GF Benin 2019 Janvier

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GBAGBO

MAROC M6 et le patient gabonais

LES SECRETS D’UN RETOUR

SÉNÉGAL Comment Macky Sall a apaisé la Casamance

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3028 DU 20 AU 26 JANVIER 2019

Élu en avril 2016, le président Patrice Talon aborde la seconde partie de son mandat. Quels sont les résultats politiques, économiques et sociaux de son action ? Les législatives du 28 avril constitueront un test. Spécial 30 pages

Bilan d’étape ÉDITION BÉNIN

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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 €

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Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 €

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Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285


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HOLDING S.A

AKAD ITHIEL

OCEAN AKAD INTERNATIONAL FZCO

D’ici à 2021, nous allons moderniser l’ensemble de nos stations-service Présentation du Groupe AKAD International (GIE) M. Arnauld AKAKPO CEO Groupe AKAD & Ithiel Holding SA Casablanca

COMMUNIQUÉ

Depuis 2007 que la filiale JEHOVAH NISSI PETROLEUM-Bénin SA existe au sein du Groupe AKAD, Monsieur Arnauld AKAKPO, CEO du Groupe, nous explique comment il voit son évolution et son positionnement.

out le territoire Béninois. La filiale JNP Bénin SA to esst devenue une véritable locomotive de otre Groupe. no ous croyons aux autorités de notre pays, en No e qui concerne l'assainissement de notre ce ecteur d'activité, afin que le secteur pétrolier se uisse booster l'économie béninoise. pu n dix ans, grâce à son savoir-faire, la filiale JNP En énin SA a donné naissance au Bénin à d'autres Bé ociétés venues renforcer son activité et qui so orment aujourd'hui un Groupement d'intérêt fo conomique dénommé Groupe AKAD Internaéc onal GIE. tio

La filiale JNP-Bénin SA a en effet été créée en 2007 et a choisi d'implanter son siège dans la ville de Parakou, au nord du pays. La société JNP SA commercialise les produits pétroliers et ses dérivés notamment : le gasoil, l'essence, le pétrole, le butane, le jet A1 et les lubrifiants ENOC (Emirates National Oil Compagny) qu'elle représente également dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest. Elle s'est imposée très vite comme acteur national et régional majeur de l'importation, de la réexportation, du stockage et de la distribution de produits pétroliers et dérivés. Les chiffres parlent d'eux-mêmes depuis sa création, le capital de la société JNP SA est passé de 25 millions à 1 milliard de F CFA en 2017. JNP a aussi multiplié par 50 sa capacité de distribution de produits pétroliers, avec une centaine de stations-services et plus de 500 boutiques et kiosques répartis sur

ous travaillons à moderniser toutes nos No sttations-service et comptons aller beaucoup plus loin. La société JNP SA amorcera ses gros projets de développement à partir du 1er semestre de l'année 2019. En plus de renforcer ses capacités d'import-export et de distribution, le Groupe AKAD a entrepris de diversifier son offre en se tournant vers un secteur en plein expansion à l'échelle africaine, le tourisme et a créé la SBTF Tours (Société Béninoise de Transport, de Fret et de Tourisme) spécialisée dans la billetterie aérienne et circuits touristiques au Bénin. Bénin les c cu ts to > Oscar du Leadership et de l’excellence CIMA 2018

> Groupe le plus dynamique de L’UEMOA Ecofinance 2018

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La vision du CEO du Groupe AKAD & ITHIEL Holding SA est de contribuer de façon significative à l'économie nationale par ses investissements.


GRAND FORMAT

ANDREW ESIEBO/PANOS-REA

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

BÉNIN

Bilan d’étape

État des lieux politique et socio-économique à mi-mandat, avant le test électoral des législatives, le 28 avril. jeuneafrique no 3028 du 20 au 26 janvier 2019

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86 ENJEUX

Une majorité regonflée à bloc

94 Entretien avec

Vincent Duhem

Yonnantché Boya Président de la Coalition des mouvements du nouveau départ (CMND)

VincentDuhem

98 En débat

Branle-bas électoral

Gouvernance tous risques ymbole de l’arrivée des hommes d’affaires dans le jeu politique, l’élection de Patrice Talon à la tête du Bénin, en avril 2016, avait soulevé un mélange de curiosité et d’interrogations. Un businessman réussira-t-il là où les politiciens de carrière ont échoué? Peut-on gérer un État comme on dirige une entreprise ? Quid des risques de conflits d’intérêts ? L’Afrique de l’Ouest bruissait de ces questionnements. Il est aujourd’hui sans doute encore trop tôt pour forger une opinion définitive sur le premier mandat du chef de l’État ; il lui en faudra d’ailleurs sans doute un deuxième s’il veut mener tous ses projets à bon port. Patrice Talon l’a néanmoins déjà marqué de son empreinte. Soutiens et pourfendeurs s’accordent au moins sur ce point.

S

Diablement stratège

Voilà bientôt trois ans que l’ancien magnat du coton a investi le palais présidentiel de la Marina, à Cotonou. Il y a fait des travaux, changé le mobilier de son prédécesseur Thomas Boni Yayi et bouleversé le quotidien de l’institution présidentielle, comme s’il voulait la façonner à son image. Depuis cette journée du 6 avril 2016, l’ancien homme d’affaires a bien dû modeler ses habitudes à l’épreuve de son nouveau statut de chef de l’État. Mais il est, dans le fond, demeuré le même : intrépide, méticuleux, diablement stratège et sans états d’âme. Patrice Talon donne souvent le sentiment de se croire invincible. Il dégage une confiance en lui déstabilisante, celle de ces hommes qui ont fait de la prise de risques une philosophie de vie.

99 Interview de

Guy Dossou Mitokpè Secrétaire général de Restaurer l’espoir

102 ÉCONOMIE

Ce que donne le PAG à mi-quinquennat

Il y a un côté Dr Jekyll et Mr Hyde chez ce président atypique. On sent chez lui une profonde envie de secouer son pays pour en tirer le meilleur. Ses choix obéissent à une logique libérale assez orthodoxe, marquée par le souci de l’efficacité. Sa volonté de ne pas courir après la popularité laisse quelquefois penser qu’il souhaiterait gouverner sans en rendre compte à son peuple. À la manière d’un bulldozer, il peut aussi foncer droit devant, quitte à jouer avec les règles et écraser, çà et là, ceux qui se mettent en travers de sa route. Malgré les réticences, les manifestations ou les grèves, il a cependant réussi en moins de trois ans à faire voter l’essentiel des grandes réformes : nouvelle loi électorale, charte des partis politiques modifiée, interdiction du droit de grève pour les fonctionnaires de la Santé et de la Justice, révision du code du travail, etc. Est-ce ce mode de gouvernance parfois brutale ou son étiquette d’ancien homme d’affaires ? Toujours est-il qu’il n’a aujourd’hui toujours pas réussi à lever les doutes qui entourent certains aspects de sa gouvernance. Ses actes sont toujours analysés à travers le prisme du soupçon, notamment de conflit d’intérêts. Ainsi, bien qu’impérative, l’intense lutte contre la corruption menée depuis le début de son quinquennat – et caractérisée ces dernières semaines par le procès du scandale financier ICC-services – continue d’être perçue comme une vaste chasse aux sorcières. Confondre vitesse et précipitation n’est pas sans risque…

106 Aménagement

Les routes du développement

114 Agro-industrie

Entretien avec Mathieu Adjovi Président de l’Association interprofessionnelle du coton (AIC)

119 Tribune

Roland Riboux Président du Conseil des investisseurs privés au Bénin (CIPB)

122 SOCIÉTÉ

Bataille en ligne

127 Arts plastiques Tchif fait le Job

130 Musique

Lionel Loueke en mode majeur

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Grand format BÉNIN

Le 27 décembre, à Porto-Novo. Patrice Talon (à g.) au côté du président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji, avant son discours sur l’état de la nation.

PR DU BÉNIN

ENJEUX


Une majorité regonflée à bloc À trois mois des élections législatives, le chef de l’État – et du gouvernement – bat le rappel de ses troupes. Il s’appuie sur deux nouvelles coalitions. Et pourrait tirer profit des hésitations de l’opposition. VINCENT DUHEM, envoyé spécial

T

rois chevaux montés par des hommes habillés à la façon des cavaliers wassangaris se cabrent violemment. Un danseur traditionnel, sur des échasses, amuse un groupe d’enfants médusés. Ce 8 décembre 2018, la ville de Parakou, à 400 km au nord de Cotonou, accueille le congrès constitutif du Bloc républicain, membre de la majorité présidentielle. Vêtu d’une ample tunique blanche et coiffé d’une toque verte, Abdoulaye Bio Tchané s’avance à la tribune. « J’ai la certitude que les conclusions de vos travaux permettront au Bloc de travailler inlassablement afin que, dès le soir des prochaines élections législatives, nous envoyions un message fort à tout le peuple béninois », lance le ministre d’État chargé du Plan et du Développement. Fixées au 28 avril, ces élections feront date dans l’histoire récente du Bénin, avec l’application d’un nouveau code électoral et de la Charte des partis politiques (lire p. 98). Adoptés en juillet 2018, ces deux nouveaux textes législatifs sont censés bouleverser le paysage politique. Leurs dispositions – par exemple, seules les formations ayant recueilli au moins 10 % des suffrages exprimés sur le plan national pourront siéger au Parlement – visent à favoriser la création de grands partis, aux assises nationales. La création du Bloc républicain en est la conséquence directe. « Les effets du nouveau code électoral seront mis en évidence à l’occasion des élections législatives, pour lesquelles mon gouvernement

jouera pleinement sa partition », a rappelé Patrice Talon dans son message sur l’état de la nation, prononcé le 27 décembre devant l’Assemblée nationale.

En première ligne

Investi en avril 2016, le chef de l’État tient particulièrement à ce scrutin. « Il est conscient qu’il lui serait difficile de gouverner si l’opposition venait à remporter la majorité des sièges. L’ancien président Thomas Boni Yayi dit souvent que ses ennuis ont débuté lorsque sa coalition a perdu le perchoir, en 2011 », explique l’un des proches de Patrice Talon. Lequel est plus que jamais en première ligne. Depuis l’adoption du code électoral, l’ancien homme d’affaires a tout fait pour dessiner le nouveau visage de la majorité. C’est lui qui est à l’origine de la constitution des deux nouvelles coalitions soutenant son action – il avait même envisagé d’en créer trois –, le Bloc républicain et celui de l’Union progressiste. Coprésidé par le numéro deux du gouvernement, Abdoulaye Bio Tchané, et par les députés Jean-Michel Abimbola et Robert Gbian, le Bloc républicain regroupe une dizaine de partis. On y retrouve notamment le député Rachidi Gbadamassi, le maire de Parakou, Charles Toko, et le patron de presse Malick Gomina. Après plusieurs semaines de tergiversations, le Parti du renouveau démocratique (PRD, d’Adrien Houngbédji) a finalement refusé d’intégrer le Bloc. La formation du président de l’Assemblée nationale ira donc seule aux élections. L’Union progressiste est également présidée par un trio constitué de Bruno Amoussou, vieux routier de la politique

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COMMUNIQUÉ

« De grandes ambitions pour des infrastructures africaines »

PAG Bénin tronçon Porto Novo-Misserete en cours

Carrière de concassage du groupe Ofmas Tan , Bénin

Offrir des ouvrages de qualité à ses clients et donner les meilleures opportunités à son personnel, tels sont les principes sur lesquels a été fondé, depuis l’année 1984, le Groupe OFMAS International, une entreprise générale de travaux publics et privés – travaux routiers et autoroutiers – d’exploitation et de concassage de granites – enrobés – centrale de béton préparé livrable par mixers – pose de canalisateurs – infrastructures générales – bâtiments – ponts. Pour Mathurin de CHACUS, Président Directeur Général du Groupe, sa vision est d’être un leader incontournable dans le domaine du génie civil, et la mission ainsi que les valeurs sont les bases et les boussoles conduisant à l’efficacité et à la performance de toute entreprise. Son engagement constant, en lien avec cette logique, est d’y attacher une importance extrême et en faire un guide dans la conduite des tâches quotidiennes.

UNE ÉQUIPE ET DES TECHNOLOGIES MODERNES POUR DES TRAVAUX DE QUALITÉ Convaincu que l’homme constitue la principale richesse de toute entreprise, OFMAS International met un soin particulier à recruter des ressources humaines de qualité et à développer leurs compétences. Le Groupe emploie plus de 400 permanents et des milliers de saisonniers. Avoir des hommes de qualité, établir des processus et procédures sont des principes auxquels l’entreprise ajoute l’acquisition de moyens logistiques et matériels de pointe avec des partenariats techniques tunisiens et israéliens, des partenariats matériels belges et des partenariats financiers avec d’importantes banques africaines qui la financent et aussi les projets d’infrastructure du Bénin et d’autres. L’entreprise dispose d’un important parc de matériel lourd et roulant pouvant servir tous ses chantiers.

ENGAGER AU CÔTÉ DU BÉNIN POUR LA RÉALISATION DU PROGRAMME D’ACTIONS GOUVERNEMENTAL « Bénin Révélé », un programme d’action à travers lequel le Gouvernement du Bénin ambitionne d‘assurer une transformation structurelle du pays. Entre autres domaines importants contenus dans ce programme, se trouve la construction d’infrastructures routières et d’aménagement du cadre de vie. Parmi les partenaires commis par le Gouvernement pour la réalisation des chantiers, se trouve en très bonne place OFMAS International. Les routes Porto-Novo – Missrété en double voies (2X2) pour 55 % de réalisation, Pobè-Adja Ouèrè-Ouinhi pour 52 % de réalisation et Missrété – Pobè en une voie (1X2), sont des chantiers sur lesquels

elle s’active l’entreprise et mobilise des taux d’exécution très avancés et la construction de la Rocade de Porto Novo et du pont de Zounvi en partenariat public privé dont la mobilisation des ressources financières est en cours. Dans le but d’améliorer le cadre de vie des populations, le Gouvernement a également engagé des travaux de modernisation du mobilier urbain à travers le projet asphaltage. OFMAS International fait aussi partir des partenaires présents sur ces chantiers. L’entreprise réalise dans ce cadre la construction de rues primaires, secondaires et tertiaires dans les principales villes du sud-est du Bénin, notamment Porto-Novo et Sèmé-Kpodji. Des avancements significatifs de ces projets se remarquent déjà sur le terrain avec le pavage du tronçon des pèlerins des Christianismes Célestes à Sèmé au Bénin. Son ambition d’être totalement autonome en fourniture de concasser pour les travaux, amène OFMAS à renforcer sa capacité de production de 2 000 T / jour à 5 000 T / jour en 2018 sur un domaine qui s’étend sur plusieurs hectares dans la commune de Zagnanado précisément à Tan. C’est à ce titre que OFMAS dispose des moyens de transport pouvant transporter jusqu’à 2 000 T / jour de ce site. Outre le Bénin, OFMAS International est également implanté en Côte d’Ivoire et au Togo. Convaincu que la construction d’infrastructures de qualité constitue un levier très important pour l’amélioration des conditions de vie, le Groupe participe ainsi au développement des pays dans lesquels il opère et en particulier dans son pays d’origine qui est le Bénin. Le Bénin a un très bel avenir en matière d’infrastructure et nous invitons le monde entier à nous observer maintenant et durant les prochaines années

DES PERSPECTIVES HEUREUSES POUR LE GROUPE L’ambition du Groupe est de porter les infrastructures béninoises et africaines à l’échelle de celles de l’Occident afin de révéler nos pays au monde entier.

www.groupeofmas.com OFMAS International : Carré 4012 Autoroute 3 - Cité Vie Nouvelle – Zone indusrielle - Akpakpa 01 BP 3455 Cotonou (Littoral) - Email : contact@groupeofmas.com

JAMG/DIFCOM - © D.R.

