
834,5 19,1
553,8 12,7 BIAT
Banque nationale agricole (BNA)
9 119 13,9 7 133 6 357 10,9 10,4
473,4 10,8
D’un côté, des indicateurs macroéconomiques négatifs depuis 2011: l’encours de la dette publique a dépassé les 71 % du PIB en 2018, entraînant un assèchement des liquidités critique, au point que la Banque centrale de Tunisie a dû, en 2018, refinancer les établissements bancaires à hauteur de 16 milliards de dinars (5 milliards d’euros), un record. De l’autre, une bonne santé insolente: de 2014 à 2018, les douze banques cotées ont progressé de 125 % sur le marché boursier. Cette bulle devrait disparaître en douceur en 2020, selon Tunisie Valeurs. Dans une note publiée au second semestre, l’intermédiaire en Bourse prédit qu’au vu du resserrement des liquidités, de la réglementation bancaire plus contraignante et d’une supervision prudentielle plus rapprochée on se dirige « vers une nouvelle normalité: un ralentissement sans rupture de croissance ». M.G.
68
455,7 10,4
Société tunisienne de banque (STB)
LA FIN D’UN PARADOXE
6 551 10,7
BH Bank
6 761 11,1
5 929 5 440 5 517 9,1 5 334 9 8,3 4 689 8,2 7,7
436,4 10 % Attijari Bank
374,7 8,6 Amen Bank
362,7 8,3
Parts de marché Parts de marché Parts de marché
(en millions de dinars)
(en %)
4 445 4 655 7,6 4 155 3 745 6,8 6,4 6,1
327,6 7,5
Union internationale de banques (UIB)
246,4 5,6
Banque de Tunisie (BT)
créances douteuses à 5,5 %, contre une moyenne de 11,9 % pour les établissements cotés en Bourse. « La Biat se distingue grâce à des fondamentaux solides, fruit à la fois d’un modèle opérationnel fort et d’une cohérence dans son exécution. Elle jouit ainsi d’un avantage compétitif lié à la qualité de son organisation et à ses compétences », poursuit Yoann Lhonneur. Longtemps, les banques tunisiennes ont acheté à tour de bras des bons du Trésor assimilables (BTA), permettant à l’État de se refinancer. Mais avec la dégradation de la note de la Tunisie, l’actif, traditionnellement considéré comme sûr, est en passe de devenir une obligation à haut risque, selon un rapport publié en 2018 par la société de gestion Maxula Bourse. Un risque dont, là aussi, la Biat a su se prémunir en gérant ses affaires « en bon père de famille ». « Les BTA représentent moins de 8,5 % de ses actifs, ce qui est faible comparé aux autres banques, confirme Ranya Gnaba. De plus, ces bons sont classés dans le portefeuille d’investissements, ils ne sont pas soumis aux variations du marché. La banque ne craint donc pas la spéculation. » La Biat a aussi su se positionner sur le juteux marché que représentent les Tunisiens résidant à l’étranger. Une « brèche finement explorée », salue Yoann Lhonneur. Depuis 2015, la Biat est présente en France pour capter une clientèle riche en devises, qui revient régulièrement au pays. La banque propose également des comptes en devises et des crédits immobiliers – les expatriés investissent
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PNB des banques cotées Encours de dépôts Encours des crédits
2 626 2 754 4,3 4,2
228,4 5,2
642 733 1,1 1,1
48,4 1,1
Union bancaire Banque Arab Tunisian pour le commerce de Tunisie et l'industrie et des Émirats Bank (UBCI) (BTE) (ATB)
285 402 0,5 0,6 25,1 0,6 Wifak Bank
fortement dans la pierre en Tunisie – à taux compétitifs. Attention toutefois de ne pas se reposer sur ses lauriers. « Les clients sont exigeants sur les services fournis par le leader du secteur, avertit Ranya Gnaba. Or ces services ne sont pas à la hauteur : l’usager doit toujours, à un moment ou à un autre, se déplacer dans les agences, ce qu’il voudrait éviter à tout prix. » Chez Attijari Bank, les professionnels peuvent ainsi bénéficier d’un compte 100 % digital.
Audace ou prudence ?
Ranya Gnaba recommande pour la Biat un rapprochement avec une autre banque de la place dans le cadre d’une « concentration ou acquisition ». L’arrivée en Tunisie d’une autre grande société du royaume chérifien, la Banque centrale populaire (BCP), après le rachat de 60 % des parts de la banque mixte BTK (Banque tuniso-koweïtienne) auprès du français BPCE, « pourrait contribuer à faire évoluer la donne », souligne Yoann Lhonneur. Pour lui, le marché tunisien a constitué « un excellent laboratoire » pour la Biat, mais il est temps d’« aller plus loin dans le domaine numérique, en vue de s’aligner sur les standards internationaux et de faire évoluer son modèle opérationnel en conséquence ». La possibilité d’une augmentation de capital est de plus en plus évoquée dans le petit monde financier tunisien. La balle est dans le camp du conseil d’administration : qui, de l’audace ou de la prudence, va l’emporter ?
SOURCE : TUNISIE VALEURS
LEADER DU SECTEUR BANCAIRE TUNISIEN EN 2018
11 513 18,8 10 677 16,3
Maghreb & Moyen-Orient
MAROC
Richbond rejoint l’aventure Cash Plus
HASSAN OUAZZANI POUR JA
La feuille de route ambitieuse de ce spécialiste du transfert d’argent, qui se prépare à se lancer à l’international, a su attirer un investisseur de poids.
EL MEHDI BERRADA, à Casablanca
e spécialiste marocain du transfert d’argent Cash Plus a accueilli en mai 2019 un nouvel actionnaire dans son tour de table. Conseillé par Burj Finance, le groupe Richbond, fondé en 1965 par la famille Tazi et opérant dans le textile, l’immobilier, l’agroalimentaire, la logistique et l’hôtellerie, fait entrer un nouveau secteur dans son portefeuille. Il a acquis 40 % du capital de l’entreprise, l’actionnariat étant complété par la famille Amar, fondatrice de l’entreprise (40 %), et par le fonds Mediterrania Capital Partners (20 %). La volonté de Cash Plus d’étendre ses activités à l’international a séduit la famille Tazi, qui multiplie les implantations hors du Maroc. « Richbond a cru en notre business plan et a voulu s’inscrire dans sa continuité », explique Hazim Sebbata, directeur général de Cash Plus. « Nous étudions des implantations en Afrique subsaharienne », poursuit-il. Et de préciser que les négociations sont avancées dans trois pays francophones. « Nous nous sommes associés à des partenaires locaux pour faciliter notre
L
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Hazim Sebbata est à la tête d’un réseau de 1 700 points de vente.
implantation », ajoute-t-il. Richbond, qui s’est déjà installé dans huit pays subsahariens, pourrait l’y aider. Depuis ses débuts, en 2004, Cash Plus nourrit de grandes ambitions malgré la forte concurrence dans le secteur du transfert d’argent, dominé par Wafacash, filiale du groupe Attijariwafa. L’entreprise a accru son réseau à une vitesse effrénée depuis 2014 et détient plus de 1 700 points de vente. Auxquels s’ajouteront de nombreux revendeurs de Richbond, qui deviendront des franchisés Cash Plus. « Le renforcement du réseau est un des piliers de notre stratégie. Et nous voulons garder le même rythme de croissance », prévoit Hazim Sebbata. Le patron souhaite aussi diversifier ses services et produits. En 2018, Cash Plus, qui revendique plus de 5 millions de clients uniques et qui anticipe un chiffre d’affaires de 250 millions de dirhams (environ 23 millions d’euros) à la fin de 2019, a obtenu l’agrément de la Banque centrale pour exercer l’activité d’établissement de paiement. La société pourra proposer la domiciliation des revenus et différents moyens de paiement, à l’exception des chèques et des lettres de change. « C’est une grande avancée dans le paysage financier marocain, et nous avons une large population non bancarisée à satisfaire », se réjouit Hazim Sebbata. Un marché de plusieurs millions de Marocains s’offre en effet à Cash Plus et à ses concurrentes, Wafacash, M2T, M2M et Maymouna Services Financiers. La banque centrale table sur un marché de 6 millions d’utilisateurs d’ici à 2024, pour un volume de transactions dépassant 1,3 milliard de dirhams.
OBJECTIF DIVERSIFICATION Si Richbond a voulu entrer dans le capital de Cash Plus et ainsi intégrer les services financiers, c’est pour bénéficier de leur proximité avec les consommateurs. « Notre groupe veut investir dans les métiers orientés vers
les ménages et présentant d’importantes perspectives de croissance », explique Richbond, qui emploie plus de 3 000 personnes sur douze sites industriels et 1 300 points de vente. EM.B.
Total bilan
1,7
USD milliard
PNB
155
USD millions
Part de marché +27%
Notre vision repose sur le fait que nous entendons réellement et clairement : produire un service innovant et de qualité ; attirer et fidéliser des employés compétents ; attirer et sécuriser des partenaires de qualité. A travers cette vision, nous voulons promouvoir : Traduit le mieux ce que nous avons démontré depuis notre création et ce que nous voulons pérenniser : notre leadership sur le marché bancaire de la République démocratique du Congo.
le partage mutuel de la responsabilité pour atteindre des objectifs durables ; la collaboration et la communication efficaces ; l’implication de chacun dans la démarche de l’entreprise ; l’interdépendance et l’esprit d’équipe, deux facteurs clés de notre succès ; la motivation et plus particulièrement l’auto motivation.
Chacun de ces mots, pris conjointement, expriment à la fois ce que nous aimons être “des leaders” et ce que nous aimons faire (entreprendre). Ils résument à la fois un programme d’actions et un critère de jugement de l’action individuelle et collective des Rawbankers. Cette vision traduit aussi nos pratiques de gestion, de management et de leadership. Elle exprime enfin la culture RAWBANK, à savoir l’entrepreneuriat.
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66 avenue Colonel Lukusa, Gombe - Kinshasa. République Démocratique du Congo.
Tél. +243 99 60 16 300 / Numéro gratuit : 4488
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Maghreb & Moyen-Orient
PORTRAIT
DAVID RODRIGUES
Chaque trimestre, après le conseil d’administration de Bank Al Maghrib, il livre son analyse à la presse.
Inébranlable Abdellatif Jouahri En poste depuis bientôt dix-sept ans, le gouverneur de la banque centrale du Maroc est connu pour son francparler et son conservatisme. Retour sur le parcours du « gardien du temple ».
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EL MEHDI BERRADA, à Casablanca
e rituel semble immuable. À la fin de chaque trimestre, une cinquantaine de journalistes ont rendez-vous au siège de la banque centrale, à Rabat, pour le point presse d’Abdellatif Jouahri, qui parachève le conseil d’administration de Bank Al Maghrib. Avant de retrouver sa place en bout de table, le gouverneur octogénaire prend généralement la peine de saluer l’assistance avec un large sourire avant d’amorcer une présentation qui peut durer presque deux heures, tenant en haleine banquiers, hommes d’affaires, politiciens, journalistes et simples citoyens. Avec lui, il faut s’attendre à tout : des bons mots, des réponses codées pour ses détracteurs, mais surtout des analyses de grande qualité. « C’est connu, il n’esquive aucune question et il a le courage de dire les choses comme il les sent. Ce qui est très rare au Maroc, surtout quand il s’agit de hauts fonctionnaires », nous confie le
L
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patron d’un journal local, habitué de ces conférences. Un franc-parler qu’Abdellatif Jouahri a toujours tenu à défendre, lui qui a été nommé gouverneur de la banque centrale en 2003 et qu’on surnomme « le gardien du temple ». D’ailleurs, le 29 juillet 2019, et comme chaque année à la même période, il a présenté au roi le rapport annuel de la banque centrale sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2018 et n’a pas hésité à se lancer dans une analyse très critique de l’état du pays. Selon lui, les performances de l’économie nationale restent insuffisantes pour répondre aux attentes sociales croissantes de la population. Il milite depuis de nombreuses années pour que le royaume chérifien adopte un nouveau modèle de développement. Le roi Mohammed VI semble lui avoir donné raison en octobre 2017 en exigeant qu’une réflexion soit engagée dans ce sens.
Grande fermeté
Abdellatif Jouahri a passé l’intégralité de sa longue carrière dans la sphère financière. Il débute à la banque centrale à l’âge de 23 ans, puis quatorze ans plus tard rejoint le gouvernement formé par Ahmed Osman comme ministre délégué auprès du Premier ministre,
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Maghreb & Moyen-Orient PORTRAIT
ITINÉRAIRE D’UN EXPERT 1939
Naît à Fès
1981
Prend la tête du ministère des Finances
1986
Devient le PDG de BMCE Bank
2003
Est nommé gouverneur de Bank Al Maghrib
2017
Lance la réforme du régime de change
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chargé de la réforme des entreprises publiques. Il sera ensuite, et pendant cinq ans, ministre des Finances dans le gouvernement de Maati Bouabid et dans celui de Mohammed Karim Lamrani. Une expérience dans les arcanes du pouvoir qui lui ouvre la voie de BMCE Bank, qu’il dirige pendant neuf ans, avant sa privatisation, en 1995. Abdellatif Jouahri sera aussi choisi par ses pairs pour défendre leurs intérêts au sein du Groupement professionnel des banques du Maroc. Puis il passera brièvement, entre 2002 et 2003, à la tête de la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite. « C’est lui qui a géré le plan d’ajustement structurel que nous avaient imposé le FMI et la Banque mondiale, en 1983, quand il était argentier du royaume. C’était une période très difficile pour tous, mais il a eu le dos large », rappelle l’ex-dirigeant d’une banque qui préfère garder l’anonymat. Selon lui, la fermeté du wali de la banque centrale vient de là.
À la lettre
« Il est intraitable et veille à ce que les banques marocaines respectent à la lettre les normes. Et pas uniquement au Maroc : il garde un œil sur celles en vigueur à l’international. Ce qui plaît rarement au sein des conseils d’administration », poursuit notre source. Qui se souvient qu’Abdellatif Jouahri avait réussi à modérer la gourmandise des grosses banques du royaume à la veille de la crise financière de 2008, et rappelle que ceux qui l’attaquaient pour sa frilosité avant la crise ont dû reconnaître par la suite lui devoir la santé de leur institution. « Abdellatif Jouahri est ce qui pouvait arriver de mieux au secteur bancaire marocain. Les avancées des banques locales, que ce soit en interne ou à l’échelle du continent, sont à mettre à son actif. Il a beaucoup milité pour le regroupement des banques afin de voir émerger de grands champions », estime cet ancien ponte du secteur bancaire. Mais les détracteurs du gouverneur de la banque centrale critiquent son conservatisme. Le dernier en date a été le haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi. « On a besoin d’une bonne inflation… Presque aucun pays en voie de développement n’a une inflation inférieure à 2 % », déclarait-il il y a quelques
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mois. La réponse d’Abdellatif Jouahri ne s’est pas fait attendre, et il a profité de son passage devant la presse pour réaffirmer son attachement au maintien des équilibres. « Je suis ahuri quand je lis des choses comme ça… Les agrégats macroéconomiques, ce n’est pas quelque chose qui s’administre. Je n’ai pas un bouton pour mettre plus d’inflation », a-t-il tonné.
Flexibilité du dirham
Si personne ne peut précisément expliquer sa longévité, tout le monde s’accorde à dire qu’Abdellatif Jouahri est de nature obstinée. Les mois qui ont précédé sa dernière réforme, celle du régime de change, en 2017, ont été particulièrement pénibles. Si pour lui tous les éléments, et en particulier le niveau des réserves de change, étaient réunis pour mener à bien ce basculement, le gouvernement avait des doutes et a reporté l’échéance à plusieurs reprises. Impassible, le gouverneur de la banque centrale a persisté jusqu’à la mise en place de la flexibilité du dirham en janvier 2018. Ces derniers mois, le FMI est revenu à la charge, demandant au Maroc d’accélérer la deuxième phase de la réforme du régime de change. Mais Jouahri n’apprécie pas qu’on touche à son calendrier. « Nous leur avons dit que nous ne partageons pas leur point de vue », a-t-il déclaré, avant de marteler : « Nous ne sommes pas sous le diktat du FMI. » Qui pourra remplacer cette forte tête quand il quittera finalement son poste ? La liste des successeurs possibles n’est pas longue. « Il ne faut pas qu’il, ou elle, soit politisé. Et Abdellatif Jouahri a démontré que le passage par le département des finances était un atout important, énumère notre banquier. Son successeur devra être capable d’analyser froidement l’économie locale tout en ayant la capacité de voir venir les chocs extérieurs. Autrement dit, ce n’est pas de sitôt qu’on trouvera un bon remplaçant. » Les noms de Mohamed Benchaaboun, l’actuel ministre des Finances, et d’Ahmed Rahhou, ancien président du Crédit immobilier et hôtelier et actuel ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, circulent. Mais, pour l’heure, Abdellatif Jouahri reste bien ancré dans son fauteuil de gouverneur.
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Maghreb & Moyen-Orient
COMMERCE
Afreximbank gagne le Nord La banque panafricaine d’import-export multiplie les dotations et les négociations dans la région, de l’Algérie à la Libye en passant par la Tunisie. l’Ouest (45 %), la région dans laquelle l’établissement est le plus actif, nous détaille Amr Kamel, vice-président exécutif chargé du développement commercial et des services aux entreprises au sein de la banque. Les déboursements de l’établissement dans la zone septentrionale entre 2015 et la fin du mois de juin 2019 étaient de 14 milliards de dollars.
TARIK YANMI
vec l’ouver ture d’un nouveau bureau régional à Tunis, l’African Export-Import Bank (Afreximbank) affiche son ambition d’augmenter ses engagements en Afrique du Nord pour contribuer au développement des échanges économiques de la région avec le reste du continent. L’élargissement en cours de l’actionnariat devrait également permettre d’étendre les activités de la banque à ces pays. C’est une petite révolution pour l’établissement bancaire. Car, bien que basée au Caire et ayant fréquemment investi en Égypte et au Soudan depuis sa fondation, en 1993, l’institution financière multilatérale a surtout porté son attention sur d’autres marchés du continent. La banque, dont l’actionnariat est composé d’investisseurs privés autant que de gouvernements africains, perçoit désormais l’importance d’appuyer les flux commerciaux entre l’Afrique du Nord dans sa totalité et l’Afrique subsaharienne. « Pourquoi les échanges commerciaux entre pays africains ne représentent-ils que 170 milliards de dollars ? Selon nous, la solution se situe dans le partage d’informations commerciales. L’histoire coloniale de l’Afrique a balkanisé le continent. Une personne en Égypte ne sait pas qu’une personne en Guinée a besoin des produits pharmaceutiques qu’elle fabrique », a ainsi déclaré l’an passé Benedict Oramah, président de la banque depuis septembre 2015.
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DR
Hausse des engagements
Non seulement la banque organise des conférences réunissant différents acteurs du continent, mais elle s’attelle de plus en plus à financer elle-même des projets liant l’Afrique du Nord au reste de l’Afrique. L’Afrique du Nord représente désormais 27,6 % de ses engagements cumulés, contre seulement 5 % en 2015, derrière l’Afrique de
L’Afrique du Nord représente désormais 27,6 % des engagements cumulés du groupe (ici, son siège, au Caire).
Cette avancée accompagne un mouvement d’ensemble qui voit l’Afrique du Nord développer ses liens commerciaux avec d’autres pays du continent. Selon les estimations de la direction, ces échanges ont en effet bondi de 4,8 milliards de dollars en 2010 à 13 milliards en 2018.
Manque d’informations
Mais ces chiffres, bien qu’en hausse, restent en deçà du potentiel commercial des six économies de la zone, qui s’étend du Maroc au Soudan, selon Afreximbank. Parmi les contraintes qui pèsent encore sur le développement de ces flux commerciaux, Amr Kamel cite la faiblesse des infrastructures de transports, et notamment l’insuffisante fréquence des
lignes maritimes et l’étendue limitée du réseau ferroviaire. Le manque d’informations dont disposent les importateurs, dû à certaines déficiences de prospection et de marketing de la part d’exportateurs régionaux, constitue également un frein aux échanges, avance-t-il. L’établissement estime d’ailleurs que, parmi toutes les régions du continent, l’Afrique du Nord est celle où « les échanges entre pays sont le plus faibles ». C’est en tout cas l’Égypte qui capte actuellement la plus grande part des financements de la banque en Afrique du Nord. Le pays, qui compte parmi les 51 États qui soutiennent le travail d’Afreximbank ou en possèdent des parts, siège au conseil d’administration de
UNE BANQUE D’INFLUENCE Afreximbank contribue au financement en amont de certains programmes d’investissements exécutés par d’autres banques. En avril 2017, quelque 300 millions de dollars ont été accordés à la National Bank of Egypt « pour contribuer aux efforts d’industrialisation du pays ». Deux mois plus tard, c’était au tour de son compatriote Banque Misr de recevoir une ligne de crédit similaire de 200 millions de dollars. Les financements d’Afreximbank s’apparentent même parfois à des interventions destinées à influencer les équilibres monétaires et macroéconomiques, un domaine normalement réservé aux banques centrales. En février 2016, et alors que le secteur névralgique du tourisme en Égypte subissait de plein fouet les effets du coup d’État militaire contre l’ancien président Mohamed Morsi, l’établissement multilatéral a ainsi signé une convention avec la banque centrale portant sur une enveloppe de 500 millions de dollars. Destinée à mettre à la disposition des importateurs des lignes de crédit en devises étrangères après la crise aiguë de liquidité qui avait affecté le marché des changes, elle a permis aux opérateurs économiques de respecter leurs engagements de financement extérieur. T.Y.
