Quarterly Débat Investir au profit de tous
Philanthropie 'Faire le bien ne suffit pas, il faut le faire mieux'
PERSPECTIVES ON BANKING
La montée en flèche des investissements socialement responsables Prof. Luc Van Liedekerke et Peter Vandekerckhove (BNP Paribas Fortis)
Une initiative de BNP Paribas Fortis en collaboration avec Echo Connect.
4 “Il est tout à fait envisageable d’obtenir de la durabilité et du rendement” Clarisse Simonek
8 Table ronde : investir au profit de tous
27 Pour Sevan Holemans, “les petits entrepreneurs sont les vrais héros d’aujourd’hui”
24 Luc Van Liedekerke et Peter Vandekerckhove: “Le développement durable ne peut se résumer à des mesures cosmétiques.”
Ours Une initiative de BNP Paribas Fortis en collaboration avec L’Echo Connect. Coordination : Veronique Soetaert, Alexia Mangelinckx Lay-out : Christine Dubois, Monica Delgadillo Photos : Frank Toussaint, sauf mention contraire. E.R. : WalterTorfs, rue des Sols 2, 1000 Bruxelles Ce magazine a été imprimé chez EPC Lokeren, qui utilise un procédé d'impression unique, innovant et écologique basé sur la technique d'impression offset par voie sèche (impression sans eau).
Echo Connect offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Les partenaires impliqués sont responsables du contenu.
CONNECT
6 Nous devons sauver le monde de nous-mêmes
Reportage Tutorat: la recette anti-échec de Schola ULB
Philippe de Woot (1930-2016) C'est un pionnier de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et des investissements socialement responsables (ISR) qui s'est éteint début octobre. Philippe de Woot était humaniste et fut entre autres président du conseil d'administration d'IBA, le spécialiste néolouvaniste de la protonthérapie. Dans une interview accordée à l'Echo en 2012, il se montrait critique vis-à-vis de certaines dérives financières, parlant de l'aveuglement lié à la dérégulation des marchés. Philippe de Woot fut aussi l’un des membres fondateurs de la Fondation Roi Baudouin. Un prix Philippe de Woot a été créé en 2010 en vue de promouvoir les recherches sur la responsabilité sociétale des entreprises.
Peter De Keyzer Chief Economist & Managing Partner de Growth Inc.
B NQ B NQ est une plateforme de contenu de cross médias consacrée à la banque socialement responsable et moderne. Au travers de la diffusion d'informations, B NQ entend ouvrir le débat et le dialogue sur la base de récits remarquables, innovants et concrets. Ce magazine a été imprimé le 20/10/2016 www.lecho.be/bnq
édito
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L’investissement durable a connu un essor remarquable ces cinq dernières années. La philosophie sur laquelle il se fonde a toujours existé, cependant. L’investissement socialement responsable (ISR) trouve son origine dans les ordres religieux, notamment. Pour des questions morales, ceux-ci ont cessé d’investir dans certaines pratiques, dans certaines entreprises ou à certains endroits. L’un des exemples les plus anciens est celui des Quakers. Parce qu’ils estimaient le commerce d’esclaves inconciliable avec leur foi, les Quakers ont refusé de continuer à y investir ou d’y participer. Cette attitude ne se résumait pas à l’expression d’une opinion personnelle: par leur boycott, les Quakers ont expressément tenté de saper voire d'empêcher le commerce d’esclaves. Cet aspect est particulièrement présent dans l’investissement durable. Il ne s’agit pas de se contenter de crier depuis la ligne de touche. Au fil de l’Histoire, plusieurs groupes, depuis des organisations sociales jusqu’à des mouvements religieux, ont eu un impact sur des thèmes sociaux. Ils tentaient ainsi de peser sur le débat public. Pensez au boycott du régime de l’apartheid en Afrique du Sud, à l’attention suscitée par le protocole de Kyoto, au réchauffement de la planète ou à la bonne gouvernance dans les entreprises. Très souvent, néanmoins, on demeurait dans l'antichambre d'un activisme réel. Il en va tout autrement de l’investissement durable: en devenant actionnaire, vous "achetez" le droit d’exercer une influence effective sur la politique de l’entreprise en question. L’attention croissante pour l’ISR produit déjà des effets. En premier lieu dans l’industrie des fonds proprement dite, où elle a entraîné une augmentation à la fois de l’offre et de la demande de fonds durables. Aux États-Unis, plus de 10% de l’assortiment actuel de fonds peut être qualifié de durable. Depuis plus de deux décennies, le montant sous gestion progresse plus rapidement que le marché dans son ensemble. L’attention accrue pour l’ISR est aussi un processus qui s’autoalimente. Car le dirigeant d’une entreprise cotée en Bourse se voit de plus en plus fréquemment confronté à des investisseurs motivés principalement par les aspects liés à la durabilité. La multiplication des rapports de développement durable ("sustainability reports") au sein des entreprises découle en droite ligne de cet intérêt des investisseurs. Le fait que l’ISR gagne sans cesse en importance dans l’industrie financière illustre surtout une évolution dans l’attitude sociale. Désormais, la production, l’entrepreneuriat et le commerce n’évoluent plus dans un vide moral: la société veut pouvoir imposer le terrain d’action et les règles. La place croissante de l’ISR prouve que l’on ne change pas les règles en criant depuis la ligne de touche, mais en participant soi-même au processus d’investissement.
Investissements durables: quand la rentabilité améliore la société ©Timothy Foster
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Les investissements durables doivent-ils rapporter de l’argent ou avant tout aider le monde? L’un n’exclut pas l’autre. La véritable durabilité se trouve à l’intersection de ces deux approches. Et il faut le faire savoir.
hacun ressent à sa manière que le monde est sous pression. Lorsqu'on évoque mon pays de naissance, le Brésil, les gens pensent immédiatement au déboisement de la forêt amazonienne. Mais pour la plupart des Brésiliens, ce sont les tensions sociales qui constituent le principal problème. Aucun pays ne peut obtenir une croissance stable dans un contexte d'inégalités extrêmes qui ne cessent de s'accentuer, et avec un changement climatique devenu incontrôlable. Plus personne ne nie ces évidences. Et nous sommes très nombreux à faire le constat que notre bien-être ne dépend pas que de notre niveau de revenu, mais aussi de la société et de l'environnement dans lesquels nous évoluons. Cette prise de conscience se trouve à l'origine de ma passion pour les investissements socialement responsables (ISR). Ceuxci ne sont pas uniquement une question d’argent. Les gestionnaires de fonds et de patrimoine doivent voir au-delà des intérêts financiers de leurs clients. Car ces derniers nourrissent également des préoccupations écologiques et sociales qui peuvent et doivent se refléter dans le processus d’investissement. Au fil de ma carrière de spécialiste de la durabilité, j’ai côtoyé des investisseurs qui observaient les défis écologiques sous un prisme surtout financier et y détectaient des possibilités d’offrir un rendement de long terme confortable à leurs clients, et d’autres qui se concentraient sur l’impact social et écologique de leurs investissements. Ces deux approches ne doivent pas s’exclure, au contraire. À mes yeux, la véritable définition de l’ISR se situe à leur intersection, où l'on peut à la fois apporter du rendement aux clients et contribuer à leur qualité de vie à long terme. Le système financier – et ceux qui y opèrent – me paraissent souvent atteints d'une forme de schizophrénie. On sait que les défis sociaux et environnementaux représentent des risques financiers; que l'on songe seulement aux pertes considérables qu'a occasionnées la marée noire dans le Golfe du Mexique pour BP. Idem pour les controverses sur le respect des droits de l'homme chez les sous-traitants d'Apple. Parallèlement, beaucoup de gens croient encore que l'investissement responsable est moins rentable parce qu'il exclut certaines firmes. C'est faux, et cela nuit à l'ensemble de l'ISR. Aucun portefeuille ne contient la totalité des valeurs cotées: il relève donc nécessairement d'une sélection! Celle opérée par l'ISR repose sur le contrôle du risque à court terme et sur la création de valeur à long terme. Il faudrait également améliorer la communication à destination du grand public. Les termes spécialisés comme ISR ou ESG ne sont
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pas forcément les mieux adaptés: il faut détailler de la manière la plus simple possible ce que les choix opérés impliquent. Combien d’emplois une stratégie d’investissement durable a-t-elle créés? Combien de vols transatlantiques polluants a-telle permis d’éviter? À tort ou à raison, le secteur financier ne veut surtout pas avoir l'air de donner des leçons de morale en matière d'investissement. Mais il pourrait – et devrait – proposer à ses clients le choix d'investir dans des secteurs correspondant à leurs préoccupations sociales et environnementales. Enfin, je ne pense pas que nous parlerons encore d’investissement durable ou d’impact investment dans 20 ans. À terme, on devrait en arriver à mesurer l’impact de chaque investissement. On ne distinguera alors plus les portefeuilles durables des non durables: on les classera selon des critères de rapport risques/rendement, qui incluront l’impact de tous les placements. Nous pouvons aujourd'hui choisir de consommer des bananes issues du commerce équitable et d'acheter de l'électroménager économe en énergie. Demain, nous pourrons savoir si notre épargne crée de l'emploi, contribue à stabiliser le climat, produit des biens de première nécessité… et cette perspective nous enchante, mes collègues du Cambridge Institute for Sustainability Leadership et moi-même. Et vous verrez que tout va aller très vite! ll Clarisse Simonek, Senior Programme Manager au Cambridge Institute for Sustainability Leadership
IL EST TOUT À FAIT ENVISAGEABLE D’OBTENIR DE LA DURABILITÉ ET DU RENDEMENT Clarisse Simonek, Cambridge Institute for Sustainable Leadership
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Et des vies humaines, il y en a de plus en plus. À l’époque de la Révolution française, la Terre n'abritait encore qu’un milliard d’habitants; en 2016, le compteur affiche déjà 7,4 milliards. La fin de cette croissance démographique n’est pas en vue. Selon les Nations Unies, nous serons 9,7 milliards en 2050. 50 20
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L’investissement socialement responsable se joue dans le contexte d’un monde en mutation. L’homme est confronté à des défis importants et doit d’urgence y apporter une réponse. "Les gens crient: sauvez la planète! Mais la planète, elle s’en f…", a remarqué un jour l’écrivain français Erik Orsenna. "D’une manière ou d’une autre, la planète survivra. C’est la vie qui est en jeu, et principalement la vie humaine."
