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Eric FREYSSELINARD Agrégé d’espagnol (option catalan) Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris Ancien élève de l’ENA
Grammaire et vocabulaire du
Catalan Deuxième édition revue et augmentée
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Également aux éditions Ophrys, du même auteur Ser y estar, Dictionnaire d’usage du verbe être en espagnol, 2013 Cet ouvrage comporte une règle complète, des exercices et un lexique de quelque cinq mille adjectifs et participes espagnols pour lesquels l’usage du verbe être est indiqué avec plus de cinq mille exemples. Les 3 500 Mots essentiels (espagnol), 2016 Le Mot et l’Idée. Espagnol 2, 2017 L’espagnol par la presse, 2013, avec Jacques Caro. Grammaire de l’espagnol contemporain, 2015 Et, chez d’autres éditeurs Albert Lebrun, le dernier président de la IIIe République, Belin, 2013, 592 p. Comment la IIIe République a sombré (journal de Marguerite Lebrun - août 1939-juillet 1940), PUN, 2018, 340 p. Journal de guerre de Marguerite Lebrun, épouse du dernier président de la IIIe République (juillet 1940-octobre 1947), Presses universitaires de Grenoble, 2019, 516 p. Un décor pour la République : le château de Vizille dans les années 1920 et 1930, Lyon, Fage, 2011, avec Alain Chevalier et Bénédicte Freysselinard.
Suivi éditorial : Nathalie LOISEAU Maquette et Couverture : Daphné BELT
ISBN : 978-2-7080-1580-7
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, selon les termes de l’art. L. 122-5, § 2 et 3a, d’une part, que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que « les analyses et courtes citations » dans un but d’exemple ou d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droits ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanc- tionnée par les dispositions pénales des art. L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. © Éditions Ophrys, 2020 Éditions OPHRYS, 5, avenue de la République, 75011 PARIS www.ophrys.fr
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«L’obra cabdal de la renaixença del nostre poble ha estat la de forjar una llengua que fos l’instrument adequat per al desenvolupament de la cultura catalana.» Pompeu Fabra, Diccionari de citacions catalanes, R. Vallverdú i Raimon Pavia (Edicions 62).
L’œuvre fondamentale de la renaissance de notre peuple a été la construction d’une langue adaptée au développement de la culture catalane.
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PRÉFACE À LA DEUXIÈME ÉDITION Dix-huit ans après la publication de ma grammaire et vocabulaire, j’ai eu le plaisir de la reprendre. J’ai enrichi la grammaire de plusieurs points grammaticaux, comme l’expression du temps, du lieu, des quantités, la traduction de certaines conjonctions et locutions, l’usage de certains verbes, j’en ai revu d’autres comme les deux verbes être, et je l’ai nourrie d’environ 400 exemples tirés des meilleurs auteurs. Au total, la grammaire double de volume. En ce qui concerne le vocabulaire, en revanche, je n’ai presque pas fait de changements, en dehors du vocabulaire informatique. J’ai enfin ajouté, pour la grammaire comme pour le lexique, un index qui m’avait été demandé par des lecteurs attentifs. Quelle différence entre le catalan que j’entendais quand je commençais à l’apprendre en 1980, pendant mes études d’espagnol à la Sorbonne, plein de castillanismes et d’incorrections linguistiques, avec la langue d’aujourd’hui, plus savante, même si elle a perdu quelques mots qui en faisaient son charme (esguardar,…). Je ne remercierai jamais assez mes maîtres d’alors, par ordre chronologique, Maria Buira, Denise Boyer, Marie-Claire Zimmermann, Montserrat Prudhon, et maintenant l’actuelle directrice, Mònica Güell, qui continue à diriger avec dynamisme le centre d’études catalanes de la Sorbonne. Je dois une particulière reconnaissance à Eduard i Immaculada Rosés qui m’accueillirent chez eux pour le deuxième congrès de la langue catalane en 1986 et qui sont devenus des amis. Je me souviens aussi avec émotion des cours pour étudiants étrangers que j’avais pu suivre, deux étés de suite, à Barcelone, à l’Institut d’Estudis Catalans, avec sa secrétaire-bibliothécaire qui était toujours aux petits soins pour nous, Montserrat Martí i Bas, des professeurs comme Antoni Maria Badia i Margarit et sa fille ou encore Joan Triadú, de la visite de l’abbaye de Montserrat avec le père Marc Taxonera. Jordi Pujol nous recevait même en son Palais. Tous m’ont donné l’amour du catalan. Je voudrais, pour finir, remercier mon ami Raimon Pavia Segura, que j’ai encore mis à contribution pour la présente édition, ainsi que ma femme Bénédicte pour améliorer certaines traductions. Je souhaite beaucoup de plaisir mais aussi de courage aux étudiants pour appréhender les nombreuses complexités et finesses de cette grande langue. Eric FREYSSELINARD
IV • GRAMMAIRE ET VOCABULAIRE DU CATALAN
