L'etoile de l'info N° 10 SPECIAL MEDIAS DANS LE MONDE

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Premier MAGAZINE francophone ludo éducatif et solidaire / DÈS 14 ANS

N° 10 Mars 2009 / 3.50€

PLANÈTE MÉDIAS

UNE PUBLICATION DE L’e-TOILE DE L’INFO PAPIER RECYCLÉ


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Une publication de l’e-Toile de l’info 64, rue Rambuteau, 75003 PARIS www.letoiledelinfo.org contact@letoiledelinfo.org Tél.: 01 74 90 04 10

Directrice de publication : Mathilde LAFARGE m.lafarge@letoiledelinfo.org Rédaction en chef : Myriam REMBAUT m.rembaut@letoiledelinfo.org Édition et direction artistique : Vincent VÉTOIS Secrétariat de rédaction et correction : Sébastien CRETIN Ont participé à ce numéro : Audrey Emery, Elisa Deliège, Jean-Louis Moussinga, Camille Dutrieux, Philippe Brégowy, Alexandra Defresnes, Lane Sigé, Élise Bernind, école Arc-En-Ciel, IPJ Régie publicitaire : Mathilde LAFARGE Impression Italie : Reproductis Les Crédits photos : Général : © Fotolia et DR ; Une : © Fotolia ; Page 6-7 : © Myriam Rembaut & Oscar eye ; Page 8-10 : © Atelier Christian de Portzamparc ; Page 19 : © Africa N°1 ; Page 34 : © France 3 ; Page 36 : © Reporters sans frontières ; Page 37-39 : © La Maison des Journalistes ; Page 40-41 : © AFP Date dépôt légal : 28 Novembre 2008 Numéro I.S.S.N. : 1969 - 3125 N° de commission paritaire : en cours Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 Tirage : 20 000 exemplaires

« À l’occasion de la Semaine de la presse dans l’école, en France, nous avons élaboré un numéro spécial consacré aux médias. Nous avons pensé ce numéro comme un outil pédagogique pour mieux comprendre le fonctionnement et le rôle des médias dans le monde. Loin d’être exhaustif, ce magazine retrace l’histoire de la presse et vous présente ses principaux acteurs. Grâce à lui, nous espérons que vous appréhenderez mieux “l’information” car être bien informé(e) développe un vrai sens critique, permet de participer au débat citoyen et d’ouvrir sa réflexion au monde. » Mathilde Lafarge

BILLET

Sans les médias, le monde serait sourd et aveugle !

Sommaire

ICI ET AILLEURS 4 • Les infos du mois reportage 6 • Ma journée à BFM TV histoire de la presse 8 • la presse : toute une histoire la carte de presse 12 • La carte de presse les mots du journalisme 14 • Abécédaire du journaliste droits et devoirs 16 • Des règles pour une information rigoureuse

dessinateur 31 • Plantu : « Je travaille tous les jours sur un terrain miné » reporter 32 • Patrick Fandio : « Un métier fatiguant, parfois dangereux, mais exaltant » critique 33 • Christophe Narbonne : « Nous avons une vocation de guide » animateur 34 • Georges Pernoud : « J’ai toujours le trac à la télévision »

zoom sur la radio 18 • La voix de l’Afrique 19 • Guy Kalenda : « Les Africains sont très attachés à la radio »

liberté de la presse 36 • Lutter pour la liberté d’expression 37 • Une maison où se reconstruire 38 • Journalistes de l’exil

zoom sur internet 20 • Internet, média n° 1 des jeunes

agences de presse 40 • Les agences de presse, les grossistes de l’information

zoom sur les nouveaux médias 24 • Sommes-nous tous journalistes ?

journaliste mode d’emploi 42 • Comment écrire court, simple et... riche !

zoom sur la presse écrite 26 • Fait-il bon écrire au Mexique ? correspondant 28 • Laurence Haïm : « S’accrocher et ne jamais rien lâcher » photographe 30 • Xavier Léoty : « Être au bon endroit, au bon moment » www.letoiledelinfo.org

quiz 42 • La presse en dix questions test psycho 44 • Quel journaliste ferais-tu ? courrier 46 • Steven : « J’ai toujours voulu être témoin de l’actualité »

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ICI ET AILLEURS

LES infos du mois

RÉVOLTE CONTRE LA VIE CHÈRE Crise aux Antilles françaises. Une grève générale a été lancée en Guadeloupe, le 19 janvier dernier, contre la vie chère. Tout s’est arrêté : école, transport, ramassage des ordures, fermeture des magasins... Onze jours plus tard, près de 18 000 personnes ont manifesté dans les rues de Pointe-à-Pitre. Le 1er février, Yves Jégo, secrétaire d’État à l’Outre-mer, est arrivé et a annoncé « des mesures exceptionnelles » pour calmer la révolte. Mais la colère a gagné l¹île voisine de la Martinique, et le 9 février, 10 000 personnes ont à nouveau défilé en Guadeloupe. À l’heure où nous imprimons, le conflit entre dans sa cinquième semaine, un homme a été tué et le président Nicolas Sarkozy a annoncé une série de mesures de 580 millions d’euros pour dénouer la crise en Guadeloupe. FEMMES, FEMMES, FEMMES… Comme chaque année, le 8 mars est la Journée internationale des femmes. Sa création remonte à 1910, lorsqu’un groupe de femmes de plusieurs nationalités et engagées politiquement se rassemble à Copenhague, au Danemark, en Europe, en vue d’obtenir le droit de vote. Cette journée est l’occasion de faire le point sur les avancées obtenues par les femmes dans leur lutte pour l’égalité. Mais aussi de rappeler que, partout dans le monde, beaucoup d’entre elles se heurtent encore à des obstacles : violences physiques, pas d’accès à l’éducation, à un emploi supérieur…

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TOP !

Le Portugal, en Europe, s’est offert une énorme centrale solaire, qui tourne à plein régime depuis début janvier. Plus de 260 000 panneaux pivotent sur leur axe pour suivre la trajectoire du Soleil tout au long de la journée. La centrale permet de fournir l’équivalent de la consommation énergétique de 30 000 foyers. L’énergie solaire ainsi produite évite l’émission dans l’atmosphère de plus de 89 tonnes de C02 par an !

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FLOP !

Baisers d’adieu devant la gare interdits ! En Europe, à Warrington, dans le nord du Royaume-Uni, un panneau a été installé pour signaler aux amoureux de ne pas s’embrasser devant le bâtiment. Selon la compagnie qui exploite la gare et les commerçants avoisinants, cela provoque des embouteillages et des retards de trains !


ICI ET AILLEURS

PARLEZ-VOUS FRANÇAIS ?

TOUCHÉ, MAIS PAS COULÉ Le Triomphant et le Vanguard, deux sous-marins nucléaires - l’un français, l’autre britannique - sont entrés en collision début février au cours de leurs manœuvres dans l’océan Atlantique. Les engins sont tellement silencieux qu’ils ne se sont pas entendus. Les dégâts sont minimes, un peu de tôle froissée, mais selon les experts, le choc aurait pu provoquer une énorme catastrophe.

Le 20 mars se déroulera à Beyrouth, au Liban, au Moyen-Orient, la Journée internationale de la francophonie. Elle est dédiée à la langue française qui unit 200 millions de personnes dans le monde. De nombreuses manifestations permettront aux francophones du monde entier d’exprimer leur solidarité, et leur désir de partager ensemble leurs différences, et leur diversité..

Comment appelle t-on un opposant à la mondialisation ? Réponds à la question avant le 20 mars et gagne ce livre pour en savoir plus sur la mondialisation (boiteauxlettres@letoiledelinfo.org)

tragédie Il s’agit de la catastrophe la plus meurtrière survenue depuis 110 ans en Australie. Au moins 200 personnes sont mortes dans les incendies de forêt qui ont ravagé le sud-est du continent, à partir du 6 février. Les pompiers australiens ont lutté près de deux semaines contre les flammes. Environ 2 000 maisons ont été détruites et 450 000 hectares de végétation sont partis en fumée. Selon les enquêteurs, ces incendies ont peut-être été déclenchés volontairement. www.letoiledelinfo.org

Règlement du concours disponible sur simple demande à contact@letoiledelino.org

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REPORTAGE

MA JOURNÉE À BFM TV BFM TV est une chaîne de télévision française privée, d’information continue, lancée en novembre 2005. À l’occasion de la Semaine de la presse dans l’école, fêtée en France, Sabine, 17 ans, est venue à Paris y faire un reportage. Elle a suivi le journaliste Rachid M’Barki.

1 • « Rachid M’Barki va être mon guide durant cette journée. Il est journaliste et présente également l’info du week-end, en duo avec Diane Gouffrant. C’est un journal de trois heures qui commence à 21 h. Il m’explique que BFM TV est une chaîne gratuite beaucoup regardée à l’étranger. »

2 • « Ici, c’est la “cellule image”, le centre nerveux de la chaîne. Toutes les images du bout du monde y arrivent. BFM TV, c’est environ 210 collaborateurs, dont une douzaine de reporters et une vingtaine de “journalistes reporters d’images”. Les JRI, comme on les appelle, font tout : l’image, le son et le montage des sujets qu’ils tournent. » 6

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3 • « Autre lieu important : le bocal. C’est là que sont montés les sujets urgents. Les personnes qui y travaillent sont très concentrées. L’info est préparée, vérifiée… Même les titres qui apparaîtront à l’image font l’objet d’une attention particulière. Il ne faut pas de fautes d’orthographe ! La chaîne est en “sommeil” de 1h à 3h du matin. »

4 • « Tous les sujets sont montés sur des ordinateurs. Ici, un journaliste termine son montage. Il va ensuite enregistrer le commentaire audio. Il n’y a aucune salle d’enregistrement. Celui-ci se fait au milieu du bureau… parfois bruyant. Mais le micro est adapté et ne capte que la voix. » www.letoiledelinfo.org

5 • « Petit tour au service des sports. Une cellule totalement autonome où les trois journalistes s’occupent de tout ! Réception des images, gestion des droits, montage des sujets, commentaires et présentation à l’antenne. Vu le nombre de sports qu’ils doivent suivre, ils ont un travail énorme. »

6 • « Le service infographie s’occupe des cartes, des tableaux avec des résultats sportifs, la présentation de sondages ou de chiffres divers. Ces infographies sont commandées par les journalistes chaque fois qu’ils ont besoin d’illustrer une information dans leur reportage. Le journaliste qui s’en occupe doit être rigoureux et minutieux. »


8 • « Rachid M’Barki écrit tous ses lancements, c’est-à-dire les textes courts qui sont dits avant chaque reportage. Il vérifie ses informations avec les agences de presse (voir page 40). Il regarde les sujets qui vont être diffusés dans son journal. Il travaille en étroite collaboration avec sa chef d’édition et sa partenaire de plateau, Diane Gouffrant. »

9 • « Une information de dernière minute est tombée. Des prisonniers dangereux se sont évadés et ont pris des otages avec eux. Il faut bousculer l’ordre du journal, d’autant que Rachid vient d’obtenir de précieuses informations qu’il va pouvoir révéler au public. Coups de téléphone, interviews ajoutées, toute la rédaction en effervescence… C’est la course ! »

REPORTAGE

7 • « Voici la régie. C’est un peu la tour de contrôle. Dans ce local se concentrent les différentes personnes qui vont permettre à l’émission d’être diffusée, de passer à l’antenne. Il y a le réalisateur, le chef d’édition, l’ingénieur du son… C’est de là que sont envoyées les instructions au présentateur, qui les reçoit grâce à la fameuse oreillette. »

10 • « Scéance maquillage, une dizaine de minutes avant de passer à l’antenne. Le lieu est calme. Rachid profite de ce moment pour se détendre, même s’il dit ne pas avoir le trac. Question d’habitude… Il a emporté avec lui le conducteur imprimé, c’est-à-dire le texte qui détaille minute par minute le déroulement du journal. »

13 • « Entre les lancements, lorsqu’ils ne sont pas à l’antenne, Rachid et Diane bavardent, rient, font des commentaires sur l’actualité ou les vêtements qu’ils portent. Ils sont très professionnels, tout en restant calmes et décontractés. »

11 • « Nous voilà en plateau. Surprise, il n’y a pas de décors. En fait, les épais rideaux verts permettent, grâce à des logiciels de trucage, d’incruster des images derrière les présentateurs. Le lieu est beaucoup plus petit qu’on ne le croit. À la télévision, tout paraît plus grand. »

12 • « Cette machine est le fameux prompteur. Les lancements écrits par Rachid défilent sur l’écran. Le journaliste lit son texte tout en se permettant un peu d’improvisation. Une horloge fait aussi le décompte des secondes. »

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14 • « Ma visite est terminée. J’ai découvert un monde incroyable avec une organisation impressionnante. Je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi complexe. Les journalistes font un travail précis et rigoureux. Je ne regarderai plus jamais un journal télévisé de la même manière ! » Sabine

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HISTOIRE DE LA PRESSE

la presse : toute une histoire De tout temps, l’homme a cherché des moyens de transmettre des informations. La presse est l’un de ses outils. Comment sont nés les premiers journaux ? Retour sur une histoire à la fois technique, sociale et politique.

