28 MARS 2018
MAGAZINE DES PME ET DES ENTREPRENEURS
Pulse
IT TÉLÉCOMS
L’Intelligence Artificielle va sauver votre entreprise MICHEL DE BAER, OMCOLLECTIVE
Un bureau en plus pour éviter les embouteillages
ENTREPRENDRE
Rentabilisez les salons professionnels
PULSE
28 MARS 2018
SOMMAIRE
Intelligence Artificielle Tirez parti de vos données en combinant le big data à des algorithmes intelligents.
4 8 Le come-back du back-up, pour protéger et dupliquer vos données.
ENTREPRENDRE
IT-TÉLÉCOMS 11
La machine à café virtuelle
12
Dans la peau d’un hacker
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Du nouveau au rayon IT
La protection des données personnelles est enfin effective
18 Le salon professionnel est la cerise sur le gâteau 21
La plus-value d’un conseil d’administration
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Un choix tant émotionnel qu’économique
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Le juste prix dans votre boutique en
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ligne
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FLEET 30
Flexibilisez votre flotte
Le changement de modèle opérationnel donne des ailes à l’entreprise Webhero.
Idées et conseils aux entrepreneurs Pulse paraît quatre fois par an. Chaque numéro propose des informations concrètes sur l’actualité en matière de télécoms, IT, RH, internationalisation, finances, énergie, administration, immobilier, innovation, marketing et technologie.
Ours Pulse est un supplément gratuit de L’Echo du 14 juin 2017 et une initiative d’Echo Connect. L’Echo est édité par Mediafin Product Manager: Helena Wilmet, Alexia Mangelinckx Rédaction: Dimitri Dewever, Wouter De Broeck, William Visterin, Timothy Vermeir Rédaction finale: Natacha Boulvain Photo et illustration: Pieter Van Eenoge, Studio Dann Lay-out: Mark Troosters, Christine Dubois Direction: Dirk Velghe, Frederik Delaplace, Arnaud Delmarcelle Adresse: Tour & Taxis, avenue du Port 86c bte 309, 1000 Bruxelles Abonnements et distribution: Tél. 0800/55 150, E-mail: abo@lecho.be Annonceur Trustmedia: Tél. +32(0)2 422.05.11, E-mail info@trustmedia.be Éditeur Responsable: Frederik Delaplace, avenue du Port 86c bte 309, 1000 Bruxelles
Prochain numéro 13 juin 2018
Aucun élément de cette publication ne pourra être reproduit que ce soit électroniquement ou par tout autre moyen sans autorisation préalable introduite par écrit à l’éditeur © Mediafin
CONNECT
IT-TÉLÉCOMS
Les algorithmes peuvent sauver votre entreprise Une agence spécialisée en algorithmes: c’est ainsi que l’on peut définir la société Aigency. L’entreprise n’a pas de personnel et travaille exclusivement avec des ‘bots’ (contraction par aphérèse du mot ‘robots’), c’est-à-dire des logiciels basés sur l’intelligence artificielle, bien mieux armés pour réaliser certaines applications spécifiques que n’importe quel cerveau humain. Jim Stolze a vécu dans la Silicon Valley où il a pris conscience de tout le potentiel de l’intelligence artificielle ou IA. “Les algorithmes qui travaillent pour nous sont pour la plupart développés par des doctorants d’Amsterdam et du reste du monde. Aigency est le paradis des nerds, où de nombreux étudiants travaillent depuis des années à l’élaboration de nouveaux algorithmes. Ces nerds vivent dans un autre monde; certains ne savent même pas qu’ils ont de l’or dans les mains. Jim Stolze a eu l’idée d’utiliser leur know-how pour répondre aux besoins des entreprises. “Par exemple, nous disposons aujourd’hui d’un ‘bot’ qui écoute jour et nuit une chaîne de radio. Il répertorie avec précision le moment où cette chaîne lance des jeux, quelle musique est diffusée, quand et comment les commentateurs interviennent, etc. Les humains n’en sont pas capables! (rires) Les données fournies par le ‘bot’ sont combinées avec les données de notre © Armaury Miller
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Le big data est une nouvelle mine d’or pour votre entreprise, en particulier s’il est combiné à des algorithmes intelligents. Hélas, les choses ne se passent pas toujours aussi facilement. Jim Stolze a mis sur pied une agence qui aide les entreprises à tirer davantage de valeur ajoutée de leurs données.
“Il n’y a aucune étude scientifique prouvant que l’automatisation entraînera à terme des suppressions d’emploi.” Jim Stolze Aigency
client sur le comportement des auditeurs. Cela nous permet de lui fournir des indications pour élaborer certains modèles comme, par exemple, choisir le meilleur moment pour diffuser des spots publicitaires.”
SILOS
Jim Stolze, Aigency (à droite).
Les clients d’Aigency – des PME aux multinationales – n’ont, pour la plupart, aucune idée de ce qu’ils peuvent faire de leurs datas. Stolze: “Nous connaissons parfaitement les capacités des 73 algorithmes qui fonctionnent aujourd’hui chez nous. Si une entreprise nous confie suffisamment d’informations sur ses activités et les données dont elle dispose, nous arrivons, en général, rapidement à des possibilités d’applications. Nous commençons toujours par un test à petite
EN PRATIQUE
COMMENT LES ALGORITHMES PEUVENT-ILS AMÉLIORER VOTRE HELPDESK? Pour les helpdesks d’entreprises, Aigency a développé une application qui représente un exemple très concret de la plus-value que peut avoir l’intelligence artificielle. En règle générale, les collaborateurs IT utilisent une sorte de canevas avec des réponses standard aux questions les plus fréquentes. “Nous avons développé quelques ‘bots’ qui recherchent, pour une entreprise donnée, toute la correspondance des deux dernières années”, explique Jim Stolze. “Ces ‘bots’ identifient des clusters fixes et constatent qu’il n’y a qu’une dizaine de questions qui se répètent, sous plusieurs variantes. Sur cette base, nous avons développé un système où le collaborateur du helpdesk obtient trois réponses possibles à chaque nouvelle question. Il doit simplement choisir la plus pertinente, les deux autres étant qualifiées de moins pertinentes et, lors d’une prochaine question comparable, les deux autres réponses ne seront plus proposées. Le système ‘auto-apprend’ en permanence et la satisfaction des clients augmente.”
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échelle, où nous combinons un de nos algorithmes à de petites quantités de données d’une entreprise. Nous décidons ensuite avec le client s’il est possible de mettre un outil en place. Cela permet de résoudre un problème spécifique et de créer de la valeur ajoutée pour le client grâce aux ‘bots’.” Il n’insistera jamais assez: tout le monde parle aujourd’hui d’algorithmes et d’intelligence artificielle, mais la plupart des entreprises se contentent d’un traitement très approximatif de leurs données. “Je pense qu’au moins 50% des entreprises aux Pays-Bas sont, aujourd’hui, tellement prises par la numérisation de leur processus qu’elles n’ont pas compris que, bientôt, elles seront principalement confrontées à l’algorithmisation des données. Elles oublient cet aspect des choses, alors qu’il représente le véritable enjeu des années à venir: tirer de la valeur ajoutée de la quantité sans cesse croissante de données.” “La plupart des entreprises sont encore organisées en silos: plusieurs départements fonctionnent trop souvent côte à côte et non ensemble”, poursuit Stolze. “Exemple: le dépar-
© RV
tement RH est assis sur une montagne de données alors que le département IT ne dispose que de certaines connaissances, mais le dialogue entre les deux est minime. Ils ignorent quelle valeur ajoutée ils pourraient avoir s’ils combinaient les données de l’un avec les compétences de l’autre.” “Ils sont encore à des années lumière du ‘machine learning’, notre spécia-
lité. Si vous construisez des modèles sur base de ces données pour faire des prévisions, c’est là que cela devient intéressant. À terme, vous créez des modèles qui apprennent par euxmêmes: nous ne formons plus des gens, mais des algorithmes. Et grâce à leur capacité d’auto-apprentissage, ils affichent un niveau de précision que l’humain ne peut pas imaginer.” Faut-il que l’entreprise ait une taille
Philippe Némery, SAP
“NE VOUS LIMITEZ PAS AUX ‘PACKAGES’ INTELLIGENCE ARTIFICIELLE PRÊTS À L’EMPLOI.” “Les PME belges qui souhaitent introduire l’intelligence artificielle (IA) au sein de leurs activités se tournent vers des applications prêtes à l’emploi”, témoigne Philippe Nemery, presales manager platform solutions chez SAP. “Ces applications avec intelligence artificielle intégrée offrent des solutions Cloud pour les besoins les plus courants.” Le nombre de PME actives dans ce domaine est difficile à évaluer. “Cela dépend du secteur. Les entreprises de marketing, par exemple, sont très dépendantes des données et, donc, plus rapidement à la recherche d’applications IA. Dans le domaine des ressources humaines, nous constatons également une hausse de la demande car, dans de nombreuses entreprises, ce département est devenu crucial.”