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PRÉFACE À LA PREMIÈRE ÉDITION DE 2002 Le catalan est aujourd’hui, de nouveau, une langue reconnue. Parlé par plus de sept millions de personnes (sur dix millions d’habitants et une superficie de 58 000 km2), dans les régions de Barcelone et de Valence et aux Baléares, dans les Pyrénées-Orientales et dans l’Alguer (Sardaigne) et, enfin, en Andorre (60 000 personnes), où il est la seule langue officielle, le catalan est la dixième langue traduite au monde, ce qui montre l’ouverture sur les autres, qu’il a toujours eue. Le catalan est une langue romane. Le latin vulgaire de l’Hispanie romaine finit de se dégrader avec la disparition de l’Empire romain au Ve siècle avant de lui donner naissance : les premiers mots connus de cette langue, écrits au milieu de textes latins, datent du IXe siècle. Le terme de catalan apparaît à la fin du XIe siècle et celui de Catalogne au XIIe. C’est l’époque où les comtes de Barcelone s’imposent aux autres nobles, dominant tout le Languedoc et la Provence (léguant à cette dernière son drapeau), et deviennent rois d’Aragon, avant d’ajouter à leurs territoires, au XIVe siècle, les Baléares et Valence, Naples, la Sardaigne et la Sicile. Le XIIe siècle nous lègue les Homilies d’Organyà et, au XIIIe, Ramon Llull, qui voulait convertir au catholicisme les peuples d’Afrique du Nord, écrit son œuvre religieuse (notamment, le Libre d’Amic e Amat), encore considérée aujourd’hui comme le premier écrit philosophique en langue romane. Le XIVe, siècle de conquêtes, nous lègue les grandes chroniques, mais aussi les œuvres de Vicent Ferrer et Bernat Metge. Après la guerre, vient l’âge d’or de la littérature catalane, au XVe, avec le poète valencien Ausiàs March et le romancier, Joanot Martorell, auteur de l’imposant Tirant lo Blanc, que Don Quichotte épargne du feu quand il brûle tous les mauvais romans. La Catalogne est donc au Moyen Age une grande puissance, qui inspire le droit maritime en Méditerranée avec le Llibre del Consolat de Mar. Mais, dès le XIIIe siècle, après la défaite de Muret en 1213, la Catalogne se retire au sud et connaît une chute démographique au XIVe siècle. Trois éléments vont précipiter cette décadence : le mariage de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle la Catholique en 1469, qui tire le pouvoir vers Madrid ; le double héritage de leur petit-fils, Charles Quint, qui hérite des deux couronnes ; la fermeture de l’Amérique aux Catalans provoquée par le monopole de Séville. Ce dépérissement s’accélère avec l’arrivée de Philippe V qui, au début du XVIIIe siècle, met fin au caractère officiel du catalan par le décret de Nova Planta. Ces quatre siècles d’isolement économique et politique affaiblissent le catalan sans le faire disparaître. La Renaixença, au XIXe siècle, à une époque où toutes les nations redécouvrent leur passé à travers l’école du romantisme, va voir fleurir les œuvres littéraires. Citons, en particulier, Aribau («A la Pàtria»), les Jocs Florals et le poète Jacint Verdaguer («L’Atlàntida», «Canigó»), le romancier Narcís Oller (La febre d’or), le dramaturge Àngel Guimerà (Terra baixa), puis, avec le Modernisme au début du XXe siècle, le poète Joan Maragall (Cant espiritual), le peintre et romancier Santiago Rusiñol (L’auca del senyor Esteve) et, dans les années qui suivent, le Noucentisme avec Eugeni d’Ors, Josep Carner et Josep Pla. Franco, deuxième personnage de l’histoire à interdire le catalan en Espagne après Philippe V, ne peut empêcher la résistance catalane de se développer, notamment par l’action de l’abbaye de Montserrat et de sa revue Serra d’Or. Les écrivains restent nombreux dans cette période : Carles Riba, Foix, Espriu (Cementiri de Sinera), Mercè Rodoreda (Plaça del Diamant), le Majorquin Llorenç Villalonga (Bearn). Préface • V
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Cette renaissance du catalan, nous la devons au peuple catalan qui a su, à travers les siècles, garder sa langue. Nous la devons, bien sûr, aux écrivains qui, au XIXe et au XXe siècle, ont repris avec vigueur l’usage de cette langue, aux grammairiens qui, comme Pompeu Fabra, l’ont codifiée pendant la première moitié de ce siècle, pour lui redonner la rigueur et la force qu’elle avait perdues, et aux précurseurs de l’Institut d’Estudis Catalans, l’Académie de la langue catalane. La vitalité de la langue a aussi été portée par de grands artistes, comme les architectes Antoni Gaudí, Oriol Bohigas ou Ricard Bofill, les peintres Pablo Picasso, Joan Miró, Salvador Dalí ou Antoni Tàpies, la cantatrice Montserrat Caballé ou le violoncelliste Pau Casals, les compositeurs Isaac Albéniz ou Enric Granados. Cette place du catalan a été voulue par les hommes politiques qui ont cherché à lui donner force de loi, Prat de la Riba, Francesc Cambó, Lluís Companys, Francesc Macià, Josep Tarradellas, président de la Généralité en exil de 1954 à 1977, et, finalement, Jordi Pujol qui, grâce à la compréhension de Juan Carlos et d’Adolfo Suárez, a su avec talent lui donner un statut et une pratique moderne. Mais c’est aussi grâce à la puissance économique et financière de la Catalogne et à son appropriation par la classe dirigeante de Barcelone que le catalan a pu dominer la Méditerranée au Moyen Age avant de reconquérir ses lettres de noblesse à l’époque contemporaine. Quoi que l’on pense de la structure institutionnelle que doivent adopter les Etats, fédérale en Allemagne, ‘autonomique’ en Espagne, décentralisée en France, qui est le fruit avant tout de l’histoire et de l’esprit de chaque peuple, et non de calculs rationnels, une langue est toujours richesse et culture, ouverture sur l’autre et non fermeture, tolérance et non sectarisme. C’est peut-être parce que les Catalans l’ont compris plus que d’autres peuples que leur langue existe toujours avec tant de force et de vigueur. Le paradoxe de la langue est qu’elle naît de la confusion, mais qu’elle croît dans l’ordre. Si le catalan, comme le français ou l’espagnol, est né, c’est que, pendant plusieurs siècles, des populations illettrées ont parlé sans contrôle le latin de leurs envahisseurs, en le confondant avec leur parler propre qui peu à peu disparut, en en ignorant les règles de syntaxe et de morphologie. On l’oublie trop souvent dans les querelles linguistiques sur les ‘patois’ et ‘dialectes’ : l’anarchie fait disparaître ou éclater une langue. Et l’une des principales tâches de Pompeu Fabra a été de choisir entre les variantes dialectales afin de redonner une unité au catalan. Une langue naît sans règle ni orthographe ; elle ne survit