Pulse
04 Supplément à L’Echo du 2 décembre
magazine des PME et des entrepreneurs
Fleet Le dernier kilomètre étant hors de prix, sous-traitez-le
IT Ce que votre entreprise peut apprendre du Big Data
SYLVIE DECAIGNY ET CARINE WINNEPENNINCKX SUR L’ENGAGEMENT ÉCOLOGIQUE DE LA RAFFINERIE TIRLEMONTOISE
Des déchets aux sous-produits qualitatifs
SOMMAIRE
FINANCE
20 Les fonds propres ne suffisent pas
24 Cinéma et fiscalité main dans la main
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ENVIRONNEMENT
4 Le management environnemental favorise le performances
8 Quand les déchets deviennent des sous-produits
12 Le boom du green
14 Cinq questions, cinq solutions
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LOGICIELS
26 Les leçons du Big Data
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4 applis environnement et durabilité
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Gadgets IT
30 Les logiciels font bouger le monde
30 FLEET
38 L’emploi de carburants alternatifs reste limité
E-COMMERCE
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34 Quand l’e-commerce devient stratégique
40 Sous-traiter le dernier kilomètre en ville
Ours Idées et conseils aux entrepreneurs Pulse paraît quatre fois par an. Chaque numéro propose des informations concrètes sur l’actualité en matière de télécoms, IT, RH, internationalisation, finances, énergie, administration, immobilier, innovation et technologie.
Pulse est un supplément gratuit de L’Echo du 2 décembre 2015 sur initiative d’Echo Connect. L’Echo est une publication de Mediafin Product Manager: Veronique Soetaert Rédaction: Willem De Bock, Roel Van Espen, Daan Ballegeer, William Visterin, Wouter De Broeck Rédaction finale: Natacha Boulvain Photos et illustration: Frank Toussaint, Pieter Van Eenoge, Lieven Van Assche, Emy Elleboog Lay-out: Christine Dubois Adresse: Tour & Taxis, avenue du Port 86c bte 309, 1000 Bruxelles Abonnements et distribution: Tél. 0800/55 150 E-mail: abo@tijd.be Annonces Trustmedia: Tél. +32(0)2 422.05.11, E-mail info@trustmedia.be Direction: Dirk Velghe, Frederik Delaplace, Steven Everaert, Laurent Mutsch Editeur Responsable: Dirk Velghe, avenue du Port 86c bte 309, 1000 Bruxelles
Prochain numéro 16 mars 2016 1 juin 2016
CONNECT
Aucun élément de cette publication ne pourra être reproduit que ce soit électroniquement ou par tout autre moyen sans autorisation préalable introduite par écrit à l’éditeur © Mediafin
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ENVIRONNEMENT
© Peter Van Enooge
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Le management environnemental améliore les performances L’audit énergétique ne doit pas être une épée de Damoclès. Les entreprises qui choisissent un système de management environnemental le considère comme un instrument pour améliorer leurs performances, ce qui ne se limite pas aux aspects environnementaux.
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a crainte suscitée par les audits environnementaux découle peut-être de leur caractère obligatoire. Et ce, principalement pour l’audit environnemental imposé par le décret environnemental VLAREM 1. Cette obligation s’applique aux entreprises qui doivent introduire un Rapport sur les Incidences Environnementales (RIE) ou un rapport de sécurité. Les audits de conformité ne sont pas obligatoires mais contraignants. Ils sont réalisés par les entreprises qui veulent être certaines qu’elles respectent la législation environnementale. Une entreprise mise en vente peut également faire l’objet d’un audit environnemental. Le cas échéant, l’acquéreur voudra identifier les infractions et risques en matière de législation environnementale. Dans les deux cas, le contrôle révélera peut-être des irrégularités. Il en va tout autrement lors-
CONSEILS Pour instaurer un EMAS/ISO 14001, il vous faut: ✔ une première analyse environnementale exploratoire de l’entreprise. ✔ une politique environnementale reposant sur des choix stratégiques clairs. ✔ plusieurs personnes pour jouer le rôle de locomotive. ✔ une implication suffisante de vos collaborateurs dans le projet. ✔ un accompagnement (consultants, fédération de PME, etc) au fait des systèmes de management de PME.
que les audits s’inscrivent dans un système de management environnemental plus large. En adoptant un tel système, l’entreprise s’engage à respecter des normes fixées: qualité (ISO 9001), énergie (ISO 50001) ou, ici, environnement (ISO 14001). Les audits réalisés en vue d’une certification doivent s’assurer que vous respectez la législation, mais aussi identifier des pistes d’économies. Enfin, ils indiquent comment limiter les risques écologiques et rendre plus durable l’ensemble de vos activités opérationnelles. Sur base de ce premier constat, on identifie les forces et les faiblesses de l’entreprise pour établir un plan d’action.
Respect de la norme C’est vous qui choisissez les règles que vous allez appliquer pour respecter la norme. «Un système de management se contente de déterminer les normes à respecter. Il ne vous impose pas une méthode. L’entreprise est totalement libre à ce niveau», explique Sara Wijnant, conseillère en environnement au sein du bureau d’études et de consultance Esher (à Gand). Les audits internes destinés à contrôler si l’entreprise respecte bien la norme sont élaborés librement. Généralement, leur fréquence est établie dans une procédure qui décrit quand et de quelle manière vous exécutez l’audit. «L’audit n’est qu’une manière de vérifier si les règles convenues fonctionnent», poursuit Sara Wijnant.
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Environnement
Impact positif Toutes les entreprises ne décident pas d’adopter ce système de management environnemental de leur propre initiative. Dans certains secteurs, comme l’industrie automobile, les clients exigent de leurs fournisseurs qu’ils respectent les normes environnementales internationales. C’est aussi le cas pour les services publics qui visent un pourcentage d’achats durables donné et utilisent la norme ISO comme critère de sélection. «Ceux qui ne font pas ce choix d’eux-mêmes n’y voient souvent qu’une procédure chronophage et chère. Le défi consiste à les convaincre de l’impact positif d’un système de management», explique Sara Wijnant. Ses avantages résident surtout dans la structure qu’apporte l’ensemble des règles. «Ici, il s’agit d’ancrer dans des procédures tant les connaissances que les expériences. En les soumettant régulièrement à une analyse critique, vous allez évaluer votre stratégie. Vous n’envisagerez plus les implications du système comme une corvée, mais comme un réflexe pour obtenir de meilleures performances.» Une des conditions absolues du succès d’un système de management est l’implication de tous les collaborateurs de l’entreprise. «Mais cela reste l’un des points les plus délicats de la mise en œuvre», reconnaît Sara Wijnant. «Il est nécessaire de traduire les normes en langage humain. Il est préférable d’éviter d’inonder d’informations les collaborateurs de terrain: il faut se concentrer sur ce qui est important. Qu’ils trient effectivement les déchets, qu’ils réduisent réellement la consommation d’énergie.» Les entreprises qui optent pour le système communautaire de management environnemental et d’audit, soit EMAS, vont un pas plus loin. Le cas échéant, elles publieront tous les ans (tous les deux ans pour une PME) une déclaration environnementale qui regroupe l’ensemble des chiffres relatifs à la consommation d’eau, à la gestion des déchets et à l’énergie. «Ce rapport
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Check-list L’EMAS/ISO 14001 est approprié si vous voulez: ✔ faire du green et du durable un argument commercial. ✔ toucher les clients qui intègrent la durabilité dans leurs critères d’achat (administration, marchés étrangers exigeants). ✔ réduire sensiblement les coûts de matières premières, de gestion des déchets et d’énergie. ✔ respecter les normes environnementales et simplifier les formalités (inspection, etc). ✔ libérer suffisamment de personnes et de moyens pour mettre en œuvre le système sur une base assez large. ✔ obtenir des processus d’entreprise plus performants.
peut être contrôlé par un vérificateur environnemental, ce qui demande donc plus de temps et d’argent. Dès lors, la certification EMAS est surtout utile aux entreprises en quête de notoriété.» Sur certains marchés exigeants en Asie, la préférence va aux entreprises EMAS: c’est cette expansion qui peut incites une entreprise à se faire certifier.
Combien ça coûte? EMAS est un statut très fragile. Il suffit qu’une «non-conformité» apparaisse lors d’un audit intermédiaire pour que vous soyez radié. «La déclaration environnementale et la conformité analysée à la loupe effraient. C’est sans doute la raison pour laquelle les grandes entreprises sont plus nombreuses à disposer d’un certificat EMAS», reconnaît Sara Wijnant. Pourtant, les PME pourraient également en tirer profit. «Celles qui comptent peu de personnel et dégagent un chiffre d’affaires relativement modeste, mais qui souhaitent se faire un nom via leur politique environnementale ou leurs produits écologiques choisissent l’EMAS. Hélas, de nombreuses candidates se demandent qui, dans l’entreprise, pourrait assurer le suivi du processus ou si elles disposent des ressources et du temps nécessaires pour satisfaire aux obligations qui en découlent.» Ces obligations ont été réduites à partir de cette année pour les PME: elles ne doivent faire vérifier leur système de management que tous les quatre ans (trois ans auparavant), et la déclaration environnementale doit être introduite tous les deux ans. Le montant exact de l’investissement dépend des procédures qu’applique déjà votre entreprise. «Par exemple, celles qui sont déjà titulaires d’un certificat ISO 9001 disposent d’une structure de base sur laquelle s’appuyer. Le coût de la documentation sera moins élevé, parce qu’elles peuvent reprendre beaucoup d’éléments dans la certification ISO 14001.» Le facteur décisif dans le prix est la maind’œuvre: plus un audit nécessite de col-
laborateurs et de temps, plus il sera coûteux. Par ailleurs, le prix dépend de l’accompagnement auquel vous faites appel. Si vous rédigez vous-même les procédures, la facture sera plus légère, mais vous devrez affecter un collaborateur à temps plein à l’instauration du système de management. Si vous choisissez un EMAS, vous devrez aussi tenir compte du temps nécessaire à la rédaction et à la vérification de la déclaration environnementale.