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i la presse n’existait pas, il faudrait ne pas l’inventer ». Moqueur, ce Balzac. L’auteur de La Comédie humaine n’aimait pas beaucoup les journalistes qu’il considérait comme « un sous-genre de l’homme de lettres ». À l’époque déjà, ce média n’avait pas toujours… bonne presse. Merci Gutenberg ! Son histoire commence en 1438, avec l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Mais les « vrais » premiers journaux sont les périodiques qui naissent au XVIIe siècle, en Hollande, en Europe. En France, La Gazette est créée en 1631 par Théophraste Renaudot, médecin du roi Louis XIII. Cette revue est l’organe officieux de la cour royale. Beaucoup d’articles sont inspirés ou rédigés par www.letoiledelinfo.ORG

le roi lui-même ou son ministre Richelieu. Toutefois, La Gazette n’a pas l’exclusivité de l’information. Le pouvoir est forcé d’accepter les nouvellistes, ancêtres des reporters. En 1777 paraît le premier quotidien, Le Journal de Paris. Mais il est beaucoup moins influent que son équivalent anglais, The Times, créé en 1788. Pendant la Révolution française, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen favorise l’essor d’une presse libre, jusqu’à ce que le Directoire rétablisse la censure. Mais, au moment des « Trois Glorieuses », en 1830, les journalistes jouent un rôle très important dans la chute du roi Charles X. C’est le triomphe de ce qu’on appelle la presse d’opinion, c’est-à-dire la presse politique.


L’âge d’or de la presse Peu chers et vendus au numéro, les nouveaux journaux conquièrent Monsieur tout-le-monde. Le contenu s’adapte. Le reportage et l’interview apparaissent. On

HISTOIRE DE LA PRESSE

Naissance de la presse moderne La monarchie de Juillet voit se développer un nouveau type de journal, grand public et bon marché, avec la création en 1836 de La Presse. Son fondateur, Émile de Girardin, y publie des informations générales et des romansfeuilletons. Il fait ainsi de la lecture du journal un moment de détente et de découvertes. Pour le financer, Émile de Girardin utilise la publicité. Il peut ainsi baisser de moitié le prix de vente et attirer de nouveaux lecteurs. Le journal ne s’adresse plus seulement aux gens riches et instruits. C’est la naissance de la presse populaire. Elle s’accompagne de la création des trois grandes agences d’informations : celle de Charles Henri Havas en 1835, qui deviendra en 1944 l’Agence FrancePresse (AFP) ; l’agence américaine Associated Press en 1848 ; et, en 1851, Reuters à Londres. Pour transmettre les informations, les journalistes correspondants utilisent le télégraphe , les câbles sous-marins et même les pigeons voyageurs ! Grâce aux progrès techniques, les journaux augmentent aussi leur tirage et élargissent leur diffusion. En 1845, les Américains inventent une machine appelée « la rotative » qui accélère la vitesse d’impression, puis en 1885, la linotype, qui permet de taper son texte directement sur un clavier. Mais c’est en France que les tirages sont les plus importants. En 1870, les quotidiens parisiens atteignent le million d’exemplaires. Parmi eux, Le Petit Journal, le premier quotidien à 1 sou, créé en 1863 par le financier Moïse Polydore Millaud. Il sera suivi par Le Petit Parisien, Le Journal et Le Matin. Citons aussi la naissance du Le Figaro en 1866.

soigne la mise en page, on privilégie les titres chocs et les faits divers. À l’époque, on parle d’une « américanisation » de la presse. Car ce type de journalisme est pratiqué depuis longtemps par la presse anglo-saxonne - le Times en Angleterre, le New York Herald et le New York Times aux ÉtatsUnis. Mais la presse française se distingue par sa tradition littéraire : le reporter ne se contente pas de retranscrire les faits, il introduit toujours une part de commentaire. Cette différence entre www.letoiledelinfo.org

le reportage à l’anglo-saxonne et celui à la française est encore sensible aujourd’hui. En France, le reporter est d’abord méprisé, puis il connaît son heure de gloire sous la plume de Gaston Leroux, reporter de guerre et créateur du personnage de Rouletabille. Certains grands reporters deviennent même des figures légendaires, comme Albert Londres. Son enquête sur le bagne de Cayenne, en Guyane française, en Amérique du Sud, aura un tel retentissement qu’elle entraînera sa fermeture. >> Mars 2009

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HISTOIRE DE LA PRESSE

D’où vient le mot « presse » ? À l’origine, la presse désignait une machine destinée à l’impression typographique. Et la radio ? L’invention de la radio découle de celle du télégraphe. En 1895, un inventeur italien, Marconi, effectue les premiers essais de la TSF (télégraphie sans fil). Les premières stations radiophoniques datent des années 1920, et c’est dans les années 1930 que la radio devient un média populaire, d’abord aux ÉtatsUnis, plus tardivement en France. Aujourd’hui, la radio a su résister à la concurrence de la télévision. Grâce à la multiplicité des récepteurs (radios numériques sur Internet, baladeurs MP3…), le taux d’équipement, en France, est proche de 100 %.

Et la télévision ? La télévision naît dans le prolongement de l’invention du cinéma. Les premières émissions sont diffusées dans les années 1930 pour un petit nombre de téléspectateurs. Ce n’est qu’après la guerre qu’elle entre vraiment dans les foyers, avec, en France, la diffusion du premier JT en 1949. Avec l’amélioration de la réception et la disparition du monopole de l’État, les chaînes se multiplient. La télévision est aujourd’hui le média dominant dans le monde.

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Rédaction du quotidien Le Monde, à Paris, en France.

Grandeur et décadence À cette époque, la presse influence de plus en plus de l’opinion publique. La loi du 29 juillet 1881 promulgue la liberté de la presse. Les « affaires » font désormais la une des journaux, comme la célèbre « affaire Dreyfus ». En 1898, Émile Zola publie son « J’accuse ! » dans L’Aurore, pour dénoncer l’erreur judiciaire qui a conduit ce militaire au bagne. La Première Guerre mondiale voit la réapparition de la censure, mais n’empêche pas la fondation, en 1915, du journal Le Canard enchaîné. La Seconde Guerre mondiale, elle, bouleverse profondément le paysage de la presse. À la Libération, en 1945, tous les journaux qui ont continué de paraître sous l’Occupation sont interdits. Leurs bureaux sont occupés par des anciens résistants, qui les rebaptisent : Le Temps devient Le Monde ; Le Petit Parisien devient Le Parisien libéré… La presse magazine, généraliste ou spécialisée, se développe fortement : Elle en 1945, L’Équipe en 1946, L’Express en 1953… Pour-

tant, le nombre de lecteurs ne cesse de chuter. Plusieurs titres disparaissent. La presse écrite ne sait pas s’adapter à l’arrivée de la télévision et d’Internet, et son indépendance est mise en cause dans les sondages de lecteurs. Elle entre dans une crise dont elle a du mal à sortir aujourd’hui.

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Audrey Emery

LEXIQUE Périodique : (ici) publication qui paraît régulièrement. Officieux : non officiel, qui n’est pas reconnu comme tel. Censure : (ici) surveillance de la presse, et interdiction de certains sujets. Monopole : possession exclusive.


HISTOIRE DE LA PRESSE

Une collection pour décrypter les médias et mieux comprendre les grands sujets de l’actualité

64 pages - 6,90 € dès 11 ans

1 décrypter : 4 faits d’actualité sont décodés et expliqués.

2 comprendre : un lexique donne la définition de 50 mots-clés.

3 chercher : une sélection de textes et documents et de sites Internet de référence permettent de compléter ses recherches.

Également en librairie :

La documentation Française / GALLIMARD www.letoiledelinfo.org

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LA CARTE DE PRESSE

LA CARTE

DE PRESSE Souvent appelée « carte de presse », la carte d’identité professionnelle du journaliste permet à son détenteur de prouver qu’il exerce bien ce métier. Un document qui fait la fierté de celui qui le possède.

A

ucun journaliste n’a oublié le jour où il a reçu sa première carte de presse. Car, pour lui, il ne s’agit pas d’un simple bout de papier, mais du document qui reconnaît son statut. La carte de presse permet d’accéder aux salles de presse, aux événements officiels ou aux musées, mais pas seulement. Elle est aussi le symbole de l’adhésion morale du journaliste aux principes professionnels partagés par des milliers de confrères. Pour l’obtenir, il faut bien souvent s’adresser à un organisme national. Obligatoire ou pas La carte de presse n’est pas délivrée de la même manière partout dans le monde. En Espagne, par exemple, il n’y a pas de bureau qui centralise les demandes. C’est chaque média de presse qui remet sa propre carte. Elle n’est pas obligatoire pour un journaliste allemand ou britannique. En revanche, elle est recommandée pour un Français, un Italien ou un 12

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Portugais. D’autres pays sont en passe de demander aux journalistes d’être pourvus de ce document, comme en Côte d’Ivoire. Si la carte d’identité professionnelle est reconnue à l’intérieur du pays de son détenteur, elle ne l’est pas à l’étranger. La meilleure solution, pour un journaliste qui doit exercer hors de ses frontières, est alors de posséder la carte de presse internationale, acceptée dans plus de 120 États du monde. Un sésame international Créée en avril 1954 par la FIJ (Fédération internationale des journalistes) de Bruxelles, en Belgique (Europe), la carte de presse internationale est émise par le biais des organisations nationales de journalistes. Cette carte est valide deux ans. Le journaliste qui la possède peut compter sur le soutien du réseau de la FIJ, notamment dans les zones de conflit. Certains ont témoigné de l’efficacité de cette carte internationale pour sortir de situations périlleuses. www.letoiledelinfo.ORG

Plutôt utile La carte de presse s’avère, au final, un document plutôt utile. Mais elle ne doit cependant pas être considérée comme un « brevet de professionnalisme ». Elle n’engage pas non plus son détenteur au respect du code déontologique des journalistes (voir page 16), même si elle y appelle de manière symbolique. Myriam Rembaut

LEXIQUE Statut : (ici) fonction professionnelle d’une personne. Confrère : collègue. Sésame : (ici) document qui permet d’accéder à un lieu ou d’obtenir quelque chose. Code déontologique : ensemble des droits et des devoirs d’une profession.


partenaires LA CARTE DE PRESSE

Tél : (225)30-643-594 (225)30-643-598 Fax : (225)30-643-519 www.hotel-la-residence.net

Une publication l’

-toile de l’info

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LES MOTS DU JOURNALISME

DU JOURNALISTE La langue française a fourni des mots ou des expressions au vocabulaire journalistique, donnant parfois des résultats étonnants. Petit tour d’horizon du jargon de la profession.

Angle : on ne se cognera pas la tête sur celui-ci ! C’est la manière dont on aborde un sujet, en se limitant à un aspect particulier. Bandeau : ici, ce mot désigne la partie supérieure d’une page servant généralement au titre d’une rubrique, ou un titre écrit au-dessus du logo du journal en « une » (voir définition). Billet : rien à voir avec l’argent. Il s’agit d’un petit article d’humeur ou d’humour qui donne à réfléchir.

pas ! C’est la représentation page par page du déroulement d’un journal. On y retrouve les sujets des articles, la place donnée aux publicités et aux illustrations. Cheval : article qui incite le lecteur à ouvrir le journal. Il commence en bas à droite de la une et se poursuit sur la page suivante. Chute : c’est la fin d’un article. Coquille : ni de noix ni d’œuf… La coquille est repérée par le correcteur. C’est une faute due à l’inversion, l’oubli ou l’ajout de lettres dans un mot. Épreuves : pas de zéro pointé ni de courbature à la clé. Il s’agit des textes imprimés destinés à la relecture et à la correction des fautes d’orthographes et de grammaire, avant leur publication.

Bouillon : les kiosques n’y échappent pas. Ce sont les numéros invendus d’un journal. Brève : c’est une information courte, le plus petit des articles d’une page dans un journal.

Fer : c’est l’alignement d’un texte ou d’un titre sur le bord de la colonne (à droite ou à gauche).

Canard : terme synonyme de journal. Chapô ou chapeau : pas sur la tête ! Ce sont les premières lignes qui précèdent un article, introduisant le sujet qui sera ensuite détaillé dans le « papier » (voir définition). Chemin de fer : sur celui-là, les trains ne circulent 14

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Feuillet : unité de mesure de la longueur d’un article. En France, un feuillet est égal à 1 500 signes (voir définition), soit à peu près 25 lignes de 12 mots chacune.

