Envue n°32: Avez-vous épuisé le potentiel de votre entreprise?

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édition 32

U n e i n i t i a t i v e d ’ E Y e n p a r t e n a r i a t a v e c E C H O CO N N E C T e t T I J D CO N N E C T | 9 o c t o b r e 2 0 1 5

Avez-vous épuisé le potentiel de votre entreprise? En cette période dominée par l’hyperconcurrence, notre économie requiert plus que jamais dynamisme, flexibilité et innovation. Et pour rester compétitive, elle a besoin de jeunes entreprises ambitieuses. Leur énergie et leur esprit d’entreprendre sont de vrais gages de renouveau. Heureusement, ces jeunes pousses bénéficient d’une attention croissante – et méritée – dans notre pays, à laquelle, par ce supplément, nous désirons contribuer. Nous leur offrons les conseils prodigués par des valeurs sûres du monde de l’entreprise, et les invitons à s’inspirer des portraits des starters qui concourent pour le prix de l’Entreprise Prometteuse de l’Année . Le futur commence maintenant, en tournant cette page.

Des questions à ce sujet? Souhaitez-vous consulter ce dossier en ligne? www.lecho.be/envue Katia De Paepe CEO de Noukie's

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Entretien avec Pierre Rion, Pierre Rigaux et MarieLaure Moreau

L’Entreprise Prometteuse de l’Année : les nommés 2015

International: une checklist pour les born globals

Incitants fiscaux pour start-ups

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© Frank Toussaint

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Innovation et esprit d’entreprise

Supplément en collaboration avec EY

ÉDITO Esprit d’entreprise: une histoire de vision, de passion et de conviction Pour ne pas s’encroûter, toute économie a besoin de sang neuf. C’est assurément vrai pour l’économie belge, qui repose essentiellement sur des entreprises établies dans le pays depuis de Rudi Braes longues années. CEO et président d’EY Nous avons besoin Belgique de personnes qui, par leur vision, leur passion et leur conviction, inspirent et motivent les autres. Qui osent prendre des risques, sont déterminées, motivées et ambitieuses, mais surtout convaincues de leur vision de l’avenir.

Pour l’attribution de ces distinctions, nous recherchons des entreprises de qualité qui ne visent pas la croissance comme un objectif en soi, mais comme un moyen de continuer à créer de la valeur. Les finalistes de ce concours peuvent être comparés à des décathloniens : ils doivent obtenir systématiquement des scores élevés dans tous les paramètres de succès. Les candidats au premier prix se caractérisent par une prestation financière solide, une organisation interne souple, un esprit d’entreprise marqué par la passion, une vision stratégique claire, une forte propension à l’innovation et un accent sur l’internationalisation et la durabilité. La barre est placée haut. Car ce sont eux qui serviront d’exemple et de source d’inspiration à la prochaine génération de chefs d’entreprise. Et dans ce rôle, seuls les meilleurs sont assez bons.

© Debby Termonia

Cette année encore, pour la vingtième fois, dans le but de donner un nouveau souffle à l’esprit d’entreprise, EY, conjointement à L’Echo et à BNP Paribas Fortis, récompense les entreprises de croissance durable dans le cadre du concours L’Entreprise de l’Année®. Pour la troisième fois, les entreprises de qualité de demain sont également mises à l’honneur avec le prix de L’Entreprise Prometteuse de l’Année®.

PIERRE RION MARIE-LAURE MOREAU PIERRE RIGAUX

Des questions à ce sujet? Vous souhaitez également consulter ce dossier en ligne? www.lecho.be/envue Une initiative d’EY en partenariat avec CONNECT

Marc Cosaert, associé EY Transaction Advisory Services Marie-Laure Moreau, associée EY Réviseurs d’Entreprise Wout Coppens, associé EY Tax Consultants Wouter Desmet, associé EY Subsidia Hilde Goossens, director EY Kimberly De Plucker, consultant EY Tax Consultants

Editeur responsable: Marc Cosaert, associé EY Transaction Advisory Services Cordination EY: Anne-Sophie Jaspers www.ey.com/be/inzicht Suivez EY sur: twitter.com/EY_Belgium facebook.com/eybelgium Tél.: 02 774 91 11

Une realisation de Mediafin Publishing Coordination: Tim De Geyter, Veronique Soetaert Rédaction: Mediafin Lay-out: Lucas De Wilde Photographes: Dries Luyten, Shutterstock, Sofie Van Hoof, Tom Verbruggen, Thomas De Boever, Debby Termonia, Frank Toussaint Info? publishing@mediafin.be


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CEFALY TECHNOLOGY, ENTREPRISE PROMETTEUSE DE L’ANNÉE® 2014

Des produits innovants d’abord, l’entreprise après Cefaly Technology, c’est la belle histoire d’une PME liégeoise qui a convaincu la redoutable Food and Drug Administration américaine de la légitimité thérapeutique de son appareil anti-migraine. Les portes du marché outre-Atlantique s’ouvrent désormais devant elle. Le docteur Pierre Rigaux, son cofondateur et CEO, nous dévoile les ambitions de cette société totalement centrée sur la recherche et développement.

Un médecin qui crée une entreprise à l’âge de 50 ans, voilà qui n’est pas banal. Pour Cefaly Technology, fondée voici une dizaine d’années par le Dr Pierre Rigaux, tout ne fait pourtant que commencer. La très redoutée Food and Drug Administration (FDA, l’autorité sanitaire des États-Unis) lui a en effet ouvert les portes du marché américain. De notre côté de l’Atlantique, EY a décerné à Cefaly Technology non pas le trophée de l’Entreprise de l’Année®, mais celui de l’Entreprise Prometteuse de l’Année 2014®. Car ce spécialiste du traitement de la céphalée (plus connue sous le nom de "migraine") a tout l’avenir devant lui.

Comment êtes-vous arrivé à la médecine sportive? Pierre Rigaux: Après mes études de médecine, j’ai commencé par travailler dans un hôpital. Petit à petit, je me suis tourné vers la médecine sportive, en m’y intéressant d’abord puis en me plongeant pleinement dans cette spécialité. J’ai été séduit, happé même! De fil en aiguille, j’ai acquis mon indépendance en devenant consultant, puis j’ai collaboré avec Compex, entreprise suisse spécialisée dans l’électrostimulation des muscles. Grâce à cette technique, les muscles peuvent être stimulés électriquement à des fins thérapeutiques (pour la rééducation ou le traitement des atrophies musculaires), sportives (pour l’entraînement) ou tout simplement esthétiques (pour sculpter son corps). Je confesse toutefois que, dès mes premiers contacts avec le monde de l’entreprise, j’ai trouvé le quotidien du médecin un peu routinier.

