Wealth - novembre 2023

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L a v ie des g randes f or t unes

Les parfums de niche en plein essor

LES PARFUMEURS SÉDUISENT AVEC DES FRAGRANCES EXCLUSIVES ET PRESTIGIEUSES

La passion de Laurent Levaux et d’autres collectionneurs

CES VIEILLES PLAQUES PUBLICITAIRES SONT DEVENUES DES PIÈCES DE COLLECTION

Comment acquérir une oeuvre d’art?

SOFIE VAN DE VELDE: «POUR CERTAINS ARTISTES, NOUS AVONS UNE LISTE D’ATTENTE DE 300 À 400 NOMS»

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HAUTE PARFUMERIE

«Regardez ce que nous avons retrouvé Mais encore… Dans ma petite bible «végétale» illustrée, les fleurs au grenier: une caisse de vieux livres!» et les plantes sont aussi valorisées Si vous avez déjà déménagé, cette expérience ne vous est pas méconnue. pour les parfums qu’elles dégagent. Vous découvrez une série d’objets «Quel serait le charme de nos jardins dont vous aviez totalement oublié sans la rose brillante et parfumée?» l’existence. Et vous devez alors décider s’interrogent les auteurs. Aujourd’hui si, oui ou non, ces objets démageront encore, la rose est utilisée dans de nombreux parfums. Mais pour les avec vous. parfums de niche, l’arsenal de senJe parle en connaissance de cause. «Si vous êtes Lors de mon récent déménagement, l’heureux teurs est parfois plus audacieux. Vous la majorité des objets qui provenait propriétaire le lirez dans notre reportage consacré de mon grenier a été déposée dans de l’une des à la visite d’une boutique de «haute un centre de recyclage. À une excep- premières parfumerie». Et aussi surprenant que tion près… J’ai gardé mes livres. Le éditions de Harry cela puisse paraître, les mauvaises titre d’un ouvrage m’avait d’ailleurs Potter, et que herbes sont devenues tendance: les interpellée: «Cours élémentaire de vous la revendez, chardons et les orties incarnent la botanique, suivi d’un synopsis com- vous pourrez «next big thing» des parfumeurs. Cet plet de la flore belge». Ce livre impri- facilement vous effet de mode est toutefois réservé aux mé à Namur en 1885 était «destiné offrir un parfum «Happy fews»: il faut débourser pluà populariser la botanique dans les sieurs (dizaines de) milliers d’euros personnalisé.» écoles». Sur du papier jauni et fragipour s’offrir un parfum personnalisé. lisé, l’avant-propos interroge: «Chers Katrien Verstraete, Peut-être serez-vous davantage élèves, qui d’entre vous n’aime pas Coordinatrice Wealth séduit par le parfum d’une assiette les fleurs?». S’en suivent 126 pages exquise ou par le parfum que dégage qui mentionnent toutes les familles un bon verre de vin? Ou vous laissede fleurs et les espèces de plantes les rez-vous tenter par un livre imprégné plus connues à l’époque en Belgique. d’histoire, comme mon manuel de botanique? Entre quelles mains ce Leurs vertus médicinales y sont décrites dans les détails. livre est-il passé? Combien de fois a-tLes propriétés médicinales il déménagé? Telles sont les questions des plantes sont, en effet, vieilles comme le que les collectionneurs de livres anciens et de monde. D’ailleurs, plus de 300 ans avant la pumanuscrits se posent en permanence. Certes, blication de ce livre, le pharmacien Peter van mon petit manuel et, a fortiori, cette édition de Coudenberghe (1517-1599) avait créé le Hortus notre supplément Wealth ne deviendront jamais Botanicus, un jardin botanique. Il manipulait des objets de collection. Il se peut cependant que 600 plantes issues de son jardin pour préparer des livres cachés dans vos armoires prennent des médicaments destinés à l’hôpital voisin de de la valeur d’ici quelques années, comme l’exSaint-Elisabeth. Comble du hasard, c’est sur ce plique un antiquaire. Si vous êtes l’heureux site, à Anvers, qu’un hôtel cinq étoiles, le Botanic propriétaire de l’une des premières éditions de Sanctuary, doté d’un spa luxueux et qui se veut James Bond ou de Harry Potter, et que vous la fidèle à la philosophie du jardin botanique, a revendez, vous pourrez facilement vous offrir élu domicile. un parfum personnalisé.

TABLE DES MATIÈRES PLAQUES EN ÉMAIL Ces anciennes plaques publicitaires valent désormais de l’or. P4 ACQUÉRIR UNE OEUVRE D’ART Comment acquérir la dernière œuvre d’un artiste réputé? Mode d’emploi. P14 AB-MATIC Les portes réalisées par l’entreprise limbourgeoise se vendent aux quatre coins de la planète. P20 MANUSCRITS DE PRESTIGE La passion discrète des collectionneurs de livres. P26 PARFUMS DE NICHE Les créateurs de parfums expérimentent des fragrances détonnantes. P32 VINS ET CHANGEMENT CLIMATIQUE ‘La survie d’un domaine ou d’une région dépendra de l’attitude des viticulteurs’ P38 BOTANIC HEALTH SPA Détox et réseautage au cœur d’Anvers. P46

«Wealth» est une publication de Mediafin. Supplément de L’Echo du 17 novembre 2023. Coordination: Muriel Michel, Katrien Verstraete, Rédaction finale: Ewa Kuczynski. Lay-out: Ilse Janssens, Photo: Tim Ricour, Couverture: Christophe De Muynck, Rédacteur en chef: Paul Gérard, Directrice de rédaction: Isabel Albers, Éditeur responsable: Peter Quaghebeur, avenue du Port 86c, boîte 309, 1000 Bruxelles.

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CES VIELLES PLAQUES PUBLICITAIRES EN ÉMAIL SONT DEVENUES DES PIÈCES DE COLLECTION

Vous conservez dans votre grenier ou dans votre cave des vielles plaques publicitaires en émail, où l’on peut y voir, par exemple, des personnes dégustant du genièvre? Ne les jetez pas, elles valent de l’or.

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L’exposition de Hasselt. Durant l’entre-deux-guerres, Bruxelles était l’épicentre européen de la production d’enseignes publicitaires en émail.

TEXTE: PIETERJAN NEYRINCK PHOTOS: KATRIJN VAN GIEL

’émail est une couche de protection en verre coloré fondu, appliquée sur des objets en métal ou en verre. Auparavant, l’émail était souvent utilisé à titre décoratif. Il était aussi utilisé pour renforcer l’étanchéité des objets en terre cuite (céramique). «Depuis la fin du XIXe siècle, l’émail est utilisé dans des publicités comme alternative facile et durable aux affiches en papier ou en carton», explique Jan De Plus, qui mène depuis des années des recherches sur l’industrie de l’émail en Belgique. Expert en la matière, il est l’auteur de trois ouvrages: «Émaillerie belge de 1920 à 2012», «La plaque émaillée belge» et «Santé!… de fer. Plaques émaillées belges pour spiritueux». Bien évidemment, il est le propriétaire d’une belle petite collection de plaques publicitaires en émail. Ces plaques ont, pour la plupart, disparu de nos rues. Mais à l’instar d’autres objets, elles ont pris de l’importance dans l’univers de certains collectionneurs… D’ailleurs, une exposition se tient au Musée du Genièvre et au Stadsmus, à Hasselt. Elle est consacrée aux plaques émaillées à l’effigie du célèbre spiritueux. À cette occasion, Jan De Plus et Joanie Dehullu (la conservatrice du Musée du Genièvre) ont rassemblé une multitude de plaques en émail provenant de plus de cinquante col-

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Ces plaques ont, pour la plupart, disparu de nos rues. Mais à l’instar d’autres objets, elles ont pris de l’importance dans l’univers de certains collectionneurs.

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«Mes plaques occupent une place centrale dans mes maisons. J’essaie de les montrer à un maximum de personnes. Cela pourrait donner à d’autres l’envie de les collectionner.» Laurent Levaux Président d’Aviapartner et collectionneur

lectionneurs. L’un des plus connus, Laurent Levaux, est président d’Aviapartner, une entreprise belge qui fournit des services d’assistance et de logistique aéroportuaire aux compagnies aériennes. Nous l’avons rencontré.

«Un art exceptionnel, sans snobisme» Laurent Levaux a fait l’acquisition de sa toute première plaque publicitaire émaillée dans les années 1970, pour la modique somme de 31 francs belges. Depuis, il en a acquis des centaines. Mais au cours de ces dernières années, sa collection s’est réduite à une série de plaques étrangères rares, auxquelles s’ajoutent 115 plaques belges. «Les plus belles de Belgique», nous confie-t-il avec fierté. Il ne tarde d’ailleurs pas à nous parler de ses «plus beaux investissements» à savoir, une plaque de la marque de cigarettes Laurens, qui met en scène un paysage égyptien, ainsi qu’une autre plaque colorée, conçue à l’époque pour la marque de jus d’orange RIM. «C’est une plaque très rare», nous explique-t-il. «Je considère l’émail comme un art exceptionnel, mais sans snobisme. Ces plaques sont au départ conçues pour valoriser des objets bon marché, tels que l’huile de moteur, les cigarettes ou les spiritueux. Elles ont pour avantage de combiner des objets populaires du quotidien aux

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dessins de célèbres illustrateurs. Et de surcroît, elles sont particulièrement décoratives», explique Laurent Levaux. Il a d’ailleurs, sans hésitation, prêté plusieurs de ses plaques pour l’exposition. «Mes plaques occupent une place centrale dans mes maisons. J’essaie de les montrer à un maximum de personnes. Cela pourrait donner à d’autres l’envie de les collectionner.» Selon Jan De Plus, la plupart des autres collectionneurs qui ont accepté de prêter leurs pièces ont la même philosophie. «Ils sont très attachés à leur collection mais ne la cachent pas dans une cave ou dans un grenier. Dans de nombreux cas, ce sont les pièces maîtresses de leur maison.»

Une passion onéreuse L’exposition abrite pas moins de 200 plaques émaillées, réparties sur deux sites. Au total, leur valeur se chiffre à plusieurs centaines de milliers d’euros. Le Musée du Genièvre possède également sa

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«Ce n’est pas parce qu’une plaque en émail est très ancienne qu’elle a une grande valeur.» Jan De Plus Expert en plaques émaillées

propre collection de 80 plaques émaillées publicitaires, composée aussi de plateaux de service, de cendriers et autres objets émaillés ayant un lien avec la célèbre boisson de Hasselt. La valeur de cette petite collection? Lorsque nous interrogeons Joanie Dehullu, elle préfère ne pas nous répondre. Une réaction compréhensible, puisque la valeur de ces pièces peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros. D’ailleurs, lors des foires internationales et des ventes aux enchères, les collectionneurs ne doivent pas avoir froid aux yeux. «Aux Pays-Bas, une plaque à l’effigie de la Koninklijke Rotterdamsche Lloyd a été adjugée pour 260.000 euros», détaille Jan De Plus. Cette plaque art déco réalisée par le graphiste néerlandais, Johann von Stein (1896-1965) est, à ce jour, la plus chère jamais vendue aux enchères en Europe. «En Allemagne, une personne a récemment déboursé 210.000 euros pour une plaque émaillée à l’image d’une enseigne de chocolat. Sur cette plaque, on pouvait également apercevoir quelques corbeaux et un renard. C’est cette combinaison, ajoutée à la rareté et à la qualité de la plaque, qui justifie cette somme importante.» Ces montants peuvent paraître exubérants pour des plaques publicitaires en émail. Pourtant, cela reste un bon investissement. «La valeur de ces plaques augmente

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si vous les conservez. Cela fait vingt ans que l’on dit que cette tendance ne va pas durer à de tels prix, et pourtant… Le vintage est à la mode et les plaques publicitaires sont, tout comme l’art, devenues un investissement», poursuit Jan De Plus. «De nombreux collectionneurs sont de vrais passionnés. De plus, les plaques publicitaires en émail éveillent les sens: en les touchant, on peut sentir l’émail qui a été appliqué couche après couche.» Jan De Plus nous montre alors un plateau bleu émaillé. «Sentez les lettres qui forment le nom de la marque. C’est très tactile. Les collectionneurs adorent cela», explique-til. «Ces plateaux sont typiquement belges, peut-être parce que les serveurs venaient prendre les commandes à table. Dans d’autres pays, comme au Royaume-Uni, les commandes se font généralement au comptoir. Voilà pourquoi certains de ces plateaux sont très recherchés.» Différents facteurs déterminent la valeur d’une plaque émaillée. Plus elles sont

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L’Émaillerie Belge

À l’époque, les plaques publicitaires en émail étaient très appréciées des producteurs de spiritueux.

vielles, plus elles ont de la valeur. Mais pas toujours… Et selon Jan De Plus, la rareté n’est pas toujours un atout. «Prenons l’exemple d’une vieille plaque à l’effigie d’une petite brasserie de Flandre-Occidentale. Tout le monde ne s’y intéressera pas forcément. Je détiens une plaque d’une cimenterie, datant des années 1930. Pour la plupart des collectionneurs, elle n’a rien de spécial, mais moi je la trouve très belle», confie Jan De Plus, qui souligne l’état exceptionnel de cette plaque. «Une plaque intacte, c’est bien, mais ce n’est pas un drame si elle est abîmée, car cela montre qu’elle a vécu.»

