Le monde luxueux des sacs à main vintage
« NOUS GÉRONS NOS FINANCES AVEC DES ACTIONS, DES BITCOINS… MAIS UNE GRANDE PARTIE DE NOS ACTIFS SE TROUVE DANS NOS ARMOIRES »
Le monde luxueux des sacs à main vintage
« NOUS GÉRONS NOS FINANCES AVEC DES ACTIONS, DES BITCOINS… MAIS UNE GRANDE PARTIE DE NOS ACTIFS SE TROUVE DANS NOS ARMOIRES »
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Avez-vous déjà dû faire preuve de patience? Que ce soit dans les embouteillages, devant votre ordinateur avant que vos collègues ne vous rejoignent en visioconférence ou encore, au contrôle technique ou au téléphone avec votre opérateur télécom?
La patience est sans doute un don. Et si vous n’en êtes pas pourvu, le soulagement est d’autant plus grand une fois que vous obtenez ce que vous avez longuement a endu: «Cela valait la peine d’a endre!», vous dites-vous.
«Les grands groupes de luxe cultivent l’a ente et ils ne s’en cachent pas.»
C’est probablement ce que le réalisateur Tom Waes se dira à l’été 2025, lorsqu’il prendra la mer, un an et demi après avoir signé le bon de commande de son yacht de 16 mètres de long. Dans ce numéro, cap sur la Frise, chez KMY, qui construit chaque année une demi-douzaine de navires similaires. «Nous ne voulons pas nous développer davantage, cela doit rester une entreprise à taille humaine», nous explique le constructeur de yachts néerlandais. Patience donc au moment de passer commande. Il en va de même au sein des grands groupes de luxe, qui cultivent l’a ente et qui ne s’en cachent pas. «Chi va piano, va sano» dicte même l’état d’esprit de la maison Ferrari, à Maranello, que nous avons visitée. Il faut en effet patienter une bonne année avant de décrocher un rendez-vous au sein de leur division «Tailor Made», et une année de plus, ensuite, avant de prend-
Katrien Verstraete Coordinatrice Wealth
re possession de sa voiture de sport personnalisée. «Le temps d’a ente fait partie de notre concept. Il ajoute de la valeur au véhicule», explique le constructeur italien.
Les fabricants de sacs à main de luxe, comme Hermès, Chanel, Louis Vui on et Delvaux s’inscrivent également dans ce e approche. Les fashionistas qui veulent me re la main sur un modèle exclusif doivent, elles aussi, s’armer de patience. Encore faut-il qu’elles soient «retenues» parmi les clientes à qui l’on propose d’acquérir un modèle très convoité (comme c’est le cas chez Ferrari).
Les autres pourront trouver leur bonheur sur le marché des sacs à main d’occasion («vintage»). «Certaines acheteuses nous achètent un sac Birkin parce qu’elles sont sur une liste d’a ente de trois ans chez Hermès pour le même modèle», nous explique-t-on chez Labellov, boutique anversoise et leader du marché des sacs à main de luxe d’occasion au Benelux. Et devinez quoi... Souvent, les prix de certains sacs à main «vintage» sont plus élevés que ceux des neufs. Fatalement, des listes d’a ente apparaissent aussi sur le marché du vintage. Néanmoins, celles et ceux qui ont les moyens de s’offrir une Ferrari ou un sac Hermès peuvent bien s’offrir le luxe d’a endre un peu, beaucoup, passionnément… Pour ces acheteurs, cela ne fait aucun doute, la patience paiera toujours.
TABLE DES MATIÈRES
KM YACHTBUILDERS
Là où débute le voyage insolite des navires P4
GESTION
PATRIMONIALE
Trois raisons de détenir une partie de votre patrimoine à l’étranger P12
LE NOUVEAU LUXE
DES SACS VINTAGE
L’essor des sacs à main d’occasion P16
COLLECTIONNER
DES VIOLONS
Les instruments à cordes anciens génèrent un excellent rendement P24
GESTION
PATRIMONIALE
Les tendances qui se dessinnent chez les gestionnaires d’actifs P32
FERRARI
Visite du département sur-mesure de la prestigieuse enseigne P38
HAPAG-LLOYD CRUISES
Une croisière agrémentée des plus grands crus P46
‘Wealth’ est une publication de Mediafin. Supplément de L’Echo, publié le 6 avril 2024. Coordination: Katrien Verstraete. Journalistes: Bas Kurstjens, Koen Lambrecht, Laura Keersmaekers, Lieven Desmet, Matthias Verbergt, Peter Van Maldegem, Stéphane Godfroid. Rédaction finale: Ewa Kuczynski. Layout: Ilse Janssens. Photos / Illustrations: Christian Rothe, Diego Franssens, Jonas lampens, Mark Chilvers, Martijn Gijsbertsen, Pieter Van Eenoge. Rédacteur en chef: Paul Gérard. Directrice de la rédaction: Isabel Albers. Éditeur responsable: Peter Quaghebeur, avenue du Port 86c, boîte 309, 1000 Bruxelles.
«NOS YACHTS N’ONT PAS VOCATION À RESTER AMARRÉS SUR LA CÔTE D’AZUR»
Vous souhaitez acquérir un voilier solide, capable de braver la banquise et de résister au temps? Cap sur la Frise, aux Pays-Bas, chez KM Yachtbuilders, un chantier naval qui conçoit des bateaux prestigieux pour les aventuriers de demain.
La Frise, province des Pays-Bas, n’est plus très loin. Nous pouvons déjà entrevoir la digue, qui sépare la mer des Wadden du Lac d’IJssel, sur une longueur de 30 kilomètres. Les tombereaux d’eau qui accompagnent les dernières encablures de notre voyage nous offrent déjà un avant-goût des conditions météorologiques que doivent pouvoir affronter les navires conçus par KM Yachtbuilders.
Nous arrivons sur place. Dans l’un des hangars de Kooi Makkum Yachtbuilders (KMY), des ouvriers frappent, soudent, poncent et vissent des plaques d’aluminium. Un peu plus loin, des travailleurs assemblent des meubles en bois. D’autres les installent dans les bateaux, avec un enchevêtrement multicolore de câbles électriques.
Depuis les fenêtres, à l’arrière-plan, nous entendons le clapotis de l’eau des quais. Aux murs, nous apercevons des clichés grandeur nature de voiliers majestueux ornés de coques argentées, se frayant un passage entre des pans de banquise.
À échelle internationale, KMY est passé maître dans la fabrication de bateaux conçus pour explorer les horizons les plus lointains. De fait, ses navires sont faits d’aluminium. S’ils heurtent un rocher, un iceberg ou un conteneur, ils ne subissent aucun dégât (une bosse tout au plus). Ce métal est en effet plus lourd que le polyester (utilisé pour la majorité des yachts) mais plus léger que l’acier des cargos.
Les coques en aluminium de KMY sont idéales pour entamer des croisières dans des contrées lointaines ou pour réaliser un tour du monde.
Les ouvriers frappent, soudent, poncent, charpentent pour façonner les yachts, construits et équipés, dans la mesure du possible, avec des matériaux durables et recyclés.
Forts de ce matériau, les yachts mis au point par KMY ne rouillent pas et n’ont besoin que de peu d’entretien. Vous ne les verrez pas naviguer à grande vitesse, mais ils sont parfaits pour entamer de longues croisières (par exemple, un tour du monde) en toute sécurité.
Tom Waes, animateur et réalisateur d’émissions télévisées néerlandophones dédiées aux voyages, vient d’ailleurs de commander un exemplaire du yacht phare de KMY, le «Bestevaer», conçu par le légendaire architecte naval néerlandais Gerard Dijkstra. Une fois finalisé, le bateau mesurera 53 pieds (16 mètres). Équipé de trois cabines, sa dimension est idéale pour se faufiler partout à une vitesse d’environ 15km/h.
Pour réaliser ses émissions, Tom Waes réalisaient de nombreux trajets en avion, ce qui suscitait de nombreuses critiques. Il s’est donc ravisé «J’ai réfléchi à ce que je pouvais faire pour y remédier sans que l’aventure ne soit entravée», explique-t-il. Le navire de Tom Waes devrait être prêt en juillet 2025. Son rêve?
Partir d’Anvers pour rejoindre l’Antarctique, sur les traces de l’explorateur belge Adrien de Gerlache. «Un rêve encore très lointain», s’exclame-t-il.
Une clientèle très restreinte
Les neuf tonnes d’aluminium du bateau de Tom Waes sont, comme presque tous les bateaux de KMY, en grande partie issues de matériaux recyclés. L’intérieur est en bambou, une plante durable à croissance rapide, et les voiles sont fabriquées à partir de matériaux recyclés. Néanmoins, pour l’heure, la durabilité du concept s’arrête là. Ce type de navire a en effet besoin d’un moteur (électrique). En effet, aux pôles, le soleil ne brille pas pendant une grande partie de l’année et le froid entrave le fonctionnement des éoliennes des bateaux.
Par ailleurs, si ces navires ont de quoi faire rêver, ils ne sont pas à la portée de tous. Chez KMY, le modèle d’entrée de gamme est proposé au prix d’un million d’euros. Sa clientèle compte des aventuriers néerlandais, suisses, allemands, britanniques, américains, scandinaves ou belges — souvent des couples — désireux de découvrir des ords, de faire du ski en Norvège ou encore, de naviguer le long des côtes glacées du Groenland.
«Nos yachts n’ont pas vocation à rester amarrés sur la Côte d’Azur. Ils ne sont pas conçus pour siroter du champagne sur le pont arrière», explique Jildou Huisman, directrice des ventes et du marketing chez KMY.
«Nos yachts ne sont pas conçus pour siroter du champagne sur le pont arrière.»
Jildou Huisman
Directrice des ventes et du marketing chez KMY
C’est d’ailleurs ce e mentalité que l’on retrouve dans la culture et l’ambiance de l’entreprise KMY, qui s’adresse à une niche de clients très restreinte. Avec un peu moins de 80 employés, KMY ne construit chaque année que cinq ou six navires (en plus de l’entretien et du carénage des bateaux) et réalise un chiffre d’affaires de quelque 9 millions d’euros. «Nous ne voulons pas nous développer davantage», explique Jildou Huisman. «Cela doit rester une entreprise à taille humaine». Car chez KMY, les clients deviennent souvent des amis, notamment parce que le processus de conception prend du temps. Jildou Huisman nous explique d’ailleurs qu’un client allemand est resté en contact avec KMY pendant 18 ans avant de passer commande.
Un ancien pilote d’hélicoptère a aménagé sa timonerie (la partie du navire qui abrite les appareils de navigation) en cockpit, avec un siège Porsche et un plancher en verre anti-eff raction, qui off rait une vue sur la salle des machi nes.
Le faste et l’excentricité ne sont cependant pas absents des anecdotes que nous entendons sur le chantier. KMY a vendu à un couple hollandais un yacht d’une valeur de 6 millions d’euros. Le navire était équipé d’une salle de bain en marbre et d’autres matériaux de luxe. Un ancien pilote d’hélicoptère a aussi aménagé sa timonerie (la partie du navire qui abrite les appareils de navigation) en cockpit, avec un siège Porsche, ainsi qu’un plancher en verre anti-effraction, qui offrait une vue sur la salle des machines. Un autre client caressait le rêve d’amener son bateau au-delà du cercle polaire et de se laisser dériver autour de l’Arctique pendant un an. Pour l’exaucer, KMY a construit un bateau d’une épaisseur de 25 millimètres d’aluminium (le double de la normale) et y a installé de nombreux congélateurs pour les provisions de nourriture. Il est vrai que la solidité est un des arguments de l’entreprise. Les coques en aluminium des navires ne sont pas moulées (à l’inverse de celles en polyester). Elles peuvent donc être entièrement personnalisées et résister à un siècle de navigation.
Objets de rêve
Au chantier de Makkum, des ouvriers s’activent sur le Pelagic II, un deux-mâts de 24 mètres de long appar-
«Il est quasiment impossible de se retrouver seul sur terre. Sur l’eau, c’est possible.»
Outre Tom Waes, quatre autres Belges ont déjà fait construire leur bateau chez KM Yachtbuilders. «Je cherchais depuis longtemps un moyen de transport qui me donnerait le plus de liberté possible», nous explique un propriétaire belge d’un yacht KMY, qui préfère garder l’anonymat. «J’ai donc opté pour la mer. J’ai toujours aimé les sports nautiques. Sur l’eau, le parcours fait partie du plaisir. On en arrive vite aux yachts en aluminium, construits pour l’éternité. Ce sont des projets très coûteux, j’en ai bien
conscience, mais à Makkum, les gens gardent la tête froide. J’ai une soif indomptable de nature et de liberté. Je veux aller là où règnent encore la beauté et la tranquillité. Les Caraïbes et la Méditerranée ne m’intéressent pas. Quand je regarde le ciel, je pense à voler. Quand je regarde la mer, je pense à naviguer. Quand je vois une montagne, je dois la gravir. Mais sur terre, se retrouver seul est quasiment impossible. Sur l’eau, c’est encore possible.» «En plus, la voile n’émet pas de CO2. Aux pôles, j’observe de près les effets du changement climatique. Je ne suis pas un skipper super expérimenté, j’ai encore beaucoup à apprendre. Sur l’eau, la modestie est toujours de mise.»