Et chez Compex? Pierre Rigaux: Ce nom est connu dans le monde

Si je suis actif dans l’univers entrepreneurial, c’est parce qu’un chiffre d’affaires est un outil qui permet d’innover. Pierre Rigaux, CEO de Cefaly Technology

du sport et de la rééducation. Lorsque la société a été rachetée par l’américain Rehabilicare, j’ai été expatrié à Minneapolis en tant que vice-président de la maison-mère. Cependant, Rehabilicare et Compex ont changé plusieurs fois d’actionnaires et de dirigeants, et font aujourd’hui partie du groupe américain DJO. Cette instabilité m’a convaincu de prendre mes distances. J’ai donc vendu mes parts et pris l’avion pour la Belgique, où je me suis inscrit… à l’université. J’ai étudié la philosophie. Ce qui ne m’a pas empêché, après un congé sabbatique à la fin duquel je commençais à tourner en rond, de préparer l’étape suivante: la création de ma propre entreprise.

Quelle était l’idée de départ? Pierre Rigaux: Même si le cerveau n’est pas un muscle, il est parfaitement possible de le "muscler": on peut le rendre plus performant et atténuer ses faiblesses par l’électrostimulation qui permet, comme le fait Compex, d’améliorer les performances des muscles, de les rééduquer et de traiter la douleur. Pour le cerveau, l’une des douleurs les plus répandues est la céphalée, plus connue sous l’appellation de "migraine". Si la migraine est passagère pour la majorité d’entre nous, elle peut s’avérer littéralement handicapante pour ceux qui en souffrent régulièrement. Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces victimes régulières sont relativement nombreuses: notre pays compte 15 à 20% de migraineux et entre 1 et 2% de migraineux chroniques. Pendant mon séjour aux États-Unis, j’avais gardé le contact avec Pierre-Yves Muller, un docteur en sciences que j’avais connu en Suisse. C’est avec lui que j’ai lancé le projet STX-Med. Notre premier produit, le Safetox, est un dispositif qui se pose

sur le visage et agit par électro-inhibition sur les parties centrales et supérieures du crâne pour, déjà, s’attaquer à la migraine. C’était il y a une bonne dizaine d’années! L’étape suivante fut le Cefaly, le "dispositif anti-migraine", lancé en 2008. Un appareil qui se pose sur le front et envoie des impulsions électriques sur les nerfs trijumeaux, là où se niche l’origine de ces fameuses et insoutenables migraines.

Comment est née Cefaly Technology? Pierre Rigaux: Cefaly Technology est née à cette époque, avec pour objet social la neurostimulation crânienne. Une neurostimulation externe. C’était révolutionnaire. Jusqu’alors, il fallait obligatoirement traiter la migraine avec des implants, un peu comme les pacemakers pour la régulation cardiaque – un procédé dit "invasif". Ce qui, paradoxalement, n’exclut pas que Cefaly puisse travailler demain avec un procédé invasif: il arrive parfois que le point exact à atteindre dans le cerveau soit si petit et profond qu’il faille recourir à cette méthode. Ce n’est toutefois pas un retour à la méthode classique, mais une autre approche pour que l’électrostimulation soit encore plus ciblée.

Comment avez-vous financé le projet Cefaly? Pierre Rigaux: Nous avons débuté nos activités en commercialisant plusieurs produits, notamment dans le secteur des cosmétiques, histoire d’enregistrer des liquidités. Celles-ci nous ont permis de poursuivre sur la voie que nous nous étions tracée. Hélas, on ne guérit pas de la migraine, c’est une maladie héréditaire. Il est rare qu’un migraineux n’ait pas un père, une mère, un oncle ou une


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Puisqu’on ne guérit pas encore de la migraine, comment peut-on en atténuer les effets? Pierre Rigaux: Les réactions collectées sur l’Internet montrent que, chez certains patients, l'appareil anti-migraine de Cefaly ne fonctionne pas toujours. Mais il fonctionne souvent. Employé correctement, il facilite significativement la vie de 81% des patients. Le mécanisme de cette amélioration clinique a été expliqué par l’image, lors d’un colloque organisé l’an dernier à Valence par la Société internationale de la migraine. Ces clichés, réalisés par une équipe de l’Université de Liège, ont montré comment le traitement par le Cefaly rendait "normal" le cerveau du migraineux.

L'entreprise a été fondée en 2004, mais elle a dû attendre 2014 pour prendre son véritable envol, grâce à l'agrément de la FDA aux États-Unis. Pourquoi ce délai? Pierre Rigaux: L’an dernier fut effectivement une année charnière pour notre entreprise, puisque la FDA a donné le feu vert au Cefaly, lui ouvrant de ce fait les portes de l’énorme marché américain. Nous connaissons néanmoins une belle croissance depuis 2010, avec un chiffre d'affaires passé de 600.000 à 2 millions d’euros en trois ans, montant que l'ouverture du marché américain nous a permis de doubler.

Quelles difficultés un scientifique est-il susceptible de rencontrer lorsqu’il est amené à gérer une entreprise? Pierre Rigaux: Je me doute que cela peut poser de vrais problèmes, mais je ne peux pas vraiment en parler, car ce ne fut pas mon cas. Et ce, pour deux raisons. Primo, je jouis d’une longue expérience de la vie des entreprises, puisque je me suis très vite intéressé à ce monde et que j’y travaille depuis plus de vingt ans. Secundo, je me considère comme un entrepreneur mais avec un but peut-être différent des autres. Si je suis actif dans l’univers entrepreneurial, c’est parce qu’un chiffre d’affaires est un outil qui permet d’innover. Pour le moment, la gestion ne pose guère de difficultés, car notre équipe est limitée à une petite vingtaine de personnes: seize à Liège et trois ETP (équivalents temps plein) et demi aux États-Unis. Mais cela ne durera pas, car le double succès de 2014 – la reconnaissance professionnelle et le feu vert de la FDA – nous amèneront à recruter. Comme nos locaux actuels ne nous permettent pas d’extension, nous nous installerons au parc scientifique de l’Université de Liège, où nos effectifs devraient passer à quarante personnes pour la seule antenne liégeoise. Le nouveau siège de Cefaly Technology sera opérationnel en 2017.

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Que s’est-il passé depuis 2008?

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cousine qui ne soient pas migraineux, eux aussi. L'étude des gènes liés à la migraine n’a avancé que tout récemment. En d’autres termes, pour guérir de la migraine, il faudrait une intervention génétique. On n’en est pas là.

On est trop souvent paralysé par la peur de l’échec en Wallonie. Pierre Rion, président du jury de l’Entreprise Prometteuse de l’Année

Pierre Rigaux: La crise économique mondiale nous a fait trembler sur nos bases. L’exercice 2009 a été très, très pénible. Pour reprendre la terminologie médicale: 2008, c’est le virus, 2009 la fièvre et 2010 la remise sur pied progressive. Ce n’est qu’en 2011, voici quatre ans à peine, que nous sommes parvenus à nous remettre totalement de la grande secousse de 2008. C’est en 2011 que le chiffre d’affaires a vraiment redémarré. L’exercice 2014, lui, a été couronné de succès, avec un chiffre d’affaires en hausse de 100%. Pour 2015, nous tablons sur 15% de hausse.