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LES MOTS DU JOURNALISME

Filet : pas pour pêcher. Le filet est une ligne plus ou moins fine qui sépare des colonnes de texte, souligne un titre ou encadre un article. Frigo (ou marbre) : c’est la réserve d’articles qui ne sont pas liés directement à l’actualité, ou qui n’ont pas trouvé place dans le journal du jour. On y garde, par exemple, des nécrologies écrites à l’avance, en prévision de la mort de personnalités.

Police : haut les mains ! Mais non… C’est le type de lettres employées (arial, times new roman, etc.) et la forme qui leur est donnée (en gras, en italique…).

Manchette : partie supérieure de la une d’un quotidien, composée du bandeau, du prix, de la date et du logo du journal. Marronnier : c’est un sujet d’article qui revient chaque année à la même période, comme la rentrée des classes, les festivités du nouvel an, etc. Monstre : celui-ci ne fera de mal à personne. C’est l’esquisse d’une mise en pages qui annonce l’arrivée d’une nouvelle formule, avec des changements visuels ou rédactionnels. Ours : encadré dans lequel sont écrits les noms de tous ceux qui ont participé à la création du journal : du directeur à l’imprimeur, en passant par les rédacteurs, secrétaires de rédaction, iconographes, etc. Papier : c’est l’autre nom donné à un article. Pigiste : rédacteur indépendant qui écrit des articles dans un ou plusieurs journaux. C’est souvent lui qu’on appelle en renfort lorsqu’il n’y a pas assez de rédacteurs dans une rédaction. www.letoiledelinfo.org

Rivière : succession de brèves présentées sur une colonne, les unes en dessous des autres. Scoop : information révélée par un média avant tous les autres et en exclusivité. Signe : chaque caractère compté dans un texte : les lettres, la ponctuation et même les espaces blancs. Têtière : c’est le titre principal d’une page dans un journal. Une : première page du journal où l’on trouve les gros titres, c’est-à-dire ceux des articles les plus importants. Elisa Deliège

LEXIQUE Jargon : langage particulier à un métier. Nécrologie : article consacré à une personne qui vient de mourir. Esquisse : dessin rapide.

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DROITS ET DEVOIRS

DES RèGLES POUR UNE INFORMATION RIGOUREUSE Un journaliste s’impose un ensemble de règles et de directives afin de s’acquitter de sa tâche de manière indépendante, mais également en accord avec les critères de qualité requis par la profession.

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e droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout être humain. De ce droit du public à connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes », indique le préambule de la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes. Appelée aussi « charte de Munich », parce qu’approuvée dans cette ville allemande en 1971, elle a été adoptée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’Organisation internationale des journalistes (OIJ) et la plupart des syndicats de journalistes d’Europe.

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Pour un journaliste digne de ce nom Que dit celle-ci ? En résumé, qu’un journaliste digne de ce nom : • assume la responsabilité de tous ses écrits. • tient les accusations sans preuve, la déformation des faits et le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles. • s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quelqu’un. • ne touche pas d’argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste serait susceptible d’être exploitée. • ne signe pas de son nom des articles publicitaires. • garde le secret professionnel. • ne commet aucun plagiat, cite les confrères dont il reproduit un texte. • ne sollicite pas la place d’un confrère, ni ne provoque son renvoi en offrant de travailler pour un salaire inférieur. • revendique la liberté de publier honnêtement ses informations. • ne confond pas son rôle avec celui du policier. www.letoiledelinfo.org

Une éthique professionnelle, donc, pour une information honnête, rigoureuse, fiable et responsable. Un code d’honneur Le public ayant droit à une information de qualité, celle-ci se fonde sur le travail irréprochable du journaliste et des médias qui l’éditent. Il n’existe pas de règlement international s’appliquant à l’ensemble de la profession. Mais dans presque chaque pays, les médias et les journalistes travaillent ou réfléchissent à un « code d’honneur ». Myriam Rembaut

LEXIQUE Préambule : introduction. Plagiat : fait de copier un auteur en s’attribuant son travail. Éthique : (ici) déontologie, ensemble de principes moraux.


DROITS ET DEVOIRS

AFRICA N°1 LA RADIO AFRICAINE

Partenaire Production / Photographe : Blaise Arnold

BONJOUR L’AFRIQUE 4h30-8h30 TU www.africa1.com

MALAMINE KONÉ, PDG D’AIRNESS.

MA FRÉQUENCE ? AFRICA, TOUS LES JOURS.

Abidjan 91.1-Bamako 102-Bangui 94.5-Brazzaville 89.6-Cotonou 102.6-Dakar 102-Douala 102-Kinshasa 102-Libreville 94.5 Lome 102-Malabo 103-N’Djamena 103-Niamey 103-Ouagadougou 90.3-Paris 107.5-PortoNovo 102.6-Yaoundé 106.7 www.letoiledelinfo.org

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ZOOM SUR LA RADIO

LA VOIX DE L’AFRIQUE © P. Dinis / ARC-EN-CIEL

Depuis son apparition sur le sol africain, la radio a connu des formes et des objectifs différents (sociaux, éducatifs et politiques). À travers le transistor, elle fait désormais partie de la vie quotidienne.

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bidjan, en Côte d’Ivoire, gare routière de Treichville. Il est 10h, et déjà il y a une chaleur à faire fondre la calotte polaire. Celle-ci me pousse à trouver refuge dans la petite boutique en bois d’un commerçant. Ce dernier ne me regarde même pas. Il s’acharne sur un transistor rafistolé datant d’une époque lointaine. Le pauvre en sueur, ne veut pas lâcher ce fidèle compagnon, prêt à rendre l’âme. C’est l’heure du compte-rendu des matchs de football du week-end. Sous une tente fragile, un groupe de jeunes se forme autour d’une chaîne stéréo bruyante. Mais ils ne sont pas les seuls. Neuf personnes sur dix sont suspendues à un poste radio. Certains écoutent les nouvelles sur des stations internationales, d’autres suivent 18

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les avis de décès ou simplement des émissions populaires. Le taxi-brousse dans lequel je monte n’est pas en reste. Sur l’autoradio, la voix d’un vieux conteur-né commente des proverbes en baoulé. Tout le monde a une radio Le long de l’autoroute qui me mène à la basilique de Yamoussokro, je ne suis plus surpris d’apercevoir un paysan dans son champ, un petit transistor collé à l’oreille. À force de les rencontrer continuellement, cette image me devient familière. « C’est aussi ça, l’Afrique !», lance mon chauffeurguide un peu taquin. Pourquoi ? Simple. D’abord, un transistor est économique : il ne coûte que 10 000 francs CFA et il peut être transmis de père en fils. Ensuite, dans certaines régions d’Afrique, l’inexistence des moyens de communication (pas de routes, de chemins de fer ou d’aéroports...) rendent difficile l’acheminement des journaux. Enfin, à cause de l’illettrisme, beaucoup de personnes ne lisent pas. Alors pour ce peuple de l’oral, les ondes jouent le rôle de la presse écrite. Raison pour laquelle tout le monde possède une radio. Et www.letoiledelinfo.org

elle devient le média roi ! Mais la radio est devenue également un instrument aux pouvoirs parfois assez destructeurs. Tout le monde se souvient des appels aux meurtres lancés par la Radio Mille Collines, en 1994, durant le génocide au Rwanda. Pourtant, à voir le commerçant de Treichville ou le paysan sur la route de Yamoussokro, je ne peux m’empêcher de rêver qu’enfin l’Afrique a conquis les ondes. Jean-Louis Moussinga

LEXIQUE Transistor : poste récepteur portatif de radio. Rafistoler : réparer rapidement. Baoulé : langue parlée en Côte d’Ivoire. Franc CFA : monnaie de la Côte d’Ivoire. Acheminement : transport. Illettrisme : mauvaise maîtrise de la lecture et de l’écriture. Génocide : destruction d’un groupe humain.


ZOOM SUR LA RADIO

GUY KALENDA :

« LES AFRICAINS SONT TRÈS ATTACHÉS À LA RADIO » Africa n° 1 est l’une des plus importantes radios africaines francophones. Ses programmes sont diffusés en Afrique, mais aussi dans le monde entier. Guy Kalenda, son coordinateur d’antenne, nous parle de la place de la radio en Afrique. L’Étoile de l’info : Pourquoi la radio a-t-elle autant d’importance en Afrique ? Guy Kalenda : C’est le média roi, parce que tout le monde possède une radio. Les Africains y sont très attachés et croient tout ce qu’il s’y dit. C’est « la » référence pour tout ! Comment s ’ o rg a n i s e l’implantation de la radio sur le continent ? Dans chaque pays, il y a une ou deux radios nationales. Ensuite, il y a des radios privées, qui ont pris une grande ampleur depuis les années 1990. Ces radios privées proposent des programmes ludiques et musicaux. Mais elles ont aussi un rôle éducatif. Elles expliquent à la population pourquoi il faut faire telle vaccination, comment préparer sa grossesse ou se protéger du sida. Il faut voir les gens se réunir autour d’un poste de radio et écouter ces conseils dans un silence presque religieux. La radio a donc un rôle social ? Absolument. C’est un média de rassemblement. Dans les villages, les gens ont gardé cet esprit de collectivité : on se retrouve facilement pour manger,

jouer, parler… Et la radio est toujours présente au milieu de ces groupes. Les radios ont-elles toutes une liberté de parole ? Avant 2000, beaucoup de pays avaient des gouvernements très durs qui ne laissaient aucune liberté de parole aux radios. Certaines ont été fermées avec fracas. Mais depuis quelques années la liberté revient doucement. Je sais qu’un journaliste qui rélève des dérives politiques peut encore être arrêté par la police… Mais dans l’ensemble, ça va un peu mieux. La radio a donc un rôle politique ? Nous avons une responsabilité à ce niveau-là, c’est vrai. Contrairement aux radios d’État, nous n’hésitons pas à dire ce qui va ou ne va pas politiquement dans un pays. Un rôle social, politique et aussi citoyen ? Oui. Prenons l’exemple du retour au pays. À Africa n° 1, nous mettons l’accent sur le fait que les Africains ne doivent pas oublier leur terre. Ils ont appris www.letoiledelinfo.org

des choses en France ou ailleurs. C’est bien ! Mais pourquoi ne pas les mettre ensuite au service de leur pays ? Entretien réalisé par Myriam Rembaut Le monde au bout des ondes ! Africa n° 1 est écoutée chaque jour par 30 millions de personnes à travers le monde. Créée il y a 27 ans, elle émet dans les grandes capitales d’Afrique, mais également en Europe, au Moyen-Orient et sur la côte est des États-Unis. Africa n° 1 est destinée aux Africains et à tous ceux qui aiment l’Afrique.

LEXIQUE Coordinateur d’antenne : (ici) responsable du bon fonctionnement de l’ensemble des programmes. Ludique : relatif au jeu. Mars 2009

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ZOOM SUR INTERNET

INTERNET, MÉDIA N°1 DES JEUNES Internet et les jeunes, c’est une histoire d’amour ! Ils s’en servent pour tout et tout le temps. Huit adolescents sur dix sont internautes*. Ils l’utilisent bien sûr pour jouer, écouter de la musique, communiquer, mais aussi pour apprendre et s’informer. Internet est sans conteste le média préféré des jeunes.