Toute entreprise traverse des moments charnières qui nécessitent un savant équilibre entre la tête et le cœur. En tenant compte des aspects suivants, vous contribuerez à donner une destination solide à votre patrimoine tout en préservant l’unité de votre famille.
1. Constituez un forum familial et rédigez une charte familiale
Les entreprises familiales ne peuvent prospérer sans une gestion professionnelle de l’entreprise et de la famille. L’actionnariat familial, les liens du sang et la dynamique familiale peuvent être une source de force, mais aussi de conflit. “C’est pourquoi je recommande de créer un cadre de concertation avant même de songer à la succession”, indique Xavier Piqueur, Senior Wealth Planner chez ABN AMRO. “Concrètement, cela peut se traduire par la mise en place d’un forum familial, la rédaction d’une charte familiale ou encore la désignation de conseillers externes et neutres. Si un cadre de rencontre et de concertation existe déjà, considérez que vous avez posé les fondements d’une transmission simplifiée le moment venu.”
2. Envisagez une structure de contrôle
Une structure de contrôle peut être appropriée lorsque le pater ou la mater familias souhaite rester aux commandes un certain temps encore. Parce que la famille compte des enfants actifs et non actifs dans l’entreprise à transmettre, par exemple. Une société simple peut représenter un moyen souple et discret de structurer la transmission, en particulier dans les entreprises familiales. Ce véhicule offre une grande liberté statutaire et autorise un transfert progressif et contrôlé de la gestion de l’entreprise familiale, tout en permettant à l’ancienne génération de conserver un rôle de conseil.
3. Constituez une réserve de liquidation, même si vous n’êtes pas encore proche de la retraite
Pour les PME, la réserve de liquidation est une méthode grâce à laquelle les entrepreneurs peuvent extraire les fonds excédentaires de leur entreprise à long terme. Ce système est intéressant, car il est assorti d’un avantage fiscal. “Si vous payez 10% lors de la constitution de la réserve de liquidation, vous pouvez réduire le précompte mobilier après cinq ans à 5%, voire 0%, lors de la liquidation”, chiffre Xavier Piqueur. “Vous pouvez alimenter la réserve au fil des ans avec des liquidités excédentaires et les investir même si vous êtes encore loin de la retraite.” Après le délai d’attente de cinq ans, vous pouvez également continuer à investir. Les rendements potentiels ainsi obtenus peuvent à leur tour bénéficier du régime de faveur.
“D’autre part, la question de savoir qui acquiert les réserves accumulées lors de la transmission de l’entreprise se pose: les cédants ou la génération suivante? Est-il prévu de vendre l’entreprise? Dans ce cas, il peut être judicieux de ne pas créer de réserve de liquidation pour l’instant.”
4. Envisagez un plan de donation
“Si vous payez 10% lors de la constitution de la réserve de liquidation, vous pouvez réduire le précompte mobilier après cinq ans à 5%, voire 0%, lors de la liquidation”
Xavier Piqueur
Senior Wealth Planner chez ABN AMRO
Vous pouvez affecter une partie de vos actifs ou des bénéfices de la transmission de l’entreprise à des œuvres philanthropiques. Notamment par le biais d’un plan de donation, qui permettra de désigner de manière proactive les organisations caritatives ou les projets qui vous tiennent à cœur. “La philanthropie peut être considérée comme une étape supplémentaire ou un nouveau départ, par lequel non seulement vous concrétisez votre vision de l’avenir, mais vous apportez une contribution positive à la communauté”, éclaire Xavier Piqueur. “Plusieurs options juridiques sont envisageables, du don unique à la création d’une fondation, chacune ayant sa propre fiscalité.”
5. Faites-vous accompagner La complexité de l’entreprise familiale nécessite des conseils d’experts. Solliciter des conseillers spécialisés dans les aspects financiers, juridiques et émotionnels d’une entreprise familiale peut s’avérer crucial. Cet accompagnement vous offrira de prendre des décisions en toute connaissance de cause, de minimiser les risques et d’assurer la continuité de l’entreprise et l’harmonie familiale.
Partner Content offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. ABN AMRO Private Banking est responsable du contenu.
tenant à Skip Novak, un Britannique qui organise des expéditions onéreuses (en Patagonie entre autres) pour des particuliers et des réalisateurs de documentaires. Pelagic I, son prédécesseur, livré en 2021, s’est vu décerner par le magazine de référence Yachting World le titre de «World’s Ultimate Expedition Yacht».
Les travailleurs s’activent. Dans les hangars, une odeur de métal en fusion, de bois scié et de peinture fraîche se répand. Nous les entendons parler le néerlandais, le frison, mais aussi l’estonien, le roumain et le flamand. Dans un bruit infernal de chocs métalliques, Jarne Schmi modèle une plaque pour la future coque d’un bateau. Après avoir navigué en solitaire pendant quatre ans autour du monde sur son bateau en acier, ce soudeur de 32 ans originaire de Louvain s’est installé à Makkum. «Je rêvais de pouvoir travailler pour ce e entreprise», nous confie-t-il.
Admiratif, il nous montre, un «Bestevaer» de 36 pieds amarré à quai. Il s’agit de la création la plus écologique de KMY à ce jour, imaginée par son propriétaire, Gerard Dijkstra, une légende de la voile âgée de 80 ans, venue inspecter l’entretien du bateau. L’expert a navigué sur toutes les mers, sauf dans le Pacifique Sud. Mais aujourd’hui, il a réduit son champ d’exploration. Il privilégie les remontées des cours d’eau en Angleterre ou en France, qu’il effectue en compagnie de sa femme, âgée de 85 ans. «Pour cela, ce petit bateau est parfait», explique-t-il, son regard l’imaginant déjà sur l’eau. «Dès que le printemps sera là, on m’y retrouvera.» ■
Le 20 avril 2024, KMY organisera sa journée portes ouvertes annuelle, où de nombreux propriétaires exposeront leurs bateaux. Tom Waes y parlera de ses projets de navigation.
Une entreprise propulsée par un appareil de manutention
Kooi Makkum Yachtbuilders a été fondé en 1998 par un jeune Frison, Eeuwe Kooi (27 ans), déjà actif dans le secteur de l’entretien des bateaux. L’entreprise s’est créée à partir d’un chantier naval tombé en faillite à Makkum. Eeuwe Kooi a relancé KMY grâce au soutien financier de son père, Hessel Kooi, marin et vendeur de bulbes de fleurs. Dans ce e famille, le succès s’est transmis de génération en génération. Dans les années 1970, les clients de Hessel Kooi étaient dépourvus de chariots élévateurs, pourtant indispensables à la manutention des
Après avoir navigué en solitaire pendant quatre ans sur son bateau, Jarne Schmi , soudeur de 32 ans originaire de Louvain, s’est installé à Makkum. «Je rêvais de travailler pour ce e entreprise».
marchandises. Hessel Kooi en avait développé un dans sa remise pour l’arrimer à l’arrière de son camion de livraison. Ce chariot élévateur, qui a fait la fortune de Hessel Kooi, est encore très célèbre aujourd’hui. Voilà pourquoi Eeuwe Kooi, encore détenteur de KMY, n’a jamais du solliciter de banques ou d’investisseurs. Et aujourd’hui, l’entreprise opère bien au-delà de sa ligne de flo aison.
“Quelque 70 % des entreprises belges sont des entreprises familiales: elles sont indéniablement le moteur de notre économie, nous avons donc tout intérêt à les soutenir”, souligne d’emblée Nathalie De Taeye. “Chez ING, le département Business Banking aide les entreprises dans leurs préoccupations quotidiennes. Mais nous sommes également présents lors des momentsclés de l’entreprise. La transmission est l’un de ces moments cruciaux du cycle de vie d’une entreprise familiale.”
Organiser et structurer la transmission À ses yeux, il est essentiel de commencer à planifier à temps et en douceur la transmission du management et de la propriété d’une entreprise familiale. “Pour ce faire, les chefs d’entreprise peuvent solliciter nos Business Bankers et nos Private Bankers. Avec vous, en tant que partenaires, ils organisent et structurent la transmission, en tenant compte des deux parties: l’entreprise et la famille. Que ce soit pour le financement de l’opération ou pour s’assurer du maintien du niveau de vie de l’actionnaire cédant. Bien entendu, ils sont assistés par des spécialistes en matière de fusions et acquisitions et/ou dans le domaine juridique. Commencez suffisamment tôt, car ce processus peut s’étaler sur plusieurs années. Et n’oubliez pas de consulter aussi les autres membres de votre famille!”.
L’entreprise familiale n’est pas seulement une activité commerciale, elle est aussi une a aire de sentiments. La sphère professionnelle et la sphère privée sont indissociables, surtout lors de la transmission de l’entreprise. Chez ING, Nathalie De Taeye dirige le département Private Banking pour la Wallonie. “Bien s’entourer et s’y prendre su isamment tôt”, telle est sa devise en la matière.
Nathalie De Taeye cite l’exemple d’un entrepreneur qui a trois enfants: “Seul l’un d’entre eux était intéressé par la reprise de l’activité. Il avait les compétences et le flair nécessaires, mais le père craignait de créer un déséquilibre au niveau de la famille. Après la reprise, il a donné aux deux autres enfants une somme d’argent équivalente. Dans le même temps, il devait continuer à percevoir des revenus suffisants pour maintenir son niveau de vie. Nous avons aidé le fils à financer la reprise et veillé à la sécurité financière du père.”
Que transmettre et à qui?
“Entourez-vous de partenaires de confiance tant pour la croissance du patrimoine familial que pour la pérennité de l’entreprise.”
Nathalie De Taeye Head of Private Banking pour la Wallonie chez ING
Selon Nathalie De Taeye, il convient de bien réfléchir à ce que l’on souhaite précisément transmettre. “Souvent, l’entreprise s’articule autour d’activités commerciales et de biens immobiliers. Souhaitezvous tout transmettre à la génération suivante ou une partie seulement? Les locaux de l’entreprise ont fréquemment une valeur historique, familiale, voire sentimentale. Les biens immobiliers peuvent aussi jouer un rôle important dans le maintien de vos revenus après la transmission.”
“À qui souhaitez-vous transmettre votre entreprise?”
Voici une autre question qu’il faut examiner avec attention. “Y a-t-il des enfants à qui vous pouvez transmettre à la fois l’entreprise et les bâtiments?
Peut-être est-il préférable de confier votre entreprise à un gestionnaire externe? À défaut, vous devrez peut-être chercher un repreneur. Il est alors crucial de veiller aux valeurs de l’entreprise. Si les nouveaux actionnaires ne suivent pas la même voie, des problèmes internes peuvent survenir. Lors d’une reprise, le personnel doit ‘rester à bord’ pour assurer la continuité, c’est absolument essentiel.”
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UneAu cours de ces dernières années, les investisseurs belges ont rapatrié en masse leurs capitaux par crainte d’être repérés par le fisc, toujours mieux armé, notamment grâce à l’échange international de données. Néanmoins, les familles très fortunées ont encore de bonnes raisons de délocaliser une partie de leurs avoirs.
PETER VAN MALDEGEM
ILLUSTRATION: PIETER VAN EENOGE
L’échange international de données fonctionne à plein régime depuis 2017. Il a ôté tout anonymat à vos avoirs détenus ailleurs qu’en Belgique. Fini d’«oublier» de déclarer des revenus étrangers: le fisc en sait plus sur vos avoirs que vous ne le pensez. De surcroît, certaines taxes, comme la taxe «Caïman», visent désormais les revenus étrangers issus de constructions juridiques qui autrefois échappaient à l’impôt. Enfin, la taxe de 0,15% sur les comptes-titres de plus d’un million d’euros s’applique tant aux comptes belges qu’aux comptes étrangers détenus par des Belges. Dans un premier temps, l’échange de données a incité de nombreux Belges à rapatrier leurs capitaux, mais les avocats fiscalistes constatent que les familles très fortunées se tournent à nouveau vers l’étranger. «La demande de délocalisation en toute légalité est en hausse», observe Gertjan Verachtert, avocat fiscaliste chez Sansen International Tax Lawyers. «Aujourd’hui, le désir de diversification géographique joue un rôle plus important dans le placement de fonds en Suisse, par exemple, que les considérations fiscales», ajoute-t-il.
L’avocat souligne toutefois que le climat fiscal incertain dans notre pays continue à jouer un rôle important: «Les discussions récentes sur l’augmentation de la taxe sur les comptes-titres, ou l’introduction d’un impôt sur les plus-values incitent même les familles fortunées à envisager d’aller vivre à l’étranger». Néanmoins, même sans déménagement, les personnes bien nanties voient de bonnes raisons de placer une partie de leur argent à l’étranger. Nous en épinglons trois.
En 2023, quinze ans après la crise financière, les banques ont à nouveau révélé leur vulnérabilité. Cela ne s’est pas limité à la faillite de quelques petits établissements américains, comme la Silicon Valley Bank. La débâcle de la grande banque suisse Credit Suisse a fait prendre conscience à de nombreux Belges, qui considéraient la Suisse comme un refuge sûr depuis des années, qu’il fallait loger leurs avoirs dans di fférents endroits. Pas uniquement au sein de l’Union européenne et en Suisse, mais également en Asie. Selon les prévisions du Boston Consulting Group (BCG), Hong Kong détrônera la Suisse et s’imposera comme le plus grand coffre-fort des actifs financiers au monde d’ici à 2025.