Pourquoi une telle variation dans les performances? Pierre Rigaux: C’est ainsi, nous progressons en escalier. Lorsque nous traversons ce que j’appelle un "événement", comme l’accord de la FDA, nous sautons une marche, puis nous reprenons notre rythme et ainsi de suite. Un rythme qui se traduit malgré tout par une croissance à deux chiffres (10 à 15%, voire davantage). Cefaly Technology devrait voir son chiffre d’affaires progresser l’an prochain de 50%, de 6 à 9 millions d’euros, puis, si tout va bien, à 12 millions d’euros en 2017. Pierre Rion: C’est intéressant parce que la Wallonie abrite des centaines d’entreprises comme Cefaly, dont certaines sont leaders sur leur marché. En fait, l’arbre de l’industrie lourde cache encore la forêt des jeunes arbrisseaux. Heureusement, cela ne durera pas éternellement.

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Décrocher le prix de l’Entreprise Prometteuse de l’Année, c’est une reconnaissance. Et un avantage sur le plan de la communication. Marie-Laure Moreau, Associeé chez EY

Pierre Rigaux: Notre stratégie repose sur trois piliers: l’innovation, le recours à des modes de distribution alternatifs et le choix de la grande exportation, avec le Japon en ligne de mire. Le marché américain est un bon exemple de ce que j’appelle un "mode de distribution non classique", qui peut parfaitement fonctionner de concert avec le système classique. Nous sommes actifs dans le secteur médical; on retrouve donc d’une part les cliniques qui prescrivent, commandent nos produits et même les paient pour certains de leurs patients, et de l’autre, le patient qui passe commande sur l’Internet avec son ordonnance. L’innovation, la vraie, je la vois une fois encore dans les applications techniques susceptibles de s’attaquer à d’autres pathologies du système nerveux. Pour lutter contre l’insomnie, la dépression, la fibromyalgie, voire l’épilepsie et le traitement des victimes d’un accident vasculaire cérébral, le terrible AVC.

Pour avancer, il faut des capitaux. Cefaly Technology compte-t-elle s’adresser au marché des capitaux? Pierre Rigaux: Nous le pourrions mais, pour le moment, nous disposons des liquidités nécessaires. Je n’exclus toutefois pas cette hypothèse si, par exemple, nous nous lançons dans des techniques plus invasives. En l’occurrence, les produits implantables. Mais nous n’en sommes pas encore là. Lorsqu’on progresse en escalier, il ne faut pas se précipiter, de peur de… rater une marche.


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L’ENTREPRISE PROMETTEUSE DE L’ANNÉE : C’EST L’ANTICHAMBRE DE L’ENTREPRISE DE L’ANNÉE®

EXECUTIVE SUMMARY

Le rêve de Marie-Laure Moreau? Qu’un jour, une Entreprise Prometteuse de l’Année devienne l’Entreprise de l’Année®. Celui de Pierre Rion? Que la forêt des jeunes entreprises cache l’arbre de l’industrie lourde! L’Entreprise de l’Année®: tout le monde connaît ce prix qui existe dans de nombreux pays. Le label en est jalousement gardé par EY. En revanche, le prix de l’Entreprise Prometteuse de l’Année® est moins connu. Alors que cette élection est organisée pour la 10e année consécutive dans la partie néerlandophone du pays, c’est la 3 fois qu’elle sera organisée du côté francophone.

EY organise pour la 3e année consécutive le concours de l’Entreprise Prometteuse de l’Année.

Ce prix récompense une jeune entreprise en plein développement et qui présente la volonté d’entreprendre et d’innover, le sens de la stratégie et de la compétition, l’ouverture sur le monde et la gestion exemplaire.

EY a sélectionné quatre finalistes pour ce 3e volet francophone.

Les jeunes entreprises à fort potentiel de croissance sont “la forêt qui cache l’arbre de l’industrie lourde”, selon Pierre Rion, président du jury. Le rêve de Marie-Laure Moreau, Partner chez EY? Que “l’Entreprise Prometteuse de l’Année devienne un jour l’Entreprise de l’Année®”.

Cefaly Technology a reçu le trophée de l’Entreprise prometteuse de l’année 2014. La stratégie du Dr Pierre Rigaux, cofondateur et CEO, repose sur trois piliers: l’innovation, le recours à des modes de distribution alternatifs et un choix résolu pour la grande exportation.

Une société qui a mis au point un produit très innovant dont le potentiel commercial international est important.

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Ce prix récompense une jeune entreprise à fort potentiel de croissance. "Pour obtenir le label d’Entreprise de l’Année®, il faut répondre à des critères financiers précis, contrairement à l’Entreprise Prometteuse de l’Année®", précise MarieLaure Moreau, Partner chez EY et cofondatrice de ce label "junior" dont le jury est présidé par Pierre Rion, business angel bien connu. Dès lors, comment la sélection s’opère-t-elle? "Ce sont les membres du jury (lire en dessous), le réseau d’EY, les banques, les invests, les business angels qui proposent des noms", détaille Marie-Laure Moreau. "J’accorde beaucoup d’attention au fait que certains noms sont avancés par plusieurs sources. C’est un plus qui donne droit à un meilleur ranking." Ces entreprises font l’objet d’un pre-screening par EY. Certaines d’entre elles sont alors contactées par EY qui, après une deuxième analyse, confirme l’acceptation ou non de la candidature. Pour les candidatures acceptées, un questionnaire est envoyé et des équipes d’intervieweurs d’EY rencontrent les dirigeants afin de compléter le dossier. Au terme de ce processus, une dizaine d’entreprises prometteuses subissent une ultime analyse. Marie-Laure Moreau en retient trois ou quatre (selon la qualité des dossiers présentés), qu’elle soumet au jury. Là, c’est Pierre Rion qui est aux commandes. Ils connaît bien les jeunes entreprises: lorsqu’elles réussissent, elles font des étincelles! Et ce segment ne se résume pas aux plus connues comme EVS, IRIS et D-Cinex: "OneLIFE et l’éradication des biofilms en milieu hospitalier, Flying-Cam et ses hélicos, Cluepoints et la détection des erreurs dans les études cliniques, Intopix et la compression/décompression d’images, Belrobotics et la tonte des terrains de sport, et bien d’autres: toutes sont des leaders mondiaux dans leur spécialité." C’est la forêt des jeunes arbrisseaux qui, un jour, encerclera puis cachera l’arbre de l’industrie lourde qui a fait la gloire de la Wallonie. Pourquoi avoir lancé ce label junior? L’Entreprise Prometteuse de l’Année est l’antichambre de l’Entreprise de l’Année®. Marie-Laure Moreau ne le cache pas: elle rêve "qu’une Entreprise Prometteuse soit un jour une Entreprise de l’Année®". Il reste beaucoup de chemin à parcourir. Quant à EY, sa motivation tombe sous le sens: "Nous sommes proches des entreprises, que ce soit pour la fiscalité, l’audit ou le conseil; nous voulons contribuer à leur développement", ajoute Marie-Laure Moreau. Sur le plan de la communication, tout le monde s’y retrouve. "Il faut mettre en avant les jeunes entrepreneurs qui osent", poursuit Pierre Rion. "On est trop souvent paralysé par la peur de l’échec en Wallonie." Et Marie-Laure Moreau de conclure: "Décrocher le prix de l’Entreprise Prometteuse de l’Année, c’est une reconnaissance. Et un avantage sur le plan de la communication." Pour qui? "Pour l’entreprise concernée… mais aussi pour EY." Une belle franchise.

