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I
A Ulysse D arondeau ENSACF 2017
uilding nnovative ethodology
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u travers du B.I.M.
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e Building Information Modeling est une technologie et des processus associÊs pour produire, communiquer et analyser des modèles de construction. - Eastman, 2011-
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ntroduction
J
’ai toujours utilisé le numérique et les outils de CAO dans mes projets, bien avant d’entrer en école d’architecture.
J
’ai découvert le Building Information Modeling en arrivant à l’ENSA, je me suis intéressé au développement de cet outil, qui bouleverse le travail de l’architecte au même titre que le passage du dessin à la main vers l’ordinateur.
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urant mon premier stage en agence, j’ai découvert le fonctionnement en réseau du B.I.M. : la maquette partagée.
C
eci étant, le B.I.M. se développe en Europe depuis le début du siècle et de nombreuses entreprises décident d’effectuer une transition vers le B.I.M.. Il s’agit d’un changement important au sein de l’entreprise, parfois difficile pour de petites structures.
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a problématique est la suivante :
C
Comment une entreprise opère-t-elle une transition vers le B.I.M. d’un point de vue humain et méthodologique ?
J
P
ertains voient le B.I.M. d’un mauvais œil, d’autres en font l’éloge ; j’y vois simplement une évolution des outils. Mais je pense qu’il s’agit d’une évolution majeure qui bouleverse les architectes « traditionnels » qui avaient déjà eu du mal à passer au dessin numérique. e ne vois toutefois pas le B.I.M. comme une révolution mais plutôt comme une évolution nécessaire, et je pense que comprendre ce nouvel outil nous permet de comprendre et par là-même anticiper les prochaines mutations qui feront progresser le métier d’architecte. Nous sommes dans un monde en plein changement depuis l’aube du numérique. L’architecte est pris dans ce tourbillon et ne doit pas seulement maîtriser les nouveautés engendrées par ce mouvement mais plutôt le mouvement lui-même.
Etude de cas comparative entre un cabinet d’architecture à rayonnement régional et un autre d’envergure internationale. our répondre à cette problématique, j’ai décidé d’aller à la rencontre de deux cabinets d’architecture de tailles et activités différentes afin de les questionner et comprendre comment se déroule leur transition. Je les ai questionnés sur des points similaires, les laissant librement développer leurs réponses.
© Ulysse Darondeau 2017 - B.I.M. 3 -
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ommaire
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escription du B.I.M. :
Le Building Information Modeling (ou Model) est un outil complexe et je commencerai par détailler ses diverses utilisations afin de clarifier l’ensemble de mon propos.
Q
u’est-ce que le B.I.M. ?
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’évolution des méthodes de B.I.M. : B.I.M. 1 ; B.I.M. 2 ; B.I.M. 3
P
ourquoi parlons-nous de passage au B.I.M. ? Comment en sommesnous arrivés là ?
P.
6à 9
Les méthodes B.I.M., bien que nouvelles sont déjà en évolution. Je prendrai donc un temps pour parler des trois principaux B.I.M. actuels, lesquels rassemblent le Closed B.I.M. et l’Open B.I.M.
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A
• Analyse dans une agence de niveau international : Brunerie & Irissou
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’évolution des métiers du bâtiment autour du B.I.M. :
’arrivée de ce nouvel outil a créé un bouleversement dans l’organisation entre les divers corps de métiers du bâtiment. Deux entreprises en transition vers le B.I.M. illustrent ces changements :
• Analyse dans une agence de niveau local : Alliage
mpressions et conclusion sur le B.I.M. :
nticipations possibles sur les prochains changements et évolutions du B.I.M.
’objectif est donc de prévoir cette évolution pour anticiper les changements en se basant sur des modèles ayant déjà fait leurs preuves.
P
our ces deux entreprises, voici les points de base abordés :
• Raisons de la transition • Discussion avec les acteurs du projet • Etat de la transition
P.
• Etapes de transition
• Outils de l’entreprise
• Nouvelle méthodologie de l’entreprise
10 à 25
• Rapports aux autres acteurs du projet architectural, extérieurs à l’entreprise
P.
26 à 32 © Ulysse Darondeau 2017 - B.I.M. 5 -
Q
u’est-ce que le B.I.M. ?
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cronyme de Building Information Modeling, pour Modélisation d’Informations du Bâtiment. Il s’agit autant du travail sur de nouveaux logiciels de modélisation numérique que d’un nouveau processus de conception.