Direction générale du groupe Ofmas au Bénin


Grand format BÉNIN ENJEUX

octobre 2018, à vingt ans de prison (lire ci-dessous), Sébastien Ajavon, qui dirige l’Union sociale libérale (USL), tente de Les législatives sont demeurer un acteur majeur de l’opposiorganisées selon un scrutin tion. Il a multiplié les tractations, notamde liste à la représentation ment avec Boni Yayi. Cependant, les deux proportionnelle, à un seul hommes n’ont pas réussi à s’entendre sur les contours d’une liste commune, et tour. il est aujourd’hui probable qu’ils iront 83 sièges sont à pourvoir chacun de leur côté aux élections. « Yayi pour un mandat de 4 ans. estime que les FCBE doivent être la clé Chaque liste doit comporter de voûte de la coalition de l’opposition, un nombre de candidats que leur logo doit prévaloir sur celui des autres partis. Le problème est qu’Ajavon égal à celui des sièges à tient trop à sa formation pour accepter pourvoir et un suppléant cela », explique un observateur. Sébastien pour chaque candidat. Ajavon en exil, les conseillers de l’ancien président estiment que Boni Yayi est aujourd’hui en position de force. Toujours très populaire dans le Nord, ce dernier multiplie les déplacements sur le terrain. Il n’a en revanche toujours pas annoncé s’il serait Qu’en est-il de l’opposition? Elle semble aujourd’hui affaicandidat à ces élections. « Un jour, il dit oui, l’autre non. blie. Ses acteurs comptent malgré tout s’appuyer sur le Sans doute attend-il de savoir si le rapport de force lui sera sentiment de frustration qui semble s’être emparé d’une favorable », estime l’un de ses proches. partie des Béninois. En avril 2018, Sébastien Ajavon, les Enfin, le positionnement de Candide Azannaï, ex-mianciens présidents Nicéphore Soglo et Thomas Boni Yayi, nistre délégué à la Défense et ancien ami du chef de l’État, des personnalités comme Albert Tévoédjrè ainsi que reste un mystère. Après sa démission du gouvernement quelques ténors des Forces cauris pour un Bénin émergent à la fin de mars 2017, cet ancien pilier du système Talon (FCBE) et du Parti communiste du Bénin s’étaient réunis à s’était un temps rapproché de Boni Yayi, mais il ne s’est Djeffa, à quelques kilomètres de Cotonou, annonçant leur jamais affiché avec les autres ténors de l’opposition. Il intention de faire front commun aux législatives. Depuis, s’exprime très rarement et les récentes déclarations des aucun accord n’a été entériné et, si la situation a évolué, les lieutenants de son parti, Restaurer l’espoir (lire p. 99), très chances de voir émerger une liste unique de l’opposition critiques envers les leaders en exil, ont semé le trouble. sont quasi nulles. Le 16 janvier, Nicéphore Soglo et Boni L’enjeu est de taille. Si l’opposition parvient finalement Yayi ont annoncé la mise en place d’une liste commune à présenter une seule liste aux législatives, elle pourrait à laquelle participera Éric Houndété, vice-président de évidemment fragiliser l’exécutif. Dans le cas contraire, l’Assemblée nationale. Néanmoins, les négociations pourra-t-elle à empêcher le président Talon de s’offrir une avec Sébastien Ajavon n’ont pour le moment pas abouti. nouvelle majorité ? Installé à Paris depuis sa condamnation à Cotonou, en

béninoise et ancien chef de l’Union fait la nation (UN), de Sacca Lafia, le ministre de l’Intérieur, ex-premier vice-président de l’Assemblée nationale, qui fut le directeur de campagne de Patrice Talon en 2016, et d’Abraham Zinzindohoué, président de l’une des deux branches de la Renaissance du Bénin (RB). Une dizaine de partis ont accepté de rejoindre cette formation, contrairement à l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (UDBN), de la députée Claudine Prudencio, qui reste pourtant proche de la mouvance présidentielle. Très impliqué dans la construction de ces deux coalitions, Patrice Talon reçoit régulièrement leurs principaux animateurs, même s’il donne l’impression d’avoir plus d’affinités avec le Bloc républicain.

NOUVEAU CODE

Sentiment de frustration

VIP EN EXIL Au Bénin, il ne fait pas bon s’opposer au président Patrice Talon. Outre Sébastien Ajavon, plusieurs pourfendeurs de l’ancien roi du coton ont quitté leur pays pour éviter d’avoir à répondre aux convocations d’une justice qu’ils estiment inféodée au pouvoir. De leur côté, les autorités démentent toute instrumentalisation politique et mettent en avant leur volonté de mener une lutte impitoyable contre la corruption et la mal-gouvernance. Accusé de trafic de drogue, Sébastien Ajavon a été condamné à vingt ans de prison par la Cour de répression

des infractions économiques et du terrorisme (Criet, juridiction créée en août 2018) et vit désormais principalement à Paris. L’ex-homme d’affaires y a retrouvé Léhady Soglo. Le fils de l’ancien président béninois, dépossédé successivement de son poste de président de la Renaissance du Bénin (RB) et de celui de maire de Cotonou pour « fautes lourdes », est visé par trois mandats d’arrêt internationaux. Autre opposant de marque, Komi Koutché est également sous le coup d’un mandat d’arrêt international dans un dossier lié

à sa gestion du Fonds national de la microfinance lorsqu’il en était le patron. L’ex-ministre d’État chargé de l’Économie et des Programmes de dénationalisation dans le gouvernement de Boni Yayi a été interpellé à Madrid, le 14 décembre, par la police espagnole. Après avoir repris des études aux États-Unis, l’ancien grand argentier comptait faire son retour sur la scène politique. Réussira-t-il à échapper à une extradition vers Cotonou ? V.D.

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2018, une année pleine de prouesses. MTN Bénin continue de réaffirmer son engagement à offrir aux populations des services de qualité. Fort de ses 4 900 000 abonnés, MTN Bénin est devenu, au fil des ans, l’entreprise de télécommunication avec laquelle il faut compter dans le paysage économique béninois. Entreprise de classe mondiale, MTN Bénin ne cesse d’investir dans ses équipements pour faire vivre aux abonnés une expérience client remarquable. A cet effet, elle a mené à bien des projets importants en 2018 : Nouvelles technologies et renforcement de la capacité du réseau : MTN Bénin a déployé au cours de l’année 2018 pas moins de 200 sites parmi lesquels 29 sites 2G, 54 sites 4G, 145 sites 3G afin d’améliorer le taux de couverture ainsi que la qualité réseau (Voix et Internet). Une autre technologie s’est ajoutée à cet investissement au nom de « Multi-Sector Technology » afin de booster les performances du réseau. Une nouvelle plateforme pour améliorer la qualité des services : MTN Bénin pour rendre la vie de ses abonnés encore plus radieuse a procédé à la migration de tous ses services vers une nouvelle plateforme technologique beaucoup plus performante. Cette migration vise à offrir aux abonnés le meilleur de la téléphonie au Bénin. Voix Haute Définition (HD Voice) : Pour une meilleure expérience de la qualité d’écoute, MTN Bénin a lancé depuis le jeudi 25 octobre 2018 la technologie Voix HD, un nouveau service gratuit permettant à nos abonnés d’émettre et de recevoir des appels avec une voix en haute définition, c’est-à-dire de meilleure qualité. Service innovant et inédit sur le marché des télécoms béninois, il permet aux clients de profiter d’une qualité de son exceptionnelle, même dans un environnement bruyant. C’est aussi l’occasion, pour ceux qui n’ont pas encore rejoint la grande famille MTN de le faire pour profiter de ce service inédit, grâce à la portabilité. Renforcement du réseau de distribution pour une meilleure proximité : Afin de renforcer son réseau de distribution, MTN Bénin a déployé plus de 400 kiosques exclusifs offrant la majorité des services de base tels que la recharge, l’activation SIM et les opérations Mobile Money. MTN MoMo Express : Grâce à MTN MoMo Express, les titulaires de compte bancaire à UBA et NSIA Bénin ont désormais la possibilité de déposer ou de retirer de l’argent de leur compte MTN Mobile Money. Ce service facilite énormément le quotidien des clients et vise également à améliorer le taux d’inclusion financière au Bénin. A travers ce service, MTN Bénin entend accompagner l’effort du gouvernement dans la dématérialisation de la monnaie. Des Travaux Dirigés (TD) en ligne pour les élèves en classe d’examen : Entreprise citoyenne, MTN, pour avoir organisé des Travaux Dirigés (TD) en ligne sur Facebook pour les élèves en classe d’examen qui ont connu trois mois de grève, s’est vu décerner, dans le cadre des 21 Days of Yello Care de MTN (une initiative de volontariat du personnel), le Prix du Vice-Président de la région Afrique Occidentale et Centrale. Le Projet Génération Numérique : D’un coût global de 450 millions de FCFA, ce projet a été mis en œuvre par la Fondation MTN en partenariat avec l’Agence Béninoise du Service Universel des Communications Electroniques et de la Poste (ABSU-CEP). Au total, 1000 ordinateurs avec contenus numériques et accès à internet sont acquis en faveur de 50 établissements scolaires sélectionnés sur toute l’étendue du territoire national. L’objectif commun est de transmettre des savoirs à nos enfants par le numérique et donner à chacun d’eux les clés de réussite dans la vie sociale et professionnelle future. MTN Business Communication Center (MBCC) : Situé sur l’avenue Steinmetz à Cotonou, ce centre permettra aux start-up et autres petites et moyennes entreprises en quête de cadre de travail, de démarrer leurs activités dans un espace de travail multifonction répondant à tous leurs besoins.


Vous êtes à l'honneur en 2019 ! Notre plus beau projet en cette année, c’est vous ! C’est pourquoi, nous consacrons tous nos efforts à un seul but : offrir une année remarquable à chacun de vous. Nous multiplierons les gestes de gratitude pour vous témoigner notre attachement. Vous serez gâtés !

Merveilleuse année 2019.

everywhere you go

mtn.bj En 2019, nous réaffirmerons notre engagement à soutenir le développement de l’écosystème numérique du Bénin à travers la formation en programmation (coding) en faveur des jeunes. Nous multiplierons les canaux de communication pour faciliter l’accès au service client. Chaque client aura donc la flexibilité d’utiliser le canal qui lui convient au mieux pour une meilleure expérience. Nous mettrons en place un nouveau « Data Center » aux normes internationales offrant les services d’hébergement de serveurs physiques et virtuels. Nous démocratiserons davantage le service de paiement mobile (Mobile Money) afin que chaque Béninois, où qu’il se trouve au Bénin, puisse disposer de son argent en toute liberté.


Grand format BÉNIN ENJEUX

Oswald Homeky Benjamin tout-terrain E.AHOUNOU/AID

Il est ministre du Tourisme, de la Culture et des Sports… C’est à lui que le chef de l’État a confié la coordination des équipes de jeunes de sa majorité pour les législatives. FIACRE VIDJINGNINOU, à Cotonou

37 ans, Oswald Homeky symbolise à lui seul l’engagement de Patrice Talon à promouvoir de jeunes Béninois aux postes clés. En 2016, il n’est encore qu’un discret ministre des Sports. Dix-huit mois plus tard, lors d’un premier remaniement, son portefeuille est élargi à deux départements stratégiques: le Tourisme et la Culture. Originaire du Couffo, dans le sud-ouest du pays, Oswald Homeky, après avoir pris la tête du groupe de presse Fraternité en 20142015, doit son ascension fulgurante à sa fidélité au président. « En avril 2015, il a créé le Front pour l’alternance en 2016 (FA 2016), à un moment où l’évocation même d’une candidature de Talon en faisait sourire plus d’un. Il a parcouru le pays pour la défendre, sans crainte des représailles du régime d’alors », se rappelle Timothée Agassounon, journaliste politique. Sans doute en souvenir de cette témérité, le chef de l’État vient de lui confier la coordination des équipes de jeunes de sa majorité pour les législatives du 28 avril. Peu clivant, Oswald Homeky est souvent salué pour son sens de l’efficacité et sa politique du résultat. Le 15 décembre, lors de la présentation du budget de son ministère, passé du simple au triple – 58 milliards de F CFA (88 millions d’euros) contre 18 milliards en 2018 –, les députés de tous bords ont salué les performances de son administration, ainsi que nombre de ses réformes, dont certaines doivent être

À

FONDATEUR DU FRONT POUR L’ALTERNANCE EN 2016, IL FAISAIT PARTIE DU COMITÉ D’ORGANISATION STRATÉGIQUE DE LA CAMPAGNE DE PATRICE TALON À LA PRÉSIDENTIELLE. 92

jeuneafrique no 3028 du 20 au 26 janvier 2019

mises en œuvre en 2019. Près de 48 milliards de F CFA sont ainsi prévus pour la mise en place de pôles touristiques à Allada, Ouidah, Abomey, Porto-Novo et Nikki. Des classes culturelles et sportives doivent être créées pour « renforcer la visibilité de l’identité culturelle et patrimoniale du Bénin » et conforter les liens entre l’école et cinq disciplines : le football, le handball, le basket-ball, les arts martiaux et l’athlétisme.

Contribution des entreprises

« J’apprécie beaucoup ce qu’il fait dans le domaine sportif. C’est un investissement pour l’avenir », observe un dirigeant de club, citant l’initiative concernant le financement du sport par le secteur privé. Depuis janvier, une contribution de 1/1 000 du chiffre d’affaires, hors TVA, est appliquée aux grandes entreprises pour participer au développement du sport. « Ce n’est pas une taxe qui sera collectée par l’État. C’est aux entreprises elles-mêmes de dépenser ce montant au profit d’un club dont elles seraient propriétaires ou sociétaires », explique Oswald Homeky. Pourtant, certains acteurs du monde sportif ont un avis plus mitigé sur son action. Les déboires du monde du football – dont l’affaire de tricherie sur l’âge des Écureuils cadets pour les éliminatoires de la CAN 2019 des moins de 17 ans – ou la somnolence des autres disciplines ne plaident pas en faveur du benjamin du gouvernement.


MESSAGE

SONEB

La Société Nationale des Eaux du Bénin

Une référence de qualité au Bénin

La Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) a pour mission de fournir les services d’eau potable et d’assainissement des eaux usées en milieu urbain et périurbain sur toute l’étendue du territoire du Bénin ; depuis la captation jusqu’à la distribution de l’eau potable en passant par le transport et le traitement. De par l’ambition affirmée du Président de la République, Son Excellence M. Patrice TALON d’atteindre l’accès Universel à l’eau potable au Bénin dès 2021, la SONEB s’est engagée à travers le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG/2016-2021), dans la réalisation de grands projets d’infrastructures d’alimentation en eau potable dans toutes les villes et agglomérations gg du Bénin. Cet investissement massif est accompagné d’une réforme institutionnelle qui vise à améliorer durablement les performances opérationnelles du sous-secteur de l’hydraulique urbaine pour une meilleure qualité de services accessibles à tous. Des investissements importants sont par ailleurs engagés pour développer également les services d’assainissement des eaux usées en milieu urbain. La SONEB une entreprise citoyenne au service du bien-être de toute la population urbaine au Bénin.

E www.facebook.com/Sonebcom D www.twitter.com/sonebcom M Webm Soneb

www.soneb.bj 92, Avenue du Pape Jean Paul II 01 BP 216, Cotonou Tél. : 21 31 53 13 / 21 31 22 72 - Fax : 21 31 11 08

JAMG/DIFCOM - © D.R.

< M. Camille DANSOU DG de la SONEB


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Yonnantché Boya Président de la Coalition des mouvements du nouveau départ (CMND)

« Talon agit dans l’intérêt du pays » Propos recueillis à Cotonou par FIACRE VIDJINGNINOU

réée en juin 2016 pour soutenir le programme du nouvel exécutif, la Coalition des mouvements du nouveau départ (CMND) réunit désormais une vingtaine de formations jeunesse de la mouvance présidentielle. Le 17 novembre dernier, elle a officialisé son adhésion à l’Union progressiste, l’un des deux nouveaux grands blocs pro-Talon. Président de la CMND depuis sa fondation, Yonnantché Boya, 43 ans, compte parmi les jeunes loups les plus influents du « nouveau départ » cher au chef de l’État, dont il soutenait déjà très activement la candidature à la présidentielle de 2016. Il revient sur nombre des critiques formulées contre Patrice Talon et défend son bilan.

C

Jeune Afrique : Quels sont selon vous les principaux bons points à mettre au crédit de la gestion Talon ? Yonnantché Boya : L’assainissement

des finances publiques est bien réel et constitue un levier important pour redresser notre économie, dont le taux de croissance est passé de 2,1 % en 2015 à plus de 6 % aujourd’hui. Les réformes et les actions engagées ont permis de créer environ 200 000 emplois directs et indirects ; ce n’est pas encore suffisant, mais Talon est sur la bonne voie pour tenir ses promesses concernant la réduction du chômage des jeunes. Le coton, notre première culture d’exportation, enregistre des records, avec près de 600 000 tonnes récoltées l’an dernier, alors que la production stagnait autour de 300 000 t en 2015-2016 [lire pp. 114-117]. On ne présente plus le programme de réhabilitation des plateaux techniques des hôpitaux, ni le développement du réseau hydraulique urbain et périurbain [110 nouvelles

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adductions d’eau « multivillages » engagées en 2018, pour desservir près de 822 000 personnes]. Sans parler des efforts consentis dans le secteur de l’éducation ni de la relance du programme de cantines scolaires, qui couvre désormais 51 % des établissements [et concerne plus de 530 000 enfants]… En 2019, le gouvernement va investir plus de 425 milliards de F CFA [près de 650 millions d’euros] pour 197 projets, dont l’essentiel va porter sur le social. Les Béninois ont pourtant de nombreux motifs d’insatisfaction, en particulier sur le plan du développement social…

Quels que soient sa puissance et le talent de son pilote, un avion ne peut décoller aisément s’il ne bénéficie pas d’une bonne piste. Celle du Bénin est fortement dégradée par des problèmes structurels. Lorsque vous passez votre temps à combler les trous sur le tarmac, vous avez évidemment du retard au décollage… C’est exactement la situation du gouvernement de Patrice Talon. En consacrant

QUEL QUE SOIT LE TALENT DE SON PILOTE, UN AVION NE PEUT DÉCOLLER AISÉMENT S’IL NE BÉNÉFICIE PAS D’UNE BONNE PISTE. son temps à régler les problèmes structurels du pays, et avec toutes les guéguerres que cela suscite, il n’a évidemment pas encore pu satisfaire toutes les attentes. Mais ce travail et les réformes majeures qui ont été engagées vont aboutir à des progrès bien concrets pour les Béninois. L’un des problèmes structurels est la corruption, contre laquelle l’exécutif


mais les personnes épinglées dans les affaires de corruption font aussi bien partie du camp présidentiel que de l’opposition. Je ne sais pas si, parmi elles, la proportion d’opposants est plus grande, mais, si c’est le cas, ce n’est pas la faute du président. Le fait d’appartenir à l’opposition ne confère pas d’immunité. Le débat devrait plutôt porter sur la véracité des faits qui sont reprochés à ces personnes et non sur leur statut politique. La lutte engagée par le chef de l’État est implacable, et le Bénin a besoin du style de gouvernance de Talon pour avancer avec sérénité.

