4 minute read

L’école de la deuxième chance, première étape vers l’emploi

L’école de la deuxième chance, dans le 7e arrondissement de Lyon, accompagne les jeunes dans leur parcours professionnel. Nous avons rencontré la directrice, la chargée de médiation et d’intégration ainsi qu’une formatrice et des stagiaires. Rencontres et témoignages autour de l’insertion des jeunes.

L’École de la deuxième chance Rhône Lyon Métropole (E2C69) existe depuis 2009, date à laquelle une circulaire permet de développer des écoles de la deuxième chance, similaires à celle créée à Marseille en 1997, sur tout le territoire national. La circulaire précise le financement par l’État, les Régions et les collectivités territoriales à raison d’un tiers chacun. « Il existe 139 sites-écoles. Toutes les régions sont couvertes, y compris dans les départements d’outre-mer. Après, il y a plus ou moins d’écoles selon les régions. », nous explique Pascale Bouysset, directrice de l’E2C69.

Unaccompagnementrémunérépourlesjeunes

du RSA. Le deuxième critère qu’ils ont, c’est qu’ils sont motivés pour construire un projet professionnel en alternance. Ils sont sans diplôme et sans qualification. Toutefois, depuis le mois de juillet, nous avons aussi la possibilité d’accueillir des jeunes qui ont un diplôme allant jusqu’au niveau du bac », nous explique Margaux Clere, chargée de médiation et d’intégration. En 2021, 61 % des sorties étaient positives, c’est-à-dire qu’elles ont abouties sur une formation qualifiante ou diplômante (24 %), en CCD, en CDI, en contrats d’apprentissage et en contrats de professionnalisation.

Créerdel’expérienceprofessionnelleetpenserle projetdujeunedanssonensemble

«Leparcoursdeformation,telqu’ilestécritparl’école de la deuxième chance, favorise l’insertion des jeunes parce que les jeunes ont la possibilité, en allant sur le terrain, en allant en stage toutes les deux semaines, d’aller confronter l’imaginaire qu’ils ont d’un métier aveclaréalité,avantdeselancerdansuneformationou avant de se lancer vers l’emploi. Cette façon de pouvoir aller vérifier, sans engagement, si le métier nous plaît oupas,c’estunefaçondemieuxfavoriserl’insertiondes jeunes, de façon pérenne et sur le long terme », nous explique Margaux Clere.

«Cettefaçondepouvoiraller vérifier,sansengagement,sile métiernousplaîtoupas,c’est unefaçondemieuxfavoriser l’insertiondesjeunes,defaçon pérenneetsurlelongterme. »

«Ellesertàréinsérerdesjeunespourlesaideràtrouver une formation ou un emploi, à se remettre à niveau, ou à redéfinir leur projet professionnel. Il n’y a pas de parcourstype,nousallonsnousadapteràchacun.L’idée, c’estdefairedéjàunepremièrepérioded’intégrationde cinq semaines. Et puis après, de préparer, de construire son parcours professionnel en allant en stage puis à l’école, enalternantdeslieuxdestage différents,pendant environ7à 8 mois », précise la directrice. 30 % du temps de parcours se déroule en entreprise, au sein d’entreprises partenaires. La formation est gratuite. Le stagiaire peut percevoir une rémunération ou une indemnité de stage, versée par la Région (environ 200 € aux mineurs et 500 € aux majeurs).

92 % des stagiaires entrés en 2021 à l’école étaient sortis du système scolaire avant l’obtention d’un diplôme de cycle court ou avant l’année de terminale. « Le premier critère,c’estuncritèred’âge.Cesontdesjeunesquiont entre16et25ans,oujusqu’à30anss’ilssontbénéficiaires

« L’école est aidante parce qu’elle va apporter une aide différente à chacun en fonction de son besoin (vie personnelle, orientation, etc.). Notre spécificité, c’est notre approche par les compétences. Ici, on ne met pas de notes. On a un référentiel de compétences. Et on va s’appuyer dessus pour les développer et pour faireensortequechacunpuisseacquérirunmaximum d’aptitudes nécessaires à son projet. On travaille à la fois sur les savoirs-être et sur les domaines de savoirs qui vont être utiles pour son projet », poursuit Pascale Bouysset. « Le parcours de formation s’organise autour d’un accompagnement qui est global. En fait, on considère que si un jeune a un problème de logement, ou de budget, ou de santé mentale ou physique, ça va être beaucoup plus compliqué pour lui de se focaliser surlaconstructiondesonprojetprofessionnel.Donc,il faut aussi que l’on travaille avec le jeune sur la levée et la résolution de tous ces freins-là », complète Margaux Clere.

