Lexique raisonné du français académique, C. Fuchs, S. Garnier - Editions Ophrys

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LEXIQUE RAISONNÉ DU FRANÇAIS ACADÉMIQUE

Tome 1 : Les collocations verbo-nominales : commencement, continuation, fin de l’existence Catherine FUCHS et Sylvie GARNIER avec la collaboration d’Anne-Laure RIGEADE pour les exercices


Collection L'Essentiel français, dirigée par Catherine Fuchs Formes et notions La transitivité verbale en français, par Meri Larjavaara L’intensité et son expression en français, par Clara Romero L’expression de la manière en français, par Estelle Moline et Dejan Stosic La ponctuation en français, par Jacques Dürrenmatt La comparaison et son expression en français, par Catherine Fuchs Les déterminants du français, par Marie-Noëlle Gary-Prieur Le discours rapporté en français, par Laurence Rosier Les verbes modaux en français, par Xiaoquan Chu Les temps de l’indicatif en français, par Gérard Joan Barceló et Jacques Bres Le nom propre en français, par Sarah Leroy Le gérondif en français, par Odile Halmøy La préposition en français, par Ludo Melis Le conditionnel en français, par Pierre Haillet La référence et les expressions référentielles, par Michel Charolles La construction du lexique français, par Denis Apothéloz Le subjonctif en français, par Olivier Soutet Les noms en français, par Nelly Flaux et Danielle Van de Velde La cause et son expression en français, par Adeline Nazarenko L’intonation : le système du français, par Mario Rossi Les stéréotypes en français, par Charlotte Schapira L’adjectif en français, par Michèle Noailly Les constructions détachées en français, par Bernard Combettes L’espace et son expression en français, par Andrée Borillo Les formes conjuguées du verbe français, oral et écrit , par Pierre Le Goffic Les adverbes du français : le cas des adverbes en -ment, par Claude Guimier Les expressions figées en français, par Gaston Gross Les ambiguïtés du français, par Catherine Fuchs La concession en français, par Mary-Annick Morel La conséquence en français, par Charlotte Hybertie


Variétés du français Les parlers jeunes dans l’Île-de-France multiculturelle, par Françoise Gadet Décrire le français parlé en interaction, par Véronique Traverso Le français au contact d’autres langues, par Françoise Gadet et Ralph Ludwig Les créoles à base française, par Marie-Christine Hazaël-Massieux Approches de la langue parlée en français, nouvelle édition, par Claire Blanche-Benveniste (épuisé) Les variétés du français parlé dans l’espace francophone. Ressources pour l’enseignement, par Sylvain Detey, Jacques Durand, Bernard Laks et Chantal Lyche (dir.) Les expressions verbales figées de la francophonie, par Béatrice Lamiroy (dir.) La variation sociale en français, par Françoise Gadet Le français en diachronie, par Christiane Marchello-Nizia

Outils et ressources Grammaire de la subordination en français, par Pierre Le Goffic Lire un texte académique en français, par Lita Lundquist Dictionnaire des verbes du français actuel, par Ligia-Stela Florea et Catherine Fuchs Rédiger un texte académique en français, par Sylvie Garnier et Alan D. Savage Construire des bases de données pour le français, par Benoît Habert Dictionnaire pratique de didactique du FLE, par Jean-Pierre Robert Les dictionnaires français, outils d’une langue et d’une culture, par Jean Pruvost Instruments et ressources électroniques pour le français, par Benoît Habert


Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Toute représentation, reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Par ailleurs, la loi du 11 mars 1957 interdit formellement les copies ou les reproductions destinées à une utilisation collective. © Éditions Ophrys, 2020 Éditions Ophrys, 5 avenue de la République, 75011 Paris www.ophrys.fr ISBN 978-2-7080-1555-5


REMERCIEMENTS Le projet de recherche TRANSIL – Tranferts de sens intra-langue – (piloté par Catherine Fuchs dans le cadre du Laboratoire d’excellence TransferS de l’École Normale Supérieure) a été pour les auteurs, durant deux années, l’occasion d’échanges approfondis et de discussions scientifiques stimulantes avec leurs collègues Pauline Haas, Richard Huyghe et Pierre Le Goffic. Que ceux-ci en soient ici remerciés. Tous les exemples (repris verbatim ou légèrement modifiés) figurant dans le présent ouvrage sont empruntés à l’Encyclopædia Universalis. Les auteurs tiennent à remercier les éditions Encyclopædia Universalis, qui ont aimablement accordé à l’éditeur Ophrys les droits de reproduction de ces extraits (© Encyclopædia Universalis).

Ouvrage publié avec le soutien de l'École universitaire de recherche Translitteræ de l’École Normale Supérieure (programme Investissements d'avenir ANR‐10‐IDEX‐0001‐02 PSL* et ANR‐17‐EURE‐0025).



Symboles et abréviations

LISTE DES SYMBOLES ET ABRÉVIATIONS Symboles : [ ] (dans les tableaux introductifs « De l’idée au verbe » et dans les en-têtes des fiches) :

encadre une étiquette renvoyant à une idée générale, commune à deux verbes (par exemple : [devenir présent]) ‘ ’ encadre un type de nom (par exemple : un objet intellectuel de type ‘idéel’) (dans un exemple) :

encadre un titre d'ouvrage ou de film, une citation ou une expression en langue étrangère

introduit une précision figurant entre [ ] appelle l’attention sur une contrainte de la langue figurant entre [ ]

* (dans l’Introduction et, de façon générale, en linguistique) :

signale une impossibilité dans la langue considérée (une suite de mots non attestée, une construction non admise par la norme grammaticale, une collocation rejetée par les locuteurs,…)

* (dans les tableaux des fiches comparatives par couples de verbes) :

signale l’incompatibilité d’un verbe avec un type donné de N (par exemple l’incompatibilité entre se dégager et un état de type ‘situation de manque’) (dans les tableaux des fiches comparatives par couples de verbes) :

signale l’incompatibilité d’un verbe avec une catégorie donnée de N (par exemple l’incompatibilité entre se dégager et un processus) — (dans les tableaux des fiches comparatives par couples de verbes) :

signale une collocation nom-verbe possible, mais relevant d’un usage non prototypique

F (dans les fiches comparatives par couples de verbes) :

indique le (ou les) verbe(s) à choisir, en fonction d’un type donné de nom (par exemple, avec un objet intellectuel de type ‘issue’ comme solution F se dégager) => (dans les exercices) :

introduit le corrigé-type d’un exercice

Abréviations : Catégories de noms : E : état OI : objet institutionnel OS/I : objet social ou institutionnel P : processus PT : période de temps Autres abréviations : N : nom Qqch, qqch : quelque chose Qqn, qqn : quelqu’un 7



Introduction

INTRODUCTION 1. Pourquoi un Lexique raisonné du français académique ? Le présent ouvrage s’inscrit dans le domaine de l’enseignement du français langue étrangère sur objectifs universitaires (FOU), domaine où la question du lexique est encore peu explorée. Il a été conçu pour répondre à un besoin reconnu par les spécialistes de français langue étrangère en matière de maîtrise du lexique et, plus spécifiquement, des collocations entre verbes et noms. En effet, au-delà de l’acquisition de la terminologie disciplinaire, le besoin se fait sentir de maîtriser un lexique académique transdisciplinaire. Face à une question de lexique à résoudre, l’étudiant a principalement à sa disposition des dictionnaires classiques (version papier) et, en ligne, des dictionnaires électroniques, des bases de données lexicales, des « concordanciers » unilingues ou multilingues, des dictionnaires de traduction, des corpus numérisés (Linguee, Word Reference). Ces outils électroniques permettent, certes, de voir rapidement les verbes dans des contextes et sont parfois utiles pour résoudre un problème ponctuel (par exemple pour confirmer qu’un verbe est bien attesté avec tel nom), mais ils n’aident pas à distinguer les différences entre des verbes présentés comme quasi-synonymes, ni à comprendre pourquoi un verbe accepte tel ou tel type de nom. De son côté, un enseignant de français langue étrangère a souvent des difficultés à expliquer pourquoi les verbes proposés comme équivalents dans les outils disponibles ne peuvent se substituer les uns aux autres dans tous les contextes, pourquoi tel verbe, plutôt que tel autre, est appelé par le contexte. Ce lexique raisonné se distingue des manuels de vocabulaire existants en ce qu’il ne porte ni sur le vocabulaire de la vie sociale (comme par exemple le Vocabulaire progressif du français, niveau avancé) ni sur un vocabulaire spécialisé (comme le Vocabulaire du français des affaires), mais est consacré à des verbes employés dans les textes académiques relevant principalement des sciences humaines et sociales1. Les nombreux exemples donnés (environ 900 au total) sont des exemples authentiques, tous tirés – verbatim ou sous forme simplifiée – de l’Encyclopædia Universalis, qui constitue une référence en matière de rédaction académique. L’ouvrage a été conçu comme un outil permettant d’éviter le mésusage ou le suremploi de collocations verbo-nominales, fréquemment constatés dans les écrits des étudiants de français langue étrangère ou des étudiants français auxquels sont proposés des cours de remédiation à l’écrit, aucun manuel de ce type n’ayant été jusqu’ici consacré à cette question. Afin de faciliter la prise en mains de l’ouvrage par les enseignants et les étudiants, des pistes d’exploitation pédagogique sont proposées à la suite de la présente Introduction. Et chacune des trois grandes parties se termine par une série d’exercices dont les corrigés sont donnés sur le site de l’éditeur (www.ophrys.fr).

