Private Banking (octobre 2022)

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Quand votre banquier a quelque chose à vous dire

Supplément de L’Echo l jeudi 20 octobre 2022
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«Ce qu’il se passe sur les marchés ne ralentit pas nos plans de croissance»
Les questions sur la durabilité, de simples formalités
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Les banquiers privés ne raffolent pas des cryptos
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SABINE CAUDRON
DEGROOF PETERCAM PAGE 8

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Les turbulences boursières érodent les actifs des banques privées

L’énorme incertitude sur les marchés financiers pèse aussi sur les patrimoines confiés par les riches Belges à leurs banquiers privés et gestionnaires patrimoniaux. Toutefois, la plupart des acteurs du secteur n’ont pas modifié leurs plans de croissance.

Les nombreux gestionnaires patrimoniaux, banques privées et autres acteurs de niche dont le cœur de métier consiste à offrir des services financiers à de riches clients, ont connu plusieurs années de forte croissance. La hausse des marchés d’actions et la stabilité des flux d’actifs entrants provenant de nouveaux et anciens clients cherchant désespérément des moyens d’obtenir du rendement de leurs liquidités, ont permis aux banques privées belges d’augmenter régulièrement leurs actifs sous gestion.

Mais ce e tendance semble s’inverser. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les avoirs confiés aux banques privées et aux gestionnaires patrimoniaux par les Belges sont en baisse.

Grandes banques*

BNP Paribas Fortis Private Banking & Wealth Management

KBC & CBC Private Banking & Wealth

Belfius Private Banking & Wealth Management

ING Belgique Private Banking

Grandes banques privées

Degroof Petercam

Delen Private Bank Belgique Deutsche Bank

«Tous les gestionnaires patrimoniaux qui investissent en bourse pour leurs clients sont impactés.»

Selon une enquête de la rédaction, les banques privées, sociétés de bourse, gestionnaires patrimoniaux et autres spécialistes belges affichaient, fin juin, environ 454 milliards d’euros d’actifs sous gestion, contre 483 milliards un an plus tôt. La rédaction a interrogé tant les filiales de grandes banques belges et étrangères que des acteurs de taille moyenne et banques de niche actifs dans notre pays.

La raison de ce recul? À cause de la guerre en Ukraine, de la hausse des taux d’intérêt et de l’explosion de l’inflation, les marchés financiers ont pris d’énormes gifles au cours des derniers mois. Le Bel 20, l’indice phare de la Bourse de Bruxelles, l’Euro Stoxx 500 et l’indice américain S&P 500 ont perdu ce e année plus de 20% de leur valeur. Le marché obligataire n’est pas mieux loti. Par conséquent, les patrimoines gérés par les banquiers privés pour le compte de leurs clients se sont retrouvés sous forte pression.

«Tous les gestionnaires patrimoniaux qui investissent en bourse pour leurs clients sont impactés», réagit Maarten Rooijakkers de CapitalatWork Foyer, un acteur de taille moyenne actif dans notre pays. «Étant donné les circonstances, nous nous en tirons encore relativement bien, car nous ne suivons pas les indices et nous gérons les portefeuilles de façon dynamique. En outre, il est plus que jamais important de communiquer en toute transparence avec les clients et de leur expliquer comment nous sommes positionnés en tant qu’investisseurs. Car vous ne pouvez pas vous cacher. Que vous ayez investi en actions, en obligations, voire en cryptodevises, aujourd’hui, tout baisse.»

Clients en a ente Malgré les turbulences boursières, les clients ne semblent pas vouloir qui er la bourse. L’été dernier, la Banque Delen a indiqué que l’impact négatif des événements sur les marchés financiers était en grande partie compensé par l’afflux de nouveaux actifs. La majeure partie de ces «inflows» provient même de nouveaux clients.

ABN AMRO Private Banking Belgium Puilaetco

Van Lanschot Belgique & Mercier Vanderlinden

Banques de taille moyenne et acteurs de niche

Banque de Luxembourg Belgium

Rothschild & Co Wealth Management Belgium

Edmond de Rothschild

CapitalatWork Foyer Group

Econopolis / Twain

Indosuez Wealth Management en Belgique

Banque Transatlantique Belgium

Leleux Associated Brokers

Quaestor Vermogensbeheer

Banque Nagelmackers

Dierickx Leys Private Bank

Leo Stevens & Cie CBP Quilvest Belgium

Accuro Wealtheon Value Square FinFactor

DDEL Portfolio Solution

Pire Asset Management Merit Capital

«Des personnes qui ont des projets dans l’immobilier veulent lever le pied au cours des deux ou trois prochaines années.»

Cela ne signifie pas pour autant que les clients ne se soucient pas de ce qui se passe en bourse, souligne René Havaux, administrateur délégué de la Banque Delen. «Les flux, les dépôts de clients restent bons, mais sont légèrement inférieurs à ceux de 2021, qui était une année record. Nous remarquons également que les clients a endent un peu plus longtemps avant de placer leur argent en bourse. Si la situation perdure, nous ne pourrons plus les convaincre avec l’argument qu’il n’y a plus d’alternative aux investissements en actions. Si les taux continuent à augmenter, certains se satisferont des rendements obligataires de 3,4 ou 5%.»

«Aujourd’hui, certains clients préfèrent en effet accumuler des liquidités», reconnaît Maarten Rooijakkers de CapitalatWork. «Auparavant, ils auraient peut-être plus rapidement investi dans l’immobilier. Mais depuis que les taux ont recommencé à augmenter, ces investissements sont pratiquement au point mort.»

«Aujourd’hui, j’entends en effet des personnes ayant lancé des projets dans l’immobilier dire qu’elles comptent lever le pied au cours des deux ou trois prochaines années», explique Steven Maertens, responsable du marché flamand pour la Banque de Luxembourg. «Le private equity a également perdu en popularité. Jusqu’à tout récemment, ces investissements cartonnaient auprès des clients fortunés. Ceux-ci ne sont pas encore près de liquider leurs portefeuilles, mais préfèrent a endre avant de réaliser de nouveaux investissements, en espérant que les valorisations

454,1

Les banques privées, sociétés de bourse, gestionnaires patrimoniaux et autres spécialistes belges a ichaient, fin juin, environ 454 milliards d’euros d’actifs sous gestion, contre 483 milliards d’euros un an plus tôt.

du marché du private equity continueront à baisser.»

Acteurs dominants Où en est aujourd’hui le marché belge de la banque privée? Comme toujours, les quatre grandes banques belges dominent le secteur. Fin juin, les Belges fortunés détenaient au total 297,5 milliards d’euros chez BNP Paribas Fortis, KBC, Belfius et ING Belgique. Ce chiffre comprend les services de banque privée traditionnels ainsi que les services «wealth», réservés aux clients les plus fortunés. Chaque institution a sa propre définition d’un client «banque privée». Chez l’une, le seuil d’accès a été fixé à un million d’euros, tandis que chez d’autres, il suffit de posséder 250.000 euros. Les clients disposant d’au moins 250.000 euros et n’appartenant pas au segment de la banque privée d’autres grandes banques ont également été inclus, afin d’établir une comparaison aussi précise que possible. Les grandes banques privées, qui représentent un peu moins de 116 milliards d’euros d’actifs sous gestion, accueillent un nouvel acteur. Grâce à l’acquisition de Mercier Vanderlinden, la

10,0

5,8 4,6 4,0 3,5 3,0 3,0 2,9 2,6 1,9 1,9 1,8 1,3 1,0 0,7 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,3

société néerlandaise Van Lanschot Kempen dispose désormais d’un total de 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion.

Degroof Petercam et la Banque Delen restent les principaux acteurs de ce segment avec respectivement 35 et 32 milliards d’euros sous gestion. Au cours des deux dernières années, Deutsche Bank s’est également imposée sur le marché comme un spécialiste du conseil en investissement et d’autres services destinés aux clients fortunés. La filiale belge du géant bancaire allemand a terminé le premier semestre de l’année avec 16 milliards d’euros d’actifs sous gestion.

De leur côté, les banques privées de taille moyenne et les acteurs de niche représentent 40,7 milliards d’euros. Le plus grand nom de ce segment est la Banque de Luxembourg Belgique (6 milliards d’euros). Le plus petit nom – Merit Capital – pourrait apparaître dans ce tableau pour la dernière fois. La maison anversoise a déposé le bilan au début de l’automne après une longue agonie.

Davantage d’ambition et de collaborateurs

Les marchés financiers semblent aller dans toutes les directions et les clients se montrent plus prudents. Mais pour l’instant, ce e situation ne semble pas pousser la plupart des banques privées à modifier leurs plans de croissance. Au contraire: certaines institutions ont encore relevé leurs ambitions. Ainsi, KBC a annoncé son intention d’ouvrir plusieurs agences de banque privée dans notre pays pour, à terme, doubler leur nombre, qui passera de 14 à 29. Au même moment, KBC facilite l’accès des candidatsclients à ses services de banque privée. Jusqu’à récemment, il fallait disposer d’au moins un million d’euros à investir pour faire partie de ce club. Désormais, le seuil a été abaissé à 250.000 euros.