qu’avec le dictionnaire et la grammaire. Le défi d’une langue est d’évoluer sans disparaître. La fin de l’empire romain a conduit à la mort du latin. Aujourd’hui, le catalan doit survivre, confronté à la concurrence de deux autres grandes langues romanes, le français et le castillan, dans un contexte européen où il n’a pas droit de cité et où l’anglais s’impose de plus en plus dans les institutions communautaires comme la langue du nivellement et de l’uniformité alors qu’il est, à son origine, langue de culture. Pour cette raison, nous avons choisi de présenter le catalan en parallèle avec le français et le castillan. Les risques de confusion en effet ne manquent pas : acostar-se (s’approcher) et acostarse (se coucher), cama (jambe) et cama (lit), llevar-se (se lever) et llevarse (emmener), llegar (léguer) et llegar (arriver), sentir (sentir ; entendre) et sentir (sentir), cuidar (vx croire) et cuidar (veiller), mesar (pousser, un arbre) et mesar (tirer les cheveux), venda (vente) et venda (bande) ; ou encore, respectar, respetar et respecter, consciència, conciencia et conscience, truita (omelette — cast. tortilla et truite — cast. trucha), paella (poêle). La syntaxe ne manque pas non plus de pièges, qu’il s’agisse de la distinction entre per a et para, entre sóc a Barcelona et estoy en Barcelona ou de l’accord du participe passé. Le catalan que j’ai découvert à la Sorbonne pendant mes études d’espagnol est une langue belle et riche. Proche du français ou de l’occitan par son orthographe, du portugais par sa phonétique et sa phonologie, ayant des points communs avec des éléments de syntaxe d’autres langues romanes, le catalan est pourtant d’une étonnante originalité. Il se distingue de toutes les autres langues romanes tant dans sa prononciation qui est unique que dans son orthographe (la lettre l.l), son vocabulaire, d’une rare richesse, dont ce lexique de cinq mille mots ne présente qu’un bien mince échantillon, ou sa syntaxe qui l’a conduit, par exemple, dès ses débuts, à créer le passé périphrastique (vam anar), qui s’est ajouté au passé littéraire (anàrem).
VI • GRAMMAIRE ET VOCABULAIRE DU CATALAN
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Je remercie les éditions Ophrys qui ont immédiatement accepté ce projet d’ouvrage. Mes remerciements vont aussi à tous mes professeurs de catalan du centre d’études catalanes de l’université de Paris-IV-Sorbonne qui m’ont donné l’amour de cette langue. Ma gratitude va enfin et surtout à mes amis barcelonais Eduard Rosés et Immaculada Sala, rencontrés lors du deuxième congrès de la langue catalane en 1986 auquel la Généralité de Catalogne avait invité quelques étudiants de la Sorbonne. Ils m’ont accueilli, seul puis en famille, m’ont fait connaître et aimer leur beau pays, et ont fait beaucoup pour mon apprentissage de la langue. Je les remercie d’avoir relu et corrigé cet ouvrage ainsi que Raimon de P. Pavia i Segura, linguiste catalan, dont les nombreuses observations ont beaucoup apporté au livre. Eric FREYSSELINARD
Préface • VII
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ABRÉVIATIONS ET SYMBOLES adj. angl Barc. cast. Cat. cat. Esp. esp. ex. fam. fém. fig. fig. et s. pr. fr. gall. IEC ind. inf. intr. inv. jur. litt. m. méd. NA not. p. ex. péj. pl. p.p. prép. qqch. qqn s. s. pr. sg. spéc. subj. tr. Val. vulg. vx
adjectif anglicisme Barcelone castillan Catalogne catalan Espagne espagnol exemple familier féminin figuré sens figuré et sens propre français gallicisme Diccionari de l’Institut d’Estudis Catalans indicatif infinitif intransitif (sans complément d’objet) invariable juridique littéraire masculin médical non admis par l’Institut dans son Diccionari de la llengua catalana (1995) notamment par exemple péjoratif pluriel participe passé préposition quelque chose quelqu’un substantif, nom sens propre singulier spécialement, plutôt subjonctif transitif (qui peut avoir un complément d’objet) Valence vulgaire vieux, désuet
VIII • GRAMMAIRE ET VOCABULAIRE DU CATALAN
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LES SYMBOLES UTILISÉS ➤ Phonétique (sur le modèle du catalan oriental, comprenant notamment Barcelone) [¶]
lettre muette (eu français)
[è]
e ouvert (e) et accentué
[ò]
o ouvert et accentué
[é]
e fermé et accentué
[ó]
o fermé et accentué
[g]
prononciation du ll catalan (français travailler)
[l’l]
lettre catalane l·l (français il l’a mis)
[h]
prononciation du ny catalan (français agneau)
[g]
g dur (français guerre)
[ ]
g fricatif (français girafe)
[ò]
ix ou i catalan (français char)
[s]
s sourd (français sourd)
[z]
s sonore (français rose)
➤ Accentuation L’ouverture de la voyelle tonique est indiquée entre crochets : el vaixell [é], el rumor [ór]. Pour les verbes, c’est soit l’ouverture de la voyelle du radical qui est indiquée (coure [ò]), soit sa prononciation dans la conjugaison : defensar [è] [d¶f¶nsá] => defenso [d¶fènsu]. Une lettre entre parenthèses peut être prononcée selon l’usage du locuteur : resolt [ò-(t)] Une mention située uniquement dans la colonne de droite s’applique aux trois langues : el llindar el umbral le seuil (s. pr. et fig.) La terminaison -et, -eta, -esa est généralement ouverte et les terminaisons -ent, -er, -or fermées sauf dans les infinitifs (haver, poder,...) : l’oreneta [è] - la violeta [è] - la torreta [è] - la glorieta [è] la puresa [è] - la solidesa [è] - la duresa [è] - l’estupidesa [è] aliment [é] - esment [é] - esdeveniment [é] - accident [é] Les terminaisons -ell et -eu sont hésitantes : el vaixell [é] - el pas a nivell [é] - el cervell [é] - el turmell [é] - la pell [é] mais els cabells [è] - el consell [è] - el rovell [è] el relleu [é] - breu [é] mais el peu [è] - arreu [è] Les infinitifs du type seure [è], coure [ò] sont ouverts.