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Président : Pierre Rion, président d’EVS et du Cercle de Wallonie Pierre De Muelenaere, fondateur d’I.R.I.S. Group Katia De Paepe, CEO de Noukie’s (Entreprise de l’Année 2007) Benoît Gailly, professeur à la Louvain School of Management Eric Van Sevenant, chef de cabinet du Ministre Jean-Claude Marcourt Olivier Vanderijst, président du comité de direction de la SRIW Bruno Wattenbergh, COO d’Impulse.brussels

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Diversité

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DES FEMMES AU TOP

Prendre des risques et savoir s'entourer Lorsqu'on lui demande les qualités nécessaires pour être une entrepreneure, Katia De Paepe cite immédiatement le pouvoir organisationnel: “La plupart du temps, la responsabilité des enfants continue de peser principalement sur les mères. Une entrepreneure qui fait le choix d'avoir des enfants mène souvent deux vies de front, professionnelle et familiale. Idem pour les cadres supérieures.” La CEO de Noukie's, l’Entreprise de l’Année® en 2007, conseille donc aux familles concernées de se faire aider.

Une nouvelle approche des ressources humaines Katia De Paepe se trouve moins impulsive qu'à ses débuts et tend à avoir plus de recul. Et depuis deux années, son entreprise intègre les préoccupations de développement personnel dans sa politique de ressources humaines. Elle développe les talents et les capacités de ses collaborateurs, organise des séminaires pour les aider à discerner à quel(s) type(s) de personnalité ils appartiennent, dans quel(s) poste(s) ils s'épanouissent le plus. “Les ressources humaines ont profondément changé, et c'est positif,” résume Katia De Paepe. “On essaie de valoriser l'être plutôt que

le paraître. Les collaborateurs ont besoin de trouver du sens dans leur travail et d'adhérer aux valeurs de leur entreprise.” Les qualités spécifiques d'une femme entrepreneure? Sur ce terrain un peu glissant – car on tombe vite dans les préjugés – Katia De Paepe reste prudente. “Je ne suis pas convaincue qu'elles soient davantage dans l'écoute, cela dépend plus de la personnalité que du genre. Mais elles souffrent sans doute moins d'excès d'ego, en moyenne. Elles sont ‘multitâches’, ce qui constitue un énorme atout.”

Pour entreprendre, de l'audace Entreprendre, c'est accepter la prise de risque, assure la fondatrice de Noukie's: “Si l'on analyse tout ce qui risque de ne pas fonctionner, on ne prend aucune décision audacieuse. Or, l'essence du progrès dans l'entreprise, c'est le changement: comment faire mieux, s'adapter à un monde toujours en mouvement et croître, c'est-à-dire développer son chiffre d'affaires et améliorer sa rentabilité? Une autre clé du succès est de savoir s'entourer des bonnes personnes, qui partagent votre vision et vous assistent dans sa mise en œuvre. Sans oublier l'équilibre: dans sa tête, dans sa vie personnelle, dans l'entreprise. Et une bonne hygiène de vie.”

© Frank Toussaint

Nés voici vingt ans, les doudous belges Noukie's ont conquis le monde. Aujourd'hui déclinée en linge de lit, vêtements, mobilier de chambre d'enfant et série animée, la marque est présente dans trente-deux pays. Sa fondatrice et dirigeante, Katia De Paepe, revient sur son parcours d'entrepreneure.

Je n'hésite pas à solliciter l'expertise des salariés et de consultants extérieurs, car on ne peut pas tout savoir! Katia De Paepe, CEO de Noukie’s

Rester au fait de ce qui se passe dans son secteur, dans l'économie et dans la société en général constitue une autre nécessité pour les patrons. “Une petite phrase peut déclencher une grande idée,” confirme Katia De Paepe. “Je consulte des sites et des revues économiques et d'entreprise, comme la Harvard Business Review. Je suis de près le secteur de la mode, qui influe sur notre production. Et je n'hésite pas à solliciter l'expertise des salariés et de consultants extérieurs, car on ne peut pas tout savoir! Par exemple, pour l'e-commerce, les grands pays sont plus avancés, du fait de la taille de leur marché. Nous allons donc y chercher des compétences pointues.” Une ouverture qui contribue à bâtir un réseau efficace, reposant sur la qualité des personnes et la pertinence de leur profil. Plutôt que de fréquenter cocktails et cercles, Katia De Paepe recommande les séminaires dans lesquels on favorise l'échange par petits groupes thématiques, où l'on fait connaissance avec des personnes ayant les mêmes objectifs et rencontrant le même type de défis. “Les réseaux sociaux permettent d'entretenir les contacts existants, mais rien ne vaut le contact personnel!”, conclut-elle.


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Finalistes de l’Entreprise Prometteuse de l’Année®

Supplément en collaboration avec EY

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DES ENTREPRISES EN CROISSANCE RAPIDE ET EN PLEIN DÉVELOPPEMENT

La modification drastique de notre stratégie-prix nous a permis de mieux répondre aux attentes de nos utilisateurs. Pierre Buffet, CEO de Domobios

L’Entreprise Prometteuse de l’Année: les nominés 2015 Avant de devenir la prochaine Entreprise de l’Année®, la plupart des sociétés ont été des PME en pleine accélération. C'est pour les encourager pendant cette phase, cruciale pour leur avenir, qu'EY a lancé le prix de l’Entreprise Prometteuse de l’Année® qui en est déjà à sa troisième édition (pour la Belgique francophone) cette année. À quelques jours de la cérémonie de remise du prix, les quatre nominés ont répondu à nos questions.

DOMOBIOS (SA)

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Comment définiriez-vous la mission de votre entreprise et la pertinence du service que vous offrez? Nous améliorons la qualité de vie des gens allergiques aux acariens, et ce de manière durable, grâce à notre produit Acar'Up dont l'innocuité est de surcroît absolue. Et du point de vue de notre responsabilité sociale, nous employons des personnes handicapées pour effectuer une partie de la manutention.