La cas PMC Basé à Vilvoorde, PMC regroupe quatre PME dont une est titulaire d’un certificat EMAS, Your Mover Logistics qui fournit des services d’entreposage et de gestion de stocks de mobilier de bureau. Le processus qui a débouché sur la certification a été mis en œuvre il y a sept ans, quand elle était encore une entreprise de déménagement. «Nous avons pu réduire nos émissions de CO2 en nous concentrant sur la réparation de mobilier et en menant une gestion des déchets», explique Anne Lenaerts, directrice RH et communication. Dans un premier temps, le système de management environnemental établit une cartographie complète de l’entreprise. «L’ensemble des flux de déchets est exposé. Le caractère durable de chaque élément que nous ajoutons aux meubles que nous réparons est contrôlé.» Grâce à ces contrôles réguliers, c’est devenu un réflexe de réfléchir à la sécurité et à la durabilité. «Tous les ans, nous interrogeons le personnel sur les procédures et, tous les mois, nous contrôlons les chiffres relatifs aux déchets et à l’énergie.» Pour faire fonctionner un système EMAS, des investissements supplémentaires sont demandés au personnel. «Chacun de nos salariés a trois objectifs environnementaux personnels. Chez un monteur qui se rend souvent au centre-ville, c’est de ne pas se garer en double file, par exemple, car le trafic bloqué entraîne une augmentation des émissions de particules fines. Même
s’il n’est pas toujours bien compris, ce message peut être motivant si les collaborateurs ont adhéré au principe», explique Anne Lenaerts. PMC met tout en œuvre pour faire certifier EMAS les trois autres entreprises pour 2016. «Les quatre chefs d’entreprise et leurs responsables opérationnels se réunissent régulièrement pour analyser les processus et leur impact sur l’environnement. L’accent doit être placé sur l’amélioration. Le suivi est assuré par des ‘quick checks’ et des réunions régulières, le feed-back des collaborateurs, clients et fournisseurs auxquels sont associées des améliorations concrètes. EMAS offre une structure qui vous contraint à travailler sur vos priorités. Sans ça, un grand nombre de projets en resteraient au stade des bonnes intentions.»
Subsides et accompagnement ✔ Chaque région applique des aides différentes pour les entreprises qui investissent dans une réduction de leur impact environnemental ou dans une utilisation plus efficace de l’énergie. À Bruxelles, les PME bénéficient d’une intervention de 50% sur le premier audit exploratoire en vue de l’adoption d’un système de management environnemental. Via l’agence Bruxelles Environnement, la région accorde également des primes pouvant atteindre 80.000 euros pour les investissements dans l’énergie renouvelable et les économies d’énergie. Les scans énergétiques sont gratuits. Ceux qui souhaitent rendre leur entreprise 100% durable ou circulaire trouveront aide et accompagnement au sein du Greentech Pole. ✔ En Wallonie, les PME sont incitées à faire mieux que les normes environnementales régionales par le biais d’une aide représentant 30% du montant investi (35% pour celles qui ont une certification ISO 14001 et même 40% pour celles qui obtiennent un certificat EMAS). Pour les efforts destinés à réduire la consommation d’énergie, la Wallonie accorde des aides de 30 à 40%. Elles atteignent même 50% lorsqu’il s’agit d’investissements dans l’énergie renouvelable et de cogénération. Autre élément intéressant: les miniaudits gratuits mis à disposition par l’Union Wallonne des Entreprises (UWE). ✔ En Flandre, le portefeuille PME accorde jusqu’à 50% d’aides pour les conseils environnementaux et énergétiques. Les conseils ordinaires donnent droit à des aides pouvant atteindre 5.000 euros, les conseils stratégiques plus importants jusqu’à 25.000 euros. Les conseils uniquement destinés à répondre à la législation environnementale n’entrent pas en considération. L’accompagnement dans la mise en œuvre de projets énergétiques peut être subventionné à concurrence de 75%, avec une aide maximale de 10.000 euros par an. Dans les campagnes temporaires, l’Agentschap Ondernemen propose des scans énergétiques gratuits pour les entreprises. Celles qui investissent dans une technologie verte peuvent récupérer jusqu’à 25% de l’investissement via la prime écologique. Pour les projets de plus grande ampleur (plus de 3 millions d’euros), l’aide peut atteindre jusqu’à 40% de l’investissement.
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Environnement
Quand les déchets deviennent des sous-produits Il devient de plus en plus rare que des flux de déchets soient enlevés sans être valorisés. Quasi tout ce qui sort des processus de production trouve une destination. Le circuit est fermé dans un nombre croissant de sites de production.
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a saison de la récolte des betteraves bat son plein, entraînant celle de la production de sucre. Sur les champs de betteraves qui absorbent plus de CO2 à l’hectare que les forêts, un premier flux de déchets a déjà été déjà réduit: la terre. L’usine, qui traite 3,5 millions de tonnes par an, a nettement réduit la quantité de terre qui adhère aux betteraves grâce à quelques techniques simples. Plus de terre sur les champs, c’est également une meilleure fertilité. Une fois les betteraves nettoyées, les déchets organiques sont transformés en biométhane ou en compost. «100.000 tonnes de racines sont transformées en aliment pour bétail. Les betteraves sont coupées pour en extraire le jus sucré. La pulpe résiduelle - 800.000 tonnes par an - est également transformée en aliment pour bétail», explique Sylvie Decaigny, agro-manager à la Raffinerie Tirlemontoise. Le jus du fruit est ensuite épuré avec de la chaux. Les résidus sont transformés en engrais riche en calcaire pour amender les terres. Le jus sucré subit
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© Frank Toussaint
également une évaporation dans des chaudières afin d’en augmenter la teneur en sucre. Ce concentré est ensuite cristallisé, après quoi une grande centrifugeuse sépare les cristaux de sucre de l’eau. «La mélasse résiduelle est entièrement réutilisée dans des processus de fermentation d’autres industries et comme aliment pour bétail. L’eau, soit 75% de la betterave, reste dans le circuit: en partie pour le lavage, en partie pour d’autres processus. Grâce à la vapeur, le processus de production fournit la totalité de sa propre énergie par des échangeurs de chaleur.»
Sous-produits Dans les grandes lignes, ce circuit est le fruit d’une évolution historique. «Les nombreuses améliorations que nous avons apportées aux processus nous ont permis d’accroître la plus-value des sous-produits que nous vendons aussi», poursuit Decaigny. «Ces sousproduits doivent également respecter des normes de plus en plus strictes. Nous continuons à en améliorer la qualité, la conservation et l’utilisation. L’Institut royal belge pour l’améliora-
© Frank Toussaint
Sylvie Decaigny (à gauche) et Carine Winnepenninckx, Raffinerie Tirlemontoise
© Frank Toussaint
‘Les nombreuses améliorations que nous avons apportées aux processus nous ont permis d’accroître la plus-value des sous-produits. Finalement, nous les vendons aussi.’ Sylvie Decaigny – Raffinerie Tirlemontoise
tion de la betterave mène régulièrement des recherches financées par les agriculteurs et les producteurs de sucre. Nous travaillons en étroite concertation.» Carine Winnepenninckx, manager pour l’environnement, la santé et la sécurité à la Raffinerie Tirlemontoise, voit dans l’évolution de l’usine un bel exemple de politique 3P (Planet, People, Profit). «Nous modernisons notre fonctionnement en permanence. Les autorités nous demandent de trier de plus en plus de déchets en plus des flux de déchets classiques comme le papier, le verre et le métal. Nous menons également des campagnes en interne pour soutenir la sensibilisation. Nous avons quelque 700 collaborateurs pendant la saison de production, 600 en dehors. Nous leur donnons des formations sur le respect de l’environnement. Bien entendu, la direction souscrit pleinement à notre politique environnementale. D’ailleurs, dans l’agroalimentaire, la Raffinerie Tirlemontoise est un acteur important dans la réalisation des objectifs sectoriels de réduction de la consommation d’énergie.»
Zéro déchets Le site de production de chips Pringels à Malines ne rejette presque plus de déchets de production et d’emballage en décharge. L’usine appartient au groupe agroalimentaire Kellogg’s qui aligne 1.600 marques de céréales pour le petit déjeuner, biscuits, crackers et
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Environnement
snacks produits dans 20 pays et exportés dans 120. Bart Simons, directeur technique, explique comment les flux de déchets sont transformés en matières réutilisables et recyclables. «Les principales matières premières des chips sont les huiles et la farine, auxquelles s’ajoutent de plus petits volumes de levure et d’épices. Nous commençons par mélanger la farine et l’huile pour obtenir une pâte homogène que l’on roule en film très fin. Les chips sont alors pressés dans des petits moules et la pâte restante repart immédiatement dans le processus de production. Les chips entrent dans le four, sont salés puis épicés après refroidissement. Nous produisons une trentaine de variétés au rythme de120.000 à la minute.» Le traitement des déchets suit la hiérarchie généralement considérée comme la meilleure approche en matière de gestion de l’environnement. «Avant tout, nous voulons éviter de produire des déchets car, dans une entreprise agroalimentaire, c’est une source potentielle de contamination. Et les déchets qui ne sont pas produits ne devront pas être traités.» Cette volonté d’éviter les déchets trouve son application dans les emballages. «Nous ne faisons plus livrer la farine et l’huile dans des sacs, mais en vrac, dans de grands camions-citernes. Depuis peu, nous évitons également les emballages pour la levure. Pour les épices, nous avons mis sur pied des systèmes de palettes et de containers que nous réutilisons ou nettoyons en concertation avec les fournisseurs.»
Moins d’incinération L’usine trie les déchets de papier, de carton, les plastiques et les métaux, qui sont tous recyclés. «Les résidus d’huile partent vers le secteur du biodiesel où ils sont nettoyés. Un spécialiste transforme les résidus alimentaires issus de la production en aliment pour bétail, ce qui représente 500 tonnes sur nos 800 tonnes de déchets», poursuit Bart Simons. Tout comme les six autres sites de
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‘En réduisant notre production de bruit, d’émissions et de déchets, nous améliorons également la qualité de vie des personnes qui habitent à proximité de l’usine.’ Bart Simons – Kellogg’s Malines
production Kellogg’s en Europe, Malines n’envoie plus de déchets à la décharge. «Tous les déchets ont une deuxième vie. Nous recyclons 150 tonnes par mois et 150 tonnes sont incinérées pour récupérer l’énergie.» L’entreprise espère encore réduire l’incinération à 6% du flux total de déchets, soit un tiers de la quantité actuelle. «La boue issue de l’épuration des eaux est compressée et séchée. À présent, nous souhaitons aussi l’épurer pour la transformer en terre arable.» «Lorsque nous présentons un nouveau projet environnemental, nous devons être attentifs aux chiffres, mais ce n’est pas l’essentiel», souligne Bart Simons. «L’objectif principal de Kellogg’s est d’adopter un comportement écologiquement responsable pour assurer l’avenir des générations futures. L’image n’est pas sans importance, mais nous appliquons surtout une vision à long terme pour toutes les parties prenantes. En réduisant notre production de bruit, d’émissions et de déchets, nous améliorons également la qualité de vie des personnes qui habitent à proximité de l’usine. Cela valorise le quartier.» Et les nouveaux permis d’exploitation ne suscitent guère de résistance.
