WE DEMAIN INITIATIVE MAI 2013

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DOSSIER V ILLES RÉALI LES EXPERTS SÉ DE CDC C AVEC LIMAT

VILLES D’EUROPE EN MODE DEMAIN Objectif zéro carbone, éco-quartiers, autosuffisance alimentaire, énergies renouvelables… Les agglomérations et les territoires pilotent la transition.

Mai 2013

Ce supplément ne peut être vendu séparément


econocom pour que la technologie devienne un jeu d’enfant

Que l'accès aux nouvelles technologies devienne ƉŽƵƌ ǀŽƚƌĞ ĞŶƚƌĞƉƌŝƐĞ ƵŶ ũĞƵ ĚΖĞŶĨĂŶƚ͕ ĐΖĞƐƚ ŶŽƚƌĞ ĂŵďŝƟŽŶ͘ EŽƵƐ ĐŽŶƐĞŝůůŽŶƐ͕ ŵĞƩŽŶƐ ĞŶ ƈƵǀƌĞ Ğƚ ůŽƵŽŶƐ ůĞƐ ƐŽůƵƟŽŶƐ ƋƵŝ ůƵŝ ŽƵǀƌŝƌŽŶƚ ĚĞ ŶŽƵǀĞĂƵdž ŚŽƌŝnjŽŶƐ͘

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L’EUROPE DE DEMAIN Isabelle Lefort

La transition est en marche. Pour vous en convaincre, partez à la découverte de 40 villes d’Europe à la pointe de la transition. Objectif zéro carbone, autosuffisance alimentaire, smartgrids à énergie positive, écoquartiers pour tous, monnaies solidaires… Ce n’est pas une, ni dix, mais des centaines d’initiatives qui fleurissent à l’échelle européenne. À leur tête, qu’ils soient Allemands, Espagnols, Suédois, Slovènes ou Français, les porteurs de projets ne s’épuisent pas en bla-bla, ils se concentrent sur le « faire ». Pour eux, aucun doute, le changement, c’est vraiment maintenant. Et, clairement, c’est bluffant. Enthousiasmant. WE DEMAIN INITIATIVE

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NOS PARTENAIRES PIONNIERS — PARTAGEANT NOS VALEURS, CES ENTREPRISES AVANCENT À NOS CÔTÉS POUR NOUS AIDER À MIEUX APPRÉHENDER ET RENDRE COMPTE DU MONDE DE DEMAIN. —

ÉCONOMIE D’ÉNERGIE

ECONOCOM

NUTRITION & SANTÉ

Numéro un européen du marché de la diététique et de l’alimentation biologique, le groupe Nutrition & Santé se développe depuis plus de trente ans sur l’idée très simple que ce que nous mangeons a une incidence sur notre santé. Une idée très minoritaire, pionnière à l’époque de son lancement, mais qui est presque devenue une idée reçue tant le « nutritionnellement correct » est partout. À la pointe de la recherche nutritionnelle, le groupe innove en permanence pour proposer des solutions alimentaires adaptées à la vie moderne, mais toujours enracinées dans la naturalité des ingrédients et dans le plaisir de manger. Créer du lien entre nutrition et santé est une vocation et un métier. C’est celui de Nutrition & Santé depuis son origine.

Econocom est le premier groupe européen de services indépendant de gestion des infrastructures IT numériques Économie d’Énergie SAS, société de conseil et télécoms aux entreprises. En tant que signataire du en efficacité énergétique à destination des grandes Pacte mondial des Nations unies, une initiative volontaire entreprises et multinationales créée en 2008, est d’entreprises responsables, Econocom s’attache à promouvoir la dirigée par Myriam Maestroni. Ancienne directrice responsabilité sociétale des entreprises, en participant à la recherche générale de Primagaz, coauteur de solutions face aux conséquences inélucd’Intelligence émotionnelle, service tables de la croissance mondiale. et croissance et Mutations éner« L’innovation fait partie intégrante gétiques, elle est impliquée dans de notre modèle. Nous voulons être porteurs le néomanagement et le leaderd’idées nouvelles et échanger des informations. ship du développement durable. Aujourd’hui, dans le domaine du numérique, ReflexParis est une agence de design graphique tout va très vite, et les transformations ne Économie d’Énergie propose et de communication intégrée créée en 1988. suivent pas les pyramides classiques de la des solutions clé en main en B2B Adossée depuis le printemps au groupe Entagos, hiérarchie. Tout le monde peut échanger, permettant d’accompagner la valoleader européen du paper management, ReflexParis chaque salarié peut entrer en contact risation des certificats d’économie poursuit son développement auprès des marques direct avec les sources d’information. d’énergie (CEE) issus de la loi de proà forte valeur ajoutée, des grandes causes et des De nouvelles méthodes de travail grammation fixant les orientations beaux projets, tant en France qu’en Europe et, via plus collaboratives se développent. de la politique énergétique de la France ReflexNewYork et ReflexShanghai, aux États-Unis et Nous sommes au cœur d’une (POPE 2005). Les énergéticiens et distrien Chine. buteurs de carburant sont contraints d’inprofonde mutation. » « We demain est un beau projet, peut-être le plus citer les citoyens aux économies d’énergie. ambitieux et le plus beau que nous pouvions soutenir. C’est Les projets d’accompagnement d’Économie une croisade, une noble cause, un beautiful concept. Vouloir d’Énergie permettent aux grandes entreexpliquer, sensibiliser et faire comprendre les enjeux de notre prises d’éviter des pénalités et de valoriser leur futur, mettre l’accent sur les acteurs positifs du changement, démarche de développement durable auprès témoigner des victoires et des avancées, mettre en valeur avec de l’État et de leurs clients. des illustrations somptueuses les chances que nous avons de La société de conseil accompagne les pouvoir améliorer notre avenir en ces temps troubles et inquiets éligibles, c’est-à-dire les entreprises qui souhaitent nous semble un remède, une potion formidable et louable, un valoriser, revendre des certificats d’économie parti pris optimiste et courageux auquel nous adhérons sans d’énergie, ou sont à la recherche d’un partenariat. réserve ! Nous sommes aux côtés de We demain, et nous Économie d’Énergie s’adresse aussi aux particuliers, tenterons d’apporter toute notre expertise pour faire partager afin de créer une passerelle entre les obligés et les cette superbe initiative au plus grand nombre. » gisements de CEE.

REFLEXPARIS

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WE DEMAIN INITIATIVE ÉDITEURS : François Siegel Jean-Dominique Siegel

© Couverture : Shutterstock - Sommaire : David Rose/Panos-REA - Ideol - Norlha - DR - Bruno Klein - Jean-Claude Coutausse/Divergence - Danny Gys/Reporters-REA - Lydie Lecarpentier/REA - Arnaud Robin pour We demain Initiative

RÉDACTEUR EN CHEF : Isabelle Lefort L’EUROPE DE DEMAIN

ÉOLIEN FLOTTANT

DIRECTION ARTISTIQUE : Émilien Guillon SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Émilie Esnaud RECHERCHE PHOTO : Ghislaine Bras EDITING : Jean-Louis Marzorati Antoine Lannuzel

LA RÉSERVE DES ARTS

LE LUXE SELON 1.618

INTERVIEWS, ENQUÊTES, REPORTAGES : Florence Autret – Charles Faugeron – Arthur Hily – Hélène Martinez – Dominique Pialot

CHANTAL JOUANNO

MAQUETTE ET PRÉ-PRESSE : Victor Mourain CHEF DE FABRICATION : Diane Mourareau MARTIN HIRSCH

PHILIPPE LAMBERTS

COWORKING

CONSEIL : Bénédicte Dahirel PUBLICITÉ ET PARTENARIATS : GS Régions Sylvain Attal 01 40 95 57 44 sattal@gspresse.fr RÉGLAGE PRESSTALIS : Distrikiosk Pascal Lechevallier Édité par We Demain Groupe GS. Principaux associés : François Siegel, Jean-Dominique Siegel, Sylvain Attal. Siège social : 92, av. Victor-Cresson 92130 Issy-les-Moulineaux — Téléphone : 01 40 95 57 00 — Gérant et directeur de la publication : François Siegel — Photogravure : Studio 92 / Key Graphic, Impression : ENTAGOS 3, rue du Pont-des-Halles 94150 Rungis — Commission paritaire : 0614 K 91382 ISSN : 2259-0242 Dépôt légal : mai 2013.

PEFC/10-31-1282 PEFC/10-31-1282

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P. 3 : ÉDITO P. 5 : PARTENAIRES P. 8 L’EUROPE DE LA TRANSITION 40 villes d’Europe qui ont commencé leur marche vers un avenir durable. P. 24 CHANTAL JOUANNO, ÉCOLO-ÉTHIQUE La sénatrice de Paris nous livre sa vision de l’écologie en politique. P. 28 L’ÉOLIEN FLOTTANT Les entreprises françaises qui vont jouer un rôle à l’échelle européenne dans ce domaine de pointe des énergies renouvelables. P. 32 L’ÉCONOMIE D’ÉNERGIE EN ACTION Myriam Maestroni œuvre pour de nouveaux comportements énergétiques.

P. 34 PHILIPPE LAMBERTS, L’ENNEMI DE LA CITY Entretien avec le député européen qui fait trembler les très grandes banques. P. 38 REPAIRES POUR BOHÈME-WORKERS Enquête sur les espaces de travail collaboratifs. P. 42 VOISIN MALIN, CRÉATEUR DE LIEN SOCIAL L’association accompagne les citoyens dans leurs démarches. P. 44 MARTIN HIRSCH À L’HEURE DU PREMIER BILAN Interview de l’initiateur du service civique en France. P. 49 1.618 : LE LUXE DEVIENT DURABLE Barbara Coignet repère les entreprises du luxe qui agissent pour l’environnement.

VOISIN MALIN

P. 50 OSKAR METSAVAHT, LA MODE ÉTHIQUE Sa marque Osklen invente la mode de demain. P. 54 JAEGER-LECOULTRE, HORLOGER VERT Le fabricant s’impose comme l’un des plus soucieux de l’environnement. P. 58 L’ART DU RÉEMPLOI La Réserve des arts récupère le rebut des entreprises pour en faire des matériaux pour les artistes. P. 62 LE PARLEMENT DES ENTREPRENEURS 4 entreprises qui placent l’humain au cœur de leur business. P. 65 MANIFESTE WE DEMAIN 72 nouveaux signataires passés « en mode demain » nous ont rejoints. 7


STOCKHOLM, COMPTERA EN 2017 PLUS DE 26 000 HABITANTS. C’EST L’UN DES PLUS GRANDS PROJETS D’ÉCOQUARTIER EN SUÈDE.

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© David Rose/Panos-REA © xxxx

LE QUARTIER DE HAMMARBY SJÖSTAD, À


L’EUROPE DE LA TRANSITION EST EN MARCHE Olivier Delahaye

© xxxx

— LES VILLES EUROPÉENNES ABRITENT 75 % DE LA POPULATION ET SONT RESPONSABLES DE 80 % DES ÉMISSIONS DE CO2 : ELLES SONT AU CŒUR DES PROBLÈMES LIÉS À L’ENVIRONNEMENT. MAIS ELLES SONT AUSSI PORTEUSES DE SOLUTIONS. CERTAINES N’ONT PAS ATTENDU POUR LES METTRE EN PRATIQUE. —

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au sein des instances internationales. Depuis 1995, à chaque grand raout international sur le climat, ICLEI organise un sommet parallèle des maires. En 2009, la Commission européenne a mis en place la Convention des maires, mouvement au sein duquel les signataires s’engagent à atteindre les fameux 3 x 20 avant 2020 : 20 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins, 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale, 20 % d’économies d’énergie sur leur territoire. Quatre mille trois cent trente-six communautés locales, dont 113 françaises, sont membres de la Convention. Périodiquement, elles doivent remettre des rapports faisant état de l’avancée de leurs plans d’action.

Les villes grouillent, émettent 80 % de la quantité de CO2 déversée dans l’atmosphère et consomment 75 % de l’énergie produite. Sur la seule question du changement climatique, les données ont de quoi effrayer. Aujourd’hui, la production de carbone atmosphérique est de 7,5 gigatonnes (Gt) par an. En 2050, elle devrait être de 16 Gt. Or, pour stabiliser la hausse des températures autour de 2 à 3 degrés, il faudrait émettre entre 2 et 3 Gt annuelles. Ces chiffres ont fait admettre à la communauté internationale que si la ville était le principal problème en matière d’environnement (émission de gaz à effet de serre, mais aussi épuisement des ressources, raréfaction des terres agricoles, pollution des sols et des eaux, production de déchets…), elle en devenait de fait la solution. LA VILLE, MAILLON ESSENTIEL En Europe, l’enjeu urbain est fondamental. De nombreuses villes n’ont pas attendu les États pour lancer des politiques environnementales. La sortie des énergies fossiles et les stratégies afférentes leur sont même totalement attribuables. Si l’on demande pourquoi 10

DANS LES ÉCOQUARTIERS, LA VÉGÉTATION EST OMNIPRÉSENTE, COMME ICI À FRIBOURG-ENBRISGAU, EN ALLEMAGNE, OÙ ON TROUVE DES ESPACES VERTS DANS LES RUES, MAIS AUSSI SUR LES TOITS.

à la géographe Cyria Emelianoff(1), sa réponse est cinglante : « Parce que les États ont été incapables de mettre en œuvre des politiques de développement durable. » Face à la complexité des enjeux environnementaux, ce sont tous les pouvoirs, à toutes les échelles, qui doivent se mobiliser. La ville, non en tant qu’entité géographique, mais comme fenêtre politique, représente un maillon essentiel de la chaîne. L’inopérance des États a conduit certains environnementalistes à se tourner assez tôt vers les pouvoirs locaux, en créant des réseaux comme le Conseil international pour les initiatives écologiques locales (ICLEI), qui œuvre à l’échelle internationale sous le parrainage du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), ou Energies Cities, association européenne regroupant plus de 1 000 villes « qui inventent leur futur énergétique ». Les villes se parlent, échangent des bonnes pratiques et montent en puissance

Si les villes se sont saisies de la problématique environnementale, c’est, comme le dit Cyria Emelianoff, « pour des raisons écologiques, mais surtout pour entrer dans le jeu de la mondialisation en tant qu’acteurs politiques de plain-pied. » Depuis les années 2000, le défi climatique est devenu un levier de reconnaissance des pouvoirs locaux à l’échelle internationale. Ainsi, être membre de la Convention des maires est aussi un moyen de faire partie de l’échiquier politique européen. Et cette ambition peut permettre d’entrer dans un cercle vertueux. En effet, si l’objectif des 3 x 20 est certes très difficile à atteindre (trop, pour beaucoup de villes, qui préfèrent ne pas signer), ne pas tenir ses plans d’action peut mener à l’exclusion de la Convention. Or, à une époque où la compétition internationale fait rage entre les villes, aucune d’entre elles ne peut prendre le risque de voir son image ainsi écornée. Elles se mettent donc à pied d’œuvre pour réaliser leur plan Climat. Les initiatives sont nombreuses, certaines en avance, certaines plus prometteuses que d’autres. Comme le souligne Cyria Emelianoff, « toutes les villes sont finalement confrontées aux mêmes enjeux sur l’habitat économe, la production d’énergie renouvelable à l’échelle locale et une mobilité moins carbonée ». Partant du local, elles n’inventent pas toutes les mêmes réponses à ces défis. Alexia Leseur, chef de pôle recherche « Politiques climatiques locales » à CDC Climat, a néanmoins répertorié les principaux facteurs de succès de leurs projets : « Engendrer des cobénéfices, autrement dit ne pas servir uniquement à

© Alessandro Grassini/Invision-REA (2)

COURAGE POLITIQUE


espagnoles tentent de combler leur retard, avec des politiques environnementales plus récentes qu’au nord de l’Europe. « La culture des pays nordiques en matière de protection de l’environnement est beaucoup plus forte qu’au Sud, explique Alexia Leseur. S’ils réfléchissent depuis longtemps aux énergies renouvelables, c’est aussi parce qu’ils ont un gros potentiel (hydraulique, biomasse, éolien…). » Là-bas, les pionniers sont à pied d’œuvre depuis plus de trente ans. SORTIR DU FOSSILE

L’ÉCOQUARTIER VAUBAN DE FRIBOURG-EN-BRISGAU. SES 5 000 HABITANTS Y BÉNÉFICIENT DE PANNEAUX SOLAIRES SUR LES TOITS ET D’UN SYSTÈME DE TRAITEMENT DES DÉCHETS TRÈS PERFORMANT.

réduire la facture énergétique, mais aussi répondre aux besoins des populations est un atout clé, car le soutien citoyen est très important. Les projets qui réussissent sont aussi souvent ceux qui sont suffisamment rentables pour être acceptables et impliquent le privé pour bénéficier de ses expertises technique et financière. Mais plus que tout, il leur faut un soutien politique fort au niveau local, un élu qui porte le message. » Même analyse pour Cyria Emelianoff : « Les stratégies en la matière étant toujours réversibles, elles demandent un grand courage politique et du souffle. Le porteur politique est donc extrêmement important. Et c’est ce qui rend aussi les projets fragiles. On en a un exemple à Séville, où les initiatives ont été essentiellement portées par un homme dans les années 1990. Quand il a quitté l’équipe municipale, la mairie n’a plus rien fait. Puis son retour a réenclenché la dynamique, avec un plan de piétonnisation du centre historique. » Ce plan a métamorphosé Séville. Il s’est accompagné d’une extension du réseau cyclable, aujourd’hui le plus grand d’Espagne, et de la mise en service de nouveaux transports publics (tramway, métro) pour promouvoir les mobilités douces. Séville a aussi doublé la surface de ses espaces verts et mis en place l’ordonnance solaire. L’idée vient de Californie. Barcelone WE DEMAIN INITIATIVE

a été la première ville à importer le concept en Espagne, en 1999, en faisant obligation aux constructions neuves ou rénovées d’utiliser 60 % d’énergie solaire pour la production d’eau chaude. Avec l’adjonction d’autres énergies renouvelables, comme la biomasse, l’éolien et la géothermie, la capitale catalane prévoit même de devenir autosuffisante d’ici à trente ans. Dans l’île la plus au sud des Canaries, El Hierro, l’autonomie énergétique devient une réalité pour les 11 000 habitants, grâce à la construction d’une centrale hydroéolienne couplée à l’installation de panneaux solaires. À l’image de l’ensemble des villes du Sud, les villes

“LA CULTURE DES PAYS NORDIQUES EN MATIÈRE DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT EST BEAUCOUP PLUS FORTE QU’AU SUD.”

À 20 km au sud du cercle polaire, la petite commune suédoise d’Övertornea (6 000 habitants) décide au début des années 1980 de sortir des énergies fossiles. Touchée par la récession économique, Övertornea périclite de telle manière qu’elle doit trouver une solution si elle ne veut pas devenir une ville fantôme. Elle choisit de développer des activités économiques basées sur les richesses de son milieu naturel et se tourne à 100 % vers les énergies renouvelables. En six ans, 200 entreprises se créent et le village se repeuple. L’exemple inspire d’autres collectivités, comme Växjö, au sud-est du pays, qui fait de la sortie des énergies fossiles un véritable programme politique. Sa compagnie d’énergie municipale développe dès les années 1980 la biomasse pour ses centrales thermiques ; il faut dire que la ville de 80 000 habitants est entourée de forêts. Dans les années 1990, le projet Fossil Fuel Free City 2050 y est initié. Une nouvelle centrale de cogénération est mise en route, ainsi que de petites centrales qui desservent les quartiers périphériques, le tout connectant au final 75 % des logements au réseau de chaleur. La municipalité fournit des subventions aux particuliers se raccordant à ce réseau, tandis que la compagnie municipale du logement est proactive en matière d’isolation thermique de ses logements sociaux et de raccordement. Enfin, l’agence nationale de l’énergie conseille gratuitement les habitants, et l’université de Växjö s’implique dans la recherche et développement. Cette concordance de tous les acteurs de la ville a permis à Växjö de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 32 % par habitant depuis 1993. Record européen. Avec Övertornea, Stockholm et une dizaine d’autres villes suédoises, Växjö crée le réseau Climate Municipalities en 2001 et cherche à 11


COLLECTÉS DANS DES CONTAINERS SITUÉS SOUS LES IMMEUBLES AVANT D’ÊTRE RECYCLÉS.

“ON PEUT AVOIR DES CONCEPTS OU DES VISIONS QUI CIRCULENT. PAS DES MODÈLES. CAR L’ENVIRONNEMENT EST TOUJOURS UNE AFFAIRE DE RESSOURCES LOCALES.”

LE RAMASSAGE DES FEUILLES MORTES ET LE COMPOSTAGE FONT PARTIE DES GESTES CITOYENS DANS LES ÉCOQUARTIERS.