De fait, ces cinq dernières années, la place financière asiatique a vu les avoirs détenus chez elle progresser en moyenne de 13% par an. La croissance observée à Singapour, qui occupe actuellement la troisième place, est encore plus forte: «Singapour bénéficie de plus en plus de son statut de refuge et de ses liens étroits avec l’Occident. Elle est donc de plus en plus considérée comme une porte d’entrée vers la région asiatique», peut-on lire dans l’étude du BCG.
Jan Boes, qui travaille à la succursale luxembourgeoise de la Bank of Singapore, confirme que les familles fortunées d’Europe occidentale s’intéressent de plus en plus aux banques asiatiques: «Singapour est un pays très stable, avec le meilleur rating de crédit. Ses politiques économiques sont très prévisibles. De plus, Singapour est ouverte aux investisseurs et offre un environnement propice aux affaires».
En plaçant une partie de votre patrimoine auprès d’un gestionnaire d’actifs asiatique ou américain, vous répartissez non seulement vos fonds sur un plus grand nombre de banques et de régions, mais vous accédez à un champ d’investissement beaucoup plus vaste.
«Les familles fortunées accèdent à des possibilités d’investissement que les banques européennes n’offrent pas», explique Jan Boes.
Par exemple, les banques belges ne proposent qu’une liste limitée d’actions asiatiques. «En s’adressant à une banque asiatique, l’éventail est non seulement beaucoup plus large, mais il s’accompagne aussi d’une expertise pointue parce que les entreprises sont suivies localement. Je pense en particulier aux actions non cotées (le private equity). Et puis, nous voyons de plus en plus de familles fortunées établir un family office à Singapour, ce qui leur ouvre davantage la porte à des opportunités d’investissement», précise Jan Boes.
Si les constructions juridiques étrangères n’échappent plus au fisc depuis l’instauration de la taxe Caïman, elles restent utiles dans le cadre de la planification successorale. La STAK (Stichting Administratiekantoor) néerlandaise en est un exemple: elle permet de régler avec souplesse la gestion des actions de sa société. Par son intermédiaire, les actions sont converties en certificats
de dépôt, ce qui présente un avantage important pour les propriétaires-actionnaires dans la mesure où, par exemple, ils peuvent transférer la propriété économique de l’entreprise à leurs enfants, tout en conservant son contrôle juridique. De nombreux Belges ont constitué une telle fondation, faute de structure équivalente en Belgique, du moins sous ce e forme. Aujourd’hui, une fondation belge permet en effet de travailler avec des certificats, mais ceux-ci se présentent différemment, ce qui explique l’a achement des Belges à la STAK.
La STAK facilite la planification patrimoniale, mais d’un point de vue fiscal, ce e construction ne présente aucun avantage pour un Belge. La STAK est certes exonérée de l’impôt néerlandais sur le revenu, mais un Belge reste redevable du précompte mobilier (belge) sur les dividendes. De plus, la construction est également soumise aux droits de succession. Fin 2023, on craignait qu’un durcissement de la taxe Caïman ne rende la STAK moins a rayante, mais cela ne s’est finalement pas concrétisé. «Les conséquences fiscales d’un durcissement de la taxe Caïman se limitent généralement à l’obligation de déclaration et au délai d’imposition et d’enquête pour le fisc», explique Denis-Emmanuel Philippe, avocat chez Bloom.
«Singapour est un pays très stable, avec le meilleur rating de crédit. Ses politiques économiques sont très prévisibles. De plus, Singapour est ouverte aux investisseurs et off re un environnement propice aux a ffaires.»
Jan Boes
Succursale luxembourgeoise de la Bank of Singapore
Une autre construction est la Société Civile Immobilière (SCI). «Elle n’offre pas non plus d’avantage fiscal, mais s’avère utile et largement utilisée pour l’acquisition et la gestion de biens immobiliers en France», explique Denis-Emmanuel Philippe. «Ce e construction est principalement utilisée dans le cadre de planifications familiales, grâce à sa très grande liberté contractuelle. Les statuts de la SCI perme ent de confier le contrôle au gérant», détaille-t-il. Selon l’avocat, la taxe Caïman a fait naître des discussions sur le traitement fiscal de la SCI, surtout si le bien qu’elle abrite n’est pas mis en location. «Dans certaines situations, le fisc peut considérer la SCI comme une construction juridique, ce qui peut donner lieu à une obligation de déclaration, à l’imposition d’un revenu locatif fictif (qui peut être exonéré sous réserve de progressivité dans le cadre de la convention de double imposition), à une taxe de sortie sur les réserves (latentes) de la SCI (en cas de déménagement de l’associé-fondateur de la SCI), à la prolongation de la période d’imposition et d’enquête, etc.», explique encore Denis-Emmanuel Philippe. ■
C’est depuis un bureau et une salle d’exposition dans le sud de la ville que Birgit de Jager (à gauche) dirige Labellov, accompagnée d’Elien Migalski, administratrice déléguée et actionnaire.
Vous rêvez de vous off rir le modèle Birkin d’Hermès ou un Flap Bag de Chanel, mais vous n’en avez pas les moyens? Le marché de la seconde main vous tend les bras.
LAURA KEERSMAEKERS
PHOTOS: DIEGO FRANSSENS
«Skip the waiting list and get your hands on the most wanted designer handbag worldwide!» Tel est le pitch du site web de Labellov, entreprise anversoise. Suite au lancement de son portail en 2012, la petite boutique de fringues de seconde main, logée dans le bâtiment icônique
Felix Pakhuis, s’est imposée comme le leader du marché des sacs à main de luxe vintage dans le Benelux. De fait, Labellov détient trois boutiques permanentes (à Anvers, Knokke et Bruxelles), propose plusieurs pop-ups chaque année et revend ses sacs à des acheteurs du monde entier.
Aujourd’hui, Labellov est apprécié tant des fashionistas, que des collectionneurs et des investisseurs.
«Notre site propose actuellement 1.500 articles. Il s’agit d’une offre très variée, nous revendons de la petite maroquinerie mais aussi des sacs à main Hermès (Kelly et Birkin) exclusifs et hors de prix. Pour des raisons de sécurité, nous ne les conservons pas ici. En général, ces sacs restent chez les vendeurs jusqu’à la fin de la transaction. Ils ne peuvent plus les utiliser, car ils doivent rester dans l’état dans lequel nous le présentons sur notre site», explique sa patronne, Birgit de Jager.
C’est depuis un bureau et une salle d’exposition dans le sud de la ville que Birgit de Jager dirige Labellov, accompagnée d’Elien Migalski, administratrice déléguée et actionnaire. Dans cet immeuble, Delvaux, Louis Vuitton et Dior les côtoient. «Ici, on est plongé dans le luxe comme on le serait dans une boutique de designer», explique Elien Migalski.
«Ces dix dernières années, les prix des Chanel ont
«Lorsque j’ai lancé Labellov, peu de femmes désiraient s’a fficher avec un sac à main d’occasion. Ce e mentalité a changé. Les clients qui apportent des articles ressortent souvent de la boutique avec une nouvelle acquisition.»
Birgit de Jager CEO de Labellov
fortement augmenté, jusqu’à 100% pour certains sacs à main. En un an à peine, de 2022 à 2023, ses prix originaux ont bondi de 16%. La valeur de revente a suivi.»
Selon Birgit De Jager, le marché des sacs à main de luxe de seconde main est en plein essor. Elle répond à nos questions. Rencontre.
Comment avez-vous vu évoluer ce marché au cours de la décennie écoulée?
Birgit de Jager: Lorsque j’ai lancé Labellov en 2012, le «luxury resale» avait peu d’adeptes. Les femmes m’appelaient pour me demander si elles pouvaient venir apporter des sacs à main en toute discrétion. Elles ne voulaient pas donner l’impression d’avoir besoin d’argent. Par ailleurs, peu de femmes désiraient s’afficher avec un sac à main d’occasion, car cela donnait l’impression qu’elles ne pouvaient pas se perme re d’en acheter un neuf. Ce e mentalité a changé. Les clients qui apportent des articles ressortent souvent de la boutique avec une nouvelle acquisition. Elien Migalski: Les boutiques d’articles de seconde main étaient nombreuses à nos débuts. Mais elles n’étaient pas du tout associées au luxe et encore moins à l’idée de faire de ces articles des objets d’investissement.
Birgit De Jager: D’ailleurs, la société évolue de plus en plus vers un concept de partage. Qui aurait pensé, il y a quelques années, que les voitures seraient un jour proposées en service partagé? C’est un nouvel état d’esprit. Nous recommandons à nos clients d’acheter moins, mais d’acheter mieux. Nous leur disons aussi que ce qui dort dans un placard peut rapporter gros.Nous tentons de gérer nos finances avec des actions, des bitcoins… Mais une grande partie de nos actifs de valeur se trouve également dans nos armoires. Si vous achetez un Gucci ou un Chanel, et que vous vous en lassez après cinq ans,
vous pouvez encore en tirer un bon prix sur le marché de l’occasion.
Diriez-vous que le vintage s’est imposé comme le nouveau luxe?
Elien Migalski: Absolument. Les gens sont de plus en plus nombreux à rechercher quelque chose de distinctif. Je pense aux collaborations de Louis Vui on avec l’artiste japonais Takashi Murakami, le chanteur Pharrell Williams et le créateur de mode punk Stephen Sprouse. Birgit De Jager: Nous le constatons surtout avec les Birkin d’Hermès et certains modèles Chanel. Ce sont des objets de collection. Nous sommes connus pour notre luxe haut de gamme. Nous revendons des sacs à main exclusifs avec une plus-value. C’est le cas des modèles Birkin et Kelly d’Hermès. Ils se vendent plus cher sur le marché de l’occasion qu’ils ne coûtent dans les boutiques. Par ailleurs, certaines clientes nous achètent leur sac Birkin parce qu’elles sont sur une liste d’a ente de trois ans chez Hermès pour le même modèle.
C’est donc une stratégie réfléchie de la part d’Hermès, non?
Elien Migalski: Hermès joue en effet beaucoup sur la rareté. La demande pour ses sacs à main exclusifs est énorme, mais on ne peut pas simplement les acheter. Ils doivent vous être proposés, ce qui nécessite une relation privilégiée avec les vendeuses en boutique. C’est ce qu’on appelle le Birkin Bait (l’appât, NDLR). Il faut dépenser une somme importante chez Hermès avant d’avoir accès à un Kelly ou un Birkin, tandis que les achats sont limités à un ou deux sac(s) à main par an et par cliente. C’est une tactique qui fait mouche et dont les effets se répercutent sur le marché du seconde main.
Quels sont les prix pratiqués pour les modèles Hermès vintage les plus recherchés?
Birgit De Jager: Le prix qu’un fou ou une folle de sacs est prêt(e) à payer! Hermès est passé maître en la matière. L’univers des grands collectionneurs est un cercle très fermé. Ces acquéreurs connaissent le marché sur le bout des doigts. Ils savent sur quels sites se rendre, et nous en faisons partie. Récemment, un Hermès Himalaya (qui ressemble aux montagnes enneigées de l’Himalaya, NDLR) s’est vendu pour la somme de 400.000 dollars. Les gens qui y voient un investissement ou un objet de collection sont prêts à dépenser sans compter.
Labellov propose également des chaussures, des accessoires, des vêtements et des bijoux. En haut, au centre, le modèle Kelly d’Hermès, taille 28, de couleur jaune de Naples, en cuir de veau Epsom. Il est proposé sur le site au prix de 18.450 euros. Le Hermès Kelly Rose Sakura, rose pâle en cuir de chèvre, est un modèle un peu plus petit mai s plus exclusif. Il est en vente au prix de 26.450 euros. Le Hermès Constance (en bas), en brun, habillé de cuir de crocodile, est proposé au prix de 9.750 euros. La broche Chanel en forme de fleur en or coûte, quant à elle, 500 euros.
«Ce qui dort dans un placard peut rapporter gros. Tout le monde cherche à gérer au mieux ses finances avec des actions, des bitcoins… Mais une grande partie de nos actifs de valeur se trouve également dans leurs armoires.»
Birgit de Jager CEO LabellovLes prix des Birkins et des Kelly sont parfois absurdes. Il est difficile de déterminer la valeur d’un Birkin, car tout dépend de la matière, de la couleur, du design et de l’exclusivité du sac. Actuellement, nous en proposons un à la vente. Il est proposé à partir de 9.000 euros, mais les prix peuvent grimper rapidement. Les pièces les plus chères partent généralement à l’étranger. Nous comptons aussi de gros acheteurs à Londres, Hong Kong, au MoyenOrient et à New York. Nous avons en effet un noyau de collectionneurs très fidèles. Lorsque nous recevons de nouveaux objets susceptibles de les intéresser, nous les contactons. Enfin, nous avons également des listes d’objets que les gens recherchent. Par exemple, nous avons quelqu’un qui collectionne les Carrés d’Hermès.
