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Au pied des murs De l’Olan, la face nord-ouest au fond du Valjouffrey s’impose en premier lieu dans les esprits, théâtre d’aventures épiques écrites par les plus grands alpinistes. L’autre versant, sud-est, dominant de ses rochers un autre cirque et la vallée du Valgaudemar, offre de belles escalades loin des foules. Dans son prolongement, de hautes tours ocre, parfois austères, toujours grisantes, complètent le tableau. Ce cirque de l’Olan offre voies équipées ou traditionnelles, accessibles depuis le confortable refuge éponyme. Visites de rochers bruts. TEXTES ET PHOTOS : ULYSSE LEFEBVRE
Ambiance à l'approche du crux (6b+ corsé) de Sentinelle rouge, au pilier Nounours de la pointe 3 323 m, satellite à l’est de l’Olan.
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Approche matinale sous l'imposant pilier Nounours. Sentinelle rouge attaque Ă droite du renfoncement de rochers noirs pour rejoindre le fil du pilier ĂŠvident.
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ne première visite en Valgaudemar commence souvent par un instant de doute. Depuis la route Napoléon reliant Grenoble à Gap, un petit panneau indique l’entrée de la vallée par un verrou qui tiendrait presque du raccourci, du passage détourné. C’est pourtant bien l’accès principal à cette vallée sauvage d’un peu plus de 20 kilomètres, préservée des excès de l’aménagement touristique. Ici, les versants sont trop raides pour permettre l’affront d’une montée mécanisée. Sous le soleil estival, le candidat aux cimes du « Valgo », et notamment à l’Olan, devra prendre son temps. Rémy Karle, guide local et ouvreur très actif, résume : « Pour grimper ici, il faut aimer les endroits sauvages. L’approche, c’est 2000 mètres de dénivelé à chaque fois. L’alpinisme dans le Valgaudemar, c’est vivre une aventure dans la montagne. » Il est donc sage de prendre quelques jours afin de déguster cet environnement aux lignes de fuite verticales et à l’ampleur étonnante. En privilégiant un départ depuis le refuge, on s’assure un camp de base confortable pour une petite expédition dans « la plus himalayenne des vallées alpines » (Lionel Terray).
Les jeux d’un cirque Depuis la grande fissure-dièdre de la Directissime Demenge, en face sud de la Rouye (3085 m), le refuge de l’Olan disparaît progressivement, 700 mètres plus bas. Vigie du cirque, son positionnement central en fait un point de départ idéal vers les murailles qui l’entourent,
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d’une heure pour la Rouye à un peu plus de trois heures pour l’Olan. À noter que la frontière ouest du parc national des Écrins passe littéralement sur le refuge, ce qui implique que le bivouac à l’amont est autorisé de 19 heures à 7 heures. Les adeptes de la tente ou de la belle étoile trouveront donc aussi un coin de tranquillité. Mieux vaut rentabiliser la montée (2 h 30 depuis la Chapelle-enValgaudemar) en programmant deux ou trois jours d’escalade, d’autant que certaines voies sont faisables en une demi-journée, après la marche d’approche jusqu’au refuge par exemple, telle que la Directissime à la Rouye. Dans le grand menu des voies du cirque, cette ligne ouverte par le guide local Guy Demenge en 1958 est plutôt diététique. Le niveau technique y est raisonnable (D+, 5b max et obl.) mais les quelques pitons dispersés tout au long des 300 mètres et les rares spits aux relais allègent la protection. Il est donc nécessaire de maîtriser la pose de coinceurs, friends et sangles pour se lancer dans cette belle ligne directe. L’itinéraire, lui, est relativement évident et suit une grande fissure-dièdre qui raye la face au plus court, de bas en haut. Les spitovores se dirigeront plutôt vers la pointe 3323 mètres, ou pilier Nounours pour les intimes. En approchant la face au petit matin, à l’ombre des 350 mètres de gneiss, le qualificatif enfantin laisse perplexe. Mais l’origine du nom ne vient pas de son profil, plutôt sévère, mais du surnom du premier grimpeur à y être monté, le guide Norbert Vincent, seul, en 1968.
Au faîte de l'Olan : descente du sommet central (3 558 m) vers le sommet nord (3 564 m), dans la brume.