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l est difficile de trouver une définition unique du B.I.M. Il s’agit des méthodes de travail et de maquettes numérique paramétrique 3D qui contiennent des données intelligentes et structurées. C’est aussi le partage d’informations tout au long de la vie d’un bâtiment, de leur conception jusqu’à leur démolition. La maquette numérique est une représentation digitale des caractéristiques physiques et fonctionnelles de ce bâtiment.
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e B.I.M. est souvent assimilé à un logiciel. C’est plutôt une suite de processus, de méthodes de travail utilisés tout au long de la conception, de la construction et de l’utilisation d’un bâtiment. Le B.I.M. définit qui fait quoi, comment et à quel moment.
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e B.I.M. a comme spécificité de toucher la totalité des acteurs du bâtiment, de l’architecte au client, en passant par le bureau d’étude et l’économiste. Il permet également de penser le bâtiment dans un plus grand nombre de dimensions (économie, maintenance, vie du bâtiment…).
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l existe plusieurs nuances ou « niveaux » de travail :
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e niveau 0
l s’agit du niveau le plus basique et le plus répandu, correspondant à un DAO 2D (de type AutoCAD). Ceci n’est pas du B.I.M. à proprement parler, mais cela permet de situer les différences en terme de méthodologie de travail entre la DAO en 2D et le B.I.M.. Il y a peu de normes de dessin et elles sont peu appliquées : chaque entreprise utilise ses propres codes graphiques. Beaucoup de projets ne sont pas géo-référencés, les unités varient, etc…
L C
e B.I.M. 1
e B.I.M. correspond à un mélange de dessin 2D et de maquette numérique 3D, il est parfois appelé «B.I.M. en isolation», car chacun produit et publie ses données individuellement. Cependant, ici, les données sont structurées et correspondent à des normes qui définissent : • la numérotation des plans,
• la présentation,
• la géo-localisation,
• la diffusion des plans…
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’échange se fait via un environnement de données commun (serveur partagé, Autodesk 360, BIMx…).
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e B.I.M. 2
e niveau marque le début de la collaboration entre les différents corps de métiers. Chacun produit une maquette 3D de façon autonome, cependant chaque modèle évolue simultanément en utilisant soit le format de fichier natif, soit le format IFC (qui n’est nécessaire qu’au B.I.M. 3). Tous les modèles sont ensuite combinés en un fichier central qui permettra de détecter les erreurs et conflits entre les corps de métiers (arrivées d’eau en plein milieu d’une fenêtre par exemple). Dans le B.I.M. 2 nous reprenons l’ensemble des critères d’un projet de niveau 1 plus les éléments suivants : • une maquette numérique 3D sous Revit, ArchiCAD, etc... ou un fichier IFC
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e B.I.M. 3
a technologie actuelle contraint trop son utilisation, il est donc peu utilisé. Aucune norme n’encadre son fonctionnement et pour cause : un modèle unique est stocké sur un serveur centralisé, accessible à tous durant toute la durée de vie du bâtiment, de sa conception à sa maintenance.
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e modèle unique pose des problèmes de responsabilités des différents acteurs qui doivent accepter un partage des risques. Les assurances sont souvent réticentes à l’utilisation de ce type de B.I.M. car il rend difficile l’identification de l’auteur d’une erreur dans un projet.
• des documents contenant les informations importantes d’utilisation et maintenance du bâtiment • des plans et documents dessins 2D • une définition du processus de conception (méthodologie) • un contrôle sur l’échange des données (créateur, utilisateurs, dernières modifications etc…)
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B.I.M. - 8 -
iagramme des niveaux de Bew-Richards
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ourquoi parle-t-on de passage au B.I.M. ?
es prémices du B.I.M. datent de 1962 avec l’arrivée de l’informatique, le premier article traitant le sujet est Augmenting Human Intellect de Douglas Englbart, qui imagine l’architecture dans une conception orientée vers l’objet, liée à une base de données.
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e B.I.M. naît il y a environ 30 ans d’une volonté de dépasser le plan, outil qui vieillit et a du mal à être mis à jour.