La traçabilité des timbres Au XXe siècle, chaque pays européen disposait de sa propre émaillerie, mais les producteurs belges sortaient du lot. Pendant l’entre-deux-guerres, Bruxelles est devenue l’épicentre de la production des plaques en émail. Plusieurs émailleries y ont d’ailleurs vu le jour. «Coca-Cola, entre autres, a fait produire de nombreuses plaques en Belgique. Nous ne pouvons pas forcément expliquer pourquoi, mais ce sont des exemplaires exceptionnels. Le monde entier nous les envie», poursuit Jan De Plus. Et c’est grâce à l’administration fiscale que les collectionneurs peuvent désormais retracer l’origine de nombreuses plaques. En 1919, le fisc a levé une taxe d’affichage sur toutes les formes de publicités extérieures, qui étaient contrôlées au moyen d’un timbre fiscal. «Ces timbres en papier ne restaient pas collés longtemps sur les plaques. Les producteurs ont obtenu en 1926 l’autorisation de percevoir eux-mêmes la taxe moyennant la tenue d’un registre.»

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À compter de cette date, une preuve de paiement de la taxe devait figurer sur les plaques publicitaires. Il s’agissait d’un code unique, composé, entre autres, du numéro d’autorisation de l’émaillerie, du numéro d’ordre de la commande consigné dans le registre et de l’année de production de la plaque. Aujourd’hui, en 2023, seule une de ces émailleries existe encore. Il s’agit de l’Émaillerie Belge de Forest (voir encadré), qui a vu le jour dans les années 1920. Elle fut sauvée il y a quelques années par l’entrepreneur flamand Tanguy Van Quickenborne. Jan De Plus termine sa visite guidée en nous dévoilant un mur gigantesque, recouvert de logos de la marque Martini. Les couleurs vives et les formes diverses constituent une mosaïque époustouflante. «C’est du vintage des années 1950 et 1960. Lorsque j’étais jeune, personne ne s’y intéressait. C’était considéré comme un produit de masse, fabriqué en plusieurs milliers d’exemplaires. Aujourd’hui, les collectionneurs sont prêts à débourser 1.000 euros pour s’offrir un de ces panneaux. Si j’avais su! (il rit).»

En 1921, Octave Leclercq et Albert Van Cotthem ont repris un petit atelier à Molenbeek Saint-Jean. L’Émaillerie Belge était officiellement fondée. En 1925, le fabricant de poêles Louis Costermans a pris la direction de l’entreprise, qui a alors connu une forte croissance. Entre 1926 et 1941, l’Émaillerie Belge a réalisé plus de 3.500 commandes de plaques publicitaires. «Certaines commandes portaient sur un seul exemplaire, tandis que d’autres portaient sur plusieurs milliers de plaques», explique Jan De Plus. À compter de 1960, les commandes ont diminué. L’émaillerie a changé plusieurs fois de propriétaire. En 2016, le propriétaire de l’époque, Benoît d’Ydewalle, a vendu les terrains sur lesquels l’émaillerie était installée et a cherché un repreneur. L’entreprise fut rachetée par Tanguy Van Quickenborne, un entrepreneur flamand, également amateur d’art et de design, qui a le flair pour les produits de qualité. Il a trouvé un terrain à Forest, où l’usine se situe aujourd’hui. Pendant la crise énergétique, l’Émaillerie Belge, grosse consommatrice de gaz et d’électricité, a connu une période difficile. À l’heure actuelle, une dizaine de personnes travaille encore dans l’entreprise, dont les pertes cumulées s’élèvent à environ 700.000 euros.

«Aux Pays-Bas, une plaque à l’effigie de la Koninklijke Rotterdamsche Lloyd a été adjugée pour 260.000 euros» Jan De Plus Expert en plaques émaillées

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«JE NE FAIS JAMAIS DE SURENCHÈRE» ax Goolaerts (52 ans) collectionne des plaques publicitaires émaillées depuis 35 ans. Plusieurs d’entre elles pourront d’ailleurs être admirées dans l’exposition «Santé!.. de fer». Dax Goolaerts a commencé sa collection lorsqu’il était encore étudiant. «On voyait souvent ces plaques dans les cafés. J’ai commencé par les utiliser pour décorer ma chambre d’étudiant. Mes parents me donnaient 1.000 francs par semaine (25 euros) pour couvrir mes dépenses. Ce n’était pas beaucoup mais je limitais fortement mes dépenses, ce qui me permettait de faire quelques achats au marché aux puces. À l’époque, on pouvait y trouver de jolies plaques.» Au fil du temps, les marchés aux puces ont laissé place aux foires, aux ventes aux enchères et aux groupes Facebook spécialisés. «Cette transition a également levé

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le voile sur les noms des collectionneurs. Auparavant, je comptais dix ou quinze collectionneurs dans mes connaissances. Aujourd’hui, ils sont plusieurs centaines», explique l’Anversois. «C’est un petit monde, où beaucoup d’argent circule. Lors d’une vente, certains appellent les propriétaires pour surenchérir. Ce n’est pas mon genre. Si je désire vraiment acquérir une plaque, je propose un échange.» Dans le supermarché Delhaize qu’il dirige, Dax Goolaerts dispose d’un entrepôt où il a suspendu 500 plaques émaillées. Elles ont toutes un lien avec les produits du magasin. «Ce sont des plaques publicitaires produites pour des marques de tabac ou encore, pour Coca-Cola», explique-t-il. «Mais leur nombre n’a pas vraiment d’importance. Certaines valent 50 euros, tandis que d’autres sont évaluées à 50.000 euros. J’aime pouvoir les admirer tous les jours. Ce

n’est pas comme une collection de timbres, qui est enfermée dans un album.» Mais la collection de Dax Goolaerts ne s’arrête pas là. Chez lui, il conserve pas moins de 250 autres exemplaires différents. Les plus exceptionnels décorent son salon. Sa plaque préférée? Une pièce d’une hauteur d’un mètre, sur laquelle on peut voir un Saint-Bernard. «C’est une rareté. Le panneau date de 1900 environ», explique Dax Goolaerts, qui continue à élargir sa collection. «Auparavant, j’étais davantage commerçant que collectionneur. Grâce à ma femme, je n’en vends plus beaucoup. J’ai un jour reçu une offre qui m’a beaucoup fait hésiter, mais mon épouse m’a empêché de le vendre. D’autres collectionneurs se heurtent parfois à la résistance de leur femme, mais la mienne est clairement devenue une passionnée.» ■

L’exposition «‘Santé!.. de fer – Plaques émaillées belges de spiritueux’» se tient au Stadsmus et au Musée du Genièvre à Hasselt, jusqu’au dimanche 7 janvier. Le livre éponyme de Jan De Plus, Karl Scheerlinck et Yves Segers est également disponible à la vente, dans les librairies et sur la plateforme de Weyrich Edition (weyrich-edition.be).

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Lorsque vous souhaitez vous offrir une voiture ou un bijou d’exception, il vous suffit de vous rendre dans un garage ou chez le bijoutier. Mais c’est une autre histoire lorsque vous souhaitez acquérir la dernière œuvre d’un artiste connu...

«ON N’ACHÈTE PAS UNE ŒUVRE D’ART COMME ON ACHÈTE UNE VOITURE» WLF_02_014_20231117_.indd 14

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TEXTE: PETRA DE ROUCK PHOTOS: CHRISTOPHE DE MUYNCK

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e rêve de pouvoir suspendre un Rinus van de Velde au mur de mon salon. J’avais d’ailleurs pris toutes mes dispositions pour concrétiser mon rêve. Je m’étais bien renseignée sur la date de la dernière exposition de l’artiste. Je m’y étais rendue dès le premier jour, mais tout avait déjà été vendu. Comment est-ce possible?», me demande, d’un air dépité, une collègue amatrice d’art. Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé. «Lorsqu’on souhaite acquérir les œuvres les plus récentes d’un artiste en vue, il est illusoire de croire qu’il suffit d’entrer dans une galerie et d’y faire ses emplettes», explique Hubert d’Ursel, directeur de Fine Arts Group. «Souvent, ces œuvres sont déjà vendues avant même que l’exposition ait ouvert ses portes.» Inutile de se décourager pour autant. Si les règles du marché de l’art sont connues, il est tout à fait possible de s’offrir l’oeuvre de ses rêves. Voici notre mode d’emploi.

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Pourquoi toutes les œuvres sont-elles vendues avant l’ouverture? «On n’achète pas une œuvre d’art comme on achète une voiture. L’art est un univers à part. Pour pouvoir s’offrir l’œuvre d’un artiste réputé, il faut un bon réseau», explique Kristof De Clercq, de la galerie éponyme. «Les collectionneurs qui achètent régulièrement des œuvres dans une galerie sont prioritaires lors des ventes. Ils sont invités au vernissage ou à la prévente, voire à des pré-préventes ou à des dîners prévus à cet effet.» En outre, les artistes qui vendent leurs œuvres via une galerie ont souvent un accord d’exclusivité. «La galerie détermine la stratégie qu’elle souhaite établir à court et à long termes. Elle s’occupe des campagnes promotionnelles et investit dans la notoriété de l’artiste», poursuit Kristof De Clercq. Pour les artistes très recherchés, les galeries disposent d’ailleurs d’une liste d’attente, où figurent les noms des acheteurs potentiels.

Comment ces listes d’attente fonctionnent-elles? Dans la galerie de Sofie Van de Velde, toutes les œuvres exposées lors des expositions automnales, signées par des artistes comme Pieter Jennes, Jesse Tomballe et Felix De Clercq sont vendues avant l’ouverture. «Pour certains artistes, nous avons une liste d’attente de 300 à 400 noms. Lorsqu’une nouvelle œuvre est mise en vente, nous faisons appel aux relations que nous avons nouées avec nos clients. Nous savons ce qu’ils recherchent et les œuvres qui les intéressent», explique Sofie Van de Velde. «C’est une erreur de penser que les galeries attendent l’ouverture de l’exposition pour amorcer leur travail. Nous travaillons non-stop pour promouvoir les oeuvres des artistes et pour que ces derniers soient présentés sous leur meilleur jour», ajoute Sofie Van de Velde.