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influer sur la politique du pays. Cinq ans plus tard, le Premier ministre suédois fait de la sortie des énergies fossiles une ambition nationale. Stockholm est aussi une référence en matière de lutte contre le changement climatique, avec une réduction de 26 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, grâce à de nombreuses initiatives, comme l’utilisation d’une électricité 100 % verte pour les trains et les métros. Copenhague, la ville du vélo, pourrait être la première ville mondiale neutre en carbone en 2025. En Autriche, Gussing produit déjà 100 % de l’énergie qu’elle consomme en utilisant la biomasse issue des 133 000 ha de forêt qui l’entourent. Quant à Utrecht, aux Pays-Bas, la construction de réseaux de chaleur, le développement de transports non polluants ainsi que d’importants chantiers de rénovation énergétique feront de son centre historique un lieu « zéro carbone » à l’horizon 2030. MODÈLES ET TRADITIONS Vitoria-Gasteiz, dans le Pays basque espagnol, représente la ville européenne type : 240 000 habitants et une construction urbaine avec un centre historique et une périurbanisation dense. Elle fait aussi figure de modèle de ville durable grâce à sa politique environnementale très complète : nombreux espaces verts, parcelles d’agriculture biologique, promotion des mobilités douces, programmes d’économie d’eau et de gestion des déchets… Peut-elle représenter un modèle réplicatif ? Cyria Emelianoff en doute : « On peut avoir des méthodes, des concepts ou des visions qui circulent. Pas des modèles. Car l’environnement est toujours une affaire de ressources locales. Selon les territoires, on n’a pas les mêmes solutions énergétiques, les mêmes potentiels, la même histoire, la même culture. » Prenons le cas d’Hanovre. La ville allemande, précoce dans son action en faveur du climat, est parvenue à réduire ses émissions de CO2 de 9 % entre 1990 et 2005 en décentralisant son énergie : 240 éoliennes ont été installées, ainsi que 149 microcentrales en cogénération, des petites centrales hydroélectriques et du solaire. Les villes françaises ne peuvent pas utiliser ce modèle, puisque l’énergie dans notre pays est centralisée. C’est ce qui fait dire à Cyria Emelianoff que « la France dispose

© David Rose/Panos-REA - Alessandro Grassini/Invision-REA

DANS LE QUARTIER DE HAMMARBY SJÖSTAD, À STOCKHOLM, LES DÉCHETS DES HABITANTS SONT


“LA QUESTION ENVIRONNEMENTALE A MÉTAMORPHOSÉ LA MANIÈRE DONT ON FAIT DE L’URBANISME.”

DANS LES QUARTIERS ÉCOCONÇUS, LES HABITANTS PARTICIPENT À LA COLLECTE

la question écologique y fait l’objet d’un consensus politique.

DES DÉCHETS. DANS LEUR VIE QUOTIDIENNE, ILS DEVIENNENT CONCRÈTEMENT

LA TRANSITION EN ACTION

DES ÉCOCITOYENS.

de moins de marge de manœuvre. L’un des grands enjeux autour de la transition énergétique, c’est la décentralisation. Comment économiser l’énergie si vous ne maîtrisez pas sa production ? Le nucléaire “plombe” les intentions des villes ». Peutêtre n’est-ce pas un hasard d’ailleurs si la première ville française à avoir élaboré un plan Climat est Grenoble qui, exception à la règle, dispose de deux compagnies locales d’énergie. La ville possède aussi une tradition politique en matière d’environnement : aux élections municipales de 2001, le vote Vert atteignait les 20 %. Cette tradition politique est un élément très important dès lors que les projets doivent être soutenus par les élus pour connaître le succès. Ainsi, Växjö fut, dès les années 1960, le théâtre d’une forte mobilisation pour restaurer la qualité de ses lacs dégradés par l’industrie et les rejets des égouts. Si sa majorité politique a changé, son maire, pourtant conservateur, est un environnementaliste convaincu, et WE DEMAIN INITIATIVE

L’idée d’un modèle supposerait aussi que la ville doive atteindre une taille critique pour mettre en œuvre des projets similaires. Pour Alexia Leseur, « c’est une tentation de le croire, mais on a des exemples qui prouvent le contraire, comme en Picardie. » Au cœur du bassin minier, la petite ville de Loos-enGohelle a ainsi opéré une mutation économique en choisissant la durabilité comme fil rouge de sa stratégie. Elle est devenue un véritable laboratoire pour l’écoconstruction et les technologies solaires, avec un effet direct sur l’emploi et le développement du commerce local. Loos-en-Gohelle prouve que l’on peut passer d’une économie d’emploi massif avec de grandes usines minières à un réseau dense de petites entreprises. Elle prouve qu’on peut inventer et trouver de nouvelles formes de développement. Déjà, selon Cyria Emelianoff, « la question environnementale a métamorphosé la manière dont on fait de l’aménagement et de l’urbanisme. » Elle opère en effet des changements de mentalités et enclenche de nouvelles expériences, telles que

l’habitat groupé, l’économie circulaire, les monnaies locales… La ville de Venlo aux Pays-Bas teste ainsi pour la première fois un projet Cradle to Cradle à l’échelle régionale. Le Cradle to Cradle (« du berceau au berceau ») repose sur le principe « zéro pollution, 100 % recyclage », tout produit pouvant être réexploité à l’infini. On trouve quelques exemples de cette économie circulaire au niveau industriel et à petite échelle, comme à Troyes où la sucrerie Cristal Union livre le sable issu du lavage de ses betteraves à une entreprise locale de BTP. Venlo entend généraliser le principe, avec déjà une cinquantaine d’entreprises qui mettent au point des produits « bouclés ». Autre phénomène en vogue, l’habitat groupé, qui implique les habitants dès la naissance d’un projet immobilier. À Meudon, la Maison du Val fonctionne ainsi depuis vingt-huit ans. Souvent porté par des réseaux militants, l’habitat groupé reçoit aujourd’hui l’appui d’offices publics de certaines villes, comme Besançon ou Lyon. Les réseaux militants sont aussi à la base des projets de la « ville comestible ». À Londres, le « fruit picking » (« cueillette des fruits ») urbain s’est développé jusqu’à la mise en place d’une cartographie des arbres fruitiers de la capitale. En Basse-Normandie, la ville de Caen a repris l’idée en se dotant d’un verger urbain en libre-service. À Totnes, au sud de l’Angleterre, on plante des oléagineux sur les terrains publics, pour leur grande productivité. Cette ville de 8 000 habitants s’est d’ailleurs proclamée « ville en transition » dès 2006. De l’alimentation aux transports, en passant par la création d’une monnaie locale, Totnes fourmille d’initiatives pour passer de la dépendance au pétrole à la résilience locale. Elle est l’initiatrice du mouvement Transition Towns, qui tisse, en partant du local, un réseau mondial d’acteurs de la transition. Où les citoyens se réapproprient leur avenir. X (1) Les Pionniers de la ville durable, de Cyria Emelianoff et Ruth Stegassy, éditions Autrement, 2010.

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1

STOCKHOLM

40 VILLES EN MODE DEMAIN

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38 32

COPENHAGUE TODMORDEN

25

GLASGOW

ABERDEEN

17

9

29

FINDHORN

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OSLO

— OBJECTIF ZÉRO CARBONE, CENTRES-VILLE PIÉTONS, ÉNERGIES RENOUVELABLES, MONNAIES LOCALES... DANS TOUTE L’EUROPE, DES VILLES ET DES RÉGIONS SONT DÉJÀ ENGAGÉES DANS LA TRANSITION. DÉCOUVREZ SUR CETTE CARTE NOTRE SÉLECTION DE 40 RÉALISATIONS ET PROJETS EXEMPLAIRES DÉTAILLÉS DANS LES PAGES QUI SUIVENT. —

MALMÖ

Arthur Hily avec l’aide des experts de CDC Climat — Illustrations, carte et pictogrammes : Élise Wilk


WE DEMAIN INITIATIVE

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31

SÉVILLE

15

O RR HIE EL

E GN PA S E (

) IES AR N A -C

VITORIAGASTEIZ

7

11

23

SUTTON

20

16

27

PARIS

6

3

GRENOBLE

36

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ALMERE

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CES VILLES CUMULENT LES PROJETS TOUS AZIMUTS

SOCIÉTÉ COLLABORATIVE

MONNAIES COMPLÉMENTAIRES

AUTONOMIE ALIMENTAIRE ÉNERGIES RENOUVELABLES

RÉDUCTION CARBONE

BÂTIMENTS INNOVANTS

19

PRIEN AM CHIEMSEE

8

FERRARE

37

MUNICH

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

MILAN

5

13

HANOVRE

MOBILITÉS DURABLES

BÂLE

10

28

HAMBOURG

FRANCFORT

FRIBOURG-EN-BRISGAU

21

VENLO BOTTROP

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14

HOOFDDORP

30

AMSTERDAM

LYON

LILLE

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LONDRES

ISSY-LES-MOULINEAUX

4

CES VILLES SONT MODÈLES EN ...

BARCELONE

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TOULOUSE

NANTES

TOTNES

22

BRISTOL

40

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LJUBLJANA

2

BERLIN

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GUSSING


40 VILLES D'EUROPE EN MODE DEMAIN DE 1 À 10...

MOBILITÉS DURABLES

BÂTIMENTS INNOVANTS

AUTONOMIE ALIMENTAIRE

W

N

ED I EMA

2

STOCKHOLM SUÈDE

LJUBLJANA SLOVÉNIE

LES ÉCOQUARTIERS LES PLUS GRANDS D’EUROPE

Stop aux voitures

Grâce à un plan Climat adopté en 1996, la capitale suédoise a réduit ses émissions de 26 % en vingt ans. En 2030, la ville entend abandonner les énergies fossiles pour son réseau de chaleur, et dès 2025 pour ses transports publics. À l’avenir, elle disposera des plus grands écoquartiers d’Europe. Dans les quartiers de Hammarby Sjöstad, où habiteront 26 000 personnes en 2017, et de Norra Djurgårdsstaden, qui sera doté de 12 000 logements en 2030, Stockholm conduit aujourd’hui de vastes programmes de réhabilitation alliant végétalisation, production d’énergies renouvelables, éclairage intelligent et recyclage des eaux usées.

ADIEU EMBOUTEILLAGES ET POLLUTION DE L’AIR ! Ljubljana met tout en œuvre pour convaincre 70 % de ses habitants d’abandonner leur voiture d’ici à 2020.

La capitale slovène était devenue un enfer en matière de circulation, jusqu’à ce que la mairie décide il y a quatre ans de rénover ses infrastructures, de fermer une grande partie du centre-ville aux voitures et de construire 7 nouveaux ponts réservés aux piétons et aux vélos… Pari gagné. Les habitants ont changé leurs habitudes et, après un an de service, les vélos publics ont conquis 40 000 usagers. Les personnes âgées, elles, peuvent faire appel au Kavalir, une sorte de grande voiture de golf qui sillonne gratuitement le centre-ville. Objectif pour 2020 : faire abandonner la voiture à 70 % des habitants.

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SUTTON ANGLETERRE AMSTERDAM PAYS-BAS

Le quartier où tout se recycle

Des bureaux en bas de chez soi

Sortie de terre en 2001 dans la banlieue de Londres, BedZED est une communauté durable de 250 habitants. La combustion de bois local génère la majeure partie de l’énergie de ce quartier à très basse consommation, bâti à partir de matériaux renouvelables ou recyclables disponibles dans un rayon de 60 km. L’eau de pluie est stockée dans des réservoirs situés dans les fondations des bâtiments, alors que les ordures ménagères ont le droit, fait rare en Angleterre, à 4 bacs différents dans chaque cuisine.

Pour réduire ses émissions gaz à effet de serre de 40 % par rapport à 1990 en 2025, la ville mise notamment sur les Smart Work Centers. Bâtis à proximité des zones d’habitation, ces espaces conviviaux équipés de services servent de lieu de travail ponctuel ou régulier à tous les salariés qui le souhaitent, y compris les agents municipaux. L’objectif est de diminuer les déplacements pendulaires et par voie de conséquence d’améliorer la qualité de vie.

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MILAN ITALIE L’énergie du sous-sol Pour pallier la forte consommation de ses bâtiments, la ville a développé un réseau urbain de chaleur. Alimenté par des usines d’incinération et des centrales de cogénération au gaz naturel depuis les années 1990, il a récemment été doté de pompes à chaleur géothermiques. Entre 2006 et 2009, plus de 98 000 habitants ont été raccordés au réseau, ce qui a porté le nombre d’usagers à 225 000 et réduit les émissions de CO2 de 30 500 tonnes. L’objectif en 2015 ? Alimenter en chauffage 730 000 habitants.

© Pascal Bastien/Divergence - Volker Hoffmann - J.-C. Pattacini/Urba Images Serveur - P. Wolmuth/Report Digital-REA - Sime/Photononstop

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ÉNERGIES RENOUVELABLES

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

RÉDUCTION CARBONE

MONNAIES COMPLÉMENTAIRES

SOCIÉTÉ COLLABORATIVE

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VITORIA-GASTEIZ ESPAGNE

DES PARCELLES BIO POUR TOUS LYON FRANCE

Un smartgrid positif en 2016

© J.-C. Pattacini/Urba Images Serveur - Gorka Montiel - Team Agropolis - Alex Liivet - Daniel Petkovic/Basel Tourismus Foto

Dans le quartier de la Confluence, le projet Lyon Smart Community abritera d’ici à 2016 un îlot de bâtiments à énergie positive et des véhicules électriques en autopartage, mais aussi un système de suivi de la consommation d’énergie dans des bâtiments existants. Lyon participe également, avec Paris, au projet européen Polis, qui évalue le potentiel des toitures afin de développer les énergies solaires.

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MUNICH ALLEMAGNE

L’agriculture au pied des grues Imaginé en 2009 par une équipe d’architectes, d’urbanistes et de paysagistes, le projet Agropolis est un programme pour l’approvisionnement alimentaire de Munich. Il inclut la production, le traitement, la vente et même le transport en tram des fruits et légumes. Il a aussi vocation à s’implanter sur les terrains en chantier du futur quartier Munich-Freiham. Chaque lopin laissé vacant par les pelleteuses y serait cultivé par les habitants. WE DEMAIN INITIATIVE

La politique volontariste de cette ville de 240 000 habitants – à l’échelle de la ville européenne type – au cœur du Pays basque espagnol lui a valu le titre de Capitale verte de l’Europe en 2012. Aujourd’hui, ses habitants effectuent la moitié de leurs déplacements à pied, ont tous accès à un jardin public dans un rayon de 300 mètres et peuvent cultiver leurs propres fruits et légumes sur 210 parcelles bio. Vitoria-Gasteiz se distingue aussi par ses programmes pionniers d’économie d’eau et de réduction des déchets, qui visent notamment à ne plus utiliser un seul sac plastique.

LES VILLES INTELLIGENTES ONT BESOIN DE TECHNOLOGIE. Pour améliorer la vie de ses habitants, Glasgow a lancé un programme inédit, qui informe en temps réel sur l’état du trafic, la circulation des bus...

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GLASGOW ÉCOSSE

Technologies au quotidien En 2012, l’agence britannique des technologies a lancé Future Cities Demonstrator, un programme d’innovation sur les technologies urbaines. Sur les 30 villes du pays retenues pour défendre leur projet de « ville intelligente », Glasgow a reçu 2 8 millions d’euros sur deux ans. Son idée ? Un suivi en temps réel de données par les habitants : état de la circulation, fréquentation des transports en commun, consommation d’énergie, capacité d’accueil des hôpitaux…

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BÂLE SUISSE

2 000 watts par personne C’est à l’École polytechnique de Zurich qu’est né le projet d’une société où chaque individu ne consommerait plus que 2 000 watts par an : trois fois moins qu’aujourd’hui ! Depuis 2001, Bâle pilote ce projet ambitieux. Zurich et Munich ont depuis eux aussi signé le protocole de la société 2000 Watts. 17


40 VILLES D'EUROPE EN MODE DEMAIN DE 11 À 20...

MOBILITÉS DURABLES

BÂTIMENTS INNOVANTS

AUTONOMIE ALIMENTAIRE

NANTES FRANCE

TRANSITION TOUS AZIMUTS Capitale verte de l’Europe en 2013, Nantes s’est convertie au transport multimodal (ou combiné) grâce à ses tramways, ses bus en site propre et à fréquence élevée, ses vélos en libre-service et ses nombreuses aires de covoiturage. La ville distribue des aides à la rénovation thermique et développe son réseau de chaleur, qui sera alimenté à 84 % par les énergies renouvelables en 2017. Occupé par les chantiers navals jusqu’en 1987, le quartier de l’Île de Nantes voit fleurir depuis 2003 l’un des projets de rénovation urbaine les plus ambitieux d’Europe. Il allie espaces verts, habitat mixte, activités économiques et culturelles.

L'AUTOSUFFISANCE ÉNERGÉTIQUE GRÂCE AU BOIS. L'agglomération autrichienne de Gussing est la première ville du monde qui génère la totalité de son énergie grâce aux forêts qui l’entourent.

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GUSSING AUTRICHE

100 % bois Cette petite ville produit 100 % de son énergie grâce aux 133 000 hectares de forêt qui l’environnent. Des usines transforment les arbres en copeaux et des centrales à bois transforment la chaleur en électricité. Première ville au monde autosuffisante en énergie, Gussing se paye même le luxe d’exporter la moitié de sa production. Résultat : un millier d’emplois créés et des finances locales renflouées.

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HANOVRE ALLEMAGNE

Des centrales électriques partout Pour réduire la consommation électrique et « décarboner » l’électricité, la ville et sa région misent sur la décentralisation énergétique, le raccourcissement des réseaux de distribution limitant fortement les déperditions d’énergie : 149 microcentrales en cogénération y sont installées, de même que 240 éoliennes, des petites centrales hydroélectriques, du solaire, de la biomasse… De 1990 à 2005, les émissions de CO2 ont été réduites de 7,5 %, malgré une augmentation de la population de 15 000 habitants. 18

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SÉVILLE ESPAGNE ALMERE PAYS-BAS

La cité des vélos

Un must éolien et solaire

Avec 120 km de voies réservées aux vélos, la capitale andalouse détient le plus vaste réseau cyclable d’Espagne. 2 500 bicyclettes y sont disponibles dans 250 points de location. Dans le centreville, où les voitures ont l’interdiction de circuler plus de quarante-cinq minutes, les habitants sont désormais nombreux à pédaler quotidiennement, à marcher ou à garnir les rames des trams et métros.

Cette ville de 350 000 habitants abrite la troisième plus grande centrale solaire du monde, avec 520 panneaux répartis sur 7 000 m2. Le Flevoland, la province dont Almere est la ville principale, s’est quant à elle dotée de 600 turbines, qui génèrent aujourd’hui un tiers de la capacité de production éolienne du pays.

© Jean-Claude Moschetti/REA - EEE Güssing GmbH - Martin Kirchner/Laif-REA - Benoît Roland - Julie Bourges/Picturetank

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ÉNERGIES RENOUVELABLES

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

RÉDUCTION CARBONE

MONNAIES COMPLÉMENTAIRES

SOCIÉTÉ COLLABORATIVE

UN SMARTGRID À ÉNERGIE POSITIVE Au sein d'IssyGrid, les entreprises gèrent leur énergie ensemble. Demain, des logements seront aussi liés au projet.

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ISSY-LES-MOULINEAUX FRANCE

ABERDEEN ÉCOSSE

La mobilité se démocratise Un tiers des ménages de cette ville récemment récompensée par les Sustainable Urban Mobility Plans n’ont pas ou plus de voiture. Si de nombreuses voies de circulation ont été réaffectées à des modes de transport durable, c’est que la population en a décidé ainsi, à travers des ateliers publics et les réseaux sociaux, qui ont permis de recueillir tous les points de vue.

La première région du Cradle to cradle Le concept de William McDonough et Michael Braungart va pour la première fois être appliqué à l’échelle régionale. Tout est parti d’un quartier pilote, conçu pour héberger la Floriade – exposition internationale d’horticulture – en 2012 et qui accueillera à terme des habitants. De la récupération de l’énergie solaire au recyclage des eaux usées et des déchets, tout y fonctionne à la manière d’un écosystème. L’objectif est d’étendre ce principe à la région.

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© Ville d'Issy-les-Moulineaux - Norman Adams - Nicolas Le Querré/Belpress/Andia - Alex Subrizi - Trip/Ask images - Chauveau/Sipa

Un smartgrid pilote Mené par Bouygues Immobilier, le projet IssyGrid développé en 2012 vise à mieux utiliser l’énergie grâce aux nouvelles technologies. Dans ce quartier d’affaires, Microsoft, ERDF, Alstom, Schneider, Steria et des start-ups gèrent d’ores et déjà leur énergie en commun. L’expérience sera étendue cette année aux 1 600 logements du quartier Fort d’Issy. Chacun d’entre eux sera équipé de capteurs, de prises intelligentes et de thermostats communicants, ce qui permettra de suivre en temps réel sa consommation.

VENLO PAYS-BAS

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PRIEN AM CHIEMSEE ALLEMAGNE

La monnaie locale fait recette Lancé en 2003 par un professeur de lycée et ses élèves, le Chiemgauer a conquis cette petite ville de 15 000 habitants. Une devise locale aujourd’hui utilisée par 3 000 personnes et acceptée dans 600 magasins, qui fait partie du RegioNetzwerk, le très actif réseau allemand des monnaies complémentaires, tout comme la soixantaine d’autres apparues ces dernières années. WE DEMAIN INITIATIVE

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LONDRES ANGLETERRE

UN TIERS D’EMBOUTEILLAGES EN MOINS Londres déploie tous azimuts des projets en mode demain. Grâce à son péage urbain mis en place en 2005, la capitale britannique a réduit ses embouteillages. Plus fréquentés, les transports publics ont gagné en efficacité et en rapidité. L’entreprise Siemens a quant à elle installé 1 300 stations de recharge destinées aux voitures électriques. La qualité de l’air s’en est ressentie, avec 150 000 tonnes de CO2 en moins par an. Par ailleurs, le projet Capital Growth, lancé par la ville et plusieurs associations, visait d’ici fin 2012 à créer 2 012 potagers urbains participatifs. Contrat rempli : début avril 2013, on en recensait même 2 024. Capital Growth apporte formation, aide pratique et subventions aux citoyens désireux de biner et bêcher ensemble. À travers le projet Fruit City, Londres propose également une cartographie en ligne des arbres fruitiers de la ville. 19


40 VILLES D'EUROPE EN MODE DEMAIN DE 21 À 30...

MOBILITÉS DURABLES

BÂTIMENTS INNOVANTS

AUTONOMIE ALIMENTAIRE

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Des logements 15 fois moins gourmands Situés dans le quartier populaire de Gallus, les logements sociaux de la Tevestrasse atteignent aujourd’hui la consommation record de 18 kWh par mètre carré et par an, 15 fois moins que la consommation moyenne de ce type d’habitation. Pour réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici à 2025, la ville mise sur ses nombreuses centrales de cogénération, qui permettent de produire à la fois de l’électricité et de la chaleur à base de gaz naturel.