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es premiers pays à utiliser le B.I.M. sont les USA, le Royaume-Uni et les pays d’Europe du Nord. Ils sont aujourd’hui les plus avancés sur ce mode de travail. Par exemple, aujourd’hui alors que le gouvernement français commence à peine à orienter les entreprises vers cette utilisation, le Royaume-Unis possède déjà sa propre norme B.I.M. L’Union Européenne est en train de développer sa propre norme ISO B.I.M..
e nouvel outil rend les projets plus compréhensibles, permet une meilleure gestion de la vie du bâtiment et permet une économie globale sur les coûts de conception, de construction et de maintenance du projet.
rogressivement, les pays européens entrent dans l’ère du B.I.M., les récentes directives européennes poussent les Etats membres de l’Union Européenne vers le B.I.M. sans toutefois l’imposer. La France n’a pas encore sauté le pas mais il est important pour les entreprises du bâtiment d’anticiper cette transition.
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’évolution des métiers du bâtiment autour du B.I.M. :
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’arrivée du B.I.M. a créé un bouleversement dans l’organisation entre les divers corps de métiers du bâtiment. eux entreprises en transition vers le B.I.M. illustrent ces changements : les agences albigeoises Brunerie & Irissou et Alliage.
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ommençons par la présentation des deux entreprises
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lliage a également commencé sa transition vers le B.I.M. en 2015. Cette décision est motivée par une volonté de renforcer la communication entre les différents acteurs et une volonté de contrôle rigoureux de l’ensemble du projet.
runerie & Irissou est une agence de 5 associés et 40 salariés.
es projets sont d’échelle régionale et internationale. Les principaux clients de l’entreprise sont Airbus (halls et hangars de stockage, maintenance et fabrication d’avions et pièces d’avions...) et E.Leclerc (centres-commerciaux). runerie & Irissou a entamé sa transition vers le B.I.M. en 2015. Ce choix de l’entreprise est motivé par une volonté de s’imposer sur le marché international face aux pays anglo-saxons déjà passés au B.I.M.. L’entreprise a ainsi réussi à s’introduire sur le marché chinois face à d’autres entreprises européennes.
lliage est une agence de 2 associés et 2 salariés qui coordonne un réseau de prestataires sur ses différents projets.
es projets sont à l’échelle départementale et régionale. La majorité des projets est issue de marchés publics gagnés lors de concours en appel d’offre.
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es deux entreprises ont opéré la transition de manières complètement différentes au sein de leurs équipes, car leurs objectifs, leurs effectifs et la nature des projets qu’elles traitent sont différents.
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runerie & Irissou
n 2015, une première équipe test est formée, avec 4 personnes qui forment le noyau B.I.M. de l’entreprise. Son premier projet, de l’esquisse aux plans EXE va prendre plus d’un an et demi.
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n effet, l’équipe va entamer en parallèle de ce projet le développement d’une convention B.I.M., définissant les nouveaux rôles des membres de l’équipe et d’une bibliothèque de familles de projets*.
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râce à ceci, cette équipe de « débroussaillage » du B.I.M. va jeter les bases de la méthodologie de projet au sein de l’entreprise.
*Les logiciels B.I.M., Revit dans le cas présent, fonctionnent sur la base de familles d’objets (murs, toit, fenêtres, etc…). Ces familles doivent être créées ou téléchargées afin d’obtenir une maquette de projet aux propriétés identiques à celles du bâtiment réel. B.I.M. - 12 -
n 2017, la deuxième phase de la transition se lance. La première équipe passe une seconde formation, plus complète sur les outils de Revit. uivra une seconde équipe de 5 personnes, qui sera dans un premier temps formée par un organisme extérieur, comme la première équipe. Cette seconde équipe sera ensuite formée par l’équipe test sur les spécificités de la conception du projet chez Brunerie & Irissou : la « Convention B.I.M. ».
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ans l’agence Brunerie & Irissou, grâce à la taille de l’effectif interne, deux personnes ont pu se consacrer pleinement à la création d’une convention, un ensemble de règles méthodologiques encadrant les projets B.I.M. de l’entreprise. Voici l’organisation d’un projet et les rôles des principaux acteurs au sein de l’agence :
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ableau récapitulatif
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runerie & Irissou
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E DIRECTEUR B.I.M. on rôle :
R L
ESPONSABLES B.I.M. eur rôle :
• Superviser la stratégie d’entreprise de transition vers le B.I.M.
• Développer les bibliothèques de composants.
• Développer une réflexion sur l’ensemble des outils de production et leur évolution.
• Seconder les ateliers de formation pour la transition de l’entreprise.
• Organiser la collaboration avec les partenaires extérieurs à l’entreprise. • Diriger les responsables des autres parties du projet. • Mettre en place les formations B.I.M. (par des organismes extérieurs).