Trop peu de PME ont compris l’impact potentiel et la plus-value de l’IA sur leurs activités, estime Nemery. “Ils ont recours à des ‘packages’ qui offrent une solution à des applications ou des problèmes très concrets, sans devoir trop investir. Ce n’est que plus tard qu’ils se rendent compte de toute la valeur ajoutée potentielle de l’IA.” Et c’est précisément là que le bât blesse en Belgique. “Nous avons besoin d’une sorte de plateforme qui permette de personnaliser davantage les solutions existantes et les ‘packages’, soit de s’adapter aux besoins spécifiques d’une entreprise. Une plateforme où certaines innovations pourraient également être testées. Le problème, c’est que les petites entreprises ne disposent pas de personnel ayant les compétences
requises. Et les solutions standard ne leur permettent pas de se démarquer de la concurrence.” Les PME qui souhaitent malgré tout franchir un pas de plus dans le domaine des applications IA, peuvent s’adresser aux grands cabinets de consulting, mais ce n’est pas toujours possible pour les PME. “Pour des projets de recherche, on peut s’adresser à l’IMEC, un institut de recherche qui a absorbé l’ancien iMinds”, conseille Nemery. “Parfois, cela vaut la peine de chercher en ligne des solutions ‘community based’, où les ninjas numériques proposent des innovations intéressantes. L’IA se trouve à la veille d’une percée fulgurante. Le monde de l’entreprise doit sauter dans ce train dès aujourd’hui.”
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“Nous ne formons plus des gens, mais des algorithmes.” Jim Stolze Aigency
dans ce domaine pris par quelques très grandes entreprises. Cela montre aussi que le monde de l’entreprise doit de plus en plus souvent faire appel à de l’expertise externe.” EXPERTISE
EMPLOYABILITÉ
© Armaury Miller
définie pour se permettre des algorithmes d’auto-apprentissage? “Quelle que soit la taille de l’entreprise, l’année 2018 sera ‘l’année du logiciel’. Le ‘machine learning’ sera omniprésent”, affirme Stolze. “Certaines entreprises n’ont pas besoin de nous et peuvent trouver sur Internet de nombreux logiciels ‘open source’ qui répondent à leurs besoins. Nous nous concentrons davantage sur des applications et des problèmes plus complexes et moins courants.” Pour Heineken, par exemple, Aigency a développé, avec huit équipes d’étudiants, plusieurs nouvelles applications. “Cela en dit long sur le retard
On entend souvent dire qu’à terme, l’intelligence artificielle pourrait menacer plusieurs dizaines de milliers d’emplois. “C’est un non-sens”, estime Stolze. “Il n’existe aucune étude scientifique prouvant que l’automatisation entraînera à terme des suppressions d’emploi, au contraire; des recherches menées par l’institut américain MIT, montre que, depuis la machine à vapeur, toute nouvelle forme d’automatisation fait disparaître d’anciens modèles de travail, mais, parallèlement, en crée de nouveaux emplois.” “Bien entendu, il est facile de mettre l’accent sur les postes menacés par la robotisation que d’identifier les nouveaux emplois créés. Par contre, il est vrai que le contenu du travail va changer et que nous devons en tenir compte. Ceux qui, aujourd’hui, étudient le droit auront peut-être du souci à se faire, parce qu’une grande partie des tâches des avocats et des notaires seront faciles à automatiser. Les patrons d’entreprises doivent, dès aujourd’hui, faire en sorte que leur personnel soit suffisamment flexible et puisse rapidement effectuer d’autres tâches avec un robot.”
VOTRE ENTREPRISE EST-ELLE PRÊTE POUR L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE? “Aux Pays-Bas, à Den Bosch, se trouve JADS (Jheronimus Academy of Data Science). Je conseille aux entreprises de proposer des stages à des étudiants”, précise Jim Stolze (Aigency). “Si un dirigeant d’entreprise constate qu’il ne dispose pas de l’expertise inhouse, je lui conseille de rechercher des spécialistes en données qui pourraient l’aider.” “Donnez également à vos collaborateurs l’occasion de découvrir ce qui est possible et souhaitable pour votre entreprise”, ajoute Stolze. “Osez penser ‘out of the box’, éloignez-vous des schémas traditionnels. Ceux qui n’en sont pas encore là dirigent leur entreprise en regardant dans le rétroviseur. Et ils risquent d’avoir de la casse.”
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Le come-back du back-up Pendant des années, le back-up a été négligé, et c’est encore le cas dans de nombreuses organisations. Quelques incidents à grande échelle comme, par exemple, les attaques par des ‘ransomware’, où les pirates informatiques confisquent des données et exigent de l’argent pour les restituer, confirment l’importance de disposer d’un bon back-up. Dans de nombreux cas, les entreprises se retrouvent en difficulté parce qu’elles ne disposent pas d’une copie de sauvegarde de leurs données (back-up) et qu’elles doivent à nouveau tout collecter (‘restore’).
MARCHÉ CROISSANT La Belgique a aussi connu des cas de ‘ransomware’. “Je pense que nous avons eu à déplorer une dizaine de cas individuels. Heureusement, ces ‘infections’ n’ont pas dépassé le niveau local et ont rapidement été résolues”, explique Reinoud Reynders, IT-manager Infrastructure and Operations à l’UZ Leuven. “À l’UZ Leuven, nous n’avons jamais perdu la moindre information suite à un piratage avec rançon.” Le IT-manager estime qu’il est crucial de disposer d’une bonne stratégie en matière de back-up: “Toutes nos données sont conservées de manière centralisée et nous faisons des backups pratiquement toutes les heures”. De plus, les données du poste de travail clinique de l’UZ Leuven, un © Pieter Van Eenoge
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Les données jouent un rôle de plus en plus important dans les entreprises. Et donc, des applications comme le back-up, dont l’objectif est de protéger et dupliquer ces données, gagnent en importance. “Aujourd’hui, il n’est plus acceptable que la sauvegarde des données entrave la production.”
“On estime le marché mondial du back-up à 6 milliards de dollars.”
Automatisez pour laisser la technologie faire son travail, par exemple en utilisant la virtualisation et le flash.
Bart Lowagie Roularta
ensemble de logiciels de gestion des dossiers électroniques des patients, font l’objet d’un back-up toutes les deux minutes. “Et nous effectuons systématiquement une deuxième copie de ces données”, précise Reynders. La tendance à tout numériser entraîne une croissance continue du marché des logiciels de back-up et de recovery. “ Depuis des années, chez nous, le back-up est réalisé à un niveau supérieur. Les données sont devenues plus importantes que jamais”, reconnaît Bart Lowagie, IT manager infrastructure du groupe de médias Roularta. Dans notre pays – comme le montre une enquête menée récemment par l’organisation spécialisée en marke-
QUATRE CONSEILS POUR SÉCURISER LE BACK-UP
ting Computer Profile – près de 90% des entreprises comptant plus de 100 employés disposent d’une solution de back-up. Dans ce processus, d’autres technologies jouent un rôle central comme, par exemple, la ‘virtualisation’. En d’autres termes, il s’agit d’un ordinateur unique qui réalise le travail de plusieurs machines virtuelles. On casse ainsi le lien direct entre l’infrastructure physique et les données qui y sont stockées et traitées. “Ce concept permet de protéger rapidement les données et donc les back-ups”, souligne Bart Lowagie.
PHOTO DES DONNÉES Il existe tout un éventail de solutions de sauvegarde pour les entreprises. Par exemple, on trouve des applications de back-up et de recovery via des disques durs, via le plus moderne ‘flash’ (la technologie de stockage
Conservez une copie à l’extérieur de l’entreprise afin que vos données soient stockées en sécurité, hors du site de production. Organisez les flux dans les deux directions: ne vous limitez pas à dupliquer et à stocker vos données à l’extérieur, mais assurez-vous de pouvoir facilement les rapatrier dans votre entreprise. Pensez au ‘Cloud and disaster recovery’. Car, quel est l’objectif d’un back-up? En cas de catastrophe, comme un incendie ou une inondation, vous devez pouvoir disposer rapidement de vos données. Les services Cloud peuvent vous y aider.
