La vie des grandes fortunes
Coffre-fort de haute sécurité
A LA DÉCOUVERTE DE L’ENTREPÔT DES SUPER RICHES Entreprise familiale
VOS ENFANTS NE SONT PAS INTÉRESSÉS À REPRENDRE VOS AFFAIRES...
Tourisme post-Coronavirus
LA BULLE SANS VIRUS, L’AVENIR DU TOURISME DE LUXE?
De plus en plus
de clients privés et
professionnels choisissent Belfius Wealth Management «Trois piliers sont à la base de notre approche Wealth Management. Une expérience client unique, résolument contemporaine et personnalisée qui repousse sans cesse les limites. Une expertise à la pointe en matière de gestion d’actifs et dans de multiples domaines, dont une large offre digitale de qualité. Une gamme très diversifiée de solutions, que ce soit pour les affaires privées ou professionnelles. Trois domaines dans lesquels nous voulons être top of the bill.» Rencontre avec Dirk Gyselinck, membre du comité de direction de Belfius. Dans quelle mesure votre approche Wealth Management est-elle future proof en cette période de Covid-19? «Actuellement, les investisseurs cherchent plus que jamais la sécurité. Étant l’une des banques européennes les mieux capitalisées, avec un fort ratio de solvabilité CET1 de 15,5%, des fonds propres de 10 milliards d’euros et un bilan de 190 milliards d’euros, Belfius offre cette sécurité. La crise du Covid-19 a aussi démontré la place désormais incontournable du digital au sein des entreprises. Un domaine dans lequel Belfius se distingue depuis longtemps, non seulement en Belgique, mais aussi à l’international. Notre app a d’ailleurs été récemment couronnée numéro 1 parmi les banques universelles, selon une étude de SIA Partners (01/10/2020).
sous la responsabilité de
Enfin, au cours de cette période, nous avons constaté l’intérêt croissant de nos clients pour les thèmes durables. Et ce n’est pas un hasard si notre partenaire privilégié Candriam est l’un des pionniers des investissements ESG en Belgique. Grâce aux fonds du futur, nous voulons devenir la référence pour ceux qui souhaitent investir dans les entreprises développant des solutions face aux défis de demain.»
Candriam est-il le seul gestionnaire d’actifs avec qui vous collaborez? «Candriam est indéniablement notre gestionnaire d’actifs privilégié. Nous déterminons ensemble les convictions qui sous-tendent nos stratégies d’investissement,
d’actifs ou de secteurs, mais aussi sur des thèmes pertinents pour notre avenir, comme le climat ou l’égalité des genres. Pour nos clients qui souhaitent diversifier leur gestion, nous offrons un accès exclusif à d’autres gestionnaires d’actifs de renommée mondiale: BlackRock et JP Morgan Asset Management. Nos clients ont également le choix parmi un large éventail de possibilités en termes de gestion discrétionnaire ou de conseil. Ainsi que du private equity et, grâce à notre propre salle des marchés, des options d’investissement complémentaires, comme des produits structurés sur mesure ou des stratégies d’options qui font aussi partie de l’offre Belfius.»
Votre positionnement belge a-t-il un impact sur votre approche Wealth Management? «Notre ancrage belge représente un atout majeur pour nos clients. L’accessibilité de nos équipes, jusqu’au niveau du comité de direction, est indéniable. Les clients Wealth entrepreneurs apprécient fortement que les décisions soient prises ici, en Belgique. Pour eux, la gestion de leur patrimoine privé et l’accès à une gamme complète de services aux entreprises, le tout entouré de nos meilleurs experts, sont une réelle valeur ajoutée!»
Quelle est la caractéristique la plus importante de votre approche Wealth? «Nous avons l’ambition de créer un univers résolument contemporain dans lequel chaque ser vice es t entièrement personnalisé. Car, plus que jamais, nos clients attendent un accompagnement personnalisé de la part de nos Wealth Managers et de leurs équipes. Des services toujours exclusifs, comme un service de conciergerie, du conseil en immobilier et dans le domaine de l’art, ainsi qu’une digitalisation de pointe. Et ils ont raison. C’est pourquoi nous répondons avec plaisir à leurs attentes avec les solutions les plus révolutionnaires du marché.»
Supposons que je souhaite devenir client Wealth. Comment faire? «Notre offre Wealth Management est réservée à nos meilleurs clients et regroupe nos plus belles compétences en matière de gestion d’actifs, de solutions financières et non financières, d’accompagnement et d’expérience client. Nous n’acceptons de nouveaux clients Wealth que sur la base d’une invitation, afin de garantir l’excellence de ce service.»
Dirk Gyselinck Managing Director Wealth, Enterprises & Public
Belfius Banque SA, Place Rogier 11 à 1210 Bruxelles – IBAN BE23 0529 0064 6991 – BIC GKCCBEBB – RPM Bruxelles TVA BE 0403 201 185 – N° FSMA 19649 A.
nous faisons des choix clairs, non seulement en termes
WLTP (Hybride mode, pondérées) CO2 19 g/km I Consommation de carburant 0.8 l/100km Information environnementale (A.R. 19/3/2004) : polestar.com
Polestar 1 — Un objet de collection.
polestar.com
6
wealth juin 2021
En voyage
J’ Sonja Verschueren, Coordinatrice Wealth
Cette vie au ralenti qui nous a été imposée par le coronavirus, nous la transposerons dans nos voyages.
aime feuilleter les magazines. Pour trouver de l’inspiration, des idées de déco, des recettes de cuisine, un patron de couture ou des livres à lire. Donnez-moi un fauteuil, une terrasse ensoleillée, une pile de magazines, et vous ne m’entendrez plus. Comme avec mes livres lorsque j’étais ado. J’emportais dans ma chambre une lampe de poche pour lire alors qu’il était l’heure de dormir. Mais revenons aux magazines. J’y trouve aussi de l’inspiration pour les voyages. Ma «to do list» n’a d’ailleurs cessé de s’allonger durant la crise du coronavirus. Pendant le confinement, j’ai eu davantage de temps pour lire. Cette vie au ralenti qui nous a été imposée, nous la transposerons dans nos voyages, prévoient les experts dans le segment du voyage de luxe. Le «slow travel» qui était en train de percer avant la pandémie devrait bénéficier d’un coup de pouce. Imaginez... S’immerger dans sa destination sans se précipiter pour visiter absolument tous les sites incontournables. L’avantage de ce concept, c’est que les touristes seront moins nombreux et qu’il y aura donc moins de risques de contamination. Le tourisme de luxe nous
SOMMAIRE
suggère aussi d’autres voies. Les contrées éloignées devraient devenir une nouvelle tendance à la mode. En voyageant avec notre «bulle», loin des masses et de l’agitation dont le coronavirus raffole, le risque de contamination est plus faible. Dans ce magazine, nous vous emmenons en quête de l’intimité ultime. Cela me rappelle un « roadtrip » en voiture le long de la côte ouest des États-Unis que j’ai fait avec ma fille. Loin des foules – à l’exception de la visite de Disneyland LA – et dans notre bulle. Pas avec un camping-car de luxe, mais dans un petit SUV. Pas dans une tente de luxe, mais dans de petits motels soigneusement sélectionnés avec l’aide de magazines. Et inoubliables. Parce qu’avec nos pancakes du matin, on nous a servi une boule de beurre aussi grosse qu’une boule de glace. Parce que le jour de repos prévu à la piscine s’est transformé en journée doudoune (oui, il peut faire froid dans les montagnes) et parce que même si vous avez tout minutieusement préparé, il y a toujours quelque chose qui foire (j’ignorais qu’il y avait deux hôtels de la même chaîne en ville et nous nous sommes retrouvés à la mauvaise adresse à 21 h). Avez-vous des projets de voyage pour cet été?
8
La bulle sans virus estelle l’avenir du tourisme de luxe?
14
L’anti-âge est en plein boom: investir dans la longévité
18 High Security Hub Luxembourg: l'entrepôt des super riches
24
Conseils pour transmettre son entreprise familiale «J’ai crié sur tous les toits que mon entreprise familiale était à vendre»
32 L’abri de jardin érigé en palais
36
Combinaison d’excellence médicale et d’art viticole «Si vous ne pensez pas innovation, vous êtes perdu»
«Wealth» est une publication de Mediafin. Supplément de L’Écho du 11 juin 2021. Coordination: Sonja Verschueren, Edition: Philippe Servaty, Muriel Michel, Lay-out: Romuald Gobin, Illustration: Tim Ricour, couverture: Chris Burkard, Rédacteur en chef: Paul Gérard Directeur de rédaction: Isabel Albers, Editeur responsable: Peter Quaghebeur, avenue du Port 86c, boîte 309, 1000 Bruxelles.
Vivez votre plus belle vie
C’est le moment de faire confiance à ING Private Banking. Nous vous accompagnons dans la réalisation de vos rêves et de vos ambitions avec des conseils personnalisés pour gérer au mieux votre patrimoine.
Contactez-nous via ing.be/privatebanking Offre de placements, d’investissements et/ou d’assurances sous réserve d’acceptation d’ING Belgique (ou, le cas échéant, de la compagnie d’assurance concernée) et d’accord mutuel. Conditions et modalités (règlements, tarifs, documents d’informations clés pour l’investisseur ou pour l’épargnant et autres informations complémentaires) disponibles dans toutes les agences ING ou sur www.ing.be. ING Belgique S.A. • Banque/Prêteur • Avenue Marnix 24, B-1000 Bruxelles • RPM Bruxelles • TVA : BE 0403.200.393 • BIC : BBRUBEBB • IBAN : BE45 3109 1560 2789. – www.ing.be – Contactez-nous via ing.be/contact – Courtier en assurances, inscrit à la FSMA sous le numéro 0403.200.393. Éditeur responsable : Sali Salieski • Cours Saint-Michel 60, B-1040 Bruxelles • 06/2021
8
wealth juin 2021
«Avec la possibilité de louer un yacht privé ou un chalet isolé sur un glacier, le marché du tourisme de luxe dispose de tous les atouts pour séduire les voyageurs fatigués par la crise du coronavirus. La demande de lieux isolés deviendrat-elle un héritage de la pandémie? Et quels sont les autres changements à attendre?»
9
Aux alentours d’Anchorage, en Alaska, des trekkings sont proposés jusqu’aux glaciers Ruth Glacier Hut, Tidal Bore and Bear Glacier. © CHRIS BURKARD
LA BULLE SANS VIRUS EST-ELLE L’AVENIR DU TOURISME DE LUXE?