KBC est loin d’être la seule banque à vouloir davantage imprimer sa marque sur le marché de la banque privée. La banque d’État Belfius souhaite notamment étendre son réseau à une soixantaine de «private houses» d’ici 2025, contre cinq aujourd’hui. D’autres petites banques continuent à chercher des possibilités de se développer. «Nous sommes par exemple à la recherche de banquiers privés dans les provinces d’Anvers et du Limbourg», explique Steven Maertens de la Banque de Luxembourg. «À terme, nous espérons ouvrir une agence dans ces deux régions. Mais si des opportunités se présentent de recruter des personnes compétentes ailleurs, nous les saisirons.»

Ces ambitions se traduisent aussi par l’augmentation du nombre d’employés. Fin juin, les banques privées et gestionnaires patrimoniaux ayant participé à notre enquête comptaient 5.810 collaborateurs, soit une hausse de 3% en un an. En dehors des profils commerciaux, les banques continuent à recruter des informaticiens et des spécialistes en conformité («compliance») pour s’aligner sur les réglementations – de plus en plus strictes – au sein du secteur. Avec la «guerre des talents» et la flambée inflationniste, les banques privées doivent également ouvrir plus grand leur portefeuille. Si l’on y ajoute la baisse des actifs sous gestion due aux circonstances du marché, les marges bénéficiaires pourraient se retrouver davantage sous pression.

Formidable 2021

Dans le secteur, on ne semble toutefois pas dramatiser. «Ces dernières années, nous avons beaucoup misé sur la gestion discrétionnaire, en d’autres termes, les clients nous mandatent pour gérer leur portefeuille», explique Steven Maertens (Banque de Luxembourg). «Par conséquent, nous avons enregistré un flux plus important de revenus récurrents qu’auparavant. Dans le passé, les clients conservaient davantage de cash, ce qui nous coûtait de l’argent. Aujourd’hui, il est plus rentable de me re son argent au travail.»

Le patron de Delen, René Havaux, ne s’inquiète pas outre mesure. «2021 fut une année formidable. Il n’est donc pas anormal que le ratio entre les coûts et les revenus affiche une légère baisse et revienne à des niveaux ‘habituels’. Bien entendu, nous continuons à surveiller les coûts par rapport aux revenus que nous générons de notre gestion d’actifs. Ce n’est pas un exercice difficile. La question qui se pose cependant est de savoir combien de temps ce e situation durera et quel sera son impact sur nos actifs sous gestion.»

2.889 931 970 368 620 2.230 1.002 479** 84 323 175 167 691 30 48 43 65 30 41 50 133 27 26 23 37 14 11 17 16 15 7 18 40 297,5 113,3 72,0 69,0 43,2 115,9 35,4 31,6 16,0 11,9 11,0
40,7
Patrimoine géré en milliards €
Nombre de salariés
454,1 milliards € patrimoine géré nombre de salariés
5.810
APERÇU DU MARCHÉ BELGE DU PRIVATE BANKING ET DE LA GESTION DE FORTUNE
Les actifs sous gestion ont été communiqués par la société au 30/6/2022, sauf pour Edmond de Rothschild et Pire Asset Management (chi res 2021) et Merit Capital (estimation). Les acteurs du marché non mentionnés n'ont fourni aucune information ou des informations insu isantes. Dans les grandes banques, le seuil d'entrée di ère et les clients ayant des actifs de plus de 250.000 euros et un service personnalisé ont également été inclus. Ce chi re comprend tous les employés du groupe en Belgique (y compris Private Banking, Investment Bank, Asset Management et Asset Services). Source: Mediafin
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Private banking

Quand votre banquier a quelque chose à vous dire

L’année boursière 2022 est en bonne voie de devenir une annus horribilis. La guerre en Ukraine, la crise énergétique et l’inflation galopante me ent à l’épreuve la résistance au stress des investisseurs. Les marchés d’actions internationales se négocient en moyenne 20% en dessous de leur niveau de la fin de l’an dernier. Un retour à la réalité pour de nombreux investisseurs – débutants ou aguerris – dont les actions n’avaient fait que grimper ces dernières années.

Traditionnellement, les obligations – une classe d’actifs plus défensive – se comportent bien en période d’incertitudes macroéconomiques et jouent le rôle d’amortisseur dans les moments difficiles. Mais ce ne fut pas le cas ce e année. Pour contenir l’inflation galopante, les banques centrales relèvent leurs taux à grande vitesse. Après des années de taux très bas, voire négatifs, l’environnement des taux a radicalement changé. C’est une mauvaise nouvelle pour les obligations car elles perdent de la valeur lorsque les taux montent. Par conséquent, les marchés obligataires affichent, eux aussi, des résultats particulièrement mauvais ce e année.

Communiquer en toute transparence

Les banquiers privés sont donc confrontés à la tâche peu enviable d’expliquer à leurs clients pourquoi la plupart des lignes de leurs portefeuilles sont dans le rouge. Une bonne discussion autour d’un café suffira-elle?

«Nous offrons systématiquement une tasse de café à nos clients, mais à l’heure

actuelle, un sucre en plus ne ferait pas de mal», lance avec un clin d’œil Benoit Leloup, conseiller et responsable des contacts avec la clientèle auprès de la banque privée Puilaetco. «Nous essayons de toute façon d’informer nos clients de façon proactive, que les nouvelles soient bonnes ou mauvaises, entre autres via nos le res d’information et les relevés de portefeuilles. Ce qui caractérise l’an dernier, c’est que les investisseurs défensifs ont, eux aussi, vu la valeur de leur portefeuille fortement baisser. Aujourd’hui, il est particulièrement important de communiquer avec eux en toute transparence», explique Benoit Leloup.

Même son de cloche chez les autres banquiers. «Nous essayons d’accorder plus d’a ention aux investisseurs défensifs», explique Ive Mertens, CEO de la banque privée Leo Stevens. «Ceux qui investissent en actions sont en effet plus habitués aux soubresauts de la bourse. N’oubliez pas non plus que, ces dernières années, ils ont pu profiter des importantes hausses de cours», poursuit-il. «Et ils n’ont pas perdu la totalité de ces plus-values. Pour les profils défensifs, qui détiennent davantage d’obligations, ce e période est encore plus difficile. La rapide hausse des taux a fortement touché les portefeuilles obligataires, ce qui nécessite parfois des explications supplémentaires.»

Sous le matelas

Sur ce plan, la digitalisation n’a pas facilité

le métier de banquier privé. «Auparavant, les obligations étaient placées en sécurité dans un coffre-fort ou sous le matelas. Chaque année, les détenteurs percevaient le coupon et ce, jusqu’à l’échéance, où l’obligation était remboursée.» En d’autres termes, les clients n’étaient pas en train de vérifier à tout moment la valeur de leurs obligations. La situation a complètement changé: «Aujourd’hui, les investisseurs voient quasiment tous les jours le cours de leur obligation changer, ce qui les rend parfois nerveux», continue Ive Mertens.

Tom Hollants, banquier privé chez Van Lanschot, confirme ce e tendance: «Vu qu’à l’heure actuelle les clients reçoivent tous les trois mois un relevé de leur portefeuille, ils sont obligés de voir la réalité en face. Et cela suscite parfois des questions. C’est pourquoi il est nécessaire – surtout pour les clients au profil défensif – de faire le point sur leur situation de manière plus détaillée. En particulier parce que les profils défensifs sont généralement ceux qui ne suivent pas de près la situation des marchés».

Il faut donc accorder plus d’a ention aux investisseurs défensifs. Mais aucun client n’a (encore) décidé de sortir du marché, ce qui contraste grandement avec la crise financière de 2008-2009. Par dépit, de nombreux particuliers avaient définitivement tourné le dos à la bourse.

Tom Hollants poursuit: «Ces derniers mois, nous avons remarqué qu’il était de plus en plus difficile de convaincre les clients d’investir leurs liquidités, alors que

les valorisations commencent à redevenir intéressantes. Mais bien entendu, les clients lisent et entendent les mauvaises nouvelles dans la presse et à la télévision, ce qui les rend réticents. Ce e dimension psychologique joue également au niveau des gestionnaires de fonds, qui sont tentés de garder des liquidités en réserve».

Un avenir imprévisible «Nous expliquons clairement aux clients que le malaise boursier actuel pourrait durer plus longtemps que lors de la dernière crise où, après le krach lié au coronavirus, les bourses s’étaient reprises presque plus rapidement qu’elles n’avaient chuté», explique Stefan De Beukelaer, gestionnaire patrimonial chez Accuro. «Ce n’est pas le cas actuellement, même si nous remarquons que certains clients l’espèrent. Mais les banquiers ne peuvent pas se cacher sous leur bureau pour éviter de délivrer un message désagréable.»

Enfin, il n’est pas toujours simple, même pour les professionnels, de prévoir les évolutions macro-économiques. Le monde évolue rapidement et certains événements se produisent de manière ina endue. Il suffit de penser à l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie, un conflit qui a totalement bouleversé la réalité économique. «Nous continuons à insister sur l’importance d’avoir une vision à long terme», ajoute Benoit Leloup de Puilaetco. «Et il est impossible de prédire l’évolution des prix à court terme sur les marchés boursiers», précise Stefan De Beukelaer. «Mais nous savons que l’inflation finira par ralentir et que le ciel économique s’éclaircira. Ce message suffit pour rassurer de nombreux clients.»

