L’ANDALOUSIE OU LA TRAHISON D’UN PERE Par Ahmed JEBRANE
L'historien Ibn Khaldoun, nous informe que juste avant la Reine Berbère la Kahina , c’est Koceila Ourébi qui était le chef des Berbères et qui a affronté Oqba Ibn Nafé, chef militaire des Armées Arabes. Koceila appartenait à la tribu des Aureba, c'est-à-dire à la grande division Berbère des Branès, descendants de Bernès, fils de Mazigh. La Reine Berbère la Kahina appartenait à la tribu des Djeraoua, c'est-à-dire aux Zenata branche de la grande division Berbère de Madghis (Imedghassen), fils de Mazigh. Al-Idrissi nous informe que le Roi Goliath (Djalout) est l'ancêtre des Zenata. Il nous annonce que quand Dawoud (le Roi David) a tué Goliath, les Berbères émigrent vers les Pays du Maghreb...La Kahina et les Zenata étaient installés dans les Aurès ( Les montagnes awras
en Algérie). Plus tard, avec l’arrivée dans cette région des Arabes « Les Béni-Hilal » venant de l’Est et les guerres des Hammadides, les Zenata dont les Djeraoua, se sont déplacés vers la région de Tlemcen (Algérie) et l’ouest Oujda (Maroc). La Reine la Kahina était d’origine Berbère et professait le Judaïsme, nous informe l’historien Ibn Khaldoun. En 688, la reine berbère Kahina succède au chef berbère Koceila, défait et tué par les forces omeyyades lors de la bataille de Mammès, comme chef de guerre des tribus berbères, contre les envahisseurs omeyyades. En même temps, le calife omeyyade Abd al-Malik ordonne au général Hassan Ibn Numan, gouverneur de l’Égypte, de ré-envahir l'Ifriqiya (Maghreb oriental). Hassan quitte l'Égypte, et prend Carthage en 698, et d'autres villes. Cherchant à éliminer tout ennemi potentiel, on lui a dit que le monarque le plus puissant de l'Ifriqiya est « la reine des Berbères », Kahina, il est donc allé à sa rencontre en Numidie. En l'an 697, la Reine des Berbères avertie qu’Hassan Ibn Nou’man, le chef des Armées Arabes, s’était mis en marche pour l’attaquer, commença à se préparer pour l’affrontement. Hassan Ibn Nou’man s’avança contre elle et lui livra bataille sur le bord de Oued Nini, à proximité d'Aïn El-Beida (Algérie). Après un combat acharné, les Musulmans furent mis en déroute. Un grand nombre d’entre eux perdit la vie et plusieurs des compagnons d’Hassan Ibn Nou’man furent faits prisonniers : La Kahina les traita avec bonté. Un très grand nombre de tribus Berbères ont participé à cette campagne dont les Ghomara. La bataille se solde par la déroute et l'éviction des forces arabes d'Ifriqiya pendant 5 ans. En 698, à la tête d'une armée de 140 000 hommes, Hassan Ibn Nou’man conquiert l’exarchat de Carthage et finit par conquérir Carthage. Tunis et surtout Kairouan fondée à cette occasion prennent dès lors la place de Carthage en tant que centres régionaux. La conquête de l’exarchat (gouverneur) de Carthage marque la fin de l’influence romaine et byzantine en Afrique du Nord, et la montée de l’islam au Maghreb. Selon l'historien al-Baladhuri, Hassan Ibn Nou’man fit une autre incursion (Bataille de Tabarka), tua
la reine et emmena en captivité de nombreux berbères qu'il envoya à Abd Al Aziz. L'historien Charles-André Julien, nous informe que Moussa Ibn Noussair, après avoir succédé à Hassan Ibn Nou’man, a réussi à soumettre le Maghreb extrême jusqu’à l’Atlantique. Par contre, il échoua devant Ceuta (Septem), mais occupa définitivement Tanger. Le pays était alors habité en 704, par les tribus Berbères suivantes : Senhadja (Zénaga), Ghomara, Berghwata, Miknasa, Masmouda, Haskoura, Lemta et les Lemtouna. L'Historien Ibn Khaldoun, nous informe que : " Les Musulmans leur livrèrent alors plusieurs batailles meurtrières, mais ce fût Moussa Ibn Noussair, qui leur fit essuyer la défaite la plus rude... Le Maghreb au temps des Romains été divisé en 2 grandes régions appelées : ● La Maurétanie Tingitane, pour le Maroc dont Tanger (ou Tingis) était la capitale (voir les Ruines Romaines de la Maurétanie Tingitane de Volubilis au Maroc). ● La Maurétanie Césarienne, pour l'Algérie dont Cherchell, ville de César, située à l'ouest d'Alger, était la capitale (voir les Ruines Romaines de la Maurétanie Césarienne à Djemila en Algérie). La Maurétanie Romaine, constituée par ces deux pays, est différente de la Mauritanie Africaine actuelle. Les habitants de la Maurétanie Romaine, étaient appelés les "Maures" : Les Maures sont les berbères et non pas les Arabes. Ces derniers sont appelés par les Historiens les Sarrazins. Le pays des Ghomara, lieu d'implantation de cette tribu dans cette région du monde entre 1000 et 500 ans, avant J.C., est situé dans les Montagnes (Jebala) dans le Rif au Nord du Maroc. Après la chute de l'Empire Romain, la gouvernance de la Maurétanie Romaine est passée sous le contrôle de Constantinople (Byzance). Vers le milieu du 7ème Siècle, le Comte Julien, était nommé par
Constantin IV à Constantinople pour gouverner cette région de la Maurétanie Tingitane : Le Comte Julien est devenu, alors, le gouverneur du pays des Ghomara. Sa capitale était Ceuta, qui n'est autre que la traduction arabe du nom original Septem. Du temps des anciens, les Ghomara était une tribu particulièrement rebelle, comme un nombre non négligeable de tribus Berbères : "La paix contre la paix,… la moindre ingérence dans leurs affaires internes et c'est la révolte totale". Les Ghomara, comme le reste des Berbères, étaient entiers "Tout ou rien", "Ils aiment ou ils n'aiment pas". Un tant soi peu comme plus tard seront les Gomery irlandais. Ce qui est très impressionnant dans la personnalité du Comte Julien, c'est qu'il a réussi à gagner le "Cœur des Ghomara", au point où, pour ces derniers, on pouvait toucher à qui on voulait, mais surtout pas au Comte Julien. Quand le chef militaire Arabe, "Oqba Ibn Nafi'" est arrivé à Ceuta, il avait rencontré le Comte Julien. Ce dernier a habilement orienté sa progression vers le sud du Maroc, évitant ainsi, une probable invasion de l'Espagne Wisigothe. Doué d'une grande habileté dans l'art de la persuasion, il réussit à convaincre sa hiérarchie à Constantinople pour se rattacher à l'Espagne Wisigothe et Chrétienne. Le Comte Julien était de confession Chrétienne : Il s'est marié avec la fille ou la sœur du roi d'Espagne Witiza (702 710). Ainsi, il s'est créé une alliance familiale entre le Comte Julien et l'Espagne Wisigothe. Rodrigue par lequel le scandal arrivat n'était pas encore au pouvoir. Dans les sources arabes de l'époque, il est indiqué clairement que le Comte Julien était le Gouverneur Byzantin de Ceuta. Ceuta et Tanger étant les deux derniers bastions Byzantins en Maurétanie Tingitane avant l'arrivée des Musulmans dans cette région. De plus, le Comte Julien était, pour le compte des Rois Wisigoths, Gouverneur de quelques villes de l'extrême sud de l'Espagne Wisigothe. Les Wisigoths sont des tribus Germaniques qui ont gouverné l'Espagne après la chute de l'Empire Romain. Ils sont venus du Nord de l'Europe en passant par Rome, la France et enfin l'Espagne. Le
nom du Roi Witiza s'intitule "Ghayta Sha" dans les textes des Historiens Arabes. Les Historiens (Lévi-Provençal,...) nous informent que Tariq Ibn Ziyad a été reçu dans le Nord de l’Espagne, par le Comte de Saragosse nommé "Cassio" en Espagnol et "Cassius" en latin : Celui-ci, était d'origine Wisigothe. Les descendants de Cassius, Comte de Saragosse, ont été pendant plusieurs générations les gouverneurs de la région de Saragosse, du temps d'Al-Andalus. Certains des descendants du Comte Cassius », ont immigré dans les pays du Maghreb, vers la ville de Tlemcen en Algérie, entre autres,... en deux temps. Ceci est bien mentionné chez les Banu Qasi (Cassius), dans leur nom de famille : ● Les Kazi Aouel (Première vague). ● Les Kazi Tani (Deuxième vague). La grand-mère d’Abd Al- Rahman III, Calife et Émir d’Al-Andalous, est une descendante du Comte Cassius.