Les quatre piliers d’une politique de développement durable La politique de développement durable de Kellogg’s repose sur quatre piliers: ✔ Gagner l’adhésion de chacun, des 650 collaborateurs aux riverains. ✔ Contrôler quotidiennement la consommation d’énergie et les flux de déchets. ✔ Détecter les fuites en permanence. ✔ Profiter des grands investissements pour imposer des innovations.
Environnement
Les mesures climatiques axées sur les économies et les gains d’efficacité ont également une influence positive sur les résultats des entreprises. Deux exemples interpellants.
Le boom du green Aquatreat, l’empreinte CO2 le plus basse possible
‘Chaque entreprise doit trouver sa combinaison idéale entre technologie et traitement.’ Jan Vandersypen, Aquatreat
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quatreat développe et fabrique des produits chimiques pour le traitement des eaux de refroidissement et de chaudières, des eaux usées, des eaux de processus industriels et de filtration et de l’eau potable. Son fondateur, Jan Vandersypen: «Nous avons entamé ce processus il y a quinze ans, en installant des panneaux solaires pour alimenter en énergie notre système d’épuration des eaux usées.» Aujourd’hui, la PME a emménagé dans un nouveau bâtiment entièrement passif, comprenant des locaux de production et de stockage, des bureaux et des laboratoires. «Le complexe combine l’empreinte de CO2 la plus basse possible aux matériaux écologiques aussi naturels et réutilisables que possible. Il est principalement composé de bois, qui a une empreinte carbone bien meilleure que le béton ou l’acier. En termes énergétiques, il est entièrement autosuffisant, avec 480 panneaux solaires et des batteries pour stocker l’électricité quand il n’y a pas d’ensoleillement», explique Jan Vandersypen. «Energie durable, neutralité climatique et traitement de l’eau vont de pair. Il est impossible de résoudre un problème d’eau sans énergie. Il faut donc d’être attentif aux émissions.» Jan Vandersypen a remplacé l’ancien dispositif de récupération et d’épuration des eaux de pluie par une technologie plus affinée qui épure l’eau jusqu’au niveau submicronique. «Nous avons une réserve utile de 4.000 m³ alors que nous n’en consommons que 2.500 m³ par an. Sa qualité finale est telle qu’un léger traitement permet-
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trait de la transformer en eau potable.» Aquatreat peut, en partie, justifier ces investissements durables par leurs liens étroits avec ses propres activités. Pour autant, ces investissements ontils un sens pour l’entreprise lambda? «La solution parfaite n’existe pas. Chaque entreprise doit trouver sa combinaison idéale entre technologie et traitement.» Aujourd’hui, l’entreprise basée à Aarschot assure le traitement des eaux de grands hôpitaux, de l’aéroport de Zaventem et même d’entreprises d’envergure mondiale établies dans 20 pays.
Conseils ✔ La plupart des interventions climatiques améliorent la sobriété énergétique ou l’efficacité d’un processus de production. ✔ Ne concluez pas trop vite que vous êtes performant. Il est souvent possible de faire mieux. ✔ L’autonomie énergétique accroît votre force de frappe. ✔ Impliquez vos collaborateurs et invitez-les à participer à vos réflexions.
©Frank Toussaint
Peter Janssen, Glacio
Glacio, 40% d’eau en moins
L
a société Glacio produit de la crème glacée. «Notre objectif est de produire notre crème glacée de qualité de la manière la plus écologique possible», explique son CEO, Peter Janssen. «Les entreprises qui optimisent l’exploitation de leurs ressources fonctionnent déjà de manière durable. En ce qui nous concerne, c’est un séminaire consacré à la responsabilité sociale des entreprises que nous avons suivi il y a dix ans à la VKW, l’actuelle Etion, qui nous a ouvert les yeux. Nous avons immédiatement mis sur pied une série d’actions». Glacio, avec ses marques de distributeurs et ses marques commerciales (IJsboerke, Mio et Artic), compte
‘Nous pensions être performants, mais nous pouvions faire beaucoup mieux.’ Peter Janssen, Glacio
plus de 400 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 87 millions d’euros. «Nous avons été les premiers en Europe à nous attaquer à notre vieil entrepôt frigorifique et à jouer la carte de l’innovation au niveau de l’isolation. Nous avons ainsi fait 15 à 20% d’économies d’énergie et nettement réduit nos émissions de CO2.» Glacio a collaboré avec le VITO, l’Institution flamande pour la recherche technologique. «Nous pensions être performants en termes de consommation d’énergie et d’eau, mais nous pouvions faire beaucoup mieux», souligne Peter Janssen. «En deux ans, nous avons réduit notre consommation d’eau de 40%. Une analyse similaire pour le gaz a donné des résultats moins spectaculaires, mais, vu le volume consommé dans le processus de pasteurisation, chaque pour cent compte. Nous devons également préserver le processus, car nous sommes soumis à des normes d’hygiène élevées. Dans ce domaine, le secteur alimentaire suit de près le pharmaceutique.» Glacio dispose également de 2.000 panneaux solaires qui produisent 100% de l’énergie qu’elle consomme. Les gains climatiques viennent également d’une meilleure efficacité, comme une meilleure planification des itinéraires pour l’approvisionnement de ses 4.000 clients. «Comme matières premières, nous utilisons des huiles végétales et du chocolat issus de producteurs durables et du commerce équitable. Par ailleurs, nous trions douze flux de déchets. Nous faisons fermenter nos déchets alimentaires. Nos boîtes sont réutilisées par nos clients et nous mettons en œuvre des actions contre la décharge sauvage de déchets. Nous veillons aussi à impliquer autant que possible nos collaborateurs dans toutes ces initiatives. Ils ont également pris l’habitude de signaler immédiatement tout gaspillage sur la ligne de production afin que nous puissions intervenir rapidement. Sur les conseils d’un collaborateur, nous étudions à présent la faisabilité de la réutilisation du polypropylène des boîtes usagées.»
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Environnement
Cinq questions, cinq solutions Comment concrétiser les valeurs écologique de votre entreprise? Cinq questions et autant de réponses de Metin Bulut et Steven Van Deun, Business Developers au sein de l’institution flamande de recherche VITO et de l’institut de recherche EnergyVille.
Comment rendre les 1. mesures climatiques tangibles?
n’impactent pas le climat? Vous pouvez remplacer les éléments fossiles du gaz de synthèse et du raffinage pétrolier par des matières premières biologiques pour obtenir des bioproduits. Si la betterave sucrière sert de matière première pour la chimie, elle sort de la filière alimentaire, ce qui n’est pas durable à proprement parler. Vous pouvez cultiver des algues pour en faire de la matière première sans produire de déchets. De même, plusieurs types de déchets organiques sont déjà utilisés comme matières premières biologiques.
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Le transport est nécessaire quand on délocalise la production pour des raisons de coût. Il faut donc augmenter la production locale avec le matériel disponible, comme la biomasse. Ainsi, des entreprises du port d’Anvers s’échangent des matières premières sans transport.
Comment obtenir le 4. meilleur impact climatique en matière
Il y a deux solutions: soit vous évitez d’émettre du CO2, soit vous traitez le CO2. Pour éviter d’émettre du CO2, il faut faire des économies d’énergie. Pour le traiter, il faut capter le CO2, le stocker et le transformer.
Comment utiliser 2. encore plus de matières premières qui
Comment avoir un 3. impact positif sur le climat dans le transport?
d’énergie?
‘Trop peu d’entreprises savent comment réduire leur consommation d’énergie. Ne pas s’en préoccuper pourrait leur coûter cher.’
Rendez votre entreprise indépendante de l’approvisionnement énergétique centralisé. Produisez vous-même de l’énergie et commercialisez-la: vous pourrez alors vendre de l’énergie au moment des pics de consommation, c’est-à-dire quand elle est plus chère, au lieu d’en acheter. Vous n’achèterez plus d’énergie qu’aux heures creuses, quand elle est moins chère. En Flandre occidentale, des entreprises surrefroidissent leurs installations de congélation durant les heures creuses pour ne pas consommer d’électricité durant les pics de consommation. En procédant de la sorte, elles soulagent le réseau et sont, en plus, rémunérées.
Comment mettre en 5. œuvre une consommation d’énergie intelligente? Pour créer des tampons énergétiques, il faut des compteurs intelligents. Trop peu d’entreprises savent comment réduire leur consommation d’énergie. Ne pas s’en préoccuper pourrait leur coûter cher.
Aujourd’hui, 85 % des emballages industriels sont recyclÊs
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applis environnement et durabilité
Voici quatre applications qui vous aideront à adapter votre mode de vie aux valeurs environnementales et de durabilité.
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Qualité de l’environnement
Coût réel de votre véhicule
Une nouvelle norme, ISO 26000
Bien-être sur son lieu de travail
L’application pour smartphone ‘AirProbe’ est le fruit d’un projet européen. Elle livre des informations sur l'environnement, comme la concentration d’ozone, de suies et d’autres polluants auxquels on est exposé quand on se promène à pied ou à vélo dans un lieu donné. L’appli utilise un capteur spécial qui communique avec le smartphone par Bluetooth. Une autre appli issue de ce projet est ‘WideNoise’, qui mesure les nuisances sonores.
Quel est le coût de votre voiture au kilomètre? Aucune idée? Saisissez votre kilométrage, votre consommation de carburant, vos frais d’assurance et d’entretien, de réparations, etc. dans ‘FuelLog’ et cette application calculera votre consommation moyenne et le coût total de votre voiture au kilomètre. La version complète de l’application coûte 1,99 euros. L’application ‘Road Trip Lite’ pour iOS propose à peu près les mêmes fonctions.
ISO 26000 est une norme internationale de responsabilité sociale des entreprises. L’Office national de l’Entreprise néerlandais a développé un Web scan basé sur un questionnaire, ce qui permet aux entreprises d’analyser leur degré de responsabilité sociale et la manière dont elles peuvent s’améliorer dans ce domaine.
‘Wellfie’ est un nouvel outil destiné à la fois aux employeurs et aux employés pour créer un environnement de travail optimal pour tous soient motivés et en bonne santé. L’instrument procède à une analyse à quatre niveaux: santé physique et mentale, compétences actuelles, valeurs et motivation, environnement de travail et culture d’entreprise. L’employeur peut l’utiliser gratuitement en s’enregistrant sur le site.