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Maghreb & Moyen-Orient COMMERCE
la banque multilatérale. Les engagements cumulés de la banque au Pays des pharaons atteignaient plus de 5 milliards de dollars en septembre 2017. Parmi les crédits les plus importants auxquels la banque a participé ces dernières années, on dénombre un financement à court terme de 200 millions de dollars en deux tranches accordé à Telecom Egypt en 2018.
Pourquoi les échanges entre pays africains ne représentent-ils que 170 milliards de dollars ? La solution se situe dans le partage d’informations commerciales.
Crédits et dotations
BENEDICT ORAMAH Président d’Afreximbank
Dans la région, très peu de sociétés ont du mal à honorer leurs engagements.
FLICKR AFREXIMBANK ; DR
AMR KAMEL Vice-président exécutif d’Afreximbank chargé du développement commercial et des services aux entreprises
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En Tunisie, Afreximbank n’a procédé à sa première transaction de financement qu’en 2017, lorsqu’elle a accordé un crédit de 50 millions d’euros au conglomérat privé Loukil. Et, en juin 2019, l’établissement a signé une convention avec la banque centrale du pays pour pouvoir déployer une dotation de 500 millions de dollars ciblant « la promotion et le développement du commerce et des investissements entre la Tunisie et le reste de l’Afrique ». Un programme similaire existe avec l’Égypte depuis 2015. Une collaboration a aussi été nouée avec sa consœur, la Banque maghrébine d’investissement et de commerce extérieur (BMICE). Et au Maroc, dont les échanges avec le reste de l’Afrique étaient estimés par la banque à 3,3 milliards de dollars en 2017, Afreximbank compte accompagner le plus grand producteur de phosphates du continent, le groupe OCP, dans son expansion africaine, notamment en Côte d’Ivoire et au Nigeria. Alors que la banque n’a jamais octroyé de crédits ni en Algérie ni en Libye, elle pourrait bientôt commencer à financer des projets dans ces deux pays : des discussions ont été ouvertes avec leurs autorités dans le but de les faire devenir membres de l’établissement. La Libye devrait rejoindre le tour de table au plus tard au premier trimestre 2020, les négociations étant déjà à un stade avancé, nous confie Amr Kamel. Quant à l’Algérie, elle pourrait devenir membre l’année prochaine, au plus tôt. Selon Amr Kamel, le bilan de ces nouvelles interventions de la banque à travers le Maghreb est en tout cas largement positif. « Très peu de sociétés dans la région ont du mal à honorer leurs engagements », assure-t-il. Afreximbank ne risque donc pas de la quitter de sitôt.
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Maghreb & Moyen-Orient
NOUVEL ENTRANT BANQUE
Arrivée sur le fil pour Attijariwafa Égypte Après de premiers bons résultats, l’aventure du groupe marocain au Caire se complique. Mais la filiale ne manque pas d’ambitions.
Siège de l’entreprise, au Caire.
Rang dans les 200 e
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Nationalité : égyptienne Date de création : 2017 Actionnaire : Holding Al Mada Total de bilan : 1 772 millions de dollars PNB : 128 millions de dollars
V
oilà un peu plus de deux ans que l’aventure égyptienne du groupe bancaire marocain Attijariwafa Bank a démarré. Pour s’offrir cette douzième implantation sur le continent en dehors du Maroc, la filiale du holding royal Al Mada a déboursé 4,9 milliards de dirhams (environ 450 millions d’euros) pour racheter les actifs de l’ex-branche égyptienne du géant Barclays. Pour le PDG Mohamed El Kettani, l’Égypte a un potentiel énorme. Si les parts de marché héritées de Barclays ne dépassent pas 1 % sur l’ensemble des segments, l’ambition est d’atteindre les 2 % dans les quatre ans. La tâche devrait être ardue. Les premiers résultats d’Attijariwafa Bank Égypte se sont montrés satisfaisants, dépassant les pronostics. En 2017, cette nouvelle filiale a représenté la deuxième plus importante source de revenus de l’entreprise, derrière le Maroc, générant près de 400 millions de dirhams. Mais, en 2018, ses résultats ont baissé de plus d’un quart, pour s’établir à 288 millions de dirhams. Attijariwafa Égypte pesait alors 5,1 %
80
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
ATTIJARIWAFA
EL MEHDI BERRADA
du résultat net part du groupe qui atteignait 5,7 milliards de dirhams pour 22,4 milliards de dirhams de produit net bancaire. La rentabilité a elle aussi chuté, passant de 4 % en 2017 à 2,2 % en 2018. Attijariwafa Bank a dû beaucoup investir pour que sa filiale ressemble aux autres composantes du groupe, en commençant par remplacer le système d’information. « C’est notre projet le plus risqué depuis la fusion BCM-Wafabank, en 2004 », a affirmé Ismail Douiri, directeur général délégué d’Attijariwafa Bank. Il fallait aussi « relooker » les 56 agences dont le groupe a hérité, dans 18 villes, et que de nouveaux sites soient ouverts. La filiale compte actuellement 61 agences et vise un total de 150 d’ici à 2023. Elle souhaite également attirer de nouveaux comptes entreprises. L’objectif pour 2019 était d’ajouter à
son portefeuille 70 grands groupes des secteurs de l’agroalimentaire, de la santé, des énergies renouvelables et du tourisme. « L’encours de crédit accordé aux entreprises doit dépasser les 800 millions d’euros à la fin de 2019, contre 600 millions en 2018 », expose Tamer Yousri Ragheb, responsable de la banque de financement et d’investissement au sein d’Attijariwafa Bank Égypte. L’entreprise espère aussi convaincre les entreprises exportatrices. « Le tissu industriel égyptien est diversifié et dynamique, et voit en Attijariwafa Bank un moyen d’entrer sur des marchés jusqu’alors relativement inconnus et difficiles d’accès, notamment en Afrique francophone », assure Ismail Douiri. La réussite du projet égyptien pourrait mener Attijariwafa Bank à s’intéresser à d’autres marchés de la région.
Maghreb & Moyen-Orient
TRIBUNE
Vers une meilleure gestion des réserves L
SP
es crises financières, les incertitudes géopolitiques et les flucralentissement économique après la chute du président tuations des marchés mondiaux ont ces dernières années Hosni Moubarak, en 2011. Il s’est ensuivi une baisse de la transformé le rôle des Banques centrales au sein de leurs fréquentation touristique et des investissements étrangers économies respectives. Elles sont essentielles pour assurer la – deux sources dominantes de change pour le pays –, ce stabilité financière, atténuer l’impact d’événements mondiaux qui a entraîné une chute de 60 % des réserves de change, sur les marchés qu’ils recouvrent et préserver les activités de une réduction de 3 % de la croissance économique et une commerce. Il est primordial pour un pays de mettre en place dévaluation rapide de la livre égyptienne. Bien qu’ils soient de saines pratiques de gestion des réserves, en grande partie hors du contrôle des Banques car ces dernières sont non seulement indiscentrales, de tels événements ont mis en évipensables pour accroître sa capacité à faire dence l’importance d’un dialogue constant face à des situations imprévues et à des chocs entre le contrôle des réserves et la stratégie exogènes, mais elles peuvent également aider d’investissement, qui permet à ces institutions les autorités à lutter efficacement contre les d’anticiper. crises financières. En réfléchissant au niveau adéquat des Des pratiques de gestion des réserves défecréserves, on peut prévoir au mieux la répartueuses peuvent avoir des conséquences tition stratégique des actifs des banques. En fiscales majeures. Alors que le continent afrieffet, celle-ci varie considérablement en fonccain a fait d’énormes progrès en la matière tion des niveaux de réserves disponibles. Les Ritesh Anand au cours des vingt dernières années, il reste pays ayant des niveaux de réserves moindres Directeur général encore beaucoup à faire. Les procédures de sont plus restreints dans leurs choix : leur prioadjoint de Crown prise de décision demeurent parfois lentes, rité étant de préserver les capitaux, ils sont Agents Investment et la coordination entre les politiques budsouvent dans l’incapacité de cibler des invesManagement gétaire et monétaire est parfois imparfaite. tissements à haut rendement et à maturité L’augmentation du niveau de la dette en longue. Alors que les pays ayant des réserves Afrique ces dernières années est un sujet de disponibles plus importantes (comme l’Égypte, préoccupation. avec plus de 44 milliards de dollars) peuvent allouer des fonds à des catégories d’actifs plus risquées, en visant des ien que nous observions désormais des signes graduels rendements plus élevés. de changement, de nombreuses économies africaines ne sont toujours pas diversifiées, ce qui les rend vulnérables aux l peut être difficile pour les Banques centrales d’ajuster leur fluctuations des marchés mondiaux. Des pays comme l’Algégouvernance à mesure que les réserves augmentent, en parrie ont été touchés par la chute brutale des prix du pétrole ticulier compte tenu de considérations relatives à la gestion en 2013, les hydrocarbures représentant la quasi-totalité des de la liquidité et aux choix de placements liés à l’évolution exportations du pays. Les réserves dans ces pays sont primorde situations économiques. Des experts externes peuvent diales pour maintenir la stabilité économique. les accompagner dans leur réflexion. Une telle collaboration Au fil des années, les crises économiques ont mis à encourage le personnel de la Banque centrale à chercher actil’épreuve les structures de gouvernance. En Égypte, les vement des informations et à les communiquer efficacement, réserves sont principalement utilisées pour couvrir les de sorte que toute faiblesse interne soit identifiée et traitée le échanges de produits de base, rembourser la dette extéplus tôt possible. La gouvernance de la gestion des réserves rieure et faire face aux situations de crise. Et, bien que le devrait être un travail d’ensemble, ou le dialogue et la remise pays ait réussi à éviter l’effondrement économique pendant en question ont toute leur place, afin de favoriser la croissance la crise financière mondiale de 2008, il a ensuite connu un et la stabilité.
B
82
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
I
COMMUNIQUÉ
CD
Afriland First Bank Congo Démocratique poursuit sa dynamique de croissance
DG d’Afriland First Bank CD
•
POURSUIVRE SES BONNES PERFORMANCES 2018 a été une année charnière pour Afriland First Bank CD avec une progression satisfaisante de ses différents agrégats, améliorant de ce fait sa structure financière. A titre d’illustration, au 31 décembre 2018 : •
la banque présente un Total Bilan de 349,16 millions d’USD soit une croissance de 213,82 % par rapport à l’année précédente ;
•
Le volume des dépôts connait la même tendance haussière. Il se situe au cours de la période sous revue à 277,47 millions d’USD, soit une progression 414,68 % par rapport à 2017. Ceci traduit la confiance faite à l’endroit de la banque par la clientèle. Il faut relever que sur une augmentation de 934,1 millions USD, des nouveaux dépôts du marché, la banque enregistre à elle seule, 239,4 millions USD, soit plus ¼ des dépôts nouveaux du marché bancaire ;
•
S’agissant du portefeuille de crédit, il s’élève à 267,6 millions USD contre 84,2 millions USD en 2017, soit en valeur relative 217,86 % par rapport à l’année précédente. La particularité de cette hausse réside sur le fait que sur un volume global de 595,7 millions USD injectés dans l’économie par le système bancaire, Afriland First Bank CD en a pourvu 183,4 millions USD, soit 30,79 %.
ÉVOLUTION DES PARTS DE MARCHÉ 10 % 8% 3,50 % 1,92 %
3,65 % 1,96 %
1,09 %
1,50 %
Déc. 16
Déc. 17
Dépôts
Crédits
6%
Déc. 18 Total bilan
Boulevard du 30 juin n°767BP 10470 Kinshasa / Gombe Tél. : (+243) 990 901 111 Email: firstbankcd@afrilandfirstbankcd.com
Pour preuve de cette embellie, le résultat net est passé de 3,67 millions USD en 2017 à 11,9 millions au 31 décembre 2018.
Sur le volet relatif à la banque de proximité, la banque a renforcé sa couverture et son maillage du territoire. Aussi, son réseau d’agences et de guichets avancés se compte aujourd’hui à 40. Ce déploiement ouvre de nouveaux horizons aux populations et aux acteurs économiques dans les zones servies par les agences Afriland First Bank CD. En outre, il procure des emplois directs décents et des centaines d’emplois indirects, contribuant ainsi à l’insertion des jeunes dans l’emploi ou l’entrepreneuriat. Pour Afriland First Bank CD, cette performance remarquable est le résultat d’une mise en œuvre des synergies des compétences, impulsé par la politique d’intégration, de rentabilité et de sélectivité. Pour maintenir le cap tout en maitrisant sa marge de progression, la banque s’appuiera sur trois principaux leviers : •
Diversifier son offre afin d’offrir à la clientèle plusieurs solutions efficientes à ses préoccupations;
•
Compléter le maillage du territoire par des agences et guichets avancés à l’effet de permettre l’accès du plus grand nombre au produits et services bancaires, en droite ligne avec la politique du Gouvernement en matière d’inclusion financière;
•
Renforcer le capital confiance entre la banque et la clientèle, pour une relation qui s’étalera dans la durée.
Ce positionnement particulier, accompagné d’une politique prudente de gestion des risques et la transformation numérique et digitale de nos activités, permettront à la banque de poursuivre son ambition d’être « First », en conformité avec sa dénomination. Pour très bientôt.
www.afrilandfirstbankcd.com
JAMG - PHOTO : D.R.
M. Souaibou Abary
Afriland First Bank CD renforce depuis ces dernières années ses fondamentaux dans les volets relatifs au financement de l’économie, à la proximité avec la clientèle, à l’innovation de l’offre commerciale à travers la promotion de l’initiative privée et à son engagement en faveur de la création de la richesse et l’amélioration des conditions de vie des populations congolaise.
CLASSEMENT
BILAN
Coup de frein 84
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Le PIB de l’Angola a enregistré l’année dernière une contraction de 1,7 % (ici, à Luanda).
FABIAN - STOCK.ADOBE.COM
en 2018 jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
85
Classement BILAN
Baisse des crédits, diminution des actifs et hausse du coût du risque : l’année passée, pleine de défis, aura fini par avoir un impact négatif sur la profitabilité du secteur bancaire africain. TARIK YANMI
D
es facteurs spécifiques au continent, comme le ralentissement de l’activité économique à la suite du tassement des cours des matières premières, mais aussi des paramètres exogènes, comme les changements de régulation à l’échelle mondiale, ont continué de nuire au secteur bancaire africain cette année. Mais alors même que des contraintes réglementaires accrues – surtout dans les pays développés – ont continué de pousser les banques européennes à abandonner leurs ambitions africaines, la reprise significative des activités de fusions et d’acquisitions en 2019 pourrait augurer d’une inflexion. En 2018, le total des actifs des 200 banques du classement a reculé de 7,9 %, soit la baisse la plus importante depuis plus de cinq ans. Le tassement de l’indicateur suggère une baisse de l’octroi des crédits, confirmé par le ralentissement du produit net bancaire (PNB) agrégé. Il a accusé une contraction de 5,6 % en 2018, marquant la plus grande baisse en quatre ans. Seuls seize établissements de crédits affichent une profitabilité à deux chiffres (PNB rapporté aux actifs).
Dévaluation du kwanza
Même s’il ne compte que trois établissements au palmarès, le Soudan connaît la meilleure progression au classement, Faisal Islamic Bank Sudan gagnant 40 places pour atterrir à la 73e position. Au contraire, si l’Afrique du Sud maintient son rang de première place financière du continent avec quinze banques dans le Top 200, dont celles qui occupent les trois premières places, l’établissement national qui affiche la meilleure montée au classement, Land and Agricultural Development Bank of South Africa, n’arrive à grappiller que cinq rangs.
Règles plus strictes
L’année dernière, la deuxième plus grande économie du continent a enregistré une croissance atone de seulement 0,8 %, selon les données du FMI. L’expansion du PIB des pays d’Afrique subsaharienne marquait le pas à un niveau de seulement 3 % en 2018. En Angola, qui figure parmi les deux plus grands pays producteurs de pétrole du continent, le PIB a même accusé une contraction de 1,7 % à la suite de la chute de plus de 20 % des cours du brut. Les prix du charbon et du zinc ont baissé d’autant, tandis que ceux du cuivre, du platine et du café ont subi une correction dépassant les 10 %, tirant à la baisse la croissance de plusieurs économies non diversifiées, et de leur secteur bancaire par extension. La croissance économique en berne a remis en cause l’existence même de certains établissements bancaires. Au Nigeria, qui compte le deuxième plus grand nombre de banques au classement, la banque centrale a révoqué en septembre 2018 l’agrément de Skye Bank pour manquements aux ratios prudentiels de solvabilité, une raison également invoquée par la banque centrale angolaise lorsqu’elle a retiré la
LE TOTAL DES ACTIFS DES 200 BANQUES DU CLASSEMENT A ACCUSÉ UN RECUL DE 7,9 %, SOIT LE PLUS IMPORTANT DEPUIS PLUS DE CINQ ANS.
L’Angola a vu dix de ses banques chuter au classement, soit plus que n’importe quel autre pays, avec des baisses de PNB allant jusqu’à 45 %. Les acteurs économiques du pays subissent les conséquences de l’abandon par les autorités monétaires de l’arrimage de la devise locale, le kwanza, au billet vert américain au début de l’année 2018, qui s’est traduit l’année dernière par une dévaluation de 46 %, tirant vers le bas les actifs des banques libellés en dollar.
LES EUROPÉENS BATTENT EN RETRAITE Plusieurs banques européennes ont opté pour la réduction de leur voilure en Afrique afin de se recentrer sur leurs marchés historiques et prioritaires et de mieux répondre à des critères réglementaires resserrés. Barclays avait ouvert le bal en mai 2017 en
86
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
rétrocédant à Absa Bank sa holding africaine, basée à Johannesburg. L’an dernier, la Banque centrale populaire du Maroc a annoncé l’acquisition auprès du groupe français BPCE de ses quatre filiales bancaires en Afrique de l’Ouest. En tout début d’année 2019,
et même si elle indique maintenir son engagement en Afrique, la BNP Paribas a indiqué son intention de céder ses filiales dans cinq pays africains, dont l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie, à Tunis. T.Y.
PUBLI-INFORMATION
MS Solutions monetics services solutions
Entretien tien avec Moez El G Ghali,
Directeur Général de MS Solutions, spécialiste du paiement digital
Apres une expérience de plus de 15 ans dans la monétique et l’informatique dans une multinationale, j’ai décidé de voler de mes propres ailes en créant, en 2013, ma propre entreprise dans le paiement digital. Aujourd’hui, MS Solutions compte 35 collaborateurs qui sont essentiellement des ingénieurs dans le domaine des systèmes de paiement. Sur la partie monétique, nous sommes le partenaire, sur plus de 20 pays d’Afrique, du leader américain des terminaux de paiement, Verifone. Nous sommes également le partenaire de Gemalto (Thales) dans le domaine de la carte a puce bancaire. Mais notre cœur de métier se situe surtout sur l’édition de solutions de paiement digital destinées aux banques, aux opérateurs télécoms, à la grande distribution et aux administrations publiques. Plus précisément, nos solutions vont du traitement des flux de transactions de paiements électroniques par cartes bancaires, au paiement par mobile ou via internet à travers la digitalisation de toute la chaine, allant de l’enregistrement du client a la compensation. Nos solutions répondent aux dernières normes internationales en matière de sécurité des données bancaires et sont déployées aujourd’hui dans plus de 18 pays.
Nous constatons aujourd’hui que le paiement digital est en plein boom dans le monde, en particulier en Afrique, et cela commence pour vous en Tunisie. Quelle est votre valeur ajoutée sur ce créneau ? MS Solutions se veut essentiellement présent sur toute la chaine de valeur des systèmes de paiement : cela va du conseil, au développement de solutions logicielles, en passant par la distribution de pro-
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duits hardware et le service après-vente. Ceci permet une convergence des deux mondes (hardware + software) afin de créer des synergies et de mutualiser les moyens sur le développement des nouveaux produits, adaptées au mieux aux besoins de nos clients. À titre d’exemple, nous lançons en ce moment le paiement mobile par QR Code, combinant le téléphone et le terminal de paiement. Ce sera une première en Tunisie !
Quelle est votre stratégie a l’international ? En 2016, nous avons décidé de nous lancer a l’international, principalement sur le continent africain qui regorge de potentiel. Nous avons appuyé notre présence dans les pays que nous couvrons a travers des partenaires sur une vingtaine de pays repartis entre le Maghreb, l’Afrique centrale et l’Afrique de l’ouest, mais aussi l’Amérique latine et l’Europe. Ces partenaires, avec qui nous travaillons en confiance, ont une bonne compréhension des subtilités du terrain, et sont a même de nous aider a proposer des solutions adaptées aux différents marchés et d’assurer les services de proximité attendus par nos clients
Quels sont vos défis pour les années a venir ? À court terme, nous comptons offrir a nos clients de nouvelles expériences en matière de paiement digital. L’intelligence artificielle est également au cœur de notre stratégie qui a pour but d’offrir le maximum de valeur a nos utilisateurs. Nous prévoyons de créer une filiale en Europe, afin de nous rapprocher de nos clients internationaux et de leur proposer des solutions adaptées a leurs marchés. Enfin, nous avons un regard sur le Moyen-Orient ou de nouvelles opportunités se présentent à nous aujourd’hui.
www.mssolutions-group.com
JAMG - PHOTOS : D.R.