Le lecteur intéressé par l’écrit académique pourra se reporter à l’ouvrage de S. Garnier et A. Savage : Rédiger un texte académique, 2ème édition 2018, Paris : Ophrys (collection ‘L’Essentiel Français’).

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Introduction

2. Pourquoi le commencement, la continuation et la fin de l’existence ? Le choix a été fait de retenir des verbes qui tournent autour de grandes notions ayant trait aux trois principales phases de l’existence de quelque chose : le commencement, la continuation et la fin. Ce choix a été dicté par le fait que ces notions sont très souvent convoquées dans les textes académiques (un courant artistique prend forme, une tradition se perpétue, un idéal se maintient, un héritage perdure, un conflit prend fin, une théorie tombe dans l’oubli, etc.) et que les étudiants, même de niveau avancé, ne maîtrisent généralement pas la diversité ni la finesse des moyens d’expression correspondants. C’est pourquoi l’ouvrage s’attache tout à la fois : - à des constructions verbales connues des étudiants francophones (et dans une moindre mesure des étudiants allophones), parmi lesquelles il n’est cependant pas toujours évident de choisir (instaurer ou instituer les congés payés ? ; mettre fin ou mettre un terme aux troubles ?) - et à des constructions verbales moins connues, notamment dans leur usage académique (esquisser une théorie, enfanter la tyrannie), voire inconnues des étudiants (une idée se fait jour ; jeter les bases théoriques d’une discipline) - pour les aider à se familiariser avec le monde de la recherche. En décrivant les constructions verbales en usage dans les discours universitaires (pour lesquelles les outils à disposition ne sont souvent d’aucune aide), l’ouvrage a donc pour ambition de guider le choix des étudiants francophones ou allophones dans le large éventail des verbes ou des locutions verbales permettant d’exprimer chacune des trois grandes notions considérées. Les besoins des étudiants ont été étudiés au préalable, à partir d’une analyse de leurs productions portant sur des domaines variés (littérature, sciences politiques, histoire, civilisation, philosophie) et à partir de l’observation d’essais et d’articles scientifiques. Pour répondre à ces besoins, il était impératif de ne pas se limiter à lister les co-occurrents nominaux d’un verbe (sur le modèle de certains outils informatisés évoqués plus haut), mais de tenter d’expliciter les conditions dans lesquelles tel verbe ou telle locution verbale est compatible avec tel nom. Expliquer, par exemple, pourquoi un verbe comme se désagréger accepte (en fonction syntaxique de sujet) un nom comme structure, et pas un nom comme confiance ou tolérance : La structure sociale se désagrège peu à peu, mais non * La tolérance se désagrège peu à peu ; ou bien pourquoi jeter les bases de accepte (en fonction d’objet syntaxique) un nom comme parti, et pas un nom comme dynastie : Ce leader voulait jeter les bases d’un nouveau parti, mais non * Clovis voulait jeter les bases d’une nouvelle dynastie. Pour parvenir à élucider le mécanisme de ces compatibilités et incompatibilités, un long travail de recherche linguistique en amont a été nécessaire ; pour autant, la présentation de l’ouvrage s’est voulue simple et accessible, sans « jargon » technique dissuasif.

3. Comment s’expliquent les (in)compatibilités entre verbes et noms ? Lorsque l’on s’interroge sur les compatibilités et incompatibilités entre verbes et noms, il apparaît que celles-ci ne sauraient être décrites en termes binaires de co-occurrences acceptables ou non entre des unités lexicales, sans s’interroger préalablement sur le fonctionnement en contexte de ces unités. En conséquence, on ne peut pas se contenter de 10


Introduction

faire apprendre à un élève des listes de noms et de verbes en vis-à-vis présentés hors contexte. Pour comprendre (et faire comprendre) ce qui est en jeu, il est en effet nécessaire de prendre en compte un ensemble de phénomènes : l’appartenance possible de certains noms à plusieurs catégories, le fait que chaque verbe impose une facette (c’est-à-dire un point de vue particulier) sur les noms avec lesquels il est compatible, et le fait que certains types de noms sont plus prototypiques que d’autres pour un verbe donné. Illustrons ces différents points. Un même nom peut être catégorisé différemment et, corrélativement, appeler des verbes différents : dans La guerre se poursuit, le nom guerre désigne une activité (la guerre que l’on fait) et renvoie à la catégorie des processus dynamiques, alors que dans La guerre a perduré ce même nom peut, dans certains contextes, désigner une situation statique (l’état de guerre dans lequel on se trouve) et renvoyer à la catégorie des états. Un même nom est appréhendé sous des facettes sémantiques différentes selon le verbe avec lequel il est employé : une tradition qui perdure est vue sous l’angle de son ancrage solide, une tradition qui se perpétue sous l’angle d’un héritage transmis, une tradition qui survit sous l’angle de sa capacité à résister à l’usure du temps, une tradition que l’on pérennise sous l’angle de sa valorisation, etc. Ces différences de facettes sur un même nom sont, dans bien des cas, mises en évidence par le contexte de la phrase. Corrélativement, deux verbes réputés quasi-synonymes appellent, pour partie, les mêmes noms et, pour partie, des noms différents. Prenons un exemple : les verbes se conserver et se maintenir imposent respectivement, sur les noms avec lesquels ils s’emploient, la facette placé dans un environnement protecteur et la facette mesurable quant à son intensité ou sa quantité. Les noms qui peuvent être appréhendés sous l’une ou l’autre de ces deux facettes différentes acceptent donc les deux verbes : c’est le cas, par exemple, du nom langue. Ainsi, dans la phrase La langue basque s’est conservée dans cette région, la langue basque est considérée comme ayant continué à bénéficier d’un environnement protecteur ; et dans La langue basque s’est maintenue dans cette région, elle est considérée comme ayant continué à être pratiquée avec la même intensité. Par contre, les noms qui ne sont appréhendables que sous l’une des deux facettes n’acceptent que le verbe imposant cette facette. Cela explique que l’on puisse dire Ce manuscrit s’est bien conservé (pour signifier qu’il est resté tel quel, grâce à un environnement protecteur), mais pas * Ce manuscrit s’est bien maintenu (car un manuscrit ne peut être vu quant à une mesure d’intensité). Cela explique aussi, à l’inverse, que l’on puisse dire La royauté se maintient (pour signifier qu’elle reste aussi fortement implantée), mais pas * La royauté se conserve (car la royauté ne peut être vue à la manière d’un objet protégé par un environnement). À côté des incompatibilités absolues, il existe tout un dégradé de compatibilités plus ou moins fortes. Certains noms sont prototypiquement appelés par un verbe donné, d’autres non. Exemples : avec le verbe perdurer, des noms comme problème ou ambiguïté sont plus prototypiques (en fonction syntaxique de sujets) qu’un nom comme désaccord (qui pourtant, ne serait pas impossible) ; avec le verbe éliminer, des noms comme barrière ou concurrence sont plus prototypiques (en fonction syntaxique d’objets) que distinction (qui pourtant, ne serait pas impossible) ; etc. La prototypie d’une collocation verbo-nominale est fonction du degré d’affinité existant entre la facette imposée par le verbe sur le nom et le type sémantique qui peut être associé 11