10
wealth juin 2021
KRIS VAN HAMME
P
our certaines entreprises, la crise du coronavirus fut une mine d’or, même dans un secteur durement touché comme le tourisme. Ainsi, que pensez-vous d’une hausse de 300% du chiffre d’affaires pendant l’année 2020? Ce fut le cas du Sheldon Chalet, un petit hôtel situé sur un glacier en Alaska, à l’ombre du majestueux pic Denali. Le luxueux chalet est tellement isolé qu’il a bénéficié d’une dérogation et a pu rester ouvert aux rares visiteurs capables de se permettre le transport en hélicoptère. Une chance que les riches voyageurs n’ont pas laissé passer au moment où le monde était confiné. Les propriétaires ont pu augmenter les prix de manière exorbitante et offrir le luxe ultime en cette période de pandémie: tout un hôtel pour une bulle de clients. La location des cinq chambres pour trois nuits coûte la bagatelle de 35.000 dollars pour deux personnes, mais celles-ci ne doivent pas craindre d’être contaminées par d’autres visiteurs. «Le luxe a toujours été synonyme d’exclusivité. Vous payez une prime pour être le seul bénéficiaire. Aujourd’hui, le tourisme de luxe est prêt pour ce type de voyageur», explique Alexandra Avila, fondatrice de REYA Communication, un spécialiste en relations publiques
dans le secteur du tourisme de luxe. Qu’il s’agisse de yachts, de villas ou de ranchs privés, ou du Sheldon Chalet – un client de REYA –, les gens sont prêts à payer une prime pour passer des vacances dans une intimité parfaite, poursuit Alexandra Avila. Le Sheldon Chalet est entièrement réservé jusqu’au mois d’octobre. «C’est la différence par rapport à la crise financière de 2008. Aujourd’hui, les gens ont de l’argent, mais ils ne peuvent pas le dépenser parce que tout est fermé.» À l’exception d’un chalet en Alaska. Avec la réouverture progressive des économies et des frontières, le secteur du tourisme commence à revivre. Le segment du luxe devrait être le premier à profiter de ce retour à une forme de normalité et devrait gagner des parts de marché à long terme, affirment les spécialistes. Les hébergements de luxe comme les îles privées et les jets privés, permettent en effet de respecter les «bulles» et séduisent davantage les amateurs de voyages. «Les destinations lointaines deviennent
Nous adoptons un mode de voyage plus responsable. Plus sain, plus lent, plus méditatif, avec la poursuite de nouveaux hobbys.
11
Un road-trip dans la Vallée de la Mort aux USA. © BENJAMIN GUILLOT-MOUEIX
durable, avec comme premier résultat l’interdiction des gros navires de croisière à Venise. Le ministre grec du Tourisme s’attend à ce que les touristes préfèrent les destinations moins fréquentées pendant encore deux à quatre ans et pense que cette attention accrue pour la santé se perpétuera pendant toute une génération.
BUSINESS MODEL
une nouvelle tendance», prédit Alexandra Avila. «Jusqu’où pouvez-vous aller pour vivre une expérience loin des foules? Vous ne partez pas de l’offre d’hôtels, mais de l’expérience souhaitée. Comme un safari, où vous ferez construire votre propre campement et où vous serez seuls dans la jeep avec votre famille. Ou un yacht privé qui vous mènera là où vous voudrez, loin des hôtels et des autres touristes.»
TOURISTE DE MASSE
On est loin du tourisme de masse, qui aura besoin de plus de temps pour retrouver la santé. Si cela ne dépendait que des ministres du Tourisme des pays du sud de l’Europe, le tourisme de masse pourrait même disparaître. Ils ont profité de la crise du coronavirus et de l’argent du fonds de relance européen pour repositionner leur offre touristique vers une classe plus aisée qui dépense davantage et reste plus longtemps qu’un week-end prolongé. Cette stratégie s’inscrit dans une ambition générale de rendre le tourisme plus durable et de lutter contre le «surtourisme» que l’on rencontre dans des villes comme Barcelone ou Venise. «Nous passons au tourisme premium», a déclaré le ministre espagnol du Tourisme au Financial Times. En Italie, le gouvernement mise sur un tourisme plus
3.500 Le Sheldon Chalet «sans virus» coûte 35.000 dollars pour trois nuits.
Si cette transformation réussit, elle serait l’une des conséquences durables de la pandémie pour le secteur du tourisme. Mais Jan van der Borg, professeur de géographie et de tourisme à la KU Leuven, se montre sceptique. «L’an dernier, j’ai participé à un débat qui postulait que le secteur touristique disposait du temps nécessaire pour réfléchir à son modèle de rentabilité. Tout le monde s’accordait à dire qu’il devait devenir plus durable, plus qualitatif, de durée plus longue et avec davantage de sécurité. Mais en réalité, tout le monde n’a qu’une envie: remettre le train sur les rails aussi vite que possible et ensuite voir s’il reste de la place pour la durabilité. C’est d’une certaine façon compréhensible, mais il est dommage que nous laissions passer ce momentum», explique Jan van der Borg. Le professeur émet également des réserves sur les ambitions de l’Europe du Sud. «Le tourisme de qualité et de luxe sont deux choses différentes. Vous ne devez pas uniquement regarder les revenus, mais aussi le coût total pour la société, et dans ce cas, le tourisme de luxe n’est pas l’option la plus valable. Par tourisme de qualité, j’entends par exemple de jeunes voyageurs, cherchant une valeur ajoutée culturelle, qui dépensent peut-être moins, mais qui accordent davantage d’importance aux structures sociales de leur destination, à la société locale et aux discussions enrichissantes avec la population. C’est très différent des bulles que sont les villages de vacances exclusifs, avec terrain de golf, dont l’entretien n’est pas durable.» Le tourisme de luxe a également pour réputation d’accorder plus d’importance à l’expérience locale. Avant la pandémie, le «slow travel» était déjà en pleine expansion et aurait reçu un coup de pouce de la crise. Ce concept exclut les visites rapides des «must see» et tend à immerger les visiteurs dans un lieu pour en saisir «l’authenticité» par le biais de rencontres et d’expériences, ce qui a comme avantage pratique de réduire les déplacements – et les risques de contamination. Cela s’explique aussi par le changement de mentalité suite aux périodes de confinement, indiquent les observateurs du marché. La pandémie nous a fait réfléchir à nos objectifs personnels – y compris en matière de voyages – et nous a amenés à veiller à notre
12
wealth juin 2021
santé physique et mentale. La réduction des émissions de CO₂ durant le confinement nous a incité à faire attention à l’environnement et à la durabilité. Tout ceci doit encore se traduire par une façon plus consciente de voyager. Plus lente, plus méditative, plus saine (sport, fitness, spa) en approfondissant les des hobbys découverts pendant le confinement. Les hôtels peuvent proposer ces activités, y compris des expériences «locales», telles qu’une balade en chameau au clair de lune dans les zones non contaminées de l’hôtel, comme le propose le Ritz-Carlton près de Dubaï.
DAVANTAGE D’HYGIÈNE
Après la pandémie, les acteurs du tourisme de luxe devront encore davantage personnaliser leur offre et tenir compte d’autres variables, explique Vicky Steylaerts, responsable du programme de formation en tourisme à l’Institut Thomas More. «Auparavant, le luxe se résumait à un hôtel chic. Aujourd’hui les voyageurs souhaitent vivre dans leur propre bulle, avec une distanciation sociale personnalisée. Les clients souhaitent plus d’intimité, d’hygiène, des expériences plus personnelles. Les agents de voyages devront mieux écouter leurs clients et préparer les voyages, ce qui est propre au segment du luxe.» Pour répondre à la demande d’un environnement plus hygiénique – et sans virus – les hôtels ont installé des comptoirs d’accueil sans contact qui permettent de faire le «check-in» via une app, en plus des clés des chambres fonctionnant avec un smartphone. Il est aussi possible de créer sa propre bulle en louant un étage entier pour la famille. Cet étage est d’autant plus facile à remplir que les voyages «multigénérationnels» ont le vent en poupe. «De nombreuses familles, éloignées durant la crise, souhaitent maintenant rattraper le temps perdu en voyageant, pour fêter les évènements qui ont dû être reportés», poursuit Alexandra Avila. Une autre nouvelle tendance: les «vacances-travail». Une formule née grâce au télétravail qui est devenu la norme pendant le confinement et qui pourrait le rester, du moins en partie. Pourquoi ne
Hébergement en tente au Macatoo Camp (African Horseback Safaris) dans le delta d’Okavango au Botswana. © ROGER DE LA HARPE
pas passer un mois ou plus dans une villa ou un hôtel et Une autre travailler depuis son lieu de villégiature tout en profitant nouvelle tendance de l’atmosphère locale? Seul ou en famille. Certains hôtels surfent sur cette vague en prévoyant des espaces est de de travail et une connexion wifi sécurisée. télétravailler à partir d’un pays ROADTRIPS étranger, tout en Enfin, certains prolongent leurs vacances grâce à la flexibilité offerte par les compagnies aériennes et la profitant de suppression des frais de report, explique Alexandra Avila. l’atmosphère Les voyages en voiture sont également en hausse aux États-Unis. A cause du danger lié au coronavirus dans les locale.
transports publics, mais aussi parce que de plus en plus de consommateurs ont acheté une voiture après avoir quitté la ville pour vivre à la campagne. Les villes moins fréquentées pourraient ainsi se retrouver sur le radar des touristes au détriment des mégapoles et de leurs supposés foyers de contamination. Le secteur du tourisme «régénérateur» attend également un coup de pouce du coronavirus. Alors que le tourisme durable veille à ce que les destinations ne soient pas davantage endommagées, le tourisme régénérateur va un pas plus loin en faisant en sorte que les touristes laissent le lieu de vacances en meilleur état qu’à leur arrivée. «Toerisme Vlaanderen y travaille, en privilégiant la qualité par rapport à la quantité», explique Vicky Steylaerts. Et ce, au moment où les Belges sont d’une certaine manière obligés de visiter leur propre pays. «Tant que l’économie n’aura pas retrouvé totalement sa normalité, nous voyagerons plus localement et plus lentement, en voiture, en train, à vélo. Mais cette tendance se poursuivra-t-elle lorsque les frontières seront rouvertes?», s’interroge-t-elle.
Deutsche Bank Private Banking
Certains voient des 0 et des 1. Nous, nous voyons que l’intelligence artificielle pourra générer 15,7 trillions $ d’ici 2030. Grâce à nos conseils, nos clients profitent déjà de cette opportunité d’investissement. Et vous ? Investir, c’est voir ce que les autres ne voient pas. Deutsche Bank. La banque de vos investissements.
deutschebank.be/voirplusloin Source: https://www.pwc.com/gx/en/issues/analytics/assets/pwc-ai-analysis-sizing-the-prize-report.pdf Deutsche Bank AG, 12, Taunusanlage, 60325 Francfort-sur-le-Main, Allemagne, RC Francfort-sur-le-Main n° HRB 30000. Deutsche Bank AG Succursale de Bruxelles, 13-15 avenue Marnix, 1000 Bruxelles, Belgique, RPM Bruxelles, TVA BE 0418.371.094, IBAN BE03 6102 0085 7284, IHK D-H0AV-L0HOD-14. E.R. : Olivier Delfosse
14
wealth juin 2021
INVESTIR DANS LA LONGÉVITÉ Compléments alimentaires promettant de rester plus longtemps en bonne santé, traitements anti-âge personnalisés, nettoyage de cellules mortes pour rester jeune: le marché anti-âge est en plein boom. ROEL VERRYCKEN
S
Illustration: Pieter Van eenoge
creening annuel complet sous un scanner IRM pour analyser tissus et organes. Complété par un décodage de l’ADN pour détecter une éventuelle mutation génétique. Batterie de tests allant d’un électrocardiogramme à une analyse sanguine. Suivi permanent – sur la base de 150 gigabytes de données personnalisées – via des programmes spécifiques d’alimentation, d’activité physique et de gestion du stress.