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Pour les investisseurs, l’année boursière 2022 est un vrai casse-tête. Les banquiers privés ont constaté que les clients devenaient de plus en plus nerveux. «Mais nous ne pouvons pas nous cacher sous notre bureau pour éviter de délivrer un message désagréable.»
«Nous essayons d’accorder plus d’attention aux investisseurs défensifs.»
IVE MERTENS CEO DE LEO STEVENS
«Il est de plus en plus di icile de convaincre les clients d’investir leurs liquidités, alors que les valorisations commencent à redevenir intéressantes.»

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Les questions «durabilité» du banquier: une simple formalité

Depuis le 2 août, les banquiers (privés) sont tenus d’interroger leurs clients sur leurs préférences en matière d’investissements durables. Mais en l’absence de normes claires et de données concernant le caractère durable des investissements, ces questions sont un coup dans l’eau. Leur impact sur la composition des portefeuilles est limité.

L’Europe joue depuis longtemps un rôle de pionnier dans le «verdissement» des portefeuilles d’investissement. Les autorités travaillent depuis des années à la définition de ce qu’est une activité «durable» – la taxonomie – et, depuis l’an dernier, les gestionnaires de produits d’investissement doivent indiquer dans quelle mesure ceux-ci intègrent des caractéristiques de «durabilité». Le développement durable s’est aussi récemment invité au sein des règlementations européennes Mifid, qui imposent des règles de conduite aux banques et aux fournisseurs de produits financiers.

Depuis le 2 août, ces prestataires sont obligés d’interroger leurs clients sur leurs préférences en matière de durabilité et d’ajuster leurs portefeuilles en conséquence. Ce e obligation

ne vaut que pour les clients ayant signé un contrat de gestion discrétionnaire ou un contrat de conseil en investissement avec leur banque (privée). Les clients qui gèrent eux-mêmes leurs avoirs («execution only») ne sont logiquement pas concernés par ce e règle.

Trois questions

Tout d’abord, il sera demandé au client s’il souhaite que sa banque ou sa compagnie d’assurances tienne compte de critères de développement durable au moment de composer son portefeuille ou de prodiguer des conseils. Si la réponse est positive, le client devra répondre à trois questions. Il devra notamment

indiquer quel pourcentage de son portefeuille devra être investi de façon durable et ensuite quel pourcentage devra être écologiquement durable. Ici, il est uniquement (et provisoirement) question d’environnement. Enfin, le client devra indiquer à quels impacts négatifs sur l’homme et l’environnement il ne souhaite pas être exposé via ses investissements. Il pourra par exemple indiquer qu’il préfère exclure les entreprises qui ne s’intéressent pas (encore) à l’égalité des genres au niveau du management. Ces questions viendront s’ajouter aux questionnaires de connaissances posés par la banque pour définir les profils de risque de leurs clients. Elles devront être posées tant

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6 L’ECHO JEUDI 20 OCTOBRE 2022
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aux nouveaux clients qu’aux clients existants. Si vous avez rencontré votre banquier ou s’il vous a prodigué des conseils en investissement après le 2 août, vous avez peut-être déjà répondu à ces questions. Si vous n’avez pas rencontré votre banquier depuis ce e date, ces questions vous seront posées lors de votre prochain rendez-vous.

Un impact très limité Même si de nombreux clients n’y ont pas encore répondu, il est déjà possible de tirer certaines conclusions de ces questionnaires.

Chez BNP Paribas Fortis Private Banking qui, selon ses propres dires, aurait déjà interrogé une «proportion importante» de sa clientèle, 80% auraient indiqué que leur portefeuille devait tenir compte de critères de durabilité.

Mais lorsqu’il leur a été demandé d’indiquer leurs préférences spécifiques, comme le pourcentage minimum devant être investi dans des produits durables, la toute grande majorité ne semble pas avoir voulu entrer dans le détail.

«Seuls 2% des clients ont indiqué vouloir intégrer des critères ESG spécifiques», nous indique-t-on à la banque.

Chez Degroof Petercam, où

plusieurs centaines de clients ont déjà été interrogés, ces derniers semblent également s’intéresser à la durabilité mais, ici aussi, sans préciser leurs préférences. «Il existe encore à ce jour de nombreuses incertitudes. Par exemple, les règles de l’autorité de contrôle européenne, l’ESMA, n’étaient pas encore définitivement fixées lors de l’envoi du questionnaire. Nous avons constaté que les clients souhaitaient reporter leurs choix précisément à cause de ces incertitudes et de l’instabilité des marchés», explique-t-on chez Degroof Petercam.

Aujourd’hui, une chose est cependant claire: ces questionnaires n’ont jusqu’ici eu qu’un impact limité sur les portefeuilles. «Ces dernières années, nous avons déjà consenti des efforts importants pour améliorer notre offre sur le plan de la durabilité», explique-t-on chez Belfius. «Ceux qui sont satisfaits de l’offre actuelle ne ressentent pas immédiatement le besoin de modifier leur portefeuille sur la base de leurs préférences en matière de durabilité. Nos clients s’intéressent beaucoup à la durabilité, certes, mais ne sont

Chez BNP Paribas

Fortis Private Banking, 80% de la clientèle déjà interrogée auraient indiqué que leur portefeuille devait tenir compte de critères de durabilité.

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Si un client souhaite que son portefeuille comprenne au minimum 50% de produits durables sur le plan environnemental, il risque de se retrouver bredouille.

pas très motivés à fixer des pourcentages spécifiques pour leur portefeuille.»

Absence de données

Pour les banques, c’est plutôt une bonne nouvelle. En effet, le taux de «durabilité» de la plupart des produits financiers n’est pas encore connu. Cela s’explique non seulement par le cadre règlementaire – toujours en évolution – mais aussi par le manque de données sur les entreprises. Celles-ci ne devront communiquer leur taux de durabilité de manière standardisée qu’à partir de l’an prochain. Et il ne s’agira que de 11.000 sociétés européennes. Il faudra a endre 2025 pour que le champ d’application soit étendu aux plus petites entreprises, ce qui portera à 50.000 le nombre de sociétés concernées par les règles de reporting. Mais même avec cet élargissement, le reporting restera strictement européen. Une normalisation internationale est en cours, mais ces règles ne sont pas a endues dans l’immédiat. Ce e situation n’est bien entendu pas idéale dans le contexte d’investissements mondiaux.

Conséquence: les banques se retrouveraient face à de vraies difficultés si les clients décidaient

d’un pourcentage minimum de durabilité pour leurs portefeuilles. «Les pourcentages que nous appliquons aujourd’hui dépendent de la disponibilité des données sur les activités des entreprises dans lesquelles nous investissons», explique-t-on chez Belfius. «Il n’existe par exemple aujourd’hui aucun fonds prêt à s’engager à comprendre un minimum d’investissements durables sur le plan environnemental. La règlementation européenne en préparation devrait améliorer la situation, mais nous nous a endons à ce que ces données ne soient disponibles qu’au cours des années à venir», ajoute-t-on chez Belfius.

En d’autres termes, si un client indique qu’il souhaite que son portefeuille comprenne au minimum 50% de produits durables sur le plan environnemental, il risque de se retrouver bredouille car sa banque ne pourra lui proposer aucun produit d’investissement répondant à ce critère. Ce questionnaire sur les souhaits des investisseurs en matière de durabilité n’est donc aujourd’hui rien de plus qu’une formalité légale. Il faudra plus de temps pour qu’il soit réellement pertinent.

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Sabine Caudron

La barreuse de Degroof Petercam

Cinq mois après avoir pris ses nouvelles fonctions, Sabine Caudron doit piloter la division private banking de Degroof Petercam dans une période particulièrement agitée sur les marchés financiers. «Malgré tout, la plupart de nos clients gardent leur calme. Nos gestionnaires patrimoniaux semblent parfois plus inquiets.»

INTERVIEW

La carrière de Sabine Caudron aurait pu prendre une autre tournure si on lui avait enseigné une autre technique d’aviron. La patronne belge de la branche banque privée de Degroof Petercam travaille depuis une trentaine d’années dans le monde financier. Mais au début des années 1990, lorsque Sabine Caudron est rentrée en Belgique après avoir étudié aux États-Unis, elle avait d’autres ambitions.

Pendant son séjour aux USA – «mon père voulait que nous puissions vivre le rêve américain» –, Sabine Caudron s’est inscrite au club d’aviron de son université. Avec succès car, à son retour en Belgique, elle s’est rapidement retrouvée sur le radar de l’équipe olympique belge d’aviron, qui a vu en elle une parfaite candidate pour les Jeux olympiques de 1992 à Barcelone.

«Mais, hélas, je n’ai pas été sélectionnée», se souvient-elle. «Non pas parce que je ne ramais pas suffisamment fort, mais parce que la technique que j’avais acquise aux États-Unis était différente de la technique utilisée en Europe. L’aviron a forgé mon caractère: pour moi, la combinaison entre persévérance et esprit d’équipe est essentielle. Et je continue à faire de l’aviron. Le week-end dernier, j’ai encore participé à une compétition de vétérans.»

Pour quelqu’un qui, selon ses propres dires, s’est retrouvé «par hasard» dans le monde bancaire, Sabine Caudron peut se targuer de s’être construit une solide carrière en tant que banquière privée. Après avoir occupé des fonctions de direction au sein de la banque privée de BNP Paribas Fortis (anciennement Fortis Banque) et de concurrents comme Puilaetco, elle a rejoint il y a quatre ans Degroof Petercam, le plus important prestataire de services financiers pour les clients fortunés en dehors des quatre grandes banques.