Introduction

au nom (c’est-à-dire l’idée générale à laquelle renvoie ce nom). Plus l’affinité est forte, plus le nom est prototypique pour un verbe donné. Ainsi, dans le cas du verbe éliminer, l’affinité plus forte avec des noms comme barrière ou comme concurrence qu’avec un nom comme distinction s’explique par le fait que le verbe éliminer impose sur les noms la facette gênant ou nuisible ; or, un nom qui renvoie à l’idée d’obstacle (on parle d’une barrière infranchissable) ou à l’idée de rivalité (on parle d’une concurrence dommageable) est plus en affinité avec la facette gênant ou nuisible qu’un nom qui renvoie à l’idée de différence entre deux choses. De son côté, le nom distinction, qui renvoie justement à l’idée de différence entre deux choses, est plus en affinité avec le verbe supprimer qu’avec le verbe éliminer car supprimer impose la facette contesté par certains dans sa raison d’être (on parle d’une distinction infondée). D’où les choix théoriques qui ont été faits dans le présent ouvrage. L’idée même d’existence (et, par voie de conséquence, celles de commencement, de continuation et de fin de l’existence) y est abordée sous plusieurs angles. Exister peut en effet s’entendre comme signifiant : - être présent quelque part (existence dans l’espace), - être perceptible (existence pour autrui), - être en vie (existence en soi), - être dans un certain état (existence qualitative), - être en cours (existence dans le temps). En conséquence, les verbes qui sont étudiés relèvent, selon les cas, de l’une de ces perspectives. Cela est consigné par une étiquette notée entre [ ], qui renvoie à l’idée dite principale que recouvre le verbe. Par exemple, pour dire que quelque chose commence à être présent quelque part, on choisira un verbe recouvrant l’idée principale [devenir présent]. On aura ainsi le choix entre se dégager et se faire jour, qui se distinguent par une idée dite secondaire, à savoir respectivement : en se détachant au sein d’un tout et en se révélant progressivement au grand jour. Tous les verbes étudiés sont ainsi présentés (en termes d’idée principale et d’idée secondaire), dans les tableaux introductifs des sections intitulées De l’idée au verbe, correspondant respectivement aux séries Commencer, Faire commencer, Continuer, Faire continuer, Finir et Faire finir. De leur côté, les noms sont rangés dans quatre grandes catégories, à savoir : les objets (euxmêmes subdivisés en objets intellectuels et en objets sociaux ou institutionnels), les états, les processus et les périodes de temps2. Comme il a été dit plus haut à propos du nom guerre, un nom peut, dans certains cas, relever de plusieurs catégories différentes. Et chaque verbe confère un éclairage particulier aux noms avec lesquels il est compatible : c’est la facette spécifique qu’il leur impose. Pour rendre compte des (in)compatibilités entre verbes et noms, il ne suffit pas d’établir quelles catégories de noms sont acceptées ou rejetées par tel verbe. Il faut encore préciser, à l’intérieur de chacune des catégories de noms, quels sont les types de noms représentatifs d’un usage prototypique, c’est-à-dire ceux qui se prêtent le plus naturellement à être considérés sous la facette imposée par le verbe. Pour établir cette prototypie (sans pour autant tomber Cette catégorisation – complétée par les types de noms (au sein de chaque catégorie) appelés prototypiquement par chacun des verbes étudiés – s’avère suffisante pour répondre aux objectifs pédagogiques du présent ouvrage. Le lecteur intéressé par une approche linguistique plus fouillée et plus complète des typologies de noms pourra se reporter au n° 185 de la revue Langue française (dirigé par R. Huyghe) consacré aux typologies nominales.

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Introduction

dans des décomptes de fréquences, toujours délicats à interpréter), un certain nombre d’observations ont été effectuées, non seulement sur les exemples tirés de l’Encyclopædia Universalis, mais aussi sur divers articles scientifiques consultables sur le site Cairn.info des revues scientifiques en ligne, et en s’appuyant également sur les relevés de co-occurrences verbes-noms disponibles sur le site Les voisins de Le Monde. À l’intérieur de chacune des grandes catégories de noms, les types sémantiques ont été notés entre guillemets simples. Exemples : - les objets intellectuels de type ‘obstacle’ (comme barrière, obstacle,…) ou de type ‘rival’ (comme concurrence, mot étranger,…), en affinité avec la facette gênant ou nuisible conférée au nom par le verbe éliminer, - ou bien les objets intellectuels de type ‘différence’ (comme distinction, séparation, distance,…), en affinité avec la facette contesté par certains dans sa raison d’être conférée au nom par le verbe supprimer. Il est à noter qu’un même type de noms peut parfois être considéré sous plusieurs points de vue différents. Dans ce cas, les noms de ce type seront en emploi prototypique avec les verbes correspondant à ces différentes facettes. Ainsi un objet intellectuel de type ‘différence’ (comme distinction) peut-il être considéré sous les quatre points de vue suivants : - la facette contesté par certains dans sa raison d’être (on parle d’une distinction infondée, comme il a été dit plus haut), appelée par le verbe supprimer, - la facette (ayant été) pertinent ou justifié (on parle aussi d’une distinction pertinente), appelée par le verbe abolir, - la facette instaurant durablement une marque (on parle également d’une distinction marquée), appelée par le verbe s’effacer, - et la facette établissant un rapport nouveau entre des humains ou des choses (on parle encore d’une distinction inédite), appelée par le verbe instaurer. Le nom distinction sera donc en emploi prototypique avec quatre verbes : supprimer, abolir, s’effacer et instaurer. Le type sémantique est, dans la plupart des cas, associé à l’unité lexicale seule, que celleci soit simple (comme barrière, concurrence ou distinction) ou complexe (comme congés payés, couvre-feu ou arrêt de travail). Mais dans quelques cas, le type sémantique ne peut être déterminé qu’au niveau du groupe nominal dans son ensemble : ainsi l’objet intellectuel de type ‘tracé schématique’ de quelque chose est-il illustré par grands traits de qqch, grandes lignes de qqch ; de même mot étranger correspond à un objet intellectuel de type ‘rival’ (alors que le nom mot seul correspond à un objet intellectuel de type ‘élément linguistique’). On remarquera enfin qu’un même nom peut, dans certains cas, correspondre à plusieurs types sémantiques. Ainsi le nom ville est-il considéré comme un objet social ou institutionnel : - de type ‘institution’, lorsqu’il s’emploie avec le verbe fonder qui impose la facette destiné à être reconnu socialement, - et de type ‘lieu de regroupement d’animés’, lorsqu’il s’emploie avec les verbes survivre, dépérir et anéantir, qui imposent respectivement les facettes : - capable de résister à des attaques ou à l’usure du temps, - ayant une certaine vitalité, - dont l’existence même est en question. 13


Introduction

L’ensemble des informations concernant les catégories de noms, les types de noms prototypiques pour chacun des verbes et les facettes imposées sur les noms par les différents verbes, se trouve rassemblé dans les tableaux récapitulatifs des sections intitulées Du nom au verbe, correspondant respectivement aux séries Commencer, Faire commencer, Continuer, Faire continuer, Finir et Faire finir. La liste complète des différents types de noms retenus à l’intérieur de chacune des grandes catégories (objets, états, processus, périodes de temps) est donnée dans le Glossaire à la fin de l’ouvrage. Dernière précision : c’est évidemment l’état actuel du registre académique en français contemporain que l’ouvrage entend décrire, et non son évolution au fil des années (même si, par exemple à l’occasion du couple instaurer-instituer, une courte note évoque une modification de fréquence respective des deux verbes depuis le début du XXe siècle).

4. Comment présenter les collocations verbo-nominales ? L’enseignement du lexique, qui constitue l’objectif didactique de l’ouvrage, a conduit à proposer, non seulement une description verbe par verbe, mais aussi une comparaison des verbes deux à deux, afin de les contraster et de mettre en lumière les différences de facettes qu’ils impriment sur les noms. L’ouvrage comporte donc deux sortes de fiches : d’une part, des fiches individuelles de verbes (d’une page chacune) consacrées à chacun des verbes étudiés et, d’autre part, des fiches comparatives par couples de verbes (de plusieurs pages) consacrées à la comparaison de deux verbes. Les fiches individuelles de verbes ont la structure suivante : - une courte définition du sens du verbe dans la construction considérée (suivie, le cas échéant, de précisions complémentaires, du genre ajout possible de prépositions, d’adverbes,…), avec un ou deux exemples représentatifs, - une caractérisation de la facette sémantique imposée par le verbe, - l’indication de la (ou des) catégorie(s) de noms acceptée(s) par le verbe (objet, état, processus, période de temps), - au sein de chaque catégorie, la liste des types de noms en usage prototypique avec ce verbe, illustrés par quelques noms, - une courte série d’exemples illustratifs des collocations verbo-nominales prototypiques proposées. Les fiches comparatives par couples de verbes, consacrées à la comparaison entre deux verbes ont, quant à elles, la structure suivante : - un rappel des facettes imposées sur le nom par chacun des deux verbes, - un tableau reprenant les grandes catégories de noms, les différents types de noms exclus ou acceptés (en usage prototypique ou non) soit avec les deux verbes, soit avec un seul des deux verbes, - des exemples, accompagnés de gloses et de commentaires qui éclairent les raisons de choisir l’un ou l’autre verbe dans le contexte considéré. Les choix qui ont été faits appellent quelques remarques. Concernant tout d’abord le choix des verbes (52 au total) : il s’agit à l’évidence d’un petit sous-ensemble des verbes du français susceptibles d’exprimer le commencement, la continuation ou la fin de l’existence 14