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Vos émissions de CO2
Missions écologiques
Mesure de durabilité
‘CarbonTrack’ est une appli du constructeur de logiciels SAP qui permet de calculer assez simplement l’empreinte CO2 de vos activités quotidiennes. Indiquez notamment votre consommation d’énergie et les kilomètres parcourus et vous aurez une idée de votre empreinte C02. L’appli se focalise sur les entreprises.
L’appli ludique ‘EcoDice’ vous permet de réaliser des missions en faveur de l’environnement. Et c’est un dé qui les déterminera. Vous aurez, par exemple, la mission de vous rendre en vélo sur votre lieu de travail ou d’emporter votre shopping bag pour faire vos courses. Pour changer le monde, commencez par vous changer, vous.
Ceux qui trouvent important que les entreprises investissent dans la durabilité utilisent l’appli ‘Rank a brand’. L’indice de durabilité (ou ranking) est calculé à partir d'éléments comme les émissions de CO2, l’impact sur l’environnement et les conditions de travail. Les marques et entreprises sont adaptées au pays où vous séjournez.
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Consommation consciente ‘QuestionMark’ est une appli gratuite qui vous permet de contrôler le caractère écologique de vos achats au supermarché. Quand vous scannez des produits comme du yaourt, des œufs ou de la viande, vous obtenez une note générale suivie d’un score spécifique pour plusieurs catégories, comme l’environnement et la santé. Les produits repris dans ’QuestionMark’ proviennent des supermarchés néerlandais, mais un grand nombre d’entre eux sont également disponibles chez nous. iOS, Android, gratuit
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FINANCE
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Patrick Vos, Zappware
Les fonds propres ne suffisent pas La plupart des entreprises préfèrent financer leur internationalisation sur fonds propres. Cela dit, celles qui enregistrent une forte croissance auront tôt ou tard besoin d’un apport extérieur. Le financement repose toujours principalement sur la confiance: il n’est pas superflu d’avoir des comptes sains et une approche structurée.
L’
entreprise Zappware a été nommée pour le Lion de l’Exportation 2014, un prix décerné en Flandre aux champions de l’exportation. Basée à Hasselt, elle produit des logiciels de numérisation pour les médias, principalement la télévision. Ses activités s’internationalisent chaque année de plus en plus. «Depuis la mise en œuvre de cette stratégie, en 2009, nous enregistrons des taux de croissance entre 15 et 30% par an, et même plus», commente Patrick Vos, son CEO. Comment se finance cette croissance? «Jusqu’à présent, nous avons abordé la croissance sans importante augmentation de capital. Pour le financement, nous comptons sur nos clients, de grandes entreprises avec lesquelles nous concluons des partenariats au lieu de la relation fournisseur-client classique. Les contrats prévoient des paiements intermédiaires. Nous générons ainsi du cash-flow qui gonfle nos fonds propres. Le département achat des grands clients sont attentifs à la vulnérabilité financière des petits fournisseurs s’ils sont qualitatifs.» Cette approche a permis à Zappware de s’étendre en Europe. Depuis quelques années, l’entreprise dispose
‘Nous avons une longueur d’avance sur un marché virtuellement infini. Si l’ouverture de ce marché exige un financement supplémentaire, nous examinerons toutes les options.’ Patrick Vos, Zappware
d’un trésor de guerre suffisant pour s’attaquer aux autres continents. «Sur ces nouveaux marchés, il est important de pouvoir montrer que nous sommes une entreprise financièrement stable. L’actionnariat de la société d’investissement LRM est tout aussi essentiel dans ce contexte. Sur le plan financier, l’aide de Flanders Investment & Trade pour les voyages de prospection les plus coûteux et les participations à des salons internationaux comme en Colombie et en Argentine, nous a été très utile. Nous sommes aujourd’hui assez actifs en Amérique du Sud», explique Patrick Vos.
Confiance «Nous sollicitons des lignes de crédit et parfois des emprunts. Il est cependant difficile d’obtenir des financements bancaires dans le domaine des logiciels parce que l’on ne peut rien montrer de tangible. Les chiffres sont d’autant plus importants. C’est à ce niveau que résident nos principales difficultés financières. Depuis le début de notre internationalisation, nous avons constitué une bonne capacité de remboursement et avons ainsi gagné la confiance des banques. Cela a été possible grâce à la croissance de notre cash-flow et à la santé de notre taux d’endettement. Et les conditions des banques s’améliorent à mesure que nous engrangeons des succès.» On peut raisonnablement se demander si ce type de financement restera suffisant. «Une augmentation de capital pourrait accélérer notre développement. En Europe, cette approche était pertinente. Notre produit est facile à exporter dans le monde entier,
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Finance
mais, pour la vente et l’après-vente, une présence sur d’autres continents pourrait être nécessaire. Nous avons un avantage sur la concurrence parce que la numérisation de la télévision et des médias est très avancée en Europe, particulièrement en Belgique. Cela dit, nous devons rester performants au cas où un concurrent attaquerait notre marché.» Patrick Vos est conscient que son groupe a un potentiel de croissance. «Nous avons une longueur d’avance sur un marché virtuellement infini. Si l’ouverture de ce marché exige un financement supplémentaire, nous étudierons toutes les options.»
Financement bien ficelé Le dernier Lion flamand de l’Exportation a été attribué à Pattyn Packing Lines. «Le financement externe des exportations est prudent», explique le CEO Stan Pattyn, développeur et fabricant de lignes d’emballage. «Nous comptons parmi nos clients des grands groupes agroalimentaires comme des petites entreprises. Nous ne versons leur commission aux agents qu’après avoir été payés.» L’entreprise réduit ainsi ses risques financiers. La banque ne doit intervenir qu’en cas de vente ou de commande importante. Elle l’a
‘Nos PME font peu appel aux capitaux extérieurs pour financer l’internationalisat ion de leurs activités. Mais il arrive que cela ralentisse leur croissance.’ Claire Tillekaerts, Flanders Investment & Trade
également fait quand Pattyn a implanté un bureau aux États-Unis. «Nous avons pu racheter l’entreprise de l’agent local, ce qui a limité l’investissement. Notre banque l’a complété en se basant sur un plan financier et un business-plan solides. Nous devrions bientôt passer d’une participation minoritaire à 80% des actions aux États-Unis, une opération dans laquelle les banques auront aussi un rôle à jouer. L’un des avantages de notre secteur est que le client verse un acompte de 40% dès la commande et 90% une fois que nos installations sont installées. Nos clients financent donc une partie de notre croissance.» Pattyn réalise un chiffre d’affaires plus élevé en Asie du Sud-Est qu’aux États-Unis, même sans implantation propre. «Nous devrons l’envisager si nous continuons à croître. En Europe, nous pouvons garder une vision globale depuis Bruges. L’internationalisation reste moins coûteuse via les banques. Cette option nous permet également de préserver notre indépendance.» Pattyn a maintenu cette approche lors du rachat d’un concurrent français en difficulté et assaini une acquisition en Espagne. «Nos banques nous ont aidés parce que notre situation a toujours été saine.»
L’internationalisation exige une certaine force de frappe financière L’accompagnement des entreprises dans leurs projets d’internationalisation a appris à Flanders Investment & Trade (FIT) les fondements du financement de tels projets. «L’exportation offre des avantages, mais crée des risques, surtout sur les marchés très éloignés», explique l’administratrice déléguée, Claire Tillekaerts. «Nous vérifions si l’entreprise et ses projets ont la maturité nécessaire pour réussir. Dispose-t-elle d’un plan d’exportation qui permette une croissance structurelle? C’est important.»
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Car de nombreuses entreprises ont tendance à se focaliser sur les avantages et à négliger l’aspect coût. «Depuis la dernière crise, il est moins facile de trouver des financements. Les banques sont plus réticentes. Le capital-risque est également assez rare en Belgique.» Selon elle, nos entreprises se reposent encore trop souvent sur leurs fonds propres. «Nos PME font peu appel aux capitaux extérieurs pour financer l’internationalisation de leurs activités. Mais il arrive que cela ralentisse leur crois-
sance. La banque habituelle fait office de premier interlocuteur et, trop souvent, les entreprises ont le réflexe de ne pas aller plus loin en cas de refus. Il est parfois difficile d’avoir une vue globale des possibilités de financement dans une PME dont le directeur prend tout en charge ou presque. Différents financiers réagiront différemment à un même projet. Pensez à des partenaires potentiels comme les assureurs crédit publics et privés ou les fournisseurs de capitalrisque. Il faut chercher des conseils tout
azimut.» La FIT dispose depuis plusieurs années d’un «exportmètre», un petit audit permettant de cartographier les possibilités d’exportation à 360°. Début 2016, la FIT a également créé FINMIX International. L’entreprise peut ainsi présenter ses projets d’internationalisation à un large panel d’experts en financement. Ceux-ci évaluent ses plans et lui recommandent le meilleur mix de financement.
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Finance
Cinéma et fiscalité main dans la main Le taxshelter permet à votre entreprise de contribuer à la production d’un film ou de toute autre œuvre audiovisuelle. En échange, elle bénéficie d’une exonération fiscale plus d’éventuels intérêts financiers.
L
e taxshelter a été instauré en 2002 par le législateur belge dans le but de soutenir le secteur cinématographique. Depuis le 1er janvier 2015, un règlement simplifié, qui prévoit que les sociétés n’acquièrent plus les droits sur la production de films pour laquelle elles s’engagent, est d’application. En échange, elles bénéficient d’une exonération fiscale à hauteur de 310% des montants versés. Celle-ci est limitée par exercice à la moitié du bénéfice réservé et ne peut excéder la somme de 750.000 euros. Jean Van Herreweghe, fiscaliste et associé chez Van Herreweghe & Partners, l’illustre par un exemple: «Imaginons que votre entreprise investisse un montant de 100.000 euros dans un film belge ou européen qui satisfait à toutes les conditions. Elle bénéficie alors d’une exonération fiscale de 310%, soit 310.000 euros. Dans l’hypothèse d’un impôt sur les sociétés de 33,99%, l’économie fiscale ressort à 105.369 euros, soit un rendement fiscal de 5,37%.»