FIACRE VIDJINGNINOU POUR JA

Ses détracteurs soutiennent que le chef de l’État garde un pied dans les affaires, et craignent des conflits d’intérêts…

mène une lutte que certains qualifient de « sélective ». Que leur répondez-vous ?

Le principe de la présomption d’innocence ne me permet pas de les nommer,

BOUTIQUE HÔTEL 4*

Le président s’est retiré de toutes ses affaires. Il l’a dit, car il l’a effectivement fait. Et sur cette question, il faut une fois pour toutes rappeler que les Béninois savaient très bien qu’il était un homme d’affaires, avant de l’élire massivement à la tête du pays. La vérité est qu’il n’y a aucun risque parce que tout le monde sait qu’il a déjà fait fortune avant son élection! En 2015, il était la première fortune du Bénin et la quinzième en Afrique. Arrivé au pouvoir, il a fait ce qu’il fallait faire : il a renoncé au monde des affaires et s’en est retiré pour se concentrer sur la gestion du pays. Ses détracteurs auraient peut-être aimé qu’il brûle ses biens et ses proches avec ? Je puis vous dire que c’est un homme qui fait de l’éthique et de l’exemplarité les fondements de sa gouvernance. En trois ans, le président Talon a montré qu’on peut gérer un pays avec efficacité, avec efficience et avec probité.

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LA LUTTE ENGAGÉE CONTRE LA CORRUPTION EST IMPLACABLE. NOUS AVONS BESOIN DE CE STYLE DE GOUVERNANCE POUR AVANCER AVEC SÉRÉNITÉ.

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PUBLIREPORTAGE

Trois questions à... VENANCE GNIGLA Président exécutif Bolloré Transport & Logistics, Bénin

Bénin Terminal garantit la sûreté et la sécurité des biens et des personnes sur le terminal à conteneurs, grâce notamment à un système de vidéosurveillance associée à la présence permanente des équipes de sécurité.

Chiffres-clés 2018 BÉNIN TERMINAL

NAVIRES TRAITÉS : 409 (+27%) - TEUs manutentionnés : 337 279 (+10,5%) ; - Productivité Navire : 66,360 Mvts/h (+10,5%) ; - Investissements déjà réalisés : 121 millions € (fin 2018) ; - Projet de deux nouveaux engins d’élevage RS et d’extension de 13 ha des surfaces (+45%).

Un soutien à la jeunesse béninoise Avec une politique RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise) de premier ordre au Bénin, Bolloré Transport & Logistics s’engage de longue date dans des actions de santé, d’éducation, de solidarité et de protection de l’environnement.

Quelles actions RSE ont été menées au Bénin en 2018 ?

En 2018, Bolloré Transport & Logistics a soutenu plus d’une cinquantaine de projets sociétaux principalement dans les domaines de la culture, de l’éducation et des nouvelles technologies. Nous avons notamment fait don de 1 500 kits scolaires à plusieurs écoles béninoises à l’occasion de la rentrée des classes en septembre contribuant ainsi à augmenter dans certaines localités le taux de scolarisation.

Quelle place accordez-vous à l’éducation ?

L’éducation est un pilier fondateur de notre politique RSE. Nous avons formalisé cette année de nombreux partenariats avec des écoles béninoises dont l’ENEAM (École Nationale d’Économie Appliquée et de Management) et l’EPAC (École Poytechnique d’Abomey-Calavi). Notre objectif avec ces partenariats est de faire connaître l’entreprise à travers ses activités et attirer les meilleurs talents en vue de leur offrir un emploi stable avec de nombreuses possibilités d’évolutions.

Quels sont les atouts de Bolloré Transport & Logistics en tant qu’employeur ?

Au Bénin, nous employons près de 1 300 personnes à travers nos 5 filiales. Bolloré Transport & Logistics place ses collaborateurs au cœur de sa stratégie de développement. L’entreprise s’engage à les former tout au long de leur carrière et à les accompagner dans leur évolution professionnelle. Nous veillons aussi particulièrement à leur bien-être par la mise en place d’une couverture de santé complémentaire qui va au-delà du seuil d’obligations légales.


Grand format BÉNIN ENJEUX

EN DÉBAT

Branle-bas électoral MATTHIEU MILLECAMPS

U

«

n e d é c l a ra t i o n de guerre. » Rien de moins. Quand l’ancien président Nicéphore Soglo a commenté l’adoption du nouveau code électoral, le 3 septembre, il a sorti la sulfateuse : « En excluant brutalement et maladroitement des élections les jeunes, les pauvres, les déshérités, le gouvernement et ses alliés au Parlement ont poussé le bouchon trop loin. » La réforme est une refonte en profondeur, à même de provoquer une véritable recomposition politique. Mesure la plus emblématique – et la plus critiquée : l’augmentation

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du niveau des cautions réclamées aux candidats à la présidentielle et aux législatives. Le moyen d’en finir avec les candidatures folkloriques, selon ses partisans. La porte ouverte à l’instauration d’une démocratie censitaire, selon ses détracteurs. À Léonce Houngbédji, le fondateur du Parti pour la libération du peuple, qui y voit « un instrument de promotion de l’aristocratie », Séverin Quenum, le ministre de la Justice, répond qu’il s’agit au contraire de « renforcer le système démocratique ». Les réactions ont été aussi épidermiques que la bascule, brutale. Les candidats à la présidentielle devront désormais débourser une caution

équivalant à 10 % du montant maximal autorisé pour la campagne, soit la coquette somme de 250 millions de F CFA (plus de 381 000 euros), là où, jusqu’à présent, ils ne devaient mettre sur la table que 15 millions. Certes, cette somme est remboursable, mais uniquement pour les candidats qui récolteront au moins 10 % des suffrages exprimés. Pour les législatives du mois de mars prochain, les règles changent également. La caution est de 30 millions de F CFA par candidat, contre 8,3 millions auparavant. Pour les partis et coalitions aspirant à présenter des prétendants pour chacun des 83 sièges à pourvoir, la facture finale sera donc de 2,49 milliards. Les remous se font déjà sentir. Les forces politiques jusqu’alors atomisées – le pays compte quelque 250 partis – sont contraintes de se regrouper en « blocs ». En outre, ces mouvements sont désormais tenus de participer aux élections législatives, communales et locales. Dans le cas contraire, ils risquent purement et simplement de perdre leur statut juridique. Autre innovation de taille : les partis ont l’obligation de présenter des listes dans les 24 circonscriptions. « L’objectif est d’en finir avec les formations régionalistes, construites sur une base ethnique ou linguistique, explique un conseiller à la présidence. Nous voulons briser la division NordSud. » Un point sur lequel insiste la Charte des partis politiques, adoptée le 26 juillet 2018 : ceux-ci ne peuvent revendiquer l’appartenance « à un groupe linguistique ou à une région ». Cet apurement du paysage démocratique semblait nécessaire et urgent pour en finir avec le régionalisme et le népotisme. Cependant, la question de l’économiste camerounais Thierry Amougou, dans sa tribune sur la caution des candidats à la présidentielle publiée par Jeune Afrique en août 2018, reste posée : « Comment respecter la promesse démocratique de faire du citoyen lambda quelqu’un qui peut diriger, si les pauvres n’ont aucune chance d’être candidats ? »


JACQUES TOREGANO POUR JA

Guy Dossou Mitokpè

Député de Cotonou, secrétaire général de Restaurer l’espoir (opposition)

« Nous vivons dans une quasi-démocrature » Propos recueillis par FIACRE VIDJINGNINOU

epuis que Candide Azannaï, le président-fondateur de son parti, a quitté le poste de ministre délégué à la Défense, en mars 2017, le plus jeune député du Bénin – 40 ans – se montre particulièrement virulent vis-à-vis de l’exécutif.

D

Jeune Afrique: Que pensez-vous de la gouvernance Talon? Guy Dossou Mitokpè : Nous sommes

déçus ! Nous avons été trompés par nos alliés d’hier. Le président nous avait promis qu’il allait se détacher de toutes ses affaires afin qu’il ne puisse y avoir de conflits d’intérêts. C’était un leurre : trois ans après, ses affaires ont pris du volume et ses entreprises bénéficient d’exonérations. Que pensez-vous du bilan de l’exécutif ?

Que de promesses non tenues, ai-je envie de dire! Il faut en finir avec ces chiffres dont on nous abreuve sur le coton, l’anacarde, le

karité ou la croissance qu’on nous dit exponentielle alors que le peuple déprime et se meurt. Aujourd’hui, il est déçu. Le gouvernement a promis 500000 emplois pour les jeunes en cinq ans. Or le taux de chômage est à son plus haut niveau depuis 1990 et de nombreuses entreprises ont déposé le bilan à cause de pressions fiscales souvent fantaisistes. Du fait d’une modification maladroite du code du travail et de l’adoption par la majorité parlementaire d’une loi scélérate sur l’embauche, vous pouvez désormais être sous contrat à durée déterminée toute votre carrière, les licenciements sont devenus un jeu d’enfant et on peut mettre fin à un contrat de travail en fonction de ses humeurs, sans crainte des prud’hommes, les syndicalistes n’ont presque plus le droit de grève ni celui de manifester… Nous vivons dans une quasi-démocrature [néologisme formé par la fusion de « démocratie » et de « dictature »]. De manière systématique, être opposant expose à une traque déguisée en lutte contre la corruption. Plusieurs opposants sont aujourd’hui poursuivis pour leurs positions politiques. Faute de concurrents, Patrice Talon fait la pluie et le beau temps au Bénin. Les réformes du code électoral et la Charte des partis vous satisfont-elles?

Absolumentpas.Cesprétenduesréformes ne sont que l’expression de la volonté du chef de l’État et de sa majorité d’empêcher la compétition électorale et, surtout, d’en écarter les jeunes. En matière de caution électorale, c’est désormais l’argent qui dicte sa loi. La notion de quitus fiscal a été introduite parce qu’on ne veut plus que certains acteurs aient la possibilité d’être candidats: c’est de l’exclusion ! En amont, on crée la notion de quitus fiscal. En aval, on procède à des redressements ciblés… L’opposition peut-elle aller aux législatives dans un même bloc?

Les contingences internes à nos divers partis nous obligent à mener un combat concerté, mais avec des stratégies différentes. Toujours est-il que le cœur du combat reste le même : veiller à libérer le Parlement de ceux qui l’ont pris en otage. Nous y arriverons ! Nos chances sont intactes. Nous ne laisserons personne nous voler notre victoire. Nous ferons un marquage à la culotte.

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BENIN | DIRECTION GENERALE DES IMPOTS

L’ADMINISTRATION FISCALE ENGAGE LA MUE VERS LA DIGITALISATION L’administration fiscale fait désormais de la digitalisation de ses services un credo. Depuis trois ans, elle s’emploie à se départir de son image de père fouettard, rétablissant le crédit de confiance nécessaire pour assumer sa mission de collecte efficiente des ressources intérieures. Le fisc sonne l’heure des réformes, opère sa mue avec le double objectif de simplifier les procédures et d’alléger aux acteurs économiques les obligations fiscales. Les réformes contenues dans le Plan d’Orientation stratégique de l’administration fiscale (POSAF) 2017-2021 n’ont pas été jetées aux oubliettes : modification de seuils de gestion et réorganisation des services pour une meilleure gestion des risques, création de la cellule des services aux contribuables, simplification des procédures de délivrance des attestations fiscales. En 48 heures, le client retire son attestation fiscale au lieu de 3 semaines. Son délai de validité est prorogé à 3 mois. Le système d’immatriculation à l’Identifiant Fiscal Unique (IFU) s’est amélioré. La carte IFU est retirée instantanément en 15 minutes et délivrée gratuitement par la Direction générale des Impôts (DGI), avant le délai était d’une semaine au minimum

«

La digitalisation de ses services est au cœur des réformes engagées par L’administration fiscale. En ligne de mire, célérité dans les procédures et optimisation des Recettes !

Le Directeur Général des Impôts

Le

«

Nicolas YENOUSSI

grand saut dans Le numérique

L’administration fiscale arbore un vrai relooking à travers les solutions numériques qu’elle propose pour une digitalisation totale des procédures fiscales. Premier gros chantier ouvert à cet effet : la bancarisation des recettes des impôts. Plus question d’assurer la collecte des impôts et taxes par ses propres guichets. Pour effectuer ses paiements, la possibilité est donnée aux clients de se connecter via la plateforme www.eservices.impots.bj, de télécharger son bordereau de paiement et d’effectuer

ensuite son paiement dans une banque commerciale.

La bancarisation a fait office de précurseur des téléprocédures. Elle a aidé la DGI à améliorer le niveau de recouvrement des impôts et taxes par l’augmentation des points de paiement des impôts, à limiter les contacts entre les contribuables et les agents des impôts. Elle sécurise aussi les deniers publics en réduisant leurs maniements et allège les formalités en matière de paiement des impôts pour le contribuable.

La création de la plateforme d’échanges automatiques de renseignements Impôts-Douane-Budget en 2017 est sans doute la réforme majeure des régies financières de l’Etat de ces dix dernières années. Interconnecter les systèmes des Impôts, de la Douane et du Budget était une vraie gageure. Mais devenu réalité, le dispositif nourrit beaucoup d’espoir dans la lutte contre la fraude et l’optimisation des recettes de l’Etat. Pour le fisc, c’est tout bénef d’autant que cet outil d’échanges de données permet de suivre les importations et exportations des contribuables, les marchés publics qui leur sont attribués et les paiements effectués par le trésor profit à leur profit. En six mois de mise en œuvre, le nombre d’entrprises est passé de 12 000 à 17 000, l’impact en termes de recettes estimé à environ 2,5 milliards de francs CFA (3,8 millions d’euros) en 2018. La mesure permet de bloquer en amont les contribuables qui ne seraient pas à jour vis-à-vis du fisc ou de faire des redressements fiscaux en aval, en comparant ces informations aux déclarations fiscales des contribuables.


PUBLI-INFORMATION

Elle oblige les contribuables perfides à régulariser leur

situation fiscale et à sortir certains de l’informel.

La collecte de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) a fait ces dernières années l’objet de beaucoup de controverses. Le souci d’améliorer l’efficacité du recouvrement de cette taxe a incité l’administration fiscale à mettre en ligne la liste des assujettis à la TVA. La plateforme interactive permet désormais de savoir quelle entreprise est en droit de collecter la TVA. La liste, régulièrement mise à jour, et faisant partie du fichier national unique des contribuables, également mis en ligne sur le site web de la DGI. Elle est devenue un précieux outil de gestion efficace de sorte qu’aucune commande publique - engagement ou ordonnancement - ne peut être opérée au profit d’une

Le projet d’appui à l’accroissement des recettes intérieures du Bénin (PAARIB), financé par les Canadiens, a aidé le pays à performer son système d’immatriculation des contribuables. Le premier chantier ouvert via ce projet, c’est la mise en production du module d’immatriculation des contribuables à l’Identification Fiscal Unique (IFU) inclus dans le Système d’Information de Gestion Fiscale SIGTAS. Cette procédure a l’avantage de sécuriser l’immatriculation, d’améliorer le système et de faciliter la délivrance des cartes IFU, au format carte de crédit, avec photo uniquement pour les personnes physiques. Elle épargne les contribuables des longues files d’attente et évite les doublons souvent relevés dans l’ancien système

entreprise si elle ne figure pas dans ce fichier unique.

L a r éforme

des téLé - procédures

La réforme des télé-procédures-télé déclaration et télépaiement - enregistre du succès. A fin novembre 2018, la DGI a reçu 12 389 déclarations en ligne de différents types La deuxième phase de l’implémentation du d’impôts venant des grandes entreprises. Les premiers progiciel SIGTAS est la mise en production, en février 2018, paiements en ligne sont intervenus au début du mois d’août du volet fiscal à la Direction des Grandes Entreprises qui 2018 et près de 5 entreprises ont déclaré et payé en ligne. remplace désormais l’ancien système informatique de gestion des impôts et taxes dénommé Takoe. Toutes les Dans la vanne de la digitalisation des services, opérations fiscales sont désormais automatisées et haute- l’administration fiscale a opté pour une nouvelle approche ment sécurisées. Le mode de fonctionnement du SIGTAS de maîtrise de l’assiette fiscale en instituant dans le Code est totalement orienté sur les technologies internet, web et Général des Impôts (CGI) 2018, l’obligation d’utilisation des modulaire. Depuis avril 2017, la DGI s’est également dotée Machines Electroniques Certifiées de Facturation (MECeF). d’un data-warehouse et d’un système d’analyse et d’in- Selon l’article 256 du Code Général des Impôts, toutes formation (BI). A travers l’interconnexion avec les systèmes les entreprises assujetties à la TVA sont tenues de mettre d’informations des services partenaires comme la Douane, en place un système de facturation électronique et de le Trésor, le Budget, les Marchés publics, le BI permet à délivrer à leurs clients des factures normalisées à l’occasion la DGI de constituer une base de données croisée sur les des ventes de biens et services. La phase pilote a effectivecontribuables afin de lutter efficacement contre la fraude et ment démarré le 30 mars 2018. La généralisation de cette l’incivisme fiscaux. réforme est projetée au début de l’année 2019

L es

chiffres cLés de La réforme

48

heures pour retirer son attestation fiscale

15

16 810 déclarations

2,5

5 000

minutes pour obtenir la carte IFU milliards fcfa de recettes supplémentaires en 6 mois grâce à la plateforme Impôts-Douanes-Budget

en ligne à fin novembre 2018

nouvelles entreprises enregistrées grâce à la plateforme Impôts-Douanes-Budget

Direction Générale des Impôts 01 BP 302 Cotonou Route de L’aéroport +229 21 30 10 20 - 94 01 24 34 csc.dgi@finances.bj | www.impots.finances.gouv.bj


Grand format BÉNIN

ÉCONOMIE

Au milieu du gué


Usine de décorticage d’anacarde de Fludor-Bénin à Zogbodomey.