Plus récemment, au début des années 2000, Jean-Michel Cambon a traîné son perfo dans le pilier et a ouvert Sentinelle rouge, une ligne toute équipée de 350 mètres (TD, 6b+ max, 5c obl.). Le rocher y est excellent et l’escalade bien protégée, idéale pour apaiser l’esprit et se concentrer sur la gestuelle, ce qui n’est pas toujours le cas en Oisans. Un pas plus difficile ne doit pas rebuter les candidats de niveau 6a: ce crux en 6b+ corsé se franchit également en 5c/A0, moyennant un tirage de clou physique. Un zeste d’indiscipline « montagne » dans ce monde d’escalade sportive. La montagne en quatre lettres est rayée d’autant de voies dans sa face sud-est. La muraille de 500 mètres de haut déploie ses sommets et contreforts. Le petit glacier de l’Olan, qui se réduit d’année en année, en constitue le socle, donnant aux courses un caractère résolument alpin. Le choix d’une traversée des trois sommets, en escalade traditionnelle, constitue une belle manière de s’immerger dans cet environnement. Pour cela, le pilier Anne est un itinéraire idéal: approche
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Ci-dessus : ligne évidente mais impressionnante dans l'imposant dièdre de la Directissime Demenge à la Rouye (3 084 m). À gauche : vue plongeante sur le cirque depuis le pilier Anne à l'Olan. Le pilier Nounours et la Rouye se découpent respectivement au premier et au second plan.
avec traversée du glacier, difficulté raisonnable (D, V max), protections assez faciles à poser, traversée de l’épaule sud (3514 m), du sommet central (3 558 m) et du point culminant, le sommet nord (3564 m), avant de redescendre par la brèche Escarra et la voie normale. Ainsi, « la course prend de l’ampleur », explique Rémy Karle. Assez convoitée mais pas toujours réalisée pour cause de météo ou de conditions inadéquates. On a vu des cordées passer la nuit au sommet en raison d’orages et de torrents
ruisselants sur les flancs de l’Olan. Cette « sacrée bambée », comme l’appelle Olivier Parent, gardien du refuge de l’Olan depuis 2008, reste néanmoins un objectif de choix pour beaucoup d’alpinistes. Il ajoute : « Le secteur est clairement fréquenté par des grimpeurs « montagne », à 95 % selon ce que je peux voir au refuge. La voie normale de l’Olan et le pilier Anne, la voie des Gapençais et la voie normale à la Rouye ou encore la cime du Vallon, sont les itinéraires les plus recher-
chés par les alpinistes de passage. Même si les voies modernes du secteur méritent largement le détour, elles ne sont pas assez nombreuses pour attirer énormément de grimpeurs sportifs, comme on peut le voir à la Dibona par exemple. » L’Olan pourrait donc apparaître comme une montagne d’initiés, d’autant que « la plupart des alpinistes sont autonomes et sans guides », indique Olivier, ce que confirme Rémy Karle : « Même si la voie normale de l’Olan reste l’une des courses les plus demandées, toutes proportions gardées, on a peu de clients pour de l’alpinisme en Valgaudemar. Pour exemple, cela a représenté vingt et une courses sur ma dernière saison d’été, dont seulement trois pour l’Olan. » Une visite à l’Olan sonne donc comme une étape dans un parcours d’alpiniste vers l’autonomie, pour progresser rapidement et sereinement en terrain montagne. Même si le glacier demeure encore, le candidat au sommet connaîtra moins le mal de la rimaye qu’un vertige face au labyrinthe de gneiss pendu au-dessus de lui, modeste assaillant au pied du mur. i
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Spits et coinceurs autour de l’Olan Le cirque de l'Olan offre un panel d'escalades idéales pour quelques jours de grimpe variée au cœur du Valgaudemar. On peut facilement y alterner les grandes voies historiques sur coinceurs et vieux pitons, avec des voies plus modernes et très bien équipées, d'un cran souvent supérieur en terme de difficulté. Dans tous les cas, on gardera à l'esprit que les conditions restent celles de la montagne et que, malgré la proximité du refuge, un retour sous l'orage ou même un bivouac improvisé peuvent toujours conclure une belle journée.