Depuis l’annonce inopinée du départ de l’ancien patron, Bruno Colmant, en mai dernier, Sabine Caudron dirige le

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PIETER SUY © JONAS LAMPENS

«L’aviron a forgé mon caractère: pour moi, la combinaison entre persévérance et esprit d’équipe est essentielle.»

SABINE CAUDRON HEAD OF PRIVATE BANKING DE DEGROOF PETERCAM

Sabine Caudron: J’ai commencé ma carrière financière dans les années 1990. Je n’ai jamais vécu une situation comme celle que nous connaissons aujourd’hui, à savoir une hausse des taux soudaine provoquant une baisse des marchés. Mais heureusement, nous nous sommes armés pour y faire face. Nous investissons différemment et nous optons plus souvent pour des obligations à court terme, plus de liquidités et plus d’actions de valeur. Nous ne considérons pas la situation des marchés financiers comme catastrophique, mais nous restons vigilants.

Entre-temps, vous continuez à développer la branche de banque privée de Degroof Petercam. Non seulement vous souhaitez vous développer en Flandre, mais aussi dans le reste du pays, au Luxembourg et en France. SC: Nous nous développons déjà dans toutes ces régions. Dans le secteur, la Flandre est généralement considérée comme une région à fort potentiel et nous comptons ouvrir une nouvelle agence au nord d’Anvers. Mais en Wallonie également, certaines agences sont très actives. En France, notre présence est encore modeste, mais nous comptons aussi nous y développer.

«Je souhaite que notre banque soit proche de ses clients et j’ai aussi à cœur de satisfaire notre personnel.»

SABINE CAUDRON HEAD OF PRIVATE BANKING DE DEGROOF PETERCAM

Private banking

département de banque privée du groupe bruxellois. Ce e parfaite trilingue n’a pas pu s’installer tranquillement dans sa nouvelle fonction: ces derniers mois, les marchés financiers ont subi de lourdes pertes à cause de l’incertitude croissante provoquée par la guerre en Ukraine et la hausse des taux.

«Bien entendu, j’aurais préféré démarrer avec des bourses basses qui n’auraient fait que monter», réagit-elle. «Mais nous avons dans le passé connu d’autres périodes difficiles sur les marchés. Aujourd’hui, nos clients nous posent beaucoup de questions et nous essayons de les aider autant que possible. Mais je dois dire que la plupart gardent leur calme. Bon nombre d’entre eux sont clients chez nous depuis longtemps, souvent même depuis plusieurs générations. Et ils ont compris que ce qui descendait finissait par remonter. Parfois, j’ai l’impression que nos gestionnaires sont plus inquiets que nos clients, car ils sont responsables de la gestion de leurs avoirs.»

«Certains clients nous demandent si le moment est venu d’acheter», poursuit Sabine Caudron. «Nous insistons toujours sur le fait que nous ne possédons pas de boule de cristal. Ce qui se passe en bourse ne suit pas toujours l’économie réelle. Ce n’est pas parce qu’il y a de mauvaises nouvelles que les bourses baisseront automatiquement. Nous disons toujours qu’il est dangereux de sortir totalement du marché: si vous manquez les meilleures journées de bourse, l’année entière peut être compromise.»

Comment comparez-vous ce qui se passe aujourd’hui avec les précédentes crises boursières?

Qui est Sabine Caudron?

> Sabine Caudron a succédé à Bruno Colmant en mai 2022 à la tête de la branche banque privée de Degroof Petercam.

> Elle connaît à fond ce e banque bruxelloise: en 2018, elle a rejoint le groupe en tant que responsable de la division banque privée à Bruxelles, pour ensuite se hisser à la tête de la division banque privée en Flandre.

> Avant de rejoindre Degroof Petercam, elle affichait déjà un solide palmarès dans le secteur, avec des fonctions de top management chez BNP Paribas Fortis ainsi que chez Puilaetco Dewaay.

> Parfaite trilingue, elle a étudié l’économie à l’Université de Californie à San Diego, où elle faisait partie de l’équipe d’aviron. De retour en Belgique au début des années 1990, elle a été repérée par l’équipe olympique belge d’aviron.

Au vu de la situation actuelle, nous ne nous lancerons pas immédiatement dans de nouveaux projets. Nous allons d’abord nous réorganiser pour fournir le service le mieux adapté à chaque client. Alors que nous proposions plus ou moins le même service à tous nos clients, nous allons désormais travailler par segments. Cela ne signifie pas que nous répartirons nos clients selon l’importance de leurs avoirs, mais selon leurs besoins. Par exemple, ceux qui possèdent une entreprise familiale ont des besoins différents des indépendants ou des dirigeants de grandes sociétés internationales.

Ce e approche est-elle différente de celle de votre prédécesseur, Bruno Colmant? SC: De nombreuses idées étaient déjà présentes. Vous ne m’entendrez jamais dire que je suis la grande stratège derrière ce e approche. Mais je ferai en sorte que ces projets soient mis en œuvre. Pour cela, je souhaite que notre banque soit proche de ses clients et j’ai aussi à cœur de satisfaire notre personnel. Il faut leur perme re de développer leur créativité et leur esprit d’entreprise. Bon nombre de nos clients sont par ailleurs des entrepreneurs. Dans ce sens, le «droit à l’erreur» pour nos collaborateurs est très important. Il faut leur perme re de se tromper quand ils prennent des initiatives.

N’était-ce pas suffisamment le cas auparavant?

SC: C’était différent. Mon prédécesseur était intellectuellement très fort et me ait l’accent sur d’autres aspects. Comme moi, Bruno Colmant insistait beaucoup sur l’importance des formations. Nous a endons de nos banquiers privés, planificateurs patrimoniaux et gestionnaires de portefeuilles qu’ils maintiennent leurs connaissances à jour et disposent du niveau de formation adéquat.

Trouvez-vous facilement les bonnes personnes pour réaliser ces plans de croissance?

SC: Nous avons eu quelques années difficiles, mais c’est du passé. Depuis quelques mois, nous constatons d’ailleurs une nouvelle dynamique au sein de la banque. Cela facilite grandement la mise en œuvre de nos plans, quel que soit le

sentiment du marché. Nous sentons que les candidats banquiers privés et planificateurs patrimoniaux l’ont bien compris. Degroof Petercam est devenu un employeur plus a irant. On entend souvent dire que tout le monde dans le secteur pêche dans le même étang. Mais nous essayons de trouver d’autres solutions. Nous ne devons pas toujours aller chercher nos planificateurs patrimoniaux dans les autres banques. Nous pouvons par exemple trouver de bons juristes dans une étude notariale ou dans un cabinet d’avocats. Cela vaut aussi pour nos banquiers privés: certains de nos employés sont d’anciens patrons d’entreprise qui se sont reconvertis.

Pendant que vous déployez votre stratégie de croissance, la concurrence ne reste pas inactive. Les grandes banques comme Belfius et KBC en particulier se sont récemment lancées sur le marché de la banque privée. SC: Il est toujours sain d’avoir des concurrents. Mais je ne suis pas convaincue que les grandes banques aient la même image que Degroof Petercam. Nos actionnaires sont des familles belges, qui sont là depuis longtemps, qui connaissent à fond le marché et comprennent que notre métier est axé sur le long terme. Ce e année est difficile et les résultats pourraient être légèrement en baisse, comme partout. Mais nos actionnaires savent que c’est le cycle normal des choses et ne nous pousseront pas à faire tout et n’importe quoi pour réaliser à tout prix des bénéfices à court terme. Nous voulons bien entendu déployer notre réseau aussi efficacement que possible, mais il ne s’agit pas uniquement d’obtenir le meilleur ratio coûts/ bénéfices. Notre modèle consiste à offrir le meilleur service et à disposer des meilleurs experts, et nous voulons que cela se sache. Chez certains acteurs, il peut être plus difficile de voir les choses comme ça et il est possible qu’ils subissent plus de pression de leurs actionnaires. Nous ne connaissons pas ce décalage.

«Ce qui se passe en bourse ne suit pas toujours l’économie réelle. Ce n’est pas parce qu’il y a de mauvaises nouvelles que les bourses baisseront automatiquement.»

SABINE CAUDRON HEAD OF PRIVATE BANKING DE DEGROOF PETERCAM

Avant de rejoindre Degroof Petercam en 2020, votre carrière a pris un tournant important lorsque vous avez décidé de devenir professeure de mathématiques dans un collège à Bruxelles. Qu’y avez-vous appris qui vous aide aujourd’hui à votre poste de patronne d’une banque?

SC: Après 30 ans dans le secteur de la banque privée, j’ai eu envie de faire autre chose et donner des cours figurait sur ma bucket list. J’ai donné des cours de mathématiques pendant une année dans un collège jésuite. J’ai trouvé ce e expérience fantastique. Mais lorsque Bruno Colmant m’a demandé de revenir, j’ai compris que mon vrai métier était la banque et que je pouvais encore y apporter une contribution.

S’il ne m’avait pas appelée, je serais peut-être encore enseignante aujourd’hui. C’est très différent, c’est un autre monde, surtout avec des enfants. Me trouver en face d’une classe me donnait énormément d’énergie. Je continue à m’appuyer sur ce e expérience. Nous devons avoir plus de respect pour les enseignants: ces personnes travaillent tellement dur pour si peu d’argent! Même si nous comptons des enseignants parmi nos clients (elle rit). Donner cours m’a permis de relativiser les choses au sein de la banque. Cela a toujours été un de mes points forts, mais mon passage dans l’enseignement l’a encore renforcé.