Qui sont les acheteurs prioritaires? Le rayonnement d’un artiste dépend aussi de l’acheteur. «Nous veillons à ce que toutes les œuvres d’un même artiste soient bien réparties entre plusieurs collectionneurs. Nous sommes attentifs à la diversification géographique, pas uniquement en Belgique, mais dans le monde entier. Lorsque nous souhaitons mettre un artiste en avant, il est important que son travail intègre de belles collections et qu’il soit exposé dans des musées. Nous recevons parfois des CV complets – principalement en provenance de collectionneurs étrangers – reprenant la liste des pièces de leur collection, accompagnée des certificats d’authenticité», précise Sofie Van de Velde. «Mais nous proposons aussi quelques œuvres à de petits collectionneurs. Tout le monde a la possibilité d’acheter. Nous discutons avec les personnes qui viennent dans la galerie et nous leur demandons si nous pouvons prendre contact avec elles lorsqu’une nouvelle œuvre sera mise en vente.»

«Lorsque nous souhaitons mettre un artiste en avant, il est important que son travail intègre de belles collections et qu’il soit exposé dans des musées.» Sofie Van de Velde Propriétaire de la Sofie Van de Velde Gallery

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Est-il intéressant d’acheter une oeuvre lors d’une vente aux enchères?

Puis-je spéculer en espérant gagner rapidement de l’argent?

Cela ne rime à rien d’écumer les salles de vente. «En 2008, Damien Hirst a organisé une vente aux enchères chez Sotheby’s, qui proposait environ 100 œuvres. La vente avait eu lieu sans l’intervention d’une galerie, mais cela arrive rarement. Les nouvelles œuvres ne sont pratiquement jamais vendues aux enchères puisque cela comporte un risque. Et une vente aux enchères qui échoue est particulièrement néfaste à la réputation d’un artiste. Si une œuvre majeure ne trouve pas preneur, le doute s’installe», explique Hubert d’Ursel. Mais le contraire est aussi vrai. Une vente aux enchères peut faire bondir la cote d’un artiste. Hubert D’Ursel cite l’exemple du Suisse Nicolas Party. Il y a six ou sept ans, il n’était pas très connu. Ses œuvres se vendaient à des prix oscillant entre 40.000 et 60.000 euros. Mais tout a changé le jour où l’une de ses œuvres s’est vendue aux enchères pour 600.000 dollars.»

«Il peut arriver que la cote d’un artiste augmente d’un coup. Les galeries veulent couper court à toute forme de spéculation. Elles évitent aussi qu’une œuvre se revende deux ou trois ans plus tard avec une plus-value importante», poursuit Kristof De Clercq. «Ceux qui revendent rapidement leur oeuvre pour gagner de l’argent se retrouvent sur une liste noire qui circule dans toutes les galeries», précise-t-il. «D’ailleurs, la convention de vente comprend souvent un droit de préemption. Par exemple, si une œuvre est revendue dans un délai de cinq ans après son achat, la transaction doit impérativement se faire via la galerie», confie Hubert d’Ursel. «Pour une œuvre onéreuse, l’authenticité doit être prouvée au moyen d’une facture et d’un certificat. Il faut également justifier l’origine des fonds.»

Quid des artistes moins connus? Il existe une grande différence entre les artistes réputés et ceux qui ne le sont pas. «Pour la majorité des artistes, à l’ouverture de l’exposition, de nombreuses œuvres sont encore à vendre», explique Kristof De Clercq. «Si une œuvre est mise en vente, elle est accessible à tous. En ce compris ceux qui n’ont jamais fait l’acquisition de ce type d’objet, ou qui font leur première visite à la galerie.» «Les galeries soutiennent les artistes. Nous souhaitons pouvoir permettre aux artistes de vivre de leur art, ce qui est moins évident qu’il y paraît», ajoute Kristof De Clercq. «Mais vous faites aussi le bonheur du collectionneur si la cote d’un artiste s’améliore, si les œuvres sont reprises dans des expositions majeures ou si un musée achète une œuvre. Personne ne se réjouit qu’un artiste fasse une exposition et qu’il disparaisse ensuite.» Si un artiste décide de travailler avec une galerie, celle-ci détiendra l’exclusivité sur les ventes. Même si cet accord est parfois limité à une région et si les galeries peuvent s’entendre entre elles. «Les artistes moins connus ne travaillent pas toujours avec une galerie et vendent directement leurs œuvres aux collectionneurs», ajoute Hubert d’Ursel.

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Pouvez-vous entrer dans une galerie et demander les prix des oeuvres? «La plupart du temps, vous pouvez le faire mais lorsque les œuvres atteignent une valeur de 15.000 ou 20.000 euros, les galeristes peuvent se montrer réticents», ajoute Kristof De Clercq. «De nombreuses galeries prévoient néanmoins une marge de négociation. Avec un peu d’habileté, vous pouvez obtenir 10% de réduction. Les musées obtiennent généralement un rabais de 20%. Même s’il existe des galeries qui, par principe, refusent de négocier les prix.»

Comment se constituer un réseau dans le monde de l’art? «Ceux qui souhaitent acheter une œuvre d’art doivent tisser un réseau de relations et se familiariser avec le marché. Ouvrez les yeux. Fréquentez les galeries, les expositions, les biennales et les foires», conseille Hubert d’Ursel. «Depuis la pandémie de coronavirus, les plates-formes comme Artsy, Gallery Viewer et Ocula ont le vent en poupe. Elles permettent d’en connaître davantage sur les artistes et sur leurs œuvres. Mais rien ne remplacera jamais une visite dans une galerie ou dans une exposition», poursuit Kristof De Clercq. «Une bonne façon de se constituer un réseau dans le monde de l’art consiste à devenir membre d’une association qui organise des visites d’ateliers. Lors de ces rencontres, vous pouvez apprendre à mieux connaître les artistes. Vous découvrez aussi ce qu’il se passe en coulisses», explique Hubert d’Ursel. Parmi ces associations, on peut par exemple citer le Cercle d’Art Contemporain, Vrienden van S.M.A.K, M-cascadeurs (Musée de Louvain) et Demain. Ce dernier soutient les jeunes artistes locaux qui ne travaillent pas encore avec une galerie spécifique. «Ces visites d’atelier ne se limitent pas aux frontières de la Belgique. Elles vous emmènent également à l’étranger. C’est relativement cher, mais les visites sont commentées par un bon guide et elles vous permettent de rencontrer des artistes et d’autres amateurs d’art intéressants», conclut Kristof De Clercq. ■

«Les galeries veulent couper court à toute forme de spéculation. Elles évitent aussi qu’une œuvre se revende deux ou trois ans plus tard avec une plus-value importante.» Kristof De Clercq Propriétaire de la Kristof De Clercq Gallery

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L’ENTREPRISE LIMBOURGEOISE AB-MATIC OUVRE DES PORTES SUR LE MONDE Le nouveau Musée National Zayed d’Abu Dhabi, le quartier général de Goldman Sachs à Londres, la Banque de Luxembourg et les prisons de Bruges et de Saint-Gilles... Ces différents lieux n’ont a priori rien en commun, à une exception près. Sur leurs portes, fenêtres, portails et systèmes de sécurité, figure un même label, celui d’AB-Matic, une PME limbourgeoise.

TEXTE: EMILIE MOORS PHOTOS: DEBBY TERMONIA

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ans les blockbusters hollywoodiens, les portes blindées sont associées à des butins inaccessibles, à des systèmes de sécurité fabriqués sur mesure, impossibles à saboter. Plus le mécanisme de la serrure est complexe, plus les héros qui parviennent à forcer ces portes sont plébiscités. Pourtant, ils sabotent un travail d’orfèvre, celui d’entreprises comme AB-Matic, une société spécialisée dans la fabrication de systèmes de sécurité, et plus particulièrement dans les portes ainsi que les fenêtres et les portails automatisés. C’est avec un plaisir non dissimulé qu’Alexander Beckers, le fondateur d’AB-Matic, nous guide dans le nouveau bâtiment de son entreprise, situé dans le parc industriel de Saint-Trond. «Nous étions à la recherche d’un terrain entre Genk et Anvers. Finalement, comble du hasard, nous avons trouvé un terrain au fond de la rue où nous étions installés auparavant!» Dans le grand hall, deux collaborateurs assemblent minutieusement des lattes en acier qui se transformeront bientôt en une porte d’accès automatisée. Plus loin, sur

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des étagères, on peut apercevoir différentes pièces: des circuits imprimés, des systèmes d’interphone, des pièces de moteur pour les portails coulissants ou battants, des barrières, etc.

Des musées aux bureaux Fondée en 2000, la société AB-Matic affiche un palmarès impressionnant. En 2022, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 3,2 millions d’euros. Au cours de ces dernières années, son nom est apparu dans la quasi-totalité des projets architecturaux de prestige. Mais encore, bientôt, en Belgique, l’entreprise automatisera 113 fenêtres et portes authentiques pour le compte du nouveau musée KANAL-Centre Pompidou, qui se targue déjà d’être le plus grand musée d’art moderne en Europe. Et l’entreprise ne séduit pas que des clients belges. Elle se développe également dans d’autres contrées. Elle participe au nouveau projet prestigieux du Musée National Zayed, à Abu Dhabi (elle fournira les systèmes de commande de 120 portes d’accès au total). Au RoyaumeUni, au quartier général londonien de Goldman Sachs, des centaines de gestionnaires financiers franchissent tous les jours des portes fournies par l’entreprise limbourgeoise. «Nous avons installé deux gigantesques portes basculantes de six mètres sur six en acier inoxydable, qui ont été entièrement intégrées à la façade. Les moteurs sont dissimulés dans le vantail», nous confie Alexander Beckers. L’entreprise a également conçu l’entrée du Brunel Building, un immeuble de bureaux de 17 étages, situé un peu plus loin, dans la capitale britannique, en face de la gare

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Alexander Beckers, fondateur d’AB-Matic.

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«Il nous est déjà arrivé de devoir tester une serrure un million de fois. D’une part, pour notre propre tranquillité d’esprit, d’autre part, parce que c’était un gage de qualité, noir sur blanc.» Alexander Beckers Fondateur d’AB-Matic

Des serrures testées un million de fois L’entreprise a également été sollicitée par la prison de Bruges, pour laquelle elle a créé un système de sécurité sur mesure. AB-Matic a ainsi mis au point 75 portes capables de s’ouvrir et de se fermer automatiquement, même dans les situations les plus extrêmes. «La résistance de la serrure, également mise au point en interne, a été testée un million de fois. D’une part, pour notre propre tranquillité d’esprit, d’autre part, parce que c’était un gage de qualité, noir sur blanc.» S’agissant de projets privés, l’entreprise se montre plus discrète. Par exemple, AB-Matic a été contactée cette année par un cheik du Qatar. Alexander Beckers nous confie néanmoins une petite anecdote. «Il y a deux ans, une société espagnole avait installé des fenêtres électriques dans son palais, mais ces fenêtres n’avaient jamais bien fonctionné. La société nous a demandé de nous rendre rapidement sur place pour résoudre le problème. Mon

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associé et moi-même étions en vacances. Au départ, nous avions refusé la mission. Mais ils ont insisté, nous avons changé d’avis... En l’espace de trois jours, nous avions résolu le problème. Nous avons ensuite été chouchoutés pendant toute la durée restante de notre séjour».

