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CHARIOTS ÉLÉVATEURS ET BATTERIES

Quelle batterie pour quelle application ?

Le lithium en tant que solution de batterie pour les chariots élévateurs a clairement le vent en poupe, mais la règle d'or reste d'identifier les besoins concrets. Les choix sont meilleurs sur la base de cette analyse. Quelles sont les alternatives qui s'offrent à nous ? Instantané du marché.

Michaël Vandamme « Il en va avec les batteries comme avec de nombreux autres produits : les réputations doivent être transcendées, positivement et négativement », estime Pieter Jacobs, Managing Director d'Emrol. « La manière dont une batterie au lithium est présentée face à une batterie de type plomb-acide classique est parfois un peu malheureuse. À mon avis, elles sont complémentaires, et le seront encore longtemps. Le lithium a la réputation d'être écologique, contrairement au plomb. Ce n'est pas correct. Une batterie au plomb peut être entièrement recyclée. Et avec les prix actuels des matières premières, le plomb qu'elle contient peut encore rapporter de l'argent. » Ce qui nuance le débat.

Dans certains cas, lorsque de tels packs doivent être rechargés rapidement, ils sollicitent trop le réseau électrique.

D'un point de vue technique, le terme 'batterie au lithium' recouvre différentes réalités. « Il y a le LFP, qui signifie lithium-fer-phosphate », explique Thierry Morreel, Account Manager de Still. « C'est un électrolyte stable, mais qui est assez lent au niveau de la recharge. Et puis il y a le NMC, qui indique la présence de nickel, de manganèse et de cobalt, caractérisé par une capacité de charge plus élevée. L'utilisation est mixte. »

LE CHAPITRE LITHIUM

« Lorsque nous rassemblons les arguments en faveur du lithium, la flexibilité en constitue le fil conducteur », explique P. Jacobs. « Le gros avantage est que vous pouvez effectuer des recharges intermédiaires. Si vous avez un moment, vous branchez le chariot élévateur dans la prise. L'approche est tout autre de celle avec les batteries au plomb qu'il faut recharger complètement à chaque fois, avec pour conséquence l'immobilisation du véhicule pendant cette période. La recharge peut parfois prendre plusieurs heures. Même avec des chargeurs rapides, le temps de recharge fluctue entre 6 et 8 heures. Une charge complète avec du lithium prend entre 1 et 2 heures. Mais une charge intermédiaire est possible, comme je l'ai dit. C'est un peu comme remplir un réservoir de carburant. » Mais une nuance s'impose ici aussi. « Les batteries au lithium sont plus légères, c'est vrai, mais un chariot élévateur a besoin d'un contrepoids suffisant », déclare P. Jacobs. « Cela peut sembler un peu paradoxal, mais ce poids supplémentaire doit être trouvé ailleurs. Il y a aussi l'argument de l'efficacité énergétique. Certains avancent un chiffre compris entre 25 % et 30 %, mais avec la nouvelle génération de chargeurs de batteries au plomb, ce n'est plus le cas. »

« Lorsque nous rassemblons les arguments en faveur du lithium, la flexibilité en constitue le fil conducteur »

Ce n'est que lorsqu'un chariot élévateur est utilisé avec la flexibilité nécessaire et que des moments de charge suffisants peuvent être prévus que l'induction offre une valeur ajoutée.

LE PRIX COMME OBSTACLE

« Le point de départ doit être l'utilisation concrète du chariot élévateur », déclare Fernand Leenaerts, Product Manager chez Jungheinrich. « Evidemment les arguments selon lesquels moins d'entretien est nécessaire et aucun gaz nocif n'est libéré sont pertinents. La durée de vie plus longue est également importante, en particulier au niveau financier. La question clé est de savoir si vous utilisez ces véhicules dans un système de pauses ou non. Dans ce dernier cas, la batterie au plomb est souvent parfaitement apte à effectuer les tâches pour lesquelles elle est destinée. C'est différent si l'utilisation est plus intense. S'il est nécessaire d'acheter des packs de batteries différents, la préférence se déplace alors rapidement vers le lithium. » « Il y a en fait deux manières d'utiliser le lithium : travailler avec une petite batterie dont on sait qu'elle peut accepter de nombreuses charges intermédiaires, ou opter pour un exemplaire plus imposant », explique T. Morreel. « Pour illustrer cela par un exemple concret : notre plus petite batterie de chariot élévateur associée au chargeur le plus lourd permet d'atteindre une charge à 100 % en 45 minutes. Ensuite, une utilisation de 4 à 5 heures est parfaitement possible. La plus grande batterie garantit un fonctionnement de 16 à 18 heures sans charge intermédiaire. Chacun doit décider lui-même s'il existe une adéquation entre ces caractéristiques techniques et les besoins pratiques sur le lieu de travail. » « Vous pouvez avancer les différents avantages des batteries au lithium, mais malheureusement, vous rencontrerez invariablement un inconvénient majeur : le prix », explique P. Jacobs. « Il est nettement plus élevé que celui d'une batterie au plomb, presque un multiple. Il y a une explication à cela : les batteries au lithium ont besoin de matières premières rares, qui sont coûteuses. Et les possibilités de recyclage sont trop peu nombreuses. Les batteries au plomb sont - comme mentionné - parfaitement recyclables. Et elles ont une valeur résiduelle différente : avec le cours actuel du plomb,