L’ECHO JEUDI 20 OCTOBRE 2022 9

Les banques privées ne plébiscitent pas les cryptomonnaies et les NFT. Mais elles gardent un œil a entif sur ces actifs ultra-volatils.

Les banquiers privés jouent la prudence sur la crypto

B itcoin, Ethereum, Ripple, Cardano, Dogecoin… Tous ces actifs sont bien connus des cryptoinvestisseurs. Mais ils ne font pas encore partie du langage familier des gestionnaires de fortune. Nous avons interrogé un échantillon de banques privées représentatives du marché. Toutes jouent la prudence… avec quelques nuances.

Premier constat: ces derniers temps, les banquiers privés ne sont pas noyés de demandes relatives aux rendements escomptés sur les placements en cryptomonnaie. «La crypto génère un nombre très limité de questions», indique Wim D’Haese, head investment strategist chez Deutsche Bank. «Le nombre d’interrogations a baissé ces derniers mois», explique-t-on chez KBC. «Depuis le crash du Terra-Luna, nous sommes beaucoup moins sollicités sur les cryptos et les NFT(*)», pointet-on chez Belfius Private Banking.

Il faut dire que l’heure n’est pas à l’euphorie du côté du bitcoin et de ses acolytes. Depuis le début de l’année, le marché traverse une phase de glaciation. Après avoir a eint des sommets fin 2021 (jusqu’à 68.000 dollars pour un bitcoin!), la star des cryptomonnaies a plongé dans les abîmes, entraînant dans son sillage les quelque 21.000 monnaies virtuelles alternatives en circulation. Le bitcoin végète aujourd’hui aux alentours de 20.000 dollars. C’est l’hiver crypto.

Une période austère Ce e période austère refroidit les ardeurs des investisseurs. Quelques audacieux se demandent quand même s’il n’y a pas de bonnes affaires à réaliser à la faveur de ce «bear market». «Les questions viennent surtout de jeunes clients qui cherchent des éclaircissements sur la sécurité, la technologie et les risques. Ils sont a irés par la nouveauté, par la technologie ou par l’idée d’essayer ce e nouvelle forme d’investissement avec un petit montant de départ», détaille-t-on chez KBC.

Quelle que soit la banque privée, ces clients aventureux ne seront pas encouragés à sauter dans le bain bouillonnant de la crypto. Pour l’instant, les gestionnaires de fortune tournent clairement le dos à ces actifs alternatifs largement dérégulés. «Actuellement, les cryptos sont très volatiles, illiquides et ne perme ent pas de réduire le risque par la diversification. Au contraire, elles ajoutent du risque dans les portefeuilles. Nous ne voyons pas de valeur ajoutée à les intégrer dans notre allocation d’actifs», tranche Wim D’Haese (Deutsche Bank). «Ce n’est pas un placement que l’on recommande», avance Nicolas Sopel, senior macro strategist chez Quintet Private Bank, le groupe de banques privées dont fait partie Puilaetco.

Les gestionnaires de fortune conseillent à leurs clients de passer leur chemin. Ce discours s’inscrit logiquement dans la ligne adoptée par les grandes banques belges au sujet des cryptomonnaies, qu’ils considèrent comme des actifs marginaux, dangereux et peu dignes d’intérêt. «BNP Paribas Fortis ne donne aucun conseil en rapport avec les cryptomonnaies et déconseille fortement l’achat de cryptomonnaies en invitant ses clients à ne pas effectuer d’achat de cryptomonnaies par le biais de comptes détenus par la banque», rappelle BNPPF.

Les gestionnaires de fortune me ent les clients en garde sur l’extrême volatilité des cryptomonnaies. Ces placements sont effectivement ultra-risqués. Mais des actifs plus «agressifs», aux rendements potentiellement plus élevés que la moyenne, n’ont-ils pas leur place dans un portefeuille d’investissement, qui se doit d’être diversifié? «D’après certains analystes, les cryptos étaient censées être des actif décorrélés des actifs traditionnels. Depuis le début de l’année, on voit bien que ce n’est pas du tout le cas. Le S&P 500 a perdu 23% de sa valeur. Dans le même temps, le bitcoin perdait 60% de sa valeur! C’est un actif spéculatif», tranche Nicolas Sopel (Puilaetco). Certains défenseurs du bitcoin le voient comme une

réserve de valeur. Une option là aussi balayée par un de nos interlocuteurs: «Parmi les hypothèses avancées par les promoteurs de ces produits, nous avons déjà entendu parler d’un ‘or numérique’. Force est de constater qu’ils sont beaucoup moins protecteurs et que le rôle de valeur refuge ne peut pas être retenu», soulignet-on chez Nagelmackers.

Un marché encore balbutiant Si les banquiers privés ne proposent pas de crypto-placements, ils ne s’interdisent pas d’observer ce marché encore balbutiant. «Les cryptos et les NFT ne sont pas des thématiques d’investissement que nous proposons ni que nous conseillons à nos clients. Ce qui ne nous empêche pas pour autant de nous y intéresser et de suivre l’évolution du marché», indique-t-on chez Degroof Petercam. Il faut dire que le taux d’adoption de la crypto est en pleine ascension. Plus de 500.000 Belges détiennent aujourd’hui de la cryptomonnaie. Si la crypto séduit surtout les jeunes générations, elle n’est plus réservée à un public de geeks. Pour les banques, il est important de s’informer sur ce marché en construction. «Un certain nombre de nos analystes suivent l’évolution du marché. Mais tant que le régulateur ne nous y autorise pas, nous ne nous positionnerons pas sur ce marché.

Donc pour le moment, proposer des investissements dans la crypto n’est pas à l’ordre du jour», évoque Wim D’Haese (Deutsche Bank).

Chez Nagelmackers non plus, on ne proposera pas de placement de la crypto. Mais la banque privée, qui a régulièrement été sollicitée sur le sujet en 2021, laisse une porte entrouverte: «On peut comprendre que certains clients veulent faire un pari important sur l’avenir, et déroger à notre a itude prudente. Dans ce cas, nous suggérons d’isoler une petite somme qui n’est alors plus considérée dans le contexte de gestion de patrimoine et avec laquelle on peut ‘jouer’ sur les nombreuses plateformes. Nous me ons en garde sur la nécessité de s’adresser à un acteur de confiance et de vérifier les frais qui

S’ils n’intègrent pas de produits cryptos dans leurs portefeuilles, les gestionnaires de fortune ne s’interdisent pas de proposer des investissements dans des sociétés liées à l’univers crypto.

s’appliquent aux nombreux produits proposés», explique Dirk Huybrecht, responsable marketing et communication chez Nagelmackers.

S’ils n’intègrent pas de produits cryptos dans leurs portefeuilles, les gestionnaires de fortune ne s’interdisent pas de proposer des investissements dans des sociétés liées à l’univers crypto. Chez Puilaetco, on s’intéresse notamment aux entreprises travaillant sur la technologie de la blockchain, qui sous-tend le fonctionnement de la cryptomonnaie. Même chose chez Pire Asset Management: «Au niveau de la clientèle en gestion de portefeuille, il n’y a, à ce jour, pas de position directe, ni indirecte. Par contre, de nombreux clients détiennent des actions cotées qui sont liées au fonctionnement du système, telles que Nvidia, TSMC, Mastercard, Visa, etc.

Quelques clients qui décident eux-mêmes de leur investissement détiennent des sicav qui investissent dans des sociétés opérant au sein du métavers ou de la blockchain», détaille Arnaud Jamar, administrateur délégué de Pire Asset Management. La banque privée ira même prochainement un peu plus loin: «D’ici peu, nous lancerons une offre de gestion thématique qui sera composée essentiellement d’ETF sur des thèmes prome eurs. Elle intègrera un ETF sur la blockchain», ajoute Arnaud Jamar.

Mais pour investir directement dans la crypto, il faudra trouver un autre point de chute que la banque privée. Du moins pour le moment. Chez Nagelmackers, on évoque un horizon de temps finalement pas si lointain: «Proposer des produits cryptos n’est pas à l’ordre du jour et ne le sera vraisemblablement pas pour plusieurs mois encore».

(*) Non fongible token ou jeton non fongible, NDLR.

«D’après certains analystes, les cryptos étaient censées être des actif décorrélés des actifs traditionnels. Depuis le début de l’année, on voit bien que ce n’est pas du tout le cas.»

© ANP XTRA
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“Un guichet unique pour la gestion d’actifs et la constitution de pension”

Soutenue par Allianz Global Investors (Allianz GI), Allianz Belgium offre à ses clients un guichet unique pour tous leurs besoins en matière d’investissements, de gestion d’actifs et de constitution de pension. Et ces solutions gérées activement sont accessibles à un public-cible des plus larges. “Fondamentalement, nous proposons des services de personal/private banking à taille humaine”, précisent trois spécialistes d’Allianz.

En tant qu’assureur, Allianz gérait en 2021 un total de plus de 1.966 milliards d’euros d’actifs pour ses clients du monde entier. Et au sein de ce groupe, Allianz Global Investors (Allianz GI) détenait 673 milliards d’euros d’actifs en portefeuille à la fin de l’année dernière.

Quels sont les instruments de placement utilisés par Allianz GI aujourd’hui?