Comment procédez-vous concrètement?
Birgit De Jager: Nous sommes en contact avec les 20 plus grands revendeurs d’Hermès dans le monde. Je suis aussi dans plusieurs groupes WhatsApp où j’échange avec des collectionneurs et des «private shoppers». Je recherche actuellement, pour une cliente, un sac Birkin Sakura d’Hermès (rose clair comme les fleurs de cerisiers japonais, NDLR). J’espère que quelqu’un de Londres ou de Jakarta, par exemple, pourra me le proposer.
Pour vos clients, s’agit-il d’un placement ou d’un hobby?
Birgit De Jager: La plupart le voient comme un hobby. Je me souviens d’une agricultrice qui possédait 70 sacs à main Louis Vui on. Elle était l’une des plus grosses clientes belges de la maison. Elle utilisait certains sacs, et en gardait d’autres dans son placard. C’est souvent dans ce genre de circonstances que nous tombons sur de vrais trésors. Pas plus tard que la semaine dernière, j’étais en visite chez une dame de 85 ans qui n’avait jamais rien vendu. Je suis rentrée chez moi avec 65 articles, qui comprenaient notamment une ceinture Hermès, une bague Pomellato, une Rolex et des sacs à main Delvaux. Il est vrai que de nombreuses femmes n’hésitent pas à dépenser des fortunes par amour pour la mode, pour les marques et l’artisanat. Mais d’autres acheteuses acquièrent des sacs pour les revendre plus tard.
Réalisent-elles systématiquement une plus-value? Birgit De Jager: Si elles ont acheté intelligemment, oui (rires). C’est aussi le cas si elles ont réalisé une bonne
affaire il y a quelques années. Certaines de nos clientes pensent aussi que tous les Chanel vont doubler de prix, mais elles se trompent.
Elien Migalski: Il y a quelques années, un Louis Vui on Speedy ne coûtait que 485 euros. Aujourd’hui, il coûte presque le triple en boutique. C’était donc un bon investissement. Il en va de même pour Chanel. Si vous avez acheté un Classic Flap Bag de Chanel il y a 20 ans à 1.200 euros, et que vous en avez pris soin, vous pourriez le vendre aujourd’hui à 7.000 euros.
Le marché de seconde main est-il vu comme un concurrent par les entreprises du luxe?
Birgit De Jager: De notre côté, nous nous considérons comme un complément et non comme un concurrent. Si vous savez que l’article que vous convoitez conservera sa valeur, vous serez plus enclin à l’acheter. La valeur de revente peut faire toute la différence. Nous nous adressons également à un public plus large. Par exemple, certaines personnes achètent leur premier sac à main de marque chez nous.
Quel est le sac à main le plus cher que vous ayez vendu?
Birgit De Jager: Nous avons vendu un modèle très rare, le Hermès Kelly Himalaya en cuir de crocodile à plus de 100.000 euros. Un Birkin Faubourg Midnight — également de Hermès — a également été cédé pour 175.000 euros. Ce n’était peutêtre pas le sac le plus beau, mais il était unique.
Elien Migalski: Ce sac à main est extrêmement difficile à trouver. Il est en cuir d’alligator noir mat et a été conçu à l’effigie de la boutique Hermès de Paris. Il reprend même les petites portes et fenêtres de l’établissement.
Birgit De Jager: Nous n’expédions pas ces
June Peeters, collectionneuse Hermès: «Cela paie de faire souvent les boutiques»
Malgré son jeune âge, June Peeters (25 ans) compte déjà quelques sacs à main Hermès de grande valeur dans sa collection. «Je nourris une véritable passion pour Hermès, c’est devenu un hobby coûteux», nous confie-t-elle au téléphone depuis Londres. June Peeters y est de passage pour assister au match de football de son petit ami, le gardien de but de l’AS Roma Mile Svilar.
«Grâce à mon compagnon, nous avons déjà pu acheter les très convoités sacs Birkin et Kelly d’Hermès. Nous vivons ensemble à Rome où il est très connu. Du coup, nous sommes toujours très bien accueillis dans la boutique. J’ai établi une bonne relation avec les vendeuses. Elles connaissent mon style.»
Mais il faut entretenir ce e relation, explique June Peeters. «Je me rends dans la boutique de Rome tous les mois. J’y achète des cadeaux pour des amis, des sandales pour moi et Mile est également un fan de leurs vêtements. Il faut aussi s’intéresser aux autres collections que les sacs à main exclusifs pour augmenter vos chances d’acheter un sac Birkin. Les vendeuses me contactent également lorsqu’elles veulent me proposer un nouveau sac à main.»
Un sac à main vaut-il les 10.000 euros déboursés? «Je pense que oui. C’est à la fois une collection et un investissement. Vous sortez de la boutique et votre sac à main vaut déjà des milliers d’euros de plus. Je ne sors jamais sans un de mes sacs à main. Je ne souhaite donc pas les revendre pour le moment. Mais j’espère transme re plus tard ma collection à mes enfants. Comme ils vont prendre de la valeur, c’est d’autant plus gratifiant.»
Mon conseil pour investir intelligemment? Achetez un «It-bag». Choisissez des couleurs neutres, pour qu’il plaise au plus grand nombre en cas de revente, et suivez les tendances du marché.
Elien Migalski Managing director de Labellovpièces nous-mêmes. Un «personal shopper» s’est chargé de transporter ce Birkin Faubourg Midnight de Stockholm à Hong Kong. Nous travaillons aussi parfois avec Ferrari Group. Ils sont spécialisés dans le transport de diamants, entre autres. Les envois sont scellés et très bien assurés.
Imaginons que je veuille vendre un sac à main d’occasion. Comment faire?
Birgit De Jager: Il y a deux possibilités. Soit nous vous achetons le sac immédiatement, soit nous le gardons en consignation pendant six mois. Nous convenons d’un prix avec vous et nous touchons un pourcentage sur le prix de vente. Si le prix de vente est inférieur à 300 euros, vous en recevez 50%. Si le prix de vente se situe entre 300 et 2.000 euros, votre part monte à 60%. Au-delà de 2.000 euros, 70% vous reviennent. Pour les sacs à main très chers, comme le Birkin, nous examinons la situation au cas par cas. Pour déterminer le prix, nous nous basons principalement sur l’off re et la demande. Nous sommes actifs sur le marché depuis 12 ans, notre expérience nous permet d’évaluer le prix auquel un article se vendra. Mais à l’exception d’articles prestigieux, ces sacs restent des objets d’occasion. Même si un sac à main n’a pas été porté et qu’il est en parfait état, le client veut réaliser une bonne affaire. Pour certaines personnes, un sac à main d’occasion, mais de marque, est un premier pas dans l’univers du luxe.
Comment pouvez-vous vous assurer qu’il ne s’agit pas de sacs contrefaits?
Birgit De Jager: C’est le fruit de plusieurs années d’expérience. Nous nous rendons régulièrement à Paris pour rencontrer des spécialistes. Nous sommes aussi en contact avec des experts en ligne. Nous travaillons également avec l’application
de l’appareil Entropy. Elle fonctionne avec un petit scanner relié à un iPhone. En analysant au microscope le cuir et les coutures, nous vérifions s’il s’agit d’un faux ou non. Le scan est comparé à une énorme base de données de centaines de sacs à main.
Exigez-vous également du vendeur qu’il garantisse l’authenticité du sac à main qu’il vous apporte?
Birgit De Jager: Nous demandons à nos clients de présenter leur carte d’identité et de signer un contrat qui engage leur responsabilité en cas de contrefaçons. Mais certaines personnes, qui ont hérité d’un sac à main ou qui l’on reçu en cadeau, nous apportent des sacs contrefaits, sans le savoir. Je me souviens d’une dame qui divorçait parce que son mari l’avait trompée. Elle voulait se défaire de tout ce qui lui rappelait son existence. Elle était donc venue vendre le Birkin qu’elle avait reçu pour son quarantième anniversaire. Après un examen minutieux, je lui ai annoncé que je ne pouvais pas accepter le sac à main. Je lui ai alors conseillé de faire vérifier son authenticité auprès de la maison Hermès. Le lendemain, j’ai eu la femme en pleurs au téléphone qui m’annonçait que le sac était bel et bien faux.
Pour conclure, que conseilleriez-vous en premier lieu aux acheteurs qui voient un sac à main comme un investissement?
Elien Migalski: Investissez dans le «It-bag» (le sac à main emblématique et reconnaissable entre tous, NDLR) de votre marque. Choisissez des couleurs neutres, pour qu’il plaise au plus grand nombre. Et suivez les tendances du marché. Quels sont les sacs à main qui sont réédités?
Profitez de l’occasion, on ne peut mieux dire! Et surtout, choisissez le bon moment pour vendre. Un exemple: le City Bag de Balenciaga fait son retour dans la gamme de la maison. Votre vieux City Bag d’il y a 15 ans sera soudain très intéressant à vendre.
Birgit De Jager: Les marques dont les sacs à main conservent le mieux leur valeur sont celles qui ne disposent pas de boutiques outlet. Par exemple, Dior, Delvaux, Chanel et Hermès. Les marques italiennes, comme Gucci et Prada, en ont. Les marques très sensibles aux tendances, comme Jacquemus, ne sont pas non plus de bons investissements. Enfin, tant que lea stratégie marketing d’Hermès sera aussi efficace, en créant un sentiment de rareté, les prix resteront élevés. ■
Les malles de voyage Louis Vui on (ci-dessus) sont très convoitées par les collectionneurs. Leurs prix peuvent a eindre plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des modèles anciens. Le Hermès Birkin 25 Rose Sakura (en bas à droite), de couleur rose pâle, est également une pièce de collection. Son prix est de 21.450 euros.
Annick Schramme, professeur en gestion du luxe à l’Université d’Anvers et à l’Antwerp Managementschool
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Autrefois, le seconde main n’avait pas une bonne image. Qu’est-ce qui explique une telle évolution positive depuis lors?
On a commencé par changer la terminologie. On ne dit plus «de seconde main», mais «preloved» et «vintage». Le marché de l’occasion, qui ne cesse de se développer, est en partie dû aux marques de luxe telles que Chanel et Hermès, qui accordent de plus en plus d’importance à la fidélité et à l’exclusivité. Elles produisent délibérément moins que la demande pour fidéliser leur clientèle. Mais il y a de plus en plus de clients super-riches qui veulent investir dans le luxe. Comme ils ne peuvent pas acheter ce qu’ils veulent dans les boutiques existantes, ils se tournent vers le marché du vintage.
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Est-ce une bonne idée d’investir dans des sacs à main vintage?
On ne peut pas y répondre de manière catégorique. S’agissant des sacs à main emblématiques, c’est clairement le cas. Mais le terme «vintage» est très large. On voit aujourd’hui des T-shirts vintage du créateur de mode belge Raf Simons datant des années 1990 se vendre au triple de leur prix d’origine. Qui aurait pu l’entrevoir? Le marché est donc imprévisible, mais il en existera toujours un pour les sacs à main exclusifs.
3 Quels sacs à main constituent un bon investissement?
La valorisation découle principalement du statut. Cela fonctionne comme sur le marché de l’art. Vous achetez une œuvre d’art en tant qu’investissement, mais la valeur émotionnelle est souvent bien plus importante. Vous la considérez comme un héritage familial qui peut être transmis. Bien sûr, il y a toujours des gens qui achètent des sacs à main dans le seul but de les revendre avec profit par la suite, mais, comme pour les œuvres d’art, c’est plutôt risqué. Il faut trouver le bon acheteur qui est prêt à payer plus cher. Avec les modèles Hermès Birkin et Kelly, la demande est là, mais avec d’autres sacs à main, ce sera plus difficile.
COLLECTIONNER DES VIOLONS ITALIENS ANCIENS
La musique classique vous passionne? En collectionnant des instruments à cordes italiens de l’époque baroque, vous pourriez jouer une double partition: vous enrichir culturellement… et financièrement. A ention toutefois: «N’achetez qu’avec l’aide d’un expert», avertit Florian Leonhard, spécialiste.
KOEN LAMBRECHT / PHOTOS: MARK CHILVERSAu début du XIXe siècle, Luigi Tarisio parcourut le nord de l’Italie en quête d’objets anciens. Son but était d’acquérir des violons, des altos et des violoncelles, fabriqués 50 à 200 ans plus tôt par des grands luthiers comme Antonio Stradivari, Giuseppe Guarneri del Gesù ou Nicola Amati. Était-il motivé par la sonorité riche et puissante de ces instruments ou par d’autres caractéristiques, telles que le bois sculpté ou les dos de ces instruments, habillés d’érable flammé? Toujours est-il qu’il s’est imposé comme l’un des plus grands marchands et collectionneurs de violons. D’ailleurs, l’une des plus grandes
Le spécialiste du violon, Florian Leonhard. Dans ses mains, un violon de Giuseppe Guarneri del Gesù, de Crémone, datant de 1735.
«Depuis des siècles, on s’ingénie à copier les violons de Stradivari et de del Gesù, mais personne n’est jamais parvenu à égaler leur sonorité.»
Tim Ingles
Maison de vente aux enchères Ingles & Hayday
maisons de vente aux enchères en ligne, dédiée aux instruments à cordes, porte aujourd’hui son nom.
