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LES SEPT GRANDES MARQUES AU RAPPORT

SENS DESSUS DESSOUS

Logiquement, 2021 devait être une année de rattrapage après 2020 et ses confinements. Des confinements, il y en a encore eu cette année, mais on retiendra surtout l’exceptionnel dynamisme de la demande, combiné à des ruptures inédites des chaînes d’approvisionnement. Résultat : un marché du poids lourd extrêmement difficile à déchiffrer et où une mère ne retrouve pas toujours ses jeunes. Nous faisons le point avec les patrons des sept grands constructeurs.

Claude Yvens - claude.yvens@transportmedia.be

Dans la foulée de l’interview réalisée dans notre numéro précédent avec Michiel Kuijs (DAF Trucks Belgium), nous avons donc interrogé les six autres directeurs généraux actifs en Belgique. Rappelons les temps forts de l’interview de Michiel Kuijs : la demande reste soutenue, mais pourrait se stabiliser en 2022, les délais de livraison qui s’allongent provoquent des anticipations de commandes, mais il est exagéré de parler de spéculation. Voyons comment ses concullègues analysent le marché quelques semaines plus tard.

PAS DE SPÉCULATION EXCESSIVE

La situation peut évidement varier légèrement d’une marque à l’autre, en fonction du rythme de renouvellement des gammes, mais presque tous les constructeurs sont contents de leur carnet de commande. « Si l’on considère le nombre de nouvelles commandes, on peut dire sans hésiter que 2021 a été une année record. Bien sûr, le rattrapage de l’année 2020 y est pour quelque chose, mais même en dehors de cela, nous pouvons parler d’une année extrêmement réussie », estime ainsi Marc De Baerdemaeker (MAN Truck & Bus Belgium). Il y a une triple explication à cela : le rattrapage de ce qui n’avait pas été commandé en 2020, la bonne tenue de l’économie et un effet-rebond des délais de livraison qui s’allongent. Les deux premiers points ne demandent guère d’explication, mais le troisième nécessite quelques éclaircissements. Le sujet des délais de livraison a touché suffisamment de produits pour que le grand public y ait été sensibilisé, et les camions n’ont évidemment pas échappé au problème, avec des délais de livraison qui atteignent, pour certains types de véhicules, le niveau qui était le leur juste avant la crise de 2008. Dans ce contexte, il faut se rappeler que le secteur du transport avait commandé plus de véhicules qu’il n’en avait besoin, parfois poussé dans le dos par des vendeurs trop heureux d’y gagner une commission de plus. Lorsque la crise financière a débuté, non seulement les véhicules supplémentaires ne se justifiaient plus mais même les autres véhicules restaient parfois des mois sur un parking. En 2021, l’allongement des délais de livraison crée à nouveau cet effet-rebond, mais pas dans les mêmes proportions. Comme

Les marques qui, comme Scania, ont une nouveauté récente comme la gamme Super, profitent d’un surcroît de demande.

l’explique Olivier Fossion (Iveco Belgium), « en communiquant de manière très transparente, et avec la visibilité dont nous disposons, il nous est possible d’éviter les achats purement spéculatifs. Il n’en reste pas moins que certains clients ont anticipé certains achats. » Chez Renault Trucks Belgium, Siegfried Van Brabandt confirme : « Ce sont surtout les grandes flottes qui ont anticipé certains achats, mais pas dans une mesure comparable à 2007/2008. Je ne parlerais donc pas de spéculation, mais de bonne gestion. L’autre facteur qui freine la spéculation, c’est le manque de chauffeurs. A quoi cela servirait-il de commander des camions en plus si c’est pour n’avoir personne pour les conduire ? » Et Peter Himpe (Volvo Trucks Belgium) de rappeler que les fondements de l’économie restent bons et que cette crise n’a donc rien à voir avec celle de 2008.

DÉLAIS DE LIVRAISON STABILISÉS

Il existe également une belle unanimité pour dire que les raisons qui ont poussé les délais de livraison vers le haut n’ont pas encore disparu. Les délais de livraison se sont donc stabilisés, mais ils ne devraient pas revenir à la normale de sitôt. « La problématique des puces électroniques, par exemple, semble se stabiliser », explique Peter Brock (Mercedes-Benz Trucks Belgium). « Elle continuera cependant à peser sur les délais de livraison pendant le premier semestre 2022. Nous espérons maintenant que la deuxième moitié de 2022 marquera le début d’un retour à la normale. » Ce qui a changé par contre, c’est la visibilité sur ces délais de livraison : elle est aujourd’hui bien meilleure qu’il y a six mois… et les commerciaux ont appris à ne plus faire de fausses promesses. C’est du moins ce que l’on peut espérer. Reste un facteur sur lequel personne n’a de prise pour le moment, comme le souligne Siegfried Van Brabandt : la quatrième vague du Covid-19 qui pourrait à nouveau frapper le personnel des usines et provoquer de nouveaux retards.