C’est ce que reçoivent les clients de Health Nucleus, une clinique spécialisée de San Diego, Californie. L’inscription coûte entre 5.000 et 25.000 dollars par an, selon le programme. L’objectif? Détecter toute maladie ou anomalie au stade le plus précoce possible et prolonger ainsi la vie des patients. L’entreprise prétend que son approche permet d’identifier des problèmes médicaux exigeant une intervention immédiate auprès de 14% des clients, et des problèmes demandant une attention à plus long terme dans 26% des cas. Pour les autres patients, il s’agit surtout d’améliorer la qualité de vie. Cette clinique anti-âge, créée par la start-up de biotechnologie Human Longevity Inc., est populaire, mais ne fait pas l’unanimité. Les scientifiques mettent en doute les promesses faites par l’entreprise. Mais cela n’a pas empêché Health Nucleus de se développer et de s’installer à Dubaï et à Singapour. La demande pour ce type de traitement est en augmentation et on voit fleurir un peu partout d’autres initiatives comparables offrant une approche personnalisée du vieillissement. Ce succès démontre le souhait croissant de L’objectif est de clients fortunés de prolonger leur vie, quitte à y retarder la consacrer d’importants période de investissements, explique maladie le plus Phil Newman de Londres. Phil Newman est le longtemps fondateur de Longevity. possible. Technoloy, un site internet dédié à l’économie de la PHIL NEWMAN, longévité, le secteur en Longevity.Technology croissance des technologies et des thérapies anti-âge. Il a remarqué une tendance claire où les riches – notamment les entrepreneurs à succès et les investisseurs en bitcoins – souhaitent investir dans leur propre santé en espérant glaner quelques années de vie supplémentaires, et en finançant des start-ups biotechnologiques axées sur la lutte contre le vieillissement.
AU MOINS 100 ANS
L’an dernier, la banque d’affaires suisse UBS a interrogé plus de 5.000 clients dont le patrimoine investi se monte à plus d’un million de dollars. 90% d’entre eux ont mentionné la santé parmi leurs priorités. Autre constat: un peu plus de la moitié s’attendent à devenir centenaires, alors que l’espérance de vie moyenne est aujourd’hui de 81,8 ans en Belgique. Selon un autre rapport – publié par la Bank of America Merrill Lynch –, le
15
16
wealth juin 2021
marché anti-âge pourrait atteindre 600 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Il existe dans le monde un rêve appelé «longevity escape velocity», un phénomène où la science progresserait tellement vite que grâce aux développements, l’espérance de vie augmenterait chaque année de plus d’un an, permettant ainsi «d’échapper» à la mort. «Si vous pouvez vous le permettre et que vous pouvez profiter de la science et des technologies disponibles, vous pourriez théoriquement vivre éternellement vu que vous reportez chaque fois votre mort.»
DE LA RÉPARATION À LA PRÉVENTION
C’est la théorie. «Mais il ne faut pas confondre longévité et vie éternelle», souligne Phil Newman. «Il s’agit d’aider les gens à vivre plus longtemps en bonne santé. La longévité est devenue une catégorie d’investissement émergente qui devrait afficher les mêmes rendements que la biotech traditionnelle. L’accent n’est plus mis sur la guérison des maladies, mais sur leur prévention.» Quelles sont donc les solutions envisagées par les investisseurs? Aujourd’hui, Phil Newman distingue deux groupes. Le premier place beaucoup d’espoir dans les suppléments alimentaires, qui peuvent être mis sur le marché plus rapidement que les médicaments. Vu que le temps presse, les suppléments font l’objet de beaucoup d’attention en raison de leur disponibilité immédiate. Il est notamment devenu populaire de prendre des suppléments de NAD pour obtenir une augmentation de nicotinamide adénine dinucléotide, une molécule qui aide à restaurer plusieurs fonctions cellulaires qui s’affaiblissent avec l’âge. Les suppléments NAD, qui sont déjà largement disponibles sur le marché, promettent de contrer ce processus. D’autres espèrent une percée des thérapies médicinales, comme le «nettoyage» du corps par l’élimination des cellules mortes. Une cellule humaine peut se diviser entre 40 et 60 fois, un principe appelé «limite de Hayflick». Elles deviennent ensuite des cellules dites sénescentes. En éliminant ces cellules «zombies» grâce à des médicaments, le corps resterait jeune plus longtemps, si l’on en croit la théorie. De nombreuses sociétés de biotechnologie se sont lancées dans le développement de ces médicaments, mais jusqu’à présent, aucune n’a réussi à mettre au point un médicament qui fonctionne chez les humains. Le domaine de recherche a été mis à mal lorsque la société américaine Unity Biotechnology a admis l’été dernier que les résultats des tests étaient décevants.
Sergey Brin (Google), Jeff Bezos (Amazon) et Larry Ellison (Oracle) font partie des super riches qui espèrent gagner quelques décennies de vie en prime.
600
Le marché de la prolongation de la vie pèsera dans cinq ans pas moins de 600 milliards de dollars, selon Bank of America Merrill Lynch.
Unity Biotechnology avait pourtant attiré l’attention des super riches. Parmi les bailleurs de fonds, on trouvait entre autres le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, et le célèbre investisseur en technologies, Peter Thiel. Mais l’entreprise cotée en bourse a déjà perdu plus de la moitié de sa valeur record de 700 millions de dollars. Bezos et Thiel ne sont pas les seuls multimilliardaires à miser sur quelques dizaines d’années de vie de bonus. Le fondateur d’Oracle, Larry Ellison, et le cofondateur de Google, Sergey Brin, font également partie des optimistes qui sont prêts à dépenser des fortunes dans la recherche de moyens de ralentir le vieillissement. L’un des porte-drapeaux du secteur en Europe est le milliardaire britannique Jim Mellon, qui a fondé Juvenescense, une société qui a déjà investi des dizaines de millions dans une série de start-ups. Parmi elles, AgeX, qui tente d’utiliser la technologie des cellules souches pour réparer les tissus vieillissants. Dans une interview accordée au magazine de luxe américain Robb Report, Jim Mellon, qui a également investi dans Longevity. Technology, a qualifié l’ensemble du domaine de «plus grande fontaine d’argent» jamais vue. «Si vous aviez investi dans les premiers jours de l’internet, vous feriez partie des plus riches du monde. Nous en sommes aujourd’hui à ce stade dans ce secteur. Les opportunités sont énormes». Pour Phil Newman, il ne faut pas s’étonner de l’intérêt croissant pour ces technologies. «Nous sommes de plus en plus conscients de l’importance de notre santé et du fait que, pour assurer notre indépendance financière, nous devons rester en bonne santé afin de pouvoir travailler plus longtemps. L’objectif est de retarder le plus possible les maladies et d’en guérir le plus rapidement possible. Les vrais super riches s’en rapprochent, pour les autres, il faudra encore patienter.»
New Flying Spur V8. This is modern alchemy.
Bentley Brussels launches the One2One Xperience, the safest way to make your dreams come true! Scan the QR-code and choose your very own way and time to discover our 2021 collection and configure your Bentley. Bentley Financial Services offers you a number of attractive solutions visit www.bentleybrussels.be for more information. Bentley Brussels, Grote Baan 399, Grand Route, 1620 Drogenbos, Belgium. Call us on +32 2 704 99 30 or email us at info@bentley-brussels.be New Flying Spur V8 WLTP drive cycle: fuel consumption, l/100km – Combined 12.7. Combined CO₂ – 288 g/km. The name ‘Bentley’ and the ‘B’ in wings device are registered trademarks. © 2021 Bentley Motors Limited. Model shown: New Flying Spur V8.
BENTLEY BRUSSELS
18
wealth juin 2021
HIGH SECURITY HUB LUXEMBOURG, L’ENTREPÔT DES SUPER RICHES
De plus en plus de riches collectionneurs stockent leurs biens les plus précieux dans des coffres-forts de haute sécurité. Visite guidée du High Security Hub Luxembourg, l’entrepôt des super-riches. «Les camions de cash arrivent à coups de 200 millions.»
19
franche – rendent cet entrepôt particulièrement attrayant pour les super-riches. «Est-il réellement impossible de pénétrer dans cet entrepôt?» demande le CEO Philippe Dauvergne. «Non, mais nous faisons le maximum pour décourager ceux qui tenteraient d’essayer.» Les 300 caméras, les murs de plusieurs mètres d’épaisseur et les systèmes d’alarme dernier cri sont un bon début. Chaque camion qui arrive doit s’annoncer au moins 24 h à l’avance. Dans une halle spéciale, des agents de sécurité contrôlent les véhicules et les chauffeurs avant de leur donner accès au complexe. Carole Schmitz, directrice commerciale, nous montre des appareils avec lesquels les camions sont scannés. «Il s’agit de capteurs cardiaques ultrasensibles», explique-telle. «Récemment, l’alarme s’est mise en route pour signaler un intrus dans un des camions. Tous les agents de sécurité ont été informés et la police s’est mise en route. Au final, l’intrus s’est révélé n’être qu’une souris.» Sans carte d’accès, vous ne pouvez ouvrir aucune porte et l’ascenseur fonctionne sur base d’un système de sécurité biométrique. Philippe Dauvergne fait une démonstration. «L’appareil ne scanne pas les empreintes digitales, mais les vaisseaux sanguins qui se trouvent sous la peau. En hiver, je dois souvent me réchauffer les mains parce que mes vaisseaux sanguins se rétrécissent à cause du froid et ne sont pas lisibles. Un voleur qui me couperait la main ne serait pas plus avancé», explique-t-il avec un clin d’œil et peut-être aussi pour se rassurer.
TRÉSOR
EMILIE MOORS
L
Photos: Anthony Dehez
e long d’une autoroute très fréquentée, à un jet de pierre du Findel Airport, au cœur du Grand-Duché de Luxembourg, on trouve le High Security Hub. La façade grise de ce gigantesque entrepôt se veut sobre. En dehors de la haute clôture garnie de fils de fer barbelés et de nombreuses caméras, rien ne permet de penser que ce lieu abrite plusieurs milliards d’euros d’œuvres d’art, de métaux précieux, de vins, de voitures de collection et autres trésors. La sécurité apparemment inviolable, mais aussi la confidentialité et les avantages fiscaux – ce coffre-fort armé se situe en zone
Le bunker ressemble plutôt à un coffre-fort rustique. Dans l’atrium, où se tiennent parfois des réceptions et des expositions, une gigantesque œuvre de l’artiste portugais Vhils orne un des murs en béton. Les clients peuvent également exposer leurs pièces pour un audit ou une vente dans de luxueux showrooms individuels. Le HSH possède même un restaurant. Les coffres sont équipés d’extincteurs qui étouffent le feu en extrayant l’oxygène de l’air au lieu d’utiliser de l’eau – ce qui détériorerait les œuvres d’art. Le Hub dispose également d’une porte d’accès et d’un dépôt séparés du côté de l’aéroport. «C’est un détail important pour les assureurs», poursuit Carole Schmidt. «Un chargement peut être transporté de la piste d’atterrissage au Hub en trois minutes.» L’ensemble du complexe est climatisé pour préserver les œuvres. Du poste de déchargement aux couloirs et aux coffres-forts, la température est maintenue en permanence à 21°C et le taux d’humidité est constant, à 55%. Quatre coffres-forts spéciaux peuvent accueillir jusqu’à 500.000 bouteilles de Champagne. Il est possible de louer des coffres de 100 à 350 m² de superficie. Quelle est la surface encore disponible? «Trop», concède le CEO. Mais l’entreprise y travaille. Depuis plusieurs années, elle ne se concentre plus uniquement sur l’art – le Hub conserve par exemple la collection du
Nos capteurs cardiaques sont si sensibles qu’ils peuvent même découvrir une souris dans un camion. CAROLE SCHMITZ, Directrice commerciale du High Security Hub
20
wealth juin 2021
Pas moins de 300 caméras surveillent chaque centimètre carré du complexe de coffres près de l’aéroport de Luxembourg.