Intérêts financiers Outre l’exonération fiscale, vous bénéficiez également d’intérêts sur les montants versés. Ces intérêts finan-
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Si le producteur ne suit pas les règles légales, vous risquez aussi de perdre l’avantage fiscal en bout de course.
ciers sont calculés sur la période comprise entre la signature du contrat-cadre et l’obtention du certificat fiscal, avec un maximum de dix-huit mois. Vous pouvez considérer ces intérêts comme une indemnité pour votre préfinancement. L’intérêt ne peut être supérieur à l’Euribor sur 12 mois majoré de 4,5%, selon la loi. L’Euribor, le taux interbancaire que les banques européennes appliquent entre elles, s’élève actuellement à 0,091%. Pour un investissement de 100.000 euros, le taux s’élève donc au maximum à 100.000 euros x (0,091%+ 4,5%) x 1,5 an x (1 – 33,99% d’impôt sur les sociétés) = 4.546 euros, soit 4,55%. Si l’on y ajoute le rendement fiscal de 5,37%, le rendement net total est donc de 9,92% pendant dix-huit mois. Le taxshelter peut dès lors être considéré comme un instrument intéressant, simple et totalement légal d’optimisation fiscale des bénéfices d’entreprises.
Les risques «L’avantage fiscal est acquis dès la signature de l’accord, mais n’est définitif qu’à la réception du certificat fiscal», affirme Jean Van Herreweghe. «Le fisc s’assure au préalable que toutes les parties ont honoré les prescriptions légales. Ainsi, au moins 90%
PAROLES D’EXPERT
Alexandre Streel, Partner BDO Corporate Finance, Réviseur d’entreprises, Professeur à l’ULg
MANAGEMENT PAR LA VALEUR: UNE PLUS-VALUE POUR L'ENTREPRISE Que faut-il retenir ?
Utiliser la valeur d'une entreprise comme indicateur de gestion: tel est le principe du "management par la valeur".
Le taxshelter offre aux sociétés, pendant dixhuit mois maximum, un rendement net proche de 10% dans un cadre totalement légal. Comme pour toute autre forme d’investissement, celui-ci comporte également certains risques.
En dehors du contexte des cessions et acquisitions, l’évaluation d’entreprise est généralement perçue comme un passage obligé lors de certains événements de la vie des entreprises (ou de leurs actionnaires), le plus souvent à des fins juridiques ou fiscales: réorganisation de groupe, apport en nature, donation, succession, litige, etc. La valeur d’une entreprise peut pourtant devenir un véritable indicateur de gestion, que l’on chercherait à maximiser. C'est le principe du "management par la valeur".
de la valeur du certificat doit être affectée à des dépenses d’exploitation et de production en Belgique. Dans le cas contraire, l’avantage fiscal est réduit proportionnellement.» «Par ailleurs, l’exonération fiscale est limitée à 150% de la valeur fiscale attendue mentionnée sur le certificat de taxshelter. Toutefois, cette valeur n’est pas encore connue lors de la signature du contrat-cadre. Il convient donc de bien évaluer cette valeur au préalable.» Si l’Administration juge que votre société ne respecte pas les règles du jeu légal, vous risquez de perdre la totalité de l’avantage fiscal. C’est le cas si vous avez, par exemple, accepté plus d’avantages que ce que la loi admet, comme une part des revenus de la production. Cela dit, si le producteur ne suit pas les règles légales, vous risquez aussi de perdre l’avantage fiscal en bout de course. Cela sera également le cas si le film ne sort pas parce que le capital levé est insuffisant.
Ses avantages? La maximisation de la valeur du patrimoine de l'actionnaire, constitué généralement à plus de 50% des actions de sa société. L'actionnaire est également mieux préparé lors d’une vente ou d’une ouverture de capital. Maximiser la valeur d’une entreprise entraîne en outre son assainissement financier, par une optimisation de ses solvabilité, rentabilité et liquidité. La rentabilité future déterminant la valeur de l'entreprise, l’actionnaire adopte de meilleurs réflexes de gestion à long terme. Comprenant plus nettement les mécanismes d’évaluation, l’actionnaire se trouve ainsi plus à même d’appréhender d’autres opérations financières (analyse d’opportunité d’investissement, etc.) 50% de valeur en plus En pratique, le "management par la valeur" consiste à identifier les principaux inducteurs de valeur d’une entreprise (rentabilité, croissance, risques, structure financière, etc.) et à mettre en place des actions créatrices de valeur: accélération du recouvrement des créances, instauration d’un maximum de récurrence dans les revenus, amélioration de l’efficience opérationnelle, diversification de la base clients, etc. Le tout peut conduire à une augmentation de plus de 50% de la valeur de la société. Une fois un tel système de management en place, l’actionnaire peut le parfaire en adaptant le rôle de son directeur financier à ce nouveau mode de gestion ou en alignant les intérêts des collaborateurs sur ceux de l’actionnariat (via un système de rémunération lié à la création de valeur).
Une initiative de Partner Content en collaboration avec
LOGICIELS
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Els Descheemaecker, Essent
Les leçons du Big Data «Veillez à ce que le client ne soit pas de mauvaise humeur quand il reçoit sa facture finale»: tel était l’objectif d’un projet Big Data chez Essent. Résultat: chaque client a reçu un petit film personnalisé dans sa mailbox deux jours avant sa facture finale. Une idée simple pour un projet d’envergure qui permet de tirer de nombreux enseignements applicables à d’autres entreprises.
L
es données sont le nouvel or noir. Les exemples de secteurs, comme l’industrie automobile, la grande distribution ou l’administration, qui ont été bouleversés par l’importance croissante et le traitement des données numériques sont innombrables. «Cette croissance est difficile à quantifier», souligne Sven Schoenaerts, Managing Director Benelux de Netapp, une entreprise spécialisée dans le stockage de données pour les PME. «Pour une PME moyenne, l’augmentation annuelle du volume de données numériques stockées fluctue entre 10 et 15% en moyenne, mais elle varie en fonction du secteur. Ceux qui conservent les données sur le comportement de leurs clients sur Internet, la quantité de données peut doubler chaque année. D’autant plus que l’on en efface peu dans les PME.»
Service clientèle Il importe donc d’extraire efficacement ces données. «Nous remarquons qu’un nombre croissant de PME y veillent. Elles veulent les rentabiliser», explique Sven Schoenaerts. «Même les petites PME ont déjà plusieurs téraoctets de données.» Les entreprises analysent ces données pour prendre de meilleures décisions, pour réduire les coûts et pour
‘Même les petites PME ont déjà plusieurs téraoctets de données.’ Sven Schoenaerts, Netapp
améliorer la satisfaction des clients. Nous trouvons un exemple d’analyse de grandes quantités de données chez Essent, un fournisseur de gaz et d’électricité qui emploie 150 personnes. «L’idée? Si notre service clientèle savait d’avance quels clients vont appeler, il pourrait anticiper leurs questions», explique Els Descheemaeker, Innovation Manager chez Essent. Et c’est ainsi que l’entreprise a finalement élaboré ce projet: quelques jours avant réception de leur facture, ses clients ont reçu un e-mail personnalisé reprenant des informations sur leur consommation. «Nous les avons informés à l’avance, ce qu’ils ont apprécié. De plus, ils n’ont pas dû téléphoner à notre service clientèle au moment où ils ont reçu la facture finale.» L’exemple d’Essent semble simple, mais il s’est avéré efficace. «L’initiative a été étendue aux autres sites du groupe», précise Els Descheemaeker. Ce qui en théorie semble facile l’est rarement dans la pratique. Ce projet Big Data est riche d’enseignements tant pour les petites que les grandes entreprises.
1. Identifiez Chez Essent, on collecte les données pour en contrôler la qualité avant de les analyser pour identifier des profils et ainsi établir la probabilité que le
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Logiciels
client contacte le service clientèle. Ensuite, on les rend «actionnables» en approchant les clients en fonction de ces paramètres. Ce travail en trois temps demande un sérieux travail préparatoire. Certaines données se trouvent dans des systèmes fermés, d’autres sont stockées à l’extérieure de l’entreprise. De même, certaines formes de bases de données ne sont pas toujours compatibles entre elles. D’un point de vue technique, l’impact est considérable. «Tout le monde pense que toutes les données sont disponibles et qu’elles peuvent être détectées et collectées en permanence, où que l’on se trouve. Ce n’est pas le cas», affirme Els Descheemaeker. De plus, il est nécessaire de relier les données elles en corrélant les informations analysées aux données de facturation ou en fusionner les données clients.
Big Data diffèrent des autres projets: ce sont des innovations. Sortez des sentiers battus, surtout au début», assure Els Descheemaeker. «Au départ, nous ignorions que nous allions produire une petite vidéo pour les clients. Nous avons juste recherché une manière de limiter les coûts du support clients en augmentant leur satisfaction, sur base des données dont nous disposions.»
‘Chaque département veut être et rester le seul propriétaire de ses données.’ Els Descheemaeker, Essent
2. Collaborez Ne sous-estimez pas l’aspect humain. «Chaque département veut être et rester le seul propriétaire de ses données», affirme Els Descheemaeker. «Le marketeer n’aime pas divulguer ses données clients et le directeur financier préfère ne pas communiquer les données financières. Or, c’est précisément en impliquant tous ces profils différents que l’on progresse». Les données sont stockées au sein des différents départements, leur gestion est assurée par le département informatique e leur analyse par des spécialistes de la business intelligence et de l’analyse de données, alors que le contact avec le client est du ressort du marketeer. En effet, rien ne sert d’analyser les données si l’on n’en fait rien. «Chaque maillon de la chaîne compte», confirme Els Descheemaeker. Chez Essent, le projet Big Data a profité au marketing parce qu’il a amélioré la satisfaction des clients et au call-center parce qu’il a reçu moins d’appels.
3. Innovez Dans un projet Big Data, la créativité est essentielle. «Les initiatives liées aux
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4. Déléguez Le problème de nombreux projets liés aux données est qu’ils ne relèvent pas de la responsabilité d’un département donné. Ils viennent souvent s’ajouter aux tâches quotidiennes. «Les collaborateurs n’ont pas de temps à y consacrer», explique Els Descheemaeker. C’est pourquoi Essent a fait appel aux services de NGData, une start-up spécialisée. «Les entreprises débutantes se concentrent sur la vitesse. Celle-ci est indispensable, car pour créer de l’implication en interne, il faut pouvoir montrer quelque chose très vite», ajoute Els Descheemaeker. Cependant, les collaborateurs d’Essent ont conservé la supervision globale du projet. «Ne serait-ce que pour interpréter les analyses des données. De plus, il faut éviter de donner l’impression que cette aide extérieure rendra leur fonction superflue car ce n’est pas le cas: il est parfois nécessaire de donner un coup d’accélérateur.»
