COLLECTION L’ESSENTIEL FRANÇAIS
LA TRANSITIVITÉ VERBALE EN FRANÇAIS Meri Larjavaara
Collection L’Essentiel français, dirigée par Catherine Fuchs Formes et notions L’intensité et son expression en français, par Clara Romero L'expression de la manière en français, par Estelle Moline et Dejan Stosic La ponctuation en français, par Jacques Dürrenmatt La comparaison et son expression en français, par Catherine Fuchs Les déterminants du français, par Marie-Noëlle Gary-Prieur Le discours rapporté en français, par Laurence Rosier Les verbes modaux en français, par Xiaoquan Chu Les temps de l’indicatif en français, par Gérard Joan Barceló et Jacques Bres Le nom propre en français, par Sarah Leroy Le gérondif en français, par Odile Halmøy La préposition en français, par Ludo Melis Le conditionnel en français, par Pierre Haillet La référence et les expressions référentielles, par Michel Charolles La construction du lexique français, par Denis Apothéloz Le subjonctif en français, par Olivier Soutet Les noms en français, par Nelly Flaux et Danielle Van de Velde La cause et son expression en français, par Adeline Nazarenko L’intonation : le système du français, par Mario Rossi Les stéréotypes en français, par Charlotte Schapira L’adjectif en français, par Michèle Noailly Les constructions détachées en français, par Bernard Combettes L’espace et son expression en français, par Andrée Borillo Les formes conjuguées du verbe français, oral et écrit, par Pierre Le Goffic Les adverbes du français : le cas des adverbes en -ment, par Claude Guimier Les expressions figées en français, par Gaston Gross Les ambiguïtés du français, par Catherine Fuchs La concession en français, par Mary-Annick Morel La conséquence en français, par Charlotte Hybertie
Variétés du français Les parlers jeunes dans l'Île-de-France multiculturelle, par Françoise Gadet Décrire le français parlé en interaction, par Véronique Traverso Le français au contact d'autres langues, par Françoise Gadet et Ralph Ludwig Les créoles à base française, par Marie-Christine Hazaël-Massieux Approches de la langue parlée en français, nouvelle édition, par Claire BlancheBenveniste (épuisé) Les variétés du français parlé dans l’espace francophone. Ressources pour l’enseignement, par Sylvain Detey, Jacques Durand, Bernard Laks et Chantal Lyche (dir.) Les expressions verbales figées de la francophonie, par Béatrice Lamiroy (dir.) La variation sociale en français, par Françoise Gadet Le français en diachronie, par Christiane Marchello-Nizia
Outils et ressources Lire un texte académique en français, par Lita Lundquist Dictionnaire des verbes du français actuel, par Ligia-Stela Florea et Catherine Fuchs Rédiger un texte académique en français, par Sylvie Garnier et Alan D. Savage Construire des bases de données pour le français, par Benoît Habert Dictionnaire pratique de didactique du FLE, par Jean-Pierre Robert Les dictionnaires français, outils d’une langue et d’une culture, par Jean Pruvost Instruments et ressources électroniques pour le français, par Benoît Habert
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© Editions Ophrys, 2019 Editions Ophrys, 5 avenue de la République, 75011 Paris www.ophrys.fr ISBN 978-2-7080-1541-8
TABLE DES MATIÈRES
Avant de commencer............................................................................ 9 CHAPITRE I : La transitivité : forme et sens .................................... 11 1. Qu’est-ce qu’une construction transitive ? ....................................................11 2. Qu’est-ce qu’une construction intransitive ? .................................................14 3. Constructions ou verbes transitifs ? ...............................................................18 4. Transitivité directe vs. indirecte .......................................................................20 5. Comment la transitivité est-elle vue ?.............................................................24 6. Qu’est-ce qu’expriment les énoncés transitifs ? ...........................................26 7. Qu’est-ce que la transitivité ? ...........................................................................29 8. La transitivité dans le discours ........................................................................30 CHAPITRE II : Objets .......................................................................33 1. Objet affecté ou effectué et autres..................................................................34 2. Transitif absolu ..................................................................................................38 2.1. Objet latent ................................................................................................39 2.2. Emploi générique .....................................................................................45 2.3. Pour terminer sur le transitif absolu ......................................................47 3. Cas particuliers...................................................................................................51 3.1. Objet interne .............................................................................................51 3.2. Compléments de mesure .........................................................................57 3.3. Objets un peu moins objets ....................................................................60 CHAPITRE III : Variations de la transitivité ..................................... 