Source: ‘World Population Prospects: The 2015 Revision’, UN
2.620 p. Les gouvernements du monde entier s’efforcent de limiter l’exploitation des ressources et prennent à cœur leurs responsabilités écologiques et sociales. Cela se reflète également dans le nombre de règles qu’ils promulguent dans ce domaine. Prenez l’indice de la réglementation publique tenu par le Competitive
80.260 p. Enterprise Institute pour les États-Unis. En 1936, le Federal Register comptait 2.620 pages; en 2015, pas moins de 80.260. Source ‘Ten Thousand Commandments 2016’, Competitive Enterprise Institute
8 août Qui dit plus d’êtres humains, dit aussi plus de consommateurs, dont une part croissante adopte un mode de vie occidental particulièrement vorace. Les conséquences en sont considérables. Ainsi l’Earth Overshoot Day tombait-il cette année le 8 août. C’est le jour où nous avons davantage consommé que ce que la Terre peut produire en un an. Source: www.overshootday.org
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36 milliards de panneaux photovoltaïques La pénurie est en vue, surtout pour des matières premières non renouvelables comme le pétrole et le gaz. Personne ne s’étonnera dès lors que l’énergie renouvelable ait suscité un intérêt croissant ces dernières années. Selon Stephen Emmott, directeur des sciences informatiques chez Microsoft Research à Cambridge, la production d’énergie devra au moins tri-
pler d’ici la fin de ce siècle. "Cela représente 1.800 des plus grands barrages au monde, 23.000 centrales nucléaires, 14 millions de turbines éoliennes, 36 milliards de panneaux solaires, ou 36.000 nouvelles centrales électriques au gaz ou au charbon, à supposer qu’on veuille continuer à en exploiter." Source 'Ten Billion', Emmott. S., 2013
2/3 de la population mondiale Cette dernière remarque fait référence aux effets secondaires nocifs des carburants fossiles, à savoir le réchauffement climatique. Celuici accroît le risque d’inondations dans les zones côtières tout en réduisant les précipitations dans d’autres régions. La quantité annuelle de pluie tombée dans le sud de l’Europe est par exemple appelée à baisser de 36% entre aujourd’hui et la seconde moitié de ce siècle, prévoit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Selon les Nations Unies, les deux tiers de la population mondiale seront en situation de "stress hydrique" d’ici à 2050. Et la consommation de viande n’y est pas étrangère: la production d’un kilo de bœuf nécessite en effet 15.000 litres d’eau, alors que 800 litres suffisent pour un kilo de pommes. Source: Intergovernmental Panel on Climate Change
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"Nous sommes heureux de ce cercle vertueux" "L'investissement socialement responsable a confirmé qu'il devenait incontournable", se réjouit Caroline Thijssen, Head of sustainable and responsible development chez BNP Paribas Fortis. "La plupart des grands acteurs de la gestion d'actifs intègrent l’ISR dans tout ou partie de leur portefeuille. L'équivalent de centaines de millions, voire de milliards d'euros est donc transféré vers des investissements de ce type. C'est très stimulant, car l'éventail de placements disponibles est beaucoup plus large." Partout, les acteurs de l'ISR se professionnalisent. Même si, en l'absence de standards internationaux, de nombreuses façons d'investir en mode ISR coexistent… avec plus ou moins de sérieux et de sincérité. "C'est pour cette raison que BNP Paribas Fortis s'implique auprès des acteurs de l'ISR", reprend Caroline Thijssen. "Nous réalisons des feed-backs systématiques auprès des gestionnaires de fonds, reprenant leurs points forts et ce qui pourrait être amélioré." Un cercle vertueux s'enclenche: les encours de BNP Paribas Fortis en ISR augmentent chaque année, la banque agit pour que l'offre s'élargisse, et chaque nouvel acteur majeur qui se lance dans l'ISR crée un bel effet d'entraînement. C'est le cas d'un nombre croissant de fonds multisectoriels qui adoptent une approche "best in class". Résultat: on peut placer ses avoirs entièrement en ISR tout en bénéficiant d'une excellente diversification. "En outre, les fonds ISR attirent également des collaborateurs passionnés", se réjouit Caroline Thijssen. "L'optimisme qui règne dans l'ISR tranche avec la morosité du reste du secteur financier… et, heureusement, le contamine quelque peu!" Caroline Thijssen, Head of Sustainable and Responsible Development chez BNP Paribas Fortis
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Investir au profit de tous Investir de manière rentable tout en contribuant à un monde meilleur? Cela semble presque trop beau pour être vrai. C’est pourtant l’objectif des investissements socialement responsables. Quatre experts en expliquent les rouages et confrontent leur vision.
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e rêve du jour où je pourrai ne pas simplement présenter à mes clients le rendement financier de leurs investissements, mais également leur en démontrer les retombées sociales positives. Cela représentera un énorme pas en avant pour les investisseurs, les entreprises, et pour toute la société! Car les résultats financiers ne disent pas tout." Ce discours, Stéphane Vermeire (General Manager Private Banking & Wealth Management chez BNP Paribas Fortis) l'a tenu lors d’un débat avec Christel Dumas (professeur à l’ICHEC Brussels Management School), Carola van Lamoen (Head Governance & Active Ownership chez Robeco) et Steven Serneels (notamment Impact Investor du SI2 Fund et coauteur du livre 'Allemaal Sociaal 3.0' ('Tous sociaux 3.0')). En se basant sur leur domaine de prédilection respectif, ils discutent de l’investissement socialement responsable (ISR). Tous les investisseurs ne comprennent pas ce que recouvrent exactement les fonds ISR. Est-ce un problème?
IL Y A TOUJOURS UN SURCROÎT DE RENDEMENT. MÊME S’IL PEUT NE PAS ÊTRE FINANCIER. Stéphane Vermeire, BNP Paribas Fortis
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Dumas: "Il faut reconnaître que l’ISR demeure un concept flou. C’est peut-être la raison pour laquelle il est parvenu à survivre, voire à connaître un tel essor. Ce manque de précision constitue surtout un problème pour les banquiers qui conseillent des fonds ISR. Comme il n’est pas simple et univoque, le concept peine à s’imposer auprès des investisseurs particuliers. L’ISR couvre en effet de nombreuses formes d’investissement. Pensez à l’impact investing, à l’investissement éthique et aux investissements ESG. Autant de notions qui viennent brouiller la compréhension de l’ISR! Toutes ces formes d’investissements socialement responsables ont pourtant plusieurs points communs: vision à long terme, prise en compte de toutes les parties prenantes, poursuite d’un rendement financier objectif. Cependant, chacun suit une approche différente. Cela peut paraître confus aux yeux des investisseurs." Vermeire: "En outre, tous les investissements ISR n’appliquent pas les critères les plus stricts. Il manque donc non seulement une définition commune de l’ISR, mais aussi des critères universels qui établissent ce qu’est et n’est pas un investissement socialement
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De gauche à droite: Christel Dumas (ICHEC Brussels Management School), Carola van Lamoen (Robeco), Steven Serneels (impact investor), Stéphane Vermeire (BNP Paribas Fortis).
