14 JUIN 2017
MAGAZINE DES PME ET DES ENTREPRENEURS
Pulse
THOMAS VAARTEN, A.S. ADVENTURE
Les sept fers de lance de l’e-commerce dans la brique
FINANCE
Vers une société sans cash?
IT-TELECOM
Comment contrer le ransomware?
PULSE 14 JUIN 2017
SOMMAIRE
Un perroquet avec un nœud papillon Camille De Meeus et Matthieu Blanpain -et leur perroquet Edmund- racontent leur passion d’entrepreneurs et leur production 100% made in Belgium.
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22 FINANCE
IT-TÉLÉCOM
L’avenir, sans espèces et sans contact «80% des payements ne se font pas en cash» 10 Transformez votre pension complémentaire en brique 14 Petit guide des logiciels comptables
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Armez-vous contre le ransomware
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Payer sans cash? On y arrive lentement mais sûrement.
MARKETING 30
«Tout est affaire de confiance»
RESSOURCES HUMAINES
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ENTREPRENDRE Les sept fers de lance du commerce en ligne 22 Un perroquet avec un nœud papillon 18
Pulse paraît quatre fois par an. Chaque numéro propose des informations concrètes sur l’actualité en matière de télécoms, IT, RH, internationalisation, finances, énergie, administration, immobilier, innovation, marketing et technologie.
Quand la rémunération n’est plus liée à l’ancienneté
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La technologie remet les relations humaines au coeur du processus
FLEET
Rachid Lamrabat: «Les entreprises ne peuvent pas se permettre de négliger les consommateurs musulmans.»
Idées et conseils aux entrepreneurs
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Budget mobilité: n’attendez pas le monde politique
Ours Pulse est un supplément gratuit de L’Echo du 14 juin 2017 et une initiative d’Echo Connect. L’Echo est édité par Mediafin Product Manager: Helena Wilmet, Alexia Mangelinckx Rédaction: Dimitri Dewever, Roel Van Espen, William Visterin, Karin Eeckhout, Filip Michiels, Timothy Vermeir Rédaction finale: Natacha Boulvain Photo et illustration: Pieter Van Eenoge, Studio Dann, Frank Toussaint Lay-out: Mark Troosters Direction: Dirk Velghe, Frederik Delaplace, Arnaud Delmarcelle Adresse: Tour & Taxis, avenue du Port 86c bte 309, 1000 Bruxelles Abonnements et distribution: Tél. 0800/55 150, E-mail: abo@lecho.be Annonceur Trustmedia: Tél. +32(0)2 422.05.11, E-mail info@trustmedia.be Éditeur Responsable: Frederik Delaplace, avenue du Port 86c bte 309, 1000 Bruxelles
Prochain numéro 4 octobre 2017
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CONNECT
FINANCE
L’avenir, sans espèces et sans contact Plus de cash, juste une carte bancaire ou un smartphone pour régler toutes ses dépenses. La simplicité même, tant pour les consommateurs que pour les commerçants: c’est rapide, sûr et, pour ces derniers, cela met fin aux visites chronophages à la banque pour déposer la recette ou retirer de la monnaie. En Belgique, nous en sommes encore loin, malgré l’émergence de nombreuses applications et innovations technologiques, nous restons attachés à nos pièces et à nos billets. Lieven Cloots, conseiller juridique auprès de l’Unizo, pense que la société belge sans cash n’est pas pour demain, ni même pour les dix prochaines années. «La tendance à utiliser moins de cash est effective, c’est certain, mais l'évolution est lente. En 2013, 54% de l'ensemble des paiements effectués en Belgique se faisaient encore en espèces. L’an dernier, nous en étions encore à 51%. On ne peut donc pas parler de changement significatif.» Pourquoi? Parce que les paiements électroniques restent relativement chers, en particulier pour les commerçants. «Pour les PME dont les marges sont étroites, le jeu ne vaut pas la chandelle et cette perception n’a pas changé, même si les tarifs ont beaucoup baissé depuis. De plus, les commerçants cherchent à répondre aux souhaits de leurs clients. Si plus de la moitié de l’ensemble des transactions se fait en cash, cela signifie
© Pieter Van Eenoge
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En 2017, les paiements en espèces représentent encore 50% de l'ensemble des paiements en Belgique. Pourtant, les arguments ne manquent pas en faveur de leur suppression définitive. En revanche, nos compatriotes ne semblent pas prêts, même s’il y a de l'espoir.
Les consommateurs ne se bousculent pas pour utiliser les nouveaux paiements. Leo Van Hove VUB
continue à augmenter, quoique lentement. On trouve encore beaucoup de commerçants qui refusent les paiements par carte et les nouvelles applications pour régler des petits montants. Pour moi, c’est le principal défi. Avec la disparition de Proton, le cash a même repris du poil de la bête, alors que de nouvelles applications non tarifées et qui n’exigent pas d’abonnement des commerçantspourraient être intéressantes, en particulier pour ceux qui perçoivent de petites sommes. Mais nous ne pouvons pas mettre systématiquement en cause le coût ou la difficulté d’utilisation: les transactions électroniques représentent un sérieux obstacle aux paiements au noir.»
LA CONFIANCE RÈGNE
que les Belges y sont attachés.» «La part de marché des nouvelles apps comme Payconiq reste marginale», confirme Leo Van Hove, spécialiste des systèmes de paiement et de l’économie monétaire à la VUB. «Les consommateurs ne se bousculent pas pour utiliser les nouveaux modes de paiement. Le nombre de paiements traditionnels par carte
Lieven Cloots voit progressivement émerger une nouvelle génération de solutions beaucoup moins chères, sous forme d’applications diverses, y compris des paiements sans contact. «Ce qui génère une nouvelle problématique: de nouvelles apps apparaissent chaque mois et les commerçants ne savent plus où donner de la tête. Résultat: ils préfèrent temporiser pour savoir quelle sera l’application ou la technologie gagnante.» Les Suédois et, dans une moindre mesure, nos voisins du nord, ont prouvé qu’il était possible de faire les choses autrement. En Suède, à peine
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5% de tous les paiements effectués en magasin se font encore en espèces. Le pays se dirige à vitesse grand V vers une société sans cash. Dans les transports en commun, les voyageurs ne peuvent plus payer leurs tickets en espèces. La plupart des commerçants refusent tout simplement le cash et même les vendeurs de journaux de rue n’acceptent que les paiements électroniques. Ce phénomène s’explique en partie par la confiance quasi illimitée des Suédois dans l’innovation technologique. Autre explication: la collabo-
ration de longue date entre les banques, qui s’est traduite par le développement d’un distributeur automatique de billets uniformisé, le Bancomat, qui accepte toutes les cartes bancaires suédoises. Last but not least, le niveau élevé de confiance que les Scandinaves accordent à leur banque et aux autorités a aussi joué un rôle: les Suédois n’ont aucun problème à confier leur argent à une institution bancaire. Ils partent du principe que les banques gèrent leurs avoirs et leurs données en toute intégrité.
L’acceptation de nouvelles technologie est toujours l’histoire de l’œuf et de la poule. Leo Van Hove VUB
CASH? NON MERCI! Certains commerçants ont franchi le pas vers des systèmes de paiement totalement électroniques. En théorie, ce n’est pas autorisé, car le cash est un moyen de paiement légal et tous les commerçants sont, en principe, obligés de l’accepter. «En Belgique, certains commerces n’acceptent plus les paiements en espèces, notamment certaines stations-service sans personnel», rappelle Leo Van Hove (VUB). «Cela signifie qu’elles sont théoriquement en infraction, comme certaines chaînes de supermarchés qui n’acceptent plus que les paiements par carte. Nous sommes donc confrontés à une zone grise. J’estime que les commerçants devraient pouvoir décider d’accepter ou de refuser un paiement en cash. De façon concertée, bien entendu, et à condition que ce soit annoncé clairement.»
L’EXEMPLE À SUIVRE Les Pays-Bas ont, eux aussi, une longueur d’avance sur la voie d’une société sans cash: en 2014, les paiements par carte de débit (ou «pinpas») ont dépassé le nombre de paiements en cash pour la première fois. Les banques jouent un rôle important dans cette évolution, même si elles ne sont pas toujours irréprochables. Elles sont, bien entendu, rétribuées pour chaque paiement par carte de débit ou de crédit, mais les données de paiement ont aussi une valeur. Il y a quelques années, ING Ne-
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derland a annoncé qu’elle lançait une expérience pilote sur la vente des données de paiement, mais cela a provoqué un tel tollé que la banque a rapidement décidé d'y mettre fin. Quelle approche devons-nous adopter en Belgique? Leo Van Hove estime que nous pouvons nous inspirer de l’expérience des Pays-Bas. «Nos voisins ont mis en place une association (‘maatschappelijk overleg betalingsverkeer’ ou ‘concertation sociale sur les paiements’) qui rassemble des représentants des commerçants, des consommateurs et de la banque centrale. Il y a quelques années, cet organe de concertation a conclu un ‘gentlemen’s agreement’ dont l’objectif était de promouvoir autant que possible les paiements électroniques. Les banques néerlandaises soutiennent également cette initiative sur le plan financier pour encourager les commerçants et les consommateurs à franchir le pas. Cette initiative a porté ses fruits: la forte croissance du nombre de paiements par carte est essentiellement due aux petites sommes. Elle est également à mettre à l’actif de la grande convivialité du système de paiement sans contact. En Belgique, nous utilisons encore les codes QR pour
les paiements, mais, à mon avis, ce système n’est qu’une étape intermédiaire: cela reste beaucoup plus complexe que les paiements 100% sans contact.» «Les banques belges affichent encore un peu de retard par rapport à leurs consœurs néerlandaises. Malgré tout, ce n’est qu’une question de temps. L’acceptation de nouvelles technologies est toujours l’histoire de l’œuf et de la poule: les banques, les commerçants et les consommateurs doivent se lancer, mais qui sera le premier?»
QUE NOUS RÉSERVE L’AVENIR? Ces dernières années, nous avons subi une avalanche de nouvelles applications de paiement et, à l’heure actuelle, il est impossible de savoir quelles seront celles qui survivront. En théorie, la plupart pourront suivre les progrès technologiques, mais leur succès dépendra surtout de la convivialité qu'elles offriront aux consommateurs et du prix qu'elles factureront aux commerçants. Au niveau technologie, nous devrions assister à l’émergence de deux grandes tendances:
° NFC (Near Field Communication), un système de paiement 100% sans contact. Concrètement, il suffit de mettre en contact du terminal de paiement une carte bancaire ou un smartphone (sur lequel vous aurez téléchargé une app), sans devoir introduire de code PIN. Pour des raisons évidentes de sécurité, cette application est limitée aux montants n’excédant pas 25 euros. Ce système est particulièrement convivial, mais, tant le terminal de paiement que les cartes bancaires doivent être équipés de la technologie ad hoc et c’est là que le bât blesse encore pour le moment. Les banques sont en train d’émettre ces nouvelles cartes de paiement à un rythme accéléré et, vu qu’il s’agit également d’une norme européenne, cette technologie devrait rapidement se généraliser. Elle est déjà un succès en France et aux Pays-Bas.