En Espagne, le Roi Witiza a été renversé et tué par Rodrigue, un militaire Wisigothe de haut rang. Les enfants du Roi Witiza sont partis pour vivre dans le Nord de l'Espagne. Par ailleurs, le Roi Rodrigue était une personne injuste envers : ● Les gouverneurs Wisigoths , ● Les habitants de l'Espagne de confession Juive : Il leur a interdit la pratique de leur religion, les a persécuté, ● La population espagnole de manière générale... avait subi son injustice, aussi. ● Les enfants de l'ancien Roi Witiza, dont Agila le fils cadet, lesquels sont venus demander secours à Moussa Ibn Noucair, le gouverneur Arabe des pays du Maghreb (Moussa ne fit rien dans ce sens.) ● Et enfin, la goutte qui a fait déborder le vase pour le Comte Julien : "Florinda" en formation à Tolède a informé son père que le Roi Rodrigue avait abusé d'elle... Ce viol allait ouvrir sur
la peninsule une veritable boite de pandore, allat de la trahison d’un pére blessé à l’occupation armée. Rodrigo , en langue arabe Ludharīq, fut le roi wisigoth d'Hispanie pendant une brève période entre 710 et 712 Il est célèbre dans la légende comme "le dernier roi des Goths". Dans l'histoire, il est en fait un personnage extrêmement obscur dont on ne peut pas dire avec certitude qu'il a gouverné une partie de la péninsule ibérique avec des opposants gouvernant le reste et a été vaincu et tué par des envahisseurs musulmans qui ont rapidement conquis la majeure partie de la péninsule . Le "Comte Julien" est très connu par les historiens Arabes et Berbères dans le passé et par les Historiens Occidentaux dans le passé et le présent. Il est le personnage clé qui a aidé l'Invasion Musulmane, vers l'Al-Andalus aux côtés de Tarik Ibn Ziyad, en l'an 711. Selon un historien Espagnol : Le débarquement des forces Araboberbères placées sous le commandement de Tarik Ibn Ziyad, a bénéficié de l'aide d'un chef Byzantin, connu dans les sources arabes sous le nom « Youlyân », et dans l'historiographie Chrétienne sous celui de « Comte Julien ». Le comte Julien a notamment apporté une aide appréciable aux Arabes en leur fournissant des navires permettant le débarquement des forces Arabo-berbères placées sous le commandement du Berbère Tariq Ibn Ziyad Al-Oulhassi, en avril 711. Sans l’aide et les plans d’attaque échafaudés par Julien, lequel avait une connaissance chirurgicale du terrain à conquérir et du roi à abattre, l’invasion n’aurait peut être jamais eu lieu dans l’histoire. D’abord, Moussa Ibn Noucair a pensé que c'était une ruse construite de toutes pièces par les Berbères, en complicité avec "le Comte Julien", afin de pousser les Arabes vers l'Espagne Wisigothe pour les vaincre en terre éloignée : Cette analyse a été bétement partagée par le calife de Damas. Moussa Ibn Noucair, Gouverneur Arabe des Pays du Maghreb, craignant un piège du côté berbère, a demandé à la tribu des Ghomara de lui donner de chaque famille un membre pour les emprisonner dans la prison de Tanger, comme garantie contre un éventuel piège, nous dit Ibn Khaldoun. Et c'est la raison pour laquelle,
la stratégie des Omeyyades à Damas était de laisser partir les Berbères à cet affrontement afin qu'ils tombent dans leur propre piège, avec à leur tête, un chef Berbère Tariq Ibn Ziyad Al-Oualhaci Gouverneur de Tanger. C'est donc ainsi que Tarik a été choisi pour accomplir cette tâche avec l'aide du Comte Julien. Il est nommé par Moussa Ibn Noçaïr en remplacement de son fils Marwan, gouverneur de la ville de Tanger, dans le but d'organiser la logistique en vue de la conquête et ainsi éviter à son fils une telle aventure. Esclave affranchi, Tarik inaugura la conquête de la péninsule Ibérique et donna son nom au fameux détroit de Gibraltar. Moussa Ibn Noçaïr avait l'habileté de pratiquer une large politique d'assimilation, faisant entrer des berbères dans l'armée et leur confiant des postes de commandement. Le nom de ce conquérant apparaît pour la première fois dans la littérature à la fin de l'islamisation de la partie occidentale du Maghreb, soit l'actuel Maroc, et au début de la conquête wisigothe. Tabari, l’historien arabe , né en 839 à Amol, au Tabaristan, déclare que le père de Moussa a été emmené captif après la chute de la ville mésopotamienne d'Ayn al-Tamr en 633. En tant qu'esclave, le père de Moussa entre au service d'Abd al-Aziz ibn Marwan (gouverneur de l'Égypte et fils du calife) qui l'affranchit. Il retourne en Syrie où Moussa naît à un endroit appelé Kafarmara ou Kafarmathra. La date de sa naissance est fixée à 640. Moussa est fait co-gouverneur de l'Irak par le calife Abd al-Malik, avec le frère du calife Bishr ibn Marwan. A cette époque, Il y avait une grande querelle au sujet de l'argent des impôts manquant, et Moussa visé comme étant déjà à l'époque le responsable de ce détournement fiscal, a eu le choix : payer une amende énorme, ou être puni de mort. Le patron de son père, Abd alAziz ibn Marwan, avait une haute considération pour Moussa et a payé l’amende pour lui; Etait il complice de Moussa? L’histoire n’en dira rien, toujours est-il qu'il est ensuite responsable de la nomination de Moussa comme gouverneur de l'Ifriqiya (l'actuelle Tunisie) afin de l'éloigner du cadre de ses anciennes fonctions. Un exil avec fonction.