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• Définir les critères de conception et les critères techniques à intégrer dans les maquettes numériques. • Pour leur discipline, encadrer les projeteurs B.I.M.
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• Appliquer et faire appliquer les procédures B.I.M. du projet.
• Contribuer au développement des bibliothèques de composants selon les directives des responsables B.I.M.
HEF DE PROJET B.I.M. issions principales :
• Définir les familles et assurer la bonne tenue de la maquette. • Assurer le support des projeteurs B.I.M.
PERATEUR issions principales :
• Élaborer la ou les maquettes de projet en vue de la production des livrables de plusieurs disciplines dans le cadre des procédures B.I.M.
• Synthétiser les projets de planning de production et ordonnancer la production des projeteurs B.I.M. • Préparer, mener et suivre la revue de coordination de maquette numérique. • Préparer les réunions 3D client.
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runerie & Irissou
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iĂŠrarchie
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fin de permettre une continuité dans le niveau de détail de la maquette suivant l’avancée du projet, l’entreprise a mis en images le niveau de détail attendu dans la maquette 3D suivant les phases d’avancements réglementaires (ESQ, APS, APD…)
ESQ
APS
Programmation
ND1
APD
PRO/DCE
EXE
Conception
ND2
ND3
DOE
Construction
ND4
ND5
MAINT. Exploitation
ND6
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runerie & Irissou
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E
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escription de l’utilisation que fait l’agence de sa maquette ?
xtrait de convention :
«L
a collaboration entre les contributeurs du projet est de type asynchrone : une maquette numérique est créée par corps de métier : architecture, BET, entreprise. On l’appelle « maquette métier ». Des revues de coordination seront calées selon des échéances à définir par le chef de projet. Elles permettent de vérifier l’avancement, la qualité et les conflits entre maquettes métiers. Les maquettes sont exportées et publiées régulièrement en remplacement de la précédente.
éo-référencement
outes les maquettes du projet sont associées à un seul système de géo-référencement.
Le géo-référencement permet : • de situer géographiquement le projet en accord avec les points du géomètre ; • d’importer des fichiers CAO.
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a maquette de géo-référencement comporte:
• un point de topographie (XYZ) qui est le système de coordonnées imposé par le maître de l’ouvrage ;
Elles doivent comporter un jeu de vues de coordination et des vues 3D selon les besoins. »
• le point de référence projet ;
La maquette est partagée mais le fichier central est gardé par l’agence et les modifications se font séparément, ce qui place l’agence en B.I.M. 2.
• une ou plusieurs zones de définition si nécessaire.
Il en va de même pour le rapport au géo-réferencement...
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• un ou plusieurs plans de référence si nécessaire ;
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e responsable B.I.M. s’assure que les maquettes sont établies en liaison avec le fichier des paramètres communs pour permettre les mises à jour ultérieures.
R
éunion externe de projet (avec le MOA)
O
RGANISATION DES DONNEES DU PROJET
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L
L
• une maquette de coordination ;
• détachement du fichier central ;
• une maquette de référence pour le calage des repères et du système de référence (géo-référencement) ;
• suppression des vues sauf vues de documentation et de coordination ;
• une maquette élémentaire des données de site ;
• purge des éléments non utilisés ;
• une maquette élémentaire des ouvrages existants voisins ;
• déchargement des liens ;
• une maquette élémentaire architecturale ;
• mise en conformité de la dénomination des vues et familles.
• une maquette élémentaire structurelle.
a réunion est organisée par le Chef de projet. Elle implique l’ensemble des parties prenantes au projet, MOE, MOA. a préparation de la maquette comporte les tâches suivantes :
’étude B.I.M. de l’ouvrage correspond à un ensemble de maquettes décomposées comme suit :
C
haque maquette élémentaire transcrit les études de conception d’une liste de disciplines (au sens défini par la Charte CAO/DAO).
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runerie & Irissou
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rojet réalisé sous Revit entre commercial E.Leclerc à Joué-lès-Tours
Situé dans la ZAC de Joué-lès-Tours, 30 millions d’€. Deuxième projet de l’agence réalisé en B.I.M. DCE achevé fin 2017. Actuellement en construction.
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lliage
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n 2015 également, Alliage fait ses premiers pas dans le B.I.M.. Une seule personne travaille en B.I.M., Guillaume, 35 ans, associé minoritaire dans l’entreprise. La principale difficulté dans ce mode de transition est la nécessaire surqualification de la personne travaillant sous Revit. En effet, cette personne doit être capable de maîtriser l’ensemble des aspects du projet à elle seule.
