Éduc' Mag n°179

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Ensemble pour faire la différence

La fédération UNSA des métiers de l’ É ducation, de la Recherche et de la Culture 17 9 4,60 € Juin 2024
CPPAP N° 0716 S 06569 • l’Enseignement Public

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CASDEN Banque Populaire –Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable –Siège social : 1 bis rue Jean Wi ener 77420 Champs-sur-Marne –Siren n° 784 275 778 –RCS Meaux –Immatriculation ORIAS n°07 027 138 • BPCE –Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 188 932 730 e uros –Siège social : 7, promenade Germaine Sablon 75 013 Paris –RCS Paris N° 493 455 042 –Immatriculation ORIAS n° 08 045 100• Crédit ph oto : © Roman Jehanno • Conception : Insign 2022 • Merci à Mari e-Elisabeth, In昀rmière anesthésisteIADE, Mark, Professeur d’EPS, MarieElisabeth, In昀rmière anesthésiste, Pierrick, Responsable énergi e, Aurélie, Commandant de police d’avoir prêté leur visage à no tre campagne de communication. casden.fr Retrouvez-nous chez La banque coopérative de la Fonction publique
!

Directeur de la rédaction

Morgane Verviers

Directeur de la publication

Pierre Château

Rédactrice en Chef Aline Boussaroque

Ont participé à ce numéro : Denis Adam, Géraldine Alberti-Baudart, Nicolas Anoto, Sylvain Biot, Aline Boussaroque, Rachel Brishoual, Élise Capéran, Willie Charbonnier, Pierre Château, Julien Danglard, Véronique De Aguiar, Jérôme Giordano, Benoît Kermoal, Anne-Sophie Laclautre, Béatrice Laurent, Gilles Leluc, Emmanuel Margerildon, Yves Paploray, Gilles Tena, Solenn Texier, Morgane Verviers, Ghislaine Viardot.

Illustration couverture

Aline Boussaroque © AdobeStock Réalisation Yellowstone-design Publicité

Anat Régie • 01 43 12 38 15 Impression Imprimerie IPS

Pour les personnes souhaitant s’abonner, le prix du numéro est de 4,60 €, l’abonnement annuel de 18,40 €.

C.P.P.A.P. 0716 S 06569

Dépôt légal : Juin 2024

UNSA Éducation

87 bis, Avenue Georges Gosnat 94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEX

Tél. : 01 56 20 29 50 national@unsa-education.org

unsa-education.com

Ensemble , pour faire la différence

e slogan de notre congrès de Nantes, tenu fin mars, résonne plus que jamais face aux orientations politiques actuelles et à la gouvernance en place.

Parce qu’ils constituent le socle du pacte républicain, nos métiers, sont au cœur des attentes et du débat public. Mais le temps éducatif, n’est pas le temps politique et encore moins électoraliste. Chaque semaine apporte son lot de nouvelles réformes, annonces, pseudo-négociations mettant encore un peu plus le système éducatif et ses personnels en tension.

Pire encore, cette hyper concentration des attentes sur l’Éducation, contraste avec le discours de dénigrement des fonctionnaires qui laisse entendre qu’il est temps de les remettre au travail.

La période qui s’ouvre nous oblige à une contre-offensive sur le terrain de l’opinion publique. Oui, nos collègues assurent la continuité des services publics gratuits et laïques sur tout le territoire, malgré le manque de reconnaissance. Ils tiennent bon, malgré une politique qui semble vouloir nous ramener à une École d'antan.

Face à cette avalanche de dossiers, notre force réside dans notre capacité à saisir la complexité des sujets grâce à la complémentarité syndicale unique de notre Fédération. Faire la différence, c’est porter la voix d’un syndicalisme réformiste, combatif et crédible, à contre-courant de la surenchère et de l’outrance actuelles.

Malgré le climat de tension, l’exécutif néglige le dialogue social, alors que les attentes de nos collègues pour améliorer leurs conditions de travail sont pressantes. Faire la différence, c’est transformer cette difficulté en opportunité. Proposons-leur de nous rejoindre !

C’est cela, le syndicalisme UNSA : se sentir moins isolé·es et plus fort·es ensemble ! Merci pour votre engagement.

Morgane Verviers

Secrétaire générale de l’UNSA Éducation

@MorganeVerviers

3 Internationale de l’Éducation - n° 179 - Juin 2024
Retrouvez les éditoriaux de Morgane Verviers sur unsa-education.com

6-7 • Les b rèves d’ a ctu

10-13 • Congrès de Nantes : Trois jours, trois thèmes : un même projet de rayonnement

14 • S TOP au fonctionnaire bashing : l’U NSA É ducation défend la fonction publique !

15 • Un projet de loi pour l’efficience de la Fonction publique

19 • En action contre le plan « Choc des savoirs »

22-23 • Le retour de la guerre scolaire : épouvantail de la droite et de l'extrême droite

24 • Éducation, Enseignement supérieur et Recherche : quels enjeux pour les élections européennes ?

28 • Des vacataires en galère dans l’Enseignement supérieur

Succès de la participation au Baromètre UNSA Éducation 2024 de nos métiers !

La 12e édition du BAROMÈTRE UNSA Éducation vient de se dérouler du 5 mai au 5 juin 2024. C’est la plus importante enquête indépendante menée auprès d'agent·es des services publics, et plus précisément de tous les personnels de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la recherche, du champ Jeunesse et Sports ainsi que de la Culture et de l'Enseignement agricole

Plusieurs dizaines de milliers de répondant·es ont donc partagé leur état d'esprit du moment au travers des 15 questions annuelles et récurrentes et se sont vivement exprimées cette année via 12 autres interrogations sur leur relation au travail : attentes, priorités, risques ressentis, difficultés financière s

Au-delà d'être particulièrement représentatifs, gageons que les résultats de cette enquête devenue référence soient riches d'apprentissage et de l'expression fidèle des collègues. Rendez-vous à la Rentrée 2024 !

4 - n° 179 - Juin 2024
1 7 9

Prospective

L’ADEME propose un exercice de prospective reposant sur quatre ans de travaux d’élaboration.

L’objectif de cet exercice de scénarisation est de contribuer à rassembler des éléments de connaissances techniques, économiques et sociales.

Cette prospective s’articule en quatre chemins « types », cohérents et contrastés, pour conduire la France vers la neutralité carbone en 2050.

À découvrir, en version écrite, ou théâtralisée en podcast :

> www.ademe.fr/les-futurs-en-transition/

Un éditeur à découvrir

Le

Actuellement, 10% des jeunes entre 16 et 25 ans effectuent un service civique.

Avec de fortes variations départementales : 36 % des jeunes guadeloupéens réalisent un service civique dans l’hexagone, seuls 3 % des jeunes de Haute-Savoie s’y engagent. Ces variations sont liées au taux de chômage de cette tranche d’âge.

> https://injep.fr

Colos

Chaque année, 4,6 millions d’enfants ne partent pas en vacances et 2 millions d’entre eux ne quittent pas leur domicile, même une nuit. L’école est un droit, les vacances aussi.

Pour tous les enfants nés en 2013, une nouvelle aide financière de la part de l’État est effective pour aider au départ en colos, au cours de l’année 2024. C’est le PASS COLO.

Pour vérifier l’éligibilité au dispositif, Jeunesse au Plein Air (JPA) a créé un portail : Présent au Congrès de l’UNSA Éducation, Short éditeur promeut la littérature courte, partout, tout le temps.

Grâce à des distributeurs d’histoires courtes et avec des partenaires, en combinant lecture gratuite pour le lecteur final et droits d’auteurs pour les créateurs. Ainsi le Cub’edito a l’avantage de pouvoir voyager d’un lieu à un autre, ou d’une classe à une autre, de faire écrire, lire et diffuser.