Abréviations et symboles • IX
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Certains mots comportent deux accents toniques : la reraguarda [é-á]
➤ Conjugaison Les verbes irréguliers sont suivis dans le lexique d’un rappel de leur principale irrégularité avec renvoi éventuel au paragraphe correspondant : ex. atrevir-se (x 1). Les verbes irréguliers ne relevant pas d’une famille renvoient aussi à leur conjugaison : ex. fer (23). Afin d’éviter la multiplication de ces renvois, seule la première occurrence du verbe dans un chapitre est accompagnée d’un renvoi. Les modifications orthographiques ne sont pas signalées dans le lexique : ex. menjo, menges.
➤ Ponctuation La virgule sépare les synonymes placés par ordre croissant d’usage : faltar, mancar, fer falta. Le point-virgule ou la barre oblique entre deux mots au lieu d’une virgule indique qu’il s’agit de sens différents : simpàtic, gentil ; trempat. La barre oblique sépare des mots différents : la virtut / el vici. Les caractères gras attirent l’attention sur les syllabes ou les orthographes difficiles : beneficiar-se de. Les parenthèses indiquent généralement que ce qu’elles contiennent peut être enlevé ou maintenu : ex. (des)content [é] = (mé)content ; el (sub)títol = le (sous-)titre. Les parenthèses servent aussi à expliquer les différents sens : la subscripció (à un journal) ; l’abonament (m.) (terme général). Les parenthèses indiquent pour certains mots l’étymologie ou l’origine : ensorrar(-se) [ó] (fig.) (de sorra = sable). Les parenthèses avec le signe égal servent à indiquer la deuxième signification d’un mot : ex. la il·lusió (f.) (= illusion).
X • GRAMMAIRE ET VOCABULAIRE DU CATALAN
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GRAMMAIRE DU CATALAN
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Chapitre 1
ORTHOGRAPHE
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LA PRONONCIATION LES VOYELLES Leur prononciation dépend de leur degré d’ouverture. Le catalan possède huit phonèmes vocaliques (a, ¶, é, è, ó, ò, u, i) contre seulement cinq pour le castillan (a, e, o, u, i) mais seize pour le français (u, i, y, a, â, ó, ò, é, è, ¶ dans le, e fermé de jeu, e ouvert de cœur, nasales an, on, un, in).
➤ I et U Les voyelles fermées i et u se prononcent toujours [i] et [u] (1) : minúscul [minúskul] (2).
➤O Le o se prononce [u] quand il est atone : horrible [urríbbl¶], sortir [surtí]. Quand il est tonique, on le prononce de façon fermée comme dans le français orange ou ouverte comme dans le français moche. En présence d’un accent, la distinction est simple ; sinon, il faut l’apprendre ou la sentir. Avec accent écrit : córrer (courir) - la intenció (intention) ; l’arròs (riz) - immòbil (immobile) Sans accent écrit : molt [ó] (beaucoup) - la vergonya [ó] (honte) - sobre [ó] (sur) - tot [ó] (tout) - les potes [ò] (pattes) - el camperol [ò] (paysan) Certaines désinences sont toujours fermées comme -or, dont le r final se prononce parfois. la por [ó] (peur) - la tendror [ó] (tendresse) - l’autor [ó] (auteur) - l’amor [ór] (amour) - inferior [ó(r)] (inférieur)
➤ E et A Le e tonique se prononce aussi de façon ouverte ou fermée selon les mots. Avec accent écrit : bé (bien) - només (seulement) ; competència (compétence) - per (parce que) Sans accent écrit : fet [é] (fait) - el vaixell [é] (bateau) ; aquest [è] (celui-ci) - vermell [è] (rouge) Le a se prononce a quand il est tonique : ignorant [ig’nurán] (ignorant) ; arrancar [¶rr¶nká] (démarrer). En catalan oriental (Baléares, Roussillon et Catalogne orientale — dont Barcelone), le a et le e atones ont la même prononciation sourde, intermédiaire entre le phonème français ouvert de il meurt et le phonème fermé de premier. estava [¶stáb¶] (il était) - petit [p¶tít] (petit) - acabar [¶k¶bá] (finir) - així [¶òí] (ainsi) Cette prononciation atone conduit à des élisions. La casa que havies [k¶bí¶s] vist era maca (La maison que tu avais vue était jolie). Le catalan des régions Ouest, comme à Valence, prononce le e atone comme un é. Mais la prononciation dépend aussi du locuteur et du mot. La diphtongaison est étudiée après la partie consacrée aux accents toniques. 1. Le [u] correspond au ‘ou’ français comme dans courage. 2. Les lettres en caractères gras signalent les syllabes toniques, prononcées plus fortement. 4 • GRAMMAIRE DU CATALAN