La plupart des historiens médiévaux donnent peu ou pas d'informations sur les origines ou la nationalité de Tariq. Ibn 'Abd alHakam , Ibn al-Athir , Al-Tabari et Ibn Khaldun ne disent rien, et ont été suivis en cela par des ouvrages modernes tels que l' Encyclopédie de l'Islam et l'Histoire de l'Islam de Cambridge . Il existe trois récits différents donnés par quelques histoires arabes qui semblent toutes dater de 400 à 500 ans après l'époque de Tariq: ● C'était un Persan de Hamadan. ● Il était membre arabe, ou affranchi du clan Sadif des Kindah . ● C'était un Berbère d'Afrique du Nord. Même ici, il existe plusieurs versions différentes, et les travailleurs modernes qui acceptent une origine berbère ont tendance à se fixer sur une version ou une autre sans donner de raison. Les tribus berbères associées à ces ancêtres (Zenata, Walhāṣ, Warfajūma, Nafzā) étaient, à l'époque de Tariq, toutes résidentes en Tripolitaine. La référence la plus ancienne semble être le géographe du XIIe siècle al-Idrisi , qui l'appelait Tariq bin Abd Allah bin Wanamū alZanātī , sans l'habituel bin Ziyad . L'historien du XIVe siècle Ibn Idhari donne deux versions de l'ascendance de Tariq. La plupart des historiens, arabes et espagnols, semblent s'accorder sur le fait qu'il était un esclave de l' émir d' Ifriqiya (Afrique du Nord), Moussa bin Nusayr , qui lui a rendu sa liberté et l'a nommé général dans son armée. Mais ses descendants des siècles plus tard ont nié qu'il ait jamais été l'esclave de Moussa. On ne peut pas dire qui était Tarik. Il possédait un esprit audacieux qui devait lui valoir plus haute renommée. Il est décrit comme un homme grand, aux cheveux roux et au teint blanc, aveugle d'un œil et avec un grain de beauté sur la main. Les historiens espagnols l'appellent Tarik el Tuerto, ce qui signifie « borgne » ou « strabisme ». Tel était l'homme que Moussa envoya pour commencer la conquête de l'Espagne.
La première référence à lui semble être dans la Chronique mozarabe (documents rédigés par des moines chrétiens espagnols), écrite en latin en 754, qui bien qu'écrite dans la mémoire vivante de la conquête de l'Espagne, se réfère à lui à tort comme Tariq Abu Zara . Le nom de Tariq est souvent associé à celui d'une jeune esclave, Oum Hakim, qui aurait traversé l'Espagne avec lui ; mais la nature de leur relation reste obscure. Plusieurs Tribus Berbères avaient de l'estime pour le Comte Julien et n'ont pas hésité à répondre favorablement à cette demande : 12 000 Berbères dont 300 cavaliers Arabes, ont affronté le Roi Rodrigue venant avec une armée de 90 000 personnes. Plusieurs tribus Berbères ont contribué à cette démarche derrière Tarik Ibn Ziyad et le Comte Julien, à savoir : Les Oulhaça, les Beni Snous, les Ghomara, les Koumia, les Médiouna, les Zenata. Vers le 29 avril 711, l'armée de Tariq, composée de récents convertis à l'islam, est débarquée à Gibraltar par les vaisseaux de Julien. Dans ce contexte, il n'était pas question de les cramer, et foncer sur l'ennemi. Une légende, rapportée par l'historien du xvi e siècle, Ahmed Mohammed al-Maqqari, dans son livre Nafh at-tib, prétend que, une fois débarqué à Gibraltar, Tariq aurait fait brûler ses navires et aurait dit à ses hommes : « Ô gens, où est l'échappatoire ? La mer est derrière vous, et l'ennemi devant vous, et vous n'avez par Dieu que la sincérité et la patience. » Arrivés sur la péninsule, ils ne trouvèrent pendant un temps personne pour les rencontrer: Aucune armée. Roderic était occupé avec son armée dans le nord et ne savait rien de cette invasion de son royaume, et pendant deux mois Tarik a ravagé la terre à sa guise sans rencontrer aucune résistance. Mais enfin le roi gothique, averti de son danger, a commencé une marche précipitée vers le sud, envoyant à l'avance l'ordre de lever des troupes dans toutes les parties du royaume, le lieu de rassemblement étant Cordoue. C'était une grande armée qu'il rassemblait ainsi, mais elle était mal entraînée, mal disciplinée et mal disposée envers son roi. Il y en avait quatre-vingt-dix mille, tandis que Tarik n'en avait que douze mille, Moussa lui en ayant envoyé cinq mille de plus. Mais la grande armée était une foule, à moitié armée, et manquant de courage et de
discipline ; la petite armée était un corps compact et valeureux, habitué à la victoire, intrépide et impétueux. Son armée se trouve en face de celle du roi Roderic lors de la Bataille du Guadalete qui décime les guerriers nobles wisigoths. Cette victoire permet aussi à Tariq de réorganiser la cavalerie et d'augmenter son effectif à la suite de l'arrivée des renforts envoyés par le gouverneur Moussa Ibn Noussair (près de 5 000 hommes). Ce fut le dimanche 19 juillet 711 que les deux armées se trouvèrent face à face sur les bords du Guadalete, fleuve dont les eaux traversent la plaine de Sidonie, dans laquelle se livra la bataille. Ce fut l'une des batailles décisives de l'histoire du monde, car elle livra la péninsule espagnole pendant huit siècles à la domination arabe. L'histoire de la façon dont cette bataille s'est déroulée est donc l'une des plus importantes des récits historiques d'Espagne. L'armée de Roderic se composait de deux corps d'hommes, une petite force de cavaliers, vêtus d'une armure de mailles et armés d'épées et de haches de combat, et le corps principal, qui était un équipage hétéroclite, sans armure, et portant des arcs, des lances, des haches, gourdins, faux et frondes. Dans l'armée musulmane, le plus grand nombre portaient une cotte de mailles, les uns portant des lances et des cimeterres en acier de Damas, les autres étant armés d'arcs longs légers. Leurs chevaux étaient des coursiers arabes ou barbaresques. Au terme d’un cycle de huit affrontements au cours duquel, montant l’un et l’autre en puissance, les deux camps ont alternativement pris le dessus : semaine sanglante marquée notamment par la mort de don Sancho (neveu de Rodrigo) et l’intensification des manigances de don Julián et de l’évêque don Orpas, dont la trahison, manifestée au cours du dernier combat, déterminera le désastre militaire espagnol. À l’instigation du traître Don Orpas qui, comme on le verra, sait par inspiration qu’un prodige va se manifester, susceptible de semer le doute et la crainte dans le camp wisigoth, le roi qui ne se doute de rien convoque dans sa tente tous les grands chefs de son armée pour une ultime délibération sur les mesures prises ou à prendre pour