À l’époque, Luigi Tarisio se rendait dans les fermes, les auberges et les monastères à la recherche d’instruments d’époque. Fort de son œil avisé et de ses vastes connaissances accumulées au fil des ans, il découvrait d’innombrables trésors qu’il échangeait, achetait et vendait pour se constituer une collection. Il emmenait ses précieux violons à Paris, capitale culturelle de l’Europe au début du XIXe siècle, où les violons anciens, fabriqués en Italie, connaissaient un réel succès. Il y proposait ses pièces rares aux plus grands luthiers et marchands de l’époque. C’est ainsi que d’innombrables instruments furent préservés et se retrouvèrent dans les mains d’éminents musiciens et de... collectionneurs.
Une catégorie à part
Les instruments à cordes italiens des XVIIe et XVIIIe siècles constituent à eux seuls une catégorie à part, ne serait-ce qu’en raison de leurs prix élevés. De nos jours, leurs prix commencent à environ 150.000 dollars — les instruments à cordes anciens de plus de 100.000 euros sont invariablement négociés en dollars — mais un Guadagnini peut rapidement dépasser le million. Les prix des Stradivari et des Guarneri a eignent des sommets (jusqu’à 20 millions et plus). Il y a deux ans, le Stradivarius le mieux conservé, le Messie, a d’ailleurs été estimé à 20 millions de dollars mais l’instrument, qui appartient au musée Ashmoleum d’Oxford, n’est pas à vendre.
Sur le marché, le prix d’un violon bien conservé conçu par un grand luthier peut rapidement grimper. Soit en raison des surenchères lors de ventes publiques, soit en raison de la prime qu’il faut payer lors d’une vente privée (ce qui est d’autant plus vrai pour les pièces uniques).
Mais qu’est-ce qui rend les instruments à cordes fabriqués entre 1600 et 1700 à Crémone (mais aussi dans d’autres centres de lutherie
comme Venise, Milan ou Naples) si particuliers? La réponse est très simple: ils ont une meilleure sonorité. Le timbre allie brillance et noblesse, de la corde la plus grave à la plus aiguë. Les plus grands virtuoses en tirent une sonorité éblouissante qui se propage jusqu’aux confins d’une salle de concert moderne. «Depuis des siècles, on s’ingénie à copier les violons de Stradivari et de del Gesù, mais personne n’est jamais parvenu à égaler leur sonorité», souligne Tim Ingles, de la célèbre maison de vente aux enchères londonienne Ingles & Hayday.
À notre grande surprise, Florian Leonhard, l’un des plus grands experts au monde, n’avance pas cet argument, mais souligne la forme et la conception du violon, qui méritent bien une petite leçon d’histoire.
Une magie qui résonne depuis des siècles
Le violon voit le jour vers 1520. Son premier grand concepteur est Andrea Amati, l’ancêtre d’une célèbre famille de luthiers. Il s’appuie sur les principes d’ordonnancement de la Renaissance, centrés sur les proportions, les divisions et le nombre d’or. «L’œil reconnaît très clairement ces proportions harmonieuses. Tout comme il nous vient un sentiment de plénitude en contemplant un tableau ou un bâtiment de la Renaissance, le violon nous procure une émotion comparable. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cet instrument est encore utilisé aujourd’hui», explique Florian Leonhard.
Le mode de fabrication, consistant à former le violon autour d’un moule, reste pratiquement inchangé jusqu’aux alentours de 1800. Au XIXe siècle, les gens commencent à copier les instruments des plus grands luthiers en tentant parfois de les «améliorer». «Mais tous ces changements échouent», ajoute Florian Leonhard. À la même époque, on commence à utiliser des vernis plus durs, qui sèchent plus rapidement, mais n’améliorent pas la sonorité.
L’approvisionnement en bois change également au XIXe siècle. «Avant 1800, les rondins (la table d’harmonie du violon est en épicéa, NDLR) ne sont pas encore transportés par charre es. Les arbres
sont aba us dans les vallées et les troncs acheminés par des rivières à l’eau cristalline. Lorsqu’ils arrivent enfin dans une ville comme Venise, nombre d’entre eux sont meurtris. Les luthiers peuvent ainsi choisir les meilleurs morceaux dans le bois qui a résisté à l’épreuve du transport.»
La qualité exceptionnelle des violons des XVIe et XVIIe s’explique donc par une conjugaison de facteurs: conception harmonique, disponibilité d’excellents bois, utilisation de vernis à l’huile à séchage lent, sans oublier bien sûr le savoir-faire de luthiers patiemment formés. «Si certains violons du début du XIXe siècle méritent encore d’être collectionnés, ce sont les instruments des deux siècles précédents qui sont les plus estimables et les plus exquis, et donc les plus recherchés», résume Florian Leonhard.
Depuis, les anciens instruments à cordes italiens n’ont jamais cessé de prendre de la valeur. «Les chiffres tenus ces 50 dernières années révèlent que leurs prix de vente doublent tous les dix ans», indique Tim Ingles. Cela revient à un rendement moyen d’environ 7% par an. «C’est un marché très stable qui résiste aux turbulences économiques. De plus, il s’agit de pièces rares et d’un stock de taille limitée.»
«Pour les instruments de bonne qualité, le rendement est (en moyenne) de 10% par an», complète Florian Leonhard. «Plus ils sont remplaçables, moins leur valeur augmente. Les instruments remplaçables (c’est-à-dire produits aujourd’hui par des luthiers vivants) suivent simplement l’inflation. En revanche, les instruments italiens anciens sont irremplaçables.»
Des instruments subjuguants
Mais l’aspect financier n’est pas un facteur décisif lorsque l’on collectionne des violons italiens anciens. D’autres dimensions entrent en jeu. Tout collectionneur averti a la culture à cœur. Il est avant tout mû par la beauté de ces créations. «Pensons à des géants comme Beethoven, Mozart, Copernic, Michel-Ange, De Vinci ou même Socrate»,
Non seulement la valeur de l’instrument ne baissera jamais, mais il recouvre un aspect philanthropique. Vous pouvez, par l’intermédiaire d’une fondation, prêter l’instrument à un musicien exceptionnel qui mérite un objet de ce e qualité.
pointe Florian Leonhard. «Il n’y en a eu que quelques douzaines en plusieurs milliers d’années. Ils sont si peu nombreux qu’on n’aurait jamais connu leur existence sans ces mécènes qui prenaient plaisir à collectionner, à commander des compositions, à financer une expédition au pôle Nord, etc. Eh bien, dans le domaine de la musique, un violon, un alto, un violoncelle... c’est aussi, à plus d’un titre, une belle œuvre d’art particulièrement travaillée — et qui ne coûte qu’une fraction d’un Picasso. De plus, c’est un instrument qui, lorsque vous jouez, continue à sonner magnifiquement, sans amplification, avec autant de puissance dans une grande salle de concert moderne. C’est tout simplement fascinant.»
Collectionner des instruments de ce e catégorie n’est pas donné à tout le monde, reconnaît l’expert, surtout si vous n’avez pas développé un intérêt particulier pour la musique classique. De fait, on ne collectionne pas les violons uniquement pour leurs qualités sculpturales. Pourtant, même les personnes qui n’en jouent pas peuvent éprouver du plaisir à posséder un bel instrument — à condition d’avoir été conseillé par un expert. Non seulement la valeur de l’instrument ne baissera jamais, mais il y a là un aspect philanthropique que les tableaux, par exemple, n’ont pas. Vous pouvez, par l’intermédiaire d’une fondation, prêter l’instrument à un musicien exception nel qui mérite un objet de ce e qualité. «Vous écrivez ainsi l’histoire par le biais d’une personne qui ne ménage pas ses efforts et qui fascine le public.»
Mais le point de vue de Florian Leonhard a sensiblement évolué ces dernières années. «Il ne s’agit pas seulement du rendement que l’on peut obtenir d’un tel investissement, mais aussi de la satisfaction émotionnelle que l’on peut en retirer. Vous êtes content de savoir que quelqu’un peut utiliser votre investissement. Un lien se crée et vous apprenez à connaître ce e personne, que vous admirez pour
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BoleroFlorian Leonhard recommande aux futurs collectionneurs de faire appel à un expert. Dans ses mains, un violoncelle datant de 1700 environ, et conçu par le luthier vénitien Ma eo Goff riller.
son jeu. C’est comme si un médaillé d’or olympique était capable de faire quelque chose que la plupart des gens ne peuvent pas faire.»
Comment commencer une telle collection?
«N’achetez pas le premier instrument mis en vente», avertit Florian Leonhard, qui déconseille les ventes aux enchères. Il faut être sûr que ce que l’on achète est authentique. L’étique e à l’intérieur du violon peut être fausse. Voilà pourquoi, surtout pour les achats importants, un certificat d’authenticité délivré par un expert est indispensable. Un rapport sur l’état de l’instrument est également recommandé. Les fissures sont fréquentes sur les violons anciens, en particulier sur la table. La question est de savoir si elles sont importantes et si elles ont été correctement réparées.
Tim Ingles insiste également sur la nécessité d’être bien conseillé, «tant sur l’authenticité que sur l’état de l’instrument. C’est un marché complexe. Faites-vous assister de quelqu’un en qui vous pouvez avoir confiance.» Florian Leonhard invite à la prudence lorsqu’il s’agit d’offres publiées sur internet. «Aujourd’hui, tout le monde peut consulter les prix des ventes aux enchères, mais les informations que l’on trouve sur internet sont très sommaires.» Il conseille donc à nouveau aux collectionneurs potentiels de faire appel à un expert rigoureux. «Choisissez la personne qui sera à vos côtés et vérifiez ses états de service. Examinez son passé, où il a été formé et où il a pu acquérir de l’expérience.»
Mais collectionner des violons italiens anciens n’a pas que de bons côtés. Vient parfois le moment où l’on souhaite les vendre, et les instruments sont peu liquides. «Ils sont un peu comme des biens immobiliers: il faut a endre qu’un acheteur se manifeste», explique Florian Leonhard. Cela peut prendre trois mois ou deux ans. Il ne faut donc pas être pressé.
De nombreux collectionneurs n’aiment pas se montrer au grand jour et préfèrent dissimuler leurs trésors. Tout le contraire de l’Américain David Fulton, qui a fait réaliser plusieurs documentaires sur sa collection — autrefois l’une des plus belles au monde — qui a même fait l’objet d’un livre. David Fulton a appris à jouer du violon dès son plus jeune âge, ce qui l’a amené, bien des années plus tard, fortune faite — quand il a revendu sa firme Fox Software à Microsoft en 1992 — à se constituer une collection d’instruments. Il a revendu la plupart ces 15 dernières années, ne conservant que quelques pièces qui lui tenaient à cœur. ■
La volatilité des marchés, la remontée des taux d’intérêt et la vague de consolidation dans le secteur bousculent le paysage de la gestion patrimon iale. Le gestionnaire doit, plus que jamais, prouver sa valeur ajoutée dans un monde devenu plus numérique, plus complexe et plus compétitif, alors que les cl ients aspirent à un partenaire fiable et une certaine tranquillité d’esprit.
De plus en plus de Belges fortunés confient la gestion de leur patrimoine. Selon les données du marché, plus de deux tiers des avoirs logés dans des banques privées sont aujourd’hui gérés de manière discrétionnaire. Le quart restant l’est en gestion-conseil.
Un essor qui n’a pas échappé à Thomas Vanderlinden, CEO de Mercier Van Lanschot. Avec plus de 12 milliards d’euros d’actifs, Mercier Van Lanschot compte
parmi les plus grands gestionnaires de fortune du pays. Ce e tendance — observée depuis le début des années 2000 — marquée par davantage de gestion discrétionnaire, est moins motivée par les clients que par les banquiers privés, remarque Thomas Vanderlinden.
Une analyse confirmée par Peter Van der Smissen, secrétaire général de Private Bankers Association (BPA). «Ce e évolution se dessine depuis un certain temps, et pas seulement en Belgique. Les raisons sont diverses. De nombreux clients veulent confier la gestion de leurs avoirs à leur banquier. Mais la gestion-conseil, tout comme son coût, sont également des arguments de poids. De fait, ce e voie impose beaucoup plus d’obligations administratives. Toute proposition d’achat ou de vente de titres doit être approuvée par le client. À l’inverse, la gestion du portefeuille est confiée aux experts de la banque dans un cadre et un profil d’investissement convenus.»
Mais il ne s’agit pas là de la seule évolution observée dans le monde de la gestion de patrimoine. Voici les grandes tendances épinglées par quelques experts.