Moez El Ghali, vous êtes à la tête de la société MS Solutions depuis sa création en 2013. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre société ?
Classement BILAN
LES ACTIFS CUMULÉS BAISSENT…
Total de bilan des 200 premières banques (en milliards de dollars) 2000 1500
1 458,5
1 579,3
1 497,2
1 471,4
1 746,9
L'AFRIQUE DU NORD AUGMENTE SA PART
Pourcentage du total de bilan cumulé par région
1 608,8
1000
Afrique du Nord
500 0
34,4 %
2013
2014
2015
2016
2017
2018
Afrique australe
44,8 %
… LES REVENUS AUSSI
PNB total des 200 premières banques (en milliards de dollars)
65
69,9
65,6
63,9
74
69,9
60
Afrique de l’Ouest
13,7 %
40
Afrique de l’Est
6%
20 0
2013
2014
2015
2016
2017
licence d’exploitation à Banco Mais et Banco Postal. Pour promouvoir la stabilité bancaire, de plus en plus de banques centrales africaines se joignent à la tendance globale adoptée par les autorités monétaires, qui consiste à imposer aux établissements des règles prudentielles plus strictes : provisionnements plus draconiens des créances douteuses, politiques conservatrices de distribution de dividendes pour consolider les fonds propres et imposition d’augmentations de capital et d’émissions de dettes assimilées à des fonds propres. Au Kenya, une loi votée en 2016 continuait à imposer un plafond aux taux d’intérêt que les banques peuvent
MÉTHODOLOGIE
Notre base de données répertorie 1288 banques (un chiffre en hausse de 37 %) et 767 sociétés d’assurances (en hausse de 8 %). Chacune a été contactée au moins une fois et parfois jusqu’à sept fois. Il nous aura fallu cinq mois pour obtenir 403 réponses de la part de banques et 179 venant d’assureurs afin de réaliser le palmarès des 200 premiers groupes bancaires africains, les classements par zone et par critère, et celui des 100 premières compagnies
88
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Afrique centrale 1,1 %
2018
facturer aux clients, poussant certains établissements à chercher des relais de croissance dans d’autres pays. Pour près de 10,7 milliards de shillings kényans (plus de 90 millions d’euros) déboursés sous forme d’actions à Atlas Mara, Equity Bank, 49e au classement, a ainsi racheté il y a quelques mois 62 % du capital de la Banque populaire du Rwanda et 100 % du capital de l’African Banking Corporation, qui détient trois filiales au Mozambique, en Tanzanie et en Zambie. À la fin de 2018, au Nigeria, Access Bank et Diamond Bank ont quant à eux décidé de s’unir pour devenir la plus grande banque du continent en nombre de clients.
d’assurances. Les éléments financiers ont tous une source clairement définie, et nous ont été pour la plupart communiqués par les entreprises. Ces classements portent sur l’exercice 2018. Lorsque les résultats nous ont été donnés en devise locale, ils ont été convertis en dollars, au taux de change en vigueur au 31 décembre 2018 (source: oanda.com). Lorsque nous ne sommes pas parvenus à obtenir d’informations actualisées, nous avons conservé
celles de l’édition précédente (indiquées en italique). Au bout de deux années sans nouvelles d’un établissement, celui-ci disparaît de nos palmarès. Les classements spécialisés (Bourses, capital-investissement et dette obligataire) sont quant à eux réalisés par les équipes éditoriales de Jeune Afrique à partir des informations publiques ou de certains supports spécialisés. CAPUCINE DE LA REVELIÈRE
SOURCE : JEUNE AFRIQUE
80
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MAROC Affaire Raissouni : la bataille du Code (pénal)
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Classement
général
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
91
Classement GÉNÉRAL
LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (1-50)
CHIFFRES 2018 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2017 – ND : NON DETERMINÉ
Rang 2019
Rang 2018
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB*
1
1
STANDARD BANK GROUP
Afrique du Sud
Sim Tshabalala
147 250
7 292
2
3
FIRSTRAND BANKING GROUP
Afrique du Sud
Alan Pullinger
105 755
5 858 4 834
3
2
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Lungisa Fuzile
94 171
4
6
NATIONAL BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Okasha
86 102
ND
5
5
ABSA BANK
Afrique du Sud
René van Wyk
74 746
3 238
6
7
NEDBANK GROUP
Afrique du Sud
Mike Brown
72 270
3 538
7
8
ATTIJARIWAFA BANK
Maroc
Mohamed El Kettani
53 318
2 339
8
9
BANQUE MISR
Égypte
Mohamed El Etreby
49 313
339
9
10
BANQUE CENTRALE POPULAIRE (GROUPE BANQUE POP.)
Maroc
Kamal Mokdad
41 467
1 780
10
12
INVESTEC GROUP
Afrique du Sud
Fani Titi et Hendrik du Toit
32 926
574
11
13
BMCE BANK OF AFRICA
Maroc
Othman Benjelloun
32 520
1 384 1 246
12
11
RAND MERCHANT BANK
Afrique du Sud
James Formby
31 367
13
15
BANQUE EXTÉRIEURE D’ALGÉRIE
Algérie
Ibrahim Semid
26 913
ND
14
14
FIRST NATIONAL BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Jacques Celliers
25 912
ND
15
16
BANQUE NATIONALE D’ALGÉRIE
Algérie
Achour Abboud
24 383
675
16
17
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
Togo
Ade Ayeyemi
22 582
1 825
17
19
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Bacha Gina Fanfa
19 657
ND
18
20
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hussein Abaza
19 100
1 012
19
22
CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE
Algérie
Mohammed Dahmani
16 572
593
20
21
ZENITH BANK
Nigeria
Ebenezer N. Onyeagwu
16 319
810
21
23
FIRST BANK OF NIGERIA
Nigeria
Ibukun Awosika
15 257
779
22
25
QATAR NATIONAL BANK AL AHLI
Égypte
Mohamed El-Dib
14 133
718
23
24
ZENITH BANK NIGERIA
Nigeria
Ebenezer N. Onyeagwu
13 578
668
24
29
ACCESS BANK GROUP
Nigeria
Herbert Wigwe
13 574
476
25
30
UNITED BANK FOR AFRICA GROUP
Nigeria
Tony Elumelu
13 343
845
26
26
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hassan E. Abdalla
12 347
76
27
28
BANQUE DE L’AGRICULTURE ET DU DÉVELOPPEMENT RURAL
Algérie
Boualem Djebbar
11 791
439
28
32
CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC
Maroc
Tariq Sijilmassi
11 218
415
29
33
MCB GROUP
Maurice
Pierre Guy Noël
10 954
481
30
34
ACCESS BANK NIGERIA
Nigeria
Herbert Wigwe
10 873
351
31
35
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC
Maroc
Ahmed El Yacoubi
10 723
495
32
38
MCB
Maurice
Alain Law-Min
9 916
427
33
41
UNITED BANK FOR AFRICA NIGERIA
Nigeria
Oliver Alawuba
9 840
373
34
37
GUARANTY TRUST BANK
Nigeria
Segun Agbaje
9 007
609
35
36
GROUPE BANK OF AFRICA
Sénégal
Brahim Benjelloun Touimi
8 777
549
36
42
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Algérie
Mohamed Krim
7 778
348
37
40
BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS
Angola
José Massano
7 297
573
38
43
BANQUE MAROCAINE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE
Maroc
Laurent Dupuch
7 247
317
39
45
KCB GROUP
Kenya
Joshua Oigara
6 972
701
40
44
CAPITEC BANK
Afrique du Sud
Gerrie Fourie
6 953
1 009
41
49
CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)
Maroc
Lotfi Sekkat
6 791
235
42
58
SBM BANK MAURITIUS
Maurice
Andrew Bainbridge
6 418
277
43
46
ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL
Côte d’Ivoire
Habib Koné
6 265
290
44
31
BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO
Angola
Antonio Baptista Bialho
6 149
314
45
56
KENYA COMMERCIAL BANK
Kenya
Joshua Oigara
6 068
614
46
51
CRÉDIT DU MAROC
Maroc
Baldoméro Valverde
5 852
241
47
52
AL BARID BANK
Maroc
Redouane Najm-Eddine
5 805
89
48
64
HSBC BANK EGYPT
Égypte
Jacques-Emmanuel Blanchet
5 632
378
49
60
EQUITY BANK GROUP
Kenya
James Mwangi
5 596
404
50
39
BANCO DE FOMENTO ANGOLA
Angola
Jorge Albuquerque Ferreira
5 486
902
*(en millions de dollars)
92
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (51-100) Rang 2019
Rang 2018
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB* 357
51
55
BGFI HOLDING CORP.
Gabon
Henri-Claude Oyima
5 458
52
68
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
Égypte
Abdulhamid Aboumoussa
5 377
ND
53
61
ECOBANK NIGERIA
Nigeria
Patrick Akinwuntan
5 362
382
54
70
BANK OF ALEXANDRIA
Égypte
Dante Campioni
5 306
311
55
54
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE
Tunisie
Mohamed Agrebi
5 260
277
56
59
BANK OF KHARTOUM
Soudan
Faisal Abass Fadl
5 068
ND
57
66
ARAB INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hisham Ramez Abdel Hafez
4 924
144
58
77
FIDELITY BANK
Nigeria
Nnamdi Okonkwo
4 712
191
59
67
SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE
Égypte
Mohamed Naguib
4 687
106
60
76
STANBIC IBTC BANK
Nigeria
Demola Sogunle
4 558
214
61
-
AFRICA FINANCE CORP.
Nigeria
Samaila Zubairu
4 487
151
62
50
BANCO MILLENNIUM ATLÂNTICO (EX-BAN. PRIV. ATL.)
Angola
Daniel Santos
4 375
216
63
53
BANCO ECONOMICO (EX-BANCO ESPIRITO SANTO ANGOLA)
Angola
Sanjay Bhasin
4 367
ND
64
75
EQUITY BANK KENYA
Kenya
James Mwangi
4 280
312 615
65
47
BANCO BIC
Angola
Fernando Teles
4 211
66
84
NATIONAL BANK OF KUWAIT – EGYPT (EX-AL WATANY BANK OF EGYPT)
Égypte
Isam Jassem Al-Sager
4 100
155
67
78
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
Kenya
Gideon M. Muriuki
4 037
427
68
73
UNION BANK OF NIGERIA
Nigeria
Emeka Emuwa
4 011
152
69
74
LAND AND AGRICULTURAL DEV.BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Konehali Gugushe
3 997
103
70
88
BANK AUDI EGYPT
Égypte
Mohamed Abbas Fayed
3 969
126
71
69
BH BANK
Tunisie
Amel Medini
3 958
151
72
86
FIRST CITY MONUMENT BANK
Nigeria
Ladi Balogun
3 922
199
73
113
FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN
Soudan
Moawia Elamin
3 896
219
74
71
BANQUE NATIONALE AGRICOLE
Tunisie
Habib Ben Hadj Kouider
3 833
184
75
85
ORAGROUP
Togo
Ferdinand Ngon Kemoun
3 779
221
76
80
DIAMOND TRUST BANK KENYA
Kenya
Nasim Devji
3 687
255
77
79
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE
Tunisie
Lotfi Debbabi
3 495
157
78
98
AL BARAKA BANK EGYPT
Égypte
Ashraf Ahmed Mustaf El Ghamrawy
3 487
105 143
79
81
BANQUE SAHÉLO-SAHARIENNE POUR L’INV. ET LE COMM.
Libye
Ali Al Moktar
3 480
80
89
EGYPTIAN GULF BANK
Égypte
Nidal El Kassem Assar
3 438
78
81
72
HSBC MAURITIUS
Maurice
Chris Murray
3 426
55
82
95
AFRASIA BANK
Maurice
Bhasin Sanjiv
3 413
82
83
93
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Aymeric Villebrun
3 310
223
84
104
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
Jeremy Awori
3 170
308
85
92
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
Algérie
Eric Wormser
3 150
184
86
90
BARCLAYS BANK MAURITIUS
Maurice
Ravin Dajee
3 088
131
87
94
STERLING BANK
Nigeria
Abubakar Suleiman
3 022
209
88
109
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
Égypte
Pierre Finas
2 988
167
89
82
AMEN BANK
Tunisie
Ahmed El Karm
2 928
125
90
103
AHLI UNITED BANK EGYPT
Égypte
Nevine El-Messeery
2 872
ND
91
83
ATTIJARI BANK TUNISIE
Tunisie
Saïd Sebti
2 847
145
92
115
STANBIC HOLDINGS (EX-CFC STANBIC BANK)
Kenya
Greg Brackenridge
2 836
118
93
97
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
Égypte
Fathy El Sebai Mansour
2 831
179
94
129
BancABC
Botswana
Sanjeev Anand
2 805
287
95
100
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
Kenya
Kariuki Ngari
2 786
279
96
127
ABU DHABI ISLAMIC BANK – EGYPT (EX-NAT. BANK FOR DEV.)
Égypte
Nevine Loufty
2 756
139
97
91
FIRST NATIONAL BANK NAMIBIA
Namibie
Sarel J. Van Zyl
2 728
110
98
119
SUEZ CANAL BANK
Égypte
Hussein Ahmed Ismail Refaei
2 645
54
99
108
BANQUE ATLANTIQUE – CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Arsène Coulibaly
2 614
123
100
105
CRDB BANK
Tanzanie
Abdulmajid Mussa Nsekela
2 595
190
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
93
Classement GÉNÉRAL
LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (101-150) Rang 2019
94
Rang 2018
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB*
101
99
BANK WINDHOEK
Namibie
Cristo de Vries
2 585
165
102
101
ECOBANK CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Paul-Harry Aithnard
2 554
148
103
138
EXPORT DEVELOPMENT BANK OF EGYPT
Égypte
Mervat Zohdy El Sayed Soltan
2 489
65
104
106
BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS
Mozambique
Paulo Sousa
2 480
228
105
123
CBZ BANK
Zimbabwe
Blessing Mudavanhu
2 450
80
106
112
NATIONAL MICROFINANCE BANK
Tanzanie
Ineke Bussmaker
2 443
212 212
107
118
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
Mozambique
Manuel Marecos Duarte
2 434
108
133
INVESTMENT & MORTGAGES BANK
Kenya
Kihara Maina
2 427
153
109
116
COMMERCIAL BANK OF AFRICA
Kenya
Jeremy Ngunze
2 392
207
110
110
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
Maurice
Mathieu Mandeng Batoum
2 345
82
111
124
BANQUE AL BARAKA D’ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Seddik Hafid
2 300
105 205
112
117
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
Botswana
Steven Lefentse Bogatsu
2 273
113
120
GULF BANK ALGERIA
Algérie
Rabih Soukarieh
2 214
117
114
126
GCB BANK(EX-GHANA COMMERCIAL BANK)
Ghana
Raymond Sowah
2 208
199
115
111
STANDARD BANK NAMIBIA
Namibie
Junius Vetumbuavi Mungunda
2 193
115
116
121
BNP PARIBAS EL DJAZAIR
Algérie
Fabien Riguet
2 193
145 104
117
130
ECOBANK GHANA
Ghana
Daniel Sackey
2 153
118
107
ARAB TUNISIAN BANK
Tunisie
Ahmed Rjiba
2 129
82
119
102
AFRICAN BANK
Afrique du Sud
Basani Maluleke
2 123
ND
120
125
BANQUE DE TUNISIE
Tunisie
Habib Ben Saad
2 117
112
121
132
NIC BANK
Kenya
John Gachora
2 034
124
122
122
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES
Tunisie
Mondher Ghazali
2 029
121
123
128
CORIS BANK INTERNATIONAL
Burkina Faso
Idrissa Nassa
2 005
99
124
145
CITIBANK NIGERIA
Nigeria
Akinsowon Dawodu
1 996
53
125
131
BGFIBANK GABON
Gabon
Henri-Claude Oyima
1 930
ND
126
135
DEVELOPMENT BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Haileyesus Bekele
1 926
ND
127
152
AWASH INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Tsehay Shiferaw
1 921
146
128
139
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE
Côte d’Ivoire
Daouda Coulibaly
1 861
115
129
167
BARCLAYS BANK OF GHANA
Ghana
Abena Osei-Poku
1 852
134
130
140
CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
Sénégal
Mounir Oudghiri
1 815
132
131
141
AFRILAND FIRST BANK
Cameroun
Alphonse Nafack
1 802
94
132
146
UNION NATIONAL BANK EGYPT
Égypte
Ihab El Sewerky
1 806
54
133
144
INVESTEC BANK MAURITIUS
Maurice
Craig McKenzie
1 786
49
134
-
ATTIJARIWAFA BANK EGYPT
Égypte
Hicham Seffa
1 772
128
135
158
STANBIC BANK ZIMBABWE
Zimbabwe
Joshua Tapambgwa
1 769
68
136
136
NSIA BANQUE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Léonce Yace
1 763
109 214
137
96
BANCO SOL
Angola
Miguel Coutinho Nobre
1 714
138
-
RAWBANK
RD Congo
Thierry Taeymans
1 680
155
139
150
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU SÉNÉGAL
Sénégal
Jean-Marc Mancel
1 619
128
140
156
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
Mozambique
Adimohanma Chukwuma Nwokocha
1 613
149
141
170
STANDARD BANK MAURITIUS
Maurice
Laksham Bheenick
1 587
47
142
172
DASHEN BANK
Éthiopie
Alemu Asfaw
1 579
63
143
165
ECOBANK BURKINA
Burkina Faso
Cheick Travaly
1 559
74
144
151
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN
Cameroun
Marème Mbaye Ndiaye
1 556
120 127
145
153
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
Botswana
Keabetswe Pheko-Moshagane
1 556
146
154
STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA
Botswana
Mpho Masupe
1 508
47
147
134
BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA
Angola
Abrahão Pio Dos Santos Gourgel
1 506
268
148
142
BANK OF AFRICA – BÉNIN
Bénin
Sadio Cissé
1 498
69
149
155
CITIBANK NA ALGÉRIE
Algérie
Ramz Hamzaoui
1 479
63
150
-
BNP PARIBAS SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Vikas Khandelwal
1 473
4
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES (151-200) Rang 2019
Rang 2018
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB*
151
171
CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY
Zimbabwe
Jonas Mushosho
1 469
108
152
157
STANBIC BANK UGANDA
Ouganda
Patrick Mweheire
1 456
100
153
175
FIDELITY BANK GHANA
Ghana
Edward Effah
1 449
145
154
137
STANDARD BANK ANGOLA
Angola
Luis Teles
1 427
117
155
160
BANK OF AFRICA – BURKINA FASO
Burkina Faso
Faustin Amoussou
1 376
69
156
161
NATIXIS ALGÉRIE
Algérie
Boris Joseph
1 378
59
157
162
NEDBANK NAMIBIA
Namibie
Lionel Matthews
1 349
56
158
188
BGFIBANK CONGO
Congo
Jean Dominique Okemba
1 342
ND
159
185
WEMA BANK
Nigeria
Ademola Adebise
1 339
102 48
160
173
STANBIC BANK BOTSWANA
Botswana
Samuel Minta
1 323
161
166
BANQUE MALIENNE DE SOLIDARITÉ
Mali
Alioune Coulibaly
1 317
63
162
159
BANQUE INTERNATIONALE POUR L’ÉPARGNE ET LE CRÉDIT
Cameroun
Philippe Wattecamps
1 306
90 33
163
176
MISR IRAN DEVELOPMENT BANK
Égypte
Amr Algarhy
1 293
164
148
UNION BANCAIRE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE
Tunisie
Pierre Bérégovoy
1 285
76
165
169
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI
Mali
Bréhima Amadou Haïdara
1 283
63
166
179
STANBIC BANK GHANA
Ghana
Alhassan Andani
1 278
96
167
186
STANBIC BANK ZAMBIA
Zambie
Henry Oroh
1 235
126
168
191
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
Ghana
Mansa Nettey
1 228
101
169
174
ECOBANK SÉNÉGAL
Sénégal
Serge Ackre
1 220
74
170
-
BANK OF BARODA KENYA
Kenya
Manvi N. Krishna
1 201
63
171
177
BANQUE INTERN. POUR LE COMM. ET L’IND. DE LA C.I.