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LES CONSONNES ➤ B et V Comme en castillan, le b et le v se prononcent généralement b bien que la prononciation [v] soit possible, notamment dans un registre savant ou à Tarragone, Valence et dans les Baléares. Ils se prononcent plus faiblement en position intervocalique : tirava. Le b final, placé après un m, ne se prononce pas : tomb [tóm] (tour). Le b final de amb se prononce devant une voyelle, quoique souvent il reste muet par incorrection. amb la casa [¶m] (avec la maison) - amb ells [¶mbégs] (avec eux)
➤ C et S Le s intervocalique est sonore et le double s est sourd, comme en français. la rosa [rròz¶] (rose) - la casa (maison) ; passar (passer) - la massa (masse, pâte) Le s qui suit une consonne est sourd. pensar (penser) - polsós (poussiéreux) - capsa (boîte) sauf les dérivés de fons et dins : enfonsar [¶mfunzá] (enfoncer) - endinsar [¶ndinzá] (enfoncer) De même, le s final fait liaison (enllaç) sonore avec le mot suivant. els avis [¶lzábis] (grands-pères) - les àvies [l¶zábi¶s] (grands-mères) Le s de aquest ne se prononce pas devant une consonne ou comme pronom. aquest [¶kèt] vaixell (ce bateau) - aquest [¶kèt] (celui-ci) aquest [¶kèst] home (cet homme) Le c suit le même usage qu’en français et se prononce [k] devant a, o et u et comme un s sourd devant e et i ainsi que, avec une cédille (ce trencada), devant a, o et u. córrer (courir) - la cua (queue) el cementiri (cimetière) - el cinema (cinéma) la força [ò] (force) - la cançó (chanson) - feliç (heureux) - forçut (robuste) Le g et le c sont muets après un n. doncs [dòns] (donc)
➤ D et T Le d et le t ne se prononcent pas en fin de mot après n ou l. profund [prufún] (profond) - malalt [m¶lál] (malade) - intel·ligent (intelligent) - atent (attentif) Les groupes rds et rts se prononcent faiblement ou s’éludent. De même, on dit dimarts [dimárs] (mardi). Le d ne se prononce pas dans perds (tu perds). Le t intermédiaire ne se prononce pas, mais renforce le phonème qu’il accompagne. evidentment [¶bidmmén] (évidemment) - la ratlla [rrágg¶] (trait) - sotmetre [summètr¶] (soumettre)
Orthographe • 5
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Le d et le t en fin de mot se prononcent comme un t dans les autres cas, notamment pour les groupes rd et rt. l’agilitat (agilité) - menjat (mangé) - càndid [kán-dit] (ingénu) - verd [bèrt] (vert) - port [pòrt] (port) Le t final de vint ou de sant doit se prononcer devant une voyelle, même si la liaison est souvent oubliée par erreur dans ce second cas. vint-i-dos [í-ó] (vingt-deux) - Sant Pere [è] (Saint Pierre) - Sant Antoni [ò] (Saint Antoine) - Sant Hipòlit
➤ B et P Le b et le p finals ne se prononcent pas après m. el camp [kám] (champ) - el temps [téms] (temps) - compte [kómt¶] (attention). Le b et le p finals se prononcent comme un p dans les autres cas. el cop [kòp] (coup) - els Alps [¶lzálps] (Alpes) - la serp [sérp] (serpent) calb [kálp] (chauve) - el corb [kórp] (corbeau)
➤F Le f se prononce comme en français mais n’est jamais doublé : oficial (officiel)
➤ G et J, Q Le g devant e et i et le j se prononcent comme en français. Le g devant a, o, u est dur. dijous [ò] (jeudi) - gemegar (gémir) - la guerra [è] (guerre) - el bagul (malle) Dans les groupes ua et uo, les voyelles se prononcent distinctement [kwa - kwo]. guardar (garder) - quan (cast. cuando) - qual (cast. cual) - qualsevol [á-ò] (cast. cualquier, a) - quota (quote) Le tréma signale quand le u se prononce devant e ou i. següent [é] (suivant) - la conseqüència (conséquence) - freqüent [é] (fréquent) - l’ambiguïtat (ambiguïté) Le phonème gn se prononce avec un g dur comme en castillan. Le phonème ny se prononce comme le gn français ou le ñ castillan. ignorant [ig’nurán] (ignorant) - resignar [r¶zig’ná] (résigner) ; guanyar (gagner)
➤ TG et TJ Dans ces deux groupes de consonnes, le t se sonorise : el viatge [biádj¶] (voyage)
➤H Le h est muet comme en castillan : la història (histoire) - hidràulica (hydraulique)
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Chapitre 3
SYNTAXE
Préface • 37
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LES PRONOMS RELATIFS ET CONJONCTIONS LE RELATIF FAIBLE QUE Que traduit le pronom relatif, sujet ou complément (c’est un « pro-nom », c’est-à-dire qu’il représente une chose ou une personne). El cotxe que passa pel carrer és vermell (La voiture qui passe dans la rue est rouge). El segell que veus és groc (Le timbre que tu vois est jaune). El noi que has vist és un amic meu (Le garçon que tu as vu est un ami à moi). «Una família devia viure del que treien d’aquell tros de terra.» Martí Gironell, El pont dels jueus (Une famille devait vivre de ce qu’elle tirait de ce bout de terre). Que est aussi conjonction (c’est-à-dire qu’il relie deux éléments de la phrase sans rien représenter). Vull que m’ho diguis (Je veux que tu me le dises).