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utilisée dans les smartphones et qui fait une percée importante dans les centres de données) ou sur des bandes magnétiques. Mais il existe aussi des applications qui aident à définir la manière de réaliser un back-up. On trouve souvent des solutions comme la réduction de données (la quantité de données du back-up est ainsi réduite, ce qui devrait faire baisser les coûts) ou des ‘snapshots’ (photos instantanées) qui cartographient les données. Chez Roularta, ces ‘snapshots’ jouent un rôle important dans le système de back-up. “En fait, ce sont des photos des données. Lors de la première prise de vue, vous photographiez toutes les données pour obtenir une photo assez complète. Par la suite, vous ne photographiez que ce qui a changé. Dans la phase suivante, les données sont répliquées sur un autre site”, poursuit Lowagie. Pour le stockage de données et le back-up, son entreprise utilise la technologie de Netapp ainsi que les systèmes flash, une tendance relativement neuve. Ils sont plus chers que les disques durs classiques, mais aussi plus puissants. L’UZ Leuven, un autre client de Netapp, utilise flash. “Nous disposons de 10 petaoctets (soit 1.000 téraoctets) de données. Près de 450 téraoctets sont traités
par des systèmes flash, surtout pour nos applications de banques de données”, explique Reinoud Reynders de l’UZ Leuven.
BACK-UP DANS LE CLOUD
“Si le bâtiment est détruit par un incendie, nous aurons toujours accès à nos données.” Reinoud Reynders UZ Leuven
© Pieter Van Eenoge
Avant, on faisait les back-ups le plus souvent pendant la nuit, pour ne pas entraver la production. “Aujourd’hui, ils ont lieu plusieurs fois par jour et pendant un laps de temps limité. Ils n’ont plus aucun impact sur la production. D’ailleurs, ce ne serait plus acceptable”, estime Lowagie. “Nous prenons des ‘snapshots’ locaux que nous répliquons ensuite et que nous envoyons dans un autre environnement pour un back-up à long terme. Ces données sont alors stockées sur un site extérieur à l’entreprise. Si le bâtiment est détruit par un incendie, nous aurons toujours accès à nos données.” Le stockage de données est-il en train de migrer vers le Cloud, comme c’est le cas de nombreuses applications? D’après le cabinet d’études Gartner, le nombre d’entreprises utilisant le Cloud comme back-up devrait doubler d’ici 2020. “Nous avons conçu l’ensemble du processus afin que la dernière étape – donc le stockage à long terme – puisse être transféré vers un service de Cloud externe”, poursuit Lowagie. “Aujourd’hui, ce back-up externe n’est pas très loin d’ici.” La possibilité existe de transférer ces données chez un spécialiste du Cloud dans un deuxième temps. Mais les prix, y compris pour les connexions télécoms, sont encore très élevés. Même son de cloche à l’UZ Leuven: ”Le stockage dans le Cloud fait aujourd’hui partie des options”, conclut Reinoud Reynders.
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La machine à café virtuelle Grâce à des applications comme Slack, les collaborateurs qui télétravaillent ne doivent plus sacrifier les échanges entre collègues à la machine à café. Et ils peuvent continuer à faire du brainstorming.
IDÉES POUR UTILISER SLACK Sur un poste de travail Intranet ou numérique de style Google Drive, il n’y a pas de place pour le brainstorming informel ni pour les discussions spontanées. Chez l’éditeur en ligne Frankwatching, les collaborateurs utilisent depuis plusieurs mois la version pour entreprises de la plateforme de chat Slack. “Les gens travaillent mieux ensemble quand ils ont des contacts sociaux”, explique Frank Janssen, éditeur chez Frankwatching.
ZÉRO BUREAUX “Une trentaine de personnes travaillent ici et toutes utilisent activement l’application Slack. Nous travaillons sur plusieurs espaces de travail. Par exemple, nous partageons certains environnements avec des personnes extérieures à l’entreprise, comme nos formateurs et nos partenaires externes”, poursuit l’éditeur. La plateforme de chat Slack est une variante virtuelle du contact réel entre collègues. “Notre siège est à Utrecht, mais cela fait longtemps que nous travaillons sans bureaux”, poursuit-il. “Ceux qui se rendent tous les jours au bureau font exception. La plupart travaillent chez eux ou dans des lieux variables.” Pour Frank Janssen, Slack présente trois grands avantages. Tout le monde peut participer, on voit immédiatement qui s’intéresse à quoi et le système fonctionne comme une sorte de banque de connaissances
où chacun contribue à la mémoire collective de l’entreprise. Slack est-il voué à remplacer toutes les communications via le chat? “Nous utilisons autant le chat classique via Google hangouts que Slack. Mais les choses évoluent et Slack est en train de devenir le canal le plus utilisé”, poursuit Janssen. La conséquence? “Nous avons réussi à réduire de 10 à 20% le nombre de e-mails échangés, tout en augmentant les échanges entre collègues”. Pour lui, Slack est plus efficace et plus agréable. “Pas uniquement parce que nous utilisons des images amusantes, mais aussi parce le ‘tone of voice’ est plus informel que via mail.”
Commencez en douceur, par quelques canaux seulement. Nommez des ambassadeurs, c’est-à-dire des utilisateurs qui s’adresseront à leurs collègues qui, à leur tour, utiliseront Slack. Permettez à chacun d’être luimême. Sur Internet, on trouve des personnes qui regardent, d’autres qui partagent et d’autres encore qui contribuent. Slack ne fait pas exception. Ajoutez une touche de fun. Racontez votre week-end, vos vacances ou parlez d’autres sujets plus privés, comme vous le feriez à la machine à café.
“Nous avons réussi à réduire de 10 à 20% le nombre de e-mails échangés.” ©Shutterstock
Frank Janssen Frankwatching
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© Studio Dann
Dans la peau d’un hacker Les cambrioleurs ont tendance à s’attaquer aux cibles les plus faciles, comme les maisons dont les fenêtres ou les portes de service sont ouvertes, ce qui leur permet d’agir rapidement, efficacement et en prenant le moins de risques possible. Les hackers aussi cherchent les failles non sécurisées ou sous-protégées dans les infrastructures Internet des entreprises, et ils y entrent discrètement. Sweepatic a créé des logiciels capables d’inventorier les traces numériques laissées en ligne par les entreprises - réseaux d’entreprises, serveurs, stockage dans le Cloud, appareils mobiles, internet des objets, réseaux sociaux, y compris les fichiers individuels: tout est répertorié, scanné et analysé en termes de risque. Dès que tous les points faibles sont identifiés, les entreprises peuvent y remédier de la manière la plus appropriée. Cela a pour conséquence de décourager les hackers qui renoncent à pirater l’entreprise car cela leur demande beaucoup trop d’efforts.
INFOS NUMÉRIQUES OUBLIÉES “Les entreprises ne peuvent sécuriser leur infrastructure IT et prévenir les dangers potentiels que si elles disposent d’informations correctes et complètes”, précise Stijn Vande Casteele, CEO de Sweepatic. “Mais la collecte des données numériques est souvent trop lente et trop fragmentée, et les entreprises passent souvent à côté de certains éléments potentiellement
Stijn Vande Casteele, Sweepatic.
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La société Sweepatic se glisse dans la peau d’un hacker pour examiner les activités numériques des entreprises. Ce bon repérage des points faibles et des dangers potentiels permet d’améliorer la résistance aux cyber-attaques.
“La première étape pour se conformer au GDPR est de cartographier toutes les traces numériques laissées par son entreprise.”
dangereux comme, par exemple, les pages web d’une ancienne campagne de promotion en ligne ou des données de connexion sur un site de réseautage qui n’est plus utilisé.” C’est pourquoi, en 2006, il décide de créer Sweepatic avec pour objectif de cartographier les traces numériques des entreprises, en augmentation et en évolution permanentes, de manière plus qualitative, complète et rapide. “Notre logiciel utilise les mêmes techniques d’exploration que les cybercriminels quand ils préparent leurs attaques. Nous examinons les données qui sont visibles de l’extérieur, car c’est là que sont les principaux risques: 97% des attaques viennent de l’extérieur de l’entreprise.”
IMMEUBLE À APPARTEMENTS Stijn Vande Casteele Sweepatic
Six modules de logiciels exécutent chacun une tâche spécifique. Le premier cartographie l’étendue des traces numériques laissées par l’entreprise, le suivant plonge plus profondément dans le contenu jusqu’à ce qu’il obtienne une image microscopique très détaillée, etc. “Nous utilisons souvent la métaphore de l’immeuble à appartements pour expliquer notre travail: nous commençons par mesurer la hauteur, la profondeur et la largeur du bâtiment. Nous comptons ensuite le nombre d’étages, nous repérons les portes et fenêtres, puis nous vérifions si certaines d’entre elles sont ouvertes, ce
qui s'y trouve et ce qu’il y a à voler”. En quelques heures ou en quelques jours, selon la taille de l’entreprise, Sweepatic fait une synthèse de toutes ces données. “Pour réaliser une étude de risque, il faut répertorier et assurer un suivi permanent de toutes les traces numériques laissées par l’entreprise. D’ailleurs c’est aussi la première étape à franchir pour se mettre en conformité avec la General Data Protection Regulation (GDPR) le règlement relatif à la protection des données- , qui entrera en vigueur le 25 mai prochain.” Au cours de cette analyse, certaines ‘vulnérabilités’ remontent à la surface: fuites d’informations ou points faibles utilisables par des personnes externes à l’entreprise. “Des choses à première vue sans importance, comme la version d’un logiciel ou d’un système d’exploitation qui transparaît dans les documents, représentent un danger potentiel. Les pirates connaissent les faiblesses de ces logiciels et peuvent les exploiter pendant leur attaque. C’est pourquoi il est important de garder ses logiciels à jour. C’est souvent dans les programmes obsolètes que se cachent les principaux points faibles.”