Dilplômé en électronique et spécialisé dans les microprocesseurs, Alexander Beckers a d’abord travaillé comme salarié pour le compte d’autres personnes. Ce n’est que quelques années plus tard qu’il décide de lancer son entreprise. «Je viens d’une famille d’entrepreneurs. Mes parents, mon frère et ma sœur travaillent dans l’horeca pour C-group. Ils gèrent plusieurs établissements limbourgeois comme le Century, l’hôtel Hass et la Maison Matisse à Hasselt. Je n’ai jamais voulu faire carrière là-dedans, car je suis un passionné de technologie et d’électronique», nous confie-t-il, alors que nous discutons dans son bureau. «Au départ, je travaillais chez moi, dans un petit bureau de dix mètres carrés. J’ai commencé modestement, en important des pièces pour automatiser des portails. Mon premier client était le directeur de l’agence de Fortis Banque (BNP Paribas Fortis aujourd’hui). C’est d’ailleurs lui qui m’a accordé mon premier crédit. J’étais tellement enthousiaste à l’idée de me lancer qu’il m’a demandé d’automatiser son portail d’entrée. Aujourd’hui, la distribution de pièces de moteurs en B2B représente encore la moitié de nos revenus», ajoute Alexander Beckers. «Par la suite, pour satisfaire ma soif de créativité, j’ai commencé à perfectionner les pièces que je vendais, ce qui m’a valu plusieurs brevets. Ensuite,

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Un entrepreneur dans l’âme

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de Paddington. «Nous avons fait en sorte que la façade de douze mètres, qui se compose de quatre grandes fenêtres, puisse s’ouvrir complément», ajoute le fondateur de l’entreprise. Le coût du projet? Environ 350.000 euros. Parmi les autres projets notoires d’AB-Matic, nous pouvons notamment citer le siège de Booking.com, à Amsterdam, récemment vendu pour 500 millions d’euros ou encore, Wonderwoods, à Utrecht, célèbre pour sa tour d’habitation végétalisée. Portent également le label de la société, le portail d’accès de la Banque de Luxembourg, ainsi qu’une série de portes-fenêtres automatiques logées au coeur d’une île privée suédoise, détenue par un milliardaire ayant fait fortune dans le secteur de la pharmacie. Il s’agit bien évidemment d’une liste non exhaustive. «Parfois, j’ai du mal à me souvenir de tous les projets», reconnaît Alexander Beckers.

AB-Matic a élaboré des dispositifs pour ces trois bâtiments. Ci-dessus, la Banque centrale du Luxembourg. Au milieu, le siège de Booking.com à Amsterdam. Ci-dessous, le siège européen de Goldman Sachs, à Londres.

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De la conception à la programmation en passant par la construction, l’entreprise AB-Matic réalise tout ellemême. Elle dispose d’un réel savoit-faire en interne et ne dépend pas d’autres entreprises.

j’ai été progressivement impliqué dans des projets de plus en plus importants.» En 2017, Koen Wuyts a racheté la moitié des actions de l’entreprise. Il est devenu l’associé d’Alexander Beckers. «Depuis, nous formons un duo de choc. C’est ce duo qui nous permet de décrocher ces grands projets. Je suis spécialisé dans les solutions logicielles et Koen, lui, est un expert de la mécanique. Il met ses talents à disposition des clients ‘hardware’ d’AB-Matic.»

Une équipe de choc

«Nous ne faisons pratiquement pas de publicité et c’est la première fois que j’accorde une interview à la presse. Tout se fait via le bouche-à-oreille.» Alexander Beckers Fondateur d’AB-Matic

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Combien d’entreprises peuvent-elles concurrencer AB-Matic? «Pas beaucoup», répond Alexander Beckers. «Notre principal atout, c’est de pouvoir offrir des solutions complètes et sur mesure, cela même quand le projet ne repose sur aucune base prédéfinie. Bien entendu, le marché compte quelques grands acteurs qui sont mieux équipés que nous, et qui disposent, pour la plupart, de budgets plus importants. Mais ils ne sont pas aussi compétitifs que nous. Les clients qui font appel à nous pour un projet à réaliser dans un délai de six mois sont quasiment certains de voir ce projet se concrétiser.» «Nous sommes capables de réagir au quart de tour, car nous disposons d’un réel savoir-faire en interne et nous ne dépendons pas d’autres entreprises», poursuit Alexander Beckers. «Nous pouvons concevoir des projets et réaliser des impressions 3D. Nous disposons d’un expert en ingénierie mécanique et d’un département d’électronique, nous développons nos propres logiciels et nous nous occupons du placement et du montage,

ainsi que du service après-vente. Bref, la boucle est bouclée, et cela, avec une petite équipe d’environ 20 collaborateurs dont nous sommes très fiers.» Quand on interroge Alexander Beckers sur la façon dont son réseau de clients s’est constitué, cela reste un mystère. «Nous ne faisons pratiquement pas de publicité et c’est la première fois que j’accorde une interview à la presse. Tout se fait via le bouche-à-oreille.» Environ 30% des projets se localisent à l’étranger. Le premier grand projet de l’entreprise? Un portail d’accès industriel réalisé pour le gratteciel The Shard, à Londres. «À l’époque, nous avions déjà réalisé quelques petits projets à Londres. Nous avons été contactés par l’entrepreneur des façades du gratte-ciel en question, pour fabriquer un portail pliant vertical de six mètres sur quatre mètres et demi», se souvient Alexander Beckers. «Une fois ce chantier achevé, le nom de notre entreprise s’est propagé comme une traînée de poudre. C’est ainsi que nous avons gagné notre place dans le petit monde des grands entrepreneurs étrangers. Nous sommes sollicités par les architectes car ils savent que nous pouvons répondre à leurs demandes, à savoir des dessins et des croquis complexes. Ils savent que nous sommes capables d’élaborer des propositions à la fois réalistes et sûres. Or, la majorité des autres entreprises se contente souvent de dire qu’elle ne pourra concrétiser le projet. Mais nous mettons un point d’honneur à relever des défis et à trouver des solutions fiables. Et cela, à un prix correct, bien entendu.» ■

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PLONGÉE DANS LE MONDE DES MANUSCRITS DE VALEUR ET DES PREMIÈRES ÉDITIONS WLF_02_026_20231117_.indd 26

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Ils peuvent prendre l’allure de mastodontes habillés d’une impressionnante reliure en cuir, mais aussi d’objets dont la hauteur ne dépasse pas un pouce. Objets de désir, les livres et les manuscrits anciens se vendent à prix d’or. Et en tant que lecteur, vous ne devez pas vous interdire de rêver. D’ici un bon nombre d’années, votre collection de romans policiers pourrait, elle aussi, valoir une fortune. TEXTE: PIETERJAN NEIRYNCK PHOTOS: KATRIJN VAN GIEL

ogée au cœur de Louvain, la maison de Johan Van Cauwenberge, ancien présentateur de la station de radio néerlandophone Klara, ressemble à s’y méprendre à un musée. «Les pièces visibles ne représentent qu’une petite partie de ma collection. Presque toutes mes armoires sont remplies de livres», nous confiet-il. Âgé de 74 ans, Johan Van Cauwenberge est l’une des rares personnes à pouvoir parler aussi aisément des livres rares, dont il est passionné. «C’est un petit monde très fermé. Je ne connais personnellement que quatre ou cinq collectionneurs et ils n’aiment pas dévoiler leur collection», explique-t-il. Henri Godts, de la maison de vente aux enchères belge Arenberg Auctions, corrobore. Cette maison d’enchères bruxelloise est spécialisée dans les livres rares, les manuscrits et les gravures. «C’est un hobby solitaire», avoue-t-il. «Les amateurs restent très discrets sur leur collection car ils savent que d’autres pourraient être intéressés par leurs pièces.» Mais cette discrétion s’explique aussi en partie par les prix pratiqués dans le monde du livre rare et des manuscrits anciens. Le 17 mai dernier, le Codex Sasson, une bible hébraïque de 792 pages et vieille de plus de 1.100 ans, s’est vendue pour 38,1 millions de dollars. Seuls un exemplaire de la première impression de la Constitution américaine, et le codex Leicester, datant du XVIe siècle (qui contient des écrits exclusifs de Léonard de Vinci) se sont vendus à de tels prix (respectivement à 43,2 et

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Selon Johan Van Cauwenberge, «l’univers des livres anciens est un monde très fermé. Je ne connais personnellement que quatre ou cinq collectionneurs et ils n’aiment pas dévoiler leur collection.»

30,8 millions de dollars). Le codex Leicester fut d’ailleurs acquis par le milliardaire et fondateur de Microsoft, Bill Gates. Si l’on tient compte de l’inflation, le manuscrit de Léonard de Vinci devrait valoir aujourd’hui plus de 60 millions de dollars. Plus près de chez nous, ces montants atteignent rarement un million d’euros. Pour autant, on ne peut pas parler de «bonnes affaires». Fin septembre, la maison d’enchères brugeoise Van de Wiele a adjugé une bible d’Érasme pour la modique somme de 142.000 euros (177.000 euros, frais de vente compris), soit plus du double du prix auquel elle avait été estimée. «Cela nous a surpris. Mais l’origine de l’exemplaire était interpellante, de nombreux amateurs ont donc jeté leur dévolu sur cet ouvrage. Et lorsque les candidats-acheteurs sont nombreux, les prix montent», explique Nathalie Van de Wiele, de la maison d’enchères éponyme.

Un voyage dans le temps Beaucoup de collectionneurs sont passionnés par l’histoire de leurs livres. Johan Van Cauwenberge nous montre l’une de ses acquisitions. Un livre imprimé en 1599, à Paris, par le gendre de Christophe Plantin, un Français qui a exploité, pendant longtemps, une célèbre imprimerie à Anvers. «Le livre a d’abord appartenu à Daniel Heinsius mais sur la couverture figure également un ex-libris (une inscription par laquelle le propriétaire marque nommément sa possession, NDLR) d’un professeur allemand d’Augsbourg, datant de 1767. À côté, on

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«Ceux qui possèdent la collection entière des livres Harry Potter pourraient potentiellement en tirer profit plus tard.»

peut apercevoir un cachet datant du XIXe siècle, provenant d’une bibliothèque de Poughkeepsie, dans l’État de New York. Je l’ai moi-même acheté en 1996 ou en 1997, lors d’une vente aux enchères à Haarlem, aux Pays-Bas. Ce livre a fait le tour du monde et il est encore en excellent état. C’est impressionnant, non?»

Henri Godts Expert de la maison de vente aux enchères belge Arenberg Auctions

«Le latin ne séduit plus» Au-delà de sa provenance, d’autres facteurs influencent la valeur d’un livre ou d’un manuscrit. «L’impression, l’état du livre, la reliure», résume Henri Godts. Mais quid de l’ancienneté de l’ouvrage? «C’est difficile à dire», ajoute Nathalie Van de Wiele. «Un ouvrage du XVIIIe siècle avec une belle origine peut valoir davantage qu’un livre du XVIe siècle. S’il s’agit d’un livre religieux, pour lesquels il y a peu de demandes, vous n’en obtiendrez pas beaucoup.» Mais la langue et le lieu où le livre a été imprimé ou écrit jouent un rôle beaucoup plus déterminant. «De nos jours, le latin ne séduit plus. Une langue comme le néerlandais ou le français est souvent plus intéressante, parce que l’offre est plus limitée. Voilà pourquoi les livres ou les manuscrits en hébreu et

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De nos jours, le latin ne séduit plus. Une langue comme le néerlandais ou le français est souvent plus intéressante, parce que l’offre est plus limitée.