Mudam, le musée d’art contemporain luxembourgeois – mais abrite aussi les réserves monétaires. «Les camions de cash transportent souvent 200 millions d’euros. Nous stockons également des équipements industriels, comme des imprimantes 3D. Nous avons récemment élargi nos services aux réserves médicales stratégiques.»
CENTRE COMMERCIAL
Les particuliers ne peuvent venir frapper à la porte du Hub avec une œuvre d’art. Les coffres sont loués à des sociétés de logistique reconnues par les douanes luxembourgeoises. Elles louent à leur tour ces espaces à leur clientèle. «Vous pouvez nous comparer à un centre commercial», explique Carole Schmitz. «Nous ne louons des espaces qu’aux vendeurs. Nous ne connaissons pas les noms de leurs clients. Cela ne nous regarde pas.» «Bien entendu, nous avons prévu assez de contrôles pour prévenir la fraude et le blanchiment», ajoute Philippe Dauvergne. «Nous contrôlons chaque année tous les transitaires et nous devons obligatoirement faire appel à un consultant externe spécialisé en anti-blanchiment. La douane contrôle également 100% des objets qui entrent chez nous. Dans les zones franches à Genève, Singapour et Pékin, seul 1% des objets sont généralement contrôlés par les douanes. Au moindre soupçon de fraude, nous contactons les autorités. Si les criminels souhaitent cacher leur butin, ils n’ont pas intérêt à venir chez nous.»
NO MAN’S LAND FISCAL
Stockage sûr et discret ne rime pas nécessairement avec fraude. Cela n’empêche pas certains de reprocher aux super-riches de soustraire leurs collections d’art au fisc en
500.000 Le High Security Hub peut stocker 500.000 bouteilles de champagne ou de vin.
les stockant dans des zones franches. Le High Security Hub – qui s’appelait «Le Freeport» jusqu’à tout récemment – n’échappe pas non plus aux critiques. À l’origine, ces zones franches ont été créées pour stocker les marchandises «en transit». Si vous achetez un objet dans une zone franche, vous ne devez pas payer d’impôt sur le chiffre d’affaires ou sur les plus-values. Les marchandises ne sont déclarées que lorsqu’elles quittent la zone franche. Certains parlent de no man’s land fiscal. Pourtant, le système est parfaitement légal. «30% du commerce mondial s’effectue aujourd’hui via les zones franches», ajoute le CEO. En réalité, les marchandises stockées dans ces hangars de haute sécurité ne sont pas vraiment «en transit». Dans la pratique, elles y restent pendant plusieurs dizaines d’années. Avant d’arriver dans son pays de destination, une œuvre d’art peut avoir plusieurs fois changé de mains! Avec ses contrôles douaniers stricts, le High Security Hub constitue un pas dans la bonne direction. «Dans 20 ans, je pourrai vous fournir la liste de tous les objets qui ont été stockés ici. C’est très différent par exemple de la zone franche de Genève. Personne ne sait ce qui y fut stocké entre 1939 et 1945. Certains insiders parlent de “musée des horreurs”», conclut Dauvergne.
SANDRA GIUNTA
Banque de Luxembourg, société anonyme – Succursale de Belgique. Chaussée de La Hulpe 120, B-1000 Bruxelles. RCS Luxembourg B5310. TVA BE 0830.227.057 – RPM Bruxelles
SENIOR PRIVATE BANKER
“ Vos proches, votre histoire, votre patrimoine. Ce qui compte pour vous, compte pour nous.” Nous vous accompagnons dans la gestion et la préservation de votre patrimoine. Nous portons attention à tout ce qui compte pour vous et ceux qui vous sont chers. Depuis 100 ans au Luxembourg et 10 ans en Belgique, c’est une autre vision du patrimoine que nous faisons prospérer. Prenez contact avec nos spécialistes. Chaussée de La Hulpe, 120 – 1000 Bruxelles Tél.: 02 663 45 68 • www.banquedeluxembourg.be
Ces cinq dernières années, TreeTop Asset Management a réinventé son approche après avoir pris une participation minoritaire dans l’Écossais Aubrey Capital Management. Il propose désormais une gestion d’actifs différente des grandes banques, basée sur une diversification mondiale sur les marchés boursiers au travers d’une combinaison de gestionnaires actifs extrêmement performants et de stratégie passive via des fonds indiciels.
TreeTop s’est transformé pour préparer l’avenir Jacques Berghmans a créé le gestionnaire d’actifs TreeTop Asset Management au milieu des années 2000. Son destin sera longtemps associé au succès de plusieurs fonds d’investissement en obligations convertibles qu’il gérait avec Hubert d’Ansembourg depuis 1988 pour le compte d’institutions financières belges et anglaises. Ces fonds afficheront de telles performances que les actifs sous gestion en dépasseront 3 milliards d’euros. L’année 2008 a marqué un coup d’arrêt dans cette croissance. D’une part, la crise financière a impacté sévèrement le marché des obligations convertibles ; de l’autre, le contexte fiscal belge a pénalisé les produits gérés par TreeTop. L’engouement pour cette classe d’actifs est retombé et les banquiers privés ont réorienté leurs clients vers des fonds maison. TreeTop Asset Management s’est vu contraint de changer son approche afin de trouver un modèle de croissance plus diversifié et plus harmonieux.
offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. TreeTop Asset Management SA est responsable du contenu.
L’oiseau rare Pour étoffer sa gamme de produits, Jacques Berghmans se met alors en quête de « gestionnaires performants qui développaient une approche mondiale de l’investissement ». Il finit par dénicher l’oiseau rare en Ecosse, où TreeTop Asset Management prend en 2014 une participation minoritaire dans Aubrey Capital Management, un gestionnaire spécialisé dans la gestion active sur les marchés boursiers mondiaux. L’ADN d’Aubrey Capital est identique à celui de TreeTop : des gestionnaires talentueux qui ont décidé de fonder leur propre maison de gestion. « Oser quitter le confort de grandes institutions financières pour créer sa société est un signal très important pour moi. Cela démontre un esprit d’entreprise indispensable lorsqu’on recherche des pépites en Bourse. Quand, en plus, on fait le grand saut à trois, c’est qu’on manifeste un véritable esprit d’équipe et qu’on est à l’écoute de l’autre. »
De gauche à droite et de haut en bas: Philippe Goossens, Philippe Lowet, Thierry Beauvois Luc Boelaert, Catherine Spitaels, Olivier Debroux
Grâce à cette opération, TreeTop élargit la gamme des produits offerts à ses clients. Dans un premier temps, la firme intègre dans ses produits d’investissement la stratégie en actions mondiales d’Andrew Dalrymple, l’un des trois fondateurs d’Aubrey Capital. Fort de plus de 35 années d’expérience dans la gestion de fonds, il a vécu une partie de sa vie en Asie. En février 2021, Andrew Dalrymple était classé 7e, en termes de performance sur cinq ans, parmi les 910 gestionnaires de la catégorie « Equity – Global Blend » suivis par l’agence Citywire1. « Nous étions tellement satisfaits de cette collaboration que nous avons intégré d’autres stratégies d’Aubrey Capital », pointe Jacques Berghmans. Au rang de celles-ci, on peut citer la stratégie spécialisée sur les petites et moyennes capitalisations européennes, gérée par la très expérimentée Sharon Bentley-Hamlyn. En février 2021, celle-ci était classée 3e sur cinq ans et sur 311 gestionnaires dans la catégorie « Equity – Europe Blend ».
« Un fonds indiciel mondial permet d’accéder sans trop de frais à une portion significative de la Bourse mondiale. » Jacques Berghmans Cofondateur et gestionnaire de TreeTop Asset Management
Fin 2020, TreeTop intègre la stratégie Global Emerging Markets, qui privilégie les actions de sociétés bien positionnées pour tirer parti de la croissance de la consommation dans les marchés émergents. En février 2021 toujours, cette stratégie était classée 11e sur cinq ans, parmi les 414 gestionnaires dans la catégorie « Equity – Global Emerging Markets » par Citywire. « Tout comme moi, les spécialistes d’Aubrey Capital sont des gestionnaires de conviction », souligne Jacques Berghmans. « Ils suivent avec leurs équipes plusieurs centaines de valeurs à travers le monde et sélectionnent pour chaque stratégie entre 35 et 50 positions. Cette forte concentration entraîne une plus grande volatilité à court terme que celle des indices boursiers. Chaque fonds pris individuellement peut connaître des phases de sous-performances temporaire ; c’est inhérent à la gestion active. Nous conseillons donc à nos clients de combiner ces 1 Source : https://citywireselector.com
« Durant les cinq dernières années, TreeTop Asset Management a radicalement changé de visage » Jacques Berghmans Cofondateur et gestionnaire de TreeTop Asset Management
différentes stratégies afin de diversifier les sources de rendement. » Une association qui a été doublement récompensée l’an dernier lors de la remise des Sicav de Cristal de La Libre Belgique : sur les 10 prix attribués, deux l’ont été à des fonds gérés par TreeTop Asset Management.
Approche indicée « Nous recommandons également à nos clients d’investir une partie de leurs avoirs en fonds indiciels », conclut Jacques Berghmans. « Un fonds indiciel mondial permet d’accéder sans trop de frais à une portion significative de la Bourse mondiale et de réduire sensiblement la volatilité d’un portefeuille d’actions. En outre, comme la plupart des gestionnaires globaux ne surperforment pas leur indice de référence, recourir à des fonds indiciels représente une alternative à faible coût. » TreeTop propose désormais systématiquement à ses nouveaux clients des produits adaptés à différents profils de risque et dont l’exposition à la Bourse mondiale présente une allocation pour 50% en « gestion indicée » et pour 50% dans ses fonds de conviction.
Nouveau visage « Durant les cinq dernières années, TreeTop Asset Management a radicalement changé de visage », résume Jacques Berghmans. « Nous sommes passés d’un ‘one man show’ à une société qui n’offre plus uniquement mon style de gestion, mais aussi de la gestion passive via des fonds indiciels et l’expertise d’Aubrey Capital, dont certains fonds figurent parmi les meilleurs de leur catégorie. » Jacques Berghmans demeure convaincu que la performance doit être recherchée via une exposition aux marchés d’actions boursiers du monde entier. Enfin, il rappelle que TreeTop Asset Management est toujours un acteur indépendant et que ses actionnaires sont investis dans les produits du groupe : « TreeTop et ses actionnaires sont les principaux investisseurs dans les fonds que nous offrons à nos clients. Il y a donc une communauté d’intérêt. Notre objectif premier reste la croissance des capitaux investis. »
Une initiative de
24
wealth juin 2021
Il y a 14 ans, il était encore surprenant de voir quelqu’un vendre l’entreprise familiale. BERT LEYSEN Vendeur de Gaston Leysen Fineer
Le maintien en place du personnel s’est révélé un atout et une valeur ajoutée pour le repreneur de l’entreprise de Bert Leysen.