° Instant payments: ce système permet que le montant dû soit versé quasi instantanément sur le compte bancaire du commerçant. Le paiement par carte ne transite donc plus par des intermédiaires, car il est directement transféré. C’est donc moins cher et plus rapide pour le commerçant et moins risqué pour les consommateurs. Les banques belges sont en train de développer ce système.
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«80% des paiements ne se font pas en cash»
Aujourd'hui, chez le spécialiste en restauration collective Prorest, qui compte 200 collaborateurs et gère une cinquantaine de restaurants d’entreprise, plus de 80% des paiements se font sans cash. Si cela ne tenait qu’à son directeur, Luc Van Sande, le cash disparaîtrait complètement de ses restaurants. En revanche, il doit tenir compte des souhaits de ses clients. «Pour nous, les paiements en cash sont complexes et risqués. Ça commence par les paiements dans les restaurants: l’argent doit être compté sur place et mis dans des coffres et, ensuite, un de nos managers doit rassembler l’argent de tous les restaurants et le déposer dans le coffre de nuit d’une agence bancaire. Pour nos managers, c'est risqué et, du côté des banques, on souhaite éviter autant que possible l’usage de ces coffres.» Au cours de ces dernières années, Van Sande a tenté de réduire autant que possible la part des paiements en cash. «Quand c’est possible, nous organisons nos restaurants sans cash et, dans les contrats avec les nouveaux clients, ce n’est plus négociable. En règle générale, cette proposition est bien acceptée par les clients, qui se montrent très compréhensifs. C’est parfois un peu plus difficile dans le secteur industriel: certains em-
Si un nouveau système convivial arrivait à s’imposer, j’envisagerais de franchir le pas. Luc Van Sande Prorest Catering.
ployés n’emportent pas leur carte bancaire et, dans ce cas, nous acceptons les paiements en espèces. Mais je pense que ce système disparaîtra à terme: comme, dans certaines entreprises, moins de 10% des paiements se font encore en cash, je pense que nous pourrons rapidement franchir le dernier pas qui nous sépare du 100% électronique.» Son entreprise économise-t-elle du temps et de l’argent ? «Très honnêtement, je n’en sais rien: pour moi, ce n’est pas la principale motivation. Les systèmes de paiements électroniques ont un coût. Vous recevez tous les mois une facture. Par contre, si les paiements se font en cash, vous ne recevez pas de facture récapitulative et cela demande donc beaucoup de travail à vos collaborateurs, ce qui a un coût, plus difficile à chiffrer.»
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© Frank Toussaint
Des paiements 100% sans cash? Pour la plupart des commerçants, cela reste une utopie, mais Prorest, spécialisé en restauration collective, a franchi une étape décisive dans cette direction. «Dans notre secteur, le cash est trop complexe et trop risqué.»
INVESTISSEMENT
Luc Van Sande, directeur de Prorest Catering
«Nous essayons de proposer un maximum de possibilités pour les paiements électroniques», poursuit Van Sande. «Un volet de notre système est ouvert -Bancontact, cartes de crédit, chèques-repas électroniques- et un autre est fermé -les clients chargent de l’argent sur une carte. Ces dernières années, nous avons testé plusieurs nouveaux systèmes et technologies, comme PingPing de Proximus, mais, chaque fois, nous constatons que ces technologies ne parviennent pas à s’imposer et finissent par disparaître. Et notre investissement est perdu.» «Aujourd’hui, nous voyons à nouveau émerger de nouveaux systèmes de paiement, comme Payconiq. Pour les commerçants, la même question se pose à chaque fois: investir ou attendre? On ne peut pas multiplier à l’infini les terminaux de paiement. Nous avons donc décidé d’attendre et nous continuons à collaborer avec Atos, un partenaire expérimenté.» «Si un nouveau système convivial arrivait à s’imposer, j’envisagerais certainement de franchir le pas. Par ailleurs, les pouvoirs publics devraient se monter un peu plus directifs avec les banques afin que les commerçants sachent dans quelle direction les choses évoluent.»
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UTILISEZ LES AVANTAGES EXTRA-LÉGAUX POUR INVESTIR DANS L’IMMOBILIER
Transformez votre pension complémentaire en brique Il existe plusieurs moyens de se constituer une réserve pour ses vieux jours. L’assurance-groupe en fait partie: cette assurance-vie collective est souscrite par un employeur au bénéfice de son personnel. 70% des salariés belges en bénéficient. Si vous êtes chef d’entreprise indépendant, vous pouvez aussi vous constituer une pension complémentaire via ce que l’on appelle un Engagement Individuel de Pension (EIP). Dans ces deux cas, le capital pension se construit grâce à des versements périodiques (le plus souvent mensuels). En principe, le capital est versé au bénéficiaire au moment de sa retraite, quel que soit son statut. L’assurancegroupe et l’EIP sont donc, en réalité, une rémunération différée. En règle générale, l’employeur ou l’entreprise paient les primes, mais les travailleurs ou patrons d’entreprise ont la possibilité d’effectuer des versements complémentaires. Les garanties de l’assurance afférente peuvent être personnalisées. En plus de l’épargnepension, il est également possible d’y ajouter une assurance-décès ou invalidité, ainsi qu’une assurance hospitalisation.
AVANTAGES FISCAUX «Un autre attrait de l’assurancegroupe et de l’EIP réside dans l’avantage fiscal qui leur est lié», explique Hilde Van Vlaenderen, Head of Market
© Anthony Dehez Pour financer un bien immobilier, on peut recourir
Development Business and Tax & Legal Life Insurance chez AG Insurance. «Les primes payées par l’entreprise sont déductibles à titre de frais professionnels, mais les employés ou les chefs d’entreprise paient également
moins d’impôts sur leur pension complémentaire que sur leur salaire. Le capital libéré au moment de la retraite est, en principe, taxé au taux préférentiel de 10%. Les versements du salarié dans une assurance-
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L’objectif d’une assurance-groupe (pour les employés) et d’un engagement individuel de pension (EIP, pour les patrons d’entreprise indépendants) est de se constituer une pension extra-légale. Savezvous que vous pouvez utiliser une partie de cette épargne avant l’âge de la retraite pour construire, rénover ou acquérir un bien immobilier?
Pourtant, il est possible de percevoir une partie du capital avant l’âge de la retraite. Hilde Van Vlaenderen AG Insurance
à une partie de son assurance-groupe ou de son EIP avant la date de sa retraite.
groupe bénéficient d’une réduction d’impôt de 30%.» «Dans le passé, les versements réalisés par l’entreprise et par l’employé devaient produire un rendement garanti de respectivement 3,25% et
3,75%. Depuis le 1er janvier 2016, suite à la baisse des taux, ce n’est plus le cas: désormais, le rendement minimum garanti n'est plus que de 1,75%, complété éventuellement d’un pourcentage lié au taux à long terme et
SOLUTIONS ALTERNATIVES Vous préférez ne pas recourir à une avance sur votre assurance-groupe ou EIP parce que vous souhaitez conserver la totalité de votre capital pour vos vieux jours? «Dans ce cas, la police d’assurance peut servir de garantie pour obtenir un crédit hypothécaire», explique Philip Steeland (Vastia). «De plus, on peut utiliser cette police comme solution alternative à l’assurance solde restant dû classique. En cas de décès avant l’échéance de l’emprunt, le capital sera utilisé pour rembourser à la banque le solde du crédit.» On peut aussi avoir recours au crédit dit 'à terme fixe', une formule créée pour ceux qui prévoient de recevoir une somme d’argent importante, par exemple le paiement du capital de leur pension complémentaire. Elle permet à l’emprunteur de ne rembourser que les intérêts pendant la durée du contrat. À l’échéance, il rembourse en une fois la totalité de la somme empruntée grâce au capital de l’assurance groupe ou de l’EIP. «Il est aussi possible de souscrire un crédit avec ‘reconstitution du capital’ auprès de sa banque ou de l’assureur où l'on détient son assurance groupe ou EIP», conseille Hilde Van Vlaenderen (AG Insurance). «L'employeur ou l'entreprise paie les primes qui serviront à rembourser le crédit au moment où l'on atteint l’âge de la retraite. Comme les crédits à échéance fixe, on ne paye que les intérêts pendant la durée de l’emprunt. Il est aussi possible de rembourser anticipativement, en tout ou en partie. A l’échéance, on rembourse le solde de l’emprunt avec son capital pension. En règle générale, les critères d’acceptation, en particulier en ce qui concerne la durée du contrat, sont plus souples avec cette formule que pour le crédit à terme fixe.
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plafonné à 3,75%. Ces nouvelles conditions s’appliquent uniquement aux versements effectués à partir du 1er janvier 2016.» Autre nouveauté: depuis début 2016, l’assurance-groupe et l’EIP ne peuvent être soldés en faveur du bénéficiaire qu’à la date de l’âge légal de la retraite. À partir de 2025, l’âge légal de la retraite passera à 66 ans et, à partir de 2030, à 67 ans. Depuis le 1er janvier 2016, la date de versement ne peut plus être antérieure à la date à laquelle le bénéficiaire atteindra l’âge légal de la retraite.
au niveau fiscal. Par contre, s’il s’agit d’une simple avance, le contrat d'assurance poursuit son cours; la pension complémentaire continue à être alimentée et il n’est pas obligatoire de rembourser l’avance ainsi perçue. Néanmoins, tant que ce n’est pas le cas, l’assureur facture des intérêts.» «Le recours à cette avance vaut la peine d’être envisagé plutôt qu’un emprunt bancaire classique: on n'a ni frais de notaire, ni droits d’enre-
gistrement, ni inscription au registre des hypothèques. Cette solution est surtout intéressante lorsque les rendements sont faibles et que l’échéance du contrat est proche car, dans ce cas, on a déjà accumulé un beau capital et le manque à gagner en termes d’intérêts est relativement limité. Le montant dont on peut disposer sous forme d’avance sera établi en fonction de la réserve constituée.»