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Les livres anciens ont beaucoup de succès auprès des collectionneurs.

en grec sont aussi très demandés», poursuit Nathalie Van de Wiele. «L’Italie, l’Allemagne et la France sont traditionnellement connues comme étant les berceaux de l’imprimerie, où de nombreuses impressions anciennes ont été réalisées. Mais si vous parvenez à mettre la main sur un ouvrage qui a été imprimé en Scandinavie, au Portugal ou – plus près de chez nous – à Bruges, il suscitera probablement beaucoup d’intérêt.» Néanmoins, ce sont surtout les illustrations qui parlent à l’imagination des collectionneurs. Même les recueils les plus petits, datant du XVIIe siècle, s’étoffaient déjà de dessins. Johan Van Cauwenberge illustre ses propos en nous dévoilant l’un de ses plus grands livres. «Il s’agit d’un gros pavé dans lequel tous les textes présentés dans la bible sont expliqués. Ce livre n’a rien de spécial en soi, mais on peut y retrouver, à intervalles réguliers, des dessins en pleine page», explique-t-il, tout en dépliant des pages où l’on découvre une gravure illustrant la construction de l’Arche de Noé. «Regardez à quel point le dessin est détaillé. Je suis émerveillé par le fait que l’on soit parvenu à imprimer cela à l’époque». Johan Van Cauwenberge tient à nous montrer une autre pièce maîtresse de sa collection. Il s’agit de la première traduction anglaise de «L’histoire de Don Quichotte». L’ouvrage est d’une grande valeur. Il date de 1620 et est abondamment illustré. «Il y a 27 ou 28 ans, j’avais entendu parler d’une vente aux enchères. À l’époque, un livre similaire avait été adjugé pour 45.000 dollars», explique Johan Van Cauwenberge. «Aujourd’hui, un

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«Il fut un temps où les pharmaciens étaient fous d’herbiers. Mais cette époque est révolue.»

exemplaire de ce type se vend sur un site web spécialisé au prix de 175.000 dollars. Mais je ne suis pas près de me débarrasser de mon exemplaire.»

Nathalie Van de Wiele Propriétaire de la maison de vente aux enchères Van de Wiele

La collection de Johan Van Cauwenberge couvre de nombreux thèmes et s’étend sur différentes périodes. Cependant, tous les amateurs de livres ne procèdent pas de la même façon. Certains collectionneurs font des choix très clairs. «Des clients recherchent des livres portant exclusivement sur leur lieu de résidence, sur leur région ou encore, sur leur profession. En outre, il fut un temps où les pharmaciens étaient fous d’herbiers. Mais cette époque est révolue», explique Nathalie Van de Wiele. «Des personnes fortunées ont leur propre fondation et cherchent, par exemple, à rassembler une collection d’estampes Plantin», ajoute-t-elle. Tout au long de sa carrière, Henri Godts – qui organise quatre fois par an des ventes aux enchères, où 1.200 à 1.500 lots sont mis en vente – a vu l’intérêt des collectionneurs évoluer. «Certains collectionneurs ont un intérêt marqué pour des objets qui ne sont

Le retour de l’atlas

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pas du tout à la mode. Et parfois, 30 ou 40 années après que les collectionneurs ont acquis ces objets, leur collection intéresse de nombreuses personnes», poursuit-il. «C’est par exemple le cas des atlas de Braun & Hogenberg, de Hondius ou de Mercator. Au milieu du XXe siècle, personne n’en voulait. Ils étaient trop grands et trop poussiéreux. À l’époque, tout le monde recherchait les livres français illustrés. Je connais des collectionneurs qui, dans les années 1960, ont acheté des atlas à très bon prix et dont la valeur a été, par la suite, multipliée par 100 ou 1.000.» Il rebondit sur ses propos en donnant un conseil aux futurs bibliophiles. «Si vous possédez des romans de gare ou des polars, ne les jetez pas. Ce qui est aujourd’hui considéré comme de la littérature grand public pourrait bien, d’ici quelques décennies, avoir beaucoup de valeur. Les premières impressions des livres James Bond, d’Ian Flemming, valent aujourd’hui plusieurs milliers d’euros, tout comme la série Harry Potter de J.K. Rowling. Ceux qui possèdent la collection entière des livres Harry Potter pourraient potentiellement en tirer profit plus tard.» ■

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Des ventes aux enchères inouïes en Belgique n octobre 2022, lors d’une vente aux enchères organisée par la maison brugeoise Van de Wiele, un livre de prières datant de 1516 a été adjugé pour 512.500 dollars, soit 410.000 euros, frais compris. «C’est la pièce la plus chère que nous ayons jamais vendue. Elle était estimée à 100.000 euros, mais un Belge qui possède une fondation et un autre acquéreur étranger étaient en concurrence», explique Nathalie Van de Wiele. Ce livre de prières, coloré à souhait et illustré en abondance, appartenait à Viglius van Aytta, prévôt de l’église Saint-Bavon à Gand, réputé pour ses qualités

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intellectuelles. «Le manuscrit appartenait depuis plusieurs générations à la même famille», poursuit Nathalie Van de Wiele. «Un jour, les petits-enfants ont décidé de le vendre. Ils sont venus nous trouver, c’était un honneur pour nous.» Par ailleurs, en 2021, Henri Godts d’Arenberg Auctions est parvenu à vendre un exemplaire du plus petit livre au monde. L’ouvrage mesurait à peine cinq millimètres sur cinq millimètres. Il avait été imprimé en 1952 par le Musée Gutenberg, à Mainz. Le miniature avait été évalué à 1.000-1.500 euros. Son nouveau propriétaire a déboursé 3.500 euros pour l’acquérir.

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CHARDONS ET TULIPES S’INVITENT DANS L’UNIVERS MAGIQUE DES PARFUMS DE PRESTIGE Un savoir-faire ancestral, des matières premières de qualité… Le marché des parfums de niche a le vent en poupe. Agrémentées des composants les plus improbables, ces fragrances, d’une volatilité audacieuse, se vendent à prix d’or.

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TEXTE: KRIS VAN HAMME PHOTOS: KATRIJN VAN GIEL

uissants, tenaces, ... Les parfums les plus exclusifs affichent un caractère persistant. Tel est le cas de «Silver Oud», la fragrance d’Amouage. Une demi-heure après que Maxime Bocxtaele, docteur en chimie et parfumeur, nous ait fait découvrir ce parfum – aux notes «animales, fécales, sales et viriles»– sa ténacité est encore perceptible. Fumée à souhait, l’odeur est plutôt désagréable. Maxime Bocxtaele ne semble d’ailleurs pas surpris lorsque nous lui faisons la remarque. De fait, certaines odeurs peuvent déclencher des émotions fortes. Mais, les parfums de niche n’ont pas pour objectif de plaire à tout le monde. «‘You love it or you hate it’. Ces parfums ont le goût du risque. Ils tiennent de l’expérimentation», explique Maxime Bocxtaele, alors qu’il nous fait découvrir sa boutique anversoise de haute parfumerie, «Necessities», créée par sa grand-mère. Les fragrances que l’on y trouve ne ressemblent en rien à celles que l’on peut acheter dans les parfumeries traditionnelles. Elles sont bien plus prestigieuses. Le «Silver Oud», par exemple, coûte la bagatelle de 455 euros les 100 millilitres. Mais certains acquéreurs sont prêts à débourser des sommes bien plus importantes. En juin dernier, Kering Beauté, la division beauté du groupe de luxe français Kering, est passée à la vitesse supérieure en annonçant sa première acquisition: Creed, pour la modique somme de 3,5 milliards d’euros. Cette maison britannique de haute parfumerie a été fondée en 1760 et

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est associée depuis lors aux familles royales européennes. C’est d’ailleurs cette enseigne qui se cache derrière le célèbre parfum «Aventus».

La parfumerie, un art Le montant de la transaction n’avait pas été officiellement communiqué–ce qui, au passage, avait permis de dissimuler des marges bénéficiaires phénoménales. Mais ces chiffres prouvent à quel point ce secteur est lucratif. C’est un marché qui croît trois fois plus vite que celui des parfums de luxe «commerciaux» comme Chanel ou Dior. Maxime Bocxtaele, qui cogère depuis douze ans «Necessities» pointe de nombreuses différences entre les parfums de niche – plus chers – et les parfums de luxe. Malgré les célèbres enseignes sous lesquelles ils se cachent, les parfums de luxe visent un public plus large. «Les parfums de niche sont exclusifs. Ils ne sont distribués que par quelques boutiques. Leur production est aussi plus limitée – pour certains parfums, on ne dénombre que 150 à 300 flacons produits sur une année. Les parfumeurs ont plus de latitude. Ils travaillent avec des matières premières plus naturelles et plus concentrées», résume-t-il. «Il existe un fossé entre la création de parfums commerciaux et celle des parfums de niche», souligne également Laura de Coninck, «nez» et créatrice de parfums. «Les grandes marques de mode misent sur la vente de parfums, qui sont plus accessibles que leurs lignes de vêtements. Elles cherchent la sécurité en vendant des parfums qui plaisent à la majorité des consommateurs. Les commerciaux définissent ce que les parfums doivent contenir. Les créateurs de ces parfums se plaignent

La créatrice de parfums Laura de Coninck, qui est également nez, a aménagé, dans son grenier à Anvers, un orgue à parfums, composé de flacons de toutes sortes et qui s’étend sur cinq niveaux.

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«Le Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers m’a demandé de développer un parfum qui capture l’essence de sa collection.» Laura de Coninck Créatrice de parfums

souvent de voir leur créativité bridée», explique Laura de Coninck.

Un orgue à parfums Mais il est fréquent que les parfumeurs soient épaulés par leur propre maison de parfum, qui les encourage à déployer leurs ailes et à laisser libre cours à leur imagination. «Ils lancent leurs propres marques qui sont plus exclusives, avec moins de limites», poursuit Laura de Coninck, qui fait partie de ce petit cercle prestigieux. En tant que ‘olfactory artist in residence’ chez Givaudan, le géant des essences, elle se rend une fois par mois dans un laboratoire de parfumerie, à Paris. Là-bas, elle expérimente des odeurs avant de ramener des échantillons dans son studio, situé dans le centre d’Anvers. Elle a même aménagé, dans son grenier, un orgue à parfums, composé de flacons de toutes sortes et qui s’étend sur cinq niveaux (plusieurs centaines au total, dont

plusieurs dizaines de variantes rien que pour l’ambre). Laura de Coninck dispose également d’un réfrigérateur d’où elle sort de l’essence concentrée de tulipe utilisée dans le parfum «Hortus Conclusus Tulipa», qu’elle a créé à la demande de l’architecte

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paysagiste Ronald van der Hilst. «C’est un grand expert en tulipes. Le parfum que j’ai créé pour lui, c’est sa carte de visite. Cette fragrance s’inspire de l’odeur de son jardin clos», nous confie-t-elle. «Cela peut sembler surprenant, mais jusqu’ici, aucun parfum à base de tulipes n’avait jamais été imaginé. Apparemment, les parfumeurs ne trouvaient pas l’odeur suffisamment intéressante, notamment parce que la tulipe est rarement associée à un parfum. Ce sont souvent les mêmes fleurs que l’on retrouve dans les marques traditionnelles: la rose, le jasmin, la tubéreuse et le muguet», poursuit-elle.

Le prestige de l’iris Les maisons de parfums semblent en effet s’en tenir à un certain modèle. «Les parfumeurs ont aussi des formules dans leurs têtes», poursuit Laura de Coninck. «Ils savent ce qui fonctionne, mais cela risque de les enfermer dans les mêmes schémas. Je travaille de façon plus intuitive, je mélange et je sens. J’ignore le coût des composants que j’utilise, ce qui est également un avantage», explique-t-elle en riant. En se libérant du facteur prix, les parfumeurs peuvent se montrer plus créatifs. Avec le risque de créer un parfum très cher, comme l’a fait Laura de Coninck. «Le contenu de mon flacon est 14 à 20 fois plus cher que celui d’un parfum commercial», avoue-t-elle. Heureusement, le prix n’était pas un obstacle pour Ronald van der Hilst. Le coût de fabrication d’un parfum diffère également s’il s’agit d’un parfum de niche ou s’il s’agit de variantes commerciales, souligne Maxime Bocxtaele. «Selon les rumeurs, le coût des matières premières utilisées pour réaliser des parfums commerciaux qui se vendent 100 euros ne dépasse pas 30 ou 40 centimes. Pour les parfums de niche, il faut multiplier ce coût par 20, alors que leur prix n’est multiplié que par deux. Rapport qualité/prix, ces parfums sont donc plus intéressants». Autre nuance, les parfums de luxe misent davantage sur une stratégie

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de rendement garanti”, déclare Jurgen Mesens, son CEO.