25
«J’AI CRIÉ SUR TOUS LES TOITS QUE MON ENTREPRISE FLORISSANTE ÉTAIT À VENDRE» «Les entrepreneurs qui ne trouvent pas de successeur ont tendance à paniquer, car ils craignent que les gens pensent, lorsque vient le moment de la revente, qu’il y a un problème avec leur mais société.» DIRK SELLESLAGH
A
Photos: Diego Franssens
u début des années 1980, Bert Leysen n’imaginait pas rejoindre l’entreprise de placage de bois de son père, Gaston Leysen. «Je venais de terminer mes études et j’avais trouvé un travail en tant qu’acheteur non-food chez Makro», se souvient-il. «Mais mon père est tombé malade et il était très ferme sur le fait qu’en tant qu’unique fils d’une famille de cinq enfants, je devais reprendre l’entreprise.» L’histoire de l’entreprise remonte à 1959. Gaston Leysen, le père de Bert, travaillait comme représentant
26
wealth juin 2021
un excellent comptable qui m’a dit que je devais crier sur tous les toits que je n’avais pas de successeur pour mon entreprise florissante et qu’elle était donc à vendre.»
SAUTER DANS LE TRAIN
J’ai eu la chance de bénéficier de la confiance du repreneur, qui m’a donné carte blanche. BERT LEYSEN, Vendeur de Gaston Leysen Fineer
«Il y a 14 ans, il était encore surprenant de voir quelqu’un vendre l’entreprise familiale. On croyait parfois qu’il devait y avoir un problème avec la société. Ma mère m’a informé qu’une rumeur circulait selon laquelle l’entreprise était en faillite. J’ai constaté qu’aux Pays-Bas, la mentalité était totalement différente. J’ai même reçu des félicitations pour la vente de la société. Là-bas, on pense qu’il faut sauter dans le train lorsqu’il passe, car l’occasion ne se présente qu’une seule fois.» Pour Bert Leysen, l’une des principales conditions assorties à la vente était que l’ensemble du personnel soit repris. Il a reçu plusieurs offres en ce sens. Mais en 2007, il est arrivé à un accord avec Bulo, le célèbre fabricant de mobilier de bureau qui est également une entreprise familiale. «Nous étions un fournisseur apprécié de Bulo et ils nous connaissaient. À ce moment-là, Bulo disposait d’un entrepôt vide et n’avait donc pas besoin de mes locaux. Je leur ai donc uniquement vendu le fonds de commerce. N’étant pas de ceux qui veulent obtenir immédiatement leur argent sur leur compte bancaire, j’ai donné les bâtiments en location avant de les vendre au locataire 18 mois plus tard.»
KNOW-HOW d’une entreprise de placage de bois lorsque cette dernière est tombée en faillite. Le principal créancier a repris la société et a nommé Gaston à sa tête. Il avait été convenu qu’il recevrait un bonus en actions s’il parvenait à remettre l’entreprise sur pied. En 1982, l’année où Bert Leysen a repris la direction de l’entreprise, son père détenait une participation de 49% dans la société. Son père estimait qu’il devait racheter cette participation. «Ayant quatre sœurs, j’ai également dû racheter leurs parts.» Après avoir repris les autres parts, Bert en détenait 100%. Dans les années qui ont suivi, il a développé l’entreprise de manière spectaculaire et s’est lancé sur les marchés d’exportation. Au milieu des années 2000, il s’est avéré qu’aucun de ses trois enfants n’était intéressé à suivre ses traces. «Ils ont tous trois un beau diplôme et souhaitent suivre leur propre voie. Pour être honnête, cela n’a pas été facile pour moi. Mais j’ai
«En outre, nous nous sommes mis d’accord avec Bulo sur le fait que je resterais CEO et que je partagerais tout mon know-how. Au final, la transaction s’est avérée très positive pour les deux parties. Mon comptable m’a dit que nous aurions peut-être pu obtenir 10% de plus, mais je trouvais que c’était une bonne chose que l’ensemble du personnel soit repris. Il ne faut pas sous-estimer l’importance du passif social sur le prix de vente d’une entreprise. Mais dans ce cas, la reprise du personnel s’est révélée un atout et une valeur ajoutée. Le savoir-faire spécifique de mon entreprise a en effet ainsi été transmis au repreneur.» Après la transaction, la société a été rebaptisée Bosq et, pour la première fois de sa vie, Bert Leysen a travaillé pour un «patron». «Pour moi, ce fut très difficile au début, car je devais chaque fois consulter d’autres personnes concernant de nouvelles idées et des investissements. C’était un grand bouleversement. Mais j’ai eu la chance de bénéficier de la confiance du repreneur, qui m’a donné carte blanche.» Depuis peu, la nouvelle génération a repris la barre de Bulo. Bert Leysen a fait un pas de côté et l’un des descendants des actionnaires de Bulo est aujourd’hui CEO de Bosq. «Je n’interviens plus que dans le cadre de projets spéciaux. Mais nous continuons à nous appeler tous les jours.»
100% électrique. 100% découverte. 100% Porsche.
Le nouveau Taycan Cross Turismo. Chargé en émotions.
Informations environnementales (A.R. 19/03/2004) : www.porsche.be
22,4 – 26,4 kWh/100km (WLTP). Éditeur responsable : D’Ieteren Automotive S.A./N.V., Porsche Import, Vincent Struye - Rue du Mail 50, 1050 Ixelles, BCE 0466909993. Contactez votre concessionnaire pour toute information relative à la fiscalité de votre véhicule.
28
wealth juin 2021
«TRANSMETTRE UNE ENTREPRISE FAMILIALE PEUT PRENDRE DE CINQ À DIX ANS» La transmission d’une entreprise familiale d’une génération à l’autre est un exercice délicat. Si l’on souhaite éviter de nombreux problèmes, il faut à tout prix préparer à temps le passage de flambeau, définir correctement les objectifs stratégiques de l’entreprise et impliquer tous les membres de la famille dans le processus. «Et ne sous-estimez pas les aspects émotionnels.» DIRK SELLESLAGH
L
a préparation de la transmission des entreprises familiales laisse souvent à désirer. Certains entrepreneurs n’y pensent tout simplement pas parce qu’ils sont pris dans l’engrenage de la gestion quotidienne. Pour d’autres, il s’agit d’un «problème» qu’ils préfèrent remettre à plus tard parce qu’ils n’aiment pas penser au jour où ils devront céder leur «bébé». Mais ce jour finit toujours par arriver et à ce moment-là, il est bon de disposer d’un plan détaillé. Nous avons rencontré plusieurs spécialistes ayant une vaste expérience dans l’accompagnement d’entreprises familiales. Aperçu des points d’attention qui sont ressortis de nos discussions.
PENSEZ À TEMPS À RÉGLER LA TRANSMISSION DE VOTRE ENTREPRISE
La transmission d’une entreprise familiale à la jeune génération devrait être
l’affaire de plusieurs années. «Selon plusieurs études, le processus de transmission peut prendre entre cinq et dix ans», explique Jozef Lievens, avocat et fondateur de l’Institut de l’Entreprise Familiale (IEF). «Par ailleurs, ce processus comprend des hauts et des bas qui s’expliquent généralement par des facteurs émotionnels. Il peut y avoir des résistances au niveau de ceux qui transmettent l’entreprise, mais aussi de la famille.» Le management peut également influencer l’atmosphère qui entoure la transmission. «Parfois, le top management préfère voir le cédant rester et se pose des questions quant à l’avenir de l’entreprise sous la direction du successeur», précise Jozef Lievens.
ADAPTEZ VOTRE PLAN À LA SITUATION
Tantôt c’est la première fois que l’entreprise passe d’une génération à l’autre, tantôt la transmission s’inscrit déjà dans une certaine tradition. Chacune de ces situations exige une approche spécifique. «Si l’entreprise a déjà été transmise à plusieurs reprises aux jeunes générations, le cadre existe», renchérit Olivier Van Belleghem, directeur Wealth Management chez BNP Paribas Fortis. «Ainsi, il existe parfois une charte familiale, une règle qui fixe le nombre de sièges au conseil d’administration, une convention entre actionnaires, etc.» Dans le cas d’une première transmission, il est probable que l’actionnariat sera moins dilué, ce qui facilitera les choses vu que le nombre limité de personnes impliquées. En revanche, la charge émotionnelle du fondateur/cédant sera peut-être plus importante au moment de transmettre l’œuvre de sa vie.
DÉFINISSEZ LE RÔLE DE CHAQUE ACTEUR
Dans une transmission, la plupart des acteurs de
C’est une grave erreur de partir des aspects fiscaux pour régler la transmission d’une entreprise. BENOÎT FRIN, BNP Paribas Fortis
29
l’entreprise familiale changent généralement de statut. Il faut donc définir le nouveau rôle que le cédant sera appelé à jouer. Deviendra-t-il conseiller sur demande, président du conseil d’administration ou aura-t-il une autre fonction? «Si son futur rôle n’est pas bien défini, cela risque de créer des conflits avec le successeur», assure Jozef Lievens. Le rôle des autres acteurs doit également être précisé. Si, par exemple, quelqu’un devient pour la première fois actionnaire ou administrateur, il devra connaître ses nouvelles prérogatives.
TENEZ COMPTE DES ACTIONNAIRES PASSIFS
«Impliquez tout le monde dans le processus de décision», conseille Olivier van Belleghem. D’une part vous avez la famille directe qui est très active dans l’entreprise, et d’autre part, vous avez souvent d’autres branches de la famille qui sont actionnaires, et moins concernées par la gestion quotidienne. Dans certains cas, ces branches ne sont pas impliquées dans le processus de décision et ne sont informées que lorsque les décisions ont été prises. Elles sont alors parfois confrontées à des situations dans lesquelles elles ne se retrouvent pas. Cela doit être évité à tout prix.» Benoît Frin, directeur Estate Planning chez BNP Paribas Fortis, souligne que le rôle des actionnaires actifs et passifs n’est pas figé. «Une branche de la famille qui joue un rôle passif un moment donné peut parfaitement devenir un actionnaire actif. Si pas à cette génération, peut-être à la suivante.»
SOLDEZ LES DONS ET LES VENTES
Souvent, les actions de l’entreprise familiale sont données aux enfants. Il arrive cependant fréquemment que l’entreprise soit vendue à l’enfant qui reprendra sa direction. Une vente offre
plusieurs avantages. Selon certaines études, non seulement cela motive davantage l’enfant repreneur à poursuivre le développement de l’entreprise, mais cela apporte plus de clarté à toutes les parties. «Si tous les enfants sont actionnaires et que l’un d’entre eux dirige l’entreprise, ce dernier devra être rétribué pour sa gestion», ajoute Stijn Dinneweth, Senior Estate Planner chez Belfius. «Parfois, cela génère des tensions entre les enfants parce que ceux qui n’ont aucun rôle actif ne reçoivent de l’argent que si l’assemblée des actionnaires décide de distribuer un dividende. Si l’entreprise est vendue à un des enfants, ce problème est réglé vu que les enfants non actifs ne sont pas actionnaires et n’ont donc aucun lien avec l’entreprise.» Pour Rudi Aerts, responsable Business & Wealth Services Vlaanderen chez Belfius, une vente ne doit pas nécessairement être un poids financier pour l’enfant qui reprend la société. «Rien ne dit que le montant total du rachat doit être payé en une fois. Il est possible de recourir à des ‘vendor loans’, qui permettent de reporter à plus tard le paiement d’une partie du prix de la vente.» Un ‘vendor loan’ est une sorte de report de paiement qui prend la forme d’un crédit. Le vendeur peut d’ailleurs opter lui-même pour un ‘vendor loan’ afin de faciliter la transmission de son entreprise. Ce procédé est souvent utilisé en cas de vente à l’enfant du PDG ou au management.