Introduction

de quelque chose. La liste des verbes et des couples de verbes traités est donnée dans l’Index des verbes figurant à la fin de l’ouvrage. On remarquera que certains de ces verbes sont ce que l’on appelle parfois des « locutions verbales » (se faire jour, voir le jour, prendre naissance, jeter les bases de, tomber dans l’oubli, etc.), moins visibles dans un dictionnaire et plus difficiles à acquérir pour un étudiant. Quelques suggestions pour élargir le point de vue à d’autres verbes que ceux étudiés dans le présent ouvrage sont proposées au lecteur dans les sections intitulées De l’idée au verbe ainsi que dans le Glossaire (sous les différents types de noms). Il convient par ailleurs de noter qu’il ne s’agit pas à proprement parler de verbes, mais plutôt de constructions verbales. En effet, ce n’est pas la totalité des emplois d’un verbe donné qui est étudiée, mais seulement l’une de ses constructions possibles. Ainsi, à propos du verbe fonder, seule la construction qqn fonde qqch est prise en compte (exemple : Fermat a fondé la géométrie analytique), alors que la construction qqn fonde qqch sur qqch (exemple : Les médecins fondent de grands espoirs sur cette thérapie) et la construction qqch fonde qqch (exemple : La prohibition de l’inceste fonde la culture) sont exclues de l’étude. De même, à propos du verbe demeurer, seule la construction absolue qqch demeure est traitée (exemple : Les problèmes demeurent), alors que la construction attributive (exemple : L’issue demeure incertaine), beaucoup plus fréquente au demeurant, est exclue de l’étude. En conséquence, la question de la polysémie des verbes n’est pas traitée dans l’ouvrage3. On remarquera enfin que rien n’est dit sur le rôle des temps verbaux ou de la voix (c’est la voix active qui, de fait, a été privilégiée), ni sur les nominalisations : pour importantes que soient ces informations, leur prise en compte systématique aurait conduit à une étude dépassant très largement le volume du présent ouvrage. Quant au choix des couples de verbes (26 au total), le regroupement deux à deux sous une même idée principale vise à aider l’étudiant à choisir entre des verbes proches, même si la sélection de ces couples comporte une certaine part d’arbitraire. Les verbes auraient pu être appariés différemment : on aurait pu, par exemple, regrouper subsister et survivre sous une idée principale [décompte de ce qui reste]. Qui plus est, il n’est pas rare que certains verbes se situent à la frontière entre deux idées principales et se laissent malaisément ranger sous une étiquette unique : ainsi survivre, qui participe à la fois de l’idée de [rester vivant] et de celle de [rester résistant], ou bien se dégager, qui est à la frontière entre [devenir présent] et [devenir perceptible]. Concernant le choix des noms (un peu plus de 400 au total), plusieurs précisions s’imposent également. Tout d’abord, compte-tenu du registre académique choisi, il est clair qu’un certain nombre de catégories et de types de noms sont, sinon totalement exclus de la présente étude, du moins présents de façon seulement marginale : ainsi les entités humaines, les objets matériels, les lieux, etc. La liste alphabétique de tous les noms traités, avec en regard la liste des verbes qu’ils acceptent en collocation prototypique, est donnée dans l’Index des collocations noms-verbes figurant à la fin de l’ouvrage. On remarquera ensuite qu’un certain nombre d’informations concernant les noms font l’objet de simples remarques au passage, mais n’ont pas été prises en compte de façon Le lecteur intéressé par l’ensemble des constructions syntaxiques d’un verbe donné et/ou par la polysémie des verbes pourra se reporter à l’ouvrage de L-S. Florea et C. Fuchs : Dictionnaire des verbes du français actuel : constructions, emplois, synonymes, 2010, Paris : Ophrys (collection ‘L’Essentiel Français’).

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Introduction

systématique : c’est le cas, par exemple, du rôle des déterminants et du nombre (singulier ou pluriel). On notera, par ailleurs, qu’au titre des facettes imposées sur les noms par les verbes, figurent certaines connotations : les unes sont négatives (ce qui perdure est généralement quelque chose de dommageable, ce que l’on engendre est le plus souvent quelque chose de négatif,…), les autres sont positives (ce qui tombe dans l’oubli est quelque chose qui a été valorisé par une communauté) ou remarquables (ce que l’on enfante est quelque chose qui a des caractéristiques hors du commun). Enfin, il convient d’insister sur le fait que le classement des noms en catégories et en types ne vise qu’à donner un certain nombre de repères à l’étudiant pour comprendre le fonctionnement des collocations en contexte, mais ne doit en aucun cas être compris comme reflétant une catégorisation pré-établie et intangible du monde, qui enfermerait les realia dans des cloisonnements étanches.

En guise de conclusion : quelles ouvertures ? Le présent ouvrage vise un public large. Par-delà les spécialistes de linguistique, d’un côté, et tous les amoureux du français, de l’autre, il s’adresse en effet tout particulièrement : - aux étudiants de français langue seconde (du niveau de compétence B2 au niveau C) inscrits dans des cours universitaires enseignés en français en France ou à l’étranger (1er, 2e ou 3ème cycle), - aux étudiants de français langue maternelle ayant besoin d’enrichir leur lexique transversal, - aux enseignants de français langue étrangère, de communication écrite ou orale, ou de cours de remédiation à l’écrit, - aux traducteurs et enseignants de traduction. L’ouvrage ambitionne de donner à tous les clés nécessaires et suffisantes, non seulement pour mettre en œuvre des connaissances sur les verbes étudiés, mais aussi pour acquérir une démarche d’analyse et d’apprentissage du lexique transférable à d’autres sous-domaines sémantiques. C’est donc la méthode qui est ici essentielle : comprendre que les verbes et les noms sont, comme toutes les autres unités de la langue, des unités à la fois données par la langue et labiles en discours : c’est pourquoi leur mise en fonctionnement conjoint en contexte construit une configuration particulière résultant de forces d’attraction (compatibilités plus ou moins fortes, selon le degré de prototypie) et de forces de répulsion (incompatibilités). C’est ce jeu des forces convergentes ou antagonistes qui est essentiel et qu’il s’agit d’appréhender ; or, pour ce faire, aucun classement statique et rigide n’est adéquat. D’où les étapes centrales du travail : épingler l’éclairage particulier (la facette) que chaque verbe impose aux noms avec lesquels il s’emploie, puis chercher quelles catégories de noms peuvent, ou non, supporter cette facette et, à l’intérieur de chaque catégorie, quels types particuliers de noms se prêtent (à des degrés divers) à être éclairés par la facette. Un tel travail ne saurait se faire sans de minutieuses observations d’exemples authentiques, tirés de corpus homogènes et représentatifs, afin de recueillir le maximum d’indications contextuelles susceptibles de relayer la facette considérée. C’est dans cette direction que les auteurs du présent ouvrage souhaitent entraîner les lecteurs, en les incitant à construire à leur tour, sur d’autres sous-domaines sémantiques, des études similaires. Si de telles suites voient le jour, alors le pari aura été réussi.

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Pistes d'exploitation

PISTES D’EXPLOITATION Le contexte de production académique suppose une grande précision lexicale, qui repose sur la maîtrise d’un lexique qu’il n’est pas toujours facile d’acquérir ni d’enseigner. Pour résoudre les problèmes de mésusage, de suremploi ou d’imprécision lexicale, voici quelques idées d’utilisation de ce livre à usage des étudiants et des enseignants.

1. Auto-apprentissage (étudiant) Lorsqu’on est un étudiant de langue maternelle française ou un étudiant étranger ayant atteint un niveau avancé dans une langue, il n’est pas toujours facile de savoir comment améliorer son expression, et notamment sa maîtrise du lexique. Comme il a été dit plus haut, les outils disponibles en ligne, notamment les bases lexicales utiles ponctuellement, ne sont pas une aide suffisante à la correction, ni un moyen d’apprendre à maîtriser le lexique académique transdisciplinaire. Les quelques propositions qui suivent visent à vous aider à naviguer dans le présent ouvrage, inédit dans sa forme et son contenu, en fonction de vos difficultés et besoins.