«Le private equity a véritablement décollé», analyse Thomas Vanderlinden. «Il s’est révélé être un bon levier de rendement dans un environnement de taux d’intérêt planchers. De plus, comme il n’est pas coté, sa volatilité passe un peu sous les radars. Reste à savoir si ce e tendance haussière va continuer avec la remontée des taux d’intérêt - même si l’on constate que les Belges nantis, dont la fortune est souvent issue d’entreprises familiales, sont très sensibles au potentiel du private equity.» Vanessa Dufour, directrice Wealth management chez Belfius, le confirme. Belfius Private Banking & Wealth Management gère quelque 53,8 milliards d’euros. «Les investissements en private equity sont en hausse. Ils correspondent en effet très bien au profil entrepreneurial des clients. Il s’agit toutefois
d’un autre type de risque, qui porte souvent sur des montants plus importants.» «Pour moi, la principale tendance est la disparition des portefeuilles traditionnels composés uniquement d’actions et d’obligations», observe Koen Steeland, associé chez Moore Corporate Finance: «Les obligations, parce qu’elles rapportaient très peu. Les actions, en raison de l’essor du private equity et de la forte diminution du nombre de sociétés cotées. Le marché boursier offre beaucoup moins d’opportunités qu’auparavant, alors qu’il existe de nombreuses grandes entreprises à croissance rapide qui ne sont pas cotées en bourse et qui recherchent des capitaux sur le marché privé. Le marché du private equity a donc ouvert les bras aux grandes fortunes.»
Vanessa Dufour y apporte cependant une nuance. «Ce e année, le portefeuille obligataire revient sur le devant de la scène. Au vu de l’évolution du contexte économique, le ‘TINA’ (There Is No Alternative) n’est plus de mise: There Are Many Alternatives. Avec la remontée des taux d’intérêt, les actions ne sont plus les seules à procurer du rendement. Bonds are back! En gestion d’actifs, différents bons portefeuilles sont désormais possibles en fonction de l’objectif poursuivi. Ainsi, nous avons également proposé aux clients des comptes à terme a rayants pour les liquidités qu’ils souhaitaient conserver quelque temps.»
«Les taux d’intérêt ont repris de la hauteur après une longue période de faiblesse. lls y resteront certainement pendant un certain temps», estime Vanessa Dufour. «L’approche et le portefeuille doivent être davantage adaptés au contexte du marché et aux objectifs de rendement.» En clair, la réalité des chiffres s’impose à nouveau, martèle Thomas Vanderlinden. «Le soufflé est retombé, ce qui est positif. Les valorisations boursières délirantes ont disparu, l’environnement du marché est plus sain. Cela signifie également que les clients pourraient temporiser davantage avant d’investir dans certains actifs, puisque les liquidités rapportent à nouveau.»
«Quand les taux étaient au plancher, les investisseurs ont découvert d’autres classes d’actifs», ajoute Koen Steeland. «Les banquiers cherchaient des alternatives pour leurs clients. Les monnaies numériques, le private equity ou les projets immobiliers. Mais la remontée des taux a démontré que certaines de ces alternatives étaient plus risquées qu’on ne le pensait. On le voit avec la crise que traversent plusieurs promoteurs immobiliers. Ou encore, avec les valorisations de certaines start-ups ayant fortement chuté. Certains s’en sortiront, d’autres pas.» Avec tout ce que cela implique pour les rendements des portefeuilles et la relation client-banquier.
«La confiance est la base. La numérisation ne pourra jamais la remplacer. Même la prochaine génération, aussi avancée soit-elle sur le plan numérique, a besoin de ces rencontres personnelles»Thomas Vanderlinden CEO de Mercier Van Lanschot
Avec l’intelligence artificielle (générative), les gestionnaires d’actifs seront toujours plus performants sur le plan opérationnel. «Pensez à l’optimisation des portefeuilles, à l’analyse des performances et à la constitution des portefeuilles», relève Koen Steeland. Ainsi, une étude du consultant financier Datos Insights révèle que l’année
dernière, plus d’un tiers (36,7%) des gestionnaires d’actifs investissaient déjà dans l’IA générative. Ce e technologie servira à l’analyse des données et à l’évaluation des risques, mais également à la sélection des portefeuilles et à la communication avec les clients.
«C’est somme toute logique», pointe Peter Van der Smissen. «L’IA pénètre tous les secteurs, on ne voit pas pourquoi la finance y échapperait. L’investissement repose, par essence, sur la gestion et l’interprétation de grandes quantités de données et d’informations.»
Mercier Van Lanschot s’appuie déjà pleinement sur une solution d’IA développée en interne. Selon Thomas Vanderlinden, cela perme rait de «traiter les données de manière beaucoup plus efficace. Cet outil nous sert à filtrer les données relatives aux investissements. Nous y intégrons nos convictions en matière d’investissements et l’IA nous aide à analyser et à comparer les données». La technologie a également fait son chemin dans la gestion d’actifs, le suivi et le reporting dans d’autres banques, comme Belfius. Mais il est encore trop tôt pour faire des commentaires à ce sujet, réagit sa porte-parole Ulrike Pommée.
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L’APPROCHE PERSONNELLE
RESTE CRUCIALE, MÊME
POUR LA GÉNÉRATION
NUMÉRIQUE
«Malgré la numérisation galopante, le contact direct avec les clients reste important. Qu’il s’agisse de parler d’investissements, d’une planification successorale ou d’un crédit», souligne Vanessa Dufour. C’est dans ce e relation personnelle que les gestionnaires investissent.
À Knokke, Belfius dispose de ce que l’on appelle la «Wealth House». «Nos clients y sont accueillis dans un environnement discret, privilégié et cosy», explique Vanessa Dufour. En 2024, Belfius ouvrira cinq nouveaux Private & Wealth Flagships à Courtrai, Hasselt, Liège, Namur et Bruxelles. Anvers et Gand suivront en 2025-2026.
«Dans ces bureaux emblématiques, nous exposerons également une partie de
«Les clients les plus fortunés veulent des financements sur une base internationale et un accès à des deals exceptionnels. Les gestionnaires font alors la di fférence en réservant à leurs meilleurs clients de très belles opérations.»
Koen Steeland Partner chez Moore Corporate FinanceLa numérisation s’accompagne également d’une démocratisation, estime Koen Steeland. «Il y a dix ans le private equity était réservé à quelques privilégiés. Aujourd’hui, on peut déjà y investir à partir de 250.000 euros et se constituer un portefeuille diversifié en passant par des plateformes numériques. Mais la démocratisation intensifie aussi la concurrence dans le monde de la gestion d’actifs.»
Ce e évolution oblige donc le banquier privé à se profiler de manière plus pointue. «Le gestionnaire de patrimoine doit prouver sa valeur ajoutée dans un monde devenu plus numérique, plus complexe et plus compétitif», explique Koen Steeland. «L’époque où votre banquier privé venait vous dire d’investir en dollars ce mois-ci, en yens la semaine prochaine, puis de revenir aux valeurs européennes est complètement révolue.»
Qu’est devenu, dès lors, le business model des gestionnaires de patrimoine?
notre collection d’œuvres d’art. La plupart de nos réunions avec les clients ont lieu à leur domicile et nous voulons nous assurer qu’ils se sentent aussi bien accueillis chez nous que nous le sommes chez eux.»
Comme beaucoup d’autres gestionnaires de patrimoine, Belfius organise des événements spéciaux et confidentiels pour ses clients les plus fidèles. «La confiance est la base. La numérisation ne pourra jamais la remplacer. Même la prochaine génération, aussi avancée soit-elle sur le plan numérique, a besoin de ces rencontres personnelles», affirme Thomas Vanderlinden.
«Les clients les plus fortunés veulent des financements sur une base internationale et un accès à des deals exceptionnels. Les gestionnaires font alors la différence en réservant à leurs meilleurs clients de très belles opérations. Par exemple, les clients des grands gestionnaires de patrimoine américains ont eu la possibilité d’acheter des actions de Tesla avant même son introduction en bourse. Ou bien ils vous donnent accès à des fonds d’investissement pour lesquels vous êtes persona non grata si vous n’êtes pas connu», explique Koen Steeland.
La banque privée a également tendance à se confondre avec les activités destinées aux entreprises. Les personnes fortunées gèrent activement leurs actifs.
«Les meilleurs banquiers les aident à le faire, par exemple en leur proposant toutes sortes de prêts ou en me ant en place une gestion de trésorerie. Cela implique de vraiment bien connaître son client. Pour lui proposer le financement adéquat et l’aider à trouver les bonnes solutions fiscales.» Thomas Vanderlinden ajoute: «Je constate également une ten-
BELGIQUE AARSCHOT Beets Pa eet ANVERS Chark BRUXELLES Univers du Sommeil EDEGEM Bedtime ESSEN Bedtime HASSELT Reyskens Slaapcomfort HEERS 2-Sleep Luxury Bedding HOESELT Crommen Slaapcomfort IZEGEM Top Interieur KNOKKE Chark COURTRAI De Nachtwacht LINKEBEEK Univers du Sommeil MASSENHOVEN Top Interieur OVERIJSE Univers du Sommeil RHODE-SAINT-GENESE Sleeping House SAINT-DENIS-WESTREM Twaalf Twaalf SAINT-NICOLAS Middernacht TERNAT Univers du Sommeil LUXEMBOURG HEIDERSCHEID Fiisschen Concept STRASSEN Maison du Lit
dance vers une approche plutôt semi-passive, où les gestionnaires de patrimoine veulent prendre moins de risques commerciaux et cherchent à se rapprocher davantage de l’indice de référence. Il y a donc de moins en moins d’acteurs qui investissent activement, sur la base de leurs propres recherches et convictions.»
Koen Steeland abonde dans le même sens: «Ce e évolution découle du fait qu’il est de plus en plus di fficile de ba re le marché. Aujourd’hui, numérisation accélérée oblige, quelque 75% des transactions boursières sont générées par des programmes informatiques. Il est devenu extrêmement difficile de traiter des données plus rapidement qu’un ordinateur.»
Le secteur de la gestion de fortune est en proie à une vague de consolidation depuis quelque temps. Les plus petits rejoignent les plus grands (étrangers ou non) pour pouvoir rivaliser avec les acteurs internationaux, alors que les besoins d’investissement ne cessent de croître, notamment dans la cybersécurité et l’adaptation aux nouvelles réglementations. «Pensez, par exemple, aux directives européennes relatives à MiFID (Markets in Financial Instruments Directive) et aux obligations administratives qui y sont associées», explique Peter Van der Smissen. La réglementation sur le reporting en matière de finance durable (SFDR), qui oblige le secteur financier à fournir des informations sur la durabilité de ses produits d’investissement, en est un autre. Les législateurs et les régulateurs durcissent ainsi leur surveillance. Mais en ordre dispersé. L’absence de normes mondiales et les différences d’interprétation entre les pays se traduisent par des règles et des directives loin d’être uniformes. «Ces réglementations pèsent sur les acteurs de petite et moyenne tailles, qui peinent à y répondre avec leurs propres ressources», souligne Thomas Vanderlinden. Mercier Van Lanschot est ainsi lui-même issu de la fusion entre Mercier Vanderlinden et Van Lanschot Belgium.
Si l’opération est approuvée par les autorités de régulation, la firme Accuro, dont le siège est à Anvers, sera également intégrée à la branche belge du groupe. «Ce e consolidation va se poursuivre. La Belgique est un marché mature qui continue à se développer, je n’exclus donc pas que des entreprises étrangères s’y implantent», prévoit Thomas Vanderlinden. Koen Steeland précise: «Voyez aussi le rachat de Degroof Petercam par le français CA Indosuez (Crédit Agricole). La tendance est à l’intensification de la concurrence, car le monde est devenu de plus en plus complexe. Et parce qu’il faut avoir une certaine envergure pour accéder à des opérations plus exclusives. Les réglementations de plus en plus strictes et la nécessité d’innover sur le plan numérique entraînent des coûts considérables. Tous les acteurs ne peuvent pas les supporter. Dans le même temps, il est de plus en plus difficile pour certaines maisons indépendantes de se distinguer à travers une offre spécialisée.»
Pourtant, Thomas Vanderlinden estime qu’une approche locale peut encore porter ses fruits. «Chaque pays a ses spécificités. Je ne crois donc pas à une approche multinationale. Ce marché reste local avec des besoins locaux. Nous avons donc fait le choix de créer Mercier Van Lanschot, en ayant les coudées franches sur le marché belge. L’ancrage local reste essentiel.»
Un passage de génération s’opère à la fois chez les gestionnaires d’actifs et chez les familles fortunées. «Ces jeunes talents apportent de nouvelles idées et une vision différente», s’enthousiasme Vanessa Dufour. «Ils nous me ent au défi, ce qui est positif selon moi».
Le profil du banquier change, confirme Koen Steeland. «Le chargé de relations traditionnel cède de plus en plus la place au spécialiste. Et tout ce qui nécessite moins de spécialisation évolue vers les chatbots et l’IA. On le voit aussi avec l’arrivée de banques étrangères dans notre pays, qui amènent des collaborateurs hyper-spécialisés opérant souvent à l’échelle internationale.»
La nouvelle génération se montre plus sensible à la durabilité et à la numérisation, note Thomas Vanderlinden. «En interne, nous avons créé Next Gen Academy pour former la nouvelle génération de banquiers, en les encadrant par des mentors. Il s’agit en effet de s’assurer qu’ils parlent la même langue que la prochaine génération de familles fortunées.»
Selon Koen Steeland, «ce e jeune génération envisage également la gestion de leur portefeuille différemment parce qu’elle a grandi avec le modèle ‘gratuit’. Ils achètent et vendent des actions par le biais d’une application presque gratuite. Ils n’accepteront de payer pour des services de gestion que si vous leur offrez une réelle valeur ajoutée. Ils sont également moins a achés à la relation de long terme que certaines familles ont construite avec leur banque», conclut-il. ■
«Chaque pays a ses spécificités. Je ne crois donc pas à une approche multinationale. Ce marché reste local avec des besoins locaux.»