PROBLÈMES DE SÉCURITÉ Les Mutualités Chrétiennes, la banque KBC et d’autres organisations du secteur financier font aujourd’hui appel à Sweepatic. “En principe, notre application peut être utilisée dans tous
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AMÉLIOREZ LA SÉCURISATION DE VOS DONNÉES NUMÉRIQUES Automatisez les processus administratifs Les erreurs humaines et la distraction sont à l’origine de la plupart des risques numériques. Un rapport oublié sur un serveur, des données qui ne sont pas arrivées à la bonne destination… Les robots-logiciels peuvent prévenir ces risques, par exemple en s’assurant que les chiffres et les informations soient transférés en toute sécurité du point/personne A au point/personne B ou C.
© Studio Dann
les secteurs. Depuis peu, nous remarquons un intérêt croissant des télécoms et des médias. Idem à l’étranger: à la fin de l’année dernière, nous avons signé notre premier contrat avec un client britannique.” Sweepatic a même aidé le gouvernement américain à résoudre un problème de sécurité. “Pour nous améliorer en permanence et tester notre logiciel, il nous arrive de balayer de notre propre initiative les sites d’entreprises et d’organisations. C’est ainsi que nous avons fait tourner Sweepatic sur le site www.usa.gov. Quelques jours plus tard, nous avons constaté qu’un sous-domaine de ce site était lié à un fournisseur de Cloud, ce qui aurait permis à des personnes mal intentionnées d’en prendre le contrôle. Nous avons directement colmaté cette brèche et en avons informé les Etats-Unis via la procédure officielle, ce qui nous a valu leurs chaleureux remerciements. Quelques mois plus tard, nous avons répété l’exercice pour une institution européenne. La procédure règlementaire a été appliquée en concertation avec l’équipe officielle, la Computer Emergency Response Team de l’Union Européenne (CERT-EU). Dans ce cas également, nous avons pu identifier un réel danger de piratage. Cette
“En moyenne, cela prend 100 jours pour réaliser qu’on a été victime d’un piratage.” Stijn Vande Casteele Sweepatic
méthodologie permet de rendre Internet plus sûr. Et, pour nous, c’est une manière d’augmenter la crédibilité de notre logiciel.” Actuellement, Sweepatic développe d’autres logiciels d’alerte qui seront injectés dans l’empreinte numérique de ses clients et génèreront des signaux d’alarme lorsqu’un tiers les explore/radiographie en ligne. “Cela nous permet de prévoir, détecter et bloquer les cyber attaques dès la phase de reconnaissance. En moyenne, cela prend 100 jours pour
Imposez une politique en matière de mot de passe Fixez des règles en matière de mot de passe et obligez vos collaborateurs à les respecter: longueur du mot de passe, type de caractères, nombre de chiffres et de symboles qu’ils doit contenir, etc. ainsi que la fréquence de changement. Identifiez et enregistrez qui a accès à quel mot de passe et pour quelle application. Mettez une procédure en place Il n’est pas possible d’exclure à 100% le risque de piratage informatique. Il est donc conseillé de réfléchir aux enjeux que ce risque représente. Préparez un plan d’urgence: qui appeler en priorité pour obtenir de l’aide, comment informer les instances judiciaires, quelles mesures prendre pour le réseau de l’entreprise et l’accès à Internet, etc.
réaliser qu’on a été victime d’un piratage. Ce n’est donc pas du luxe.” Il faut aussi prendre en compte le nombre croissant de piratages via des logiciels ‘rançonneurs’ (ou ‘ransomware’), qui réclament une rançon en échange de la restitution des données numériques prises en otage. “Pour ces cas également, il est indispensable que les entreprises puissent détecter très tôt les menaces qui pèsent sur leurs systèmes.”
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Du nouveau au rayon IT Quatre nouveautés indispensables ou non pour améliorer la qualité de la vie au bureau.
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DU PC À LA TABLETTE
RÉUNIONS DU TROISIÈME TYPE
Le nouveau Surface Book 2 Microsoft est la preuve que les PC portables ne sont pas moins puissants que leurs grands frères, les desktops. La version 15” (qui sera disponible en Belgique à partir du mois d’avril) est équipée d’un processeur Intel hyper rapide 8ème génération. Grâce au NVIDIA GeForce GTX 1050 (ou 1060) intégré, il est même possible d’utiliser les applications graphiques (très exigeantes). Autre atout: l’écran tactile pivotant se transforme en tablette quand on le sépare du clavier. Sans oublier l’exceptionnelle autonomie de la batterie: ce mini-ordinateur design peut fonctionner pendant 17 heures non-stop.
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Prix conseillé: à partir de 2.799 euros. 3
SMARTWATCH ACTIVE Grâce à la smartwatch, on n’est plus obligé de passer ses journées rivé à l’écran de son smartphone pour gérer ses e-mails, répondre au téléphone et consulter son agenda. Seul bémol: ces applications sont énergivores et il faut donc recharger régulièrement ses batteries. Ce n’est pas le cas de la Matrix PowerWatch X: elle se recharge grâce à la chaleur corporelle de celui ou celle qui la porte. Cette smartwatch est aussi un encouragement à bouger car, plus on est actif, plus on produit de l’énergie et donc de l’électricité. Elle est compatible avec les appareils mobiles Android et iOS, mais elle ne donne accès qu’à une gamme limitée d’applications. Prix conseillé: à partir de 199 dollars.
Des collègues sont au bureau, d’autres sur la route, un autre fait du télétravail et le manager est en voyage d’affaires: aujourd’hui, l’organisation d’une réunion peut relever de l'exploit. La solution TeamConnect Wireless, du spécialiste audio Sennheiser, transforme n’importe quel lieu en salle de réunion. Cet appareil permet de réunir 24 personnes où qu’elles se trouvent. Le micro et les haut-parleurs intégrés sont de bien meilleure qualité que ceux d’un PC ordinaire et les connexions sont établies via USB, Bluetooth et un audiojack de 3,5 mm. On peut donc connecter tous les participants, y compris ceux qui ne disposent pas d’un TeamConnect. Cet appareil est compatible avec Skype for Business, OpenSpace et GoToMeeting entre autres. Prix conseillé: à partir de 2.750 euros.
DANS SA BULLE
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Le nouveau casque PX de Bowers & Wilkins est équipé de microphones intégrés et d’un logiciel qui filtre le son ambiant, ce qui permet de ne pas être dérangé par ses collègues, les sonneries du téléphone, les bruits de la rue ou la pollution sonore ambiante dans les avions et les trains. Le casque est connecté sans fil au smartphone via Bluetooth Apt-X et peut également être utilisé pour passer des appels mains libres. La mousse isolante des écouteurs s’adapte parfaitement à toutes les oreilles. Prix conseillé: à partir de 399 euros.
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La protection des données personnelles est enfin effective La ‘General Data Protection Regulation’ ou ‘Directive sur la Protection des Données à caractère Personnel’ est la nouvelle règlementation qui entrera en vigueur le 25 mai 2018 dans toute l’Union Européenne. Hans Graux, avocat au cabinet spécialisé time.lex, précise: “Cette loi s’appliquera au traitement des données personnelles et des informations permettant d’identifier une personne, sauf dans le cadre d’un usage domestique ou privé. Elle concerne les noms, données de contact, évaluations, photos, vidéos, etc. La règlementation s’applique aux entreprises, mais également aux indépendants.” En réalité, peu de choses changeront pour la plupart des entreprises, mais l'avocat tient à souligner le principe de responsabilité qui apparaît dans la nouvelle loi. Du boulanger aux multinationales, toutes les entreprises devront être en mesure d’expliquer quelles sont les données stockées, l’usage qu’elles en font et prouver qu’elles sont bien protégées.
PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ Il y a trois ans, Nick Koopmans a créé Pixelvision, une société spécialisée dans la reconnaissance de données dans des images, comme la reconnaissance faciale ou de plaques d’immatriculation. Vu que son entreprise traite des montagnes de données, il s’est penché sur la GDPR. Le contenu de la règlementation
“Au cours des deux premières années, il est peu probable que des contrôles aient lieu dans les PME.” Frank Socquet Unizo
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GDPR est en réalité 20% juridique et 80% pratique: que faites-vous des données? Comment gérez-vous vos mots de passe? Quelles sont les informations stockées sur des clés USB? Comment fonctionnent les flux de données? Ces informations doivent être reprises dans un registre que l’on pourrait comparer à une sorte de comptabilité sur la protection de la vie privée. Chez Pixelvision, il a fallu six semaines à Nick Koopmans pour inventorier toutes les données, compléter le registre et prendre de nouvelles mesures là où c’était nécessaire. “Mais les conséquences de la GDPR sont spécifiques à chaque entreprise. Pour certaines d’entre elles, cet exercice
est simple, alors que, pour d’autres, un bureau de comptabilité, par exemple, un audit complet des systèmes s’impose. Mais les avantages dépassent les coûts. Et de loin.” Dès que l’on parle de GDPR, le Data Protection Officer (DPO) entre en jeu. Le rôle d’un DPO est de contrôler si l’entreprise respecte la loi sur la protection de la vie privée. Il existe trois types de sociétés où il est obligatoire de nommer un DPO: les instances gouvernementales, les organisations qui réalisent régulièrement des observations à grande échelle comme la vidéosurveillance des firmes de sécurité ainsi que les entreprises chargées de gérer des catégories particulières de données à caractère
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La nouvelle règlementation de l’UE, la General Data Protection Regulation, aura-t-elle des conséquences concrètes pour votre entreprise? Quid des coûts? Et des risques? Aperçu et solutions.
LA GDPR EN CINQ ÉTAPES La directive GDPR entrera en vigueur dans deux mois. Si vous n’avez pas encore mis en place de stratégie, Hans Graux vous propose de suivre les étapes suivantes: Répertoriez par écrit toutes les données personnelles dont votre entreprise dispose et la façon dont elles sont traitées. Insérez dans vos contrats les clauses appropriées sur la protection des données.
personnel considérées comme très sensibles, comme les données médicales, sur l’origine ethnique, la religion, l’orientation sexuelle et pénales. Même si la présence d’un DPO n’est pas obligatoire, dans de nombreux cas il peut être intéressant de nommer un responsable, ne fût-ce qu’à temps partiel.
LE RESPECT EST VALORISÉ Quels sont les risques en cas de nonrespect des nouvelles règles? Les amendes peuvent atteindre 4% du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise, avec un maximum de 20 millions d’euros. "En théorie", explique Frank Socquet, conseiller juridique à l’Unizo, se référant aux déclarations
du président actuel de la Commission de protection de la vie privée. “Au cours des deux premières années, il est peu probable que des contrôles aient lieu dans les PME, mais certaines personnes pourraient être tentées de porter plainte pour tester leurs droits.” D’autres éléments pourraient s’avérer encore plus importants, comme la valeur de marché de la protection des données et le risque réputationnel. Que se passe-t-il si l’on apprend que quelqu’un a oublié dans le train un ordinateur non sécurisé contenant des données financières sur vos clients? “Le respect du GDPR pourrait avoir une réelle valeur de marché”, conclut Frank Socquet.
Mettez-vous d’accord avec vos collaborateurs sur la manière dont ils doivent traiter les données à caractère personnel et mettez en œuvre les procédures adéquates. Sensibilisez vos collaborateurs et faites en sorte que la protection des données personnelles fasse partie intégrante de la culture d’entreprise. Vous traitez des données sensibles? Dans ce cas, il vaut mieux recourir à l’aide d’un Data Protection Officer qui pourra, si nécessaire, prendre des mesures complémentaires.
ENTREPRENDRE
Les salons professionnels sont la cerise sur le gâteau Deux entreprises qui se rencontrent lors d’un salon professionnel international et qui deviennent partenaires, au bénéfice des deux parties, cela semble l’objectif rêvé pour toute entreprise qui réserve, installe et gère un stand dans un de ces salons. Et pourtant, ces premières étapes avant d’arriver à un accord de collaboration sont en général réalisées avant même l’ouverture du salon, explique Marc Veldeman, CEO du spécialiste belge de la literie, Veldeman Bedding. “Tout a commencé par un contact avec un représentant chinois que nous avions invité début 2017 au salon du meuble de Cologne, le plus important d'Europe pour notre secteur. Nous lui avions expliqué que nous étions à la recherche d’un partenaire chinois partageant les valeurs de notre entreprise: caractère familial, approche durable, etc. Il nous a mis en relation avec une société chinoise que nous avons invitée à visiter notre entreprise. Un bon contact s’est établi immédiatement. Nous sommes ensuite allés les voir en Chine.”
MARCHÉ DU MATELAS “Nous avons constaté que leur philosophie était identique à la nôtre. Tous les ingrédients de l’un des principaux contrats de l’histoire de notre entreprise étaient rassemblés bien avant l’ouverture du salon de Shanghai. La signature de l’accord au cours du salon a été la cerise sur le gâteau.” © Studio Dann
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Lors du salon annuel du meuble à Shanghai, l’entreprise Veldeman Bedding a conclu un contrat de licence avec l’un des plus importants producteurs de matelas de Chine. Quelle est l’importance de ces salons professionnels internationaux? Et comment les PME tirent-elles leur épingle du jeu?
“Le plus gros du travail avait déjà été réalisé avant même l’ouverture du salon.” Marc Veldeman Veldeman Bedding
peuvent donc acheter une marque européenne moins chère.” Veldeman Bedding a conclu un accord comparable, mais de moindre envergure, avec une firme britannique. “À cause du Brexit, il ne sera plus intéressant d’avoir sa propre unité de production au Royaume-Uni, à long terme. Nous avons donc cherché un partenaire britannique capable de fabriquer nos matelas sur place. Le contrat a été conclu lors du salon du meuble de Bruxelles.”
PIEDS SUR TERRE
Marc Veldeman, Veldeman Bedding.
Cet accord porte sur une collection de matelas Veldeman qui seront exclusivement fabriqués et vendus en Chine, ce qui devrait représenter un chiffre d’affaires d’au moins 6 millions d’euros par an. Veldeman fournit le savoir-faire, le marketing et les différents éléments à assembler. “Le marché du matelas en Chine s’est beaucoup développé ces cinq dernières années. Les clients préfèrent les marques européennes, mais ces dernières sont chères à cause du coût élevé et des conséquences écologiques du transport par conteneurs, et les matelas sont des produits très volumineux! De plus, les exportations vers la Chine sont soumises à des règles et des quotas stricts. Grâce à notre accord, nous ne devons plus exporter nos matelas car ils sont produits sur place. Nos clients chinois
Chaque année, Veldeman Bedding participe à cinq salons professionnels: Cologne, Shanghai, Utrecht, Paris et Bruxelles. “Nous avons fait une croix sur le salon de Milan car il est cher, axé sur le prestige et sur la présentation extravagante des produits et des marques. On y conclut très peu de deals. Dès lors, j’estime que ce n’est pas responsable d’y participer, parce que les frais finissent par être plus élevés que les bénéfices. L’image est une chose, mais il faut garder les pieds sur terre. Du moins, c’est mon avis.” “Par ailleurs, nous essayons que le look & feel de notre stand soit le même partout pour que notre image soit reconnaissable et cohérente et que nos clients s’y sentent chez eux. Nous participons à ces salons essentiellement pour faire des affaires. Montrer nos nouveautés, enregistrer
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des commandes, conclure des partenariats, établir des contacts: ce sont les principaux objectifs d’un stand dans une foire. En tant qu’entreprise ayant pignon sur rue et avec un beau portefeuille de clients, nous continuons à attirer de nouveaux clients, mais moins que les sociétés
plus jeunes. Pour elles, les salons professionnels sont essentiels pour élargir leur clientèle.” Que coûte la participation à un salon? Il faut compter le droit d’entrée, le coût de la conception et de la construction du stand et la location de la surface. S’y ajoutent différents
RENTABILISEZ VOTRE PARTICIPATION À UN SALON PROFESSIONNEL La taille n’est pas tout “Vous ne vendrez pas dix fois plus avec un stand de 1.000 m2 qu’une société qui en a un plus petit”, témoigne Marc Veldeman (Veldeman Bedding). “Il faut se focaliser sur les résultats concrets bien plus que sur l’image.” Entretenez des contacts avec les fédérations sectorielles “Les jeunes entreprises qui souhaitent réduire leurs coûts peuvent organiser un stand commun. Les fédérations sectorielles belges proposent souvent ce type de stands aux entreprises nationales lors des salons à l’étranger. Il s’agit souvent d’un grand stand divisé en petits espaces avec bar central et services partagés.” Faites un débriefing complet “Nous faisons un débriefing après chaque salon. Nous discutons des points positifs et négatifs: que pouvons-nous améliorer? Qu’est-ce qui a bien marché et que nous pouvons reprendre lors du prochain? Nous faisons aussi nos calculs: avons-nous couvert nos frais? Est-il économiquement justifié de revenir l’an prochain?”
frais indirects, ajoute Marc Veldeman. “La main d’œuvre pour la préparation et le transport du stand ainsi que le matériel promotionnel, la présence des vingt membres de notre équipe commerciale, les frais de déplacement et de logement: tout ces coûts doivent être pris en compte pour calculer le prix de revient d’une participation à un salon.”