AVANCE «Pourtant, il est possible de percevoir une partie du capital avant l’âge de la retraite», souligne Hilde Van Vlaenderen. «C’est le cas si l'on souhaite financer l’achat, la construction ou la rénovation d’un bien immobilier. Il peut s’agir de son habitation personnelle, d'un bien commercial, d’une seconde résidence, d’un flat avec assistance ou d’un terrain. Le bien doit être situé sur le territoire de l’Union Européenne (plus l’Islande, la Norvège et le Lichtenstein) et générer des revenus imposables. La construction ou l’aménagement d’une terrasse, d’un garage, d’une piscine ou d’un jardin peuvent également être financés de la sorte.» «Le recours à ce type d’avance n’est pas considéré comme un rachat», précise Philip Steeland, CEO du promoteur Vastia. «Dans ce dernier cas, il est mis définitivement fin au contrat, ce qui est très pénalisant
© DOC
Il est possible d’obtenir une avance sur son assurance-groupe ou son engagement individuel de pension au lieu d’un crédit hypothécaire. Hilde Van Vlaenderen AG Insurance
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Petit guide des logiciels comptables
Š Frank Toussaint Nico Van der Meersch, managing partner Optiminds.
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Quand on cherche un logiciel pour gérer ses finances, on se perd au milieu de la pléthore d’applications et de technologies au point que même un chat féru de comptabilité ne retrouverait pas ses petits. Voici deux guides pour naviguer sans encombre dans un cloud truffé d’applications.
«Ce qui se passe aujourd’hui dans le monde des logiciels de finance semble contradictoire», confirme le consultant indépendant Sven Bogaert. «D’un côté, et ce n'est un secret pour personne, tout va plus de plus en plus vite sur le plan de la technologie et des possibilités. Il n'empêche qu'il faut choisir une application qui garantira à son entreprise de la valeur ajoutée à long terme. Il n’est pas possible de changer de système tous les deux ou trois ans, ce serait impayable. De même, il n’est pas envisageable de redéfinir les processus et d’obliger les employés à changer de méthode de travail à un rythme aussi soutenu. En revanche, ce qui est incontournable, c’est l’évolution vers le cloud. Alors qu’avant, les entreprises devaient acheter, installer et intégrer des systèmes, elles peuvent aujourd’hui déléguer ces tâches aux développeurs de progiciels. Principal avantage? L’intégration des différentes applications qui échangent des données est réalisée sur la plateforme. Il n’y a plus de raisons de ne pas faire appel au cloud.»
L’INVESTISSEMENT, NÉCESSAIRE OU PAS? D’abord et avant tout… Ai-je besoin d’un nouveau système? C’est la première question à se poser, estime Nico Van der Meersch, Managing Partner d’OptiMinds, une filiale de
Cronos Group, et expert en automatisation de processus appliqués à la finance et à l’ERP (Enterprise Resource Planning). «La croissance de l’entreprise peut justifier que l’on investisse dans un logiciel financier, mais d’autres facteurs externes entrent en jeu, comme l’évolution des obligations légales ou la facturation électronique.» Mais la décision d’investir dans des logiciels financiers peut aussi se justifier pour des raisons d’optimisation des processus et de réduction des gaspillages. «La période, la main d’œuvre et les matériaux qui sont mobilisés sans produire de la valeur ajoutée sont perdus; c’est du gaspillage. Nous avons opté pour la méthodologie ‘lean’ appliquée au processus financier», explique Van der Meersch, qui pointe les boîtes aux lettres électroniques regorgeant de mails, les piles de documents papier, les erreurs d’encodage et les étapes redondantes auxquelles de nombreuses entreprises sont encore confrontées. Préparez un 'business case' pour le nouveau logiciel. Commencez par évaluer le retour sur investissement: combien coûte-t-il et pour quels avantages? «Essayez de les quantifier. Analysez ensuite les coûts générés par le projet et la transition vers la nouvelle application, sans oublier les frais de fonctionnement du logiciel. Les bénéfices: impact direct sur les
Il faut choisir une application qui garantira à son entreprise de la valeur ajoutée à long terme. Sven Bogaert consultant indépendant
flux de trésorerie, par exemple parce que vous obtenez un rabais supplémentaire de la part d’un fournisseur; gains d’efficacité et d’efficience, cette dernière étant difficile à mesurer puisqu’il peut s’agir, par exemple, de la satisfaction des clients.» Pour illustrer les propos du spécialiste, l'exemple suivant: si la nouvelle application vous permet de payer plus rapidement vos fournisseurs, vous bénéficierez peut-être d’une réduction de prix (impact direct sur votre trésorerie), mais vous aurez aussi moins de rappels de paiement et, par ricochet, une réduction du nombre d’interventions (efficience) et les re-
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lations avec votre fournisseur s’amélioreront vraisemblablement (efficacité). Une fois que vous avez décidé d’investir. Il vous reste à sélectionner l’outil approprié. Nico Van der Meersch souligne l’importance d’une approche systématique et réfléchie. Commencez par définir vos besoins, faites une liste de vos exigences et de vos souhaits et fixez des priorités. «Vous devez explorer le marché, demander des démonstrations et, plus important encore, rendre visite à des clients de référence de votre futur fournisseur.» Ne vous limitez pas à l’analyse du logiciel et essayez de savoir qui se cache derrière le système, conseille Sven Bogaert. «Les entreprises ontelles créé l’application pour le long terme? Car, lorsque vous décidez de vous lancer avec un partenaire, c’est un peu comme si vous sous-traitiez une partie de la gestion de vos finances. Auparavant, vous choisissiez une application pour la compatibilité fonctionnelle: réaliser les choses correctement une bonne fois pour toutes et être tranquille. Aujourd’hui, vous
misez sur une idée. Les choses évoluent tellement vite que nous ne pouvons qu’espérer que le concepteur du progiciel continuera à évoluer. Cela va bien au-delà de la simple satisfaction de vos besoins immédiats.»
ENVISAGER L’AVENIR De plus, ajoute Nico Van der Meersch, il est important que le fournisseur du progiciel soit au fait des règlementations locales et assure le suivi en cas de changement, par exemple de la fiscalité, mais aussi des exigences des autorités locales en matière de paiements ou de déclarations. «Prenez le Gouvernement flamand, qui exige que les factures soient électroniques. Pour les progiciels développés (et mis à jour) à l’étranger, les changements intervenant dans un pays aussi petit que la Belgique pourraient se révéler problématiques et ne pas être considérés comme prioritaires.» En d’autres termes: un fournisseur américain de progiciels modifiera-til son produit en temps opportun pour s’aligner sur les nouvelles règles et normes belges?
© Shutterstock Ce qui est mis en place doit être ’future proof’.
Trois défis L’offre en termes d’applications et d’outils est pléthorique. Il n’est pas aisé de trouver les bonnes informations, mais cette étape est cruciale.
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Le choix et la mise en œuvre de nouveaux logiciels requièrent un chef de projet côté client qui y consacre le temps nécessaire.
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Assurez-vous que les lacunes et les gaspillages actuels ne se reproduisent pas dans le nouveau système.
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Envisagez l’avenir et vérifiez la possibilité d’élargir les fonctionnalités de l’application en fonction de vos propres besoins, poursuit Nico Van der Meersch. «Commencez par établir une feuille de route qui tienne compte de la stratégie de votre entreprise. Vous devez vous assurer que ce que vous mettez en place aujourd’hui pourra être développé dans le futur pour être ‘future proof’. Plus encore: le logiciel doit aussi pouvoir accepter une augmentation du nombre d’utilisateurs, ce que l’on appelle ‘scalability’.» Enfin, renseignez-vous sur la plateforme de l’application, prévient Sven Bogaert. «Le secteur fait face à une vague de consolidation avec Google, Amazon et Microsoft comme acteurs principaux», explique-t-il. «Et s’il n’est pas excessivement difficile de changer de progiciel, par contre il est beaucoup plus compliqué de changer de plateforme. Comparez cette situation avec celle de votre smartphone: si changer d’application ‘agenda’ est facile, passer d’Android à IOS est une autre paire de manches. »
ENTREPRENDRE
Les sept fers de lance du commerce en ligne A.S.Adventure Group, la maison-mère d’A.S.Adventure, a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 513 millions d’euros, la majeure partie venant de l’étranger. L’entreprise est détenue à hauteur de 85% par le fonds d’investissement français PAI. Le groupe, dont le siège est situé à Hoboken, dans la région anversoise, compte plus de 600 collaborateurs en Belgique. A.S.Adventure est une chaîne de distribution d’équipements pour activités en plein air. Avec la percée du commerce en ligne et l’intensification de la concurrence de purs 'e-tailers' (le plus souvent étrangers), A.S.Adventure a décidé, il y a trois ans, de développer une stratégie d’e-commerce. Aperçu des principaux piliers, toujours d’application, de cette approche stratégique.
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ADOPTEZ L’OMNICANAL
La distribution 'omnicanal' est devenue le mot d’ordre du secteur de la vente au détail. Les canaux physiques et digitaux se complètent à la perfection. Tout le monde souhaite appliquer ce concept. D’ailleurs, les entreprises de commerce en ligne déjà bien établies comme Coolblue et Zalando ouvrent (ou comptent ouvrir) des points de distribution physiques. De leur côté, les détaillants classiques mettent de plus en plus en avant leur e-shop et l’intègrent dans l’expé-
rience client et leurs processus. «L’omnicanal est aujourd’hui un des fondamentaux de la vente au détail», souligne Thomas Vaarten, manager e-commerce chez A.S.Adventure. Il dirige les équipes responsables du service à la clientèle, du contenu, du marketing en ligne et des créatifs. Pour Vaarten, il existe de nombreux exemples de cette approche 'omnicanal'. «Cela se manifeste, entre autres, par la présence du canal en ligne dans nos magasins, par exemple via nos kiosques», explique-t-il. «Cela nous permet de proposer un stock ‘virtuel’ à nos clients. Les collaborateurs des magasins conseillent des produits et les clients peuvent les commander s’ils ne sont pas disponibles en magasin», poursuit Vaarten. «Ainsi, les clients ne repartent jamais les mains vides.» Mais l’approche 'omnicanal' fonctionne également dans l’autre sens. «Si un client a commandé un produit en ligne, il peut le ramener dans un des magasins et se faire rembourser», explique Vaarten. «Cela semble aller de soi, mais, techniquement, ce n’est pas évident: il faut connecter le système de paiement en ligne au système de caisse des magasins.»
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SOYEZ ORIENTÉ CLIENT
Le commerce en ligne signifie qu’en tant que détaillant, vous assistez vos clients via différents canaux. Chez
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© Studio Dann
Que fait un détaillant lorsqu’il voit s’approcher la tornade du commerce en ligne? Il redouble d’efforts. Nous avons examiné les principaux piliers de la stratégie de commerce en ligne d’A.S.Adventure.