Quel est votre scénario de croissance d'ici 5 à 10 ans?

Cela paraît évident, mais le client et les collaborateurs doivent être au cœur de vos préoccupations. Simon-Pierre Breuls, gérant et cofondateur d’Universem

La commercialisation d'Acar'Up est un succès en Belgique. Nous prévoyons de l'internationaliser rapidement. Nos laboratoires développent parallèlement de nouveaux produits contre les nuisibles domestiques. D'ici 10 ans, nous souhaitons être la référence mondiale.

Quelle est la décision la plus importante que vous ayez prise? La modification drastique de notre stratégie-prix. Cela nous a permis de nettement mieux répondre aux attentes de nos utilisateurs et d'apporter des bienfaits à un plus grand nombre de personnes.

Quelle est la plus grosse erreur que vous ayez commise et quelle(s) leçon(s) en avez-vous tirée(s)? L'erreur? Avoir sous-traité une de nos activités-clés. La leçon? Internaliser impérativement les activités-clés de l'entreprise!

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs en herbe? Soyez passionnés, entourez-vous bien, restez concentrés sur votre offre principale… sans oublier de bien identifier les activités-clés de l'entreprise et de les internaliser.

UNIVERSEM (SPRL) Comment définiriez-vous la mission de votre entreprise et la pertinence de vos services? Nous concevons et installons des solutions de marketing digital innovantes, centrées sur le ROI, permettant à nos clients de s'assurer une croissance soutenue et durable via l'Internet.

Quel est votre scénario de croissance d'ici 5 ans? D'ici 10 ans? Née voici 5 ans, Universem connaît actuellement une croissance accélérée, avec notamment l'obtention d'une


Finalistes de l’Entreprise Prometteuse de l’Année®

approche personnalisée du traitement du cancer.

certification Google. L’équipe est passée de 10 à 17 consultants en quelques mois, et ce n'est que le début!

Bien que de nombreuses opportunités de diversification se présentent, nous avons voulu nous focaliser sur notre expertise en marketing digital et sommes ainsi devenus une référence en acquisition de trafic, en conversion de visiteurs en clients et en rétention afin d’accroître la fidélité des clients.

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs en herbe?

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Quelle est la décision la plus importante que vous ayez prise?

Focus, focus, focus! Le chemin pour réaliser son rêve est souvent ardu; pourtant, il faut absolument éviter de se disperser et garder son cap, avec les yeux fixés sur le business model.

MyMicroInvest (SA) Nous voulons convaincre les oncologues d'adopter une approche personnalisée du traitement du cancer.

Quelle est la plus grosse erreur que vous ayez commise et quelle(s) leçon(s) en avez-vous tirée(s)? Nous aurions pu anticiper notre croissance et accroître plus vite la taille de l’équipe, qui s'est parfois avérée un facteur limitant.

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs en herbe? Cela paraît évident, mais on n’insiste jamais assez sur ce point: le client et les collaborateurs doivent être au cœur de vos préoccupations. Affirmez des valeurs fortes, créez une organisation efficiente et une équipe de très haut niveau.

Jean-Pol Detiffe, CEO d’OncoDNA

OncoDNA (SA)

Quel est votre scénario de croissance d'ici 5 ans? Nous visons plus de 100.000 tumeurs analysées dans le monde entier. Nous avons ouvert notre capital pour rassembler les moyens de devenir un leader européen, voire mondial.

Quand considérerez-vous que votre entreprise a atteint le succès? Financièrement, le point d'équilibre est prévu pour 2018. Personnellement, nous voulons convaincre une majorité d’oncologues d'adopter une

Nous souhaitons replacer l'humain au cœur du système financier. Diminuer le nombre d'intermédiaires et lancer un cercle vertueux: construire les emplois de demain en recréant un lien entre l'épargne du public et le besoin de financement des entreprises grâce à l'Internet.

Quel est votre scénario de croissance d'ici 5 à 10 ans? Nous visons à générer du bénéfice et de la plus-value pour les financeurs, faciliter le financement de 1.000 entreprises d'ici 5 ans, puis être présents sur tous les continents d'ici 10 ans.

Quelle est la décision la plus importante que vous ayez prise? Nous avons choisi d'établir un modèle de crowdfunding en adéquation avec les exigences de la FSMA en matière d'appel public à l'épargne. Un élément fondamental qui explique notre croissance. Et nous avons industrialisé tous nos processus dès le départ afin que notre modèle soit reproductible.

Comme souvent dans les start-ups, nous avons été trop lents à mettre l’accent sur la vente. Il nous reste des efforts à accomplir dans ce domaine.

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OncoDNA veut révolutionner le traitement du cancer. L'ADN de chaque tumeur est unique. Une approche personnalisée du traitement est devenue indispensable.

Nous traitons quotidiennement des patients atteints de cancer métastatique. Nous redonnons de l’espoir à ces personnes qui n’avaient plus d’options thérapeutiques, en recommandant des médicaments plus efficaces et moins toxiques.

Comment définiriez-vous la mission de votre entreprise?

Quelle est la plus grosse erreur que vous ayez commise et quelle(s) leçon(s) en avez-vous tirée(s)?

Quelle est la mission de votre entreprise?

Comment définiriez-vous la pertinence sociale du service que vous offrez?

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Nous souhaitons replacer l'humain au cœur du système financier et lancer un cercle vertueux. Olivier De Duve, CEO de MyMicroInvest

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs en herbe? Trois choses: le plus grand risque est de ne pas en prendre, l’idée représente 5% du travail et l’exécution 95%, et orientez votre société directement sur la vente!

Save the date: le prix sera décerné le lundi 19 octobre 2015

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Internationalisation

CHECKLIST DE QUESTIONS ET PIÈGES POUR DES STARTERS AUX AMBITIONS INTERNATIONALES

Born globals De nombreuses entreprises créées aujourd’hui sont des born globals, nées pour opérer immédiatement sur le marché mondial. Pour autant, l’internationalisation ne s’improvise pas. Nous avons défini huit questions-clés à se poser et six pièges à éviter pour aider les starters à prendre la bonne décision. 1

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À quel marché de quel pays vous adressez-vous? Les critères à prendre impérativement en considération sont le potentiel de croissance, la maturité de ce marché pour vos produits et services ainsi que les forces et faiblesses de la concurrence locale. Quels produits et services allez-vous proposer? Ces produits et services devront-ils subir des adaptations?

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Comment l’expansion sera-t-elle financée? À partir de votre siège ou localement? Êtes-vous exposé à un risque de change? Qu’en est-il de la réglementation, de la fiscalité, du droit des sociétés et de la propriété intellectuelle?