Deux ans après le lancement du Programme d’actions du gouvernement, la relance est bien engagée dans tous les secteurs clés. Mais cette croissance retrouvée est-elle pérenne? Et profitera-t-elle vraiment à tous? MATTHIEU MILLECAMPS, envoyé spécial

JACQUES TORREGANO POUR JA

L

e Bénin a-t-il les moyens des ambitions de Patrice Talon? Lorsqu’il est entré au palais de la Marina, le 6 avril 2016, le président-patron a promis de « révéler » le pays à lui-même, à travers son Programme d’actions du gouvernement (PAG) 2016-2021, intitulé « Bénin révélé. Le nouveau départ ». Comment? Grâce à la libéralisation de secteurs jusqu’alors dans le giron de l’État – au premier rang desquels le coton –, la flexibilisation du marché du travail, des mesures fiscales favorables aux entreprises et des investissements massifs dans les infrastructures (routes, énergie, télécoms). L’un des objectifs est de faire du Bénin une plateforme sous-régionale où se pressera bientôt une foule d’investisseurs en quête d’une porte d’entrée sur les marchés ouest-africains et, en particulier, sur le plus grand d’entre eux, le Nigeria, avec ses 200 millions d’habitants. Sur le papier, la stratégie semble payante. D’abord, parce que le pays est sorti du trou d’air dans lequel il était tombé en 2015-2016, entraîné par son puissant voisin Abuja, dont il peine à s’affranchir. La croissance, qui avait chuté à 2,1 % en 2015, est remontée à 4 % en 2016 et s’est renforcée à 5,8 % en 2017, « soutenue par un investissement public élevé, une production et une transformation records du coton, et par la reprise de l’économie nigériane », selon les estimations du FMI, publiées à l’issue de sa mission à Cotonou, en octobre 2018. Et d’ajouter que cette croissance « devrait rester au-dessus de 6 % sur la période 2019-2023, sous l’effet de l’essor de l’investissement privé et d’une plus forte demande émanant du Nigeria ». Le gouvernement béninois est encore plus optimiste dans ses projections. « Nous allons dépasser les 7 % de croissance en 2020, assure Romuald Wadagni, le ministre de l’Économie et des Finances. À l’horizon 2020-2021, si la conjoncture régionale reste bonne et que les conditions d’accès aux crédits se maintiennent, nous avons l’ambition de frôler une croissance à deux chiffres. » Les moteurs de cette croissance sont clairement identifiés. Il y a d’abord la reprise exceptionnelle de la filière coton (lire pp. 114-117), un secteur qui enchaîne les records depuis qu’il a été rendu aux opérateurs

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Grand format BÉNIN ÉCONOMIE

privés, il y a trois ans. La production est passée de 260000 à 700000 tonnes entre 2016 et 2018. Cette bonne santé retrouvée de l’or blanc, qui doit beaucoup aux efforts d’apurement pour sortir de la gestion problématique des années précédentes, a également contribué aux efforts déployés pour diversifier un secteur agricole qui représente 35 % du PIB. L’investissement public affiche, lui aussi, des niveaux records. En 2018 et en 2019, près de 895,21 milliards de F CFA (plus de 1,36 milliard d’euros) auront été engagés dans les projets inscrits au PAG, dont près de la moitié grâce au budget national, le reste étant financé par des investisseurs privés dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) ou abondé par les bailleurs de fonds internationaux.

public. Mais la dette publique totale demeure inférieure aux critères de convergence de l’Uemoa (fixés à 70 % du PIB) et devrait diminuer dès 2019, grâce à la part plus importante que doit prendre le secteur privé dans les investissements. « Pour assurer la viabilité de la dette, il est essentiel de maintenir le déficit budgétaire au-dessous de 3 % du PIB en 2019 et au-delà », enjoint le FMI. Dont acte. Après avoir atteint près de 8 % du PIB en 2015, le déficit budgétaire devrait tomber à 4,5 % en 2018 et à 1,8 % cette année. La proposition de loi de finances pour 2019 prévoit de faire monter l’effort de mobilisation des recettes fiscales à 14,8 % du PIB (contre 12,6 % en 2016). L’inflation est passée de 0,6 % à 2,5 % entre 2017 et 2018, mais elle devrait rester contenue à 2,8 % de 2019 à 2022. Signe que les indicateurs sont au vert, en décembre 2018, le FMI a approuvé le décaissement d’une enveloppe de 22 millions de dollars en faveur du Bénin, dans le cadre de la troisième revue de l’accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) qui a été conclu en avril 2017, portant à 88,1 millions de dollars le montant des décaissements effectués, sur un total prévu de 154,2 millions. Enfin, en octobre 2018, le reprofilage partiel de la dette a contribué à renforcer ces résultats. Le ministère des Finances a levé 171 milliards de F CFA sur un prêt porté à 40 % par la Banque mondiale, avec un taux inférieur à 3,5 % pour une maturité de douze ans. « Nous avons consacré les économies issues de cette opération aux dépenses sociales prioritaires: l’eau, la santé et l’éducation », assure Romuald Wadagni.

MÊME SI LES INVESTISSEURS MISENT SUR LE BÉNIN, LA QUESTION DE LA REDISTRIBUTION RESTE INCONTOURNABLE.

Poids de la dette

Mais ces investissements font peser un poids non négligeable sur le budget du pays, d’autant que la part des entreprises dans les PPP est encore timide. C’est pourquoi, tout en soulignant que « le déficit d’infrastructures est un goulot d’étranglement pour la croissance », Karim Barhoumi, le représentant du FMI au Bénin, préconise « d’améliorer l’efficacité de l’investissement public ». De son côté, le gouvernement assume et rassure. « Les premières années, c’est nous qui investissons, parce qu’il faut du temps pour mener à bien les réformes. Mais, à partir de l’an prochain, cela va s’inverser », promet le ministre des Finances. Même si les experts considèrent que le pays ne présente qu’un « risque modéré de surendettement », le poids de la dette inquiète les partenaires internationaux. La valeur actuelle de la dette extérieure contractée ou garantie par l’État s’élevait à 14,9 % du PIB en 2017, contre 22,5 % en 2016, et elle devrait s’établir en moyenne à 15,8 % de 2019 à 2021. Quant à la dette publique intérieure, elle a bondi de 8,6 % à 30,5 % du PIB entre 2013 et 2014 et avoisinait les 55 % en 2017 et en 2018, du fait du recours accru de l’État au marché financier régional pour financer les projets d’investissement

Révision du code du travail

SOURCES : AUTORITÉS BÉNINOISES ; FMI, OCTOBRE 2018

Une façon de répondre à certains reproches formulés à l’égard des investissements prévus dans le cadre du PAG, qui, plus que d’améliorer les conditions de vie des populations, servent avant tout à améliorer l’attractivité du pays auprès des investisseurs. Sur ce front, les réformes sont menées tambour battant : interdiction du droit de grève pour les fonctionnaires de la santé et de la justice, révision du code du travail – comprenant notamment l’abandon de la limitation du nombre maximal Tableau de bord macroéconomique Projections de contrat à durée déterminée (CDD), création de 2016 2017 2018 2019 2020 zones économiques spéciales, mesures fiscales (variation annuelle en %) incitatives… PIB réel, à prix constants 4,0 5,8 6,0 6,3 6,7 À charge pour le gouvernement d’éviter toute mesure susceptible de peser sur le pouvoir d’achat Inflation (moyenne annuelle) – 0,8 0,6 2,5 2,8 2,8 des Béninois, qui, dans leur grande majorité, (en % du PIB) attendent toujours de récolter les fruits de cette Investissement brut 24,6 28,6 28,3 26,3 26,9 croissance retrouvée. En effet, en 2015, le pays affiAdministration centrale 5,6 9,3 8,6 6,3 5,9 chait encore un taux de pauvreté de plus de 40 %. Hors secteur public 18,7 19,2 19,7 20,1 21,0 Si la stratégie du PAG se révèle payante et que les investisseurs misent sur la destination Bénin, le Déficit budgétaire global – 6,7 – 7,5 – 6,1 – 3,6 – 2,3 gouvernement ne pourra pas éviter la question de (base engagement, dons compris) la redistribution. Pour que « le nouveau départ » ne Dette publique totale 49,5 55,5 56,0 53,3 48,7 profite pas qu’à une minorité de privilégiés.

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COMMUNIQUÉ

PORT AUTONOME DE COTONOU ©

Après une augmentation de 9 % du trafic au titre de l’année 2018, les experts PAI viennent de doter l’entreprise d’un Plan d’investissements de près de 350 milliards de F CFA.

Le Por t de Cotonou semble depuis janvier 2018, amorcer une dynamique prom e t te u s e gr â c e à l a c l a i rvoyance du gouvernement du Président Patrice TALON q u i a f a i t r e c o u r s à l ’e x p e r t i s e d u P o r t d ’A n v e r s International, filiale du Port d ’A n v e r s , d e u x i è m e p o r t a u p l an e u ropéen . A r r ivés a u Po r t Au to n o m e d e Co tonou en janvier 2018, les Exper ts PAI après la phase dite d’approche consacrée à l ’é v a l u a t i o n d e s p r o c é dures de gestion et autres, viennent de doter l ’entre prise d’un tableau de bord, référentiel indispensable pour la mise en œuvre des investissements nécessaires pour la modernisation des installations et équipements de la plateforme. Ce document d’une dizaine de pages et intitulé Rénovation et Développement du Port de Cotonou 2019-2023 conclu un budget estimé à 457 millions d’euros environ, soit près de 350 milliards de F CFA. Ce budget, semblent ê t re à l a h a u t e u r d e s a m -

PLAN D’INVESTISSEMENTS au Port de Cotonou bitions du Chef de l’État, lesquelles sont traduites dans le PAG « Bénin Révélé ». Aucun segment du secteur por tuaire ne sera en marge des chantiers qui seront bientôt ouverts sur la plateforme portuaire de Cotonou. À la lecture dudit Plan d’Investissemen ts, on se rend aisément compte du gigantisme de l’œuvre que sera la reconstruction à venir des infrastructures qui du reste sont actuellement dans un état de péremption avancé. Ainsi, du déplacement de la traverse à la rénovation du quai nord et le prolongement du quai sud il y a également l’extension et le dragage des bassins actuels avec une augmentation conséquente des capacités conteneurs. Le plan prévoit aussi la construction d’un quai destiné aux hydrocarbures. Les exper ts n’ont laissé auc u n d o m a i n e d e l ’a c t i v i té por tuaire.

Déjà l’implémentation des réformes depuis Janvier 2018 a engendré une nette augmentation du volume des ac tivités du Por t de Co to n o u, à t r ave r s u n a c croissement du trafic estimé à 9 % comparativement à l’année 2017. Un Plan d ’I nvestissements colossal qui pourrait paraître lourd au regard de la conjoncture internationale, m a i s p o u r l e s s p é c i a l i s te s p o r t u a i re s e t c e u x d e s f i nances c’est une noble amb i t i o n q u i s e d o i t d ’ê t r e soutenue et encouragée pour permettre au Por t de Cotonou de jouer sa par tition pour booster l’activité économique au plan national mais également au niveau de l’arrière -pays sans façade maritime. Une énorme avancée dont le Président Patrice Talon peut se vanter, pour n’avoir pas été compr is à l ’entame de la réforme. D’autant plus q u e l e Po r t Au t o n o m e d e Cotonou aborde en ce début

d ’a n n é e l a 2 è m e p h a s e d e s grands projets de la réforme. Evidemment, le jeu politique a m p l i f i é p a r l ’i m m i n e n c e des élections législatives incite les acteurs politiques de l’opposition à instrumentaliser l’impatience légitime des populations pour pré d i re l ’é c h e c d e s c h a n t i e r s des réformes engagées par le gouvernement béninois. Toutefois, l’embellie constatée dans la gestion du Por t Autonome de Cotonou, renforcée par la mise en œuvre du Plan d ’I nvestissemen ts auront tôt faire de rassurer lesdites populations que la gouvernance de Patrice TALON, annoncée pour être un règn e de r upture p o ur révéler le potentiel du Bénin au reste du monde, en est effectivement une.

LE PORT DE COTONOU EST SUR LE BOULEVARD DE LA PROSPÉRITÉ

PORT AUTONOME DE COTONOU Avenue de la marin - Cotonou, Bénin - Tél. : +229 21 31 52 80 / +229 21 31 28 90 - Email : contact (@) pac.bj - www.portdecotonou.com

DIFCOM/JAMG - PHOTO : © PAUL/CODJIA SAUF MENTION.

Désigné à raison comme poumon de l’économie nationale pour sa fonction de curseur de l’activité économique du Bénin, le Por t de Cotonou a toujours été au centre des préoccupations des divers gouvernements qui se sont succédés à la tête du pays. Diverses réformes y ont été initiées au fil des ans sans résultats probants.

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Grand format BÉNIN ÉCONOMIE

AMÉNAGEMENT

Les routes du développement Après les spectaculaires opérations de déguerpissement menées début 2017, l’État lance le bitumage de 660 km de voirie urbaine. Un lifting inespéré pour les neuf principales villes du pays. MATTHIEU MILLECAMPS

’est l’un des projets phares du Programme d’actions du gouvernement (PAG). C’est aussi l’un de ceux qui suscitent le plus d’impatience, tant le démarrage des premiers chantiers a tardé. Le bitumage de 660 km de voies urbaines dans les principales villes béninoises est en effet d’autant plus attendu que les spectaculaires opérations de déguerpissement menées au début de 2017 dans ces agglomérations, en particulier à Cotonou, ont laissé des traces dans les mémoires. Cette libération de l’espace public était justifiée, notamment, par la nécessité de laisser place aux travaux de réhabilitation et de construction de voirie, qui devaient commencer dans la foulée… Deux ans plus tard, après quelques coups de pioche symboliques donnés à la mi-2018, ils ont enfin démarré en ce mois de janvier 2019. Même si on ne les remarque parfois que grâce à quelques panneaux dans les quartiers concernés, à des bandeaux rouge et blanc qui localisent les réseaux enterrés de téléphone et d’eau à déplacer, ou aux visites épisodiques de géomètres… « Ça n’a pas mis trop de temps, au contraire: cela a été une vraie performance! Lorsque l’on s’engage sur des projets aussi importants, aussi structurants, on ne le fait pas à la légère », rappelle Olga PrinceDagnon, la directrice de l’Agence du cadre de vie pour le développement du territoire (ACVDT). « On ne veut pas créer de nouveaux éléphants blancs, comme il y en a tant eu dans ce pays. Et pour éviter cela, il

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faut prendre le temps des études, le temps de l’expertise. Ce temps-là n’est pas perdu: il permet d’éviter de gaspiller les ressources du Bénin », martèle l’urbaniste, qui pilote la mise en œuvre du projet avec une passion assumée. « Depuis le mois de juillet 2017, 224 techniciens ont réalisé des expertises sur les différents secteurs concernés, avec un travail de coordination énorme en seulement six ou sept mois. Je peux vous dire que c’était un rythme très soutenu… L’Agence est devenue une véritable usine à produire des expertises », confirme François Agomadje, chef de projet au sein de l’ACVDT.

Sous étroite surveillance

Au départ, le projet portait sur l’aménagement ou la réhabilitation de 850 km de voies urbaines dans neuf villes: Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Abomey-Calavi, Lokossa, Sèmè-Kpodji, Abomey, Bohicon et Natitingou. Les ambitions ont été sensiblement revues à la baisse. Ce seront finalement 660 km qui seront réhabilités, en trois phases, pour un budget global estimé à 900 milliards de F CFA (plus de 1,37 milliard d’euros). La première phase, portant sur 195 km de chaussées, dont 60 % en pavage et 40 % en bitumage, répartis dans les villes concernées, est désormais engagée. Après un appel d’offres lancé en février 2017 (auquel ont soumissionné 99 entreprises), six sociétés ont été retenues, le 24 juillet 2018, auxquelles ont été confiés douze lots. Parmi elles, les entreprises béninoises Adeoti (pour le lot de Bohicon) et OFMAS-SBF (pour Porto-Novo),

Lire aussi « Quatre ans, huit chantiers et 2,8 milliards d’euros pour relancer l’économie » sur www.jeuneafrique.com


ADEWOLE/AID POUR JA

Lancement des travaux dans le quartier Haie-Vive de Cotonou, début janvier.

ou encore la filiale béninoise du français Sogea Satom (pour un des quatre lots de Cotonou). Les douze lots devraient tous être livrés dans douze à dix-huit mois, selon le gouvernement, qui assure que les entreprises seront surveillées de près afin qu’elles tiennent les délais.