61 1. Voix passive .......................................................................................................61 2. Construction pronominale ...............................................................................65 3. Verbes labiles .....................................................................................................70 4. Autres variations de la transitivité...................................................................81 5. Effets de sens : penser le monde / penser au monde.............................................83 7
6. Nouvelles tendances : du novateur à l’excentrique ......................................87 7. Transitivité diachronique .................................................................................90 CHAPITRE IV : Perspectives appliquées ..........................................93 1. Considérations lexicographiques ....................................................................93 2. La transitivité et la grammaire scolaire ...........................................................94 3. La transitivité en FLE .......................................................................................96 Conclusion......................................................................................... 103 Repères bibliographiques………….………...………………….…105 Glossaire ............................................................................................111 Index......………………………………………………………….…113
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AVANT DE COMMENCER La transitivité est un des phénomènes linguistiques les plus discutés, la relation entre le verbe et ses compléments les plus proches étant la pierre angulaire de la construction de toute phrase et ainsi de celle de la langue. Il est donc essentiel de comprendre les enjeux de la transitivité pour pouvoir concevoir non seulement le fonctionnement syntaxique mais aussi ce qui est dit et peut être dit dans les énoncés. Cet ouvrage présente au lecteur les questionnements et problématiques liés à l’étude de la transitivité tout en le guidant vers de nouvelles pistes de recherche. À la fin du livre, les études les plus importantes sur la transitivité verbale seront présentées dans une bibliographie qui aidera le lecteur à continuer ses recherches. Lorsque, après l’exemple, sont indiqués le nom de l’auteur et l’année (par exemple, « Delaume 2001 »), il s’agit d’un exemple tiré de la base de données Frantext. Sinon la référence exacte est donnée en bas de page. Si aucune source n’est indiquée, il s’agit d’un exemple forgé pour illustrer le phénomène. Placé devant un énoncé, l’astérisque indique que celui-ci est agrammatical et le point d’interrogation qu’il est douteux. L’ouvrage se base, pour une bonne partie, sur celui de l’auteur qui a traité des cas « peu standard » du point de vue du complément d’objet direct en français contemporain (Larjavaara 2000). Ce livre pourrait être conseillé à quiconque voudrait approfondir certaines questions : le lecteur y trouvera de nombreuses références précises sur des thèmes qui ici ne sont abordés que rapidement1.
Je suis reconnaissante à Catherine Fuchs de ses commentaires et à Michèle Noailly qui est à l’initiative de ce projet d’ouvrage. Je remercie chaleureusement Luciane Hakulinen de toute son aide et de ses remarques toujours pertinentes. 1
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CHAPITRE I La transitivité : forme et sens
La première information que donne un dictionnaire sur un verbe donné concerne généralement sa transitivité. À titre d’exemple, le Petit Robert (2011) donne ceci : (1) regarder, v. tr. (c’est-à-dire, verbe transitif) aboyer, v. intr. (verbe intransitif) manger, v. tr. Cette catégorisation en dit long sur le comportement du verbe dans les énoncés. Un verbe transitif a un complément d’objet tandis qu’un verbe intransitif n’en a pas. Un locuteur qui utilise le verbe regarder indique donc également ce qu’on regarde ; un locuteur qui dit aboyer s’arrête là et l’énoncé semble saturé : (2) Il regarde sa montre [Delaume 2001] (3) La chienne aboyait [Akerman 2013] (4) On mange des frites et des moules [Bloch-Dano 2013] Mais tout n’est pas si simple dans le meilleur des mondes. Que faisons-nous avec des énoncés tels que Regarde ! ou On mange dans une minute ? Ou Il aboie des ordres ? Seraient-ils vraiment incomplets ? Ou, dans le cas d’aboyer, surchargés ? Toujours ? Par définition ? Parfois – ou pas du tout ? Le but de cet ouvrage est de réfléchir à la transitivité verbale en français contemporain et d’en indiquer les limites, les lacunes et les secrets.