préparer la bataille du lendemain. C’est au moment de ressortir de la tente royale que tous sont soudainement témoins d’un inquiétant phénomène : Un tourbillon fit voler dans le ciel les évêques inconscients et les fit retomber au pied du roi . Revenus à eux suite à une aspersion d’eau froide, les deux prélats estourbis regrettent de n’avoir pas induit le roi à prendre conscience de ses péchés et à faire pénitence. Ces confessions édifiantes amènent Rodrigo à avouer ses propres fautes, à comprendre que son juste châtiment est proche. D’autres phénomènes surnaturels Le comte don Julián ne manque pas de faire le rapprochement qui s’impose entre les deux événements, d’en déduire un présage favorable pour le camp musulman autant qu’un signe de la volonté divine et de se réjouir de la vengeance que vont lui offrir les événements du lendemain, dont il sait maintenant qu’ils seront fatals pour le roi wisigoth et son armée. C'est au petit matin d'une belle journée de printemps que les clairons espagnols ont sonné le défi à l'ennemi, et que les cors et les timbales mauresques ont sonné le défi de la bataille. De plus en plus près l'une de l'autre venaient les armées, les cris des Goths rencontraient les cris stridents des Musulmans. A la tête de ses hommes, le sombre guerrier borgne s'élança avec une énergie ardente sur les lignes gothiques, se frayant un chemin à travers les rangs vers un général dont la riche armure lui sembla celle du roi. Sa charge impétueuse l'emporta au plus profond d'eux. Le roi était apparent devant lui. Un coup et il tombe mort ; tandis que les musulmans, criant que le roi des Goths étaient tués, suivaient leur chef avec une ardeur irrésistible dans les rangs ennemis. Les chrétiens ont entendu et cru l'histoire, et ont perdu le courage alors que leur ennemi gagnait une nouvelle énergie. A ce moment critique, nous dit-on, l'évêque Oppas, beau-frère du traître Julien, se retire et rejoint les rangs musulmans. Que ce soit le cas ou non, la charge de Tarik a ouvert la voie à la victoire. Il avait percé le centre chrétien. Les ailes cédèrent devant l'arrivée de ses chefs. La résistance était à bout. Pris de panique, les soldats jetèrent leurs armes et prirent la fuite, insouciants des magasins et des trésors de leur camp, ne pensant qu'à la sécurité, volant dans toutes
les directions à travers le pays, tandis que les musulmans, à la suite de leurs coursiers volants, les découpaient sans pitié. Roderic, le roi, avait disparu. S'il a été tué dans la bataille, son corps n'a jamais été retrouvé. Blessé et désespéré, il a peut-être été tué en vol ou noyé dans le ruisseau. On a dit plus tard que son cheval de guerre, sa selle d'or riche en rubis, avait été trouvé sans cavalier au bord du ruisseau, et qu'à proximité gisaient une couronne et un manteau royaux, et une sandale brodée de perles et d'émeraudes. Mais tout ce que nous pouvons dire avec certitude, c'est que Roderic avait disparu, son armée était dispersée et l'Espagne était le prix de Tarik et des Maures, car la résistance était rapidement à sa fin, et ils ont continué de victoire en victoire jusqu'à ce que le pays soit presque entièrement détruit. entre leurs mains. Après la bataille, l'avancée omeyyade se fait de manière très rapide, facilitée par le climat de guerre civile et la coopération d'une grande partie de la population ibérique, qui est exaspérée par les famines et les épidémies et désireuse d'une stabilité politique, notamment la population juive, persécutée par la monarchie chrétienne. Sur les conseils de Julien le pére assoiffé de vengeance, Tariq divisa son armée en plusieurs divisions qui s'emparèrent de Cordoue, de Grenade et d'autres lieux, tandis qu'il resta à la tête de la division qui captura Tolède et Guadalajara. Tariq était de facto gouverneur d'Hispanie jusqu'à l'arrivée de Moussa un an plus tard. La conquête omeyyade est si soudaine que les Wisigoths n'ont pas le temps de choisir un nouveau roi. En effet, Tarik conquiert Tolède, capitale des Wisigoths, peu de temps après la bataille du Guadalete, ce qui marque la chute wisigothe. Étrangement, après cette bataille plus aucune source ne parle de Tariq ibn Ziyad mais seulement des spéculations sur sa fin de vie. Tariq Ibn Ziyad est célébré dans tous les pays du Maghreb encore aujourd'hui, son nom est donné au rocher de Gibraltar mais aussi à divers lieux. Parmi les grands nobles d'origine gothique, Egilona qui était l'épouse de Rodrigo le roi vaincu par les musulmans fut capturée à Mérida par Abd al-Aziz ibn Moussa, fils de Moussa et premier digne de la péninsule ibérique, qui l'épousa, cherchant dans ces années
turbulentes l'alliance d'un secteur de la noblesse du royaume qu'il venait de conquérir. Encore une fois, l’histoire ecrira comment une telle union a fini par faire perdre la tête à Abd al-Aziz ibn Moussa: il mourut décapité. En juin 711 , Egilona, fille du roi mérovingien Childebert IV quitte Metz pour épouser l'héritier du trône des Wisigoths de Tolède. Elle a quinze ans, et elle est belle comme le jour… et rebelle. Elle est décidée à s'imposer dans cette Cour qu'elle sait cruelle, où s'affrontent, dans une lutte à mort, les ambitions rivales de la famille royale, de la noblesse et du clergé. Mais bientôt le roi Rodéric son époux doit affronter un ennemi auquel il ne songeait pas : la conquête arabe partie du Maghreb déferle sur l'Espagne ! Rodéric est tué sur les rives du Guadalete et la monarchie wisigothique disparaît de l'histoire. Femme de Rodéric, dernier roi des Wisigoths (710–711), capturée par les musulmans à Mérida après la bataille de Guadalete (juillet 711), où l'armée de Rodéric fut vaincue par les conquérants arabes commandés par Tariq ibn Ziyad, Abd al-Aziz ibn Moussa bin Nusair semble-t-il, est tombé amoureux de la reine captive, la prend pour femme ou concubine. Egilona semble avoir eu une certaine influence sur Ibn Moussa, lui demandant notamment d'être clément avec les chrétiens. Elle l'aurait même converti au christianisme selon Ibn 'Abd al-Hakam, et aurait espéré le voir devenir roi d'Espagne. Egilona était ambitieuse et cherchait à inciter son nouveau mari à adopter le style d'un roi. Elle lui fit une couronne d'or et de pierres précieuses que sa douce persuasion lui fit porter. Elle s'inclina devant lui comme devant un royal potentat, et pour obliger les nobles à faire de même, elle l'engagea à faire abaisser la porte de sa salle d'audience pour que personne ne pût y entrer sans s'incliner involontairement. Dans la conquête de la péninsule ibérique, Il a été spéculé que Moussa Ibn Noçaïr et son fils, deux Arabes, ne voulaient pas que la gloire de la conquête soit revendiquée par un berbère. Avec le succès apparent de la conquête, Moussa s’est arrangé pour que Tariq soit rappelé en Syrie en 714, par le calife omeyyade