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alentine, 16 ans, explique : « Je n’utilise quasiment qu’Internet. Je lis très peu la presse magazine, sauf si j’ai vu un article qui m’intéresse. » Une enquête menée par l’institut de sondages français Ipsos, auprès de jeunes de 15 à 25 ans, révèle que plus de 60 % d’entre eux choisissent Internet comme média n° 1. Ils reprochent à la presse d’être trop chère, à la télévision et à la radio de manquer de souplesse (horaires, etc.). Par opposition, Internet, c’est pratique et rapide : « On peut ouvrir plusieurs pages en même temps, et recouper facilement les informations. Pas besoin de trimballer plusieurs journaux et magazines pour se faire une opinion ! », poursuit Valentine. www.letoiledelinfo.org

Des avantages avant tout Internet permet d’accéder à un choix plus large d’informations. La presse a bien compris l’intérêt de ce média puisque la plupart des journaux, des magazines, des chaînes télévisées et des radios ont développé leur site Web. Grâce au streaming et aux vidéos, il devient très facile de (re)voir ou de (ré)écouter une émission de télévision ou de radio. Toujours selon l’étude de l’Ipsos, 62 % des 15-25 ans utilisent Internet pour se documenter sur leurs centres d’intérêt. 46 % d’entre eux cherchent à y obtenir des informations récentes. Gratuit la plupart du temps et à portée de main, Internet est devenu un réflexe. Pierre-Henry, 18 ans, témoigne : « Quand on


ZOOM SUR INTERNET

ouvre sa boîte mail, sur MSN ou sur Yahoo ! par exemple, il y a une page avec des informations qui s’affiche automatiquement. Du coup, je jette un coup d’œil sur celles-ci, parfois même sans m’en rendre compte. » Autre avantage d’Internet pour les jeunes : la rapidité. PierreHenry constate : « Tu as les résultats sportifs en temps réel. Pareil pour des événements qui se passent au bout du monde. Pas besoin d’attendre le journal télévisé. Tu peux suivre ce qui se passe, quand ça se passe, où que ce soit. » C’est ainsi que le 4 juillet 2005, plus d’un milliard de connexions ont été enregistrées sur le site de la Nasa pour suivre en direct la collision programmée entre un projectile lancé par la sonde Deep Impact et la comète Tempel-1 ! Une information sur mesure Si les jeunes se tournent de plus en plus vers Internet, c’est peutêtre aussi parce qu’ils peuvent se « promener » sur la Toile et y faire leur propre « marché ». Valentine décrit sa manière de surfer : « Parfois les enseignants nous suggèrent d’aller chercher

quelque chose. Mon prof d’anglais nous avait demandé de regarder le discours de Barack Obama. Après l’avoir vu, ça a fait naître d’autres questions. Je suis donc allé chercher d’autres renseignements. Ce que j’aime avec Internet, c’est de pouvoir me balader de page en page, sans restriction. » À une époque où tout va vite, Internet semble le média idéal : chacun y pioche ce qu’il veut. En outre, ce média démocratise l’information. On y a accès, par exemple, aux dépêches d’agences telles que l’AFP (Agence France-Presse) ou AP (Associated Press) (voir page 40). Auparavant, cette source d’information était strictement réservée aux journalistes. Originalité et exclusivité Internet ne se limite pas à relayer une information produite par d’autres médias. Pour les jeunes, la Toile offre une certaine originalité qu’ils plébiscitent. Il y a des informations que l’on ne trouve nulle part ailleurs. C’est le cas de la rubrique « insolite » des actualités de Yahoo ! ou encore de sites spécialisés comme Zejournal.info. www.letoiledelinfo.org

D’autres sites indépendants et plus mordants, comme Bakchich.info, proposent des articles parfois déconcertants. Dans le même genre, il existe le site Rue 89 fondé par un groupe de journalistes issu du quotidien français Libération. Ces derniers expliquent bénéficier sur Internet d’une liberté de ton et d’idées que n’offre pas, selon eux, la presse écrite.

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« Do you Wikipédia ? » Exposés, contrôles, discussions… Au moindre doute, on surfe sur Wikipédia. Il s’agit d’une grande encyclopédie en ligne où chacun peut déposer un article sur le thème de son choix. On y trouve tout… et aussi n’importe quoi ! Il faut donc, là encore vérifier les informations, car les articles ne sont pas toujours complets ou exacts. Méfiance !

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ZOOM SUR INTERNET

>> Attention, danger ! Mais ce média quasi indétrônable dans le cœur des jeunes est aussi la voie royale à la désinformation. Les experts et les avocats mettent en garde contre cet espace sans limites qu’est Internet. Il n’existe pas d’institution officielle chargée de contrôler les informations qui y circulent. Un internaute peut, bien sûr, dénoncer un délit sur la Toile à la police. Mais, en revanche, il peut difficilement réagir à une fausse nouvelle. C’est à chaque hébergeur de sites de faire le ménage. Alors, comment être sûr qu’une information mise en ligne est vraie ? Même si un texte peut être vite retiré de la Toile, une mauvaise information peut se propager à une vitesse affolante, et causer des dommages irréparables. Un exemple : début février, un Suisse et un Français peu 22

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scrupuleux ont fait circuler, notamment par l’intermédiaire de Facebook, une fausse rumeur selon laquelle Daft Punk, le duo français de musique électronique, donnait un concert en Asie, à Shanghai, en Chine, le 13 février. L’escroquerie a parfaitement fonctionné : entre 2 000 et 5 000 fans ont acheté les places d’un concert qui n’a jamais eu lieu et les deux comparses ont disparu avec l’argent ! Un autre problème soulevé par ce média est celui des droits d’auteur. Comment être sûr qu’un article ne va pas être repris par quelqu’un à son propre compte ? Comme n’importe quel média, un site doit mentionner la source de l’article qu’il récupère. En attendant qu’Internet soit un peu plus réglementé, il est conseillé de bien vérifier ses informations en les recoupant. www.letoiledelinfo.org

Moralité : Internet, c’est pratique et rapide, mais le combiner avec un autre média (journal, radio ou télévision), c’est encore mieux ! Camille Dutrieux * Étude de la société française Médiamétrie, menée auprès de jeunes de 13 à 17 ans.

LEXIQUE Streaming : par opposition au téléchargement, procédé qui permet de lire un fichier audio ou vidéo sans avoir besoin de le télécharger intégralement. Dépêche : article diffusé par une agence de presse. Plébisciter : (ici) approuver massivement.


ZOOM SUR INTERNET

LE siÈcLE DU JaZZ pEinturE photographiE cinéma graphismE

Exposition 17/03/09 - 28/06/09

www.quaibranly.fr Avec le mécénat de CLUB ENTREPRISES Saison 2008-2009

Fnac : 0 892 684 694 (0,34 €/minute) www.fnac.com / Ticketnet : 0 892 390 100 (0,34 €/minute) www.ticketnet.fr

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Carl Van Vechten - Portrait de Billie Holiday - 1949 - The Library of Congress, Washington DC / Winold Reiss - Revue “Survey Graphic” - Harlem Mecca of the New Negro - 1925 - Collection particulière / Jean-Michel Basquiat - King Zulu - 1986 - Collection MACBA. Procédant du Fonds d’art de la Generalitat de Catalunya. Ancienne Collection Salvador Riera / Jim Flora - Gene Krupa and His Orchestra - 1947 - Columbia Records Set C-138 Copertina disco - Collection privée

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ZOOM SUR LES NOUVEAUX MÉDIAS

SOMMES-NOUS TOUS JOURNALISTES ? Avec les nouvelles technologies, non seulement l’information nous suit partout, mais chacun peut en produire. Pas sûr, pour autant, que tout le monde ait le droit à une carte de presse (voir page 12)…

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e nos jours, au réveil, l’homme moderne met en marche sa radio, podcaste sur Internet son émission préférée qu’il écoutera sur son i-Pod dans le métro. En chemin, il reçoit sur son i-Phone ou son Blackberry les dernières dépêches AFP (voir page 40), les prévisions météo et toute l’information tendance, pour être vraiment au fait de l’actualité. Bienvenue dans l’ère de l’information virtuelle et nomade ! L’info instantanée Comment ce nouveau big bang s’est-il produit ? Grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, les NTIC comme les appellent les spécialistes. « Les NTIC sont la convergence de l’informatique, de l’audiovisuel et des télécommunications », explique Rémy Rieffel, directeur d’un master de journalisme à l’université Paris 2. Le langage numérique d’Internet peut s’adapter à d’autres supports que l’ordinateur : la télévision, le téléphone portable, les assistants numériques personnels (Palm, PDA, Wap…), etc. Résultat : une révolution dans le monde de l’information que cer-

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tains ont même comparée à la révolution industrielle des XVIIIe et XIXe siècles. Désormais, l’information est accessible de manière instantanée et 24h/24. Le métier de journaliste s’en trouve bouleversé. Un correspondant peut envoyer avec son téléphone portable et son ordinateur des reportages et des photos beaucoup plus vite. De plus, le Web offre aux journalistes une mine d’informations gigantesque et facilement accessible : sources officielles, archives de journaux, mais aussi une multitude d’informations mises en ligne par les citoyens eux-mêmes sur leurs blogs et les « wikis » comme Wikipédia. Le journalisme citoyen C’est là, la grande nouveauté de ces innovations par rapport à la radio et à la télévision : le journaliste n’a plus le monopole de l’information. Le simple citoyen sort de sa passivité : il devient lui-même acteur de l’info. Son apport est loin d’être négligeable. Sans son intervention, la couverture médiatique des attentats de Londres, au Royaume-Uni, en 2005, du tsunami indonésien en décembre 2006 ou plus


ZOOM SUR LES NOUVEAUX MÉDIAS

récemment, de l’amerrissage d’un airbus sur l’Hudson à New York, aux États-Unis, aurait été bien pâlotte. Les premières images diffusées de ces évènements provenaient d’amateurs, simplement munis d’un téléphone portable, ou pourvus d’un appareil photo ou d’un caméscope numérique. En 2004, Dan Gillmor, un journaliste américain, a publié We the media. Dans ce livre, il évoquait la naissance d’un journalisme de citoyens, pour les citoyens. Lancé en 2005, Agoravox a été le premier site francophone de ce nouveau type de journalisme. Sur la page de présentation, on peut lire : « Des milliers d’internautes peuvent réaliser un travail de proximité incroyable qu’aucun média, aucune agence de presse ne pourrait mener ». Ils permettent « de passer peut-être de la version “officielle” de l’information à sa version “réelle” ». N’est pas Albert Londres qui veut Il est vrai qu’aujourd’hui, on reproche souvent aux journalistes professionnels d’être trop proches des élites et pas assez des simples citoyens. Parmi les

40 000 rédacteurs d’Agoravox, on trouve aussi bien des enseignants que des chômeurs, des étudiants… Toutes les catégories de la population sont représentées. « Agoravox est un média démocratique : c’est la parole du citoyen qui est mise à l’honneur », explique Iannis Pledel, responsable éditorial du site. Avant sa mise en ligne, chaque article doit toutefois être validé par des professionnels qui vérifient les informations. Mais tous les blogs ne sont pas aussi pointilleux. Beaucoup se rapprochent plus du commentaire que de la véritable information. Il est plus facile de donner son opinion sur un sujet que de le traiter selon les règles du journalisme. Une profession qui exige beaucoup de rigueur : il faut faire preuve d’objectivité, vérifier ses sources, hiérarchiser les informations. « On ne s’improvise pas journaliste », souligne Rémy Rieffel. Iannis Pledel d’Agoravox ne le conteste pas, mais pour lui, « tout le monde peut s’exprimer ». Les pros l’ont d’ailleurs bien compris. Les sites des médias traditionnels font désormais plus de place aux commentaires des www.letoiledelinfo.org

internautes. Le site Rue89, créé par d’anciens journalistes de Libération, fait même travailler ensemble professionnels et amateurs, dans sa rubrique « L’info à 3 voix : journalistes, experts, internautes ». S’associer : c’est peut-être cela le journalisme du futur. Audrey Emery

LEXIQUE Convergence : fait de se rencontrer. Monopole : (ici) possession exclusive. Proximité : qualité de ce qui est proche. Élite : (ici) ensemble des personnes qui dirigent un pays. Objectivité : (ici) impartialité dans la recherche et la présentation des informations. Hiérarchiser : (ici) organiser en plaçant les choses les plus importantes au début. Mars 2009

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ZOOM SUR LA PRESSE ÉCRITE

FAIT-IL BON ÉCRIRE AU MEXIQUE ? Cette année, le Mexique est l’invité d’honneur du Salon du livre de Paris, en France. Ce grand rendez-vous de la littérature mondiale se déroulera du 13 au 18 mars. Plus de 40 écrivains mexicains y participeront. Une occasion de s’intéresser à leurs conditions de travail, ainsi qu’à celles des journalistes.

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e Mexique a la triste réputation d’être gangrené par les narcotrafiquants. « Les écrivains sont peu exposés, car leurs romans ne racontent pas des faits réels comme les journalistes. Ils puisent plutôt dans l’imaginaire de la violence liée à la drogue. Leurs récits ne font pas vraiment de tort aux narcotrafiquants, donc ils sont publiés. Les narcotrafiquants sont même flattés qu’on parle d’eux. C’est un peu comme pour les narcocorridos », témoigne AlainPaul Mallard, écrivain mexicain installé en France depuis plus de dix ans. Selon lui, les auteurs sont davantage dépendants du gouvernement. « Il y a peu de

librairies et peu de lecteurs au Mexique, contrairement à l’Argentine. Les écrivains mexicains ont donc un autre métier pour vivre et beaucoup travaillent pour l’État. Ils sont embauchés dans des services culturels, ou sont directeurs de bibliothèques. C’est parfois difficile ensuite de critiquer celui qui vous nourrit », rapporte-t-il. Faire peur L’an dernier, plus de 4500 personnes sont mortes à cause du trafic de drogue. Dans ce contexte, le travail des journalistes est, quant à lui, est dangereux. Selon l’ONG Reporters Sans Frontières (voir page 36), deux journalistes ont

été assassinés et trois ont disparu en 2007. Et les cartels n’hésitent pas à envoyer les têtes des cadavres aux rédactions pour leur faire peur ! Le président du pays, Felipe Calderon, en poste depuis 2006, a déclaré la guerre aux trafiquants de drogues, mais le combat est difficile. D’autant que certains policiers et politiciens locaux sont corrompus ou impliqués… Élise Bernind

LEXIQUE Gangrener : ronger, empoisonner. Narcotrafiquant : gros trafiquant de drogue. Narcocorrido : chanson à succès dans les États où la drogue est très présente. Les paroles racontent les confrontations entre les groupes de trafiquants de drogue. Certains d’entre eux paient pour qu’une narcocorrido soit écrite sur eux. ONG : Organisation non gouvernementale. Structure qui n’appartient pas un État et qui agit dans l’intérêt de tous ou dans un but humanitaire. Cartel : ici groupes de trafiquants qui s’entendent pour contrôler un marché.