1.1. Emploi de faux équivalents d’une langue à l’autre Deux verbes graphiquement (quasi)équivalents dans plusieurs langues (ex : français persister vs. anglais (to) persist) ne le sont pas toujours sémantiquement, et sont rarement totalement compatibles avec les mêmes noms. Pour éviter les transpositions erronées d’une langue à l’autre : • Au moment de rédiger, vous pouvez vérifier qu’un verbe qui ne semble pas a priori poser de

problème s’emploie bien avec le nom que vous avez choisi.

Par exemple, vous voulez traduire If the disagreement persists,… par Si le désaccord persiste,…. Vous vérifiez dans la fiche du verbe persister la compatibilité entre ce verbe et le nom désaccord, et votre choix de verbe se trouve confirmé. En revanche, si vous voulez traduire Attacks on civilians persist, vous constaterez dans la fiche individuelle ou dans la fiche comparative que attaques ne peut pas s’employer avec le verbe persister. Vous pouvez ensuite chercher dans le glossaire avec quel verbe s’emploie attaques, par exemple se poursuivre. • Pour

systématiser, vous pouvez sélectionner dans la Table des matières les verbes français transparents par rapport à votre langue (ou dans une langue seconde que vous maitrisez), puis vous reporter à la fiche individuelle de ces verbes pour connaître les noms avec lesquels ils sont compatibles, et enfin vous entraîner à créer des phrases.

1.2. Suremploi de verbes génériques Le suremploi de verbes génériques (comme continuer, rester ou conserver) sont sources de confusions ou d’imprécision dans les productions des étudiants.

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Pistes d'exploitation

Pour éviter les confusions liées au suremploi de verbes, vous pouvez vous reporter à la fiche comparative correspondant au verbe qui vous pose problème. Par exemple, si vous avez écrit : La BCE cherche à conserver l’équilibre macro-économique de la zone euro, la fiche comparative conserver – maintenir vous apprendra que le verbe maintenir appelle des noms comme équilibre. Si vous employez trop souvent un verbe comme rester, qui ne figure pas dans la liste des verbes étudiés dans le présent ouvrage, vous pouvez vous reporter à l’Index. Par exemple, si vous avez écrit : Des traces du XIXe siècle restent dans Paris, vous chercherez dans l’Index le nom trace et vous constaterez qu’il peut s’employer avec le verbe subsister. Pour réduire les imprécisions, vous pouvez constituer à partir de vos écrits la liste des verbes que vous employez trop souvent (faire, dire, avoir, continuer,…). Le présent ouvrage vous aidera pour les verbes exprimant le commencement, la continuation ou la fin de l’existence. Par exemple, si vous employez trop souvent Qqch continue, il faut tout d’abord vous demander si vous voulez dire que qqch continue à être présent quelque part, ou à être perceptible, ou en vie, ou dans un certain état, ou enfin à être en cours (voir, dans la Deuxième Partie, la section intitulée Continuer : De l’idée au verbe). Cette première étape permet de réduire le nombre de verbes possibles. Si vous voulez exprimer l’idée que « qqch continue à être présent quelque part », vous voyez (à l’aide de la Table des matières) que deux verbes sont proposés (demeurer, subsister). Les fiches individuelles et la fiche comparative vous aideront ensuite à connaître les conditions d’emploi de ces deux verbes. Les exercices situés en fin de volume vous permettront de vous entraîner à les maitriser.

1.3. Enrichir son lexique : du lexique passif au lexique actif Réutiliser dans ses propres productions des verbes qui ne posent pas de problème de compréhension demande un travail d’observation et d’entraînement. Un des moyens d’enrichir votre lexique actif est de relever les verbes que vous ne connaissez pas ou que vous employez rarement mais que vous entendez souvent dans des contextes académiques (cours, conférences, émissions radio par des spécialistes, etc.). Avant de pouvoir les réutiliser, il vous faudra apprendre à les employer. Par exemple, si vous entendez ou lisez des phrases comme Ce qui se dégage de cette situation, c’est…, ou Le système de santé se désagrège, même si vous en devinez le sens, il peut être difficile de passer de l’écoute au réemploi. Les fiches individuelles ainsi que les fiches comparatives vous aideront à comprendre le fonctionnement et l’usage de se dégager et de se désagréger. Vous pourrez enfin tester vos connaissances à l’aide des exercices proposés à la fin de chacune des trois grandes parties de l’ouvrage, dont les corrections sont disponibles sur le site de l’éditeur.

1.4. Affiner sa compréhension Pour les étudiants de langue maternelle française ou les étudiants étrangers de niveau avancé, comprendre l’idée portée par les verbes réunis dans cet ouvrage pose peu de problème de compréhension globale. Cependant, pour être capable de saisir les nuances de sens et les intentions des auteurs, une maîtrise plus fine de ces verbes est nécessaire. Les 18


Pistes d'exploitation

fiches comparatives, dans lesquelles sont présentés des exemples accompagnés de gloses, ont pour objectif de préciser l’éclairage que chaque verbe confère aux noms avec lesquels il est compatible. Par exemple, comme il est montré dans la fiche comparative de se dégager – se faire jour, le même nom idée est accepté par les deux verbes, mais avec se dégager l’idée est vue quant à son importance, et avec se faire jour quant au changement qu’elle introduit. Cette différence de point de vue est soulignée dans les gloses entre crochets commentant chaque extrait : Deux idées majeures se dégagent du livre ‘The Earth as Modified by Human Action’, publié en 1874 par George Perkins Marsh : l’homme est bel et bien devenu une force géologique et, en l’absence d’une réflexion préalable et d’une certaine forme de retenue, les modifications induites par l’homme peuvent lui être néfastes. [les deux idées en question, contenues dans le livre de Marsh, s’imposent du fait de leur importance : elles sont qualifiées de majeures]

Si les modèles anciens sont louables, c’est qu’aux yeux des académiques du XVIIIe siècle ils actualisent un ordre parachevé de la nature. Peu à peu se fera jour l’idée que le détour par l’antique peut être économisé par une référence attentive à l’anatomie.

[l’idée d’observer attentivement l’anatomie de modèles vivants, qui va progressivement apparaître, introduira un changement dans la pratique artistique : les artistes n’auront plus à copier, comme jusque-là, les modèles antiques]

2. Exploitation pédagogique (enseignant) Ce livre met les étudiants en position de comprendre, par l’observation en contexte et l’analyse, les conditions d’emploi de verbes exprimant le commencement, la continuation et la fin de l’existence. Les propositions d’activités suivantes visent à illustrer cette démarche et à accompagner l’enseignant dans sa mise en œuvre.

2.1. Explication du lexique dans un texte (compréhension écrite) L’enseignant peut, à l’occasion de la lecture d’un texte, poser des questions sur la construction et le sens d’un verbe, avant d’approfondir l’analyse par l’observation des exemples du livre. Par exemple, la première phase consisterait à faire observer dans le texte étudié la construction verbale qqch tomber dans l’oubli, comme dans l’extrait suivant : Au XVIe siècle, la plupart des commentateurs admirent chez Bosch, non sans dégoût parfois, tant d’invention et de fantaisie. Mais l’engouement passé, son œuvre tombe dans l’oubli.

Il peut poser aux étudiants des questions du type : a) quel est le sujet de ce verbe ? ; b) estce que ce sujet est un objet social ou intellectuel ? ; c) quel est l’environnement du verbe ? (la plupart des commentateurs admirent, engouement = grande réputation) ; d) pourraiton employer tomber dans l’oubli avec un adverbe du type brutalement (pour préparer la comparaison avec se perdre) ? La deuxième phase consisterait en une comparaison entre divers contextes d’emploi de ce verbe à partir des exemples de la fiche individuelle, de manière à permettre aux étudiants de dégager, sur la base de cette observation, le sens du verbe et les types de N sujet avec lesquels il est compatible. L’enseignant pourra s’appuyer sur la fiche individuelle pour guider 19


Pistes d'exploitation

les étudiants. La séance peut être prolongée par la comparaison avec le verbe se perdre, avec lequel tomber dans l’oubli est contrasté (voir fiche comparative), et par les exercices situés à la fin de l’ouvrage.