Soulayman, pendant qu’ Abdelaziz son fils reçoit le gouvernement d'al-Andalus (Merci papa). Abdelaziz choisit la ville de Séville comme capitale et sous sa direction après le départ de son père et de Tariq, al-Andalus s'étend au Portugal moderne à l'ouest et aux régions pyrénéennes. Dans l'une des terres nouvellement conquises, Abdelaziz signe un traité de paix avec le seigneur wisigoth de Murcie, Theudimer. Son nom en arabe est Tudmir. Le traité, connu sous le nom de traité de Tudmir, donnait aux chrétiens wisigoths le droit de continuer à pratiquer leur religion, aussi longtemps qu'ils payaient une taxe spéciale et restaient fidèles à leurs maîtres musulmans. Abdelaziz reste au pouvoir heureux d’avoir épousé la belle veuve Egilona, l'épouse du dernier roi wisigoth, Rodéric. Egilona prend le nom d'Oum Asim lors de son mariage et de sa conversion à l'Islam. L'influence d'Egilona sur son mari n'était pas commune. Certains ont estimé qu'elle avait trop d'influence et dominait Abdelaziz. Ces liens avec la royauté wisigothique et l'influence d'Egilona conduisirent à l'idée fausse et aux rumeurs selon lesquelles Abdelaziz s'est converti au christianisme. Ces arts de la reine furent fatals au prince qu'elle désirait exalter, car cette histoire et d'autres furent racontées au calife, qui cherchait une excuse pour poursuivre les fils de Moussa, dont il avait juré la ruine. On lui a dit qu'Abdul-Aziz cherchait à rendre l'Espagne indépendante et s'inclinait devant d'étranges dieux. Soliman n'a rien demandé de plus, mais a envoyé l'ordre de sa mort. Unanimement, le peuple s'était dressé contre ce mariage. Arabes, chrétiens ou juifs, tous redoutaient Egilona. N'avait-elle pas porté les armes contre eux ? N'avait-elle pas incité Roderick à les attaquer, enflammé ses troupes contre Tarîq ? Ces rumeurs ont même atteint le calife omeyyade Soulayman à Damas. Troublé par ces rumeurs, le calife a ordonné qu'Abdelaziz soit tué. Il est très probable, cependant, qu'il s'agissait de rumeurs lancées à la demande de la faction hostile menée par Habib ibn Abi Obeïda al-Fihri (Habib ibn Abi Obeida est le petit-fils de Oqba ibn Nafi al-Fihri), qui a finalement tué Abdelaziz.
C'est aux amis de l'émir que fut envoyé le mandat fatal. Ils aimaient le doux Abdul, mais ils étaient de vrais fils de l'Islam et n'osaient pas remettre en question l'ordre du Commandeur des Croyants. L'émir était alors dans une villa près de Séville, où il avait l'habitude de se retirer des soins de l'État dans la société de sa femme bien-aimée. A proximité, il avait construit une mosquée, et ici, le matin de sa mort, il entra et commença à lire le Coran. Un bruit à la porte le dérangea, et en un instant une foule fit irruption dans le bâtiment. A leur tête se trouvait Habib, son fidèle ami, qui se précipita sur lui et le frappa d'un poignard. L'émir n'a pas été blessé et a cherché à s'échapper, mais les autres étaient rapidement sur lui, et en un instant son corps a été déchiré à coups de poignard et il était tombé mort. Sa tête fut aussitôt coupée, embaumée et envoyée au calife. Une agitation sauvage a suivi lorsque les gens ont appris ce meurtre, mais rapidement réprimée. Le pouvoir du calife était encore trop fort pour être remis en question, même dans la lointaine Espagne. Qu'est-il advenu d'Egilona, nous ne le savons pas. Certains disent qu'elle a été tuée avec son mari; certains qu'elle lui a survécu et est morte dans l'intimité. Quoi qu'il en soit, sa vie était une romance singulière. Quant au bon et malheureux émir, sa mémoire fut longtemps chérie en Espagne, et son nom existe encore dans le titre d'une vallée des faubourgs d'Antequera, qui fut nommée Abdelaxis en son honneur. Certes, Abdelaziz avait la réputation d'être un musulman juste devant ces rumeurs qui ne soutenaient pas cette théorie. Egilona mourra à Tolède deux ans plus tard (assassinée ?). Les sources diffèrent sur l'année, mais Abdelaziz ibn Moussa ibn Noçaïr a été assassiné par Ziyad ibn Oudhra al-Balawi sur l'ordre du calife Soulayman. Cependant, l'historien Ibn Khaldoun rapporte que l'ordre a été reçu et exécuté par Habib ibn Abi Obeïda al-Fihri. Le calife craignait qu'il veuille établir sa propre monarchie personnelle à al-Andalus, séparée du califat omeyyade basé à Damas. Abdelaziz a été décapité dans le monastère de Santa Rufina, utilisé à l'époque comme une mosquée. Après sa mort, sa tête a été apportée à Damas et exposée publiquement à une audience où le calife savait que son père, Moussa, était présent.
Abdelaziz a été remplacé par son cousin, Ayoub ibn Habib al-Lakhmi, qui aurait joué un rôle dans son assassinat. Son mandat de gouverneur n'a pas duré longtemps et pendant une période de quarante ans après son assassinat, al-Andalus était rempli de chaos et de troubles. Les factions arabes rivales se sont continuellement battues pour gagner le pouvoir, et aussi pour étendre le contrôle islamique dans la région. Les gouverneurs étaient nommés ou choisis, mais ils étaient souvent déposés par des groupes rivaux ou par le calife omeyyade à Damas. Ce modèle a continué au moins jusqu'en 756, quand un émirat omeyyade indépendant a été établi à Cordoue. Le pouvoir islamique est resté dans la région jusqu'en 1492, quand Ferdinand et Isabelle ont conquis le royaume de Grenade. Pour revenir à Tariq Inbnu Zyad, après l'arrivée au pouvoir de Roderic en Espagne, Julien avait, comme c'était la coutume, envoyé sa fille à la cour du roi wisigoth pour recevoir une éducation. On dit que Roderic l'a violée et que Julian était tellement furieux qu'il a décidé de faire tomber le royaume wisigoth par les Arabes. En conséquence, il a conclu un traité avec Tariq (Moussa étant retourné à Qayrawan ) pour transporter secrètement l'armée musulmane à travers le détroit de Gibraltar, car il possédait un certain nombre de navires marchands et avait ses propres forts sur le continent espagnol. Les causes de la perte et de la destruction de l’Espagne wisigothique sont ses deux principaux acteurs, Rodrigue le monarque et le comte Julián, fidèle ami, conseiller avisé puis traître patenté et père durablement touché par le viol de sa fille Florinda, commis par le monarque. la trahison d’un conseiller guidé par sa colère, sa haine et sa rancœur et qui finit par favoriser l’invasion des maures ; la chute d’un roi flatté, incapable de résister à son désir coupable, et qui, ne prévoyant pas sa fin proche, désarme son royaume.