5. Visualisez «Les Big Data s’expriment souvent dans un contexte technologique, via des applications comme Hadoop ou dans des notions statistiques comme l’analyse de régression. Dans ce cas, les choses deviennent vite très abstraites.» C’est pourquoi Essent a choisi de montrer rapidement le produit final souhaité: la petite vidéo pour les clients et la manière dont elle devait apparaître. «Au sein de note entreprise, la possibilité de visualiser les données a fait toute la différence», conclut Els Descheemaeker.
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gadgets IT Voici un échantillon des nouveaux gadgets informatiques qui vous aideront à travailler plus efficacement. Ou qui, plus simplement, rendront plus agréable votre vie professionnelle. 4
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.1| E-reader: le Tolino Shine est la réponse allemande à l’e-reader Kindle d’Amazon. L’appareil de 2Go, soit l’équivalent de 2.000 livres, est disponible en Belgique dans les librairies Standaard Boekhandel (99 euros). 2| JAQ my FC: ce chargeur équipé d’une pile de la taille d’une carte de crédit vous permet de recharger vos appareils mobiles sans prise de courant. 3| iPad Pro: cette tablette dotée d'un écran assez grand, ainsi que d’un stylet et d’un clavier (en option), destinée à l’utilisateur professionnel. Le modèle d’entrée de gamme, d’une capacité de stockage de 32 Go, coûte 919 euros. 4| BEEWI: le smart tracker du fabricant français Beewi vous indique où se trouvent vos clés ou votre smartphone par un signal lumineux et sonore et une application. 5| Tag Heuer: affichée au prix de 1.350 euros, cette montre connectée très smart enregistre une foule d’informations vous concernant, comme les calories que vous brûlez et les kilomètres que vous parcourez. 6| Complete Pro Presenter Stylus: ce stylet de Leitz combine un contrôleur de PC sans fil, un pointeur laser puissant, un stylo à bille et un stylet pour écran tactile. Environ 55 euros. 7| CamScanner: cette appli vous permet d’utiliser votre appareil Android pour scanner des documents comme des contrats ou des cartes de visite, numériser des textes et des images HD, les rogner et les améliorer.
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Logiciels
Les logiciels font bouger le monde Le secteur des transports n’est pas récent. Pourtant, sous les capots, tout a changé: c’est désormais la technologie, et tout particulièrement les logiciels qui mènent le bal. «Avant, nous vendions des ordinateurs de bord. Aujourd’hui, nous sommes un fournisseur de logiciels.»
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L
e constructeur automobile Volkswagen fait davantage la Une pour ses logiciels que pour ses nouveaux modèles, au point que «logiciel tricheur» deviendra peut-être l’expression de l’année. Le scandale Volkswagen confirme l’impact de la technologie en général, et des logiciels en particulier, sur les entreprises liées aux transports. Toute PME implantée dans notre pays se transforme peu à peu en fabricant de logiciels, dont les deux exemples suivants. Les logiciels, mobiles en particulier, dominent de plus en plus.
Le plein technologique Le premier exemple est un projet du développeur belge d’applications mobiles iCapps, une PME qui compte 30 collaborateurs et qui a été créée il y a
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‘C’est comme si nous aménagions un bureau dans un véhicule.’ Walter Mastelinck, Transics
six ans en collaboration avec Tokheim, l’un des plus grands installateurs au monde de solutions pour stations-service. Grâce à son application mobile de fabrication belge, les clients peuvent payer par smartphone dans les stations-services sans sortir de leur voiture (l’usage du smartphone est d’ailleurs interdit sur ces aires). Ce système fonctionne ainsi: l’automobiliste reçoit un sms pour l’inviter à faire le plein dans la station-service la plus proche. L’application lui indique la pompe libre. L’utilisateur sélectionne le carburant adéquat et fait le plein. Au préalable, l’utilisateur a enregistré dans l’application toutes les informations de sa carte essence et du carburant de son choix. L’application communique par iBeacons, des petits émetteurs qui peuvent être détectés
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Applications et management de fleet par Transics
avec une précision de quelques centimètres par des smartphones. Les iBeacons sont intégrés dans les pompes des stations-services. Ou comment un simple plein devient une prouesse technologique.
Bureau sur roues
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Le deuxième exemple nous est présenté par Transics, une entreprise belge spécialisée dans la gestion de flottes depuis près de 25 ans. «Nous maintenons le contact entre les camions et la base, tout en permettant à l’entreprise de suivre ses véhicules», explique Walter Mastelinck, CEO et fondateur de Transics, qui fait aujourd’hui partie du groupe américain Wabco. Les utilisateurs de leur application ont accès à des informations cruciales concernant la position et l’iti-
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Logiciels
‘Le smartphone est devenu le prolongement de l’ordinateur.’
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néraire des véhicules, mais aussi à des paramètres comme la consommation de carburant et les émissions, les temps de roulage et de repos, les délais de livraison, la pression des pneus et la température des marchandises transportées. C’est ainsi que Transics assiste les entreprises de transport. «C’est comme si nous aménagions un bureau dans un véhicule. Nous ne nous contentons pas de communiquer sa position, loin de là», souligne Walter Mastelinck. La solution de gestion de flottes est également associée aux applications d’entretien, de planification et d’administration des salaires de l’entreprise. Mobistar assure la connexion mobile en plaçant une carte SIM dans chaque camion.
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‘Il y a 25 ans, nous avions quatre ou cinq développeurs de logiciels. Aujourd’hui, ils sont plus de 110.’ Walter Mastelinck, Transics.
Nombre d’informations que le chauffeur devait autrefois traiter manuellement et sur papier le sont désormais automatiquement et de manière numérique. «Nous épargnons aux chauffeurs de nombreuses formalités administratives.» Dans ce domaine aussi, l’application a un prolongement mobile. En effet, le chauffeur reste en connexion avec son camion par le biais d’une application mobile sur son smartphone. «Son smartphone est devenu le prolongement de son ordinateur de bord.» Pour Trasics, qui équipe 90.000 véhicules, logiciel et mobilité n’ont cessé de gagner en importance. «Avant, nous vendions des ordinateurs de bord. Aujourd’hui, nous sommes un fournisseur de logiciels. Nous sommes devenus une entreprise de logiciels. Notre assortiment d’applications s’est affiné au cours de ces dernières années. Plus d’un tiers de nos 300 collaborateurs se consacrent au développement de produits. Il y a 25 ans, nous avions quatre ou cinq développeurs de logiciels. Aujourd’hui, ils sont plus de 110», conclut Walter Mastelinck.
Faites de votre entreprise un développeur de logiciels
Les logiciels sont partout «Software is eating the world», écrivait Marc Andreessen, un des fondateurs de Netscape et investisseur dans des entreprises comme Facebook, Groupon, Skype et Twitter, dans un article qui a fait grand bruit. Les logiciels ne constituent plus une industrie ou un secteur distinct: ils sont omniprésents.
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n Belgique aussi, un nombre croissant de secteurs qui ont longtemps vécu sous forme analogique se sont numérisés. Et les logiciels, parallèlement à la technologie mobile et au cloud, sont en première ligne de cette évolution. Nous en trouvons un bel exemple dans la chaîne de librairies Standaard Boekhandel et leur plateforme e-book. Leurs «lecteurs numériques» y ont droit à 25 Go d’espace de stockage en ligne pour des e-books, soit l’équivalent de 25.000 livres, plus que ce qu’en lira un lecteur moyen. Cet exemple étaie l’affirmation que toute entreprise est vouée à devenir une entreprise de logiciels. «C’est tout à fait vrai, et j’irais même plus loin en ajoutant que chaque entreprise est une entreprise de logiciels», annonce JeanLouis van Houwe, CEO de la jeune entreprise Monizze, spécialisée dans les chèques-repas électroniques. «Nous nous sommes positionnés comme une entreprise de logiciels dès le début. D’ailleurs, nous nous sommes affiliés à Agoria. Le premier collaborateur que j’ai recruté était un développeur de logiciels», poursuit le CEO. Il reconnait qu’il est plus facile de franchir le pas vers le logiciel quand on est une jeune entreprise. «On part d’une page blanche.» Mais, en tant qu’ex-consultant, il a aussi des conseils à donner aux entreprises qui doivent opérer leur transformation pour devenir une entreprise de logiciels.
1.Analysez les processus De nombreuses entreprises pourraient fonctionner de manière plus efficace et orientée client en rationalisant leurs processus et donc, en les automatisant davantage. «Votre entreprise va fonctionner de manière plus efficace et donc, à moindre coût», estime Van Houwe. «Si l’aide que vous fournissez à vos clients l’est principalement de manière automatique et en ligne, ils ne devront plus vous téléphoner pour obtenir la solution de leurs problèmes.»
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Pensez au vécu de vos clients
Les entreprises qui percent dans la Silicon Valley, comme Google, doivent leur succès au fait qu’elles se concentrent totalement sur le vécu de leurs clients. «Tout l’art consiste donc à utiliser intelligemment le logiciel qui gère la relation avec vos clients», affirme Van Houwe. «Dans la mesure où un nombre croissant d’entreprises deviennent des entreprises de logiciels, c’est l’utilisation intelligente des logiciels qui peut faire la différence.»
taille n’a pas 3.Lad’importance Le monde des entreprises vit une époque à la fois complexe et fantastique. Complexe, parce qu’un concurrent peut surgir n’importe où, n’importe quand. Fantastique, parce que les possibilités sont innombrables, surtout pour les petites entreprises. Voyez
une entreprise comme Monizze: elle peut s’attaquer à de grandes enseignes comme Sodexo et Eden Red avec seulement trente collaborateurs. «Pendant les six à douze premiers mois qui ont suivi la création de mon entreprise, j’ai tout fait tout seul, du site à l’intégration du logiciel. Il y a dix ans, c’était impossible. Aujourd’hui, c’est tout à fait possible.»
Mettez l’informatique 4. au top et sachez la comprendre L’informatique n’est pas une bulle dans l’organisation, l’informatique est l’organisation. «L’informatique relève aujourd’hui du conseil d’administration», affirme Jean-Louis Van Houwe. «Donc, le CEO aussi doit comprendre l’informatique. J’ai le sentiment que c’est parfois à ce niveau que le bât blesse. Le CEO ne doit pas forcément être un expert, mais il doit pouvoir participer au suivi des projets.»
la 5.Privilégiez simplicité Ce conseil ne concerne pas seulement le niveau interne, mais aussi les relations externes. «Fondamentalement, les clients détestent la complexité. Ils veulent, ou plutôt, ils exigent de la rapidité et de la simplicité», estime le fondateur de Monizze. Il cite le créateur de Virgin, Richard Branson: «La complexité est votre pire ennemi. Mais faire simple est aussi l’une des choses les plus difficiles au monde.»