Côte d’Ivoire
Yao Kouassi
1 179
85
172
143
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
Angola
Daniel Chambel
1 167
ND
173
198
ZENITH BANK GHANA
Ghana
Daniel Asiedu
1 148
87
174
163
GRINDROD BANK
Afrique du Sud
David Polkinghorne
1 138
10
175
-
BANK ONE
Maurice
Ravneet Chowdhury
1 134
28
176
190
NATIONAL BANK OF KENYA
Kenya
Wilfried Musau
1 124
78
177
-
CALBANK
Ghana
Frank Brako Junior Adu
1 116
107
178
-
FIRST BANKING CORP. HOLDING
Zimbabwe
John Mushayavanhu
1 114
65
179
-
BANK OF ABYSSINIA
Éthiopie
Ato Bekalu Zeleke
1 112
ND
180
183
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE BURKINA FASO
Burkina Faso
Harold Coffi
1 092
48
181
181
BANQUE ZITOUNA
Tunisie
Ezzedine Khoja
1 092
46
182
194
SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE CAMEROUN
Cameroun
Mohammed Mejbar
1 078
85
183
200
ECOBANK MALI
Mali
Coumba Sidibé Touré
1 054
63
184
-
ECOBANK ZIMBABWE
Zimbabwe
Moses Kurenjekwa
1 050
80
185
-
COOPERATIVE BANK OF OROMIA
Éthiopie
Deribie Asfaw
1 039
43
186
184
MERCANTILE BANK
Afrique du Sud
Karl R. Kumbier
1 028
64
187
193
AL-NILE BANK FOR COMMERCE AND DEVELOPMENT
Soudan
Ahmed Abdel Rhman Al Houri
1 004
55
188
178
BANK OF AFRICA – CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Abdelali Nadifi
1 004
57
189
-
BANQUE NATIONALE D’INVESTISSEMENT
Côte d’Ivoire
Youssouf Fadiga
998
57
190
-
BANQUE DE KIGALI
Rwanda
Diane Ngendo Karusisi
983
104
191
-
PRIME BANK
Kenya
Bharat Jani
977
37
192
-
UNITED BANK
Éthiopie
Taye Dibekulu
974
60
193
180
FIRST CAPITAL BANK
Malawi
Dheeraj Dikshit
971
138
194
149
BANCO DE NEGOCIOS INTERNACIONAL
Angola
Mario Abilio Palhares
970
140
195
-
WEGAGEN BANK
Éthiopie
Araya G. Egziabher
952
81
196
196
BANCO COMERCIAL DO ATLÂNTICO
Cap-Vert
Francisco Costa
945
33 25
197
-
STEWARD BANK
Zimbabwe
Lance Mambondiani
941
198
192
SASFIN BANK
Afrique du Sud
Roland SASSOON
940
17
199
-
NIB INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Genene Ruga
928
87
200
-
TRUST MERCHANT BANK
RD Congo
Olivier Meisenberg
897
ND
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
95
Un environnement propice à l’innovation Une économie diversifiée Un hub régional en transports et logistique Des infrastructures et services aux standards internationaux De nouvelles offres touristiques
Un port d’attache pour les investisseurs
© V. FOURNIER pour J.A. - Droits réservés
Au carrefour de l’Afrique, du monde arabe et de l’Asie
Classement régional et
performances 98 AFRIQUE DU NORD 100 AFRIQUE DE L’OUEST 102 AFRIQUE CENTRALE 104 AFRIQUE DE L’EST 106 AFRIQUE AUSTRALE ET OCÉAN INDIEN 108 LES PLUS RENTABLES 110 LES PLUS PRÊTEUSES jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
97
Classement PAR RÉGION
AFRIQUE DU NORD LES 50 PREMIÈRES BANQUES
CHIFFRES 2018 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2017 – ND : NON DETERMINÉ
Rang Rang dans 2019 les 200
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB*
1
4
NATIONAL BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Okasha
86 102
ND
2
7
ATTIJARIWAFA BANK
Maroc
Mohamed El Kettani
53 318
2 339
3
8
BANQUE MISR
Égypte
Mohamed El Etreby
49 313
339
4
9
BANQUE CENTRALE POPULAIRE (GROUPE BANQUE POPULAIRE)
Maroc
Kamal Mokdad
41 467
1 780 1 384
5
11
BMCE BANK OF AFRICA
Maroc
Othman Benjelloun
32 520
6
13
BANQUE EXTÉRIEURE D’ALGÉRIE
Algérie
Ibrahim Semid
26 913
ND
7
15
BANQUE NATIONALE D’ALGÉRIE
Algérie
Achour Abboud
24 383
675
8
18
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hussein Abaza
19 100
1 012
9
19
CRÉDIT POPULAIRE D’ALGÉRIE
Algérie
Mohammed Dahmani
16 572
593
10
22
QATAR NATIONAL BANK AL AHLI
Égypte
Mohamed El-Dib
14 133
718
11
26
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hassan E. Abdalla
12 347
76
12
27
BANQUE DE L’AGRICULTURE ET DU DÉVELOPPEMENT RURAL
Algérie
Boualem Djebbar
11 791
439
13
28
CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC
Maroc
Tariq Sijilmassi
11 218
415
14
31
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC
Maroc
Ahmed El Yacoubi
10 723
495 348
15
36
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT LOCAL
Algérie
Mohamed Krim
7 778
16
38
BANQUE MAROCAINE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE
Maroc
Laurent Dupuch
7 247
317
17
41
CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)
Maroc
Lotfi Sekkat
6 791
235
18
46
CRÉDIT DU MAROC
Maroc
Baldoméro Valverde
5 852
241
19
47
AL BARID BANK
Maroc
Redouane Najm-Eddine
5 805
89
20
48
HSBC BANK EGYPT
Égypte
Jacques-Emmanuel Blanchet
5 632
378
21
52
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
Égypte
Abdulhamid Aboumoussa
5 377
ND
22
54
BANK OF ALEXANDRIA
Égypte
Dante Campioni
5 306
311 277
23
55
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE
Tunisie
Mohamed Agrebi
5 260
24
57
ARAB INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hisham Ramez Abdel Hafez
4 924
144
25
59
SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE
Égypte
Mohamed Naguib
4 687
106
26
66
NAT. BANK OF KUWAIT – EGYPT (EX-ALWATANY BANK OF EGYPT)
Égypte
Isam Jassem Al-Sager
4 100
155
27
70
BANK AUDI EGYPT
Égypte
Mohamed Abbas Fayed
3 969
126
28
71
BH BANK
Tunisie
Amel Medini
3 958
151
29
74
BANQUE NATIONALE AGRICOLE
Tunisie
Habib Ben Hadj Kouider
3 833
184
30
77
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE
Tunisie
Lotfi Debbabi
3 495
157
31
78
AL BARAKA BANK EGYPT
Égypte
Ashraf Ahmed Mustaf El Ghamrawy
3 487
105
32
79
BANQUE SAHÉLO-SAHARIENNE POUR L’INVEST. ET LE COMMERCE
Libye
Ali Al Moktar
3 480
143
33
80
EGYPTIAN GULF BANK
Égypte
Nidal El Kassem Assar
3 438
78
34
85
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
Algérie
Eric Wormser
3 150
184
35
88
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
Égypte
Pierre Finas
2 988
167
36
89
AMEN BANK
Tunisie
Ahmed El Karm
2 928
125
37
90
AHLI UNITED BANK EGYPT
Égypte
Nevine El-Messeery
2 872
ND
38
91
ATTIJARI BANK TUNISIE
Tunisie
Saïd Sebti
2 847
145
39
93
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
Égypte
Fathy El Sebai Mansour
2 831
179
40
96
ABU DHABI ISLAMIC BANK – EGYPT (EX-NBD)
Égypte
Nevine Loufty
2 756
139 54
41
98
SUEZ CANAL BANK
Égypte
Hussein Ahmed Ismail Refaei
2 645
42
103
EXPORT DEVELOPMENT BANK OF EGYPT
Égypte
Mervat Zohdy El Sayed Soltan
2 489
65
43
111
BANQUE AL BARAKA D’ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Seddik Hafid
2 300
105
44
113
GULF BANK ALGERIA
Algérie
Rabih Soukarieh
2 214
117
45
116
BNP PARIBAS EL DJAZAIR
Algérie
Fabien Riguet
2 193
145
46
118
ARAB TUNISIAN BANK
Tunisie
Ahmed Rjiba
2 129
82
47
120
BANQUE DE TUNISIE
Tunisie
Habib Ben Saad
2 117
112
48
122
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES
Tunisie
Mondher Ghazali
2 029
121
49
132
UNION NATIONAL BANK EGYPT
Égypte
Ihab El Sewerky
1 806
54
50
134
ATTIJARIWAFA BANK EGYPT
Égypte
Hicham Seffa
1 772
128
*(en millions de dollars)
98
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
1
2
Une croissance stable
3
Avec près de 189 milliards de dollars d’actifs, les trois plus grandes banques captent 34 % du montant agrégé.
Dans la région, le total des actifs et le produit net bancaire des 50 plus grandes banques affichent une performance positive.
2 Avec des profits de 1,67 milliard de dirhams (plus de 150 millions de dollars) en 2018, les filiales africaines d’Attijariwafa Bank ont contribué à hauteur de 29 % au résultat net consolidé du groupe.
10 Qatar National Bank Al Ahli a indiqué en 2018 vouloir augmenter son flottant en Bourse de 2,1 %, réduisant son pourcentage de contrôle à 95 %, afin de se conformer aux obligations de cotation en Égypte.
15
Mohamed Krim a quitté son poste de directeur général de la banque publique algérienne Banque de développement local (BDL), alors que le vent tourne dans le secteur bancaire du pays après la chute d’Abdelaziz Bouteflika.
HICHEM
« Je ne suis pas un optimiste naïf. » MAROUANE ABASSI Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie depuis février 2018
TARIK YANMI
contre-courant de la baisse annuelle de 7,9 % de la valeur des actifs continentaux du secteur, l’indicateur agrégé en Afrique du Nord s’améliore de 4,2 % pour atteindre 546,4 milliards de dollars. La région représente désormais plus du tiers du total de bilan du top 200. Le PNB, lui, gagne près de 1 %. L’Égypte compte 22 banques dans le Top 200, devant l’Algérie, le Maroc et la Tunisie avec neuf établissements de crédit chacun. Une seule et unique banque de Libye (l’instabilité politique sape l’activité économique) figure dans le classement. Et aucune institution financière mauritanienne n’arrive milliards à atteindre une taille suffisante pour faire partie des 50 plus grands de dollars établissements de la région. C’est le total de Abu Dhabi Islamic Bank-Egypt bilan des 50 grappille le plus grand nombre de premières banques places, montant du 48e au 40e rang d’Afrique du Nord régional. Quatre banques égyp(+ 4,2 % sur un an) tiennes gagnent sept marches : National Bank of Kuwait-Egypt (26e), Bank Audi Egypt (27e), Al Baraka Bank Egypt (31e) et Export Development Bank of Egypt (42e).
A
546,4
Déclin tunisien
C’est en Tunisie, où le dinar a perdu 17,1 % de sa valeur en 2018, que les institutions financières ont le plus souffert. Les établissements qui enregistrent le plus grand déclin de leurs actifs dans le classement régional sont en effet six banques du pays. Attijari Bank Tunisie (38e) et Arab Tunisian Bank (46e) reculent de six rangs, et Amen Bank (36e) accuse une baisse de cinq rangs. Alors que les dix plus grands acteurs de la région arrivent à maintenir leur rang, le marocain Banque centrale populaire (4e) pourrait bien progresser dans le prochain classement, après avoir indiqué, à la fin de septembre 2018, qu’il était en négociation exclusive avec le français BPCE pour l’acquisition de quatre filiales du groupe bancaire, y compris une en Tunisie.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
99
Classement PAR RÉGION
AFRIQUE DE L’OUEST
LES 50 PREMIÈRES BANQUES
CHIFFRES 2018 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2017 – ND : NON DETERMINÉ
Rang Rang dans 2019 les 200
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB*
1
16
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
Togo
Ade Ayeyemi
22 582
1 825
2
20
ZENITH BANK
Nigeria
Ebenezer N. Onyeagwu
16 319
810
3
21
FIRST BANK OF NIGERIA
Nigeria
Ibukun Awosika
15 257
779
4
23
ZENITH BANK NIGERIA
Nigeria
Ebenezer N. Onyeagwu
13 578
668
5
24
ACCESS BANK GROUP
Nigeria
Herbert Wigwe
13 574
476
6
25
UNITED BANK FOR AFRICA GROUP
Nigeria
Tony Elumelu
13 343
845
7
30
ACCESS BANK NIGERIA
Nigeria
Herbert Wigwe
10 873
351
8
33
UNITED BANK FOR AFRICA NIGERIA
Nigeria
Olivier Alawuba
9 840
373 609
9
34
GUARANTY TRUST BANK
Nigeria
Segun Agbaje
9 007
10
35
GROUPE BANK OF AFRICA
Sénégal
Brahim Benjelloun Touimi
8 777
549
11
43
ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL
Côte d’Ivoire
Habib Koné
6 265
290 382
12
53
ECOBANK NIGERIA
Nigeria
Patrick Akinwuntan
5 362
13
58
FIDELITY BANK
Nigeria
Nnamdi Okonkwo
4 712
191
14
60
STANBIC IBTC BANK
Nigeria
Demola Sogunle
4 558
214
15
61
AFRICA FINANCE CORP.
Nigeria
Samaila Zubairu
4 487
151
16
68
UNION BANK OF NIGERIA
Nigeria
Emeka Emuwa
4 011
152 199
17
72
FIRST CITY MONUMENT BANK
Nigeria
Ladi Balogun
3 922
18
75
ORAGROUP
Togo
Ferdinand Ngon Kemoun
3 779
221
19
83
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Aymeric Villebrun
3 310
223 209
20
87
STERLING BANK
Nigeria
Abubakar Suleiman
3 022
21
99
BANQUE ATLANTIQUE – CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Arsène Coulibaly
2 614
123
22
102
ECOBANK CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Paul-Harry Aithnard
2 554
148
23
114
GCB BANK(EX-GHANA COMMERCIAL BANK)
Ghana
Raymond Sowah
2 208
199
24
117
ECOBANK GHANA
Ghana
Daniel Sackey
2 153
104 99
25
123
CORIS BANK INTERNATIONAL
Burkina Faso
Idrissa Nassa
2 005
26
124
CITIBANK NIGERIA
Nigeria
Akinsowon Dawodu
1 996
53
27
128
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE
Côte d’Ivoire
Daouda Coulibaly
1 861
115 134
28
129
BARCLAYS BANK OF GHANA
Ghana
Abena Osei-Poku
1 852
29
130
CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
Sénégal
Mounir Oudghiri
1 815
132
30
136
NSIA BANQUE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Léonce Yace
1 763
109 128
31
139
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU SÉNÉGAL
Sénégal
Jean-Marc Mancel
1 619
32
143
ECOBANK BURKINA
Burkina Faso
Cheick Travaly
1 559
74
33
148
BANK OF AFRICA – BÉNIN
Bénin
Sadio Cissé
1 498
69 145
34
153
FIDELITY BANK GHANA
Ghana
Edward Effah
1 449
35
155
BANK OF AFRICA – BURKINA FASO
Burkina Faso
Faustin Amoussou
1 376
69
36
159
WEMA BANK
Nigeria
Ademola Adebise
1 339
102 63
37
161
BANQUE MALIENNE DE SOLIDARITÉ
Mali
Alioune Coulibaly
1 317
38
165
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI
Mali
Bréhima Amadou Haïdara
1 283
63
39
166
STANBIC BANK GHANA
Ghana
Alhassan Andani
1 278
96
40
168
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
Ghana
Mansa Nettey
1 228
101
41
169
ECOBANK SÉNÉGAL
Sénégal
Serge Ackre
1 220
74
42
171
BANQUE INTERN. POUR LE COMM. ET L’IND. DE LA CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Yao Kouassi
1 179
85
43
173
ZENITH BANK GHANA
Ghana
Daniel Asiedu
1 148
87
44
177
CALBANK
Ghana
Frank Brako Junior Adu
1 116
107
45
180
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE BURKINA FASO
Burkina Faso
Harold Coffi
1 092
48
46
183
ECOBANK MALI
Mali
Coumba Sidibé Touré
1 054
63
47
188
BANK OF AFRICA – CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Abdelali Nadifi
1 004
57
48
189
BANQUE NATIONALE D’INVESTISSEMENT
Côte d’Ivoire
Youssouf Fadiga
998
57
49
196
BANCO COMERCIAL DO ATLÂNTICO
Cap-Vert
Francisco Costa
945
33
50
-
BANQUE NATIONALE DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE
Mali
Souleymane Waigalo
859
61
*(en millions de dollars)
100
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Toujours au top
4
Peter Amangbo a passé cette année le relais à la tête de Zenith Bank Nigeria à son ancien bras droit, Ebenezer N. Onyeagwu.
ERNEST ADDISON Gouverneur de la banque centrale ghanéenne, après la faillite de plusieurs banques du pays
18 En levant près de 86 millions d’euros, Oragroup a signé la plus importante cotation de l’histoire de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM).
40 Standard Chartered, dont la filiale ghanéenne est déjà présente au classement, a fait une percée en Côte d’Ivoire avec le lancement d’une banque de détail entièrement digitale.
49 Banco Comercial do Atlântico, la seule banque cap-verdienne du classement, se maintient dans le top 50, portée par une forte croissance dans l’archipel.
TARIK YANMI DR
« Il est évident que de nouvelles réglementations et une vigilance accrue sont nécessaires afin de mieux protéger notre système bancaire. »
Ecobank et les établissements nigérians trustent encore les premières places. Mais la concurrence pourrait se durcir.
es actifs des cinquante premières banques d’Afrique de l’Ouest connaissent une progression annuelle de 4,2 %, alors même que les actifs des 200 premières banques du continent diminuent de 7,9 %. Cependant, le produit net bancaire (PNB) recule légèrement, de 2,2 %, pour tomber à 12 milliards de dollars. Sans surprise, le Nigeria est, comme en 2018, le pays le plus représenté dans notre Top 200 avec 17 banques, suivi par la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui comptent respectivement 9 et 8 établissements dans la liste. Au rang des banques dont la croissance des actifs a été la plus forte, WEMA Bank affiche la meilleure performance, grapmilliards de dollars pillant onze places pour monter au 36e rang. Stanbic Bank C’est le total des actifs Ghana gagne six places (39e) et des 50 premières Standard Chartered Bank Ghana banques d’Afrique avance de neuf places (40e). En de l’Ouest. La région revanche, NSIA Banque Côte cumule quelque d’Ivoire et Bank of Africa – Bénin perdent trois places pour se clas14 % des actifs ser respectivement 30e et 33e. agrégés du top 200
L
222
Entrée des telcos
Africa Finance Corporation, la banque de développement panafricaine basée à Lagos, rejoint le classement, se hissant à la 15e position, tout comme Zenith Bank Ghana, qui prend la 43e place. Le togolais Ecobank, qui, comme en 2018, prend aisément la tête du classement, exploite sept filiales en Afrique de l’Ouest. Mais la concurrence devrait se durcir: Access Bank est en passe de devenir la plus grande banque du pays le plus peuplé du continent, le Nigeria, devançant à la fois First Bank et Zenith Bank après l’acquisition de son concurrent Diamond Bank pour 235 millions de dollars. Sur certains critères, Access pourrait même devenir la plus grande banque africaine avec ses 29 millions de clients. Des réformes réglementaires permettant l’entrée de telcos, dont le sud-africain MTN, sur le marché bancaire nigérian pourraient également rebattre les cartes, avec une recrudescence de la concurrence dans la première économie du continent.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
101
Classement PAR RÉGION
AFRIQUE CENTRALE
LES 50 PREMIÈRES BANQUES
CHIFFRES 2018 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2017 – ND : NON DETERMINÉ
Rang Rang dans 2019 les 200
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB*
1
51
BGFI HOLDING CORP.
Gabon
Henri-Claude Oyima
5 458
357
2
125
BGFIBANK GABON
Gabon
Henri-Claude Oyima
1 930
ND
3
131
AFRILAND FIRST BANK
Cameroun
Alphonse Nafack
1 802
94
4
138
RAWBANK
RD Congo
Thierry Taeymans
1 680
155
5
144
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN
Cameroun
Marème Mbaye Ndiaye
1 556
120
6
158
BGFIBANK CONGO
Congo
Jean Dominique Okemba
1 342
ND
7
162
BANQUE INTERNATIONALE POUR L’ÉPARGNE ET LE CRÉDIT
Cameroun
Philippe Wattecamps
1 306
90
8
182
SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE CAMEROUN
Cameroun
Mohammed Mejbar
1 078
85
9
200
TRUST MERCHANT BANK
RD Congo
Olivier Meisenberg
897
66
10
-
BANQUE COMMERCIALE DU CONGO
RD Congo
Yves Cuypers
873
86
11
-
ECOBANK CAMEROUN
Cameroun
Gwendoline Abunaw
850
71
12
-
Gabon
Abdelouahed El Kiram
772
82
13
-
14
-
UNION GABONAISE DE BANQUE BANQUE INTERNATIONALE POUR LE COMMERCE ET L’INDUSTRIE DU GABON BANCO NACIONAL DE GUINEA ECUATORIAL
15
-
16
-
17 18
Gabon
Bernard Levie
759
70
Guinée équatoriale
Martin Crisantos Ebe Mba
756
61
EQUITY BANK CONGO (EX-PROCREDIT BANK CONGO)
RD Congo
Célestin Mukeba Muntuabu
570
56
BGFIBANK CAMEROUN
Cameroun
Loukoumanou Waidi
551
36
-
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN GUINÉE ÉQUATORIALE
Guinée équatoriale
José Carlos Garcia Rebollar
511
46
-
UNITED BANK FOR AFRICA CAMEROUN
Cameroun
Udom Isong
487
28
19
-
BGFIBANK GUINÉE ÉQUATORIALE
Guinée équatoriale
Nicolas Lemme
434
21
20
-
BGFIBANK RD CONGO
RD Congo
Marlene Ngoyi Mvidia
431
38
21
-
CRÉDIT DU CONGO
Congo
Brahim Ahabbane
383
37
22
-
AFRILAND FIRST BANK RD CONGO
RD Congo
Abary Souaibou
349
33
23
-
ECOBANK CONGO
Congo
Ibrahim Bagarama
355
30
24
-
FÉDÉRATION DES MUCODEC
Congo
Dieudonné Ndinga
337
32
25
-
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE TCHAD
Tchad
Chemi Kogrimi
317
29
26
-
ORABANK GABON
Gabon
Rose Kayi Mivedor
315
16
27
-
ECOBANK TCHAD
Tchad
Alassane Sorgo
298
27
28
-
BANQUE COMMERCIALE INTERNATIONALE
Congo
Dominique Martinie
271
26
29
-
BANK OF AFRICA – RDC
RD Congo
Ali Ameziane
229
22
30
-
ECOBANK GABON
Gabon
Nicholas Achiri
227
23
31
-
UNITED BANK FOR AFRICA CONGO
Congo
Martin Che
189
37
32
-
ECOBANK CENTRAFRIQUE
Centrafrique
Sylvain Pendi
182
18
33
-
SOCIÉTÉ FINANCIÈRE DE BANQUE
RD Congo
Henry Yohan Wazne
145
21
34
-
ECOBANK GUINÉE ÉQUATORIALE
Guinée équatoriale
Olivier Brou Kouame
129
5
35
-
BANCO INTERNACIONAL DE SAO TOMÉ E PRINCIPE
São Tomé-et-Príncipe
Miguel Malheiro Reymao
122
12
36
-
ACCESS BANK RD CONGO
RD Congo
Arinze Osuachala
117
14
37
-
UNITED BANK FOR AFRICA TCHAD
Tchad
Noubasra Natolban
115
7
38
-
UNITED BANK FOR AFRICA GABON
Gabon
Chioma MANG
93
12
39
-
UNITED BANK FOR AFRICA RD CONGO
RD Congo
Marcel Bitang
77
8
40
-
BGFIBANK SÃO TOMÉ E PRINCIPE
São Tomé-et-Príncipe
Felisberto Castilho
30
2
41
-
ECOBANK SÃO TOME E PRINCIPE
São Tomé-et-Príncipe
Dalton Gonçalves
13
1
42
-
EDC INVESTMENT CORPORATION
Cameroun
Stéphane Tompieu
4
1
*(en millions de dollars)
102
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
ERIC LARRAYADIEU/ACF/JA
1
« Les économies ont évolué de manière globalement positive, malgré la baisse des prix du pétrole et des matières premières. » HENRI-CLAUDE OYIMA, PDG de BGFI Holding Corporation
3
Afriland First Bank, la première banque du Cameroun, a signé un accord de collaboration avec la société de logiciels bancaires Temenos pour faire avancer la numérisation de ses activités.