2.2. Remédiation Le point de départ de l’étude du lexique peut aussi être des productions d’étudiants. Par exemple, l’enseignant a relevé les erreurs suivantes : 1. Il met une fin à la guerre. 2. Cette tradition demeure. 3. Il continue son discours. L’enseignant commence d’abord par identifier le type d’erreur : - (ex 1) : un problème sur la construction verbale (*mettre une fin vs. mettre fin) - (ex 2) : une erreur dans le choix du verbe : demeurer est employé à la place de subsister ; l’enseignant peut repartir de la fiche comparative pour faire apparaître le fait que demeurer (en emploi absolu) ne peut s’employer avec tradition, à la différence de subsister. - (ex 3) : un cas de suremploi : continuer son discours vs. poursuivre son discours. Le retour sur le relevé d’erreurs permettra à l’enseignant d’insister sur la prise en compte de la compatibilité N-V et le rôle du contexte qui appelle tel verbe.

2.3. Structuration du lexique Enfin, l’enseignant peut prévoir une séquence complète consacrée au lexique. Dans ce dernier cas, il choisit par exemple les verbes exprimant l’idée que « qqch continue » avec l’objectif de faire contraster les verbes deux à deux, à partir des exemples donnés dans les fiches comparatives. Il commence par montrer à partir d’un couple de verbes (ex. : demeurer et subsister) comment mener cette analyse contrastive : identifier l’idée principale commune ([rester présent]), puis l’idée secondaire propre à chacun des deux verbes (demeurer = rester en place alors que l’environnement se modifie ; subsister = rester présent dans un contexte de disparition ou de destruction) ; identifier les catégories de noms compatibles (ce qui demeure = un état ou un objet ; ce qui subsiste = un état ou un objet) ; préciser le point de vue imposé par chaque verbe sur ces noms (ce qui demeure = un état ou un objet solidement ancré quelque part ; ce qui subsiste = un état ou un objet entier ou diminué). Dans un deuxième temps, l’enseignant répartit les étudiants par groupes en donnant à chacun d’eux un couple de verbes à analyser sur le même modèle. Après avoir utilisé la fiche comparative de demeurer-subsister comme support à son analyse, il distribue une fiche comparative vierge à chaque groupe, qui sera chargé de la remplir. Enfin, la séance se termine par une mise en commun, qui sera l’occasion pour l’enseignant d’insister de nouveau sur les étapes de l’analyse et les questions à se poser (Quelle idée principale ? Quelle idée secondaire ? Quelle catégorie de N ? Quel éclairage ?). La séquence peut être prolongée par les exercices proposés en fin d’ouvrage, qui reposent sur des comparaisons de verbes, et qui visent à souligner les propriétés propres à chacun. 20


Pistes d'exploitation

Un autre type de séquence entièrement consacrée au lexique peut se développer autour d’un mot clé dans une discipline ou dans le monde académique (par exemple : processus, crise, évolution pour l’histoire, régime, doctrine pour les sciences politiques). Certains mots clés peuvent en effet servir de base à une séquence de Français sur Objectifs Universitaires, ciblée pour un public spécifique, dans une filière ou un ensemble de filières donnée(s). Il s’agira de lister les verbes compatibles avec ce mot clé (voir Index des collocations noms-verbes) et, pour chacune des phases de l’existence (commencement, continuation et/ou fin) de préciser les éclairages conférés aux noms par chacun des verbes. Ces quelques pistes d’exploitation montrent que l’enseignant peut partir d’un verbe, d’un couple de verbes ou encore d’un nom pour développer une séquence, et que la navigation dans l’ouvrage sera fonction de son objectif.

21



PREMIÈRE PARTIE LES CONSTRUCTIONS VERBALES EXPRIMANT L’IDÉE DE COMMENCEMENT Sommaire 1

2

3

4

5

6

7

8

9

1. Commencer : De l’idée au verbe (Tableau introductif )............................................................................................................ 24 2. Commencer : Fiches individuelles de verbes...................................................................................................................................................... 27 Quelque chose se dégage ....................................................................................................................................................................................................................................................................... 28 Quelque chose se fait jour .................................................................................................................................................................................................................................................................. 29 Quelque chose se dessine ...................................................................................................................................................................................................................................................................... 30 Quelque chose se profile ........................................................................................................................................................................................................................................................................ 31 Quelque chose voit le jour ................................................................................................................................................................................................................................................................. 32 Quelque chose prend naissance ................................................................................................................................................................................................................................................ 33 Quelque chose prend corps ............................................................................................................................................................................................................................................................... 34 Quelque chose prend forme ............................................................................................................................................................................................................................................................ 35 Quelque chose s’amorce ........................................................................................................................................................................................................................................................................ 36 Quelque chose démarre ........................................................................................................................................................................................................................................................................ 37 3. Commencer : Fiches comparatives par couples de verbes..................................................................................................... 39 Quelque chose se dégage ou Quelque chose se fait jour ? .................................................................................................................................................................. 40 Quelque chose se dessine ou Quelque chose se profile ? ....................................................................................................................................................................... 46 Quelque chose voit le jour ou Quelque chose prend naissance ? ......................................................................................................................................... 50 Quelque chose prend corps ou Quelque chose prend forme ? ................................................................................................................................................... 56 Quelque chose s’amorce ou Quelque chose démarre ? ......................................................................................................................................................................... 60 4. Commencer : Du nom au verbe (Tableaux récapitulatifs) .................................................................................................. 65 5. Faire commencer quelque chose : De l’idée au verbe (Tableau introductif ) ..... 70 6. Faire commencer quelque chose : Fiches individuelles de verbes ................................................ 73 Instaurer quelque chose ....................................................................................................................................................................................................................................................................... 74 Instituer quelque chose .......................................................................................................................................................................................................................................................................... 75 Esquisser quelque chose ........................................................................................................................................................................................................................................................................ 76 Ébaucher quelque chose ......................................................................................................................................................................................................................................................................... 77 Engendrer quelque chose ................................................................................................................................................................................................................................................................... 78 Enfanter quelque chose ......................................................................................................................................................................................................................................................................... 79 Jeter les bases de quelque chose ................................................................................................................................................................................................................................................. 80 Fonder quelque chose ............................................................................................................................................................................................................................................................................... 81 7. Faire commencer quelque chose : Fiches comparatives par couples de verbes......... 83 Instaurer quelque chose ou Instituer quelque chose ? .......................................................................................................................................................................... 84 Esquisser quelque chose ou Ébaucher quelque chose ? ....................................................................................................................................................................... 88 Engendrer quelque chose ou Enfanter quelque chose ? .................................................................................................................................................................... 92 Jeter les bases de quelque chose ou Fonder quelque chose ? ......................................................................................................................................................... 96 8. Faire commencer quelque chose : Du nom au verbe (Tableaux récapitulatifs) ....101 9. Commencer, Faire commencer : Exercices .......................................................................................................................................... 105


De l'idée au verbe

Commencer

1. COMMENCER : DE L’IDÉE AU VERBE Ainsi qu’il a été dit dans l’Introduction, l’existence de quelque chose (objet, état ou processus) peut se concevoir de différentes façons. Exister peut s’entendre comme signifiant être présent quelque part (existence dans l’espace), ou être perceptible (existence pour autrui), ou bien être en vie (existence en soi), ou encore être dans un certain état (existence qualitative), ou enfin être en cours (existence dans le temps). En conséquence, l’idée de commencement de l’existence de quelque chose peut, elle aussi, se concevoir dans ces différentes perspectives. Commencer à exister peut donc s’entendre comme signifiant : (1) commencer à être présent quelque part (2) commencer à être perceptible (3) commencer à être en vie (4) commencer à être dans un certain état (5) commencer à être en cours. Lorsque l’on cherche un verbe pour dire que quelque chose commence à exister, on a en tête une idée principale, qui correspond peu ou prou à l’une de ces cinq perspectives. Le choix d’un verbe donné suppose que l’on affine ensuite cette idée principale à l’aide d’une idée secondaire, qui spécifie la façon particulière dont l’idée principale est mise en œuvre. Le tableau introductif ci-contre présente, à propos des dix verbes ici retenus, le cheminement de l’idée principale à l’idée secondaire, permettant de sélectionner le verbe adéquat. Dans la première colonne du tableau figurent cinq idées principales, illustrant les cinq perspectives évoquées plus haut. Par convention, ces cinq idées principales sont désignées par les étiquettes suivantes (notées entre crochets droits pour insister sur le fait qu’il s’agit de notions, et non pas de verbes de la langue) : (1) [devenir présent] (2) [devenir perceptible] (3) [naître] (4) [se constituer] (5) [débuter]. Ces étiquettes ne sont que des aide-mémoires permettant de regrouper des verbes de sens plus ou moins proche selon les cas, qui se distinguent les uns des autres par une idée secondaire (notée dans la deuxième colonne du tableau). Par souci de clarté, le choix fait ici consiste à ne présenter, à propos de chaque idée principale, que deux verbes (qui seront étudiés chacun au § 2, puis contrastés au § 3). Mais il va de soi que bien d’autres verbes auraient pu être retenus. À titre d’exemple, voici quelques verbes qui pourraient également faire l’objet d’une étude similaire : (1) [devenir présent] : émerger, jaillir, se détacher, s’imposer, surgir, s’instaurer, s’instituer, survenir,… (2) [devenir perceptible] : apparaître, paraître, transparaître, se manifester, se montrer, se révéler, s’ébaucher, s’esquisser,… (3) [naître] : venir au monde, naître,… (4) [se constituer] : se former, s’élaborer, s’édifier, se constituer,… (5) [débuter] : s’engager, se mettre en route, se mettre en marche, débuter,… 24