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n termes de rendement, il est b e a u co u p p l u s i nté r e s s a nt d’investir dans notre immobilier d ’entreprise que dans l ’immobilier résidentiel classique”, déclare Jurgen Mesens, CEO de BVI.EU. “Ces dernières années, le rendement des unités PME que nous avons réalisées a atteint voire dépassé 5% – deux fois plus que l’immobilier résidentiel!”

“En termes de “En termes de rendement, il est il est rendement, beaucoup plus beaucoup plus intéressant d’investir intéressant d’investir dans notre immobilier dans notre commercial que immobilier commercial que dans l’immobilier dansclassique.” l’immobilier résidentiel

REVENUS STABLES Les revenus locatifs des PME sont généralement plus réguliers que ceux des maisons et des appartements. Les sociétés et gérants d’entreprise louent en moyenne plus longtemps que les particuliers, et ont tendance à payer plus ponctuellement, puisqu’ils ont besoin du bien pour générer des revenus.

JURGEN MESENS, CEO de BVI.EU

Jurgen Mesens et Keanu Meers de BVI.EU

“En termes de rendement, il est beaucoup plus intéressant d’investir dans notre immobilier commercial que dans l’immobilier résidentiel classique.”

JURGEN MESENS, CEO de BVI.EU

sont également indexés, de sorte qu’ils sont protégés contre l’inflation.”

RENDEMENT À LA VENTE

Avec les unités PME, plusieurs coûts sont supportés par les locataires: “Le précompte immobilier, les taxes communales et les frais d’entretien, ce qui améliore encore les possibilités de rendement pour les investisseurs”, détaille Jurgen Mesens.

Citons enfin la valeur à la revente dans la durée: les unités PME prennent de la valeur chaque année et sont moins sujettes à l’obsolescence esthétique que l’immobilier résidentiel. “C’est certainement vrai pour les parcs d’activité de haute qualité, construits de manière durable dans des emplacements attrayants avec beaucoup de verdure, comme les nôtres”, avance Jurgen Mesens. “Nos bâtiments future-proof sont très demandés: la plupart sont loués avant même d’être terminés, et il n’y a pas de vide locatif par la suite.”

La location étant soumise au régime de la TVA, les investisseurs peuvent récupérer la TVA qu’ils ont payée sur le prix d’achat et ne doivent pas s’acquitter de droits d’enregistrement. “Les loyers des unités PME

“Nos concurrents essaient souvent de nous copier, en vain”, sourit Keanu Meers. “L’accent que nous plaçons sur l’innovation, la durabilité, l’architecture, la flexibilité et notre capacité à décharger nos clients de

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“Les entreprises y établissent fréquemment leur siège social et sont liées à l’endroit à cause de leurs clients et de leurs fournisseurs”, souligne Keanu Meers, Head of Sales. “Sans oublier qu’elles bénéficient de nombreux services dans nos parcs. Et comme nos unités PME relèvent du système locatif commun, les propriétaires sont dans une position plus forte que dans le cas des baux résidentiels ou commerciaux, où le locataire est souvent surprotégé.”

résidentiel classique.”

JURGEN MESENS, CEO de BVI.EU

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«J’ignore le pris des différents composants que j’utilise, et c’est un avantage.» Laura de Coninck Créatrice de parfums

marketing. On se souvient notamment de Johnny Depp, qui avait fait la promotion de «Sauvage», le parfum masculin de Dior. Maxime Bocxtaele poursuit ses explications. Il nous confie que les parfums de niche sont composés de davantage de produits naturels, et de peu d’ingrédients synthétiques. «Par exemple, la maison Maria Candida Gentile utilise près de 95% de matières premières naturelles, ce qui gonfle le prix de ses produits.» La concentration des essences est également plus élevée dans les parfums de niche: de 17 à 25%, le reste se compose d’alcool et d’eau (contre 6 à 10% pour les parfums commerciaux). Pourquoi certains ingrédients sont-ils si chers? «Prenons l’exemple de l’iris», argumente Maxime Bocxtaele. «Il faut parfois patienter jusqu’à huit ans avant obtenir de l’essence d’iris. En effet, pour cela, il faut que la fleur dispose d’une racine adulte. Cette racine doit reposer jusqu’à cinq ans dans un sac en toile de jute avant de pouvoir être distillée. Et il faut une tonne de racines d’iris pour produire deux kilos de beurre d’iris. D’autre part, l’offre d’iris n’augmente pas, contrairement à la demande.» De manière plus générale, les matières premières de la parfumerie sont devenues beaucoup plus chères. C’est notamment le cas de la vanille de Madagascar. «Il y a dix ans, elle coûtait 1.000 euros le kilo, son prix avait déjà bondi à 14.000 euros en 2020», explique Maxime Bocxtaele. Une hausse de prix qui lui échappe. «Ces hausses de prix sont absurdes. Elles n’ont rien à voir avec l’inflation». Cela même si, dans l’univers des parfums de niche, côté prix, «sky is the limit».

Le caractère unique des mauvaises herbes «Les parfums de niche gagnent en popularité parce que les gens veulent être uniques. Ils veulent un parfum personnalisé, fabriqué sur mesure», poursuit Maxime

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Bocxtaele. Si vous vous rendez chez un parfumeur de premier plan comme Kurkdjian, il faudra compter 40.000 euros pour une création. En revanche, si vous démarchez une maison moins connue, vous ne devrez débourser «que» 12.000 euros. Le Moyen-Orient est un marché essentiel pour ces parfums. C’est d’ailleurs dans cette région que «Silver Oud» a vu le jour. «La maison de parfum de luxe Amouage est issue d’un projet de prestige pour le sultan d’Oman. Il souhaitait un parfum composé des meilleurs ingrédients du Moyen-Orient – oud (bois d’Agar), encens, jasmin – créé par les meilleurs parfumeurs d’Occident, qu’il aurait également pu être offrir comme cadeau diplomatique», raconte Maxime Bocxtaele. Il va sans dire que l’oud est un ingrédient très cher. Il s’agit du sous-produit d’un arbre infecté, qui développe une résine pour combattre les bactéries. Il faut patienter plusieurs années avant que l’arbre ne développe cette odeur spécifique. Dans la recherche permanente de nouveaux ingrédients uniques, les parfumeurs se tournent désormais vers les mauvaises herbes. Par exemple, le parfum «Mal-Aimé», de la maison Parfum d’Empire, se réfère à des plantes peu appréciées comme les chardons et les orties, dont des essences sont incorporées dans les parfums. Les mauvaises herbes peuvent sembler bon marché, mais les parfumeurs qui les manipulent souvent les travailler pendant des années avant de produire un distillat approprié. «Ces innovations naissent généralement dans le segment des parfums de niche. Si elles plaisent, elles se répandent dans le reste du marché, comme ce fut le cas avec le papyrus, qui a fait sa percée dans Le Labo Santal 33, et qui est entre-temps devenu un ingrédient populaire», poursuit Maxime Bocxtaele. Quant à Laura De Coninck, elle travaille actuellement sur une autre nouveauté, à savoir, le tout premier parfum jamais conçu pour un musée. «J’ai reçu une demande du Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers, qui souhaite que je mette au point un parfum qui reflète l’essence de ses collections.» La créatrice ne nous en dira malheureusement pas plus, même si elle confesse avoir expérimenté l’huile de lin. Nous sommes curieux de savoir si ce parfum, lui aussi, sera aussi persistant qu’exclusif. ■

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«Nous avons le sentiment d’être parvenus à trouver des solutions pour lutter contre le changement climatique. Nos vins se vendent à des prix qui nous permettent de supporter ces efforts.» Fiona Morrison, Master of wine, directrice de Thienpont Wine et co-propriétaire du domaine ‘Le Pin’

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LES VITICULTEURS RESTENT VIGILANTS, MAIS NE PANIQUENT PAS

LE CHAOS CLIMATIQUE NE FERA PAS TOMBER LES PLUS GRANDES RÉGIONS VITICOLES Investir dans votre domaine viticole préféré à Bordeaux ou dans le Piémont, est-ce toujours une bonne idée? Le changement climatique pourrait-il vous porter préjudice? Selon les viticulteurs des domaines les plus prestigieux, pour l’heure, il est inutile de paniquer.

TEXTE: STÉPHANE GODFROID PHOTOS: DIEGO FRANSSENS, CARLOS GONZALEZ ARMESTO

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es dernières années, les amateurs de vin ont eu de grandes frayeurs en voyant des vignobles partir en fumée suite aux conditions climatiques extrêmes. Ce fut notamment le cas de certaines vignes à Bordeaux, mais aussi en Californie, en Espagne et au Portugal. On se souvient également de l’orage de grêle sans précédent qui a frappé la région de Châteauneuf-du-Pape, durant l’été 2022. Corollaire, les vignes doivent constamment faire face à des températures extrêmes. L’année 2022 fut une des plus chaudes et des plus sèches jamais observées dans les régions viticoles de Bordeaux. Partout en Europe, les vendanges ont eu lieu un mois plus tôt qu’il y a un siècle, et une à deux semaines plus tôt que ces dernières années. Sur le pourtour méditerranéen, les premiers raisins ont été cueillis fin juillet (et fin août en Allemagne).

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«La survie d’un domaine ou d’une région dépendra de l’attitude des viticulteurs.» Peter Sisseck Producteur de Pingus