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E-COMMERCE
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Sofie Hermans, Orakel
Quand l’e-commerce devient stratégique L’entreprise s’est lancée dans l’e-commerce il y a deux ans. Aujourd’hui, il lui apporte déjà plus d’un quart de son chiffre d’affaires ainsi que de nombreux nouveaux clients internationaux. C’est, en deux phrases, l’histoire d’Orakel, une PME belge spécialisée dans les articles de fête. «Si nous n’avions pas investi dans un webshop, un concurrent étranger l’aurait fait.»
rakel est une entreprise spécialisée dans la production et la distribution d’articles pour événements et fêtes, comme des bracelets ou des jetons de boissons. Le portefeuille de clients est très divers. «Du patron local à Coca-Cola, qui propose des jetons personnalisés comme matériel promotionnel», explique Sofie Hermans. En tant que responsable commerciale, elle est en charge de l’ecommerce et des exportations chez Orakel. L’entreprise emploie une cinquantaine de personnes, mais cultive une forte orientation internationale. Elle possède cinq sites à l’étranger - Pologne, Royaume-Uni, France, ÉtatsUnis et Hongrie - où s’effectue également une partie de la production. «Les produits que nous vendons, comme des bracelets utilisés dans les contrôles d’accès à des événements, sont assez légers. Ils sont donc particulièrement adaptés à l’exportation et à l’e-commerce.»
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Pays voisins Cependant, Orakel ne joue la carte de l’e-commerce que depuis deux ans.
‘Avant, il fallait plusieurs jours pour régler une commande par e-mail ou par téléphone. Aujourd’hui, quelques clics suffisent.’ Sofie Hermans, Orakel
«Un grand nombre de nos clients organisent leur événement après leurs tâches quotidiennes. Nous voyons beaucoup de commandes arriver le soir, voire la nuit», explique Sofie Hermans. «Notre produit est également approprié à une personnalisation en ligne. Par exemple, nous proposons sur notre site un outil qui permet à nos clients de faire personnaliser leurs jetons ou leurs bracelets en y apposant leur logo ou un slogan. Cela favorise la vitesse de traitement. Avant, il fallait plusieurs jours pour régler une commande par e-mail ou par téléphone. Aujourd’hui, quelques clics suffisent.» L’e-commerce accélère également l’expédition des produits. «Nous collaborons avec un service de courrier. Si un client européen commande le lundi avant 16 heures, il reçoit ses produits le mardi. Si nous expédions un colis pour les États-Unis le lundi, il arrive à destination le mercredi.»
Nouveaux clients L’investissement dans l’e-commerce porte ses fruits : il représente déjà 27% du chiffre d’affaires d’Orakel. De plus, il s’agit de nouveaux clients. «Environ 90% de ces commandes en ligne viennent de nouveaux clients. Si notre entreprise a vu son chiffre d’affaires augmenter de 12% l’an dernier, c’est en grande partie grâce à l’e-commerce», explique Sofie Hermans. «Pour cette année, nous budgétons une croissance de 5%.» L’e-commerce est également un exercice d’efficacité. «La moitié des commandes en ligne sont entièrement automatisées. Aucun intermédiaire
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n’intervient», explique Hermans. «Ce qui explique aussi que nous puissions traiter davantage de commandes avec les mêmes effectifs.» Les commandes en ligne proviennent surtout des pays voisins. «Les principaux débouchés de notre webshop sont la Belgique, la France, l’Italie et les Pays-Bas.» Malgré l’essor de l’e-commerce, Orakel n’a pas l’intention de limiter ses ventes à ce canal. «La part de l’e-commerce dans notre chiffre d’affaires devrait continuer à augmenter, mais, actuellement, la majorité de ce chiffre vient encore des canaux offline. Il sera toujours possible de passer commande par téléphone ou par e-mail.» Pour autant, l’e-commerce est déjà une arme importante contre la concurrence. «Un grand nombre de commandes en ligne vient des pays voisins et nous sommes conscients que l’on y trouve également des concurrents potentiels. Notre secteur d’activités s’internationalise de plus en plus. Si nous n’avions pas investi dans un webshop, un concurrent néerlandais, français ou italien aurait raflé ce marché à notre place», affirme Sofie Hermans.
‘90% de nos commandes en ligne viennent de nouveaux clients.’ Sofie Hermans, Orakel
velopper notre présence en ligne en Afrique du Sud. Quand c’est l’hiver làbas, c’est l’été chez nous, et inversement.» Cette expansion géographique se double d’une différenciation en matière de produits. «Nous envisageons une nouvelle extension de nos activités, notamment des dossards pour les événements sportifs, moins saisonniers. Un webshop distinct pour les articles de sport est une option. L’e-commerce jouera un rôle important dans tous ces projets, évidemment», conclut-elle.
Le e-commerce en six atouts. 1. L’e-commerce est indiqué pour les exportations. Surtout pour les entreprises qui vendent des produits légers, plus ou moins uniformes et faciles à exporter, comme les jetons Orakel. 2. L’e-commerce favorise l’automatisation et l’efficacité.
Investissement Un webshop est un investissement significatif pour une PME qui réalise un chiffre d’affaires d’un peu moins de 3,5 millions d’euros. Il se compose, d’une part, du front-end, la partie que voit le client ou l’internaute et qui doit être pratique et conviviale. D’autre part, il y a aussi le traitement en coulisses, le back-office. L’e-commerce a un prix. «Nous investissons 80% de nos bénéfices annuels dans l’automatisation et la publicité en ligne, notamment dans des campagnes Google», confirme Sofie Hermans. De plus, l’Internet permet une expansion internationale qui va plus loin que la douzaine de pays où les commandes sont aujourd’hui possibles. «Notre activité est très saisonnière, avec un pic d'activités d’avril à septembre. C’est pourquoi nous voulons dé-
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Un même nombre de collaborateurs peut facilement traiter un plus grand nombre de commandes. 3. L’e-commerce est convivial. Le traitement des commandes est plus rapide et le client passe commande quand il le souhaite. 4. L’e-commerce est une arme stratégique. La concurrence s’internationalise. Une PME peut atteindre de nouveaux clients, notamment à l’étranger, mais l’inverse aussi vrai: les clients de la même PME peuvent faire leur shopping dans un webshop à l’étranger. 5. L’e-commerce donne des opportunités de branding. On peut ouvrir un webshop à part pour une catégorie distincte de produits, comme Orakel envisage de le faire pour les articles de sport.
6. L’e-commerce demande des investissements significatifs. Le site doit être convivial et son système de back-office, efficace. Orakel investit 80% de son bénéfice dans l’automatisation. La moitié des commandes en ligne sont déjà entièrement automatisées.
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©Lieven Van Assche
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‘Nous n’avons pas choisi les alternatives pour faire des économies, mais nous ne voulons pas perdre de l’argent non plus.’
L’emploi de carburants alternatifs reste limité Les alternatives aux combustibles fossiles sont encore très rares, et pas seulement dans notre pays. Les investissements ne sont pas faciles à rentabiliser et ceux qui s’y risquent ne bénéficient d’aucun encouragement fiscal. Toutefois, vous trouverez plusieurs possibilités réalistes dans ce dossier.
L’
entreprise de courrier UPS, active dans 200 pays, dispose d’une flotte mondiale de quelque 5.800 véhicules à faibles émissions nocives. Depuis 2000, ceux-ci ont parcouru plus de 800 millions de km; d’ici 2017, ce seront 1,6 milliards! Sa flotte alternative compte 1.300 véhicules et 23 stations-service LNG et CNG, 1.500 véhicules au propane, 19 véhicules au méthane et 186 véhicules électriques. En Europe, 180 véhicules UPS consomment des carburants alternatifs, mais la percée se fait attendre. «Il est possible de déployer la flotte de véhicules électriques «en breakeven», à condition de ne pas devoir investir dans l’approvisionnement en électricité et de les transformer nousmêmes. S’il faut renforcer l’installation électrique, cela devient très cher. Nous l’avons fait à Londres où nous avons bénéficié d’aides européennes. L’approvisionnement électrique doit être décentralisé, par exemple via des panneaux solaires, mais nous avons également besoin d’autres sources d’énergie, car nos véhicules roulent souvent avant le lever et après le coucher du soleil.
Le stockage est un autre point délicat», explique Peter Harris, Director of Sustainability chez UPS Europe. «Nous n’utilisons pas les alternatives pour faire des économies, mais nous ne voulons pas non plus perdre de l’argent», souligne-t-il. UPS considère sa flotte comme un laboratoire roulant et teste de nombreux types de véhicules dans les conditions de conduite les plus diverses. UPS n’a pas encore de véhicules électriques en Belgique, mais c’est le cas dans les pays voisins. «Il n’y a pas de raison particulière, si ce n’est peut-être qu’UPS travaille avec de nombreux sous-traitants en Belgique, ce qui complique leur introduction. Dans les pays voisins, nous avons commencé dans le cadre de projets européens subsidiés.» En Europe, les obstacles que doivent surmonter les véhicules alternatifs sont élevés. «Ce n’est pas un hasard si nous utilisons des véhicules transformés. L’achat de véhicules alternatifs neufs, combiné aux frais liés à l’approvisionnement en énergie, est trop cher. Le biométhane permet de réduire les émissions de CO2 de 80% mais cela nécessite des investissements stratégiques dans la production et l’approvisionnement», poursuit Peter Harris.
Pourtant, il tient à encourager d’autres à franchir le pas. «Il faut choisir la bonne technologie, ce qui n’est pas évident pour une PME. Si suffisamment d’entreprises le font, nous créerons une demande. Et l’offre devra suivre.»
Peu d’incitants Arthur Vijghen dirige une start-up, The New Drive, spécialisée dans le conseil et la gestion de projets en matière de mobilité électrique et d’énergie durable. «Dans notre pays, tous les véhicules utilitaires sont exonérés de la taxe de mise en circulation et la taxe d’immatriculation ne dépasse pas quelques dizaines d’euros, quel que soit le carburant. Le carburant ne joue aucun rôle non plus dans la déductibilité fiscale. En raison de l’usage professionnel qui en fait par des sociétés, ils ne sont pas davantage soumis à la cotisation de solidarité et n’engendrent pas d’avantages de toute nature. L’État n’encourage pas l’usage de carburants alternatifs pour les utilitaires.» Vijghen ne peut citer que quelques entreprises et services publics utilisant des véhicules utilitaires alternatifs, par conviction écologique et sociale ou pour leur image. «Pourtant, il existe des formules rentables, comme un utilitaire qui parcourt plus de 150.000 km. C’est aussi une formule pertinente pour le transport local et la distribution urbaine. Il s’agit de fournir des services au niveau local. On peut travailler la nuit, en silence et sans nuisances. Les autorités pourraient créer un cadre en jouant davantage sur les heures de livraison et les émissions. Et en prévoyant des bornes de recharge et des places de stationnement de qualité pour les véhicules plus propres.»