L
a deuxième phase de l’entreprise débute fin 2016 avec l’achat du logiciel Teamber. Il ne s’agit pas d’un logiciel de conception B.I.M. à l’instar de Revit ou ArchiCAD, mais d’un logiciel de gestion et management de l’entreprise. Il permet de sécuriser les informations relatives au projet et de développer une méthode de travail commune et une meilleure communication entre les acteurs du projet.
A
lliage est liée à une seconde entreprise appelée Actès dirigée par les mêmes personnes. Actès est une entreprise d’architecteur, son but est de livrer des bâtiments clef en main et d’être le seul intervenant avec le client, la communication devient pour cette entreprise un atout majeur.
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L
’agence Alliage est moins avancée dans cette transition et n’a ni la volonté ni le besoin de création d’un document au caractère aussi normatif qu’une convention B.I.M. : la structure est plus petite ; la communication y est plus simple.
A
ujourd’hui, la création d’une bibliothèque B.I.M. est l’opération principale dans la transition de l’entreprise, qui doit répondre aux normes de définitions des diverses familles de composants afin de correspondre à une création de B.I.M. 2. Aujourd’hui, une seule personne traite l’ensemble des projets B.I.M. de l’agence sous Revit, tandis que les autres membres réalisent toujours leurs projets avec les outils « traditionnels ».
C
ependant, l’agence est passée à l’ère de la méthodologie B.I.M. et ce avec le logiciel Teamber.
I
l s’agit d’une approche originale, c’est pourquoi il me semble d’autant plus pertinent d’en développer les caractéristiques.
C
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C
ommençons par noter que Teamber n’est pas un logiciel d’architecture à proprement parler. Il s’agit d’un logiciel de gestion d’entreprise et de projet (très général, il comporte néanmoins des dérivées architecture et ingénierie).
e définissant comme une approche sociétale plaçant l’humain et le collaboratif au centre du projet, ce logiciel rejoint les objectifs du B.I.M.
C
ela met en avant le fait que l’arrivée du B.I.M. n’est pas une tendance réservée à l’architecture mais s’inscrit dans un mouvement plus global :
our revenir sur un aspect plus concret, Teamber est un gestionnaire de données et calendrier de projet. Il permet aux chefs de projets de dispatcher les tâches à leurs équipes tout en gardant une position de contrôle sur les fichiers créés et partagés en version native. On retrouve ici un système de centralisation des données comparable au B.I.M. 1. e logiciel permet également un partage des fichiers plus aisé avec les collaborateurs extérieurs toujours en fichiers natifs, gardant une traçabilité et validation des modifications apportées aux documents. Sans pour autant correspondre à une véritable unification de maquettes 3D, cet aspect correspond au B.I.M. 2.
A
l’aube de l’ère de l’information, l’ensemble du monde du travail prend un aspect collaboratif, la communication est au coeur de la collaboration. Il est primordial de comprendre que le B.I.M. n’est pas une « bulle » prête à éclater mais la traduction architecturale d’un changement global.
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lliage
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eux projets réalisés en B.I.M. 2 sous Revit
oyer jeunes travailleurs.
Immeuble de 35 logements collectifs à Albi comportant 3 niveaux sur rez-de-chaussée avec parking couvert et locaux communs.
1440 m² livré en 2015 - Budget NC
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36
Logements sociaux à Rabastens.
36 logements sociaux, répartis en 24 logements individuels, totalisant 12 T3 et 12 T4, et 12 logements collectifs en R+1 (6 T3 et 6 T2). 2674 m2 livré en 2015 - 3,2 millions d’€
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mpressions
& Conclusion
O
n trouve une caractéristique commune dans la stratégie B.I.M. de Brunerie & Irissou et Alliage : toutes deux ont choisi d’avancer progressivement en s’appuyant sur des « éclaireurs » pour entamer leur mutation, qui ne se fait jamais en une seule étape, et dont l’évolution dépend en grande partie de la taille de l’entreprise.
U
ne entreprise comme Brunerie & Irissou pourra effectuer une transition plus directe, plus encadrée également, car elle pourra attribuer de l’effectif spécifiquement à cette tâche. Les premiers projets seront plus rapides à être conçus en B.I.M.