Florinda était une comtesse ou princesse du viiie siècle, fille de Julian, gouverneur berbère masmoudien de Ceuta, l'un derniers bastions chrétiens d'Afrique du Nord. Elle fut envoyée à Tolède où elle fut admise au palais du roi Rodéric. Selon certains récits, Tariq ibn Ziyad aurait été aidé par Yulyan pour venger l’honneur de sa fille Florinda déshonorée par le roi wisigoth Rodéric, qui, à la suite de cet évènement, dut payer le prix du viol de Florinda : le comte ouvrit les portes des Espagnes aux Maures. Florinda fut surnommée la Cava, qui signifie prostituée en arabe. Ibn ʿAbd al-Ḥakam, historien égyptien de la conquête arabe, relate un siècle et demi plus tard que Julien avait envoyé sa fille Florinda à la cour wisigothique de Tolède pour son éducation (et sans doute comme gage de loyauté) et que Rodéric l'avait rendue enceinte. Des ballades et chroniques plus tardives amplifient l'importance de ce fait et lui attribuent l'hostilité de Julien. Mais des raisons politiques peuvent avoir joué un plus grand rôle. L'auteur de la Chronique populaire et verbale de Dos Hermanas, aurait entendu et écrit lui-même, dans les mêmes termes, le récit de Florinda, selon lequel lorsqu'elle fut déshonorée, elle envoya au comte absent une lettre, en larmes, dans laquelle elle aurait écrit : « Mon père, votre honneur et le mien sont souillés. Il eut mieux valu pour vous et pour moi que vous m'eussiez tuée au lieu de m'envoyer ici. Vengez-vous, et vengez-moi ». À la suite de la lecture de cette lettre, le comte Julien aurait juré sur la croix de son épée de tirer du roi une telle vengeance, qu'elle éclaterait comme nulle autre et serait proportionnelle à l'offense. Il aurait, après cela, fait un traité avec les Maures, et leur livra Tarifa et Algésiras. Dans les nombreuses histoires arabes écrites sur la conquête de l'Espagne, il existe une nette division d'opinion concernant la relation entre Tariq et Moussa bin Nusayr . Certains relatent des épisodes de colère et d'envie de la part de Moussa, que son affranchi avait conquis tout un pays. L'épisode le plus extrême se situe dans l'histoire arabe la plus ancienne, celle d' Ibn Abd al-Hakam (IXe siècle). Il a déclaré que Moussa était tellement en colère contre Tariq qu'il l'a emprisonné et allait l'exécuter, si ce n'était de l'intervention de
Mugith ar-Rumi, un affranchi du calife Al-Walid I . C'est pour cette raison que le calife a rappelé Tariq et Moussa. Tariq et Moussa ont été simultanément renvoyés à Damas par le calife omeyyade Al-Walid I en 714, où ils ont passé le reste de leur vie. Et dans l' Akhbār majmūa (XIe siècle), il est dit qu'après l'arrivée de Moussa en Espagne et sa rencontre avec Tariq, Tariq descendit de cheval en signe de respect, mais Moussa le frappa à la tête avec sa cravache pour lui faire comprendre qu’il est toujours le subalterne de Moussa. D'un autre côté, un autre historien des débuts alBaladhuri (IXe siècle) déclare simplement que Moussa a écrit à Tariq une lettre où il le réprimande sévèrement et que les deux se sont réconciliés plus tard. Mais l'histoire la plus répandue concernant l'inimitié entre Tariq et Moussa concerne un meuble fabuleux, réputé avoir appartenu au Salomon biblique . Dit avoir été faite d'or et incrustée de pierres précieuses, cette importante relique a été notée même à l'époque préislamique comme étant en possession des Wisigoths espagnols. Tariq a pris possession de la table après la reddition d'un des neveux de Roderic. La plupart des histoires disent que, craignant la duplicité de la part de Moussa, il a enlevé un pied de la table et (dans la plupart des récits) l'a remplacé par un pied manifestement inférieur. La table a ensuite été ajoutée à la collection de butin de Moussa pour être ramenée à Damas. Lorsque les deux hommes se sont présentés devant le calife, Moussa a déclaré que c'était lui qui avait obtenu la table. Tariq a attiré l'attention du calife sur la jambe inférieure (ou manquante), pour laquelle la seule explication de Moussa était qu'il l'avait trouvée comme ça. Tariq a ensuite produit la vraie jambe, conduisant à la disgrâce de Moussa. Le roi Roderic, lorsqu'il envahit le palais enchanté de Tolède, trouva dans ses chambres vides un seul trésor, la fameuse table de Salomon. Mais c'était là un trésor qui valait la rançon d'un roi, un merveilleux talisman, si splendide, si beau, si brillant que les chroniqueurs ne trouvent guère de mots pour en décrire la richesse
et la valeur. Certains disent qu'il était en or pur, richement incrusté de pierres précieuses. D'autres disent que c'était une mosaïque d'or et d'argent, d'un jaune bruni et d'un blanc éclatant, ornée de trois rangées de joyaux inestimables, l'un étant de grosses perles, l'autre de rubis coûteux et un tiers d'émeraudes étincelantes. D'autres auteurs disent que son sommet était fait d'une seule émeraude, un talisman révélant les destins dans ses profondeurs lucides. La plupart des auteurs disent qu'il s'élevait sur trois cent soixante-cinq pieds, De toute évidence, aucun de ces dignes chroniqueurs n'avait vu la table ornée de bijoux, sauf dans l'œil de la fantaisie, qui lui a donné la forme et la forme qui convenaient le mieux à sa splendeur bien connue. Ils variaient également dans leur histoire du talisman. Une histoire légèrement dessinée dit qu'elle est d'abord venue de Jérusalem à Rome, qu'elle est tombée entre les mains des Goths lorsqu'ils ont saccagé la ville des Césars, et que certains d'entre eux l'ont apportée en Espagne. Mais il y avait une histoire plus conforme à l'amour arabe du merveilleux qui affirmait que la table était l'œuvre des Djinns, ou Génies, les puissants esprits de l'air, que le sage roi Salomon avait soumis et qui obéissaient à ses ordres. Après l'époque de Salomon, il a été conservé parmi les trésors sacrés du temple et est devenu l'un des plus riches butins