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Comment l’internationalisation sera-t-elle organisée sur le plan opérationnel?

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Les ventes seront-elles confiées à un réseau de distribution local ou à vos propres vendeurs?

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Quelles personnes devrez-vous envoyer depuis le siège? Quels sont les profils disponibles sur place?

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Quelles sont les possibilités à plus long terme? Quels sont les marchés qui pourront faire office de têtes de pont afin de poursuivre l’expansion internationale?

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Allez-vous constituer une entité propre, procéder à une acquisition? Ou est-il préférable d’opter pour une collaboration avec un partenaire local?

Six conseils pour éviter les pièges liés à une expansion internationale 1

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Prévoyez un plan B. L’éventuel échec de l’internationalisation ne peut mettre en péril les activités existantes.

Ne pensez pas que des produits ou services qui recueillent un vif succès sur votre marché domestique seront nécessairement aussi populaires ailleurs. Réalisez une étude de marché approfondie.

2 Le choix du pays doit s’effectuer en fonction de la stratégie de l’entreprise. Ne prenez pas uniquement cette décision sur la base d’un accès géographique plus aisé ou de contacts personnels existants.

3 Faites votre travail en amont. Discutez avec des clients potentiels sur le marché cible et n’oubliez pas de contacter des organisations comme l’AWEX et Brussels Invest & Export afin de vérifier que les produits et services concernés présentent un potentiel commercial suffisant.

4 Ne sous-estimez pas les différences culturelles. Analysez la manière dont on fait des affaires au niveau local.

5 Tenez compte des règles locales en matière de publications, de comptabilité et de fiscalité. Étudiez les éventuelles implications de votre projet sur le traitement fiscal dans le pays d’origine.

Pour les born globals qui veulent opérer à l’échelle mondiale, il est important d’avoir conscience qu’une expansion à l’étranger n’est pas dénuée de risques.

Pour les born globals qui souhaitent opérer à l’échelle mondiale, il est important d’avoir conscience qu’une expansion à l’étranger n’est pas dénuée de risques. Même le projet le plus bétonné peut échouer. Cela dit, la peur de l’inconnu comporte également des risques. C’est principalement le cas lorsque les marchés existants stagnent et mettent en péril le potentiel de croissance de l’entreprise. Si la concurrence a déjà fait le pari de l’internationalisation, il devient difficile de garantir l’avenir de l’entreprise. Préparez l’opération largement à l’avance. Une étude de faisabilité solide permettra d’élaborer la formule la plus indiquée. Tôt ou tard, vous devrez cependant trancher. Si vous hésitez trop longtemps, le risque existe que la concurrence vous prenne de vitesse. Les chefs d’entreprise qui réussissent savent évaluer les risques et trouver le juste équilibre. L’internationalisation est alors la conséquence naturelle de leur capacité à mettre en balance risque et rendement.

Hilde Goosens director EY hilde.goossens@be.ey.com T. 0476 90 59 05

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Croissance

Supplément en collaboration avec EY

EYNOVATION ET STARTUPS.BE MAINS DANS LA MAIN

Wouter Desmet (EY) et Karen Boers (Startups.be) © Frank Toussaint

Les réseaux dans les starting-blocks Nous pouvons mettre en contact les chefs d’entreprise débutants et les décideurs de notre réseau étendu.

EYnovation, le programme start-up d’EY, collabore désormais avec Startups.be, le one stop shop pour les jeunes entreprises technologiques. Leur objectif commun ? Réaliser le rêve des jeunes chefs d’entreprise belges. Karen Boers, Managing Director de Startups.be, et Wouter Desmet, associé chez EY Subsidia, nous expliquent les tenants et aboutissants de cette collaboration.

Qu’offrez-vous aux jeunes chefs d’entreprise ambitieux? Wouter Desmet, Associé chez EY Subsidia

Karen Boers: “Les jeunes chefs d’entreprise technologiques doivent souvent conquérir très rapidement les marchés internationaux. Pour eux, il est dès lors crucial de trouver le plus rapidement possible les bonnes personnes, les bons investisseurs et les bonnes organisations de réseautage. Autrefois, le paysage belge des incubateurs, accélérateurs, réseaux et investisseurs était très fragmenté. Startups.be les a tous regroupés en une plateforme unique. En d’autres termes, nous sommes le lieu de rencontre idéal pour les 1.200 start-ups avec lesquelles nous sommes en contact, et quelque 85 organisations spécialisées.” “Notre autre atout, c’est la création d’une marque unique pour les starters, qui est reconnaissable à l’étranger, et défend leurs intérêts d’une seule voix auprès des pouvoirs publics.Nous représentons une masse critique désormais suffisante pour être entendus au

niveau international, et sommes toujours présents aux événements internationaux.” Wouter Desmet: “Avec notre package EYnovation (lire l’encadré), nous offrons à des starters prometteurs un accès à notre réseau international étendu, qui se compose notamment de nombreux décideurs du monde de l’entreprise. Ce sont précisément ces personnes qui sont difficilement accessibles au starter. Nous pouvons les faire entrer directement en contact. Nous organisons également des initiatives comme les séances Launchpad, où les starters ont la possibilité de présenter directement leurs idées à plusieurs directeurs d’entreprises réputées. Lorsque la rencontre se passe bien, la carrière du starter prend souvent une tournure nettement plus rapide.”

Pour le starter technologique belge, quel est le facteur de succès critique? Wouter Desmet: “Pour le starter qui ambitionne de s’étendre à l’international, le facteur-clé, c’est une introduction de marché très rapide et ciblée, par exemple au travers d’une acquisition locale. En Belgique, les starters manquent un peu d’audace. Ils attendent trop longtemps avant de démarcher le client parce qu’ils veulent pouvoir leur présenter un produit parfaitement au point. Ils perdent ainsi du temps. Or, le timing est crucial.” “Je note aussi un manque de concentration. Les starters entrevoient


Croissance

souvent tant de possibilités d’application pour leur produit qu’ils ne se concentrent pas clairement sur un débouché pour la commercialisation.“ Karen Boers: “Les starters belges sont en effet relativement prudents et nos investisseurs font preuve de beaucoup de retenue. Dans notre pays, il n’est pas simple de lever plusieurs millions d’euros pour ouvrir des filiales sur trois continents simultanément. Cependant, l’ambition nourrissant un tel projet peut justement faire la différence entre le succès et l’échec.”