responsable. En l’absence de tels critères minimums, certains acteurs déversent sur le marché des fonds qui se veulent socialement responsables mais dont les critères sont si vagues qu’il ne saurait être question de développement réellement durable. Tout ceci affecte l’image de l’industrie de l’ISR, prend à contre-pied les investisseurs et ne favorise guère le développement de l’investissement durable. C’est précisément pourquoi nous appliquons nous-mêmes des critères très rigoureux, car c’est la seule manière de rester crédible." Serneels: "Des critères stricts sont naturellement indispensables. En fin de compte, néanmoins, tout est question de maturité. Il n’est pas simple de définir des critères tangibles de développement durable. D'importants progrès ont été accomplis en matière d’écologie. Ainsi, les émissions de CO2 sont déjà relativement bien acceptées comme mesure de l’empreinte écologique. Pour d’autres thèmes sociaux, nous ne sommes pas aussi avancés. Selon quels critères pouvez-vous par exemple évaluer l’impact sur la santé? Ou le bien-être au travail? Heureusement, le processus est en plein développement. Tant que nous >
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> n’aurons pas prise sur la définition des instruments de
Carola van Lamoen
mesure, l’ISR restera un concept flou." Pourtant, un nombre croissant d’investisseurs se tournent vers les fonds de placement durables. Quels sont les facteurs économiques et sociaux qui assurent la pertinence de l’ISR aujourd’hui? Vermeire: "On prend conscience un peu partout que la plupart des acteurs économiques ne paient pas en proportion de leur impact réel sur la société et l’environnement. Ce phénomène, du reste, devrait encore s’étendre. De nombreuses entreprises, déjà conscientisées, tiennent compte de leur empreinte écologique, par exemple, et prennent des mesures pour la réduire. Et ces efforts ne profitent pas qu’à la société. Les entreprises qui agissent aujourd’hui seront mieux préparées lorsqu'elles recevront la note de leurs actions sociales et écologiques. Et disposeront par conséquent d’un avantage concurrentiel." Dumas: "Les crises financières successives jouent également un rôle important. Elles ont notamment mis à jour la rupture entre le monde financier et le reste de la société. Le premier semblait évoluer dans sa propre bulle, sans le moindre impact sur l’économie et la société. Or, la crise a démontré l’ampleur des dommages indirects réels. Il ne faut pas sousestimer l’irritation qu’ils ont provoquée. Et j’y vois une chance pour l’ISR: un moyen de renouer le lien entre le monde financier et le reste de la société." Serneels: "Le débat sur les écarts de richesse en augmentation ne peut être ignoré. De plus en plus de gens ont le sentiment d’être abandonnés à leur sort. Même Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, a prévenu voici plusieurs mois que les inégalités croissantes infligeaient de graves dommages à l’économie et à la démocratie. Tôt ou tard, ceux-ci auront un effet sur les rendements économiques et financiers. C’est pourquoi il est si important de pouvoir démontrer que le rendement financier va de pair avec un rendement social, sociétal et écologique à long terme." De nombreux investisseurs craignent qu’investissement durable rime avec rendement plus faible. Est-ce exact? Dumas: "Plus de 200 études ont prouvé que les investissements ISR ne sont ni plus ni moins performants que leurs pendants traditionnels. Ils présentent cependant des risques nettement plus faibles. Ils se fondent clairement sur une vision à long terme. De plus, la sélection des entreprises se base également sur des critères autres que financiers. On a ainsi davantage de chances d’éviter les mauvaises surprises et les risques négatifs majeurs." Van Lamoen: "Les entreprises plus attentives aux critères de durabilité seront plus performantes à long terme. N’attendez pas de gains rapides des investissements durables, mais un rendement stable et des risques à long terme réduits. On peut donc affirmer que les investissements durables présentent un rapport risques/rendement vraiment plus intéressant." Vermeire: "Nous devons mieux encore convaincre nos clients qu’ils n’abandonnent pas de rendement et qu’ils contribuent à un monde meilleur. Car les investissements durables offrent
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DES ÉTUDES ONT PROUVÉ QUE LES INVESTISSEMENTS ISR NE SONT NI PLUS NI MOINS PERFORMANTS QUE LEURS PENDANTS TRADITIONNELS. Christel Dumas, ICHEC Brussels Management School
un surcroît de rendement, toujours. Même si celui-ci peut ne pas être financier ou matériel." Quel est l’impact actuel de l’ISR? Dumas: "Il nous oblige à réfléchir sur le monde financier et à remettre en cause certains acquis. Pour l’instant, je ne vois pas encore de réel impact positif sur la société. Tout d'abord parce que nous sommes incapables de mesurer cet impact. Nous ne disposons pas d’instruments de mesure adéquats. En outre, l’idée d’un impact positif est relativement neuve. Jusqu’à présent, l’ISR se focalisait sur-
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Stéphane Vermeire
tout sur l’exclusion de certaines activités ou l’inclusion de critères socialement responsables. L’idée d’un effet positif n'a été ajoutée à la définition de l’ISR qu’il y a deux ans environ. Elle en est donc toujours à ses balbutiements." Van Lamoen: "Je crois vraiment que les actionnaires actifs ont d'ores et déjà un impact réel. Croyez-moi: lorsque des dizaines d’investisseurs visitent la plantation d’un producteur d’huile de palme et l’interrogent sur sa façon d'appréhender
la déforestation, les incendies de forêt et leurs conséquences sur la santé de la population, cela fait forte impression. Une telle entreprise prend conscience que les investisseurs s’en préoccupent et qu'il est important qu'elle y soit elle-même plus attentive." Vermeire: "L’impact réel de l’ISR s’accroîtra à mesure que ce marché se développera – à condition qu’il conserve des critères stricts, naturellement. Prenez l’approche 'best in class', qui consiste à ne prendre en compte, pour des fonds durables, que les entreprises qui obtiennent les scores les plus élevés en fonction de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). À mesure que le marché de l’ISR atteindra une masse critique, les entreprises ne pourront rester aveugles au poids des critères de durabilité. Car ne pas entrer en considération pour un fonds ISR pourrait avoir un effet négatif immédiat sur le cours des actions et à long terme sur l’image de l’entreprise. Cela accroîtra la pression sur le management et les CEO, et les obligera à accorder davantage d’importance au développement durable." Serneels: "Beaucoup de choses sont déjà en cours de changement dans le monde des entreprises. Un homme du calibre de Paul Polman
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+ TYPE D’ENGAGEMENT
TYPE D’INVESTISSEMENT
INVESTISSEMENT FINANCIER
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Impact investors
Philanthropes
Entreprises commerciales
Entreprises orientées ‘impact’ (entreprises à caractère social)
Entreprises orientées ‘impact’ (entreprises à caractère social)
Investissements classiques
Investissements socialement responsables
Impact investing indirect
Impact investing direct
Venture Philanthropy
Dons caritatifs
ENTREPRISES ORIENTÉES RÉSULTATS
ENTREPRISES ORIENTÉES RÉSULTATS qui intègrent des aspects sociaux, environnementaux et de bonne gouvernance dans leur stratégie
ENTREPRISES ORIENTÉES RÉSULTATS dont le business model a pour but de créer une plus-value sociale et environnementale
ENTREPRISES SOCIALES ORIENTÉES RÉSULTATS qui ont intégré l’impact à leur business model, en vue d’obtenir un équilibre entre résultats financiers et résultats à haut impact
ENTREPRISES À PROFIT SOCIAL qui génèrent une partie ou la totalité de leurs revenus des activités de l’entreprise
ENTREPRISES À PROFIT SOCIAL qui dépendent entièrement de dons caritatifs
Résultats financiers purs
Résultats financiers et positifs pour la société
Résultats financiers, puis impact social
Impact social, puis résultats financiers
Productivité et durabilité de l’entreprise
Productivité de l’entreprise
TYPE DE SOCIÉTÉ
BUT
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> qui annonce sa volonté de réduire de moitié l’empreinte CO2 du groupe de produits de consommation Unilever d’ici à 2022, et ce, tout en doublant le chiffre d’affaires, voilà qui était impensable il y a quelques années. Des modèles crédibles de ce type sont cruciaux pour le développement de l’ISR. Ils prouvent qu’il est possible de concilier rendement financier et durabilité. Il existe aussi de tels modèles dans le secteur financier. Les 'impact investors', tels que le SI2 Fund, sont de petits acteurs qui investissent exclusivement dans des entreprises qui développent des produits ou services dont la société tire profit. Ils conçoivent des instruments de mesure afin de rendre tangible l’impact social d’un investissement. Dans ce domaine, ils sont déjà beaucoup plus avancés que de nombreuses grandes institutions financières." Le manque de données chiffrées permettant de cartographier l’impact social n’est-il pas un obstacle au développement de l’investissement socialement responsable? Dumas: "C’est une étape importante que nous devons franchir. Les entreprises ne publient pas suffisamment de rapports de qualité sur les critères de durabilité. On est encore loin de ce dont les investisseurs institutionnels ont vraiment besoin. Il reste très difficile de se forger une bonne idée de ce qui se fait en matière de développement durable dans une entreprise. Et sans informations de qualité, réaliser une appréciation en phase avec la réalité s'avère complexe." Van Lamoen: "Je ne serais pas trop pessimiste. Quand je vois la somme d’informations disponibles aujourd'hui par rapport à ce qui prévalait voici une décennie, la différence est gigantesque. Et naturellement, de nombreuses entreprises pourraient faire beaucoup mieux encore. Ceci dit, ne sous-estimez pas l’impact du nombre croissant d’investisseurs qui nouent un dialogue avec les entreprises et incitent celles-ci à mettre en pratique les principes de développement durable. Il y a dix ans, Robeco était un des pionniers de l’actionnariat actif; aujourd’hui, de nombreux investisseurs institutionnels nous ont emboîté le pas. Nous exigeons souvent la transparence en premier lieu, car c’est le début de tout processus de changement. Naturellement, cela demande du temps. Vous ne pouvez nouer le dialogue avec l’entreprise et vous attendre à ce que tout ait changé le lendemain. Nous devons attendre trois ans pour évaluer le succès de notre dialogue avec une entreprise. Nos
ÉTAPE PAR ÉTAPE, NOUS AVONS DÉJA APPRIS À ACCEPTER DE NOMBREUX PARADOXES Steven Serneels, Impact investor
Christel Dumas
clients institutionnels le comprennent. L’actionnariat actif est par définition un processus de longue haleine." Vermeire: "Il est indispensable de disposer de davantage d’informations de qualité pour cartographier les efforts des entreprises en matière de durabilité, c’est incontestable. Mais je ne pense pas que le manque d'informations constitue un véritable obstacle pour le client. Le grand défi est surtout de les familiariser avec l’ISR. Et nous avons des arguments forts pour y parvenir: nous ne sélectionnons que les meilleurs élèves de la classe pour nos fonds durables; cette sélection s’effectue selon des critères de durabilité stricts; nous ne faisons aucune concession en matière de rendement dans ce processus. Je suis convaincu que de nombreux investisseurs sont prêts à adhérer à cette philosophie. Néanmoins, il faut informer un plus grand nombre d’investisseurs particuliers des tenants et aboutissants de l’ISR, tout comme nous devons mieux impliquer nos propres collaborateurs dans ce processus. Car seul un collaborateur convaincu peut être lui-même convaincant."