Le commerce en ligne est trop important pour être confié à des partenaires externes. Thomas Vaarten manager e-commerce chez A.S.Adventure
«L’omnicanal est devenu le fondement de la vente au détail», Thomas Vaarten, manager e-commerce, A.S.Adventure.
A.S.Adventure, par exemple, nous proposons un premier contact par téléphone, via e-mail et via un chat en live. «Et, ce, sept jours sur sept», souligne le manager. Car l’e-commerce doit s’adapter aux habitudes des clients pour être actif en dehors des heures d’ouverture des magasins. «Il y a trois ans, nous avons décidé d’élargir les plages horaires de notre contact de première ligne aux soirées et aux dimanches. Nous fournissons de l’aide en ligne de 10 à 22 h.» La modification de ces grilles horaires a eu un impact significatif sur le personnel en charge des contacts avec la clientèle. «Nos collaborateurs travaillent de manière flexible. Le soir et le week-end, ils restent à domicile et se connectent à notre système intégré, qui reprend toutes les informations clients. Nous leur fournissons
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un casque, un ordinateur et une chaise de bureau ergonomique.»
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SOIGNEZ LES CONTENUS ET AMÉLIOREZ VOTRE EXPERTISE
Pour reprendre un cliché, sur internet, un seul clic vous sépare de la concurrence. Et comparer les prix est devenu un jeu d’enfant. «Nous proposons un rapport qualité/prix correct, mais nous ne jouons pas sur les prix: nos points forts, ce sont l'expertise et les marques», poursuit Vaarten. «Nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie aux collaborateurs qui travaillent dans nos magasins pour qu’ils connaissent parfaitement les produits pour être en mesure de conseiller les clients.» Cette expertise doit aussi être perceptible en ligne. «Au cours de l’année écoulée, nous avons beaucoup travaillé sur le contenu de notre site internet, tant sur nos produits que sur nos marques. Ce contenu doit inspirer nos clients, par exemple s’ils préparent une randonnée ou un voyage: comment choisir les bonnes chaussures? Aujourd’hui, nous proposons plus de 800 articles de base sur nos sites et nous en avons beaucoup d’autres en préparation.»
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NE SOUS-TRAITEZ PAS LES CHOSES IMPORTANTES
Jusqu’à récemment, S.A. Adventure faisait régulièrement appel à des collaborateurs externes pour l’informatique et les activités d’e-commerce. «Fin 2015, le groupe a décidé de mettre un terme à cette sous-traitance», explique Thomas Vaarten. «Le commerce en ligne est trop important pour être confié à des sous-traitants. En disposant de compétences IT en interne, vous pouvez améliorer votre niveau d’expertise et vous concentrer davantage sur les priorités, tout en restant plus flexible.» Résultat: en quelques années, le département IT d’A.S.Adventure s’est développé. «L’équipe se compose de spécialistes junior et sénior, comme les développeurs de logiciels, et est
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complétée par des collaborateurs externes. Nous continuons donc à faire appel à la sous-traitance, mais uniquement pour certains aspects très spécifiques. Ce n’est plus la norme. »
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CENTRALISEZ
Un autre point fort, qui découle en réalité du précédent, est la centralisation de l’infrastructure IT. Car A.S.Adventure a beau être la marque la plus connue dans notre pays, il n’en reste pas moins qu’elle offre d’autres
Aujourd’hui, tous les départements de l’entreprise sont impliqués dans l’e-commerce. Thomas Vaarten A.S.Adventure
produits, à la fois en Belgique (avec des chaînes comme Juttu et Yaya) et à l’étranger (par exemple, Bever aux Pays-Bas et Cotswold Outdoor, Cycle Surgery, Runners Need et Snow + Rock au Royaume-Uni). Pour le commerce en ligne, toutes ces marques se retrouvent sur la même plate-forme IT et respectent les mêmes standards techniques. «Nous gérons un portefeuille de dix marques», commente le manager. «Pour chacun des sites, nous utilisons le même système de contenu (Adobe Experience Manager) et la même plate-forme web. L’avantage? En interne, nous ne devons construire qu’un seul composant, qui pourra être déployé pour l’ensemble du groupe et des sites internet. La base technique est pratiquement la même, même si le look & feel est différent.»
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UTILISEZ LE CLOUD
Lorsque l’on aborde la question de l’IT, on se retrouve très vite à parler du cloud, car une entreprise en croissance qui place ses hardware et software dans un centre de données externe pourra se développer plus vite. Même si vous commencez modestement, vous pouvez obtenir rapide-
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LE COMMERCE EN LIGNE CHEZ A.S.ADVENTURE ET SA MAISON-MÈRE ° En Belgique, le groupe est présent avec A.S.Adventure (46 magasins), Juttu (3), Yaya (5) et The North Face (2). Le site de vente en ligne est accessible dans tous les magasins d’A.S.Adventure via des kiosques et des 'digital entry points'.
° Le groupe gère au total une dizaine
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de marques: A.S.Adventure, Juttu, YAYA, Cotswold Outdoor, Cycle Surgery, Runners Need, Snow + Rock, Bever, Outdoor Exclusive.
° 200.000 produits disponibles en ligne pour l’ensemble du groupe.
ment les capacités IT nécessaires à votre croissance. En tout cas, plus aisément que si vous deviez gérer votre propre centre de données. A.S.Adventure fait partie des entreprises qui ont franchi le pas vers le cloud et utilisent l’infrastructure d’Amazon Web Services (AWS), le service cloud d’Amazon. À noter qu'Amazon.com, la maison-mère d’AWS, est également un célèbre magasin en ligne. On pourrait presque dire qu’A.S.Adventure utilise l’infrastructure d’un de ses concurrents, ce que Vaarten nuance en ajoutant qu'AWS et le magasin en ligne Amazon.com sont totalement indépendants. Par ailleurs, A.S.Adventure utilise également l’infrastructure du centre de données de Proximus.
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DÉVELOPPEZ UNE APPROCHE MULTIDISCIPLINAIRE
Last but not least, la multidisciplinarité est un des piliers de l’e-commerce en 2017. «Jusqu’il y a cinq ans environ, la responsabilité du commerce en ligne relevait du département informatique, mais, aujourd’hui, tous les départements de l’entreprise sont impliqués.» En tant que manager e-commerce,
Vaarten dirige quatre équipes: le service clientèle, l’équipe contenu, l’équipe de marketing en ligne et les créatifs. «En tout, le département compte 27 collaborateurs, le service à la clientèle étant le plus important avec neuf personnes», poursuit Vaarten. «Je suis également en contact avec mes collègues des magasins, du marketing, des achats et du merchandising, IT, etc. Nous travaillons en étroite collaboration. C’est devenu un must absolu.» Par-dessus tout, Thomas Vaarten est l’exemple parfait de cette multidisciplinarité. «Auparavant, j’étais gérant d’un magasin A.S.Adventure. J’ai travaillé pendant deux ans dans différentes boutiques et j’ai beaucoup appris sur la vente au détail» souligne-t-il. «Lorsque le poste de manager e-commerce s’est libéré, le management a choisi un collaborateur qui avait de l’expérience et des affinités avec nos clients, les produits et l’ensemble du concept. Voilà comment je suis arrivé à ce poste. Ils auraient pu recruter une personne à l’extérieur de l’entreprise, mais ils ont préféré un candidat interne. Cela m’a surpris, mais je suis très fier que l’on m’ait offert cette opportunité.»
° Le département d’e-commerce se compose de 4 équipes: service à la clientèle, équipe contenu, marketing en ligne, et créatifs.
° Le département e-commerce emploie 27 collaborateurs, la principale équipe étant celle du service à la clientèle qui compte 9 personnes.
° Le site propose 800 articles de fond sur les produits susceptibles d’inspirer les clients.
° Le chiffre d’affaires en ligne d’A.S.Adventure n’est pas connu, mais l’entreprise indique que c’est la filiale qui affiche le C.A. le plus important.
° En 2017, A.S.Adventure a remporté quatre Awards: B-Post Omnichannel award pour Juttu, BeCommerce Omnichannel Award pour A.S.Adventure, Golden Cuckoo Award ‘most effective direct sales’ pour A.S.Adventure et Golden Cuckoo Award ‘best content program/strategy (long term)’ également pour A.S.Adventure.
22 ENTREPRENDRE
Un perroquet avec un nœud papillon Il y a six mois, l’architecte d’intérieur Camille De Meeus (25 ans) et le spécialiste en marketing financier Matthieu Blanpain (28 ans) ont troqué leur emploi pour se consacrer à leur rêve, Edmunds. Leur ambition? Remettre à la mode les nœuds papillon en proposant des créations originales en séries limitées. «La première réaction du public sur le marché de Noël où nous avons vendu nos premiers exemplaires était presque systématiquement la suivante "C’est un produit de niche avec un marché restreint"», explique la co-fondatrice de la jeune entreprise, Camille De Meeus. «On se moquait gentiment de nous.»
Nous avons opté pour un atelier de production à Bruxelles afin d’apporter notre petite pierre à l’édifice de l’entrepreneuriat socialement responsable. Camille De Meeus co-fondatrice d’Edmunds
PLEINS FEUX SUR L’AVENIR «Malgré tout, nous avons cru à notre produit», poursuit Matthieu Blanpain, co-fondateur d’Edmunds et compagnon de Camille. «Nous avons rapidement regardé au-delà du marché local et nous nous sommes mis à rêver d’international. Nous sommes plus proches que jamais de notre objectif. Notre public est jeune, aime la mode et est à la recherche d’accessoires pour mettre sa personnalité en valeur. Un peu à l’image du chanteur Stromae, fervent amateur de nœuds papillon.» Tout a commencé par la recherche d’un nœud papillon assorti à la tenue de Matthieu pour les fêtes de fin d’année. «Je n’ai pas trouvé ce que je
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cherchais», raconte Camille De Meeus. «J’ai alors décidé de le faire moi-même. Je me suis lancée et, à la demande de quelques amis, j’en ai créé d’autres. Notre entreprise est née et s’est développée de manière
totalement organique.» Aujourd’hui, Edmunds produit plus de 300 nœuds papillon par mois, vendus via le webshop et dans 30 magasins physiques en Belgique. «Nous avons créé nous-mêmes no-
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La société bruxelloise Edmunds crée, produit, distribue et vend des nœuds papillon de toutes tailles, matières et couleurs. Ce qui a commencé en 2014 comme un hobby est aujourd’hui une entreprise en pleine croissance. Rencontre avec deux entrepreneurs passionnés.