Un successeur incompétent peut mener l’entreprise familiale à la catastrophe. JOZEF LIEVENS, Institut de l’Entreprise familiale
EXAMINEZ TOUTES LES ALTERNATIVES
Pour transmettre une entreprise à la jeune génération, plusieurs conditions doivent être remplies. «Je pose toujours trois questions», confie Jozef Lievens de l’IEF. «Quelqu’un est-il prêt à reprendre l’entreprise? Toutes les personnes impliquées partagent-elles la vision du propriétaire? L’entreprise peut-elle survivre de manière autonome? Si la réponse à ces questions est positive, la transmission peut se faire. Si les trois conditions ne sont pas remplies, alors il faut envisager d’autres alternatives.» La transmission familiale n’est pas la seule option. D’autres possibilités peuvent être envisagées: la vente de la société et le contrôle familial. Dans ce dernier cas, la famille reste propriétaire, mais nomme un manager extérieur pour diriger la société. «Près de 55 à 60% optent pour une succession au sein de la famille», constate Jozef Lievens. Dans 30% des cas, la société est vendue, et dans 15% des cas, l’entreprise reste aux mains de la famille qui nomme un manager externe.» «Je pense que de moins en moins d’entreprises familiales trouveront un successeur», estime Rudi Aerts de Belfius. «Nous constatons que de plus en plus d’enfants ne sont pas intéressés par la reprise de l’entreprise familiale. Ils ne veulent pas vivre comme leurs parents ont vécu. La jeune génération cherche une certaine qualité de vie et a une autre vision que ses parents.»
Près de 55 à 60% optent pour une succession au sein de la famille. JOZEF LIEVENS, Institut de l’Entreprise familiale
30
wealth juin 2021
CHOISISSEZ VOTRE SUCCESSEUR DE MANIÈRE OBJECTIVE
«Dans ce cas, c’est à nous de les informer qu’il est possible de faire les choses différemment», poursuit Stijn Dinneweth de Belfius. «L’entreprise ne devra pas nécessairement être gérée de la même manière. La jeune génération peut également nommer un manager externe pour gérer l’entreprise et rester actionnaire actif afin de déterminer la stratégie à long terme.» «La bonne décision est celle dans laquelle la famille se retrouve», explique Olivier Van Belleghem de BNP Paribas Fortis. Il est également possible d’assortir la transmission de l’entreprise à une série de conditions. «Par exemple, dans certaines familles, on décide que ceux qui ne s’intéressent pas activement à l’entreprise doivent se retirer de l’actionnariat. Mais on peut tout aussi bien décider que personne n’est obligé de partir ou obligé de rester actionnaire.»
Laissez les questions de succession en dehors du conseil d’administration. OLIVIER VAN BELLEGHEM, BNP Paribas Fortis
N’IMPOSEZ PAS LES DISCUSSIONS FAMILIALES AUX MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION
Le conseil d’administration est l’instance qui définit la stratégie de l’entreprise. «Dans tous les cas, ce n’est pas l’endroit pour les discussions familiales sur la transmission de l’entreprise», estime Olivier Van Belleghem de BNP Paribas Fortis. «C’est pourquoi nous recommandons de mettre sur pied un conseil de famille, distinct du conseil d’administration, où tous les problèmes familiaux pourront être discutés.»
DONNEZ DES PERSPECTIVES CLAIRES AUX COLLABORATEURS
Il est également nécessaire de donner des perspectives aux employés de la société. «Ces derniers doivent savoir s’ils ont un avenir au sein de l’entreprise ou si leurs ambitions seront systématiquement réduites à néant suite à la nomination d’un fils ou d’une fille au-dessus de leur tête», poursuit Olivier Van Belleghem de BNP Paribas Fortis.
PROFESSIONNALISEZ LE CONSEIL D’ADMINISTRATION
NE DÉCIDEZ PAS SUR LA BASE DE CONSIDÉRATIONS FISCALES OU JURIDIQUES
«C’est une grave erreur de partir des aspects fiscaux pour régler la transmission d’une entreprise», estime Benoît Frin de BNP Paribas Fortis. Le processus doit se baser sur une analyse de la vision d’avenir de la société.» Jozef Lievens ne dit pas autre chose. «Le successeur devra être capable de réaliser les ambitions de la famille. Il est donc important qu’il connaisse ces ambitions. Lors d’une succession, il faut se poser cinq questions essentielles. Comment la famille voit-elle l’avenir de l’entreprise? Qui la dirigera? Quel est le futur modèle de gestion? Quel sera le rôle de chacun à l’avenir? Comment l’actionnariat sera-t-il structuré?» «Si l’on se concentre sur ces cinq questions, on touche à l’essence même de la succession et on arrive plus rapidement à une solution. Ce n’est que lorsque ces cinq questions auront trouvé réponse qu’on pourra commencer à réfléchir à l’optimisation fiscale et juridique de la transmission.»
La transmission d’une entreprise, implique souvent des choix difficiles sur le plan émotionnel et familial. Il peut par exemple arriver que l’entrepreneur ait des doutes sur les compétences de son successeur désigné. «Il est parfois difficile de faire fi de ses sentiments parentaux et de regarder la situation avec réalisme», assure Jozef Lievens. «C’est pourtant une question cruciale, car si le successeur ne dispose pas des compétences suffisantes, il pourrait mener l’entreprise à la catastrophe.» Une bonne façon de faire son choix de façon aussi objective que possible consiste à faire appel à un conseiller externe qui examinera en toute indépendance les qualités d’un candidat.
De moins en moins d’enfants sont intéressés par la reprise de l’entreprise familiale. Ils ne veulent pas vivre comme leurs parents ont vécu. RUDI AERTS, Belfius
«Dans les entreprises qui sont encore aux mains de la première génération, de nombreuses fonctions sont souvent combinées», constate Rudi Aerts de Belfius. «Le fondateur joue à la fois le rôle de manager et celui de comité de direction ou de conseil d’administration. Il faut souvent attendre la deuxième ou la troisième génération pour voir ces fonctions scindées et le conseil d’administration professionnalisé.» «Nous constatons souvent un changement dans la gestion au moment de la transmission d’une entreprise», ajoute Jozef Lievens. «De nombreuses entreprises profitent de ce moment charnière pour mettre sur pied un conseil d’administration où siègent également des administrateurs indépendants.»
Le bitcoin est en train de remplacer l’or comme valeur-refuge Le bitcoin et les autres cryptomonnaies suscitent encore parfois une certaine méfiance. Parce qu’on en connaît mal les principes, assure Marc Toledo, CFO de bit4you. Or, ces actifs atypiques sont intéressants à détenir pour quasiment tous les profils d’investisseur. Car la plupart des craintes entretenues à leur sujet sont infondées. Marc Toledo, CFO de bit4you.
“D
epuis les premières pièces frappées dans l’histoire de l’humanité, toute monnaie repose sur la confiance”, entame Marc Toledo. “Les utilisateurs savent que l’émetteur paiera la contrepartie, qu’il honorera ce contrat tacite. Les cryptomonnaies, dont la pionnière a été le bitcoin, reposent sur le même principe. Leurs utilisateurs – ils passeront de 100 à 150 millions en 2021 – reconnaissent qu’elles représentent un moyen simple, sécurisé et sans frais de transférer et de stocker de la valeur.” En pratique, chaque cryptomonnaie est fondée sur un registre où sont sauvegardées les informations qui la concernent: les identifiants de chaque propriétaire et ceux de chaque unité de valeur. Ces informations sont copiées sur des milliers de serveurs indépendants les uns des autres. Un mystérieux créateur La création de la première cryptomonnaie, le bitcoin, remonte à 2008. Observant les ravages de la crise financière, Satoshi Nakamoto – dont on ignore toujours l’identité réelle – a voulu lancer une monnaie indépendante des banques et des Etats sous la forme de jetons numériques. D’abord cantonné au monde des informaticiens, le bitcoin s’est progressivement étendu à d’autres types de transactions. Puis d’autres cryptomonnaies, parfois assises sur des actifs comme l’électricité ou l’immobilier, ont vu le jour. “Une cryptomonnaie, c’est la représentation numérique d’un actif”, éclaire Marc Toledo. “On peut dire aussi qu’il s’agit d’un actif numérique géré par un
PARTNER CONTENT
offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. bit4you est responsable du contenu.
réseau informatique décentralisé, contrôlé et validé en permanence par les utilisateurs eux-mêmes. Cette indépendance contribue au statut de valeur-refuge dont jouissent les cryptomonnaies. Les grands fonds de pension en détiennent ainsi dans le cadre de leur stratégie de diversification, notamment parce qu’elles semblent être totalement décorrélées de l’économie réelle. Les cryptomonnaies sont en train de remplacer l’or comme valeur-refuge! Les citoyens des États soumis à une inflation extrême s’en servent pour se libérer des fluctuations de leur devise.” Il faut préciser qu’on peut de plus en plus facilement payer avec les cryptomonnaies. “Les échanger est très facile via les places de marché comme bit4you. Ce sont donc des actifs très liquides. Pour un investisseur, ils représentent un pari sur le futur de ces technologies et la demande qui en découlera. Si la demande tend à dépasser l’offre, les répercussions sur la valeur sousjacente sont assez évidentes. En revanche, je ne les recommande pas aux cardiaques, car ils fluctuent très fortement! Je conseille de ne miser que ce qu’on peut se permettre de perdre.”
© Studio Dann
LES CRYPTOMONNAIES EN CHIFFRES • 2,000 milliards de dollars de valeur
• 210 milliards de dollars échangés toutes les 24 heures
• 8 à 9% des habitants de la planète détiennent une ou plusieurs cryptomonnaies
• Le bitcoin représente approximativement 57% du marché total des cryptomonnaies
• 29% des commerces dans le monde acceptent des paiements en bitcoin via PayPal
• Valeur moyenne du bitcoin en 2019: 5.000 dollars. Projection de valeur à court terme selon JP Morgan: 148.000 dollars
• 100 millions d’utilisateurs en 2020, 150 millions prévus en 2021, 50 à 60% de la population mondiale en 2025
32
wealth juin 2021
L’ABRI DE JARDIN ÉRIGÉ EN PALAIS La société flamande Unicus a débuté modestement dans la conception de simples dépendances pour jardins. Mais depuis lors, le groupe s’est lancé à la conquête du segment supérieur du marché. «Nous construisons actuellement une ‘man cave’ suffisamment vaste pour accueillir un hélicoptère.»