1. Qu’est-ce qu’une construction transitive ? Le terme transitif vient du verbe latin transire, qui signifie ‘passer, traverser’. Un verbe dit transitif aurait donc comme propriété d’indiquer que l’action
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La transitivité verbale en français
exprimée par le verbe passe sur le référent de l’objet1. La transitivité peut être abordée de deux façons différentes. D’une part, elle peut être un phénomène purement morpho-syntaxique, ayant une représentation en syntaxe et /ou en morphologie, et de ce fait, également en phonologie. D’autre part, les linguistes parlent souvent en parallèle de la transitivité sémantique qui sera discutée au § 6. : la transitivité est alors vue comme une propriété sémantique, c’est-à-dire ayant trait au sens des énoncés. Pour revenir à la transitivité morpho-syntaxique dont il est question dans ce chapitre, un verbe transitif est un verbe qui, dans son emploi, est accompagné d’un objet, et une construction transitive est donc une construction dans laquelle le verbe a un objet. Cet objet peut être placé après le verbe, comme c’est le cas dans les énoncés canoniques : (5) Le bébé mange la banane. L’objet peut aussi se trouver avant le verbe, comme par exemple dans le cas des pronoms personnels, relatifs ou interrogatifs : (6a) Le bébé la mange. (6b) La banane que le bébé a mangée n’était pas mûre. (6c) Qu’a-t-il mangé ? Si l’objet n’est pas identifié par sa position dans la phrase – c’est le syntagme nominal qui se trouve après le verbe –, la forme du pronom peut révéler qu’il est question d’un objet direct. La pronominalisation est aussi un moyen de détecter l’objet dans l’énoncé : (7) C’est pourquoi, en 2004, pendant huit ou neuf mois, je n’ai pas mangé de carottes. [Picquet 2013] -> Qu’est-ce que je n’ai pas mangé ? – Des carottes. En effet, les linguistes ont mis en place tout un éventail de tests syntaxiques pour reconnaître les objets et pour mesurer le degré d’objectitude d’un complément. Le premier de ces tests est la pronominalisation. Un objet se pronominalise en interrogation par qu’est-ce que ou qui est-ce que, comme dans l’exemple précédent. D’autres pronoms peuvent aussi être utilisés pour les tests ; le pronom relatif qui correspond à l’objet est également que : les carottes que j’ai mangées. Le terme complément n’apportant pas grand-chose, un objet étant par définition un complément, le complément d’objet sera désormais appelé objet, comme il est de coutume dans les travaux linguistiques concernant la grammaire des différentes langues du monde. – Dans cet ouvrage, il sera principalement question d’objets nominaux (ou pronominaux). Les infinitifs régis par les verbes (J’aime nager) ne seront pas traités. 1
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CHAPITRE II Objets
Selon la plupart des théories linguistiques modernes, le complément d’objet a un lien très intime avec le verbe, plus intime que le sujet de la phrase. L’objet – son type, ses caractéristiques – a une forte influence sur le caractère du procès. Ainsi, ‘allumer la chambre’ ou ‘planter un cerisier’ sont différents de ‘allumer une cigarette’ et de ‘planter un clou’, tandis que si Lise ou Léo allume ou le jardinier ou le charpentier plante, le procès n’en est pas nécessairement foncièrement affecté. Comparons les phrases suivantes entre elles : (26a) Le charpentier plante un clou. (26b) Le charpentier plante un cerisier. (26c) Le jardinier plante un clou. (26d) Le jardinier plante un cerisier. Sans aucun doute, les exemples (a) et (c) appartiennent au domaine de la construction ou du bricolage tandis que (b) et (d) décrivent le jardinage. Le sujet de la phrase importe peu, dans les deux énoncés l’action est déterminée par l’objet. Il est donc utile de réfléchir aux différents types d’objet. La fonction d’objet n’a pas de sens en soi – le fait d’être objet ne suffit pas à déterminer la relation sémantique : on ne peut pas attribuer un sémantisme quelconque à la simple fonction objet. La variété des relations sémantiques possibles entre le verbe et l’objet est en effet énorme (voir Chapitre III, § 6.). Comme nous venons de le constater, les relations sémantiques différentes qu’un même verbe peut avoir avec son objet dépendent de l’objet lui-même : mettre le crayon / la table / un chapeau ; prendre une décision / un médicament ; payer le salaire / les employés. Il est donc raisonnable d’affirmer que cette relation en tant que telle n’a pas de sens. Une seule restriction semble valoir, notamment que l’objet ne peut pas être agent. La raison en est que quand il y a un objet, il y a aussi un sujet dans la phrase, 33
La transitivité verbale du français
l’objet étant le second actant, et la distribution des rôles entre le sujet et l’objet fait que le sujet correspond nécessairement au référent qui est le plus agentif des deux (voir Chapitre I, § 6.). Quand la relation verbe-objet est présente dans un énoncé, on sait qu’il y a une relation sémantique entre le procès et le référent de l’objet. Cependant, la nature de cette relation reste imprécise, même si la relation ellemême est clairement posée. Paradoxalement, on peut avancer que c’est précisément la non-nécessité de préciser la nature de la relation qui attribue une importance déterminante à ce que l’objet apporte au sens de l’énoncé. Autrement dit, l’objet est un élément indispensable pour comprendre la nature du procès exprimé par le verbe. Dans ce chapitre seront discutés quelques types d’objet particuliers.