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TOTNES ANGLETERRE

LA PIONNIÈRE DES VILLES EN TRANSITION Désireuse de s’émanciper du carbone, cette commune de 8 000 habitants s’est autoproclamée « ville en transition » en 2006. Pilotés par Rob Hopkins, l’instigateur de ce mouvement qui essaime aujourd’hui dans le monde, des groupes de travail se sont formés sur l’alimentation, les transports, l’énergie, l’éducation et la santé. Parmi la trentaine de projets en cours, certains ont déjà vu le jour, comme la mise en circulation d’une monnaie locale et un programme de plantation de noyers et d’oléagineux, qui fourniront l’industrie et les circuits alimentaires.

LES INCROYABLES COMESTIBLES CONTRE LA CRISE sont nés dans cette ville anglaise. L’objectif ? Cultiver les lopins de terre disponibles pour nourrir les habitants et parvenir à l’autosuffisance alimentaire en 2018.

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TOULOUSE FRANCE

Solidarité monétaire Depuis 2011, la ville utilise le Sol violette comme monnaie complémentaire. Une devise fondante (elle se déprécie si elle ne circule pas) qui s’échange dans le secteur de l’économie sociale et solidaire et dans les commerces. Le Sol est aussi utilisé à Lille, Grenoble ou Rennes. À Toulouse toujours, est née cette année une nouvelle devise régionale – numérique cette fois –, le Mipys.

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BERLIN ALLEMAGNE Capitale européenne du partage Avec déjà une dizaine d’espaces ouverts, la ville est l’endroit rêvé pour pratiquer le coworking. L’espace Betahaus, l’un des plus célèbres, héberge régulièrement des « maker sessions » ouvertes à tous les fans d’innovation et de bidouillage. Le Mietshäuser Syndikat, syndicat des maisons en location, regroupe quant à lui plus 1 200 habitants constitués en SARL indépendantes auxquelles ils louent des appartements situés dans des immeubles achetés en commun.

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TODMORDEN ANGLETERRE

Fruits et légumes pour tous En 2008, dans cette ville de 15 000 habitants durement touchée par la crise, une poignée d’activistes s’est fixé de parvenir à l’autonomie alimentaire en 2018. Chaque lopin de terre disponible a été cultivé : devant les postes de police, au bord des voies de chemin de fer, dans les parcs, les cours d’école, les jardins et sur les ronds-points. Ainsi est né le mouvement des Incroyables comestibles qui, depuis, a essaimé partout dans le monde.

© René Mattes/hemis.fr - Trip/Ask images - Patrice Nin/Ville de Toulouse - Mario Weigt/Adk - DR

FRANCFORT ALLEMAGNE


ÉNERGIES RENOUVELABLES

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

RÉDUCTION CARBONE

MONNAIES COMPLÉMENTAIRES

SOCIÉTÉ COLLABORATIVE

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PARIS FRANCE L’agriculture à Paname

BARCELONE ESPAGNE

OBJECTIF AUTONOMIE COMPLÈTE D’ici à trente ans, la capitale catalane vise l’autonomie alimentaire, mais aussi énergétique, grâce notamment à l’un des plus vastes parcs photovoltaïques d’Europe. Pendant ce temps, des entreprises comme Cisco et GDF Suez, des universités et des représentants de la société civile imaginent de concert l’urbanisme de demain dans le cadre du City Protocol. La ville est aussi à la pointe de l’économie du partage, avec son réseau de Fab Labs et ses banques du temps.

© Anzenberger/Ask images - Jean-Marie Urlacher - Yadid Levy/Ask images - Findhorn Foundation - DR

BYE BYE CHARBON ET NUCLÉAIRE ! À l’échelle d’Hambourg et de ses 1,8 million d’habitants, le progrès est considérable. Désormais tous peuvent s’approvisionner à 100 % en énergie renouvelable.

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FINDHORN ÉCOSSE 28

HAMBOURG ALLEMAGNE

Une énergie 100 % propre Les habitants d’Hambourg, capitale verte 2011 de l’Europe, ont aujourd’hui la possibilité de s’approvisionner à 100 % en énergie renouvelable en souscrivant à l’offre de l’entreprise publique Hamburg Energie. Des éoliennes et panneaux solaires ont été installés dans toute la ville pour répondre à la demande grandissante.

WE DEMAIN INITIATIVE

Une empreinte minimale Selon le réseau mondial des écovillages, Findhorn, 500 habitants, possède l’empreinte écologique la plus basse du monde industrialisé. En moyenne, un résident y consomme la moitié des ressources d’un Britannique moyen. La recette ? Des maisons écolos, en pierre locale, paille et fûts de whisky recyclés, des jardins communautaires, des systèmes naturels de traitement des déchets et eaux usées, ainsi que 4 éoliennes, qui visent à assurer l’autosuffisance énergétique.

Si Paris est partie moins vite que les villes du Nord sur la voie de la transition, aujourd’hui elle s’engage. En particulier avec la multiplication des toits végétalisés, dont celui de 7 000 m2 à Beaugrenelle. Le projet Vergers urbains vise pour sa part à essaimer pommiers, poiriers et autres dans la ville. Déjà, la capitale compte plus de 80 jardins communautaires et s’approvisionne en denrées issues de l’agriculture régionale, grâce à des structures comme La Ruche qui dit oui ou Marché sur l’eau.

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HOOFDDORP BEUKENHORST-ZUID PAYS-BAS

Le premier espace pro de l’économie circulaire Le Parc 20/20 sera le premier espace de travail 100 % Cradle to cradle. Alliant écoconception et durabilité, il offrira, assurent ses promoteurs, l’environnement de travail « le plus propre, inspirant et productif à ce jour ». Le tout dans un contexte végétal et avec de nombreux services : club de sport, supermarché, restaurants, services médicaux et bancaires, voitures électriques, vélos, etc.

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40 VILLES D'EUROPE EN MODE DEMAIN DE 31 À 40...

MOBILITÉS DURABLES

BÂTIMENTS INNOVANTS

AUTONOMIE ALIMENTAIRE

OBJECTIF ZÉRO CARBONE Au cœur de la Medicon Valley – la zone transfrontalière à la plus forte croissance d’Europe –, Copenhague veut être la première ville neutre en CO2 en 2025.

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L’île modèle Dotée de 5 éoliennes, la centrale hydroéolienne de l’île méridionale des Canaries va permettre de rendre El Hierro autonome en énergie. Couplé à des panneaux solaires, ce dispositif a coûté 65 millions d’euros. C’est un investissement qui inspire d’autres îles, notamment en Grèce et aux Fidji.

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COPENHAGUE DANEMARK

UN ENGAGEMENT ÉCOLOGIQUE À 360° La future Capitale verte de l’Europe en 2014, dont les émissions ont déjà diminué de 25 % depuis 1990, veut devenir la première métropole du monde neutre en carbone en 2025. Pour y parvenir, Copenhague entend par exemple inciter ses habitants à réaliser à vélo 50 % de leurs trajets domicile-travail (30 % actuellement). La capitale danoise multiplie aussi les efforts en matière d’alimentation bio, qui constitue déjà 51 % des repas dans le secteur public et 23 % dans les foyers (record du monde !). Elle mise aussi sur son performant système de recyclage : 90 % des déchets de construction sont réutilisés, alors que 75 % des ordures ménagères alimentent le système de chauffage urbain.

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OLSO NORVÈGE Un péage contre les autos

LILLE FRANCE Des circuits courts pour tous

Finaliste du Green Capital Award en 2009, la capitale norvégienne a mis en place un péage qui oblige les conducteurs de voiture à payer une taxe de 3 euros. Bien sûr, le trafic a baissé. Avec les 1,5 milliard d’euros gagnés par an, la ville investit dans les infrastructures de transport. Résultat, à l’intérieur même de la ville, plus de 2 000 véhicules électriques sont mis gracieusement à disposition des habitants !

Grâce au système Biocabas, initié par des jeunes en réinsertion, la ville s’approvisionne directement chez les paysans bio du Nord-Pas-de-Calais. Plus de 2 000 de ces sacs alimentaires, dont le prix varie en fonction des revenus du consommateur grâce à un soutien du conseil général du Nord, ont été distribués à des familles en difficulté en 2012. En échange du prix moindre, celles-ci s’engagent à participer à un atelier de cuisine.

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BOTTROP ALLEMAGNE

Le labo de la Ruhr Cette ville de 70 000 habitants au « tissu urbain moyen » a été sélectionnée en 2008 pour devenir le territoire pilote de la Ruhr où se concentrent moyens publics et privés, afin de réduire de 50 % ses émissions de CO2 d’ici à 2020. Les entreprises de la région y réunissent leurs compétences pour mener la rénovation des tissus urbains existants.

© Mataparda - Andreas Gkanatsios/Invision-REA - Bertrand Rieger/hemis.fr - DR - Stadtbottrop

EL HIERRO ESPAGNE


ÉNERGIES RENOUVELABLES

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

RÉDUCTION CARBONE

MONNAIES COMPLÉMENTAIRES

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GRENOBLE FRANCE

MALMÖ SUÈDE

Un tram aérien

Des écoquartiers bon marché 37

FERRARE ITALIE

Le paradis des cyclistes 89 % des habitants de cette ville italienne utilisent régulièrement le vélo. Une habitude prise grâce à une politique initiée au milieu des années 1990, qui a durci les règles d’accès au centreville pour les véhicules motorisés et fait fleurir les pistes cyclables.

Malmö est liée à Copenhague : 10 000 personnes qui travaillent dans la Medicon Valley empruntent chaque jour le pont-tunnel de l’Oresund qui les réunit. Bâti sur 30 hectares d’une ancienne zone industrielle dépolluée, l’écoquartier de Västra attire les ingénieurs de l’industrie technologique, qui trouvent ici des loyers attractifs. Ceux d’Ekostaden Augustenborg et d’Hyllie sont annoncés comme modèles en 2020.

L’ÉNERGIE, C'EST L'AFFAIRE DE TOUS. C’est en suivant ce principe que les habitants de Fribourgen-Brisgau ont pris en main leur destin énergétique par l’intermédiaire de coopératives citoyennes.

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© François Henry/REA - Anika Buessemeier/Laif-REA - Frédéric Reglain/Divergence - Raphaël Helle/Signatures - Destination Bristol

En 2009, la ville s’est lancée dans un projet de division par 4 de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Concrètement, outre la construction d’écoquartiers et de bâtiments à énergie positive, Grenoble compte désormais 33 km de voies pour les trams et 86 km pour les vélos. Elle devrait se doter d’un tram aérien qui la reliera au Vercors et diminuera drastiquement le trafic routier qui engorge la vallée.

SOCIÉTÉ COLLABORATIVE

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BRISTOL ANGLETERRE Manger local, c’est moins cher 39

FRIBOURG-EN-BRISGAU ALLEMAGNE

L’ÉNERGIE AUX CITOYENS

Grâce à des coopératives citoyennes, la ville et ses alentours ont pris en main leur destin énergétique en se dotant de 8 centrales photovoltaïques, 9 éoliennes et une turbine hydroélectrique. Fribourg a imposé dès 2007 « l’habitat passif » pour les nouvelles constructions. Dans cette ville où l’on compte 3 vélos pour 2 habitants et où l’on peut louer une voiture au gaz pour 1 euro de l’heure, l’économie verte fait vivre près de 10 000 personnes. Avec ses panneaux solaires, son four à pain collectif, sa végétation omniprésente et son performant système de traitement des déchets, l’écoquartier Vauban (5 000 habitants) est la vitrine de cette transition bien engagée. WE DEMAIN INITIATIVE

Environ 200 parcelles agricoles, essentiellement plantées d’arbres fruitiers et de légumes, sont cultivées dans la ville et ses environs. Regroupés au sein de nombreuses associations écologiques, les citoyens sont nombreux à s’impliquer dans cette nouvelle agriculture urbaine qui leur assure de la nourriture saine à prix raisonnable.

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“SUR L’ENVIRONNEMENT, TOUT LE MONDE A RETOURNÉ SA VESTE” Interview Dominique Pialot

— SÉNATRICE DE PARIS, CHANTAL JOUANNO EST L’UNE DES PERSONNALITÉS LES PLUS IMPLIQUÉES EN FAVEUR DE L’ÉCOLOGIE. AUJOURD’HUI, ELLE COFONDE L’INSTITUT DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE ET CRÉE L’ASSOCIATION ÉCOLOETHIK. L’OCCASION DE REVENIR SUR SON PARCOURS. UN ENGAGEMENT CONTRE VENTS ET MARÉES POLITIQUES. —

© Bruno Klein/Divergence

WE DEMAIN INITIATIVE : PARTANT DU CONSTAT QUE L’ÉCONOMIE LINÉAIRE (EXTRAIRE – FABRIQUER – CONSOMMER – JETER) EST À BOUT DE SOUFFLE, L’INSTITUT DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE A POUR AMBITION DE FÉDÉRER DES EXPERTS ET DE FAVORISER LA RÉFLEXION AVEC LA RÉALISATION D’UN LIVRE BLANC. VOUS FAITES PARTIE DE L’ÉQUIPE FONDATRICE. QUEL EST VOTRE OBJECTIF ? CHANTAL JOUANNO : Je porte le projet

parmi les parlementaires, aux côtés du député Vert des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert. Dans le domaine de l’économie circulaire, de nombreuses expérimentations méritent d’être explorées, notamment en matière d’agriculture de proximité, de circuits courts, etc. Par exemple, aujourd’hui, on sépare les filières bois d’œuvre et biomasse, ce qui est une erreur. L’économie circulaire suppose, par exemple, la valorisation des coproduits. Plus encore, cela nous oblige à définir les ressources stratégiques ou celles qui sont porteuses économiquement. De nombreuses entreprises l’ont compris. En 2007, le politique était en avance sur l’entreprise, mais aujourd’hui c’est l’inverse, car l’entreprise a poursuivi sur cette voie, ce que n’a pas fait le politique. D’ailleurs, de nombreuses entreprises ont participé à la conférence de lancement de l’Institut circulaire. La Chine, qui, elle, a déjà bien identifié ses ressources stratégiques, mène une politique extrêmement agressive et vient racheter des matériaux en Europe au-dessus du prix du marché. WE DEMAIN INITIATIVE

Plus généralement, sur tous les sujets de maîtrise des ressources, la Chine bouge très vite, et c’est une opportunité pour les entreprises européennes. VOUS VENEZ ÉGALEMENT DE CRÉER ÉCOLO-ETHIK, DE QUOI S’AGIT-IL EXACTEMENT ? C. J. : Nous avons lancé Écolo-Ethik

lors d’une conférence à Sciences-Po, en présence de la primatologue et éthologue britannique Jane Goodall et du PDG du réseau de supermarchés Système U, Serge Papin. Et ce n’est pas un hasard si le comité scientifique rassemble de nombreuses personnalités, comme le climatologue Jean Jouzel, le directeur du Muséum d’histoire naturelle Gilles Bœuf, le directeur exécutif de la stratégie, de la recherche et de l’international de l’Ademe François Moisan, Yann Arthus-Bertrand, des membres de la Commission européenne et du Conseil économique, social et environnemental (CESE). L’idée première de cette association est de se placer sur le terrain des idées, avec un angle sociétal plutôt que technologique. La consommation est un enjeu central. Elle recouvre des sujets tels que la santé environnementale ou la lutte contre le gaspillage alimentaire. Et nous interroge de façon presque philosophique sur notre modèle de société aujourd’hui fondé sur une consommation à tout crin. Notre deuxième objectif est de valoriser ce qui se fait de bien, de donner une chance à chacun. Notre bourse aux idées a vocation à fonctionner sur un mode de parrainage. Nous souhaitons faire témoigner des jeunes de banlieue

ayant réussi, favoriser le contact entre les porteurs de projets et les chefs d’entreprise, les responsables politiques ou les responsables syndicaux. Pour que les bonnes idées aient une chance de se concrétiser, il faut sortir du système des réseaux typiquement franco-français et favoriser l’émergence d’un métaréseau. QUE VOUS INSPIRE LE DÉBAT SUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ? C. J. : Je trouve stupide d’avoir supprimé

le terme « Grenelle » alors que le Grenelle de l’environnement avait suscité une belle dynamique. Le débat actuel n’a aucune visibilité médiatique, et donc aucune vertu pédagogique. La question ne se résume pas à diminuer la part du nucléaire. L’objectif devrait plutôt être de limiter notre dépendance à une source d’énergie donnée, tout en diminuant les émissions de CO2 et autres pollutions. Et pour ce faire, il faudrait adopter une trajectoire et un calendrier. Surtout, il faut parvenir au vrai prix de l’énergie, ce qui signifie notamment faire payer les émissions de CO2 et de particules fines liées à telle ou telle source d’énergie… Je suis favorable à une augmentation de la fiscalité du diesel. J’ai d’ailleurs déposé un amendement à la loi de finances, pour qu’à l’horizon 2020 elle soit équivalente à celle portant sur l’essence. Quitte à faire diminuer un peu cette dernière, si cela permet de rendre ce rapprochement plus facilement acceptable. Je propose également d’augmenter la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) sur les oxydes d’azote, pas autant qu’en Suède, où elle est à 4 000 euros la tonne, mais 25


aux alentours de 1 000 euros. Ce sont des taxes supplémentaires, et elles devront être compensées par un allègement de celles portant sur le travail. Le gouvernement a rejeté ces propositions. PENSEZ-VOUS QU’IL FAILLE REMETTRE LA TAXE CARBONE SUR LA TABLE ? C. J. : Il faut anticiper l’augmentation

du prix de l’énergie, et ce ne serait pas responsable de la part de la puissance publique de prétendre le contraire. Le déficit de notre balance énergétique représente une somme monstrueuse (69 milliards d’euros en 2012). En décembre 2009, la taxe carbone n’a pu voir le jour pour des raisons politiciennes ; la gauche a saisi le Conseil constitutionnel [qui a retoqué le projet, ndlr] et la droite était divisée sur le sujet à l’approche des élections régionales. DE PLUS EN PLUS D’ARGUMENTS TENDENT À DÉMONTRER QUE LE COÛT DU NUCLÉAIRE N’EST PAS SI BAS QUE CELA, ET LE SERA DE MOINS EN MOINS. EST-CE EXACT ? C. J. : Concernant le nucléaire, à mon

sens, tout le débat porte sur son contenu en CO2. En effet, si l’on prend en compte les périodes de consommation d’électricité maximale, nous savons qu’il faut alors faire tourner des centrales au gaz ou au charbon, et donc que le contenu carbone du nucléaire est plus élevé qu’en théorie. Et, bien entendu, reste le coût du démantèlement et de la sécurité, qui est soit payé ailleurs, soit pas du tout… Alors que pour les énergies renouvelables, la Contribution du service public de l’énergie (CSPE) rend visibles des coûts qui n’apparaissent pas pour d’autres types d’énergie. À QUOI POURRAIT SERVIR LE PARTENARIAT FRANCOALLEMAND SUR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES ? C. J. : C’est une très bonne idée. Dès

2007, nous avions tenté de bâtir un EADS des énergies renouvelables, mais cela n’a pas avancé. Au-delà de la recherche, la collaboration devrait porter sur le réseau. Il faut raisonner à l’échelle européenne. On est en concurrence technologique permanente au sein même de l’Europe. Mais de ce point de vue, le dernier budget européen est une catastrophe : toutes les dépenses liées aux infrastructures ont été 26

“EN MATIÈRE DE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, L’ALLEMAGNE A PRIS UN TEMPS D’AVANCE, MAIS PAS SUR TOUT.”

de l’écologie repose sur le savoir. Ce qui serait intéressant, ce serait d’évaluer les réserves à l’échelle européenne. Car en raison, justement, des gaz de schiste américains et du retrait des États-Unis du marché du gaz, l’Europe se retrouve dans une position d’extrême fragilité sur les contrats à long terme. COMMENT SONT NÉES VOS CONVICTIONS ÉCOLOGISTES ? C. J. : Dès 2002, alors que j’étais au

sabrées. Il faudrait au contraire investir collectivement dans les réseaux et dans l’innovation. En matière de transition énergétique, l’Allemagne a pris un temps d’avance, mais pas sur tout. Ainsi, à terme, la question de la chaleur sera très importante, or en France, le Fonds chaleur est une belle réussite, grâce à son fonctionnement décentralisé. Tout ce qui a été fait de façon centralisée a échoué. On a voulu gérer les énergies renouvelables comme le nucléaire ou le thermique, ça ne peut pas fonctionner. Sur le solaire à concentration, la France est également très bien placée, tout comme sur les énergies marines. Sur l’éolien offshore, on pourrait contraindre les industriels français à se regrouper plutôt qu’à s’affronter, comme on l’a fait avec le Fonds chaleur. Autre domaine dans lequel nous avons des champions : les réseaux intelligents, qui permettent par l’innovation l’adaptation aux besoins de la consommation d’énergie. Schneider Electric, par exemple, est en train d’équiper à la demande des autorités locales la ville de Shanghai de logiciels permettant de mesurer et d’adapter la consommation électrique en temps réel. Mais en France, ces innovations sont ignorées. QUELLE EST VOTRE POSITION SUR LES GAZ DE SCHISTE ? C. J. : Je suis très réservée sur le sujet,

surtout pour la France. Même s’il est améliorable, nous avons un bon mix énergétique, avec un bon contenu carbone. Les gaz de schiste sont des énergies fossiles, dont je pense qu’il faut tenter à tout prix de s’affranchir. En outre, les réserves françaises se trouvent soit dans des zones urbaines, soit dans des zones dans lesquelles l’eau est rare. L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a raison de tenter d’objectiver le débat. On ne connaît même pas l’état de nos réserves. Or le principe même

cabinet de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant avait identifié l’importance du développement durable comme thème de campagne. Au départ, mon approche du sujet était très intellectuelle. Le directeur de l’environnement au conseil général des Hauts-de-Seine, ultra engagé, notamment sur la biodiversité, a joué un rôle important dans mon apprentissage. Je me suis ensuite nourrie de mes rencontres avec toutes les associations, y compris Greenpeace, pendant la campagne de 2007. L’écologie est un formidable moteur d’innovation, un levier de croissance et une exigence pour l’avenir de nos enfants. DE QUOI ÊTES-VOUS LE PLUS FIÈRE CONCERNANT VOTRE ACTION EN FAVEUR DE L’ENVIRONNEMENT ? C. J. : Même si j’y ai manœuvré dans

les soutes en tant que conseillère à l’Elysée (notamment en écrivant le fameux discours prononcé par Nicolas Sarkozy en octobre 2007), je suis très fière du Grenelle de l’environnement. L’important, ce sont plus les principes que nous avons posés que les mesures instaurées. Mais l’un des plus beaux moments de ma vie professionnelle, c’est ma présidence de l’Ademe en 2008-2009, avec la création, notamment, des Fonds chaleur et déchets. AVEZ-VOUS DES REGRETS ? C. J. : Ce que je regrette le plus, c’est de

ne pas avoir réussi à faire adopter la taxe carbone. Ce n’est pourtant pas faute d’être intervenue sur toutes les chaînes de télévision fin décembre 2009 pour faire œuvre de pédagogie après le rejet de la taxe par le Conseil constitutionnel. Je regrette aussi de ne pas avoir pu empêcher l’instauration de règles défavorables au déploiement de l’éolien terrestre. À partir de 2010, tout le monde dans le milieu politique a retourné sa veste sur le sujet de l’environnement, ça a été très dur à vivre. ◆


c’est aussi

www.wedemain.fr

© Laurent Chéhère

Déchiffrer Respirer Savourer Inventer Regarder Voyager Ralentir Écouter Partager


LE FLOTTEUR CARRÉ EN BÉTON IMAGINÉ PAR IDEOL (45 MÈTRES DE CÔTÉ ET PRÈS DE 10 MÈTRES DE HAUTEUR) PEUT ACCUEILLIR TOUS LES MODÈLES D’ÉOLIENNES POSÉES EXISTANTS.


