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PANORAMA
INONDATIONS DE JUILLET
TRANSPORTER L’IMPENSABLE
Des chutes de pluie jamais vues, des inondations catastrophiques et une calamité comme la Belgique n’en avait jamais connue, mais aussi une vague de solidarité inédite et un colossal travail de reconstruction. Suite aux intempéries de la mi-juillet, le monde du transport démontre une fois de plus toute son utilité pour la collectivité.
Claude Yvens – claude.yvens@transportmedia.be
D’abord, il y a l’odeur, un mélange d’humidité, de mazout et d’éléments en décomposition qui prend à la gorge. La A601, qui relie la E40 venant d’Aachen à la E313 vers Anvers, est fermée à la circulation depuis des années, mais c’était le seul endroit assez vaste pour accueillir les 160.000 tonnes de déchets (et le compte n’est pas encore terminé au moment d’écrire ces lignes) qui sont retirés de la vallée de la Vesdre, de l’Ourthe et de la Meuse depuis ces funestes 14 et 15 juillet 2021. Huit kilomètres dans les deux sens, recouverts d’un monceau de gravats en attente de recyclage (pour 60 % d’entre eux), d’une mise en décharge ou d’une incinération. Un tracteur de plus passe avec sa benne à vide, roulant presque sur un vélo d’enfant désarticulé.
UN ÉLAN DE SOLIDARITÉ EXTRAORDINAIRE
A côté de ces images qui entreront, hélas, dans l’histoire de la Belgique, on voit des camions partout dans les vallées sinistrées. Dès le lendemain de la catastrophe, l’aide alimentaire s’achemine vers des centres de tri organisés par des associations, des écoles ou des entreprises, puis repris progressivement en main par les autorités locales et la Croix Rouge.
Des réseaux comme 'Transporteurs Solidaires' et 'Brothers of Solidarity' ont amené des dizaines de tonnes d'aide.
Des initiatives magnifiques apportent leur pierre à l’édifice, comme la Bourse aux Dons créée par Olivier Hault pour éviter, en temps normal, le gaspillage alimentaire. Hault réactive son réseau de ‘Transporteurs Solidaires’ dont font partie des entreprises comme Vincent Logistics, STEF, HJF Transports, Propac, Jost, Distristar ou Euro-Trafic. Ce sont ainsi des dizaines de tonnes qui permettent de nourrir les familles qui ont tout perdu (on parle dans un premier temps de plus de 15.000 personnes sans abri pour la seule ville de Verviers). Dans le même temps, tout ce qui roule est mobilisé pour rétablir l’électricité, l’eau et le gaz, puis pour dégager les routes et les ponts. Il n’y a plus un conteneur à louer à des dizaines de kilomètres à la ronde, la moindre benne est pour ainsi dire réquisitionnée. Là où les camions ne suffisent pas, on utilise même des hélicoptères pour hélitreuiller des voitures empalées sur les arbres ! Mais déjà, dans les villes et les villages où tous les commerces ont été noyés sous un à quatre mètres d’eau selon les endroits, les premières camionnettes apparaissent pour remettre en état là une boulangerie, là un supermarché. Cette reconstruction sera longue et les cicatrices lentes à disparaître, mais la vie reprend un peu au bord des rivières…
Idem du côté des entreprises dont toute la vallée espère qu’elles pourront relancer leur activité. A Verviers, la flotte de la blanchisserie industrielle Depairon a été presque entièrement détruite et son outil industriel est sous eau, mais le 4 août, l’actionnaire familial déclare qu’il reconstruira son outil, tandis que la solidarité des concullègues et une flotte de véhicules de location permettent de ne pas interrompre le service à la clientèle. Des situations inimaginables un mois auparavant… et que l’on ne souhaite à personne de revoir un jour.
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1. L’aide alimentaire d’urgence est arrivée de partout. 2. Plus d’un mois après le 15 juillet, on continue d’évacuer des véhicules endommagés. 3. Plusieurs routes de fond de vallée (ici de la Vesdre) n’ont pas encore été réouvertes à la circulation. 4. Compresseurs, pompes, circulateurs d’air… les besoins nécessaires à la remise en état des bâtiments sont immenses. 5. La gestion des cuves à mazout a posé des problèmes particuliers. 6. Pendant ce temps, la noria des bennes se poursuit sur la A601. 7. Tentes et chapiteaux : là où les bâtiments ne sont plus utilisables, le provisoire s’installe. 8. Un artisan qui rouvre son magasin, c’est un peu de vie qui reprend…