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ZOOM SUR LA PRESSE ÉCRITE

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CORRESPONDANT

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Laurence Haïm :

« S’accrocher et ne jamais rien lâcher » Depuis 1992, Laurence Haïm est correspondante aux ÉtatsUnis pour les chaînes de télévision Canal + et I-Télé, et l’agence Capa. Cette journaliste de 43 ans a accepté de répondre à nos questions.

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L’Étoile de l’info : Quel est votre parcours professionnel ? Laurence Haïm : Je suis autodidacte. J’ai débuté dans une radio libre en France, à Versailles, près de Paris. Puis j’ai fait des stages aux radios France Inter et RTL. Je travaillais, de 17h à 3h du matin, à la préparation des dépêches avec l’animateur Christophe Dechavanne. Le directeur des

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programmes de RTL, Philippe Labro, m’a beaucoup aidée. Je suis ensuite devenue assistante de la journaliste Christine Ockrent. J’ai commencé par une chronique people, appelée « Qu’est-ce qu’ils font, qu’est-ce qu’ils disent ? ». J’ai ensuite entendu parler de Capa, une agence de presse, qui était en cours de création avec Hervé Chabalier. À partir de là, tout s’est enchaîné.


cains, je me suis mise à leur rythme : quasiment 24 heures sur 24. Ce n’est pas un métier que je fais, c’est une manière de vivre. Quand l’histoire se passe sous vos yeux, pas question de vacances ou de temps de récupération !

Quelles sont les difficultés pour exercer le métier de journaliste hors de France ? Le plus difficile, ce sont les contacts avec la rédaction en France. On souffre d’isolement et du décalage horaire ! Quand j’appelle en France, je tombe rarement au bon moment. Quand je me lève, il est 14h à Paris. Heureusement, il y a le courrier électronique, mais les réponses tardent souvent. Et puis, aux États-Unis, on ne parle quasiment jamais de la France. Il y a aussi un décalage pour les infos…

Vous êtes la seule journaliste étrangère à avoir obtenu une interview de Barack Obama lors de sa campagne pour l’élection présidentielle… Effectivement. J’ai réussi à lui poser des questions pendant sept minutes. Mais j’aurais bien sûr préféré trente minutes ! J’ai commencé à suivre Barack Obama en octobre 2007. À chaque fois que je le croisais, je criais « French TV, French TV ». J’ai réussi à convaincre Canal + qu’il se passait quelque chose d’important avec cet homme. Pour les médias étrangers, c’est très dur ici. Nous sommes des fourmis au pays des dinosaures. Il est plus facile de travailler à Bagdad, en Irak, que lors des campagnes électorales américaines.

Travaillez-vous seule ? Oui, la plupart du temps. Ponctuellement, je profite de l’aide de Claire Berville, une journaliste-reporter d’images pour Capa. J’aime bien être seule. Personne ne me voit quand je suis de mauvaise humeur ! Au moment où je vous parle, je campe littéralement dans la salle de presse de la Maison-Blanche pour obtenir une accréditation. Ça commence à payer, le service de presse s’habitue à ma présence. Le 11 septembre 2001 est une date importante pour vous ? Oui, j’habitais tout près des tours du World Trade Center. Mon appartement a été endommagé. Après ces événements, j’ai décidé de travailler pour une chaîne américaine, CBS News, et je suis allée en Irak, au Moyen-Orient. En travaillant pour les Améri-

Votre blog* vient de gagner la « Coupe de l’info », un prix décerné par les internautes… Cela me réconforte énormément, surtout pendant les périodes de doute. De nombreux internautes m’adressent des messages sympathiques. Je suis un peu comme une actrice, et cela peut avoir des effets pervers. Mais c’est bon de se sentir soutenue. Vous sentez-vous plus Américaine que Française ? Je me sens « Atlantique ». Entre la France et les ÉtatsUnis. Pour les Français, je suis une Américaine par ma façon de travailler : par exemple, j’aime les réponses directes. Mais pour les Américains, www.letoiledelinfo.org

je suis Française. Je m’habille différemment et je ne suis pas encore obèse. Vous avez écrit trois livres**, avez-vous d’autres projets ? J’aimerais écrire de nouveau. Cela me manque beaucoup, mais je suis partagée entre écrire un livre sur ce qui va se passer à la Maison-Blanche et un roman. J’ai rencontré pas mal de lions et de requins en politique ; j’aimerais consacrer maintenant un documentaire aux vrais requins et lions qui vivent dans la nature !

CORRESPONDANT

Depuis quand vivez-vous aux États-Unis ? Depuis 1992. J’habite New York, mais en ce moment, je suis installée à Washington pour suivre les six premiers mois de mandat du président Barack Obama.

Quels conseils donneriezvous à un adolescent qui a envie de faire votre métier ? S’accrocher, ne jamais lâcher… pour obtenir le scoop ! Mais, s’il vous plaît les jeunes, ne vous prenez pas trop au sérieux. Les vieux sont encore sur le terrain. Personnellement, j’aimerais bien être encore reporter à 80 ans. Entretien réalisé par Philippe Brégowy *ht tp://alamaisonblanche.blog. canal-plus.com/ **Journal du 11 septembre, Les Bombes humaines et Une Française à New York.

LEXIQUE Autodidacte : personne qui a appris seule son métier. Dépêche : information rapide de quelques lignes diffusée par une agence de presse. Accréditation : laissezpasser pour assister à de grands événements. Mars 2009

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PHOTOGRAPHE

Selon vous, qu’est-ce qui fait une bonne photo de presse ? Une bonne photo doit attirer le regard (cadrage, originalité, esthétique...). Elle décrit tout de suite l’histoire de l’événement ou de la personne. Elle doit être construite de telle façon qu’en la regardant, on comprenne la situation et que la légende apporte des éléments de précision. Vous est-il arrivé de vous poser la question « Puis-je prendre ou non cette photo » ? Oui, souvent sur des faits-divers. Mais également lorsque je me retrouve dans des réunions plus ou moins privées. Je me suis ainsi retrouvé face à Nicolas Sarkozy lors d’un petit meeting et il m’a interpellé au micro pour me demander ce que je faisais là...

Xavier lÉoty :

« ÊTRE AU BON ENDROIT, AU BON MOMENT » Photographe de presse est un métier-passion qui demande réactivité et sens du contact. L’Étoile de l’info a interviewé Xavier Léoty qui travaille pour de nombreux quotidiens français et l’AFP (voir page 40). L’Étoile de l’info : Dépendezvous d’un journal en particulier ? Xavier Léoty : Non, je suis photographe freelance. Les journaux me passent le plus souvent des commandes, qui suivent l’actualité. Quel regard portez-vous sur cette actualité ? Il faut essayer de rendre compte des faits avec une juste mesure. Exemple : des boulettes de fioul sur une plage, c’est probablement un dégazage, mais cela peut rapidement s’avérer le début d’une marée noire. Il faut donc être précis et avoir de bonnes informations recoupées. 30

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Quelles sont les qualités d’un bon photographe de presse ? Il faut être au bon endroit, au bon moment. Il faut donc être bien informé, réactif et toujours disponible. Avoir de bonnes chaussures et être très patient. Savoir rapidement apprécier une situation, se placer au bon endroit pour avoir des angles de prises de vue qui raconteront au mieux l’histoire. C’est se faire oublier des autres. Bouger rapidement sans déranger. Partir à temps pour envoyer les images au journal. Mais aussi rester jusqu’au bout, car c’est entre deux moments qu’il peut y avoir la bonne image. Au tout début ou à la fin... Souvent la première ou la dernière. www.letoiledelinfo.org

Avez-vous des conseils à donner à des jeunes intéressés par votre métier ? Je remarque souvent que les photographes n’ont pas fait d’études de photo. Pour ma part, j’ai fait les Beaux-Arts et je me suis intéressé au dessin et à l’écriture. Ce qui compte, c’est le ressenti, le regard. Il faut s’intéresser aux autres. Un prof des Beaux-Arts avait un exercice amusant : vous croisez quelqu’un dans la rue et lorsqu’il est passé, vous devez détailler le plus de choses sur lui. Cela éduque le regard, disait-il. Entretien réalisé par Mathilde Lafarge

LEXIQUE Freelance : qui est indépendant. Dégazage : pour un bateau, action de nettoyer ses cuves en pleine mer. Meeting : réunion politique.


PLANTU :

« Je travaille tous les jours sur un terrain miné » Plantu est le dessinateur du journal quotidien français Le Monde. Il se bat pour faire respecter la liberté d’expression en France et dans le monde. Rencontre avec un personnage drôle et atypique.

L’Étoile de l’info : Pourquoi avez-vous choisi le dessin plutôt que l’écriture ? Plantu : L’avantage du dessin, c’est qu’on peut dire avec un stylo ce qu’on ne dirait pas avec des mots. Et comme j’ai décidé de « dézinguer » tout le monde (rires), je ne me prive de rien. Ce métier est fait pour se marrer, se faire plaisir, tout en restant en bonne camaraderie avec les gens que l’on dessine. Même si parfois, je reçois des coups de fil de reproches peu sympathiques… ou des menaces

de mort, comme au temps des caricatures de Mahomet. L’essentiel est de pouvoir faire passer des idées, qu’elles soient en accord ou non avec celles du journal. Comment procédez-vous pour illustrer l’actualité ? J’ai la chance d’avoir de nombreux copains journalistes avec qui je peux discuter. Comme à l’école, ils me racontent ce qu’il se passe dans le monde, et je prends des notes. Nous échangeons des points de vue et je n’ai plus qu’à traduire tout cela en traits de crayon. Pour traiter l’actualité, il faut avoir un peu de mauvaise foi et amplifier les petits travers des informations du jour. Les sujets, ce n’est pas ce qui manque, surtout avec nos hommes politiques ! (rires) Avez-vous peur de « la page blanche » ? Parfois, j’ai seulement une heure et demie pour faire un croquis. Et quand on fait un dessin qui va être publié à 500 000 exemplaires, on n’a pas intérêt à se tromper ! L’idée ne vient pas forcément tout de suite. On s’accroche à des phrases, des mots… On jongle en permanence, il n’y a pas de technique. On cherche une idée en gribouillant. www.letoiledelinfo.org

Comment gérez-vous les interdits ? L’interdit et le langage politiquement correct sont aujourd’hui plus fréquents qu’à mes débuts. Un dessin doit être dérangeant, mais je « casse » les gens jusqu’à un certain point. Le principe du dessinateur est de répondre par l’humour à quelque chose de grave. On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. Un dessin qui va être publié en France n’aura pas le même impact dans un pays du Maghreb, en Asie ou ailleurs. Une fois imprimé, le dessin ne m’appartient plus. Il est regardé et décortiqué par les lecteurs et, parfois, le message perçu est à l’opposé de ce que je voulais dire. Tous les jours, je travaille sur un terrain miné, surtout lorsqu’il faut parler des religions. Un petit détail mis en avant peut être monté en épingle, à toute vitesse, et mal interprété.

DESSINATEUR

Je m’appuie parfois sur des symboles, comme Mc Do, « l’Oncle Sam » ou le drapeau des ÉtatsUnis. J’ai toujours peur de tomber à côté. C’est un vrai défi quotidien.

Entretien réalisé par Elisa Deliège

LEXIQUE Atypique : qui n’est pas ordinaire. Dézinguer : (ici) critiquer, attaquer. Caricature : dessin qui exagère certains détails, et tourne en dérision son sujet. Mars 2009

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REPORTER

PATRICK fandio

PATRICK FANDIO :

« Un métier fatigant, parfois dangereux, mais exaltant » Dans la presse, le grand reporter a souvent l’image du journaliste tout terrain qui parcourt le monde au péril de sa vie. Mais, parfois, ses enquêtes ne l’emmènent qu’au coin de la rue. Patrick Fandio, grand reporter pour la chaîne de télévision française TF1, répond aux questions de L’Étoile de l’info. L’Étoile de l’info : En quoi consiste votre métier ? Patrick Fandio : Grand reporter est le titre donné à une personne d’une certaine expérience qui a une connaissance particulière d’un domaine. À la rédaction de TF1, les grands reporters du service étranger, comme moi, couvrent l’actualité internationale en fonction de leurs goûts et de leur maîtrise des dossiers. Je prépare des tournages, j’organise les contacts sur place, je dirige l’équipe qui m’accompagne, je commente souvent les images des reportages qui seront diffusés dans le journal télévisé. Le grand reportage s’effectuet-il toujours dans les pays du bout du monde ? Non, beaucoup travaillent à l’intérieur de leur pays. En France, on peut très bien faire un grand reportage à Bourg-en-Bresse ou dans les cités de la banlieue parisienne. Quelles doivent être les qualités du grand reporter ? D’abord la curiosité. Ensuite, il faut retranscrire l’information avec honnêteté. Je crois que le grand reporter doit ajouter un regard plus personnel pour éclairer la situation, mais sans orienter ni travestir les faits. Nous sommes avant tout des témoins.