CONSEILS AUX CANDIDATSENTREPRENEURS Il n’est pas toujours facile de réaliser son rêve quand on est un (jeune) candidat-entrepreneur. Voici les conseils de ceux qui ont créé Edmunds. o La persévérance paie «Au début, tout est difficile. Nous devions nous battre pour garder notre enthousiasme, mais en combinant notre optimisme à une bonne dose de réalisme, nous avons réussi à concrétiser ce magnifique projet.» o Investissez-vous à 100% «Il est évidemment risqué de renoncer à son emploi pour lancer son entreprise, mais en s’investissant à 100% dans un projet, on arrive à faire avancer les choses et à réaliser plus vite ses ambitions. Nous n’aurions jamais réussi si nous avions continué à mener de front deux jobs.»
Camille De Meeus et Matthieu Blanpain, Edmunds.
tre magasin en ligne. C’est surtout Matthieu qui en a le mérite», souligne-t-elle. «Je m’occupe surtout de la partie créative: le choix des couleurs, des motifs, des tissus et des modèles. Nous travaillons aussi sur
mesure, notamment pour les mariages: les clients peuvent commander un exemplaire unique qui correspond à leur souhait. Nous leur fixons rendez-vous dans nos bureaux, nous prenons les mesures et
o Travaillez de manière structurée «En automatisant certaines tâches, en réfléchissant à l'organisation et en travaillant méthodiquement, il est possible de gagner du temps, de travailler plus efficacement et d’obtenir plus rapidement des résultats. Il est important de trouver la bonne structure de travail sur base de sa propre expérience»,
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nous discutons ensemble du modèle, des détails et du format. Aucun magasin n’offre ce service.»
RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE Depuis lors, la production a été soustraitée à un atelier de réinsertion socio-professionnelle à Bruxelles. «Il était tout simplement impossible de produire seule des centaines de nœuds papillon par mois», explique Camille De Meeus. «La création des produits et la gestion de l’entreprise prennent pratiquement tout mon temps. Nous avons opté pour cet atelier de production à Bruxelles pour apporter notre petite pierre à l’édifice de l’entrepreneuriat socialement responsable. C’est fantastique de savoir que nous créons de l’emploi grâce à nos ventes. Concrètement, il s’agit de femmes issues de familles socialement fragilisées, dont certaines ne parlent ni le néerlandais ni le français, et qui viennent travailler quelques mois dans l’atelier. Cela leur permet d’acquérir une première expérience en Belgique, ce qui a un impact positif sur la recherche d’un autre emploi.» Un autre objectif d’Edmunds est de maintenir 100% de la production en Belgique. «Non seulement nous produisons en Belgique, et nous n’envisageons pas de délocaliser la production dans des pays à bas salaires, mais nous sélectionnons aussi des tissus produits ici», poursuit Matthieu Blanpain. «Au début, nous achetions des tissus dans certains motifs et couleurs. Aujourd’hui, nous les imprimons nous-mêmes. Nous avons remarqué que cela avait fait augmenter la demande. Nos nœuds papillon sont encore plus exclusifs. » Nouveaux modèles de financement Aujourd’hui, le duo regarde vers l’étranger et souhaite bientôt pouvoir vendre ses produits en France, au Luxembourg et aux Pays-Bas. «Nous avons tellement de travail que nous pouvons à peine répondre à la demande», explique Camille De Meeus. «Pour assurer notre croissance, nous examinons également les nouveaux
© Studio Dann La fantaisie, un signe particulier d’Edmunds.
modèles de financement. Jusqu’ici, nous r é i nve s t i s s i o n s pratiquement chaque euro gagné dans le développement de l’entreprise, mais ce n’est pas tena-
MARKETING CRÉATIF L’entreprise a été baptisée du nom de leur animal domestique: le perroquet Edmunds. «Ce n’est pas seulement amusant et anecdotique», raconte Camille De Meeus. «Cela fait partie de notre stratégie de marketing. Notre logo représente la tête d’un perroquet avec un nœud papillon. Et nous publions régulièrement les nouvelles aventures de notre perroquet sur Instagram, Facebook et d’autres réseaux sociaux. Cela nous permet de garder notre marque présente à l'esprit: on en parle d’une manière ludique et personnelle, proche de nos (futurs) clients.»
ble à long terme. Pour grandir plus vite, nous lancerons bientôt une campagne de financement participatif via la plateforme Kickstarter. Cela nous permettra de nous faire connaître à l’international, ce qui ne peut être que positif pour notre entreprise. Au niveau financier également, nous voulons garder les rênes et nous débrouiller sans crédit bancaire.» Dans les années à venir, Edmunds souhaite aussi se spécialiser dans les accessoires pour homme avec d’autres produits annexes, à commencer par des bretelles, des cravates et des épingles de cravate. Des boxers-shorts devraient suivre. «Nous nous limitons volontairement aux petites séries. Nous achetons nos tissus et nous les imprimons. Lorsqu’ils sont épuisés, nous en recherchons d’autres. Cela nous permet de conserver le caractère exclusif de nos créations, tout apportant une grande variété. Ce serait fantastique de réussir au niveau européen. Le cas échéant, nous devrons, bien entendu, augmenter nos ventes et notre production. Mais nous y croyons: nous avons tellement de projets», conclut Camille De Meeus.
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IT-TÉLÉCOM
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LA NOUVELLE FORME DE CYBERCRIMINALITÉ
Armez-vous contre le ransomware
De plus en plus d’entreprises sont victimes de logiciels malveillants, appelés ransomware ou 'rançongiciels', qui bloquent un ordinateur jusqu’à ce que son propriétaire ait payé une rançon. Comment se protéger contre cette nouvelle menace?
Après les virus, le spyware et le phishing, les entreprises doivent faire face à une nouvelle menace: le ransomware. Cette variante électronique du chantage analogique crypte certains fichiers, voire bloque totalement l’accès à un ordinateur ou à un réseau. L’utilisateur reçoit un message qui l’invite à verser un certain montant, la rançon, dans les 24 à 72 heures et en monnaie numérique -Bitcoin ou Litecoin. En échange, l’utilisateur reçoit un code numérique qui lui permet de déverrouiller son système. Mais, même après paiement, le virus reste dans l’ordinateur et peut être réactivé à tout moment. Le mois dernier, une nouvelle attaque de ransomware a fait plus de 200.000 victimes dans le monde. Ce sont surtout des petites et moyennes entreprises, y compris en Belgique et aux Pays-Bas, qui ont été la cible de ces attaques. Pour ces cybercriminels, les PME sont une cible intéressante, car si la plupart ne disposent pas de moyens suffisants pour garantir leur sécurité informatique, elles sont toutes capables de payer la rançon. D’après Computable.nl, près de 40% de l’ensemble des entreprises néerlandaises ont été touchées l’an dernier par ce nouveau fléau. Un responsable IT sur cinq estime que ses barrières de sécurité actuelles n’offrent pas une protection suffisante. Nous ne disposons pas de chiffres
© Studio Dann Jo De Muynck, CERT.be
Les petites et moyennes entreprises sont une cible idéale pour les cybercriminels.
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officiels sur cette forme de cybercriminalité en Belgique. De nombreuses entreprises préfèrent rester discrètes lorsqu’elles sont 'rackettées'. Les sommes exigées varient généralement en fonction des possibilités financières des entreprises impactées et des risques réputationnels potentiels. Elles peuvent aller de quelques milliers d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros, mais il faut aussi tenir compte des coûts indirects comme le manque à gagner suite à l’arrêt des activités, les pertes réputationnelles et les éventuels vols de propriété intellectuelle. Votre entreprise est-elle vulnérable? Les ordinateurs et réseaux sont surtout vulnérables aux ransomware lorsque l’utilisateur surfe de manière irréfléchie ou distraite sur internet, clique sur des liens dans des mails provenant d’interlocuteurs inconnus ou au nom falsifié et télécharge des fichiers de sites suspects. Il est, dès lors, fortement recommandé aux entrepreneurs et aux responsables informatiques de prendre des mesures
Assurez-vous que les logiciels utilisés par votre entreprise soient toujours actualisés. Jo De Muynck CERT.be
préventives. Il est important d’informer les collaborateurs des dangers du ransomware et de leur montrer comment éviter de se faire piéger. CERT.be, le département fédéral qui lutte contre la cybercriminalité (Cyber Emergency Team) a formulé quelques recommandations:
Jo De Muynck CERT.be
° Soyez vigilant si vous recevez des e-mails d’expéditeurs inconnus, en particulier si ces messages ne sont pas attendus, si leur titre est vague, si on vous demande de réagir rapidement ou si vous avez le moindre doute quant au contenu d’un fichier joint.
° Faites attention au langage utilisé dans ces mails: il y a souvent des erreurs grammaticales ou sont rédigés dans une autre langue qu’attendu.
° Contrôlez l’adresse e-mail de l’expéditeur. Il s’agit souvent de faux comptes de messagerie qui présentent de fortes ressemblances avec des adresses connues (par exemple, jean.dupont@yehoo.com au lieu de jean.dupont@yahoo.com). «Assurez-vous que les logiciels utilisés par les ordinateurs de votre entreprise soient toujours actualisés», conseille Jo De Muynck, directeur de CERT.be. «Lorsque de nouvelles versions de systèmes d’exploitation ou d’applications sont disponibles, installez-les immédiatement. Les mises
à jour peuvent faire barrage à toutes sortes de problèmes dans les systèmes informatiques. Laissez les logiciels installer et exécuter les mises à jour automatiquement. Et s’il est indispensable d’installer un bon antivirus, il faut également s’assurer que le scanner de virus soit à jour. C’est la seule façon de se prémunir contre les menaces les plus récentes.» Il y a des outils spécifiques contre le ransomware. CryptoPrevent Malware Prevention (www.foolishit.com/ cryptoprevent-malware-prevention) est un logiciel courant, gratuit ou payant (pour la version premium). Il y a peu, le spécialiste en sécurité informatique Kaspersky a créé un outil de protection gratuite pour les indépendants et les entreprises. Cet Anti-Ransomware Tool for Business (go.kaspersky.com/Anti-ransom-
QUELLE EST L’ÉTENDUE DE LA MENACE? D’après les experts, cette nouvelle forme de cybercriminalité représente 'the next big thing' en matière de sécurité informatique. Les méthodes utilisées par les criminels sont de plus en plus complexes et les attaques, mieux organisées, font appel à des algorithmes de plus en plus sophistiqués. D’après le spécialiste en cybersécurité F-Secure, le nombre de ransomware a explosé au cours de l’année écoulée: en 2016, on en dénombrait près de 200, soit une hausse de 451% par rapport à l’année précédente. Et on s’attend à une prolifération de ces maliciels dans les années à venir.