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Comment, dès lors, les amateurs de vins et les investisseurs peuvent- que je déguste du Lalou Bize-Leroy (un grand domaine ils évaluer l’impact du changement climatique? «Les meilleurs vins de de Bourgogne, NDLR). Ils fabriquaient du vin biodyBordeaux sont-ils en passe de disparaître? En avez-vous encore dans namique. J’ai eu un déclic: pour moi, c’était l’avenir. Et, votre cave?», demandait, il y a deux ans, la célèbre critique britannique depuis 2000, je cultive le domaine Pingus de façon 100% Jancis Robinson. «Le changement climatique est la principale menace biodynamique.» à laquelle nous sommes confrontés dans la production des vins fins», La biodynamie fonctionne selon les principes de l’ansouligne Fiona Morrison, master of wine. Avec son mari, Jacques throposophe Rudolf Steiner, qui considère que tout fait Thienpont, elle dirige également Thienpont Wine partie d’un ensemble holistique. (importateur et négociant en vins) et le prestiLe vigneron et le vignoble constigieux domaine Le Pin, à Pomerol. «Mais cette «Dans le passé, de tuent un seul système vivant et situation ne soulève pas que des points négatifs. nombreux vignerons interconnecté. La plupart des addiDans des régions comme Bordeaux, la Bourgogne tifs chimiques sont remplacés par utilisaient des produits ou le Piémont, le changement climatique a permis des préparations naturelles. Selon d’améliorer la qualité du vin, cela à différents ni- phytosanitaires pour Peter Sisseck, «la biodynamie n’est veaux: notre raisin mûrit de façon uniforme. Il est traiter les vignes. pas un modèle théorique qu’il suffruité, ce qui est préférable aux raisins trop acides Aujourd’hui, nous fit d’appliquer. C’est un style de vie. ou pas assez mûrs. Nous observons aussi moins Il faut y croire. Chez Pingus, tout de variations qu’auparavant dans les millésimes.» utilisons des produits respire la biodynamie». Il ajoute: naturels qui les protègent «Nous avons aussi nos propres Le rôle clé du viticulteur vaches, tout notre système tourne et les renforcent.» L’amélioration de la qualité des raisins n’est pas autour de la biodynamie. Au fil des liée au hasard. Elle s’explique par les connaisannées, j’en ai déduit que c’était sances, la maîtrise et la force de frappe finan- Fiona Morrison la clé, en ce compris contre les cacière des domaines viticoles. «C’est incontestable. Master of wine et co-propriétaire prices climatiques de la nature», Souvent, les châteaux prestigieux possèdent les du domaine «Le Pin» explique-t-il. «Une plante a besoin meilleurs terroirs. Ils sont donc moins sensibles de mycorhize». Il s’agit d’une asau mildiou, au gel et à la grêle. C’est injuste, mais sociation symbiotique entre une les ‘droits d’entrée’ – je parle ici du prix d’achat plante (arbre, arbuste, plante herde ces grands domaines – réduisent les risques.» bacée, vivace ou annuelle, à fleurs Il ne suffit cependant pas de disposer d’un bon ou non, sauvage ou cultivée, en pot terroir pour être à l’abri des aléas du climat. «La survie d’un domaine ou en pleine terre...) et un champignon, susceptible de ou d’une région dépendra de l’attitude des viticulteurs», estime Peter persister durant plusieurs années. «Dans un écosystème Sisseck, viticulteur emblématique de Pingus, dans la région de Ribera intact, pratiquement toutes les plantes coopèrent sous del Duero en Espagne. terre avec les champignons racinaires. Ceux-ci absorbent Tout commence par le travail des vignes. «Ceux qui continuent à ap- les minéraux et les transmettent aux plantes. Si vous voupliquer les méthodes traditionnelles tuent la vie naturelle du sol. Nous lez cultiver des raisins sur un terrain sablonneux, vous devons retrouver des vignobles résistants. Et pour cela, il ne suffit pas pouvez essayer de corriger artificiellement le sol, mais de répandre du compost, d’irriguer ou de tout pulvériser à plat. Nous le résultat ne sera jamais satisfaisant.» savons tous que le sol ne sera plus suffisamment riche pour rendre à Les bienfaits du sécateur la vigne sa résistance.» Peter Sissek nous confie avoir changé de méthode. En 1995, il pra- Fiona Morrison le concède: les viticulteurs doivent désortiquait encore l’agriculture biologique pour produire son Pingus. mais adopter une approche différente pour rendre leurs «Mais j’ai suivi avec attention ce qu’il se passait dans le domaine de la domaines aussi résistants que possible. «Aujourd’hui, biodynamie. Je me suis beaucoup documenté sur le sujet. Jusqu’à ce nos vignobles présentent un aspect beaucoup plus rude

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car nous utilisons des couvertures de sols entre les rangs expérimental a été créé à partir d’un cépage portugais, pour nourrir les vignes. Pour conserver la vie du sol, nous le «touriga nacional». «Je ne suis pas convaincu», réagit passons moins souvent avec le tracteur, ce qui évite de Peter Sisseck. «Planter dans le nord des cépages qui proscompacter la terre. Cela permet à cette dernière de mieux pèrent aujourd’hui dans le sud? Je ne pense pas que ce vivre et de respirer. Le traitement de la vigne se fait au soit la bonne réponse au changement climatique. Pour sécateur. Ainsi, nous évitons les machines. C’est plus cher, moi, les cépages régionaux sont et restent la solution, à mais cela offre de nombreux avantages en termes de condition de traiter le vignoble correctement.» qualité des sols, qui protègent à leur tour les vignes.» Le changement climatique nécessite de procéder à «Dans le passé, de nombreux vignerons utilisaient quelques ajustements, certes, mais Peter Sisseck ne voit des produits phytosanitaires pour traiter les vignes. Au- aucune raison de se lancer dans des choses «folles». «La jourd’hui, nous utilisons des pronature est suffisamment résiliente duits naturels qui les protègent et pour survivre, du moins si nous les renforcent. Nous consacrons «Le réchauffement la respectons. J’ai été surpris de beaucoup plus de temps à la taille climatique n’a jusqu’ici constater que mes vieilles vignes à et à la gestion du feuillage. Nous Jerez avaient produit des superbes eu aucun impact sur stimulons le microbiome augrappes de raisin. Sur un plateau tour des racines des vignes, afin les prix des vins de nos calcaire, alors qu’il avait fait très qu’elles disposent de suffisam- ventes aux enchères.» chaud durant l’été. Ces vieux raiment de nutriments et d’humisins palomino ont fait des merdité. Nous encourageons aussi veilles. Pourquoi devrais-je chanla biodiversité. Nous disposons Aart Schutten ger ma méthode de production?» d’un système naturel pour lutter Manager et propriétaire Des changements contre les nuisibles. Nous plan- de la maison d’enchères Sylvie’s par vague tons plus d’arbres pour conserver Wine Auctions à Anvers. davantage de carbone dans le sol Peter Sisseck évoque également les et nous stimulons la croissance grandes fluctuations de tempérades mycorhizes pour aider le sol ture observées au cours du siècle à retenir l’eau et les nutriments.» dernier. «Les années 1920 furent Ces efforts ont un prix. Ils sont chronophages, mais très chaudes dans le ‘Vieux Monde’, avec de très beaux ils portent leurs fruits, témoigne Fiona Morrison. «Nos millésimes. Les années 1930 et la période de la Seconde vignes ont survécu aux trois mois de canicule et de séche- Guerre Mondiale ont connu des températures très basses, resse durant l’été 2022, ces méthodes sont efficaces. Tout suivies d’une nouvelle période de températures plus comme nos collègues, nous sommes inquiets pour l’ave- clémentes. Mais n’oubliez pas que dans les années 1960 nir, mais nous avons le sentiment d’être parvenus à trou- et 1970, les viticulteurs du Bordelais ont souvent des ver des solutions pour lutter contre le changement clima- difficultés à obtenir des raisins mûrs. Depuis 1982, la tique. Nos vins se vendent à des prix qui nous permettent température n’a cessé d’augmenter.» Peter Sisseck pointe de supporter ces efforts. Hélas, certains domaines (plus aussi que nous avons toujours connu des alternances petits) n’ont pas les moyens de lutter contre le change- entre périodes plus chaudes et périodes plus froides. ment climatique.» «Le fait d’avancer ou de retarder le début des vendanges n’est-il pas une adaptation logique en soi? J’ai récemment Des nouveaux cépages lu qu’en 1868, l’ancien propriétaire du Château Lafite Les viticulteurs sont constamment en quête de solutions Rothschild commençait à vendanger le 7 septembre. pour contrer le changement climatique. Par exemple, Eh bien, c’est exactement ce que j’ai fait cette année au les vignes se plantent désormais davantage en altitude domaine Pingus.» (il y fait plus frais). Différentes expériences sont menées Peter Sissek nous confie que près d’une semaine avec des cépages hybrides, plus résistants aux parasites plus tard, il s’est promené dans la région. «Dans un des et aux conditions climatiques extrêmes. Ailleurs, on grands domaines – je ne peux pas le citer – les vendanges plante des cépages atypiques. À Bordeaux, un vignoble n’avaient pas encore commencé. Les raisins devraient

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Pingus

Le Pin

Peter Sisseck, viticulteur, est d’origine danoise. Il doit sa notoriété à son vin culte, le «Pingus» issu de Ribera del Duero, en Espagne. Les vignes qu’il cultive datent de 1929. En complément au tempranillo, les vignes comprennent deux autres cépages. Le lancement du projet Pingus remonte, quant à lui, à 1995. Pingus se vend en primeur en juin. Le prix de son millésime 2022 se chiffrait auparavant à 998 euros par bouteille. Sur le marché, son prix est monté. Le vin est désormais évalué entre 1.300 et 2.000 euros.

Fiona Morrison est née aux ÉtatsUnis, de parents britanniques. En tant que master of wine, elle voyage un peu partout dans le monde pour tester les meilleurs vins. Elle est également directrice générale de Thienpont Wine (importateur et négociant en vins, à Etikhove, Flandre-Orientale) et gère, avec son mari et viticulteur belge Jacques Thienpont, le célèbre domaine Le Pin, considéré comme un domaine culte depuis 1979, date à laquelle Jacques Thienpont en est devenu le propriétaire. L’encépagement se compose essentiellement de merlot et d’un un peu de cabernet franc. Néanmoins, ce dernier n’est pas utilisé pour la tête de cuvée.

Les prix de la survie Selon Peter Sisseck et Fiona Morrison, ceux qui investissent dans des domaines de qualité, soucieux de bien gérer le vignoble, ne doivent pas douter de la qualité de leurs futures bouteilles. Mais quel sera l’impact du changement climatique sur le prix du vin? Selon Fiona Morrison, «la volatilité des prix du vin n’est pas due aux changements climatiques. C’est le marché qui en est responsable. Les richesses ne sont pas réparties de façon égale. Alors que, dans certaines régions, des amateurs sont prêts à débourser 4.000 euros pour une bouteille d’un grand vin produit de manière responsable, des milliers de petits producteurs ne parviennent pas à vendre leurs propres vins, même à des prix qui se situent bien en dessous de leur coût de production. Parfois, ils ne peuvent même pas se permettre de récolter leurs raisins. C’est une véritable crise. Une situation horrible qui touche parfois aussi les régions viticoles les plus prestigieuses du monde.» «Le réchauffement climatique n’a pas encore impacté les prix des vins vendus aux enchères», explique Aart Schutten, manager et propriétaire de la maison d’enchères Sylvie’s Wine Auctions à Anvers. Aart Schutten a cependant constaté que les prix des grands vins de Bourgogne s’étaient envolés en raison de leur rareté. «Lorsque les conditions climatiques ne sont pas favorables, la pénurie est encore plus marquée.» Il mentionne également «l’art du viticulteur» dans la gestion d’un vignoble. «Prenez le nebbiolo, un cépage particulièrement difficile sur le plan de la maturité des raisins. Dans les années 1980, on les trouvait principalement sur les versants sud. Aujourd’hui, les vignerons recherchent la fraîcheur côté nord. Ou encore: dans les régions très chaudes, les viticulteurs vendangent pendant la nuit pour garantir un maximum de fraîcheur aux raisins. Mais il n’y a pas lieu de paniquer en ce qui concerne les prix des grands domaines», conclut Aart Schutten. «Aujourd’hui, nous vendons surtout des vins qui ont déjà quelques années au compteur. Peut-être nos enfants constateront-ils une évolution d’ici quelques décennies»? ■

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Les vins de Peter Sisseck sont importés par La Buena Vida, Lichtstraat à Mol (014/45 13 03). www.labuenavida.be

Il faut compter,en moyenne 2.750 euros pour une bouteille de Le Pin 2022. Les vins de Thienpont sont disponibles chez Thienpont Wine, Hof te Cattebeke, Bossenaar 14 à Etikhove, Flandre-Orientale (055 31 17 59). www.thienpontwine.com

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BOTANIC SPA, DÉTOX ET RÉSEAUTAGE AU CŒUR D’ANVERS

Envie de fuir l’agitation de la ville et de tester l’un des «City Spa’s» les plus prestigieux d’Europe? Pour cela, nul besoin de parcourir des milliers de kilomètres. Il vous suffit de vous rendre dans la ville d’Anvers.