9,2
milliards de dollars d’actifs. C’est ce qu’ont accumulé les trois plus grands établissements du classement, soit un tiers du montant total.
En perte de vitesse Le produit net bancaire de la zone accuse une baisse de 4 %, suggérant un ralentissement prononcé de l’activité économique. TARIK YANMI
e total des actifs des 42 banques du classement a augmenté de plus de 9 % en douze mois, passant de 25,9 milliards de dollars à 28,2 milliards, à contre-courant du déclin continental, atteignant 7,9 %. Mais, dans le Top 200, les actifs de la région représentent moins de 1 % du total. Et seulement neuf établissements bancaires d’Afrique centrale arrivent à se hisser dans le palmarès des 200 premières banques du continent. Avec une baisse de 4 %, le produit net bancaire dans la région accuse la deuxième plus grande baisse du continent, suggérant un ralentissement de l’activité économique particulièrement prononcé. Dix banques au classement régional sont établies en RD Congo, 8 au Cameroun, 7 au Gabon et 6 au Congo. Dans ce premier pays, Rawbank gagne 4 rangs, se hissant à la quatrième position,etBGFIBankRDCongomontede 6 places (20e). Trust Merchant Bank milliards affiche la meilleure performance, e de dollars. bondissant de 10 rangs (9 ). Parmi les 16 banques qui déclinent, Banco C’est le total Nacional de Guinea Ecuatorial est des actifs des celle qui perd le plus grand nombre 42 banques du de rangs (14e), BGFIBank Cameroun classement (16e) et United Bank for Africa Gabon (+ 9 % sur un an) (38e) cédant chacun 3 rangs. En excluant le holding de tête, les six filiales de BGFIBank, établi au Gabon, cumulent des actifs de 4,7 milliards de dollars et un PNB consolidé de 357 millions de dollars, alors que les sept établissements de crédit détenus par Ecobank comptent un total de bilan de 2,1 milliards de dollars et un PNB de 175,9 millions de dollars. La Société générale compte parmi les autres institutions financières à envergure régionale. Outre sa filiale congolaise, qui ne fait plus partie du classement, ses trois autres succursales, au Cameroun, en Guinée équatoriale et au Tchad, enregistrent des actifs combinés stables, atteignant 2,4 milliards de dollars. Son PNB se situe aux alentours de 194,5 millions de dollars. Ecobank Guinée équatoriale accuse la profitabilité la moins attractive du lot, puisqu’elle n’atteint pas la barre des 4 %.
L
28,2
12 Parmi les six institutions qui intègrent le classement, Union gabonaise de banque, filiale d’Attijariwafa Bank, connaît la montée la plus rapide.
Cette année, la Beac a continué de resserrer sa politique monétaire, rehaussant son taux directeur pour favoriser la remontée du volume des réserves de change dans la région.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
103
Classement PAR RÉGION
AFRIQUE DE L’EST
LES 50 PREMIÈRES BANQUES
CHIFFRES 2018 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2017 – ND : NON DETERMINÉ
Rang 2019
Rang dans les 200
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB*
1
17
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Bacha Gina Fanfa
19 657
ND
2
39
KCB GROUP
Kenya
Joshua Oigara
6 972
701
3
45
KENYA COMMERCIAL BANK
Kenya
Joshua Oigara
6 068
614
4
49
EQUITY BANK GROUP
Kenya
James Mwangi
5 596
404
5
56
BANK OF KHARTOUM
Soudan
Faisal Abass Fadl
5 068
ND
6
64
EQUITY BANK KENYA
Kenya
James Mwangi
4 280
312 427
7
67
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
Kenya
Gideon M. Muriuki
4 037
8
73
FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN
Soudan
Moawia Elamin
3 896
219
9
76
DIAMOND TRUST BANK KENYA
Kenya
Nasim Devji
3 687
255
10
84
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
Jeremy Awori
3 170
308
11
92
STANBIC HOLDINGS (EX-CFC STANBIC BANK)
Kenya
Greg Brackenridge
2 836
118
12
95
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
Kenya
Kariuki Ngari
2 786
279
13
100
CRDB BANK
Tanzanie
Abdulmajid Mussa Nsekela
2 595
190
14
106
NATIONAL MICROFINANCE BANK
Tanzanie
Ineke Bussmaker
2 443
212
15
108
INVESTMENT & MORTGAGES BANK
Kenya
Kihara Maina
2 427
153
16
109
COMMERCIAL BANK OF AFRICA
Kenya
Jeremy Ngunze
2 392
207 124
17
121
NIC BANK
Kenya
John Gachora
2 034
18
126
DEVELOPMENT BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Haileyesus Bekele
1 926
ND
19
127
AWASH INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Tsehay Shiferaw
1 921
146
20
142
DASHEN BANK
Éthiopie
Alemu Asfaw
1 579
63
21
152
STANBIC BANK UGANDA
Ouganda
Patrick Mweheire
1 456
100 63
22
170
BANK OF BARODA KENYA
Kenya
Manvi N. Krishna
1 201
23
176
NATIONAL BANK OF KENYA
Kenya
Wilfried Musau
1 124
78
24
179
BANK OF ABYSSINIA
Éthiopie
Ato Bekalu Zeleke
1 112
ND 43
25
185
COOPERATIVE BANK OF OROMIA
Éthiopie
Deribie Asfaw
1 039
26
187
AL NILE BANK FOR COMMERCE AND DEVELOPMENT
Soudan
Ahmed Abdel Rhman Al Houri
1 004
55
27
190
BANQUE DE KIGALI
Rwanda
Diane Ngendo Karusisi
983
104
28
191
PRIME BANK
Kenya
Bharat Jani
977
37
29
192
UNITED BANK
Éthiopie
Taye Dibekulu
974
60
30
195
WEGAGEN BANK
Éthiopie
Araya G. Egziabher
952
81
31
199
NIB INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Genene Ruga
928
87
32
-
CENTENARY RURAL DEVELOPMENT BANK
Ouganda
Simon Kagugube
856
153
33
-
CITIBANK N.A. KENYA
Kenya
Joyce-Ann Wainaina
836
52
34
-
NATIONAL BANK OF COMMERCE
Tanzanie
Theobald Sabi
829
71
35
-
OROMIA INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Ato Abie Sano Mahamed
827
67
36
-
SAVINGS & SOCIAL DEVELOPMENT BANK
Soudan
Alzain Omer Alhadou
790
69
37
-
DEVELOPMENT FINANCE CO. OF UGANDA
Ouganda
Mathias Katamba
780
88
38
-
EXIM BANK TANZANIE
Tanzanie
Jaffari Matundu
695
3
39
-
SBM BANK KENYA (EX-FIDELITY COMMERCIAL BANK)
Kenya
Moezz Mir
690
10
40
-
BARCLAYS BANK OF UGANDA
Ouganda
Rakesh Jha
669
ND
41
-
FAMILY BANK
Kenya
Rebecca Mbithi
654
67
42
-
BANK OF INDIA – KENYA
Kenya
S. B. Rai
612
33
43
-
HOUSING FINANCE CO. OF KENYA
Kenya
Sam Waweru
591
35
44
-
DIAMOND TRUST BANK TANZANIA
Tanzanie
Nasim Devji
544
30
45
-
ECOBANK KENYA
Kenya
Cheick Travaly
532
30
46
-
BANK OF AFRICA – DJIBOUTI
Djibouti
Farid Bouri
520
26
47
-
BANK OF AFRICA – KENYA
Kenya
Dennis Awori
479
12
48
-
BANK OF BARODA – UGANDA
Ouganda
Ashwini Kumar
463
30
49
-
BANK M TANZANIA
Tanzanie
Jacqueline Woise
463
15
50
-
BUNNA INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Mulugeta Alemayehu
453
22
*(en millions de dollars)
104
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
1 Bekalu Zeleke a cédé sa place de président de Commercial Bank of Ethiopia à Bacha Gina Fanfa pour devenir gouverneur adjoint de la banque centrale du pays.
2
4
7
9
12
Cinq banques du classement – KCB Group, Equity Bank Group, Co-operative Bank of Kenya, Diamond Trust Bank Kenya et Standard Chartered Bank Kenya – ont écopé d’une amende de la banque centrale kényane en 2018 pour avoir failli aux règles de lutte contre les crimes financiers.
DR
« Si des banques ne sont pas compétentes, nous ne souhaitons pas qu’elles opèrent dans notre pays. » GERSON MSIGWA, porte-parole de la présidence tanzanienne
25 35
Les éthiopiens Cooperative Bank of Oromia et Oromia International Bank ont connu une percée fulgurante au classement régional, montant respectivement de 20 et de 13 rangs. 27 Banque de Kigali, la seule banque rwandaise au classement, a réalisé son introduction en Bourse à Nairobi en novembre 2018. Elle avait déjà rejoint la Bourse de Kigali en 2011.
Une année en demi-teinte Le produit net bancaire agrégé de la zone connaît une forte hausse, mais ses actifs reculent légèrement. TARIK YANMI
es données du classement montrent une progression importante du produit net bancaire (PNB), qui grimpe de 10,6 % pour atteindre 6,3 milliards de dollars. Mais aussi une baisse de 2,5 % des actifs, à 109 milliards de dollars, ce qui fait de l’Afrique de l’Est l’une des deux seules régions du continent, avec l’Afrique australe, à accuser un recul de son bilan cumulé. L’Afrique de l’Est compte toujours pour seulement 6 % des actifs cumulés du top 200, dans lequel figurent trente représentants de la région. Le Kenya est le pays qui compte le plus de banques dans le classement (22), devant l’Éthiopie (10), dont le système bancaire reste largement inaccessible aux investisseurs étrangers. La Tanzanie est sur la troisième marche du podium avec 6 banques.
L
109,4
Livre en chute libre
milliards de dollars C’est le total des actifs des 50 premières banques d’Afrique de l’Est
Alors que le shilling kényan fait partie des trois devises africaines qui se sont appréciées en 2018, la livre du Soudan a, elle, essuyé une perte abyssale de 85 %, perte qui a contribué à la diminution du nombre de ses banques dans le classement. Prime (– 2,5 % sur un an) Bank (Kenya) et Oromia International Bank (Éthiopie) gagnent respectivement onze et treize places (28e et 35e). Cooperative Bank of Oromia affiche la meilleure performance, montant de vingt places (25e). Le soudanais Savings & Social Development Bank cède un rang (36e), et Development Finance Company of Uganda recule de quatre places, à la 37e position, soit autant que Citibank N.A. Kenya (33e). Parmi les challengers figure SBM Bank Kenya, qui rejoint le classement à la 39e place. Diamond Trust Bank Tanzania fait son entrée au 44e rang, devant Ecobank Kenya (45e), Bank of Africa Djibouti (46e) et Bank of Baroda Uganda (48e). Malgré l’acquisition de la National Bank of Kenya (23e) en avril 2019, KCB Group (2e) ne semble pas près de détrôner la Commercial Bank of Ethiopia, dont les actifs sont presque trois fois plus importants que ceux de son concurrent.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
105
Classement PAR RÉGION
AFRIQUE AUSTRALE ET OCÉAN INDIEN
LES 50 PREMIÈRES BANQUES
CHIFFRES 2018 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2017 – ND : NON DETERMINÉ
Rang Rang dans 2019 les 200
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Total de bilan*
PNB*
1
1
STANDARD BANK GROUP
Afrique du Sud
Sim Tshabalala
147 250
7 292
2
2
FIRSTRAND BANKING GROUP
Afrique du Sud
Alan Pullinger
105 755
5 858
3
3
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Lungisa Fuzile
94 171
4 834
4
5
ABSA BANK
Afrique du Sud
René van Wyck
74 746
3 238
5
6
NEDBANK GROUP
Afrique du Sud
Mike Brown
72 270
3 538
6
10
INVESTEC GROUP
Afrique du Sud
Fani Titi et Hendrik du Toit
32 926
574
7
12
RAND MERCHANT BANK
Afrique du Sud
James Formby
31 367
1 246
8
14
FIRST NATIONAL BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Jacques Celliers
25 912
ND
9
29
MCB GROUP
Maurice
Pierre Guy Noël
10 954
481
10
32
MCB
Maurice
Alain Law-Min
9 916
427
11
37
BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS
Angola
José Massano
7 297
573
12
40
CAPITEC BANK
Afrique du Sud
Gerrie Fourie
6 953
1 009 277
13
42
SBM BANK MAURITIUS
Maurice
Andrew Bainbridge
6 418
14
44
BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO
Angola
Antonio Baptista Bialho
6 149
314
15
50
BANCO DE FOMENTO ANGOLA
Angola
Jorge Albuquerque Ferreira
5 486
902
16
62
BANCO MILLENNIUM ATLÂNTICO (EX-BANCO PRIVADO DO ATLANTICO)
Angola
Daniel Santos
4 375
216
17
63
BANCO ECONOMICO (EX-BANCO ESPIRITO SANTO ANGOLA)
Angola
Sanjay Bhasin
4 367
ND
18
65
BANCO BIC
Angola
Fernando Teles
4 211
615 103
19
69
LAND AND AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Konehali Gugushe
3 997
20
81
HSBC MAURITIUS
Maurice
Chris Murray
3 426
55
21
82
AFRASIA BANK
Maurice
Bhasin Sanjiv
3 413
82
22
86
BARCLAYS BANK MAURITIUS
Maurice
Ravin Dajee
3 088
131
23
94
BancABC
Botswana
Sanjeev Anand
2 805
287
24
97
FIRST NATIONAL BANK NAMIBIA
Namibie
Sarel J. Van Zyl
2 728
110
25
101
BANK WINDHOEK
Namibie
Cristo de Vries
2 585
165
26
104
BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS
Mozambique
Paulo Sousa
2 480
228
27
105
CBZ BANK
Zimbabwe
Blessing Mudavanhu
2 450
80
28
107
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
Mozambique
Manuel Marecos Duarte
2 434
212
29
110
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
Maurice
Mathieu Mandeng Batoum
2 345
82
30
112
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
Botswana
Steven Lefentse Bogatsu
2 273
205
31
115
STANDARD BANK NAMIBIA
Namibie
Junius Vetumbuavi Mungunda
2 193
115
32
119
AFRICAN BANK
Afrique du Sud
Basani Maluleke
2 123
ND
33
133
INVESTEC BANK MAURITIUS
Maurice
Craig McKenzie
1 786
49
34
135
STANBIC BANK ZIMBABWE
Zimbabwe
Joshua Tapambgwa
1 769
68
35
137
BANCO SOL
Angola
Miguel Coutinho Nobre
1 714
214
36
140
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
Mozambique
Adimohanma Chukwuma Nwokocha
1 613
149
37
141
STANDARD BANK MAURITIUS
Maurice
Laksham Bheenick
1 587
47
38
145
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
Botswana
Keabetswe Pheko-Moshagane
1 556
127
39
146
STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA
Botswana
Mpho Masupe
1 508
47
40
147
BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA
Angola
Abrahão Pio Dos Santos Gourgel
1 506
268
41
150
BNP PARIBAS SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Vikas Khandelwal
1 473
4
42
151
CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY
Zimbabwe
Jonas Mushosho
1 469
108 117
43
154
STANDARD BANK ANGOLA
Angola
Luis Teles
1 427
44
157
NEDBANK NAMIBIA
Namibie
Lionel Matthews
1 349
56
45
160
STANBIC BANK BOTSWANA
Botswana
Samuel Minta
1 323
48
46
167
STANBIC BANK ZAMBIA
Zambie
Henry Oroh
1 235
126
47
172
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
Angola
Daniel Chambel
1 167
ND
48
174
GRINDROD BANK
Afrique du Sud
David Polkinghorne
1 138
10
49
175
BANK ONE
Maurice
Ravneet Chowdhury
1 134
28
50
178
FIRST BANKING CORP. HOLDING
Zimbabwe
John Mushayavanhu
1 114
65
*(en millions de dollars)
106
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Sous pression
1 Ben Kruger a pris sa retraite en 2018, après trente-trois années passées au sein de Standard Bank, dont quatre en tant que codirecteur général.
Croissance en berne, mauvaise santé de ses devises... Seules les plus grandes banques de la région résistent.
4 La banque Barclays a clôturé un siècle d’activités sur le continent en juillet 2018, quand Barclays Africa Group a adopté le nom d’Absa Bank.
5
« Nous comptons collaborer avec certaines entreprises publiques qui ont du mal à trouver des financements, pour les réhabiliter. » MIKE BROWN, PDG de Nedbank Group
6 Le cours de l’action d’Investec Group a bondi le 14 septembre 2018 après l’annonce de l’introduction prochaine à la Bourse de Londres de sa filiale de gestion d’actifs.
37 Standard Bank Mauritius a connu une année mouvementée à la Bourse de PortLouis, le piratage informatique de la banque ayant effrayé ses investisseurs.
TARIK YANMI
n 2018, le produit net bancaire cumulé des 50 plus grandes banques de la région a marqué un recul de 11,5 %, et le total bilan a accusé la plus grande baisse parmi les cinq régions, chutant de 19 %. En cause : une croissance en berne et des devises régionales sous pression. L’Afrique du Sud, la deuxième plus grande économie du continent derrière le Nigeria, a enregistré en 2018 une croissance atone du PIB de l’ordre de 0,8 %, bien en deçà de celle des pays d’Afrique subsaharienne (3 %), qui elle non plus n’arrivait pas à suivre la cadence globale de 3,6 %, selon les données du FMI. Sur les marchés de changes, le rand sud-africain et le dollar namibien, deux monnaies qui recouvrent à elles seules 17 banques dans l’échantillon régional, ont essuyé une dépréciation annuelle de 14 %. Par ailleurs, dix bilans financiers sont libellés en kwanza, la devise angomilliards de dollars laise, qui a dégringolé de 46 % C’est le total de bilan en 2018.