des Romains lorsqu'ils ont capturé et saccagé Jérusalem. Ainsi la fantaisie a orné la riche et belle œuvre d'art que Don Roderic aurait trouvée dans le palais enchanté, et qu'il plaça comme le plus noble des trésors de l'Espagne dans la splendide église de Tolède, la capitale gothique. Cette ville tomba entre les mains de Tarik el Tuerto dans sa progression conquérante à travers le royaume d'Espagne, et la table d'émeraude, dont la renommée avait atteint les côtes de l'Afrique, fut recherchée par lui de loin et de près. Elle avait disparu de l'église, peut-être emportée par l'évêque dans sa fuite. Mais aussi vite que les fugitifs fuyaient, les cavaliers arabes montaient plus vite sur leur piste, une troupe rapide chevauchant vers Medina Celi, sur la grande route de Saragosse. Sur cette route, ils arrivèrent à une ville nommée par eux Medinatu-l-Mayidah (ville de la table), dans laquelle ils trouvèrent la célèbre table. Ils l'apportèrent à Tarik comme l'un des meilleurs butins d'Espagne. Son histoire postérieure est aussi curieuse et bien plus authentique que la précédente. Tarik, comme nous l'avons dit dans le récit précédent, avait été envoyé en Andalousie par Moussa, le vice-roi du
calife en Afrique, simplement pour qu'il puisse prendre pied dans le pays, dont Moussa se réservait la conquête. Mais l'impétueux Tarik ne devait pas être retenu. A peine Roderic fut-il tué et son armée dispersée que les cavaliers arabes se répandirent partout en Espagne, ville après ville tombant entre leurs mains, jusqu'à ce qu'il semble qu'il ne resterait plus rien à conquérir pour Moussa. Cet état de choses était loin d'être agréable au vice-roi jaloux et ambitieux. Il envoya des messagers au calife de Damas, dans lesquels il revendiquait la conquête de l'Espagne comme sienne, et mentionnait à peine le nom du véritable conquérant. Il blâma sévèrement Tarik d'avoir osé conquérir un royaume sans ordres directs, et, rassemblant une armée, il passa en Espagne, afin qu'il puisse légitimement réclamer une part à la gloire de la conquête. Tarik n'ignorait pas ce que Moussa avait fait. Il s'attendait à être sévèrement appelé à rendre des comptes par son supérieur jaloux, et savait bien que ses brillantes actions avaient été passées sous silence dans les dépêches du vice-roi à Damas, alors capitale de l'empire arabe. L'audacieux soldat était donc plein de joie lorsque la table de Salomon tomba entre ses mains. Il espérait gagner les faveurs d'Al-Walid, le calife, en lui remettant ce magnifique prix. Mais comment allait-il y parvenir ? Moussa, qui était bien conscient de l'existence et de la valeur de la table, ne la réclamerait-elle pas comme la sienne et l'enverrait-elle à Al-Walid avec la fausse histoire qu'il l'avait gagnée par la puissance de ses armes ? Pour vaincre cet acte probable, Tarik a conçu un stratagème astucieux. La table, comme on l'a dit, était abondamment pourvue de pieds, mais de ces quatre étaient plus grands que les autres. L'un de ces derniers Tarik a décollé et s'est caché, pour être utilisé à l'avenir si ce qu'il craignait devait se produire. Comme cela s'est avéré, il n'avait pas mal jugé son seigneur jaloux. En temps voulu, Moussa arriva à Tolède et chevaucha en grande pompe par la porte de cette ville, Tarik suivant comme un humble serviteur dans son train. Dès qu'il arriva au palais, il exigea avec hauteur un compte strict du butin. Celles-ci étaient à portée de main et furent aussitôt livrées. Leur nombre et leur valeur auraient dû satisfaire son avarice, mais la merveilleuse table de Salomon, dont il avait entendu de si merveilleux récits, n'était pas parmi eux, et il exigea que celle-ci aussi fût présentée. Comme Tarik l'avait prévu, il
conçut de l'envoyer au calife, comme un cadeau acceptable et une preuve de sa carrière victorieuse. La table fut apportée et Moussa la contempla avec des yeux ravis. Son coup d'œil rapide, cependant, découvrit bientôt qu'il manquait l'un des pieds d'émeraude. "C'est imparfait", a-t-il dit. « Où est le pied manquant ? » Cela, je ne peux pas vous le dire, répondit Tarik ; "vous avez la table telle qu'elle m'a été apportée." Moussa, acceptant cette réponse sans méfiance, donna l'ordre de remplacer le pied perdu par un pied en or. Puis, après avoir remercié les autres officiers supérieurs pour leur zèle et leur vaillance, il se retourna contre Tarik et l'accusa sur un ton sévère de désobéissance. Il finit par le priver de son commandement et le mettre en état d'arrestation, tandis qu'il adresse au calife un rapport dans lequel Tarik est vivement blâmé et le mérite de ses exploits bafoué. Il serait allé plus loin et l'aurait mis à mort, mais il n'osa le faire sans les ordres du calife. Comme cela s'est avéré, Al-Walid, le Commandeur des Croyants, savait quelque chose de la vérité. Aussi éloignée que soit Damas de Tolède, un rapport sur les exploits de Tarik était parvenu à ses augustes oreilles, et Moussa reçut l'ordre de le remplacer dans son commandement, car il ne suffirait pas «de rendre inutile l'une des meilleures épées de l'Islam». Moussa n'a pas osé désobéir; et ainsi, pour le moment, Tarik triompha. Et maintenant, pour la fin des ennuis entre Moussa et Tarik, il faut avancer dans le temps. Ils ont été laissés en Espagne jusqu'à ce qu'ils aient achevé la conquête de ce royaume, puis tous deux ont reçu l'ordre de comparaître devant le siège du jugement du calife. C'est ce qu'ils ont fait de différentes manières. Tarik, qui n'avait pas soif de butin, se dépêcha, les mains vides, d'aller à Damas, où, bien qu'il n'eût pas de riches cadeaux pour le commandeur des fidèles, il le ravit du récit de ses actions brillantes. Moussa est venu plus lentement et avec plus d'ostentation. Laissant ses fils aux commandes en Espagne et en Afrique, il se rendit lentement en Syrie, avec tout l'étalage d'une marche triomphale.