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Pour beaucoup de gens grand reporter est synonyme d’aventurier. C’est vrai ? Oh oui ! Les aventures sont multiples. On croise des gens fascinants ou dégoûtants, des paysages et des peuples qu’on ne reverra peut être jamais, et souvent les conditions de tournage s’apparentent à une expédition. Débarquer dans un pays, dont on ne parle pas la langue, 4 heures après un tremblement de terre, c’est un souvenir qui ne s’oublie pas.

grandes âmes et les faiblesses humaines.

Quel reportage vous a le plus marqué ? Un reportage est marqué par une ambiance, un visage, une odeur, un son… Autant dire qu’en dix ans de métier, il y en a eu des reportages marquants. C’est le désespoir d’une Américaine à la recherche de son père dans les ruines du World Trade Center, le 14 septembre 2001. C’est cette grand-mère qui se fait bousculer près d’un camion pour obtenir un peu de riz après des inondations en Haïti. C’est aussi les larmes de ma voisine, à Washington, aux États-Unis, en janvier dernier, lors de l’investiture de Barack Obama.

Si vous aviez des conseils à donner à un jeune qui rêve de faire comme vous ? Un seul et unique : lire, lire et encore lire l’actualité ! Savoir ce qu’il se passe dans le monde. C’est un métier qui s’apprend quand on a la passion de raconter des histoires, parce qu’au final c’est un peu ça notre boulot, raconter des histoires.

Quel type de sujet aimez-vous le plus traiter ? Ça peut paraître morbide, mais j’aime le drame. C’est dans la difficulté que se révèlent les www.letoiledelinfo.org

Grand reporter est-il un métier fatigant, parfois dangereux ? C’est fatigant, mais très exaltant. Ça peut être dangereux aussi. Des collègues ont perdu leur vie lors de reportages. Seule l’expérience permet de mesurer les risques que l’on prend, évaluer si ça vaut la peine de les courir, mais quelquefois, hélas, on se retrouve dans des situations qu’on ne maîtrise plus.

Entretien réalisé par Mathilde Lafarge

LEXIQUE Investiture : cérémonie qui accompagne une prise de fonction. Morbide : qui est malsain.


CHRISTOPHE NARBONNE : « NOUS AVONS UNE VOCATION DE GUIDE »

Le métier de critique est particulier. Ce journaliste regarde, analyse et décortique une œuvre pour offrir des clés de compréhension à ses lecteurs. Nous avons interrogé Christophe Narbonne, critique de cinéma au magazine français Première. L’Étoile de l’info : En quoi consiste votre métier ? Christophe Narbonne : À aller voir des films avant leur sortie en salles, parfois un mois et demi à l’avance. Ensuite, à en faire la critique. Je fais ce métier depuis plus de 10 ans. Comment le critique regardet-il un film ? C’est très variable. Il y a autant de méthodes que de critiques. Il peut m’arriver de prendre des notes… Mais je suis avant tout un spectateur comme les autres, aux yeux purs et neufs à chaque fois. Même si je vois, c’est vrai, une grande quantité de films. On peut aussi retourner voir un film une deuxième fois pour l’appréhender sous un angle différent. C’est d’ailleurs l’idéal, mais ça reste rare, par manque de temps. Je me suis déjà surpris à avoir un avis complètement différent en revoyant un film six mois après ! On s’aperçoit que la perception que l’on a du film peut évoluer avec le temps ! Faut-il bien connaître la technique cinématographique pour faire la critique d’un film ?

Non, mais c’est un plus. Il est vrai que, comme pour tout professionnel, notre œil est exercé à être critique et il s’affine à force de pratique. Encore une fois, je suis un spectateur normal avec un bagage cinématographique peut-être un peu plus développé.

CRITIQUE

service marketing de certains magazines ou journaux nous demandent d’être « sympas » avec un film, car un annonceur doit acheter de la publicité. On n’en tient pas nécessairement compte, mais on l’entend. Il faut être très vigilant. Lorsque vous voyez un bon film, est-ce que c’est plus facile pour écrire la critique ? En fait, c’est plus facile de « descendre » un film que de critiquer un film que l’on a apprécié. Les défauts d’un film sont souvent évidents, et c’est facile de le casser. C’est justement là où il faut se méfier du style dont on use. Pour vous, en quoi l’avis du critique est-il utile au futur spectateur ? Le magazine Première a un public acquis. Nous avons une vocation de guide, surtout en ce qui concerne les films indépendants et fragiles, les films d’auteurs… Là où le spectateur n’a pas forcément d’informations et de repères. La critique a, pour le coup, une vraie utilité. Entretien réalisé par Mathilde Lafarge

Le métier de critique est-il au croisement de l’exercice littéraire et de l’expression de ses goûts esthétiques personnels ? À cette question, je répondrais qu’un critique est d’abord et avant tout un journaliste. Ensuite, il y en a qui ont du style et d’autres pas ! La critique est-elle toujours subjective ? Oui. Ressentez-vous parfois des pressions de la part des distributeurs ou des services de presse pour que vous parliez de leurs films ? C’est rare, mais cela arrive. Certains attachés de presse nous mettent un peu la pression. Ils font bien leur travail. Parfois le www.letoiledelinfo.org

LEXIQUE Subjectif : qui est personnel. Mars 2009

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ANIMATEUR

GEORGES PERNOUD :

« J’ai toujours le trac à la télévision » Face aux caméras, l’animateur de télévision n’est pas seulement celui qui donne l’impression que tout va bien. Il s’imprègne des sujets qu’il aborde ; il se documente et rencontre les éventuels intervenants. Chaque animateur travaille de manière différente. L’Étoile de l’info a interrogé Georges Pernoud, l’animateur de l’émission Thalassa de la chaîne française France 3. L’Étoile de l’info : Depuis quand travaillez-vous à la télévision ? Georges Pernoud : J’ai commencé à travailler à la télévision en qualité de caméraman, en janvier 1968. J’anime l’émission Thalassa depuis 1975. Quelles doivent être les qualités d’un bon animateur télé ? Je ne suis pas animateur de métier. Je suis avant tout un journaliste reporter. Il s’avère que j’ai fini par animer Thalassa. La chaîne cherchait un animateur et faute d’en trouver, elle m’a désigné. J’ai donc appris sur le tas. Ce que j’aime, c’est le travail d’équipe. J’ai donc créé mon propre équipage, comme sur un bateau !

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Y a-t-il des choses qu’un animateur ne doit jamais faire à la télévision ? Un animateur doit maîtriser son sujet et s’imprégner de tout ce que la rédaction prépare. Il faut savoir que les émissions Thalassa sont en production 6 mois sur 12, et que je ne suis pas toujours présent dans toutes les expéditions. Il faut en moyenne 15 jours de tournage et 15 jours de montage pour une émission de 26 minutes. Et nous sommes les seuls, en France, à fabriquer 1h50 d’émission par semaine. C’est une vraie petite usine à gaz qui foisonne d’idées.

Avez-vous le trac au moment de passer à l’antenne ? Oui, j’ai toujours le trac ! Pour moi, c’est même important de l’avoir. Si je ne l’avais plus ce serait grave, car cela voudrait dire que j’ai un peu pris la grosse tête.

Un animateur doit-il aussi apprendre à contrôler ses émotions ? Oui. Nous avons une oreillette qui est là pour nous ramener à la réalité du direct. Quand nous avons un interlocuteur qui s’exprime plus longtemps que prévu - même si les échanges sont intéressants - nous devons nous arranger pour l’écouter poliment…

Aimez-vous le direct ? Oui, parce qu’une fois l’émission terminée, c’est fini. On ne peut plus revenir en arrière ni faire des retouches. On peut passer à autre chose.

Un animateur doit toujours être de bonne humeur. Comment faites-vous quand ça ne va pas ? Euh, je suis tout le temps de bonne humeur ! Il y a une superbe

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ambiance dans l’équipe, donc tout va bien. Après le stress du direct, il nous arrive souvent de nous détendre en faisant la fête ensemble. Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui rêve de devenir animateur ? Pour moi, animateur ce n’est pas un métier. Je suis journaliste et la 5e carte de presse (voir page 12) dans ma famille. L’animation n’est pas mon rôle principal. Celui que je préfère, c’est de « nourrir » une rédaction de thèmes et de sujets. Entretien réalisé par Mathilde Lafarge

LEXIQUE Usine à gaz : expression qui désigne quelque chose de grand et de compliqué à organiser. Oreillette : (ici) objet que l’animateur place dans son oreille pour recevoir des informations du réalisateur de l’émission.


vol.

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LE

LE DESSOUS DES CARTES

ATLAS D’UN MONDE QUI CHANGE

50 thèmes et 350 cartes pour comprendre le monde où nous vivons et anticiper celui où nous vivrons.

NOUVEAU FORMAT POCHE SORTIE MARS 2009

208 pages 15€

Auteurs : Jean-Christophe Victor, Virginie Raisson et Frank Tétart Cartographie : Frédéric Lernoud Diffusion du Dessous des Cartes sur ARTE tous les mardis vers 22h30 et en vidéo à la demande www.arte.tv/ddc sur www.artevod.com

Toujours disponibles en librairies :

Coffret Atlas 1 & 2 grand format www.letoiledelinfo.org

Atlas vol. 1 en format poche Mars 2009

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LIBERTÉ DE LA PRESSE

LUTTER POUR LA LIBERTÉ D’EXPRESSION Dans certains pays, pour un mot ou une image, un journaliste peut être persécuté, emprisonné ou même tué. Depuis plus de vingt ans, une organisation lutte pour la liberté de la presse à travers le monde. Son nom : Reporters sans frontières.

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a libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de 1789, exprime l’un des principes fondamentaux de la liberté d’expression, sur lequel repose la presse. Un droit qui ne plaît pas à tout le monde. Dans un grand nombre de pays, le journaliste est un informateur, un témoin gênant, qu’il faut éliminer. Anna Politkovskaïa était l’une des rares journalistes russes à couvrir les événements politiques et militai-

res en Tchétchénie (Europe). Elle devait publier un article sur les tortures pratiquées dans cette région. Elle a été assassinée le 7 octobre 2006 à son domicile de Moscou, en Russie. Une histoire qui n’est, hélas, pas unique. Défendre par tous les moyens En 2007, 13 journalistes ont été tués, et aujourd’hui, plus de 140 professionnels des médias sont toujours emprisonnés, pour avoir voulu faire leur métier. Depuis 24 ans, Reporters sans frontières (RSF) tente de défendre ces hommes et ces femmes, et recense toutes les atteintes à la liberté d’expression. « Nous avons des chercheurs organisés

par zones ou par médias, explique le service communication de RSF. Quand nous avons la preuve qu’il y a des pressions sur un journaliste, ces chercheurs, ou des correspondants de notre organisation, adressent des lettres de protestation au gouvernement concerné. » La mobilisation ne s’arrête pas là. RSF lance des communiqués de presse, établit chaque année un bilan de la liberté de la presse dans le monde et un classement mondial qui mesure le degré de liberté dont bénéficient les journalistes dans plus de 160 pays. RSF organise aussi des journées de soutien en faveur de ceux qui sont persécutés… Autant d’actions pour ne pas laisser ces professionnels de l’information dans l’oubli. Une situation internationale variable Avec les guerres, les dictatures, les retournements politiques, la carte de la liberté d’expression dans le monde change beaucoup. Des pays qui étaient de féroces abolitionnistes des libertés sont devenus plus ouverts (comme l’Argentine, la Corée du Sud, la Roumanie, l’Angola ou le Mozambique). D’autres, au contraire, qui respectaient la liberté de la presse, ne le font plus (comme le Zimbabwe). Enfin, certains n’avancent jamais dans ce domaine, comme Cuba, la Birmanie ou la Corée du Nord. Dans ce monde instable, Reporters sans frontières continue à marteler : « Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu. » Myriam Rembaut “http://www.rsf.org”

LEXIQUE Abolitionniste : qui veut annuler, supprimer. Marteler : (ici) répéter avec force.