> https://short-edition.com/fr/le-cub-edito

> https://jpa.asso.fr/passcolo/

6 - n° 179 - Juin 2024
service civique

Olympique

Une exposition pour retracer 130 ans d’évolutions géopolitiques, politiques, sociales et culturelles depuis la création des Jeux Olympiques modernes à travers les exploits des plus grands champions et championnes olympiques. Avec près de 600 œuvres, documents, films d’archives et photographies, au musée de la Porte dorée à Paris, une manière historique d’appréhender l’événement jeux olympiques et paralympiques.

>nos-futurs-la-parhttps://podcasts.lemonde.fr/ ole-la-releve

Le PODCAST

Guide pour nos filles

À mettre entre toutes les mains sans distinction d’âge ou de genre, ce livre répond à une question qui peut sembler simple au premier abord : « Qu’est-ce que ça implique d’être une femme en 2024 ? »

On peut y répondre de nombreux points de vue. Marie Dubois a enquêté et les décrypte avec humour et en images, en explorant les thématiques liées au corps, à l'orientation sexuelle, au harcèlement ou encore au sexisme de la société.

Depuis trois éditions, le festival « Nos Futurs, la parole , organisé à Rennes, interroge la jeunesse sur ses préoccupations, ses engagements, ses espoirs, ses envies de changement.

Après le festival, on peut écouter les conférences en podcast, produit par le journal

Le Monde. Le vote est-il has been ? Face à l’urgence climatique faut-il en finir avec le capitalisme ? Emploi : comment trouver sa place, entre convictions et réalités ?

> https://podcasts.lemonde.fr/nos-futurs-la-parolela-releve

7 - n° 179 - Juin 2024

Le syndicat SN2D

Le SN2D UNSA Éducation est le seul syndicat des Directeurs Délégués aux Formations professionnelles et Technologiques (DDFPT).

En 1975 les Professeurs Techniques Chefs de Travaux (PTCT) ont fondé le SNPTCT et ont ainsi pu rassembler tous les Chefs de Travaux. Devenu SN2D, affilié à l’UNSA Éducation depuis 2016, le SN2D représente 650 DDFPT adhérents, répartis sur l’ensemble du territoire. Au SN2D, un renouvellement d’équipe se prépare pour cette fin d’année scolaire. Après 6 années à la tête du syndicat, Dominique Pouchain s’apprête à passer le relai à une nouvelle équipe lors du congrès du syndicat qui se tient début juin.

Des actions toujours en accord avec les valeurs du syndicat !

Intervention de Magali Filly SN2D au Conseil national de l’UNSA Éducation le 13 septembre 2023

Les valeurs du SN2D (Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité) sont toujours là, en filigrane de toutes les actions afin de défendre sans relâche les intérêts matériels et moraux des DDFPT.

Valoriser le positionnement des DDFPT et les représenter dans les instances institutionnelles et auprès des instances associatives sont les objectifs stratégiques du syndicat. Défendre les DDFPT c’est, pour le SN2D, veiller à la qualité de l’enseignement professionnel et technologique, qualité que le SN2D impulse avec conviction et sans rien concéder aux sirènes des néo-pédagogismes réducteurs de moyens financiers.

Avec sa participation aux groupes de travaux ministériels (GT3 et GT4), le SN2D a contribué à la mise en œuvre de la transformation de la voie professionnelle (TVP) qui a permis de lever des freins à l’insertion professionnelle et à la poursuite d’études réussies.

Le développement de l’apprentissage dans les EPLE, l’accompagnement pédagogique des PFMP et la mise en place des Bureau des E ntr eprises nécessi tent la pl us grande vigilance du SN2D pour ajuster ces réformes dans le plus grand respect des missions des DDFPT.

Dominique Pouchain

Secrétaire général du SN2D UNSA Éducation sn2d@unsa-education.org

Notre objectif est de faire en sorte que notre métier soit enfin reconnu. Cela ne passera que par une revalorisation financière assurant une véritable reconnaissance de notre Métier.

8 - n° 179 - Juin 2024

DYNAMIQUES DE TERRITOIRES

L’UNSA É ducation en Ile-de-France : de l’ambition pour la 1ère région de France

Avec ses 218 000 personnels sur les 3 académies franciliennes, et donc un potentiel vertigineux de voix aux élections professionnelles, on a tout à gagner à avoir de l’ambition pour la 1ère région !

Les défis à relever sont nombreux dans la région. Surreprésentée en personnels dans tous les champs de notre fédération : l’Éducation nationale, le Supérieur, Jeunesse et Sports, la Culture …, il faut trouver du temps pour travailler avec tout le monde, c’est un des nombreux défis à relever pour la Secrétaire Régionale et les Secrétaires Académiques Adjoints. Mais il faut aussi relever le défi de la diversité, du pouvoir d’achat, du logement, de l’accueil des JO… C’est pourquoi nous avons des priorités : faire fédération, nous rendre visibles, utiliser la force des uns pour le développement de tous en ciblant nos visites fédérales (car im- possible pour la seule section Île-de-France de visiter les quelque 8 000 établissements scolaires et universitaires de la région !)

Pour cela, nous mettons en place des actions : des journées spéciales pour les Contractuels, des stages pour les personnels, pour nos militants : formation aux élus en F3SCT, formation action sociale, formation aux visites fédérales… Notre infatigable section est aussi sur tous les fronts : audiences, GT, intersyndicales, instances, mais aussi manifestations qui sont souvent sur Paris.

Pages UNSA Éducation coordonnées par :

Julien Danglard

julien.danglard @unsa-education.org

Gilles Téna gilles.tena @unsa-education.org

On ne manque pas d’idées et d’énergie pour organiser des événements, mais on ne les met parfois pas assez en valeur.

Aussi, avons-nous décidé de nous doter d’axes de développement clairs : mettre en valeur notre expertise et notre accompagnement par une communication plus « musclée », via nos lettres en ligne, les réseaux sociaux…

Développer des pôles bien identifiés : l’action sociale est un levier important, et en cela le stage proposé par le siège national est une vraie aide. Un pôle communication et un autre développement complètent nos priorités.

Anne-Sophie Laclautre

Secrétaire régionale

UNSA É ducation Île-de-France

ile-de-france@unsa-education.org

À propos d’Anne-Sophie Laclautre

Je suis Secrétaire Académique Adjointe de Paris depuis

3 ans et nouvellement Secrétaire Régionale de la région

Ile de France depuis février 2024 ! C’est tout récent.

Je suis très fière de notre équipe régionale qui reflète la diversité des personnes et des profils de notre région et de notre fédération. Chez nous, les clichés n’ont pas leur place, on vient comme on est avec sa motivation afin d’œuvrer pour le collectif.

- n° 179 - Juin 2024

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Congrès de Nantes : Trois jours, trois thèmes, un même projet de rayonnement

Un Congrès national de l’UNSA Éducation est un temps statutaire, mais il est aussi un moment fort d’échanges, de débats, de constructions de positionnement fédéral. Pour celui de Nantes, Morgane Verviers, la nouvelle secrétaire générale, a souhaité qu’il soit à la fois une tribune et un tremplin. Tribune pour faire entendre la voix de nos analyses, de nos r evendications, de nos propositions. Tremplin pour nous projeter plus loin, dans la prospective d’une société en mutation et dans laquelle nous voulons développer le pouvoir d’agir.

JOUR 1

Reconnaître l’importance de nos métiers et des missions de service public

Il est de bon ton de critiquer les fonctionnaires et les agent·es public· que s … sauf quand on en a besoin, comme ce fut le cas durant la pandémie de Covid-19.