Il avait avec lui cent de ses principaux officiers, autant de fils des plus hauts chefs berbères, et les rois des îles Baléares dans tout leur état barbare. A sa suite chevauchaient quatre cents nobles captifs, portant chacun une couronne et une ceinture d'or, et trente mille captifs de rang inférieur. À intervalles dans le train se trouvaient des chameaux et des chariots, richement chargés d'or, de bijoux et d'autres butins. Il apporta à l'Orient les nouveautés de l'Occident, les faucons, les mulets et les chevaux de Barbarie, et les curieux fruits de l'Afrique et de l'Espagne, des « trésors », nous dit-on, « dont personne n'avait jamais entendu parler auparavant, et aucun spectateur n'a jamais vu devant ses yeux." Ainsi le fier conquérant venait, à pas lents, avec de fréquentes haltes. Il quitta l'Espagne en août 713. C'était en février 715 qu'il atteignit les environs de Damas, après avoir passé un an et demi en route. Entre-temps, des changements avaient eu lieu en Syrie. Al-Walid, le calife, était malade à mort, souffrant d'une maladie mortelle. Soliman, son frère et héritier, écrivit à Moussa lorsqu'il était à Tibériade, sur la mer de Galilée, lui demandant de s'y arrêter, car son frère ne pouvait vivre que quelques jours. Lui, en tant que nouveau calife, le recevrait. Al-Walid lui ordonna à son tour de hâter sa marche. Moussa était dans un dilemme. Si Al-Walid devait vivre, le retard pourrait être fatal. S'il devait mourir, la hâte pourrait être fatale. Il prit la voie qui lui paraissait la plus sûre, courut à Damas et y reçut un brillant accueil. Mais un changement est bientôt venu; en quarante jours, Al-Walid mourut; Soliman, à qui il avait désobéi, était calife de l'empire. Le soleil de Moussa était proche de son coucher. Le conquérant ne tarda pas à se trouver traité de criminel. Il a été accusé de rapacité, d'injustice envers Tarik et du but de jeter tout le pouvoir entre les mains de ses fils. Il fut même accusé de « désobéissance » pour avoir fait une entrée triomphale à Damas avant la mort d'Al-Walid. Ces accusations et d'autres furent portées, Soliman étant décidé à la ruine de l'homme qui avait ajouté l'Afrique à l'empire arabe. Lorsque Moussa a été amené devant le calife pour une audience finale, Tarik et de nombreux autres soldats espagnols étaient présents, et se tenait devant le trône du monarque la splendide table de Salomon, l'un des cadeaux que Moussa avait fait à Al-Walid, le déclarant à être le plus magnifique de tous les prix de sa valeur.
« Dites-moi, dit le calife à Tarik, si vous savez d'où vient cette table. "C'est moi qui l'ai trouvé", répondit Tarik. "Si vous voulez avoir la preuve de la véracité de mes paroles, ô calife, faites-la examiner et voyez si elle est parfaite." Soliman donna des ordres, la table fut examinée de près, et on découvrit bientôt qu'un de ses pieds d'émeraude avait disparu et qu'un pied d'or occupait sa place. "Demandez à Moussa," dit Tarik, "si tel était l'état de la table quand il l'a trouvée." "Oui," répondit Moussa, "c'était comme vous le voyez maintenant." Tarik répondit en sortant de dessous son manteau le pied d'émeraude qu'il avait ôté, et qui était juste assorti aux autres. "Vous pouvez apprendre maintenant," dit-il au calife, "qui de nous est celui qui dit la vérité. Voici le pied perdu de la table. J'ai trouvé la table et l'ai gardée comme preuve. C'est la même chose avec la plupart des trésors que Moussa vous a montrés. C'est moi qui les ai gagnés et capturé les villes dans lesquelles ils ont été trouvés. Demandez à l'un de ces soldats si je dis la vérité ou non. Ces mots étaient ruineux pour Moussa. La table avait vengé son trouveur. Si Moussa avait menti dans cette affaire, il avait menti en tout. C'est ainsi que s'est tenu le calife en colère, qui s'est retourné contre lui avec des injures amères, l'appelant voleur et menteur, et jurant par Allah qu'il le crucifierait. A la fin, il ordonna au vieil homme, âgé de quatre-vingt ans, corpulent et asthmatique, d'être exposé au soleil féroce de la Syrie pendant toute une journée d'été, et ordonna à son frère Omar de faire exécuter la cruelle sentence. Jusqu'à ce que midi soit passé, le vieux guerrier se tenait sous les rayons brûlants du soleil, son sang semblant enfin bouillir dans ses veines, tandis qu'il tombait étouffé sur la terre. La mort aurait bientôt mis fin à ses souffrances si Omar, déclarant qu'il n'avait jamais passé une pire journée de sa vie, n'avait convaincu le calife d'abréger sa peine. Déterminé à sa ruine totale, le vindicatif Soliman lui imposa l'énorme amende de quatre millions trente mille dinars, soit environ dix millions de dollars. Ses fils ont été laissés au pouvoir en Espagne afin qu'ils puissent l'aider à payer l'amende. Aussi grande que fût la somme,
Moussa, en abandonnant sa propre fortune, avec l'aide de ses fils d'Afrique et d'Espagne, et avec l'aide de ses amis, réussit à l'obtenir. Mais même cela ne satisfait pas le calife, qui le bannit maintenant dans sa ville natale, afin que ses premiers amis puissent le voir et le mépriser dans sa ruine. Il décida même de détruire ses fils, afin que toute la famille soit extirpée et qu'il ne reste plus personne dans les veines de qui coulait le sang de Moussa. Le plus habile de ces fils, Abdul-Aziz, avait été laissé aux commandes de l'Espagne. Là, le calife envoya des ordres pour sa mort. Bien que le jeune souverain ait été estimé, sagement comme il avait gouverné, personne n'a pensé à remettre en question un ordre du Commandeur des Croyants, le puissant autocrate du grand empire arabe, et l'innocent Abdul a été assassiné par certains qui avaient été parmi ses principaux amis. Sa tête fut alors coupée, embaumée et envoyée à Soliman, devant qui elle fut déposée, enfermée dans un coffret de bois précieux. Envoyant chercher Moussa, le calife vindicatif fit ouvrir le cercueil en sa présence, disant, alors que les traits de mort apparaissaient: "Savez-vous à qui est cette tête?" La réponse de Moussa était pathétique. Jamais musulman, dit-il, n'a moins mérité un pareil sort ; jamais un homme d'un cœur plus doux, d'une âme plus courageuse, ou d'une disposition plus pieuse et plus obéissante. À la fin, le pauvre vieil homme s'est effondré, et il ne pouvait que murmurer, "Accordemoi sa tête, O Commandeur des Croyants, que je puisse fermer les paupières de ses yeux." "Tu peux le prendre", fut la réponse de Soliman. Et ainsi Moussa a quitté la présence du calife, le cœur brisé et inconsolable. On raconte qu'avant de mourir, il fut forcé de mendier son pain. De Tarik, nous n'entendons plus rien. Il avait entièrement remboursé Moussa pour son injustice, mais le calife, qui craignait peut-être de laisser quelqu'un devenir trop grand, ne parvint pas à le rétablir dans son commandement, et il disparut de l'histoire. Le cruel Soliman n'a vécu qu'un an après la mort de la victime de sa rage. Il mourut en 717, de remords pour son injustice envers Moussa, disent certains, mais le récit de l'histoire est qu'il fut vaincu devant Constantinople et mourut de chagrin. Ainsi se termine notre histoire de la table de Salomon. Cela n'a fait du bien à personne qui y avait affaire, et un désastre absolu à celui qui
en avait fait un agent de mensonge et d'avarice. L'injustice ne peut espérer se cacher derrière un talisman.