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LIBERTÉ DE LA PRESSE

UNE MAISON OÙ SE RECONSTRUIRE La Maison des journalistes est un lieu unique au monde*. Elle accueille des journalistes qui ont dû fuir leur pays pour échapper à la pression politique, à la prison ou à la mort.

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as de panneau indicatif. Pas même un nom inscrit à côté de la sonnette. La Maison des journalistes est un bâtiment discret, au milieu des immeubles d’un quartier de Paris, en France. À l’intérieur, les hauts murs et la structure métallique rappellent qu’il s’agit d’une ancienne usine, réaménagée. À son bureau, le directeur, Philippe Spineau, accueille, écoute et conseille les personnes qui frappent (souvent) à sa porte. « Nous hébergeons une quinzaine de journalistes pour une durée de six mois maximum. Cela fait environ trente personnes chaque année », explique-t-il. Des journalistes qui ont tout perdu Les femmes et les hommes qui vivent ici ont été harcelés et menacés dans leur chair, comme cette journaliste afghane qui a reçu deux balles dans le corps… pour la simple raison qu’elle est une femme ! « Ce que subissent les journalistes est de plus en plus barbare, s’indigne Philippe Spineau. La Maison des journalistes n’est pas un lieu où des gens fatigués par une vie difficile viennent se reposer. Sa vocation est de secourir des réfugiés, des exilés. Nous apportons une aide à ceux

qui ont été contraints de tout laisser derrière eux : métier, femme, mari, enfants... Nous offrons à ces journalistes la possibilité d’un nouveau départ », poursuit Philippe Spineau. Et ils viennent de partout : Algérie, Arménie, Bangladesh, Biélorussie, Birmanie, Cameroun, Chine, Côte d’Ivoire, Haïti, Pakistan, Yémen... Sans qu’aucun n’ait jamais souhaité quitter son pays. Pratiquer à nouveau son métier Cette maison a été créée en juin 2000, sous l’impulsion de Danièle Ohayon, journaliste à la radio française France Info, et Philippe Spineau, ancien réalisateur de films. « Les journalistes réfugiés qui débarquent chez nous se sentent terriblement inutiles. Nous leur apportons une aide psychologique, une chambre, des tickets-repas et des cours de français pour les aider à s’intégrer », ajoute Philippe Spineau. Car l’idée est bien de donner à ces professionnels la possibilité de pratiquer à nouveau leur métier, en France, en Europe, ou ailleurs. Le journal en ligne de la Maison des journalistes, L’Œil de l’exilé, est le média à travers lequel ils peuvent à nouveau s’exprimer. Dignité et respect sont www.letoiledelinfo.org

Philippe Spineau, directeur de La Maison des journalistes.

les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsque l’on discute avec ces journalistes déracinés. Ici, à la Maison des journalistes, l’expression « liberté de la presse » prend tout son sens. Myriam Rembaut * Une deuxième Maison des journalistes ouvrira en 2010 à Cadix, en Espagne (Europe) www.maisondesjournalistes.org

LEXIQUE Exilé : personne obligée de vivre loin de chez elle. Impulsion : (ici) fait d’inciter, de pousser à la réalisation de quelque chose. Mars 2009

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LIBERTÉ DE LA PRESSE

JOURNALISTES DE L’EXIL j Voici les témoignages de trois journalistes qui ont dû quitter leur pays, opposé à la liberté d’expression.

« J’ai été désigné comme “dangereux” » Jesús Zúñiga est Cubain. Sociologue de formation, il travaille à l’Unesco, à La Havane, pendant 9 ans. Puis, il devient journaliste pour la presse écrite durant 6 ans dans le journal bimensuel de Cuba Le Caïman barbu. Après 10 ans de pressions, il fuit son pays et s’installe en France en 2006.

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orsque j’étais à l’Unesco, j’ai écrit un article qui a été censuré par le gouvernement de Fidel Castro. J’ai alors décidé de passer dans le camp des opposants en écrivant pour la presse. J’ai participé, avec Reporters sans frontières (voir page 36), à la création du Mouvement de la presse indépendante. Mes articles parlaient des difficultés des Cubains à se nourrir, de la drogue, de la prostitution, de la corruption, des atteintes aux droits de l’homme… Toujours avec une difficulté énorme pour trouver des informateurs 38

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fiables. J’ai été désigné comme « dangereux » dans le journal officiel de Cuba. Pas de matériel, des problèmes pour publier mes papiers, et une surveillance constante. La police débarque à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. J’ai fait trois semaines de prison dans une pièce de 2 mètres sur 2. J’ai quitté mon pays en 2006 grâce à un visa touristique. C’est le régime cubain qui m’a forcé à partir. C’était soit vingt ans de prison, soit l’exil. J’ai choisi l’exil, la mort dans l’âme. Ma femme et ma fille de huit ans sont toujours là-bas… »

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Ahmed Al-Allef est Irakien. Il a été fixeur et traducteur pour de nombreux médias étrangers, dont le quotidien français Le Monde. Gravement menacé, il a quitté son pays, avec l’aide des médias.

’ai tout perdu : ma maison, ma voiture, mes économies… J’ai mis ma famille menacée à l’abri dans un coin calme de l’Irak. Dans mon pays, les journalistes n’ont aucune liberté. Ils sont contrôlés par un bureau spécial. C’est malheureusement à cause de la guerre que j’ai pu travailler. J’ai pris des risques énormes pour préparer les interviews pour les rédacteurs étrangers, pour organiser des rencontres. Ce qui me fait de la peine, c’est que j’ai rarement vu mon nom apparaître dans un article. C’est frustrant de

faire un travail journalistique et de ne pas avoir la reconnaissance. J’ai reçu deux lettres d’intimidation de la part de la milice, me demandant d’arrêter d’accompagner des journalistes étrangers. On sait qu’à la troisième lettre, c’est la mort. Le quotidien français Le Monde m’a alors préparé un visa pour la France. Aujourd’hui, je reprends des études de journalisme pour pouvoir intégrer une rédaction française. Je sais toutes les difficultés qui m’attendent. Mais je ne peux pas rentrer dans mon pays. Quelque part, ça me fait très mal. »

LIBERTÉ DE LA PRESSE

« À la troisième lettre de la milice, c’est la mort »

« Je n’ai jamais eu peur de dénoncer la corruption » J. Remy Ngono est Camerounais. Présentateur de l’émission radio à succès « Kondré chaud », il est suspendu d’antenne par sa direction à la demande de l’État. Victime de pressions physiques et morales, il arrive en France en 2005.

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on émission donnait la parole à des auditeurs sur des sujets de société. Je n’ai jamais eu peur de dénoncer la corruption de mon pays. Au Cameroun, beaucoup de journalistes sont des ventriloques ! C’est le gouvernement qui leur dit quoi écrire et quels mots prononcer sur les antennes. J’ai résisté à cela. Alors, bien sûr, les autorités ont voulu me faire taire. J’ai été arrêté 14 fois et j’ai fait de la prison pendant six mois. Je me suis retrouvé

dans une cellule de 4 mètres sur 4, avec une quarantaine de prisonniers, un bol de riz par jour. J’ai subi des violences physiques : aujourd’hui, j’ai perdu une partie de ma vue. Je ne peux pas changer la société tout entière, mais je peux être un pionnier dans la révolte. Aujourd’hui, je travaille depuis la France, mais un jour je retournerai au Cameroun. Je dis toujours “Un cadavre n’a pas peur du couteau”. » Entretiens réalisés par Myriam Rembaut

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LEXIQUE Régime : (ici) gouvernement. Fixeur : personne qui utilise son expérience et ses relations pour aider et accompagner un journaliste en pays étranger. Milice : troupe de police recrutée de façon temporaire pour renforcer une armée régulière. Mars 2009

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AGENCES DE PRESSE

Les agences de presse, les grossistes de l’information Collecter, vérifier et diffuser l’information en un temps record : telle est la mission des agences de presse. Trois occupent une place de choix. L’Agence France-Presse, Reuters et AP sont les sources officielles de tous les journalistes à travers le monde.

L

es agences de presse sont des grossistes en informations. Nous couvrons l’ensemble de la planète, et nous proposons nos services aussi bien à la presse écrite qu’à la radio, la télévision, les entreprises et aujourd’hui les sites Internet. » Patrice Collen est journaliste à la direction de la rédaction de l’AFP, l’Agence France-Presse, dont le siège est à Paris, en France. Avec l’Anglo-canadienne Reuters et l’Américaine Associated Press (AP), elle fait partie des trois plus grosses agences mondiales. Leur force : elles emploient, dans plus de 150 pays, des milliers de journalistes capables de relayer 40

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l’actualité 24 heures sur 24 en plusieurs langues. Un travail dans l’ombre Grâce à leur énorme réseau, elles fournissent les nouvelles aux autres médias dans les domaines politique, économique, social, culturel et sportif, sous forme de textes, vidéos, photos ou infographies. « Les lecteurs, téléspectateurs ou auditeurs s’étonnent souvent d’entendre toujours les mêmes sujets traités, mais c’est parce qu’ils ne savent pas que toute cette matière première provient à 90 % des agences, explique François Thomazeau, qui fut le chef du service des sports pendant vingt ans à l’agence Reuters. Sans le savoir, chaque personne consomme au quotidien de l’information récoltée par les agenciers. C’est pourquoi nous sommes surnommés les “soutiers” de l’information. Nous travaillons dans l’ombre, mais ça fait partie du jeu. » Flot continu d’informations Quasiment en temps réel, l’information est collectée sur le terrain et publiée sur le fil www.letoiledelinfo.org

aux médias abonnés. « À la différence de nos confrères, nous ne sommes pas tenus par un bouclage, nous sommes toujours sur la brèche, poursuit François Thomazeau. Nous avons à gérer un flot continu d’informations. Dès que nous obtenons une information sur un événement, on la transmet au desk. » Le desk, ce sont les journalistes restés au bureau qui reçoivent la copie transmise par les correspondants. « L’article ne passe jamais directement du rédacteur aux clients, explique Patrice Collen. Dans un premier temps, le journaliste en tribune de presse au Stade de France va envoyer son compte-rendu de match au desk, une sorte de gare de triage. Là, on décide à qui distribuer l’information, en Europe ou à l’international. Les articles sur les élections municipales en France, par exemple, intéresseront plutôt les médias français, mais beaucoup moins l’Extrême-Orient. On applique la règle de proximité. » Au minimum, le papier (voir page 14) sera donc relu deux fois, voire plus s’il est traduit. Une rigueur indispensable, qui a fait la réputation des agences.


Les reines du monde Tout cela sans jamais prendre parti, les agences essayant d’êtres neutres, ou du moins d’y tendre au maximum. Au bout de la chaîne, l’information sera reprise par les quotidiens partout

À chacune sa spécificité Même si leurs fonctions se ressemblent fortement, les trois agences se distinguent les unes des autres. Avec son camp de base à Paris, en France, l’AFP se positionne comme la première agence francophone d’information généraliste. Fondée en 1835, sous le nom d’agence Havas, elle traduisait les journaux étrangers pour leur diffusion en français. Son statut assure son indépendance à l’égard de l’État. Créée à Londres, au Royaume-Uni, en 1851, Reuters était à l’origine spécialisée dans l’information économique et financière, à destination des opérateurs de marché. Les événements mondiaux ayant des effets immédiats sur la Bourse, c’est naturellement qu’elle s’est tournée vers les informations générales. Associated Press est née quant à elle d’un regroupement des journaux américains en 1846. Installée à New York, elle domine donc aux États-Unis.

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dans le monde. « Les fils AFP et Reuters sont notre base de travail pour les informations nationales et internationales, affirme Catherine Vollaire, secrétaire de rédaction au quotidien français régional Le Maine libre. Cela coûterait une fortune au journal d’avoir un réseau de pigistes dans le monde. Notre politique est d’envoyer un reporter lorsque des gens de notre région participent à un événement. Un envoyé spécial est allé aux JO de Pékin par exemple, pour suivre les athlètes du Pays-dela-Loire, mais le reste du temps, on reprend les dépêches des agences. » C’est pourquoi, au cœur de cette fourmilière d’informateurs professionnels, les agences restent les reines du monde.