L’ÉOLIEN FLOTTANT, UNE VITRINE POUR LA FRANCE DES ÉNERGIES RENOUVELABLES Dominique Pialot

© Ideol

— ENCORE ÉMERGENT, L’ÉOLIEN FLOTTANT EST UNE TECHNOLOGIE DANS LAQUELLE PETITES ET GRANDES ENTREPRISES HEXAGONALES PEUVENT LÉGITIMEMENT ESPÉRER JOUER UN RÔLE À L’ÉCHELLE EUROPÉENNE. —

WE DEMAIN INITIATIVE

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AVEC SON AXE VERTICAL, L’ÉOLIENNE DE NÉNUPHAR WINFLO A ACHEVÉ FIN

PRÉSENTE UN CENTRE

2012 LES TESTS EN

DE GRAVITÉ PLUS BAS

BASSIN DU FLOTTEUR

ET NÉCESSITE UN PLUS

ET DE L’ÉOLIENNE.

PETIT FLOTTEUR.

LE SYSTÈME WINFLO PERMET D’ACCROCHER ENSEMBLE DE NOMBREUSES MACHINES ET DE RENTABILISER LES INVESTISSEMENTS GRÂCE À DES FERMES DE GRANDE TAILLE.

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© Winflo 2011 - Nénuphar

ON COMPTE ACTUELLEMENT UNE DIZAINE DE PROJETS D’ÉOLIEN FLOTTANT DANS LE MONDE, TESTANT DIFFÉRENTES TECHNOLOGIES DE TURBINES, DE FLOTTEURS ET DE SYSTÈMES D’ANCRAGE.

En mars dernier, la ministre de l’Énergie Delphine Batho lançait la deuxième tranche de l’appel d’offres éolien offshore, près d’un an après la première. Mais avec une puissance totale d’à peine 3 000 mégawatts (MW), dont une partie ne produira pas avant 2021 ou 2023, on est loin des 6 000 MW prévus par le Grenelle de l’environnement à l’horizon 2020. Laissant le champ libre à Vestas et Siemens, qui règnent sur les mers européennes, les Français Areva et Alstom, positionnés tardivement sur l’éolien posé en mer, grignotent peu à peu du terrain, mais restent loin derrière. En revanche, la France pourrait s’illustrer dans une technologie plus innovante. L’éolien flottant, qui n’en est pour le moment qu’au stade des démonstrateurs, permet d’envisager un marché potentiel trois fois plus important que celui de l’éolien offshore posé au niveau mondial, et jusqu’à dix fois plus important pour la France, où les côtes s’abaissent rapidement. Son principal intérêt est de s’affranchir des contraintes de profondeur. Aujourd’hui, les éoliennes ne peuvent être posées à plus de 30 à 40 mètres de profondeur. Il faudra certes toujours ancrer la machine au fond des mers d’une façon ou d’une autre, mais l’éolien flottant permet de descendre jusqu’à 200 mètres. Et cet avantage a des corollaires : en l’absence de conflits d’usage avec les pêcheurs, les riverains et les professionnels du tourisme, on peut envisager des fermes de grande taille qui, grâce également à des vents plus forts et plus réguliers, augmentent la rentabilité des installations et permettent d’amortir un coût du raccordement au réseau plus élevé du fait de l’éloignement des côtes. L’éolien flottant permet aussi d’effectuer l’assemblage à terre avant de transporter les machines sur des WE DEMAIN INITIATIVE

au large de l’île de Groix en 2016 ou 2017. VertiMed, autre projet français qui bénéficie d’une subvention européenne remorqueurs standard, alors que la dans le cadre du programme NER300, location de navires adaptés au transport regroupe la start-up Nénuphar, EDF des éoliennes posées peut coûter jusqu’à EN et Technip. « Grâce à son axe vertical 500 000 euros par jour… révolutionnaire, la machine en construction Après un premier projet en 2009 à à Fos-sur-Mer a un centre de gravité plus l’initiative de la compagnie pétrolière bas, permettant de recourir à un flotteur norvégienne Statoil avec une éolienne plus petit et moins coûteux », explique HyWind fabriquée par Siemens, un Charles Smadja, cofondateur de consortium regroupant le Portugais EDP Nénuphar. L’entreprise prévoit une ferme et l’Américain Principle Power installait de 13 machines au large de Fos d’ici à une machine Vestas au large du Portugal 2016, pour un raccordement en 2017. fin 2011. Le flotteur, c’est justement la spécialité d’Ideol, autre start-up créée TROIS PROJETS FRANÇAIS il y a à peine trois ans et implantée à La Seyne-sur-Mer. Son anneau carré On compte actuellement une dizaine en béton de 45 mètres de côté peut se de projets dans le monde, testant substituer aux fondations aujourd’hui différentes technologies de turbines, de utilisées pour l’éolien posé, et accueillir flotteurs et de systèmes d’ancrage. La n’importe quelle machine existante. France, où un appel d’offres spécifique Cette technologie deux fois moins devrait être lancé prochainement, est onéreuse que le semi-submersible particulièrement active avec trois projets serait rentable dès une profondeur en phase de préindustrialisation. de 35 mètres, au lieu de 60 mètres Winflo, qui, aux côtés de l’Institut actuellement. Ce qui permet, explique français de recherche pour l’exploitation Paul de la Guérivière, l’un des fondateurs de la mer (Ifremer) et de l’école d’Ideol, de « ne pas limiter le flottant à d’ingénieurs Ensta Bretagne, réunit le la niche de la grande profondeur » et de bureau d’études breton Nass & Wind, lorgner le gigantesque marché de la le leader mondial du naval de défense mer du Nord et de la Baltique (33 GW DCNS, très présent dans l’énergie prévus par le Royaume-Uni d’ici à 2030 marine, et le fabricant d’éoliennes et 25 GW pour l’Allemagne). Dans le Vergnet, développe conjointement une cadre d’un programme soutenu par plateforme semi-submersible et une Bruxelles, Ideol s’apprête à installer éolienne de 5 MW, équivalente aux deux démonstrateurs au large des côtes plus puissantes machines posées. Des françaises, britanniques ou espagnoles, câbles souples assurent la fixation au sol, équipés de turbines Gamesa et Acciona… permettant d’ancrer plusieurs machines Une émulation entre Français de ensemble. Soutenus par l’Ademe au titre bon augure alors que les premiers appels des investissements d’avenir, par Bruxelles d’offres voient le jour aux États-Unis, via le fonds européen Feder et par la mais aussi au Japon, l’un des premiers région Bretagne, les partenaires visent la pays à avoir lancé dès 2012 un projet, construction d’un démonstrateur de taille modeste mais symbolique, au large de réelle pour 2014, puis des fermes pilotes Fukushima… ◆ 31


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MYRIAM MAESTRONI, L’ÉCONOMIE D’ÉNERGIE EN ACTION Isabelle Lefort

© Benjamin Boccas

— À 45 ANS, LA FONDATRICE ET PRÉSIDENTE D’ÉCONOMIE D’ÉNERGIE ŒUVRE AU QUOTIDIEN, AUPRÈS DES ÉNERGÉTICIENS ET DES PARTICULIERS, POUR LA MISE EN PRATIQUE DE NOUVEAUX COMPORTEMENTS DE CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE. — « Demain, concrètement, quelle action 2006 la loi sur l’orientation énergétique leur logement, en bénéficiant des aides allez-vous faire pour avancer ? Pour changer (POPE) lui donne raison : elle oblige financières disponibles. De l’autre, le monde ? Non, ne remettez pas à aprèsles énergéticiens à inciter leurs clients accompagner les énergéticiens, comme demain. Ce qui importe, c’est de passer à à moins consommer. « C’était le sens de la loi les y oblige, à inciter leurs clients à l’acte. Soyez passionné. Rien de grand ne l’histoire, dit-elle. Nous avons tous pris devenir économes. se fait sans passion. » Myriam Maestroni, conscience du réchauffement climatique, de En pratique, c’est simple. Prenons la présidente d’Économie d’énergie, est ses conséquences. Nous avons commencé le cas de la grande distribution. bluffante. Jamais économe de son temps les années 2000 avec un baril à 15 dollars, Auchan ou E. Leclerc par exemple. Dès ni de ses conseils, elle enjoint les jeunes depuis, on l’a vu passer au-dessus de lors qu’ils vendent du carburant aux stagiaires qui lui rendent visite à devenir 250 dollars. » consommateurs, la loi leur demande maîtres de leur vie. Son accent ariégeois En 2008, Myriam Maestroni de mener en parallèle une politique qui et sa générosité évidente ne doivent pas crée la filiale Économie d’énergie engage leurs clients à moins consommer induire en erreur, elle figure parmi les SAS, avec la mise en ligne d’un site d’énergie. Avec l’équipe d’Économie esprits les plus visionnaires de d’énergie, ils mettent en place notre époque. des services, des sites Internet “EN FRANCE, LA RÉNOVATION DES Diplômée de Sup de Co avec relais sur les points de Bordeaux en 1989, Myriam vente. Résultat : sur 15 MILLIONS DE LOGEMENTS TRÈS Maestroni a poursuivi ses prime-eco-energie.auchan. GROS CONSOMMATEURS D’ÉNERGIE études en se spécialisant fr, Auchan explique à ses PEUT CRÉER 150 000 EMPLOIS.” en finance avec un Postclients comment bénéficier, Graduate à l’université de s’ils souhaitent rénover leur Barcelone, puis un MBA habitat, changer de chaudière, à l’ESADE. Elle devient etc., d’une aide financée par – www.economiedenergie.fr –, pour directrice générale de Primagaz alors le distributeur qui vient compléter les communiquer sur l’énergie et aider les qu’elle n’a pas 30 ans. Très tôt, elle dispositifs que sont le crédit d’impôt particuliers et les entreprises à adopter en est convaincue : l’appauvrissement développement durable pour la de nouveaux comportements. Tout juste des énergies fossiles annoncé oblige construction durable ou le prêt à taux lauréate du prix La Tribune Women’s l’entreprise à changer de modèle. Pour zéro plus. Résultat ? En deux ans, le site Award en 2011, elle surprend ses elle, plus personne ne peut réfléchir a enregistré plus d’un million et demi de collaborateurs en décidant d’abandonner visiteurs et plus de 150 000 Français ont en terme d’une seule énergie. Elle la direction de Primagaz pour se lancer prône le choix d’une solution d’énergie reçu une aide équivalant à 10 % du coût à 100 % dans l’aventure de la filiale. À durable. C’est une petite révolution des travaux. l’époque, cette dernière emploie moins interne. Depuis plus de cent ans, Myriam Maestroni est intarissable sur de 10 personnes. Aujourd’hui, dans les l’entreprise no 1 du gaz en France vivait le sujet : « Il y a 30 millions de logements sur le principe de toujours vendre plus locaux du boulevard Pereire à Paris, plus en France, dont 15 millions sont en dessous d’énergie. Il faut imaginer l’ensemble de 100 personnes travaillent aux côtés de la catégorie D, c’est-à-dire très gros des dirigeants de Primagaz, quand en de Myriam Maestroni. Moyenne d’âge : consommateurs d’énergie. C’est un million 2003, en pleine réunion du comité moins de 30 ans. de logements à rénover par an. À la clé, il y exécutif, cette jeune femme a annoncé La mission de l’entreprise est double. a 150 000 voire 200 000 emplois à créer. Et que le futur modèle de l’entreprise D’une part, encourager les particuliers à ce sont des métiers non délocalisables ! Enfin serait d’aider ses clients à consommer consommer moins d’énergie, à mener à un peu d’espoir. D’optimisme. Allons-y, moins ! Le pari était risqué, mais en bien les travaux nécessaires pour rénover n’attendons pas ! » ◆ WE DEMAIN INITIATIVE

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ENGAGÉ AU SEIN DU MOUVEMENT ÉCOLOGISTE DEPUIS 1991, TRAVAILLÉ DANS LA FINANCE ET LE PRIVÉ, NOTAMMENT POUR IBM, AVANT DE PARTIR EN GUERRE CONTRE LES TRÈS GRANDES BANQUES. 34

© xxxx

PHILIPPE LAMBERTS, PÈRE DE QUATRE ENFANTS, A D’ABORD


PHILIPPE LAMBERTS L’ENNEMI PUBLIC N°1 DE LA CITY Interview Florence Autret

— À 50 ANS, CE DÉPUTÉ EUROPÉEN DE NATIONALITÉ BELGE, ENGAGÉ AVEC LES ÉCOLOGISTES DEPUIS PLUS DE VINGT ANS, A RÉUSSI CE QUI SEMBLAIT IMPOSSIBLE : PLAFONNER LES BONUS VERSÉS PAR LES BANQUES. CE N’EST QU’UN DÉBUT. MESSIEURS LES TRADERS, RETENEZ BIEN SON NOM. —

En mars, l’Europe a pour la première fois osé toucher aux salaires dans les banques. À l’origine, la législation sur les capitaux bancaires ne prévoyait rien sur ce sujet. Le coup est venu du Parlement, et plus précisément de Philippe Lamberts, rapporteur pour le groupe des Verts. À l’avenir, les bonus ne pourront pas excéder la rémunération fixe, ou le double du fixe si l’assemblée générale des actionnaires l’autorise. Une victoire symbolique. Au lendemain de l’adoption du texte, Philippe Lamberts a atterri à Londres pour y passer un week-end qu’il imaginait tranquille, les traders et la presse anglo-saxons l’attendaient. Devenu l’ennemi public numéro 1 de la City, l’homme a fait l’objet de toutes les accusations. Mais il est demeuré impassible. Son plan d’attaque contre les abus des très grandes banques est prêt.

© Danny Gys/Reporters-REA

WE DEMAIN INITIATIVE : OBTENIR UN ENCADREMENT DES BONUS DES BANQUIERS, C’ÉTAIT UNE BATAILLE DIFFICILE ? PHILIPPE LAMBERTS : Au début,

certains m’ont taxé de populisme. Mais il y a eu un tel chapelet de scandales, notamment celui du Libor, que plus personne ne voulait défendre les structures de rémunération complètement folles. Les Anglais ont fait leur baroud d’honneur, mais ils étaient seuls à s’opposer. Nous avions averti : sachez que nous pendrons en place publique ceux qui osent dire qu’il n’y en WE DEMAIN INITIATIVE

a pas assez pour les traders. Finalement, cela n’a pas été une négociation très difficile. POURQUOI NE PAS AVOIR CHERCHÉ À PLAFONNER DIRECTEMENT LES BONUS ? P. L. : On ne pouvait pas travailler sur

le montant des rémunérations, car nous n’avons pas de compétence pour faire cela en Europe. Nous avons donc finalement un plafonnement relatif, où le bonus doit être égal à une fois, ou au maximum deux fois, le salaire fixe. Personnellement, j’aurais préféré qu’on introduise des ratios entre le salaire minimum et le salaire maximum, par exemple de 40 pour 1 ou 20 pour 1 au sein d’une banque donnée. EN DÉPIT DE CETTE NOUVELLE RÈGLE SUR LA RÉMUNÉRATION VARIABLE, LA SURRÉMUNÉRATION TOTALE NE RISQUE-T-ELLE PAS DE PERSISTER ET, AVEC ELLE, SES EFFETS PERVERS ? P. L. : Il faut donc s’attaquer à la source

Elles peuvent prendre des risques excessifs. Si les choses tournent bien, elles gagnent. Si elles tournent mal, le contribuable paie. Moyennant quoi elles abaissent leur risque propre en tant qu’institution et parviennent à se financer sur les marchés à un coût qui ne correspond pas au risque réel qu’elles engendrent pour la société. Par ailleurs, elles fabriquent de l’asymétrie d’information qu’elles exploitent à leur propre compte. Elles créent des produits et des services financiers d’une telle complexité que finalement le prêteur et l’emprunteur finaux n’en connaissent plus très bien la valeur. Elles jouent sur cette ignorance. CE DOUBLE CONSTAT DE LA RENTE ET DE L’ASYMÉTRIE D’INFORMATION EST-IL PARTAGÉ ? P. L. : Si je prends la constellation

de la rente, qui vient du fait que les plus grandes banques, celles qui sont « too big to fail » [trop grandes pour faire faillite], jouissent d’une garantie publique à cause des risques systémiques qu’entraînerait leur faillite.

des rapporteurs de la législation sur les capitaux bancaires au Parlement européen, chrétiens-démocrates, conservateurs, libéraux, socialistes ou écologistes, nous sommes tous à peu près convaincus que cette rente est malsaine pour l’économie. Sharon Bowles (libérale britannique qui préside la Commission des affaires économiques et monétaires) est complètement contre. Elle n’aime pas la rente.

QU’ENTENDEZ-VOUS PAR « RENTE » ? P. L. : C’est précisément l’avantage

PARCE QU’ELLE AIME LE MARCHÉ ? P. L. : Oui, bien sûr, et moi aussi. C’est

qu’elles tirent de la garantie publique.

souvent au nom d’un argumentaire 35


libéral que je m’attaque à la rente. En regardant comment le système financier est construit, on comprend que nous nous rapprochons de plus en plus du modèle soviétique, avec la Gosbank, alias la Banque centrale européenne, qui donne la liquidité aux banques des amis, lesquelles maximisent leurs profits en pompant les ressources de la société. POUR VOUS, LE VRAI SUJET, C’EST DONC LA TAILLE DES ÉTABLISSEMENTS ? P. L. : Oui, parce que cela leur donne un

pouvoir de marché. Dès l’instant où vous êtes trop important, on ne peut pas vous laisser tomber. Personne n’ose dire que nos banques sont trop grosses. Je crois que c’est aussi simple que cela. EST-ON CAPABLE DE S’Y ATTAQUER ? P. L. : Souvent les partis de droite ou

de gauche ne défendent pas le marché. Ils défendent les positions établies de ceux qui le dominent, autrement dit les grands champions internationaux, au nom de la compétition internationale. Ni Pierre Moscovici ni Wolfgang Schäuble (respectivement ministres des Finances français et allemand) ne veulent s’attaquer à la rente. Les seuls qui donnent selon moi l’impression de le vouloir, ce sont les Anglais, paradoxalement. C’est tout l’objet en tout cas du rapport Liikanen sur les structures bancaires, auquel la Commission européenne va devoir donner suite. QUEL EST L’ENJEU DE CE RAPPORT LIIKANEN ? P. L. : La séparation des métiers bancaires,

qui est préconisée, permettrait de réduire l’effet « too big to fail », donc la rente. La Commission européenne doit proposer un texte en septembre. Si on arrivait à le voir adopté avant les élections européennes du printemps 2014, ce serait vraiment très bien.

VOUS PENSEZ QU’IL Y A UNE MAJORITÉ POUR CELA AU PARLEMENT ? P. L. : Il est trop tôt pour le dire. Cela

dépendra en partie de l’actualité. Si on observe encore quelques « accidents » comme le scandale du Libor, cela apportera de l’eau à notre moulin. Si la tempête se calme, l’appétit des partis traditionnels pour des mesures fortes va diminuer. Et il y aura aussi un texte sur la résolution, autrement dit la manière de fermer ou de restructurer une banque qui va mal. Il faut trouver un mécanisme qui réduise au maximum le risque pour le contribuable en cas de crise et qui s’applique si possible au niveau européen. GLOBALEMENT L’INDUSTRIE BANCAIRE RÉSISTE ET EST ASSEZ APPUYÉE PAR LES MINISTÈRES DES FINANCES NATIONAUX. COMMENT FAIRE BOUGER LES CHOSES ? P. L. : Pour les bonus comme pour le

reste, on n’obtient de victoire que si on prend les ministres des Finances [qui sont colégislateurs, ndlr] en tenaille entre le Parlement et l’opinion publique. Il faut que le citoyen puisse se faire une idée juste de la question. Au sujet des bonus, c’est facile, tout le monde comprend. Mais quand on commence à parler d’effet de levier ou de liquidités, c’est plus délicat. EN QUOI CONSISTE L’« INITIATIVE D’ÉDUCATION DES MASSES » AUTOUR DU SUJET DES « 7 PÉCHÉS CAPITAUX DES BANQUES » QUE VOUS AVEZ LANCÉE ? P. L. : L’idée est de donner des clés

de lecture au public. En analysant les chiffres communiqués dans les rapports d’activité des banques, on fait un classement sur sept critères, dont les principaux sont le financement de l’économie réelle, la manière dont se finance la banque elle-même, à court, moyen ou long termes, sa présence dans les paradis fiscaux ou encore les

“IL FAUT TROUVER UN MÉCANISME QUI RÉDUISE AU MAXIMUM LE RISQUE POUR LE CONTRIBUABLE EN CAS DE CRISE ET QUI S’APPLIQUE SI POSSIBLE AU NIVEAU EUROPÉEN.”