Paul Bonroy, Head of Technical Life Individual Belgium & Netherlands chez Allianz: “Un tiers de ce qu’Allianz GI investit et gère dans le monde est constitué de fonds d’actions, un tiers de fonds d’obligations et un tiers de fonds mixtes et de stratégies hors Bourse. Une sélection de ces produits est proposée en Belgique par le biais du vaste réseau de courtage d’Allianz Benelux.”

Per-Johann Reichert, Head of Allianz New Networks: “Avec Allianz Belgium, nous garantissons aux clients un guichet unique pour tous leurs investissements. Notre gestion active est assurée par une équipe de plus de 640 professionnels, avec nos partenaires présents dans le monde entier au cœur des marchés sur lesquels les investissements sont réalisés.”

Pourquoi optez-vous résolument pour la gestion active?

Fabrice Heuts, Commercial Director Life & Health chez Allianz: “Grâce à une surveillance continue et à une gestion active, nous pouvons prendre des mesures immédiates et ciblées si nécessaire. Par exemple, si les fonds ne répondent pas aux attentes ou sont dépassés, nous les retirons du mix et nous les remplaçons. Nos solutions ne sont pas statiques: elles vivent et respirent!”

Paul Bonroy: “La gestion active fait partie intégrante de notre ADN. Nous offrons aux clients la possibilité d’investir dans des classes d’actifs spécifiques, nous ne nous limitons pas à suivre simplement un indice de référence. Grâce à notre gestion active, nous voulons battre l’indice de référence à long terme.”

Quelles solutions d’investissement Allianz Benelux propose-t-elle et en quoi sont-elles innovantes?

Paul Bonroy: “L’une de nos principales formules d’investissement est construite selon une architecture ouverte. Il s’agit essentiellement d’une solution d’investissement, définie par Allianz GI et complétée par des propositions d’autres gestionnaires d’actifs à condition qu’ils répondent à nos critères d’éligibilité stricts. Notre solution à architecture ouverte assure une bonne diversification et fait ses preuves depuis de nombreuses années. Nous ne sautons pas d’une tendance à l’autre: nous visons des rendements durables.”

Per-Johann Reichert: “Le cœur de cette solution à architecture ouverte est constitué de trois fonds à stratégie mixte. Il s’agit en fait de fonds destinés à des profils d’investissement différents. Nous modifions leur composition en fonction, entre autres, de la situation et des perspectives du marché. La gestion active, par exemple, nous permet d’investir plus ou moins fortement dans les actions, et ce, dans les limites fixées par le règlement de gestion.”

Comment la durabilité est-elle intégrée dans votre processus d’investissement?

Per-Johann Reichert: “Nous sommes pionniers dans ce domaine depuis 1999. Le développement durable est fermement ancré dans nos valeurs d’entreprise. Nous avons notamment une solution d’investissement durable avec un impact mesurable pour un monde meilleur. Bien entendu, nous recherchons également des rendements durables à long terme. Nous visons une qualité élevée, avec des solutions de long terme.”

Paul Bonroy: “Concrètement, notre solution d’investissement cible la durabilité et un impact positif dans au moins un des 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, sans avoir d’impact négatif sur les autres ODD. Forts de plus de deux décennies d’expérience dans le domaine de l’ISR, nous sommes l’un des

rares opérateurs du marché à offrir cette expertise complète, avec des produits spécialisés que nous suivons grâce à nos propres recherches.”

Per-Johann Reichert: “Nous investissons entre autres dans des entreprises engagées dans la lutte contre la crise climatique, une plus grande équité dans la société, une exploitation équilibrée des ressources et les technologies de purification de l’eau.

Nous sommes très transparents sur les ODD que nous ciblons lorsque nous investissons dans telle ou telle entreprise, et sur l’évolution des objectifs en question. Les investisseurs peuvent par ailleurs choisir parmi de nombreux fonds d’impact et concentrer leur investissement sur un ou plusieurs ODD auxquels ils souhaitent contribuer activement.”

Allianz a développé une solution d’investissement personnel. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?

Paul Bonroy: “Les clients y sont activement investis en fonction de leur profil d’investisseur, au sein d’un vaste univers de fonds d’actions et d’obligations dans des segments bien définis. L’ajout de thèmes spécifiques dans ces portefeuilles de fonds fournit une orientation d’investissement intéressante, par exemple au travers d’obligations convertibles et à haut rendement, ou de stratégies d’actions spécifiques.”

Fabrice Heuts: “C’est aussi une solution très orientée clients. Et très transparente, car les clients peuvent suivre leurs investissements via un site Web: la façon dont nous gérons et allouons leurs actifs, l’évolution de leur valeur, etc.”

Est-il vrai que les clients peuvent choisir séparément les trois solutions d’investissement mentionnées, mais aussi les combiner?

Fabrice Heuts: “C’est exact. Cette diversification et ces choix rendent notre approche unique dans le monde de l’investissement. En outre, ces solutions sont accessibles à un large public-cible.”

Per-Johann Reichert: “Alors que les services de personal/private banking de certains fournisseurs ne sont accessibles qu’à partir d’un capital très élevé, les clients peuvent profiter des solutions d’investissement d’Allianz à partir de 6.200 euros. On peut y voir une forme de personal/private banking à taille humaine.”

Forts
de plus de deux décennies d’expérience dans le domaine de l’ISR, nous sommes l’un des rares opérateurs du marché à offrir cette expertise complète. Paul Bonroy, Head of Technical Life Individual Belgium & Netherlands chez Allianz “
Cette
diversification et ces choix rendent notre approche unique dans le monde de l’investissement. Fabrice Heuts, Commercial Director Life & Health chez Allianz “ Nos clients peuvent accéder aux solutions d’investissement d’Allianz à partir de 6.200 euros. Per-Johann Reichert, Head of Allianz New Networks “ © STUDIO DANN © STUD O D A NN Vous désirez en savoir plus sur l’offre d’investissement d’Allianz? scannez le code QR Partner Content offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Allianz est responsable du contenu. PA RTNER CONTENT Une initiative d’

«Pour investir, les femmes veulent davantage être informées»

Les femmes et la finance, c’est tendance. Géraldine Biebuyck et Donatienne van Houtryve, banquières privées chez Lombard Odier, témoignent de l’intérêt de plus en plus prononcé des femmes pour l’investissement, la gestion de patrimoine et le monde de la banque en général, avec comme point d’accroche l’investissement durable. «La banque reste un secteur où les hommes sont majoritaires mais le développement de l’investissement durable va a irer de plus en plus de femmes», assurent-elles.

En tant que femmes, quelle plus-value apportez-vous à vos clients par rapport à des confrères?

Géraldine Biebuyck: Nous avons les mêmes expertises que nos collègues masculins. C’est plutôt dans les «soft skills» (compétences liées aux qualités humaines, NDLR) que nous pouvons nous différencier. En tant que femmes banquières, je dirais que nous avons tendance à parler de manière plus didactique aux clients. Quand nous avons des femmes en face de nous, nous pouvons nous identifier à elles, à leur manière de vivre et à leur cadre de vie. Et la réciproque est vraie.

Donatienne van Houtryve: Ce e approche plus didactique du métier répond à une demande de notre clientèle féminine. Les clientes a endent de recevoir plus d’explications et d’informations sur les différents investissements que nous leur proposons. Elles souhaitent bien comprendre ce dans quoi elles vont investir.

Ce e approche plus didactique, est-ce une compétence acquise ou est-ce lié à votre personnalité?

GB: On développe ces compétences naturellement. Avoir assuré des formations dans le passé y contribue mais on en apprend davantage au fur et à mesure et on

a envie de le transme re.

D’après certaines études, les femmes qui investissent prendraient moins de risques et obtiendraient ainsi de meilleurs rendements que les hommes.

DVH: Une étude de Fidelity de 2017 conclut que les investisseuses gagneraient 1% de plus mais grâce à la diversification: ce n’est pas tellement en rapport avec la prise de risque. Les femmes ont généralement tendance à épargner davantage qu’à investir. Elles

«Quand elles investissent, les femmes ne prennent pas plus ou moins de risques qu’un homme.»

Les curieux lisent. Les futés investissent.

Les investisseuses ont besoin de bien connaître le placement envisagé pour se lancer, constatent Géraldine Biebuyck et Donatienne van Houtryve (Lombard Odier).
12 L’ECHO JEUDI 20 OCTOBRE 2022 Private banking
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Investir comporte des risques. Votre investissement peut perdre de la valeur.

Private banking

identifient leurs besoins à court terme, avec comme priorité leur famille, la transmission du patrimoine, la succession. Elles veulent donc garder une flexibilité. Mais quand elles investissent, elles ne prennent pas plus ou moins de risques qu’un homme. Les profils Mifid (profils de risque des investisseurs dressés en application d’une directive européenne, NDLR) le démontrent.

Les femmes hésitent-elles plus que les hommes à investir?

DVH: En tout cas, elles ont besoin de bien comprendre l’investissement avant de franchir le pas. Une étude de JPMorgan montre que 46% des femmes ont besoin d’être rassurées; un banquier ou une banquière augmentera leur sentiment de sécurité.

GB: L’épargne répond à leur souhait de simplicité, d’accessibilité et de flexibilité. Elles vont moins facilement investir parce qu’elles ne se sentent pas suffisamment aptes à comprendre

la complexité des investissements. Elles veulent d’abord en apprendre davantage sur le fonctionnement de ces mécanismes financiers. Nous pouvons les accompagner à investir une fois ce e étape franchie.