Commencer

De l'idée au verbe

Idée principale que vous voulez exprimer (1) [Devenir présent]

(2) [Devenir perceptible]

(3) [Naître]

(4) [Se constituer]

(5) [Débuter]

Idée secondaire que vous voulez exprimer

Verbe à employer

en se détachant au sein d’un tout

se dégager

en se révélant progressivement au grand jour

se faire jour

en se laissant progressivement appréhender

se dessiner

sans se montrer ouvertement

se profiler

à l’issue d’un processus préparatoire

voir le jour

en s’enracinant quelque part

prendre naissance

en prenant consistance

prendre corps

en se structurant

prendre forme

en entrant progressivement dans le cours de son développement

s’amorcer

en entrant ponctuellement en action

démarrer

TABLEAU INTRODUCTIF

25


De l'idée au verbe

Faire commencer

5. FAIRE COMMENCER : DE L’IDÉE AU VERBE Ainsi qu’il a été dit dans l’Introduction, l’existence de quelque chose (objet, état ou processus) peut se concevoir de différentes façons. Exister peut s’entendre comme signifiant être présent quelque part (existence dans l’espace), ou être perceptible (existence pour autrui), ou bien être en vie (existence en soi), ou encore être dans un certain état (existence qualitative), ou enfin être en cours (existence dans le temps). En conséquence, l’idée de faire commencer (quelque chose) à exister peut, elle aussi, se concevoir dans ces différentes perspectives. Faire commencer à exister peut donc s’entendre comme signifiant : (1) faire commencer à être présent quelque part (2) faire commencer à être perceptible (3) faire commencer à être en vie (4) faire commencer à être dans un certain état (5) faire commencer à être en cours. Lorsque l’on cherche un verbe pour dire que l’on fait commencer à exister (quelque chose), on a en tête une idée principale, qui correspond peu ou prou à l’une de ces cinq perspectives. Le choix d’un verbe donné suppose que l’on affine ensuite cette idée principale à l’aide d’une idée secondaire, qui spécifie la façon particulière dont l’idée principale est mise en œuvre. Le tableau introductif ci-contre présente, à propos des huit verbes ici retenus, le cheminement de l’idée principale à l’idée secondaire, permettant de sélectionner le verbe adéquat. Dans la première colonne du tableau figurent quatre idées principales, illustrant les perspectives évoquées plus haut (à l’exception de la cinquième). Par convention, ces idées principales sont désignées par les étiquettes suivantes (notées entre crochets droits pour insister sur le fait qu’il s’agit de notions, et non pas de verbes de la langue) : (1) [mettre (qqch) en place] (2) [rendre (qqch) perceptible] (3) [donner naissance à (qqch)] (4) [construire (qqch)]. Ces étiquettes ne sont que des aide-mémoires permettant de regrouper des verbes de sens plus ou moins proche selon les cas, qui se distinguent les uns des autres par une idée secondaire (notée dans la deuxième colonne du tableau). Par souci de clarté, le choix fait ici consiste à ne présenter, à propos de chaque idée principale, que deux verbes (qui seront étudiés chacun au § 6, puis contrastés au § 7). Mais il va de soi que bien d’autres verbes auraient pu être retenus. À titre d’exemple, voici quelques verbes qui pourraient également faire l’objet d’une étude similaire : (1) [mettre (qqch) en place] : établir qqch, installer qqch, implanter qqch, mettre qqch en place,… (2) [rendre (qqch) perceptible] : faire apparaître qqch, manifester qqch, révéler qqch, mettre qqch au jour, dessiner qqch, profiler qqch, camper qqch, tracer qqch,,… (3) [donner naissance à (qqch)] : faire naître qqch, générer qqch, donner le jour à qqch, susciter qqch, donner vie à qqch, accoucher de qqch, donner naissance à qqch,… (4) [ construire (qqch)] : donner corps à qqch, donner forme à qqch, former qqch, constituer qqch, entreprendre qqch, élaborer qqch,… (5) [faire débuter (qqch)] (non illustré ici) : engager qqch, mettre qqch en marche, débuter qqch, démarrer qqch, amorcer qqch, déclencher qqch, enclencher qqch, entamer qqch,… 70


Faire commencer

De l'idée au verbe

Idée principale que vous voulez exprimer (1) [Mettre (qqch) en place]

(2) [Rendre (qqch) perceptible] (3) [Donner naissance à (qqch)]

(4) [Construire (qqch)]

Idée secondaire que vous voulez exprimer

Verbe à employer

en le mettant en vigueur

instaurer qqch

en l’imposant officiellement comme statutaire

instituer qqch

en le traçant rapidement dans ses grandes lignes

esquisser qqch

en l’élaborant de façon sommaire

ébaucher qqch

en le produisant comme un résultat

engendrer qqch

au terme de son élaboration

enfanter qqch

en en concevant les tout premiers éléments constitutifs

jeter les bases de qqch

en le créant dans le champ institutionnel ou intellectuel à un moment donné

f fonder qqch

TABLEAU INTRODUCTIF

71


6. FAIRE CONTINUERÂ : FICHES INDIVIDUELLES DE VERBES


Perpétuer

Faire continuer [Garder vivant]

PERPÉTUER quelque chose = Faire durer quelque chose, en le reproduisant ou en le pratiquant à travers le temps (1) 1.  De nos jours encore, des groupes indigènes vivant dans les Andes du Nord perpétuent les traditions culturelles des Taironas, dont ils sont considérés comme les descendants directs.

CE QUE l’on perpétue = un objet ou un état repris du passé •  un objet social ou institutionnel : –  (de type ‘objet d’une pratique collective’) : tradition, savoir-faire, héritage,… (1)

type ‘empreinte mémorielle’ de qqch ou de qqn) : souvenir, mémoire, image, nom,… (2) –  (de type ‘mode d’organisation sociale ou politique’) : structure, système,… (3) –  (de

•  un objet intellectuel : –  (de type ‘type artistique’) : style, modèle,… (4) •  un état : –  (de type ‘relation’) : lien, relation,… (5)

2.  Le rhapsode perpétue la mémoire religieuse et historique de son peuple, relatant les faits et gestes des héros mythiques avant que celle-ci ne soit fixée par l’écriture. 3.  La réélection triomphale de Gouled, en 1987, avec près de 91% des suffrages exprimés, tout comme le scrutin destiné à renouveler l’Assemblée nationale, fermée à toute opposition, perpétuent un système d’immobilisme politique à Djibouti. 4.  Le peintre Corot perpétue un style international qui vise à imposer sa manière d’envisager l’ordre politique et social comme si la Révolution française n’avait pas existé. 5.  Au XVIe siècle, la peinture de genre perpétue ses liens avec la tradition allégorique et moralisante dont elle est issue.

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Faire continuer [Garder vivant]

Pérenniser

PÉRENNISER quelque chose = Faire durer quelque chose, en assurant sa permanence à travers le temps (1) 1.  Profitant en priorité aux acteurs russes les plus influents du système, la rente pétrolière a pérennisé les positions acquises, tout en limitant les incitations à la modernisation économique.

CE QUE l’on pérennise = un objet ou un état très valorisé •  un objet social ou institutionnel : –  (de type ‘avantage acquis’) : statut, droit, position,… (1)

–  (de type ‘mode d’organisation sociale ou politique’) : structure, système, financement,… (2) –  (de type ‘objet d’une pratique collective’) : tradition, héritage, savoir-faire,… (3)

type ‘empreinte mémorielle’ de qqch ou de qqn) : souvenir, mémoire, image, nom,… (4)

–  (de

•  un état : –  (de type ‘relation’) : lien, relation,… (5)

2.  En 1977, Jane Goodall crée l’institut Jane Goodall pour la recherche, l’éducation et la conservation de la nature. Elle souhaite ainsi promouvoir la recherche sur les grands singes et pérenniser le financement du centre de Gombe. 3.  L’Académique espagnole de Vienne et le Cadre noir de Saumur pérennisent, à leur manière, la tradition d’un art équestre dont La Guérinière fut au XVIIIe siècle l’un des initiateurs. 4.  Le Mémorial de Caen, musée inauguré en 1988, pérennise le souvenir de la guerre et en appelle à la paix. 5.  Certains mathématiciens parviennent à pérenniser les liens établis entre les armées et l’université, en exposant des méthodes de résolution de problèmes dont l’impact sur les questions de logistique, tant militaires qu’industrielles, sera majeur.