C
ependant, pour une transition complète de l’entreprise, il faudra compter plus de temps. Premièrement, car il y a plus de monde à former, mais aussi parce que certaines personnes ne pourront pas être formées, que ce soit par manque de qualifications, par refus (certaines personnes peuvent être réticentes à une formation car elles ne veulent pas de changement de méthode de travail), ou bien à cause de leur âge car une formation est un investissement qui peut ne pas toujours être rentabilisé pour des personnes proches de la retraite.
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D
’un autre côté, la transition dans une agence de taille plus modeste telle qu’Alliage, peut se révéler longue et difficile à mettre en place.
L
’agence ne peut pas se permettre de se mettre en danger en sacrifiant sa production pour allouer la totalité de ses effectifs à cette transition. La création d’une méthodologie et d’une bibliothèque de ressources est un processus beaucoup plus lourd à porter pour elle.
P
ourtant, la communication plus étroite dans une entreprise de faible effectif permet une transition complète, beaucoup plus rapide.
Q
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C
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uelles sont les conséquences de cette transition sur le marché du travail et sur les architectes ?
es victimes de cette transition sur le marché du travail seront les architectes chercheurs d’emplois de milieu et fin de carrière. Ceux-ci, non formés, n’ont pas toujours les moyens de financer leur formation ce qui les défavorise dans le processus de recrutement d’une entreprise au profit de jeunes architectes formés au B.I.M. dans les écoles.
e la même manière, les jeunes architectes bénéficient d’une vraie plus-value pour les entreprises pour qui la transition peut être un motif de recrutement.
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ictimes également, les agences d’architectures plus modestes qui n’ont pas les moyens de réaliser cette transition : coûts de formation, achats de nouveaux logiciels dédiés au B.I.M... sont des investissements lourds. Néanmoins, sans cette transition, ces agences risquent d’être souvent écartées de projets au bénéfice d’autres agences ayant, elles, opéré la transition.
ans les années à venir, le B.I.M. de niveau 3 va se développer et se démocratiser.
ette fois-ci l’évolution se fera également dans le rapport aux acteurs extérieurs à l’agence et aux assurances. D’autres évolutions suivront, toujours plus rapides, alors comment limiter les effets collatéraux de ces évolutions ? e ne prétends pas avoir de solution miracle, cependant, j’ai réalisé que dans un métier où l’on croule sous les nouvelles réglementations, le B.I.M. est laissé dans un vide normatif et juridique. L’appréhension de l’outil est laissée à l’entreprise. Bien sûr il existe des normes : ISO B.I.M. (Européen) et PPBIM (France) mais celles-ci ne sont que peu appliquées et bien souvent le flou domine.
A
noter qu’il existe d’autres types de structures telles que les collectifs d’architectes ou les agences à effectifs variables, qui opèrent leur transition de façon spécifique.
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A
fin de mieux prévoir et anticiper les changements similaires à venir, il est important que les institutions anticipent l’encadrement de ces transitions avant que les entreprises ne les appliquent.
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’architecte a dessiné pendant des siècles avant de découvrir la perspective, il a attendu plus longtemps encore avant l’avènement de l’informatique et du dessin numérique...
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ujourd’hui il crée en 3 dimensions le modèle exact du bâtiment qu’il imagine...
A
lors imaginons la façon la plus folle de concevoir l’architecture, car, un jour, les architectes penseront à nous en se demandant, admiratifs, comment nous pouvions travailler dans de telles conditions.
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ibliographie & Contacts
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ibliographie
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ontacts
- www.mediaconstruct.fr
- Frédéric Guibert, Associé et fondateur de l’agence Alliage
- CSTB, Batipédia
- Guillaume Roland, Associé et responsable B.I.M. de l’agence Alliage
- www.objectif-bim.com
- Thomas Brunerie, Associé de l’agence Brunerie & Irissou
- D’Architecture n°232 Christine DESMOULINS «Retour sur le B.I.M. et ses acteurs»
- Nicolas Boraud, Architecte & B.I.M. manager, Brunerie & Irissou
- Archidaily 07.12.2012 Vanessa Quirk - Douglas C. Englbart «Augmenting Human Intellect» 1962 - www.batiportail.com - www.bimFrance.net - www.autodesk.com © Ulysse Darondeau 2017 - B.I.M. 31 -
«S
i tu es bête, tu le restes, avec ou sans ordinateur. Rien n’a changé en toi.» Renzo Piano sur la technologie La désobéissance de l’architecte
Ul y s s e D a r o n d e a u -
Juin 2017