Voie de la croissance Quelle est la voie à emprunter pour une start-up technologique ? Karen Boers: “Dans une première phase, lorsque l’entreprise développe encore son premier produit, il faut entrer rapidement en contact avec des personnes disposant d’expérience commerciale. Les starters adoptent trop fréquemment le point de vue technologique. Des négociations précoces avec des chefs d’entreprise plus expérimentés constituent dès lors un premier reality check (confrontation à la réalité). Les chefs d’entreprise chevronnés poseront très rapidement des questions relatives aux réalités du marché.” Wouter Desmet: “Les start-ups à peine créées demandent surtout conseil à la famille et aux amis. Ce ne sont pourtant pas les meilleurs conseillers; ils n’osent pas poser les questions critiques, parfois douloureuses, qui sont toutefois nécessaires pour faire avancer la réflexion. Un coach externe avec des connaissances et de l’expérience, qui pose les bonnes questions, est incontournable.” Karen Boers: “Dans une deuxième phase, lorsqu’un premier produit est mûr, il faut séduire la clientèle le plus rapidement possible. C’est l’étape incontournable, indiscutable. Même si le produit n’est qu’en phase bêta, rendez-vous sur le marché. Vendez ce que vous pouvez et continuez de développer votre produit avec l’aide du client.” Wouter Desmet: “Ce n’est qu’à ce moment-là, lorsque vous aurez de l’attraction, et idéalement quelques clients ou au moins plusieurs prospects intéressants, que vous pourrez partir en quête d’investisseurs. Vous aurez en effet plus de poids à la table des négociations. Une présentation PowerPoint et une idée forte ne suffisent généralement pas. Et si vous trouvez tout de même des investisseurs alors que votre produit n’a pas démontré son potentiel de marché, ils exigeront une trop grosse part du gâteau en échange de leur petit effort financier.”

Comment le chef d’entreprise peut-il dès lors financer ces premières phases ? Wouter Desmet: “Jusqu’à ce que l’entreprise soit assez mature pour solliciter un investisseur externe, il est préférable de conserver les rênes. La formule idéale consiste encore à arriver le plus loin possible à partir de sa propre épargne et des fonds de fools, friends and family. Vous montrerez du reste de cette façon que vous êtes conscient des coûts et que vous êtes en mesure de réaliser de grandes choses à partir de fonds limités. Cet argument ne manquera pas de séduire les investisseurs.”

Karen Boers: “Le financement externe n’est pas toujours nécessaire. Je connais une petite entreprise bruxelloise, Woorank, qui n’a jamais levé de capitaux externes. Elle compte une cinquantaine de collaborateurs. Les fondateurs se sont lancés dès le départ dans la vente. Avec les premiers succès remportés, ils ont embauché du nouveau personnel et ont continué de développer leurs produits. Woorank a grandi de manière organique et a rapidement fait ses premiers pas à l’étranger.” Wouter Desmet: “Ce qui peut aider également, c’est l’attention consacrée en phase précoce à la quête de subsides. Les pouvoirs publics constituent une source de financement complémentaire. Pour la phase initiale, plusieurs subsides existent, parfois complétés d’emprunts. Assurez-vous d’être bien conseillé.” “Il est aussi important, dans la phase de recherche de financements, de faire concorder capitaux et phases d’évolution. Jusqu’où mes propres fonds me permettront-ils d’aller? Comment obtenir, à partir des premiers subsides, un produit viable et éventuellement décrocher une première vente ? Ne gaspillez pas d’argent pour des fonctionnalités que personne n’attend, mais concentrez-vous sur l’atout qui vous permettra de séduire le prochain investisseur.” “Notez enfin qu’il est essentiel de vous faire assister lorsque cela est nécessaire et de concentrer votre énergie sur vos points forts. Si vous collaborez avec un fournisseur de technologies par exemple, faites appel à des conseillers externes afin de conserver le droit de propriété intellectuel au sein de votre entreprise.”

Belgique Quels sont nos points forts en Belgique, quels aspects peuvent être améliorés ? Karen Boers: “Nous concevons des produits innovants, robustes et techniquement au point, qui recèlent un très grand potentiel. Ces qualités sont reconnues. Nous avons énormément de connaissances dans ces matières, grâce à nos universités et nos centres de connaissances. Non seulement les spin-offs, mais toutes les entreprises qui naissent tout autour au sein de la community sont très bien considérées. Ce qui nous manque parfois, c’est le flair et l’ambition. Beaucoup d’entreprises se contentent de vendre sur le marché local ou d’embaucher quinze à vingt personnes, alors que leur potentiel est bien plus grand.” Wouter Desmet: “Le chef d’entreprise belge manque en effet d’ambition et plus souvent encore de l’argent nécessaire pour réaliser ses ambitions. Le problème est connu : les investisseurs sont assez frileux en Europe, à plus forte raison encore en Belgique. Aux États-Unis, les starters obtiennent bien plus facilement des financements, ce qui nourrit leurs ambitions. Heureusement, nous avons aussi pas mal de talents chez nous, qui y parviennent malgré tout.”

Surfez vers www.eynovation.be pour de plus amples informations et une première entrevue.

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EYnovation: accompagnement des starters jusqu’au leadership EY lance EYnovation afin de soutenir l’émergence des leaders de marché de demain et de contribuer activement à un monde plus efficace. S’inspirant du succès rencontré aux Pays-Bas, la formule est désormais proposée en Belgique aux starters prometteurs. “Nous croyons beaucoup à l’esprit d’entreprise”, commente Wouter Desmet, associé EY Subsidia. “C’est pour cette raison que nous souhaitons investir dans notre relation avec des starters ambitieux et des sociétés de croissance, et nous engager de manière proactive dans leur parcours, du proof-ofconcept au leadership. De cette façon, EYnovation se traduit par un renforcement de notre portefeuille de clients, ce qui est important dans le tissu économique actuel en rapide mutation.” “EYnovation a pour objectif de soutenir de jeunes entreprises à forte croissance dans leur parcours vers le leadership de marché”, résume Wouter Desmet. “Grâce à une formule d’abonnement modulable et simple, nous offrons aux chefs d’entreprise un accès direct au conseil en ligne avec nos normes de qualité les plus élevées. Nous leur donnons également accès à notre réseau mondial de connaissances sectorielles et d’expertise technique. Chaque participant se voit attribuer un interlocuteur fixe, qu’il peut solliciter sans frais supplémentaires pour toute question. Qui plus est, la participation à des ateliers autour de EY GrowthNavigator, de subsides ou de la propriété intellectuelle, est également intégrée dans le package.”

Philippe Verhoeven associé EY Accountancy T. 03 270 13 36 philippe.verhoeven@be.ey.com Wouter Desmet associé EY Subsidia T. 09 242 51 06 wouter.desmet@be.ey.com


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Fiscalité

Supplément en collaboration avec EY

LE GOUVERNEMENT CHOIE LES ENTREPRISES DÉBUTANTES

Trois incitants fiscaux pour les start-ups D’un côté, les chefs d’entreprise débutants ont généralement besoin d’importants financements externes; de l’autre, de plus en plus d’entrepreneurs et de particuliers souhaitent investir dans des entreprises jeunes, prometteuses ou en forte croissance. Le gouvernement fédéral a donc décidé de rapprocher ces deux groupes à l’aide de mesures fiscales concrètes, mais aussi d’aider les start-ups en réduisant leurs charges salariales.