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© Emy Elleboog
Sous-traiter le dernier kilomètre en ville Envoyer des camions au centre-ville pour quelques colis ou une palette n’est pas très rentable ni très écologique. Des distributeurs urbains novateurs proposent des véhicules plus légers et un système de livraison alternatif.
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ubble Post est une société active dans dix-neuf villes belges et néerlandaises. «Dans chaque ville, nous aménageons un entrepôt où les entreprises peuvent déposer leurs marchandises en vue de leur distribution finale chez les destinataires, dans le centre», explique Yan Ketelers, responsable marketing et communication. «Avant, le dernier kilomètre du trajet de livraison par camion classique était organisé de manière particulièrement inefficace et coûtait extrêmement cher. Les en-
treprises de courrier, les transporteurs, les distributeurs et les fournisseurs peuvent désormais nous confier cette dernière partie du trajet, jusqu’au destinataire final. Nous regroupons les marchandises par zone et par créneau horaire pour les livrer aux commerçants, aux établissements horeca et aux particuliers.»
Trois-roues «Bubble Post utilise des petits véhicules pratiques et écologiques», explique Yan Ketelers. Ses coursiers, les
PAROLES D’EXPERT
Christel Reynaerts, CEO d’Alphabet
‘L’investissement des véhicules alternatifs est amorti en 2,5 ans à 3 ans à peine.’
L’ASPECT MOBILITÉ NE SE LIMITE PAS À LA VOITURE
Marc Schepers, City Depot Les besoins en mobilité de vos collaborateurs évoluent. Si généralement, la voiture vient en premier lieu, d’autres formes de mobilité existent, qui permettent un déplacement plus rapide et plus facile. Pour satisfaire les souhaits de chacun, Alphabet planche sur la mobilité de l’avenir. De société de leasing opérationnelle, Alphabet est devenu un fournisseur innovant de mobilité des entreprises. Le secret de notre marque ? Oser regarder plus loin et appliquer une approche à 360 degrés. L’innovation est ancrée dans tout ce que nous entreprenons.
«Bubble Heroes», utilisent les vélos électriques à trois roues que nous avons conçus. Ils sont équipés d’un coffre de près de 2 mètres cubes et d’une capacité de 200 kilos. «Les vélos ont un dispositif de refroidissement pour ne pas rompre la chaîne du froid des produits frais transportés. Ils assurent 70% de nos livraisons en ville.» Pour les livraisons importantes et les livraisons en périphérie, Bubble Post utilise des camionnettes électriques. Grâce au concept de plaque tournante numérique, l’exploitation de cette flotte est particulièrement efficace. «Notre logiciel de planification, que nous avons conçu nous-mêmes, organise les déplacements de la manière la plus efficace possible. Nous comptons d’ailleurs le commercialiser», explique Yan Ketelers. Fournisseurs et destinataires peuvent suivre l’acheminement des colis sur la plateforme en ligne. Les destinataires peu-
Notre façon de travailler est particulièrement flexible. Le collaborateur choisit les solutions de mobilité qui correspondent le mieux à ses besoins. Cela peut être une voiture de société et un vélo, ou une voiture de société combinée à une carte de mobilité pour les transports publics et le parking, etc. Toutes les combinaisons sont possibles. L’offre n’est donc pas seulement flexible, elle est aussi totalement personnalisée. Le monde est en mutation permanente, ce qui s’accompagne de défis majeurs, mais aussi d’opportunités. Le fait de travailler indépendamment du temps, par exemple, gomme la frontière autrefois nette entre le B2B et le B2C. Une combinaison fluide online/offline est à ce titre toujours plus importante. C’est pourquoi nous avons développé une nouvelle application, AlphaGuide, qui sera lancée à la mi-décembre sur toutes les plateformes de gestion. Cette app est particulièrement conviviale et contient toutes les fonctionnalités classiques, comme la recherche d’un partenaire sur la carte, l’appel du service d’assistance, etc. Qui plus est, le client reçoit également un agenda de mobilité, qui offre à l’utilisateur une vision globale de tous les déplacements à réaliser ce jour-là. Il sait aussi combien de temps ces déplacements lui prendront et il peut ainsi choisir l’heure de son départ. Désormais, l’employeur se doit d’être attrayant, productif ET innovant. C’est pourquoi Alphabet ne se contente pas de fournir des voitures. Nous guidons nos clients dans le monde de la mobilité. Et ce rôle de conseil est chaque jour plus important.
Une initiative de Partner Content en collaboration avec
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vent même y indiquer le moment où la livraison leur convient le mieux. «Du coup, nos coursiers ne doivent présenter le colis qu’une seule fois, ce qui réduit les coûts et les charges. C’est la demande qui dirige le système, ce qui donne un concept orienté clients. Comme nos coursiers se rendent plusieurs fois par jour dans chaque quartier, nous sommes plus souples et plus rapides que les transporteurs classiques.» City Depot est un autre service de distribution urbaine alternative avec flotte adaptée. Cependant, cette dernière société considère son service comme beaucoup plus large que celui de Bubble Post, parce qu’en tant qu’entreprise plateforme, elle assure la régie de la distribution en ville et collabore avec les parties locales. «Dans certains cas, Bubble Post est notre concurrent; dans d’autres, notre partenaire», explique Marc Schepers, fondateur et CEO de City Depot. Son entreprise a commencé ses activités début 2016 dans sept villes et compte desservir tous les centres-villes belges fin 2016. Elle dispose d’entrepôts en périphérie où les transporteurs déposent les marchandises qui sont ensuite regroupées en fonction de leur destination.
Conseils Pour une flotte urbaine plus intelligente ✔ Les véhicules électriques et au gaz sont plus rapidement rentabilisés dans les villes qu’en dehors. ✔ Non seulement la distribution urbaine accélère la rentabilisation du fleet, mais elle a également un effet positif sur l’efficacité et le coût de l’ensemble de la logistique. ✔ Si la livraison ne relève pas de votre cœur d’activité, la sous-traitance du dernier kilomètre n’est pas du luxe. ✔ C’est durable et positif pour l’image de toutes les parties impliquées.
Rentabilisation La flotte de City Depot est adaptée à une distribution urbaine finement maillée. «Nous utilisons des véhicules équipés de motorisations durables, comme des cargobikes, des petites camionnettes électriques en parallèle à de plus grandes camionnettes au LPG et au CNG. Les véhicules électriques sont adaptés à un rayon d’action de 100 kilomètres maximum. Les véhicules alternatifs sont silencieux et propres, fiscalement déductibles et sobres en carburant. L’investissement est amorti en 2,5 ans à 3 ans à peine.» Les véhicules silencieux offrent de nouvelles opportunités. «Nous pouvons livrer le soir et le week-end. Côté destinataires, nous proposons également une palette de services aux commerçants et aux entreprises qui peu-
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vent faire expédier leurs colis par nos services, ce qui crée un transport bidirectionnel. Dans ce cas, chaque mètre cube de capacité de chargement est exploité de manière optimale. L’essor de l’e-commerce engendre des flux croissants de marchandises», explique le chef d’entreprise. Aujourd’hui, City Depot appartient à bpost à près de 50%. «Nous pouvons associer leur logistique et leur savoirfaire à nos atouts», explique Marc Schepers. «En fait, les organisations logistiques cherchent à se défaire de ce dernier kilomètre dans les centres urbains, parce qu’il accroît considérablement la complexité et le coût du transport, alors que nous regroupons les chargements de la manière la plus efficace possible. De nombreux centres
‘Les organisations logistiques cherchent à ce défaire de ce dernier kilomètre.’
© Emy Elleboog
villes sont interdits aux camions à partir de 11 heures. Chez nous, un grand semi-remorque peut décharger dix palettes à n’importe quelle heure et repartir aussitôt, ce qui est beaucoup moins cher que de rouler en ville pendant trois heures pour livrer quelques palettes. Conséquence? Un doublement de la rentabilité de la flotte et des chauffeurs. Cette formule permet également de mieux organiser les transports en amont: l’expéditeur ne doit plus les charger par client, car c’est nous qui assurons le tri.»
Exemples ✔ Café serré Nespresso Belux, leader du marché du «café portionné», fait appel à Bubble Post. «Les clients veulent recevoir leurs commandes le plus rapidement possible. Nous essayons sans cesse de raccourcir les délais et de proposer un bel éventail de possibilités de livraison. Dorénavant, nos clients peuvent recevoir leurs commandes où et quand ils le souhaitent», explique Thomas Vander Putten, qui gère sept boutiques et deux popups Nespresso Belux dans les centres commerciaux. «Nous avons choisi Bubble Post pour son réseau de livraison étendu et la garantie de qualité du service à nos clients. Les livraisons en vélo sont une option supplémentaire. Pour nous, c’est également une manière de contribuer à la réduction du trafic de voitures au centre-ville et d’avoir un impact positif sur l’environnement, même si nos livraisons étaient déjà neutres en CO2. L’un de nos objectifs en matière de durabilité est une neutralité carbone totale d’ici 2020.»
✔ Sacs de sel Le fournisseur de sel Qsalt travaille avec City Depot. «Nous livrons toutes sortes de sels en sacs dans les villes depuis la côte. Si nous envoyons un camion pour une livraison au centre de Bruxelles, il faut compter un jour d’absence. En plus, il ne peut pas emprunter les tunnels. City Depot nous permet de gagner beaucoup de temps. Nous disposons d’un stockage bon marché et pouvons mieux organiser nos activités», explique le directeur, Benoit Quatannens. «Le transport représente environ un sixième du prix de notre produit. Les économies sur le transport ont donc un impact important. Notre camion décharge 14 palettes en périphérie de Liège. De là, City Depot livre une palette par client. Les sacs de sel sont livrés jusqu’à leur destination finale, les caves. Cette formule nous offre un avantage concurrentiel. Actuellement, nous étudions la possibilité de livrer nos produits en ville par voie navigable en relais avec City Depot.»
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