E
714,7
Résilience
des 50 premières banques de la zone Afrique australe et océan Indien
Standard Bank Angola recule ainsi de cinq positions (43e), alors que Banco Caixa Geral (– 19 % sur un an) Totta de Angola et Banco Sol ont chacune perdu huit place s, et que B anco de Desenvolvimento de Angola recule de trois rangs. Banco Angolano de Investimentos, soutenue par une note plutôt positive de l’agence Moody’s sur ses finances, est le seul à avoir progressé l’année dernière, montant de quatre places pour se hisser au onzième rang. Malgré les contretemps conjoncturels, les filiales des banques à envergure régionale semblent afficher des performances résilientes. Stanbic Bank Botswana gagne ainsi cinq places dans le classement (45e) alors même que la devise locale, le pula, a baissé de 8,3 % en 2018. Stanbic Bank Zimbabwe bondit de onze positions, passant du 45e au 34e rang, soit une remontée équivalente à celle de Standard Bank Mauritius (37e). Standard Bank a également amélioré sa performance au Mozambique, où la filiale du groupe monte de huit places (36e) au classement régional.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
107
Classement
RENTABILITÉ LES 50 BANQUES LES PLUS RENTABLES Rang Rang dans 2019 les 200
Société
Pays
Rentabilité des actifs
(résultat net/total de bilan, en %)
Total de bilan*
Résultat net*
1
147
BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA
Angola
14,3
1506
215
2
50
BANCO DE FOMENTO ANGOLA
Angola
10,2
5486
561
3
154
STANDARD BANK ANGOLA
Angola
7,3
1427
104
4
17
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
6,6
19657
1294
5
172
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
Angola
5,7
1167
66
6
140
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
Mozambique
5,6
1613
90
7
40
CAPITEC BANK
Afrique du Sud
5,3
6953
367
8
45
KENYA COMMERCIAL BANK
Kenya
5,0
6068
306 269
9
48
HSBC BANK EGYPT
Égypte
4,8
5632
10
107
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
Mozambique
4,5
2434
110
11
60
STANBIC IBTC BANK
Nigeria
4,5
4558
204
12
67
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
Kenya
4,4
4037
177
13
129
BARCLAYS BANK OF GHANA
Ghana
4,3
1852
80
14
124
CITIBANK NIGERIA
Nigeria
4,2
1996
83
15
88
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
Égypte
4,1
2988
123
16
152
STANBIC BANK UGANDA
Ouganda
4,0
1456
58
17
178
FIRST BANKING CORP. HOLDING
Zimbabwe
4,0
1114
44
18
20
ZENITH BANK
Nigeria
3,9
16319
635
19
93
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
Égypte
3,9
2831
110
20
64
EQUITY BANK KENYA
Kenya
3,8
4280
164
21
71
BH BANK
Tunisie
3,8
3958
151
22
184
ECOBANK ZIMBABWE
Zimbabwe
3,8
1050
40
23
166
STANBIC BANK GHANA
Ghana
3,6
1278
47
24
168
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
Ghana
3,5
1228
43 193
25
49
EQUITY BANK GROUP
Kenya
3,5
5596
26
197
STEWARD BANK
Zimbabwe
3,4
941
32
27
151
CENTRAL AFRICA BUILDING SOCIETY
Zimbabwe
3,4
1469
49
28
23
ZENITH BANK NIGERIA
Nigeria
3,3
13578
453
29
173
ZENITH BANK GHANA
Ghana
3,3
1148
38
30
117
ECOBANK GHANA
Ghana
3,3
2153
70
31
137
BANCO SOL
Angola
3,2
1714
55
32
170
BANK OF BARODA KENYA
Kenya
3,2
1201
38
33
54
BANK OF ALEXANDRIA
Égypte
3,2
5306
169
34
193
FIRST CAPITAL BANK
Malawi
3,2
971
31
35
190
BANQUE DE KIGALI
Rwanda
3,1
983
31
36
114
GCB BANK(EX-GHANA COMMERCIAL BANK)
Ghana
3,0
2208
67
37
105
CBZ BANK
Zimbabwe
2,9
2450
72
38
195
WEGAGEN BANK
Éthiopie
2,9
952
28
39
61
AFRICA FINANCE CORP.
Nigeria
2,9
4487
129
40
90
AHLI UNITED BANK EGYPT
Égypte
2,8
2872
82
41
95
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
Kenya
2,8
2786
79
42
177
CALBANK
Ghana
2,8
1116
32
43
18
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
Égypte
2,8
19100
533
44
22
QATAR NATIONAL BANK AL AHLI
Égypte
2,7
14133
386
45
66
NATIONAL BANK OF KUWAIT – EGYPT (EX-ALWATANY BANK OF EGYPT)
Égypte
2,7
4100
112
46
39
KCB GROUP
Kenya
2,7
6972
189 52
47
127
AWASH INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
2,7
1921
48
97
FIRST NATIONAL BANK NAMIBIA
Namibie
2,7
2728
73
49
63
BANCO ECONOMICO (EX-BANCO ESPIRITO SANTO ANGOLA)
Angola
2,7
4367
117
50
108
INVESTMENT & MORTGAGES BANK
Kenya
2,7
2427
65
*(en millions de dollars)
108
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
8
C’est le nombre de banques dont le taux de rentabilité était d’au moins 5 % en 2018.
« Nous avons fait bon usage des nouvelles technologies disponibles pour simplifier nos procédés et réduire nos dépenses, ce qui a protégé notre rentabilité dans un contexte de marges réduites et de revenus à la baisse. » PATRICK MWEHEIRE, PDG de Stanbic Bank Uganda
21
25 %
C’est le pourcentage de baisse des dépenses de Zenith Bank en 2018, qui lui a permis de dégager un résultat net en hausse.
Si les 200 premières banques du continent accusent un recul de leur PNB et de leur bilan, les plus rentables ont su gagner en efficacité. OLIVIER HOLMEY
16
18
Accroissement des marges
La tunisienne BH Bank (exBanque de l’habitat) fait son entrée au classement. Elle est la seule représentante de son pays, après la sortie de la Banque de Tunisie.
L’année de répit accordée par la Banque centrale du Kenya dans la mise en œuvre de nouvelles provisions sur les créances douteuses a permis aux établissements du pays, dont huit figurent au classement, d’augmenter leurs profits.
ans le classement des établissements les plus rentables, c’est la percée fulgurante de l’Angola qui frappe au premier abord. Les banques de ce pays d’Afrique australe occupent en effet quatre des cinq premières marches de notre classement, dont les trois plus hautes. En 2018, elles n’étaient pas aussi bien classées. Arrivée en tête, et de loin, Banco de Desenvolvimento de Angola ne figurait même pas dans notre palmarès. Mais cette remontée est moins significative qu’il n’y paraît. La plupart des banques angolaises ont en réalité connu une baisse simultanée de leurs actifs cumulés et de leur résultat net ; cette dernière donnée ayant le plus souvent baissé à une moindre vitesse, leur taux de rentabilité a bondi de manière mécanique. Dans l’ensemble, leur performance reste décevante, du moins une fois convertie en dollars, C’est en moyenne comme le souligne notre bilan du top 200 (lire pp. 84-88). le taux de
D
4,2 %
Capacité d’adaptation
rentabilité des banques classées en 2018, contre 3,7 % en 2017
Parmi les autres institutions présentes dans le classement, on note que Kenya Commercial Bank a su s’adapter au plafonnement des taux d’intérêt imposé en 2016 par le Parlement de son pays, remontant du 25e au 8e rang. Malgré son statut de première place financière du continent, l’Afrique du Sud peine depuis longtemps à concurrencer ses pairs en matière de rentabilité et a connu une année 2018 particulièrement difficile. À part Capitec, qui se maintient dans le top 10, aucun établissement de la nation Arc-en-Ciel ne figure cette année dans notre palmarès. En 2017, trois banques du pays s’y étaient hissées. Globalement, le taux de rentabilité des banques classées a augmenté d’année en année, d’une moyenne de 3,7 % en 2017 à 4,2 % en 2018, et ce malgré des règles prudentielles imposant des réserves plus importantes à un nombre croissant d’établissements africains.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
109
Classement
PRÊTS LES 50 BANQUES LES PLUS PRÊTEUSES Rang 2019
Rang dans les 200
1 2
Ratio crédits/ dépôts (en %)
Total des crédits*
Total des dépôts*
Société
Pays
198
SASFIN BANK
Afrique du Sud
157
487
311
86
BARCLAYS BANK MAURITIUS
Maurice
152
2257
1483 2177
3
71
BH BANK
Tunisie
139
3030
4
157
NEDBANK NAMIBIA
Namibie
139
845
608
5
12
RAND MERCHANT BANK
Afrique du Sud
137
20445
14871
6
41
CIH BANK (EX-CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER)
Maroc
128
4952
3874
7
31
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC
Maroc
128
8559
6702
8
120
BANQUE DE TUNISIE
Tunisie
125
1505
1203
9
5
ABSA BANK
Afrique du Sud
121
50898
41929
10
74
BANQUE NATIONALE AGRICOLE
Tunisie
119
3076
2591
11
38
BANQUE MAROCAINE POUR LE COMMERCE ET L'INDUSTRIE
Maroc
114
5489
4818
12
77
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE
Tunisie
112
2370
2112
13
101
BANK WINDHOEK
Namibie
109
2061
1898
14
89
AMEN BANK
Tunisie
107
1970
1833
15
190
BANQUE DE KIGALI
Rwanda
107
636
596
16
164
UNION BANCAIRE POUR LE COMMERCE ET L'INDUSTRIE
Tunisie
105
915
872
17
28
CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC
Maroc
103
8104
7847
18
145
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
Botswana
100
1082
1083
19
133
INVESTEC BANK MAURITIUS
Maurice
100
1034
1037
20
51
BGFI HOLDING CORP.
Gabon
98
3694
3776
21
136
NSIA BANQUE CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
97
1216
1256
22
43
ATLANTIC BUSINESS INTERNATIONAL
Côte d’Ivoire
97
3271
3386 1092
23
160
STANBIC BANK BOTSWANA
Botswana
96
1051
24
186
MERCANTILE BANK
Afrique du Sud
95
684
721
25
11
BMCE BANK OF AFRICA
Maroc
95
19028
20125
26
6
NEDBANK GROUP
Afrique du Sud
94
50974
54496
27
39
KCB GROUP
Kenya
93
4449
4796
28
55
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE
Tunisie
93
3547
3825
29
144
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN
Cameroun
92
1123
1218
30
3
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
92
64499
70078 34715
31
7
ATTIJARIWAFA BANK
Maroc
92
31897
32
123
CORIS BANK INTERNATIONAL
Burkina Faso
91
1110
1219
33
128
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE
Côte d’Ivoire
91
1232
1357 2184
34
97
FIRST NATIONAL BANK NAMIBIA
Namibie
90
1975
35
155
BANK OF AFRICA – BURKINA FASO
Burkina Faso
90
893
990
36
115
STANDARD BANK NAMIBIA
Namibie
88
1539
1744
37
112
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
Botswana
88
1415
1605
38
85
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
Algérie
88
2156
2452
39
2
FIRSTRAND BANKING GROUP
Afrique du Sud
88
77081
87801
40
45
KENYA COMMERCIAL BANK
Kenya
88
4072
4640
41
181
BANQUE ZITOUNA
Tunisie
88
823
940
42
102
ECOBANK CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
87
1314
1512
43
58
FIDELITY BANK
Nigeria
87
2326
2684
44
9
BANQUE CENTRALE POPULAIRE (GROUPE BANQUE POPULAIRE)
Maroc
86
25537
29627
45
99
BANQUE ATLANTIQUE – CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
86
1347
1567
46
75
ORAGROUP SA
Togo
86
2184
2544 2024
47
84
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
86
1731
48
171
BANQUE INTER. POUR LE COMM. ET L'INDUSTRIE DE LA CÔTE D'IVOIRE
Côte d'Ivoire
84
860
1026
49
83
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CÔTE D'IVOIRE
Côte d'Ivoire
83
2211
2679
50
30
ACCESS BANK NIGERIA
Nigeria
82
4608
5 641
*(en millions de dollars)
110
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
La prudence est de mise
5
15 %
C’est le pourcentage de hausse du montant des créances douteuses de la sud-africaine Rand Merchant Bank.
15
22 %
La Tunisie est le pays le plus représenté au classement, avec huit de ses banques figurant dans le top 50.
Malgré les besoins importants en crédits des sociétés du continent, les banques les plus prêteuses ont revu leurs ambitions à la baisse. OLIVIER HOLMEY
es ratios crédits-dépôts s’étiolent à mesure que des règles prudentielles poussent les banques africaines à prendre moins de risques. Seules les vingt premières institutions de notre classement disposent d’un ratio dépassant le seuil des 100 %, contre 24 en 2017 et 27 en 2016. Quant à la moyenne des ratios des 50 banques classées, elle baisse légèrement, de 104 % en 2017 à 103,7 % en 2018. Dans ce contexte, la congolaise Rawbank se révèle particulièrement preneuse de risques. Pourtant nouvelle au classement, elle grimpe à la première place, grâce à un ratio atteignant 174 %. Elle déloge ainsi Nedbank Namibia, qui était première les deux années précédentes, son ratio ayant baissé de 158 % à 139 %.
L
C’est le pourcentage de hausse des prêts aux particuliers octroyés par Banque de Kigali, le seul établissement rwandais au classement. 21
LEGNAN KOULA/EPA/MAXPPP
Mesures chocs
NSIA Banque Côte d’Ivoire figure à nouveau parmi les banques les plus prêteuses cette année. Mais l’un de ses clients, le négociant SAF Cacao, lui a valu bien des ennuis l’an dernier, sa faillite ayant entraîné une série de défauts de paiements.
27
« En 2018, si on regarde le secteur bancaire dans son ensemble, les prêts aux PME ont baissé de presque 250 milliards de shillings kényans. C’est beaucoup. » JOSHUA OIGARA, PDG de KCB Group
Sasfin Bank, la plus petite banque sud-africaine au sein du palmarès top 200, se maintient à la deuxième place du classement des 50 banques les plus prêteuses. Parmi ses compatriotes les plus C’est le pourcenimportantes, Rand Merchant Bank tage minimum arrive en tête, à la sixième place, devançant ainsi Nedbank Group, des dépôts que les Absa Bank, Standard Bank of South banques nigérianes Africa ainsi que FirstRand Banking doivent désormais Group. consacrer à l’octroi Dans l’ensemble, les autorités de crédits africaines sont conscientes du manque de crédits disponibles pour soutenir le développement des sociétés qui en ont besoin, en particulier les PME. Certains pays prennent désormais des mesures chocs pour pallier ce manque. Ainsi, la Banque centrale du Nigeria, première économie du continent, a cette année ordonné aux banques du pays de consacrer l’équivalent d’au moins 60 % de leurs dépôts à l’octroi de crédits. L'institution a indiqué que cette nouvelle règle servirait à financer « l’économie réelle », mais certains experts préviennent déjà qu’elle pourrait provoquer une recrudescence des créances douteuses. Une seule banque du pays, Fidelity Bank, figure dans notre classement cette année.
60 %
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
111
Radisson Blu réinvente les rendez-vous d’affaires BIENVENUE AU CENTRE DE CONVENTION DE KIGALI
CONFIGURATION DES SALLES ET ESPACES SÉLECTIONNÉS
SUPERFICIE EN M2
THÉÂTRE
SALLE DE CLASSE
BANQUET
COCKTAIL
DISPOSITION EN U
RÉUNION
STANDSD’EXPOSITION (3M X 3M)
AD 3, Rez de chaussé, Bâtiment principal AD 10, Rez de chaussé, Bâtiment principal AD 10 + 11 + 12, Rez de chaussé, Bâtiment principal Auditorium, Niveau 1, Bâtiment principal MH 1, Rez de chaussée, Annexe
L’
emblématique Centre de Convention de Kigali, peut accueillir plus de 6 000 personnes et s’étend sur plus de 32 000 m2 d’espaces d’exposition et de réunion, tous personnalisables. Situé à 5 km de l’aéroport international de Kigali et du centre-ville, le Centre de Convention dispose de 18 salles de réunion ultramodernes et d’un espace événementiel élégant, dont un auditorium pouvant accueillir jusqu’à 3 000 personnes. Un centre d’affaires, des restaurants, des bars exclusifs et d’innombrables places de stationnement disséminées dans les jardins luxuriants font de cet endroit un lieu de choix pour vos réunions d’affaires, congrès et occasions spéciales.
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Baromètre
zone franc
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
113
Baromètre
ZONE FRANC
Ecobank rattrapé par ses pairs Conséquence du recul du géant panafricain et de la pression de ses concurrents, jamais l’écart entre les leaders de la zone franc n’a été aussi resserré. JOËL TÉ-LÉSSIA ASSOKO
cobank Transnational Incorporated (ETI) conserve sa couronne mais a rarement été aussi exposé à la menace des prétendants au trône. Présent dans les quatorze pays de la zone franc – contrairement à ses concurrents –, le groupe bancaire affiche en 2018 un total de bilan cumulé de 5500 milliards de F CFA (8,4 milliards d’euros). Pourtant, son avance est à son niveau le plus bas depuis la première édition de notre baromètre, en 2015. Ecobank affirme que le renforcement de sa politique de prêts et la « rationalisation » de son empreinte géographique depuis trois ans ont assaini son bilan, au prix d’une contraction de ses encours de crédits, de ses revenus, de son réseau d’agences et de ses effectifs. Dans ces quatre catégories, ETI a en cinq ans cédé l’or pour le bronze. Si le groupe panafricain parie sur les futures retombées de ses investissements dans le numérique, ses concurrents français et marocains n’ont pas non plus chômé. La Société générale (SG) a progressé à grandes enjambées, en zone Uemoa notamment, grâce à sa locomotive ivoirienne, SGBCI, qui a doublé son avance sur la filiale d’ETI dans ce pays en matière de bilan et de revenus. Au Sénégal et au Burkina Faso, la distance a été maintenue. Moins flamboyante dans la zone Cemac, la SG a pu jouer de son avantage de banque internationale en se positionnant sur le mégaprojet du barrage de Nachtigal, au Cameroun. De fait, la bataille semble encore plus intense entre les challengers d’Ecobank. Dernier arrivé dans la région, en 2012, quatre ans après ses compatriotes Attijariwafa Bank et BMCE Bank, le groupe Banque centrale populaire (BCP) reste encore au pied du podium, avec un bilan de 3440 milliards de F CFA. Il y a fort à parier, cependant, que l’intégration des filiales du français BPCE au Cameroun et au Congo permettra à son bilan de passer le cap des 4000 milliards de F CFA, rejoignant dans un mouchoir de poche ses concurrents chérifiens. Ces derniers conservent toutefois leur dynamisme. Pour la deuxième année d’affilée, Attijariwafa se classe parmi les champions de la croissance, qu’il s’agisse des revenus, des actifs ou des crédits. Une offensive qui, dans le match opposant les banques marocaines à leurs rivales françaises, accroît la pression sur la SG, qui reste le seul groupe hexagonal à parier gros sur l’Afrique. Après BPCE en 2018, BNP Paribas a annoncé son intention de céder quatre filiales dans la zone CFA. Seule véritable ombre au tableau : les banques d’Afrique centrale. Si BGFI reprend péniblement des couleurs, après trois années de croissance atone, Afriland a, pour sa part, disparu des radars faute d’avoir fourni des données à jour. Un silence qui vaut renoncement?
E
L’OFFENSIVE DU MAROCAIN ATTIJARIWAFA ACCROÎT LA PRESSION SUR LE FRANÇAIS SOCIÉTÉ GÉNÉRALE.
114
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
MÉTHODOLOGIE Pour mesurer le poids des grands groupes bancaires dans la zone franc, Jeune Afrique a compilé les bilans financiers de leurs filiales dans les quatorze pays subsahariens concernés. Les chiffres sont arrêtés à fin 2018, sauf pour certaines banques dont nous n’avons pas pu obtenir les données actualisées. Pour les groupes dont le siège est situé dans l’un des pays de la zone (comme Ecobank et BGFI), seuls les chiffres des filiales exerçant dans la région ont été pris en compte, les résultats consolidés des holdings étant exclus. Les données ont été comptabilisées en intégralité, même si le groupe étudié ne possède pas 100 % du capital. Seules exceptions, pour deux filiales de BMCE Bank: Banque du développement du Mali, ajoutée au total de BMCE à hauteur du capital détenu, et La Congolaise de banque, comptée en totalité car le groupe marocain en a la gestion. Des données manquantes en 2018, notamment concernant la filiale sénégalaise de la BNP Paribas, ont pu être collectées cette année. Les chiffres concernant les agences ont été compilés en exclusivité pour Jeune Afrique par le cabinet Devlhon Consulting.
LES TITANS DE LA ZONE FRANC
LES CRACKS DE LA CEMAC
LE MATCH MAROC-FRANCE
Actifs totaux
5 257 5 500 Société Générale
LES ROIS DE L’UEMOA
Actifs totaux, zone franc
(en milliards de F CFA)
Ecobank
4 322 BMCE Bank
4 322 4 401
Ecobank
BMCE Bank
(en milliards de F CFA)
3 737 Société Générale
Banques marocaines
2 446
1 558
1 520
BGFI Bank
Attijariwafa Bank
Société Générale
PNB
372
Attijariwafa 365 Société 350 Bank Générale Ecobank
252
Ecobank
139
137
BGFI Attijariwafa 121 Société Bank Générale
Crédits
3 505
Attijariwafa Bank
2 783 2 569
Ecobank
10
Banques françaises
7 678
Société Générale
2 111
Ecobank
1 502
2 475
BMCE Bank
1 970
Banques marocaines
10 250
Banques françaises
5 259
BGFI
Banques françaises
1 049
Attijariwafa Bank
1 030
Société Générale
BMCE Bank
Attijariwafa Bank
292
242
Attijariwafa Bank
97
68
1 558
3 940
3 853 3 679
BMCE Bank
3 299
Attijariwafa Société Générale Bank
Ecobank
934
11
10
Banques marocaines
Banques françaises
9 195
Banques françaises
6 559
2 714
Société Générale
BCP
variation en %, 2017-2018 BMCE Bank
BGFI
BMCE Société Bank Générale
Banques marocaines
Attijariwafa Bank Société Générale
2 767
Nouvelles agences
141
224
Ecobank
Effectifs Société Générale Attijariwafa Bank Ecobank
10
BNP 7 Paribas Société Attijariwafa Générale Bank
20
21 70
15
Crédits
2 419
Banques marocaines
54
Société BNP 13 Paribas GénéraleAttijariwafa Bank
variation en %, 2017-2018
Agences zone franc
360
339
Ecobank
6
PNB
AVEC BMCE Bank
7
BNP Paribas Société Générale
variation en %, 2017-2018
Actifs totaux Cemac
Agences
379
Attijariwafa Bank
244
Société Générale 235 Attijariwafa Bank
(en milliards de F CFA) Société Générale
Actifs totaux
variation en %, 2017-2018
11 808
Actifs totaux Uemoa
(en milliards de F CFA)
LES CHAMPIONS DE LA CROISSANCE
BPCE
1 226 1 086 1 044
16
Attijariwafa Bank BGFI
12
3
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
115
Le nouveau magazine hebdomadaire de reportages initié par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), produit par le GROUPE RACECO, va à la rencontre de ceux qui contribuent au développement de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
© ONU Mali_Malivid_Mopti
Dimanche à 13h10 - Mardi à 20h00 sur TV5MONDE Afrique*
Bienvenue en Francophonie *heure de Dakar
Classement
assurances
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
117
Classement
ASSURANCES LES 100 PREMIERS ASSUREURS AFRICAINS (1-50)
CHIFFRES 2018 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2017 – ND : NON DETERMINÉ
Rang 2019
Rang 2018
Société
Pays
Président, PDG ou DG
Chiffre Résultat d’affaires* net*
1
1
SANLAM
Afrique du Sud
Ian Kirk
5 381
2
2
INDEQUITY GROUP
Afrique du Sud
Lourens Jansen van Rensburg
4 095
886 595
3
3
OLD MUTUAL LIFE ASSURANCE CO.