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© Shutterstock
Ransomware
CHECK-LIST POUR UNE PROTECTION OPTIMALE ware-tool.html) contrôle toutes les activités importantes de votre ordinateur. Lorsqu’il détecte un ransomware, il bloque ou détruit les activités nuisibles.
BACK-UPS RÉGULIERS Carl M. dirige une PME dans la région bruxelloise, l’an dernier, deux ordinateurs ont été contaminés par un ransomware. Il a refusé de payer la rançon, soit près de 2.000 euros, et a demandé l’aide d’un consultant en informatique. «Il a réussi à récupérer une partie de nos fichiers», explique Carl M. «Depuis lors, nous effectuons tous les jours un back-up automatique sur le cloud. Sur conseil de l’expert, je conserve également les données principales sur un disque dur
externe qui n’est connecté à mon ordinateur que pendant les back-ups, pour éviter qu’il soit contaminé en cas d’attaque.» Si vous êtes victime d’un ransomware, ne payez jamais: signalez le problème à la police locale et à CERT.be (www.cert.be). Déconnectez le système infecté de votre réseau informatique pour éviter toute contamination interne. Si vous ne réussissez pas à restaurer un back-up, vous pouvez tenter d’installer un outil de décryptage. Le portail de sécurité No More Ransom (www.nomoreransom.org) propose des outils de divers spécialistes en sécurité informatique. Lisez attentivement le guide ‘how to’ avant de vous lancer. Ou mieux encore: faites appel à un spécialiste.
o Apprenez à vos collaborateurs comment reconnaître une menace potentielle. o Maintenez à jour tous vos systèmes d’exploitation, logiciels, applications et scanners de virus. o Équipez votre système informatique d’une protection spécifique anti-ransomware. o Effectuez des doubles back-ups: à la fois dans le cloud et sur un disque dur externe. o Déconnectez votre disque dur après le back-up.
MARKETING
«Tout est affaire de confiance» Rachid Lamrabat est né au Maroc et est arrivé en Belgique à l'âge de trois ans. Il a d’abord travaillé comme fonctionnaire spécialisé en diversité et, depuis 2015, il gère avec son épouse une agence de communication qui conseille les entreprises belges et les multinationales qui souhaitent s’adresser aux popula-
tions d’origine étrangère. Lamrabat estime que les entreprises passent à côté de nombreuses opportunités. «La population allochtone devrait bientôt représenter 20% de la classe moyenne. De plus, son niveau de formation augmente. Résultat: le pouvoir d’achat moyen suit la même tendance et modifie les habi-
tudes de consommation. Les anciennes générations dépensaient leur argent différemment des Belges. Par exemple, mes parents s’offraient peu de produits de luxe et de loisirs. Au contraire, les jeunes générations marocaines et turques achètent des produits de luxe, consacrent une partie de leur budget aux loisirs et investis-
© Frank Toussaint
Rachid Lamrabat, auteur d’Etnomarketing.
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Les marques et les commerçants ne s’intéressent pas beaucoup aux consommateurs musulmans, tant au niveau de l’offre que de la communication, estime Rachid Lamrabat. «Pourtant, les entreprises ne peuvent pas se permettre de négliger ce groupe de consommateurs potentiels». Petits conseils aux entreprises qui souhaitent toucher ce groupe de consommateurs.
sent dans leur maison.» Le problème, c’est que les entrepreneurs ne semblent pas avoir pris conscience de ce changement ou, du moins, n’ont pas modifié leur offre pour répondre aux attentes de ce groupe-cible», constate Lamrabat. Les entrepreneurs ont-ils tendance à sous-estimer l’importance et le pouvoir d’achat de ce groupe? Ou ne sa-
La population allochtone devrait bientôt représenter 20% de la classe moyenne. Rachid Lamrabat Auteur d’Etnomarketing
vent-ils tout simplement pas comment s’adresser à lui? Pour Lamrabat, c’est souvent la connaissance qui fait défaut. «Le nom de mon agence de communication, Tiqah, qui veut dire ‘confiance’ en arabe, n’a pas été choisi par hasard. La confiance est essentielle si l’on veut réussir dans l’ethnomarketing. Pour convaincre les consommateurs musulmans, la qualité du produit ne suffit pas. Ils ne prendront vos produits en considération que lorsqu’ils auront confiance en vous en tant que fournisseur.» Ceux qui veulent gagner la confiance des consommateurs musulmans doivent savoir que ces derniers sont guidés dans leur choix par d’autres valeurs que les consommateurs belges. «Il ne suffit pas de proposer un produit qui soit bon, délicieux, amusant, luxueux ou d’un prix abordable. Il faut également qu’il soit conforme aux préceptes de l’islam. Il doit être ‘halal’, qui est une forme de label qui indique qu’il est autorisé. Le terme ‘haram’ au contraire, signifie qu’un produit est considéré comme nuisible par le Coran et donc interdit, comme l’alcool, la viande de porc, etc.»
VERNIS À ONGLES Proposer des produits et des services adaptés est une chose. Convaincre les consommateurs allochtones de les acheter en est une autre. Pour Lamrabat, la communication permet d’éviter les stéréotypes et de faire sentir aux consommateurs allochtones qu’ils sont les bienvenus. La
LES CONSEILS DE RACHID LAMRABAT AUX ENTREPRENEURS o Proposez des produits adaptés aux musulmans, mais ne les présentez pas explicitement comme tels. o Proposez en permanence des produits halal et intégrez-les au reste de votre assortiment, au lieu de les présenter dans le rayon exotique. o Prévoyez des conditionnements différents et plus grands. o Tenez compte du fait que le bouche à oreille joue un rôle très important dans la communauté musulmane. o Investissez dans des dépliants publicitaires et dans le direct mail, mais utilisez le ton juste et des illustrations adaptées. o Faites en sorte que tous les consommateurs se sentent les bienvenus. Quelques aménagements pratiques peuvent vous y aider. o Soyez conscient que la confiance est capitale. On peut la perdre rapidement, mais il faudra beaucoup de temps pour la reconstruire.
30 MARKETING
chaîne de magasins Action en est un bel exemple. «Non seulement on y trouve une large gamme de produits halal à des prix intéressants, mais le port du foulard y est autorisé pour les vendeuses musulmanes. Cela permet à Action d’envoyer le signal que tout le monde est le bienvenu.» Lamrabat recommande également d’éviter que les produits destinés aux musulmans soient spécifiquement présentés comme tels. «Un bon exemple est le vernis à ongles Inglot. Il est idéal pour les musulmanes, car elles ne sont pas autorisées à utiliser des produits qui les empêchent de se nettoyer le corps à l’eau. Pourtant, Inglot ne présente pas ce vernis à ongles comme ‘spécialement conçu pour les musulmanes’: la marque se contente d’indiquer que le produit est perméable à l’air et à l’eau et donc parfait pour celles qui souhaitent garder des ongles en bonne santé.» «Je constate aussi que les commerçants ont encore peur de présenter les produits halal parmi les autres», explique Lamrabat. «La plupart des grands magasins les regroupent dans des rayons séparés, parfois temporaires, voire même ‘exotiques’. Il vaut mieux intégrer ces produits dans le reste de l’assortiment et ne pas se limiter à des actions temporaires.» Ensuite, poursuit Lamrabat, les musulmans se laissent moins séduire que les autres consommateurs par les beaux emballages. Cela vaut aussi la peine de se poser la question de la forme et de la taille des conditionnements proposés. «Les musulmans boivent beaucoup de thé et l’achètent en vrac: pourtant, les grands magasins proposent rarement du thé en vrac. Et les conditionnements habituels des olives (pour l’apéritif) sont souvent trop petits et trop chers pour les musulmans.»
PUBLICITÉ Un autre aspect à ne pas négliger: les consommateurs musulmans ne sont généralement pas fidèles à une marque, sauf si la qualité est confirmée par le bouche à oreille. «Les mu-
© Belga Image
En matière de conditionnement, la taille compte.
sulmans parlent davantage entre eux de leurs habitudes d’achat, non seulement parce qu’ils font souvent leurs courses en groupe, mais aussi parce qu’ils accordent beaucoup d’importance à l’opinion de leurs amis et de leur famille. L’impact de cette publicité de bouche à oreille a augmenté avec les réseaux sociaux.» Cela ouvre de nombreuses possibilités pour une marque, comme l’a très bien compris la chaîne de magasins Wibra. Dasty, la marque la moins chère des produits pour la lessive de Wibra, contient un composant particulièrement efficace pour enlever les taches jaunes dues au curcuma, une épice largement utilisée dans la cuisine musulmane. Wibra n’a jamais fait de publicité pour Dasty, mais dès que la propriété du produit a été connue au sein de la communauté musulmane, son chiffre d’affaires a littéralement explosé. D’après une enquête menée par Tiqah et bpost, la communauté allochtone est très réceptive aux dépliants publicitaires classiques et au direct mail. «Les dépliants publicitaires et les e-mails commerciaux sont plus populaires dans la communauté musulmane qu’auprès des Belges. Les musulmans discutent entre eux des promotions et l’impact des mails sur leurs choix de consommation est plus important que pour la moyenne des Belges. Par contre, toute ‘erreur’ dans un dépliant pourra tout aussi rapidement faire chuter le
baromètre de la confiance. Si vous montrez des photos de mannequins masculins en sous-vêtements ou de jeunes filles en bikini, votre dépliant se retrouvera immédiatement dans la poubelle chez 50% des musulmans. Idem pour les dépliants qui proposent de la viande de porc ou qui font la promotion d’alcool.»
