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PORTRAIT
RIGOBERT LUCIANA
ENFANT À CURAÇAO, IL ÉTAIT DÉJÀ FASCINÉ PAR LES CAMIONS
Enfant, il arrivait à Rigobert Luciana (40 ans) de conduire le camion avec son oncle à Curaçao. C’est toutefois comme mécanicien qu’il a travaillé ces 20 dernières années. Mais avec Fast Track C/CE 2.0, il a obtenu son permis de conduire CE et a pu réaliser son rêve d’enfant. Rigobert roule désormais pour Alders Transport.
Erik Roosens Rigobert est né et a grandi à Curaçao dans les Antilles néerlandaises. Dans les années ’80, à l’âge de 7 ans, il y conduisait déjà un vieux MAN avec son oncle. « J’étais déjà fasciné par les camions à l’époque », dit-il. « En vieillissant, cette passion a encore grandi et le métier semblait plus beau et attrayant que jamais. Quand j’ai eu la chance de me reconvertir, je n’ai pas hésité une seconde. » A vingt ans, Rigobert arrive aux Pays-Bas. Il vit un certain temps à Rotterdam jusqu’à ce qu’il rencontre sa petite amie. « Cela fait quatre ans que je vis en Belgique », dit-il. « A Retie, qui correspond le mieux à la campagne de Curaçao où j’ai grandi. C’était une grande différence pour moi de vivre dans une ville de la taille de Rotterdam. Le temps à Curaçao était aussi très différent. Le soleil brille toujours et il ne fait jamais vraiment froid. »
Rigobert a postulé pour un emploi chez Alders Transport et a pu y débuter une formation en janvier 2020.
Rigobert : « Je m’arrête pour prendre une douche puis je me rends au zoning industriel où je dois charger ou décharger le lendemain. »
ADR
Rigobert a d’abord travaillé comme mécanicien, dans des garages automobiles et aussi dans des entreprises en tant que technicien de maintenance. « Mais dès mon plus jeune âge, j’ai caressé ce rêve de devenir chauffeur routier. Un ami m’a mis en contact avec Fast Track C/CE 2.0. J’ai immédiatement postulé pour un emploi chez Alders Transport et j’ai pu y débuter une formation en janvier 2020. Six mois plus tard, j’ai d’abord obtenu un permis C puis CE. Aujourd’hui, je conduis un tracteur avec semi à benne basculante. Parfois, je transporte des produits dangereux car j’ai également un certificat ADR. » Rigobert effectue principalement des transports internationaux vers les Pays-Bas, l’Allemagne et la France. « Je pars le lundi et reviens le vendredi », dit-il. « En moyenne, je dors trois à quatre nuits dans le véhicule. Ce que j’aime dans ce travail, c’est la tranquillité. J’ai toujours été entouré de collègues, mais maintenant j’ai la paix dans ma cabine. Cela détend. En tant que chauffeur, vous êtes un peu votre propre entreprise. Vous avez votre mot à dire sur votre manière de travailler. J’aime aussi les beaux panoramas que vous découvrez sur la route. Le lever du soleil vers 4 ou 5 h du matin est fantastique. »
HÉBERGEMENT
Pas facile toutefois de trouver un endroit convenable pour dormir. « Il n’est pas toujours évident de trouver un endroit avec une douche. De plus, je ne travaille que depuis un an et je ne sais pas encore où se situent les bonnes adresses. Je demande donc conseil à mes collègues et j’utilise l’application Truckparking Europe qui donne des informations assez précises, notamment sur le nombre de places de parking. Ce que je fais souvent, c’est m’arrêter pour prendre une douche puis continuer jusqu’au zoning industriel où je dois charger ou décharger le lendemain. » Le transport international ne va pas de soi par rapport à sa compagne. « Ma copine savait depuis le début que je voulais vraiment faire ça », raconte Rigobert. « Mais le but est quand même de limiter, à l’avenir, le nombre de nuits passées loin de la maison. Maintenant, le soir, je lis dans la cabine ou regarde un film et bien sûr j’appelle souvent ma compagne. Mais je me couche tôt, vers 22 h, car le lendemain je dois reprendre la route le matin. L’après-midi, je fais aussi une sieste en cabine. » Rigobert estime qu’il travaille entre 55 et 60 h par semaine. « Le responsable du planning surveille tout de près et me donne un peu moins de travail le lendemain d’une journée qui s’est terminée tard. Cela aide. »
PNEU CREVÉ
Quel est le moins bon côté de ce métier ? « Certains collègues ne sont pas très sympas sur la route. Ils vous dépassent là où c’est quasi impossible puis se jettent entre vous et le véhicule qui vous précède. Et puis, il y a les automobilistes qui voient un petit trou et essaient absolument de s’insérer. Les ornières sur les autoroutes mal entretenues sont également très embêtantes. » Pour l’instant, Rigobert conduit un ancien DAF XF 460. « Lorsque de nouveaux véhicules arrivent, ils vont d’abord aux chauffeurs avec une plus grande ancienneté. En tant que débutant, il est logique de ne pas obtenir immédiatement un nouveau camion. » Rigobert a déjà connu de petits problèmes tels qu’un pneu crevé et ou un problème à la suspension pneumatique arrière. « L’aide à la conduite sur le tableau de bord du DAF est utile. Par exemple, maintenant je suis à 86 %. Mais je suis un chauffeur très calme. » Lorsqu’il est en vacances, Rigobert aime retourner à Curaçao. « Le soleil y brille constamment », dit-il. « Il y a aussi une saison des pluies, mais il ne fait jamais vraiment froid, juste un peu frais le soir. »
PERMIS GRATUIT VIA FAST TRACK C/CE 2.0
Rigobert Luciana a obtenu son permis poids lourd dans le cadre du projet Fast Track C/CE 2.0. Cette formation est gratuite pour les candidats grâce au soutien financier de la province du Limbourg, qui injecte 200.000 €. Il s’appuie sur le premier Fast Track CE lancé en 2018 et qui a dispensé une formation à 39 demandeurs d’emploi et 89 travailleurs. « Nous avons amélioré le premier Fast Track », déclare Roel Smets, président de Febetra Limburg et directeur général d’Altrea Logistics, dont Alders Transport fait partie. « La formation est désormais également donnéeen digital et les candidats se voient attribuer un chauffeur expérimenté en guise de mentor. » Les transporteurs attendent des candidats qu’ils soient motivés et qu’ils s’engagent à exercer la profession pendant au moins deux à trois ans. « Mais nous n’avons pas de garanties absolues », déclare Roel Smets. « Ce n’est d’ailleurs pas légalement possible. Chaque candidat est d’emblée lié à un transporteur, ce qui signifie qu’il est sûr d’avoir un emploi dès le début de la formation. »