Alternanceentreformationetstages

«Ondécoupelajournéetypeendeuxparties.Lematin, on propose des remises à niveau et ce qu’on appelle la

Àgauche,Pascale Bouysset,directrice del’école.Àdroite, MargauxClere, chargéedemédiation etd’intégration. ©DjamelpourTVB techniquederecherched’emploi(TRE).Onvadoncaider les stagiaires à consolider ou à apprendre des choses dans différentes matières. On n’appelle pas ça français, maths ou histoire parce qu’on n’est pas à l’école. On va plutôt les faire travailler sur des compétences que ce soit orales, écrites, dans l’informatique, et même des compétencesquel’onpourraitdirepersonnelles.L’aprèsmidi, il y a différents ateliers qui sont proposés. Ça peut êtredesatelierscommelacouture,laréparationdevélo, la rédaction d’une gazette... On va aussi proposer des activités qui permettent de développer la mobilité, avec notammentl’activitélesMystèresdeLyon,ouletravailen équipe,commeavecl’atelierjardin.», nous précise Eline Rivoiron, formatrice référente.

Les jeunes passent 2 semaines à l’école puis 2 semaines en stage dans une entreprise partenaire. Une grande partie du temps consiste donc à chercher des stages et à se perfectionner dans cet exercice. « Quand un jeune a trouvécequ’ilveutfaire,àcemoment-là,onl’encourageà fairedesstagesdanscedomaine,pourqu’ilpuisseremplir sonCV,avoirdel’expériencepourprétendreàunemploi ouàuneformationcorrespondantàsonprojet», explique Eline Rivoiron. Mais ce n’est pas toujours simple de savoir ce que l’on veut faire. «Moi,j’aiunproblème,c’estqueje n’aimerien», nous confie Sarah, jeune stagiaire de l’école. «Lespersonnesquinesaventpascequ’ellesveulentfaire vontprofiterdetoutuntempsd’explorationpouressayer différentsmétierset,forcément,çaprendplusdetemps. Mais on continue de les accompagner jusqu’à ce qu’elles puissent trouver une sortie qui leur convienne. Après, il y a aussi des jeunes qui, à la fin de leur parcours, n’ont pas vraiment de solution. Cependant, finalement, c’est aussi le début pour eux d’un nouveau parcours. On les suit,pendantunan,aprèsleursortie.Enfait,onserend comptequ’ilyapleindejeunesqui,mêmes’ilsn’ontpas trouvé leur voie pendant l’accompagnement, ils ont déjà descléspourpouvoirpasserdesentretiens,avoirunsuivi, etc. C’est aussi une forme d’insertion positive », conclut Eline Rivoiron.

Redonnerconfianceetenviepourl’avenir

« L’école est bienveillante et les formateurs sont vraiment à l’écoute et humains. Cela change de l’école d’avant où j’avais subi du harcèlement, où je n’étais pas écoutée par lesformateursetpasreconnueentantquepersonne.C’est une peu pour moi l’école de la réconciliation. », souhaite témoigner Naomi. Alvin, lui, a quitté l’E2C en juin, et est venu témoigner en tant qu’ancien stagiaire : « à la base, mon projet professionnel, c’était prothésiste dentaire.

Mais trouver un stage dentaire, c’était compliqué, et c’est unpeubouché.Ducoup,j’aiabandonnél’idéeetlà,jesuis uneautreformation,auprèsdel’Adapt.Elleestreconnue pour les personnes handicapées, parce que moi, je suis handicapédebase.Maisçanesevoitpascommeça,c’est invisible. Maintenant, j’ai un projet dans la logistique. L’E2C et surtout mon ancien formateur m’ont aidé à prendre confiance en moi, parce qu’avant j’étais timide, et maintenant ça va ». Si Alvin a pu accepter de changer d’orientation pour espérer trouver un emploi, il souhaitait donner un conseil aux autres jeunes : « Franchement, ne faites pas comme moi. J’avais lâché avant ici, mais faut aller à la fin, faut pas abandonner. On ne peut pas encoredirequej’airéussimavie,parcequejesuisencore en formation, mais je ne lâche plus maintenant. Donc il nefautjamaislâcher.Voilà,c’estça.C’estlong,maishuit mois,çavavite.»

This article is from: