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DOSSIER SAFETY

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ROBOTIQUE

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PROTECTION ANTI-INFRACTION

De plus en plus de possibilités technologiques

Le vol est de tous les temps, mais les possibilités technologiques augmentent également leur impact. En conséquence, le nombre de cambriolages augmente. D’autre part, les options de sécurité progressent également, tout comme la prise de conscience de la part des acteurs de la logistique et des clients. L'éventail des tâches devenant toujours plus complexe, les entreprises optent de plus en plus pour l’externalisation auprès de spécialistes.

Michaël Vandamme

« L'importance des cambriolages, et de la sécurité en général, est encore trop souvent sous-estimée », déclare Jan De Wilder, administrateur délégué de GDW Security. « Et je ne parle pas seulement de ce qui pourrait arriver, mais aussi et surtout des conséquences éventuelles de tels incidents. La continuité des activités peut être compromise, sans oublier les atteintes à la réputation. » « Et cette atteinte à la réputation peut aller très loin », déclare Dieter Blommaerts, Business Development Manager Remote Services chez Securitas. « Supposons que vous stockiez du chocolat et qu'il soit volé et revendu illégalement. Des gens tombent ensuite malades en raison des mauvaises conditions de conservation après le cambriolage. Dans ce cas, non seulement la réputation de votre entreprise en souffre, mais la relation commerciale avec votre client ou donneur d’ordre est également mise sous pression. » Cependant, les experts notent également une amélioration. « La prise de conscience augmente », déclare Dieter Blommaerts. « Il y a un certain nombre de facteurs externes qui l’expliquent. La technologie a considérablement évolué et, associée à des services à distance, tels que la surveillance active par une salle de contrôle et l'intervention après alarme, elle offre une protection complète mais aussi plus complexe. De plus en plus d'entreprises externalisent la sécurité. »

APPROCHE DE SPÉCIALISTES

Les donneurs d’ordre fixent aussi des exigences de plus en plus strictes pour le secteur logistique. Et cela nous amène aux normes de qualité qui s'imposent, à commencer par la norme TAPA (voir cadre). « Bien sûr, vous pouvez opter pour une sécurité maximale, mais cela a un coût », explique Dieter Blommaerts. « Tout commence par un examen approfondi. Quelles sont les activités d'un client ? Où et dans quelles circonstances les exerce-t-il ? Il est également très important de cartographier les exigences de sécurité des donneurs d’ordre du client. À quelles normes doit-il se conformer ? » « Beaucoup d'éléments entrent en ligne de compte quand on parle de protection anti-effraction, à commencer par les méthodes de travail et les processus de l’entreprise », explique Jan De Wilder. « Cela tourne parfois autour de questions apparemment anodines qui peuvent avoir des conséquences considérables. Les gens ne laissent-ils pas les portes ouvertes, ce qui facilite la tâche des collègues mal intentionnés ? Comment fonctionne la gestion des clés ? Y a-t-il un responsable qui veille sur toutes ces questions pratiques ? Vous savez, vous pouvez appliquer à un bâtiment la meilleure sécurité du monde, si vous avez une porte en carton, ça ne vaut rien. Dans 70 à 80 % des cas de cambriolage, il y a une fuite en interne. Un conseil : placez les objets que l’on peut s’échanger dans une zone protégée. Il est parfois un peu paradoxal que pour un risque incendie tout soit ouvert au maximum, alors que pour un cambriolage c'est tout le contraire (rires). Cela dit, après analyse de ces

Les systèmes de sécurité jouent un rôle toujours plus important dans les processus opérationnels logistiques.

processus, la technologie offre de plus en plus de possibilités. »

LE RECOURS AUX CAMÉRAS

Par exemple le recours aux caméras. « Il y a un malentendu sur la protection contre le cambriolage et ce qui peut être fait quand quelque chose d'anormal est constaté », explique Jan De Wilder. « Ce n'est pas vrai que la police peut être prévenue par une seule notification technique, ce n'est possible que lorsqu'un second signal vient d'une autre zone. C'est le principe de la ‘vérification technique’. En d'autres termes, une patrouille de police ne peut être envoyée qu'après une double détection. C'est précisément là que se situe la valeur ajoutée d'une caméra qui peut être utilisée pour vérifier visuellement la première notification. Grâce aux possibilités accrues ces dernières années, on peut réagir plus vite et plus efficacement. La qualité d'image s’est non seulement considérablement améliorée, mais des gadgets tels que la reconnaissance faciale ou de la plaque d'immatriculation augmentent les possibilités. Les avantages de la détection de mouvement avec des algorithmes intelligents spécifiques sont remarquables. Aujourd'hui, les caméras ne servent plus seulement à être utilisées de manière réactive en cas d'alarme, mais offrent également une valeur ajoutée logistique et opérationnelle. Elles peuvent déterminer quel véhicule a accès à quoi, le logiciel génère des alertes lorsque quelqu'un entre dans une zone spéciale ou reste longtemps dans une zone, aide à localiser les ‘objets’ abandonnés, … »

Les possibilités des caméras de surveillance se multiplient. Grâce aux possibilités accrues de ces dernières années dans ce domaine, on peut réagir plus rapidement et plus efficacement.