DVH: Une autre étude, de BCG (Boston Consulting Group, NDLR), dit d’ailleurs que les femmes ont tendance à poser plus de questions, à davantage s’informer avant de prendre une décision d’investissement. Une fois ce e étape passée, elles prennent les mêmes risques que les hommes.

Quand elles investissent, les femmes sont-elles plus sensibles à la durabilité?

GB: L’investissement durable est un point d’accroche pour les femmes. Trois quarts des femmes y sont sensibles, contre deux tiers chez les hommes. Je pense d’ailleurs que ces tendances, qui deviennent davantage réglementées, sont susceptibles d’a irer de plus en plus de femmes, tant parmi la clientèle que dans le secteur bancaire. La banque reste un secteur où les hommes sont majoritaires mais le développement de l’investissement durable va a irer de plus en plus de femmes.

DVH: Ce e complexité de la finance qui freine les femmes va être compensée par cet a rait pour les investissements soutenables et qui ont du sens. Ce sont des thématiques auxquelles elles sont sensibles. J’espère que ça va les pousser à s’intéresser davantage à la finance.

La structuration patrimoniale parle-t-elle davantage aux femmes?

GB: Complètement. La thématique de la famille est très importante pour les femmes. Elles vont donc s’intéresser peut-être plus facilement à la notion de sécurité dans la planification successorale et la protection du patrimoine.

DVH: Pour elles, c’est une priorité par rapport à la croissance du patrimoine, qui ne s’ajoutera qu’ensuite. Elles veulent vraiment d’abord couvrir les besoins de la famille en matière de transmission, de succession. Dans un deuxième temps, pour la gestion du patrimoine, beaucoup d’entre elles aiment travailler avec différentes poches: le court terme, soit la gestion du cash pour gérer les besoins quotidiens, le moyen terme où on peut générer un certain rendement en se focalisant sur la protection du patrimoine, et dans le long terme, on va chercher de la croissance, d’abord dans les actifs liquides comme les actions, puis dans des actifs moins liquides comme le private equity (sociétés non cotées, NDLR).

GB: Ce e manière de travailler permet de répondre aux besoins du client. Ça parle beaucoup aux femmes parce que c’est très pratique, très pragmatique. Elles aiment prendre leurs décisions sur des faits et ces solutions sont très factuelles.

La féminisation du monde bancaire est-elle en bonne voie, selon vous?

DVH: Dans le groupe Lombard Odier, il y a 37% de femmes et dans notre bureau de Bruxelles, on est quasiment à 50%. Il y a une tendance de fond.

GB: Le monde bancaire en général reste encore plutôt masculin mais la tendance est là pour augmenter

la part des femmes. L’essor de l’investissement durable conduit à la création de départements entiers où la proportion de femmes est plus élevée.

Dans votre travail, constatez-vous que la diversité des genres est bénéfique?

GB: Oui, nous en sommes convaincues. La diversité apporte un plus. La manière de penser est différente. Ces synergies sont un atout dans nos conversations et nos réunions.

DVH: Toutes les sensibilités sont représentées quand on a des hommes et des femmes autour

d’une table. Je pense que la présence des deux genres enrichit le travail de nos équipes. Et c’est valable dans les deux sens évidemment.

Dans le monde bancaire, y a-t-il encore un plafond de verre, c’est-à-dire un obstacle à l’accession des femmes à des fonctions et des salaires plus élevés?

GB: C’est encore en évolution. On sent qu’il existe une volonté de casser ce plafond de verre.

DVH: La bonne gouvernance peut être le point de départ de ce e démarche. On retrouve ce e préoccupation dans les critères d’a ribution du label B-Corp (une des certifications de durabilité les plus strictes au monde, NDLR) que Lombard Odier a obtenu en 2019.

Vous êtes également entrepreneuses. Cela vous aide-t-il dans votre métier de banquières privées?

GB: En 2015, nous avons cofondé Bsit (une application qui permet de trouver des baby-si ers de confiance via la géolocalisation, NDLR) en partant du constat qu’en tant que mamans actives, nous avions souvent la nécessité de trouver un(e) baby-si er. L’idée est donc née d’un besoin. Aujourd’hui, après une réduction des coûts et un recentrage du business model, nous sommes à l’équilibre.

DVH: Ce e expérience nous permet de mieux comprendre nos clients qui sont entrepreneurs car nous avons nous-mêmes vécu ce e expérience avec toutes les difficultés que cela implique. Et, peut-être grâce à cela, on sent aussi du respect de leur part à notre égard.

Certains voient une experte bancaire.

Nous, nous voyons la partenaire pour votre patrimoine. Quelqu’un qui vous connaît personnellement et qui s’appuie sur l’expertise de l’un des plus grands groupes financiers du monde. C’est ainsi qu’elle peut vous conseiller au mieux afin d’optimiser vos investissements en fonction de vos objectifs et de votre situation personnelle.

Deutsche Bank. La banque de vos investissements.

«L’investissement durable est un point d’accroche pour les femmes. Trois quarts des femmes y sont sensibles, contre deux tiers chez les hommes.»
GÉRALDINE BIEBUYCK BANQUIÈRE PRIVÉE CHEZ LOMBARD ODIER
L’ECHO JEUDI 20 OCTOBRE 2022 13
Donatienne van Houtryve (à gauche) et Géraldine Biebuyck. © ANTONIN WEBER / HANS LUCAS
PUBLICITÉ Marie-Laurence Labonté Senior Advisor Advisory Center Namur
Deutsche Bank AG, 12, Taunusanlage, 60325 Francfort-sur-le-Main, Allemagne, RC Francfort-sur-le-Main n° HRB 30000. Deutsche Bank AG Succursale de Bruxelles, 13-15 avenue Marnix, 1000 Bruxelles, Belgique, RPM Bruxelles, TVA BE 0418.371.094, IBAN BE03 6102 0085 7284, IHK D-H0AV-L0HOD-14. E.R. : Olivier Delfosse deutschebank.be/conseil

Private banking

En Belgique, la fiscalité est très complexe en raison de ses nombreuses exceptions, exonérations et différences de traitement. En outre, les charges sur le travail sont plus élevées que dans la plupart des autres pays.

C’est pourquoi le gouvernement fédéral souhaite mener à bien une vaste réforme de notre système fiscal pour le moderniser, le simplifier et le rendre plus équitable, tout en maintenant une neutralité budgétaire.

Toute baisse de la pression fiscale sur le travail devrait par ailleurs contribuer à augmenter le taux d’emploi.

En juillet, un groupe de fiscalistes et d’économistes, sous la direction du professeur Mark Delanote (Université de Gand), a présenté une note stratégique portant sur une profonde réforme fiscale budgétairement neutre. Peu après, le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), a présenté son propre projet, très proche de celui du groupe de travail Delanote.

Actuellement, ces propositions n’ont pas encore été approuvées. Georges-Louis Bouchez, le président du MR, les a descendues en flèche. Au moment où la valeur des portefeuilles d’investissement fond comme neige au soleil à cause du recul des bourses, les clients des banques privées ne semblent pas s’inquiéter, du moins si l’on en croit plusieurs banquiers privés.

Pourtant, les projets de Van Peteghem pourraient avoir un impact non négligeable. Nous nous sommes focalisés sur les changements possibles de fiscalité en matière de patrimoine et de revenus patrimoniaux.

Le précompte mobilier sera-t-il modifié?

Le groupe de travail Delanote propose une taxe forfaitaire de maximum 30% sur les revenus financiers. Le précompte sur la plupart des revenus d’intérêt et des dividendes se monte aujourd’hui à 30%.

Van Peteghem souhaite abaisser le précompte mobilier à 25%, avec une exonération jusqu’à 6.000 euros pour protéger les petits épargnants et les petits investisseurs. Ce e exonération remplacerait l’exonération – plus limitée – de 980 euros déjà en vigueur pour les intérêts des comptes d’épargne.

Van Peteghem souhaite taxer les plus-values sur actions, obligations et autres produits financiers à hauteur de 15%.

Les plus-values sur actions seront-elles taxées?

Oui, mais pour éviter une double imposition, Delanote propose un taux réduit pour les dividendes et les plus-values sur actions. Les bénéfices des entreprises, qui sont distribués en partie sous la forme de dividendes, sont en effet déjà taxés via l’impôt des sociétés. Le taux réduit applicable aux plus-values compenserait (en partie) l’inflation.

Van Peteghem souhaite taxer les plus-values sur actions, obligations et autres produits financiers à hauteur de 15%. Il souligne que ces plus-values pourront s’accumuler pendant plusieurs années et qu’il sera tenu compte des moins-values. Le Conseil supérieur des finances a calculé qu’en vitesse de croisière, une taxe de 15% sur les plus-values rapporterait 1,8 milliard d’euros. Les moins-values sur actions seront compensées.

La taxe sur les comptes-titres sera-t-elle supprimée?

Oui. La taxe sur les comptes-titres n’apparaît pas dans le projet de Van Peteghem. Aujourd’hui, le fisc perçoit une taxe de 0,15% sur les comptes-titres dont la valeur est supérieure à un million d’euros.

La taxe boursière disparaît également. Elle se monte à 0,35% lors de l’achat et de la vente d’actions, à 0,12% lors de l’achat et de la vente d’obligations, et à 1,32% lors de l’achat et de la vente de fonds d’investissement de capitalisation. La taxe boursière sur l’achat et la vente de trackers (fonds indiciels cotés) dépend du type de tracker et du pays où ils sont enregistrés.