AGENCE DE PRESSE

100 % fiable Avec l’explosion d’Internet, vraies et fausses rumeurs circulent, revalorisant la mission de ces professionnels. Sur le Web, une information signée AFP, Reuters ou AP sera fiable à 100 %, sauf grosse grosse erreur. Le plus délicat étant pour elles de jongler avec deux exigences plutôt contradictoires : l’exactitude et la rapidité. « Une information et un démenti ne sont pas égaux à

deux informations, insiste Patrice Collen. Le défi d’un journaliste d’agence est de donner des éléments précis et dont il aura vérifié la source. Vérifier, ça ne veut pas dire qu’il ira s’assurer que les chiffres donnés par les forces de l’ordre pour telle manifestation sont exacts, mais il précisera que tel porteparole de la police l’a déclaré. » Rédigées dans un style propre aux agences, les dépêches se complèteront au fur et à mesure de la journée, apportant chaque fois plus de détails. « Le format que l’on utilise permet d’être rapide tout en s’assurant de l’authenticité des informations, confirme François Thomazeau. On peut transférer une ou deux lignes dans un premier temps, c’est ce qu’on appelle un “flash”. Ensuite, un urgent qui étoffe l’information avec un ou deux paragraphes. Puis, un “lead” où tout est développé. En fin de journée, on enverra un “papier journée” qui fait un résumé de l’événement. »

Alexandra Defresne

LEXIQUE Grossiste : entreprise qui fournit une marchandise en grandes quantités. Soutier : personne qui travaille dans la cale d’un bateau. Fil : flux d’informations diffusé minute par minute par les agences. Copie : autre mot pour désigner l’article d’un journaliste. Proximité : qualité de ce qui est proche. Démenti : action de nier une affirmation. Secrétaire de rédaction : journaliste chargé de relire les articles des rédacteurs et d’assurer l’unité rédactionnelle du journal. Mars 2009

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JOURNALISTE MODE D’EMPLOI

Comment écrire court, simple et... riche ! Que mettre dans un journal ? Que raconter à ses lecteurs et comment écrire comme les journalistes ? Si tu es prêt(e) à te lancer dans l’aventure, voici quelques conseils.

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e n’est pas le tout d’écrire… Si tu ennuies tout le monde, tes articles finiront à la corbeille. Écrire un journal, ce n’est pas pour se faire plaisir, mais pour être lu ! Avant de se lancer dans la rédaction d’un article, il faut donc réfléchir au thème que l’on va développer et sous quel angle (voir page 14). Le plus difficile est de ne pas changer d’idée en cours de route. Il faut « tenir » son angle, c’està-dire respecter un point de vue. Cela construit l’article et évite l’impression d’un texte désordonné. Un angle bien choisi peut transformer la plus insignifiante des histoires en sujet passionnant ! À l’attaque… Dès la première phrase, il faut accrocher son lecteur. L’article

débute donc par une « attaque », c’est-à-dire un mot, une phrase, une citation… qui va donner le goût de poursuivre la lecture. Le reste de l’article doit être clair. Les phrases les plus courtes sont toujours les meilleures ! Pas besoin de se perdre dans une sophistication littéraire. Le rédacteur évitera aussi les répétitions et la multiplication des mots inutiles (comme « en effet », « il est vrai », « par ailleurs »). Une idée claire, une écriture simple, avec un vocabulaire adapté, donnent un style plus vif à l’article. On termine celui-ci par une « chute », une conclusion qui peut être drôle, forte, interrogative… Quelle que soit sa forme, le lecteur doit ressentir l’impression finale sur le sujet.

Who ? What ? Where ? When ? Why ? Bien informer Rien de pire qu’un article sans références de dates, de lieu, d’action. Un bon papier (voir page 14), doit répondre à cinq questions : qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi ? Cette règle est dite « règle des 5 W » parce qu’à l’origine, elle est anglaise (Who ? What ? Where ? When ? Why ?). Le lecteur doit savoir ce qui s’est passé, quelles sont les personnes concernées, le lieu et la date de l’événement, pour quelles raisons, dans quelles circonstances… Il n’est pas toujours possible de répondre à toutes ces questions, mais c’est un idéal à atteindre. Le tour est joué ! Pour finaliser, le rédacteur ajoute un titre fort et accrocheur, un chapeau (voir page 14) dynamique, des intertitres pour relancer la lecture, et le tour est joué. Avec ces quelques règles, un niveau de langue correct et un certain goût pour l’écriture, tu peux devenir ce que l’on appelle dans le milieu journalistique « une bonne plume » ! Myriam Rembaut

LEXIQUE Sophistication : (ici) manière complexe et artificielle de s’exprimer. Intertitre : (ici) mot ou phrase entre les paragraphes. © E. Ferrier / ARC-EN-CIEL

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QUIZ

LA PRESSE

EN DIX QUESTIONS 1) Qui a inventé le papier ? a – Les Chinois b – Les Français c – Les Russes 2) Quel est le premier pays à avoir accordé la liberté de la presse ? a – Les États-Unis b – Les Pays-Bas c – L’Angleterre 3) Qu’est-ce qu’un tabloïd ? a – Un journal sur Internet b – Un magazine présentant des tableaux pour les économistes c – Un petit format de publication très utilisé par la presse populaire 4) Laquelle de ces personnalités n’a pas été journaliste ? a – Le comte de Mirabeau b – Jacques Prévert c – Joseph Kessel

5) Quel est le nom donné au journaliste qui recherche des photos pour illustrer les articles ? a – L’imagier b – Le photographe c – L’iconographe 6) Une personne qui demande à ne pas faire circuler une information avant une date et une heure précises, met… a – Un embargo sur l’information b – Une entrave sur l’information c – Un tabou sur l’information 7) Que signifie l’abréviation B.A.T. ? a – Bon au travail b – Bel article traité c – Bon à tirer

8) Comment nomme-t-on la dernière étape avant l’impression du journal ? a – Le boutonnage b – Le bouclage c – Le brouillon 9) Qui sont les annonceurs dans un journal ? a – Les journalistes qui dénichent des scoops b – Les personnes qui achètent des espaces publicitaires c – Les journalistes qui s’occupent du courrier des lecteurs 10) Quel est le nom donné à la réunion pendant laquelle les journalistes choisissent les articles qu’ils vont publier dans leur journal ? a – La conférence de rédaction b – La conférence de presse c – La conférence des journalistes

Répons es : 1a ; 2c e n 1695 ; 6a ; 3c ; 7 c ; 8 b ; 9b ; 10 4b ; 5c ; a. www.letoiledelinfo.org

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TEST PSYCHO

Quel journaliste ferais-tu ? Présentateur de journal ou reporter de guerre ? Pour découvrir quel est ton talent journalistique, réponds au test suivant…

1 - Lors d’une conférence de rédaction, tu dois choisir ton prochain sujet pour le journal. Tu prends sans hésiter… a - Un reportage animalier sur la vie des marmottes en captivité. b - Une enquête sur la prostitution des enfants en Europe de l’Est. c - L’interview du chanteur de Tokio Hotel. 2 - Scoop toujours ! Pour dénicher l’information qui fera la une de ton magazine… a - Tu vas surfer sur Internet, sur les forums. b - Tu te fais aider par des indicateurs bien renseignés. c - Tu vas sur le terrain pour sonder l’actualité. Comptabilise le nombre de symboles que tu as obtenu pour découvrir ton profil de journaliste. 1 a b c

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3 - Il te reste un encadré à faire pour compléter ton article sur le chômage. Qu’est-ce que tu comptes y mettre ? a - Trois questions à un conseiller de l’ANPE (Agence nationale pour l’emploi) b - Un témoignage de chômeur en fin de droits. c - Un tour d’horizon rapide de la situation en Europe. 4 - Tu te retrouves dans une manifestation pour la Journée de la femme. Pour nourrir ton sujet… a - Tu sors ton appareil photo pour faire des portraits de femmes. b - Tu t’imprègnes de l’ambiance de la manifestation pour faire un

billet d’humeur. c - Tu recueilles des témoignages pour en tirer des citations dans ton papier. 5 – Tu as un reportage à boucler sur les téléphones portables. L’angle que tu choisis : a - Les dangers pour la santé. b - La nouvelle technologie des derniers modèles. c - Le boom des téléphones portables dans les pays en voie de développement.

Tu as une majorité de : À la pointe de ta plume ! Avec toi, les mots font mouche… Tu as un don pour raconter les histoires et transformer un sujet apparemment sans intérêt en récit passionnant. Ta spécialité ? Les billets d’humeur où tu peux laisser libre court à ton style. Une jolie graine d’éditorialiste… Tu as une majorité de : Sur la route… Tu n’as qu’un seul rêve : devenir grand reporter. Passer ta journée dans une rédaction ? Très peu pour toi ! Ce que tu aimes, c’est l’action, saisir ton sujet sur le terrain. Tu possèdes une curiosité de chat, qui te pousse à fouiner pour partir à la recherche du scoop. Et si le scoop te mène au bout du monde, c’est encore mieux ! Tu as une majorité de : Le 20h n’attend que toi ! Ta passion ? Transmettre l’information. La télé ou la radio te tentent parce que c’est pour toi le meilleur moyen de faire passer un message. À l’aise quand il s’agit de parler en public, on te retrouvera certainement devant la caméra pour faire des interviews. Lane Sigé

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TEST PSYCHO

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* Tarifs pour la France. Pour les autres pays, nous consulter. ** Voir page 47. www.letoiledelinfo.com

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COURRIER

Cet espace vous est réservé, à vous les lecteurs de L’Étoile, dans lesquelles chacun peut s’exprimer : articles, commentaires, réactions, suggestions, histoires... N’hésitez pas à faire preuve de sens critique. Photos et illustrations sont les bienvenues. Envoie le tout : • par mail : boiteauxlettres@letoiledelinfo.org • par courrier à L’Étoile, 64 rue Rambuteau, 75003 Paris, France.

« J’ai toujours voulu être témoin de l’actualité » Steven a 22 ans. Il habite à Paris, en France, et il est en 2e année de journalisme à l’Institut pratique de journalisme (IPJ). Il explique pourquoi il a choisi d’apprendre ce métier.

I

l y a des passions qui nous dépassent. Des attirances que l’on ne peut s’expliquer. Je pense pouvoir dire que je veux devenir journaliste depuis la classe de 6e. Déjà à l’époque, l’actualité me passionnait. J’aimais être spectateur de l’information. Mais cela ne me suffisait pas : je voulais être témoin de l’actualité pour la raconter et l’expliquer aux autres. C’est donc tout naturellement que j’ai écrit pour le journal de mon collège et que j’en ai créé un au lycée. Quand mon projet a pris forme, j’ai commencé à réfléchir à la meilleure manière de réaliser mon rêve. J’ai opté pour un baccalauréat littéraire, le meilleur à mon sens pour devenir journaliste. 46

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Être journaliste, c’est savoir écrire. Un bon journaliste, c’est aussi et surtout un témoin – un vulgarisateur - qui sait informer sans déformer. Après une licence sciences de l’information et de la communication, je me suis inscrit au concours des grandes écoles de journalisme. Je connaissais la difficulté de trouver du travail dans ce domaine. J’ai donc voulu mettre toutes les chances de mon côté : d’abord en préparant les concours, puis en ayant la prétention de vouloir faire une école reconnue. Une grande école offre une formation et des opportunités que les autres n’offrent pas. À chacun de développer ensuite sa personnalité. www.letoiledelinfo.ORG

Au fur et à mesure de mes stages, avant d’intégrer l’école, j’ai compris que j’étais fait pour la radio. Un média en adéquation avec ma personnalité : dynamique et mordu d’info ! Dès mon entrée, j’ai donc accentué mes efforts vers le média parlé et j’en ai fait ma spécialité en seconde année. Début juin, je serai sur le marché du travail. Je rêve de rejoindre la rédaction d’une radio généraliste. L’image que je me faisais de ce métier est plutôt en accord avec ce qu’il est réellement. Il n’y a donc pas de déception. Juste une très forte envie de trouver un emploi. Et quand on veut, on peut, ai-je l’habitude de dire. » www.ipjparis.org


COURRIER

NOTRE ENGAGEMENT Nous t’invitons à nous rejoindre et à participer, avec l’e-Toile de l’info, à des initiatives en faveur de l’éducation pour tous. L’e-Toile de l’info s’engage auprès d’associations locales et ONG de différents pays du Sud pour améliorer les conditions de scolarité des enfants. Pour chaque abonnement souscrit, l’e-toile de l’info verse 0,50 € à ces structures. Tu peux aussi souscrire à un abonnement de soutien : 5 € serviront à acheter des kits scolaires et multimédias (voir bulletin d’abonnement p. 45).

Les objectifs Acheter des kits scolaires pour : • Assurer un avenir aux enfants défavorisés. • Concrétiser le potentiel de chaque enfant par une égalité des chances.

Les bénéficiaires • Les enfants de familles démunies. • Les enfants des déplacés de guerre. • Les orphelins du sida. • Les enfants des communautés villageoises.

Les kits • Le Kit essentiel : Cahiers et papeterie. • Le kit Solidarité : Livres scolaires. • Le Kit du Cœur : Livres scolaires, cahiers, accessoires (stylos, crayons, équerres etc.). • Kits multimédias : Ordinateurs reliés à Internet.

Les cycles concernés Primaire : du CP au CM2. Collège : de la 6e à la 3e. Lycée : de la 2nde à la terale.

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Design : Serge Nicolas - Photo : Masterfile - Logo CLEMI : Yves Besnier

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