So you can feel Pieter Ampe
Jeudi 8 > Samedi 10 juin • 20:30 Pieter Ampe, complice de Guilherme Garrido dans Still Standing You, revient seul, offrant sans fausse pudeur un autoportrait tendre et malin, teinté de désinvolture. Lâchant la bride à l’étonnante apothéose d’une divinité dansante, soutenu par quelques accessoires, Pieter Ampe s’effeuille en quelques gestes. Tout sourire dans sa barbe hirsute, oscillant tendrement entre une touchante fragilité et une franche forfanterie, il offre au public une insolente et subtile partie de « flirt oculaire ». Difficile de se mettre plus à nu, sans gêner le moins du monde. Concept et chorégraphie Pieter Ampe / Musique Jakob Ampe / Regards extérieurs Pol Heyvaert, Laura Eva Meuris et Platteau Femke / Coaching Alain Platel et Sarah Thom / Technique Piet Depoortere / Une production de Campo en coproduction avec Moving in November (Helsinki), le Kaaitheater (Bruxelles), BIT – Teatergarasjen (Bergen) / Avec le soutien de la Communauté flamande, de la Province de Flandre orientale et de la Ville de Gand / Avec l’aide de l’ONDA – Office national de diffusion artistique
Photo © Bart Stadnicki
Danse
C’est la première fois que tu es seul sur scène, après avoir fait plusieurs spectacles avec des complices, qu’est-ce que ça a changé pour toi cette prise du plateau en solitaire ? Pieter : J’ai l’impression d’être plus fragile en étant seul sur scène, plus vulnérable. Se rendre vulnérable, dans une relation humaine, en théorie, c’est la meilleure chose à faire pour que quelque chose d’intéressant se passe. Dans la pratique, ce n’est pas souvent si facile à atteindre : la plupart des gens montrent toujours leur côté le plus « fort ». Le fait d’être seul en scène, de me mettre à nu, ça part de cette envie d’être honnête, vulnérable. Tu as travaillé avec ton frère Jakob, qui a compilé la bande sonore. Comment avez-vous procédé ? Pieter : Nous avons écouté à peu près un demi-siècle d’histoire de la musique lors des répétitions : Eurotrash des années 1970, de la vieille soul, Nina Simone, David Bowie, Robert Palmer, Roxy Music, du rock des années soixante, et aussi Nikki Minaj et Mykki Blanco. Ce que toutes les chansons choisies ont en commun, c’est que chacune d’elle peut émouvoir. Que ce soit excitant, mélancolique ou mécanique, elles réveillent un large éventail de sentiments. Il y a toujours une chanson qui capture parfaitement chaque humeur. Dans ce spectacle, tu interroges la façon dont les autres te voient – et comment tu voudrais qu’ils te voient. Peux-tu nous en dire davantage ? Pieter : Ca rejoint la déclinaison des sentiments différents avec les chansons : certaines vous donnent envie d’osciller sensuellement des hanches, d’autres de vous abandonner sans vergogne. Ces sentiments différents sont toutes les facettes d’une personnalité, elles en font partie et la forment. Les gens se forment une image de vous : vous êtes soit un boute-en-train, soit quelqu’un de sérieux,
soit timide, soit extraverti. Alors qu’en fait, cela varie d’une heure à l’autre, mais aussi d’une phase de vie à une autre. Chacun se forme aussi une image de lui-même et s’y accroche. David Bowie l’homme et sa musique – a aussi été une source d’inspiration pour ce solo. Il est l’exemple typique d’un homme qui s’est réinventé et a développé une nouvelle personnalité à chaque étape de sa vie. Ton spectacle aborde la question du désir, de la sensualité, de la sexualité. C’est quoi pour toi le désir ? Pourquoi est-ce important pour toi d’amener ce sujet sur scène ? Pieter : J’ai plein de désirs : le désir de manger, de vivre, de vraiment rencontrer les gens, d’embrasser la vie. J’ai toujours dit « Je ne suis pas un homme sexuel », mais finalement je suis un homme sexuel. Ce qui est important dans le désir, c’est d’être voulu par les autres. Ca te donne la sensation d’être à ta place, de n’être pas seul. Nous avons très peur d’être seuls mais, finalement, nous ne le sommes jamais parce que nous sommes toujours en contact avec les autres. La sensation de solitude est juste dans notre tête. Le désir est donc plutôt lié à l’absence de solitude, au lien avec les autres. J’ai fait ce spectacle parce que j’étais seul, et que c’était difficile. C’était difficile de l’accepter et de m’accepter. Sur cette planète, il y a des milliards de gens et tout le monde a quelque chose à dire et je me demandais pourquoi moi je devais être là pour dire quelque chose, pour être vu. Mais je me suis dit que nous avions tous ces questions en nous, de solitude, de lien aux autres, de désir.
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