COÛTS INDIRECTS Par ailleurs, cette participation se prépare des mois à l’avance. “Nous informons nos clients de notre venue, levons un coin du voile sur les nouveautés et prenons des rendez-vous. Et nous essayons de convaincre quelques gros clients internationaux de s’y rendre: nous leur offrons des entrées gratuites, et nous les invitons au restaurant. Il nous arrive aussi de leur offrir l’hôtel, en particulier lorsqu’ils viennent au salon du meuble à Bruxelles.” “Le plus important, c’est que la participation soit rentable. Le salon de Cologne nous coûte 200.000 euros. Nous savons donc à l’avance quels résultats nous devrions réaliser pour amortir ces coûts et, de préférence, dégager un bénéfice.” “De plus”, conclut l’entrepreneur, “les commandes enregistrées pour un nouveau produit lors d’un grand salon ne sont rentables que sur le long terme, car la plupart des clients passent également d’autres commandes pendant le reste de l’année”.
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La plus-value du conseil d’administration Quand faut-il prévoir un conseil d’administration pour votre entreprise? In tempore non suspecto car, si on attend que ce soit réellement nécessaire, on arrive trop tard, explique Liesbeth De Ridder, secrétaire générale de l’Institut belge des Administrateurs, GUBERNA.
COMITÉ CONSULTATIF OU CONSEIL D’ADMINISTRATION? Pourquoi mettre en place un conseil d’administration (C.A.) pour votre entreprise? Liesbeth De Ridder, secrétaire générale et responsable du centre Family Business Governance de GUBERNA, énumère plusieurs raisons. Elle estime que c’est une étape indispensable dans la professionnalisation de la gestion d’une entreprise, d’une caisse de résonance pour les entrepreneurs et que cela met le monde extérieur en confiance. “Les entrepreneurs me confient qu’ils apprécient de ne plus être seuls. Et que c’est une bonne chose d’être obligés de prendre le temps de réaliser ce reporting, sinon, cela ne se ferait jamais. Un C.A. aide également à prendre des décisions difficiles et à affiner la stratégie de l’entreprise.”
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Alors qu’un comité consultatif n’a aucun pouvoir de décision et aucune responsabilité juridique, les obligations et responsabilités d’un conseil d’administration sont régies par la loi. Les administrateurs sont nommés par l’Assemblée Générale et prennent ensemble des décisions dans les domaines qui sont délégués au C.A. Les administrateurs ont des droits et des devoirs d’information. Même si le Comité Consultatif est plus léger et qu’il représente souvent un simple tremplin pour les entrepreneurs qui ont des appréhensions, cela reste une initiative positive pour les entreprises.
L’efficacité d’un conseil d’administration dépend de la qualité de ses membres. “Ce n’est pas parce que quelqu’un est déjà administrateur d’une autre société qu’il est la meilleure personne pour la vôtre”, estimet-elle. “Réfléchissez à vos objectifs. De quelles expertises et de quelles expériences avez-vous besoin? Nous recommandons aussi d’interviewer les administrateurs potentiels et de prendre le temps de leur préciser vos attentes.” Dès que ses membres sont nommés, le conseil peut commencer à travailler. “En termes de gouvernance, la structure des réunions est importante”, poursuit De Ridder. "Le C.A. a une mission bien définie et, en fonction de ces objectifs, il convient de préparer l’ordre du jour et les points de discussion. Lors de chaque réunion, il y a des décisions à prendre, des sujets à négocier et d’autres points purement informatifs.” Le rôle du président du conseil d’administration est important: il veille à ce que le temps des administrateurs soit utilisé de la manière la plus efficace, ce qui n’est possible que si les réunions sont bien planifiées, que les administrateurs ont eu les informations en temps utile et que les comptes rendus sont rédigés correctement. “Les administrateurs externes ont une belle valeur ajoutée car ils obligent l’entreprise à être plus disciplinée.”
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Un choix tant émotionnel qu’économique “Cela devrait aussi nous permettre d’attirer d’autres talents dans la région.” Gunther Vanpraet Economisch Huis Oostende
“Deux de nos collaborateurs vivent dans le Limbourg. Pour leur faciliter la vie, nous leur avons installé un poste de travail dans une autre entreprise. Cela devrait aussi nous permettre d’attirer d’autres talents dans la région”, poursuit Michel De Baer. “En Flandre Occidentale, nous avons également voulu ouvrir un bureau pour nos collaborateurs de la région. Nous avons choisi la côte et Ostende, de préférence à la région de Courtrai-Roulers. Cette ville offre à nos collaborateurs l’opportunité de prendre l’air pendant la pause déjeuner. Nous avons cherché un endroit sympa et nous l’avons trouvé sur la digue. C’est le petit plus que nous recherchions.”
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Saint-Nicolas Waes est-il le meilleur endroit pour un bureau? Michel De Baer en est convaincu: "Si vous arriverez en train et qu’il pleut, vous ne serez plus mouillé tellement nous sommes près de la gare. En voiture, Saint-Nicolas se trouve à un carrefour autoroutier, ce qui permet de se rendre rapidement à Gand et à Anvers, via la E17, et à Bruxelles, via la N16 et l’A12. Et il y a trois parkings à 50 mètres. Le plus cher me coûte 1 euro par jour.” Même s’il est né et vit à Saint-Nicolas Waes, Michel De Baer voit sa ville avec le cœur, mais aussi en tant que patron d’entreprise. L’agence de marketing en ligne OMCollective est un véritable people business, où la valeur ajoutée est produite par l’humain et non par des machines. “Notre secteur est au sommet des métiers en pénurie”, reconnaît-il. “Nous sommes en permanence confrontés à une guerre des talents; nous chouchoutons donc nos collaborateurs. La rémunération et le contenu du travail sont importants, certes, mais aussi l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et, donc, le(s) lieu(x) de travail. Nous avons également installé une salle de cinéma et un bar à café dans nos bureaux parce que nous voulions leur offrir un petit plus.” À la lumière de cette guerre des talents, OMCollective a ouvert deux autres antennes, à Hasselt et Ostende.
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Il n’y a pas de meilleur endroit pour travailler qu’un bureau à coté de la gare de Saint-Nicolas Waes. Michel De Baer, CEO d’OMCollective, en est convaincu. Cela ne l'a pas empêché d'ouvrir deux autres bureaux, loin des embouteillages qui paralysent le pays, pour des raisons financières. Et émotionnelles.
Chez OMCollective, les collaborateurs travaillent généralement au bureau, mais d’autres entreprises envoient tous les jours leurs vendeurs ou techniciens dans tout le pays pour commercialiser leurs services ou dépanner les clients.
BUREAUX SUR LA DIGUE
Michel De Baer, OMCollective.
“Ces gens sont stressés matin et soir. C’est pourquoi plusieurs entreprises ont pensé que ce serait peut-être une bonne idée d’ouvrir une filiale loin des embouteillages. Les bons employés sont envoyés aux quatre coins du pays. Ils vont en Flandre Occidentale le matin et dans le Limbourg l’aprèsmidi. On ne peut pas compenser de tels inconvénients avec de l’argent”, précise Gunter Vanpraet, administrateur délégué de l’Economisch Huis Oostende. Plusieurs entreprises sont venues frapper à sa porte à la recherche d’une autre implantation, ce qui lui a fait dire que Ostende serait l’idéal. En effet, l’Economisch Huis Oostende dispose de nombreux arguments économiques et financiers pour convaincre les entreprises. Par exemple, la moyenne des salaires bruts est, comme au Limbourg, inférieure à celle du centre du pays. Le prix de l’immobilier de bureaux est également moins élevé (voir encadré). “Le problème est également au niveau de la disponibilité des bâtiments et
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des terrains, en particulier à l’horizon 2023”, poursuit-il. “C’est un peu moins cher ici, pour autant que l’on ne soit pas sur la digue.” Et c’est précisément l’endroit qu’a choisi Michel De Baer pour installer les bureaux de OMCollective. Pourquoi pas un bâtiment industriel bien équipé à l’intérieur des terres? “Nous avons visité plusieurs villes de la côte, mais Ostende est particulièrement belle et son offre culturelle est vaste”, explique l’entrepreneur.
“De plus en plus de salariés refusent d’être tous les jours coincés dans les embouteillages.”