Devant les difficultés, on est content de pouvoir s’appuyer sur des infirmier·es, des policier·es, des enseignant·es , … au service du bien commun et de l’intérêt général. Les professionnels de l’ É ducation, de la recherche, de la culture, de la jeunesse, du sport contribuent à construire demain. Mais elles et ils ne peuvent le faire pleinement que si leur mission est reconnue, leur professionnalité valorisée, leur engagement encouragé. C’est ce qu’ont mis en évidence Michel Ménard, président du Conseil départemental de Loire-Atlantique en insistant sur la place essentielle de l’ É ducation et le rôle des agent·es public· ques dans la politique de son département, Hindati Simpara, secrétaire générale de l’association La Cordée dans son ambition de développer partout des services publics modernes à l’image de la diversité de la société et Morgane Richard, responsable du réseau Éducation Solidarité, à partir du baromètre international du bien-être des personnels d’ É ducation.

10 - n° 179 - Juin 2024

JOUR 2

Appréhender notre monde en mutation

Transitions écologique, numérique, démocratique , … notre monde est en mutation. Construire dans ce contexte une société plus juste, plus solidaire, plus en harmonie avec le vivant, plus humaniste est un défi. Pour le relever, il est tout d’abord indispensable d’identifier les changements en cours, d’en appréhender les ressorts, de comprendre les enjeux des transformations indispensables à mener. L’engagement fédéral de l’UNSA Éducation postule du lien qui lie politique éducative et projet de société. L’action d’éducation participe à la transformation de notre monde et les évolutions de celui-ci appellent un renouveau des contenus et des méthodes des apprentissages. Johanna Roland, maire de Nantes, à partir de son analyse et du développement de sa politique écologique et participative, Jérémie Peltier, en s’appuyant sur les travaux d’observatoires de la Fondation Jean Jaurès dont il est le co-directeur général et Fanny Arav dans son rôle de membre de la délégation de l’UNSA au Conseil économique, social et environnemental, ont partagé leur regard sur ces défis et leurs enjeux. Des ateliers ont permis ensuite de s’approprier ces réflexions et de proposer des pistes d’actions en tant que citoyen·nes, professionnel·les et syndicalistes

JOUR 3

Développer le pouvoir d’agir Trop souvent, on se sent impuissant.es. La méfiance visà-vis des politiques et des institutions augmente. La démocratie représentative semble avoir atteint ses limites. Le recours à l’extrême droite dit le malaise, le mal-être de ne

pas être écouté·es, entendu·es, pris·es en compte. La déception de ne pas avoir sa place dans la construction de l’avenir. Le renouveau démocratique passe par une meilleure implication des citoyen.nes, par le fait de leur permettre de s’exprimer, de prendre en compte leurs avis, leurs propositions. Dès les lieux d’apprentissage, il s’agit de favoriser cette prise d’initiative, de responsabilité. Elle doit être également un levier pour le développement de notre action syndicale. Au travers de leurs expériences dans leurs pays respectifs, Eric Gingras, président de la centrale des syndicats du Québec, Jelmer Evers, vice-président de l’AOB, syndicat des enseignants néerlandais et Jennifer Moses, responsable égalité et formation du syndicat des enseignants britanniques NASUWT sont venus nous montrer que des pistes d’action, des démarches novatrices sont possibles et qu’elles doivent être pour nous inspirantes.

Accompagner des professionnel·les pour qu’ils et elles soient reconnu·es et valorisé·es, en capacité d’analyser les enjeux de notre société en mutation et d’en relever les défis grâce à leur pouvoir d’agir, telle est l’ambition de l’UNSA Éducation au sortir de son congrès national de Nantes, telle est sa feuille de route pour les quatre années du mandat qui débute, tel est l’engagement de sa nouvelle équipe nationale et de ses 23 syndicats : car nous ne laisserons pas l’avenir s’écrire sans nous !

11 - n° 179 - Juin 2024

Un intense travail interne

Le congrès est l’émanation la plus importante de la Fédération.

Réuni du 26 au 28 mars 2024 à Nantes, il nous a permis de finaliser un intense travail interne de réflexion sur notre activité durant les années COVID et suivantes.

475 délégués des syndicats et des sections régionales ont réexaminé et complété notre socle revendicatif pour que notre projet nous permette d’aborder les années prochaines.

Le rapport d’activité national

À Nantes, le rapport d’activité national et son complément présentés par Frédéric Marchand, secrétaire général, faisaient le point sur l’activité des années 2021, 2022, 2023, 2024.

Ils ont donné lieu à 25 interventions en congrès des secrétaires généraux·ales des sections et syndicats.

Vote du congrès de Nantes sur le rapport d’activité national :

1,5 8 % CONTRE

93,0 5 % POUR 5, 4 %

MANDATS NON EXPRIMÉS

12 - n° 179 - Juin 2024

La résolution générale

Notre résolution, c’est le projet syndical de la fédération. Sections régionales et syndicats avaient proposé 1183 amendements au texte proposé par le bureau national de la fédération en décembre 2023.

Ils ont été étudiés par les congressistes et par la commission des résolutions. Après étude en séance plénière des amendements les plus importants, le congrès s’est exprimé sur la résolution.

Vote du congrès de Nantes sur la résolution générale :

1,2 5 % MANDATS NON

96,4 2 % POUR 2,3 3 % CONTRE

> Retrouvez la résolution générale adoptée par le congrès

Le nouveau secrétariat national

Pendant le congrès, le conseil national fédéral a élu Morgane Verviers secrétaire général e de la Fédération à l’unanimité des suffrages exprimés .

Le nouveau secrétariat national est composé de 7 personnes :

EXPRIMÉS
13 - n° 179 - Juin 2024 Gilles
Téna gilles.tena @unsa-education.org

Un projet de loi « pour l’efficacité

CLa première loi dite de transformation de la fonction publique en 2019 x était censée résoudre la perte d’attractivité de la Fonction publique.

En effet, le taux de sélectivité des concours externes de l’É tat, divisé par 2,2 entre 2007 et 2021, et par 1,8 pour les troisièmes concours, est un constat récurrent. Le projet de loi « pour l’efficacité de la fonction publique » doit à nouveau atteindre cet objectif.

ependant, l’UNSA Éducation dénonce la forme, la méthode et le calendrier.

La forme

L’opprobre médiatique sur nos fonctions au service de l’intérêt général est regrettable. L’opinion publique est haranguée par des annonces provocatrices pour justifier l’arrivée de ce projet et sa nécessité . De telles pratiques sont délétères pour la Fonction publique. La manipulation de la perception collective démontre la perversité de l’action et le détricotage qui est en train de s’opérer.

L’ UNSA É ducation n’est pas dupe !

Les annonces notamment relatives au licenciement du fonctionnaire laissant imaginer que ce dernier est nommé à vie même s’il ne remplit ses obligations est dénué de vérité .

L’U NSA É ducation rappelle son attachement à la valeur professionnelle, évaluable, observable et objective. D’autant que l’UNSA Éducation n’est pas la seule à dénoncer que la notion de mérite couplée à la contractualisation de la fonction publique, « risque d’accroitre la politisation des fonctions » alors que le concours « s’impose notamment contre l’arbitraire de la politique et comme symbole de la neutralité de l’administration » . (1) (4) (3) (2)

La notion de mérite également annoncée dans le cadre des promotions est dangereuse pour l’ UNSA É ducation. Cette notion, trop floue, ouvre le risque de clientélisme et de vassalité intolérable dans nos missions dédiées à l’intérêt général.

14 - n° 179 - Juin 2024

de la fonction publique »

La méthode

L e projet de loi part d’un constat articulé autour de 3 axes de départ (Entrer et bouger plus facilement dans la fonction publique ; Récompenser l’engagement pour l’amélioration du service public ; Mieux valoriser l’acquisition des compétences et la formation continue). Ces trois axes sont ensuite détaillés en 6 questions. Cette méthode enferme les intervenants et les contraint.