TEXTE: LAURA KEERSMAEKERS PHOTOS: SISKA VANDECASTEELE

C

’est par une journée ensoleillée d’automne que nous pénétrons dans le centre de bienêtre du Botanic Sanctuary Antwerp, l’hôtel le plus onéreux et le plus luxueux d’Anvers. Autour de nous, quelques personnes se prélassent au bord de la piscine, un client de l’hôtel court sur un tapis roulant, tandis qu’une mère et sa fille profitent d’un lunch diététique accompagné d’un jus de légumes. «Nous sommes sélectifs. L’ambiance est toujours très reposante ici. Nous n’acceptons pas plus de 20 personnes en même temps. En tant que ‘City Spa’ (un spa urbain qui propose différents services axés sur la relaxation, les soins et la santé) nous voulons offrir et garantir une certaine quiétude à notre clientèle», explique le directeur du Botanic Health Spa, Xavier Le Clef, alors que nous déambulons dans un espace de plus de 1.000 mètres carrés.

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«C’est le seul bâtiment de l’hôtel qui est entièrement neuf», nous confie-t-il. Le Botanic Sanctuary, c’était le rêve de Maryse Odeurs, la compagne du promoteur immobilier Eric De Vocht, le propriétaire de ce luxueux hôtel cinq étoiles. Pour créer cette ambiance de cloître luxueux, le couple d’architectes a travaillé avec le bureau d’architectes, AIDarchitecten. Pour le spa, leur choix s’est porté sur des matières, des couleurs et des plantes naturelles lumineuses. Xavier Le Clef nous guide ensuite vers la piscine de l’établissement, située au premier étage, et qui s’étend sur 18 mètres de long. Nous découvrons ensuite le jardin intérieur, embelli par ses jardinières remplies de plantes aromatiques utilisées par les chefs des cinq restaurants de l’hôtel: parmi ces établissements, on peut notamment citer le célèbre Hertog Jan, qui détient deux étoiles au Guide Michelin. Dans l’air, une odeur agréable se décèle

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. «C’est le parfum de l’hôtel», explique Xavier Le Clef, en souriant. Sont considérés comme les immanquables de cet écrin anversois, le sauna finlandais, la douche expérimentale et le hammam. «Le salt stone sauna de l’Himalaya est unique. La pierre rose confère une belle énergie à la chaleur qui s’en dégage. Cette pierre est également très saine pour les poumons. Le sauna n’est pas immense, mais cela n’a pas beaucoup d’importance. Et c’est ce qui en fait un city spa», argumente le directeur. Nous traversons ensuite la lunchroom – «Nous ne servons pas de frites ici. Pour cela, vous devrez traverser la rue», nous confie le directeur avec humour. Nous passons ensuite à côté de la salle de sport, équipée d’appareils ultramodernes. Avec ses fenêtres allant du sol au plafond, la pièce s’ouvre sur l’extérieur. Tout ici a été aménagé pour offrir le meilleur à une clientèle exigeante: en plus d’un bar à fruits, les clients peuvent également profiter de l’espace pour faire du yoga ou bénéficier d’une séance d’entraînement avec un coach personnel.

depuis Paris ou Amsterdam. Ils n’hésitent pas à venir jusqu’ici, même si ce n’est que pour un soin d’une demi-heure.» Mais comment expliquer ce succès retentissant? «La popularité du wellness est directement liée à une perte d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée», nous explique, au téléphone, le sociologue Walter Weyns de l’Université d’Anvers. «Nous avons l’impression de vivre dans un monde où nous sommes en permanence sous pression et où l’on exige énormément de nous. En raison de nos agendas chargés, notre qualité de vie est reléguée au second plan. Voilà pourquoi il est parfois libérateur de se rendre dans un spa, de s’immerger dans le luxe ultime et de confier à d’autres personnes la mission de prendre soin de nous», ajoute l’experte. Les «City Spa’s» ont le vent en poupe (voir encadré). Mais cela ne signifie pas que les spas classiques sont voués à disparaître, argumente Walter Weyns. «L’expérience de la nature dans les Alpes, les spas en Allemagne à Baden-Baden et les anciennes sources thermales, comme la ville de Spa ont toujours existé et resteront populaires. Ces sources remontent

La santé, le nouveau luxe

«Certains de nos habitués se rendent chez nous en train depuis Paris ou Amsterdam. Ils n’hésitent pas à venir jusqu’ici, même si ce n’est que pour un soin d’une demiheure.»

Le spa anversois est un point de chute incontournable pour toute personne en quête de calme et de soins exclusifs au coeur de la ville. Ici, pas de botox et de traitements faciaux agrémentés de feuilles d’or 24 carats. Au Botanic Health Spa, le nouveau luxe, c’est la santé. Le centre de bien-être surfe sur la tendance des produits naturels, du sport et de la santé mentale. Ce choix est d’ailleurs largement apprécié de sa clientèle belge et étrangère. «Certains de nos habitués se rendent chez nous en train

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Xavier Le Clef Directeur du Botanic Health Spa

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Le Botanic Sanctuary Antwerp, logé au coeur de la ville d’Anvers, abrite un hôtel cinq étoiles.

«Notre Botanic Health Spa s’adresse exclusivement aux entrepreneurs, aux avocats, aux PDG... C’est une sorte de club d’affaires.» Xavier Le Clef Directeur du Botanic Health Spa

aux Romains. La culture du bain et de la fréquentation des établissements de bains ne va pas disparaître de sitôt. Les gens cherchent des alternatives pour se détendre en ville, mais nous ne pouvons pas pour autant parler de basculement.»

Un focus sur la santé «C’est la Rolls-Royce des appareils médicaux. Il est unique en Belgique», explique fièrement Xavier Le Clef, alors qu’il nous dévoile l’une des dix salles de soins du spa abritées par le cloître. Le directeur nous fait découvrir le Global Diagnostics, un ordinateur qui évalue l’état de santé d’une personne sur base de son niveau d’énergie et de son stress. L’appareil identifie également les inflammations éventuelles et dresse un bilan de l’état de vos cellules. Deux cordons d’alimentation sont reliés aux pieds et, pendant huit minutes, un courant à haute fréquence est envoyé à travers tout le corps. L’appareil mesure la fréquence de 600 types de cellules. Il produit ensuite une analyse complète, pouvant expliquer l’origine de tous les maux de la personne. Le centre propose également d’autres traitements prestigieux. Il est notamment possible de profiter d’un soin detox de body slimming, avec un drainage lymphatique. Son prix? 90 euros pour 50 minutes. «Mesurer, transmettre, traiter puis à nouveau mesurer et entretenir. C’est notre façon de travailler. Nous faisons la différence grâce à notre approche holistique», poursuit Xavier Le Clef, qui connaît parfaitement cet univers. Avant de prendre la direction du Botanic Health Spa il y a deux ans, il s’était déjà forgé une solide réputation en tant qu’ostéopathe, acupuncteur et expert en méde-

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cine chinoise. Il dispose encore de son propre cabinet à Berchem et partage son temps entre les deux sites. Son mantra? «Vieillir en meilleure santé». Une philosophie omniprésente dans le spa. «Le luxe que nous offrons, c’est l’accent que nous mettons sur la santé». Et c’est grâce à ce focus sur la santé, l’analyse et la prévention, que le Botanic Health Spa a reçu le «Spa Star Award» du meilleur City Spa en Europe, confie Xavier Le Clef. «Une fois le test achevé, nous étudions, en compagnie du health coach, les soins à appliquer pour remédier aux problèmes constatés chez la personne. Il peut s’agir d’un massage, d’une séance d’acupuncture, d’un soin corporel spécifique, mais aussi de nutrition ou de relaxation.» «Cette approche axée sur la santé va de soi», estime-t-il, en désignant le jardin botanique. «L’histoire du bâtiment remonte à 1238. À l’époque, les nonnes soignaient les patients avec les herbes du jardin. Nous prolongeons cette tradition.» Biologique, écologique, vegan, recyclable, sans parabènes ni sulfates, sans alcool et non testé sur les animaux: c’est aussi du luxe. Tous les produits utilisés pour les soins répondent à ces critères. «Mettre l’accent sur le développement durable, c’est, en partie, une question d’image», explique le professeur Walter Weyns. «Pour le client, il s’agit d’une forme d’affirmation de soi: ‘Je fais ce qu’il faut’. Vous pouvez justifier financièrement une visite à un centre de wellness, mais vous contribuez également à l’économie durable. Cette démarche donne un sentiment de bien-être.»

«Sparkling like a diamond» Le centre de bien-être offre un vrai moment de détente. Mais certains soins sont-ils à déconseiller? «Ici, nous n’in-

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«L’exclusivité, tout comme le fait de pouvoir s’immerger dans un univers dont beaucoup osent à peine rêver, c’est aussi cela le luxe.» Walter Weyns Sociologue de l’Université d’Anvers

jectons pas de botox », déclare le directeur. «C’est trop invasif. Nous proposons cependant un face-lift massage.» Chaque soin est adaptable aux souhaits des clients et se calque sur les résultats du test. «Nous ambitionnons de devenir le premier institut de beauté de Belgique. Nos traitements du visage font partie de nos meilleurs soins.» Et côté budget? Les prix pour un soin du visage varient entre 99 et 315 euros (le traitement le plus onéreux étant le soin «Sparkling like a diamond»). Mais le spa réserve encore bien d’autres surprises à sa clientèle. «Nous sommes en train d’élaborer une toute nouvelle gamme de soins. Nous la réduisons à sept soins du visage et à douze soins du corps et massages. Nous aimerions nous concentrer sur les questions paramédicales et le health coaching», poursuit le directeur. Une équipe de douze thérapeutes y veille. Le spa souhaiterait également affirmer davantage son indépendance vis-àvis de l’hôtel. «Tout le monde est le bienvenu, qu’il soit client de l’hôtel, ou non». Les soins d’une heure sont disponibles à partir de 95 euros. Pour 150 euros par personne ou 250 euros pour un couple, vous pouvez profiter du spa pendant toute une journée (hors soins). Pour les clients de l’hôtel, l’accès au spa est gratuit. «À ce tarif, nous sommes les moins chers, parmi les hôtels de ce niveau – cinq étoiles ou plus», ajoute Xavier Le Clef. Les membres peuvent profiter de la salle de sport et du spa pendant toute l’année et cela de manière illimitée. Mais la cotisation, fixée à 3.500 euros, n’est pas à la portée de tous. Et tout le monde ne peut pas devenir membre. «Notre Health Club compte aujourd’hui une centaine de membres. Il est réservé exclusivement aux entrepre-

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neurs, aux avocats, aux CEO, etc. Nous organisons des évènements et des conférences. Il s’agit d’une forme de réseautage, d’un business club. Mais il ne suffit pas d’avoir de l’argent pour devenir membre. Nous interrogeons les candidats sur leurs intérêts et nous demandons des références», assure Xavier Le Clef. «Le fait de payer un montant aussi important pour faire partie d’un club est, en soi, déjà une motivation pour les membres», explique Walter Weyns. «L’exclusivité, tout comme le fait de pouvoir s’immerger dans un univers dont beaucoup osent à peine rêver, c’est aussi cela le luxe», poursuit le professeur. Si nous ne pensons pas pouvoir devenir rapidement membres du club, nous quittons cependant le Botanic Sanctuary Antwerp avec deux recommandations gratuites de Xavier Le Clef: boire plus d’eau et moins de café. ■

Quelques City Spa’s proches de chez vous > Caudalie Boutique Spa, à Bruges. > Aspria Exclusive fitness & wellness club (trois centres à Bruxelles). > Rituals Body Spa, à Knokke.

… et un peu plus loin > Renessence, high tech wellness à Amsterdam. > QC Termemilano, centre de Wellness à Milan. > AIRE Ancient Baths à New York.

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