167


Table des matières

TABLE DES MATIÈRES Remerciements Liste des symboles et abréviations Introduction Pistes d’exploitation

5 7 9 17

PREMIÈRE PARTIE : LES CONSTRUCTIONS VERBALES EXPRIMANT L’IDÉE DE COMMENCEMENT 28

29

30

1. Commencer : De l’idée au verbe (Tableau introductif )

24

2. Commencer : Fiches individuelles de verbes

27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 39 40 46 50 56 60 65

[Devenir présent] [Devenir présent] [Devenir perceptible] [Devenir perceptible] [Naître] [Naître] [Se constituer] [Se constituer] [Débuter] [Débuter] 31

3. Commencer : Fiches comparatives par couples de verbes [Devenir présent] [Devenir perceptible] [Naître] [Se constituer] [Débuter]

32

33

34

35

36

37

Quelque chose se dégage Quelque chose se fait jour Quelque chose se dessine Quelque chose se profile Quelque chose voit le jour Quelque chose prend naissance Quelque chose prend corps Quelque chose prend forme Quelque chose s’amorce Quelque chose démarre Quelque chose se dégage ou Quelque chose se fait jour ? Quelque chose se dessine ou Quelque chose se profile ? Quelque chose voit le jour ou Quelque chose prend naissance ? Quelque chose prend corps ou Quelque chose prend forme ? Quelque chose s’amorce ou Quelque chose démarre ?

4. Commencer : Du nom au verbe (Tableaux récapitulatifs)

5. Faire commencer quelque chose : De l’idée au verbe (Tableau introductif ) 70 6. Faire commencer quelque chose : Fiches individuelles de verbes

73 [Mettre qqch en place] Instaurer quelque chose 74 [Mettre qqch en place] Instituer quelque chose 75 [Rendre qqch perceptible] Esquisser quelque chose 76 [Rendre qqch perceptible] Ébaucher quelque chose 77 [Donner naissance à qqch] Engendrer quelque chose 78 [Donner naissance à qqch] Enfanter quelque chose 79 [Construire qqch] Jeter les bases de quelque chose 80 [Construire qqch] Fonder quelque chose 81 7. Faire commencer quelque chose : Fiches comparatives par couples de verbes 83 [Mettre qqch en place] Instaurer quelque chose ou Instituer quelque chose ? 84 [Rendre qqch perceptible] Esquisser quelque chose ou Ébaucher quelque chose ? 88 [Donner naissance à qqch] Engendrer quelque chose ou Enfanter quelque chose ? 92 [Construire qqch] Jeter les bases de quelque chose ou Fonder quelque chose ? 96 8. Faire commencer quelque chose : Du nom au verbe (Tableaux récapitulatifs) 101

9. Commencer, Faire commencer : Exercices

105 315


Table des matières

DEUXIÈME PARTIE : LES CONSTRUCTIONS VERBALES EXPRIMANT L’IDÉE DE CONTINUATION 38

39

40

1. Continuer : De l’idée au verbe (Tableau introductif )

116

2. Continuer : Fiches individuelles de verbes

119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 131 132 136 142 148 152 157

[Rester présent] [Rester présent] [Rester vivant] [Rester vivant] [Rester tel quel] [Rester tel quel] [Tenir bon] [Tenir bon] [Être encore en cours] [Être encore en cours] 41

3. Continuer : Fiches comparatives par couples de verbes [Rester présent] [Rester vivant] [Rester tel quel] [Tenir bon] [Être encore en cours]

42

43

44

5. Faire continuer quelque chose : De l’idée au verbe (Tableau introductif ) 162 6. Faire continuer quelque chose : Fiches individuelles de verbes

8. Faire continuer quelque chose : Du nom au verbe (Tableaux récapitulatifs)

165 166 167 168 169 170 171 173 174 178 184 187

47

9. Continuer, Faire continuer : Exercices

191

316

Perpétuer quelque chose Pérenniser quelque chose Conserver quelque chose Maintenir quelque chose Poursuivre quelque chose Prolonger quelque chose

7. Faire continuer quelque chose : Fiches comparatives par couples de verbes [Garder qqch vivant] [Garder qqch tel quel] [Garder qqch en cours]

46

Quelque chose demeure ou Quelque chose subsiste ? Quelque chose survit ou Quelque chose se perpétue ? Quelque chose se conserve ou Quelque chose se maintient ? Quelque chose perdure ou Quelque chose persiste ? Quelque chose se poursuit ou Quelque chose se prolonge ?

4. Continuer : Du nom au verbe (Tableaux récapitulatifs)

[Garder qqch vivant] [Garder qqch vivant] [Garder qqch tel quel] [Garder qqch tel quel] [Garder qqch en cours] [Garder qqch en cours] 45

Quelque chose demeure Quelque chose subsiste Quelque chose survit Quelque chose se perpétue Quelque chose se conserve Quelque chose se maintient Quelque chose perdure Quelque chose persiste Quelque chose se poursuit Quelque chose se prolonge

Perpétuer quelque chose ou Pérenniser quelque chose ? Conserver quelque chose ou Maintenir quelque chose ? Poursuivre quelque chose ou Prolonger quelque chose ?


Table des matières

TROISIÈME PARTIE : LES CONSTRUCTIONS VERBALES EXPRIMANT L’IDÉE DE FIN 48

49

50

1. Finir : De l’idée au verbe (Tableau introductif )

202

2. Finir : Fiches individuelles de verbes

4. Finir : Du nom au verbe (Tableaux récapitulatifs)

205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 217 218 222 226 230 234 237

5. Faire finir quelque chose : De l’idée au verbe (Tableau introductif )

240

[Cesser d’être présent] [Cesser d’être présent] [Cesser d’être perceptible] [Cesser d’être perceptible] [Cesser d’être vivant] [Cesser d’être vivant] [Cesser d’être consistant] [Cesser d’être consistant] [Se terminer] [Se terminer] 51

3. Finir : Fiches comparatives par couples de verbes [Cesser d’être présent] [Cesser d’être perceptible] [Cesser d’être vivant] [Cesser d’être consistant] [Se terminer]

52

53

54

56

57

Quelque chose se perd ou Quelque chose tombe dans l’oubli ? Quelque chose se dissipe ou Quelque chose s’efface ? Quelque chose dépérit ou Quelque chose s’éteint ? Quelque chose s’effrite ou Quelque chose se désagrège ? Quelque chose touche à sa fin ou Quelque chose prend fin ?

6. Faire finir quelque chose : Fiches individuelles de verbes

243 244 245 246 247 248 249 250 251 7. Faire finir quelque chose : Fiches comparatives par couples de verbes 253 [Faire disparaître qqch] Éliminer quelque chose ou Supprimer quelque chose ? 254 [Annihiler qqch] Éradiquer quelque chose ou Anéantir quelque chose ? 258 [Rendre qqch caduc] Abroger quelque chose ou Abolir quelque chose ? 262 [Faire cesser qqch] Mettre fin à quelque chose ou Mettre un terme à quelque chose ? 266 8. Faire finir quelque chose : Du nom au verbe (Tableaux récapitulatifs) 271 [Faire disparaître qqch] [Faire disparaître qqch] [Annihiler qqch] [Annihiler qqch] [Rendre qqch caduc] [Rendre qqch caduc] [Faire cesser qqch] [Faire cesser qqch]

55

Quelque chose se perd Quelque chose tombe dans l’oubli Quelque chose se dissipe Quelque chose s’efface Quelque chose dépérit Quelque chose s’éteint Quelque chose s’effrite Quelque chose se désagrège Quelque chose touche à sa fin Quelque chose prend fin

Éliminer quelque chose Supprimer quelque chose Éradiquer quelque chose Anéantir quelque chose Abroger quelque chose Abolir quelque chose Mettre fin à quelque chose Mettre un terme à quelque chose

9. Finir, Faire finir: Exercices Glossaire des termes renvoyant au classement des noms Index des verbes Index des collocations noms-verbes Table des matières

275 285 297 299 315

317



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