PIETER SUY
T
ous les animaux sont égaux, mais les poules de Crispin Odey sont un peu plus égales que les autres. Voici quelques années, le gestionnaire de fonds spéculatifs britannique – qui a fait fortune pendant la crise financière en spéculant sur la chute des actions bancaires –, a fait la une des tabloïds avec son «palais des poules». Le milliardaire avait demandé à son architecte de construire un temple dans son domaine à Gloustershire pour y loger ses volailles. Crispin Odey a dépensé près de 200.000 euros pour ce palais de 72 m², construit dans le style palladien, entouré
de colonnes ioniques. Et comme si cela ne suffisait pas, Odey et sa femme y ont installé une cage d’escalier en pierre pour pouvoir passer du jardin au poulailler. Robbert Desmet, patron du groupe de construction Unicus, sourit lorsque nous lui parlons de l’extravagance du couple Odey. «Nous n’avons jamais construit un palais pour poules», confie-t-il. «Même si nous n’en sommes pas passés loin: un de nos clients nous a demandé de réaliser une bergerie à côté de la lounge familiale que nous construisions alors sur sa propriété.» Unicus – qui équivaut à «uniek huis» prononcé en dialecte flandrien – a démarré en tant que spin-off du spécialiste de Menin des parois et des revêtements de façades en bois Woodstoxx, et est spécialisée dans le
design et la construction de carports, de man caves, d’espaces de fitness et autres constructions glamour en bois. Les luxueux manèges équestres et même les pavillons de chasse de luxe font partie des spécialités du groupe. «Nous nous occupons de la conception et de la mise en œuvre de projets pour nos clients. Pour l’agrandissement de la structure en bois, l’isolation et l’installation des fenêtres, nous collaborons via Woodworx avec Decleir Houtconstructies, un spécialiste de la construction avec ossature en bois et le fabricant de châssis Raemen. Ils sont associés et partenaires d’Unicus.» Unicus a commencé ses activités il y a six ans avec des abris de jardin assez simples. «Ensuite, nous nous sommes tournés vers la construction de pavillons plus exclusifs»,
Une ancienne grange en Flandre occidentale a été transformée en un pied-à-terre luxueux. © BERT DEMASURE
34
wealth juin 2021
Unicus construit de luxueux abris de jardin et pavillons pour voitures. © BERT DEMASURE
explique Robbert Desmet. «Il existe bien entendu de nombreuses sociétés qui construisent des dépendances. Mais en misant sur le segment supérieur, nous sommes devenus un acteur incontournable sur le marché belge.» Avec la crise du coronavirus, qui a obligé les Belges à travailler chez eux, de plus en plus de citoyens songent à construire un bureau séparé dans leur jardin. Et comme il était interdit de voyager pendant des mois, les constructeurs de piscines ont également été très sollicités. Or, piscine rime souvent avec poolhouse, du moins pour ceux qui en ont les moyens.
Une dépendance coûte rapidement de 2.000 à 3.000 euros par mètre carré. C’est le prix de départ. ROBBERT DESMET, Unicus
FÊTE AUTOUR DE LA COLLECTION DE VOITURES
Unicus a-t-elle vu les commandes affluer suite à la pandémie? «En effet, la demande de tout ce qui concerne les piscines et les annexes a augmenté», constate Robbert Desmet. «Mais en réalité, cette tendance existait avant la crise du coronavirus. Nos clients fortunés disposent déjà d’une résidence secondaire. Ils ne sont pas nécessairement à la recherche d’un espace supplémentaire pour travailler. Ils souhaitent surtout un endroit où ils peuvent se consacrer à leur passion. Par exemple, pour stocker leur collection de voitures et, en même temps, inviter leurs amis pour une réception, sans mettre leur habitation sens dessus dessous.» Si vous avez du mal à imaginer à quoi ressemble une dépendance «high end», regardez ce qu’Unicus a construit pour un client situé en Flandre occidentale: une ancienne grange a été entièrement désossée et transformée en une immense man cave. Bien entendu, on y trouve obligatoirement un bar et une table de billard. Mais le propriétaire a aussi prévu de l’espace pour sa collection de vieilles voitures, une cave à vin et même des chambres pour les invités. «Dès qu’une voiture y est stockée, l’endroit est rapidement rebaptisé man cave», explique Robbert Desmet. «De même, on parle d’office de she-shed ou de lady lounge lorsque nous installons un espace de bien-être. Mais dans la pratique, ces installations sont
La plupart du temps, il faut demander un permis de bâtir pour toute construction dont la superficie au sol dépasse 40 m². © ANNICK VERNIMMEN
35
Parmi les demandes, une construction sur deux doit disposer d’un espace séparé ou d’un carport pouvant accueillir une ou plusieurs voitures de sport ou de collection. © BERT DEMASURE
utilisées par toute la famille. Il s’agit donc davantage de family caves. Nous commençons toujours par rencontrer le client chez lui pour mieux comprendre ses souhaits.» Quelles sont les demandes les plus populaires? «On nous demande quasi toujours d’installer dans la dépendance un bar et un feu ouvert, ainsi qu’un espace de réception. Une construction sur deux doit également disposer d’un espace séparé ou d’un carport pouvant accueillir une ou plusieurs voitures de sport ou de collection. Les leisure houses – des dépendances entièrement destinées à accueillir les hobbies de nos clients –, sont le segment qui connaît la plus forte croissance. Nous travaillons actuellement à un pavillon de chasse où le maître d’œuvre souhaite conserver ses trophées.»
COMMANDE DE LINGE DE LIT
Chez Unicus, les clients potentiels peuvent choisir parmi plusieurs projets standard – comptez un prix de départ entre 2.000 et 3.000 euros par m² – mais selon Robbert Desmet, la plus forte croissance est enregistrée dans les travaux sur mesure dans le segment premium.
On nous demande quasi toujours d’installer dans la dépendance un bar et un feu ouvert, ainsi qu’un espace de réception. ROBBERT DESMET, Unicus
«Dans ce type de projet, le propriétaire ne doit s’occuper de rien. Nous commandons même le linge de lit.» À terme, l’entreprise souhaite miser encore davantage sur cette niche. «Nous constatons également qu’il est plus facile de trouver les bons artisans pour de tels projets. Nous travaillons avec de nombreux corps de métier spécialisés, mais il faut être en mesure de les séduire pour qu’ils continuent à travailler avec nous.» Les règles urbanistiques pour de tels projets varient en fonction de la commune. Mais la plupart du temps, il faut demander un permis de bâtir pour toute construction dont la superficie au sol dépasse 40 m². «Près de la moitié des dépendances que nous construisons sont plus petites», poursuit Robbert Desmet. «Les annexes qui exigent un permis de bâtir ont en moyenne une superficie de près de 100 m².» Bien entendu, certaines constructions sont plus grandes, comme c’est le cas de la grange rénovée en Flandre occidentale. «À l’heure actuelle, nous transformons par exemple un pavillon avec un hangar qui doit accueillir un hélicoptère.» Les règlementations ont pourtant tendance à devenir plus strictes. «Certains clients possèdent un terrain de 4.000 m² autour de leur villa. Si cet espace est encore considéré comme terrain à bâtir, c’est bien entendu possible d’y construire une annexe. Mais actuellement, nous devons rejeter un projet initial sur deux parce que nous savons qu’il n’obtiendra pas les autorisations nécessaires.»
36
wealth juin 2021
L’IN V EN T EUR DU S T EN T, JUL IO PA L M A Z , C ON S T RUI T UNE IMPR E S S IONN A N T E CAV E S OU T ER R A INE HIGH T E CH .
CE TOUBIB VIGNERON
37
DÉPLACE LES MONTAGNES Une combinaison improbable d’excellence médicale et d’art viticole produit des merveilles. Julio Palmaz et sa cave à vin souterraine hightech au cœur de la Napa Valley californienne, en sont la preuve vivante. «Quel que soit votre domaine d’activité, si vous ne pensez pas ‘innovation’, vous êtes perdu.»
STÉPHANE GODFROID
© RV
I
l fait penser à une salle de contrôle de la NASA ou à une scène tirée de Star Trek. Le centre de contrôle high tech de Palmaz Vineyards à Napa est à couper le souffle. Il s’agit du cœur de la plus grande cave souterraine au monde où l’on utilise la gravité. À l’intérieur du Mount George se trouve une construction équivalant à un immeuble de 18 étages. Le génie derrière ce projet? Julio Palmaz, l’inventeur du stent coronarien. Et un collectionneur de voitures de course vintage de la marque Porsche. Une saveur de romantisme à l’état pur: deux jeunes chercheurs de l’University of California à Davis, Julio et Amalia Palmaz, traversant la Napa Valley dans leur cabriolet blanc Triumph Spitfire. «Nous voulions de temps en temps nous éloigner de notre lieu d’étude et de recherche. Nous nous sommes arrêtés dans d’innombrables vignobles et restaurants. C’est ainsi que notre amour du vin et de la bonne cuisine s’est développé», se souvient Julio Palmaz. Sa fille Florencia le confirme. «Je me vois encore en train de taper sur des pierres devant un vignoble à Sonoma. Je devais être une enfant vraiment ennuyeuse à cette époque. Mais bon, imaginez: j’étais assise à l’arrière de ce cabriolet inconfortable, avec une caisse de vin comme seule compagnie», raconte-t-elle en riant. Le fils, Christian Gastón Palmaz se souvient aussi très
wealth juin 2021
Le centre de contrôle de Palmaz Vineyards est logé dans les profondeurs du Mount George.
© RV
38
bien de l’époque où il y avait du vin «all over». «Il sortait une bouteille de la cave et racontait où maman et lui l’avaient achetée. Il a attisé notre curiosité. Et, au fil du temps, il a voulu que nous racontions au moins cinq anecdotes sur chaque bouteille. Il nous a discrètement poussés vers l’essence même du vin: le goût et le nez, mais aussi le contexte, les personnes, les moments qui entourent l’achat d’un vin…» À l’époque, rien ne laissait présager que leur père Julio deviendrait l’un des plus grands noms du monde médical. Une success-story qui a commencé par un bricolage audacieux. Julio Palmaz, né en 1945 à La Plata, en Argentine, est d’origine italienne. Après ses études à l’université de La Plata, il a étudié la radiologie en Californie, au Davis Martinez Veterans Administration Medical Center. En 1974, il a commencé à pratiquer la radiologie interventionnelle et vasculaire dans sa ville natale. En 1983, il a déménagé définitivement aux États-Unis avec sa famille. Depuis la fin des années 1970, Julio Palmaz essayait de résoudre un problème médical impliquant l’utilisation de cathéters pour ouvrir les vaisseaux sanguins et améliorer le flux sanguin. Mais la sécurité de ces appareils laissait souvent à désirer. Il a donc commencé à bricoler un appareil révolutionnaire qui allait impacter le
monde entier. Littéralement avec de petits tuyaux en cuivre et un fer à souder, il a commencé à modéliser ce qui allait donner naissance au stent coronarien, utilisé pour traiter les artères rétrécies ou obstruées. Il a fait breveter cette invention en 1985. Ce stent Palmaz® est aujourd’hui couramment utilisé. Julio Palmaz est entré grâce à lui au panthéon des Inventors Hall of Fame, et son invention est considérée comme un des dix brevets ayant changé le monde. Cette invention lui a bien entendu rapporté énormément d’argent.