1. Objet affecté ou effectué et autres Parmi les objets, la tradition linguistique fait une division grossière entre les objets effectués et les objets affectés. Les exemples suivants illustrent ces deux types d’objet : (27) Objet effectué : Laure a construit son bateau. (28) Objet affecté : Laure a peint son bateau. Quand il s’agit d’un objet effectué, le référent de l’objet n’existe pas avant le procès mais celui-ci marque le début de son existence : le bateau a été construit pendant le procès en question. Le référent de l’objet est produit quand l’action exprimée par le verbe est effectuée et en est donc le produit. Un objet affecté, quant à lui, dans le cas typique, subit un changement lors du procès : dans le cas de l’exemple, le bateau a changé de couleur ou du moins a eu une peinture fraîche. Autrement dit, dans le premier exemple, l’existence du référent de l’objet ne commence que grâce au procès, et dans le deuxième exemple, il y a un objet dont le référent existe en dehors du procès, à son début – et à sa fin. En ce qui concerne les objets affectés, ils le sont à des degrés divers ou même ils ne le sont pas toujours dans le sens plein du mot. Pensons, à titre d’exemple, aux cas où le référent est affecté seulement par un changement d’emplacement (ex. 29a ci-dessous) ou par un changement de possesseur (ex. 29b), ou aux cas où, en fait, il n’est nullement affecté mais où il se passe quelque chose au niveau émotionnel (ex. 29c) ou cognitif (ex. 29d) dans l’expérient du procès. 34
CHAPITRE III Variations de la transitivité
Nous avons constaté plus haut que certains verbes préfèrent les constructions transitives, tandis que d’autres s’utilisent volontiers dans des constructions intransitives ; il y en a aussi qui se trouvent aisément dans les deux. Nous avons vu que certains types d’objet – objets latents, objets effectués, objets internes – constituent des cas particuliers qui peuvent affecter le type de construction dans lequel le verbe se trouve utilisé : si le référent de ce qui pourrait être l’objet est identifiable, la présence d’un objet latent (ou plutôt donc la possibilité d’absence d’un objet manifeste) peut rendre la construction intransitive, ou un objet effectué ou interne peut parfois s’ajouter à une construction autrement intransitive. De même, certaines conditions sont favorables à un emploi générique de verbes, qui se trouvent ainsi sans objet. À part ces types d’objet particuliers, la langue nous propose d’autres moyens de faire varier la transitivité d’un énoncé, de façon régulière et productive. Il s’agit de procédés morpho-syntaxiques qui affectent la structure actancielle de l’énoncé, tels le passif par lequel nous commençons.