La question de l’entrée dans la Fonction publique en est un exemple flagrant. La question n’est abordée qu’au travers des modalités de recrutement anecdotiques : la transition du contrat d’apprentissage vers un emploi pérenne, la pérennisation du dispositif des concours talents, le maintien de la différenciation des recours sur titres dans les 3 versants de la fonction publique. Certes, ces questions ne sont pas sans intérêt, en revanche la question centrale de la nécessité d’une rénovation des concours n’est jamais abordée. Par ailleurs, pourtant le concours a toujours été estimé comme «une voie de progrès où les nations se dirigent vers un recrutement des fonctionnaires basé non plus sur l’intrigue, la faveur et l’arbitraire mais sur le mérite des postulants » .

Projet de Loi

C’est NON !

L’UNSA Éducation rappelle les attentes et les priorités de nos collègues : amélioration du déroulement de carrière, du pouvoir d’achat (notamment en dégelant la valeur du point d’indice) et des conditions de travail.

Résoudre le problème de l’attractivité en éludant ces questions nous apparait impossible.

Le calendrier

U n calendrier, des plus contraint, avec trois mois de concertation où tout semble déjà calé et sans possibilité de modifier quoi que ce soit !

Vous l’aurez compris, dans ce contexte, nous ne pouvons que nous opposer aujourd’hui à ce projet de loi non efficient pour la Fonction publique et ses agent·es.

(1) Projet de loi mais pour quoi faire ? UNSA Fonction publique.

(5) (2) Le parisien « Stanislas Guerini s’attaque au tabou du licenciement des fonctionnaires », Pauline Théveniaud le 9 avril 2024.

(3) www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F514#0_0 (4-5) Le fonctionnaire contractuel, pyrite des temps modernes, Diegho Teles da Silva, AJFP, avril 2024, p 488.

@v_de_aguiar

Véronique De Aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org

Géraldine Alberti-Baudart

@Albertigeg57482

Géraldine.alberti-baudart @unsa-education.org

15 - n° 179 - Juin 2024

STOP au fonctionnaire bashing : l’ UNSA É ducation défend la fonction publique !

Les récentes mesures d’économies annoncées par le gouvernement, de 10 milliards de crédits pour 2024, constituent une attaque directe contre la fonction publique et ses agents, déjà confrontés à un tassement de leurs salaires et à une détérioration de leurs conditions de travail.

Le service public est un bien commun précieux qu'il est indispensable de préserver et de renforcer dans un modèle de société solidaire et démocratique.

Après les nouvelles mesures d’austérité, c’est une nouvelle fois la Fonction publique qui se retrouve dans le viseur des autorités, suscitant une vague d’indignation et de préoccupations quant à l’avenir des services essentiels à la nation.

Derrière le masque de la rationalisation, se dessine une manœuvre insidieuse qui risque de saper un peu plus les fondements de nos services publics, ces mêmes services qui tissent le tissu de notre cohésion nationale.

Les services publics sont bien plus qu’une ligne budgétaire ; ils sont le garant de nos droits les plus fondamentaux. Dans chaque hôpital, chaque école, chaque commissariat, c’est l’égalité d’accès aux services essentiels qui est préservée. Ils sont le reflet de notre attachement aux valeurs de solidarité et d’équité. Ils sont le socle sur lequel repose notre cohésion sociale.

Particulièrement concernés par ces mesures d’économie, l’ É ducation nationale, l’enseignement supérieur, jeunesse et sport ainsi que l’enseignement agricole voient un peu plus leur avenir s’assombrir.

Dans ce contexte, l'UNSA Éducation a lancé le 12e Baromètre, première enquête sectorielle inter-métiers indépendante. Cet outil a pour objectif de recueillir les perceptions et l’état d’esprit des agents du service public éducatif afin de mieux comprendre les problématiques auxquelles ils sont confrontés au quotidien.

Les données récoltées, particulièrement représentatives, permettent à l'UNSA Éducation d'agir plus efficacement pour défendre les intérêts des agents et contribuer à un service public plus qualitatif et donc attractif.

L’ UNSA Éducation insiste sur l’urgence de négocier et de réaffirmer l’attachement à la Fonction publique en lui octroyant les moyens nécessaires pour accomplir ses missions essentielles.

Participez au baromètre social de l’UNSA Éducation, pour défendre les conditions de travail des acteurs du service public au service de tous.

Sébastien Biot sebastien.biot @unsa-education.org Guislaine Viardot guislaine.viardot @unsa-education.org

16 - n° 179 - Juin 2024

Réhumaniser le service public grâce à l’IA et au numérique : tout un programme …

C’est à l’occasion du dernier comité interministériel de la transformation publique que le gouvernement a dévoilé ses priorités et dix-huit engagements déclinés en mesures pour « débureaucratiser » nos services publics.

Analyse de la feuille de route gouvernementale pour des services publics plus proches, plus simples et plus humains.

Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement compte notamment s’appuyer sur l’intelligence artificielle (IA) générative pour répondre plus rapidement aux usagers ; par exemple en pré-rédigeant des réponses.

Dans le même esprit, les personnels seront dotés progressivement d’une IA générative intégrée à leur messagerie pour faciliter et accélérer leurs tâches du quotidien.

La question de la formation

La mise en place de ces mesures s’accompagne d’un engagement à former les agents au numérique tout au long de leur carrière.

Difficile à croire lorsqu’on connaît les difficultés et les souffrances auxquelles les personnels de nos ministères ont été et continuent d’être confrontés avec la mise en place d’outils inadaptés tels RenoiRH ou encore Op@le pour ne citer qu’eux ; ou encore le manque d’accès réel à la formation des personnels enseignants et éducatifs.

Avant la formation aux outils, il faut d’abord se poser la question de leur pertinence et de leur adaptation pour l’accomplissement de nos missions aux services des publics que nous accueillons.

Améliorer les conditions de travail, redonner du temps et faire confiance aux agent·es

Qui pourrait s’opposer à de telles intentions ? Certainement pas l’UNSA Éducation. Par contre, c’est sur la route à suivre que nous divergeons.

Si le gouvernement met en avant des expériences encourageantes en termes d’amélioration, il n’est jamais question des moyens humains.

Or, on ne peut rester silencieux sur le prix payé par les personnels depuis plusieurs années.

La pénurie de moyens humains due aux gels et suppressions de postes successifs et l’absence de reconnaissance de nos métiers ont considérablement alourdi la charge de travail des personnels.

Réhumaniser ? Oui, avec des personnels reconnus et en nombre suffisant.

Emmanuel Margerildon EMargerildon emmanuel.margerildon @unsa-education.org

17 - n° 179 - Juin 2024

Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, mesures exceptionnelles pour nos collègues

Les jeux de la XXIIIe olympiade se dérouleront du 26 juillet au 11 août 2024 et les XVIIe jeux paralympiques d’été, du 28 août 2024 au 8 septembre 2024. De Paris, depuis le congrès fondateur du Comité International Olympique (CIO) à la Sorbonne en 1894 grâce au projet de rénovation des jeux de Pierre de Coubertin, à Paris 130 ans plus tard, les jeux sont un moment historique qui entraine des mesures exceptionnelles pour les collègues de nos ministères en charge de les organiser.

Les actions mises en place

CESU (chèque emploi-service universel) interministériel

garde d'enfants 0-12 ans sera mis en place pour les agents mobilisés avec des procédures simplifiées.

CET (compte épargne temps) : augmentation de 10 jours du plafond et doublement du nombre de jours en 2024.

Report possible de 10 jours de congés

Des modifications temporaires des cycles et horaires de travail. En Île-de-France les agents seront invités à limiter les déplacements en véhicule entre le 1er juillet et le 9 septembre 2024

Possibilité de télétravailler plus de 3 jours par semaine.

Augmentation du plafond de l'indemnisation de 10 jours.

Accès facilité aux crèches.

Les missions supplémentaires

Accueil des délégations.

Permanence et astreinte sur les sujets sécurité

Volet informatique cybersécurité

Vigilance et attention particulière sur la laïcité.