ALIMENTATION Lamrabat voit aussi de nombreuses opportunités dans le secteur alimentaire. «Pendant le ramadan, les musulmans jeûnent entre le lever et le coucher du soleil, mais, dès que la nuit est tombée, ils mangent copieusement. C’est aussi lors de cet événement annuel que les familles et les amis s’invitent mutuellement au point qu'un ménage musulman moyen dépense généralement trois fois plus que d’habitude pour l’alimentation. Si vous proposez quelque chose de spécial pour cette période en tant que fabricant ou commerçant, ce sera apprécié, mais la manière dont vous le communiquez doit être adaptée.» «Concentrez-vous sur ce que le ramadan représente pour les musulmans et choisissez des illustrations qui présentent la réflexion, la fraternité et la persévérance. Si vous créez un stand spécifique pour le ramadan ou l’Aïd el-Fitr avec des faux palmiers, vous obtiendrez l’effet inverse. Les musulmans auront l’impression d’être considérés comme
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L’impact de cette publicité de bouche à oreille a augmenté avec les réseaux sociaux. Rachid Lamrabat Auteur d’Etnomarketing
des étrangers et ne se sentiront pas les bienvenus.» Pour Lamrabat, le secteur de la mode recèle aussi son lot d’opportunités. Certaines marques (Mango et H&M) présentent des collections qui répondent aux règles du Coran en matière vestimentaire au moment du ramadan. «Chaque année, ces collections se vendent en moins de temps qu’il n'en faut pour le dire, mais, le reste de l’année, ces consommatrices musulmanes sont souvent négligées et elles ne se retrouvent pas dans la mode proposée. Ce serait le cas s'il y avait plus de diversité dans le choix des mannequins dans les étalages, les lookbooks et les publicités.» Par ailleurs, les entrepreneurs peuvent aussi obtenir des résultats grâce à des petits aménagements. «Comme toutes les femmes, les musulmanes aiment aussi faire du shopping entre amies. Vous pouvez aménager votre boutique en tenant compte de ce ‘shopping social’, en proposant un endroit agréable où elles peuvent discuter entre elles d’un achat, en prévoyant des salons d’essayage plus grands où elles peuvent essayer des vêtements ensemble.»
Rachid Lamrabat. Etnomarketing. Het vertrouwen van de nieuwe consument. Editeur Pelckmans Pro. ISBN 9789463370196. 175 pp. 29.99 euros (uniquement en néerlandais).
© Dieter Telemans
LA RECETTE DU BOULANGER Si vous demandez à Rachid Lamrabat de l’agence de communication Tiqah de vous donner un exemple d’entrepreneur ayant réussi à séduire le segment musulman, il vous citera la boulangerie-croissanterie Charif, qui a créé une chaîne en 1999 et qui compte aujourd'hui neuf magasins à Anvers, Bruxelles et Malines. «Chez Charif, vous trouvez un large éventail de sandwichs typiquement belges, du pain frais, des biscuits et des pâtisseries, du café et du thé à la menthe, des cupcakes, ainsi que des produits marocains et turcs typiques. On peut comparer le concept de Charif avec celui de Panos ou de Délifrance, à la différence que chez Charif, tout est frais et qu’à mon avis, on y met davantage l’accent sur la convivialité, avec des couleurs chaudes et des petits coins cosy.» Tout ce qui est vendu ou servi chez Charif est ‘halal’, mais ce n’est pas affiché comme tel. «Nos consommateurs musulmans le savent», explique Mohamed Hamdaoui, propriétaire des magasins. Pour Lamrabat, c’est une bonne idée. «L’offre est universelle et les produits sont ‘cool’ pour tout le monde. Tout le monde se sent le bienvenu.» Et cela se reflète dans la clientèle de Charif: «Nous avons beaucoup de clients allochtones qui sont contents de trouver une plus large gamme de sandwiches, alors que chez Panos, ils doivent de se contenter d’un sandwich au fromage. Nous voyons aussi des personnes âgées d’origine belge qui viennent prendre un café ou un morceau de gâteau», explique Lamrabat. Hamdaoui estime que 70% de sa clientèle est musulmane. Le personnel est constitué d'autochtones et d'allochtones. La recette ne semble donc pas très compliquée. Pourquoi Panos et Délifrance n’y ont-ils pas encore pensé? Lamrabat: «Peut-être n’en ressentent-ils pas la nécessité, vu qu’on fait la queue pour leurs sandwichs. Mais chaque entrepreneur se doit d’anticiper les changements démographiques et se poser en permanence la question de savoir comment rester en adéquation avec la société.»
RESSOURCES HUMAINES
Quand la rémunération n’est plus liée à l’ancienneté Bostoen est un promoteur immobilier spécialisé dans le secteur résidentiel qui emploie près de 300 personnes. Il y a plus de deux ans, l’entreprise a lancé, avec Securex, spécialiste en RH, un projet visant à harmoniser sa politique salariale. «Cette initiative a principalement touché les employés», explique Johan De Vlieger, président du comité de direction et directeur Legal et Développement de projets chez Bostoen.
TROIS PILIERS Au cours de ces dernières années, l’entreprise a élaboré une politique salariale flexible, qui comprend trois piliers: le salaire de base brut, versé mensuellement, le salaire variable, d’application à partir de l’an prochain, et ce que l’on appelle la 'total compensation' avec tous les avantages extra-légaux que les employés peuvent choisir à la carte: ce que l’on nomme 'plan cafétéria' ou 'flex budget'. Pour le salaire de base, soit le premier pilier, Bostoen se base sur des comparaisons avec d’autres entreprises et secteurs en Belgique, plutôt qu'uniquement le secteur de la construction. «Nous nous basons sur ce que l’on appelle le 40e percentile. Cela signifie qu’en termes de salaire brut, sur 100 entreprises en Belgique, 60 d’entre elles paient davantage et 40 paient moins. Nous nous situons donc endessous de la médiane, mais nous compensons cette situation avec les deux autres piliers de notre package
Des allocations familiales revalorisées, un des éléments du plan ‘cafétéria’ de Bostoen.
salarial», explique Johan De Vlieger. Pour définir la position d’un collaborateur sur l’échelle salariale, Bostoen s’appuie sur 20 à 25 descriptions de fonctions: directeur de projet, directeur de chantier, juriste, calculateur, comptable, contrôleur, assistant RH, etc. Chaque fonction correspond à une catégorie ou à une fourchette de salaire. «Nous avons cinq catégories de salaires. Dans la première, on trouve les fonctions d’exécution et, dans la cinquième, les collaborateurs qui dirigent des équipes et assument des
Chez nous, l’ancienneté n’a pas d’impact sur la rémunération. C’est l’orientation résultats qui compte. Jeune ou vieux, peu importe. Johan De Vlieger Bostoen
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De nombreuses entreprises appliquent une politique de rémunération 'à la tête du client', où celui qui demande le plus obtient le plus. Par contre, l’entreprise de construction Bostoen a une vision très claire de sa politique salariale: elle utilise des barèmes, des descriptions de fonctions et propose un plan 'cafétéria' (ou ‘flex budget’). Plus étonnant: l’ancienneté n’a aucun impact sur la rémunération.
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responsabilités.» Chaque catégorie dispose d’une fourchette: de 70% pour le niveau inférieur à 120% comme plafond avec 100% comme référence. «Personne ne gagne donc moins de 70% ni plus de 120% de la référence de sa catégorie», explique De Vlieger. De plus, certaines catégories peuvent se chevaucher. «Le plafond de la première catégorie de salaire est supérieure à la limite inférieure de la deuxième catégorie.» L’an dernier, Bostoen a adapté les rémunérations en s’appuyant sur cette règle. «Nous avons délimité les salaires de chaque catégorie. Certaines personnes qui se situaient en-dessous des 70% ont vu leur salaire augmenter et la rémunération de ceux qui se trouvaient au-dessus de 120% a été gelée. Personne ne gagne moins qu’avant.» Autre élément notable: Bostoen ne tient pas compte de l’âge. «L’ancienneté n’a aucun impact sur la rémunération du personnel. C’est l’orientation résultats qui compte. Jeune ou vieux, cela ne fait aucune différence.»
PLAN 'CAFÉTÉRIA' On trouve enfin le dernier pilier, appelé 'total compensation'. Il s’agit d’un plan 'cafétéria' qui a été introduit après enquête auprès du personnel. Que placer dans ce plan ‘cafétéria’ ou ‘flex budget’? «Il était possible d’opter pour les formules classiques comme les voitures de société (respectueuses de l’environnement) et les chèques-repas. Nous avons aussi proposé des paniers de légumes, un vélo électrique, des chèques-formation et des titres services, mais cela n’intéressait pas nos collaborateurs», poursuit De Vlieger. Bostoen n’a même pas proposé les options classiques comme les assurances groupe et hospitalisation. «Parce que dans ce cas, nous devons les offrir à tout le monde. Et si quelqu’un n’est pas intéressé, cela pose problème.» Au final, les allocations familiales supplémentaires, les warrants et les voitures de société font partie des options proposées cette année aux collaborateurs dans le cadre du flex budget. «Nous avons aussi des collaborateurs qui optent pour du cash. C’est moins intéressant sur le plan fiscal, mais c’est possible.» Ce flex budget est proposé annuellement aux employés, poursuit De Vlieger. «Nous l’adaptons chaque année sur base de l’évolution du marché, toujours avec la même philosophie: réduire autant que possible les coûts pour l’entreprise tout en maximisant les revenus de nos collaborateurs.»
CONSEILS POUR UNE POLITIQUE SALARIALE MAISON o Liez votre politique salariale aux valeurs de l’entreprise et aux compétences. Tous les collaborateurs de Bostoen s’engagent via le plan 'cafétéria' à respecter les valeurs du groupe: durabilité, courage, respect et no-nonsense. o Optez pour une approche objective et expliquez-la. Par exemple: les catégories salariales, les fourchettes de rémunération et les descriptions de fonctions. o Revoyez votre politique salariale. Bostoen a vérifié si certains salaires n’étaient pas insuffisants et les a adaptés, le cas échéant. Ceux qui gagnaient 'trop' ont vu leur salaire temporairement gelé. o Consultez votre personnel. Chez Bostoen, les collaborateurs ont été interrogés sur les composants du plan ‘cafétéria’. o Interrogez un spécialiste. Bostoen avait une vision claire de ce que qu’il souhaitait, mais a mis la stratégie en place avec l’aide d’un spécialiste en RH.
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LES HR TECH ONT LE VENT EN POUPE
La technologie remet les relations humaines au cœur du processus «La HR Tech se développe et prospère, mais les Etats-Unis avaient une longueur d’avance sur l’Europe en la matière. De plus, ici, nous n’avions aucun lien de collaboration». Pour l’entrepreneur Ben Greeven, ce fut le signal pour créer HR Tech Valley avec son collègue-entrepreneur, Joris Peumans.
L’objectif? Rassembler et renforcer les entreprises belges HR Tech, mais aussi mettre sur pied un fonds d’investissement. «Nous aimerions rassembler des fonds de l’ordre de 35 à 45 millions d’euros», explique-t-il, en ajoutant qu’il est encore trop tôt pour donner des informations plus concrètes.
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Jochen Bessemans et Ben Greeven, HR Tech Valley.