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SEUL UN COLLABORATEUR CONVAINCU PEUT ÉTRE LUI-MÊME CONVAINCANT Stéphane Vermeire, BNP Paribas Fortis
Steven Serneels
Stéphane Vermeire
Quels sont les principaux défis à relever pour convaincre les investisseurs de la plus-value de l’ISR? Dumas: Il faut les persuader d’accepter un paradoxe. Car l’investissement socialement responsable poursuit deux objectifs contradictoires: d’un côté, la maximisation des bénéfices; de l’autre, un impact positif sur la société. Ces idées suivent une logique totalement différente. Et c’est là que réside la beauté de l’ISR: on ne peut le simplifier. On ne peut le ramener à l’un ou l’autre principe, car ce ne serait plus un investissement durable." Serneels: "Étape par étape, nous y parvenons. Nous avons déjà appris à accepter de nombreux paradoxes: que flexibilité et efficience en matière de coûts ne s’excluent pas; que la qualité peut mener à une baisse des coûts. Comment y sommes-nous parvenus? En utilisant la vision à long terme comme levier. Les investisseurs doivent être prêts à adopter un horizon d’investissement plus long. Ces trois dernières années, on a attiré massivement les ménages vers la Bourse en leur promettant des rendements élevés à très court terme. Nous n’investissons plus dans des entreprises mais dans des actions d'entreprises, ce qui est très différent. Des actions sur lesquelles nous voulons réaliser des bénéfices le plus vite possible. C’est néfaste pour l’économie et pour la société tout entière." Dumas: "Nous envoyons un mauvais message depuis des années, c'est vrai. Et il ne faut pas seulement en faire le reproche au monde financier: les universitaires doivent reconnaître leurs torts. Pendant des décennies, nous avons professé que le prix d’un bien ou service était le seul baromètre de sa valeur économique. C’est totalement dépassé! Car le prix ne fournit aucune information quant à la valeur sociale ou sociétale d'un bien ou service. Il est donc impossible d’intégrer toutes les formes de valeur dans un prix unique. Cela ne suffit plus dans le monde actuel." ll
AUTREMENT ET MIEUX Les entrepreneurs peuvent-ils sauver le monde? C’est la prémisse du livre “Allemaal Sociaal 3.0”. Pour cet ouvrage, le journaliste Filip Michiels s’est entretenu avec Steven Serneels, Piet Colruyt, Johan Moyersoen et Marieke Huysentruyt. Ensemble, ils sont partis en quête de firmes visionnaires, d’entrepreneurs sociaux inspirants et de modèles de gouvernance innovants, en Belgique et chez nos voisins. Un livre rempli d’idées et d’histoires de personnes à l’expertise et au parcours très variés, mais qui nourrissent une vision commune du futur: il est possible, et même indispensable, de faire autrement et mieux. Ndlr : Ce livre n’est actuellement pas encore disponible en français.
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L’investissement durable pour tous
"Les investisseurs ont une responsabilité morale" XAVIER VANPOUCKE
Voici deux ans, Xavier Vanpoucke, ancien trader en matières premières à Londres, a commencé une nouvelle vie. De retour en Belgique et après un temps de réflexion il s’est mis à investir activement dans les investissements socialement responsables (ISR).
Grâce aux fonds ISR, le marché des investissements durables est accessible à tous. Des investisseurs témoignent.
Il vient récemment avec deux amis de lancer une coopérative agricole à finalité sociale, active notamment dans l’éco-maraîchage sur un terrain agricole qui fera l’objet d’un aménagement en permaculture dans les mois à venir. "À mes yeux, tous les signaux convergent: il faut changer profondément nos manières d'agir, car le monde craque de tous côtés", assure-t-il. "Les fractures sociales se creusent. Et l'impact climatique s'approche de l'irrattrapable. Le livre de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, m'a convaincu de la responsabilité de l’application libérale du capitalisme dans l’augmentation de l’inégalité des
"Nous donnons le bon exemple à nos membres" © Doc
PETER VAN BIESBROECK Peter Van Biesbroeck est directeur général du Voka-Chambre de commerce du Brabant flamand. Il a lui aussi opté pour des investissements durables. "En tant qu’organisation d’entrepreneurs et de défense de leurs intérêts, le Voka-Chambre du commerce du Brabant flamand attache une grande importance à sa responsabilité d’entreprise. Nous voulons défendre des valeurs durables et les promouvoir auprès de nos membres. Et il n’est pas question de se contenter de beaux discours: nous donnons aussi le bon exemple! Nous avons investi dans un fonds ISR une partie du 'trésor de guerre' que l’organisation s’est constitué au fil des ans. Ce fonds se compose d’obligations et d’actions d’entreprises qui satisfont à plusieurs critères de durabilité. Une ASBL comme la nôtre n’est bien entendu pas un grand investisseur, mais nous tentons ainsi de soutenir des entreprises qui cultivent les valeurs que nous jugeons adéquates."
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"Bien sûr, nous voulons être prudents avec le bas de laine constitué par nos prédécesseurs. C’est pourquoi nous avons choisi un fonds ISR doté d’une approche défensive. Les investissements sont diversifiés dans le monde entier et dans des secteurs non traditionnels, tels que l’énergie et la mobilité durables. Ils comprennent également des start-ups qui cherchent davantage à jouer un rôle social qu'à atteindre de purs objectifs financiers. Les entreprises adeptes d’une vision durable à long terme jouissent d'un avenir plus prometteur. Les résultats le confirment déjà. En tant qu’investisseur, vous pouvez en récolter les fruits. La seule condition est d’avoir vous aussi un horizon à long terme." ll
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QUE FAUT-IL SAVOIR SUR L’INVESTISSEMENT DURABLE?
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richesses. Les investisseurs ont une responsabilité morale, ils doivent montrer l'exemple. Et notamment s'éloigner des propositions commerciales dont le gain est la seule raison d'être au détriment du bien-être des personnes et du respect de l'environnement." L'investisseurentrepreneur de 42 ans a changé son fusil d’épaule ces deux dernières années : il épluche donc les rapports d'activité, fouille audelà des effets d'annonce, déplore le manque de transparence et l'absence de certification indépendante. "Je me tourne de plus
en plus vers le Social Impact Investing qui change vraiment la vie des gens. Par exemple en soutenant de petites entreprises locales qui, parce qu'elles ne sont pas cotées, échappent au radar des investisseurs." Qu'en est-il des rendements, même s'ils sont loin de constituer son critère principal? "En Asie et en Europe, les ISR tendent à surperformer depuis quelques années. Je suis peutêtre naïf, mais je crois qu'une entreprise 'bienfaisante' sera in fine plus rentable qu'une firme qui ne cherche que le profit." ll
Jozef Roobrouck (Lede) a choisi d’investir une partie de son capital de manière durable.
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Ceux qui optent pour des fonds ISR investissent dans des entreprises qui, outre une base financière saine, sont également attentives à l’environnement, à la politique sociale et à la gouvernance. Ces éléments ont un grand impact sur leur futur et leurs résultats. Ils garantissent davantage de sécurité et de stabilité, et vous évitent d’investir dans des entreprises douteuses.
2.Les fonds ISR se concentrent sur les thèmes du futur. En raison des mutations démographiques, de l’essor de la classe moyenne et de la pénurie grandissante de matières premières importantes, les entreprises actives dans l’eau, le recyclage et l’alimentation saine possèdent des atouts supplémentaires.
L’investissement durable à la portée de tous JOZEF ROOBROUCK
Vous envisagez un investissement socialement responsable (ISR)? Guy Janssens, Director Sustainable Investments chez BNP Paribas Fortis Private Banking, explique en cinq points concrets pourquoi votre idée est excellente.
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"Voici 35 ans, jeune entrepreneur, je m’étais déjà constitué quelques économies et je recherchais un surcroît de rendement. À l’époque, il n’était pas encore question d’ISR. J’ai toutefois expliqué à mon banquier que je ne voulais pas investir dans des entreprises polluantes ou socialement irresponsables. Peu de temps auparavant, j’avais découvert par hasard que j’avais investi dans un producteur de cigarettes. Depuis, je veux savoir ce que j’achète! Aujourd’hui, une partie de mon patrimoine est investie dans des fonds durables. Pas la totalité, car l’être humain est naturellement tenté par les extrêmes. La voie médiane me semblait plus raisonnable." "L’approche ISR m’intéresse pour plusieurs raisons: parce qu’elle me permet d’investir dans des projets qui ont un impact sur l’environnement et la société dans de grandes régions du monde, pour le caractère humain de ces investissements et pour l'attention portée aux technologies innovantes à moyen et long termes. Ces entreprises peuvent vraiment enclencher un renversement de tendance en matière d’environnement, d’emploi et d’éthique. De telles solutions à long terme doivent remplacer le court-termisme et la recherche de gains rapides. En outre, le rendement des fonds ISR est équivalent à celui d’autres investissements. Cela finit de me convaincre qu'il s'agit de bons investissements pour l’avenir." ll
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Les investissements socialement responsables affichent un rendement potentiel supérieur aux investissements traditionnels. En cause: la vision à long terme des entreprises durables. Ces cinq dernières années, elles ont enregistré un surcroît de rendement annuel de 1% en Europe, et de 5% dans les pays émergents.