Présence du ministère au club France avec un stand coanimé par la direction des sports.

Vitrine des politiques publiques menées.

Fonctions supports mises en œuvre pour fonctionner.

Mise en place de numéros d’urgence.

Les primes

3 montants retenus pour accroissement temporaire d’activité à certaines dates :

500 € pour une contrainte ponctuelle.

1 000 € pour une contrainte soutenue.

1 500 € pour une mobilisation particulièrement élevée.

Un·e agent·e qui n’aurait pas de prime ne peut pas avoir de contrainte particulière concernant ses congés annuels. Les agent·es doivent avoir été informé·es de leur mobilisation avant le 31 mars 2024. Toutes ces mesures doivent être discutées dans les instances de dialogue social locales, dans les CSA spéciaux des établissements et les CSA spéciaux des services académiques.

L'UNSA Éducation demande de la clarté dans l'attribution des primes et la reconnaissance de tous les agents engagés, en amont, pendant et après les JOP.

Yves Paploray yves.paploray @unsa-education.org

@YvesPaploray

18 - n° 179 - Juin 2024

En action contre le plan « Choc des savoirs »

L’UNSA Éducation est opposée au plan « Choc des savoirs » et à toutes les mesures qu’il contient : elle l’a clairement exprimé et continue de le faire. La poursuite de l’action coordonnée fédérale permet d’avancer sur 2 aspects : dénoncer et s’opposer à l’École à deux vitesses sous-tendue par ce plan, ainsi que poser les jalons pour limiter les effets négatifs malgré le cadr e réglementaire de la rentrée.

Notre action prioritaire est d’empêcher les classes de niveaux en 6è et 5è, mais déjà d’autres mesures nécessitent que la fédération et ses syndicats en première ligne trouvent des moyens d’agir pour continuer de marteler leur opposition à ce plan. Recours au Conseil d’État

Alors que les équipes pédagogiques se préparent pour la prochaine rentrée scolaire de septembre 2024, les risques de séparatisme social entre les jeunes, et de désorganisation générale pour les personnels, sont évidents. Confrontée à cette urgence, l’UNSA Éducation a décidé de saisir le Conseil d’État afin de faire respecter, conformément au Code de l’Éducation, l’autonomie éducative et pédagogique des collèges et de leur conseil d’administration. Ces nouvelles dispositions contraignent, de manière systématique et sur tout le territoire national, à instituer des groupes de besoins dans toutes les classes, pour l’enseignement du français et des mathématiques. L’objectif est donc d’obtenir dans un premier temps à très brève échéance la suspension en référé de cette mesure illégale, puis son annulation dans quelques mois au terme d’une instruction plus approfondie par le Conseil d’État.

Après avoir obtenu le retrait du terme « niveaux » des textes réglementaires socles, nos syndicats d’enseignants, des personnels de direction, et d’inspection du 1er et du 2nd degré poursuivent leur mobilisation conjointe pour dénoncer d’une part le parti pris idéologique du plan « Choc des savoirs » et les risques qu’il comporte, et d’autre part pour proposer aux personnels une alternative à l’organisation de la rentrée 2024 alors que les moyens financiers et humains nécessaires ne sont pas réunis.

Ce plan idéologique, conservateur et démagogique, est contesté de toutes parts, et sous toutes formes. L’action en justice en est une, la manifestation une autre, dans tous les territoires, poursuivons nos actions pour en finir avec cette vision passéiste de l’Éducation.

Béatrice Laurent

@Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

19 - n° 179 - Juin 2024

Pour un Service national universel vraiment citoyen et émancipateur

La question du SNU a été un temps fort du débat sur la résolution générale lors du Congrès de Nantes 2024. Son déploiement expérimental s’avère être de très loin non conforme à nos attentes et nos valeurs. D’où notre opposition et notre revendication de vrais parcours citoyens en direction de tous les jeunes de la Nation.

Le SNU est un dispositif d’engagement qui s’adresse aux jeunes de 15 à 17 ans et qui se déroule en 2 phases obligatoires et 1 facultative [voir encadré ] .

Nous y avons d’abord vu l’opportunité d’offrir à des jeunes de toutes origines la possibilité de leur faire vivre une expérience démocratique et émancipatrice. Mais la mise en place de l’expérimentation a révélé plusieurs accrocs et dérives : missions dénaturées, ordres et contre ordres, mauvaise circulation de l’information, injonction à la réussite, objectifs chiffrés dans des délais intenables, fortes attentes hiérarchiques, etc.

En outre, organisé par les services de l’État, il n’est pas traité comme les autres accueils de mineurs, ce qui a occasionné bien d’autres dérives telles que homophobie, harcèlements, punitions abusives, agressions sexuelles etc. Sans oublier le caractère discriminatoire du critère lié à la nationalité puisque le SNU est réservé aux jeunes de nationalité française sauf s’ils intègrent une classe labellisée.

Le SNU c’est :

12 jours en séjour de cohésion : en internat dans un autre département.

12 jours de service à la Nation : bénévolat auprès d’un corps en uniforme, d’un service public ou d’une association.

3 mois à 1 an d’engagement volontaire entre 16 et 25 ans sur des dispositifs existants allant du service civique au service militaire. À la rentrée 2023, s’y est rajoutée une labellisation classe et lycée engagés. Ces classes et établissements font du SNU un pilier de leur projet pédagogique et ont des possibilités de dotation financière dédiées.

Cette ambition éducative qu’affichait le SNU pose aussi clairement question au regard de ses nombreuses références militaires. Il d’abord a été pensé par un général de corps d’armée ; les rôles au sein des centres SNU sont séparés, avec les tuteurs chargés de la vie quotidienne d’un côté, les capitaines de compagnie pour encadrer les groupes de l’autre. Et le directeur de centre a un adjoint éducatif distinct de son adjoint d’encadremen t … Tout cela relève d’une approche particulière de l’Éducation.

Enfin, on nous parle aujourd’hui d’une généralisation annoncée pour 2026 avec un flou sur les mesures d’incitation ou de sanction. Or pour nous, l’engagement est celui qui se fait au service de l’intérêt général. Il est nécessairement volontaire et nous ne pouvons pas accepter que celles et ceux qui ne voudraient pas s’engager dans le modèle imposé par l’État soient sanctionnés.

Aussi, l’UNSA Éducation s’oppose au service national universel (SNU) car l’engagement qu’il prétend développer comme culture chez les jeunes est antinomique avec les valeurs que défend l’UNSA Éducation.

Notre fédération reste ouverte à la co-construction de parcours citoyens qui s’adresseraient à l’ensemble des jeunesses.

De même, l’UNSA Éducation et ses syndicats - et plus particulièrement ceux du champ jeunesse et sports - ne fermeront pas les yeux sur les souffrances de celles et ceux qui sont chargés de porter le SNU dans sa forme actuelle et continueront de les défendre avec la même fermeté.

A&I : Syndicat de l’administration et de l’intendance.

SEJS : Syndicat de l’encadrement de la jeunesse et des sports).

SEP : Syndicat de l’Éducation populaire.

SNAPS : Syndicat national des activités physiques et sportives.

Gilles Leluc @Gileduc69 gilles.leluc @unsa-education.org

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20 - n° 179 - Juin 2024

É duquer à la vie affective et relationnelle, puis éduquer à la sexualité

Définie par le code de l’ É ducation et encadrée par circulaire, l’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, se déploie de manière progressive de l’école maternelle jusqu’aux classes du lycée.

Un programme va désormais la guider, afin de permettre davantage sa généralisation.

Le sujet est délicat, il associe trois champs principaux de connaissance et de pensée : le champ biologique, le champ psycho-émotionnel, le champ juridique et social. C’est une éducation qui est contestée, vilipendée par des adultes organisés en associations, en groupes de pressions, en partis politiques d’extrême droite. En cela, elle nécessite plus que toute autre une solide formation et protection des professionnels qui peuvent la conduire.