Thomas Vanderlinden CEO de Mercier Van Lanschot
Les Ferrari, prestigieuses voitures de sport à grande vitesse, sont assorties de délais de livraison bien longs. Même les modèles les plus onéreux de la marque italienne- la dernière Daytona SP3 est proposée à partir 2 millions d’eurossont très prisés. Mais comment devenir l’heureux propriétaire d’une Ferrari exclusive? A achez votre ceinture, nous vous emmenons à Maranello, au sein de département «sur-mesure» de l’enseigne italienne.
BAS KURSTJENS
PHOTOS: JONAS LAMPENS
L’entrée historique de l’usine Ferrari, à Maranello, débouche sur un véritable petit village. De part et d’autre de l’avenue centrale, nous pouvons apercevoir le site d’assemblage, le centre de développement, la soufflerie et un circuit privé. Sans tarder, on nous dirige vers l’un des bâtiments les plus discrets du site. Nous prenons l’ascenseur jusqu’au troisième étage, où une porte close et hermétique abrite le Saint des Saints.
La division «Tailor Made» de la marque italienne est destinée aux acquéreurs pour lesquels une «simple» Ferrari ne suffit pas.
«Avec une liste d’a ente, la valeur résiduelle de la voiture est plus élevée. Le temps d’a ente, c’est de la valeur ajoutée. Aujourd’hui, même sur nos marchés les plus di fficiles, nous avons une liste d’a ente de deux ans: cela prouve que les gens nous comprennent et s’en accommodent.»
Enrico Galliera Chief marketing and commercial officer de FerrariToutes ces matières ne conviennent pas telles quelles à l’aménagement d’une voiture. Elles doivent être traitées pour résister à l’usure de l’habitacle d’une voiture. Elles doivent également être rendues inflammables.
Noblesse oblige, on ne nous fait pas a endre. La maîtresse des lieux, Georgeta Raluca Maxim, nous accueille. Elle semble avoir a endu notre visite toute la matinée. Nous entrons dans ce qui ressemble à une salle de bal, où trône une Ferrari jaune canari. Mais notre regard est capté par les murs tapissés de centaines d’échantillons de couleurs pour la carrosserie, par des prototypes de sièges sport de toutes les formes possibles et imaginables et par des centaines d’échantillons de cuir, de coutures, de volants, de logos, etc. Georgeta Raluca Maxim est la spécialiste du sur-mesure chez Ferrari. Elle dirige le département de personnalisation. «J’ai déjà eu affaire à des clients qui voulaient que la couleur de leur nouvelle Ferrari soit identique à celle de leur tasse de café quotidienne ou encore, à la couleur du cuir du sac à main préféré de leur épouse», nous confie-t-elle.
La division «Tailor Made» de la marque italienne est destinée aux acquéreurs pour lesquels une «simple» Ferrari ne suffit pas. Ces clients aspirent à un modèle unique. Et pour cela, ils sont prêts à payer une petite fortune.
Ferrari n’est d’ailleurs pas le seul constructeur à proposer un service de personnalisation. Bentley, Aston Martin, Lamborghini et Rolls-Royce se sont également engagés dans ce e voie. Ces enseignes cèdent volontiers aux caprices esthétiques des ultrariches, dans la mesure où leurs derniers résultats financiers records sont, en grande partie, liés aux services de personnalisation qu’elles proposent.
Bien sûr, il existe d’autres possibilités pour acquérir un véhicule configuré à son goût. «Il est aussi possible de personnaliser sa Ferrari via notre configurateur en ligne. Les clients les plus exigeants peuvent consulter notre ligne Special Equipment pour ajouter d’autres options, qui sont nombreuses, mais fixes», explique Enrico Galliera, directeur commercial de Ferrari.
Tailor Made
Celles et ceux qui jugent cet éventail d’options insuffisant peuvent se diriger vers le programme Tailor Made. Selon Enrico Galliera, «ce dispositif permet de personnaliser presque entièrement un véhicule. Les clients nous demandent d’ailleurs souvent des choses auxquelles nous n’aurions jamais pensé». Et le prix (du simple au double, comparé à une Ferrari de base, dont le prix est de 300.000 euros) n’est pas un souci.
«Le programme Tailor Made cible les clients qui souhaitent habiller leur voiture de matières qui ne sont
Rallye, le dernier projet de la Compagnie Het Zoute, est situé sur la prestigieuse Bayauxlaan à Knokke. Là où autrefois un hôtel du même nom a fait fureur, Rallye apporte une toute nouvelle dimension de luxe à cette ville côtière idyllique
Avec son architecture moderne et son esthétique sophistiquée, Rallye offre cinq magnifiques appartements de luxe qui promettent un confort exceptionnel et un style de vie élégant. Chaque aspect de ce bâtiment exclusif a été soigneusement conçu pour répondre aux normes les plus élevées et offrir une expérience de vie inédite.
Le résultat est une fusion harmonieuse de l’élégance moderne et de la beauté intemporelle. À l’angle des rues Zonnelaan et Bayauxlaan, les façades sont entièrement ouvertes par de grandes fenêtres, tirant pleinement parti des avantages de la parcelle d’angle. Ici, vous pouvez profiter d’une abondance de lumière naturelle et d’une vue époustouflante sur les environs.
Le joyau de Rallye est l’appartement sur le toit, qui promet un style de vie inégalé. Doté d’une piscine privée sur le toit, vous pourrez vous y détendre et profiter de plongeons rafraîchissants: c’est l’endroit idéal pour se relaxer, se divertir et profiter de ce que la vie a de mieux à offrir.
Pour plus d’informations: rallye-knokke.be ou scannez le code QR
lisation de Ferrari.
pas habituellement utilisées par les constructeurs», explique Georgeta Raluca Maxim. «Tous les cuirs que vous voyez ici ne proviennent pas de l’industrie automobile, mais du secteur de l’ameublement. Certains d’entre eux sont des cuirs historiques. Ici, c’est de l’Ultrasuede, à côté du tissu de jean. Et là-bas, c’est du cuir Connolly».
Toutes ces matières ne conviennent pas telles quelles à l’aménagement d’une voiture. Elles doivent être traitées pour résister à l’usure propre de l’habitacle. Elles doivent également être non inflammables. «Le cachemire est de plus en plus demandé pour recouvrir le ciel de toit, mais nous avons récemment eu un client qui voulait que ses sièges en soient recouverts», se souvient Georgeta Raluca Maxim. «Nous avons fait de notre mieux pour le rendre résistant, mais nous n’y sommes pas parvenus. Le client insistait, nous lui avons fait signer une décharge pour qu’il ne puisse pas se plaindre d’une usure accélérée.»
Designers personnels
Mais ce sanctuaire n’est dédié qu’aux demandes particulières Les concessionnaires de la marque se chargent de faire le tri. Si le client souhaite obtenir un simple entrelacement (striping) ou un cuir d’une autre couleur, on le dirigera vers les programmes de personnalisation standards. «En revanche, si vous souhaitez reproduire le motif des lune es de votre grand-mère sur votre tableau de bord ou encore, avoir votre logo brodé sur vos appuis-têtes, vous êtes au bon endroit», précise la patronne.
D’ailleurs, les clients sont parfois paralysés par cet éventail infini de choix. Voilà pourquoi Georgeta Raluca Maxim et deux designers aident les clients à composer la voiture de leurs rêves. Ce e séance peut durer jusqu’à trois heures. «Sur base des informations fournies par le concessionnaire, nous créons des tableaux d’ambiance (moodboards) avec des suggestions», explique Georgeta Raluca Maxim. On commence toujours par l’extérieur: la couleur de la peinture, les rayures éventuelles, les numéros pour ceux qui aiment rouler sur circuit... sont visualisés sur un grand écran selon les souhaits du client.
Vient ensuite la décoration de l’intérieur. Les possibilités semblent infinies, mais Georgeta Raluca Maxim et ses designers personnels sont stricts: «Le plus grand risque, c’est que les clients commencent à mélanger les styles. Ils oublient souvent la règle d’or: ‘Less is more’. C’est peut-être la partie la plus difficile de mon travail.» Georgeta Raluca Maxim affirme que Ferrari dit plus souvent «non» aux clients pour ce type de requêtes que d’autres enseignes. «Nous devons veiller à protéger l’ADN de Ferrari». Ainsi, une Ferrari couleur café sera autorisée, mais pas une rose Barbie.
Mais les clients fortunés n’acceptent pas si facilement qu’on leur dise «non». «Les designers personnels sont toujours là pour expliquer au client pourquoi un choix va à l’encontre du design et du langage stylistique de la voiture», explique Georgeta Raluca Maxim.
La peinture Blu Capri, qui apparaît bleue ou verte en fonction de la lumière, trouve en tout cas grâce aux yeux des designers personnels de la maison, Luca et Marco. Ils recommandent toutefois de remplacer les bandes blanches du capot et du toit par des bandes grises: «Cela va mieux avec les jantes argentées», confient-ils.
Mais certains clients se montrent parfois inflexibles. «Nos collaborateurs reçoivent une formation qui leur apprend à convaincre, tout en douceur, les clients à modifier leur choix », explique le directeur commercial Enrico Galliera.
Dans l’atelier Tailor Made de Maranello, les places sont comptées, tout comme dans les boutiques correspondantes de Park Avenue à New York, et à Shanghai. Georgeta Raluca Maxim souhaiterait pouvoir accueillir plus de clients, mais l’espace de production des Ferrari personnalisées est limité. «Chaque fois que je demande à la direction de l’usine si nous ne pourrions pas accroître la capacité de la ligne de production, ils lèvent les yeux au ciel», explique Enrico Galliera.
Décrocher un rendez-vous avec Georgeta Raluca Maxim est déjà un privilège. Et surtout un sésame: une fois admis dans son atelier, on sait que l’on pourra composer et construire le bolide de ses rêves. Aussi, il faut s’armer de patience. Il faut parfois a endre un an, parfois plus, pour obtenir un rendez-vous
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Il faut parfois a endre un an, voire plus, pour obtenir un rendez-vous, et jusqu’à un an de plus pour la construction de la voiture, selon le degré de personnalisation.
et jusqu’à un an de plus pour la construction de la voiture, selon le degré de personnalisation.
Mais d’après Enrico Galliera, «ce long processus écrème naturellement nos clients. Les personnes qui achètent leur première Ferrari sont généralement impatientes de se me re derrière le volant et donc, plus enclines à choisir un équipement plus simple.»
De son côté, Ferrari n’appuie pas non plus sur le champignon pour accélérer le processus. D’ailleurs, le proverbe «Chi va piano, va sano» dicte l’état d’esprit de l’entreprise. «Certes, personne n’aime a endre», fait observer Enrico Galliera, «mais dans certains pays, c’est sans doute encore plus vrai qu’en Italie où a endre sa Ferrari fait un peu partie de la tradition». «Nous essayons d’éduquer ces clients en leur expliquant que le temps d’a ente fait partie de notre concept. Avec une liste d’a ente, la valeur résiduelle de la voiture est plus élevée. Le temps d’a ente, c’est de la valeur ajoutée. Aujourd’hui, même sur nos marchés les plus difficiles, nous avons une liste d’a ente de deux ans: cela prouve que les gens nous comprennent et s’en accommodent.»
Imaginer sa propre carrosserie
La personnalisation peut aller très loin. Ferrari accorde chaque année à deux de ses clients le privilège d’équiper leur Ferrari d’une carrosserie conçue en collaboration avec un constructeur de leur choix. Une opportunité en or, alors que le programme Tailor Made ne permet pas de personnaliser la carrosserie et la motorisation. «C’est le summum absolu de notre offre», explique Enrico Galliera. «Elle est réservée à nos meilleurs collectionneurs».
L’air de rien, le manager de Ferrari aborde ainsi un virage qui reste difficile à négocier pour la marque. En rendant ses voitures de plus en plus exclusives, elle ne fait qu’en accroître la demande. Une évolution illustrée par la commercialisation de la série Icona, regroupant des «supercars» produites à 499 ou 599 unités. Ferrari a eu beau taper très haut dans les prix (2 millions d’euros), ces modèles «limited edition» étaient déjà tous vendus avant même d’avoir été officiellement présentés.
Auparavant, la sélection d’acquéreurs des modèles les plus exclusifs se faisait de façon arbitraire. Il y a dix ans, la marque a décidé que seuls les propriétaires d’au moins cinq Ferrari pourraient acheter un exemplaire de la supercar. Mais ce e règle s’est avérée trop simpliste, indique Enrico Galliera. «Aujourd’hui, on privilégie celles et ceux qui cultivent la meilleure relation avec Ferrari. Le nombre de voitures que les clients possèdent compte encore, mais nous avons été contraints de revoir nos exigences. Nous n’avions pas le choix. Le pire qui puisse arriver, c’est qu’un client mécontent arrive et dise: ‘Pourquoi mon voisin, qui n’a que trois Ferrari dans son garage, a-t-il déjà une nouvelle Purosangue et pas moi, alors que j’ai cinq Ferrari?’»