Espaces verts

Si le cadrage initial du projet d’asphaltage prévoit qu’une partie des travaux sera menée sous forme de partenariats publicprivé (PPP), cette première phase est entièrement financée sur le budget de l’État, pour plus de 262,8 milliards de F CFA. Un choix assumé. « Pour les autres étapes, nous intégrerons des PPP et, éventuellement, d’autres formes de financement. Mais, pour cette phase pilote, le chef de l’État a souhaité que ce soit le budget national qui montre le chemin », souligne le ministre du Cadre de vie, José Tonato (lire p. 111). Ce budget important tient à l’une des spécificités du projet, « la réhabilitation de

façade à façade ». Plutôt que de se limiter à la route, le projet englobe en effet la réfection et la construction de trottoirs, l’amélioration de l’éclairage public (avec plus de 11000 lampadaires solaires prévus), l’installation de mobilier urbain, l’aménagement d’espaces verts… Autant de coûts supplémentaires qui ont fait monter le prix du kilomètre linéaire au-dessus de 1 milliard de F CFA et en ont fait bondir plus d’un, tant ce prix dépasse la moyenne habituelle. « Il faut comparer ce qui est comparable. Il s’agit de fluidifier la circulation, mais aussi de rénover des zones d’habitation, d’améliorer en profondeur le cadre de vie des zones concernées. En améliorant les trottoirs et les caniveaux, on travaille en parallèle aux autres projets du PAG, en particulier aux grands projets d’assainissement qui vont régler les problèmes récurrents d’inondation, et à la gestion des déchets urbains, un autre de nos gros dossiers », précise Olga Prince-Dagnon. « Là où la route fait 20 m de large, nous aménageons une largeur

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Grand format BÉNIN ÉCONOMIE Niamey Ligne ferroviaire : Réhabilitation

NIGER

Dosso

Extension Rail

LIGNE COTONOU-NIAMEY : PÉKIN PLUTÔT QUE PETROLIN Estimé à 1,2 milliard d’euros lorsqu’il a été porté sur les fonts baptismaux, en 2008, le chantier de la ligne de chemin de fer CotonouParakou-Dosso-Niamey est stratégique pour la sous-région. Si ce n’est que, dix ans plus tard, ce projet de dorsale Bénin-Niger a des allures de serpent de mer et semble avoir bien du mal à sortir de la voie de garage sur laquelle les multiples épisodes judiciaires l’ont conduit. Pour l’instant, côté nigérien, 143 km de rails ont effectivement été posés (par Bolloré Africa Logistics) entre Niamey et Dosso. Reste 450 km à construire pour atteindre les 594 km de cette extension prévue entre la capitale nigérienne et Parakou (nord du Bénin). Côté béninois, la seule réalisation sortie de terre est le port sec de Parakou, construit au bout des 438 km de rails que le projet prévoit de réhabiliter entre la deuxième ville du pays

(320000 habitants) et Cotonou, la capitale économique. La plateforme multimodale, qui s’étend sur 50 hectares, est opérationnelle depuis bientôt quatre ans, mais elle attend toujours les premiers trains… « Tout est prêt, mais les travaux sont à l’arrêt. Nous avons bon espoir qu’ils redémarreront bientôt puisque Patrice Talon et Mahamou Issoufou se sont enfin entendus », espère Charles Toko, maire de Parakou et proche du président béninois. Lancé en 2008, l’appel d’offres avait été remporté par le groupe béninois de l’homme d’affaires Samuel Dossou, Petrolin, auquel le marché avait été retiré en 2013 au profit du groupe français Bolloré. S’en est suivie une longue bataille judiciaire jusqu’à ce qu’en octobre 2017 la justice béninoise rétablisse Petrolin dans ses droits. En mars 2018, au terme d’âpres

d’environ 40 m. Cela n’a rien à voir avec une bande de bitume posée au milieu de rien et, de ce point de vue, le prix est donc compétitif ! » confirme Essaadi Lefi, chef de mission du cabinet américain Louis Berger, qui assiste l’ACVDT dans la maîtrise d’ouvrage. Le prochain chantier de l’Agence sera d’organiser l’entretien de ce nouveau réseau routier, dont la maintenance a déjà soulevé des inquiétudes : « Nous devons favoriser l’émergence d’entreprises locales, notamment à travers la formation, pour qu’elles puissent se spécialiser dans ce domaine », explique Olga Prince-Dagnon. Le coût supplémentaire engendré par la maintenance sera, dans un premier temps, à la charge de l’État. Puis, lorsque les voiries seront

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BURKINA

Port en eau profonde Port sec

BÉNIN

Parakou

GHANA

NIGERIA TOGO

Cotonou Sèmè-Kpodji Golfe de Guinée

négociations entre les autorités béninoises et nigériennes, Samuel Dossou a cependant accepté de céder le marché à China Railway Construction Corporation Limited (CRCC) en échange de la promesse d’obtenir la construction du port en

100 km

eau profonde de SèmèKpodji, situé entre Cotonou et Porto-Novo. C’est donc CRCC, déjà actif sur le projet de TGV au Nigeria, qui réhabilitera les 438 km de voie ferrée entre Parakou et Cotonou.

M.M.

achevées, une nouvelle taxe sera mise en place pour financer à la fois leur entretien et la gestion des déchets. Outre la création d’emplois directs (environ 750 par site lors des travaux, selon l’ACVDT, soit 9 000 au total), l’opération de réhabilitation des voies urbaines se veut aussi un outil d’attractivité supplémentaire pour les investisseurs étrangers ainsi qu’un moyen de dynamiser l’économie locale, notamment par le petit commerce. « Cela va surtout changer la vie des Béninois, insiste Olga Prince-Dagnon. Actuellement, environ 10 % des voiries urbaines sont bitumées ou pavées et, à la fin du projet, on atteindra, selon les villes, entre 25 % et plus de 30 %. C’est quelque chose qui n’a pas été fait depuis plus d’un demi-siècle! »


Loterie Nationale du Bénin

Un partenariat gagnant-gagnant au service de la population Le financement des œuvres sociales ou investissements à caractères social, culturel et sportif constitue l’un des maillons essentiels de la mission assignée à la Loterie Nationale du Bénin (LNB) par l’État béninois depuis mars 1967. La Loterie Nationale du Bénin reste en droite ligne dans sa mission et continue de combler parfaitement les attentes des couches défavorisées, d’où son slogan « les lots aux gagnants, les bénéfices à toute la nation ». Au fil des ans, partout sur le territoire national, la société des jeux a contribué au bien-être des populations avec des empreintes indélébiles qui lui donnent tous ses attributs de société d’État à caractère social. Elle a offert diverses infrastructures à savoir des puits, des modules de classes, des stades, des centres de santé, … etc.

cafétéria. A Dangbo, dans le même département de l’Ouémé, un centre d'éducation et de divertissement a été mis en service pour l'épanouissement de la jeunesse. Dans le département du Zou, une tribune officielle a été installée par la Loterie Nationale du Bénin sur le stade Omnisport de Covè.

En deux ans seulement, ce sont les collèges d’enseignement général (CEG) de Bantè 2 et de Gbadagui dans le département des Collines qui ont été dotés chacun d’un module de quatre classes. Toujours dans ce département, la commune de Paouignan a vu implanter, pour son compte, un centre Polyvalent d’éducation et de divertissement en juillet 2018.

Tout dernièrement (juillet 2018), la Loterie Nationale du Bénin a répondu à l’appel à la solidarité nationale du Préfet du département de l’Atacora, suite au drame survenu dans l’arrondissement de Datori, à une vingtaine de kilomètres de Cobly, qui a causé plusieurs morts. Elle a offert aux sinistrés : des sacs de maïs, de riz, des bidons d’huile végétale, des paquets de tôles et des cartons de pointes. Bref, la liste est longue et les actions se poursuivent au grand bonheur de la population béninoise.

Dans l’Atlantique, c’est la localité de Tori Avamè qui a bénéficié d’une unité de transformation de manioc couplée avec un centre d’accueil des enfants en janvier 2017.

COMMUNIQUÉ

Quelques mois plus tard, dans le département de l’Ouémé, c’est l’arrondissement de Médédjonou dans la commune d’Adjarra qui a bénéficié d’un centre des métiers composé d’un espace « exposition vente », d’un atelier et d’une

www.loteriebenin.com

Angle Avenue Clozel et Boulevard de France 01 BP 998 - Cotonou, Bénin Tél. : +229 21 31 43 00 Fax : +229 21 31 22 58

JAMG/DIFCOM - © D.R. sauf image vecteur en haut en en bas de Vecteezy.com

En effet, avec la création de plusieurs dizaines de centre de jeux, ce sont des centaines de jeunes qui ont été arrachés au cercle vicieux du chômage.



Grand format BÉNIN ÉCONOMIE

Comment faire respirer les villes

Réputé discret, José Tonato s’est retrouvé sur le devant de la scène dès sa prise de fonctions, avec la vaste opération de déguerpissement du domaine public des logements et commerces informels, qu’il a menée à bien malgré les grincements de dents. « C’était douloureux mais nécessaire, rappelle-t-il. Avant de travailler à l’attractivité de nos villes, il était indispensable de réhabiliter l’espace public. » Deux ans plus tard, force est de reconnaître que les rues respirent. Et, pour la première fois depuis quarante ans, les pouvoirs publics gèrent de façon globale et transversale l’assainissement des villes.

Ce proche du président est passé par l’ONU et la BAD.

Porto-Novo, Abomey, Cotonou, Parakou, Natitingou… À la tête du ministère du Cadre de vie depuis bientôt trois ans, José Tonato a mis les agglomérations du pays en chantier.

FIACRE VIDJINGNINOU

n créant un ministère du Cadre de vie et du Développement durable en avril 2016, Patrice Talon a d’emblée posé la synergie entre aménagement du territoire et environnement. Et c’est à l’un de ses proches que le président béninois a confié ce portefeuille stratégique. Diplômé de l’École africaine des métiers de l’architecture et de l’urbanisme de Lomé, directeur de cabinet du ministre béninois de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme au début des années 2000, José Didier Tonato, 56 ans, a été gestionnaire de programme d’ONU-Habitat pour le Bénin et planificateur en chef du développement urbain à la BAD de 2013 jusqu’à sa nomination au sein du gouvernement Talon. En moins de trois ans, l’urbaniste a mis les principales villes du pays en chantier.

E

ERICK-CHRISTIAN SEDO AHOUNOU/AID POUR JA

Rattraper Kigali

José Tonato ne cache d’ailleurs pas son rêve de voir Cotonou ravir à Kigali le titre de métropole la plus propre du continent. Grâce notamment au projet Asphaltage, qui comprend la réhabilitation ou la construction de 660 km de voirie dans neuf villes (lire pp. 106-108) – dont 237 km à Cotonou, où les travaux ont débuté en juillet 2018 –, mais aussi l’assainissement, l’aménagement de trottoirs, l’installation de mobilier urbain (éclairage solaire, poubelles, bancs, etc.), la création de parkings et d’espaces arborés. Parmi les actions de salubrité publique figurent aussi la réorganisation de la gestion des déchets dans les principales villes et la modernisation des marchés urbains. Autre plan phare, lancé fin juin 2018 : la construction de 20 000 logements économiques dans 14 villes du pays, dont 8 000 à Ouèdo (nord d’Abomey) et 500 à Parakou, lors d’une première phase. Pour son exécution, l’État a créé la Société immobilière et d’aménagement urbain (Simau), dont il est actionnaire minoritaire, avec la Banque ouest-africaine de développement, des banques, des compagnies d’assurances et le groupe immobilier Duval pour partenaire technique de référence. Enfin, après l’adoption, en avril, de la loi sur la protection, l’aménagement et la mise en valeur du littoral, le gouvernement a engagé la construction d’une digue immergée de 4 km à Avlékété (ouest de Cotonou) et compte aménager la plage pour permettre l’essor du tourisme balnéaire. « Comme pour tous nos projets prioritaires d’aménagement urbain, il ne s’agit pas d’esthétique, souligne José Tonato, mais avant tout de conditions de vie des populations et de développement économique. »

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MESSAGE

Direction Générale

Les Bagnoles Motors Emma DOSSOU A. Directrice Générale| Managing Director

Avenue Van Vollen Hoven 01 BP 7144 Cotonou Quartier Scoa-gbéto, Carrefour LBM Tel: (+229) 21310002 - Fax: (+229) 21310550 | E-mail: contacts@lesbagnoles.com Site web: www.lesbagnoles.com | Cotonou - République du Bénin

Nous avons promis diversifier nos offres pour 2018, nous l’avons fait. Elle a été une année décisive, avec le lancement de la location longue durée ou Leasing au Bénin. Notre pays s’est illustré en étant le pionnier en la matière au niveau de l’administration publique. Cette formule simple et flexible répond de la façon la plus complète possible à vos besoins de déplacement et vous donne la possibilité de réaffectation de ressources immobilisées à l’exploitation. Elle vous apporte un service entièrement personnalisé, de mobilité à la fois innovant et respectueux de l’environnement. En outre, elle vous épargne des soucis d’entretien et de maintenance des véhicules. Ce choix sera encore consolidé cette année 2019 par des réponses toujours adaptées aux besoins des entreprises et des particuliers. S’inscrivant dans une logique de respect des normes, LBM a d’ailleurs renouvelé son certificat ISO 9001. Elle est passée à la version plus récente, celle de 2015 et sera toujours au rendez-vous, dans le but d’offrir les meilleures prestations possibles à ses clients. Votre confiance reste notre source d’inspiration. Elle nous engage à vous proposer les meilleures solutions de mobilité en matériel roulant. Aller au-delà de vos attentes nous passionne. Vous servir la meilleure qualité possible dans toutes nos prestations (location courte ou longue durée, vente de véhicules neufs, service après-vente, vente de carburant, de lubrifiants et d’accessoires) est notre engagement. Notre histoire continue de s’écrire avec les pas que nous faisons ensemble d’année en année. Car, comme l’a dit Joanne ROWLING, Ce sont nos choix qui montrent qui nous sommes, bien plus que nos capacités. Merci pour votre fidélité. Bonne et heureuse année 2019

We promised to diversify our offers for 2018, we did it. It was a decisive year, with the launch of leasing in Benin. Our country has distinguished itself by being the pioneer in the field at the level of public administration. This simple and flexible formula is the most comprehensive way to meet your mobility needs and gives you the opportunity to reallocate capital resources to operations. It brings you a fully personalized service, mobility that is both innovative and respectful of the environment. In addition, it spares you the worry of maintenance of vehicles. This choice will be further consolidated this year 2019 by answers always adapted to the needs of companies and individuals. As part of a logic compliance with standards, LBM has also renewed its ISO 9001 certificate. It has moved to the more recent version, that of 2015 and will always be there, in order to offer the best possible benefits to its customers. Your trust remains our source of inspiration. It commits us to offer you the best mobility solutions in rolling stock. Going beyond your expectations fascinates us. Serving you the best possible quality in all our services (short or long term rental, new vehicle sales, after-sales service, sale of fuel, lubricants and accessories) is our commitment. Our story continues to be written with the steps we take together year after year. Because, as Joanne ROWLING said, It is our choices that show who we are, much more than our abilities. Thank you for your loyalty.


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Grand format BÉNIN ÉCONOMIE

AGRO-INDUSTRIE

Mathieu Adjovi

Président de l’Association interprofessionnelle du coton (AIC)

« Quand le coton va, tout va » Propos recueillis par MATTHIEU MILLECAMPS

l est l’homme clé d’une filière qui enchaîne les records. Mathieu Adjovi, 64 ans, préside l’Association interprofessionnelle du coton (AIC). Cette structure réunissant producteurs, égreneurs et distributeurs d’intrants a été remise sur les rails par Patrice Talon dans la foulée de son arrivée au pouvoir, en avril 2016, et gère de nouveau la filière. Intrants, prix d’achat aux producteurs, agrément de nouvelles lignes de production… De la production à l’égrenage, rien ne se fait sans l’AIC. Son président, dont la très grande proximité avec Patrice Talon n’est un secret pour personne, ne cache pas sa fierté au regard du bilan des trois dernières campagnes cotonnières. Et il y a de quoi. Entre celle de 2015-2016 et celle de 2017-2018, la production de coton-graine a presque doublé, la superficie emblavée est passée de moins de 307 000 ha à plus de 530 000 ha, et la filière, après avoir été secouée par une crise profonde pendant près de dix ans, est en passe de prendre le dessus sur sa voisine burkinabè.

I

Jeune Afrique : Quelles sont vos prévisions pour la campagne 2018-2019 ? Mathieu Adjovi : Nous attendons une

production de l’ordre de 700000 tonnes de coton-graine pour la campagne en cours. Alors qu’avant l’élection de Talon la récolte était à peine de 300000 t, dès la campagne 2016-2017, nous sommes passés à une production de près de 452000 t. Et la production a atteint 598000 t lors de la campagne suivante, en 2017-2018 ! La production béninoise pourrait-elle bientôt dépasser celle du Burkina Faso ?