« Elle se déploie avec la neutralité et la distance exigées par le principe de laïcité, et actualise dans ses objectifs et dans les activités proposées aux élèves les principes fondateurs de la République et de son École : le respect des élèves, de leur intimité corporelle et psychique, de leur rythme de croissance et de développement, de leurs différences et de leurs singularités ; l’égalité de considération et de dignité ; la vigilance par rapport à toutes les discriminations de sexe, de genre, d’orientation sexuelle. L’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité contribue notamment à la prévention des violences sexistes ou sexuelles. Elle sensibilise les élèves aux formes de harcèlement ou d’emprise pouvant leur être associées. »

Le programme proposé, à dérouler de la maternelle au lycée, s’ordonne selon trois questions :

Comment vivre et grandir, sereinement, avec son corps ?

Comment construire avec les autres des relations respectueuses et s’y épanouir ?

Comment trouver sa place dans la société, y devenir une personne libre et responsable ?

C’est une éducation qui exige le travail en inter-métiers

Si un programme en rend les enseignantes et enseignants responsables, il est indispensable qu’y soient associés les professionnels de santé scolaire et assistants de service social, les conseillers principaux d’éducation, les psychologues de l’Éducation nationale, car ils et elles y ont aussi toute leur place, avec des missions complémentaires. Déjà à l’œuvre dans de nombreux lieux d’éducation, les partenaires extérieurs et associations spécialisées dont les compétences sont dûment reconnues et agréées en prennent une part également. Avec les équipes de direction, c’est un travail collégial qui doit se construire ou se poursuivre pour que les trois séances par an, préconisées par circulaire, soient effectives.

Béatrice Laurent @Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

21 - n° 179 - Juin 2024

Le retour de la guerre scolaire : épouvantail de la droite et de l'extrême droite

Malgré les oppositions des députés de la droite la plus réactionnaire et de l'extrême droite, le rapport de la mission parlementaire sur le financement public du secteur éducatif privé vient de paraître. Agitant la menace de réactiver la « guerre scolaire » , cette coalition de plus en plus fréquente sur les questions sociales tente, depuis plusieurs décennies et par tous les moyens, d'évacuer du débat public tout ce qui concerne la remise en question du financement et du fonctionnement du secteur privé éducatif. À chaque critique émise, ce chiffon rouge est désormais agité.

Alors que la gauche est au pouvoir en janvier 1984, le ministre de l'Éducation, Alain Savary porte le projet de réformer le financement de l’école privée.

La « loi Savary » doit donner naissance au Service public unifié et laïc de l’Éducation nationale (SPULEN). Cet axiome, porté par la gauche depuis des années, faisait partie des 110 propositions du candidat François Mitterrand. Pourtant, ce sont des centaines de milliers de personnes qui, au nom de « l’école libre », vont défiler partout en France contre cette réforme. On se remet alors à parler de « guerre scolaire » entre partisans de l’école publique et de l’école privée. Après un printemps de manifestation, François Mitterrand plie et annonce, le 14 juillet, le retrait de la loi Depuis ce temps, les politiques sont frileux pour aborder ce sujet et, peu à peu, une lente dérive a commencé. Un élève sur six est aujourd'hui scolarisé dans le secteur privé. Une famille sur deux y scolarisera un de ses enfants à un moment ou à un autre. Les raisons ne sont plus, et de loin, confessionnelles. Il s'agit bien pour l’essentiel d'éviter le secteur public ou de rester entre soi. Il en résulte un véritable séparatisme scolaire que nous avons déjà largement abordé après la publication des indices de positionnement sociaux (IPS). 40 % des élèves du secteur privé sont issus de milieux très favorisés (co ntre 2 0 % dans le public). À l'inverse, 16 % des élèves du secteur privé sont issus de milieux défavorisés (contre 40 % dans le public)

Pour la première fois depuis longtemps, la « guerre scolaire » réapparaît dans le paysage médiatique en 2022. La volonté de faire participer le secteur privé à davantage de mixité sociale et scolaire aura sans doute contribué à la chute de l'ancien ministre, Pap Ndiaye. L'absence de majorité parlementaire du camp présidentiel et le choix de faire alliance à droite sur d'autres sujets d'actualités, auront eu raison de cette tentative pourtant si timide. Le texte signé entre le secrétaire général de l’enseignement catholique (SGEC) et le ministère de l'Éducation nationale est peu ambitieux et non contraignant, quand il n'apporte pas de nouveaux avantages au privé sous contrat catholique.

Pourtant jamais l'opacité n'aura été aussi grande : que ce soit sur le montant total des dépenses publiques, État et collectivités locales, qui financent à hauteur de 75 % le privé sous contrat ; que ce soit sur la répartition de ces moyens entre s les établisseme nts , laissée, pour l'essentiel, à la main du SGEC.

Pourtant jamais le laxisme dans le contrôle n’aura été aussi prononcé : contrat d'association absent dans 21 % des cas selon un rapport de la cour des comptes, inspections trop rares, atteintes à la laïcité sans conséquence, absences de sanction ou de remise en question des contrats d’association même dans les cas les plus graves. On peut noter, à ce propos, le deux poids deux mesures entre les lycées Stanislas et Averroès. Seul le second perd sa contractualisation alors que dans le premier, de nombreux faits ont été signalés : homophobie, contournement de Parcoursup, éducation à la sexualité qui prône la « pudeur pour les filles », etc. Le SGEC, conscient de cette impunité, a d'ailleurs déclaré ne pas vouloir mettre en place certaines mesures du « choc des savoirs », alors que, dans le même temps, le ministère tente de l'imposer aux forceps aux établissements publics.

22 - n° 179 - Juin 2024

Mardi 2 avril dernier, la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale a examiné le rapport « VannierWeissberg » sur le financement public du privé Ce rapport, fruit de 6 mois de travaux et de l’audition d’une soixantaine d’acteurs pointe quatre grands dysfonctionnements : aucune administration publique ne chiffre exactement les dépenses faites par an par l’Etat et les collectivités ; le manque de contrôle est flagrant, un contrôle tous les 1 500 ans, au rythme actuel ; l’opacité du dialogue de gestion avec une association étroite du SGEC se fait en dehors de tout cadre réglementaire ; la ségrégation socio-scolaire est prégnante. Les rapporteurs font 55 préconisations pour contrôler et ré-orienter les financements publics.

Et devinez quoi ? La droite et l’extrême droite ont essayé de s’opposer à sa publication, dénoncent un rapport à charge, niant même les faits et menacent à nouveau d’un retour de la guerre scolaire…

L’Enseignement supérieur privé lucratif épinglé

L’enseignement supérieur privé fait aussi l’objet de graves dérives qui sont dénoncées dans un récent rapport parlementaire.

Ces « écoles » en plein essor, gérées par des sociétés commerciales, et qui bénéficient de la manne des crédits publics pour l’apprentissage, ne font pourtant l’objet d’aucune évaluation scientifique et pédagogique de la part du ministère. Mal, voire peu connues et contrôlées par l’ensemble de la puissance publique, elles nuisent à l’avenir des étudiants et de la Nation.

Élise Capéran elise.caperan @unsa-education.org

ALLER LOIN SUR LE SUJET

Mixité sociale et scolaire : les propositions de l’UNSA Éducation

Les préconisations du rapport Vannier-Weissberg > https://bit.ly/vannier-weissberg > https://bit.ly/ unsa_mixite

Solenn Texier solenn.texier @unsa-education.org

Willie Charbonnier

@CharbonnierWil1

willie.charbonnier @unsa-education.org

- n° 179 - Juin 2024

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Christophe Weissberg (Renaissance), et Paul Vannier (LFI) présentent leur rapport Vannier-Weissberg. POUR

Éducation, Enseignement supérieur et recherche : quels enjeux pour les élections européennes ?

