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CASE STUDY
LDM MOVING & HANDLING
FORT EN TRANSPORT EXCEPTIONNEL
Quelle est la meilleure stratégie pour une entreprise ? Spécialisation ou diversification ? Il n’y a pas de réponse toute faite à cette question. Mais pour LDM Moving & Handling, opter pour une spécialisation poussée dans le transport par surbaissées semble avoir été le meilleur choix. Surtout quand on regarde le rythme auquel l’entreprise s’est développée, en partie sous l’impulsion de son fondateur Lorenzo Deceuninck.
Geert De Temmerman
Il ne faut pas remonter très loin pour évoquer les origines de LDM Transport puisque l’entreprise a été fondée en 2008. Assez vite, malgré les inévitables hauts et bas, la société s’est forgé une belle réputation dans le domaine du transport exceptionnel. « Contrairement à beaucoup d’autres, je ne viens pas d’une famille où sévissait le virus du poids lourd. Après avoir terminé mes études secondaires en vue de devenir chauffeur professionnel, je me suis retrouvé dans le transport international à 18 ans. J’ai exercé ce métier avec un dévouement total pendant cinq ans, mais j’ai ensuite choisi de rouler en national avec une surbaissée chez un transporteur de la région. L’envie de devenir indépendant est née à ce moment-là et après quelques années, j’ai franchi le pas pour voler de mes propres ailes. J’ai acheté un premier camion et j’ai pu me mettre au travail avec la surbaissée de mon client. Le travail consistait principalement à déplacer des nacelles élévatrices et d’autres petits équipements de location tels que des chariots élévateurs, des chariots télescopiques, … Aujourd’hui, plus de 10 ans plus tard, c’est toujours le cœur de nos activités », déclare Lorenzo Deceuninck.
FORTE CROISSANCE
LDM Moving & Handling se concentre toujours sur le segment léger des transports par surbaissées avec des poids allant jusqu’à environ 30 tonnes. « Nous avons plusieurs semi-surbaissées et surbaissées euro avec essieux pendulaires directeurs. Nos clients se situent principalement dans l’industrie et l’agriculture. C’est un marché où nous avons vu qu’il y avait de la place pour ceux qui investissaient dans du matériel supplémentaire. Des semis extensibles permettant le transport de charges indivisibles jusqu’à 31 mètres, des véhicules plateaux avec chariots élévateurs embarqués et une benne ont été ajoutés à la flotte. En fait, nous pouvons prendre en charge le transport complet d’un entrepôt en construction, des poutres et fondations à la toiture en passant par les machines. » Il y a trois ans, l’entreprise a déménagé dans un tout nouveau site comprenant un parking, un garage et un tunnel de lavage à Roulers. Cela a donné un gros coup de pouce à LDM Transport. « Avant de déménager, nous avions environ 10 véhicules, mais depuis que nous avons déménagé, le parc a presque doublé en trois ans. Dans la situation actuelle du marché, je pense que cela s’arrêtera là. Nous sommes presque à la taille idéale pour conserver la maîtrise et le caractère familial. Je prends moi-même tous les jours le volant pour rester en contact avec les clients et connaître leurs souhaits et besoins. Je suis du genre à agir et peut-être moins à gérer. Mais pour cela, il faut bien sûr pouvoir compter sur une bonne équipe de collaborateurs. » Alors que d’autres optent plutôt pour un contrat de maintenance, LDM a pris la décision peut-être atypique d’investir dans son
Spécialité : transport semi-lourd par surbaissée.