LES RELATIFS FORTS QUÈ ET QUI Accompagné d’une préposition (de què) ou pour insister (ce qui), le relatif prend un accent (què) et on utilise qui pour une personne. «No sabia què s’havia acabat.» Jaume Cabré, Jo confesso (Il ne savait pas ce qui s’était terminé). A ne pas confondre avec «No sabia que s’havia acabat» (Il ne savait pas que c’était terminé). Dóna’m la ploma amb què escrius (Donne-moi le stylo avec lequel tu écris). «M’esgarrifaven i m’atreien els preparatius de l’escena, l’amable naturalitat amb què el senyor assenyalava les corretjades que eren darrere la porta i com el pareller les hi presentava rendidament.» Llorenç Villalonga, Bearn o la sala de les nines (J’étais effrayé et en même temps attiré par les préparatifs du spectacle, par le naturel aimable avec lequel le maître montrait le fouet qui était derrière la porte et que le vacher lui présentait avec résignation).
➤ Perquè Pour que se traduit en catalan par perquè suivi du subjonctif (le castillan emploie para que et, parfois, dans la langue littéraire porque + subjonctif) à ne pas confondre avec perquè suivi de l’indicatif (parce que). Ho faig perquè ho vegis, per tal que ho vegis (Je le fais pour que tu le voies). Ho faig perquè m’ho has demanat, pel fet que m’ho has demanat (Je le fais parce que tu me l’as demandé).
LES PHRASES EMPHATIQUES Ces phrases, qui commencent par l’élément sur lequel le locuteur veut insister (quan llegeixes, l’alt prelat, això, aleshores dans les exemples suivants), se construisent soit de façon emphatique (avec quan, …, què et qui), soit de façon simple (avec que). 38 • GRAMMAIRE DU CATALAN
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És quan llegeixes quan et cultives. És quan llegeixes que et cultives. «L’alt prelat era qui beneïa la cerimònia de proclamació de l’abat.» Martí Gironell, L’últim abat (C’était l’éminent prélat qui bénissait la cérémonie de proclamation de l’abbé). Per això ho fem, és per això que ho fem (C’est pourquoi nous le faisons, c’est pour ça que nous le faisons). Ou de façon plus réduite : «Per això tenen una estructura organitzada.» Martí Gironell, L’últim abat (C’est pourquoi ils ont une structure organisée). «És aleshores que sentim tota la nostra solitud, quan el cor comença a endurir-se i un experimenta la recança d’aquella tendresa que no ha conegut mai.» Joan Sales, Incerta glòria (C’est alors qu’on ressent toute sa solitude, quand le cœur commence à se durcir et qu’on regrette cette tendresse qu’on n’a jamais connue). Avec un pronom personnel, l’accord se fait généralement à la troisième personne du singulier, comme en castillan, mais peut aussi se faire à la même personne que le pronom personnel comme en français ou parfois en castillan, notamment au pluriel. Som nosaltres qui presidim... / sou vosaltres qui presidiu...» (C’est nous qui présidons…, c’est vous qui présidez…). «I tu eres el que no volia que me n’anés?» Jaume Cabré, Jo confesso (Et c’était toi qui ne voulais pas que je m’en aille ?). «Si no fuges aquesta nit, seré jo qui et matarà.» Jaume Cabré, Jo confesso (Si tu ne t’enfuis pas cette nuit, c’est moi qui te tuerai).
LA TRADUCTION DE DONT On utilise les mêmes pronoms pour traduire le dont français ou le cuyo espagnol. Il peut être remplacé dans tous les cas par del qual, de la qual, etc. El llibre de què et vaig parlar; el llibre del qual et vaig parlar (Le livre dont je t’ai parlé ; cast. El libro del que te hablé). L’amic de qui et vaig parlar; l’amic del qual et vaig parlar (L’ami dont je t’ai parlé). La traduction de dont conduit à rapprocher les deux noms liés entre eux. La casa les finestres de la qual veiem (La maison dont nous voyons les fenêtres ; cast. La casa cuyas ventanas vemos). Era un pacte misteriós els detalls del qual ningú no sap (C’était un pacte mystérieux dont personne ne sait les détails). Un proïsme la coneixença del qual ja sentia que em calia ampliar (Un prochain dont je sentais que je devais faire plus ample connaissance).
Syntaxe • 39
49
LA PROPOSITION PARTICIPIALE Dans une proposition, le participe est placé devant le sujet. «Acabada la cerimònia, don Toni […] tornava a les seves lectures.» Llorenç Villalonga, Bearn o la sala de les nines (La cérémonie terminée, Toni retournait à ses lectures). Le participe peut être précédé de un cop. «Un cop acabada aquella prèdica tan original, la celebració prenia un altre aire.» Martí Gironell, L’últim abat (Une fois achevée cette étonnante prédication, la célébration prenait un autre cours). Étant donné, vu se traduisent par donat, atès, suposat,… «Atesa la seva religiositat, que le venia de molt lluny, va anar a fer les pràctiques a un dispensari de la parròquia.» Joan Triadú, Memòries d’un segle d’or (Vu sa religiosité, qui lui venait de très loin, il alla faire son stage dans un dispensaire de la paroisse). «Escamparen altres falòrnies les quals, curiosament, donat que eren tan falses com les primeres, no foren recollides pel cronista anònim.» Jesús Moncada, Camí de sirga (D’autres fadaises circulèrent, lesquelles, curieusement, étant donné qu’elles étaient aussi fausses que les premières, ne furent pas restranscrites par le chroniste anonyme). «Suposat que mai no arribares a venir a Bearn, et diré que es tracta d’una possessió de muntanya situada prop d’un llogaret d’unes quatre-centes ànimes que s’anomena, també, Bearn.» Llorenç Villalonga, Bearn o la sala de les nines (Puisque je suppose que tu n’es jamais venu à Bearn, je te dirai qu’il s’agit d’une propriété à la montagne, située près d’un petit hameau de quelque quatre cents âmes qui s’appelle aussi Bearn). Pour caractériser, on ajoute généralement amb contrairement au français. Amb els ulls tancats, avançà en l’obscuritat (Les yeux fermés, il avança dans l’obscurité).
