D Festival 7 : Entretien [Gilles Gobert]

Récital piano danse

Fannie Falk, Gilles Gobert & Véronique Delcambre Mardi 6 juin • 19:00 Danse Fannie Falk / Piano Véronique Delcambre / Composition & électronique Gilles Gobert / Installation vidéo Inger Elisabeth Gleditsch

Photo © Inger Elisabeth Gleditsch

La performance de Fannie Falk entretient un dialogue permanent avec la musique de Gilles Gobert et la vidéo de Inger Elisabeth Gleditsh, la chorégraphie dévoile subtilement les processus musicaux. La musique de Gilles Gobert s’articule autour de différents instants/moments caractérisés par des vitesses variables qui s’enchainent le plus souvent sous la forme de rupture et conditionnent la chorégraphie ; les processus musicaux sont ici expérimentés et mis en lumière par la danse.

Peux-tu nous parler un peu de ce projet ? Comment et d’où est-il né ?

Gilles : Ce projet est l’initiative de Véronique Delcambre. L’idée de départ était il me semble de construire un programme qui regroupait en une soirée deux ou trois chorégraphies et les musiques de quelques compositeurs. J’ai donc commencé par composer une pièce de plus ou moins dix minutes qui a été créée durant la saison de concert SMOG 2016 à Bruxelles et dansée par Frank Gizycki.

Au fur et à mesure de la composition j’ai imaginé et indiqué dans la partition non pas les détails des figures dansées mais leur caractère, le temps et la vitesse de chacune, en relation avec les différentes vitesses de la musique. Ensuite la chorégraphie a été le fruit de la collaboration formidable et des idées amenées par Frank ainsi que des discussions à trois au fil des répétitions. Le résultat de la danse est donc une combinaison de paramètres notés précisément et d’improvisations.

L’installation vidéo d’Inger Elisabeth Gleditsch amène un troisième type de relation et est en fait prévu depuis le début du projet. C’est un élément très important car, pour moi, il s’agit du fondement, le dénominateur commun des mouvements exprimés par la danse et la musique. Les relations entre une image en mouvement et un objet fixe est exactement ce qui se passe dans la musique.

Ensuite, plus récemment, Marie-Christine Ecrepont m’a demandé si j’étais intéressé de continuer ce travail afin de le présenter dans le cadre du D Festival. C’est ainsi qu’aujourd’hui la pièce fait vingt minutes et comporte deux grandes parties séparées par deux vidéos complémentaires et une continuité musicale éclairée par la danse. Cette nouvelle chorégraphie est reprise par Fannie Falk qui s’inspire à la fois des éléments chorégraphiques de Frank et qui amène bien évidemment ses excellentes idées et sa personnalité.

En quoi est-il intéressant/important de faire se rencontrer musique et la danse ? Dans ce projet, peut-on parler de porosité entre les arts ? Ils s’interpénètrent, dialoguent et s’enrichissent l’un l’autre ?

Gilles : Pour moi la porosité entre les arts est une nécessité. Chaque discipline artistique ressent plus ou moins souvent le besoin de renouveler sa manière de penser, de communiquer. Et ce renouvellement passe entre autres, pour moi, par l’intérêt et la compréhension d’autres formes d’art. Je m’y intéresse donc beaucoup car celles-ci proposent différentes manières de penser la communication avec le public et d’imaginer le temps, comme dans le cas de la danse ou d’installations vidéo. Par contre, dans ce cas-ci, je ne parlerais pas de dialogue mais plutôt d’éclairage propre à chaque média d’une même signification. Une sorte de complémentarité qui enrichit le discours.

Y a-t-il quelque chose de particulier dans ce projet et/ou dans ton travail de manière générale par rapport au rapport au public ? Comment se construit-il ?

Gilles : A partir du moment ou je décide de montrer un travail, il me semble impossible d’éviter la communication avec le public. A fortiori lorsque le public est assis dans une salle pour assister à la représentation. Chacun reçoit donc ce qu’il souhaite recevoir en fonction de ses préoccupations, de sa culture et de sa curiosité. Chacune de mes pièces est un discours abstrait qui propose, par des associations d’idées, un « voyage » ou plutôt un environnement évolutif qui se déploie en fonction de ses caractéristiques de départ et de ce que je souhaite faire entendre.

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