LA STASI

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LA STASI Par Ahmed JEBRANE


LA STASI " La Stasi doit sonder les attitudes politiques des personnes, leurs pensées et leur comportement. Clarifier cela signifie donner une réponse à la question de savoir qui est l’ennemi, qui peut devenir l’ennemi, qui fait preuve d’une attitude hostile, qui est soumis à l’influence de l’ennemi et pourrait être abusé par lui, qui occupe une position de pouvoir et sur qui le Parti et l’Etat pourront toujours compter et s’appuyer." Erich Mielke

Dans le cours de l’histoire du monde, la Stasi s'est développée à partir de l'appareil de sécurité intérieure et de police établi dans la zone d'occupation soviétique en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale . La loi portant création du ministère, dont le précurseur était le département K 5 (calqué sur le modèle du KGB soviétique), fut adoptée par la législature est-allemande le 8 février 1950, quatre mois après la création de la République démocratique allemande. La Stasi, dont le rôle formel n'était pas défini dans la législation, était responsable à la fois de la surveillance politique intérieure et de l'espionnage étranger, et il était supervisé par le Parti socialiste unitaire au pouvoir. Son personnel était au début assez restreint et ses principales responsabilités étaient le contre-espionnage contre les agents occidentaux et la suppression des derniers vestiges du nazisme. Sous Erich Mielke , son directeur de 1957 à 1989, la Stasi est devenue une organisation de police secrète très efficace, avec des effectifs et des ressources qui lui ont permis de s'imprégner de la société et de garder un œil sur pratiquement tous les aspects de la vie des citoyens est-allemands. Des milliers d'agents ont travaillé pour exploiter des téléphones, s'infiltrer dans les mouvements politiques clandestins et rendre compte des relations personnelles et familiales. Des agents étaient même positionnés dans les bureaux de poste pour ouvrir les lettres et les colis entrant ou se dirigeant vers des pays non communistes. La Stasi, le service de sécurité d'État de l'Allemagne de l'Est a atteint cet objectif à la


fois grâce à son appareil officiel et à travers un vaste réseau d'informateurs et de collaborateurs non officiels, qui ont espionné et dénoncé des collègues, des amis, des voisins et même des membres de la famille. Il était tristement célèbre pour sa capacité à surveiller les individus et à contrôler les flux d'informations, en comptant près de 100 000 employés permanents et, selon certains rapports, entre 500 000 et 2 millions d’informateurs dans un pays comptant environ 16 millions d’habitants. Outre la surveillance intérieure, la Stasi était également responsable de la surveillance étrangère et de la collecte de renseignements par le biais de sa principale administration des renseignements étrangers. Ses activités d'espionnage à l'étranger étaient en grande partie dirigées contre le gouvernement ouest allemand et l' organisation du traité de l’atlantique nord. Sous Markus Wolf, son chef des opérations étrangères de 1958 à 1987, la Stasi a largement pénétré le gouvernement et les services militaires et de renseignement de l'Allemagne de l'Ouest, y compris le cercle restreint du chancelier ouest-allemand Willy Brandt. La découverte en avril 1974 qu'un assistant de haut niveau à Brandt, Günter Guillaume, était un espion est-allemand, a conduit à la démission de Brandt deux semaines plus tard. La Stasi avait également des liens avec divers groupes terroristes, notamment le Faction de l'Armée rouge (RAF) en Allemagne de l'Ouest. Au cours des années 70 et 80, la Stasi a travaillé en étroite collaboration avec la RAF et a coopéré avec Abu Nidal, Ilich Ramírez Sanchez communément appelé Carlos le Chacal et l'organisation de libération de la Palestine. À la suite du bombardement d'une discothèque à Berlin-Ouest (avril 1986) qui a tué deux militaires américains, la Stasi a continué à autoriser les agents libyens à utiliser Berlin-Est à la fois comme base d'opérations et comme refuge. Peu de temps après l'ouverture du mur de Berlin en 1989, la législature est-allemande a adopté une loi pour reconstituer le ministère de la Sécurité d'État en tant qu'office de la sécurité nationale. Cependant, en raison du tollé général, le bureau n'a jamais été créé et la Stasi a été officiellement dissoute en février 1990. Craignant que les fonctionnaires de la Stasi détruisent les fichiers de l'organisation, les citoyens est-allemands ont occupé son siège principal à Berlin le 15 janvier 1990. En 1991, après un long débat, le parlement allemand unifié a adopté la Loi sur les archives de la Stasi , qui accordait aux Allemands et aux étrangers le droit de consulter