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Un investissement durable est un investissement sur le long terme. Le différentiel de performance par rapport aux investissements classiques n’apparaîtra peut-être que dans plusieurs années. Les entreprises douteuses parviennent souvent à rester longtemps sous le radar. Prévoyez dès lors un horizon d’investissement de 10 ans: sur une telle période, la plus-value des fonds ISR apparaîtra clairement.
5.L’offre ISR de BNP Paribas Fortis se compose d’une quarantaine de fonds qui couvrent toutes les régions et affichent donc une diversification suffisante. Vous pouvez tranquillement choisir des investissements durables pour une partie significative de votre portefeuille: deux tiers dans des fonds ISR ordinaires (accent sur la stabilité) et le solde dans des fonds ISR qui se focalisent sur certains thèmes spécifiques (accent sur la croissance).
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“Le développement durable ne se résume pas à l’énergie renouvelable” “Investissez dans des entreprises qui apportent des solutions aux grands défis de notre époque”, recommande l’expert en placement Bruce Jenkyn-Jones. “Leur chiffre d’affaires et leurs bénéfices enregistrent une croissance plus rapide que le reste de l’économie.”
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écemment, nous avons interrogé les dirigeants d’une entreprise sur les aspects durables de leurs activités. Ils nous ont montré un document mentionnant le montant versé à des œuvres caritatives. C’est très bien mais ce n’était pas l’objet de la question.” Bruce Jenkyn-Jones, Managing Director d’Impax, société de gestion spécialisée dans les stratégies environnementales et membre de BNP Paribas Investment Partners, ne le sait que trop bien: mettre véritablement l'accent sur le développement durable, c'est apporter des réponses à des défis comme la croissance démographique, la pollution, le caractère fini de certaines matières premières, le changement climatique, la pénurie d’eau, etc.
Bruce Jenkyn-Jones observe cependant une évolution claire: “Nous nous dirigeons vers une économie de plus en plus durable. Cela crée des opportunités pour les entreprises qui se concentrent sur cet aspect. Le message que nous adressons aux investisseurs est celui-ci: ces entreprises sont attrayantes parce qu’elles enregistrent une croissance plus rapide que le reste de l’économie. La part de marché des solutions qu’elles proposent pour ces défis majeurs ne cesse de s’accroître.” L’intérêt social de ces solutions ne déchaîne pas vraiment l’enthousiasme des investisseurs, en raison surtout de la mauvaise expérience vécue, voici quelques années, par un grand nombre d’entre eux avec l’énergie renouvelable, affirme Bruce Jenkyn-Jones. “Cette déconvenue s’explique
À PLUS LONG TERME, LES FONDS ISR SONT SYSTÉMATIQUEMENT PLUS PERFORMANTS QUE LA RÉFÉRENCE. Bruce Jenkyn-Jones, Impax
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notamment par une surcapacité et par les discussions entourant les systèmes de subvention. Ceci dit, l’investissement socialement responsable (ISR) ne se résume pas aux énergies renouvelables, qui ne représentent même pas 10% de cet univers. Malheureusement, ce segment fait toujours l’objet d’une grande attention, ce qui affecte la réputation de l’ensemble du marché de l’ISR.” Son image est toutefois en train de s’améliorer, affirme le stratège spécialisé en investissements. “On prend de plus en plus conscience que ce marché inclut des entreprises actives dans l’efficacité énergétique, la production alimentaire et la distribution des eaux, pour n'en citer que quelques segments. Elles enregistrent généralement une croissance plus rapide du chiffre d’affaires et des bénéfices. Les rendements à plus long terme révèlent que les fonds ISR sont systématiquement plus performants que la référence.”
Rendement supérieur Si certains adeptes de l’ISR veulent avant tout sauver la planète, ils ne constituent pas la majorité, souligne encore Bruce
©Timothy Foster
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Jenkyn-Jones. “La plupart des investisseurs en ISR veulent simplement obtenir un rendement plus élevé et se montrent très sensibles aux risques. Ainsi, ils évitent les compagnies pétrolières par crainte de subir une catastrophe comme celle de BP avec la plateforme de forage Deepwater Horizon en 2010. Ils attachent également beaucoup d’importance à la qualité de la gouvernance, ce qui les protège de cas de fraude comme le logiciel truqueur du constructeur automobile Volkswagen.” De nombreux fonds durables travaillent selon une approche “best in class”: ils ne sélectionnent que les entreprises qui mettent en œuvre les meilleures pratiques de leur secteur sur les plans environnementaux et sociaux, et qui respectent les principes de bonne gouvernance – les fameux critères ESG. “Un investisseur achète alors un portefeuille ouvert sur l’ensemble de l’économie”, analyse Bruce Jenkyn-Jones. Avec Impax, ce dernier suit une autre stratégie: “Via l’impact investing, nous concentrons nos investissements dans les entreprises qui offrent des solutions à des questions environnementales et qui contribuent à améliorer l’efficacité énergétique et la gestion des matières premières. Au sein de cet univers, nous pratiquons le ‘stock-picking’. Bien entendu, nous observons également les critères ESG. Il est important de savoir comment les entreprises gèrent ces risques.” Si l’ISR suscite un intérêt croissant en Europe, Bruce Jenkyn-Jones remarque de plus en plus d’oreilles tendues aux ÉtatsUnis. “Surtout au sein des jeunes générations d’Américains, plus conscientes de défis tels que le réchauffement climatique. Inquiets pour leur avenir, ces jeunes ont conscience que des entreprises s’en préoccupent de manière positive. Les performances historiques des investissements socialement responsables aident aussi, naturellement. Cela reste des Américains: ils écoutent deux fois plus attentivement quand il y a de l’argent à gagner! (Rires.)” l
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Investir avec un impact social, de la Belgique à l'Inde L'impact investing permet de résoudre des problèmes sociétaux avec des compétences et des capitaux issus du secteur privé. Charles-Antoine Janssen, cofondateur et codirecteur de Kois Invest, salue l'évolution d'un secteur où l'on peut désormais investir dans toutes les classes d'actifs, pour tous les profils de risque et de rendement, tout en obtenant un impact réel sur la société.
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artout dans le monde, le secteur public joue un rôle capital de régulation et d'intervention dans les problèmes sociaux et environnementaux, mais l'ampleur des défis est telle qu'il ne peut tout résoudre seul", lance Charles-Antoine Janssen. "D'autant qu'une myriade d'innovations technologiques, managériales et financières font émerger des solutions efficientes et profitables dans tous les secteursclés pour l'avenir: santé, éducation, agroindustrie durable, inclusion financière, logement social et écologique, etc. Voici dix ou quinze ans, l'idée était de réaliser des profits de façon classique, pour ensuite effectuer des donations. Un peu plus tard, les investissements à caractère social sont apparus, mais leur rendement était nettement moindre. Avec l'impact investing d'aujourd'hui, il est devenu
possible d'obtenir un résultat sociétal fort, avec un profil de risque/profit comparable à des investissements commerciaux de même type."
Actifs décorrélés de la Bourse Kois Invest intervient selon trois axes: le conseil, la structuration de projets de finance sociale innovante et la gestion de fonds dédiés. La société a imaginé la première "obligation à impact social" (Social Impact Bond, ou SIB) belge (lire l'encadré), posant ainsi la première pierre d'une finance sociale profondément novatrice. "De tels mécanismes, qui externalisent les risques et mobilisent des ressources jusque-là indisponibles, offrent aux investisseurs des actifs non corrélés à la Bourse et plus rentables qu'un carnet d'épargne", assure le cofondateur de Kois Invest. "En général, l'impact social est important, et le mesurer fait d'ailleurs partie de nos missions." Cette quantification est souvent complexe; elle nécessite notamment de sortir des sentiers battus d'indicateurs comme la variation du PIB ou du chiffre
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d'affaires. Il s'agit de quantifier le bienêtre créé par une opération telle que la construction de centres de revalidation dans des pays touchés par la guerre. Un défi dont la gestion a été confiée à Kois Invest par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le gouvernement belge, en janvier dernier, grâce à un instrument financier innovant: les obligations à impact humanitaire.
De la micro-entreprise à la multinationale À travers plusieurs partenariats ou comme conseil, Kois Invest permet à des fonds privés d'agir dans des secteurs aussi variés que l'immobilier social en Belgique, les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'agro-industrie durable, des énergies renouvelables, etc. Le tout en privilégiant les investissements dans de petites et moyennes entreprises. Pour les multinationales, d'autres outils existent afin de conjuguer leur énorme capacité d'exécution et d'engagement à long terme au bouillonnement d'idées d'entrepreneurs sociaux à la recherche de financement. "Les entreprises à but
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Les fonds de Kois Invest visent à promouvoir une plus grande accessibilité aux soins de santé en Inde.