Notre organisation a toujours porté haut et fort son engagement européen.

Dès les années 1920, nous avons travaillé avec des organisations syndicales allemandes, britanniques et néerlandaises pour panser les plaies de la première guerre mondiale et nous sommes membres fondateurs de la plupart des organisations internationales de l’ É ducation.

Cette année, l’UNSA Éducation veut porter concrètement cet engagement européen alors que l’extrêmedroite est en tête des intentions de vote et que la construction européenne est confrontée à de nombreux défis géopolitiques, économiques et humains.

Notre fédération invite ses adhérents à participer aux formations régionales organisées par l’UNSA pour faire connaître les enjeux du dialogue social européen et des politiques sociales européennes. Nous sommes aussi à l’origine de l’écriture d’un texte commun avec d’autres organisations syndicales de l’Éducation issues de plusieurs pays pour dénoncer des politiques d’extrême-droite qui, à l’échelle nationale ou locale, sont un poison pour les politiques éducatives et jeunesse.

Enfin, nous avons voulu impliquer nos militant·es dans la dimension des politiques éducatives et universitaires menées à l’échelle européenne avec un premier format de webinaire thématique que nous voulons rendre récurrent. Nos invités sont des experts du sujet européen : Susan Flocken est directrice du comité syndical européen de l’ É ducation qui regroupe les syndicats de l’ É ducation de chaque pays européen. C’est elle qui mène le dialogue social sectoriel sur des problématiques métiers telles que l’attractivité du métier enseignant.

Éric Charbonnier est l’expert éducation de l’organisation internationale OCDE qui travaille régulièrement sur la comparaison des systèmes éducatifs, notamment européens, et Karine Gente, vice-présidente d’Aix-Marseille Université, pourra décrypter pour nous les relations internationales et scientifiques qui sont liées par les établissements de l’enseignement supérieur.

24 - n° 179 - Juin 2024

Le 10e congrès de l’Internationale de l’ É ducation se réunira cet été

Du 29 juillet au 2 août 2024, l’Internationale de l’Éducation réunit près de 1 000 délégué·es issu·es de ses 383 organisations présentes sur tous les continents à Buenos-Aires en Argentine. La thématique retenue pour ce dixième congrès depuis la création de l’internationale en 1993 est « développer nos syndicats, élever nos professions, défendre la démocratie ».

Durant ce congrès, les délégués se réunissent dans plusieurs types de configuration (espaces linguistiques, régions géographiques, caucus thématiques) et planchent sur des résolutions partagées entre plusieurs syndicats issus de pays différents pour traiter des problématiques communes auxquelles les organisations syndicales font face : pénurie d’enseignants, lutte contre l’extrême droite, inclusion, transition écologique, impact de l’intelligence artificielle, privatisation des systèmes éducatifs, précarité des personnels… Ce sera aussi l’occasion de faire un point d’étape de la campagne mondiale lancée par l’Internationale de l’éducation en janvier dernier, « la force du public, ensemble on fait école » pour revendiquer des investissements publics accrus pour l’École et ses personnels.

L’UNSA Éducation aura l’honneur, avec l’association nationale de l’Éducation des États-Unis (NEA) de soutenir une résolution portée par notre partenaire, la Centrale des Syndicats du Québec, pour revendiquer la revalorisation des personnels de soutien, pierre angulaire des systèmes éducatifs.

Notre fédération sera représentée par une délégation de 5 personnes issues de différents syndicats de notre fédération et menée par la secrétaire générale, Morgane Verviers.

Pages Europe & Monde coordonnées par :

Nicolas Anoto @NJAnoto nicolas.anoto @unsa-education.org

25 - n° 179 - Juin 2024

Europe, remettre le social au cœur

Entre crises multiples et enjeux considérables, l’Europe a besoin d’un nouveau contrat social. Ce contrat doit réunir citoyens et institutions autour d’un projet commun centré sur l’Humain.

C’est dans ce contexte que l’UNSA a rédigé son manifeste pour porter ses exigences prioritaires pour l’Europe, mais aussi nourrir la réflexion et peser dans les débats.

L’UNSA y réaffirme le choix d’une Europe sociale :

qui protège les citoyens et citoyennes contre les dérives anti-démocratiques ; qui lutte contre les inégalités de richesse et de revenus ; qui protège et étend les droits des travailleuses et travailleurs ; qui garantit des transitions justes pour les générations actuelles et futures.

L’UNSA formule 6 voies et 32 propositions pour réinventer un avenir commun et durable et faire de l’Europe un véritable levier de progrès social, écologique et démocratique :

garantir et protéger les emplois et les revenus ; accélérer et défendre des transitions justes ; sécuriser et améliorer les conditions de travail ; réaffirmer et promouvoir la place du dialogue social ; faire de l’investissement social une priorité ; réaffirmer les valeurs démocratiques et de solidarité.

Téléchargez le PDF du « Manifeste pour les élections européennes du 9 juin 2024 »rédigé par l’UNSA : > www.unsa.org/IMG/pdf/manifeste-unsaelections-europeennes_2024_ra3.pdf

26 - n° 179 - Juin 2024

Des vacataires en galère dans l’Enseignement supérieur

Plus personne ne peut nier que l’enseignement supérieur français souffre d'un sous-financement chronique. Cela se manifeste, entre autres, par une pénurie d'enseignants titulaires face à une démographie étudiante qui a fortement augmenté pendant plus d’une dizaine d’années.

Pour compenser, les établissements n’ont souvent d’autres possibilités que celle de recourir aux personnels contractuels et vacataires. Depuis 2016, le nombre de vacataires a ainsi augmenté de 4 4 %, tandis que celui des enseignants titulaires stagne.

Les vacataires dans l'Enseignement supérieur français occupent donc un rôle de plus en plus important. En 2021, c’est plus de 152 000 vacataires qui étaient sollicités contre environ 6 8 000 enseignants titulaires et 2 4 000 contractuels enseignants. Le statut juridique des vacataires est distinct des autres personnels contractuels et leur recrutement est régi par un décret spécifique. Il existe deux catégories de vacataires : les chargés d'enseignement vacataires (CEV) et les agents temporaires vacataires (ATV).

É volution du nombre de personnels enseignants

Évolution du nombre de vacataires comparée à celle des enseignant·es titulaires et contractuel·les dans les établissements d’Enseignement supérieur. [données MESR]

La principale différence entre les deux statuts réside dans la nécessité pour les CEV de justifier d'une activité professionnelle principale tandis que les ATV ne peuvent être que des étudiant·es en doctorat ou des retraité·es. Les CEV représentent la grande majorité des vacataires, avec environ 92 % de l’ensemble, tandis que les ATV étudiants en constituent près de 4,5 %.

Tous les vacataires sont rémunérés à l'heure (à la tâche), ce qui complique voire interdit la mensualisation de leur salaire. Avec un délai de paiement théorique d'au minimum deux mois après la validation des heures travaillées, la mensualisation des vacataires, pourtant imposée par la loi de programmation de la recherche, est dans les faits loin d’être effective. Certains vacataires peuvent percevoir leur rémunération plusieurs mois après avoir effectué leur heures. On rappellera que l’heure de vacation est rémunérée par une indemnité, non soumise à retenue pour pension, de 40,91 €.

La situation des vacataires souligne donc les défis structurels auxquels l'enseignement supérieur est confronté, notamment en termes de financement et de recrutement d'enseignants permanents. Les vacataires ne peuvent plus être la variable d’ajustement du désengagement de l’État.

Jérôme Giordano

@unsa-education.org

28 - n° 179 - Juin 2024
0 2012 2014 2016 2018 2020 Enseignants contractuels Enseignants du 2nd degré Maîtres de conférences Professeurs d’université Vacataires 50 000 100 000 150 000 200 000 250 000
@J_GiordanO jerome.giordano
2021 POUR ALLER LOIN LIRE NOTRE ANALYSE

Deux essais, un roman : pour accompagner notre fabrique à idées

Casser les mythes

Louise Tourret est journaliste éducation et productrice de l’émission « Être et Savoir » diffusée chaque lundi sur France Culture.