propre atelier moderne. « Je suis un peu fanatique dans ce domaine, mais un équipement propre et bien entretenu est une carte de visite importante pour une entreprise. Le premier camion que j’ai acheté roule toujours régulièrement et a depuis longtemps franchi la barre du million de kilomètres. D’ailleurs, tous les camions que nous avons achetés au fil des ans sont toujours en service. Nous essayons de tirer le meilleur de chaque véhicule avec un minimum de coûts. D’où le choix d’une flotte quasi homogène, à l’exception d’un véhicule entièrement construit sur mesure. Mais étant donné que notre flotte est trop petite pour faire travailler quelqu’un à temps plein dans le garage, des tiers peuvent également l’utiliser pour préparer leur matériel au contrôle technique par exemple. Tout cela a été incorporé dans une filiale LDM Trailer. »
PÉRIODE TURBULENTE
La hausse des coûts et l’impact de la Covid, sans parler de la tension sur le marché du travail, causent des maux de tête à de nombreuses entreprises. « Avec l’épidémie de coronavirus, j’ai eu une impression de déjà-vu car nous sommes entrés dans une crise très impactante, tout comme lors des débuts de la société en 2008. Quand j’ai commencé, la crise financière a éclaté et du jour au lendemain j’ai vu mon volume de travail passer de cinq jours par semaine à deux jours. Un peu angoissant pour quelqu’un qui venait de commencer. La pandémie a provoqué la même onde de choc, avec la grande différence qu’il ne s’agissait plus d’un seul véhicule immobilisé mais de plusieurs. Nous avons brièvement quitté notre marché de niche pour aller rouler en tractionnaires en frigo, entre autres, mais nous en sommes rapidement revenus. Il faut se cantonner à ce qu’on fait le mieux. Entre-temps, le volume de travail est revenu à un niveau relativement normal, mais les coûts ont énormément augmenté, pas seulement les coûts de carburant. Tous les coûts des matériaux, pneus, ... ont sérieusement augmenté et cela ne semble pas vouloir s’arrêter. Garder les coûts sous contrôle est maintenant devenu encore plus crucial qu’avant, car tout répercuter sur le client n’est pas toujours réaliste. En plus, il y a aussi la pénurie sur le marché du travail qui freine la croissance de nombreuses entreprises ou limite la rentabilité car les véhicules s’arrêtent parfois par manque de personnel. Le marché de la location de machines, quant à lui, est toujours en hausse car de plus en plus d’entreprises ne souhaitent plus investir dans leur propre équipement en raison du coût d’investissement élevé et du temps d’utilisation parfois limité des machines. La location courte ou longue durée constitue la solution idéale pour beaucoup, mais implique bien sûr de nombreux mouvements de transport supplémentaires. Ce que nous avons nous-mêmes constaté avec la forte augmentation de notre flotte, mais notre ambition n’est certainement pas de poursuivre un développement effréné. Avec une vingtaine de véhicules, je pense que nous aurons construit quelque chose de beau », dit Lorenzo.
« Pas trop de management, mais de l’action. »
LDM MOVING & HANDLING EN BREF
• Siège : Roulers • Direction : Lorenzo Deceuninck • Spécialité : transport semi-lourd par surbaissée jusqu’à 35 tonnes • Flotte : 16 tracteurs Daf XF 4*2 et 6*2 et 1 Volvo FH420 8*2 • Personnel : 18 ETP
« Un équipement bien entretenu est important pour minimiser les coûts par véhicule. »
LES PME DE TRANSPORT EN 2021 - 2022
ENTRE INQUIÉTUDE ET DÉTERMINATION
Les années se suivent et… ne se ressemblent pas forcément. Après un arrêt quasi-total des activités en 2020, l’économie mondiale a repris des couleurs en 2021. En première ligne, le transport est même particulièrement sollicité avec, pour effet pervers, une pénurie de capacité de transport et de chauffeurs. A laquelle il faut ajouter une hausse des prix du carburant. Alors, du travail en abondance oui, mais comment l’assurer et à quel prix ?
Michel Buckinx
PAUL VAN LOON TRANSPORT : « UNE DEMANDE SANS PRÉCÉDENT »
Jef Van Loon, responsable de la gestion quotidienne de la société : « 2021 a effectivement été une année de reprise après une année 2020 qui a fait des ravages à cause de la Covid. L’économie tourne à nouveau à plein régime avec une hausse sans précédent de la demande. Mais les transporteurs sont confrontés à un gros problème : une pénurie gigantesque de chauffeurs. Ceux-ci vieillissent et le rajeunissement de la profession est faible. Les jeunes préfèrent avoir une vie sociale plutôt que de sillonner les routes toute la semaine. Cela dit, la rotation de notre personnel est faible et nous avons un bon mix de chauffeurs de tous âges. En revanche, la demande fait grimper les prix de transport et alors qu’auparavant, les chargeurs fi xaient les prix, ce sont aujourd’hui les transporteurs qui ont le pouvoir de déterminer les tarifs. » « Pour 2022, nous espérons continuer à travailler comme en 2021 et maintenir notre capacité. Chaque transporteur doit comprendre que nous sommes actuellement en position de force par rapport aux clients, qu’il faut adapter les tarifs de transport et y intégrer les prix élevés du diesel. Nous continuerons aussi à analyser, chaque mois, le rapport ‘coûts - revenus - résultat’ de manière à prendre des mesures correctives si nécessaire. Je ne lis pas dans le marc de café mais j’ai l’impression que nous entrons dans une période positive », explique Jef Van Loon. Paul Van Loon Transport est une société familiale (4e génération) spécialisée dans le groupage entre la France et la Belgique (95 %) et l’Allemagne (5 %). Le parc compte 25 véhicules moteurs et 50 véhicules tractés. L’entreprise s’appuie aussi sur 25 sous-traitants.