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REPRISE EN MAIN Dès le lendemain de son investiture, le président Patrice Talon prend plusieurs mesures visant l’industrie du coton, un secteur dans lequel il a fait fortune (on le surnommait « le roi du coton ») et qui fut l’un des principaux facteurs de tensions avec son prédécesseur, Thomas Boni Yayi. Le 11 avril 2016, le gouvernement met fin aux réquisitions des usines d’égrenage de la Société pour le développement du coton (Sodeco). Son actionnaire majoritaire, Patrice Talon, en confie les postes de direction à des proches. Il est demandé au directeur général de la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra) de « régler les redevances » de ces réquisitions, soit 12 milliards de F CFA (près de 17,7 millions d’euros). Dès le 28 avril 2016, le secteur est « re-libéralisé », et l’AIC est rétablie dans ses fonctions – l’accord-cadre qui déléguait la gestion de la filière au secteur privé via l’AIC avait été annulé en avril 2012 à la suite d’accusations de malversations. CÉCILE MANCIAUX

Absolument. Surtout si le Burkina plafonne à 750000 t/an de coton-graine. Nous envisageons en effet d’atteindre 800000 t pour la campagne 2019-2020 et 1 million de tonnes dans deux ou trois ans. Les 19 usines d’égrenage du pays sont actuellement en capacité de traiter 600 000 t de coton-graine. Que va-t-il advenir du surplus ?

Nous avons la possibilité de faire stocker le surplus à proximité de pratiquement toutes les usines d’égrenage, afin de pouvoir traiter l’intégralité de la


VALENTIN SALAKO/AID POUR JA

Le 8 janvier, à Cotonou.

production. Par ailleurs, un nouvel opérateur va entrer en lice : nous avons lancé une consultation, et un investisseur italien s’est présenté. Mais les discussions étant en cours, je préfère ne pas dévoiler son nom pour le moment. L’État et l’AIC doivent donner leur accord, de façon à ce que les nouvelles capacités d’égrenage entrent en exploitation d’ici à 2020. Et qu’en est-il de la nouvelle unité agréée en juin 2018 ?

La nouvelle usine d’égrenage qui est en construction à Kérou [Nord], en plein

cœur du bassin cotonnier, est l’extension d’une ligne qui appartient au groupe Sodeco [Société pour le développement du coton]. Elle devrait être opérationnelle pour la campagne 2019-2020. Qu’est-ce qui a permis à la filière d’être relancée si solidement ?

C’est sa meilleure organisation, en ce qui concerne la fourniture d’intrants – de bonne qualité et, surtout, à temps –, ainsi que l’encadrement des producteurs. C’est aussi le paiement à bonne date de ces derniers. Nous avons également mis

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Grand format BÉNIN ÉCONOMIE

ont été cédés à sa famille ou à d’autres personnes. Aujourd’hui, le secteur peut parfaitement bien fonctionner sans qu’il intervienne directement en tant qu’acteur privé. Et il n’y a aucune ingérence directe du président Talon dans les dossiers critiques, c’est-à-dire l’importation d’intrants, l’encadrement des producteurs, les agréments concernant l’égrenage, l’extension des lignes de production, etc.

en place une politique d’amélioration des rendements à l’hectare et sommes passés de 900 kg/ha à 1,12 t/ha. Le fait que Patrice Talon ait été un magnat du coton change évidemment la donne…

Il connaît les problèmes des acteurs du secteur, il a su les accompagner, les conseiller et donner une vision de ce que l’État peut apporter à la filière, qui est entièrement privée. Mais à côté du coton, il y a d’autres cultures qui, elles, dépendent de l’engagement de l’État. Quand le coton se porte bien, les autres cultures aussi. Et depuis que le président Talon est arrivé au pouvoir, nous avons décidé d’apporter des intrants vivriers et de les mettre à la disposition des producteurs d’or blanc pour qu’ils cultivent à la fois du coton et du vivrier. Cela a été vraiment important, car cela permet d’assurer la culture de rente tout en assurant la subsistance.

De 2012 à 2016, l’État a mis fin au fonctionnement de l’AIC et exercé toutes ses fonctions à son profit, sans connaître le métier. Les ministres choisis par le chef de l’État se sont occupés de toute la chaîne, et cela a été la porte ouverte à tout… Lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, le chef de l’État a restitué à l’AIC la totalité de ses prérogatives [lire p. 114]. À sa demande, l’AIC a avancé les fonds pour combler les 30 milliards à 40 milliards de F CFA [de 46 millions à 61 millions d’euros] de dettes que nous avons trouvés en arrivant. Désormais, les choses sont plus fluides.

Quelles actions ont été engagées pour éviter que le chef de l’État ne se trouve en position de conflit d’intérêts ?

Le président Talon a travaillé une partie de sa vie dans la filière, mais il l’a quittée. Il a énormément pesé sur les réformes conduites, mais je ne vois pas pourquoi on pourrait parler de conflit d’intérêts puisque ceux qu’il avait dans la filière

Côte d’Ivoire

Bénin

Togo

682 940

679 689 588 200 548 695 446 666

513 560

385 200

393 367

310 081

76 000

303 320

116

114 500

81 000

28 818

26 545

20 300

2013-2014

2014-2015

2015-2016

jeuneafrique no 3028 du 20 au 26 janvier 2019

728 644 611 759

647 300 597 985

436 600

298 049

Pour la campagne 2018-2019, avec une récolte de 700 000 t attendue, la production béninoise de coton-graine affiche

Sénégal

451 209

413 238 328 155 108 291

117 167

15 160

16 380

2016-2017

2017-2018

SOURCES : AIC, PR-PICA

644 000

Mali

Au port de Cotonou.

Vous siégez au conseil d’administration de la Sodeco, qui possède 80 % des capacités

BELLES CAMPAGNES COTONNIÈRES (Production de coton-graine, en tonnes) Burkina Faso

JEAN-CLAUDE MOSCHETTI/REA

Le secteur sort d’une période difficile sur le plan économique, mais aussi sur le plan structurel et judiciaire. Cette page est-elle tournée ?

une hausse de plus de 130 %

par rapport à la campagne 2015-2016.


personne ne s’est manifesté. Que la Sodeco fournisse tous les intrants ne me choque donc pas. En outre, c’est un avantage, car la Sodeco est intéressée à la qualité de la production. Et nous n’avons pas augmenté le prix des intrants depuis 2016. Quels sont les prix d’achat du cotongraine aux producteurs pour la campagne 2018-2019 ? Quels sont les critères qui les déterminent?

Nous payons le meilleur prix dans la sous-région. Lors de la campagne 20172018, le prix payé aux producteurs était de 260 000 F CFA/t. Pour la campagne en cours, nous le payons 265 000 F CFA/t, là où l’égreneur paie 280 000 F CFA [le différentiel sert à financer l’AIC]. Il y a un mécanisme de calcul très complexe dans lequel nous intégrons les intrants, la maind’œuvre, le cours du coton-fibre et l’évolution du dollar. Beaucoup d’observateurs estiment que, face à la concurrence asiatique, il est impossible pour la filière coton béninoise de se lancer dans l’industrie textile. Êtesvous d’accord?

IL N’Y A AUCUNE INGÉRENCE DU PRÉSIDENT TALON DANS LES DOSSIERS CRITIQUES.

d’égrenage du pays. Elle a été la seule à répondre à l’appel d’offres pour l’importation d’intrants, trois campagnes de suite. N’y a-t-il pas un risque de monopole?

Tout d’abord, je suis l’un des administrateurs de la Sodeco parce que je suis égreneur et que l’une de mes sociétés fait partie du groupe Sodeco. Je n’y siège pas en qualité de président de l’AIC. Lorsque le président Talon est arrivé au pouvoir, le 6 avril 2016, il n’y avait pratiquement aucun intrant sur place. Or les producteurs en avaient besoin au plus tard en mai. Il y avait urgence. Il a demandé à la Sodeco d’intervenir. Ensuite, nous avons lancé un appel d’offres international et, à tort ou à raison,

Nous sommes confrontés à la petitesse des marchés. Un industriel ne doit pas s’installer au Bénin pour produire pour le pays ou pour la sous-région, il doit s’y installer en ayant pour objectif d’exporter. Dans un contexte d’ultra-concurrence, où les marchés ne sont pas protégés, n’est-ce pas un vœu pieux?

Pas du tout. Le président Talon a pris contact avec des industriels asiatiques qui ont l’habitude d’exporter vers l’Afrique. Il leur propose de venir installer leurs usines ici, chez nous, et de produire du fil coton pour l’exportation. Le Bénin a l’avantage d’être voisin du Nigeria et de ses 200 millions d’habitants. Il n’y a pas de doute : le marché est là.


COMMUNIQUÉ

BENIN CONTROL, partenaire de choix dans le développement économique du Bénin

ACTIVITÉS PRINCIPALES En collaboration avec la douane béninoise : 1. Évaluation et classification des marchandises ; 2. Inspection des marchandises en vrac débarquées au Port de Cotonou ; 3. Scanning des conteneurs ; 4. Suivi électronique des cargaisons et des véhicules en transit (Tracking).

BILAN 2018 Facilitation des formalités d’enlèvement au cordon douanier Les demandes d’Attestation de Vérification Documentaire (AVD) auprès de Benin Control sont faites en ligne avec une procédure de délivrance accélérée en 3 heures pour les produits prioritaires. Les AVD émises, sont automatiquement injectées dans le SYDONIA (système informatique de la Douane) et permettent une importation directe et des contrôles automatiques de cohérence avec la déclaration en douane.

Amélioration des recettes douanières Dans un contexte économique international peu favorable, les recettes douanières brutes de 2018 s’élèvent à 378,9 milliards de F CFA contre 327,5 milliards en 2017 soit une augmentation d’environ 16 % et de 25 % sur deux ans. Ceci est le fruit des réformes ambitieuses et volontaires portées par l’Administration douanière dont Benin Control est partenaire.

Lutte contre la fraude et l’insécurité Pour améliorer la qualité des contrôles, une celulle d’analyse

de risques conjointe (Douane Benin Control) a été mise en place. De plus, les deux entités collaborent directement avec l’UMCC (Unité Mixte de Contrôle des Conteneurs) dont les objectifs sont la lutte contre le trafic d’ armes, de stupéfiants et de véhicules volés.

Renforcement des compétences de l’Administration Douanière Dans le but de partager les outils et techniques mises en œuvre et d’amorcer un transfert de compétences, Benin Control intègre plusieurs agents de la Douane dans ses services (scanning, inspections physiques, salle de contrôle tracking, émission des AVD, unité de risques etc…).

Amélioration de l’attractivité du corridor Pour améliorer l’attractivité et la compétitivité du corridor Béninois, Benin Control, Douane et Port Autonome de Cotonou organisent régulièrement des missions vers les pays voisins. À l’écoute des usagers, la dernière mission a débouché sur la révision à la baisse du tarif du suivi electronique des cargaisons.

PERSPECTIVES 2019 Il est prévu entre autres, en collaboration avec la Douane : •

L’amélioration des procédures de vérification des importations via les frontières terrestres (scanning, AVD de moins de 500 000 FCFA, dispositifs de pesage …etc) ;

Le développement d’une application de gestion des magasins et aires de dédouanement.

Benin Control SA - Lot 4233, Parcelle F, Quartier Zongo, Zone Résidentielle, Cotonou, Rép. Du Bénin Tél. : +229 21 31 70 70 ou +229 21 31 70 71 - Email : info@benincontrol.com Service client : MOOV :60888830 - MTN : 69069292 (appel gratuit entre même opérateur)

www.benincontrol.com

JAMG/DIFCOM - © D.R.

Depuis bientôt 2 ans, Benin Control est mandatée par l’État béninois pour la conduite des activités du Programme de Vérification des Importations (PVI) nouvelle génération. Elle compte plus de 500 employés déployés sur l’ensemble du territoire national.


Grand format BÉNIN

TRIBUNE

Vers la transition démographique L

JACQUES TORREGANO POUR JA

a démographie, avec la géographie, fait l’histoire de personnellement dans la composante « contrôle des l’humanité. Cela n’a jamais été aussi vrai qu’en ce naissances » du programme, et les États ont entamé XXIe siècle débutant, marqué par l’effondrement démoun dialogue avec leurs autorités religieuses respectives graphique de nombreux pays dits avancés, l’explosion (essentiellement musulmanes), suscitant une réponse démographique de l’Afrique et la poursuite de phénotrès positive et des initiatives concrètes sur le terrain. mènes migratoires apparus à la fin du XXe siècle, et qui Le Bénin, qui vient de se joindre au programme, était font régulièrement la une des médias. présent lors de ce forum, représenté par une importante Au-delà de l’émotion et des bons sentiments qui ruisdélégation menée par le ministre des Affaires sociales sellent autour de ces mouvements de population désoret de la Microfinance, Bintou Chabi Adam Taro. Et c’est donnés, une réflexion s’est faite sur le cas de l’Afrique, au Conseil des investisseurs privés au Bénin (CIPB) qu’est le seul continent dont la population contirevenu l’honneur de signer, au nom des nue de croître à un rythme aussi soutenu. organisations patronales des sept pays, Naguère, la BAD y a vu un phénomène un engagement à soutenir le programme largement positif et a imaginé la constiSwedd sous ses différents aspects. tution d’une classe moyenne avide de consommer, qui ferait de l’Afrique le grand ourquoi le Bénin? Sans doute parce qu’il marché de l’avenir. s’est révélé être, lors de ces deux jourPlus récemment, le ton a pourtant nées de travail, le seul à avoir pris à braschangé. À preuve, une étude publiée en le-corps la problématique démographique. octobre 2018 par le FMI soulignait l’exisDès 2005, soit trois ans après sa création, Roland Riboux tence d’un écart annuel de 10 millions de le CIPB avait réalisé une étude intitulée Président personnes entre les emplois demandés « La bombe démographique qui menace le du Conseil des et ceux offerts. À preuve également le Bénin ». Un coup d’épée dans l’eau, certes, investisseurs privés récent numéro spécial de The Economist mais qui a permis de prendre date. D’autres au Bénin (CIPB), (« The world in 2019 ») qui, sur trois initiatives ont ensuite vu le jour, sous l’égide PDG de Fludor-Bénin pages réservées à l’Afrique, en a consacré du Conseil, comme ce dîner-débat organisé deux à l’explosion démographique, avec le 23 novembre à Cotonou sur le thème une inquiétude particulière concernant « Le secteur privé et le dividende démograla situation dans les pays du Sahel. Cette phique au Bénin ». Les réactions de l’assisrégion était justement à l’honneur à Abidjan les 17 et tance ont d’ailleurs montré que les choses commençaient 18 décembre, dans le cadre du Forum de partenariat à bouger dans le pays. public-privé pour le dividende démographique organisé Le CIPB entend poursuivre sur ce terrain et, dès les par le projet Swedd (Autonomisation des femmes et divipremiers jours de 2019, va constituer un groupe de tradende démographique au Sahel). vail du secteur privé pour le dividende démographique, à l’image de ceux qui existent déjà pour la fiscalité et e programme, lancé en 2015 et couvrant le Burkina la justice. L’organisation se rapprochera ensuite de l’État Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, la Mauritanie et pour créer un cadre de concertation avec les différents le Tchad, est une initiative du Pnud, qui a trouvé le moyen ministères intéressés par les quatre composantes de d’évoquer l’explosion démographique sous un aspect ce dividende : la santé, l’éducation, la gouvernance et positif, en se concentrant sur tous les bienfaits d’une tranl’emploi. Avec l’objectif de contribuer à la réussite d’une sition dans ce domaine. Mais celle-ci n’a pour l’instant transition démographique nécessaire, facteur de dévepas lieu. Les présidents des six pays se sont impliqués loppement de notre pays.

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C

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LES DOUANES BÉNINOISES

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L’ANNÉE DE TOUTES LES RÉALISATIONS ENTRETIEN AVEC M. CHARLES INOUSSA SACCA BOCO DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES ET DROITS INDIRECTS L’Administration des douanes béninoises est l’une des trois régies financières qui permet à l’État d’avoir les moyens de sa politique à travers la mobilisation des recettes douanières. Elle contribue à environ 45% à la mobilisation des ressources intérieures du Bénin et s’active chaque année à améliorer ses performances. C’est pourquoi, soucieux de la nécessité de sa modernisation, le Gouvernement par le biais du Cabinet du Ministre de l’Économie et des Finances a apporté son appui pour la mise en œuvre d’actions diligentes.

Po ouvez-vous nous en n dire plus les actions de e modernisation ? En septembre 2017, le Conseil des Ministres a approuvé la mise en œuvre des réformes insstitutionnelles et informaques y compris la création tiq un Guichet Unique de Comd’u erce Extérieur (GUCE). La me phase opérationnelle de la mise en œuvre desdites réformes a démarré effectivement d d éf le 1er janvier 2018. Le prestataire désigné est la société Webb Fontaine. Les composantes sont multiples et ses composantes sont axées sur la réorganisation, l’amélioration constante et surtout la valorisation des réformes majeures attendues. Le lancement des Opérateurs Économiques Agréés (OEA) est prévu pour le 28 janvier 2019. Les réformes informatiques visent la dématérialisation et la facilitation des procédures douanières.

nistration des douanes, le poids et la quantité de tous biens importés en vrac au Bénin, quel que soit le régime douanier. Le suivi électronique des véhicules d’occasion en transit, permet de suivre électroniquement les véhicules en transit par le Bénin jusqu’à leur sortie effective du territoire. Le tracking des marchandises en transit a permis de faciliter le commerce avec les pays de la sous-région, lutter contre les déversements frauduleux et sécuriser les recettes douanières. Et enfin, le scanning des marchandises a permis de rendre efficace et rapide les contrôles par l’Administration des Douanes. Par ailleurs, d’autres réformes ont été entreprises, comme la mise en place d’un système de management de la qualité par une migration vers la norme ISO 9001 version 2015. Par également, le déploiement d’outils informatiques, tels que le système performant de dédouanement SYDONIA WORLD, le site Internet de la DGDDI et la mise en place de l’intranet qui permettent de mettre en commun les ressources du réseau.

