LES NOUVEAUX
En bref
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Elle enflamme Rodeo, tempétueux premier film sur l’univers du cross bitume de Lola Quivoron, au cinéma en septembre. L’actrice et la réalisatrice viennent de remporter le prix de la critique au Champs-Élysées Film Festival, après le Prix coup de cœur du jury Un certain regard à Cannes. « Enfourcher une moto, c’est se créer une bulle de bonheur et d’adrénaline que l’on déplace avec soi, un bon gros shoot de liberté », analyse Julie Ledru, originaire du Val-d’Oise, dans un sourire qui crie l’évidence d’une passion totale. C’est en tombant sur une photo jaunie de sa mère posant près d’une Suzuki qu’elle prend goût à la moto. Arrivée au cross bitume seule, comme Julia, la tête brûlée qu’elle interprète dans Rodeo, Julie Ledru se fait rapidement un nom sur Instagram, à mordre de
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la piste en zone industrielle. Lola Quivoron, jeune réa lisatrice éprise d’héroïnes et de héros soli taires et de mysticisme, cherche alors à pénétrer cet univers pour son premier long métrage et se prend de subjugation pour la bikeuse, qui raconte : « J’étais assez repliée sur moi-même au moment de notre rencontre, et l’amitié tissée avec Lola m’a permis d’incarner le personnage principal du film, qui ne m’était pas destiné à l’origine. » Cette titulaire d’un diplôme en restauration gastronomique enchaînait jusque-là les missions en intérim. Sa composition animale, dopée à l’urgence de vivre, lui promet déjà plusieurs rôles sur grand écran. « Je veux aller vers des rôles où l’on me sollicite pour ce que je suis et ce que je donne », lance-t-elle dans un mélange de fièvre et de douceur. Rodeo de Lola Quivoron, Les Films du Losange (1 h 45), sortie le 7 septembre Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS
no 190 – été 2022
LAURA PERTUY
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Pluie de récompenses au festival Côté court mi-juin pour TNT d’Olivier Bayu Gandrille, qui signe là un teen movie politique sur les émeutes de 2005. Un film d’époque pour « un événement historique » peu vu au cinéma. « Je voulais faire deux films en un et j’avais peur que la greffe ne prenne pas », nous dit-il. Elle prend pourtant à merveille. Mêlant aux émeutes de 2005 un récit initiatique teinté de fantastique et d’horreur autour d’une bande de gamins et de la légende urbaine de Paupaul, « fou des quartiers riches qui viole les jeunes qui passent par les bois, surtout les rebeus et les renois », dixit un personnage du film, TNT déploie avec une grande intelligence une réflexion sur la naissance et l’origine de la peur et sur « la violence de la sortie de l’enfance » pour les enfants racisés confrontés très jeunes aux violences policières, rendues ici à l’état de grand méchant loup. Dans ce