Elle livre ici des réflexions sur le monde scolaire qu’elle connaît bien puisqu’elle a rencontré, interviewé depuis une quinzaine d’années ses acteurs et actrices dans toutes leur diversité. C’est un livre engagé, qui signifie clairement que le cap éducatif fixé depuis 2017 est délétère. En appui sur des résultats de recherche en sociologie, en sciences de l’éducation, en neurosciences, et sur l’expertise des praticiens rencontrés, elle démonte une à une ces idées fausses sur le système éducatif. Des plus répandues comme « on apprend mieux dans une bonne classe » aux plus subtiles comme « la compétition fait progresser les élèves » avec son pendant « réussir ça se mérite ». Trente-huit idées fausses sont ainsi passées à la moulinette et nous donne du grain à moudre pour nos combats syndicaux.

Nouvelles générations de militants et militantes

Face à l’injustice sociale, climatique, démocratique, face à la montée des populismes et conservatismes, l’époque crée de nouveaux combats

Partout, les jeunes générations se mobilisent pour changer le monde. Qu’elles en aient le pouvoir, c’est une autre question … car les jeunesses souffrent de déconsidération de la part de leurs ainés. Éternel conflit de générations (« passe ton bac d’abord ! ») alors que les nécessaires solidarités et l’urgence à agir dans un monde incertain devraient leur ouvrir grand les portes.

L’autrice, Mahaut Chaudouët Delmas, a enquêté auprès de jeunes engagés dans des associations ou partis. Elle défend l’urgente nécessité de refonder la légitimité politique sur le vécu, et non sur le nombre des années, et de construire l’avenir avec celles et ceux qui vont le vivre.

Un roman en résonance actuelle

« En 1977, alors que je travaillais à Libération, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait être fermé. Ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Entre ses hauts murs, où avaient d’abord été détenus des Communards, ont été “ rééduqué ” à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes avaient 12 ans. »

L’histoire que nous raconte Sorj Chalandon est dramatique. Bien que située en 1934, elle résonne tellement dans l’actualité d’un plan si rétrograde anti-violence des jeunesses de 2024. Preuve s’il n’en fallait qu’une, que la répression ne fait pas œuvre d’éducation.

Béatrice Laurent @Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

29 - n° 179 - Juin 2024

Centre Henri Aigueperse : du changement dans la continuité

Le Centre Henri Aigueperse, le Centre de recherche, de formation et d’histoire sociale de l’UNSA Éducation évolue : succédant à Denis Adam au poste de délégué général, Benoît Kermoal nous explique le rôle de ce centre et les évolutions à venir.

Pourquoi l’UNSA Éducation est-elle dotée d’un centre de recherche ?

Le Centre Henri Aigueperse a pris officiellement ce nom en juin 1997, succédant ainsi au centre fédéral de la FEN. Il s’inscrit donc dans un héritage et ses domaines d’action sont la formation des militantes et des militants, en lien avec les secteurs de la fédération, mais aussi une activité de recherche sur plusieurs sujets. Pour ce qui concerne les sciences de l’ É ducation et plus largement les sciences sociales, le Centre Henri Aigueperse a un rôle d’« intermédiaire » qui consiste à relayer les avancées de la recherche dans ces champs disciplinaires et à alimenter la réflexion syndicale. Il élabore et mène en outre des recherches, en particulier par l’entremise de l’IRES, sur de nouvelles thématiques qui éclairent notre syndicalisme et les transformations de la société. Enfin, l’histoire est un domaine important, ce qu’illustre le choix de son nom : Henri Aigueperse était instituteur militant du SNI, dont il fut ensuite le secrétaire général après 1945. Résistant, il a participé activement à la création de la MGEN. Il s’est également particulièrement intéressé à notre histoire commune jusqu’à sa mort en 1989. Le centre souhaite poursuivre son œuvre en contribuant à la rédaction de l’histoire de notre syndicalisme dans toute sa pluralité, en lien avec la conservation des archives et l’apport des témoins. C’est ce que plusieurs militants après lui ont pu faire, comme Guy Putfin ou Luc Bentz.

RENDEZ-VOUS SUR LE SITE DU CHA :

https://centrehenriaigueperse.wordpress.com

Quel est ton parcours jusqu’à cette nouvelle responsabilité ?

Je suis professeur d’histoire-géographie en lycée et je poursuis actuellement des recherches en histoire politique et sociale au sein de l’EHESS. Mon engagement syndical m’a conduit à militer à l’UNSA Éducation depuis plusieurs années. Être responsable du centre, c’est poursuivre ces deux activités : mener des recherches selon les règles académiques, tout en étant un militant syndical engagé au quotidien. À ce propos, je serais tenté de reprendre ce que dit Henri Pirenne à Marc Bloch : « Si j’étais un antiquaire, je n’aurais d’yeux que pour les vieilles choses. Mais je suis un historien. C’est pourquoi j’aime la vie. »

Quelles sont les nouvelles priorités du centre Henri Aigueperse ?

Avec l’arrivée de Denis Adam en 2018 à la tête du Centre, un nouveau dynamisme a eu lieu. Mon arrivée s’inscrit dans la continuité de son action, avec une équipe et de nouveaux moyens. Deux priorités vont nous guider : tout d’abord, participer activement à la formation des militants et militants de la fédération et de ses syndicats. Ensuite contribuer par nos travaux à la reconnaissance de la fédération à l’extérieur, en lien avec nos partenaires et la société civile.

Benoit Kermoal @enklask1 benoit.kermoal @unsa-education.org

30 - n° 179 - Juin 2024

Assurance scolaire

De la maternelle aux études supérieures

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Connaissez-vous les Réseaux Prévention, Aide et Suivi (PAS) ?

Depuis 1946, MGEN a acquis une fine connaissance des personnels éducatifs qu’elle protège et fait de la prévention une priorité. C’est pourquoi elle a mis en place, avec les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur l’ensemble du territoire, un dispositif d’accompagnements gratuit et accessible à tous les personnels ratachés à ces ministères, adhérents MGEN ou pas. Les Réseaux PAS sont financés pour moitié par MGEN et pour moitié par le ministère de l’Éducation nationale.

Vous êtes sujet aux maux de dos ou aux troubles de la voix ? Vous être confronté à un changement d’organisation ?

Vous traversez une situation personnelle ou professionnelle difcile ? Vous pouvez être accompagné, informé, formé et aidé  par les Réseaux PAS.

Sur le plan individuel

Depuis 2009, vous pouvez bénéficier d’entretiens anonymes, confidentiels et gratuits (jusqu’à 3 par an) avec des psychologues, immédiatement au téléphone ou sur rendez-vous, dans une section MGEN. Ce service est accessible via le 0805 500 005 24h/24 et 7 jours sur 7. Ce dispositif, qui est complémentaire des services existants (service social des personnels, médecine de prévention), est une aide ponctuelle pour faire le point sur une situation et proposer une orientation si nécessaire.

Sur le plan collectif

Les Réseaux PAS déploient des actions de prévention des troubles musculosqueletiques ou vocaux, des risques psychosociaux et de la qualité de vie au travail. Ces actions peuvent prendre la forme de webinaires, de formations, de conférences-débats, d’ateliers, de groupes d’échange…

MGEN. Première mutuelle des agents du service public MGEN, membre du groupe VYV, est une mutuelle régie par le Code de la mutualité et la première mutuelle en cotisations individuelles. Classement Argus de l’assurance, oct. 2023. DirCom MGEN - 2403-PR-Reseaux_PAS-SE_UNSA - © Illustration : Camilo Huinca

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