Au-delà des réformes institutionnelles et informatiques, le gouvernement par le biais de la société Benin Control a mis en place le Programme de Vérification des Importations Nouvelle Génération. Outre, la maitrise de la valeur en douane par la délivrance des Attestations de Vérification Documentaire (AVD), la gestion du vrac par la Certification des valeurs et des poids des produits liquides, gazeux et solides permet de certifier, pour le compte de l’admi-

La remise du Certificat ISO 9001 version 2015 au DGDDI

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COMMUNIQUÉ

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Quelles sont les réformes mises en œuvre avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) ? Les institutions internationales (FMI et Banque Mondiale) ont contribué entre autres au renforcement de la gestion du risque, du contrôle a posteriori, du procès verbal simplifié (PVS), etc. En tant que centre mondial d’expertise, l’OMD participe à l’efficacité des administrations douanières. Nous avons bénéficié au cours de l’année 2018 de plusieurs missions de l’OMD pour le renforcement des capacités des fonctionnaires des douanes dans divers domaines. Depuis juillet 2018, les Attestations de Vérification Documentaire émises sont automatiquement injectées dans le SYDONIA WORLD et permettent une importation directe avec des contrôles automatiques de cohérence avec la déclaration en douane. Ce qui est une avancée significative.

Quels sont les impacts de ces réformes sur l’Administration des douanes béninoises en particulier et le Bénin en général ? Ces réformes ont eu beaucoup d’impacts sur le Bénin. Tout d’abord, l’Observatoire des Pratiques Anormales (OPA) mis en place par la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) a, selon son 30ème rapport sur le 4ème trimestre de l’année 2017, classé le Bénin comme meilleur élève de la communauté en matière de facilitation des transports sur ses corridors. De plus, le rapport Doing Business 2019 de la Banque Mondiale, publié le 31 octobre 2018, montre au niveau du commerce transfrontalier une nette amélioration du classement du Bénin. Ainsi, le Bénin est passé de la 136ème place en 2018 à la 107ème place en 2019. Ce bond qualitatif du Bénin découle des avancées obtenues sur certains indicateurs tels que les réformes engagées au niveau de l’Administration des Douanes en l’occurrence les réformes au plan informatique.

Photo de famille avec la douane Togolaise

En conclusion, je tiens à préciser que pour la première fois, l’Administration des douanes béninoises a atteint un niveau de mobilisation de recettes record. Nous avons pu mobiliser pour le compte du Trésor Public au 31 décembre 2018, 378 869 000 000 de F CFA contre 327 511 000 000 de F CFA à fin décembre 2017 ; soit une hausse de 51 358 000 000 de F CFA correspondant à un taux d’accroissement de 15,68 %.

Je profite de l’occasion pour remercier le Chef de l’État et son gouvernement pour les réformes engagées au sein de l’Administration des douanes.

« Je présente mes meilleurs vœux de paix, de santé et de prospérité à tout le peuple béninois, au Chef de l’État et son gouvernement. Mes vœux vont aussi à l’endroit de tous nos partenaires qui ne cessent de nous appuyer dans nos efforts de modernisation. Enfin, je remercie tous les collègues pour les efforts fournis pour la réalisation des objectifs au cours de 2018, ainsi que pour les défis qui seront relevés en 2019. »

Direction Générale des Douanes et Droits Indirects 01 BP 400 - Cotonou, Bénin Tél. : +229 21 31 55 48 - Fax : +229 21 31 67 86 E-mail : douanes_béninoises@yahoo.fr

JAMG/DIFCOM - © D.R.

Photo de famille avec la douane Nigérienne

/////////////////////////////////////////////////////////////////////// www.douanes-benin.net ////////////


Grand format BÉNIN

SOCIÉTÉ


Bataille en ligne Le mouvement #TaxePasMesMo a fait reculer le gouvernement sur son projet d’imposer les réseaux sociaux. Porté par une alliance de circonstance hétéroclite, il illustre les aspirations et les contradictions d’une société ultraconnectée. MATTHIEU MILLECAMPS

I

l plonge la main dans sa poche pour en sortir son smartphone, le pose sur la table avant même de s’asseoir et balaie négligemment l’écran tactile du bout des doigts, en quête de ses derniers messages WhatsApp. Hugues Sossoukpè a déjà fait ce geste une centaine de fois depuis le début de la journée, quand, en cette fin d’après-midi, il s’attable à la terrasse ombragée d’un petit maquis donnant sur l’arrière du stade de l’Amitié, à Cotonou. « Même la bonne dame du marché utilise WhatsApp, lâche-t-il. Si ce n’est pas le cas, c’est son fils qui le fait pour elle ! » À 32 ans, le secrétaire général de l’Association béninoise des web-activistes est l’un de ceux qui, en septembre 2018, ont mené ce qu’il appelle la « contestation virtuelle » contre la taxation des réseaux sociaux, avec pour étendard le hashtag #TaxePasMesMo. « C’était un mouvement inédit qui a rassemblé des activistes défendant la liberté d’expression et la neutralité du Net, mais aussi des particuliers qui se sont sentis frappés au portefeuille, des autoentrepreneurs dont l’activité était en danger, des gens de l’opposition, de la mouvance présidentielle, etc. Bref, tout le monde ! »

Futures licornes

Dans la nuit du 18 au 19 septembre, les internautes découvraient avec stupeur que le tarif des données mobiles était multiplié par quinze sur les réseaux sociaux, notamment sur WhatsApp. À peine quarante-huit heures plus tard, le gouvernement était contraint de faire marche arrière tant était décriée sa décision de taxer les services OTT, autrement dit les « services par contournement » (lire p. 124). Avant la taxe, 1 gigaoctet coûtait 500 F CFA (0,76 euro) tous

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Grand format BÉNIN SOCIÉTÉ Lire aussi : « Un nouveau cadre tarifaire pour les télécoms » sur www.jeuneafrique.com

usages confondus; après, 1 Go coûtait 15000 F CFA quand il était utilisé sur les OTT. Ceux qui ont mené la fronde forment un groupe aussilarge qu’hétéroclite, sans leader identifié, mais ses membres sont en permanence interconnectés. Ils comptent aussi quelques personnalités de poids, dont Ulrich Sossou. Le « Steve Jobs béninois » a mis dans la balance le demi-million de dollars qu’il pèse et, surtout, son influence à la tête d’EtriLabs. C’est là, au sein de cet incubateur, centre de formation et espace de coworking qu’il a fondé, que naissent les futures licornes du Bénin. Entre les murs aux couleurs chatoyantes et recouverts de slogans en anglais, au milieu du cliquetis des claviers, le mouvement a eu un écho assourdissant. « Taxer internet, c’est restreindre notre évolution dans le présent et dans le futur, lance Freeda Lokossou, qui suit le programme Women High Impact Startup Preparation Academy (Whispa), destiné aux jeunes femmes qui veulent se former aux métiers du numérique. C’est vrai, on va sur YouTube pour regarder des clips musicaux, mais on consulte aussi beaucoup de tutoriels et de Mooc [cours en ligne ouverts à tous], qui nous servent dans notre formation. » Dans l’un des espaces de travail partagé, penchée sur son écran, Selma Ogue, développeuse, confirme: « On passe notre temps en ligne à faire du développement, à coder… Et les réseaux sociaux sont essentiels si l’on veut échanger avec d’autres développeurs et se tenir au courant des évolutions. » « Le gouvernement argue un manque à gagner fiscal, mais on ne peut pas se contenter de penser à court terme. Le développement de l’économie numérique est fondamental pour un petit pays comme le Bénin. Je ne comprends

LES OTT, C’EST QUOI ? Les services OTT (acronyme de l’anglais « over the top ») ou « services par contournement », en français, permettent de transporter des flux vidéo, audio ou de données sur internet sans nécessiter l’intervention d’un opérateur. Ces applications OTT – dont les plus connues sont Facebook Messenger, WhatsApp, Viber ou Skype – se sont développées de façon fulgurante en s’appuyant, pour diffuser leurs contenus, sur les réseaux des opérateurs de télécommunications existants. Elles concurrencent désormais les

124

services payants et rentables, tels que les SMS ou la téléphonie traditionnelle et, à court terme, vont les remplacer. Ces nouveaux services ont donc un impact sur les marchés des télécommunications, leurs chaînes de valeur, les sources de recettes pour l’État et les sources de revenu pour leurs opérateurs, qui vont devoir s’adapter, d’une part, en innovant et, d’autre part, en révisant sérieusement leur business model. Aujourd’hui, on rase gratis. Demain, pas sûr. CÉCILE MANCIAUX

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pas la logique derrière cette taxation, on veut augmenter les prix, alors qu’on devrait faire exactement l’inverse! » abonde Ulrich Sossou. « L’idée n’était pas de combattre la taxation, mais que celle-ci ne soit pas un frein à l’éclosion des talents et à la création de valeur », précise Faozane Oro, chargé de la communication de l’incubateur. Le mouvement #TaxePasMesMo a-t-il été, comme le lui reprochent ses détracteurs, uniquement animé par une jeunesse dorée et déconnectée des réalités du pays? « C’est vrai, à ses débuts, il a émané de jeunes intellectuels. Mais il ne faut pas minimiser son impact: il a pris de l’ampleur et trouvé un écho dans toutes les couches de la société », rétorque Maurice Thantan, président de l’Association des blogueurs du Bénin, à l’origine du mouvement.

Sit-in et selfies

« Même pour les petites tailleuses, WhatsApp est devenu un outil du quotidien. Elles envoient les photos des modèles à leurs clients, en trouvent de nouveaux, etc. », souligne Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation Zinsou, dont la voix porte au-delà des frontières du Bénin. En septembre, après l’interdiction d’un rassemblement à Cotonou, elle lance l’idée d’organiser de petites actions autonomes. « Pour que chacun, là où il était, fasse un sit-in avec une pancarte, prenne une photo et la relaie sur les réseaux sociaux », explique-t-elle. Marie-Cécile Zinsou fait le premier pas, poste son cliché avec son portable et… tombe en panne de batterie. « Je suis restée assise là pendant une heure sans savoir ce qui se passait », raconte-t-elle en désignant le bout de trottoir qui jouxte la fondation, en face du commissariat central de Cotonou. « Quand j’ai pu rallumer mon téléphone, j’ai réalisé l’ampleur que ça avait prise… » En quelques heures, des milliers de messages ont été publiés. Le feu prend alors d’autant plus vite que la mèche avait été allumée un mois auparavant, le 28 août 2018, lors du Benin Investment Forum, au détour d’une « petite phrase » du ministre des Finances. « Le coût change pour les réseaux sociaux et les usages ludiques. Vous faites des transferts d’images WhatsApp qui critiquent le gouvernement ou qui critiquent vos amis ? Libre à vous de le faire, mais vous en payez le prix, qui est légèrement plus fort », avait lâché Romuald Wadagni. Un mélange des genres dont les défenseurs de la liberté d’expression se sont saisis pour démontrer que les pouvoirs publics cherchaient moins à équilibrer les recettes fiscales qu’à contrôler l’opinion. Le ministre reste aujourd’hui ferme sur le fond et maintient que le secteur des communications doit trouver les ressources que les nouveaux usages en ligne lui ont fait perdre (lire interview p.125). Mais il concède avoir été maladroit dans ses propos : « L’analyse a manqué de précision. Quand on dit “usage non professionnel”, c’est très difficile à définir. WhatsApp peut être présumé ludique, mais, à l’intérieur, comporter des usages professionnels. Cette nuance, on est incapable de la faire. Et si, fin


Aurélie Adam Soule Zoumarou Ministre de l’Économie numérique et de la Communication

« Nous voulons revaloriser le secteur des télécoms »

Quelle solution peut-on envisager, qui ne pénaliserait pas les internautes? Nous avons mis en place un encadrement tarifaire. Le prix plancher et le prix plafond sont désormais fixés par le régulateur indépendant du secteur, l’Arcep [Autorité de régulation des communications électroniques et des postes]. Concernant les services OTT [lire encadré p. 124], il va falloir que chaque opérateur décide, dans sa politique commerciale, de sa façon d’innover, de se mettre en relation avec ces OTT et de faire face à cette pratique. Mais nous allons poursuivre notre but de départ qui est de revaloriser le secteur, car on ne peut pas continuer comme cela. Un retour de la taxation sur les réseaux sociaux est-il prévu? Il n’y a pas de crainte à avoir. Les objectifs sont clairs: nous voulons que les

E.AHOUNOU POUR JA

les réseaux. Si les moyens baissent, on se retrouve face à une équation impossible à résoudre.

consommateurs, citoyens et entreprises, puissent avoir un service de qualité et, en même temps, nous ne voulons pas que nos investisseurs – qui ne sont pas des philanthropes – se retrouvent face à des difficultés les conduisant à fermer boutique. Enfin,

l’État doit remplir ses objectifs de mobilisation en matière de ressources fiscales et de croissance économique. Les mesures que nous prenons vont permettre que toutes ces conditions soient réunies.

Propos recueillis à Cotonou par MATTHIEU MILLECAMPS

Le Journal Afrique Chaque soir à 20h30* sur TV5MONDE Présenté par N’Fanteh Minteh et Dominique Tchimbakala

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*heure de Dakar

© Christophe Lartige / CL2P / TV5MONDE

Jeune Afrique: La taxation des réseaux sociaux n’a-t-elle pas été un mauvais signal envoyé à l’écosystème de l’économie numérique? Aurélie Adam Soule Zoumarou: Il n’y a aucun tabou. Le seul signal que l’on a donné est que l’État s’intéresse à l’évolution de l’économie numérique et qu’elle n’est pas laissée à une évolution hasardeuse. C’est en effet l’un des trois secteurs prioritaires pour la relance économique identifiés dans le cadre du PAG [Programme d’actions du gouvernement 20162021]. Or, en deux ans, ce secteur a vu son chiffre d’affaires baisser de 10 %. Ce n’est pas admissible. Pour nous, responsables publics, ce serait irresponsable de fermer les yeux et de ne pas réagir. La croissance exponentielle des usages numériques génère beaucoup de données et, paradoxalement, moins de recettes. Les opérateurs doivent pouvoir faire des investissements pour maintenir et améliorer la qualité de leurs services, et étendre


Grand format BÉNIN SOCIÉTÉ

septembre, le gouvernement a demandé de suspendre le cadre tarifaire, c’est bien que sa mise en œuvre ne correspondait pas aux objectifs visés. » De fait, à peine les nouveaux tarifs avaient-ils été mis en place que les internautes s’échangeaient la marche à suivre pour installer des systèmes de contournement VPN (« réseaux privés virtuels ») et migraient massivementvers l’applicationTelegram,étrangementépargnée par la taxation. Le mouvement a aussi mis à mal, au moins pour un temps, le lien savamment tissé, via les réseaux sociaux, entre Patrice Talon et les Béninois connectés.« Dans les histoires d’amour, il y a parfois des anicroches, relativise un jeune partisan du président. Cette crise a fait du bien parce qu’elle a connu un bon dénouement et a permis une prise de conscience de l’importance et de la complexité du secteur. » Dans le nouveau cadre tarifaire imposé aux opérateurs de téléphonie mobile,

rendu public à la fin de novembre, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) a d’ailleurs bien pris soin de réclamer une tarification spécifique pour les réseaux sociaux. Elle a également laissé aux opérateurs la charge de régler la question du contournement via les services OTT. Reste une interrogation: que vont faire les acteurs du mouvement #TaxePasMesMo? Sur ce point, les avis sont à peu près aussi nombreux que les interlocuteurs. Il y a les « durs », comme Hugues Sossoukpè, qui rêve d’une « révolution numérique » et regrette même le recul du gouvernement, estimant que « le mouvement était en train de monter et que l’on aurait pu aller plus loin ». D’autres sont plus mesurés. « Nous avons obtenu une victoire. Elle est temporaire, peutêtre, mais c’est une victoire. Notre rôle désormais est de rester vigilants », conclut Maurice Thantan.

Reddition des comptes mensuelle À la présidence, on ne s’en cache pas. La rapidité avec laquelle le mouvement #TaxePasMesMo a pris de l’ampleur a surpris. Dommage collatéral non négligeable : les efforts déployés depuis 2016 par l’exécutif pour instaurer de nouveaux canaux de communication plus directs avec les Béninois, via les outils numériques, ont été fragilisés. Au plus fort du mouvement, les activistes ont en effet lancé un mot d’ordre de désabonnement des différents comptes et sites institutionnels. Si l’effet n’a pas été massif, il a été mesurable. Car, sur les réseaux sociaux, les comptes présidentiels et gouvernementaux publient à flux tendu et interagissent avec les internautes. Ces deux dernières années,

les sites institutionnels ont été complètement refondus, avec un double objectif affiché : transparence et reddition des comptes en direct.

Face caméra

Le site revealingbenin.com – « Bénin révélé » étant le nom du Programme d’actions du gouvernement (PAG) – a été créé, faisant à la fois office de vitrine à l’intention des investisseurs étrangers et de bilan de l’état d’avancement des projets du PAG à l’intention des Béninois. Un travail de numérisation des lois et décrets est en cours, afin qu’ils soient mis à la disposition des citoyens sur le site du secrétariat général du gouvernement.