une batterie d'une tonne et demie rapporte rapidement 1.000 €. » « Le lithium peut constituer une solution dans des situations spécifiques », résume Michel De Maeyer, Business Unit Manager Industry chez Hilaire Van Der Haeghe YALE Belgium. « La réalité est que, pour des raisons de rentabilité ou opérationnelles, certaines entreprises n'en ont tout simplement pas besoin. Cependant, il devient intéressant si des moments de recharges intermédiaires peuvent être insérés, par exemple lorsque l'on est occupé à une autre activité et que le chariot élévateur n'est pas utilisé pendant un certain temps, parfois relativement court. »

REMPLACEMENT DE LA BATTERIE

L'utilisation d'un ou plusieurs packs de batteries supplémentaires peut-elle apporter une solution ? Serait-ce une alternative au lithium ? L'enthousiasme n'est pas très marqué. « Il y a le côté pratique : changer une batterie prend du temps », prévient T. Morreel. « Il existe des systèmes fonctionnels qui facilitent un peu les choses, mais enlever un tel bloc d'environ 1.000 kg pour en mettre un autre n'est souvent pas une sinécure, sans parler des aspects de sécurité. » « N'oubliez pas que vous ne pouvez charger de telles batteries au plomb que dans une salle avec système d'extraction prévu à cet effet », ajoute F. Leenaerts. « Il faut aussi considérer l'important aspect financier », précise T. Morreel. « Si vous achetez plusieurs batteries, destinées à faire fonctionner un seul chariot élévateur pendant différentes pauses, vous vous rapprochez rapidement du coût d'une batterie au lithium. » « Lorsque vous faites le calcul, vous arrivez souvent à la conclusion que le lithium est le plus bénéfique », explique P. Jacobs. « Parfois, lorsque de tels packs doivent être rechargés ensemble rapidement, ils entraînent en outre une charge trop importante sur le réseau électrique. »

A L'AVENIR

« On peut supposer que la technologie au lithium va encore s'améliorer », conclut F. Leenaerts. « Concrètement, je vois le prix de ces batteries baisser et celles-ci devenir plus performantes, tant en termes de puissance que de vitesse de charge. Si vous voyez tout ce qui est investi dans la recherche dans ce domaine, notamment dans le secteur automobile, c'est un signe. Lithium rime avec avenir, sans aucun doute. » On parle parfois de recharge par induction. Est-ce une technique qui peut également apporter une valeur ajoutée dans le domaine des chariots élévateurs ? « Peut-être à terme, mais cela prendra encore du temps », estime T. Morreel. « Des tests sont en cours, je le sais, mais dans la pratique, il reste des difficultés techniques. A commencer par la distance entre l'engin et la plate-forme de charge inductive. Ce n'est pas comme un smartphone que vous posez dessus. » « La technologie de l'induction est encore en phase de recherche chez nous », déclare F. Leenaerts. Les véhicules dont je parle sont équipés d'une batterie au plomb ordinaire. Je peux imaginer que ce sera différent avec une batterie à induction, précisément en raison des charges intermédiaires. Et en parlant de nouveautés et d'avenir : nous travaillons aussi avec des piles à combustible. Ce sont comme de petits réservoirs remplis d'hydrogène. Elles chargent les batteries au lithium. Le gros avantage est que si votre réservoir est vide, il suffit simplement de le remplir d'hydrogène. Nous avons deux clients qui l'utilisent ou veulent l'utiliser. » Le discours est similaire chez Hilaire Van Der Haeghe - YALE Belgique. « L'induction n'est pas encore à l'ordre du jour chez nous, mais notre constructeur travaille depuis plusieurs années sur des solutions avec des piles à combustible et mène actuellement des tests », précise M. De Maeyer.

Installation de chargement conventionnelle pour les véhicules intralogistiques dans un centre de distribution.

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