DÉFINIR LES TÂCHES

Les possibilités techniques et les exigences élevées des donneurs d’ordre contribuent à l'externalisation, comme nous l’avons déjà brièvement évoqué. Mais d'autres considérations internes jouent un rôle. « Tout est lié », explique Dieter Blommaerts. « Les entreprises n'emploient pas toujours un spécialiste de la sécurité, ce qui signifie que l'optimisation de la sécurité des bâtiments, des biens et des personnes est confiée à une personne en interne qui, souvent, n'est pas consciente des risques et des solutions possibles. Les sociétés de sécurité peuvent décharger les sociétés logistiques, afin qu'elles puissent se concentrer sur leur cœur de métier, à savoir le transport et la logistique. »

TAPA comme norme de protection contre le cambriolage

TAPA (Transported Asset Protection Association) est un forum où les prestataires logistiques, les transporteurs, les autorités gouvernementales et d'autres parties prenantes définissent les normes de sécurité pour la chaîne d'approvisionnement. Celles-ci sont liées à une certification : Facility Security Requirements, Trucking Security Requirements et Parking Security Requirements. Au sein de chaque certificat de ‘Requirement’, trois niveaux ont été déterminés, en fonction de la sévérité des mesures à prendre. TAPA est considéré comme une référence dans le secteur de la logistique, bien que d'autres normes existent. Les mesures et/ou conditions à remplir pour obtenir un tel certificat sont très variées : un périmètre sécurisé, la présence de caméras et une surveillance active par une salle de contrôle, un contrôle d'accès, un éclairage adéquat, etc. » www.tapa-global.org

ÉVITER LES ACCIDENTS SUR UN SITE LOGISTIQUE

Les applications virtuelles conquièrent une place dans la politique de prévention.

La technologie a son mot à dire

La prévention des accidents dans le cadre des opérations logistiques devient une question largement technologique. Les barrières physiques sont de plus en plus souvent flanquées d'outils numériques voire virtuels.

Michiel Leen

Les statistiques d’accidents dans la logistique donnent matière à réflexion. Chaque année, selon les chiffres officiels, quelque 50 personnes meurent et plus de 5.000 sont blessées dans des accidents impliquant des véhicules. Ces blessures ont un impact majeur sur les personnes impliquées et peuvent coûter des millions aux entreprises. A-Safe, spécialiste des barrières de sécurité, a pour cœur de métier la protection anticollision. « Il faut une barrière entre le matériel roulant et le personnel à pied », explique Jolien

nearly 3000 uk workers have lost a * limb in workplace accidents since 2016.

most people never think it will happen to them or how the consequences of one moment in time can impact your family forever.

This is the hidden cost of workplace accidents. An emotional and psychological legacy that can change everything.

A-SAFE is campaigning to raise awareness of the devastating impact of workplace accidents.

To find out more, visit asafe.com/thehiddencost

*RIDDOR (Reporting of Injuries, Disease and Dangerous Occurences Regulations).

Au Royaume-Uni, A-Safe utilise un court-métrage sur les accidents de travail pour sensibiliser les entreprises.

Demeyer, responsable de la communication. « La gestion du trafic est donc cruciale. » Selon J. Demeyer, il est frappant de constater à quel point certaines entreprises sont impliquées dans la prévention des accidents et d'autres pas du tout. « Pourtant, le conseil le plus important est : n'attendez pas qu'il soit trop tard. L'impact d'un accident du travail dans l'organisation est énorme. » A-Safe fournit des solutions physiques sous forme de barrières polymères brevetées, mais plaide aussi la généralisation de la norme 'PAS 13:2017' de la British Standards Institution (BSI), le code de pratique le plus répandu dans le monde pour les barrières de sécurité. Cette directive indique où et quand une barrière est nécessaire, ainsi que les meilleures pratiques pour sa conception. Il ne s’agit toutefois pas encore d’une norme officielle, mais plutôt d’une recommandation. Au Royaume-Uni, l'entreprise mène campagne avec le court métrage 'Amputee', basé sur des faits réels concernant une jeune femme qui perd une jambe après qu'un chariot élévateur l'a heurtée dans l'entrepôt où elle travaille.