TREMPLIN POUR L’EXPANSION Michel De Baer OMCollective © Sutdio Dann
“C’est aussi un choix émotionnel, mais, si je réfléchis en termes économiques, il y a beaucoup d’arguments en faveur de cette décision. Remplacer un collaborateur me coûte facilement entre 30.000 et 40.000 euros, rien qu’en frais de formation. L’installation du cinéma et du bar à café représente un budget, certes, mais si, grâce à cela, je peux garder mes employés deux semaines de plus, c’est vite rentabilisé. Quant au supplément de loyer pour un lieu agréable, il est marginal et immédiatement amorti. Nous avons l’ambition d’être le meilleur employeur du secteur.” Gunter Vanpraet est sur la même lon-
gueur d’ondes: “De plus en plus de salariés refusent d'être tous les jours coincés dans les embouteillages. Ils sont prêts à gagner moins pour plus de qualité de vie. En effet, c’est très frustrant de ne pas savoir à quelle heure on rentrera le soir à la maison.” De plus, les heures perdues dans les embouteillages entre le dernier client
PÉRIPHÉRIE VS CENTRE VILLE SALAIRES
BUREAUX
Les derniers chiffres (2015) publiés par Statbel, le bureau de statistique du SPF Économie, montre que les salaires moyens bruts (euros/mois) en Wallonie sont moins élevés qu’au centre du pays.
Les loyers indicatifs suivants (euros/mètre carré/an) des bureaux dans le centre des villes sont fournis par la société immobilière Cushman & Wakefield. Les chiffres entre parenthèses indiquent le ‘prime rent’ (les meilleurs emplacements de bureaux).
Région Bruxelles Capitale Province du Brabant-Wallon Province du Hainaut Province de Liège Province de Namur Province du Luxembourg
Bruxelles: Louvain: Charleroi Liège Namur
3.972 euros 3.581 euros 3.107 euros 3.205 euros 3.072 euros 2.909 euros
170 (305 euros) 128 (140 euros) 100 (130 euros) 128 (150 euros) 134 (155 euros)
et les bureaux de l’entreprise sont des heures qui coûtent cher à l’employeur. “Une deuxième implantation permet d’apporter une meilleure sécurité opérationnelle à nos clients, car il y a plus de chances que nos collaborateurs arrivent à temps. Si nos clients doivent attendre un technicien parce qu’il est bloqué dans les embouteillages, cela provoque des coûts supplémentaires”, poursuit-il. “De plus, une implantation dans une autre région peut servir de base d'expansion. Nous constatons que les entreprises qui ouvrent un deuxième bureau obtiennent davantage de budgets. Les entrepreneurs participent aux appels d’offres qu’ils négligeaient parce que c’était trop loin, trop cher, trop difficile à organiser… Une seconde implantation leur permet d'y participer plus facilement et, donc, d’étendre le domaine de leurs activités.” “Les clients apprécient également que nous soyons une entreprise locale, poursuit De Baer. “Je le dis parfois en riant: si vous êtes en colère contre nous, vous pouvez venir jeter une pierre dans nos fenêtres. Ce n’est pas encore arrivé – soyons clairs – mais cette blague est très appréciée.”
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Le juste prix dans votre boutique en ligne Le spécialiste en économie comportementale An Ariely est formel: une option inintéressante insérée dans votre offre peut doper le chiffre d’affaires. Pour l’affirmer, il a fait des recherches sur les trois formules d’abonnement du magazine The Economist: 59 dollars pour un accès en ligne, 125 dollars pour le magazine papier et 125 dollars pour la combinaison des deux formats. 16% des nouveaux abonnés ont choisi un abonnement en ligne et 84%, la combinaison des deux formules. Personne n’a choisi la deuxième option, mais il ne faut pas la supprimer car, dans ce cas, 68% choisiraient le magazine en ligne et seulement 32% pour la combinaison, plus chère, des deux formats. D’après l’Université Cornell, l’absence de la devise à côté du prix se traduit par une hausse du chiffre d’affaires de 8%. Donc, il vaut mieux afficher 150 au lieu de 150 euros. Si votre webshop s’adresse à un public international, il est difficile de ne pas indiquer la devise. Dans ce cas, il est conseillé de diminuer sa visibilité en réduisant la police de caractères. Par contre, en cas de promotions, il est conseillé d’ajouter le sigle de la devise et de le rendre bien visible pour que la ristourne soit perçue comme plus importante. Vos clients lisent de gauche à droite, c’est le premier chiffre qu’ils voient qui reste en mémoire. Voilà pourquoi de nombreux webshops mentionnent 99,99 euros au lieu de 100 euros. D’après la Rutgers University, cela ne
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Les boutiques en ligne ont de plus en plus de succès. En pratiquant une bonne psychologie en matière de prix, vos clients seront plus nombreux et ils dépenseront plus.
LA PSYCHOLOGIE DES PRIX EN 5 POINTS • Insérez une offre inintéressante dans le catalogue. • Ne mentionnez pas la devise ou réduisez sa visibilité. • Utilisez des prix ronds juste pour les produits chers. • Évitez les virgules et les points. • Indiquez les prix en rouge. Source : AGConsult.
fonctionne qu’avec les produits bon marché. Pour les articles plus chers, les prix qui se terminent par des décimales (95 ou 99) peuvent être associés à une qualité inférieure. D’ailleurs, la marque de luxe Paul Smith indique plutôt des chiffres ronds. Les
chiffres courts, sans virgule ni points (1.200), sont perçus comme plus intéressants que les longs (1.199,99). La couleur dans laquelle les prix sont affichés a aussi une influence sur le chiffre d’affaires d’un webshop. La professeure de marketing Nancy M. Puccinelli a montré deux publicités à un groupe de consommateurs: la première avait des chiffres en rouge et l’autre, des chiffres en noir. Elle a remarqué que les hommes trouvaient les prix rouges plus avantageux, alors que chez les femmes, elle n’a constaté aucune différence significative. Cette recherche a été faite à partir d’un dépliant publicitaire papier, mais ces résultats peuvent être appliqués aux ventes en ligne. Ce n’est donc pas un hasard si un acteur internet comme Bol.com affiche ses prix en rouge.
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Un changement de modèle opérationnel donne des ailes Content Crackers a vu le jour en 2012. Jusqu’à la fin de l’an dernier, cette agence de création de 15 collaborateurs développait, entre autres, des stratégies numériques, des campagnes via les réseaux sociaux et des sites Internet pour les entreprises. En octobre 2017, Google disait d’elle qu’elle était l’une des 18 high potential agencies en Belgique. Et puis, tout a changé. Au début de l’année 2018, elle a fermé se portes. Ses deux activités principales, webdesign et publicité en ligne, ont été transférées dans deux nouvelles sociétés, Webhero et JAYJAYS. Les autres activités (réseaux sociaux, création de bulletins d’information, de styles graphiques et de logos, développement d’applications, etc.) ont été stoppées. Ce changement structurel radical et audacieux,
“Les entrepreneurs doivent consacrer du temps à leur entreprise et pas uniquement dans leur entreprise.” Sander Claes Webhero Sander Claes et Jo Deferm, Webhero.
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Une entreprise qui change de cap ne doit pas nécessairement réduire la voilure. La société Webhero est la preuve qu’un nouveau départ peut être synonyme de stratégie de croissance. Quelles leçons en tirer?
“Nous avons finalement décidé de ne procéder à aucun licenciement.” Jo Deferm Webhero
a demandé des nuits blanches ainsi que des mois de réflexion et de calculs de rentabilité. Un nouveau départ n’est pas toujours synonyme d’échec, au contraire: pour Webhero, ce fut un choix pour créer de nouvelles opportunités et multiplier le potentiel de croissance. La barre a été placée très haut: l’objectif pour 2018 est de créer un nouveau site web pour 1.000 entreprises.
1. AUDACE ET VISION “Les entrepreneurs doivent avoir l’audace de prendre du recul par rapport à leur modèle opérationnel”, explique Sander Claes, co-fondateur de Webhero. “Avant, nous concevions surtout des sites web et des applications sur mesure pour les entreprises. Nous faisions appel à des salariés et à des indépendants - project managers, programmeurs, designers, copywriters ce qui occasionne des frais de production élevés. Il y a trois ans, après avoir constaté que nous ne pouvions pas aider les clients qui disposaient
d’un petit budget, nous avons développé Smooty, une plateforme numérique accessible via une formule d’abonnement. Nos clients peuvent ainsi, avec peu de connaissances techniques, construire un site web sur mesure. Via un système de gabarits, ils peuvent, en un seul clic, voir leur site dans plus de 30 designs différents, adaptés aux smartphones, tablettes et ordinateurs. Chaque semaine, ils reçoivent également deux mises à jour techniques et deux choix de design pour que leur site reste actuel. Le contrat offre également un support illimité à nos clients.” Au final, Smooty s’est développée plus vite que les autres activités de Content Crackers. “Nous avons rapidement compris que Smooty avait plus d’avenir que nos huit autres piliers”, explique son co-fondateur, Jo Deferm. “À l’époque, nous avons vécu une vraie crise d’identité. Avec l’entreprise de conseil Cynex (Hasselt), nous avons tenté de nous redéfinir en tant que société: le pourquoi de notre
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activité, notre vision et le meilleur modèle opérationnel. Nous sommes arrivés à la conclusion que nous voulions nous concentrer sur la création de sites web pour les PME et les indépendants. Nous avons donc relancé nos activités sur cette base: nous avons fermé Content Crackers et nous avons relancé Smooty sous son nouveau nom, Webhero.”