Les petites et moyennes entreprises jouent un rôle crucial dans notre économie. Non seulement elles génèrent un dynamisme économique sain, mais elles apportent également une contribution importante à la création d’emplois. Au niveau européen, quelque 85% des nouveaux postes sont créés par des PME. Pourtant, il est souvent difficile pour les PME – et surtout dans la phase de démarrage – de soutenir la concurrence des plus grandes entreprises. Décrocher un financement relève du tour de force pour ces petites et moyennes entreprises, même armées d’un business plan solide et d’excellentes perspectives de croissance. Les organismes financiers, les bailleurs de fonds traditionnels, exigent en effet d’importantes garanties de remboursement. Simultanément, l’épargne privée atteint des sommets inédits en Belgique. Les business angels recherchent des opportunités de rentabiliser leurs connaissances et leurs capitaux au sein de startups. Même les particuliers ont la possibilité d’apporter leur contribution au financement d’une entreprise débutante, par exemple par le biais du crowdfunding. Avec la loi-programme 2015 dont

Il peut s’agir d’un apport direct, d’un investissement par le biais d’une plateforme de crowdfunding ou de l’acquisition de participations dans un fonds agréé qui investit dans des PME débutantes. Les parts reçues en échange d’un investissement dans un tel fonds starter doivent en principe être conservées pendant quatre ans. Il est réjouissant de constater que le gouvernement ne joue pas uniquement la carte des bailleurs de fonds classiques, mais se montre également attentif aux formes de financement alternatives comme le crowdfunding. Cette forme de financement permet de récolter des capitaux pour un but défini au sein du grand public via l’Internet, sans l’intervention d’un organisme de crédit. Elle jouit déjà d’une grande popularité dans plusieurs pays et enregistre une croissance rapide en Belgique.

le texte a récemment été publié au Moniteur belge, le gouvernement Michel I a tenu compte de cette réalité. Il a introduit trois mesures destinées à aider les start-ups à trouver plus facilement des capitaux.

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Réduction d’impôt en cas d’investissements dans une PME débutante

La première de ces mesures est l’introduction d’une réduction d’impôts pour les personnes privées qui investissent dans une PME débutante. Pour un apport en espèces dans le cadre de la constitution d’une société ou d’une augmentation de capital dans les quatre ans à compter de sa création, l’investisseur peut bénéficier d’une réduction d’impôts de 30% à l’impôt des personnes physiques. Ce pourcentage est majoré à 45% s’il s’agit d’une micro-entreprise, une société qui ne dépasse pas certains critères en matière de total du bilan, de chiffre d’affaires et de nombre de salariés occupés. Les sociétés existantes peuvent également avoir droit à la nouvelle mesure pour autant qu’elles aient été constituées au plus tôt le 1er janvier 2013.

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de réduction à l’impôt des personnes physiques

Avec la loi du 25 avril 2014, notre pays dispose d’ailleurs d’un cadre légal pour le crowdfunding. Dans la mesure où il est souvent difficile pour une entreprise d’obtenir des financements par les canaux classiques, l’assimilation de cette méthode de financement innovante est une initiative intéressante. Pour avoir droit au régime préférentiel, il faut respecter plusieurs critères. Tout d’abord, le montant donnant droit à la réduction d’impôts est plafonné à 100.000 euros par contribuable et par période imposable. Deuxièmement, les investissements qui représentent plus de 30% du patrimoine social de l’entreprise ne donnent lieu à aucune réduction d’impôts. Enfin, l’entreprise ne peut recevoir plus de 250.000 euros au total pour l’application du régime préférentiel.


Fiscalité

Cette mesure accorde un avantage fiscal aux personnes qui décident d’investir dans une entreprise débutante. En outre, il est possible de bénéficier, sous certaines conditions, d’un taux d’imposition réduit de 15 ou 20% sur les dividendes qui découlent de cet investissement. Pour éviter les abus, la loi prévoit plusieurs exclusions. Ainsi les investissements dans des sociétés immobilières ou les sociétés de gestion ne sont-ils pas concernés. Idem pour l’apport d’un chef d’entreprise dans sa propre société. Le texte de loi n’exclut cependant pas le taux préférentiel pour les membres de la famille du dirigeant d’entreprise. Heureusement, le législateur a choisi d’éviter de multiplier les conditions, restrictions et contrôles. Cette simplicité permet d’espérer un succès sur le terrain et la réalisation rapide des objectifs espérés.

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Les PME dispensées de verser 10% du précompte professionnel

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Dispense partielle de versement du précompte professionnel

La dernière mesure destinée à soutenir les chefs d’entreprise débutants ne vise pas les investissements de business angels ou d’autres personnes privées: il s’agit d’une dispense partielle de versement de précompte professionnel. Les PME et les personnes physiques qui opèrent par le biais d’une société unipersonnelle et répondent formellement aux critères d'une PME bénéficieront désormais des charges salariales réduites pendant les quatre premières années à compter de leur constitution. Elles ne devront pas verser au Trésor public 10% du précompte professionnel lié aux rémunérations versées à leurs travailleurs après le 1 août 2015. Ce taux est relevé à 20% pour les micro-entreprises. Seules les entreprises en difficulté sont exclues de ce régime. er

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Réduction d’impôts pour les intérêts provenant de prêts attribués à des entreprises débutantes

Une deuxième mesure concerne les prêts accordés par des personnes privées à des PME ou micro-entreprises débutantes. Si ces prêts sont accordés via une plateforme de crowdfunding agréée, le prêteur privé pourra bénéficier d’une réduction d’impôts sur les intérêts perçus. L’exonération s’applique uniquement durant les quatre premières années du prêt. Son montant est également plafonné: elle ne concerne que les intérêts correspondant à la première tranche de 15.000 euros du prêt accordé. Les prêts doivent avoir une durée minimale de quatre ans et avoir été conclus après le 1er août 2015.

L’exonération sur les intérêts se concerne que la première tranche de

15.000

Les canaux de financement alternatifs pour les start-ups deviennent plus attrayants.

Avec les trois mesures énoncées, le gouvernement espère donner un coup de pouce aux chefs d’entreprise débutants et favoriser l’esprit d’entreprise. Les deux premières mesures inciteront – du moins peut-on l’espérer – de nombreuses personnes à investir dans le rêve d’un entrepreneur. Selon le club de Business Angels Netwerk Vlaanderen, l’investissement moyen dans une start-up est compris entre 25.000 et 250.000 euros.

Wout Coppens associé EY Private Client Services wouter.coppens@be.ey.com T. 02 774 93 08

Kimberley De Plucker consultant EY Private Client Services kimberley.de.plucker@be.ey.com T. 09 242 51 02



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