BOÎTES D'ALLUMETTES

Outre l'aspect physique - plans de circulation adaptés dans et autour de l'entrepôt, parcours séparés pour les véhicules et les piétons, glissières de sécurité et barrières - les solutions numériques et virtuelles jouent aussi un rôle de plus en plus important. Rombit, société technologique d’origine anversoise, s'est fait un nom il y a quelques années avec ce que l'on appelle les ‘wearables’, des appareils portables connectés sans fil à Internet et qui peuvent être équipés de nombreuses fonctions. Le premier exploit fut de créer un petit appareil, pas plus gros qu'une boîte d'allumettes, avec différentes fonctions : appel à l'aide après une chute ou un choc, envoi des ordres d'évacuation, évitement des collisions avec les véhicules, distanciation sociale, ... La technologie a depuis été perfectionnée. « La prévention des incidents est devenue notre cœur de métier », déclare Evert Bulcke de Rombit. « Les collisions entre les chariots élévateurs et les collaborateurs sont la deuxième cause d'accidents du travail

Les ‘wearables’ offrent de plus en plus de possibilités pour assurer la sécurité des collaborateurs.

dans la logistique. Le secteur est conscient que cela doit changer. » Les ‘wearables’ ont été développés pour alerter le cariste en cas d’accélérations trop rapides ou de virages trop brusques. La notification immédiate a un impact direct sur son comportement : « s’il reçoit chaque fois un signal, il adaptera plus vite son comportement. Le nombre de quasi-accidents a diminué de 40 % en un trimestre. » Idéalement, tous ceux qui circulent sur le site logistique devraient recevoir un ‘wearable’ qui permet toujours de savoir qui est où. Les entreprises qui souhaitent travailler avec l'application 'driver behaviour' peuvent tabler sur une subvention du gouvernement flamand. L'investissement pour l'employeur reste ainsi limité.

ACCIDENTS VIRTUELS

La réalité virtuelle fait aussi son apparition dans la politique de prévention. Plusieurs grands acteurs de la logistique et chargeurs, dont Atlas Copco, DHL et Kuehne+Nagel, soutiennent le projet pilote ‘AR-VR Training for Logistics’ du Vlaams Instituut voor de Logistiek (VIL). Dans le cadre de ce projet, un module a été développé avec lequel les (nouveaux) collaborateurs sont sensibilisés, au sein d’un entrepôt virtuel, aux dangers courants dans leur environnement de travail. Les collaborateurs reçoivent des lunettes VR et deux contrôleurs qui leur permettent d’effectuer des tâches courantes dans l'entrepôt. Ils sont alors virtuellement exposés à des risques : une palette qui menace de tomber ou un chariot qui surgit de nulle part. Steven De Graeve, Learning & Development Specialist chez Kuehne+Nagel, résume les avantages du système : « Les collaborateurs peuvent découvrir ce qui se passe lorsque les choses tournent mal. Dans une formation en situation réelle, il est difficile de simuler un accident grave. Avec ce module, c’est possible. La technologie complète ainsi la formation à la sécurité existante, plutôt qu'elle ne la remplace. Nos nouveaux collaborateurs reçoivent toujours un parrain ou une marraine et une formation approfondie à la sécurité au travail. Les accidents du travail sont également discutés avec les équipes. Nous continuerons en outre à appliquer cette approche même si l'aspect virtuel devient plus important dans la formation. Nous sommes actuellement dans une phase de test : nous voulons vérifier les effets secondaires éventuels des lunettes VR, tels que les étourdissements ou la fatigue. » Les coûts de développement relativement élevés de l'application pourraient être répartis entre les différents partenaires, la version de base générique pouvant être adaptée aux besoins d'utilisateurs spécifiques.

Les outils virtuels et numériques ont un impact immédiat ‘dans la vraie vie’.

Entraînement à la guerre

Dans un climat international belliqueux, Amaury Luyckx, managing director de Polytra, s'intéresse à un tout autre type de formation à la sécurité. A. Luyckx, qui s’appuie sur de nombreuses années d'expérience militaire, organise avec d’anciens collègues, des formations pour les hommes d'affaires qui se rendent dans des régions à risque, par exemple en Afrique ou en Amérique latine, sous le nom de ‘S.A.F.E.’ (Security Awareness in Fragile Environments). Au programme : conseils pratiques et astuces pour le séjour sur place, premiers secours, mais aussi formation à la conduite et même un stage de survie en cas de prise d'otages. « Il est choquant de voir à quel point certains arrivent sans préparation dans de telles zones. Nous voulons leur offrir les outils pratiques pour s'en sortir dans des situations délicates », explique A. Luyckx.

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