2. LICENCIER OU NON? Fallait-il garder tout le personnel au sein de la nouvelle entreprise? Ce fut une question importante lors de la transition vers Webhero. “Nous avons finalement décidé de ne procéder à aucun licenciement”, témoigne Jo Deferm. “Nous n’aurions jamais pu prendre cette décision sans un consultant externe, qui a procédé à une analyse et à une quantification objectives. Il n’a pas été évident de communiquer ce message au personnel. Certaines personnes ont dû changer de fonction parce que leur ancien job avait disparu.” Autre difficulté: informer les entreprises et les clients de la décision de mettre fin à la collaboration. Sander Claes: “Ce n’était pas le choix de nos clients. C’est pourquoi nous avons longuement hésité avant de prendre cette décision. Quand nous avons enfin tranché, il nous restait à peine deux mois pour passer de Content Crackers à Webhero.”
3. RÉFLÉCHIR AVANT D’AGIR Aujourd’hui, les fondateurs estiment qu’ils auraient pu prendre cette décision plus tôt. “Nous avons toujours grandi de manière organique”, explique Sander Claes. “Pour nous, c’était la manière la plus confortable et sûre d’évoluer, mais, s’il fallait recommencer, nous ferions autrement. Une entreprise se développe plus stratégiquement et plus rapidement quand vous planifiez son parcours, que vous chiffrez tout ça et qu’alors, vous cherchez les moyens financiers nécessaires.” Le duo a également appris qu’il fallait
“À un moment donné, nous nous sommes retrouvés en plein chaos.” Sander Claes Webhero
d’abord réfléchir à l’évolution de l’entreprise et, ensuite, se lancer dans l’opérationnel. “Avant, nous étions noyés dans tellement de tâches que nous perdions la vision d’ensemble de l’entreprise. Nous étions en permanence le nez dans le guidon”, poursuit Claes. “À un moment donné, nous nous sommes retrouvés en plein chaos. Nous mélangions tout: l’administration, les ressources humaines, les visites à la clientèle, etc.” “Ce fut une libération quand nous avons commencé à enregistrer nos tâches hebdomadaires dans un fichier Excel, dont le nombre d’heures consacrées à chaque activité ainsi que la possibilité de la déléguer pour, enfin, regrouper toutes les tâches qui nous prenaient beaucoup de temps. En conséquence, nous avons rédigé une offre d’emploi pour un office manager. Dès qu’il nous a rejoints, nous nous sommes sentis libérés d’un sacré fardeau. Avant, nous aurions certainement estimé que cela coûtait trop
cher, mais, aujourd’hui, nous le considérons comme un investissement pour gagner du temps. Les entrepreneurs doivent consacrer du temps à leur entreprise et pas uniquement dans leur entreprise. C’est la seule manière d’avoir une vision et des idées créatives qui permettent à l’entreprise de se développer.”
4. LES PROBLÈMES SONT UTILES Autre leçon apprise par les fondateurs de Webhero: un problème n’est pas un obstacle, mais une opportunité d’apprendre, d’essayer quelque chose de nouveau et de s’améliorer. “Nous considérions les problèmes comme quelque chose de négatif”, se souvient Sander Claes. “Ce qui stressait notre vie professionnelle et privée. J’étais devenu désagréable au boulot et à la maison. Si on ne réagit pas, on va droit dans le mur et on perd sa motivation de chef d’entreprise. Le jour où je l’ai compris, ma vie a changé. Aujourd’hui, nous ne considérons plus les problèmes de façon négative et nous les abordons en trois étapes: que pouvons-nous apprendre? Quelle est la meilleure solution? Comment éviter que cela se reproduise? Nous avons transmis ces valeurs à toute l’équipe.” Résultat: quelques mois à peine après le redémarrage, Webhero compte plus de 550 clients. Des indépendants, des PME et de plus grandes entreprises se sont abonnés à son site web et son objectif de 1.000 clients pour fin 2018 semble à portée de main.
FLEET
Flexibilisez votre flotte Il y a peu, Directlease a lancé la formule ‘Leasing flexible’ qui s’adresse aux jeunes entrepreneurs et indépendants pour qui les contrats à long terme sont moins bien adaptés. “Pour obtenir une voiture en leasing, ils doivent disposer de solides garanties financières”, explique le Country Manager Jean-Marc De Geus. “Mais il n’est pas toujours évident de fournir ces garanties quand on démarre son entreprise. Grâce à un seuil d’accès plus bas, la formule ‘Leasing flexible’ répond à ce problème. Pour accéder à cette formule, il suffit d’avoir signé un contrat avec un premier client ou de présenter un plan à cinq ans crédible. Si c’est le cas, le starter pourra conclure un contrat de leasing pour une période de douze mois. “Si le client le souhaite, il pourra facilement être prolongé jusqu’à une durée maximale de cinq ans ou 150.000 km”, explique De Geus. “Et il peut tout aussi bien rendre le véhicule après un an sans frais supplémentaires”.
NOUVEAUX VÉHICULES La formule ‘Leasing flexible’ garantit un service rapide avec un temps de réaction de moins d’une heure. Les starters ont accès à une sélection de voitures pouvant être livrées très rapidement. Jean-Marc De Geus: “Nos voitures ne sont pas des véhicules d’occasion ou provenant d’une flotte de location à court terme. Ce sont
“Aujourd’hui, les sociétés travaillent sur des projets de courte durée, souvent d’un an.” Johan Bortier LeasePlan
toujours des voitures neuves.” Cette offre spécifique limite volontairement le choix à trois modèles d’un fabricant allemand car c’est la seule façon d’assurer une livraison rapide. Le choix s’est également porté sur des voitures à essence, car le public-cible de ces contrats de courte durée comprend en grande majorité des personnes qui ne parcourent qu’un nombre limité de kilomètres par an.”
AUTRES ACTEURS D’autres sociétés de leasing misent également sur cette demande de flexibilité. Alphabet propose des contrats de location à très court terme, c’est-à-dire à partir d’un jour. Son contrat ‘AlphaRent’ s’adresse aux
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gestionnaires de flotte ayant besoin d’une voiture pour une durée très courte, par exemple pour un collaborateur en CDD ou une relation venant de l’étranger. La formule comparable d’Athlon donne même accès à un millier de voitures dans différentes versions. La solution ‘Shortlease’ d’Alphabet s’adresse surtout aux entreprises dont les besoins en mobilité varient au cours du temps. Il est possible de
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28 MARS 2018
Dans le monde des affaires, le leasing de voitures est quasiment devenu automatique, mais les entreprises ont de plus en plus souvent besoin de solutions à court terme. Les sociétés de leasing surfent sur cette vague. LES ATOUTS DES FORMULES DE LEASING FLEXIBLE Durée du contrat allant d’un jour à plusieurs mois ou années. Les contrats peuvent être facilement prolongés ou écourtés. Plus la durée du contrat de location est longue, plus le prix (par jour) est avantageux. En cas de résiliation du contrat, aucune indemnité de rupture n’est due. La gamme de voitures disponibles varie fortement d’une société de leasing à l’autre.
prendre un véhicule en leasing à partir d’une durée de six mois, avec des loyers mensuels fixes. Cette durée de la location peut être facilement modifiée et le contrat résilié en 24 heures sans frais supplémentaires. La formule “minileasing” d’Athlon, permet de louer une voiture pendant une durée allant d’un mois à un an. Avec l’option “Mid-Term Rental” d’Arval, cette durée peut aller d’un mois à deux ans.
PLANIFIER SUR UN AN LeasePlan a également compris que les entreprises avaient besoin de davantage de flexibilité. “Avant, les sociétés fonctionnaient sur base de plans à cinq ans”, constate le CEO Johan Portier. “Aujourd’hui, elles travaillent sur des projets de plus courte durée, souvent d’un an. Elles ne peuvent donc plus s’engager sur des périodes aussi longues. Ce qui nous a amené à lancer notre ‘FlexiPlan’, qui
s’adresse aux entreprises modernes qui travaillent avec de nouveaux collaborateurs, des contrats à durée déterminée, des pigistes, des expatriés, etc. Le FlexiPlan se situe à mi-chemin entre la location à court terme et le leasing opérationnel, avec un juste équilibre entre flexibilité et coût”, poursuit Portier. “Ce plan permet d’accéder à une large gamme de voitures préconfigurées équipées d’options standard. Ceux qui signent un contrat le font pour une période pouvant aller de 1 jour à 23 mois. Et le contrat peut être résilié à tout moment, sans indemnités de rupture.”