La société reste toutefois prudente avec des projets 2022 modérés (investissement dans 4 Scania R450 et 5 semis A&D) en raison de l’incertitude globale qui règne actuellement. « Notre bilan est très bon en termes de capital et de cash-fl ow et je veux maintenir cette situation. Je ne veux pas me noyer dans de lourds investissements et risquer d’avoir des problèmes fi nanciers par la suite. »
VAN DAMME W. TRANSPORT & FILS : « 2021 PLUS PROBLÉMATIQUE QUE 2020 »
John Van Damme, directeur : « En ce qui nous concerne, 2021 a été plus problématique que 2020. Les quarantaines dues à la covid ont des répercussions sur nos chiffres comme les hausses des fournitures, des pneus, du carburant, etc. En effet, nous n’avons pas la possibilité immédiate de majorer nos prix car les contrats prévoient des révisions semestrielles ou annuelles. Nous subissons donc les hausses. Par ailleurs, la pénurie de chauffeurs devient un réel problème car ceux-ci ont tendance à revendiquer des salaires exorbitants en raison de la loi de l’offre et de la demande. » John Van Damme reste toutefois optimiste : « En 2022, nous allons rattraper ce que nous avons perdu en 2020 et 2021 car nous avons de nouveaux marchés. Nous allons construire un nouveau bâtiment de plus de 7.000 m2 dans le cadre d’une diversifi cation des activités. Cela concernera l’achat et la vente de matériaux et nous avons déjà une nouvelle société de vente de compost et autres articles de jardin sous le nom de Dreaming-Garden. » Le groupe Van Damme est actif dans le transport, le génie civil, le criblage et le nettoyage de voirie. Le parc de l’activité transport est très diversifi é (bennes, citernes, camions-grues, bâchées, plateaux, mixers, etc.), mais avec une spécialisation dans le transport exceptionnel.
John Van Damme
JACOBS TRANSPORT : « UN GRAND DÉSÉQUILIBRE ENTRE OFFRE ET DEMANDE »
Jacobs Transport met tout en œuvre pour garantir sa capacité de transport. Jill Gielen, Directrice commerciale : « Il y a un grand déséquilibre entre l’offre et la demande. Nous avons garanti notre capacité auprès de nos clients réguliers et avons même consenti des efforts supplémentaires en termes de volumes. La demande a aussi augmenté suite à la hausse des tarifs des matières premières qui a poussé certains clients a constituer des stocks plus importants, stocks qui devaient bien sûr être transportés. Ces derniers mois, le prix du diesel a fortement impacté notre chiffre d’affaires. Nous avons donc décidé de travailler, dès l’année prochaine, avec une clause diesel pour tous nos clients. Par rapport à la pénurie de chauffeurs et du Paquet Mobilité, tous nos chauffeurs ont un contrat sous législation belge et nous travaillons avec une agence d’intérim grâce à laquelle nous n’avons rencontré aucun problème dans la recherche de nouveaux chauffeurs. » Pour 2022, la société est confi ante quant au maintien de sa capacité de transport et prévoit même une forte croissance. Jill Gielen : « Nous avons investi dans 10 nouveaux tracteurs et chauffeurs en 2021, et poursuivrons en 2022 avec l’acquisition de 15 autres tracteurs et semis. Jacobs Transport a aussi diversifi é son portefeuille. Nous avions beaucoup de clients dans le secteur de l’acier mais avec la crise sanitaire, ce secteur a connu de sérieux revers, ce qui nous a poussés à explorer de nouveaux marchés. Nous souhaitons en outre développer les services logistiques pour les clients actuels et futurs. »
Jacobs Transport est une entreprise de taille moyenne qui exploite 80 tracteurs et 230 semi-remorques. Elle est surtout active en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et dans le nord de la France. Les secteurs concernés : l’acier, l’industrie de l’emballage, le secteur de la construction et pétrochimique et le transport de conteneurs.