Afrique du Sud
Bruce Hemphill
3 803
625
4
4
LIBERTY GROUP
Afrique du Sud
David Munro
2 811
236
5
5
DISCOVERY HEALTH
Afrique du Sud
Adrian Gore
2 540
397
6
6
SANTAM
Afrique du Sud
Lizé Lambrechts
2 292
175
7
7
MMI HOLDINGS
Afrique du Sud
Hillie Meyer
2 069
98
8
8
SAHAM FINANCES
Maroc
Nadia Fettah
1 273
111
9
9
RMI HOLDINGS
Afrique du Sud
Herman Bosman
1 040
295
10
10
WAFA ASSURANCE
Maroc
Slimane Echchihab
875
64
11
11
AFRICAN REINSURANCE CORP.
Nigeria
Corneille Karekezi
797
31
12
13
MUNICH REINSURANCE CO. OF AFRICA
Afrique du Sud
Nico Conradie
750
ND
13
12
RMA (EX-RMA WATANYA)
Maroc
Zouheir Bensaïd
685
79
14
15
SAHAM ASSURANCE MAROC
Maroc
Christophe Buso
546
34
15
14
METROPOLITAN LIFE
Afrique du Sud
Peter Tshiguvho
510
ND
16
16
HOLLARD INSURANCE
Afrique du Sud
Saks Ntombela
450
48
17
17
AXA ASSURANCE MAROC
Maroc
Philippe Rocard
442
35
18
18
MUTUELLE ATTAMINE CHAABI
Maroc
Khalid Boussaid
414
ND ND
19
19
MISR INSURANCE CO.
Égypte
Adel Ahmed Moussa
397
20
-
COMPAGNIE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES
Tunisie
Abdelmonem Kolsi
382
5
21
-
NSIA PARTICIPATIONS
Côte d’Ivoire
Jean Kacou Diagou
363
10 26
22
22
COMPAGNIE CENTRALE DE RÉASSURANCE
Algérie
Hadj Mohamed Sebaa
268
23
20
JUBILEE HOLDINGS
Kenya
Julius Kipngetich
261
41
24
24
ATLANTA ASSURANCES
Maroc
Mohamed Hassan Bensalah
254
23
25
23
AVBOB INDUSTRIES
Afrique du Sud
J.F. Rademan
252
0
26
21
BRYTE INSURANCE CO. (EX-ZURICH INSURANCE CO. SOUTH AFRICA)
Afrique du Sud
Edwynn O’Neil
249
ND -28
27
28
BRITAM HOLDINGS (EX-BRITISH AMERICAN INVESTMENTS CO.)
Kenya
Benson Wairegi
244
28
27
LEADWAY ASSURANCE CO.
Nigeria
Oye Hassan-Odukale
241
17
29
25
SOCIÉTÉ NATIONALE D’ASSURANCES
Algérie
Nacer Sais
234
24
30
26
BOTSWANA INSURANCE HOLDINGS
Botswana
Catherine Lesetedi-Letegele
215
34
31
34
OLD MUTUAL ZIMBABWE
Zimbabwe
Jonas Mushosho
214
219
32
33
SWAN GROUP
Maurice
Louis Rivalland
213
10
33
31
SANAD ASSURANCE
Maroc
Abdelilah Laamarti
212
10
34
30
SOCIÉTÉ CENTRALE DE RÉASSURANCE
Maroc
Youssef Fassi Fihri
212
31
35
35
BRITAM KENYA (EX-BRITISH AMERICAN INVESTMENTS CO. KENYA)
Kenya
Benson Wairegi
203
ND
36
32
COMPAGNIE ALGÉRIENNE DES ASSURANCES
Algérie
Abdelkrim Djafri
201
23
37
29
THE RAND MUTUAL ASSURANCE CO.
Afrique du Sud
Bisnath Singh
200
35
38
38
LA MAROCAINE VIE
Maroc
Philippe Vial
188
ND
39
36
MISR LIFE INSURANCE CO.
Égypte
Said Saad Gabr
187
46
40
37
UAP HOLDINGS
Kenya
Peter Mwangi
182
ND
41
48
ZEP RE (PTA REINSURANCE)
Kenya
Hope Murera
179
ND
42
39
JUBILEE INSURANCE KENYA
Kenya
Julius Kipngetich
169
-6
43
43
CIC INSURANCE GROUP
Kenya
Tom Gitogo
162
6
44
50
FIRST MUTUAL HOLDINGS
Zimbabwe
Douglas Hoto
154
18 ND
45
41
CLIENTELE LIFE ASSURANCE CO.
Afrique du Sud
Basil William Reekie
152
46
47
ALLIANZ MAROC (EX-ZURICH COMPAGNIE MAROCAINE D’ASSURANCES)
Maroc
Joerg Weber
149
9
47
44
KENYA REINSURANCE CORP.
Kenya
Jadiah M. Mwarania
145
22
48
49
SWAN LIFE (EX-ANGLO-MAURITIUS ASSURANCE SOCIETY)
Maurice
Louis Rivalland
125
71
49
51
MAURITIUS UNION ASSURANCE CO.
Maurice
Bertrand Castères
121
10
50
42
SOCIÉTÉ TUNISIENNE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES
Tunisie
Hassene Feki
119
6
*(en millions de dollars)
118
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Une croissance en berne
1 Sanlam, qui arrive de nouveau en tête de notre classement, a fêté ses 100 ans l’an dernier.
4 Liberty Group a subi un piratage informatique d’envergure en juin 2018. La société a donc institué de nouveaux dispositifs de sécurité.
Après une année encourageante, le secteur a marqué le pas sur un marché de plus en plus concurrentiel, où les marges se contractent. TARIK YANMI
D
NADIA FETTAH Ex-DG de Saham Finances
11 L’assureur allemand Allianz cherche à s’implanter sur le continent. L’année dernière, il a ainsi acquis 8 % des parts de la société panafricaine African Reinsurance Corporation (Africa Re) et du nigérian Ensure Insurance. 31 Old Mutual Zimbabwe est la seule société du classement à avoir engrangé un bénéfice net dépassant son chiffre d’affaires, soit une marge nette de plus de 100 %.
HASSAN OUAZANI POUR JA
8
« Nous regrettons vivement de ne pas être plus présents en Afrique du Nord. »
ans certains pays, le ralentissement notable de la croissance économique en 2015 qui a suivi le repli des cours des matières premières, renforçant la vulnérabilité des économies du continent aux chocs externes, se fait encore ressentir. Par ailleurs, la baisse des cours de change des devises continentales, dont seules trois affichent une performance positive par rapport au dollar, a aussi entraîné une dévaluation des montants libellés en devise américaine. Dans notre palmarès, le chiffre d’affaires combiné des 100 plus grands assureurs fait ressortir une baisse annuelle de l’ordre de 9,8 %, à 41 milliards de dollars en 2019 après avoir atteint 45,5 milliards de dollars en 2018. Cette baisse tire vers le bas la profitabilité, qui a décliné de 5,8 %, passant de 4,96 milliards de dollars à 4,67 milliards. La marge nette agrégée avoisine ainsi les 11,3 %. Parmi les dix plus grandes sociétés du classement, huit ont accusé une baisse du C’est la baisse du résultat net allant de 5 % à 42 %. chiffre d’affaires L’année précédente, des combiné des signes d’une relance du secteur avaient pourtant émergé. Selon 100 plus grands les derniers chiffres de l’Organiassureurs du sation des assurances africaines continent (AIO), publiés le 10 juin 2019, les primes collectées par les sociétés d’assurance du continent en 2017 avaient bondi de 12 %, pour atteindre 66,7 milliards de dollars. L’assurance vie contribuait à près de 67 % du total, bien que son taux de pénétration de 2 % restait en deçà de la moyenne internationale de 3,3 %.
9,8 %
Domination sud-africaine
L’AIO indique que l’augmentation du chiffre d’affaires était notamment due à une amélioration des taux de change de certaines devises africaines. « En réponse à l’érosion des marges, certains assureurs internationaux ont réduit leur présence en Afrique alors que des sociétés africaines d’envergure régionale ont comblé le vide en cherchant à s’étendre à des marchés avoisinants », a
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
119
Classement
ASSURANCES LES 100 PREMIERS ASSUREURS AFRICAINS (51-100)
CHIFFRES 2018 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2017 – ND : NON DETERMINÉ
Rang 2019
Rang 2018
Société
Pays
Chiffre Résultat d’affaires* net*
Président, PDG ou DG
51
52
ENTERPRISE GROUP
Ghana
Keli Gadzekpo
112
52
60
CONDUIT CAPITAL
Afrique du Sud
Sean Riskowitz
106
18 9
53
46
COMPAGNIE ALGÉRIENNE D’ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE
Algérie
Brahim Djamel Kassali
106
ND
54
58
AIICO INSURANCE
Nigeria
Edwin Igbity
103
9
55
76
TRUSTCO GROUP HOLDINGS
Namibie
Quinton Van Rooyen
102
50
56
59
CUSTODIAN & ALLIED INSURANCE
Nigeria
Olatoye A. Odunsi
101
19
57
53
MUTUELLE AGRICOLE MAROCAINE D’ASSURANCE
Maroc
Abed Yacoubi-Soussane
99
ND
58
56
SAHAM ASSURANCE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Roland Ouedraogo
96
8
59
61
CONTINENTAL REINSURANCE CO.
Nigeria
Femi Oyetunji
94
9 5
60
63
APA INSURANCE
Kenya
Ashok Kumar Mepa Shah
93
61
69
AXA MANSARD INSURANCE (EX-GUARANTY TRUST ASSURE)
Nigeria
Kunle Ahmed
93
7
62
78
COMPAGNIE COMMUNE DE RÉASSURANCE DES ÉTATS MEMBRES DE LA CIMA
Togo
Jean-Baptiste Kouame
92
ND
63
54
CREDIT GUARANTEE INSURANCE CORP. OF AFRICA
Afrique du Sud
Charles Nortje
91
ND
64
70
NICO HOLDINGS
Malawi
Vizenge Matumika Kumwenda
89
17
65
-
JUBILEE INSURANCE UGANDA
Ouganda
Deepak Pandey
87
6
66
73
SUNU ASSURANCES VIE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Saliou Bakayoko
85
4
67
57
COMPAGNIE D’ASSURANCES DES HYDROCARBURES
Algérie
Widad Belhouchet
80
6
68
64
FIDELIDADE ANGOLA (EX-UNIVERSAL SEGUROS)
Angola
Armando Mota
80
2
69
65
COMPAGNIE INTERNATIONALE D’ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE
Algérie
Mohamed Hakim Soufi
79
5
70
55
SANTAM NAMIBIA
Namibie
Franco Feris
77
6
71
68
SWAN INSURANCE CO.
Maurice
Louis Rivalland
76
7
72
71
HERITAGE INSURANCE CO.
Kenya
Godfrey Kioi
73
5 ND
73
72
COMPAGNIE D’ASSURANCES TRANSPORTS
Maroc
Bachir Baddou
71
74
67
COMPAGNIE MÉDITERRANÉENNE D’ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES
Tunisie
Hakim Ben Yedder
69
9
75
89
AFRICAN TRADE INSURANCE AGENCY
Kenya
John Lentaigne
66
12
76
82
LIBERTY KENYA
Kenya
Mike Du Toit
62
5
77
79
SANLAM KENYA (EX-PAN AFRICA INSURANCE CO.)
Kenya
Patrick Tumbo Nyamemba
62
-19
78
77
WAICA REINSURANCE CORP. – SIERRA LEONNE
Sierra Leone
Ezekiel Abiola Ekundayo
58
5
79
93
JUBILEE INSURANCE TANZANIA
Tanzanie
Diphankar Acharya
57
2
80
75
GROUPE DES ASSURANCES DE TUNISIE
Tunisie
Mohamed Dkhili
56
3
81
-
GROUPE SONAM ASSURANCES
Sénégal
Souleymane Niane
56
6
82
83
SAHAM ASSISTANCE MAROC
Maroc
Yahia Chraïb
53
ND
83
66
ASSURANCES MAGHREBIA
Tunisie
Habib Ben Hassine
53
10
84
88
SUEZ CANAL INSURANCE
Égypte
Ahmed Hussein Shehab
52
2
85
-
APA LIFE ASSURANCE
Kenya
Catherine Karimi
52
0
86
84
SWAZILAND ROYAL INSURANCE CORP.
Swaziland
Zama P. Ngcobo
50
11
87
-
TANZANIA REINSURANCE CO.
Tanzanie
Rajab Kakusa
48
3
88
86
MAROC ASSISTANCE INTERNATIONALE
Maroc
Mouhssine Cherkaoui
48
6
89
85
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE RÉASSURANCE
Tunisie
Lamia Ben Mahmoud
47
6
90
94
NSIA VIE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Janine Kacou Diagou
44
ND
91
-
MUTUAL BENEFITS ASSURANCE
Nigeria
Olusegun Omosehin
43
ND
92
97
SALAMA ASSURANCES ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Bernabia
43
ND
93
-
GHANA REINSURANCE CO.
Ghana
George Mensah
42
8
94
92
SAHAM ASSURANCE VIE CÔTE D’IVOIRE
Côte d’Ivoire
Philippe Attobra
42
4
95
96
ALLIANCE ASSURANCES
Algérie
Hassen Khelifati
42
4
96
-
NEM INSURANCE
Nigeria
Tope Smart
41
6
97
99
NICOZDIAMOND INSURANCE
Zimbabwe
Grace Muradzikwa
40
2
98
90
STATE INSURANCE CO. OF MAURITIUS
Maurice
J. M. C. Gilles Chaperon
38
13
99
-
LLOYD ASSURANCES
Tunisie
Yazid Sellaouti
38
ND
100
80
NOSSA SEGUROS
Angola
Carlos Duarte
38
7
*(en millions de dollars)
120
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
La croissance du secteur reste négative en Angola et au Nigeria, les deux plus grands pays producteurs de pétrole du continent. L’effet de la crise économique, précipitée par la chute des cours du baril en 2015, se fait encore ressentir, selon l’African Insurance Organisation (AIO).
expliqué le groupement professionnel basé à Douala, au Cameroun. L’Afrique du Sud, dont le marché des assurances est le plus important du continent, domine encore le secteur avec onze sociétés parmi les dix-sept plus grands acteurs africains. Leur chiffre d’affaires cumulé de 25,7 milliards de dollars compte pour plus de 62 % du total des 100 établissements. Les sept premiers assureurs, tous sud-africains, restent indétrônables, chacun conservant son rang de l’an dernier. Mais même sur ce marché, les assureurs sont à la peine : Sanlam, toujours premier au classement, a vu son chiffre d’affaires chuter de près de 42 % l’an dernier, tandis que le chiffre d’affaires de son concurrent le plus proche, Indequity Group, a baissé de 6 %. La nation Arc-en-Ciel est suivie, loin derrière, par le Maroc avec six groupes dans le top 18, soit 4,2 milliards de dollars de primes émises. Saham Finances, le premier assureur marocain, pèse quatre fois moins en chiffre d’affaires que Sanlam, et huit fois moins en résultat net. Au Togo, la Compagnie commune de réassurance des États membres de la CIMA a grimpé de 16 rangs (62e), et l’African Trade Insurance Agency, basée au Kenya, a gagné 14 rangs (75e). À l’opposé, Nossa Seguros, en Angola – pays dont milliards de dollars la devise nationale s’est dépréciée de 46 % en 2018 – cède C’est le montant du 20 places et ferme le classechiffre d’affaires ment, et la société tunisienne combiné des Assurances Maghrebia recule assureurs d’Afrique de 17 places pour occuper la e du Sud, leaders in83 marche, alors que le cours du dinar a décliné de plus de 17 % contestés du marché en 2018. Parmi les sociétés qui ont accepté de communiquer leurs résultats comptables, Britam Holdings (Kenya) a affiché la plus grande perte des trois sociétés déficitaires du classement. La croissance du secteur reste négative en Angola et au Nigeria, les deux plus grands pays producteurs de pétrole du continent. Dix sociétés sont sorties du palmarès, soit autant de nouveaux entrants, contre huit l’an dernier.
ONS ABID POUR JA
25,7
89
« Le secteur a su générer de la croissance et s’assurer de sa solvabilité tout au long de la période économique difficile qui a suivi la révolution de 2011. » LAMIA BEN MAHMOUD PDG de Société tunisienne de réassurance
Au dernier trimestre 2018, la Conférence interafricaine des marchés d’assurances recensait seulement 20 assureurs sur 180 disposant de fonds propres conformes aux nouveaux minima réglementaires.
« Le marché africain de l’assurance étant toujours l’un des moins avancés au monde, les opportunités de croissance y sont formidables. » VICTOR MUGUTO, Associé de PwC en Afrique du Sud
Flambée des dédommagements
Le prochain classement pourrait bien voir Sunu Assurances gagner du terrain. La société sénégalaise a en effet signé cette année un accord avec l’allemand Allianz pour l’acquisition de cinq filiales présentes dans quatre pays du continent. Par ailleurs, les sociétés travaillant en Afrique australe pourraient faire face à une flambée des dédommagements après le passage du cyclone Idai, qui a ravagé en mars 2019 le Mozambique et, dans une moindre mesure, le Malawi et le Zimbabwe, coûtant la vie à au moins 1 300 personnes et causant des dommages estimés à plus de 2 milliards de dollars.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
121
L’INFORMATION INTERNATIONALE EN 12 LANGUES SUR LES PLATEFORMES TV & DIGITAL
Contact régie
&
: marianne.michelet@euronews.com, + 33 1 53 96 60 49
Source: GWI Q2 2018 – Q1 2019 – TV Daily reach – Europe excl Turkey
1
#
CHAINE D’INFORMATION INTERNATIONALE EN EUROPE
Classements
finance 124 BOURSE 126 CAPITAL-INVESTISSEMENT 128 DETTE
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
123
Classement
BOURSE LES 30 PREMIÈRES OPÉRATIONS EN 2018 Rang
Société
Secteur
Bourse
Type d’opération
Montant* 819
1
VIVO ENERGY
Énergie
Johannesburg SE ; London SE
Introduction en Bourse
2
PSG GROUP
Fonds d’investissement
Johannesburg SE
Vente de parts
581
3
SANLAM
Finance
Johannesburg SE
Augmentation de capital
489
4
GROWTHPOINT PROPERTIES
Promotion immobilière
Johannesburg SE
Augmentation de capital
366
5
UNION BANK OF NIGERIA
Finance
Nigerian SE
Offre de droits
360 323
6
QUILTER
Finance
Johannesburg SE ; London SE
Introduction en Bourse
7
STEINHOFF AFRICA RETAIL
Commerce de détail
Johannesburg SE
Vente de parts
312
8
KAP INDUSTRIAL HOLDINGS
Transport
Johannesburg SE
Vente de parts
310
9
ATTIJARIWAFA BANK
Finance
Casablanca SE
Augmentation de capital
251
10
LIBSTAR HOLDINGS
Agroalimentaire
Johannesburg SE
Introduction en Bourse
241
11
SCANCOM
Télécommunications
SE of Ghana
Introduction en Bourse
240
12
INFRASTRUCTURE COMMODITIES
Fonds d’investissement
SE of Mauritius
Augmentation de capital
207
13
SBM HOLDINGS
Finance
SE of Mauritius
Introduction en Bourse
162
14
LAFARGE AFRICA
Matériaux de construction
Nigerian SE
Offre de droits
136
15
DISCOVERY
Finance
Johannesburg SE
Augmentation de capital
132
16
GRIT REAL ESTATE INCOME GROUP
Promotion immobilière
SE of Mauritius
Augmentation de capital
131
17
SARWA CAPITAL HOLDING FOR FINANCIAL INVESTMENTS
Finance
Egyptian Exchange
Introduction en Bourse
121
18
FLOUR MILLS OF NIGERIA
Agroalimentaire
Nigerian SE
Offre de droits
110
19
CLICKS GROUP
Commerce de détail
Johannesburg SE
Augmentation de capital
109
20
VUKILE PROPERTY FUND
Promotion immobilière
Johannesburg SE
Augmentation de capital
104
21
TRANSACTION CAPITAL
Finance
Johannesburg SE
Augmentation de capital
102
22
ALLIANCES DÉVELOPPEMENT IMMOBILIER
Promotion immobilière
Casablanca SE
Augmentation de capital
101
23
HARMONY GOLD MINING CO
Mines
Johannesburg SE
Augmentation de capital
100
24
ORAGROUP
Finance
BRVM (Abidjan)
Introduction en Bourse
99
25
CI CAPITAL HOLDING
Finance
Egyptian Exchange
Introduction en Bourse
98
26
NEDBANK GROUP
Finance
Johannesburg SE
Augmentation de capital
89
27
PALM HILLS DEVELOPMENTS
Promotion immobilière
Egyptian Exchange
Introduction en Bourse
87
28
BLUE LABEL TELECOMS
Télécommunications
Johannesburg SE
Augmentation de capital
78
29
CAIRO FOR INVESTMENT & REAL ESTATE DEVELOPMENT
Fonds d’investissement
Egyptian Exchange
Introduction en Bourse
69
30
EQUITES PROPERTY FUND
Finance
Johannesburg SE
Augmentation de capital 63 *(en millions de dollars)
SOURCE : BRVM, SE, SE OF MAURITIUS, THE NIGERIAN SE, BOURSE DE CASABLANCA
LES PERFORMANCES DES BOURSES AFRICAINES EN 2018
124
Rang
Bourse
Indice
Performance annuelle (en %)
Au 31 décembre 2017 (en devise locale)
Au 31 décembre 2018 (en devise locale) 3 691
1
DAR ES SALAAM STOCK EXCHANGE
Tanzania All Share Index
54,1
2 396
2
ZIMBABWE STOCK EXCHANGE
ZSE All Share index
46,2
ND
146
3
BOURSE DE TUNIS
Tunindex
15,8
6 282
7 272
4
NAMIBIAN STOCK EXCHANGE
NSX Overall Index
0,6
1 300
1 307
5
GHANA STOCK EXCHANGE
GSE Composite Index
-3,4
2 580
2496
6
LUSAKA STOCK EXCHANGE
Lusaka All Share Index
-3,7
5 328
5 138
7
CASABLANCA STOCK EXCHANGE
MASI
-8,3
12 389
11 361
8
STOCK EXCHANGE OF MAURITIUS
SEMDEX
-8,8
2 202
2 008 7 852
9
BOTSWANA STOCK EXCHANGE
BSE Domestic Company Index
-11,4
8 860
10
JOHANNESBURG STOCK EXCHANGE
JSE All Share
-11,8
59 505
52 483
11
EGYPTIAN EXCHANGE
EGX 30
-13,5
15 019
12 991
12
UGANDA SECURITIES EXCHANGE
USE All Share Index
-16,9
1 962
1 630
13
NIGERIAN STOCK EXCHANGE
NSE All Share Index
-17,8
38 243
31 430
14
NAIROBI SECURITIES EXCHANGE
Nairobi All Share Index
-18,1
171
140
15
BRVM (ABIDJAN)
BRVM Composite index
-29,1
233
165
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Fébrilité sur les places
5 Après l’augmentation du capital effectuée par Union Bank of Nigeria, et pour laquelle Atlas Mara a exercé son droit de préemption, le pourcentage de contrôle de l’établissement financier géré à l’époque par Bob Diamond s’est élevé à 48 % du total des actions.