SYSTÈMES INTELLIGENTS Dans notre pays, HR Tech Valley a déjà identifié 105 entreprises qui travaillent avec la HR Tech. «Je pense qu’il nous en manque 50%», explique Jochen Bessemans, Community Manager et Technology Evangelist chez HR Tech Valley. Quelles sont les solutions offertes à ces entreprises? Ben Greeven cite le 'staffing', qui s’adresse principalement à l’horeca et permet de trouver des solutions plus rapides et moins chères pour recruter du personnel (temporaire). Notons aussi le 'candidate tracking' et les outils qui aident à sélectionner et recruter les candidats. Il existe aussi des solutions pour l’administration du personnel et des salaires, pour le 'learning & development', les 'HR analytics' et la gestion des talents. «Nous arrivons ensuite sur le terrain de l’évaluation et du feedback», explique Ben Greeven. «Ce domaine est sous pression, surtout à cause de la manière dont les choses se passent aujourd’hui. Nous évoluons actuellement vers des systèmes intelligents qui permettent de donner du feedback en permanence.» «Il faut aussi se demander dans quelle direction les RH doivent s’orienter», poursuit Jochen Bessemans. «Tout le monde se plaint de manquer de temps pour s’en occuper. Et bien, c’est précisément ce que permet la technologie: elle rassemble des données rapidement et à faible coût,
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Les technologies modifient, voire révolutionnent, tous les aspects de l’entreprise. Aujourd’hui, les ressources humaines recueillent les fruits des solutions numériques développées pour répondre à leurs défis: c’est la HR Tech, qui porte le big data, l’intelligence artificielle et la communication en ligne au cœur de la gestion des ressources humaines.
veau nous consacrer aux relations humaines plutôt qu’aux ressources humaines. L’interaction retrouve sa place au cœur du processus.»
ÉVALUATIONS EN LIGNE
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Le point de départ d’un entretien d’embauche.
La technologie rassemble des données pour libérer du temps à consacrer à ses collaborateurs. Jochen Bessemans HR Tech Valley
pour libérer du temps à consacrer à ses collaborateurs. Elle n’est pas réservée aux grandes entreprises; elle s’adresse aussi aux PME qui ne disposent pas d’un service RH très développé.» Ben Greeven: «Grâce aux technologies, nous pouvons à nou-
Cubigo, la plateforme en ligne qui doit permettre aux personnes âgées de vivre plus longtemps chez elles de manière autonome, a adopté la HR Tech. Cette start-up limbourgeoise utilise la technologie pour évaluer les candidats. «Grâce aux e-assessments, nous connaissons mieux les candidats et nous pouvons donner davantage de contenu à notre processus de sélection», explique Dana Paris, responsable RH. Alors qu’une évaluation classique prend une journée entière, les candidats peuvent, grâce au nouveau système, passer les tests chez eux à leur meilleure convenance. Pour Cubigo, cela représente aussi un gain de temps énorme. «De plus, c’est beaucoup moins cher qu’une évaluation classique, même si l’e-assessment ne la remplace pas totalement», ajoute la responsable. «Il est faux de croire que la technologie a pris le dessus: ce n’est une partie du processus. Ensuite, ce sont des personnes en chair et en os qui prennent la décision», conclut-elle. «Cet outil ne remplace pas un entretien d’embauche: c’est juste son point de départ.»
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Budget mobilité: n’attendez pas le monde politique
«Les règlementations actuelles en matière de fiscalité et de sécurité sociale autorisent déjà l’utilisation de pratiquement tous les moyens de transport dans le cadre professionnel», explique Lieve Michiels, manager Flex Income Plan chez SD Worx. «Il peut s’agir d’une voiture, d’un vélo, du train, du tram ou du bus, etc. que les collaborateurs utilisent dans le cadre de leur travail, que ce soit à titre privé, pour les trajets domicile-lieu de travail, ou pour des déplacements professionnels.» Un budget mobilité permet aux collaborateurs de décider eux-mêmes de la manière dont ils souhaitent se déplacer, pour autant que les options choisies restent dans les limites du budget prévu. Cette liberté de choix offre des avantages à toutes les parties. «Les solutions de mobilité font partie du package de rémunération», poursuit Michiels. «Une politique adéquate de ‘compensation & benefits’ permet d’attirer les bons profils et de les motiver à rester dans l’entreprise.» C’est une solution win-win pour les collaborateurs et les entreprises. En analysant régulièrement les besoins et en proposant les bonnes options dans le cadre du budget mobilité, les entreprises peuvent apporter des solutions avantageuses. «Le retour sur investissement des options proposées est directement proportionnel à l’importance des problèmes de mobilité.»
Vous attendez de voir de la fumée blanche rue de la Loi avant de mettre en place un budget mobilité? Vous avez tort, disent les experts. Franchissez le pas dès aujourd’hui car le budget mobilité est positif pour l’entreprise, pour les collaborateurs et pour l’environnement.
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Le budget mobilité permet de choisir son mode de transport.
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Un budget mobilité apporte aussi des avantages sociétaux et environnementaux. Grâce à ce système, les collaborateurs optent pour des voitures de société plus petites et moins chères qu'ils combinent avec d’autres solutions, constate SD Worx. Les vélos (y compris électriques) sont un succès: les collaborateurs les voient de plus en plus comme une solution à part entière pour leurs déplacements domicile-lieu de travail, voire même pour leurs déplacements professionnels. Cette flexibilité s’accompagne d’une réduction des émissions de CO2 et des déplacements, confirme Nicole Van Doninck, membre du centre d’expertise Smart Mobility de l’Antwerp Management School. «Cette politique a un effet positif, en particulier si le budget mobilité encourage les choix durables, en récompensant le covoiturage par exemple. Dans certaines entreprises, les employés peuvent toucher la partie non consommée de leur budget mobilité sous forme de complément de salaire, ce qui représente un encouragement de plus à réduire les déplacements inutiles», poursuit-elle. «Si le nombre d’entreprises qui proposent un budget mobilité augmente, cela aura un impact sur les embouteillages structurels du matin et du soir, du moins si les transports en commun arrivent à suivre.» D’après l’étude, il existe deux catalyseurs de changement de comportement, poursuit Nicole Van Doninck. Le premier est la facilité d’utilisation: lorsque le seuil est abaissé, le recours
Beaucoup de choses sont déjà possibles à l’heure actuelle, même si la matière est complexe. Veerle Michiels Senior Legal Consultant, SD Worx
RÈGLEMENTATION EN VUE Une nouvelle loi est en préparation sur le budget mobilité. Elle doit apporter une réponse à deux défis. D’une part, elle doit créer un cadre uniforme pour mieux faire coïncider droit du travail, fiscalité et ONSS. D’autre part, le législateur doit fixer un cadre qui encourage les solutions alternatives, soit la mobilité verte. À l’heure actuelle, la voiture de société reste l’option la plus intéressante en termes financiers. Les nouvelles règles devraient donner un coup de pouce aux solutions alternatives afin d’arriver à une mobilité plus durable en matière de déplacements professionnels.
aux solutions alternatives augmente, par exemple si les collaborateurs ne doivent plus conserver leurs tickets de transport en commun. Autre élément encourageant: la confrontation à son propre comportement, par exemple si les collaborateurs qui reçoivent un rapport sur leur nombre de déplacements, les moyens de transport qu’ils utilisent et les émissions de CO2 dont ils sont responsables, il opteront plus facilement pour des solutions durables.
INFINITÉ D’OPTIONS Beaucoup de choses sont déjà possibles à l’heure actuelle, même si la matière est relativement complexe,
estime Veerle Michiels, Senior Legal Consultant chez SD Worx. «Selon la combinaison entre le type de déplacement et le choix du moyen de transport, un employeur est ou non tenu d’intervenir dans le coût de ces déplacements, et cette intervention n’est pas considérée comme un salaire», ajoute-t-elle. «De plus, nous devons toujours nous référer au droit du travail, aux règles en matière de sécurité sociale et à la fiscalité.» Imaginez que vous mettiez un vélo d’entreprise à disposition de votre personnel pour ses déplacements domicile-lieu de travail et qu’il l’utilise également à titre privé. L’avantage lié à la distance entre le domicile et le
DES VÉLOS ÉLECTRIQUES CHEZ FERRANTI Chez Ferranti Computer Systems, une entreprise d’ICT qui emploie 350 personnes et dont les bureaux se situent au port d’Anvers, la mobilité est un sujet important. «L’accessibilité à nos bureaux est très difficile, en particulier à cause des travaux sur la Noorderlaan», explique Johan Vandekerckhove, Director Solutions Advisory Group. «Et venir ici avec les transports en commun n’est pas facile.» Vu que 40% des collaborateurs habitent dans un rayon de 25 km du siège de l’entreprise, Ferranti a proposé la solution du vélo électrique. «Nous avons lancé un projet pilote pour démontrer que les vélos électriques étaient une excellente solution: c’est rapide et vous n’avez pas les inconvénients du vélo traditionnel. Par exemple,
vous n’arrivez pas au bureau fatigué ou en sueur», explique-t-il. L’entreprise a acheté six vélos électriques que les employés pouvaient réserver pour rentrer chez eux le soir et revenir au bureau le lendemain matin. L’initiative a été un succès: les collaborateurs ont découvert les avantages du vélo et arrivent moins stressés. Les vélos électriques sont, par ailleurs, également utilisés pour aller déjeuner à l’extérieur. Maintenant que le projet pilote a pris fin, les vélos électriques feront partie du menu mobilité proposé par Ferranti. «La météo est un facteur non négligeable. Et de nombreux collaborateurs utilisent, par exemple, leur voiture pour conduire les enfants à l’école. Dans ce cas, le vélo ne remplace pas la voiture: il la complète», conclut Vandekerckhove.
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PAROLES D’EXPERT
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Le contexte actuel vous autorise à proposer à vos collaborateurs un budget mobilité.
Kris Holvoet, Manager Sales Planning & Steering
ÉCOLOGIQUE ET AVANTAGEUX: LE PARC DE VÉHICULES IDÉAL
Lieve Michiels Manager Flex Income Plan, SD Worx
lieu de travail est exonéré de cotisations sociales, contrairement à l’usage privé qui, lui, sera considéré comme un avantage salarial. Le fisc voit cependant les choses autrement: si le vélo d’entreprise est effectivement utilisé pour les déplacements domicile-lieu de travail, il est entièrement exonéré d’impôts, y compris son usage privé. Complexe? Oui, répondent en chœur les deux experts de SD Worx. «Mais même s’il est compliqué, le contexte actuel vous autorise malgré tout à proposer à vos collaborateurs un budget mobilité qui leur permet de faire leurs propres choix», conclut Lieve Michiels.
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