Le Petit Journal des Toques Blanches Lyonnaises NUMÉRO 5 : AVRIL 2018 ! TEXTES Jean Claude Ribaut p PHOTOGRAPHIES Droits réservés
édito « Le souvenir, c’est la présence invisible » (Victor Hugo) Je me souviens d’un petit déjeuner avec Monsieur Paul, le 19 juin 2013. Il avait 87 ans : Je l’ai vu pendant une heure. Compte tenu de son âge, il était en pleine forme et projetait d’aller aux Etats-Unis fin juillet, comme chaque année. C’est à croire que Monsieur Paul, dont le goût pour les aphorismes était connu de tous, avait réussi à en faire sa ligne de conduite personnelle : « travailler comme si on allait mourir à cent ans et vivre comme si on allait mourir demain. » Déjà, quelques mois avant son 80ème anniversaire, il avait décidé de fêter ses « Quarante ans sous trois étoiles. ». Cette fête le 13 juin 2005 - rassemblait ses amis, ses pairs, invités sans protocole à venir « en tee shirt et en basket » déguster « les tapas des bords de Saône » (entendez la friture d’éperlan) dans l’ancienne abbaye de Collonges, à 400 m de l’Auberge du Pont de Collonges.
Ce jour là, ce n’était pas Monsieur Paul qui recevait, mais « Paulo des bords de Saône », un rôle de composition qu’il affectionnait depuis qu’on le vit en blouson de cuir noir à cheval sur une Harley Davidson poser pour les photographes de la presse pipole. Pour la circonstance, il avait livré quelques confidences: « La retraite ? Oui, d’ici une vingtaine d’années, car il faut laisser la place aux jeunes. » Au-delà de la provocation, sa vitalité était réelle et son enthousiasme intact, à peine entamé par quelques mois de repos forcé lorsque la Faculté ordonna, sans délai, un triple pontage coronarien. Beaucoup auraient raccroché les casseroles, lui a continué. Jusqu’au bout. Christophe Marguin
NUMÉRO 5 : AVRIL 2018
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