Le nombre d’opérations baissent sur les Bourses du continent, qui peinent à attirer de nouveaux émetteurs. TARIK YANMI
9 17
L’introduction en Bourse de Sarwa Capital Holding for Financial Investments a créé la polémique en 2018, le régulateur financier égyptien ayant déclaré que des irrégularités avaient émaillé l’opération.
vec 4,2 milliards de dollars de fonds levés à travers seize opérations, la Bourse des valeurs mobilières sud-africaine arrive sans surprise en tête du classement des 30 premières opérations boursières de l’année, comptant pour les deux tiers du montant total levé dans l’année. Johannesburg est et demeure la grande place boursière du continent. Le Nigeria se place en deuxième position, mais avec trois opérations au classement seulement pour un total de 606 millions de dollars. Avec le même nombre d’opérations enregistré à Maurice, Port-Louis a généré 500 millions de dollars au profit des entreprises cotées, soit presque deux fois plus qu’en 2017. La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), quant à elle, ne peut se vanter que d’une seule opération de taille, l’introduction du groupe bancaire ouest-africain Oragroup. Cette Bourse, installée à Abidjan mais qui dessert huit pays d’Afrique milliards de l’Ouest, a essuyé la perforde dollars mance la plus négative des C’est le total des places boursières de notre classement, son indice chu30 premières tant de près de 30 %. opérations
Attijariwafa Bank a procédé le 12 novembre 2019 à une augmentation de capital réservée aux salariés à un prix unitaire de 379 dirhams par action. Celle-ci s’échangeait pour 479 dirhams le 27 septembre 2019.
A
6,39
« La Bourse, malheureusement, continue d’avoir un rôle marginal. » KARIM HAJJI, directeur général de la Bourse de Casablanca
13 La Bourse nigériane, dont l’indice décollait de 42,3 % en 2017, a chuté en 2018 de 17,8 %, alors que le prix du baril de pétrole baissait de nouveau.
DR
7
La Tanzanie en tête
boursières en 2018
Mais la BRVM n’a pas été la seule Bourse en difficulté l’an dernier : 11 des 15 places de notre classement des performances ont subi une baisse de leur indice principal. Cette faible performance généralisée a pu dissuader des sociétés africaines de tenter des opérations boursières aussi importantes qu’en 2017. Les trente plus grandes transactions avaient alors généré 11,2 milliards de dollars, soit 75 % de plus qu’en 2018. Dans ce contexte fébrile, la Bourse de Tanzanie a connu la performance la plus impressionnante de l’année, suivie de près par celle du Zimbabwe, qui au tout début de l’année 2018 a lancé un nouvel indice réunissant toutes les actions cotées à Harare.
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
125
Classement
CAPITAL-INVESTISSEMENT
LES 50 PREMIÈRES OPÉRATIONS EN 2018 Rang 2019
Société
1
Airtel Africa
2
Liquid Telecom
3
CMGP
Pays/Région Royaume-Uni
Activité
Télécommunications SoftBank Group Corp ; Warburg Pincus LLC ; Temasek Holdings
Afrique subsaharienne Télécommunications Maroc
Montant investi*
Investisseurs
Agroalimentaire
1250
CDC
180
Development Partners International
100 100
4
Afreximbank
Afrique
Finance
Public Investment Corporation
5
Branch International
Afrique
Finance
Trinity Ventures; IFC; Victory Park; a16z; CreditEase Fintech Invest. Fund
70
6
Malindi Solar Group
Kenya
Énergie
CDC Group, Globeleq
66
7
TGCC
Maroc
Bâtiment
Mediterrania Capital Partners ; DEG ; Proparco ; South Suez
65
8
Nosa Group
Afrique du Sud
Services
Carlyle
56,5
9
Britam Holdings
Kenya
Finance
AfricInvest ; DEG ; FMO
55
10
Off Grid Electric (ZOLA)
Afrique du Sud
Énergie
Helios Investment Partners
55 52
11
Jumo
Afrique du Sud
Finance
Goldman Sachs; Proparco ; Finnfund; LeapFrog; Vostok Emerging Finance
12
Ison BPO
Afrique
Services
AfricInvest ; Gulf Capital
51
13
Channel VAS
Afrique
Finance
Ethos Private Equity
50
14
AJEast Nigeria
Afrique subsaharienne
Agroalimentaire
Duet
50
15
Cellulant
Afrique subsaharienne
Finance
TPG ; Endeavor Catalyst ; Satya Capital ; Velocity Capital ; Progression Africa
47
16
MNT Investments
Égypte
Finance
Development Partners International
45
17
D.Light Design Ltd.
Afrique du Sud
Énergie
FMO, Inspired Evolution (Evolution II Fund), Swedfund
41
18
CFG Bank
Maroc
Finance
Amethis ; AfricInvest
40 40
19
Wakanow
Nigeria
Services
Carlyle
20
Merec
Mozambique
Agroalimentaire
Amethis ; Proparco ; Kibo Fund
39
21
Alten RE Developments Africa B.V.
Afrique du Sud
Énergie
Inspired Evolution
36
22
ArtCaffe
Kenya
Services
Emerging Capital Partners
35
23
Food Concepts
Nigeria
Agroalimentaire
Development Partners International
35
24
Zola Electric
Afrique du Sud
Énergie
FMO ; Symbiotics
32,5
25
Kanu Equipment
Afrique subsaharienne
Distribution
Adenia Partners
31,7
26
Starsight Power Utility
Nigeria
Énergie
Old Mutual Alternative Investments ; Helios
30
27
Dolidol
Maroc
Industrie
Development Partners International
30
28
Premium
Maroc
Industrie
Amethis
25
29
Groupe Cofina
Afrique de l’Ouest
Finance
Mediterrania Capital Partners
23
30
Petro Ivoire
Côte d’Ivoire
Finance
Vantage Capital
21
31
Prime Bank Kenya
Kenya
Finance
AfricInvest ; Catalyst
20
32
HealthPlus
Nigeria
Santé
AltaSemper Capital
18
33
Cairo Scan
Égypte
Santé
Mediterrania Capital Partners
18
34
Marginpar Flower Group
Éthiopie
Agroalimentaire
EXEO Capital ; Norfund
17
35
Yoco
Afrique du Sud
Finance
Partech ; Orange Digital Ventures ; FMO
16
36
Pyramid Group
Tanzanie
Santé
IFC ; LeapFrog
15
37
Groupe ODM
Maroc
Santé
Proparco ; Alta Semper ; Ashmore
14
38
Les Centaures Routiers
Côte d’Ivoire
Logistique
AfricInvest
14
39
MFS Africa
Afrique subsaharienne
Finance
Equator Capital Partners ; Goodwell Invest. ; Lun Partners ; FSD Africa
14
40
Tumaini
Kenya
Distribution
Adenia Partners
13,2
41
Jumo
Afrique du Sud
Finance
Odey Asset Management
12,5
42
Newpack
Madagascar
Industrie
Adenia Partners
12,3
43
Paga
Nigeria
Finance
Global Innovation Fund ; Goodwell Invest.; Omidyar Network ; Adlevo Capital
10
44
Twiga Foods
Kenya
Agroalimentaire
IFC ; TLCom
10
45
I&M Bank Rwanda
Rwanda
Finance
IFC
10
46
Feastfoods Processors
Kenya
Agroalimentaire
Funguo Investments
10
47
Hospital Holdings Investment
Afrique de l’Est
Santé
Proparco ; IFC
9
48
Africa’s Talking
Kenya
Services
IFC ; Orange Digital Ventures ; Social Capital
8,6
49
Imperial Homes Mortgage Bank
Nigeria
Finance
Enko Capital
7,8
50
Mubawab
Maroc
Services
EMPG
7 *(en millions de dollars)
126
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
1 Airtel Africa était évalué à 4,4 milliards de dollars au moment de la levée de fonds, mais l’érosion du cours de l’action de la filiale de l’indien Bharti Airtel depuis son introduction en Bourse à Londres, à la fin de juin 2019, fait ressortir une valeur de marché d’à peine 2,5 milliards de dollars trois mois plus tard.
Transactions en baisse
Si les perspectives de croissance sont réelles sur le continent, les investissements ont atteint leur plus bas niveau en trois ans.
AFP/TONY KARUMBA
TARIK YANMI
4
Après l’annonce de l’investissement par le fonds public sud-africain PIC, le président d’Afreximbank, Benedict Oramah, a déclaré : « Nous nous réjouissons à l’idée de collaborer avec PIC pour faire avancer l’industrialisation de l’Afrique, encourager l’investissement intrarégional et étendre l’accès aux services à travers le continent. »
11 24 Le montant levé pour financer les opérations tanzaniennes de Zola Electric devrait contribuer à financer un plan de développement quinquennal dans ce pays.
Avec un financement de 3 millions de dollars dans Jumo, Proparco marque son premier engagement dans une fintech africaine.
vec des investissements de 3 milliards de dollars, les 50 plus grandes transactions du classement accusent une baisse de 21 %, après avoir drainé 3,8 milliards de dollars en 2017. L’année dernière, le ralentissement de la croissance économique mondiale avait pesé sur les cours des matières premières, principale richesse du continent, entraînant une chute de plus de 16 % de l’indice de référence des Bourses émergentes, le MSCI Emerging Markets Index. Selon les données de l’African Private Equity & Venture Capital Association (AVCA) publiées le 26 juin 2019, les investissements ont atteint en 2018 leur niveau le plus bas en trois ans, reculant de 10 %, à 3,5 milliards de dollars, alors même qu’on répertoriait 186 transactions – un record en cinq ans. Si l’intérêt des investisseurs se porte de plus en plus sur les petites et moyennes entreprises, les secteurs les plus capitalistiques continuent de capmilliards ter l’essentiel des financements. Sur les de dollars six dernières années, les télécommuniC’est le total des cations arrivent en tête des placements, 50 premières selon l’AVCA, devant les secteurs de l’énergie et des services publics. opérations
A
3
Fusions-acquisitions
de capitalinvestissement en Afrique
Alors que l’Afrique continue de présenter de réelles opportunités de croissance, les risques spécifiques au continent, notamment le risque politique, le risque de change et le risque de liquidité, peuvent parfois tempérer l’appétit des investisseurs. Étant donné le peu de liquidité de nombreux marchés de capitaux en Afrique, les gérants de portefeuilles choisissent parfois de monétiser leurs mises à travers des introductions en Bourse sur les places des marchés développés. Cependant, avec un pourcentage de 39 %, les sorties à travers des fusions-acquisitions sont les transactions les plus courantes, selon l’AVCA, devançant les cessions à d’autres acteurs du private equity (37 %) et les ventes aux équipes dirigeantes (22 %).
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
127
Classement
DETTE LES EMPRUNTS OBLIGATAIRES D’ÉTAT SUR LES MARCHÉS INTERNATIONAUX EN 2018 Émetteur
Date
Montant*
Nombre de tranches
1
ÉGYPTE
13 FÉVRIER
4 000 000 000
3
9 AVRIL
2
NIGERIA
15 FÉVRIER
14 NOVEMBRE
3
ANGOLA
4
SÉNÉGAL
5
CÔTE D’IVOIRE
6
KENYA
SOURCE : DEALOGIC
7 8
GHANA AFRIQUE DU SUD
9
TUNISIE
2 MAI
2 456 097 261 2 500 000 000 2 868 352 000
3 000 000 000
2 2 3
2
Monnaie d’émission
Taux d’intérêt Durée (en %) (en années)
dollars
6,588
10
dollars
5,577
5
dollars
7,903
30
euros
4,75
8
euros
5,625
12
dollars
7,143
12
dollars
7,696
20
dollars
7,625
7
dollars
8,747
12
dollars
9,248
30
dollars
8,25
10
dollars
9,375
30 30
16 JUILLET
500 000 000
1
dollars
9,375
6 MARS
2 232 058 153
2
euros
4,75
10
dollars
6,75
30
15 MARS
21 FÉVRIER
10 MAI
15 MAI
24 OCTOBRE
2 104 611 575 2 000 000 000 2 000 000 000 2 000 000 000 573 394 495
2 2 2 2 1
euros
5,25
12
euros
6,625
30
dollars
7,25
10
dollars
8,25
30
dollars
7,625
11
dollars
8,627
31
dollars
5,875
12
dollars
6,3
30
euros
6,75
5
1 L’Égypte réalise sa première émission obligataire en euros.
3
« Le succès de l’émission angolaise renforce l’intérêt déjà exceptionnel des investisseurs pour l’économie très dynamique de ce pays. »
GETTY IMAGES
Rang
NIKHIL RATHI, PDG de la Bourse de Londres
7 Le Ghana boucle sa sixième émission d’eurobonds, après être entré sur le marché de la dette extérieure en 2007.
*(en dollars)
Les eurobonds ont la cote
Des taux d’intérêt en baisse, des échéances plus lointaines, des émetteurs toujours plus nombreux… Le marché international de la dette obligataire séduit les États africains.
TARIK YANMI
n augmentation de plus d’un tiers, les émissions de dettes souveraines africaines sur les marchés internationaux ont marqué une progression importante en 2018. La baisse des revenus fiscaux qui a suivi la chute des cours de matières premières a forcé plusieurs gouvernements à revoir leurs objectifs d’endettement à la hausse. Les investisseurs, en quête de marchés rémunérateurs dans un contexte international marqué par des taux d’intérêt très faibles, ont eu vite fait de s’engouffrer dans la brèche.
E
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jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
Selon les données compilées par Dealogic, les douze émissions d’eurobonds (en 24 tranches) de 2018 ont rapporté 26,2 milliards de dollars aux coffres de neuf États, plus que les 19,6 milliards de dollars en 2017. Et les échéances sont de plus en plus lointaines, avec des durées d’endettement sur trente ans pour huit de ces émetteurs. En 2016, seuls quatre États avaient accès à ce marché, et les durées n’excédaient pas dix ans. L’Égypte arrive en tête des émetteurs : elle a levé au premier semestre près de 6,5 milliards de dollars en deux émissions libellées en dollars et en euros.
En fonction du risque, de la notation souveraine et de la durée des emprunts, les taux d’intérêt varient entre 4,8 % pour l’Égypte et 9,4 % pour l’Angola. Ce dernier pays renouait en 2018 avec les marchés internationaux pour la première fois depuis 2015. Mais cette recrudescence des émissions s’accompagne d’un risque accru. Selon les estimations du FMI publiées en avril 2019, parmi 35 États subsahariens, sept sont en défaut de paiement, soit le nombre le plus élevé depuis 2009, tandis que l’endettement public dans la région atteignait à la fin de 2018 une moyenne de 56 % du PIB.
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POST-SCRIPTUM Olivier Holmey
Pirates en vue es opérations bancaires en Afrique se numérisent à grand pas. Cette évolution est source de nombreuses perspectives pour le continent, au premier rang desquelles la bancarisation de populations longtemps restées inaccessibles. Mais elle charrie aussi son lot d’incertitudes. À mesure qu’ils numérisent leurs activités, les établissements financiers deviennent en effet la proie de cyberattaques toujours plus nombreuses, toujours plus sophistiquées. Partout les risques de piratage informatique augmentent. Au Nigeria, Interpol pointait du doigt en 2018 la recrudescence des cas de fraudes bancaires, souvent dissimulées derrière le vol d’identité de cadres des établissements visés. En Afrique du Sud, le Centre d’information sur le risque bancaire, une ONG spécialisée, a enregistré une hausse significative des cas de fraudes bancaires sur les plateformes numériques, y compris la multiplication par deux des attaques sur applications mobiles. Au Maroc, un réseau de cyberdétournements
L
Fondateur : Béchir Ben Yahmed, le 17 octobre 1960 à Tunis bby@jeuneafrique.com Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél. : +33 (0)1 44 30 19 60 Fax : +33 (0)1 45 20 09 69 Courriel : redaction @jeuneafrique.com
130
aurait sévi contre plusieurs comptes bancaires, jusqu’à son démantèlement en avril grâce à des descentes de police dans plusieurs villes du pays. Les pertes provoquées par ces attaques se chiffrent en milliers, voire en millions. Cette année, une cyberescroquerie aurait coûté 76000 euros à la Banque de Dakar. Plus durement frappée, State Bank of Mauritius aurait perdu 2,3 millions d’euros à la suite du piratage de sa filiale indienne en 2018.
Avant-garde
Directeur général : Amir Ben Yahmed Vice-présidents : Danielle Ben Yahmed, François Soudan Directeur de la publication : Marwane Ben Yahmed Directeur de la rédaction : François Soudan f.soudan@jeuneafrique.com
jeuneafrique no 51 - SPÉCIAL FINANCE - Édition 2019
À mesure qu’elles numérisent leurs activités, les banques deviennent la proie de cyberattaques.
Les sociétés d’assurance ne sont pas non plus épargnées. Liberty Group, géant du secteur, s’est fait dérober certaines de ses données, y compris des e-mails confidentiels, lors d’une attaque de grande ampleur en juin 2018. Comme souvent dans ces cas-là, la faille de sécurité ainsi mise à nu a effrayé investisseurs et clients de la société,
La rédaction et l’équipe de Jeune Afrique sont à retrouver sur www.jeuneafrique.com/quisommes-nous/
Diffusion et abonnements
Ventes : +33 (0)1 44 30 18 23 Abonnements : Service abonnements Jeune Afrique. 56, rue du Rocher 75008 Paris Tél. : +33 (0)1 44 70 14 74
provoquant la chute du cours de ses actions. Ces difficultés devraient-elles pour autant remettre en question la numérisation en cours? Évidemment non. Comme le soutient Yves Eonnet, PDG et fondateur de la fintech TagPay (lire p. 56), l’Afrique est à l’avant-garde de la transformation numérique des activités de finance. Ces avancées permettent d’améliorer les services offerts et d’accroître le nombre de clients ainsi servis. Il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. Il s’agit plutôt d’adapter ses défenses aux dangers d’une ère nouvelle. Déjà, banques et assureurs africains s’équipent pour mieux lutter. State Bank of Mauritius a tiré les leçons de sa mésaventure numérique, renforçant la sécurité de son réseau et de ses procédures internes. Le secteur dans son ensemble engage des actions similaires, souvent avec l’aide de sociétés spécialisées et de pirates recrutés pour mettre ses systèmes à l’épreuve. C’est au prix de ces efforts que la numérisation portera tous ses fruits.
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