1. Voix passive La voix passive se forme en français avec le verbe être comme auxiliaire et le participe passé du verbe ; le temps est celui de l’auxiliaire. Le sujet de la forme passive correspond à l’objet de la forme active : (87a) Actif : Émile a mangé le crabe. (87b) Passif : Le crabe a été mangé (par Émile). Le complément d’agent, ici par Émile, peut être ou ne pas être présent. Le plus souvent il n’y a pas de complément d’agent, pour une bonne raison : le passif est souvent utilisé justement parce que le locuteur ne veut ou ne peut pas indiquer l’agent du procès. L’emploi du passif est alors un moyen de le cacher. 61
La transitivité verbale du français
(88a) La poubelle a été vidée. (88b) J’ai vu que la poubelle avait été renversée. (88c) La poubelle a été renversée (et je ne veux pas dire que c’est moi qui l’ai renversée). Dans le premier exemple, l’agent n’est pas pertinent : ce qui importe, c’est que la poubelle est vidée. Il est possible que le locuteur sache ou suppose que son interlocuteur partage sa connaissance sur l’identité de l’agent, ou peutêtre considère-t-il cette information comme peu pertinente. Dans (88b), on ne mentionne pas l’agent parce qu’on ne le connaît pas, et dans (88c), le locuteur choisit délibérément de le cacher. Pour reprendre la même situation extralinguistique que dans l’exemple (88a) ci-dessus, mais en indiquant l’agent, le locuteur pourrait employer un complément d’agent, comme dans l’exemple (89a) qui suit, ou choisir d’utiliser plutôt la voix active (ex. 89b) : (89a) La poubelle a été vidée par les éboueurs. (89b) Les éboueurs ont vidé la poubelle. En premier lieu, le choix entre l’actif et le passif dépend de la structure informationnelle. Parle-t-on de la poubelle, est-ce le thème ? Le locuteur choisit de l’avoir comme sujet et donc d’employer le passif (ex. a). Est-il question plutôt de ce qui s’est passé d’une façon plus générale – on prend alors comme thème l’agent humain – ou des agents de la collecte des déchets, des éboueurs ? Le locuteur les place comme sujet et choisit donc l’actif (ex. b). En effet, les propriétés pragmatiques du passif font qu’il est favorisé, c’est-à-dire plus fréquent, dans certains contextes spécifiques et dans certains genres textuels. Entre autres, certains genres administratifs ou juridiques qui préfèrent éviter de mentionner les agents des procès contiennent souvent beaucoup de formes passives : (90) Le potentiel transfrontalier des ventes à distance […] n’est pas pleinement exploité. Comparée à la croissance significative des ventes à distance nationales au cours des dernières années, celle des ventes à distance transfrontalières est limitée. […] Les possibilités d’essor des contrats négociés en dehors des établissements commerciaux (vente directe) au niveau transfrontalier sont limitées par plusieurs facteurs, au nombre
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CHAPITRE IV Perspectives appliquées
1. Considérations lexicographiques Nous avons déjà abordé le problème (voir p.ex. Chapitre I, § 3.) que rencontre le dictionnaire quand il donne l’étiquette « transitif » ou « intransitif » à un verbe. Comment travailler alors sur la présentation lexicographique des verbes pour donner une place suffisante aux constructions dans lesquelles peut se trouver le verbe ? Un modèle de présentation, qui sert surtout ceux qui veulent s’attarder sur les constructions pour un verbe donné, est bien sûr le dictionnaire alphabétique. Le Dictionnaire des verbes du français actuel : constructions, emplois, synonymes de Florea et Fuchs (2010) est un exemple de cette façon d’organiser la présentation. Pour chaque verbe, les diverses constructions syntaxiques possibles sont toujours données selon le même modèle. Les différents sens sont énumérés avec des exemples sous les constructions (voir § 3. pour une description plus détaillée de l’ouvrage). Cette façon d’organiser la présentation ne permet cependant pas de souligner les régularités que connaît une même construction pour différents verbes. Souvent le lexique s’organise d’une manière qui permet de voir que des mots appartenant à une même catégorie sémantique se comportent de façon similaire dans l’usage. La raison sous-tendant cette organisation qui fait se recouper la sémantique lexicale et la syntaxe est simple : pour parler du monde, les besoins des locuteurs restent les mêmes, quel que soit le mot lexical qu’ils choisissent. Le même nombre de participants est présent et leurs rôles restent inchangés. L’étude de Lamiroy et Charolles (2008) sur les verbes de parole est un exemple de cette manière de procéder ; la grammaire de Le Goffic (1994), qui aime donner des listes de verbes pour les catégories syntaxiques, tire également profit de ce type d’approche (par exemple, p. 261, parmi les verbes qui s’emploient avec de + infinitif, « les verbes de 93