L’EXPRESSION DE LA QUANTITÉ LES PRONOMS ET ADJECTIFS DE MESURE ET DE QUANTITÉ ❚ Très et beaucoup se traduisent par molt [mól], qui s’accorde en genre et en nombre dans le sens de beaucoup. Dans le sens de beaucoup, molt peut être suivi de la préposition de. Molt est synonyme de força [ò], toujours invariable. És molt bonic, força bonic (Il est très joli ; cast. Es muy bonito). M’ho han dit moltes vegades, força vegades (Ils me l’ont souvent dit). Són molts / pocs llibres per a mi (Ce sont beaucoup de livres pour moi). Fa molt (de) fred (Il fait très froid). Moltes / poques ovelles (moutons / brebis) (cast. muchas / pocas ovejas). Tens molts / força diners (Tu as beaucoup d’argent). 40 • GRAMMAIRE DU CATALAN
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Chapitre 4
CONJUGAISON
Conjugaison • 79
89
LES CONJUGAISONS RÉGULIÈRES Les verbes irréguliers sont suivis dans le lexique d’un rappel de leur principale irrégularité avec renvoi éventuel au paragraphe correspondant : ex. atrevir-se (x 1). Les verbes irréguliers ne relevant pas d’une famille renvoient aussi à leur conjugaison : ex. fer (23). Afin d’éviter la multiplication de ces renvois, seule la première occurrence du verbe dans un chapitre est accompagnée d’un renvoi. Les modifications orthographiques ne sont pas signalées dans le lexique. Il existe trois groupes principaux, en -ar, en -er ou -re (voler, córrer, perdre) et en -ir (dormir). Les verbes irréguliers dir (dire) et dur (apporter) sont du deuxième groupe. Les voyelles accentuées, portant l’accent ou non, sont en gras.
Premier groupe : CANTAR Présent (present)
Imparfait (2) (pretèrit imperfet)
Passé simple (3) (pretèrit perfet o simple)
Futur (4) (futur)
Gérondif (gerundi) cant-ant
Indicatif (indicatiu)
Subjonctif (subjuntiu)
Impératif (imperatiu)
cant-o cant-es cant-a cant-em [è] (1) cant-eu [è] cant-en
cant-i cant-is cant-i cant-em cant-eu cant-in
cant-a (tu) cant-i (vostè) cant-em (nosaltres) cant-eu (vosaltres, vós) cant-in (vostès)
cant-ava cant-aves cant-ava cant-àvem cant-àveu cant-aven
cant-és cant-essis cant-és cant-éssim cant-éssiu cant-essin
cant-í cant-ares cant-à cant-àrem cant-àreu cant-aren
Passé périphrastique (pretèrit perifràstic) vaig cantar vas cantar va cantar vam cantar (ou vàrem) vau cantar (ou vàreu) van cantar
cantar-é cantar-às cantar-à cantar-em cantar-eu cantar-an
Conditionnel (4) (condicional) cantar-ia cantar-ies cantar-ia cantar-íem cantar-íeu cantar-ien
Participe passé (participi) cant-at, cant-ada, cant-ats, cant-ades
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Deuxième groupe :TÉMER Présent (present)
Imparfait (2) (pretèrit imperfet)
Passé simple (3) (pretèrit perfet o simple)
Futur (4) (futur)
Gérondif (gerundi) tem-ent
Indicatif (indicatiu)
Subjonctif (subjuntiu) Impératif (imperatiu)
tem-o tem-s (6) tem tem-em (1) tem-eu tem-en
tem-i tem-is tem-i tem-em tem-eu tem-in
tem-ia tem-ies tem-ia tem-íem tem-íeu tem-ien
tem-és tem-essis tem-és tem-éssim tem-éssiu tem-essin
tem-í tem-eres tem-é tem-érem tem-éreu tem-eren
Passé périphrastique (pretèrit perifràstic) vaig témer vas témer va témer vam témer (ou vàrem) vau témer (ou vàreu) van témer
temer-é temer-às temer-à temer-em temer-eu temer-an
Conditionnel (4) (condicional) temer-ia temer-ies temer-ia temer-íem temer-íeu temer-ien
tem-a (tu) tem-i (vostè) tem-em (nosaltres) tem-eu (vosaltres, vós) tem-in (vostès)
Participe passé (participi) tem-ut, tem-uda, tem-uts, tem-udes
1. Les deux premières personnes du pluriel sont identiques aux deux présents et à l’impératif pour les trois groupes. 2. Toutes les personnes des imparfaits de l’indicatif et du subjonctif portent l’accent sur la même syllabe. Les imparfaits du subjonctif « se forment » sur la troisième personne du passé simple : cantà => cantés. Cette règle s’applique aussi aux verbes irréguliers : fou => fos (ser), conegué => conegués (conèixer), dugué => dugués (dur). 3. Le passé simple le plus fréquent est le prétérit périphrastique : vaig cantar. La première personne du passé dans sa forme simple est rarement utilisée (cantí) ; elle est identique à la troisième personne au troisième groupe (dormí). Ne pas confondre la dernière personne du passé simple avec celle du futur, dont la syllabe tonique est différente : m’acompanyaren (ils m’accompagnèrent) ; m’acompanyaran (ils m’accompagneront). 4. Au futur, les trois premières personnes portent un accent écrit. Les terminaisons du futur de tous les verbes sont celles du verbe haver [è] au présent de l’indicatif : h-e, h-as, h-a, h-em, h-eu, h-an => cantar-é ; temer-é, temeràs, etc. (comme en français : j’ai, tu as, il a, etc. => je manger-ai, tu manger-as, etc.). De même, les terminaisons du conditionnel de tous les verbes sont celles du verbe haver à l’imparfait de l’indicatif : hav-ia, hav-ies, hav-ia, hav-íem, hav-íeu, hav-ien. En effet, ces temps ont été formés tardivement par les langues romanes ; on disait avant : he de cantar => cantar he => cantaré (he de cantar aujourd’hui a le double sens de je dois chanter (obligation) / je dois chanter (futur proche), je vais chanter). Il faut se rappeler par ailleurs que le conditionnel est le passé du futur ou le futur dans le passé. Ex. : Il dit qu’il sortira => il disait qu’il sortirait (Diu que sortirà, deia que sortiria). Les verbes en -re ou en -er accentués prennent comme désinence : -ré, -ràs, etc. : perdré, perdràs,... (perdre) ; sabré, sabràs,... (saber). Conjugaison • 81
