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La famille Verlaan

La Seconde Guerre mondiale a été dévastatrice pour l’Europe, particulièrement pour la Hollande voisine immédiate de l’Allemagne. Le pays fut envahi en mai 1940 et pour les membres de la famille Verlaan – producteurs reconnus et propriétaires des terrains qu’ils exploitent près d’Amsterdam – l’avenir est plus qu’incertain. Nés respectivement en 1920 et 1921, Theodore Verlaan et sa femme Petronella prennent la lourde décision de quitter leur pays pour se bâtir un avenir meilleur.

En 1949, ils ont déjà deux fils – Arthur, âgé de 18 mois et Kees, âgé de 6 mois – lorsqu’ils montent à bord du Volendam pour le Canada. Ils accosteront dans le port de la ville de Québec.

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Tout est nouveau pour eux dans ce pays d’adoption où ils redémarrent de zéro. Theodore doit trouver un toit et se dénicher un emploi. Après un court séjour à Québec, Theodore et Petronella choisissent de s’établir à Montréal, où M. Verlaan est engagé par les fleuristes Mc Kenna. Mais ce travail ne le satisfait pas. Il a besoin d’un rapport à la terre pour être heureux. Une petite annonce lui apprend que le propriétaire d’un domaine des Laurentides recherche un jardinier.

M. Verlaan rencontre alors James Franceschini et le courant passe bien entre les deux Européens d’origine. Theodore devient responsable des jardins de Dufferin Haven à Mont-Tremblant. La famille arrive au lac Mercier à bord du P’tit Train du Nord et quelle ne fut pas leur surprise de découvrir un village sans fleurs. À cette époque, l’aménagement paysager n’était pas une priorité pour les résidents. Ils s’étonnent d’avoir été embauchés pour développer ici un domaine fleuri. Un membre du personnel de M. Franceschini les attend à la gare et les conduit à Dufferin Haven –un domaine stupéfiant aux abords du lac Tremblant avec une vue splendide sur la montagne. L’endroit est magnifique et la famille est logée sur le site. Les jardins, déjà étendus, seront le canevas pour créer une œuvre fleurie grâce au savoir-faire de Theodore.

M. Franceschini est un homme extravagant, il possède de nombreux chevaux Palominos. Au fil des ans, l’aménagement floral de Dufferin Haven et les remarquables chevaux deviennent un point d’attraction. Les gens viennent d’aussi loin que Montréal pour les admirer. M. Verlaan exploite aussi les serres pour produire de beaux cultivars.

Il existait une compétition discrète entre les grands propriétaires à Mont-Tremblant et tous voulaient offrir les plus beaux jardins à leurs clients. M. Libotte était le jardinier du Centre de villégiature Tremblant et M. Schoots était celui de Gray Rock. Mais les jardins de M. Franceschini restaient le modèle à suivre.

Pendant ce temps, la famille s’agrandit ; quatre enfants naitront à Mont-Tremblant, Clara, Katy, Pierrette et Dick. Ils fréquentaient tous l’école de Mont-Tremblant et je me souviens que ma mère passait cueillir Clara et d’autres enfants du coin en me conduisant à l’école.

Je finissais mon primaire et Clara le commençait. Ce mode de transport écolier sympathique prit fin lorsque mon père réalisa qu’il n’était pas dans les règles en cas de pépin. C’est ainsi qu’est arrivé dans le village l’autobus scolaire conduit par Paul Letendre.

Au décès de James Franceschini en 1960, sa succession prendra en charge Dufferin Haven et M. Verlaan y demeurera pour gérer le domaine. Petit à petit, les héritiers vendront les chevaux et différentes parcelles de la propriété. Par contre, reconnaissant le travail de Theodore et Petronella, ils offriront au couple d’y séjourner aussi longtemps qu’ils le désirent.

Au début des années 1970, le domaine est vendu et M. Verlaan, alias Dick et son fils Kees, alias Casey achètent les serres et ouvrent le commerce Les Serres Verlaan.

Les Verlaan sont un exemple parfait d’intégration. Petronella, alias Nell et son mari ont toujours manifesté beaucoup de respect pour leurs voisins d’adoption et en retour ils étaient bien considérés.

Le couple décidera de s’établir à Saint-Jovite pour les dernières années de leur vie.

Theodore (Dick) Verlaan est décédé à l’âge de 85 ans en 2006 et Petronella (Nell) à l’âge de 95 ans en 2016.

Leurs enfants ont tous réussi chacun dans leur domaine respectif. Si le destin les a amenés momentanément ailleurs, ils sont tous revenus à Mont-Tremblant parce qu’ici, c’est « chez eux ».

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