LE PREMIER SOCIAL IMPACT BOND BELGE Début 2014, Kois Invest a élaboré et lancé un Social Impact Bond (SIB), dont le but – en grande partie atteint – était l'insertion professionnelle de 180 jeunes immigrés de première génération à Bruxelles. L'opération, menée en partenariat avec l'ONG bruxelloise Duo for a Job et Actiris, reposait notamment sur du mentorat impliquant des Belges de plus de 50 ans. Chaque individu trouvant un travail représentait un bénéfice net pour le gouvernement bruxellois, bénéfice qu'il était prêt à partager avec les investisseurs de ce SIB.
lucratif, quelle que soit leur taille, cherchent à donner plus de sens à leur action", assure Charles-Antoine Janssen. "Elles savent qu'ainsi, collaborateurs, clients et partenaires donnent le meilleur d'eux-mêmes. Plus prosaïquement, elles trouvent dans ces nouveaux pans d'activité des relais de croissance profitables." Mettre au service du secteur caritatif des compétences venant du privé, c'est aussi le principe de l'ASBL Toolbox, cofondée par Charles-Antoine Janssen en Belgique en 2001 et en Inde en 2007. Après avoir travaillé en Inde pour le compte d'UCB, il a développé pour ce pays-continent une version spécifique de cet outil. C'était en 2007. "Le but est d'offrir du conseil à des ONG engagées dans des démarches de changement",
résume le codirecteur de Kois Invest. "Toolbox fait notamment intervenir des experts du management stratégique, des ressources humaines, du numérique, de la communication-marketing. Un coaching ciblé, doublé d'un retour permanent des expériences menées sur le terrain, afin d'alimenter une base de connaissances et d'expertises permettant une amélioration constante des prestations offertes." Charles-Antoine Janssen vient de déménager en Inde avec sa famille afin d’y ouvrir le bureau de Kois Asie. L’inefficacité du gouvernement indien crée des besoins sociétaux gigantesques. L’ingéniérie frugale, l’abondance d’informaticiens, le dynamisme entrepreneurial indien ont embrassé ces besoins pour en faire des solutions profitables et exportables. ll
LES ENTREPRISES À BUT LUCRATIF, QUELLE QUE SOIT LEUR TAILLE, CHERCHENT À DONNER PLUS DE SENS À LEUR ACTION Charles-Antoine Janssen, KOIS INVEST
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“Faire le bien... et le faire mieux” L'économie, les nouveaux modèles de financement et une génération de philanthropes plus actifs obligent les organisations à but non lucratif à revoir leurs relations avec les bailleurs de fonds.
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e veux vraiment battre en brèche l’image poussiéreuse de la philanthropie, celle du vieux monsieur en pantoufles qui lègue une partie de son héritage à une œuvre caritative", souligne Tine Bourgeois, responsable en Belgique de la philanthropie pour le département Wealth Management de BNP Paribas Fortis. "Ce secteur est beaucoup plus dynamique qu’on ne le pense. Il ne faut pas posséder la fortune de Mark Zuckerberg pour faire de la philanthropie! Ensemble, une myriade de petits montants sont tout aussi importants. Voyez comment les organisations à but non lucratif peuvent exploiter l’énorme vivier de donneurs potentiels via le crowdfunding et les réseaux sociaux." "En comparaison avec l’argent qui provient du secteur public, la contribution de la philanthropie au fonctionnement des organisations reste limitée", remarque l’expert indépendant en philanthropie Marc Flammang. "Pourtant, elle joue un rôle très important. Les philanthropes peuvent en effet soutenir de petites organisations innovantes qui n’ont pas encore droit à des subventions." Cela dit, les philanthropes peuvent également représenter une bouée de sauvetage pour
les plus grandes organisations, remarquet-il. "Près de huit associations sur dix ont vu leur aide structurelle baisser l’an dernier. Elles doivent donc explorer d’autres sources de revenus, et en arrivent ainsi aux entreprises et aux philanthropes." Ce qui a un impact sur leur fonctionnement, affirme Marc Flammang. "Elles doivent professionnaliser leur organisation, par exemple en délimitant plus clairement leurs objectifs et en fournissant davantage d’explications concernant leur impact social." Elles y sont de toute manière contraintes si elles espèrent attirer l’attention de jeunes philanthropes. "Cette génération a repris les normes et valeurs de ses parents tout en les appliquant différemment", observe Virginie Samyn, à la tête d’une fondation familiale d’une trentaine de philanthropes âgés de 36 ans en moyenne. "Ils ne se contentent pas de signer un chèque: ils veulent réellement s’engager! Ils réfléchissent à ce qu’ils veulent soutenir, à la manière de le faire, s’informent, se rendent sur place et mettent à disposition leur expertise et leur temps. À leurs yeux, ces organisations doivent se montrer plus souples et plus flexibles, adopter l’état d’esprit de start-up. Enfin, ils désirent échanger des idées et collaborer avec d’autres."
LES JEUNES PHILANTHROPES NE SE CONTENTENT PAS DE SIGNER UN CHÈQUE: ILS VEULENT RÉELLEMENT S’ENGAGER.
Virginie Samyn
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Impact positif Cette demande d’implication explique par ailleurs l’intérêt plus vif que portent les jeunes générations, par rapport à leurs parents, à l’impact investment. Cette forme d’investissement, dont le rendement financier est subordonné à l’impact social ou écologique positif, présente de nombreux avantages, souligne Tine Bourgeois: "Pour pouvoir bénéficier d’une injection de capitaux, ces entreprises sociales doivent appliquer des principes économiques, ce qui les aide à se professionnaliser." Pour autant, il ne s’agit pas à ses yeux de philanthropie. "Cela reste un investissement; on s’attend donc à récupérer son argent. L’impact investment ne se prête pas à n’importe quelle activité caritative. Comment calculer le rendement financier d’une organisation qui s’engage en faveur des droits de l’homme? L’impact investment est en revanche complémentaire de la pure philanthropie, dans le cadre d’une approche patrimoniale globale et d’une philanthropie stratégique. " Le consultant indépendant en philanthropie Kurt Peleman partage cet avis: "Lorsqu’un impact investor réinvestit le produit d’un investissement et ne s’octroie pas de return, cela relève de la philanthropie selon moi." Virginie Samyn se veut elle aussi plutôt pragmatique: "À mes yeux, la question est en fait la suivante: quelle est la meilleure manière d’aider la personne/l’organisation qui se trouve devant moi? On peut en outre envisager la venture philanthropy, qui se rapproche davantage de la pure philanthropie. Ici, les entrepreneurs sociaux reçoivent une aide à la fois financière et organisationnelle, et les
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Le Fonds Venture Philanthropy de la Fondation Roi Baudouin soutient plus de 40 organisations. L’objectif visé étant de renforcer leurs compétences et leur structure.
bailleurs de fonds ne récupèrent pas toujours leur mise.”
Stratégie claire
“ON RENCONTRE SOUVENT DES PROBLÈMES PLUS GRAVES QUE L’ARGENT” “Par le passé, nous avons financé beaucoup de projets, mais aujourd’hui, nous jouons de plus en plus la carte du soutien durable”, révèle Luc Tayart de Borms, administrateur délégué de la Fondation Roi Baudouin (FRB). “Nous voulons parcourir un bout de chemin avec les organisations que nous aidons.” Le Fonds Venture Philanthropy de la FRB, qui dispose d'un partenariat avec BNP Paribas Fortis depuis 2015, existe depuis sept ans. Il soutient plus de 40 organisations philan-
thropiques pour un montant total de 3,2 millions d’euros. La priorité est accordée au renforcement des compétences et de la structure des organisations. Pensez à la bonne gouvernance, à la gestion financière, à la stratégie, à la mesure de l’impact social et au coaching du management. "Avec notre aide, ces organisations reçoivent des informations de l’extérieur qui leur permettent de découvrir comment améliorer leur fonctionnement", détaille Luc Tayart de Borms. Dans
un conseil d’administration, il faut des bénévoles idéalistes, mais aussi des personnes qui ont une vision claire de la professionnalisation de l’organisation. Le financier n’est donc qu’un aspect, souligne-t-il. "Nous constatons souvent d’autres problèmes bien plus graves au sein des organisations qui nous demandent de l’argent. Elles veulent par exemple un budget marketing alors que le conseil d’administration est très divisé sur l’orientation à prendre."
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Tous ces conseils peuvent être utiles aux clients fortunés. "Ils ont un expert pour leurs prêts, pour leur gestion de patrimoine, pour leur planning financier. Et pourquoi pas pour leur activité philanthropique?", s’interroge Tine Bourgeois. "Ils refusent de donner simplement un peu d’argent çà et là; ils exigent une stratégie claire concernant ce qu’ils soutiennent exactement, avec qui, et pour quel résultat. Il ne s’agit pas uniquement de faire le bien mais aussi de le faire mieux." Un don de 500.000 euros est beaucoup plus complexe qu’un don de 5.000 euros, reconnaît Marc Flammang. "Aider les organisations que l’on soutient en philanthropie à changer de dimension est un autre défi. Et dans ce domaine, bénéficier de l’expertise d’autres personnes peut s’avérer utile. Comment procédez-vous, par exemple, pour analyser l’impact du projet? Sur quels critères? Comment faire en sorte que l’organisation existe encore dans 10 ans?" "Je suis un partisan absolu de la philanthropie stratégique", affirme Kurt Peleman. "Mais cette stratégie doit laisser suffisamment de place à de la flexibilité pour des collaborations avec des partenaires. Ces partenariats sont essentiels pour un réel changement au sein de notre société." ll
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Tutorat: le succès de la recette anti-échec Avec son programme de tutorat mis en place voici un quart de siècle, l'ASBL Schola ULB agit en faveur de la réussite scolaire dans le primaire et le secondaire en Région de Bruxelles-Capitale. Sa force? La gratuité de l'offre grâce notamment à l'aide du Fonds Venture Philanthropy de la Fondation Roi Baudouin.
