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Terre de Milpa, à l’intersection des inégalités

Terre de Milpa, créée en mars 2020, dans les monts d’Or, est un chantier d’insertion, avec un projet d’agroécologie global. Ecoféminisme, accessibilité des produits bios, éducation à l’alimentation, habitat, ferme d’insertion et apprentissage de la permaculture, Terre de Milpa s’engage de façon intersectionnelle, à lutter contre les inégalités.

Gift, Laurent et Alice s’activent en cette matinée de janvier, sur la parcelle du chantier de maraîchage en insertion, sur laquelle ils travaillent depuis plusieurs mois. Située à Collonges-au-Mont-d’Or, à une vingtaine de kilomètres de Lyon, ils sont tous salariés en CDD d’insertion (CDDI), un type de contrat délivré par le statut d’atelier et chantier d’insertion (ACI) de Terre de Milpa. Laure Parasote, encadrante, apprend aux trois salariés à cultiver en permaculture et en maraîchage sol vivant. « Le maraîchage et le social sont complémentaires, il y a quelque chose de très ressourçant à travailler la terre. Les salariés occupent des contrats de 26h qui durent 7 mois et sont reconductibles jusqu’à 2 ans. Ils sont aussi accompagnéspourdéfinirleurprojetprofessionnel, ils peuvent faire des stages durant cette période pour explorer différentes pistes. », souligne Laure Parasote, qui a été bénévole à Terre de Milpa, avant de devenir salariée de la structure. Après une première année de production, il est temps de sortir de terre les tuyaux, permettant le goutte-à-goutte, une méthode d’irrigation particulièrement économe en eau, avant de mettre la terre au repos. Reste une partie des récoltes qui serviront à approvisionner les paniers vendus chaque semaine, en système d’abonnement, par Terre de Milpa.

Maraîchageetboulangerie

Des épinards, des poireaux, des choux, mais aussi de la salade, du fenouil, des blettes récoltées en serres, le tout en bio. Les courges, pommes de terre et radis noirs ont déjà été récoltés et stockés à la ferme, où se trouvent les locaux de l’ACI, à Saint-Didier-au-Mont-d’Or. C’est dans ces même locaux que les abonnés peuvent venir chercher leur panier, sous forme d’abonnement AMAP, ou les particuliers, à la belle saison, peuvent venir faire leur marché. Cette semaine, le four à pain situé dans la cour de la ferme a servi pour sa première fournée. À tour de rôle, les salariés pourront, en plus du maraîchage, mettre la main à la pâte et s’essayer à la boulangerie. Que ce soit du côté des encadrants, comme des salariés en insertion, c’est avant tout le projet et les valeurs défendues, qui leur a donné envie d’en faire partie. « Le projet était particulier et global, écoféministe, avec un modededécisionquiseveutégalitaireentrelesacteurs du programme. Cela m’a donné envie d’aller voir ce qu’il s’y passe », explique Laurent, seul homme des 3 salariés en insertion. Alice, qui travaillait auparavant dans le domaine de la culture a eu envie de donner une autre direction à sa carrière. Elle est très satisfaite de son choix de venir apprendre à cultiver les 1 500 m² de planches cultivées. En parallèle, une quarantaine de bénévoles font vivre l’association, eux-aussi attachés aux valeurs affichées par Terre de Milpa.

L’agriculture,unehistoiredefemmes

Derrière ce projet, toute une équipe, mais pour ses fondations, une femme, Olivia de Roubin, cofondatrice de Terre de Milpa, ingénieure civile de formation. Tout a commencé, lorsqu’elle a décidé de suivre un MOOC sur la création d’un écolieu en 2016. Elle écrit alors ce qui deviendra le cahier des charges de Terre de Milpa. Le temps que mûrisse le projet et de rencontrer ceux qui la suivront dans cette aventure, Terre de Milpa est créé en mars 2020, avec 4 autres personnes. Le mot d’ordre : avoir un projet global. « Nous sommes à la fois une ferme d’insertion et d’apprentissage à l’agroécologie, avec un projet d’accessibilité à de bons produits. À terme,noussouhaitonsproposernospaniersautiersde leurvaleur.Pourlemoment,cen’estpasencorelecas, noussommesencoreenphasededémarrage,avecune vingtainedepaniersvendus,notammentànossalariés. Un partenariat avec Habitat et humanisme est aussi prévu pour créer, non loin d’ici, un jardin vivrier, afin d’en faire un vecteur social entre 7 futures habitations. Nous aimerions aussi proposer des hébergements pour certaines femmes salariées qui seraient dans des situationscompliquées»,explique Olivia de Roubin, pour laquelle la démarche féministe de l’ACI est importante. «L’agricultureatoujoursétéunehistoiredefemmes.70 % des humains dans le monde sont alimentés par une agriculture locale et vivrière. La majorité du temps, ce sontdesfemmesquis’enoccupent.DansTerredeMilpa, il y a aussi l’enjeu de la réappropriation des questions agricoles par les femmes », souligne-t-elle. En 2023, ce sont 3 nouveaux salariés en insertion qui devraient venir agrandir l’équipe. Olivia de Roubin s’y engage, chez Terre de Milpa, la parité sera toujours respectée.

Élodie Horn

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