P.R. BÉNIN

Session AskGouvBenin réalisée mi-décembre avec Jacques Ayadji, le directeur général des infrastructures.

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Le dernier-né de l’arsenal de cette communication numérique gouvernementale est le projet AskGouvBenin. Le principe ? Une fois par mois, un ministre répond, face caméra, aux questions posées par des internautes sollicités dans les jours précédents. « Un moyen de rapprocher les Béninois de l’action publique, de les aider à mieux comprendre ce qu’il se passe au niveau national », explique Stévy Wallace, un « repat’ », rentré au pays en 2016, à la demande de Patrice Talon, pour prendre les rênes de la stratégie de communication numérique de la présidence. À 31 ans, le jeune chief digital officer du palais de la Marina veut faire des sessions AskGouvBenin « un canal de reddition des comptes et un outil de transparence ». Le projet avait été mis sur les rails en juin 2018 (des pilotes avaient même été tournés), mais il a dû être mis en sommeil le temps que la tempête #TaxePasMesMo passe. Il a finalement été inauguré le 15 novembre, avec José Tonato, le ministre du Cadre de vie, qui a fait le point pendant près d’une heure sur ses dossiers prioritaires (lire p. 111). Jamais en panne d’idées, Stévy Wallace a un nouveau projet: déployer la communication présidentielle sur WhatsApp. MATTHIEU MILLECAMPS


ARTS PLASTIQUES

Tchif fait le Job

Mêlant couleurs et noir et blanc, Francis Tchiakpé rend hommage aux petits métiers. Tout en attirant l’attention sur les paradoxes du continent. FIACRE VIDJINGNINOU

frica My Name’s Job » est d’abord un jeu de mots. Signifiant littéralement « Afrique, mon nom est travail », le titre de cette collection créée en 2017 par le plasticien béninois – et déjà exposée, entre autres, à Cotonou et à Paris – se traduit aussi par « Afrique, mon nom est Job », en référence au personnage biblique un temps prospère avant de toucher le fond, puis d’être à nouveau béni par Dieu. C’est une série d’autoportraits photo mêlant noir et blanc et couleurs, saisis dans les rues et sur les marchés de Cotonou, de Dakar, d’Abidjan, de Kinshasa et de Johannesburg, où Tchif incarne les multiples petits métiers du secteur informel: mécanicien, zémidjan, vendeur d’arachides, de tomates, d’eau, d’essence de contrebande… L’artiste célèbre ici une Afrique au « positif », en couleurs et en noir et blanc, résiliente, qui s’efforce de gagner son pain quotidien. Il veut aussi faire prendre conscience du paradoxe d’un continent assis sur des richesses mais qui meurt de faim. « Cette situation n’est pas ce que je souhaite pour l’Afrique, où la vie devrait être plus confortable, martèle-t-il. Les matières premières viennent de nos pays, mais nous ne produisons rien. Le café nous revient sous forme de Nescafé, et le coton sous forme de serviettes fabriquées ailleurs. L’Afrique ne peut pas continuer comme ça. Elle doit s’organiser autrement et créer ses industries. »

A

Historien du présent

À 45 ans, Francis Tchiakpé, alias Tchif, est désormais tout aussi célèbre pour la puissance poétique de ses œuvres que pour sa manière de tremper ses pinceaux dans le vitriol. L’ancien caricaturiste de presse

TCHIF

«

Autoportrait dans le cadre de la série Africa My Name’s Job, créée en 2017.

L’ARTISTE CÉLÈBRE UNE AFRIQUE RÉSILIENTE, QUI S’EFFORCE DE GAGNER SON PAIN QUOTIDIEN.

s’est mué en peintre militant, historien du présent et du quotidien. Il estime que « l’artiste ne pense pas comme tout le monde, mais contre tout le monde ». En 2007, lors de l’exposition « Peuple sans mémoire », il avait appelé, avec une certaine prémonition, à la restitution des œuvres spoliées en Afrique et exposées au Quai Branly. Tchif fait voyager son art hors du Bénin. Depuis 1995, il a participé à une centaine d’expositions collectives et individuelles dans la plupart des grandes villes du monde, de Paris à Rio, en passant par Genève, Bruxelles, Dakar, Lagos, Accra, Johannesburg… Il fait aujourd’hui partie des rares artistes africains présents dans la collection permanente du Smithsonian Museum de Washington. En 2007, le plasticien a profité de cette notoriété pour ouvrir à Cotonou un espace culturel qui porte son nom. Ce lieu d’apprentissage et d’échanges lui permet d’associer les arts plastiques au théâtre et à la musique. Il offre aussi la possibilité aux jeunes artistes de polir leur talent sans avoir à s’enfermer dans un carcan, afin de mieux s’imposer sur le marché de l’art africain. Comme Tchif a si bien su le faire.

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PUBLI-INFORMATION

SOCIÉTÉ BÉNINOISE D’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE

DE RADIEUSES PERSPECTIVES POUR UNE SOCIÉTÉ RESTRUCTURÉE La Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE) est en pleine mutation depuis l’avènement du régime de Patrice TALON. Sous le leadership éclairé d’un jeune en qui le chantre du nouveau départ a placé sa confiance pour la gérer, la SBEE sort progressivement des sentiers battus. C’est l’œuvre du Directeur Général Laurent K. TOSSOU, qui, sous l’impulsion de l’homme lige de Patrice TALON, le ministre Dona Jean-Claude HOUSSOU en charge de l’énergie, a engagé de courageuses réformes afin de rester dans la logique du Chef de l’État pour qui « l’énergie doit couler comme le sang dans les veines de chaque béninois ».

A " La SBEE, des hommes à votre service 24H/24"

" Chaque client est un partenaire privilégié. "

La SBEE c’est aussi : ü une vingtaine de directions centrales et techniques, ü 8 directions régionales ü et 39 agences réparties sur le territoire national.

ssurer l’accès à l’électricité sur l’ensemble du territoire de la République du Bénin, c’est la mission principale de la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE). Une société créée en par décret, en mars 2004, en tant que Société d’État à caractère industriel et commercial. Elle réalise toute opération concernant directement ou indirectement la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique. Elle exécute également la politique du gouvernement en matière de recherche, de production et d’utilisation des ressources énergétiques.

Avec un capital social de 10 milliards de F CFA, la SBEE intervient dans la production dans les zones non encore couvertes par le réseau interconnecté par la Communauté Electrique du Bénin (CEB). Elle dénombre à ce jour plus de 600 000 clients Haute et Basse Tension, l’équivalent de 992 GWh de consommation d’énergie électrique. Depuis sa nomination en mai 2016, le Directeur Général Laurent K. TOSSOU s’est lancé le défi d’assurer l’approvisionnement en énergie électrique ; moderniser et étendre les réseaux pour un accès accru et sécurisé à l’électricité avec des délais courts d’exécution des sollicitations des clients, développer le partenariat public et privé pour assurer le financement des projets. C’est ce qui justifie les nombreuses réformes engagées pour le bonheur de la clientèle. Au nombre des réformes figurent en bonne place la signature d’un contrat-plan entre la SBEE et l’État avec pour effet l’apurement des dettes de l’État par le recouvrement des créances de la structure sur les sociétés publiques ; la mise en œuvre d’un nouveau plan tarifaire (issu d’une étude tarifaire sur l’électricité) qui favorise un

recouvrement intégral des coûts, la mise en œuvre d’un mécanisme de prépaiement des factures d’électricité. Le Bénin a obtenu la confiance du Millennium Challenge Corporation (MCC) des États-Unis qui a signé en 2017 avec le Gouvernement, le deuxième Accord de Don du Millennium Challenge Account. Cela implique la mise en place d’un Contrat de Gestion : il s’agira pour un privé de gérer l’ensemble des opérations de la SBEE. Cela permettra d’améliorer la gouvernance de la société et ses performances, de renforcer les capacités du personnel, attirer les investisseurs et construire d’importantes infrastructures énergétiques de production et de distribution. À l’heure du bilan, les reformes portent déjà leurs fruits. En effet, les états financiers 2017 de la SBEE sont caractérisés par un chiffre d’affaires de 120,360 milliards soit, une hausse de 9,11 % par rapport à 2016 (110,315 milliards). De même, en 2017 la SBEE aura contribué au Budget National à hauteur de 22 338 505 315 F CFA, un chiffre record. Cette performance n’occulte pas les grands projets de la société : la construction d’une Centrale Thermique de 120 MW à Maria-Gleta (qui sera livrée 2019), la restructuration et l’extension des réseaux de la SBEE dans la Commune d’Abomey-Calavi et le département de l’Atlantique, la réhabilitation des Centrales de PortoNovo, Parakou et Natitingou, la construction de centrales solaires, etc. Pour relever le défi de la réalisation de son Programme d'Actions, c’est de ce genre de technocrate, un jeune pétri de talent comme Laurent K. TOSSOU que le chantre du Nouveau Départ a besoin, du moins dans le sous-secteur énergie électrique.


« NOTRE OBJECTIF PRINCIPAL EST DE GARANTIR UN ACCÈS PARFAIT DE TOUS LES BÉNINOIS À L’ÉLECTRICITÉ » Un entretien avec Laurent K. Tossou, Directeur Général de la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE). Quelle est votre mission ? Le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) du Gouvernement de la République du Bénin pour la période 20162021 inclut quatre grands axes en matière d’énergie: l’expansion de la filière thermique afin de garantir un accès compétitif à l’électricité ; le développement des énergies renouvelables ; la restructuration de la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE), qui s’est traduit, en particulier, par le lancement de l’appel d’offres pour le contrat de gestion de la SBEE ; et la maîtrise de la consommation d’énergie par le biais de la mise en ouvre d’une stratégie d’efficacité énergétique. C’est dans ce cadre que la SBEE a conduit une série de réformes.

Ces reformes portent déjà leurs fruits. En 2017, le chiffre d’affaires de la SBEE a atteint 120,360 milliards de F CFA, soit une hausse de 9,1 % par rapport à 2016. Le résultat d’exploitation été ramené à - 4 593 millions de F CFA contre - 9 060 millions en 2016. Quels sont les principaux projets en cours ou en perspective ? Le Projet d’accès durable et sécurisé du Bénin à l’énergie électrique (PAD SBEE), d’un montant de 1160 milliards de F CFA, est un programme-cadre d’investissement qui est en cours d’exécution. Parmi les projets, je citerais la 1ère tranche (120 MW) de la centrale thermique de Maria-Gleta, le premier projet réalisé sous la modalité IPP au Bénin, qui devrait entrer en service pendant le 1er semestre de cette année. Une 2ème tranche (120 MW également) est prévue. La première centrale solaire du Bénin (25 MW), située à Djougou, fait l’objet d’un cofinancement entre l’AFD, l’Union européenne et la BEI. L’appel d’offres pour la construction, sous la modalité EPC, devrait être lancé prochainement. Enfin, plusieurs projets de production d’électricité à partir de la biomasse sont à l’étude.

Lesquelles ? La plus importante est la déclinaison du contratplan entre l’État et la SBEE en termes d’objectifs aux différents échelons de l’entreprise : directeurs, chefs de service, directeurs régionaux, etc. Le degré de réalisation des objectifs est évalué de manière régulière, tous les trois mois.

DIFCOM - JAMG / photos D.R.

La deuxième réforme a consisté dans le renouvellement complet du conseil d’administration de la SBEE en 2017, qui a permis de renforcer la gouvernance et d’appuyer de façon plus efficace la direction générale. Enfin, le Gouvernement a apporté les ressources et les investissements nécessaires, notamment sous la forme du préfinancement des importations de combustible, afin de permettre la continuité du service public de production et de distribution d’électricité.

Direction Générale Avenue du Gouverneur Général PONTY 01 B.P. 123 Cotonou - BÉNIN Tél: (+229) 21 31 21 45

www.sbee.bj

Email : lnfo@sbee.bj

Facebook: SBEE-Société Béninoise d'Énergie Électrique


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MUSIQUE

Lionel Loueke en mode majeur Le guitariste et chanteur est devenu incontournable sur la scène jazz internationale. Retour sur le parcours hors du commun de l’enfant de Ouidah. des conditions live, Loueke se réinvente en permanence. Mais en restant toujours profondément attaché à ses racines. « Lionel aborde l’instrument de manière unique, en mélangeant son héritage africain et ses styles de guitare avec tout le langage et l’harmonie de la musique jazz », raconte ainsi le contrebassiste Dave Holland – oui, celui-là même que l’on entend sur Bitches Brew, monument jazz-rock de Miles Davis sorti en 1970 –, avec lequel Loueke a enregistré l’album Aziza en 2016.

MATTHIEU MILLECAMPS

ionel Loueke est venu à la guitare sur le tard. Et en brisant un interdit. À 17 ans, il subtilise la six-cordes de son frère Alexis. Quand son aîné le prend sur le fait, il cède, et accepte même de lui montrer le doigté de son premier accord. « J’y ai passé toute une partie de la nuit, j’ai travaillé cet accord jusqu’à 1 heure du matin… Le lendemain, évidemment, j’avais des ampoules plein les doigts et j’avais appris la leçon numéro un : ne jamais forcer. » Après un parcours qui l’a mené de Cotonou au très prestigieux Berklee College of Music de Boston, en passant par Abidjan et Paris, ce serait donc sans s’acharner, à l’en croire, que Lionel Loueke est devenu l’un des musiciens béninois les plus en vue sur la scène jazz internationale. De Herbie Hancock à Wayne Shorter en passant par Charlie Haden, les vieux routiers du jazz se l’arrachent. On entend aussi sa guitare sur plusieurs albums d’Angélique Kidjo. Et la jeune garde ne s’y trompe pas non plus, à l’image de la contrebassiste Esperanza Spalding, avec qui il partage régulièrement la scène. Sa carrière solo est tout aussi impressionnante et éclectique. D’autant que ce guitariste d’exception est aussi un chanteur et parolier hors du commun. Du très aérien Incantation, en 2004, au tout récent The Journey [« Le voyage »], sorti en septembre 2018, dans lequel il invite les cordes classiques à rehausser ses compositions complexes, en passant par le très électrique Gaïa, enregistré en trio dans

L

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Bouillon de cultures

The Journey, Lionel Loueke (chant, guitare, percussion). Label : Aparté. Sorti le 28 septembre 2018, 15 titres, 15 euros

Né à Cotonou dans une famille yoruba, c’est à Ouidah que le guitariste s’est formé l’oreille dans un bouillon de cultures mêlant musiques populaires béninoises, mystères du vaudou et très forte influence afro-brésilienne. Sur la table familiale de son enfance, le plat incontournable, c’est d’ailleurs la feijoada, recette brésilienne importée dans les années 1830 par les esclaves affranchis de retour dans le golfe du Bénin. « C’est ma mère qui portait cette tradition afro-brésilienne, très présente à Ouidah, se souvient Lionel Loueke. Il y avait de la musique tout le temps, partout. Et comme tous les gamins de là-bas, mon premier contact avec la musique s’est déroulé lors des Kaleta. » Cette tradition de danses masquées qui existe au Bénin et au Togo est, elle aussi, un héritage des anciens esclaves de retour des côtes sud-américaines. « J’ai beaucoup appris de ces musiques. Je les utilise d’ailleurs en permanence, elles font partie de moi, de mon jeu. Les rythmes fons, par exemple, sont particulièrement riches. L’un des plus


JB MILLOT

compliqués est sans doute le zinli. C’est un rythme qui semble assez relax, mais qui est très complexe en réalité. Et pour cause : c’était le rythme de la cour, celui que l’on jouait pour les rois », détaille Lionel Loueke.

Une part de mysticisme

Le guitariste s’est même donné pour mission de préserver ce patrimoine musical, en créant GuitAfrica, une application pour smartphone. Celle-ci permet d’embarquer pour un voyage musical, en parcourant une carte de l’Afrique des rythmes. À chaque pays ses styles traditionnels, dont les racines historiques sont expliquées et pour lesquels des partitions sont proposées. « L’idée est de sauvegarder ces rythmes avant qu’ils ne disparaissent. Des musicologues européens font ce travail, ils se rendent en Afrique et transcrivent ces rythmes sur partition. Mais souvent il manque les temps forts, ils ne retranscrivent pas la complexité des sons,

AVEC L’APPLICATION GUITAFRICA, LE JAZZMAN S’EST DONNÉ POUR MISSION DE PRÉSERVER LE PATRIMOINE MUSICAL DU CONTINENT.

leurs nuances, parce que ce n’est pas leur culture », expose-t-il. Si le guitariste puise aux sources des rythmes traditionnels afro-brésiliens, yorubas et fons, sa musique doit aussi beaucoup aux orchestres des années 1960 et 1970. « On écoutait El Rigo, l’Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, bien sûr. Mais aussi beaucoup d’autres, comme Black Santiago. » Lionel Loueke assume aussi avec fierté sa part de mysticisme. « Le vaudou, c’est inévitable quand on vit au Bénin. C’est une culture extrêmement forte, à propos de laquelle circulent beaucoup de fantasmes négatifs. Beaucoup le rejettent, mais parce qu’ils ne le comprennent pas… Le vaudou, c’est aussi le soin, la guérison. Moi, j’ai grandi en voyant des choses que je suis obligé de croire… » S’il est désormais installé en Europe et passe sa vie entre deux avions, au gré des concerts et de ses multiples collaborations artistiques, Lionel Loueke met un point d’honneur à rentrer régulièrement au Bénin.

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