leurs fichiers de la Stasi: Au début du 21e siècle, près de deux millions de personnes l'avaient fait. Dans le sillage du triomphe apparent de la démocratie libérale après la guerre froide, les États policiers de ce type ne semblaient plus viables. Les normes mondiales sur ce qui constituait un régime légitime avaient changé. Au tournant du millénaire, les nouvelles technologies, notamment Internet et le téléphone portable, promettaient de responsabiliser les citoyens, leur permettant un meilleur accès à l’information et la possibilité d’établir de nouvelles connexions et de créer de nouvelles communautés. Mais cette vision pieuse et sainte d'un avenir plus démocratique s'est avérée naïve. Malheureusement le revers de la médaille des nouvelles technologies, offrent maintenant aux dirigeants de puissantes et innovantes méthodes pour préserver le pouvoir qui, à bien des égards, rivalisent, sinon améliorent les vieilles tactiques conventionnelles de la Stasi. La surveillance alimentée par l'intelligence artificielle, par exemple, permet aux despotes d'automatiser la surveillance et le suivi de leur opposition de manière beaucoup moins intrusive que la surveillance traditionnelle. Non seulement ces outils numériques permettent aux régimes autoritaires de jeter un filet plus large, mais en utilisant aussi beaucoup moins de ressources. Aussi dystopiques et répressifs que ces efforts puissent paraître, ils pourraient bientôt ressembler aux tactiques pittoresques d'antan. Un nouvel ensemble sophistiqué d'outils technologiques destiné à se retrouver entre les mains des autocrates du monde entier, pour leur permettre de renforcer leur emprise interne, de saper les droits fondamentaux et de répandre des pratiques contraires aux libertés au-delà de leurs propres frontières. Avec une aussi belle promesse d’un monde meilleur, d’une réalité augmentée sans frontières, forum sans limites où toutes les libertés pourraient s’épanouir et les droits humains prospérer dans des exosquelettes, où le travail serait nano-enrichi par l’automatisation des tâches d’exécution par des robots collaboratifs, les promoteurs du numérique nous ont offert un univers utopique de messageries instantanées, de réseaux sociaux, de Clouds aux capacités de stockage sans fin, de navigation intelligente par GPS dans un monde de drones où


nous retrouvons en deux clics l’idée oubliée, et partageons nos enthousiasmes et nos colères dits sociaux; Mais il y a lieu de croire que finalement cette gratuité, a un prix qui ne cesse d’enrichir ces apôtres du numérique, au détriment de données personnelles de nos vies privées. Ces avancées technologiques, donnent aux autocrates de nouvelles façons de diffuser la propagande, à la fois en interne et en externe, à travers principalement une technologie clé : le microtargeting automatisé. Placer un Pokémon dans votre espace privé, c’est la nouvelle invention commerciale, une déclaration d’expropriation qui transforme la réalité en une étendue d’espaces vides prêts à être exploités au profit de joyeux chasseurs de pokémons depuis leurs smartphones. Les joueurs accrochés à la sonnette de votre porte ne peuvent soupçonner, comme le dit Shoshana Zuboff, le fait qu’ils avaient été réunis ce jour-là par une logique audacieuse et sans précédent : le capitalisme de surveillance. En donnant accès à ces chasseurs de pokémons, vous participez à une expérience grandeur nature d’où vous êtes les cobayes, et le laborantin en blouse blanche se nomme John Hanke, vice-président de Google Maps, patron de Niantic Labs, l’entreprise de Pokémon Go et responsable de Street View, avec l'ambition de posséder la terre en la cartographiant. Il est aussi le fondateur de Keyhole, start-up de cartographie virtuelle à partir d’images satellites financée par la CIA, puis rachetée par Google, et rebaptisée Google Earth. Avec les Pokemon Go, le jeu de réalité virtuelle qui permet de traquer et de guider les gens sur les endroits que Street View a précédemment enregistrés sur ses cartes, on se retrouve dans un système d'esclavage où grâce à la consommation en bande passante et aux divertissements offerts en octets, les esclaves auraient l'amour de leur servitude comme dans le meilleur des mondes d’Aldous Hulxley.


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