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rémunérations de ses dirigeants. Des sites Internet avec ces informations existaient déjà en Belgique et aux Pays-Bas. Leur équivalent vient d’être lancé en France. VOTRE PREMIÈRE CARRIÈRE PROFESSIONNELLE DE COMMERCIAL CHEZ IBM A-T-ELLE CONTRIBUÉ À FORGER CETTE CONVICTION ? P. L. : Complètement. Il me reste deux

choses de mes années IBM. D’abord une approche managériale des problèmes : on regarde les faits et on essaye de trouver des solutions de manière systématique. Ensuite, la haine de la logique du profit à court terme pour l’actionnaire. Cette logique vient de l’industrie financière. Quand la finance offre 20 % de retour sur investissement, elle force le reste de l’économie à suivre. Cela nous conduit à avoir une politique économique d’ultra-court terme, où finalement on sacrifie des investissements, même de maintenance de l’outil, au profit de la maximisation du retour à court terme. C’est suicidaire. EST-CE QUE CES IDÉES SONT PARTAGÉES ? P. L. : Là-dessus comme sur tout le reste,

le modèle de pensée dominant est : il faut qu’on retrouve de la croissance. Les deux obstacles à la croissance sont les déficits publics et le manque de compétitivité. Donc il faut réduire les dépenses publiques et réduire les salaires et le problème sera résolu. Personne ne se pose la question de savoir comment on en est arrivé là. Est-ce qu’on est vraiment encore dans une économie de marché ? On confond l’économie de marché avec la santé des grands groupes ! DE QUEL CONSTAT FAUDRAIT-IL REPARTIR SELON VOUS ? P. L. : Nous avons vécu, en Europe et

dans le monde, très largement à crédit à la fois financièrement, écologiquement et socialement, en creusant les inégalités de manière massive. Notre empreinte écologique et les inégalités sont deux bombes qui peuvent tuer. Cela peut remettre en cause l’existence de nos sociétés. Le vernis de civilisation de ces dernières est assez fin, et la démocratie, un système fragile. Pour rallonger la mèche de ces deux bombes, il faut investir massivement. Le crédit a été trop


© Benoît Bourgeois/Union européenne 2011 PE-EP C’EST EN 2009 QUE PHILIPPE LAMBERTS A CHOISI DE SE CONSACRER ENTIÈREMENT À LA POLITIQUE.

facile et trop bon marché, à la fois pour les États et pour le secteur privé. Faire de la consommation et de la spéculation le moteur de l’économie, ce n’est pas une bonne chose. Il faut de nouveau que le curseur se déplace vers l’investissement, autrement dit engager des dépenses dont le profit est pour demain, après-demain et plus tard. COMMENT INVESTIR QUAND ON EST SURENDETTÉ ? P. L. : La solution passe forcément par

l’annulation d’une partie de la dette financière, mais aussi par la fin du crédit facile. Si l’Europe veut de nouveau être prospère, elle devra le mériter, plus que dans la deuxième moitié du XXe siècle. QUI DIT ANNULATION DE DETTE DIT EN GÉNÉRAL CRISE MONÉTAIRE… P. L. : Si c’est mal géré, en effet. Il faut

l’organiser. Annuler la dette, cela passe soit par l’inflation et là tout le monde paie, soit par une taxe exceptionnelle sur WE DEMAIN INITIATIVE

les riches, soit par une réduction de la valeur nominale des créances, et dans ce cas, il faut voir qui sont les créanciers. DANS TOUS LES CAS, UN DÉFAUT UNE REDISTRIBUTION DES CRÉANCIERS VERS LES DÉBITEURS… P. L. : Oui, fondamentalement, c’est une

redistribution. Le débat que l’on a vu au sujet de Chypre est exactement celui-là. C’est un débat qui doit pouvoir se mener de manière démocratique. Parce que ce sont des choix de société. PEUT-ON DIRE QUE L’ALTERNATIVE SE SITUE ENTRE UN DÉFAUT ORGANISÉ OU UN DÉFAUT DÉSORGANISÉ ? P. L. : Exactement. Mais avec un objectif

précis qui est de ne pas revenir à l’ancien modèle. Les défis du moment sont comparables à une guerre. Il faut mobiliser toutes les ressources de la société pour survivre. EST-ON PRÊT À POSER LE DÉBAT EN CES TERMES ? P. L. : À la Commission ou à la Banque

centrale européenne, je vois une incapacité à penser la situation telle qu’elle est. C’est un peu ce qu’on a connu jusqu’en 1932. Il a fallu attendre le départ de ceux qui étaient au pouvoir en 1929, au moment de la Grande Dépression, pour que d’autres mesures commencent à être préconisées. Y A-T-IL UNE VOIE POLITIQUE POUR S’EN SORTIR PAR LE HAUT ? P. L. : L’histoire de l’humanité nous dit

qu’il faut un choc externe. Ma conviction est qu’il y a un chemin. La première – et surtout pas la dernière – question à laquelle on doit répondre est : sommesnous tous dans la même barque ? Si oui, il faut un État fédéral européen avec un budget conséquent et une autonomie fiscale. Ce que nous devons faire, c’est approfondir cette intégration pour éviter la guerre. Quand je tiens ce discours dans les pays du Sud, mais aussi en Allemagne, par exemple au congrès d’IG Metall (syndicat de la métallurgie), je suis applaudi. En réalité, on aurait déjà dû mettre la Grèce sous tutelle. Il faut opérer la même rupture qu’en 1932. ◆ 37


D’ANGERS, INITIÉ PAR L’ASSOCIATION MAINE LABS. 38

© xxxx

L’ESPACE DE COWORKING DE LA MAISON DES PROJETS


REPAIRES POUR BOHÈME-WORKERS Dominique Pialot

© Berti Hanna/REA

— COWORKING, TÉLÉTRAVAIL, TIERS-LIEUX… TOUTES SORTES D’ESPACES VOIENT LE JOUR À PARIS ET EN PROVINCE, EN VILLE ET EN ZONE RURALE. ILS REFLÈTENT ET PARFOIS ANTICIPENT LES FAÇONS DONT NOUS TRAVAILLERONS DEMAIN. —

Les premières expériences françaises modes de consommation, voire de vie, et travailler dans des lieux distants de leur s’inspirent de l’exemple californien, et montent des projets durables. » entreprise. Rien d’étonnant si l’on songe plus précisément de la Silicon Valley. Tout en conservant l’esprit collaboratif, au temps perdu, à la fatigue et au stress La Cantine, ouverte en 2008 dans le le principe du coworking peut prendre causés par les déplacements pendulaires, IIe arrondissement parisien sous l’égide de une forme plus généraliste en regroupant qui représentent en moyenne deux heures l’association Silicon Sentier (dédiée aux plusieurs types d’activités, à l’instar de la par jour en Île-de-France. Pas moins start-up de la nouvelle économie) et de la Mutinerie dans le XIXe arrondissement de 12 000 salariés de la région seraient Région Île-de-France, est le premier espace parisien. potentiellement concernés. Et le mouvement ne se limite pas à de coworking répertorié en France. Fondé Côté entreprises, elles sont 16 % à se l’agglomération parisienne, même si c’est comme il se doit sur la mutualisation déclarer prêtes à louer des bureaux en là qu’il reste dominant, avec une trentaine télécentres immédiatement. Elles aussi de l’espace, des équipements, des de lieux répertoriés dans le « Tour de compétences et un esprit collaboratif profiteraient d’économies considérables, France du télétravail », publié en mars propre à ce secteur d’activité. Depuis, la notamment en termes d’immobilier dernier par LBMG Worklabs. Certes, on le et d’énergie. En Île-de-France, le taux Cantine a essaimé dans d’autres villes, et trouve surtout au cœur de grandes villes, une centaine de « tiers-lieux » – un motd’occupation des bureaux n’est que de comme la Cordée à Lyon, mais aussi dans valise désignant toutes sortes d’espaces de 65 %, et la consommation d’énergie l’Orne ou le Maine-et-Loire. En plus des travail situés en dehors des sièges sociaux annuelle s’élève à 2,5 kWh par salarié. indépendants, qui constituent l’essentiel d’entreprises – ont ouvert en France. À comparer avec un taux d’occupation des locataires en zones urbaines, ces tiers« L’explosion des usages nomades de 95 % en télécentres, qui ramène la lieux accueillent aussi quelques salariés des nouvelles technologies, mais aussi consommation à 0,3 kWh par poste. d’entreprises en télétravail. de nouvelles formes de travail, plus La collectivité y gagnerait également : collaboratives et plus un salarié éloigné de 25 km autonomes, soutient le de son entreprise qui développement de ces lieux », travaillerait à proximité de 16 % DES ENTREPRISES SE DÉCLARENT observe Nathanaël Mathieu, son domicile deux jours PRÊTES À LOUER IMMÉDIATEMENT DES fondateur de LBMG Worklabs par semaine économiserait BUREAUX EN TÉLÉCENTRES. et du site Neonomade.fr, 512 litres d’essence par an, qui conseille entreprises et ce qui éviterait l’émission de territoires sur ces tiers-lieux. 2 tonnes de CO2. À multiplier par le nombre d’employés… Au fil des années, les En Seine-et-Marne, le acteurs de l’économie conseil général se montre sociale et solidaire s’y sont très volontariste dans le développement Ce créneau pourrait d’ailleurs générer regroupés, par exemple au sein de la de ces télécentres qui lui permettrait de une explosion des tiers-lieux si les Ruche (Paris, Xe), qui accueille dans son espace événementiel le comptoir réaliser d’importantes économies en grandes entreprises d’Île-de-France s’y général de nombreuses manifestations matière de transport, d’entretien des convertissaient. Selon une récente étude consacrées à ce secteur. « C’est logique, infrastructures ou de desserte de gares… menée par LBMG Worklabs pour le observe Nathanaël Mathieu, car ces Pas moins de 17 projets y sont portés compte de la Région, 89 % des personnes projets sont souvent portés par des par des associations ou des collectivités. interrogées se disent intéressées à moyen personnes qui militent pour de nouveaux Un premier espace de 1 000 m2 a ouvert ou long terme par la possibilité de WE DEMAIN INITIATIVE

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LES ESPACES DE TRAVAIL COLLABORATIFS SONT FONDÉS SUR LA MUTUALISATION DES ESPACES, DES ÉQUIPEMENTS ET DES COMPÉTENCES.

doute ce qui rend les entreprises plutôt réticentes. « Le frein le plus important est managérial », confirme Robert Piana, adjoint au directeur financier de SNCF Transilien, à l’origine d’une expérience originale initiée à l’automne dernier. Trois appartements de chefs de gare de la ligne N (dans les gares de Rambouillet, La Verrière et Plaisir-Les Clayes) ont été transformés en onze postes de travail pour accueillir des salariés volontaires domiciliés à proximité, au maximum deux jours par semaine, charge à eux de prêter main-forte en gare en période de perturbation. Devant la satisfaction des participants – qui ont pu économiser ainsi une à deux heures par jour en temps de transport, se sont sentis plus autonomes et jugés sur leurs résultats –, mais aussi celle des personnels des gares concernées, et l’apparition d’un esprit de cohésion au sein de « communautés de lignes », l’expérience sera étendue aux 14 lignes de Transilien d’ici à la fin de l’année. Au-delà des opérateurs naturels tels qu’Orange ou Regus, ces pratiques émergentes intéressent d’autres industriels. Ainsi, Bouygues Immobilier travaille sur une offre commerciale proposant à la fois des tiers-lieux à part entière et des espaces au sein des sièges d’entreprises. Si les économies de charges et d’énergie se chiffrent aisément, il est plus complexe de quantifier le gain en termes de bien-être des salariés et donc de productivité. Surtout, ce n’est plus le

seul directeur immobilier ou des achats qu’il faut convaincre, mais la DRH, voire la direction générale. Manière de prouver que cela fonctionne, Bouygues met en œuvre ces solutions au sein de ses propres bureaux ou chez certains de ses clients comme Steria, SSII qui occupe le fameux Green Office, bâtiment à énergie positive situé à Meudon (92). « “Live Office” est une offre clé en main adaptée à chaque cas particulier, incluant le loyer, un contrat de performance énergétique et une garantie du niveau de charges », précise Emmanuel Desmaizières, directeur général immobilier d’entreprise. Avec des frontières perméables entre les espaces collaboratifs et de détente et un espace privatif réduit, « le gain d’espace peut atteindre facilement 30 %, avec une augmentation du confort des occupants », affirme-t-il. Dans un premier temps, c’est en ouvrant une partie de leur siège social à des indépendants, voire à des salariés d’autres entreprises que certains pionniers, à l’instar de la SSII Atos, expérimentent l’immobilier d’entreprise flexible. Mais des obligations de confidentialité et de sécurité freinent l’extension du mouvement... À l’autre extrémité du spectre, on commence à parler de « cloud working », pour désigner les entrepreneurs du Web qui ne sont reliés entre eux et avec leurs clients que par les nouvelles technologies, le temps de projets bien circonscrits, et travaillent nulle part et partout à la fois… À Berlin, où ils seraient particulièrement nombreux, on les surnomme « bohème digitale »… Une anticipation des modes de travail de demain ? ◆

© Arnaud Robin/Divergence - Lydie Lecarpentier/REA

au sein de l’aéropôle de Roissy. Un autre, de la même dimension, ouvrira à Fontainebleau face au campus de l’Insead. Ses 80 postes de travail doivent accueillir des TPE, des indépendants, mais aussi des salariés de grandes entreprises. « Outre faire des économies sur le foncier et améliorer le bien-être de leurs salariés, les entreprises peuvent élargir leur bassin de recrutement avec le télétravail », affirme Anne-Sophie Calais, chef de projet à l’association IT 77, qui rassemble acteurs publics et privés, entreprises utilisatrices et opérateurs désireux de promouvoir le principe du télécentre. Ce sont en général les collectivités qui mettent les murs à disposition. Dans les zones semi-urbaines, la rentabilité est suffisante pour des gestionnaires privés. Un consortium regroupant la Caisse des dépôts, Orange et Regus s’est ainsi constitué pour prendre en charge un tiers du coût d’aménagement de certains projets. « Dans les zones plus rurales, nous étudions la possibilité d’héberger dans ces espaces de la formation à distance pour adultes et étudiants, explique Anne-Sophie Calais. Mais aussi des permanences d’EDF, de la Poste ou des caisses d’allocations familiales. » L’Île-de-France a lancé deux appels d’offres en 2011 et 2013, car l’existence d’un réseau sur l’intégralité de la région est un prérequis pour que les entreprises puissent proposer cette option à l’ensemble de leurs salariés. Mais c’est surtout un véritable bouleversement des modes de management qui s’impose, plus proche du mode projet que de l’organisation hiérarchique classique. Et c’est sans



LES HABITANTS MEMBRES DE VOISIN MALIN SONT RECRUTÉS POUR LEUR CAPACITÉ À CRÉER DU LIEN DANS LEUR QUARTIER. CHACUN A UN CONTRAT DE TRAVAIL DE DOUZE HEURES PAR MOIS, POUR UN SALAIRE DE 1,5 FOIS LE SMIC HORAIRE. 42


VOISIN MALIN, CRÉATEUR DE LIEN SOCIAL AU SEIN DES QUARTIERS Dominique Pialot

— FONDÉE IL Y A DEUX ANS, L’ASSOCIATION VOISIN MALIN PÉNÈTRE LES TERRITOIRES SENSIBLES D’ÎLE-DE-FRANCE POUR ACCOMPAGNER LES HABITANTS DANS LEURS DÉMARCHES D’ÉCOCITOYENS. —

« Ils sont étudiants, retraités, mères au foyer, mais surtout dignes de confiance, professionnels, en général bilingues… » raconte Denis Griponne, l’un des trois managers de Voisin Malin. Cette association mobilise les talents de citoyens, cooptés par des personnes pivots du quartier (gardiens d’immeuble, enseignants, bibliothécaires…) et choisis pour leur capacité à faire le lien entre les quartiers et les bailleurs sociaux, les collectivités et les sociétés de service (eau, énergie, propreté, transport, courrier…). Engagé dès le lancement du projet pilote en avril 2011, Denis supervise deux équipes de Voisins à Ris-Orangis et Courcouronnes : recrutement, élaboration des messages, formation, accompagnement sur le terrain au début de chaque mission... Il se réjouit de la grande stabilité des équipes. Chaque Voisin a un contrat de travail de douze heures par mois, payé sur la base de 1,5 fois le Smic horaire. Voisin Malin s’implante dans des quartiers sur lesquels plusieurs commanditaires font appel à ses services ; les missions sont facturées sur la base du temps passé.

© Arnaud Robin pour We demain Initiative

FACILITER LA COMMUNICATION C’est au Sud, il y a des années, dans les banlieues de Santiago du Chili pour l’une, dans les bidonvilles marocains où il était responsable de l’assainissement pour Veolia Eau pour l’autre, qu’Anne Charpy et Olivier Gilbert se sont pour la première fois frottés aux difficultés des quartiers dits « sensibles ». Et qu’ils se sont attelés à faciliter les relations des WE DEMAIN INITIATIVE

habitants avec leurs administrations et les prestataires de services. Aujourd’hui, ils se retrouvent à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Rentrée du Chili après ses études à l’ESCP, un mastère en urbanisme en poche et plusieurs missions dans des quartiers en difficulté plus tard, Anne Charpy a créé Voisin Malin en octobre 2010. Avec le soutien de l’incubateur d’entreprises sociales de l’Essec, Antropia, et un objectif clair : surmonter les handicaps économiques, linguistiques, générationnels ou culturels des habitants pour les impliquer dans les projets de leur quartier. « En France, on a un vrai problème de communication, avec les habitants ou entre les services, témoigne Olivier Gilbert, aujourd’hui responsable de l’innovation sociétale chez Veolia Environnement. La relation de proximité est un vrai challenge. Les 50 points information médiation multiservices (PIMMS) ouverts depuis 1995 avec EDF, GDF et la Poste ne suffisaient pas à faire connaître à toutes les populations concernées notre offre, leurs droits mais aussi leurs devoirs », admet-il. L’intervention de Voisin Malin réduit les incivilités, les fraudes, les réclamations, et donc les coûts de gestion de la clientèle et de réparation du matériel. Mais limite aussi le gaspillage d’eau grâce aux mesures d’économies expliquées aux habitants. « Ce sont des sujets sensibles pour les élus », reconnaît Olivier Gilbert. Donc, susceptibles de peser dans les appels d’offres… Alexandre Flon, responsable du développement urbain pour la compagnie de bus Tice, filiale du groupe Keolis, a confié à Voisin Malin la mission de

faire connaître l’existence de tarifs sociaux. Et il envisage de refaire appel à l’association. Car son intervention permet de « toucher un public qui ne se mobiliserait pas dans le cadre des enquêtes publiques consubstantielles au processus de la rénovation urbaine ». Par exemple, concernant le nouveau tracé de la voie de bus qui traversera le quartier de la Grande Borne à Grigny d’ici à 2016 : « Comprendre comment les habitants du quartier perçoivent ce projet, quels sujets leur semblent prioritaires, cela fait partie de notre mission de société d’économie mixte. Et c’est aussi un moyen para-institutionnel de nous faire connaître. » Et donc peut-être de désamorcer en amont les incivilités dans les transports publics de ces zones… DES RÉSULTATS PROMETTEURS Les Voisins pénètrent aussi chez les habitants (les portes s’ouvrent huit fois sur dix), pour expliquer la rénovation urbaine, renouer le lien entre les parents et les établissements scolaires ou mener une enquête sur le gaspillage alimentaire. Ils interviennent parfois in situ, par exemple dans les bureaux de poste, pour aider les gens à se familiariser avec les automates. Forte des résultats de ses premières missions à Aulnay, Grigny, Ris-Orangis ou Courcouronnes, la structure pourrait se trouver confrontée à une « crise de croissance ». Anne Charpy vise la centaine de Voisins d’ici à la fin de l’année. Si ses clients lui demandent d’intervenir sur l’ensemble du territoire national, Voisin Malin ne pourra sans doute pas conserver son statut associatif. ◆ 43


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“LE SERVICE CIVIQUE, CE SERA BIENTÔT 100 000 MISSIONS POUR LES JEUNES” Interview Hélène Martinez

— TROIS ANS APRÈS LE LANCEMENT DU SERVICE CIVIQUE EN FRANCE, C’EST L’HEURE D’UN PREMIER BILAN POUR MARTIN HIRSCH, QUI PORTE LE PROJET DEPUIS SA CRÉATION. LE PRÉSIDENT DE L’AGENCE DU SERVICE CIVIQUE EN EST CONVAINCU, LES JEUNES SONT PRÊTS À S’ENGAGER. IL APPELLE CHACUN À SE PRENDRE EN MAIN. —

Créé en 2010 sous l’impulsion de Martin Hirsch, alors haut commissaire à la Jeunesse, le service civique a déjà séduit 30 000 jeunes. Sans condition de diplôme, ils intègrent des structures associatives, des collectivités territoriales ou des établissements publics, pour y effectuer des missions d’intérêt général. Soutenu aussi bien par Nicolas Sarkozy que par Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007, ce projet a été voté, fait extrêmement rare, à une écrasante majorité par le Sénat, en 2009. Dès l’adoption du texte, 40 millions d’euros ont été ajoutés à la loi de Finances de 2010 pour lancer le dispositif.