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Troisième groupe : DORMIR (5) Présent (present)
Imparfait (2) (pretèrit imperfet)
Passé simple (3) (pretèrit perfet o simple)
Futur (4) (futur)
Gérondif (gerundi) dorm-int
Indicatif (indicatiu)
Subjonctif (subjuntiu) Impératif (imperatiu)
dorm-o dorm-s dorm dorm-im (1) dorm-iu dorm-en
dorm-i dorm-is dorm-i dorm-im dorm-iu dorm-in
dorm-ia dorm-ies dorm-ia dorm-íem dorm-íeu dorm-íen
dorm-ís dorm-issis dorm-ís dorm-íssim dorm-íssiu dorm-issin
dorm-í dorm-ires dorm-í dorm-írem dorm-íreu dorm-iren
Passé périphrastique (pretèrit perifràstic) vaig dormir vas dormir va dormir vam dormir (ou vàrem) vau dormir (ou vàreu) van dormir
dormir-é dormir-às dormir-à dormir-em dormir-eu dormir-an
Conditionnel (4) (condicional) dormir-ia dormir-ies dormir-ia dormir-íem dormir-íeu dormir-ien
dorm (tu) dorm-i (vostè) dorm-im (nosaltres) dorm-iu (vosaltres) dorm-in (vostès)
Participe passé (participi) dorm-it, dorm-ida dorm-its, dorm-ides
L’accent tonique se déplace dans la conjugaison et la voyelle du radical se prononce différemment : canto [kantu], cantem [k∂ntèm] ; dormo [dòrmu], dormim [du rmim].
5. Les différences entre le deuxième et le troisième groupe sont : - les présents de l’indicatif et du subjonctif : dormim, dormiu ; - au passé simple : dormires, dormí, dormírem, dormíreu, dormiren ; - le futur et le conditionnel, puisque formés à partir de l’infinitif : dormiré, etc. - tout l’imparfait du subjonctif : dormís, etc. ; - l’impératif. 6. Il faut ajouter un e pour des raisons euphoniques dans les verbes dont le radical se termine en c, s, x, g, rr, br, pl : coneixes (conèixer) ; vences (vèncer) ; corres (córrer) ; omple (omplir) ; obre (obrir) ; cruixo, cruixes, cruix,... (cruixir). 82 • GRAMMAIRE DU CATALAN
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REMARQUES SUR QUELQUES IRREGULARITES 1. LA CONJUGAISON EN -EIXLa plupart des verbes du troisième groupe ajoutent eix [è] entre le radical et la terminaison aux mêmes personnes qu’à la diphtongaison en espagnol ou en français, à savoir les trois premières personnes et la dernière des présents de l’indicatif et du subjonctif ainsi qu’aux personnes correspondantes de l’impératif. Se conjugent par exemple sur ce modèle servir (servir), impedir (empêcher), reunir (réunir), atrevir-se a (oser), aplaudir (applaudir), dividir (diviser), seguir (suivre), partir (partir), dirigir (diriger), corregir (corriger), convertir (transformer), conduir (conduire), agrair (remercier), assolir (atteindre), complir (accomplir), agredir (agresser), conquerir (conquérir), des-cobrir (dé-couvrir), protegir (protéger).
Présent
Indicatif
Subjonctif
Impératif
serveix-o serveix-e-s serveix serv-im serv-iu serveix-en
serveix-i serveix-is serveix-i serv-im serv-iu serveix-in
serveix (tu) serveix-i (vostè) serv-im (nosaltres) serv-iu (vosaltres, vós) serveix-in (vostès)
En revanche, les verbes suivants suivent la forme simple : dormir (dormir), morir (mourir), bullir (bouillir), sentir (ressentir) (et ses dérivés), omplir (remplir), fugir (fuir), collir (cueillir), tossir (tousser), pudir (pourir) ainsi que les verbes irréguliers venir (venir), tenir (avoir), sortir et eixir (sortir).
2. LES VERBES EN -IAR Les verbes en -iar précédé d’une consonne, comme canviar, acariciar ou pronunciar, ont leur i final tonique contrairement au castillan : pronuncia (cast. pronuncia). Présent de l’indicatif : canvio, canvies, canvia, canviem, canvieu, canvien Présent du subjonctif : canviï, canviïs, canviï, canviem, canvieu, canviïn Impératif : canvia, canviï, canviem, canvieu, canviïn En présence de deux i, au présent du subjonctif et à l’impératif, celui du radical et celui de la terminaison, les verbes en -aiar, -eiar, -oiar comme remeiar (remédier), esglaiar (effrayer) les transforment en un seul i tréma : esglai-i => esglaï. Présent de l’indicatif : esglaio, esglaies, esglaia, esglaiem, esglaieu, esglaien Présent du subjonctif : esglaï, esglaïs, esglaï, esglaiem, esglaieu, esglaïn Impératif : esglaia, esglaï, esglaiem, esglaieu, esglaïn
Conjugaison • 83
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