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Voie normale par la brèche Escarra PD, III+ max, 40°, 600 m. L’itinéraire le plus fréquenté (façon Valgaudemar, on n’est pas en face sud de l’aiguille du Midi !) pour atteindre le sommet de l’Olan. Approche et itinéraire : du refuge, monter vers le glacier de l’Olan et le franchir au mieux pour rejoindre le socle. La rimaye n’est pas toujours évidente à franchir. Après une courte section verticale, rejoindre les vires de la voie normale puis les longer jusqu’à atteindre la brèche Escarra. Remonter le couloir en rive gauche jusqu’à atteindre la brèche. Suivre l’arête est jusqu’au sommet, en passant par l’antécime est. Descente: par le même itinéraire. Des anneaux permettent de tirer des rappels dans les roches moutonnées du bas.
Oiseaux de passage TD, 6a+ max (5b obl.), 340 m, équipée de goujons. Magnifique voie équipée. Escalade soutenue dans le 5+/6a sur un rocher compact. L’inévitable classique du secteur, ouverte en 1989 par Rémy Karle, guide et auteur du topo (cf. rubrique Bouquins, p. 15) et Jean-Claude Armand, gardien du refuge de l’Olan pendant plus de vingt ans. Approche: une fois sur le glacier de l’Olan, partir vers la gauche à l’aplomb de l’épaule sud. La voie débute par un dièdrecheminée à l’aplomb des dalles rouges qui le caractérisent. Itinéraire: 12 longueurs équipées puis sortie à l’épaule non équipée. Descente: en rappel dans la voie.
Pilier Anne D, V max, 400 m, peu équipée + traversée des trois sommets de l’Olan. Cette belle voie abordable sort
1. Voie normale par la brèche Escarra 2. Oiseaux de passage 3. Pilier Anne
Épaule sud 3 516 m
au sommet du triangle, sous l’épaule sud (3 516 m). L’enchaînement par la traversée vers le sommet central (3 558 m) puis le sommet nord (3 564 m) augmente l’intérêt de la course et son ampleur. Approche: du refuge, monter vers le glacier de l’Olan et le franchir au mieux pour rejoindre le socle constitué de vires. La rimaye n’est pas toujours évidente à franchir. Après une courte section verticale, rejoindre les vires de la voie normale. Suivre la même approche que pour la voie normale par la brèche Escarra. À l’endroit où l’on quitte les dalles pour monter vers cette brèche, descendre une centaine de mètres vers une terrasse caractéristique, souvent coiffée d’un névé. On rejoint alors la base de l’épaule sud et le pilier Anne bien visible. Il est également possible d’y arriver Sommet central 3 558 m
en grimpant les deux premières longueurs d’Oiseaux de passage avant de partir sur la droite pour rejoindre le pilier. Itinéraire : évident, sur le fil du pilier, majoritairement en IV+ dans du bon rocher. Prévoir coinceurs et sangles pour compléter l’équipement (quelques rares pitons) et les relais. Depuis le sommet du triangle, suivre la crête vers l’est et descendre vers le col situé entre l’épaule sud et le sommet central. Pour quelques raisons que ce soit, ne pas descendre dans ce couloir. Contourner le sommet central par la gauche. Un pas en dalle nécessite que le rocher soit bien sec. Sinon, escalader la facette sud du sommet central (TA) au mieux dans du rocher très « Oisans ». Redescendre ensuite vers le col entre le sommet central et le sommet nord. Il est possible de s’échapper en descendant
Sommet nord 3 564 m Brèche Escarra 3 449 m
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le couloir (délicat). Pour finir, remonter vers le sommet nord en une longueur (IV Oisans) puis en corde tendue (côté nord plus facile, plus raide au sud). Descente : par la voie normale et la brèche Escarra.
La Rouye (3 085 m) 1. Directissime Demenge 2. Voie des Gapençais 3. Inoxydable
LA ROUYE
Directissime (ou voie Demenge) D+, 5b max et obl. 300 m, peu équipée. Belle classique dans la face ouest de la Rouye. Itinéraire direct dans un grand dièdre rouge peu équipé. Orientée à l’ouest et proche du refuge (300 m de dénivelé), c’est une voie qui peut être envisagée en début d’après-midi, après la marche d’approche au refuge. Accès : du refuge, prendre au mieux vers le nord-est pour rejoindre le pied de la face ocre caractéristique et bien visible dans le cirque. Itinéraire : il suit un grand dièdre, droit dans la face. Descente: en versant est, vers le col du Bâton (2956 m). Un petit couloir à désescalader puis un système de vires, versant ouest, jusqu’à un bon relais et un rappel qui ramène aux éboulis.