© Jean-Claude Coutausse/Divergence

WE DEMAIN INITIATIVE : LE SERVICE CIVIQUE EST DE PLUS EN PLUS PLÉBISCITÉ. COMMENT S’APPLIQUET-IL CONCRÈTEMENT ? MARTIN HIRSCH : Le service civique

est ouvert à tous les jeunes entre 16 et 25 ans. Nous leur proposons des missions auprès d’organismes agréés sur une durée de six mois à un an. Les volontaires perçoivent une indemnité de 573 euros, essentiellement versée par l’État, tout en bénéficiant d’une protection sociale. Les 200 000 jeunes inscrits sur notre site ont accès aux offres proposées en ligne. Les organismes d’accueil – 5 000 aujourd’hui, de la petite à la très grande association, de la Région à la commune, des établissements publics aux parcs naturels, et jusqu’aux ONG internationales – les recrutent WE DEMAIN INITIATIVE

directement. Ce n’est pas l’État qui les place, aucune cooptation ne peut fonctionner. Le recrutement va parfois très vite. Moins de vingt-quatre heures pour les records !

appris à parler en public, j’ai appris le travail collectif... » sont des phrases qui reviennent souvent. Le service civique est perçu comme un « catalyseur d’autonomie ».

FIN 2012, VOUS COMPTIEZ 30 000 VOLONTAIRES. QUE TRADUIT CET ÉLAN ? M. H. : Le service civique rencontre un

FRANÇOIS HOLLANDE A FIXÉ DES OBJECTIFS AMBITIEUX : 100 000 JEUNES EN SERVICE CIVIQUE EN 2017, SOIT 15 % DE LA TRANCHE D’ÂGE. EST-CE RÉALISTE ? M. H. : Le nombre de volontaires a été

tel succès parce qu’il est adaptable et inclassable. Grâce à sa formule souple et originale, chacun peut se le réapproprier sur son territoire ou l’appliquer à son projet associatif. Chaque organisme qui accueille un jeune évalue ses propres besoins et recherche le meilleur équilibre entre bénévoles, volontaires et salariés. C’est sa force. Si l’on n’a pas d’idée précise de son avenir, on peut être accompagné par une mission locale ou un organisme. Il s’agit d’une alliance entre l’État et la société civile, pour construire ensemble un engagement au service de la nation, pris au sens large. Cela peut paraître pompeux, mais ce n’est pas faux. Enfin, il faudrait être idiot pour croire que les jeunes n’ont pas envie de s’engager. Au fond, cette volonté est la raison du succès. QUELS RETOURS RECEVEZ-VOUS DE LA PART DES JEUNES ? M. H. : 80 à 90 % des volontaires

déclarent que le service civique vaut la peine d’être vécu, d’être reproduit et d’être conseillé. « On m’a fait confiance, je me suis senti utile, cela m’a aidé dans mes choix et mes orientations, j’ai

multiplié par dix en trois ans, passant de 3 000 à 30 000. Le nombre d’organismes agréés a également décuplé. Au départ, le service civique rassemblait peu de personnes. Certains y voyaient la preuve que la jeune génération n’avait pas goût à l’engagement. Ils se trompaient. Les mêmes prétendaient que les organismes n’émettaient pas le souhait d’accueillir des jeunes. Là encore, c’était faux. À la question : « Un jeune sur six désire-t-il s’engager dans chaque génération ? », la réponse est oui. Peut-on trouver dans ce pays 100 000 missions intéressantes pour des jeunes ? Oui, absolument. Peut-on continuer à progresser ? Sans aucun doute. EN AUREZ-VOUS LES MOYENS ? M. H. : Cela fait partie des

60 engagements du président de la République, mais nous savons que c’est un enjeu budgétaire lourd dans un contexte on ne peut plus tendu. Notre approche consiste à considérer qu’un engagement a d’autant plus de chances d’être tenu qu’il le mérite. Nous 45


œuvrons en ce sens. Le service civique doit se justifier par son impact, sur la jeunesse en particulier et sur la société en général. S’il venait à disparaître, un manque se créerait. Ce système rend service aux jeunes et leur permet de rendre service à la société. Cette dualité fait sa force. L’un de nos enjeux capitaux cette année est de faire du service civique un recours efficace dans la lutte contre le décrochage scolaire. Les thèmes transgénérationnels, la solidarité entre jeunes et personnes âgées, gravitent également au centre des problématiques sociétales. Si le service civique intervient positivement dans ces questions, naturellement on le laissera croître. Mais c’est synonyme d’un véritable effort de la part de l’État, et cela ne viendra pas tout seul. LE TAUX DE CHÔMAGE CHEZ LES JEUNES ATTEINT DES RECORDS, 27 % AU TROISIÈME TRIMESTRE 2012. CERTAINS SE PORTENT VOLONTAIRES AU SERVICE CIVIQUE FAUTE D’UN EMPLOI. NE CRAIGNEZ-VOUS PAS QU’ILS S’ENGAGENT D’ABORD PAR NÉCESSITÉ ET NON PAR CHOIX ? M. H. : Lorsqu’un jeune

ne peut plus reprocher au service civique d’être l’unique dispositif disponible pour les jeunes. Il est intéressant de voir cette panoplie d’outils se déployer. D’autres pays ont connu une situation similaire, avec un taux de chômage chez les jeunes supérieur au taux de chômage de la population générale. Ils sont finalement passés à un taux inférieur, c’est l’objectif à atteindre.

VOUS AVEZ LANCÉ UN APPEL À L’ENGAGEMENT DE TOUS LES CITOYENS QUE VOUS QUALIFIEZ D’« ÉNERGIE MAGIQUE » POUR UNE SOCIÉTÉ PLUS « ENTREPRENANTE, SOLIDAIRE ET ENTHOUSIASMANTE ». M. H. : La notion d’engagement est

actuellement sous-estimée, et il reste encore un long chemin à parcourir. Créer des postes publics, injecter des milliards supplémentaires sur chaque problème, tout cela n’est plus à l’ordre du jour. Les besoins sociaux sont considérables. L’engagement et ses vertus servent de leviers. Plus on donne, plus on reçoit, c’est pourquoi je l’illustre par une « énergie magique ».

“LES JEUNES ONT TOUT INTÉRÊT À NE PAS ATTENDRE QU’ON S’OCCUPE D’EUX, MAIS À METTRE EN PLACE EUX-MÊMES DES INITIATIVES QUI BOUSCULENT UNE SOCIÉTÉ QUI LES LAISSE À LA MARGE.”

s’engage, qu’il soit bénévole ou militant dans une association, en général il le fait par choix. Personne ne le force, cela répond à une nécessité profonde et intime. Dans le cadre du service civique, le choix et la nécessité se rejoignent. Aucune motivation à accomplir un service civique n’est mauvaise. On a évidemment le droit de s’engager pour gagner 573 euros ou on peut le faire de façon sacrificielle. Ça ne me choque pas. C’est en général un mélange des deux. Si cette expérience est constructive, c’est l’essentiel. Peu importe le motif de départ. Si le taux de chômage était moindre, le service civique demeurerait tout aussi indispensable et nous ne manquerions pas de candidats. APRÈS L’EMPLOI, LA « PRÉPARATION DE L’AVENIR » CONSTITUE LE DEUXIÈME AXE DE LA FEUILLE DE ROUTE DU GOUVERNEMENT DE JEAN46

MARC AYRAULT. CELUI-CI SOUHAITE DONNER TOUTE SA PLACE AU RÉSEAU DES MISSIONS LOCALES, À TRAVERS DES DISPOSITIFS COMME LES EMPLOIS D’AVENIR, LE CONTRAT DE GÉNÉRATION OU LA GARANTIE JEUNE. QU’EN PENSEZ-VOUS ? M. H. : Grâce aux emplois d’avenir, on

VOUS L’OBSERVEZ, LA MAJORITÉ DES JEUNES – QU’ILS SOIENT OU NON TITULAIRES D’UN DIPLÔME – A ENVIE D’AGIR. MALGRÉ LEUR ALLANT, UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE FRUSTRANTE LES RATTRAPE. DANS UNE ÉPOQUE EN PANNE D’HORIZON, QUEL CONSEIL LEUR DONNER POUR CONSTRUIRE L’AVENIR ET SE PROJETER INDIVIDUELLEMENT ? M. H. : Personne ne leur fera une place.

Les jeunes ont tout intérêt à ne pas simplement attendre qu’on s’occupe d’eux, mais à mettre en place euxmêmes des initiatives qui bousculent une société qui les laisse à la marge. Cela s’applique au-delà du service civique. Dès le départ, nous avons donc incité les jeunes à fonder leurs propres structures, afin de travailler rapidement pour le service civique et d’accueillir d’autres jeunes. Nous collaborons aujourd’hui avec des réseaux d’associations de jeunes, comme Animafac.

PEUT-ON RESTER OPTIMISTE ? M. H. : L’optimisme ne

m’intéresse pas comme mode de pensée s’il revient à dire : « J’espère que cela va arriver » ou « Les choses ne peuvent que s’améliorer ». L’idée de jouer son avenir par procuration me déplaît. Personnellement, je dirais : « On peut se battre pour le provoquer ». C’est différent. L’optimiste soutiendrait : « Tiens, dans six mois, la croissance sera peut-être meilleure ». Tandis que ma vision d’une attitude louable est : « Je ne sais pas si la croissance sera meilleure ou pire, mais comment se débrouiller dans ce monde si compliqué pour faire avancer les causes qui nous sont chères ? » Y A-T-IL UN « FUTUR MARTIN HIRSCH » PARMI LES JEUNES QUE VOUS AVEZ L’OCCASION DE RENCONTRER, UNE OU PLUSIEURS TÊTES MONTANTES DE L’ACTION SOCIALE ET SOLIDAIRE ? M. H. : Pour répondre de manière

non anecdotique, cela tient en trois mots : Institut du service civique. Cet organisme permet à des jeunes de faire leurs preuves, de révéler leur talent en s’engageant. Un jour, ils exerceront des responsabilités. Parmi les lauréats de l’Institut du service civique naîtront, je l’espère, de grandes figures associatives, civiques, publiques et entrepreneuriales de demain. Leur parcours repose, déjà, sur la force de leur engagement. ◆



LAURÉATE DU GRAND PRIX HEC 1.618, LA MARQUE NORLHA FAIT FABRIQUER

TISSÉ SUR LE PLATEAU TIBÉTAIN.

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SES TISSUS À PARTIR DE DUVET DE YAK


ET LE LUXE DEVIENT DURABLE… Isabelle Lefort

© Norlha

— AUTOUR DE BARBARA COIGNET ET DE SON MOUVEMENT 1.618, LES MARQUES DU NOUVEAU LUXE SE RETROUVENT POUR FAIRE VALOIR LEURS CONVICTIONS. DEMAIN PLUS QUE JAMAIS, LE LUXE SE DEVRA D’ÊTRE RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT, ÉTHIQUE, INNOVANT. EN UN MOT, EXEMPLAIRE. —

Le monde change, le luxe aussi. Forte d’une activité en constante hausse depuis trente ans et des nouvelles classes sociales qui, dans les pays émergents et ailleurs, ne cessent de plébisciter ses charmes, l’industrie du luxe semble faire peu de cas des questions environnementales. Dans sa communication, tout du moins. Barbara Coignet est une passionnée du beau et du développement durable. Depuis bientôt dix ans, tous ceux qui participent à la définition de l’art de vivre en France ont croisé son chemin. Crinière bouclée, allure frêle, curiosité insatiable, cette visionnaire ne cesse d’interroger les créateurs, designers, stylistes, pour les interpeller et les persuader de la nécessité d’adopter les codes d’un luxe éthique, durable et innovant. C’est à partir de 2009 qu’elle a constitué son équipe et convaincu HEC de s’associer à son mouvement 1.618 – en référence au nombre d’or –, pour mettre en lumière ces nouvelles marques qui marient luxe et développement durable. Savoir-faire exemplaires, traçabilité parfaite des matériaux, designs contemporains, voire futuristes, imprégnés de technologies : Barbara Coignet vient de lancer le premier Webguide qui recense ces nouveaux acteurs du luxe. En partenariat avec HEC – et We demain –, avec un comité d’experts reconnus comme les plus exigeants dans leur domaine de compétence, elle a sélectionné 35 entreprises aux projets remarquables. Parmi elles, on compte SaintLuc, une nouvelle maison d’édition française de mobilier. Autour de designers aussi reconnus que François WE DEMAIN INITIATIVE

Azambourg, Jean-Marie Massaud et Noé Duchaufour-Lawrance, elle explore de nouveaux matériaux composites, dont la fibre de lin. Ou le fabricant de meubles de cuisine Valcucine, qui conçoit des intérieurs en matériaux recyclables et invente des tiroirs potagers pour que nous puissions demain cultiver nos aromates et petits légumes à domicile. Les champagnes CanardDuchêne, engagés depuis 2003 dans une démarche écoconsciente, lancent de leur côté une cuvée « Authentic Green », conçue à partir de raisins provenant de la viticulture biologique. C’est la seule grande marque de champagne certifiée AB à ce jour. Les cosmétiques Ambre Botanicals sont pour leur part fabriqués à la main, en petites séries (souvent sur commande), uniquement à partir de concentrations de produits 100 % purs et naturels (avocat, thym, menthe, calendula…) pressés à froid. Dans le champ de la mobilité, la filiale du constructeur automobile allemand BMWi applique de nouveaux standards de fabrication dans son usine alimentée à 100 % en énergies renouvelables, où elle conçoit ses premiers modèles tout électrique (BMW i3) et hybrides rechargeables (BMW i8). Autre projet

qui a retenu l’attention de Barbara Coignet et 1.618 : le Sunseeker Duo de Solar Flight, qui sera le premier avion à énergie solaire, doté d’ailes pliantes, pouvant transporter deux personnes. L’HUMAIN AU CŒUR DU PROJET La marque Norlha a quant à elle reçu le grand prix HEC 1.618. Son projet place l’humain et le respect de l’environnement au cœur de la démarche entrepreneuriale. Les tissus de la marque sont tous fabriqués à partir de khulu, ce duvet dense qui protège les yaks du froid extrême et qui possède des qualités exceptionnelles d’isolation. Le khulu est filé et tissé à la main dans l’atelier de Norlha, installé à 3 200 m d’altitude, sur le plateau tibétain, en Chine. Grâce à cette activité, 110 nomades qui ne pouvaient plus vivre du pastoralisme bénéficient d’une solution viable qui leur permet de ne pas abandonner leur région pour migrer vers les villes à la recherche d’un emploi. Et les troupeaux de yaks grossissent plutôt qu’ils ne dépérissent. En tous points remarquable. Justement éthique. ◆ Pour en savoir plus : www.guide.1618-paris.com

FORMATION OBJECTIF DÉVELOPPEMENT DURABLE EN ENTREPRISE

Pour la première fois cette année, 1.618 propose aux entreprises 4 cycles de formation dans les domaines du luxe, de l’innovation, de la création et de l’événementiel. Le but : « encourager les entreprises à construire, de façon créative et innovante, leur démarche environnementale et sociale ». Les formations sont assurées par des binômes d’experts de domaines variés, qui offrent une approche globale et décalée des problématiques liées au développement durable.

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OSKAR METSAVAHT ET CORRADO CLINI, MINISTRE ITALIEN DE L’ENVIRONNEMENT, DE LA PROTECTION DE L’AIR ET DE L’EAU, ASSIS CÔTE À CÔTE PENDANT L’UNE DE LEURS EXPÉDITIONS EN AMAZONIE DANS

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LE CADRE DU PROJET « TRACES ».

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OSKAR METSAVAHT, L’AVENIR DE LA MODE ÉTHIQUE Charles Faugeron

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— À L’HEURE OÙ L’INDUSTRIE DU LUXE ÉMERGE AU BRÉSIL, OSKAR METSAVAHT INVENTE LA MODE DE DEMAIN. UNE MODE DURABLE, CONSCIENTE, RESPECTUEUSE DES HOMMES ET DE L’ENVIRONNEMENT. —

WE DEMAIN INITIATIVE

« Nous sommes à un tournant de la civilisation. Il nous faut adopter des attitudes qui préservent la vie, non qui la détruisent. » Oskar Metsavaht prône une mode responsable et durable. À ce titre, le patron brésilien de la marque Osklen occupe le devant de la scène. Hérault infatigable du progrès social et environnemental, il plaide sa cause de plateaux de télévision en tribunes de conférences internationales. Ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco, lauréat du prix HEC-1618 du luxe durable en 2012, il a fait de sa marque Osklen l’une des 10 marques les plus influentes et inspirantes identifiées par la fondation WGSN. Et le WWF lui a décerné la palme de la marque précurseur en son domaine. Rien ne destinait pourtant ce médecin orthopédiste de formation à devenir une figure incontournable de la mode durable. Rien, si ce n’est l’empathie et le souci de l’autre et de la nature, que l’on décèle chez ce grand sportif. C’est d’ailleurs en préparant l’ascension de l’Aconcagua, le plus haut sommet d’Amérique latine, que lui est venue en 1986 l’idée d’inventer des vêtements adaptés. Le succès de cette expédition, puis de la suivante en haut du mont Blanc, et la couverture médiatique dont 51


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LE PROJET ITALO-BRÉSILIEN « TRACES » DOIT PERMETTRE D’ÉTABLIR L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE DE LA PRODUCTION DE MATIÈRES PREMIÈRES POUR L’INDUSTRIE TEXTILE.

cette fondation lance des actions bénévoles pour sensibiliser le public sur les questions environnementales. Ses « e-brigades » sillonnent plusieurs villes du Brésil, afin d’informer ou encore de recruter des volontaires pour nettoyer les plages et planter des arbres. L’instituto-e met aussi en place des partenariats avec des fabricants de meubles ou de vélos produits de façon équitable, pour attirer l’attention sur les modes de production et sur les enjeux globaux. Dans l’intérêt d’Osklen, et à terme du monde entier, l’Instituto-e supervise enfin la conception dans

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elles ont tour à tour fait l’objet ont créé une demande pour ses vêtements techniques. Dans la foulée, il fonde Osklen en 1989. Aujourd’hui, la marque se situe à mi-chemin du vêtement décontracté de sport et des tenues audacieuses de créateur. Oskar Mestavaht reste à la tête de la création et gère le développement à l’international. En plus de ses 63 boutiques au Brésil, Osklen est présent à New York, à Miami, à Tokyo, à Rome et à Milan, et un peu partout en Europe par le biais de show-rooms et de magasins multimarques. Et bien entendu sur Internet. Mais au-delà de son rôle de patron de multinationale, Oskar Metsavaht dirige surtout l’Instituto-e. Engagée dans le « développement humain »,

les « e-fabrics » de matières premières équitables, produites localement au Brésil, dans la forêt amazonienne, qui respectent l’environnement et font vivre des communautés au savoir-faire ancestral, dont c’est parfois la seule source de revenus. Pour évaluer l’impact social et environnemental de cette action et la révéler au monde, Oskar Metsavaht s’est associé avec le ministère italien de l’Environnement, avec qui il est entré en contact au Sommet de la Terre à Rio en 2012. L’idée du projet, nommé « Traces » : mener un audit sans concessions des canaux d’approvisionnement d’Osklen, et en particulier pour 6 de ses e-fabrics, afin d’en établir notamment l’empreinte carbone. Des émissaires italiens et brésiliens vont donc parcourir le pays à la rencontre des producteurs de cuir de poisson, de latex naturel, de laine bio, de soie bio, de jute et de coton naturel qui entrent dans la composition des vêtements Osklen. Le retentissement d’une telle opération, dont les conclusions sont accessibles sur Internet, pourrait dépasser le cadre de la simple campagne de communication. Si davantage de créateurs avaient recours à des matériaux responsables, les dégâts de l’industrie textile sur l’environnement diminueraient. Comme le rappelait Corrado Clini, le ministre italien de l’Environnement, au moment du lancement de l’opération Traces, « le secteur textile est particulièrement vorace en énergie, en eau, en terre. Son empreinte carbone mais aussi sociale est la plus élevée de toutes les industries manufacturières ». ◆



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UN HORLOGER VERT Interview Isabelle Lefort

— INSTALLÉ DANS LA VALLÉE DE JOUX, EN SUISSE, DEPUIS CENT QUATRE-VINGTS ANS, JAEGER-LECOULTRE S’IMPOSE DANS LA SPHÈRE HORLOGÈRE COMME L’UN DES FABRICANTS LES PLUS SOUCIEUX DE L’ENVIRONNEMENT. SON PDG, JÉRÔME LAMBERT, NOUS EXPLIQUE POURQUOI ET COMMENT IL EST IMPÉRATIF POUR LA MANUFACTURE DE S’ENGAGER. —

WE DEMAIN INITIATIVE : COMMENT ET QUAND JAEGER-LECOULTRE A DÉCIDÉ DE S’ENGAGER EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ? JÉRÔME LAMBERT : Jaeger-LeCoultre

a 180 ans. Notre manufacture est située dans un endroit extraordinaire, préservé. Pierre LeCoultre s’est s’installé en Suisse en 1559 et, dix ans plus tard, dans la vallée de Joux, à plus de 1 000 mètres d’altitude. Jusqu’aux XVIIIe et XIXe siècles, les conditions météorologiques étaient terribles ; la vallée était très fermée. La manufacture a grandi de la façon la plus intégrée possible dans ce biotope. Il y a dix ans, nous avons commencé à rencontrer les premiers problèmes de transport. Notre manufacture emploie 1 350 salariés dans une magnifique vallée qui compte 6 000 habitants. Si nous voulons continuer de nous développer, il nous faut intégrer les flux d’entrée et de sortie de nos collaborateurs pour ne pas détruire l’harmonie de la vallée. Donc nous avons dû développer des premières logiques pour organiser la mobilité.

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POURQUOI CETTE NÉCESSITÉ ? J. L. : Je suis président de la Société

industrielle et commerciale de la vallée de Joux, qui regroupe les différentes entreprises de la vallée. Les uns et les autres ont commencé à m’interpeller : « C’est très bien que Jaeger-LeCoultre se développe, mais entre 16 h 30 et 17 h 15, il ne faut pas qu’un enfant traverse une route, sinon il se fait écraser. » 1 350 personnes, c’est 800 voitures, voire plus. Nous avons pris conscience du fait que respecter toutes les normes environnementales WE DEMAIN INITIATIVE

n’était pas suffisant : nous devions nous projeter en tant que « nous, existant dans un milieu ». VOS PROGRAMMES DE MOBILITÉ VOUS ONT VALU LE PRIX DE LA MOBILITÉ DU CANTON DE VAUD. QU’AVEZ-VOUS DÉVELOPPÉ ? J. L. : Nous avons trois lignes de bus qui

circulent tous les matins et tous les soirs et nous avons négocié des emplacements de parking dans les villages alentour pour tous nos employés. Ils vont donc jusqu’à un point où ils laissent leur voiture et prennent un bus jusqu’à la manufacture. CE QUI A PERMIS DE RÉDUIRE LA POLLUTION ? J. L. : Le bilan carbone ne représente pas

un problème ; notre activité n’est pas très polluante et nous compensons ce qui doit l’être. J’ai pu trancher cette question tout seul. Pour les véhicules, c’est un peu plus compliqué, car je dois convaincre 1 350 personnes d’abandonner le dieu voiture pour prendre un bus dans la campagne. Notre objectif est d’atteindre une voiture pour deux personnes. Donc les bus sont gratuits, partent assez tôt pour éviter les embouteillages et sont prioritaires dans les accès à la manufacture. Nous avons aussi développé un programme avec la ligne de train qui passe devant la manufacture et développé tout ce qui est local : places pour les vélos et la mobilité douce… Enfin, nous avons mis en place un programme d’incitation au covoiturage. À partir de 7 heures, si un employé arrive seul dans sa voiture, on ne le laisse pas entrer dans le parking

le plus proche de la manufacture, on le renvoie à un parking plus éloigné ; s’ils sont deux dans la voiture, ils peuvent se garer dans le premier parking. L’avantage est qu’il est couvert. C’est important, car, ici, nous avons de la neige de novembre à avril. Nous avons également une voiture électrique à disposition des employés. Ils peuvent l’utiliser entre midi et deux, pour de petits déplacements à l’intérieur de la vallée. QUELLE A ÉTÉ LA PREMIÈRE RÉACTION DES EMPLOYÉS ? J. L. : Au début, tant qu’il y a des places

de parking, tout le monde trouve cela très bien. Quand il n’y en a plus, il faut beaucoup de pédagogie pour expliquer que tant qu’il reste des places dans les bus, on n’en créera pas de nouvelles. Par ailleurs, nous sommes en cours de négociation pour la mise en place d’un « train des horlogers ». C’est un projet transfrontalier de mobilité. Ce train part du Jura français et va en Suisse, il transporte quotidiennement les horlogers qui viennent travailler. Nous négocions en disant : « Nous sommes prêts à vous acheter 50 places dans le train, payées en une fois, mais vous devez nous assurer que vous mettez en place une nouvelle rame. » QUELS SONT LES PROCHAINS CHANTIERS POUR LA MANUFACTURE ? J. L. : Nous avons construit la nouvelle

manufacture en 2008 et, dès 2009, en suivant les normes suisses de l’énergie, nous avons réussi à réutiliser l’essentiel 55


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© Thomas Jantscher

de la production d’air notre originalité est notre chaud pour chauffer notre provenance, notre intégrité. eau. Actuellement, nous Les équipes ont proposé du travaillons sur un projet de miel. Certes, ce n’est pas couverture de nos parkings nous qui le faisons, mais il par du photovoltaïque, provient des ruches situées pour pouvoir devenir devant la manufacture. producteurs d’énergie. La C’est une action positive grande difficulté que nous qui parle à tous. rencontrons est la neige : JAEGER-LECOULTRE EST il faut avoir des moyens DONC MODÈLE ? pour la faire fondre. J. L. : Rien n’est absolument C’est un projet lourd en AVEC SA NOUVELLE MANUFACTURE CONSTRUITE EN vertueux ou irréprochable. investissement. Nous 2008, LA MAISON HORLOGÈRE INVESTIT DANS DE Mais nos activités par avons aussi la volonté de NOMBREUX PROJETS ENVIRONNEMENTAUX. définition ne peuvent pas réduire le plastique dans les avoir un impact négatif : montres. Au départ, cela nous ne sommes pas au cœur d’une de rassembler des fonds pour permettre paraît une idée formidable. Mais il y a activité de besoins primaires, nous ne de plus en plus d’actions. du plastique partout. Nous avons donc produisons pas de la nourriture ou de pour objectif dans les dix-huit à vingtPOURRAIT-ON IMAGINER QUE l’énergie. Donc, premièrement, il y quatre mois à venir de le remplacer par L’HORLOGERIE ENTRE DANS UNE a nécessité philosophique pour nous du plastique végétal. ÉCONOMIE CIRCULAIRE, 100 % d’être neutres en carbone. Mais cela VOUS DÉVELOPPEZ ÉGALEMENT RECYCLABLE ? n’empêche pas de vivre avec certaines POUR VOS MAGASINS DES J. L. : Il y a vingt, trente ans, notre contradictions ; nous avons un RÈGLES ENVIRONNEMENTALES industrie était très polluante. Dans les partenariat avec Aston Marin, marque TRÈS STRICTES… POURQUOI CET années 1930, la luminescence était de voitures de sport, et depuis Dubaï j’ai ENGAGEMENT ? produite par du tritium. Les cadranières, pris un avion pour atterrir à Munich.... J. L. : C’est un thème de communication qui peignaient les cadrans, le faisaient Ce qui compte c’est de savoir quelle de plus en plus répandu dans le monde. avec des petites pointes de cet isotope, énergie peut être mise en œuvre pour Nous devons pouvoir répondre aux dont personne ne connaissait la toxicité. que le bilan soit minimal. Des maisons questions des journalistes qui nous Le tritium était sucré, elles se léchaient comme la nôtre sont fondées sur des interpellent. Et puis regardez en Chine, les mains ou mettaient le pinceau à valeurs, une perspective historique, une au Brésil, au Mexique, aux États-Unis, la bouche. Imaginez, du tritium sur la tradition, des savoir-faire. Chez Jaegerles conditions environnementales ne langue ! Nous avons tous fait d’énormes LeCoultre, n’importe quelle montre se peuvent que nous obliger à faire quelque progrès pour devenir le plus vertueux répare ; il serait inconcevable de proposer chose. Ce que nous faisons en Suisse avec possible en matière environnement. À à quelqu’un d’en jeter une. la manufacture, c’est bien. Mais ailleurs la manufacture, tous les déchets sont COMMENT RÉHABILITER LE LUXE aussi, il faut proposer des solutions. triés, récupérés. Même dans les pays AUPRÈS DES CONSOMMATEURS où des corners sont mis en place dans C’EST POURQUOI VOUS VOUS ÊTES QUI, EN PÉRIODE DE CRISE, les magasins, nous ne les passons pas ASSOCIÉ DEPUIS SEPT ANS AVEC DÉCONSIDÈRENT, VOIRE à la benne ; ils sont démontés, le bois L’UNESCO ? DE QUOI S’AGIT-IL CONDAMNENT, CE QUI LEUR est brûlé, l’acier va d’un autre côté. PRÉCISÉMENT ? SEMBLE SUPERFLU ? Mais avant d’entrer dans le circulaire, J. L. : Le World Heritage Marine J. L. : Je n’ai pas de réponse universelle. il faudrait éliminer encore nombre de Programme consiste à protéger des sites choses. De plus, il nous faudrait avoir des Mais Jaeger-LeCoultre n’est pas une marins à travers le monde. Par exemple, marque « bling-bling ». Nous avons éléments à récupérer, mais comme nous aux Philippines, nous avons financé un réparons tout, nous ne passons pas par la des devoirs, des obligations morales, radar pour détecter la vitesse des bateaux, phase de destruction d’objets. la nécessité de développer des choses afin qu’ils ne créent pas de vagues trop pérennes. Premièrement, nous sommes QUAND ON VISITE VOTRE hautes qui détruisent le biotope. La en Suisse. Deuxièmement, à la MANUFACTURE, ON REPART nature a une grande résilience et la campagne. La transparence et le caractère AVEC DU MIEL. COMMENT EST sanctuarisation de tels sites a un effet direct de la communication ne datent NÉE CETTE IDÉE ? très important sur le reste de la région. pas des trente dernières années. Nous J. L. : Autrefois, nous offrions toutes Car, d’une part, la nature reprend très appartenons à un tout. Nous avons des sortes de souvenirs à nos visiteurs. vite ses droits et, d’autre part, cela responsabilités vis-à-vis de la collectivité. Mais nous ne pouvions pas continuer à change la relation des populations au La nécessité d’être responsable et donner des objets qui ne venaient ni de milieu dans lequel elles évoluent. En transparent n’est pas une question de la manufacture ni bien souvent d’Europe, la génération Y, c’est la philosophie de partenariat avec l’International Herald alors que nous expliquons aux gens que Tribune et la Flandre, notre objectif est la vallée. ◆


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L’ART DU RÉEMPLOI Hélène Martinez

— LES MATÉRIAUX ONT PLUSIEURS VIES. QUAND ILS NE SONT PLUS QUE DES DÉCHETS POUR LES UNS, ILS SE RÉVÈLENT DE FORMIDABLES RESSOURCES POUR D’AUTRES. ET SI LE REBUT DES ENTREPRISES, TRIÉ ET SÉLECTIONNÉ, DEVENAIT LA MATIÈRE PREMIÈRE D’ARTISTES ET DE CRÉATIFS ? LA RÉSERVE DES ARTS ORCHESTRE CE CERCLE VERTUEUX. —

Un constructeur de photocopieurs ne sait que faire de ses tambours d’imprimante usagés. En les nettoyant, un artiste plasticien missionné par la Réserve des arts découvre le vert miroitant des objets. Inspiré par ce matériau singulier, il réalise une œuvre monumentale : un palmier géant, qui sera le fleuron de la société spécialiste des imprimantes lors d’un prochain salon professionnel. La Réserve des arts a accompli sa mission. Véritable passerelle entre le monde des entrepreneurs et les artistes, elle déleste les uns de leurs déchets pour mieux fournir les autres en matériaux. Ainsi va la vie de l’association : on récupère, on valorise les rebuts des entreprises à destination des professionnels de la création. Son mot d’ordre : « L’écologie est une révolution culturelle ! » L’aventure a commencé en 2008, à l’espace Krajcberg du musée du Montparnasse, à Paris. Sylvie Bétard et Jeanne Granger, toutes deux issues du milieu culturel, sont réunies autour du Projet K de Frans Krajcberg. Saisies par l’engagement du sculpteur en faveur

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TAMBOURS, MACHINES À COUDRE, TOUT MATÉRIAU PEUT RENAÎTRE SOUS UNE AUTRE FORME.

WE DEMAIN INITIATIVE

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AU LIEU D’ÊTRE JETÉS, LES OBJETS RÉCUPÉRÉS COMMENCENT UNE NOUVELLE VIE, ILS SONT RÉINTRODUITS DANS UN PROCESSUS DE PRODUCTION. POUR, IN FINE, ÊTRE UPCYCLÉS.

sociale du réemploi des matériaux en surplus. Selon elle, la Réserve des arts n’est pas une « ressourcerie » traditionnelle. « En réalité, nous ne pratiquons pas uniquement la collecte dans les entreprises. C’est une excuse pour agir sur la sensibilisation et la prévention auprès du personnel. Nous étudions ensemble les bilans de responsabilités sociales et environnementales, avant de définir les objectifs et un processus d’intervention. À partir de nos observations, nous livrons un rapport annuel sur le flux de déchets de ces sociétés », explique-t-elle. L’expertise et l’optimisation des déchets fomentent les liens entre la Réserve des arts et ses partenaires du secteur du luxe, de l’événementiel et du bricolage. L’association adapte son champ d’action en fonction des entreprises avec lesquelles elle collabore. Ponctuellement, les « valoristes », chargés de la collecte, viennent y choisir méticuleusement le rebut en bon état pour la revente en boutique.

Les 900 adhérents de l’association, professionnels et étudiants, bénéficient ensuite de centaines de références de chutes et d’invendus peu onéreux, et qui plus est inspirants. « 30 % d’entre eux se fournissent à la Réserve des arts car ils ont envie de travailler à partir de matériel de récupération et de déchets. Sans le savoir, ils font un geste citoyen. Ils adoptent le bon réflexe à l’égard d’une société qui connaîtra demain une pénurie de matières premières face à la surconsommation », observe Sandrine Andreini. La Réserve des arts met en avant les compétences et le savoir-faire des bénéficiaires au profit du réemploi. La valorisation requiert une maîtrise des produits et une véritable technicité. En cela, l’association brigue une professionnalisation. « C’est l’étape ultime pour les créateurs et inventifs. Ils dénichent des matières jamais envisagées auparavant, puis se les approprient pour en faire quelque chose de bien. À la différence du recyclage, les déchets ne sont pas détruits pour être réintroduits dans un processus de production, mais recouvrent de la valeur selon une démarche d’upcycling(2). Nous n’émettons aucun jugement sur la beauté du produit final. Nous nous intéressons à la technique de réemploi et à l’intention. Cela décomplexe

© Arthut Dressler

de l’environnement, elles prennent la pleine mesure des corrélations entre écologie et art contemporain. Une analyse du sujet, un programme de sensibilisation et un voyage à New York plus tard naît l’idée de la Réserve des arts. La découverte de Material for the Arts, une organisation publique située à Long Island, impliquée depuis trente ans dans la collecte et l’offre de matériaux pour l’activité artistique, influence les fondatrices. À Paris, elles choisissent le modèle associatif afin de faciliter la promotion de l’intérêt général et la non-lucrativité de ce laboratoire d’innovation. En 2010, L’Atelier(1) remet le prix Éco-innovation à la Réserve des arts, dans le cadre du concours CréaRîF Entreprendre autrement. Depuis, la Réserve des arts poursuit son rôle d’interface entre les entreprises et les professionnels de la création favorisant l’expérimentation. Sandrine Andreini, ancienne manager dans un grand groupe de télécoms, vivait une reconversion professionnelle lorsqu’elle a rejoint l’association en tant que bénévole pour y réaliser une étude de développement. Elle occupe aujourd’hui le poste de directrice, avec la conviction profonde de l’utilité écologique et


AU CŒUR DE LA RÉSERVE DES ARTS, LES ÉCHANGES

tout le monde », précise la coordinatrice générale. Dans le milieu estudiantin, les professeurs observent des habitudes de consommation parfois excessives et synonymes de gaspillage de la part des élèves. Afin d’informer les professionnels de demain sur la portée du réemploi, la Réserve des arts anime des ateliers de sensibilisation dans des écoles d’art, d’architecture et de mode. Réceptifs aux enjeux environnementaux, les étudiants composent 30 % des adhérents de l’association. UN VOLET LIÉ À L’EMPLOI En plus de ses activités de valorisation, de vente, de sensibilisation et de collecte, la Réserve des arts vise un but humain. En son sein, les problématiques de développement durable se conjuguent avec le soutien au secteur culturel. Et elle revendique son rôle dans l’économie sociale et solidaire. De plus en plus conscients de l’importance du recyclage, les services généraux des entreprises seront peut-être amenés à créer des postes de valorisation des déchets. Les bénéficiaires qui deviennent valoristes WE DEMAIN INITIATIVE

ENTRE GÉNÉRATIONS, PROFESSIONNELS ET ARTISTES DE TOUS BORDS AUTOUR DES OBJETS CRÉENT UNE DYNAMIQUE PROPICE À LA CRÉATION.

à la Réserve des arts acquièrent des notions de logistique et de prévention. Déjà, des entreprises sollicitent des créatifs pour intervenir dans les séminaires de sensibilisation ou pour des commandes de productions rémunérées. « Ce volet lié à l’emploi est considérable. Beaucoup de nos bénéficiaires ont de faibles revenus. C’est un pan supplémentaire à notre soutien au secteur culturel », signale Sandrine Andreini. L’échange est au cœur de la démarche de la Réserve des arts. La mixité des générations et des métiers de ses membres compte comme autant de visions du monde. Établie dans des boutiques éphémères souvent inadaptées jusqu’alors, l’association investit aujourd’hui de façon définitive un espace de 100 m2 dans le sud du XIVe arrondissement de la capitale. Alice, jeune diplômée de l’école des Beaux-Arts, y est employée à mi-temps. Chaque jour, elle accueille les adhérents. « La boutique est propice aux rencontres,

raconte-t-elle. Après la remise en état des lieux, une pièce lounge offrira un cadre convivial aux bénéficiaires. » À l’arrivée des beaux jours, un étal et des tables seront installés dehors. Sandrine Andreini a la volonté de faire participer la Réserve des arts à la vie du quartier et d’exercer un impact social dans cette zone urbaine sensible en mutation. Les objectifs de croissance de la structure dépendent en partie de la pérennité de ses nouveaux locaux. La Réserve des arts est financée à 60 % par des subventions. Les 40 % de ses ressources propres proviennent des ventes, des cotisations et de la rémunération des prestations de services. Grâce à l’aide à l’emploi, l’association pourrait atteindre l’équilibre. Déjà, Sandrine Andreini voit la Réserve des arts franchir un nouveau seuil. ◆ www.lareservedesarts.org Rue Prévost-Paradol (partie piétonne) 75014 Paris. Ouvert du mercredi au samedi, de 14 heures à 19 heures. (1) Centre de ressources régional de l’économie sociale et solidaire en Île-de-France. (2) En français « upcyclage », gestion et revalorisation des déchets en produits ou matériaux d’utilité supérieure. 61


ROMAIN FERRARI

FABRICE MILLET

CHRISTINE DELPAL

JOテ記 TRONCHON

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L’HUMAIN AU CŒUR DES ENTREPRISES Isabelle Lefort

— CRÉÉ EN JUIN 2009, LE RÉSEAU DES ENTREPRENEURS D’AVENIR, SOUTENU PAR GENERALI, RÉUNIT 646 PME ET GRANDS GROUPES. TOUS ONT POUR POINT COMMUN LA CONVICTION QUE LEURS BUSINESS MODELS DOIVENT ALLIER LA PERFORMANCE ET LE BIEN-VIVRE DE TOUS. L’EFFICACITÉ, LA RESPONSABILITÉ, L’ÉQUITÉ ET LA DURABILITÉ NOUS CONCERNENT TOUS. ET PLUS ENCORE LES ENTREPRISES DE DEMAIN. —

Les Entrepreneurs d’avenir ont fait le choix de se réunir en réseau pour échanger les bonnes pratiques et travailler ensemble à l’élaboration d’un avenir durable.

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ROMAIN FERRARI PLUS AVEC MOINS Depuis 1973, le groupe Serge Ferrari, aujourd’hui dirigé par Romain Ferrari, est leader de la filière des textiles industriels et des membranes composites souples. Son activité va de la filature à la plasturgie. Avec une très forte valeur ajoutée, ses fabrications sont utilisées pour envelopper des bâtiments et de grandes infrastructures, telles que des stades. Ou recouvrir des façades de protections solaires textiles. La particularité du groupe, c’est une chaîne de valeurs qui participe à la promotion de la légèreté, associée à une vision en cycles. Romain Ferrari veut offrir plus à ses clients, mais avec moins de matériaux, moins d’énergie. Cela passe par un choix de composites qui sont réutilisés à tous les niveaux. L’entreprise a ainsi créé le premier réseau de collecte de toiles en fin de vie et breveté la technologie industrielle Texyloop, qui permet le recyclage à 100 % des composants textiles polyester/PVC. Le leitmotiv de Serge Ferrari : produire avec les bâches d’hier les matériaux de demain. FABRICE MILLET AGIR POUR L’AVENIR Spécialiste de la fabrication de portes et de fenêtres, l’entreprise Millet, avec à sa tête Fabrice Millet, recycle les vieilles menuiseries après leur dépose. WE DEMAIN INITIATIVE

Installé au cœur du bocage vendéen, le fabricant est engagé depuis 2004 dans la démarche de développement durable prônée par l’organisation suédoise The Natural Step, en faveur de sociétés humaines durables. Ses objectifs ? L’innovation, la qualité, l’environnementalisme. Toutes ses fabrications sont conçues pour améliorer la performance énergétique, avoir un impact minimal sur l’environnement et pouvoir être recyclées. Les ossatures bois sont réalisées à partir de matériaux issus de forêts certifiées FSC et PEFC. L’adoption par Millet de profils bois en lamelles écollées et aboutées permet une économie annuelle en bois de 15 % par rapport à ses concurrents et une meilleure tenue dans le temps. La ouate de cellulose est obtenue à partir de papiers recyclés précédemment utilisés pour l’isolation des panneaux bois. 80 % des déchets des usines Millet sont recyclés. Les mots d’ordre : éliminer le gaspillage, limiter la pollution, utiliser les énergies renouvelables, établir des relations de commerce durable. CHRISTINE DELPAL LA COOPÉRATION Photographes et ethnologues de formation, Christine Delpal et Marc Carbonare ont eu envie en 2004, au retour de leurs nombreux voyages en Orient, de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale avec Karawan Authentic. En hommage aux caravaniers de la Route de la soie, ils ont rapporté mille et une merveilles des contrées qu’ils ont traversées. Dans leur démarche, ils veillent à accompagner des producteurs

et des artisans qui, de l’Inde au Vietnam, en passant par la Turquie et la Syrie (jusqu’à ces derniers mois), empruntent la voie du commerce équitable. Étoles de laine et soie, noix de lavage, amulettes de gommage, objets pour le rituel oriental du bain : leurs produits sont au service du bien-être et de la maison. Leur philosophie tend à la collaboration et l’humain au cœur de Karawan n’est pas une pose de bon goût. L’entreprise est ici conçue comme un corps humain qui expérimente à tous les niveaux de formes nouvelles de coopération. JOËL TRONCHON LA RSE À 360° Il a suffi d’un tweet d’Oprah Winfrey pour remettre la marque Seb sur le devant de la scène médiatique. À la direction du développement durable du groupe, Joël Tronchon coordonne les actions de la responsabilité sociale (RSE). Il définit l’approche de son entreprise comme celle d’un généraliste qui, non content de ne s’intéresser qu’à un pan du développement durable, préfère couvrir l’ensemble du scope. Ainsi, le fabricant de la légendaire Cocotte-Minute est l’un des partenaires fondateurs de l’association à but non lucratif L’Agence du don en nature, qui recycle, valorise et donne une seconde vie à des produits en fin de stock, au profit des plus démunis. Au-delà de la lutte contre le gaspillage, l’une des autres initiatives remarquables du numéro 1 mondial du petit électroménager est de fabriquer 30 % de l’ensemble de son offre en France. Ce qui fait du groupe l’un des derniers Mohicans dans cette filière. X Les informations sur le réseau et le Parlement sur www.entrepreneursdavenir.com

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© Bettmann / Corbis

non, tout n était pas mieux avant MON ÉPOQUE, MA RADIO.

