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Possible, sensibiliser pour réinsérer les ex-détenus

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Mon parcours pro

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Agir par l’information : c’est le crédo de l’association lyonnaise Possible. Elle organise des actions de sensibilisation pour le public, et notamment les jeunes, dont ceux engagés dans un parcours judiciaire. En faisant mieux connaître le fonctionnement de la justice et le milieu carcéral, l’association participe à faire tomber les a priori pour faciliter la réinsertion des détenus.

« La réinsertion ne peut passer que par l’implication de la société civile. 100 000 personnes sortent de prison chaque année et souffrent de stigmatisation et de discrimination dans l’accès à l’emploi, à la formation… Il faut qu’il y ait une volonté du public de les réintégrer », expose Marion Moulin, déléguée générale de l’association Possible. Cette dernière a été créée en 2014 pour promouvoir les alternatives à la détention. Elle a participé à un tour de France des travaux d’intérêt généraux (TIG), ces missions de travail gratuit, réalisées dans une association ou un service public, qui représentent des alternatives aux peines de prison. Elle a également contribué à donner naissance, en 2018, à l’agence nationale ATIGIP (agence du TIG et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous main de justice), dédiée à la promotion du TIG.

Aujourd’hui, l’association s’attache notamment à sensibiliser le grand public : «l’enjeuestderapprocher les Français de la justice en leur permettant d’avoir touteslesinformationspoursefaireunaviséclairé», pointe Marion Moulin. Pour cela, des rendez-vous au tribunal pour assister aux comparutions immédiates, des « apéros justice » et des visites de la prison de Montluc sont organisés et ouverts à tous.

Desactionsd’informationpourlesjeunes

L’association s’adresse aussi particulièrement aux publics de 10 à 25 ans, parmi lesquels 50 % sont déjà dans un parcours judiciaire. «Ilsnoussontadresséspar des établissements scolaires, associations sportives, de quartier, MJC, écoles supérieures ou foyers de la protectionjudiciairedelajeunesse(PJJ).L’objectifest de leur apporter des clés de compréhension via des actions d’éducation à la justice et à la citoyenneté », expose Angèle Guitton, responsable des actions de sensibilisation auprès de la jeunesse.

Pour les jeunes déjà suivis par la justice, ces ateliers donnent des clés de compréhension sur son fonctionnement, leur font rencontrer des professionnels et d’anciens détenus qui témoignent de leur parcours de sortie de délinquance. « Ces connaissancesleurpermettentd’avoirdesrapportsplus apaisésaveclajustice», indiquent les professionnelles de Possible. Car en sortie de détention – « 80 % des sortiessontsèches:sansaccompagnement», rappelle Marion Moulin – les difficultés entravant la réinsertion professionnelle et sociale sont nombreuses : difficile accès aux droits communs (sécurité sociale, Pôle emploi…), au logement, endettement…

Selon l’Observatoire international des prisons (OIP), la jeunesse des détenus (plus d’un sur cinq a moins de 25 ans) et leur faible niveau de formation pourraient être des entraves à l’accès à l’emploi : 44 % des détenus n’ont aucun diplôme. C’est pourquoi l’association Possible va aussi développer des actions de sensibilisation auprès des recruteurs : « Nous voulons sensibiliser les différentes strates des entreprises (employés, DRH, responsables RSE…) pour qu’ils accueillent ce public de façon bienveillante, voire les pousser à s’engagerendéveloppantdesprojetsdédiés» indique Marion Moulin. « L’objectif du gouvernement est de doublerlapartdedétenusquitravaillentendétention d’ici 2027, mais cela nécessite que des entreprises s’implantent en détention, fassent travailler des détenus et pourquoi pas, les embauchent à la sortie. Cela implique aussi un travail de déconstruction des idées reçues car ce public peut inquiéter et demande uneffortd’accompagnementauxentreprises.»

Marie Albessard

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