PRODUIRE SON PROPRE VIN
En marge du stent, Julio Palmaz avait d’autres projets en tête. «Depuis mes premiers jours à l’université, je souhaitais produire mon propre vin. Y a-t-il un meilleur endroit au monde que Napa Valley?», ajoute-t-il avec un sourire. Il a donc élaboré des plans pour ce qui allait devenir une approche hautement technologique et innovante pour un domaine viticole d’une envergure sans
Depuis mes premiers jours à l’université, je souhaitais produire mon propre vin. Y a-t-il un meilleur endroit au monde que Napa Valley? JULIO PALMAZ, Palmaz Vineyards
© RV
39
précédent. «Vous savez, l’innovation est un état d’esprit», poursuit Julio Palmaz. «Quel que soit votre domaine d’activité, si vous ne pensez pas ‘innovation’, vous êtes perdu. Et puis, pour un médecin, le vin et la viticulture, c’est un peu naturel. La chimie, la nature, l’analyse approfondie… Je n’ai pas eu trop de mal à appliquer les techniques de chimie à la vinification. Et j’ai pu l’adapter, grâce à d’importants investissements technologiques, à notre domaine viticole. Nous disposons d’ordinateurs qui analysent et assurent le suivi de l’ensemble du processus.»
RACINES AU XIXE SIÈCLE
L’endroit où est installé le domaine viticole Palmaz Winery abrite un morceau unique de l’histoire de la viticulture à Napa. À l’époque, le site accueillait Cedar Knoll Vineyard and Winery, fondée en 1877 par les frères Henry et Peter Hagen, originaires de la ville allemande Mannheim. Cedar Knoll a remporté de nombreux prix pour ses vins, dont une médaille d’argent à l’Exposition universelle de Paris en 1889. À cette époque, Cedar Knoll était l’un des principaux domaines viticoles à Napa. Les vignes ont survécu à la crise du Phylloxera dans les années 1890, mais la Prohibition, qui a duré entre 1920 et
24
Palmaz Vineyards compte 24 terroirs et autant de cuves de fermentation dirigées par ordinateur.
1933 – et qui interdisait tout commerce de boissons alcoolisées – a été fatale à Cedar Knoll. Le domaine est tombé en ruines et les vignobles sont restés en jachère pendant près de 80 ans. Lorsque la famille Palmaz a acquis la propriété et le terrain, le site était pratiquement à l’abandon. Julio Palmaz a ensuite lancé la construction de ce qui est peut-être le domaine viticole le plus technologique au monde. Une section entière de Mount George a été excavée pour être ensuite à nouveau recouverte de terre. La cave souterraine a ainsi l’ampleur d’un immeuble de 18 étages. «L’ingéniosité technique et l’esprit inventif de mon père sont visibles partout», explique sa fille Florencia. «Pour traiter les raisins et le jus le plus délicatement possible, rien n’est pompé. Nous travaillons entièrement par gravité. La forme de chaque allée et de chaque tunnel a été conçue spécifiquement en fonction du mouvement du vin à ce moment-là. Cela donne à nos vins une finesse et une texture particulières.» Sous la direction de Julio Palmaz, des milliers d’échantillons de sol ont été analysés. C’est ainsi que 24 terroirs ont pu être définis, répartis sur un dénivelé de plus de 400 mètres. Un chai a été construit, doté de 24 cuves de fermentation contrôlées par ordinateur. «Les raisins de chaque parcelle sont vinifiés séparément», ajoute Julio Palmaz. La pièce maîtresse du chai souterrain est le gigantesque hall central où, sur des écrans placés sur le plafond en forme de coupole, on découvre un mur de graphiques colorés contenant une mine d’informations sur les 24 cuves, comme la température et le Brix (taux de sucre dans le jus de raisin ou le moût, NDLR). Les cuves sont toutes réglables via une console. Pendant les travaux d’excavation des différents systèmes de grottes, une veine d’or a été découverte. Florencia rit lorsque j’aborde ce sujet. «Vous savez, les découvertes d’or en Californie du Nord ne sont pas tellement exceptionnelles. Il existe encore littéralement des tonnes d’or dans les montagnes de la région. Pour plaisanter, je raconte à mon fils que si le vin est à nouveau interdit en Amérique, il pourra toujours rouvrir la paroi du tunnel au niveau 2 du chai pour essayer de retrouver la veine d’or.» Les travaux d’excavation et la construction du chai ont pratiquement duré sept ans, de 2000 à 2007, et ont coûté plus de 20 millions de dollars. Ces frais ont été
wealth juin 2021
© RV
40
financés en partie par les revenus du brevet du stent, que Julio Palmaz a vendu en 1997 à Johnson & Johnson. Ces grands travaux ont également suscité des protestations de la part des voisins. Florencia défend ardemment les projets et l’approche de son père Julio: «Il est très attaché au respect de la terre. Il voulait absolument que notre vignoble puisse prospérer pendant plusieurs générations. Par exemple, son attachement à la conservation de l’eau et de la terre est à la base de toutes nos cultures. Nous disposons notamment d’une installation d’épuration des eaux.»
TECHNOLOGIE FOLLE
VINS
Entouré d’écrans d’ordinateur, le fils Christian est dans son élément. Enfant, il était très impressionné par l’approche analytique et technologique de son père. «Papa a toujours eu un faible pour l’ingénierie, même s’il a d’abord été formé comme médecin. Il m’a enseigné qu’il était possible d’apprendre pratiquement tout en analysant comment cela fonctionnait. La technologie m’a toujours intrigué. Je démontais systématiquement les objets et les appareils. J’aidais aussi mon père à réparer de vieilles voitures. Ma sœur, quant à, elle est la créative de la famille.» «Je trouve que la vinification et la
technologie sont une combinaison intéressante. La vinification est à la fois une forme d’expression artistique et une science fondamentale.» Christian s’y retrouve pleinement. «C’est vrai, je suis un peu obsédé par le processus et après six années de travail, j’ai réussi à créer le tout premier système algorithmique breveté pour le contrôle de la fermentation. Ce système a révolutionné la manière dont les données de chaque récolte sont collectées et gérées. Des capteurs sont intégrés dans chaque cuve et fournissent d’énormes quantités de données sur le vin, allant de la température à différents endroits de chaque cuve à la vitesse de fermentation, en passant par la quantité de liquide de refroidissement utilisé par chaque cuve, et bien d’autres données.» Les cuves sont tellement «intelligentes» que lorsque l’équipe a dû évacuer la propriété pendant les incendies de 2017, elles se sont adaptées automatiquement, sauvant ainsi l’équivalent de 10 millions de dollars de jus de raisin.» Christian souligne également l’approche familiale des Palmaz. «Le domaine est véritablement une ‘family business’. Nous collaborons tous étroitement pour chaque détail. Je me concentre sur les aspects physiques et scientifiques de la vinification, tandis que ma femme Jessica s’occupe du marketing. Ma sœur Florencia et nos parents s’occupent de l’assemblage des vins, en concertation avec nos maîtres de chai Mia et Tina.»
COLLECTION MONDIALE
La cave souterraine abrite également le bureau du Dr. Julio Palmaz, qui est séparé par une grande fenêtre d’un espace d’exposition de près de 8.000 m2, où l’on découvre sa collection d’anciennes Porsche de course. Les spécialistes considèrent sa collection comme la plus importante au monde en dehors du musée de l’usine allemande de Stuttgart. Ce qui rend cette collection unique est que Julio Palmaz s’est concentré sur les Porsche qui ont remporté les courses pour lesquelles elles avaient été conçues. La famille Palmaz s’inspire d’ailleurs de l’histoire de Porsche. Christian Palmaz: «L’histoire de Porsche est marquée par des luttes et des compétitions avec, année après année, une incroyable inventivité, en particulier dans les années 1950-1970. Aucun autre constructeur automobile n’a consacré une partie aussi importante de ses revenus bruts à la R&D. Nous sommes heureux d’avoir pu rassembler ce morceau d’histoire.»
Palmaz Vineyards, Amalia Chardonnay 2018 (78,60 euros) La famille Palmaz n’est clairement pas fan des vins Chardonnay aux arômes boisés et de beurre. L’Amalia Chardonnay s’inspire davantage de l’approche bourguignonne, avec une fermentation à froid et une maturation délicate en fûts de chêne. Le vin a du corps, mais garde beaucoup de fraîcheur et de finesse. Les arômes sont teintés d’agrumes et de citron vert avec une belle touche de minéralité. La magnifique cuvée Amalia 2013 est encore disponible au prix de 69,10€.
Julio Palmaz possède la plus importante collection de Porsche au monde en dehors du musée de l’usine allemande de Stuttgart.
Palmaz Vineyards Cabernet Sauvignon 2016 (177,40 euros) Palmaz ne serait pas Palmaz si l’assemblage n’était pas calculé avec précision. Dans ce «Cabernet Sauvignon», on trouve 93,49% de cabernet sauvignon, 3,39% de cabernet franc, 2,12% de petit verdot et 1% de malbec. Le vin s’ouvre sur des arômes de fruits mûrs, avec des notes épicées et de fines touches de vanille et de caramel. En bouche, le vin révèle des arômes de myrtilles et de fruits rouges. Les tanins soyeux et la texture sont remarquables.
Les vins de Palmaz sont distribués en Belgique par maQUINZE, Madridstraat 15 à Ostende (www.maquinze.com, tél. 0475 62 34 34).
ONE CARLTON A NEW GLOBAL ICON AT THE HEART OF KNOKKE ZOUTE
VISITE DE L’APPARTEMENT TÉMOIN SUR RENDEZ-VOUS T 059 51 11 15
DEVELOPMENT BY WWW.ONECARLTON.COM
42
wealth juin 2021
NAGER ENTRE DEUX IMMEUBLES Un homme nage dans le Sky Pool, une piscine transparente entre deux immeubles résidentiels ultrachics à proximité de l’ambassade américaine dans le sud de Londres. C’est la première piscine du genre dans le monde. ■ © BELGAIMAGE
LES TRAVAUX ONT COMMENCÉ
Vivre ou investir dans l’immobilier haut de gamme dans un lieu emblématique ? Découvrez l’univers majestueux de Royale Belge, un havre de paix exclusif dans lequel le patrimoine reçoit une seconde vie. Les appartements et les penthouses de Souverain 23 sont situés dans un cadre idyllique en bordure de la forêt de Soignes, une zone d’environ 4400 hectares de nature. Respirez-y un bon bol d’air frais.
souverain23.eu I +32 2 647 00 00 I info@souverain23.be
Changer le futur, c’est l’avenir de votre patrimoine.
Les grands défis d’aujourd’hui sont les opportunités de demain. Cette conviction est celle qui guide Degroof Petercam depuis 150 ans. Pour contribuer à construire l’avenir des générations actuelles et futures, nous investissons dans des services patrimoniaux robustes et durables.
Banque privée, intérêts communs.
www.imaginetomorrow.be
Éditeur responsable : Bruno Colmant. Mars 2021 I Adresse légale : Banque Degroof Petercam SA, rue de l’Industrie 44, 1040 Bruxelles I TVA : BE 0403.212.172 (RPM Bruxelles) - FSMA 040460 A.