L
e programme Tutorat de Schola ULB a une double finalité: aider les jeunes en difficulté scolaire et redonner le goût de l'école et de l'apprentissage aux élèves en décrochage en leur proposant une alternative à l'éternel cours particulier. Comment? Les jeunes sont réunis au sein même de l'établissement, durant une heure et demie ou deux heures chaque semaine, en petits groupes de trois à huit élèves répartis par niveau et par matière, mathématiques en tête. Le tutorat est confié à des tuteurs formés et provenant d'universités ou de hautes écoles. Entièrement gratuit, ce programme est scindé en deux modules, d'octobre à décembre et de février à mai.
Une demande en croissance Avec ce programme de tutorat, Schola ULB propose une véritable solution pour lutter contre le redoublement. "Le tutorat coûte 125 euros par élève chaque année, contre 6.000 à 10.000 euros
LE TUTORAT COÛTE 125 EUROS PAR ÉLÈVE CHAQUE ANNÉE, CONTRE 6.000 EUROS POUR UN ÉLÈVE QUI REDOUBLE. Claire Sourdin, Schola
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par an pour un seul élève qui redouble", compare Claire Sourdin, coordinatrice de l'ASBL. L'association, une référence en matière de tutorat à Bruxelles, représente le plus important dispositif de ce type en Belgique. "Et la demande de tutorat ne fait que croître", ajoute Claire Sourdin. Depuis la naissance du Programme Tutorat en 1990, plus de 26.000 élèves ont bénéficié de ce projet. L'an dernier, Manon et Lucas, aujourd'hui en rhéto, y ont participé. "Au départ, je me suis inscrit au premier module pour obtenir une aide et me rassurer", indique Lucas. "Finalement, j'y suis allé toute l'année! On est plus à l'aise avec le tuteur qu'avec un professeur. On ose davantage poser des questions, on se sent plus libre." Plutôt bonne élève, Manon avait elle aussi besoin d'être rassurée: "Pour moi, c'était logique de s'inscrire. Plutôt que de galérer aux examens, je préfère rester à l'école un peu plus longtemps chaque semaine pour travailler. À mes yeux, c'est aussi sérieux qu'un cours, la pression en moins!" Manon et Lucas font partie des 1.247 élèves qui ont profité du programme en 2015. Pour superviser ces jeunes, plus de 166 étudiants-tuteurs ont été nécessaires, parmi lesquels Sacha, 22 ans, étudiant en 3e année de bachelier ingénieur civil à l'ULB. "J'ai fait ma scolarité dans le Brabant wallon et je n'ai pas eu la chance d'avoir accès à un
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Sacha, 22 ans, étudiant à l’ULB, est un des étudiants-tuteurs travaillant pour Schola. “La demande de tutorat ne fait que croître”, explique Claire Sourdin, coordinatrice de l’ASBL Schola. Manon et Lucas, aujourd’hui en rhéto, ont participé au programme Tutorat: “On est plus à l’aise avec le tuteur qu’avec un professeur.”
programme tel que celui-ci. J'étais bon en classe, j'avais plutôt des soucis pour être présent, sociable. Cela m'aurait aidé, je pense." Devant des classes un peu timides, Sacha, détendu et souriant, explique son rôle. Tuteur depuis trois ans, il porte haut les valeurs de l'ASBL: "Le soutien scolaire que nous proposons n'est pas un cours. Nous nous plaçons dans une relation de confiance. Je suis aussi présent pour répondre à leurs questions sur les études supérieures. La clé, c'est de savoir cibler les besoins de chacun et de ne pas leur donner simplement un cours 'bis'."
Investissements à long terme Pour atteindre ces objectifs, Claire Sourdin souligne l'importance des soutiens financiers. "Chaque année, nous adressons
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une demande de subsides à plusieurs organismes. Pour la seconde fois, nous avons reçu une aide du Fonds Venture Philanthropy de la Fondation Roi Baudouin et de BNP Paribas Fortis. Un certain nombre d'investisseurs privés se sont avérés décisifs pour le développement du projet. Cependant, tout ceci doit se pérenniser, se développer. Peu importe l'apport, modeste ou non: notre ASBL privilégie les investissements à long terme. Nous préférons un investisseur qui nous verse une somme modique chaque année, à des investissements ponctuels, parce que les aides régulières permettent de construire un projet dans la durée et de se projeter dans l’avenir. ll
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Le développement durable ne peut se limiter à des mesures cosmétiques Ce n’est pas parce qu’une entreprise est neutre en CO2 et peut produire quelques certificats qu’elle est durable, estime le banquier Peter Vandekerckhove. Le professeur Luc Van Liedekerke approuve: "Les entreprises doivent réfléchir au rôle qu’elles peuvent jouer dans les problèmes sociaux."
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étais à Shanghai cet été: toutes les motocyclettes y roulent à l’électricité ou au gaz", raconte Luc Van Liedekerke, professeur à la KULeuven et à l'Universiteit Antwerpen/Antwerp Management School. "Parfois, il faut jouer la carte de la durabilité parce qu’il est impossible de faire autrement. La qualité de l’air constitue déjà un problème gigantesque à Shanghai." "Pollution, croissance démographique, pénurie de matières premières: on attend également des entreprises qu’elles adoptent un comportement responsable", approuve Peter Vandekerckhove, administrateur délégué de BNP Paribas Fortis. "Les gens veulent retrouver de la tranquillité d’esprit et de la confiance."
Comment les banques les y aident-t-elles? Van Liedekerke: "En tant qu’intermédiaire financier, une banque peut influencer les domaines dans lesquels l’argent sera investi
LA SOCIÉTÉ EST TRÈS SÉVÈRE AVEC LES ENTREPRISES QUI ADOPTENT DES COMPORTEMENTS IRRESPONSABLES. Peter Vandekerckhove, BNP Paribas Fortis
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dans 20 ans. Pensez aux prêts verts ou encore aux investissements socialement responsables (ISR). Une banque peut véhiculer cette vision auprès de ses clients et travailleurs, et montrer ainsi la place qu’elle veut occuper dans la société." Est-ce l’essence d’une banque durable? Van Liedekerke: : "Pour être durable, une banque doit avant tout survivre, ce qui nécessite un bilan sain et des réserves de capitaux suffisantes. En ce sens, il est bon que les activités bancaires classiques aient regagné en importance. Avant la crise financière, la branche banque d’affaires avait trop de pouvoir parce qu’elle apportait la majorité des bénéfices. La crise financière n’est pas née dans les agences bancaires belges à cause de particuliers qui n’ont pas remboursé leurs crédits." La crise a-t-elle affecté la relation durable du Belge avec son banquier? Van Liedekerke: "Les Belges ont toujours confiance en leur banquier local. Celui-ci ne peut cependant pas mettre à mal cette confiance, par exemple en écoulant auprès de ses clients des 'produits du mois', comme cela a parfois été le cas." Vandekerckhove: "C’est simple: si nous n’avons pas la confiance des gens pour qui nous travaillons, des gens qui travaillent pour nous et de
Peter Vandekerckhove (BNP Paribas Fortis) et Prof. Luc Van Liedekerke: ‘Le pire que nous puissions faire est d’affirmer que nous sommes parfaits dans tout ce que nous faisons!’
la communauté qui nous entoure, nous perdons l’accès aux clients, au capital et au marché du travail. C’est pourquoi nous devons faire preuve de transparence, respecter toutes les réglementations, mettre en œuvre une politique de rémunération neutre et proposer des produits simples qui répondent aux souhaits de nos clients et dont ils ont réellement besoin. Pour résumer, nous devons être fiables à tous les niveaux. Nous investissons dans cette relation durable. Avec un objectif: nous positionner au centre de la société. C’est pourquoi le travail de notre fondation et la collaboration que nous avons instaurée avec plusieurs universités sont si importants. La durabilité est intégrée dans notre politique du personnel comme dans notre stratégie commerciale." Oseriez-vous qualifier BNP Paribas Fortis de banque durable? Vandekerckhove: "Non. Aucune banque ne peut revendiquer cette appellation aujourd’hui. Diffuser la philosophie du développement durable auprès de tous les collaborateurs est un travail de plusieurs années. Le pire que nous puissions faire est d’affirmer que nous sommes parfaits dans tout ce que nous faisons! En tant que plus grande banque du pays, nous devons cependant montrer la voie. Bientôt, le premier produit qui sera proposé à celles et ceux qui surfent sur notre site web ou entrent dans une agence sera durable. En matière d’investissement, il s’agira par exemple d’un fonds ISR." Van Liedekerke: "C’est une excellente nouvelle. Car le succès des investissements socialement responsables ne viendra pas de clients qui les demandent eux-mêmes auprès de leur banque. C’est un marché tiré par l’offre."