« Nous espérons que le marché reviendra à des délais de livraison normaux au deuxième semestre 2022. »

Peter Brock (Mercedes-Benz Trucks Belgium)

IN THE ELECTRIC MIST

Les cinéphiles se rappelleront probablement ce film de Bertrand Tavernier avec Tommy Lee Jones dans le rôle principal, mais le brouillard dans lequel se trouve actuellement le camion électrique en Belgique est tout sauf artistique. Au niveau fédéral, il y a bien un projet de loi qui introduit le principe d’une déduction fiscale majorée pour les entreprises qui investissent dans des camions sans émission de CO2. « Ces premières mesures sont absolument insuffisantes et la Belgique est vraiment à la traîne par rapport à nos pays voisins », regrette Janko van der Baan (Scania Benelux). « Nos voisins ont déjà pris des mesures concrètes pour neutraliser la différence d’achat avec le diesel, premier pas concret vers un équilibre correct de la comparaison du TCO. » Et Peter Himpe (Volvo Trucks) de rappeler qu’en Allemagne, 80 % du surcoût est compensé par l’état… « Il ne faut pas que la Belgique rate le coche : dans les pays voisins, il est déjà parti ! », conclut-il. Chez DAF, Michiel Kuijs pointe aussi la lenteur du développement de l’infrastructure de recharge : « Selon nous, ce sera déterminant pour passer des intentions aux actes d’achat. » L’an dernier, à la même époque, nous estimions (sur base des propres estimations des marques) le potentiel du marché belge à une quarantaine de camions électriques. Douze mois plus tard, le zéro est de trop et plus personne n’ose le moindre pronostic. « Cela dépend encore de trop de facteurs externes », justifie ainsi Marc De Baerdemaeker (MAN). Le seul à avance un chiffre est Siegfried Van Brabandt (Renault Trucks) : « Nous pensons que dans deux ans, nous pourrons réaliser 5 % de vos ventes avec des véhicules électriques » Mais il inclut dans ce calcul les camionnettes Master ZE…

LE MARCHÉ BELGE EN 2021

IMMATRICULATIONS PAR CLASSE DE TONNAGE

Porteurs 3501 > 5999 kg 6000 > 15999 kg 16000 > 18999 kg 19000 kg 19001 kg > Tracteurs

TOTAL 2021 % 2020 % Evolution

3909 47,78 4210 56,00 -7,15 449 5,49 486 6,46 -7,61 869 10,62 842 11,20 3,21 212 2,59 212 2,82 0,00 231 2,82 326 4,34 -29,14 2148 26,25 2344 31,18 -8,36 4273 52,22 3308 44,00 29,17

8182 7518 8,83

PARTS DE MARCHÉ PAR CLASSE DE TONNAGE

DAF

Ford

Fuso

Iveco

MAN

Mercedes Renault Trucks

Scania Volkswagen Volvo

3501 > 5999 kg 6000 > 15999 kg 16000 > 18999 kg 19000 kg + 19000 kg Porteurs total Tracteurs

18,64 % 11,79 % 41,13 % 11,64 % 13,61 % 20,15 % 3,12 % 0,00 % 0,94 % 0,00 % 0,05 % 0,43 % 0,77 % 2,88 % 0,64 % 27,62 % 31,65 % 3,30 % 7,79 % 4,66 % 13,40 % 6,55 % 8,24 % 14,61 % 24,53 % 24,68 % 21,09 % 18,57 % 18,84 % 37,19 % 16,11 % 7,55 % 18,18 % 16,20 % 18,24 % 10,72 % 6,01 % 6,44 % 21,23 % 2,16 % 6,01 % 6,70 % 6,37 % 0,00 % 0,00 % 4,72 % 2,16 % 14,53 % 8,37 % 15,35 % 13,36 % 1,53 % 6,56 % 24,53 % 3,90 % 21,97 % 15,09 % 21,04 %

BILAN PAR MARQUE

PORTEURS (> 3,5 T) Marque 2021 % 2020 %

MAN 726 18,6 835 19,8 Mercedes 713 18,2 713 16,9 Volvo 590 15,1 674 16,0 DAF 532 13,6 639 15,2 Iveco 524 13,4 477 11,3 Scania 327 8,4 351 8,3 Renault 262 6,7 330 7,8 Volkswagen 60 1,5 56 1,3 Fuso 25 0,6 13 0,3 Ford 17 0,4 15 0,4 Autres 133 3,4 107 2,5

TOTAL 3909 4210 TRACTEURS Marque 2021 % 2020 %

Volvo 899 21,0 718 21,7 DAF 861 20,1 712 21,5 MAN 805 18,8 524 15,8 Scania 656 15,4 515 15,6 Mercedes 458 10,7 340 10,3 Iveco 280 6,6 270 8,2 Renault 272 6,4 226 6,8 Ford 33 0,8 0 0,0

TOTAL 4273 3308 MARCHÉ TOTAL Marque 2021 % 2020 %

MAN 1531 18,7 1359 18,1 Volvo 1489 18,2 1392 18,5 DAF 1393 17,0 1351 18,0 Mercedes 1171 14,3 1053 14,0 Scania 983 12,0 866 11,5 Iveco 804 9,8 747 9,9 Renault 534 6,5 556 7,4 Volkswagen 60 0,7 56 0,7 Ford 50 0,6 15 0,2 Fuso 25 0,3 13 0,2 Autres 142 1,7 110 1,5

TOTAL 8182 7518

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