BIMATRA : « LE RECRUTEMENT, LE DÉFI DE DEMAIN »
Bart De Clerck, directeur : « Pour le moment, notre personnel est complet mais cela peut évidemment changer très vite. En tout cas, le recrutement sera, selon moi, le défi des prochaines années et je prévois de nombreux problèmes à ce niveau avec les conséquences qui y sont liées : baisse du chiffre d’affaires, de la rentabilité, clients insatisfaits, … La capacité de transport en dépend également. Si nous pouvons trouver du personnel supplémentaire, nous l’engagerons et ajouterons un véhicule s’il le faut. Mais trouver du matériel à temps est aussi un problème car les délais de livraison sont très longs. En ce qui concerne les prix du transport, je trouve qu’il est aujourd’hui plus facile de les adapter qu’auparavant. Tout le monde s’est résigné à voir les prix grimper. » 2022 sera pour Bimatra une année de stabilisation avec tout de même l’investissement dans deux véhicules afin de satisfaire à la règle des 48 t en Flandre et des 50 t en Wallonie.
Alain Adriaens analyse avec lucidité la situation actuelle : « En ce qui nous concerne, la reprise n’est arrivée qu’au début de septembre pour ralentir à nouveau début décembre. Je pense que l’explosion du coût de la vie de ces derniers mois y est pour quelque chose, et fait réfléchir bien des gens et des entreprises. Suite à la pandémie, notre dernière augmentation de tarif date de janvier 2019. Nos prix de transport sont fixes pour 1 année (2 cette fois). Nous appliquons un pourcentage variable de surcharge diesel et taxe km, adaptable mensuellement. Grace à cela, nous avons pu répercuter une partie des coûts liées à cette flambée des prix des carburants. Nous sommes beaucoup plus inquiets quant à l’augmentation énorme des salaires et charges salariales pour 2022. Les chauffeurs sont les premiers représentants de l’entreprise. Nous investissons en eux. Hélas, la fidélité n’est plus de mise et pour quelques avantages - financiers ou autres - ils vous quittent : 5 chauffeurs et 20 employés depuis septembre 2021 ! Depuis la création d’Ideal Freight, nous n’avons jamais connu un tel mouvement. Désormais, nous engageons des chauffeurs permis B et les accompagnons pour le passage au permis C ou CE. Les auto-écoles ne suivent plus, des candidats qui ont réussi la théorie en septembre ne passeront à la pratique que début février. Ceci est un point important auquel devraient s’attaquer nos hommes politiques. » Pour 2022, c’est l’incertitude qui règne. Alain Adriaens : « Tant que la situation sanitaire n’est pas stabilisée, l’activité économique va continuer à fluctuer. Ces derniers mois, nous sommes régulièrement contactés par des entreprises dont le transporteur habituel ne sait plus répondre à leurs demandes. De nombreux camions restent sans chauffeurs sur les parkings. Notre projet le plus urgent est de revenir à une stabilité dans le personnel et de retrouver la rentabilité. Nous pensons également agrandir notre capacité de stockage. Nous avons commandé des véhicules mais les délais de livraison dépassent un an. »
« Trouver du matériel est aussi un problème. »
Bart De Clerck Bimatra utilise surtout des ensembles tracteurs-semis walking floor ainsi que quelques porteurs avec système porte-conteneurs. La société est principalement active dans le secteur du bois, y compris le recyclage, en Belgique, dans le nord de la France et en Allemagne. Le parc compte 14 véhicules auxquels il faut ajouter l’apport de 6 sous-traitants.
IDEAL FREIGHT : « LA FIDÉLITÉ N’EST PLUS DE MISE »
Ideal Freight est spécialisé dans la distribution en Belgique et au grandduché du Luxembourg. Elle offre une capacité de stockage de 4.000 m2 et exploite une flotte de 20 véhicules.
Alain Adriaens