LEMOUV.FR


1.618, Barbara Coignet • 16ème Sud, Catheine Tisseuil • Adie, Maria Nowak • Alice Audouin • Animafac, Bérénice Jond • Anne-Sophie Novel • Artistik Rezo, Nicolas Laugero-Lasserre • Ashoka, Arnaud Mourot • Babyloan, Arnaud Poissonnier • BeCitizen, Maximilien Rouer • Benta Berry, Marie-Pierre Schmitz • Bière de l’Ourcq, Renaud Hée • Blablacar, Frédéric Mazzella • Broohaha, Franck Weber • Buzibi, Olivier Bouyer • Cabane Solaire, Jérôme Niort • CDC Climat, Pierre Ducret • Cœur d’entreprise, Laure du Pavillon • Consultants naturels, Sébastien Vray et Thibaut Thordon • Convergences 2015, Michaël Knaute • Corinne Lepage • CRESUS Alsace, Jean-François 3:HIKSPH=YVWUU^:?k@a@a@n@f; Kiehl • Cyril Montana • DDmagazine, Yves Heuillard • DREAM, Anaïs Amazit • Eco-Emballages, Éric Brac de La Perrière • eco-SAPIENS, Baptiste Rabourdin • École de la Nature et des Savoirs, Éric Julien • Electronic Shadow, Naziha Mestaoui et Yacine Ait Kaci • Enki Bilal • Envol Vert, Daisy Tarrier • EPEA Paris, Catherine Guinebretière • Ethiquable, Rémi Roux • faberNovel, Stéphane Distinguin • Ferrante Ferranti • Finansol, François de Witt • Fondation Ensemble, Jacqueline Délia-Brémond • Fondation Nature et Découvertes, François Lemarchand • Global Eco Forum, Jérémie Fosse • Green Cross France, Nicolas Imbert • Greenpride / Appel à la jeunesse, Élise Vertier et Malissa Phittayaphone • Groupe Lafuma, Philippe Joffard • Groupe S.I.E.L. Bleu, Jean-Michel Ricard et Jean-Daniel Müller • Groupe SOS, Jean-Marc Borello • HEC Paris Social J’ai envie

MANIFESTE POUR DEMAIN d’en être LETTRE OUVERTE À………

Pour nous – société civile, élus, entrepreneurs, ONG, associations –, le monde d’après n’est pas une utopie, mais justifie le sens quotidien de nos actions individuelles, collectives, professionnelles. Cette société nouvelle, nous avons choisi “d’en être”, et sans attendre, pour vivre cette révolution qui remet fondamentalement en cause le mode de société autour duquel s’est construit le XXe siècle. Aujourd’hui, la France est en quête d’un projet qui la rassemble. Réussissons la transition vers la société du XXIe siècle. N’attendons pas que cet immense chantier porteur de centaines de milliers d’emplois nouveaux se fasse sans nous. Donnons enfin du sens à cette époque, ne laissons pas passer cette chance.

OUI aux énergies propres, sûres et renouvelables, inépuisables, accessibles à tous et sources de paix. OUI à la “troisième révolution industrielle”, synonyme d’indépendance énergétique, où chaque immeuble deviendra producteur et revendeur d’électricité grâce à l’Internet de l’énergie.

OUI à un Green New Deal européen, car la mise en œuvre

de la “troisième révolution industrielle” nécessite un plan d’investissement massif.

OUI à l’industrie circulaire qui recycle à l’infini, aussi bien les déchets organiques que les produits manufacturés. OUI à l’entreprise qui allie innovation et impact social. OUI à la co-création entre business, société et pouvoirs publics. OUI à l’économie du partage, créatrice de liens qui privilégient l’usage à la propriété. OUI à l’économie sociale et solidaire : 2 millions d’emplois aujourd’hui, 10 millions demain. OUI à une finance éthique et responsable. OUI à une agriculture de proximité non destructrice de l’environnement. OUI à une redistribution locale des pouvoirs. OUI à de nouveaux indicateurs de richesse, privilégiant le bien-être et l’environnement. OUI à la mise en réseau des intelligences au service de la défense de la démocratie. OUI à la transparence et à l’ouverture réelle des données publiques. OUI à la démocratie participative, à l’intelligence collective. OUI à de nouvelles valeurs, d’altruisme, d’humanisme, de respect de l’autre et de l’environnement. –

Nous, acteurs du changement, sommes déjà passés “en mode demain”. Et vous ?

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12 € TTC FRANCE

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ILS ONT SIGNÉ LE MANIFESTE Business Chair, Bénédicte Faivre-Tavignot • Hotaï Village, Benjamin Bonnell • Incredible Edible / Le Chou brave, Carine Van Phung • Innovation citoyenne et développement durable, Antoine Héron • Institut des Futurs Souhaitables, Mathieu Baudin • Integral Vision, Pierre Allodi • Isola System, Alexandre Capdevilla • JEM, Erwan Le Louër • JINOV International, Benjamin Varron • KissKissBankBank, Vincent Ricordeau, Ombline Le Lasseur, Adrien Aumont • Kris • L’Agence nouvelle culture, Emmanuelle Pometan • L’Écho Système, Stéfane Grandcamp • La Machine du voisin, Chloé Maire, Jean-Philippe Allain, Yann Gegenheimmer • La Ruche, Charlotte Hochman et Miora Ranaivoarinosy • La Ruche qui dit oui !, Guilhem Chéron • Les jeunes écologistes, Lucile Koch-Schlund et Wandrille Jumeaux • Macadam, François Fillon • Mairie d’Ungersheim, Jean-Claude Mensch • Mairie de Le Touvet, Laurence Théry • Mairie de Montdidier, Catherine Quignon-Le Tyrant • Marc Le Menestrel • Marché sur l’eau, Claire Emmanuelle Hue • Marie-Monique Robin • Marron Rouge, Jean-Marc Attia • Minh Tran Huy • MT Cultures, Frédérique Liénart • Mu, Anthony Boule et François-Xavier Ferrari • My Recycle Stuff, Vincent de Montalivet • New Cycles, Gigi Serragui • New Wind, Jérôme Michaud-Larivière • NOISE / Blue Factory, Maëva Tordo • Nous sommes le futur, David Amar • Now Forever, Delphine Desgroux Evesque et Pascale Lardin • Oikos Paris, Justine Lerche • OuiShare • Parlement des entrepreneurs d’avenir, Jacques Huybrechts • Patrick Viveret • Philippe Vasseur • PlaNet Finance, Alain Thuleau • Pochéco, Emmanuel Druon • Pur Projet, Tristan Lecomte • Rainett, Laurence Médioni • REFEDD, Ivan Pascaud • Reporters d’Espoirs, Gilles Vanderpooten • Réseau A.N.D.E.S., Guillaume Bapst • Réseau Cocagne, Jean-Guy Henckel • Shamengo, Catherine Berthillier • Solidarités International, Alain Boinet • SoonSoonSoon, Alexis Botaya • Sorbonne Social Innovation Club, Louise Andrieu • Sparknews, Christian de Boisredon • Taoa, Anne-Cécile Ragot • Tempo, Agostinho Pereira • Thierry Janssen • Tudo Bom, Jérôme Schatzman • Ulule, Alexandre Boucherot • Voyageurs du monde, Jean-François Rial • YOUPHIL, Angela de Santiago • Zeri Europe, Charles van der Haegen WE DEMAIN INITIATIVE

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ANNABELLE ALBANY est responsable de La Réunion des Livres, groupement de professionnels du livre de l’océan Indien. www.la-reunion-des-livres.re • EMMANUEL ALDEGUER dirige la NOUS VOUS AVIONS DÉVOILÉ filiale française de Power Solutions, société italienne de solutions écologiques en réseaux LES VISAGES ET LES ACTIONS de chauffage urbain. www.power-solutions.fr • MARIE-HÉLÈNE AUBERT est conseillère pour DES « 100 QUI FONT LA FRANCE les négociations internationales « Climat et Environnement » au sein de la Cellule DE DEMAIN ». DERRIÈRE EUX, diplomatique de la présidence de la République française. • Entrepreneur social, JEAN3 MILLIONS DE PERSONNES DAVID BAR s’investit dans le développement de Y Project, plate-forme de financement CONTRIBUENT À CETTE SOCIÉTÉ NOUVELLE, COLLABORATIVE, participatif dédiée à des projets économiquement viables, responsables et locaux. www. SOLIDAIRE, DURABLE. yproject.co • GILLES BERHAULT est président du Comité 21. www.comite21.org • NICOLAS BERMOND ET THIBAUT BROUSSE ont créé l’agence de communication digitale « hybride » et DE NOUVEAUX SIGNATAIRES de e-réputation, 50A. www.50a.fr • FABRICE BERTELLI est conseiller en technologies de NOUS ONT REJOINTS ET SONT PASSÉS « EN MODE DEMAIN ». l’information.• Juriste et communicante, MACHA BINOT œuvre pour Surfrider Foundation LES VOICI… Europe, qui agit pour la protection et la gestion durable du littoral. www.surfrider.eu • STÉPHANIE BLAISE occupe le poste de responsable du service communication et relations publiques et des services généraux Caux Vallée de Seine. www.cauxseine.fr • ÉMILIA BLONDEAU est à l’écoute des mouvements sociaux et civiques. www.boboseries.com • Photographe, CHRISTEL BOIVIN rend ses clichés accessibles aux aveugles et malvoyants, leur réservant des anecdotes inédites en braille. fourre-too.blogspot.fr • NELLY BONNEFOUS est rédactrice en chef de Passage au vert, le magazine hebdomadaire consacré aux initiatives vertes de la chaîne Ushuaïa TV. www.ushuaiatv.fr • MATHILDE BOUYÉ est coordinatrice de la « task force » du ministère des Affaires étrangères sur l’agenda du développement durable des Nations unies après 2015, et responsable des affaires européennes pour le think-tank progressiste Terra Nova. www.tnova.fr • JEAN-MARC BRÛLÉ s’investit pour le changement sous la casquette de conseiller régional d’Île-de-France et comme président du Centre de ressources régional de l’économie sociale et solidaire, L’Atelier. www.jeanmarcbrule.fr, www.atelier-idf.org • VALÉRIE CABANES œuvre pour la défense de l’environnement, notamment MANIFESTE POUR DEMAIN

EUX AUSSI NOUS REJOIGNENT grâce à son rôle de porte-parole en France et en Europe du mouvement contre l’écocide. www.endecocide.eu • NATHALIE CATTOIRE est consultante pour l’agence Aromates Relations Publiques. www.aromates.fr • STÉPHANE CLOUSIER dirige l’agence de conseil en communication digitale Castor et Pollux. www.castoretpollux.com • GARY COHEN ET ALEXANDRE GRANDREMY ont fondé Deways, première communauté de location de voitures entre particuliers. www.deways.com • AURÉLIA COURTOT intervient sur des sujets de développement durable et de solidarité via Ruban, son agence de conseil en stratégie Web, social media et stratégie de contenus. • Étudiant en management à ESCP Europe, MATTHIEU DARDAILLON a créé l’association Star Trekk’ ESCP Europe. www.ecoraid-startrekk.com • ANAÏD DE DIEULEVEULT est photographe indépendante. www.anaid-dedieuleveult.com • Assistante administrative aux Jardins de Cocagne d’Arronnes, CORINE DELAGE est en charge des jardins biologiques collectifs à vocation d’insertion sociale et professionnelle dans l’Allier. www. reseaucocagne.asso.fr • Ingénieure agronome spécialisée dans le développement durable, ISABELLE DELANNOY a fondé sa société de conseil et innovation, Do Green. Elle a coécrit le film Home avec Yann Arthus-Bertrand. www.economiesymbiotique.fr • VALÉRIE DELESALLE a cofondé et codirige l’entreprise de recyclage de gobelets Versoo. www.versoo.com • PASCALINE DESHAYES occupe le poste de responsable commerciale et marketing de Viatao, maison d’édition spécialisée dans le tourisme durable. www.viatao.com • « Life coach », CÉCILE DEVROYE a lancé le projet Dare4Change, puis The Dare Projet. dare4change.org.• ÉRIC DUGELAY est associé et responsable du pôle Risk Management et développement durable chez Deloitte. www.deloitte.com • Directeur artistique pour une société parisienne d’édition de tapis et d’artisanat de luxe pour la décoration intérieure, TIKAL DUMAS soutient l’association de reforestation solidaire Forestever. forestever.org • SONIA EYAAN dirige le média social Green et Vert. www.greenetvert.fr • PATRICK FAIVRE préside la société de production spécialiste du documentaire animalier et de nature Big Bang Communication. www.bigbang.fr • FRÉDÉRIC FARRE dirige TurnKey, société de solutions durables de développement en Turquie. • Pionnier du compost collectif en pied d’immeuble à Paris, JEAN-JACQUES FASQUEL est maître-composteur, consultant-formateur en développement durable, mais aussi permaculteur, transitionneur et apiculteur amateur. www.compostory.fr • Acteur du commerce équitable, VICTOR FERREIRA avait déjà à son actif la création de l’association de solidarité internationale Max Havelaar. Il est aujourd’hui le cofondateur et président de Newmanity. www.maxhavelaarfrance.org, www.newmanity.com • SIDNEY FLAMENT-ORTUN est ingénieure agronome à l’Institut national de la consommation et poursuit en parallèle un master en santé publique. Elle contribue déjà à l’univers de l’entrepreunariat social et solidaire via un service civique effectué à l’hôpital Jean-Jaurès du Groupe SOS. www.conso.net • FLORENT GAILLARD est responsable de communication pour la société de recherche et performance à la visée environnementale Hydroptère Suisse SA. www.hydros.ch • LUCIE GAUDENS organise des Beesdays, des rencontres dédiées aux initiatives responsables entre des porteurs de projets sociaux ou environnementaux et des blogueurs. www.beesday.com • Community manager spécialiste du bio, MARIE-FRANCE GILLES accompagne les écoentreprises 66


sur les réseaux sociaux via notamment son blog Save the Green. www.savethegreen.fr • Séduit par « el redondeo » – un principe offrant la possibilité d’arrondir son panier au peso supérieur au profit d’associations caritatives –, PIERREEMMANUEL GRANGE a importé le concept dans l’Hexagone avec microDON. Il a reçu le prix de l’Innovateur solidaire de l’année du MIT Technology Review. www.microdon.org • Diplômée en management du développement durable à HEC et en design industriel à l’ENSAD, PAULE GUÉRIN a créé sa propre agence de design et d’écoconception, Guérin & Breitfuss. www.guerin-breitfuss.fr • En tant que directrice artistique, AUDREY GUIZOL collabore avec tribu Cancer, O Vision Consultants et la fondation FACE. • PIERRE HARLAUT est responsable de la société Izibiz, dédiée aux nouvelles technologies. www.izibiz.fr • JACQUES KRABAL est député de l’Aisne, membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire et maire de Château-Thierry. www.jacqueskrabal.com • PIERRE-ALEXIS L’ÉCUYER est étudiant en école de commerce, en master 1 à l’ESCP Europe. www.escpeurope.eu/fr • MARION LACRONIQUE a développé son entreprise L’île Marion, qui regroupe des ateliers de création de couleurs végétales et de mode éthique. www. lilemarion.com • CYRIL LAGE est cofondateur du collectif Démocratie Ouverte et président de l’association SmartGov. democratieouverte.org • JULIEN LAINÉ-PRADINES est chargé de la communication de La Plate-forme pour un commerce équitable, il est également cofondateur de l’agence de communication Comm’ à la Cantine et photographe indépendant. www.commercequitable.org, leblogdecommalacantine.blogspot.fr • Après avoir dirigé plusieurs filiales françaises de groupes étrangers spécialisés dans les énergies renouvelables, GRÉGORY LAMOTTE a créé la société Énergie Durable en 2012. www. enr-durable.com• YVES LECOQ administre l’Ensemble symphonique Neuchâtel, en Suisse, dont l’ambition est d’être un « orchestre autrement ». www.esn-ne.ch • ARMEL LECOZ est cofondateur du collectif Démocratie Ouverte ainsi que coconcepteur et animateur de Parlement & Citoyens www.democratieouverte.org, www.parlement-et-citoyens.fr • MIREILLE LIZOT occupe le poste de directrice communication institutionnelle chez Léa Nature, groupe spécialisé dans les produits biologiques et naturels. www.leanature.com • Ingénieures de l’ESPCI ParisTech, MÉLANIE MARCEL ET ÉLOÏSE SZMATULA ont construit le projet SoScience ! www.soscience.org • CLAUDINE MARTINEZ s’est lancée dans une aventure d’e-commerce équitable et dans l’organisation d’un salon du « mieux vivre, mieux consommer, mieux fabriquer et mieux réfléchir » : Ma

ET VOUS ?

Vous en êtes ?

planète mieux. www.maplanetemieux.com, www.maplanetemieux-lesalon.com • La création d’ENIDD a été pour LUDOVIC MENDES l’occasion de mettre en place un concept contemporain et innovant d’écopropreté : le nettoyage industriel responsable et écologique. www.enidd.fr • ALEXANDRE MERZA participe à la politique d’innovation de PSA Peugeot Citroën au sein de la Prospective sociétale du groupe automobile. www.psa-peugeot-citroen.com/fr • Organisatrice d’événements pour TD Événements, SYLVIE MOYROUD participe à un projet d’écovillage dans le golfe de Saint-Tropez. Elle agit également pour le changement dans le cadre des ses nombreuses activités associatives et bénévoles : Bio-logiques.fr, Happylab, Rêves, Champion du bonheur et Graine et ficelle. www.tdevenements.com • JEAN-PIERRE NACRY est délégué général du réseau Alliances-Entrepreneurs de croissance responsable créé en 1993, et organisateur du World Forum Lille, Forum mondial de l’économie responsable qui se tiendra du 23 au 25 octobre 2013 • À l’issue d’une thèse en sciences cognitives, OLIVIER NÉROT a notamment fondé ANteiKA et la galerie H+, pour accompagner les entreprises dans leur évolution collaborative aux niveaux technique, organisationnel et managérial. olivier.nerot.net, anteika.com, h-pl.us • QUENTIN NOIRE achève ses études d’ingénieur en bâtiment et environnement par un mémoire de recherche en ingénierie durable à Toronto (université de Ryerson). • OLIVIER NOUVEAU est vice-président de l’association Nancy Numérique, lieu de rassemblement et d’échange visant à promouvoir et à développer le numérique sur le bassin nancéien. www.nancynumerique. net • Étudiante en commerce, ELSA PICHERAL suit le parcours Responsabilité globale à Audencia Nantes. • Journaliste spécialisé sur les thématiques de l’économie verte, de l’innovation et de la prospective, BAPTISTE ROUX DIT RICHE est rédacteur en chef du site Cleantech Republic. www.cleantechrepublic.com • Séménia est née de la rencontre de quatre consultants – MARYSE TROUILLEZ, CYRILLE CERCEAU, ANTOINE COSTES ET OLIVIER BRONI. L’agence propose un accompagnement humain des changements POUR REJOINDRE en entreprise. www.semenia.com • MARC SIMON est expert des espaces collaboratifs, dont LES 176 SIGNATAIRES il prône la vertu de levier d’innovation, pour la société Steelcase, spécialisée dans CONTACTEZ-NOUS l’aménagement des espaces tertiaires. www.steelcase.fr • Au sein de Kimsi, FRANCK À LA RÉDACTION THOMAS développe avec son équipe un véhicule électrique pour les personnes à mobilité WE@WEDEMAIN.COM réduite. www.kimsi.eu • Placer l’humain au cœur des préoccupations des entreprises et SUR INTERNET renforcer les relations interpersonnelles, telle est la mission que s’est donnée ÉLISABETH WWW.WEDEMAIN.COM TRICOT, fondatrice de La Boîte à image, agence de conseil en « communication humaine ». www.laboiteaimage.fr • JULIEN VICK est porte-parole d’EELV Lorraine et du groupe local SUR FACEBOOK VIA NOTRE PAGE EELV du Pays messin. julienvick.over-blog.com

WE DEMAIN INITIATIVE

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UNE EAU ENTRE TERRE ET CIEL

Terredhermes.com


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