Le directeur commercial a donc développé un algorithme. «Lorsque j’ai rejoint Ferrari, de nombreux collectionneurs possédaient des vieilles Ferrari, mais n’en achetaient jamais de nouvelles. Ce sont des collectionneurs fantastiques, mais si je dois en récompenser un, je privilégierai la personne qui nous aide à payer le salaire des employés. Nous choisissons donc des gens qui participent et coopèrent avec Ferrari tout au long de l’année, et pas seulement il y a 20 ou 30 ans.»
«Le plus grand risque, c’est que les clients commencent à mélanger les styles. Ils oublient souvent la règle d’or: ‘Less is more’. C’est peut-être la part ie la plus di fficile de mon travail.»
GeorgetaRaluca Maxim Product Personalization Specialist
L’algorithme récompense donc les acheteurs qui font entretenir leur(s) voiture(s) chez un concessionnaire Ferrari agréé, qui participent à des rallyes Ferrari, qui emmènent leur voiture de sport sur le circuit ou qui assistent à une course de Formule 1. Toutes les interactions avec la marque sont tenues à jour. Mais certaines comptent plus que d’autres. Par exemple, tous les propriétaires de Ferrari ne peuvent pas participer au prestigieux rallye de Cavalcade, en Italie, réservé aux détenteurs d’au moins deux Ferrari. «Tout ce que vous faites avec nous compte. Ce sont des éléments qui contribuent à notre image. Plus vous en faites, plus nous vous récompensons. Si je veux savoir qui sont nos dix premiers clients, il me suffit d’appuyer sur un bouton. Mais ce top 10 n’est pas statique. Il peut être complètement di fférent le mois prochain», précise Enrico Galliera.
L’une des récompenses consiste à pouvoir s’offrir une future super-sportive à 2 millions d’euros. Ces Ferrari en édition limitée sont clairement un bon investissement,
clame Enrico Galliera: «Si vous avez l’occasion d’acheter l’une de nos séries limitées, vous verrez immédiatement sa valeur doubler sur le marché. Cependant, 90% de nos clients ne le font pas pour gagner de l’argent, mais pour décrocher la récompense. C’est collectionner qui compte à leurs yeux. Et ne vous y trompez pas: les personnes fortunées éprouvent également un malin plaisir à dire ‘regardez, j’ai pu acheter ce e voiture et pas vous’. Elles sont honorées d’être admises comme membres de la famille Ferrari et d’être traitées comme tels.»
Désormais, les clients de Ferrari savent que la marque a fixé des règles qui se veulent équitables, se réjouit Enrico Galliera. «Mais il y en a toujours qui tentent d’obtenir un passe-droit. Ils appellent notre président du conseil d’administration, John Elkann, et lui disent: ‘pouvez-vous demander à Enrico de me réserver ce e voiture?’ Maintenant, c’est très simple: c’est non. Mais les plus irréductibles font encore la sourde oreille.»
■
Les nouvelles cartes des vins et Champagnes proposées à bord des MS Europa et MS Europa 2, des navires détenus par la compagnie de croisières de luxe Hapag-Lloyd Cruises, sont époustouflantes. Mais, derrière la gestion de la plus grande cave à vins flo ante au monde, se cache un véritable exploit logistique.
STÉPHANE GODFROID
PHOTOS: CHRISTIAN ROTHE, HAPAG-LLOYD CRUISES
«Enfant, je rêvais de devenir footballeur. Je suis originaire de Vienne et mon ambition était de marcher sur les pas de Steffen Hofmann, du club Rapid Wien», raconte Max Weber. Si prétendre à un avenir de footballeur professionnel semblait trop ambitieux, aujourd’hui, à 25 ans à peine, il n’en fréquente pas moins la «haute» sur un autre terrain.
Max Weber est le sommelier a itré de la compagnie Hapag-Lloyd Cruises, qui possède cinq bateaux de plaisance (deux de luxe et trois plus petits, très maniables pour les expéditions). L’un des navires de très haut standing, le MS Europa 2, vient d’être désigné meilleur navire de luxe au monde par Insight Guides Cruising & Cruise Ships 2024 (anciennement le célèbre Berlitz Cruise Guide). «Nous détenons la plus grande cave à Champagnes du monde», nous glisse-t-il fièrement.
Max Weber s’est intéressé à la gastronomie et aux bons vins dès son plus jeune âge. «Je suis très curieux de nature. J’avais 15 ans lorsque j’ai débuté dans les cuisines des restaurants, notamment à l’hôtel Marrio de Vienne.» Plus tard, en 2017, Max Weber travaille également pendant plusieurs mois aux côtés de Nick Bril, au sein de l’établissement The Jane,
«Respecter un budget est un élément fondamental de mon travail. Mais, dans ces limites imposées, je peux proposer de très belles choses. Notre carte des vins ne manque pas de bouteilles uniques que de nombreux restaurants étoilés pourraient envier.»
Max Weber
Corporate sommelier de Hapag-Lloyd Cruises
à Anvers. «Mais la vinification me fascine aussi», s’empresse-t-il d’ajouter. Il s’est formé dans des domaines allemands, suisses et autrichiens, notamment l’emblématique Kracher, dans le Burgenland, en Autriche. «Cela me plaît de connaître les secrets de fabrication d’un grand vin. Tout le labeur un peu ingrat, au-delà des principes théoriques, qui précède et succède à ce e parenthèse romantique que sont les vendanges. C’est en se plongeant dans le monde réel de la vinification que l’on apprend vraiment le métier de sommelier.»
Un gros travail de logistique
C’est un copain de stage de Max Weber, déjà employé par Hapag-Lloyd Cruises, qui l’a convaincu de prendre le large. «“C’est vraiment quelque chose pour toi”, m’a-t-il dit. “Tu voyages, tu rencontres des gens sympas et captivés par le vin, et tu ne travailles qu’avec les meilleurs crus”. Il reme ait le couvert sans arrêt et, finalement, j’ai pris part à l’aventure en mars 2021».
Très vite, Max Weber est devenu Head Sommelier. Moins d’un an après, il accédait à la fonction de Corporate Sommelier. Hapag-Lloyd Cruises lui a alors confié la mission de revoir toutes les cartes de vins des bateaux ainsi que les procédures d’achat. «Ce travail diffère totalement de celui d’un sommelier dans un grand restaurant traditionnel», m’explique Max Weber. «Dans un restaurant, vous prenez contact un fournisseur et vous commandez entre 36 et 120 bouteilles pour votre carte, selon le vin et le prix. Tout cela va très vite. Ici, si je veux intégrer un vin en particulier à ma carte, je dois compter au minimum trois à six mois de délais. La logistique est dantesque. Une personne extérieure
À bord du navire de luxe MS Europa, dédié aux croisières classiques, la carte des vins proposée se compose de crus du même tonneau. Pour le MS Europa 2, qui accueille un public plus jeune, la carte s’est dotée d’accents aventureux.
n’imagine pas le nombre de bouteilles qu’il faut gérer à bord», s’exclame le jeune sommelier.
«Le vin de notre choix doit d’abord être enregistré dans notre système, avec tous les détails, tels que la cuvée et le millésime. Ces informations sont ensuite transmises à notre service de commande. P uis, le vin est livré à notre dépôt central de Hambourg. De là, notre partenaire logistique conditionne chaque commande pour chaque navire et l’expédie aux quatre coins du monde. De fait, nos bateaux peuvent se trouver tant en Nouvelle-Zélande qu’en Australie, aux États-Unis, à Hong Kong, en Antarctique, etc.»
À bord, les passagers sont sans doute à mille lieues de se soucier de ce type de détails. Pourtant, la gestion de ces stocks n’est pas évidente. «Nous devons constamment nous assurer de ne pas avoir trop de vins à quai et d’en avoir assez à bord. C’est un exercice d’équilibre permanent.»
Par ailleurs, Max Weber précise qu’il n’achète que des vins prêts à boire. «Nous ne disposons ni à bord, ni à terre, d’un espace suffisant pour faire vieillir les vins pendant des années. Mais ce serait un beau projet à mener dans le futur!»
À bord du MS Europa, dédié aux croisières classiques, la carte des vins se compose de crus du même tonneau. Le MS Europa 2, qui accueille un public plus jeune, s’est doté d’une carte aux accents aventureux. Sur chaque navire, une équipe de sommeliers est chargée de servir les vins tout en donnant quelques explications aux passagers. Le MS Europa 2 dispose d’un chef sommelier, d’un assistant-sommelier et
d’une équipe d’environ 15 serveurs spécialisés. À bord, ce e équipe organise également des dégustations de vins, dont certains proviennent parfois de régions viticoles locales. «Lorsque nous accostons en Afrique du Sud ou en Nouvelle-Zélande, l’un de nos sommeliers achète quelques caisses de vin local et les débouche pour nos passagers lors d’une dégustation.»
Max Weber nous confie avoir élaboré l’été dernier une toute nouvelle carte de vins. Sans regarder à la dépense? Lui demande-t-on. «Hapag-Lloyd Cruises est une valeur sûre dans le secteur des croisières de luxe depuis plus de 130 ans. Respecter un budget est un élément fondamental de mon travail. Mais, dans ces limites imposées, je peux proposer de très belles choses», se réjouit-il. «Voyez vousmême. Notre carte des vins regorge de bouteilles uniques que de nombreux restaurants étoilés envieraient. J’aurais tort de me plaindre, et nos clients encore plus...».
Malgré un espace de stockage limité à bord de ces navires de luxe, Hapag-Lloyd Cruises présente une sélection de 550 vins au total, dont 150 vins mousseux et Champagnes, originaires à la fois du Vieux continent et du Nouveau Monde, et des millésimes allant de 1957 (un porto Colheita de Kopke) à 2022. Outre les traditionnelles bouteilles de 75 cl, de nombreux magnums et doubles magnums sont proposés aux clients, tels que des Nabuchodonosors (15 litres) . «Nous servons ces derniers pour
Malgré un espace de stockage limité à bord de ces navires de luxe, Hapag-Lloyd Cruises présente une sélection de 550 vins au total, dont 150 vins mousseux et Champagnes, originaires à la fois du Vieux continent et du Nouveau Monde, et des millésimes allant de 1957 (un porto Colheita de Kopke) à 2022.
«Notre assortiment recèle des meilleures cuvées: les Champagnes Krug Clos du Mesnil 2004 et 2006, le Tai inger Comtes de Champagne Rosé Brut 2009, le Dom Ruinart Brut 2009, le Dom Pérignon Plénitude Deuxième Brut 2000, etc.»
Max Weber
Corporate sommelier de Hapag-Lloyd Cruises
des occasions spéciales telles que le réveillon du Nouvel An ou une fête particulière...», ajoute Max Weber.
Désormais, les mousseux et les vins d’exception, comme le Krug Grand Cuvée, le Dom Pérignon Vintage ou le Pol Roger Vintage blanc et rosé, sont aussi proposés au verre, grâce au système Coravin (qui permet d’extraire du vin sans que la bouteille ne soit débouchée, ce qui préserve sa qualité). «L’un de mes favoris, le champagne André Clouet Dream Vintage 2009, figurera aussi sur la carte, tout comme le Moët Vintage 2013 Rosé.»
Max Weber nous tend une carte. «Voici la carte complète des champagnes pour le MS Europa 2. Vous remarquerez que notre assortiment recèle des meilleures cuvées: les Champagnes Krug Clos du Mesnil 2004 et 2006, le Tai inger Comtes de Champagne Rosé Brut 2009, le Dom Ruinart Brut 2009, le Dom Pérignon Plénitude Deuxième Brut 2000, etc.».
Nous continuons de feuilleter l’épais catalogue des vins, dont les bouteilles coûtent entre 30 et 6.000 euros. Chaque page nous réserve un ou deux émerveillement(s). Nous y détectons ainsi des étique es du Domaine de la Romanée-Conti, représenté par pas moins de trois crus: Richebourg, Romanée Saint-Vivant et La Tache; le vin blanc (!) Château Mouton-Rothschild 1er Grand Cru Classé 2017 Aile d’Argent; le Montrachet de Lucien Lemoine, les 1er Grands Crus Classés rouges de Mouton-Rothschild, Lafite-Rothschild, Margaux et Haut-Brion; sans oublier Sassicaia et Ornellaia. Nous y repèrons même un vin dans lequel un Belge a mis son grain de savoir-faire: le rouge Territorio Vivo de Filipa Pato et William Wouters, de la région portugaise de Bairrada. ■
Des croisières exclusives et aventureuses
Avec MS Europa et MS Europa 2 (baptisé en 2013), Hapag Lloyd Cruises propose des croisières de luxe exclusives. En parallèle, la compagnie maritime affrète aussi les navires Hanseatic Nature, Hanseatic Inspiration et Hanseatic Spirit pour des croisières plus aventureuses.
Le MS Europa 2 peut accueillir plus de 500 personnes (qui seront servies par un équipage de 370 personnes). Le navire comprend sept restaurants, différentes installations dédiées au bien-être (spa, centre de remise en forme) ainsi que des salles de spectacles et de concerts. Ce e année, la compagnie propose une offre spéciale pour les Belges: huit croisières à bord des bateaux Hanseatic Inspiration et MS Europa 2.
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