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Il reste beaucoup de travail à accomplir, semble-t-il. Si l’on en croit une enquête de BNP Paribas Fortis, la moitié des clients de Private Banking n’ont jamais entendu parler de l’ISR! Vandekerckhove: "Je préfère voir le verre à moitié plein: la moitié d’entre eux en ont déjà entendu parler… Le marché de l’ISR a grandi d’un facteur dix ces six dernières années. Chez BNP Paribas Fortis Private Banking, nous avons déjà 5 milliards d’euros investis dans l’ISR, c’est en pourcentage le double des autres acteurs du marché en Belgique. Nous allons également ouvrir cette gamme de produits à tous les clients et continuer à la développer." Van Liedekerke: "J’aime faire la comparaison avec la sécurité au travail. Voici 30 ans, personne ne s’en souciait; aujourd’hui, c’est une obsession. Les compagnies d’assurances ont joué un rôle crucial dans ce phénomène, parce qu’elles ont commencé à associer leurs primes au nombre d’accidents de travail. Désormais, porter un casque de sécurité sur un chantier est une évidence. On pourrait assister à une accélération similaire dans le secteur financier." Comment voyez-vous concrètement les choses? Van Liedekerke: "Je prévois que, d’ici 10 ans, les critères ESG (qui mesurent l’impact d’une en-
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Luc Van Liedekerke
Peter Vandekerckhove
IL NE FAUT PAS ACHETER DE PRODUITS ISR PARCE QU’ILS SONT ÉTHIQUES, MAIS PARCE QUE CE SONT DE BONS INVESTISSEMENTS. Prof. Luc Van Liedekerke
> treprise sur l’environnement et la société, ainsi que la qualité de sa gouvernance, NDLR) seront généralisés. Ils permettent de déceler des risques qui ne figurent pas dans les informations financières. Les scandales, tel celui des logiciels truqués dans le secteur automobile, coûtent énormément d’argent. Ils ont menti sur les émissions réelles de CO2 des moteurs afin de répondre aux exigences des clients. Cela peut prendre des années, mais une telle bombe à retardement finit toujours par exploser." Vandekerckhove: "La société est très sévère avec les entreprises qui adoptent des comportements irresponsables. Les clients finissent toujours par renoncer aux produits d’entreprises qui ne sont pas suffisamment transparentes; les investisseurs les quittent et les meilleurs talents ne se portent plus candidats." Van Liedekerke: "Les aspects économiques et de transformation des valeurs ne sont pas dissociables. À mes yeux, il ne faut pas acheter de produits ISR parce qu’ils sont éthiques, mais parce que ce sont de bons investissements." Vandekerckhove: "Absolument. Si ce n’est que durable, cela n’a aucun intérêt! Le rendement des produits ISR est au moins aussi bon que celui des 'investissements normaux'. L’écart se creusera, cependant, car les entreprises qui négligent les critères ESG courent de grands risques et, en définitive, en paieront le prix."
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Les entreprises peuvent faire correctement les choses mais pas forcément les choses correctes… Van Liedekerke: "Les entreprises doivent réfléchir au rôle qu’elles peuvent jouer dans les problèmes sociaux. Le géant des produits de consommation Unilever a par exemple changé de stratégie pour répondre à des questions liées à la santé. Aujourd’hui, il tient davantage compte de la teneur en sucre et en sel de ses produits, afin d’aider les consommateurs à vivre plus sainement." Le développement durable ne risque-t-il pas de se muer en un phénomène de mode? Peu d’entreprises se targueront de ne pas être durables… Vandekerckhove: "La durabilité ne doit pas se résumer à un discours ou à des mesures cosmétiques. Ce n’est pas parce qu’une entreprise est neutre en CO2 et peut produire quelques certificats qu’elle est durable. Cela vaut également pour nous. Il s’agit d’une conviction profonde qui s’exprime dans tout ce que nous accomplissons en tant que banque au sein de la société. Nous ne devons pas trop communiquer à ce propos, mais simplement agir." Van Liedekerke: "Excellent! Les employés de mon agence bancaire me regardent encore avec des yeux ronds lorsque je les interroge sur leur vision de la durabilité. On constate souvent que ce thème est très présent au niveau de la direction, mais que les réseaux d’agences n’ont aucune idée de ce dont il s’agit." Vandekerckhove: "Il faut donner du temps au temps. Nous venons de loin. Voici cinq ans, ce sujet n’était jamais abordé dans les interviews. À l’époque, il fallait savoir quel bénéfice la banque pensait réaliser. Nous nous trouvons dorénavant à un point charnière. Et bientôt, il sera essentiel de s’occuper de développement durable." ll
Les petits entrepreneurs sont les héros d'aujourd'hui Le terme d'entrepreneuriat me paraît souvent un peu galvaudé. Je ne suis pas à l'aise avec le cliché habituel de la start-up dans l'IT, qui lève des millions d'euros, qui a pour but principal (voire unique) de gagner de l'argent, et qui in fine crée peu d'emplois et peu de valeur ajoutée pour la société. Les vrais héros, à mes yeux, sont les tout petits entrepreneurs qui montent leur salon de coiffure, leur restaurant, leur épicerie. Des gens qui, malgré leur manque de moyens et de réseau, créent leur propre job, souvent grâce à des microcrédits. Nous-mêmes, les deux fondateurs de la société Le Champignon de Bruxelles, avons bénéficié de cette formule pour créer notre entreprise, grâce à microStart. Nous avons aussi recouru au crowdfunding, et notre but est de rendre notre société la plus participative possible; nous visons un financement 100% horizontal et fidèle au principe “un coopérateur = une voix” d'ici quatre ans. Être entrepreneur, c'est d'abord vaincre ses peurs. Les personnes de l'âge de mes parents craignent de perdre leur statut, leur pouvoir, sur lesquels ils ont bâti leur ego. Quant à ma génération, elle est parfois paralysée par la crainte de ne pas être à la hauteur des défis actuels. Elle hérite d'un “état des lieux” calamiteux dont elle n'est pas responsable. Elle est parfois tentée d'en rejeter la faute sur les générations précédentes, et doit financer la retraite de ces aînés dispendieux via des cotisations. Le risque de fracture sociale, générationnelle, existe. D'où l'urgence d'agir. En outre, je suis persuadé qu'on perd beaucoup de temps à critiquer à tort et à travers. Et que chaque génération peut apprendre des autres. Je le vois au sein de Generation T, un groupe de 100 jeunes œuvrant pour une société plus durable, dont j'ai la chance de faire partie. Grâce à cette initiative, j'ai rencontré de nombreux CEO et hauts responsables auxquels je n'aurais jamais eu accès autrement. Un réseau dont le soutien est précieux. Les porteurs de projets peuvent bénéficier de toutes sortes d'aides et de mécanismes des villes, des Régions, de l’État, de fondations. Très bien, mais cela ressemble fort à un patchwork et pèche par courttermisme. Et l'on voit bien que le chômage demeure considérable, que la machine à créer de l'emploi est durablement cassée. Selon moi, il faut passer à la semaine de quatre jours pour vraiment partager le travail. Et orienter une partie de l'énorme épargne belge vers des projets d'économie locale, sociale, solidaire, durable. Dans un contexte de taux réels négatifs, laisser dormir de telles sommes est un non-sens. Plus largement, j'aimerais qu'on revienne à la source, à l'essence même du mot entreprendre: la mise en action. Choisir plutôt que subir, fourmiller de projets, rester en mouvement. Et ainsi, entreprendre sa vie, son idéal, ses rêves, même! ll Sevan Holemans, cofondateur du Champignon de Bruxelles et membre de Generation T
IL FAUT PASSER À LA SEMAINE DE QUATRE JOURS ET ORIENTER L’ÉPARGNE VERS LE CAPITAL-RISQUE SOCIAL.
DANS UN MONDE QUI CHANGE,
INVESTIR DURABLEMENT EST LA NOUVELLE NORME. UNE APPROCHE SÉLECTIVE Vous optez pour des fonds de financement (OPC - Organisme de Placement Collectif) dont les entreprises et secteurs controversés tels que la vente d’armes et la production d’amiante - sont exclus.
Vous investissez dans des entreprises qui poursuivent les meilleures performances en matière d’environnement, de responsabilité sociale et de bonne gouvernance.
UNE APPROCHE THÉMATIQUE Vous sélectionnez des entreprises au sein de secteurs valorisés par la société : traitement de l’eau, énergie éolienne, énergie solaire, gestion écologique des déchets, etc.
UNE APPROCHE SOLIDAIRE Vous soutenez des institutions d’intérêt public, car nous reversons une partie de nos frais de gestion en faveur de différents projets sociaux.
COMPOSEZ UN RENDEMENT FINANCIER POTENTIEL AVEC DES PERSPECTIVES DURABLES. Aujourd’hui, de plus en plus de nos clients investissent dans des fonds SRI. Et vous ? Sur base de nos 4 approches, vous remplissez votre portefeuille de placements selon vos propres désirs et objectifs sociétaux. Pour toutes vos questions, nos experts sont à votre disposition.
E.R. : W. Torfs, BNP Paribas Fortis SA, Montagne du Parc 3, 1000 Bruxelles, RPM Bruxelles, TVA BE 0403.199.702, FSMA n° 25.879A
UNE APPROCHE « PREMIER DE CLASSE »
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