L’épargne-pension restera-telle aussi intéressante?

Delanote remet en question l’avantage fiscal lié à l’épargne-pension individuelle via un fonds ou une assurance (troisième pilier). Les épargnants bénéficient d’un avantage fiscal de 30% sur un maximum de 990 euros par an (en 2022) et de 25% pour ceux qui versent plus de 990 euros, avec un maximum de 1.270 euros.

Delanote et Van Peteghem souhaitent imposer les revenus locatifs réels de la même façon que les revenus financiers.

Le groupe d’experts et le ministre proposent également de modifier la pension complémentaire via l’employeur (deuxième pilier). Ils préconisent d’aligner le traitement fiscal des versements sous forme de rente sur celui des versements sous forme de capitaux, plus avantageux. Van Peteghem souhaite aussi plafonner l’avantage fiscal sur la base individuelle.

Les revenus locatifs seront-ils davantage taxés?

Oui. Delanote et Van Peteghem souhaitent imposer les revenus locatifs réels de la même façon que les revenus financiers. «Plutôt que les taxes sur les transactions, les taxes périodiques sur les actifs immobiliers sont plus favorables à la croissance», estiment les experts. Ils se réfèrent ici aux rapports de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et du FMI (Fonds monétaire international).

Les conséquences éventuelles d’une réforme fiscale pour votre patrimoine

Les grandes lignes de la réforme fiscale en préparation au niveau fédéral sont en train de prendre forme. Quelles seront les conséquences possibles de ce e réforme sur les revenus de votre patrimoine?

Le ministre souhaite utiliser le «rendement théorique» annuel comme base minimale pour la taxe sur les revenus locatifs. Il souligne qu’il tiendra compte des frais élevés d’entretien des bâtiments et prévoit une déduction forfaitaire de 30%. Pour ne pas pénaliser les petits investisseurs, il prévoit une exonération de 6.000 euros qui s’appliquerait à la somme de tous les revenus financiers et immobiliers. Selon les données de la Banque Nationale, les revenus locatifs se montaient en 2020 à environ 12 milliards

Delanote souhaite également inclure un rendement fictif de l’habitation propre. Mais pour éviter tout effet indésirable, l’exonération générale devra être suffisamment élevée afin que les ménages moyens ne soient pas davantage taxés. Van Peteghem souhaitait aussi supprimer l’avantage fiscal pour l’achat d’un deuxième ou d’un troisième bien immobilier, ce qui a été acté dans l’accord budgétaire.

Aujourd’hui, les revenus de biens loués à des fins privées sont taxés sur la base du revenu cadastral indexé, plus 40%. Ce qui reste après déduction des intérêts payés est taxé au taux le plus élevé à l’impôt des personnes physiques. Le revenu cadastral indexé est généralement très inférieur aux revenus locatifs réels.

Les plus-values sur l’immobilier seront-elles également taxées?

Van Peteghem propose de taxer à hauteur de 15% la plus-value réalisée lors de la vente d’un bien immobilier, à l’exception de l’habitation familiale. Aujourd’hui, une taxe de 16,5% s’applique sur la plus-value réalisée lors de la vente d’un immeuble de rapport dans les cinq ans suivant son acquisition.

14 L’ECHO JEUDI 20 OCTOBRE 2022

La planification patrimoniale internationale, un puzzle complexe

résidence. Le gouvernement belge tient compte des droits de succession payés à l’étranger, mais pas des droits de donation.

En matière de droits de donation et de succession, l’Europe est encore un patchwork où chaque pays applique ses propres règles fiscales, sans grande harmonisation. En règle générale, la succession est régie par le droit applicable sur le territoire où est situé le dernier lieu de résidence du défunt. Chaque pays applique ses propres règles en matière de droits de succession, ce qui conduit parfois à des situations de double imposition. «Dans certains cas impliquant plusieurs pays, la succession est taxée à la fois dans le pays de résidence du défunt et dans le pays de résidence des héritiers», explique Niko Hostyn, head of estate planning Flandre chez Degroof Petercam. Parfois, il est possible d’éviter la double imposition en appliquant une mesure nationale unilatérale ou un traité de prévention de double imposition. «À l’heure actuelle, nous ne disposons que de deux traités de prévention de double imposition, signés avec la Suède et la France, contrairement à l’impôt sur le revenu pour lequel la Belgique a signé un traité avec la majorité des pays.» Les droits de donation ne sont pas davantage harmonisés au niveau européen. «Alors que le monde s’internationalise de plus en plus, les

législateurs ne suivent pas toujours», souligne Niko Hostyn. Il est dès lors recommandé de se faire accompagner par des fiscalistes ou des conseillers qui pourront jouer le rôle d’intermédiaires et assurer le lien avec les pays étrangers. Car la législation évolue, ce qui peut avoir un impact sur la planification patrimoniale.

Les enfants des résidents belges devront pratiquement toujours payer des droits de donation ou de succession en Belgique. «Même s’ils vivent à l’étranger depuis des années», précise Evelyne Van der Elst, avocate au cabinet Cazimir et spécialisée en planification patrimoniale internationale, en droit de la migration et en droit social international. Par l’intermédiaire des Régions, la Belgique prélève des droits de succession sur l’ensemble du patrimoine – en Belgique et à l’étranger – d’un résident décédé.

Selon le pays où les enfants résident, il est possible qu’ils doivent également s’acqui er de droits de succession sur leur lieu de

Taxe sur les plus-values Prenons les principaux pays où ce e règle s’applique. La France est un lieu de prédilection pour les Belges désireux d’acquérir une seconde résidence. Grâce au traité de prévention de double imposition en matière de droits de succession, le risque de double imposition en Belgique et en France est relativement limité. Selon ce traité, l’immobilier est taxé dans le pays où il se trouve et pratiquement tout le reste est taxé dans le pays de résidence du défunt. «Mais ce e protection ne s’applique pas aux droits de donation. Si vous faites un don à un enfant qui vit en France, il est plus que probable qu’il devra payer des droits de donation à la fois en Belgique et en France», met en garde Evelyne Van der Elst. Et, si l’on en croit Niko Hostyn, il y a aussi anguille sous roche en matière d’impôt sur le revenu. «De nombreux Belges utilisent une SCI (Société civile immobilière) pour se constituer un patrimoine immobilier en France. Toutefois, en cas de vente des actions de la SCI, des discussions peuvent surgir sur la qualification des plus-values, malgré le fait qu’il existe un traité de prévention de double

imposition en matière d’impôt sur le revenu. En effet, la Belgique considère ces plus-values comme des plus-values sur actions (exonérées d’impôt en Belgique), tandis que l’administration fiscale française les voit comme une plus-value sur l’immobilier, qui est taxable en France. Cela peut se révéler problématique. Le nouveau traité de prévention de double imposition entre la France et la Belgique – qui n’est pas encore entré en vigueur – devrait résoudre ce problème.»

Une question de timing

Si l’enfant habite en Espagne, il faut savoir que les résidents espagnols sont taxés sur la totalité des donations reçues, quels que soient le lieu de résidence du donateur et la situation des biens concernés. Le taux de taxation espagnol dépendra de la région de résidence du bénéficiaire du don. «L’Espagne permet aussi de déduire des droits de donation le montant payé en Belgique, pour autant que le don ne porte pas sur des biens espagnols», poursuit Evelyne Van der Elst. Lors de la donation de biens (immobiliers) espagnols ou si le donateur réside en Espagne, une taxe sur la plus-value viendra s’ajouter aux droits de donation.

Si le donateur déménage à l’étranger, cela aura également des implications. Par exemple, le

fonctionnement du traité de prévention de double imposition signé entre l’Espagne et la Belgique prévoit que les plus-values réalisées sur la vente d’un bien immobilier ou d’un portefeuille d’investissement après un déménagement en Espagne y seront taxées au taux de 19%. Si vous pensez bénéficier de l’exonération des plus-values en Belgique, ce e taxe espagnole sera certainement une mauvaise surprise. Le timing est donc important. Le déménagement des parents en Espagne aura aussi des implications pour les enfants et petits-enfants vivant en Belgique. Lors du décès d’un des parents, l’Espagne ne percevra des droits de succession que si le bénéficiaire vit en Espagne ou si la succession comprend des biens espagnols. La Belgique ne taxe que l’immobilier belge faisant partie de la succession. Autrement dit, les biens mobiliers détenus dans une banque non espagnole seront exonérés des droits de succession si les enfants vivent en Belgique. «Un conseil en or: si vous envisagez de déménager à l’étranger, faites en sorte d’assurer le suivi et la mise en œuvre de votre planification successorale avant votre départ», conclut Evelyne Van der Elst. Cela vous évitera, à vous et à vos héritiers, des maux de tête et des pertes financières.

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L’ECHO JEUDI 20 OCTOBRE 2022 15 Private banking
«Si vous envisagez de déménager à l’étranger, faites en sorte d’assurer le suivi et la mise en œuvre de votre planification successorale avant votre départ.»
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Éditeur responsable : Sabine Caudron. Octobre 2022 I Adresse légale : Banque Degroof Petercam SA, rue de l’Industrie 44, 1040 Bruxelles I TVA : BE 0403.212.172 (RPM Bruxelles) - FSMA 040460 A.

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