Voie des Gapençais D, 5a, 4c obl., 350 m, peu équipée. Moins soutenue que la Directissime Demenge, une classique de la Rouye. Accès : cf. Directissime. Itinéraire : la voie emprunte la même première longueur que la Directissime puis part en oblique à droite vers une dépression blanche caractéristique, au plus facile, avant de croiser la voie Inoxydable (toute équipée made in Cambon). Descente : cf. Directissime.
Inoxydable TD-, 5c (5b obl.), 350 m. Du pur produit Cambon. La voie en 5+ sur très bon rocher est très bien équipée, laissant l’esprit s’occuper du seul plaisir de la grimpe. Accès : en contrebas de la Directissime et de la voie des Gapençais, main droite en regardant la face. Itinéraire : suivez les goujons ! Descente : cf. Directissime.
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POINTE 3 323, PILIER NOUNOURS
infos pratiques
Sentinelle rouge
Accès
TD, 6b+ max, 5c obl., équipée. Encore une œuvre de l’inoxydable Cambon. La ligne chemine dans un très bon rocher compact, le long de ce pilier massif. Accès : même approche initiale que pour l’Olan. Virer vers le pilier avant le glacier de l’Olan. Itinéraire : évident, suivre les goujons. Descente: 7 rappels dans la voie.
pRoute: la vallée du Valgaudemar
Ours qui fouille TD+, 6b+, 6a obl., 350 m, relais équipé sur spits + passages les plus durs. Accès : cf. Sentinelle rouge, attaque main gauche. Itinéraire : attaque dans des dalles puis grand dièdre. Descente: 8 rappels dans la voie.
pRefuge de l’Olan (2 344 m),
04 92 55 30 88. Non gardé s’atteint depuis la N85, sur l’axe en hiver, 18 places. Refuge Grenoble/Gap. Saint-Firmin emblématique, au pied de et Saint-Bonnet constituent les l’Olan (3 564 m), il permet deux portes d’entrée des deux d’accéder à la cime du Vallon vallées respectives. (3 406 m), à la Rouye (2 780 pTrain : gare de Gap puis m) et à la face sud de l’Olan. liaison en taxi ou car. pCar: depuis Grenoble, liaisons Encadrement assurées par la SCAL jusqu’à pBureau des accompagnateurs du Grenoble, avec arrêts à SaintValgaudemar: 0492553771/ Bonnet-en-Champsaur, Le Noyer 0607169641. pBureau des accompagnateurs et Chauffayer. Horaires sur du Champsaur: 0492556020, www.scal-amv-voyages.com. www.accompagnateursDepuis Gap, liaisons régulières champsaur.com. entre la gare SNCF et les pBureau des guides du villages du Valgaudemar. Champsaur et du Valgaudemar: Lignes et horaires sur alacime.com. Coordonnées www.05voyageurs.com. des guides sur le site.
Contacts utiles
PAS DE L’OLAN
pMaison du tourisme Champsaur Topos et Valgaudemar: 0492490935, pRémy Karle, Escalades
Ce secteur rapidement accessible depuis le refuge présente trois voies relativement courtes (180 m) et peu ou pas équipées, idéales pour une petite journée de grimpe ou par temps incertain. Accès : juste à droite, avant d’arriver au pas de l’Olan (2683 m). Voies : Petit Olan (TD-, 5+ obl.), Purée de rando (D-, 6a max, 5c obl.) et la voie anonyme (non cotée, voir descriptif précis dans le topo du Valgaudemar de Rémy Karle).
www.champsauren Valgaudemar. valgaudemar.com. pFrançois Labande, Guide du pOffice de tourisme d’Orcières : Haut-Dauphiné, tome III, GHM. 0492558989, www.orcieres.com. pJean-Michel Cambon, Oisans pParc national des Écrins : nouveau, Oisans sauvage, ecrins-parcnational.fr. livre ouest. pSecours : 112. pFrédéric Chevaillot, Paul Grobel, Jean-René Minelli, Hébergement Sommets des Écrins, les plus pListe des hébergements belles courses faciles. (hôtels, chambres d’hôtes, gîtes…) et réservation en Cartes ligne sur www.champsaurpIGN 3336ET Les Deux-Alpes valgaudemar.com Olan - Muzelle - Parc national ou au 04 92 49 08 80. des Écrins.
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